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Les cardinaux entre Cour et Curie

 | 
François Jankowiak
, 
Laura Pettinaroli

Des cardinaux de Couronne à l’internationalisation du Sacré Collège

Cardinaux étrangers dans le Sacré Collège : présence à Rome et en Curie

Audrey Virot

Résumé

La présence de cardinaux étrangers au sein du Sacré Collège est attestée depuis le Moyen Âge. Cette situation est entérinée par le concile de Trente qui invite à choisir les cardinaux au sein de toutes les nations, pour représenter l’universalité de l’Église. L’existence de cardinaux étrangers se traduit en matière d’équilibre des nationalités au sein du groupe des cardinaux, mais aussi dans les principales congrégations, pour déterminer à partir de quand les grandes responsabilités en curie sont remises à des cardinaux non italiens. Au-delà de la volonté pontificale, qui reste à déterminer, de favoriser l’expression de l’universalité de l’Église, les puissances séculières œuvrent pour accroître leur influence au sein du collège cardinalice dont la principale mission est de choisir le nouveau pontife.

Texte intégral

  • 1  F. Jankowiak, Cardinal (après le concile de Trente), dans DHP, p. 281-282 ; A. Molien, Cardinal, d (...)

1Étudier la présence des cardinaux étrangers dans le Sacré Collège n’est pas chose aisée. D’aucuns pourraient objecter que l’origine d’un cardinal importe peu, car dès son élévation à la pourpre, il est intégré au collège cardinalice et devient l’un des principaux collaborateurs du pape dans le gouvernement de l’Église universelle. En effet, le cardinalat est la plus haute dignité ecclésiastique, immédiatement après la dignité pontificale1 et la mission du cardinal au sein de l’Église le libère des contingences nationales. Pourtant, il convient de nuancer une telle affirmation, car l’histoire montre combien la répartition numérique et géographique du Sacré Collège a été scrutée par les puissances séculières.

2La thématique du cardinal étranger est vaste et notre analyse reste résolument dans des considérations d’ordre général. L’arc chronologique est large et doit permettre d’avoir une vue d’ensemble pour ensuite dégager des lignes fortes. Comment déterminer le réel point de départ de l’ouverture du Sacré Collège à l’élément « étranger » ? Convient-il de parler plutôt d’universalisation ou d’internationalisation du collège cardinalice ?

  • 2  Cf. O. Guyotjeannin, États pontificaux (VIIIe-XIIIe siècle), dans DHP, p. 624-627 et F-C. Uginet, (...)
  • 3  Voir sur ce point A. Menniti Ippolito, I due « senati » del sovrano pontefice : il Collegio dei ca (...)
  • 4  P. Jugie, Cardinal (jusqu’au Concile de Trente), dans DHP, p. 278.
  • 5  Concile de Constance, Sess. 40, 30 octobre 1417, dans G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques(...)
  • 6  Concile de Trente, Sess. 24, 11 novembre 1563, décret de réforme, canon 1, dans G. Alberigo (dir.) (...)

3Avant tout, il convient de préciser ce que l’on entend par étranger dans le Sacré Collège. Traditionnellement, le pape choisit nombre de cardinaux dans les rangs de la noblesse de ses territoires – les États pontificaux2 –, fidèle à l’idée que le collège cardinalice est le sénat de l’Église à travers le consistoire3. À cette époque, et en simplifiant par le biais d’un concept moderne, on peut dire que les cardinaux étrangers ne sont pas Italiens mais Européens : leur présence étant attestée dans le Sacré Collège depuis le VIIIe siècle4. Dans un second temps, des prélats venant de territoires extra-européens sont intégrés au collège cardinalice, indiquant ainsi une évolution de la notion de cardinal étranger. Déjà en 1417, au concile de Constance, les pères conciliaires mentionnent le « nombre, [la] qualité et [l’]appartenance nationale des cardinaux » parmi les points que le pontife élu « devra réformer » en priorité5. Le concile de Trente fait le vœu que les cardinaux soient recrutés « parmi toutes les nations », dans la mesure du possible et des qualités des sujets6.

  • 7  L. Lector (pseudonyme de J. Guthlin), Le conclave, Paris, 1894, p. 79.

4Étant donnée l’importance de leur mission dont l’aspect principal est l’élection du pape, la création des cardinaux est devenue avec le temps l’un des actes les plus délicats assumé par le pape. Joseph Guthlin, historien ayant travaillé à l’ambassade de France près le Saint-Siège au début du XXe siècle en qualité de conseiller canoniste, précise « que le premier critérium porté par l’histoire sur un pape est le choix judicieux des cardinaux »7. Une telle appréciation portée sur un pontificat englobe également la question de la présence plus ou moins marquée de cardinaux étrangers.

5Dans une première partie, nous interrogerons les différents aspects de la mission d’un cardinal (élire le pape en conclave, l’assister dans les affaires et l’administration de l’Église, lui offrir son concours à Rome) pour mettre en évidence la présence étrangère dans le collège cardinalice et montrer que celle-ci doit être comprise au-delà d’une stricte répartition numérique. Puis nous verrons comment un gouvernement séculier, la France, s’intéresse à la question de la composition du Sacré Collège aux XIXe et XXe siècles.

Les cardinaux étrangers dans le Sacré Collège : une intégration à géométrie variable

6La présence et le rôle des cardinaux peuvent être analysés au travers de la composition des conclaves, du travail des congrégations et de l’intégration des cardinaux au tissu paroissial de Rome par le biais des titres cardinalices.

La participation aux conclaves

7Tout travail de comparaison, sur une période longue de deux siècles, doit évidemment tenir compte des transformations profondes ayant affecté la Curie romaine en général et le Sacré Collège en particulier.

  • 8  Les informations collectées proviennent essentiellement du site internet tenu par Salvador Miranda (...)

