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Les cardinaux entre Cour et Curie

 | 
François Jankowiak
, 
Laura Pettinaroli

Conseillers « nés » : L’influence des cardinaux dans le processus décisionnel

De l’expertise conciliaire au cardinalat

Parcours individuels et logiques de la fabrique cardinalice dans le moment Vatican II et sa réception (1962-2014)

François Weiser

Résumé

L’étude des trajectoires des 43 experts devenus cardinaux permet de rendre visibles les mécanismes et les appartenances à des réseaux divers qui contribuent au renouvellement des cardinaux dans le moment post-conciliaire. Avant le concile, les positions occupées révèlent, au carrefour de groupes multiples (universités, dicastères, diocèses, ordres religieux), la structuration de plusieurs noyaux relationnels. Après 1965, les consécrations épiscopales comme les carrières curiales des individus de ce groupe dessinent des tendances dans les champs de force qui structurent l’espace curial. Au terme de ce parcours apparaît une typologie implicite du cardinalat, dans laquelle la promotion à la dignité cardinalice constitue une manière, pour un groupe dans l’Église, d’objectiver les services, passés, présents, ou même à venir, rendus à sa cause, subsumée alors en cause de l’Église tout entière.

Texte intégral

  • 1  La liste des experts officiels se trouve dans l’index peritorum des Acta Synodalia Sacrosancti Con (...)
  • 2  Cf. art. 9 à 11 du règlement conciliaire, dans DC, 7 octobre 1962, N° 1385, col. 1227-1228.

1Le concile Vatican II rassemble entre 1962 et 1965 quelque 2 500 évêques du monde entier. Si les évêques sont de droit les seuls signataires des textes conciliaires, ils n’en sont pas de fait les seuls auteurs. Ceci a été particulièrement vrai lors du concile Vatican II, puisque deux groupes d’experts assistent les Pères conciliaires dans la rédaction des textes : les experts officiels (480 clercs nommés par la Secrétairerie d’État, sur proposition de membres de la curie ou d’évêques, pour le service du concile) et les experts privés (environ 300 personnes identifiées à ce jour, choisies par les évêques pour leur propre service)1. Les experts officiels, autorisés à assister aux débats dans l’aula conciliaire, sont parfois aussi mobilisés comme consulteurs (c’est le cas de 267 d’entre eux) dans les commissions conciliaires et, comme les experts privés, ils assistent les évêques dans la préparation des textes, notamment par des interventions orales ou écrites sur les schemata travaillés en commissions, qu’il s’agisse d’animadversiones (observations), d’emendationes (modifications substantielles) ou de modi (modifications mineures)2.

  • 3  Pour les éléments biographiques concernant les 43 cardinaux étudiés ici, nous renvoyons aux fiches (...)

2Parmi les experts les plus jeunes au moment du concile, nombreux sont ceux qui ont été profondément impliqués dans la mise en application et la transposition en normes juridiques des textes issus de ces débats, que l’on pense à Casaroli, Casoria, Felici, Hamer, Ratzinger ou encore Willebrands. L’étude de ce groupe montre qu’une part non négligeable des cardinaux promus dans la période post-conciliaire provient de ses rangs : 43 en effet sont devenus cardinaux entre 1965 et 2014, soit quasiment 10 % des 476 cardinaux créés durant cette période3, surtout durant les pontificats de Paul VI et Jean-Paul II (tableau 14).

Tableau 14 – Les créations cardinalices d’experts sous les différents pontificats depuis 1965.

Tableau 14 – Les créations cardinalices d’experts sous les différents pontificats depuis 1965.
  • 4  L’approche prosopographique d’un groupe lié à l’administration ecclésiale centrale a été faite pou (...)

3Dans le cadre de cet article, l’étude porte sur ce groupe des cardinaux issus de l’expertise conciliaire et qui – malgré sa présence à des postes clés du gouvernement de l’Église depuis la fin du concile – a été peu étudié jusqu’à présent. En s’interrogeant sur la manière dont ont été renouvelés les cadres curiaux dans la période qui a suivi le concile, l’approche socio-historique vise à rendre compte de l’histoire du groupe non en fonction de quelques individualités, mais bien en fonction de l’insertion de ces dernières dans des collectifs dont les caractéristiques sociales, culturelles, historiques sont autant d’éléments essentiels à la compréhension de l’objet étudié4.

  • 5  Dorénavant dans ce texte, le mot « expert » désigne seulement le sous-groupe de ceux qui ont accéd (...)

4Les sources sur les experts devenus cardinaux sont à la fois facilement accessibles et biaisées5 : en effet, si l’époque n’est plus guère à l’hagiographie, il s’agit pour l’institution ecclésiale de fournir des données homogènes et officielles sur les membres de la curie romaine. Les annuaires pontificaux (et par conséquent les sites compilant ces données) relèvent d’une communication institutionnelle. Il est donc nécessaire de croiser ces sources avec d’autres documents, qui peuvent certes encore relever de sources institutionnelles (ordres religieux, congrégations, diocèses, universités), mais ont l’intérêt d’avoir été rédigés et publiés avant la promotion de ces individus dans le cursus honorum ecclésial, éclairant ainsi le parcours antérieur.

Le positionnement multiple des experts dans l’église

5L’étude des trajectoires de ces experts permet de rendre visibles les appartenances à des réseaux divers. L’analyse de l’ensemble des positions occupées fait apparaître, au carrefour de groupes multiples (universités pontificales, dicastères, diocèses ou ordres religieux), la structuration de plusieurs noyaux relationnels au sein de l’Église.

Avant le concile : la formation d’un habitus romain

  • 6  Pour une définition de l’habitus, on peut se reporter à A.-C. Wagner, Habitus, dans Sociologie [En (...)
  • 7  Données recueillies dans les Liber Annualis (Grégorienne), Status Personnalis, Kalendarium Praelec (...)

6Si l’on étudie les lieux d’acquisition de dispositions communes aux experts, on est conduit à évoquer un habitus6 qu’on pourrait qualifier de « romain » pour une grande majorité d’entre eux. Ce qualificatif de « romain » pour les études peut s’entendre comme lié à la ville de Rome (24 experts ont soutenu une thèse dans une université romaine7) ou à une université pontificale (12 experts ont obtenu un doctorat dans une université pontificale en dehors de Rome) (tableau 15).

