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Les Boutiques d’Ostie du Ier s. av. J.-C. au Ve ap. J.-C

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Julien Schoevaert

Deuxième partie. Dans les rouages de l’économie d’Ostie

Chapitre 8. Petit commerce et artisanat

Texte intégral

1Les travaux consacrés aux activités artisanales et commerciales d’Ostie peuvent être divisées en deux catégories.

  • 5  Paschetto 1912, p. 308-356.
  • 6  Girri 1956.
  • 7  Voir Boersma 1985.

2La première rassemble les travaux portant sur les lieux de métier de la ville. Au début du XXe siècle, L. Paschetto a consacré un chapitre de son livre aux « edifici di lavoro »5. Plus tard, G. Girri mentionne la présence d’équipements dans certaines boutiques6. Enfin, M. Gnade a inventorié les « workshops » d’Ostie7. Ces auteurs se sont contentés de localiser des lieux de métier et ne proposent que très rarement une identification des activités artisanales qui y avaient lieu.

  • 8  Bakker 1999.
  • 9  De Ruyt 1983 ; 1996 ; 1999 ; 2001.
  • 10  Scrinari, Ricciardi 1996.

3La seconde catégorie rassemble les travaux qui furent consacrés à des activités précises, quelle que soit leur localisation. Ainsi, les travaux menés par L. Pietrogrande sur les fouleries ou ceux dirigés par J.T. Bakker sur les boulangeries d’Ostie fournissent de riches informations sur les activités de la ville8. Les travaux de Cl. De Ruyt, portant sur le macellum et les fouleries, constituent également un apport important9. Enfin, les deux volumes consacrés à l’eau à Ostie, publiés sous la direction de V. Scrinari et de M.A. Ricciardi, comportent l’inventaire des structures hydrauliques du site parmi lesquelles figurent de nombreux bassins maçonnés10. Cette étude ne livre que de rares interprétations relatives à la fonction précise de ces structures. Enfin, quelques activités furent identifiées au cours de fouilles ponctuelles ayant fait l’objet de publications. L’ensemble de ces publications constitue le point de départ de notre étude des activités ayant lieu dans les boutiques d’Ostie. Les typologies mises en place par les auteurs doivent être reconsidérées et réadaptées pour les seules boutiques, tandis que certaines identifications doivent être rejetées. Le second aspect de ce travail est la proposition de nouvelles identifications. Celles-ci résultent de l’étude des sources inédites – rapports de fouilles, photographies d’archive, cartes –, mais également du réexamen des vestiges archéologiques eux-mêmes.

4La mauvaise conservation générale des vestiges d’Ostie ainsi que les lourdes restaurations qui y furent entreprises ont déjà été soulignées précédemment. Ceci constitue un véritable obstacle à la compréhension de certaines structures, tout particulièrement les aménagements maçonnés. Il est donc impératif de considérer l’état de conservation – et de restauration à l’époque moderne – de ces vestiges afin d’en dresser une typologie et de définir leur fonction, tout en évitant le plus possible les périls de l’extrapolation. La nature et la conservation des vestiges archéologiques d’Ostie ne permettent d’identifier qu’un nombre très restreint d’activités ayant lieu dans les boutiques. De ce fait, les équipements faisant l’objet d’une identification sûre seront exposés avant les équipements rattachés à des activités non identifiées. Nous envisagerons dans un dernier temps l’apport des sources épigraphiques et iconographiques.

  • 11  Alberti 2007, p. 59. Il s’agit d’une notion développée initialement au sein d’études archéologique (...)
  • 12  Voir Monteix 2011, p. 9 reprenant Pernot 2006, p. 10.
  • 13  Voir à ce sujet la position défendue par Flohr au sein du débat relatif aux critères permettant d’ (...)