8Il est délicat de comparer le conclave de Pie VI avec celui de Jean-Paul II, tant les données quantitatives de base sont différentes8. Il y a en 1978, 111 participants au conclave, seulement 44 en 1775. Quant aux cardinaux non italiens, ils sont 86 dans le premier cas, dont 1 Péruvien, 2 Philippins, 1 Tanzanien, 1 Coréen du Sud, pour ne citer que quelques exemples ; 4 seulement lors du dernier conclave du XVIIIe siècle : 2 Français, 1 Espagnol, 1 Autrichien.

  • 9  Voir les chiffres sur la répartition géographique des cardinaux sous le pontificat de Léon XIII : (...)
  • 10  Cf. la contribution de C. Prudhomme dans le présent volume.

9Entre ces deux conclaves, la première brèche au caractère européen du collège cardinalice a lieu en 1868 avec l’entrée d’un cardinal né au Guatemala, mais ayant vécu et accompli l’essentiel de sa carrière ecclésiastique en Espagne. En 1875, cette brèche est approfondie avec l’accès à la pourpre du premier cardinal américain9. Puis en 1905, c’est au tour de l’Amérique du Sud avec le premier cardinal brésilien. Et il faut attendre le milieu du XXe siècle pour voir les autres continents représentés10.

  • 11  A. Melloni, Il Conclave : storia dell’elezione del papa, Bologne, 2005, p. 98.
  • 12  AAS, vol. 14, 1922, p. 145-146.

10Au-delà de la composition globale du collège cardinalice, il est intéressant de voir sa composition réelle au moment des conclaves, l’aspect le plus significatif de la mission d’un cardinal. Il faut attendre le conclave de 1903 pour qu’un Américain participe à un conclave. Dans ce cas, sur 62 votants, il s’agit du seul non européen. En 1922, le conclave est composé exclusivement d’Européens, malgré les tentatives du camerlingue d’attendre les cardinaux non européens – 2 Américains et 1 Canadien, le Brésilien étant empêché pour raison de santé – avant la fermeture des portes de la chapelle Sixtine11. Ils arriveront à Rome alors que l’élection a déjà eu lieu. Le conclave de 1939 est tenu, il convient de le souligner, en présence de l’ensemble des cardinaux, dont six venant des Amériques du Nord et du Sud. C’est le résultat du Motu Proprio Cum proxime promulgué par Pie XI le 1er mars 192212, par lequel – afin d’éviter que se reproduise la situation advenue lors de sa propre élection – il modifie les normes en vigueur, prorogeant de 10 à 15 jours l’attente avant l’entrée en conclave, auquel le Sacré Collège peut ajouter 2 ou 3 jours supplémentaires si des cardinaux sont sur le point d’arriver.

  • 13  L. Lector, Le conclave… cit., p. 212-213 : « D’autre part, grâce à la rapidité des communications, (...)

11Depuis lors, il est évident que les progrès dans les moyens de transport suppriment les limites posées par la distance pour les cardinaux se trouvant de l’autre côté du monde. Seules des raisons de santé ou des conditions exceptionnelles peuvent encore empêcher la réunion de l’ensemble des cardinaux en conclave. C’est déjà ce que soulignait Joseph Guthlin dans son ouvrage consacré au conclave, publié à la fin du XIXe siècle13.

La participation aux congrégations

  • 14  Concile de Trente, Sess. 6, 13 janvier 1547, décret sur la résidence des évêques et des autres cle (...)
  • 15  N. Del Re, Cardinali di corona, dans N. Del Re, Mondo vaticano… cit., p. 232-233.
  • 16  N. Del Re, Cardinali di curia, dans ibid., p. 233.

12En théorie, les cardinaux doivent résider près du souverain pontife, puisqu’ils ont pour mission de l’aider dans le gouvernement de l’Église. Ainsi, à l’origine de l’institution, les cardinaux étaient recrutés dans le clergé romain. Mais avec le développement de la mission cardinalice, le recrutement a été élargi hors de Rome, entraînant une série de troubles nouveaux. Les désordres se sont accrus après le Grand Schisme, avec des évêques continuant de percevoir les revenus des bénéfices alors qu’ils n’obéissent pas à la règle de la résidence et vivent en Curie. L’ensemble de ces désordres nécessite d’inclure la question dans les grandes réformes du XVIe siècle. Le concile de Trente réitère l’obligation de résidence des évêques dans leurs diocèses14. Cette obligation prime sur celle de la résidence en Curie, lorsqu’ils sont également cardinaux. Ainsi, certains prélats vont être honorés de la pourpre sans habiter à Rome. On les indique sous l’expression de cardinaux de couronne. Cela désigne des cardinaux créés par le pape sur la recommandation d’un souverain temporel, dont l’usage semble remonter au pontificat de Clément V (1305-1314)15. Cette possibilité, assimilée dans un premier temps à une faveur accordée par le pontife, devient peu à peu un véritable droit, reconnu par le pape, à l’égard de certains souverains, dont les rois de France. Il s’agit souvent de récompenser les bons services d’un ecclésiastique, de favoriser un parent ou de s’attacher une famille puissante. De cette manière, leur mission de conseil et d’aide à l’égard du souverain pontife est peu ou pas mise en œuvre en raison de l’éloignement. Dès lors se distingue la catégorie des cardinaux de Curie, à savoir ceux qui résident à Rome et prêtent un concours actif et régulier au souverain pontife dans l’exercice du gouvernement central de l’Église16.

13Dans le cadre de l’exercice de sa primauté et de ses fonctions de chef de l’Église catholique, le souverain pontife est assisté par un ensemble de dicastères. Cet ensemble a évolué au cours des siècles. Mais seulement depuis le XVIe siècle, le gouvernement de l’Église se fonde de manière stable sur le travail des congrégations, par le biais desquelles les cardinaux assistent le pape.

14Sous cet aspect, la présence des cardinaux étrangers dans le Sacré Collège ne va pas vraiment de pair avec une internationalisation des structures de gouvernement de l’Église. En effet, les congrégations restent très largement dominées par les Italiens.