  • 8  Daniélou, de Lubac et Congar ont été inquiétés par le Saint-Office, à des degrés divers, notamment (...)

7Seuls 2 experts ont suivi la formation dispensée par le séminaire de leur diocèse : Capovilla et Cardijn, qui ont obtenu leur baccalauréat canonique, respectivement à Venise et à Malines. Dans l’ensemble, les études de théologie sont réalisées dans une grande variété d’universités pontificales, quand les études de droit canonique ont plus largement été faites à Rome – sauf pour Gagnon à l’université Laval (Québec) et Medina à Santiago du Chili ; Deskur a été formé en droit civil à Cracovie, avant de s’engager dans le sacerdoce. Les 10 experts dont la « romanisation » n’est pas passée par la Ville sont des personnalités formées dans des universités de leur pays ou de leur ordre. Certains des théologiens, dont la qualification comme expert au concile n’allait pas de soi8, ont également poursuivi leurs études dans des maisons dépendant de leurs ordres respectifs (sauf pour Daniélou à l’Institut catholique de Paris). Au-delà de cette socialisation par les études, les experts s’inscrivent dans d’autres réseaux.

Tableau 15 – La formation romaine des experts.

Tableau 15 – La formation romaine des experts.

Réseaux d’appartenance

La Curie

817 de ces experts occupent un poste dans la curie romaine à la veille du concile. Parmi eux, les Italiens sont ceux qui y cumulent le plus de fonctions (Antonelli, Civardi, Dezza, Pavan, et, à un degré moindre Felici, Sabattani, Ciappi, Casoria, Casaroli, Bevilacqua). Brennan (États-Unis), Filipiak (Pologne), Mayer (Allemagne) et Muñoz-Vega (Équateur) apportent une note d’internationalisation dans ce groupe intégré à la curie avant le concile (tableau 16).

  • 9  Confalonieri, Ferretto, Roberti font partie des membres d’honneur de l’Académie Pontificale Théolo (...)

9Ces nominations curiales anté-concilaires témoignent des relations objectives de ces experts avec un groupe de cardinaux importants au moment du concile. Après avoir été à la Rote, Casoria est prélat référendaire au tribunal de la signature apostolique, sous la responsabilité de Gaetano Cicognani, puis il gravit les échelons à la Congrégation de la discipline des sacrements à partir de 1956, au moment où Masella en est préfet. Sabattani de même, nommé auditeur à la Rote en 1955, fait l’essentiel de son service avec Gaetano Cicognani, puis avec Roberti, Staffa (sous lequel il devient secrétaire), et Pericle Felici (secrétaire général du concile). Violardo suit le même parcours. En 1964, Ottaviani recrute Sabattani comme qualificateur du Saint-Office (en même temps que Betti). Civardi travaille à la consistoriale, d’abord sous la responsabilité de Ferretto, puis de celle de Carpino, et de Confalonieri9. Lui aussi travaille comme consulteur du Saint-Office en 1965-1967 avec Ottaviani. On a là un indice de ceux qui pouvaient constituer un groupe au service de la minorité conciliaire.

  • 10  AP, 1963, p. 881-939. Sauf autre mention, les experts mentionnés sont tous, avant le concile, cons (...)

Tableau 16 – L’appartenance des experts à des dicastères (avant le concile)10.

Dicastère

Officiels (secrétaire OU PRéfet ; assesseur ou secrétaire)

Consulteur (ou autre fonction)

Saint-Office

Ottaviani ; Parente

Ciappi, Pavan

Consistoriale

Confalonieri ; Carpino

Civardi (substitut), Tondini, Pavan

Église orientale

Testa ; Scapinella

Casoria

Discipline des Sacrements

Masella ; Zerba

Casoria (sous-secrétaire), Brennan, Filipiak, Sabattani

Concile

Ciriaci ; Palazzini

Brennan, Casoria, Filipiak, Guerri, Sabattani

Religieux

Valeri ; Philippe

Antonelli, Bevilacqua, Dezza

Propagande

Agagianian ; Sigismondi

Dezza, Pecoraio (sous-secrétaire) – Conseillers : Brennan, Casaroli, Civardi

Rites

Larraona ; Dante

Prélats officiels : Antonelli, Brennan, Ciappi, Filipiak

Cérémoniale

Tisserant ; Nardone

Antonelli

Affaires ecclésiastiques extraordinaires

Cicognani ; Samorè

Casaroli (sous-secrétaire), Felici (conseiller)

Séminaires

Pizzardo ; Staffa

Dezza, Mayer, Muñoz-Vega, Pavan

Rote / tribunaux

Roberti ; Bartoccetti

Brennan, Casoria, Civardi, Sabattani, Tondini, Violardo

Des responsabilités au service des épiscopats nationaux ou de leurs ordres

10Les autres experts, 26, occupent avant le concile des postes dans deux domaines, soit de gouvernement religieux (à un rang subalterne), soit de pouvoir universitaire et scientifique.

  • 11  A. Coutrot, Cardijn Joseph cardinal (1882-1967), dans Encyclopædia Universalis [en ligne], consult (...)
  • 12  K. Schelkens, Jan Willebrands, dans BBKL, XXXII (2011), col. 1530-1548.
  • 13  Site de l’archidiocèse de Washington – http://adw.org/william-cardinal-baum/
  • 14  Ibid., http://adw.org/james-cardinal-hickey/
  • 15  http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_biografie/cardinali_b (...)

11Du côté du gouvernement religieux, on trouve des responsables de mouvements, des secrétaires ou délégués pour l’épiscopat dans un domaine particulier. Joseph Cardijn11 est le fondateur de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne en Belgique. Jan Willebrands12 est délégué de l’épiscopat hollandais pour les affaires œcuméniques dès 1958 ; il est aussi recteur du séminaire de Warmond de 1945 à 1960. Eduardo Pironio est vicaire général pour le diocèse de Mercedes, et doyen de la faculté de théologie de Buenos Aires. William Baum13 est vice-chancelier de son diocèse (1962-1965) ; James Hickey14 secrétaire de son évêque à Saginaw, dans le Michigan (1957-1966). Humberto Medeiros est chancelier du diocèse de Fall River et vicaire pour les religieux (1952-1966). Emmanuel Delly15 est secrétaire du patriarche de Bagdad Mar Paules Cheikho II (1960-1962).