5L’identification d’activités artisanales se fonde sur la définition d’un « espace atelier » ou « working area », répondant à une série de critères : l’architecture, l’équipement, la matière première, l’outillage, les déchets de production, les ratés, les produits finis et non-finis11. Il s’agit là des vestiges témoignant d’une chaîne opératoire qui se décompose, selon le spécialiste en archéologie de la métallurgie M. Pernot, en six éléments : matériaux, outils, gestes, savoirs, énergies et acteurs12. La totalité de ces critères n’est que très rarement identifiable. L’identification d’une activité doit donc se fonder sur la combinaison et la hiérarchisation de ces critères13. L’entreprise ici envisagée nécessite donc l’étude des chaînes opératoires des activités pouvant être identifiées, ainsi que le recours à des exemples extérieurs à Ostie permettant des comparaisons opérantes. D’autre part, afin de proposer une interprétation de la fonction de certaines structures, une attention toute particulière a été accordée aux systèmes d’équipements. Que ce soit pour l’artisanat ou le petit commerce, l’interaction entre différents éléments – meubles et/ou immeubles – permet de formuler des hypothèses concernant la fonction des locaux. L’étude de ces systèmes d’équipements ne peut donc être entreprise que pour les cas les mieux conservés. Ces études de cas constituent des références permettant d’établir plus précisément la fonction de certaines structures que l’on retrouve également de manière isolée dans certaines boutiques.

  • 14  Monteix 2010 ; pour les monographies : Borgard, Puybaret 2004 ; Botte 2009 ; Flohr 2006 ; Leguillo (...)

6Cette étude ne peut faire l’économie de comparaisons avec des sites mieux conservés. Les sites du Vésuve constituent des points de référence, à condition d’en mesurer avec prudence l’exemplarité. À ce titre, les travaux de N. Monteix font office de point de repère important au sein de notre démarche, de même que les multiples études consacrées à l’artisanat du monde romain14.

8.1 Les activités identifiées

8.1.1 Les commerces alimentaires15

  • 15  Il est vrai que ce terme pourrait recouvrir des réalités plus vastes que les commerces de restaura (...)
  • 16  Kleberg 1957 ; Hermansen 1982 ; Gering 2004 ; Kieburg 2009.

7Les débits de boissons d’Ostie sont les commerces les mieux connus de la ville. Aisément identifiable, cette activité a retenu l’attention des archéologues dès le début du XXe siècle. Une première identification systématique à l’échelle du site archéologique a été proposée par T. Kleberg dans les années 1950. La deuxième a été proposée par G. Hermansen en 1982. Sans exposer de manière explicite les critères retenus, A. Gering a identifié d’autres « bars » dans son article datant de 2004 consacré aux rues tardo-antiques d’Ostie. Enfin, Z. Kieburg a publié en 2009 un article reprenant, de manière inchangée, l’inventaire déjà établi par G. Hermansen16. L’identification des débits de boissons d’Ostie se fonde traditionnellement sur quatre critères principaux : la présence de comptoirs, d’étagères maçonnées, de dolia, ou plus rarement d’indices de nature épigraphique.

  • 17  Monteix 2011, p. 67 : « Aucune activité ne détient d’exclusivité sur la présence d’un comptoir. Et (...)
  • 18  Monteix 2007, p. 121.

8Dans une grande majorité des cas, la présence d’un comptoir maçonné permet aux archéologues d’identifier un débit de boissons. Certains de ces équipements maçonnés, aujourd’hui disparus, sont indiqués sur les plans publiés durant la première moitié du XXe siècle. Ils sont représentés par un rectangle dans lequel s’inscrit un demi-cercle, correspondant à l’emprise au sol de ces comptoirs. Le cas de Pompéi permet de questionner l’importance de ce critère. N. Monteix a souligné que certains locaux pourvus d’un comptoir n’étaient pas des lieux de restauration17. Afin de constituer le corpus des commerces de bouche de Pompéi, N. Monteix ne choisit de retenir que les comptoirs dotés de moyens de stockage ou de cuisson18. Il est impossible d’adopter la même démarche pour le corpus d’Ostie étant donné son état de conservation.

9Les exemples les mieux conservés témoignent d’une association entre comptoirs dotés d’une niche et étagères maçonnées à gradins. Cette constance permet d’intégrer ces dernières au corpus. Seuls de rares exemples d’étagères à gradins isolées sont attestés à Ostie.