  • 17  On se place ainsi deux années avant la chute définitive des États pontificaux, de manière à embras (...)
  • 18  Cette congrégation porte le nom de Saint Office jusqu’en 1965, date à laquelle elle acquiert sa dé (...)
  • 19  Elle trouve son origine dans la congrégation du concile et prend le nom de congrégation pour le cl (...)
  • 20  C’est de nouveau à Paul VI que l’on doit cette dénomination, car jusqu’en 1967, cette congrégation (...)
  • 21  Ph. Roy-Lysencourt, Le parcours curial du cardinal Rafael Merry del Val, dans MEFRIM [En ligne], 1 (...)
  • 22  V. Poels, H. de Valk, A Stranger in the Sacred College of Cardinals : contextual and heuristic pro (...)

15Il est impossible d’envisager ici une étude exhaustive de la composition des congrégations. Pour avoir un aperçu, nous avons choisi une période assez étendue (1868-197817), sélectionné trois congrégations parmi les plus anciennes qui subsistent durant toute cette période (malgré des changements de noms) – Doctrine de la foi18 ; Clergé19 ; Évangélisation des peuples20 – et limité l’analyse à la nationalité du cardinal placé à la tête de ces dernières. Sur la période choisie, il faut attendre 1892 pour voir nommé à la tête de la congrégation pour l’Évangélisation des peuples le cardinal Ledóchowski, polonais, restant à ce poste pendant dix ans, jusqu’à son décès. C’est seulement en 1914 que le cardinal Merry del Val, espagnol, prend la tête cette fois de la congrégation pour la Doctrine de la foi21. Il occupe ce poste jusqu’en 1930, année de sa mort. En 1919, le cardinal Van Rossum, hollandais, est nommé à la tête de la congrégation pour l’Évangélisation des peuples, poste qu’il occupe jusqu’en 1932, ici encore jusqu’à son décès22. Il faut ensuite attendre 1961 pour trouver le cardinal Agagianian, patriarche des Arméniens, comme préfet de cette congrégation. En 1968, c’est un yougoslave, le cardinal Šeper, qu’on place à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi ; le cardinal Villot, français, comme préfet de la congrégation du Clergé ; le cardinal Agagianian toujours à la tête de la congrégation de l’Évangélisation des peuples. En 1970, le cardinal Wright, américain, prend la suite du cardinal Villot.

16Il faudrait toutefois envisager une étude plus systématique non seulement des cardinaux chefs de dicastères mais aussi des cardinaux membres des congrégations. Or, si la Gerarchia Cattolica et l’Annuario Pontificio indiquent une composition relativement variée de ces congrégations, on sait qu’en réalité, seule une partie des cardinaux énumérés prend effectivement part aux travaux. Malgré quelques exceptions significatives, l’ensemble reste largement dominé par les Italiens.

  • 23  F. Jankowiak, La curie romaine de Pie IX à Pie X : le gouvernement central de l’Église et la fin d (...)
  • 24  Rampolla, lorsqu’il informe Mgr Mathieu des intentions du pape, dit bien que « la France aspire de (...)
  • 25  Ibid., p. 176-177.

17Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cette situation. D’abord, les Italiens auraient une meilleure perception de ce spirito romano, fruit d’une formation principalement romaine23. Encore au début du XXe siècle, les cardinaux étrangers étaient essentiellement des cardinaux de couronne. Il existe malgré tout un certain nombre de cardinaux de curie étrangers au XIXe siècle. Par exemple, après la mort du cardinal Pitra en 1889, la France négocie pour obtenir un nouveau cardinal de curie. Le pape cède après trois années de pression constante et Mgr Mathieu, qui était jusqu’alors archevêque de Toulouse, est élevé à la pourpre cardinalice au consistoire de juin 189924. Au cours de sa période romaine, le cardinal Mathieu participe aux travaux de nombreuses congrégations. Il commence avec la congrégation des évêques et réguliers et celle des rites. Rapidement, il intègre les congrégations qui revêtent une importance particulière pour les affaires de France : la Propagande et la congrégation pour les Affaires ecclésiastiques extraordinaires25.

L’intégration au tissu urbain romain

  • 26  Moroni reproche le fait qu’on qualifie de titolo cardinalizio les diaconies. Titoli cardinalizi da (...)

18Lorsqu’un nouveau cardinal est créé, le pape lui remet plusieurs symboles caractérisant son nouveau statut, dont un titre cardinalice, c’est-à-dire une église dans Rome, avec juridiction afférente. De cette manière, après la réforme de Sixte V, les cardinaux se répartissent en trois ordres : épiscopal, avec les six évêchés suburbicaires, presbytéral, par le biais d’une des cinquante églises antiques de Rome, et diaconal, au nombre de quatorze et prenant la suite des diacres qui assuraient une charge liturgique et de gestion de biens dans leurs antiques diaconies26.

19La situation reste globalement stable jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, cette règlementation étant par ailleurs introduite dans le code de droit canonique de 1917, au canon 231. Les circonstances évoluent à cette époque, car pour pouvoir accroître la présence des nations au sein du Sacré Collège, tout en ne portant pas atteinte aux équilibres déjà existants, seul l’accroissement du nombre total des cardinaux est possible. Ainsi, Jean XXIII donne un premier coup dans la réglementation de Sixte V. En 1958, moins de deux mois après avoir été élu, le pape réunit un consistoire et crée 23 nouveaux cardinaux, portant leur nombre total à 75 membres. N’ayant pas fixé une nouvelle limite, le collège cardinalice s’accroît de façon exponentielle. Dix ans après l’exception faite par Jean XXIII, on compte 109 cardinaux dans le Sacré Collège. Cet élargissement progressif nécessite de créer de nouveaux titres cardinalices. Il est difficile à ce jour de déterminer quels sont les critères utilisés pour choisir les églises élevées au rang de titres cardinalices.

  • 27  Bullarium Romanum, VIII, Turin, 1863, p. 833-837.
  • 28  AAS, vol. 59, 1967, p. 932-933.
  • 29  AAS, vol. 59, 1967, p. 929-930.
  • 30  AAS, vol. 57, 1965, p. 445-446.