  • 16  http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_biografie/cardinali_b (...)
  • 17  Cf. D. Berger, Ciappi, Mario Luigi, dans BBKL, XXIII, 2004, col. 217-219.
  • 18  Pontificium Athenaeum Antonianum ab origine ad praesens, Rome, 1970, p. 294.

12Dans les postes de pouvoir universitaire figurent de nombreux enseignants, ou doyens, voire recteurs d’université. Du côté du pouvoir scientifique se rangent les responsables éditoriaux, contributeurs ou même fondateurs de revues ou de collections scientifiques. Mejía16 est professeur d’écriture sainte à la faculté de théologie de l’université catholique d’Argentine et directeur de la revue ecclésiastique Criterio. Muñoz-Vega est recteur de la Grégorienne de 1958 à 1963. Alois Grillmeier est professeur de dogmatique à partir de 1950 et doyen de la faculté de théologie du scolasticat jésuite de Sankt Georgen à Francfort jusqu’en 1978. Cottier est secrétaire de rédaction de la revue Nova et Vetera, et également professeur de philosophie à Genève et à Fribourg. Daniélou est membre de la rédaction des Études (1944-1969), doyen de la faculté de théologie de l’Institut catholique (1961-1969), et fondateur, avec de Lubac, de la collection Sources chrétiennes. Ce dernier a dirigé la revue Recherches de Science Religieuse (1946-1949), et a été enseignant de théologie fondamentale et d’histoire des religions à Fourvière et à Paris. Ciappi17 a été doyen de la faculté de théologie de l’Angelicum (1935-1955). Congar est fondateur et directeur de la collection Unam Sanctam au Cerf depuis 1937. Daly (Belfast), Ratzinger (Bonn, puis Münster), Betti18 (Antonianum) sont enseignants.

13Cumulant un ensemble de ces fonctions, Jérôme Hamer est recteur des facultés dominicaines du Saulchoir (1956-1962), puis socius du maître général pour les provinces de langue française et secrétaire général des études de l’Ordre dominicain (1962-1966). De même, Dezza a une longue carrière au carrefour des pouvoirs religieux et universitaires : recteur de la Grégorienne de 1941 à 1951, il reste enseignant au collège Bellarmin jusqu’en 1965, et est aussi délégué général pour les maisons jésuites internationales (1951-1962), assistant général de la Société de Jésus (1965).

  • 19  A. Filipazzi, Rappresentanze e rappresentanti pontifici dalla seconda metà del XX secolo, Cité du (...)
  • 20  Cf. pour la liste initiale des membres de cette académie la revue Divinitas, Rome, fasc. I, avril  (...)
  • 21  B. Mondin, Memoria Storica dell’Academia, dans Doctor communis, Rome, 2001, p. 38-46.
  • 22  Cf. la liste des membres de la Pontificia Academia Mariana Internationalis sur le site de l’académ (...)
  • 23  Cf. P. Roy-Lysencourt, Le Coetus Internationalis Patrum : un groupe d’opposants au sein du Concile (...)

14Des réseaux plus explicitement structurés peuvent se trouver du côté des membres des académies pontificales : Casaroli, Felici et Pecoraio sont issus de l’Académie Pontificale Ecclésiastique19, propédeutique aux carrières de la secrétairerie d’État. Ciappi, Muñoz-Vega et Violardo sont membres de l’académie pontificale de théologie romaine20, Dezza de l’académie pontificale saint Thomas d’Aquin21, et Ciappi encore de l’académie pontificale mariale22. Ces membres sont en général les tenants d’une théologie purement scolastique, et ont « le même profil théologique caractérisé par la défense intégrale de la théologie romaine »23.

L’inscription du concile dans des trajectoires cardinalices

15Il est bien entendu vain de prétendre déterminer une causalité unique, et même de penser cerner un nombre fini de causalités qui permettraient d’expliquer la promotion d’un expert au rang cardinalice. D’autant que les archives cardinalices sont soumises à de telles restrictions que l’histoire des nominations, pour l’époque contemporaine en tout cas, reste à écrire. Il ne s’agit donc pas ici de faire un lien direct entre concile et cardinalat, mais d’essayer de montrer de quelle manière le concile s’inscrit dans des trajectoires, et si le concile modifie la manière pour ces individus d’accéder au cardinalat.

Le rôle de ces experts pendant le concile

  • 24  ASV, Conc. Vat. II, 756 – Prot.N.733 CV/63 ; il était déjà dans la commission théologique préparat (...)

1616 experts du groupe étudié sont présents dans des commissions préparatoires. 31 sont nommés experts officiels dès la première session. Parmi les 12 restants, presque tous sont néanmoins déjà présents au concile à d’autres titres : experts privés (Cottier pour Mgr de Provenchères, Ratzinger pour le cardinal Frings, Daly pour Mgr Philbin et Mgr Conway, Grillmeier pour Mgr Kempf), experts pour un épiscopat national (Etchegaray, Mejía, Pironio). Capovilla est en 1962 secrétaire de Jean XXIII. Seuls Betti, nommé en mars 196324, et Vaivods, alors vicaire général de Riga, ne sont pas présents à la première session.

Tableau 17 – La présence des experts comme consulteurs dans les commissions conciliaires.