  • 19  CIL XIV, 4756.

10Le dernier critère d’identification de ces locaux réside dans des inscriptions ou décors faisant allusion à cette activité. Ainsi, la mosaïque de pavement de la Caupona di Fortunato représente un calice accompagné d’une inscription assez évocatrice : « […] Fortunatus/ […]atera quod sitis/ bibe »19. Cette inscription ne saurait tenir lieu d’indice suffisant, c’est pourquoi nous avons choisi de ne pas retenir cette boutique comme commerce alimentaire.

  • 20  Kleberg 1957, p. 46-47.
  • 21  Gering 2004, plan.

11Un corpus des débits de boissons d’Ostie fut établi pour la première fois, en 1957, par T. Kleberg qui a identifié 14 locaux20. Les travaux de G. Hermansen lui permirent d’identifier 39 locaux, tandis qu’A. Gering en localise 56, sans pour autant les étudier, et en intégrant des identifications hypothétiques21. Ici ne seront envisagés que les débits de boissons localisés dans des locaux identifiés comme des boutiques ou boutiques probables. De ce fait, la Caupona del Pavone (IV, ii, 6), ainsi que le comptoir de la voie couverte III, xiv, 1 ne seront pas intégrés au corpus. Selon les critères définis, un total de 55 locaux a été identifié (fig. 34). Au sein de ce corpus, les équipements de 28 locaux ont été détruits depuis leur mise au jour. Leur localisation est indiquée sur des cartes datant de la première moitié du XXe siècle.

8.1.1.1 Les comptoirs

  • 22  Monteix 2011, p. 112.
  • 23  Paribeni 1916, p. 416 ; Meiggs 1973, p. 128 ; Pavolini 2005, p. 228.
  • 24  Hermansen 1982, p. 187 et p. 189.

12La typologie des comptoirs maçonnés d’Ostie diverge de celle que l’on observe dans les cités du Vésuve. Les locaux de Pompéi et d’Herculanum sont souvent pourvus de jarres intégrées aux comptoirs, servant au stockage de denrées alimentaires solides22. À Ostie, les comptoirs sont dépourvus de ce type d’aménagements, tandis qu’ils disposent souvent d’une niche latérale qui est traditionnellement identifiée comme une cuve utilisée pour laver la vaisselle23. L’hypothèse de G. Hermansen, selon laquelle ces cuves n’avaient qu’une fonction ornementale, a été largement reprise dans les travaux postérieurs24.

13Les comptoirs d’Ostie se divisent en deux grands types distincts par leur forme et leurs dimensions.

14Le premier type (fig. 35) intègre les comptoirs simples souvent adossés à un mur de la boutique. Ils mesurent en moyenne 172 cm de longueur et 83 cm de largeur. Au total, 22 exemplaires ont pu être identifiés, ce qui représente 39 % du total.

15Le second type (fig. 36) correspond à des comptoirs dotés d’un ou plusieurs bras leur conférant la forme d’un L ou d’un U. Il y en a respectivement 12 (21 %) et 4 (7 %) à Ostie. Leur longueur est plus importante : 312 cm en moyenne, tandis que leur largeur est plus réduite : 72 cm en moyenne.

16La hauteur de ces deux types de comptoirs est en revanche similaire : elle varie de 90 à 110 cm. Les comptoirs restants ne nous sont connus qu’à travers des indications cartographiques trop imprécises pour établir leur type et leurs dimensions.

  • 25  Les volumes qui peuvent être mesurés étant donné l’état de conservation sont de 0,25 m3 pour le ba (...)