20Dans le même temps, l’existence d’églises dites nationales à Rome est bien connue. Ces églises sont issues pour les plus anciennes des confréries nationales constituées à Rome après l’épisode avignonnais, pour assister notamment les pèlerins. Certaines d’entre elles ont qualité de titres cardinalices. Ainsi la Trinité des Monts est-elle un titre presbytéral depuis Sixte V et sa constitution apostolique Religiosa du 13 avril 158727. Saint-Louis-des-Français, pourtant considérée comme l’église nationale de la France depuis sa fondation, devient titre cardinalice seulement sous Paul VI, avec la constitution Quandoquidem, aucto du 7 juin 196728. À la même date, l’église des Argentins, construite au début du XXe siècle, devient titre cardinalice, par la constitution Sunt hic Romae29. Deux années auparavant, c’est l’église des nationaux canadiens à Rome qui avait été élevée au rang de titre cardinalice, par le biais de la constitution Consuevit Ecclesia du 5 février 196530. L’évolution des titres cardinalices reflète ainsi en partie l’élargissement au monde du Sacré Collège. Ce ne sont plus seulement les églises anciennes de Rome, mais aussi des églises modernes, lieu de rassemblement de communautés étrangères arrivées plus récemment à Rome.

L’intérêt des gouvernements séculiers pour le choix de cardinaux étrangers : le cas de la France

Les cardinaux français

21La France a souvent été attentive à la quantité et la qualité de ses représentants nationaux au sein du collège cardinalice. La lecture des échanges épistolaires de la seconde moitié du XIXe siècle entre l’ambassade près le Saint-Siège et le ministère des Affaires étrangères met clairement en évidence que la préoccupation principale du gouvernement est de maintenir le nombre traditionnel de cardinaux français. Cette préoccupation, outre le maintien du prestige de la France à Rome, a pour objectif d’assurer le plus grand nombre de participants français en cas de conclave. Le renouvellement régulier d’une partie du collège cardinalice a pour conséquence de rendre ce thème récurrent dans la correspondance diplomatique. Il y a effet un important travail de négociation en amont pour déterminer le nom des prélats accédant à la pourpre et une analyse du profil des nouveaux cardinaux, toujours dans la perspective d’un conclave.

  • 31  J. Forget, Cardinaux, dans Dictionnaire de théologie catholique, t. II-2, Paris, 1910, col. 1717-1 (...)

22Il revient au pape de choisir librement et de créer les nouveaux cardinaux31. Le cas des cardinaux de couronne est pourtant une faille dans cette liberté.

  • 32  Concordat de 1801, art. 16 : « Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République fran (...)

23Le privilège, accordée à la France, de recommander un prélat pour son élévation au cardinalat, n’est pas explicitement mentionné dans le concordat de 1801, mais les parties considèrent qu’il est inclus dans l’article 1632.

  • 33  Voir l’analyse de l’usage et de la signification de ces deux expressions dans R. Regoli, Ercole Co (...)

24L’importance du choix des cardinaux pour la France réside principalement dans le rôle qu’ils assument au sein du conclave : leur nationalité d’origine les caractérise pour constituer ensuite les groupes de cardinaux en fonction des courants au sein du conclave et notamment, depuis Léon XII et Grégoire XVI, entre « zelanti » et « progressistes »33.

  • 34  Ainsi, Mgrs. Régnier – archevêque de Cambrai – et Guibert – archevêque de Paris – accèdent à la po (...)
  • 35  La situation est d’autant plus complexe que le contexte politique français est très instable duran (...)
  • 36  CADN R-S.S., vol. 454, télégramme de Baude à Decazes, 5 janvier 1877.
  • 37  Voir J. Gadille, La pensée et l’action politiques des évêques français au début de la IIIe Républi (...)
  • 38  CADN R-S.S., vol. 448, dépêche de Baude à Decazes, 9 janvier 1877, n. 2.

25Le choix des cardinaux de couronne ne pose pas toujours problème. Parfois, le point de vue du pape converge avec les préférences du gouvernement34, mais il arrive que les promotions cardinalices fassent l’objet d’âpres négociations. C’est le cas en 1877, alors que de l’aveu même du pape, l’objectif est de rajeunir et modeler le Sacré Collège dans la perspective d’un très prochain conclave35. Au début de l’année, l’ambassadeur rapporte que Pie IX est disposé à accorder à la France deux chapeaux cardinalices, pour Mgr Langénieux, archevêque de Reims et Mgr Pie, évêque de Poitiers, respectivement 52 et 61 ans36. Ce choix permettrait de contenter les différentes sensibilités existant dans le clergé français37, mais aussi de poursuivre l’objectif du pape de rajeunir le Sacré Collège et de le fortifier par l’arrivée de personnalités méritantes semblant faire défaut dans le clergé italien, selon l’ambassadeur, d’où la possibilité de nouvelles perspectives pour le clergé étranger38. Le gouvernement français a cependant d’autres vues pour le choix de nouveaux cardinaux. Il propose plusieurs combinaisons de noms qui ne correspondent pas aux attentes du pape. En définitive, le pape élève à la pourpre lors du consistoire du 12 mars 1877 l’un des prélats proposés par la France – Mgr Caverot archevêque de Lyon – mais il ne concède qu’un chapeau sur les deux projetés.

  • 39  CADN R-S.S., vol. 452, dépêche de Desprez à Barthélémy-Saint-Hilaire, 16 juin 1881, n. 47.

26Avec l’arrivée des républicains au pouvoir en France, les anciens privilèges sont exercés par un pouvoir politique aux tendances anticléricales. La réduction du budget des cultes touche aussi les cardinaux dont le traitement particulier est supprimé en 1880. Un tel contexte interfère sur la création de nouveaux cardinaux. Sans avoir de certitude sur les intentions du Saint-Siège, les informations parvenant au gouvernement français laissent effectivement entendre que le pape pourrait ne pas honorer de nouveaux prélats français, comme mesure de rétorsion à la suppression de leur traitement. Le secrétaire d’État évoque d’ailleurs cette possibilité non comme certitude mais en tant qu’hypothèse39.