Commission théologique

Betti, Ciappi, Congar, Daniélou, de Lubac, Medina, Pavan, Ratzinger

Commission des évêques

Civardi, Deskur, Fagiolo, Pavan, Sabattani, Daniélou

Commission des sacrements

Casoria, Fagiolo, Filipiak

Commission pour la discipline du clergé

Deskur, Violardo, Muñoz-Vega, Stickler

Commission pour les séminaires

Hickey, Dezza, Muñoz-Vega, Stickler

Commission pour la liturgie

Antonelli, Bevilacqua, Stickler

Commission pour l’apostolat des laïcs

Daniélou, Gagnon, Tucci, Pavan, Sabattani

Secrétariat pour l’unité des chrétiens

Baum, Hamer, Pavan, Civardi, Mayer, Grillmeier, Medina

  • 25  À partir de la 3ème session, suite à une modification du règlement conciliaire, prendre la parole (...)
  • 26  Comme la « conférence des 22 », dont Etchegaray assure le secrétariat – cf. FSCIRE, Fonds Etchegar (...)
  • 27  Cf. par exemple AMAE, Nantes, archives du Centre culturel Saint-Louis de France, notamment le cart (...)

17La présence en commission n’est pas le seul moyen de jouer un rôle au concile : les experts assurent un rôle essentiel dans la coordination des groupes d’évêques, que ce soit dans la mobilisation de signatures pour des prises de parole25 ou une coordination des épiscopats26, ou bien dans l’organisation d’ateliers ou de conférences27 dont le but était d’éclairer les évêques à la veille de votes importants.

Trajectoires curiales et épiscopales de ces experts

18L’après-concile voit l’entrée dans la curie de la majorité du groupe. Seuls 9 experts ne sont pas membres de la curie en 1975. 4 sont morts à ces dates (Bevilacqua, Cardijn, Brennan et Daniélou), 3 sont déjà évêques résidentiels (Capovilla, Daly, Vaivods), 2 ont des carrières universitaires hors de Rome (Cottier à Genève, Grillmeier à Francfort). Tous les autres, 34 donc, sont dans la curie romaine, certains cumulant jusqu’à 7 fonctions (Baum, Sabattani, Willebrands), 6 (Ratzinger), 5 (Mayer) ou 4 (Casoria, Hamer, Pironio).

19Par ailleurs, 7 commissions sont créées après le concile, dans l’optique de mettre en œuvre des orientations issues du concile, outre les 5 commissions créées par le motu proprio Finis Concilio du 3 janvier 1966. On y retrouve 23 des experts de ce groupe, et parmi eux un certain nombre qui cumule à nouveau de nombreuses fonctions.

Tableau 18 – Les experts dans les instances post-conciliaires.

Commission théologique internationale

Ratzinger, Congar, Lubac, Medina

Commission pour la refonte du code de droit canon

Cardijn, Willebrands, Violardo, Filipiak, Ratzinger, Casaroli, Civardi, Sabattani, Vaivods, Casoria, Hamer, Mayer, Stickler, Medina

Commission pour l’interprétation des décrets du concile vatican II

Casoria, Sabattani, Violardo

Conseil pour la mise en place de la constitution sur la sacrée liturgie

Daniélou

Secrétariat pour l’unité des chrétiens

Willebrands, Hamer

Secrétariat pour les non-chrétiens

Baum, Daniélou, Lubac

Secrétariat pour les non-croyants

Congar, Cottier, Lubac

La consécration épiscopale : analyse des évêques consécrateurs

  • 28  Synthèse des carrières épiscopales et des évêques consécrateurs sur le site de D. M. Cheney, Catho (...)

2031 experts connaissent dans la foulée du concile des carrières épiscopales rapides : ils sont consacrés évêques avant 1977 (19 titulaires, 12 résidentiels)28 (tableau 19).

  • 29  Juin 1967, consécration juillet 1967. Pour lui comme pour les autres experts dont les noms sont da (...)

21Paul VI lui-même est le principal consécrateur de 10 experts. Qui promeut-il en priorité ? Des personnalités pour lesquelles la consécration vise à donner du poids dans l’Église, en vue de poursuivre un service. Le schéma se répète neuf fois sous Paul VI, une fois sous Jean-Paul II : un expert est promu au secrétariat d’un dicastère romain, et sa consécration épiscopale suit de peu. Ainsi Agostino Casaroli, un proche du pape, membre de la Secrétairerie d’État est-il promu secrétaire de la Congrégation pour les affaires extraordinaires quelques jours avant sa consécration29.

Tableau 19 – Les experts consacrés évêques.

Principal consécrateur

Experts consacrés évêques (date de consécration)*

Totaux

Paul VI

Willebrands (1964), Violardo (1966), Antonelli (1966), Casaroli (1967), Civardi (1967), Capovilla (1967), Casoria (1972), Mayer (1972), Hamer (1973), Deskur (1974)

9 év. titulaires, secrétaires de Congrégations 1 év. résidentiel Total : 10

Jean-Paul II

Stickler (1983), Medina (1984)

1 év. titulaire 1 év. résidentiel Total : 2

Cardinaux de curie

Muñoz-Vega (1964), Vaivods (1964), Felici (1967), Sabattani (1965), Brennan (1967), Guerri (1969), Fagiolo (1971), Ciappi (1977), Filipiak (1976), Mejía (1986)

7 év. titulaires
3 év. résidentiels Total : 10

Cardinaux et évêques résidentiels

Delly (1962), Pironio (1964), Cardijn (1965), Bevilacqua (1965), Medeiros (1966), Hickey (1967), Daly (1967), Daniélou (1969), Gagnon (1969), Baum (1970), Etchegaray (1969), Ratzinger (1977), Keeler (1979), Cottier (2003)

4 év. titulaires
10 év. résidentiels Total : 14

* En italique sont indiqués les évêques titulaires.

  • 30  http://press.vatican.va/content/salastampa/en/documentation/cardinali_biografie/cardinali_bio_capo (...)

22Seul Capovilla échappe à cette logique : consacré relativement jeune (51 ans en 1967), l’ancien secrétaire de Jean XXIII est nommé évêque résidentiel de Chieti, et n’exerce plus aucune responsabilité dans l’appareil curial depuis lors. Lorsqu’il est déplacé très vite, en 1971, vers la prélature de Lorette, c’est avec le titre d’archevêque titulaire de Mesembrie (en Bulgarie), en mémoire de Jean XXIII qui avait eu ce titre de 1934 à 195330.

  • 31  Pour la conférence des 22, voir J. Grootaers, Actes et Acteurs à Vatican II, Leuven, 1998, p. 133- (...)
  • 32  A. D’Angelo, Luigi Maria Carli, dans F. Traniello e G. Campanini (dir.), DSMCI, Aggiornamento 1980 (...)
  • 33  Cf. H. de Lubac, Carnets… cit., t. II, p. 69-70 et Y. Congar, Mon Journal du Concile, Paris, 2002, (...)

23Pour les consécrations réalisées par les cardinaux de curie, les logiques de promotion ne sont pas toujours univoques. Néanmoins, on peut identifier des tendances, entre ceux qui ont combattu les orientations conciliaires, et ceux qui les ont soutenues. Dans la deuxième catégorie, on trouve les consécrations faites par Paul VI, mais également celle faite par Roger Etchegaray concernant Jorge Mejía avec qui il a travaillé au groupe de concertation des conférences épiscopales31, pendant le concile. Dans la première catégorie, mais avec des nuances, on pourrait trouver les consécrations des experts suivants : Boleslau Filipiak, consacré en 1976 par Pericle Felici ; Aurelio Sabattani en 1965, Angelo Felici en 1967, Sergio Guerri en 1969, consacrés par Amleto Cicognani, et Vincenzo Fagiolo par Carlo Confalonieri en 1971. Vincenzo Fagiolo et Angelo Felici ont comme co-consécrateur Luigi Carli : cela s’explique sans doute du fait que les deux sont des prêtres du diocèse de Segni. Mais Carli n’est pas un homme neutre au concile : il s’est battu contre les orientations prises quant à la liturgie, à la collégialité, à l’œcuménisme32. De même, Ciappi est consacré évêque par Dino Staffa : ce dernier, en tant que vice-président de la commission conciliaire pour les séminaires, et Ciappi lui-même à la commission théologique, ont largement œuvré dans un sens hostile à la majorité33. Leur proximité n’est pas surprenante.

  • 34  Le can. 351 § 1 du code de droit canonique de 1983 précise : « ceux qui ne sont pas encore Évêques (...)

24Enfin 7 experts, De Lubac (1983), Pavan (1985), Dezza (1991), Congar (1994), Grillmeier (1994), Tucci (2001), Betti (2007), à cause de leur âge lors de leur création cardinalice, bénéficient d’une dispense de consécration épiscopale34.

Une typologie des cardinaux issus de l’expertise conciliaire

25On peut schématiquement dire que le plus grand nombre des créations cardinalices (22) relève d’hommages rendus par des papes à des personnalités ecclésiales, liées elles-mêmes à différents milieux. Viennent ensuite les cardinaux de curie (13), dont la nomination s’insère dans une carrière administrative, et enfin les cardinaux dont le titre est souvent associé à la promotion en tant qu’archevêque à un siège métropolitain (8).

26Une telle typologie ne doit pas laisser entendre qu’il y aurait une hiérarchie des cardinalats. Les parcours de ces experts montrent surtout la continuité dans les responsabilités exercées par les uns et les autres, qu’ils soient ou non cardinaux.

Des cardinalats honorifiques : la reconnaissance d’engagements et de positions ecclésiales

27Il s’agit, dans le cas des experts qui nous intéressent, d’hommes âgés le plus souvent de 75 ans, dont la plupart se retirent de toutes leurs fonctions de responsabilité. Un grand tiers des experts promus par Paul VI relève de cette catégorie : Cardijn (82 ans) ; Bevilacqua (83 ans), proche de Montini, liés via leurs services à la secrétairerie d’État. Daniélou constitue sans doute une exception (63 ans), mais on peut envisager sa nomination comme un hommage : doyen de la faculté de théologie de l’ICP, expert important dans le dispositif Montini au moment du concile (notamment par les liens avec l’épiscopat français, Garrone, Veuillot – lui-même ancien de la Secrétairerie d’État). Violardo, secrétaire de la Congrégation pour la discipline des sacrements depuis janvier 1965, quitte ses fonctions quand il est créé cardinal, en 1969 (à 70 ans). S’agit-il de remerciements pour services rendus au moment de la mise en œuvre des réformes liturgiques importantes ? Antonelli, secrétaire de la congrégation pour les rites (janvier 1965), puis de la congrégation pour la cause des saints (mai 1969), démissionne en février 1973, un mois avant son élévation cardinalice, à 76 ans. Filipiak, doyen de la Rote romaine (1967-1976), est élevé au cardinalat à 76 ans, au moment de son remplacement par un autre expert à ce poste, Lefebvre.

  • 35  Fagiolo est nommé évêque de Chieti en 1971, et secrétaire de la Congrégation pour les instituts sé (...)

28Des mécanismes semblables sont à l’œuvre sous Jean-Paul II, avec une proportion encore plus grande (10 des 25 cardinaux créés) : Civardi démissionne à 72 ans, en 1979, de son poste de secrétaire de la Congrégation des évêques, poste qu’il occupe depuis 1967. Il est alors élevé au cardinalat. Henri de Lubac a 87 ans lorsqu’il reçoit la pourpre, tout comme Vaivods, administrateur apostolique de Riga. Deskur, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour les communications sociales depuis 1964, puis secrétaire de 1970 à 1973, président de 1973 à 1984, est créé cardinal en 1985, quand il quitte ses fonctions officielles. Pavan, ancien recteur du Latran, a 81 ans, et Dezza, ancien recteur de la Grégorienne, 89 ans ; Congar, 90 ans, Grillmeier 84, Fagiolo35 76 ans, Tucci 79, Mejía 78, et Cottier 81 ans.

29Benoît XVI promeut dans le même sens 2 anciens experts : Betti, ancien recteur de l’Antonianum et du Latran, à 85 ans, et Delly, patriarche des Chaldéens de Babylone, à 80 ans. En 2014, François a élevé au cardinalat Capovilla.

Des promotions cardinalices sur des sièges épiscopaux importants

30Cette catégorie est quantitativement la moins importante. Elle désigne spécifiquement les évêques dont le siège est traditionnellement cardinalice, c’est-à-dire que la consécration épiscopale conduit ces évêques résidentiels, de facto, à la fonction de cardinal. 4 experts sont concernés sous Paul VI, 4 sous Jean-Paul II.