  • 40  CADN R-S.S., vol. 453, télégramme de Desprez à Freycinet, 4 mars 1882. Sur le cardinal Lavigerie, (...)
  • 41  CADN R-S.S., vol. 308, télégramme de Freycinet à Desprez, 24 mars 1882.
  • 42  CADN R-S.S., vol. 453, télégramme de Desprez à Freycinet, 26 mars 1882.

27Il faut attendre le mois de mars 1882 pour que le pape donne une réponse positive à la demande du gouvernement s’agissant de Mgr Lavigerie, alors archevêque d’Alger40. Le nombre de cardinaux honorés au consistoire prévu avant les fêtes de Pâques 1882 est réduit et le secrétaire d’État a nettement exclu l’éventualité d’un second candidat français. La réponse du ministre des Affaires étrangères est surprenante car, après avoir ignoré la possibilité de pourvoir un chapeau supplémentaire, il invite l’ambassadeur à proposer « Mgr Langénieux pour le sixième chapeau ; je dis le sixième car vous remarquerez que c’est le septième chapeau qui a été accordé à Mgr Lavigerie »41. Le ministre Freycinet affirme que lorsque les premiers échanges ont eu lieu entre Rome et Paris pour la promotion de Mgr Lavigerie, seul le chapeau laissé vacant par le cardinal Pie était disponible. L’accord intervenu, bien que resté officieux, attribuait donc le chapeau du cardinal Pie qui pour le ministre représente le septième chapeau français. C’est par le décès du cardinal Régnier, survenu dans l’intervalle, que le sixième chapeau français est libéré. Par conséquent, la prochaine promotion cardinalice sauvegarde le septième chapeau français en l’attribuant à Mgr Lavigerie, et laisse intacts les droits de la France pour le sixième chapeau. Ce raisonnement n’est pas admis par Léon XIII, pour qui le chapeau cardinalice accordé à Mgr Lavigerie est le seul que la France puisse considérer comme un dû42. Le pape se refuse à renouveler la faveur accordée au consistoire du 12 mai 1879 avec l’élévation des cardinaux Pie et Desprez, pour ne pas l’ériger en précédent.

  • 43  Le gouvernement français ne peut toutefois pas se désintéresser d’un sujet d’une telle importance. (...)
  • 44  Victor Martin se plaçant du point de vue des principes généraux indique que ce privilège est en us (...)

28La rupture des relations diplomatiques en 1904, suivie par la fin du régime concordataire, porte un coup d’arrêt au privilège de la France concernant la désignation des cardinaux. Le pape est délié des dernières contraintes pouvant peser indirectement sur le choix des cardinaux d’origine française43 et la notion de cardinal de couronne disparaît44. Pie X et après lui Benoît XV font un usage plutôt consensuel de cette nouvelle situation, choisissant des prélats dont les orientations doctrinales ne sont pas en opposition avec les attentes du gouvernement français.

  • 45  AMAE, Z-S.S., vol. 28, fol. 25-27, note pour le président du Conseil du 21 novembre 1922 rédigée p (...)
  • 46  En revanche, le ministère exclut catégoriquement le retour à l’ancien privilège selon lequel le pr (...)

29Lors de la reprise des relations diplomatiques en 1921, Louis Canet, alors conseiller pour les affaires religieuses au ministère des Affaires étrangères, étudie la question des cardinaux français. Il considère que la France a renoncé à son privilège quant à la désignation des cardinaux, du fait de la dénonciation du concordat45. Le rétablissement des relations diplomatiques ne justifie pas un retour de l’ancien privilège, mais autorise la France à réclamer un droit de regard sur le choix des nouveaux cardinaux et à veiller sur leur nombre traditionnel46.

  • 47  CADN R-S.S., vol. 1032, télégrammes de Charles-Roux à Paul-Boncour, 13 février 1933, n. 32-33.

30L’ambassadeur français n’exerce donc aucun contrôle sur le choix des cardinaux français. Il prend simplement acte des choix opérés par le pape et communique leur profil personnel et doctrinal au ministre des Affaires étrangères. Ainsi lors du consistoire de février 1933, le pape n’honore pas de prélat français alors que le nombre des cardinaux est de cinq, le « sixième chapeau » étant vacant depuis deux ans. L’ambassadeur demande l’autorisation au ministre de faire part au secrétaire d’État de cette observation47.

  • 48  CADN R-S.S., vol. 1032, dépêche de Charles-Roux à Delbos, 17 août 1937, n. 268.

31Le représentant français auprès du pape sort parfois de sa réserve. En 1937, l’ambassadeur constate un important déséquilibre numérique entre cardinaux italiens et étrangers. La France comptant seulement cinq cardinaux – soit inférieur au nombre traditionnel de six – l’ambassadeur Charles-Roux revient régulièrement avec le secrétaire d’État sur cette question dans l’objectif de rappeler à Pacelli l’importance pour le gouvernement de voir respecter la place traditionnelle de la France dans le Sacré Collège48.

32D’une manière générale, les souverains pontifes de la période envisagée ici ont toujours eu le soin de maintenir le nombre de représentants français dans le Sacré Collège dans les proportions fidèles à la tradition. Ainsi, lors des conclaves de 1878, 1903, 1914 et 1922, la France est à chacune des occasions la seconde nation représentée après le groupe des Italiens.

Les autres cardinaux étrangers

  • 49  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 60, dépêche de Doulcet à Briand, 28 mai 1927, n. 57.
  • 50  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 74-77, dépêche de Doulcet à Briand, 3 décembre 1927, n. 125.

33L’approche du gouvernement français s’étoffe au fur et à mesure que de nouvelles nations entrent dans le Sacré Collège. Outre les préoccupations habituelles quant aux cardinaux français, le gouvernement s’interroge sur l’évolution des rapports de force entre les différentes factions en cas de conclave. En juin 1927, l’ambassadeur se réjouit de l’élévation des primats de Pologne et de Belgique, « deux amis de la France »49. En décembre de la même année, outre deux cardinaux français, un nouveau cardinal canadien entre au Sacré Collège. Pie XI aurait alors déclaré à un évêque français : « cela fait en réalité trois cardinaux français »50.