Tableau 20 – Les promotions cardinalices liées à des sièges archiépiscopaux.

nom (date de consécration épiscopale)

Siège archiépiscopal (dates de nomination sur ce siège)

Cardinalat

Muñoz-Vega (1964)

Quito (1967-1985)

1969

Medeiros (1966)

Boston (1970-1983)

1973

Baum (1970)

Washington DC (1973-1980)

1976

Ratzinger (1977)

Munich-Freising (1977-1982)

1977

Etchegaray (1969)

Marseille (1970-1985)

1979

Hickey (1967)

Washington DC (1980-2000)

1988

Keeler (1979)

Baltimore (1989-2003)

1994

Daly (1967)

Armagh (1990-1996)

1991

Les cardinaux de curie

31Les cardinaux de curie sont promus à ce poste soit au cours ou au terme d’une carrière strictement curiale, soit dans une carrière qui mêle des aspects pastoraux et des fonctions curiales.

32Dans la première catégorie, on compte 10 experts. Le cardinalat est pour chacun d’entre eux le moment d’une étape supplémentaire dans la carrière curiale, coïncidant avec la promotion à un poste de préfet ou l’équivalent. Seul Ciappi déroge à cette règle.

Tableau 21 – Le cardinalat comme étape dans le cursus honorum des fonctionnaires de la curie romaine.

Fonction Antérieure au cardinalat

Promotion au cardinalat

évolution du cursus honorum

Brennan

Doyen de la Rote romaine depuis 1959

1967

Six mois après, préfet de la Congrégation pour la discipline des sacrements

Guerri

Administrateur du patrimoine du siège apostolique de 1951 à 1969

1969

Confirmé dans son poste de pro-président de la commission pontificale pour l’État du Vatican

Ciappi

Maître du sacré palais depuis 1955

1977

Théologien de la maison pontificale de 1968 à 1989

Casaroli

Affaires extraordinaires depuis 1961

1979

Secrétaire d’État

FOnction Antérieure AU CARDInalat

PROMOTIOn AU CARDInalat

évolution DU cursus honorum

Casoria

Secrétaire de la congrégation pour la discipline des sacrements en 1969

1983

Pro-préfet de la congrégation pour les sacrements et le culte divin en 1981, puis préfet de la même congrégation

Sabattani

Secrétaire de la signature apostolique en 1971

1983

Pro-préfet en 1982, puis préfet en 1983

Mayer

Secrétaire de la congrégation pour les instituts religieux et séculiers en 1971

1985

Pro-préfet de la congrégation pour les sacrements en 1984, puis préfet en 1985

Hamer

Secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens en 1969, puis de la congrégation pour la doctrine de la foi en 1973

1985

Pro-préfet de la congrégation pour les instituts de vie consacrée en 1984, et préfet en 1985

Stickler

Pro-archiviste des archives secrètes du Vatican en 1983

1985

Archiviste

Felici

Carrière à la Secrétairerie d’État

1988

Préfet de la congrégation pour la cause des saints (1988-1995)

33Dans la deuxième catégorie, on compte 6 experts qui cumulent une expérience pastorale et une expérience curiale.

Tableau 22 – Les carrières conjuguant responsabilités pastorales et promotions curiales.

Tableau 22 – Les carrières conjuguant responsabilités pastorales et promotions curiales.

34Cette typologie sépare quelque peu artificiellement des positions qui peuvent se cumuler ou se recevoir comme des fonctions propédeutiques, des processus ordinaires de qualification, dans le cadre de cursus honorum dans l’appareil curial ; mais ces passages ont eux-mêmes une signification qu’il convient d’interroger dans un renouvellement des positions dominantes dans l’Église. Au total, 5 des 9 dicastères ont été dirigés par des cardinaux qui ont participé au concile comme experts, en plus du secrétariat d’État et des 3 principaux tribunaux, et de 9 des 12 conseils pontificaux.

Conclusion

35La promotion d’une partie des experts du concile dans l’appareil curial a deux effets, éventuellement antagonistes, pas forcément incompatibles. D’une part, elle permet de disposer dans la Curie de relais pour mettre en place le concile, dans des instances dont on a pu dire qu’elles n’étaient pas toujours favorables au concile. D’autre part, cette promotion a permis une romanisation progressive de ceux qu’elle incorporait, en même temps peut-être qu’une romanisation, ou plutôt une curialisation des structures post-conciliaires. En cela, elle annule une des demandes du concile, de favoriser l’émergence de structures ecclésiales de gouvernement extra-curiales.

36Il est difficile de dire unilatéralement si le concile est un facteur important dans la promotion curiale de certains experts. En tout cas il est certain que la promotion d’une partie des experts (sans doute un tiers du groupe étudié) joue un rôle essentiel, avant ou après leur promotion cardinalice, dans la mise en œuvre du concile, via la carrière curiale qui s’ouvre à eux. Il en va ainsi, évidemment, du groupe de ceux qui sont consacrés par Paul VI et nommés aux secrétariats de différents dicastères dans les années 1960-1970, avant de devenir cardinaux. Il en va ainsi aussi, mais de façon plus ambivalente, dans l’ensemble de ceux qui sont promus, au même moment, par des cardinaux parfois peu accueillants à l’égard des débats conciliaires ; ceux-là connaissent aussi une promotion au rang de préfet au terme de leur carrière. Sous le pontificat de Jean-Paul II, on assiste à la promotion à la pourpre de nombreux experts encore, souvent sous la forme d’hommage à des hommes d’Église qui ont largement inspiré les débats conciliaires, mais qui ne sont plus en charge : de Lubac, Congar, Tucci, Mejía, Cottier sont de ceux-là.