  • 51  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 99-104, dépêche de Gentil à Briand, 5 août 1929, n. 244.
  • 52  Idem, fol. 103.
  • 53  Idem, fol. 103.

34Dans une dépêche d’août 1929 ayant pour sujet « une internationalisation éventuelle du gouvernement de l’Église »51, on constate que les instances pour une plus grande ouverture de l’administration de l’Église aux différentes nations se font plus insistantes à la suite des Accords du Latran, puisque encore à cette époque, la majorité des postes est occupée par des Italiens. La réalisation de cet objectif doit nécessairement passer par une internationalisation du collège cardinalice. Et le contexte postérieur aux Accords du Latran est délicat : les barrières entre le Saint-Siège et l’État italien ayant disparu et face au caractère exacerbé des nationalismes après la guerre, le pape doit en effet trouver le moyen d’apaiser les craintes de l’opinion mondiale pour ne pas être suspecté d’italianisme. Le diplomate français relève dans sa note qu’il s’agit d’une question bien difficile à résoudre. La domination de l’élément italien est indiscutable : dans les congrégations, les étrangers représentent environ le tiers des effectifs, tous les nonces et internonces sont italiens et en outre, la centralisation des œuvres catholiques à Rome entraîne inexorablement leur italianisation. Après ces constatations négatives, le diplomate arrive pourtant à une solution prônant le statu quo : « il faut bien avouer que ce sont encore les prélats italiens qui nous divisent le moins. Ils ont depuis des siècles l’habitude de gouverner l’Église et possèdent à fond cet art de conciliazione qui manque souvent aux non italiens »52. Il évoque alors les rapports difficiles entretenus avec le cardinal Van Rossum (Hollandais) et se demandant comment se serait réalisée la séparation s’il y avait eu à la Secrétairerie d’État un Italien à la place de Merry del Val (Espagnol). Il ne paraît pas sage de souhaiter une plus grande participation de l’élément non italien au gouvernement de l’Église. Enfin, il constate que le pape tend à orienter le choix des cardinaux étrangers de Curie parmi « les prélats qui se seront dépouillés des idées nationalistes de leurs pays par une résidence prolongée à Rome ou de long séjours hors de chez eux »53. On retrouve ici l’idée d’un cardinal qui doit être au service de l’Église et non plus au service de sa nation d’origine.

  • 54  AMAE, Z-S.S., vol. 47, fol. 8-10, dépêche de Fontenay à Briand, 6 juin 1930.

35Les tentatives de pression exercées sur le pape en vue d’obtenir un chapeau cardinalice, même si elles ne sont pas suivies d’effets, montrent combien les revendications se sont élargies. En 1930, l’ambassadeur français mentionne la requête déposée par le Brésil pour un second chapeau, vantant quarante millions de catholiques et notant que le voisin américain dispose de quatre cardinaux pour seulement vingt millions de catholiques54. Mais cette exigence paraît difficilement soutenable eu égard aux autres pays d’Amérique du Sud. De même la Pologne voudrait un troisième chapeau, mais il semble qu’avant cela, les catholiques roumains, et ceux de Yougoslavie entendent avoir une voix au Sacré Collège. Ajoutons à cela que les Italiens se montrent inquiets lorsque leur groupe se trouve en infériorité numérique par rapport au groupe des étrangers, et nous aurons compris combien l’évolution du Sacré Collège dans le sens d’un élargissement international est une entreprise laborieuse en ce début de XXe siècle.

  • 55  AMAE, Z-S.S., vol. 47, fol. 101-104, dépêche de Truelle à Laval, 26 novembre 1934, n. 371.

36En 1934, le décès du cardinal Gasparri donne l’occasion au chargé d’affaire français de faire le point sur l’état du Sacré Collège55. Les cardinaux sont alors 53, dont seulement 20 résidents en Curie – contre une moyenne habituelle de 27, et parmi lesquels on compte seulement 2 étrangers. 15 d’entre eux sont à la tête des congrégations, offices et tribunaux, et doivent en outre participer aux travaux de quatre à cinq autres congrégations en qualité de membres. Le diplomate n’hésite pas à affirmer que « cela représente, pour ces vieillards, dont certains sont octogénaires ou bien près de l’être, et la plupart septuagénaires, une tâche bien lourde qu’ils seraient sans doute heureux de partager avec des collègues plus jeunes ». Et de préciser :

  • 56  Idem, fol. 102-103.

Ceux qui ont souci de lustre, de décor et d’honneur pour le sénat de l’Église, souhaiteraient que des lumières nouvelles y vinssent remplacer celles qui se sont éteintes récemment […, grands travailleurs, habiles en affaires]. À part quelques hommes que l’opinion s’accorde à tenir pour très digne de l’honneur qui leur est échu et à la hauteur de la tâche qui leur est conférée […], on aurait des raisons de croire que les autres cardinaux résidant à Rome ne s’élèvent pas au dessus de la médiocrité, si l’on estime que les membres d’une aussi noble assemblée que le Sacré Collège devraient être mieux que des fonctionnaires en retraite, cantonnés dans un horizon restreint d’occupations et de préoccupations56.

  • 57  Idem, fol. 103.

37L’ambassadeur suggère, s’appuyant dit-il sur l’avis de beaucoup de personnes, qu’une amélioration devrait passer par l’admission d’un plus grand nombre d’étrangers parmi les cardinaux de Curie. Et de conclure : « une telle révolution dans les traditions locales n’étant pas à la veille de se produire, il est oiseux d’en discourir »57.

38En 1936, le représentant français se montre une nouvelle fois pessimiste sur les chances de voir un jour se réaliser cette internationalisation puisque le consistoire du 16 décembre 1935 a rétabli une nette majorité des Italiens dans le Sacré Collège, avec 38 membres italiens pour 31 étrangers. Le pape semble vouloir compter sur les effets de la nationalité vaticane, acquise aux cardinaux de curie et aux fonctionnaires pontificaux, ainsi que sur le spirito romano, pour assurer leur indépendance et leur conférer l’impartialité que l’on attend d’eux.