37On peut retenir néanmoins que deux groupes sont promus de façon concomitante et concurrente dans les années qui suivent le concile : un groupe d’experts largement engagés dans l’aggiornamento conciliaire (en schématisant, ceux qui se retrouvent à la tête des nouveaux organismes curiaux), et un groupe d’experts liés à la curie romaine et au monde universitaire romain d’avant le concile, qui investit des dicastères (congrégation pour les évêques, pour le clergé, pour la discipline des sacrements) et les tribunaux notamment sur la base de ses compétences juridiques, ainsi que les organismes de codification des textes (commission pour la révision du code de droit canonique, commission pour l’interprétation des décrets conciliaires, conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs). La suite du concile apparaît ainsi comme l’enjeu d’une compétition pour des postes de pouvoir au sommet de l’appareil administratif de l’Église.

Notes

1  La liste des experts officiels se trouve dans l’index peritorum des Acta Synodalia Sacrosancti Concilii Oecumenici Vaticani II, vol. V, Indices, Rome, 1980, p. 937-949. Notre recherche doctorale, préparée à l’EPHE sous la direction de M. Denis Pelletier, porte précisément sur ces experts, et comprend notamment une liste des experts privés.

2  Cf. art. 9 à 11 du règlement conciliaire, dans DC, 7 octobre 1962, N° 1385, col. 1227-1228.

3  Pour les éléments biographiques concernant les 43 cardinaux étudiés ici, nous renvoyons aux fiches et références de S. Miranda (http://www2.fiu.edu/∼mirandas/cardinals.htm – abrégé en MIS désormais) ; pour les points plus particuliers sont données des indications dans les notes au fil du texte. Le site de Miranda est hébergé par l’université de Floride ; il contient une base de données biographiques sur les cardinaux, précisant à la fin de chaque notice les sources bibliographiques. Sur l’intérêt de ce site, cf. l’introduction de ce volume.

4  L’approche prosopographique d’un groupe lié à l’administration ecclésiale centrale a été faite pour d’autres époques et à d’autres échelles. Cf., par exemple, Ph. Boutry, Souverain et Pontife. Recherches prosopographiques sur la Curie romaine à l’âge de la restauration (1814-1846), Rome, 2002 (CEFR, 300).

5  Dorénavant dans ce texte, le mot « expert » désigne seulement le sous-groupe de ceux qui ont accédé au cardinalat.

6  Pour une définition de l’habitus, on peut se reporter à A.-C. Wagner, Habitus, dans Sociologie [En ligne], Les 100 mots de la sociologie, mis en ligne 01.03.2012, consulté 13.02.2016. http://sociologie.revues.org/1200.

7  Données recueillies dans les Liber Annualis (Grégorienne), Status Personnalis, Kalendarium Praelectionum et la revue Pontificium Atheneaum Angelicum (Angelicum), Commentarium (Latran), la revue Annales éditée par la Pontificia Universitas Urbaniana, le Kalendarium Lectionum (KL) de l’Antonianum.
a Pour Brennan, Casaroli, Fagiolo, Filipiak et Casoria, v. MIS. Pour Violardo, v. R. Fabris, Mons. Giacomo Violardo, decano della Facoltà di Diritto Canonico, dans La Pontificia Università lateranense, Rome, 1963, p. 249-250. Pour Sabattani, v. ASV, Conc. Vat. II, 1169 ; Stickler, v. ASV, Conc. Vat. II, 1107 ; Hickey, v. le site de l’archidiocèse de Washington http://adw.org/james-cardinal-hickey et Delly, v. Commentarium – Anno Academico 1959-1960, Rome, 1960, p. 322.
b Pour Muñoz-Vega, Civardi et Felici, v. MIS. Pour Etchegaray, v.
Liber Annualis 1950, Rome, 1951, p. 93 ; Pavan, v. A. Molinaro, Mons. Pietro Pavan, dans La Pontificia Università lateranense, Rome, 1963, p. 257-258 ; Keeler, v. Liber Annualis 1962, p. 183-184 ; et pour Tucci, v. ASV, Conc. Vat. II, 1169 et Liber Annualis 1955, p. 124.
c Willebrands :
SP 1937-38, Rome, 1938, p. 44 ; Baum : SP 1958-59, p. 94 ; Ciappi : thèse déposée à l’Angelicum, année 1935, réf.1-I-17, et SP 1935-36, p. 93 ; Mejía : SP 1957-58, p. 91.
d Delly :
Annales 1961-1962, Rome, 1962, p. 148.
e Betti :
KL Anno Academico 1952-1953, Rome, 1952, p. 18.
f Mayer : http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_biografie/cardinali_bio_mayer_pa_en.html
g Antonelli :
Pontificium Athenaeum Antonianum ab origine ad praesens, Rome, 1970, p. 398-400.
h Sur Dezza : ASV, Conc. Vat.
II, 1107 ; D. Berger, Paolo Dezza, dans BBKL, XVIII (2001), col. 348-350 et G. Martina, dans DHCJ, II, p. 1108-1110. Sur J. Hamer, v. http://www.precheurs.eu/fr/component/content/article/19-histoire/62-les-personnes?Itemid=482. Sur T. Hainthaler, v. la notice d’A. Grillmeier, dans BBKL, XVII (2000), col. 493-505. Sur Ratzinger, v. http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/biography/documents/hf_ben-xvi_bio_20050419_short-biography.html. Sur H. Medeiros, v. A Century of Religious Studies : Faculty and Dissertations, Washington DC, 1989, p. 34. Sur E. Gagnon, v. http://www.sulpc.org/evsulpc_gagnon.php. Sur C. B. Daly, v. MIS.

8  Daniélou, de Lubac et Congar ont été inquiétés par le Saint-Office, à des degrés divers, notamment dans la polémique sur la nouvelle théologie. Pour Daniélou, voir les notices de P. Duclos, dans DMFRC, T. 1 – Les jésuites, Paris, 1985, p. 83-84, et dans DHCJ, II, p. 1044-1046. Sur de Lubac, voir la notice d’A. Demoment et P. Duclos, dans Dictionnaire du Monde religieux dans la France contemporaine, T.I, Les jésuites, Paris, 1985, p. 186-187 et celle de J. Guillet, dans DHCJ, II, p. 2430-2432. Sur Congar voir la notice d’É. Fouilloux, dans Dictionnaire biographique des frères prêcheurs [En ligne], Notices biographiques, C, mis en ligne 05.05.2015, consulté 13.02.2016 http://dominicains.revues.org/799.