Conclusion

  • 58  AP, 2015.

39Aujourd’hui, le caractère universel de la composition du Sacré Collège paraît être un fait acquis : à la date du 14 avril 2015, le site Internet géré par Salvador Miranda fait état de 224 membres du Sacré Collège, venant de 74 pays différents. Sur neuf congrégations, on trouve en qualité de préfet 5 étrangers et 4 Italiens : le cardinal Müller, Allemand (Doctrine de la foi), le cardinal Sandri, Argentin (Églises orientales), le cardinal Sarah, Guinéen (Culte divin et discipline des sacrements), le cardinal Ouellet, Canadien (Évêques), le cardinal Braz de Aviz, Brésilien (Instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique), quant aux quatre cardinaux italiens Amato, Filoni, Stella et Versaldi, ils sont en charge respectivement des congrégations des Causes des saints, de l’Évangélisation des peuples, du Clergé et de l’Éducation catholique58.

40Dans un souci comparatiste, il serait intéressant de mettre en perspective l’approche de la France avec celles des autres grandes puissances séculières sur cette question de l’internationalisation – puisque c’est le terme utilisé par le gouvernement français – du Sacré Collège.

Notes

1  F. Jankowiak, Cardinal (après le concile de Trente), dans DHP, p. 281-282 ; A. Molien, Cardinal, dans DDC, t. II, 1937, col. 1310-1339 ; N. Del Re, Cardinale, dans N. Del Re (dir.), Mondo Vaticano : passato e presente, Cité du Vatican, 1995, p. 225-228.

2  Cf. O. Guyotjeannin, États pontificaux (VIIIe-XIIIe siècle), dans DHP, p. 624-627 et F-C. Uginet, États pontificaux (XVe-XIXe siècle), dans DHP, p. 627-632.

3  Voir sur ce point A. Menniti Ippolito, I due « senati » del sovrano pontefice : il Collegio dei cardinali e il Municipio romano in età moderna, dans Il senato nella storia, II, Il senato nel medioevo e nella prima età moderna, Rome, 1997, p. 453-490.

4  P. Jugie, Cardinal (jusqu’au Concile de Trente), dans DHP, p. 278.

5  Concile de Constance, Sess. 40, 30 octobre 1417, dans G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques, t. II-1 Les décrets de Nicée à Latran V, Paris, 1994, p. 915.

6  Concile de Trente, Sess. 24, 11 novembre 1563, décret de réforme, canon 1, dans G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques, t. II-2 Les décrets de Trente à Vatican II, Paris, 1994, p. 1547.

7  L. Lector (pseudonyme de J. Guthlin), Le conclave, Paris, 1894, p. 79.

8  Les informations collectées proviennent essentiellement du site internet tenu par Salvador Miranda (http://www2.fiu.edu/∼mirandas/cardinals.htm).

9  Voir les chiffres sur la répartition géographique des cardinaux sous le pontificat de Léon XIII : R. Regoli, L’élite cardinalizia dopo la fine dello Stato pontificio, dans AHP, vol. 47, 2009, p. 63-87, ici p. 65.

10  Cf. la contribution de C. Prudhomme dans le présent volume.

11  A. Melloni, Il Conclave : storia dell’elezione del papa, Bologne, 2005, p. 98.

12  AAS, vol. 14, 1922, p. 145-146.

13  L. Lector, Le conclave… cit., p. 212-213 : « D’autre part, grâce à la rapidité des communications, les cardinaux du dehors pourront presque tous être présents à l’ouverture du Conclave et même prendre part encore à quelques-unes des congrégations novemdiales. L’on peut donc espérer que cette tendance à exprimer l’universalité de l’Église catholique, dans la composition du sénat suprême du pontificat romain, ira en s’accentuant et que, plus que jamais, l’Église apparaîtra comme embrassant dans son sein toutes les races et tous les peuples ».

14  Concile de Trente, Sess. 6, 13 janvier 1547, décret sur la résidence des évêques et des autres clercs inférieurs, Chapitre 1, dans G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques, t. II-2… cit., p. 1387, 1389.

15  N. Del Re, Cardinali di corona, dans N. Del Re, Mondo vaticano… cit., p. 232-233.

16  N. Del Re, Cardinali di curia, dans ibid., p. 233.

17  On se place ainsi deux années avant la chute définitive des États pontificaux, de manière à embrasser cette période dès son début.

18  Cette congrégation porte le nom de Saint Office jusqu’en 1965, date à laquelle elle acquiert sa dénomination actuelle. Voir N. Del Re, La curia romana : lineamenti storico-giuridici, Cité du Vatican, 1998, 4e éd., p. 95-107.

19  Elle trouve son origine dans la congrégation du concile et prend le nom de congrégation pour le clergé à la suite de la réforme orchestrée par Paul VI en 1967. Voir N. Del Re, La curia romana… cit., p. 161-173.

20  C’est de nouveau à Paul VI que l’on doit cette dénomination, car jusqu’en 1967, cette congrégation est désignée sous le nom de Propaganda fide. Voir N. Del Re, La curia romana… cit., p. 146-160.

21  Ph. Roy-Lysencourt, Le parcours curial du cardinal Rafael Merry del Val, dans MEFRIM [En ligne], 128-1, 2016, http://mefrim.revues.org/2415.

22  V. Poels, H. de Valk, A Stranger in the Sacred College of Cardinals : contextual and heuristic problems in investigating Cardinal van Rossum, MEFRIM [En ligne], 128-1, 2016, http://mefrim.revues.org/2395.

23  F. Jankowiak, La curie romaine de Pie IX à Pie X : le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux (1846-1914), Rome, 2007, p. 275-286.