9  Confalonieri, Ferretto, Roberti font partie des membres d’honneur de l’Académie Pontificale Théologique Romaine restaurée, et confiée à la direction de Piolanti (cf. Commentarium, Anno Academico 1957-1958, Rome, 1958, p. 337 – copie de la lettre Prot.n.1552/56 de Pizzardo et de Confalonieri alors secrétaire de la congrégation des séminaires), proche d’Ottaviani (cf. fonds Piolanti de l’université du Latran, notamment 1961 – carton 6, fasc.5 – et 1962 – carton 7, fasc. 2 et 8).

10  AP, 1963, p. 881-939. Sauf autre mention, les experts mentionnés sont tous, avant le concile, consulteurs des congrégations.

11  A. Coutrot, Cardijn Joseph cardinal (1882-1967), dans Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté 14.02.2016 http://www.universalis.fr/encyclopedie/joseph-cardijn/ ; site du « Cardijn project » http://www.josephcardijn.com/biographies.

12  K. Schelkens, Jan Willebrands, dans BBKL, XXXII (2011), col. 1530-1548.

13  Site de l’archidiocèse de Washington – http://adw.org/william-cardinal-baum/

14  Ibid., http://adw.org/james-cardinal-hickey/

15  http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_biografie/cardinali_bio_delly_e_en.html

16  http://www.vatican.va/news_services/press/documentazione/documents/cardinali_biografie/cardinali_bio_mejia_jm_it.html

17  Cf. D. Berger, Ciappi, Mario Luigi, dans BBKL, XXIII, 2004, col. 217-219.

18  Pontificium Athenaeum Antonianum ab origine ad praesens, Rome, 1970, p. 294.

19  A. Filipazzi, Rappresentanze e rappresentanti pontifici dalla seconda metà del XX secolo, Cité du Vatican, 2006, respectivement p. 294, p. 303 et p. 322.

20  Cf. pour la liste initiale des membres de cette académie la revue Divinitas, Rome, fasc. I, avril 1957, p. 20-30.

21  B. Mondin, Memoria Storica dell’Academia, dans Doctor communis, Rome, 2001, p. 38-46.

22  Cf. la liste des membres de la Pontificia Academia Mariana Internationalis sur le site de l’académie http://www.pami.info/pamisoci.php?field=cognome&lg=it

23  Cf. P. Roy-Lysencourt, Le Coetus Internationalis Patrum : un groupe d’opposants au sein du Concile Vatican II, thèse soutenue en 2011, Univ. Laval (Québec) & Univ. Lyon III, t. I, p. 182.

24  ASV, Conc. Vat. II, 756 – Prot.N.733 CV/63 ; il était déjà dans la commission théologique préparatoire – ibid., 736, dossier n° 60, lettre du 3/10/1961.

25  À partir de la 3ème session, suite à une modification du règlement conciliaire, prendre la parole après la conclusion d’un débat nécessitait la signature de soixante-dix Pères. Cf. DC, 2 août 1964, N° 1429, col. 982.

26  Comme la « conférence des 22 », dont Etchegaray assure le secrétariat – cf. FSCIRE, Fonds Etchegaray.

27  Cf. par exemple AMAE, Nantes, archives du Centre culturel Saint-Louis de France, notamment le carton 1 de la série 578PO/1 : rapports annuels de René Brouillet, ambassadeur de France près le Saint-Siège, sur les conférences organisées pour l’épiscopat français.

28  Synthèse des carrières épiscopales et des évêques consécrateurs sur le site de D. M. Cheney, Catholic Hierarchy, lui-même élaboré à partir des annuaires pontificaux http://www.catholic-hierarchy.org/.

29  Juin 1967, consécration juillet 1967. Pour lui comme pour les autres experts dont les noms sont dans le tableau 19, on trouve les dates précises sur http://www.catholichierarchy.org.

30  http://press.vatican.va/content/salastampa/en/documentation/cardinali_biografie/cardinali_bio_capovilla_lf.html

31  Pour la conférence des 22, voir J. Grootaers, Actes et Acteurs à Vatican II, Leuven, 1998, p. 133-165. Pour le rôle de Mejía comme secrétaire de l’épiscopat argentin, voir H. de Lubac, Carnets du Concile, Paris, 2007, t. I, p. 137.

32  A. D’Angelo, Luigi Maria Carli, dans F. Traniello e G. Campanini (dir.), DSMCI, Aggiornamento 1980-1995, Turin, 1997, p. 264-265.

33  Cf. H. de Lubac, Carnets… cit., t. II, p. 69-70 et Y. Congar, Mon Journal du Concile, Paris, 2002, p. 359.

34  Le can. 351 § 1 du code de droit canonique de 1983 précise : « ceux qui ne sont pas encore Évêques doivent recevoir la consécration épiscopale » pour être promus au cardinalat (http://www.vatican.va/archive/FRA0037/__P17.HTM). De Lubac obtient de Jean-Paul II une dispense.

35  Fagiolo est nommé évêque de Chieti en 1971, et secrétaire de la Congrégation pour les instituts séculiers ; président du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs (1990-1994), président de la Commission disciplinaire pour la Curie romaine (1990-1997), il est créé cardinal en 1994, au moment où il prend sa retraite.

Table des illustrations

Titre Tableau 14 – Les créations cardinalices d’experts sous les différents pontificats depuis 1965.
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/34200/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 8,5k
Titre Tableau 15 – La formation romaine des experts.
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/34200/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 16k
Titre Tableau 22 – Les carrières conjuguant responsabilités pastorales et promotions curiales.
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/34200/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 16k
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/34200/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 18k

Auteur

Docteur de l’École Pratique des Hautes Études. Sa thèse, rédigée sous la direction de Denis Pelletier et soutenue en 2016, porte sur une socio-histoire du groupe des experts au concile Vatican II. Il a récemment publié Réseaux et débats théologiques dans le catholicisme des années 1960, au prisme du groupe des experts au concile Vatican II, dans Archives de sciences sociales des religions, 175, octobre-décembre 2016, p. 231-252.

© Publications de l’École française de Rome, 2017

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