24  Rampolla, lorsqu’il informe Mgr Mathieu des intentions du pape, dit bien que « la France aspire depuis longtemps à être représentée parmi les cardinaux résidant à Rome » (E. Renard, Le cardinal Mathieu, 1839-1908, Paris, 1925, p. 151).

25  Ibid., p. 176-177.

26  Moroni reproche le fait qu’on qualifie de titolo cardinalizio les diaconies. Titoli cardinalizi dans Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica da S. Pietro sino ai nostri giorni, vol. 75, Venise, 1855, p. 204-252, ici p. 207-208.

27  Bullarium Romanum, VIII, Turin, 1863, p. 833-837.

28  AAS, vol. 59, 1967, p. 932-933.

29  AAS, vol. 59, 1967, p. 929-930.

30  AAS, vol. 57, 1965, p. 445-446.

31  J. Forget, Cardinaux, dans Dictionnaire de théologie catholique, t. II-2, Paris, 1910, col. 1717-1724, ici col. 1720 ; V. Martin, Les cardinaux et la Curie : tribunaux et offices, la vacance du siège apostolique, Paris, 1930, p. 25.

32  Concordat de 1801, art. 16 : « Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d’elle l’ancien gouvernement ». Texte du concordat dans A. Boulay de la Meurthe, Documents sur la négociation du Concordat et sur les autres rapports de la France avec le Saint-Siège en 1800 et 1801, t. III, Paris, 1893, p. 213-219.

33  Voir l’analyse de l’usage et de la signification de ces deux expressions dans R. Regoli, Ercole Consalvi : le scelte per la Chiesa, Rome, 2006, p. 157-162.

34  Ainsi, Mgrs. Régnier – archevêque de Cambrai – et Guibert – archevêque de Paris – accèdent à la pourpre le 22 décembre 1873 ; et Mgr Brossais-Saint-Marc, archevêque de Rennes au consistoire du 17 septembre 1875.

35  La situation est d’autant plus complexe que le contexte politique français est très instable durant l’année 1877, voyant s’opposer républicains et conservateurs. Voir pour l’aspect institutionnel de la question, M. Morabito, Histoire constitutionnelle de la France de 1789 à nos jours, Paris, 2014, 13e éd., p. 321-327.

36  CADN R-S.S., vol. 454, télégramme de Baude à Decazes, 5 janvier 1877.

37  Voir J. Gadille, La pensée et l’action politiques des évêques français au début de la IIIe République, 1870/1883, 2 tomes, Paris, 1967 ; J.-O. Boudon, L’épiscopat français à l’époque concordataire (1802-1905) : origines, formation, nomination, Paris, 1996 ; S. Blenner-Michel, Une élite dans la France du XIXe siècle : les évêques concordataires face au modèle romain (1802-1906), Paris, thèse dactylographiée, 2006.

38  CADN R-S.S., vol. 448, dépêche de Baude à Decazes, 9 janvier 1877, n. 2.

39  CADN R-S.S., vol. 452, dépêche de Desprez à Barthélémy-Saint-Hilaire, 16 juin 1881, n. 47.

40  CADN R-S.S., vol. 453, télégramme de Desprez à Freycinet, 4 mars 1882. Sur le cardinal Lavigerie, voir X. de Montclos, Lavigerie, le Saint-Siège et l’Église de l’avènement de Pie IX à l’avènement de Léon XIII (1846-1878), Paris, 1965.

41  CADN R-S.S., vol. 308, télégramme de Freycinet à Desprez, 24 mars 1882.

42  CADN R-S.S., vol. 453, télégramme de Desprez à Freycinet, 26 mars 1882.

43  Le gouvernement français ne peut toutefois pas se désintéresser d’un sujet d’une telle importance. Ainsi, Mgr Guthlin, ancien conseiller canonique de l’ambassade près le Saint-Siège, continue-t-il de transmettre des informations au gouvernement français par l’intermédiaire de l’ambassade de France au palais Farnèse.

44  Victor Martin se plaçant du point de vue des principes généraux indique que ce privilège est en usage jusqu’à la fin du XIXe siècle, sans indiquer la raison de sa désuétude. V. Martin, Les cardinaux et la curie… cit., p. 23-24.

45  AMAE, Z-S.S., vol. 28, fol. 25-27, note pour le président du Conseil du 21 novembre 1922 rédigée par Canet.

46  En revanche, le ministère exclut catégoriquement le retour à l’ancien privilège selon lequel le président de la République remettait la barrette cardinalice aux prélats nouvellement honorés, car il était la conséquence du droit de présentation autrefois reconnu au chef de l’État français. AMAE, Z-S.S., vol. 28, fol. 1, télégramme de Poincaré à Jonnart, 2 février 1922, n. 19.

47  CADN R-S.S., vol. 1032, télégrammes de Charles-Roux à Paul-Boncour, 13 février 1933, n. 32-33.

48  CADN R-S.S., vol. 1032, dépêche de Charles-Roux à Delbos, 17 août 1937, n. 268.

49  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 60, dépêche de Doulcet à Briand, 28 mai 1927, n. 57.

50  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 74-77, dépêche de Doulcet à Briand, 3 décembre 1927, n. 125.

51  AMAE, Z-S.S., vol. 31, fol. 99-104, dépêche de Gentil à Briand, 5 août 1929, n. 244.

52  Idem, fol. 103.

53  Idem, fol. 103.

54  AMAE, Z-S.S., vol. 47, fol. 8-10, dépêche de Fontenay à Briand, 6 juin 1930.

55  AMAE, Z-S.S., vol. 47, fol. 101-104, dépêche de Truelle à Laval, 26 novembre 1934, n. 371.

56  Idem, fol. 102-103.

57  Idem, fol. 103.

58  AP, 2015.

Auteur

Docteur en histoire du droit. Sa thèse de doctorat porte sur Les négociations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, 1870-1939 et a été soutenue en 2013 à l’Université Paris-Sud. Elle est l’auteur de plusieurs articles sur des questions de droit en lien avec le Saint-Siège et la papauté.

© Publications de l’École française de Rome, 2017

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