17Tous les comptoirs identifiés à Ostie sont pourvus d’une niche voûtée abritant un petit bassin. Les dimensions des niches varient de 50 à 112 cm de longueur, de 44 à 74 cm de largeur et de 59 à 95 cm de hauteur. Cette niche est accessible depuis un ou deux côté du comptoir. L’intérieur est enduit de mortier de tuileau, tandis que l’extérieur est généralement revêtu de plaques de marbre, prenant part à la décoration des montants des comptoirs. La partie pouvant contenir le liquide est donc limitée par la hauteur des plaques de marbre. Les cas conservés varient de 50 à 67 cm, correspondant à des volumes oscillant entre 0,015 et 0,032 mètre cube (entre 15 et 32 litres)25. La découverte de conduites d’évacuation en plomb dans certains de ces locaux indique que ces niches avaient une fonction hydraulique.

Fig. 34 – Les activités identifiées dans les boutiques d’Ostie.

Fig. 35 – Comptoir simple adossé au mur du commerce alimentaire r3i07b04 (vue depuis le nord).

18L’exemplaire le mieux conservé est sans nul doute celui du Caseggiato del Termopolio (I, II, 5 ; r1i02b14) (fig. 37). S’il permet de comprendre le fonctionnement de ces bassins, il n’en constitue pas moins un exemple à part : il s’agit de l’unique cas dans lequel un système d’adduction est encore visible. Ce comptoir en U est pourvu de deux bassins intégrés dont l’adduction était assurée par une conduite de plomb. Cette dernière devait passer par le mur oriental de la boutique, pour déboucher dans le bassin septentrional. Le tracé de cette conduite a été cimenté durant la période tardive ou à l’époque moderne. La conduite alimentait le premier bassin dont le fond est percé d’une conduite débouchant sur le second bassin. L’adduction des deux bassins était donc probablement assurée par une conduite de plomb. Toutefois, il existait une alimentation secondaire : la face méridionale du comptoir est pourvue d’un orifice – situé 62 cm au-dessus de la mosaïque de pavement – débouchant sur le bassin du sud. La fonction d’adduction est attestée par la pente que suit cette conduite en céramique. Cette dernière devait être employée afin d’alimenter manuellement le bassin, aucune conduite de plomb ne pouvant y parvenir. Seules deux évacuations sont observables, situées dans le bassin méridional. Il s’agit d’une part d’un orifice dans la plaque de marbre frontal, situé 8 cm au-dessus de la mosaïque de pavement. Un second orifice est présent sur cette même plaque de marbre : il s’agit d’une encoche creusée dans la partie supérieure de la plaque, située précisément au-dessus du premier orifice. Sa position indique qu’il s’agissait sans nul doute d’un moyen de déverser le trop-plein du bassin. Le liquide devait couler depuis ces deux orifices dans une petite vasque rectangulaire dont la présence est indiquée sur le plan publié suite à la fouille de la pièce.

Fig. 36 – Comptoir en L du commerce alimentaire r4i02b15 (vue depuis le sud).

Fig. 37 – a) vue depuis l’ouest du comptoir du commerce alimentaire r1i02b14. b) alimentation secondaire du bassin (vue depuis le sud).

19Parmi les autres exemples de bassins dotés d’une évacuation, deux types se détachent clairement. Il s’agit d’une part d’une encoche creusée dans la plaque de marbre frontale, en biseau vers l’extérieur (r1i02b05 et r3i05b01). La présence de seconds petits bassins disposés en avant des premiers, donc très certainement aux pieds des clients, suggère qu’une partie de cette eau leur était destinée.

  • 26  Cette configuration est observable dans les locaux r1i03t13, r2i6t14 et r5i05t10.
  • 27  Gds1913 : 13 Janvier p. 15.

20Le second type d’évacuation est assuré par une conduite de plomb disposée dans le fond de ces structures26. Le liquide rejoignait directement les eaux usées de la ville dans la boutique r5i05b10, tandis qu’il était acheminé vers un bassin maçonné voisin dans la boutique r1i03b13. Enfin, des configurations plus complexes existent. La boutique r2i06b14 est pourvue d’un bassin de comptoir dont l’eau s’écoulait, par trop-plein dans un petit bassin de marbre situé en avant et par le biais d’une conduite de plomb, dans des latrines aménagées à l’intérieur de la boutique27. La très grande rareté de conduites d’adduction suggère que l’alimentation hydraulique devait souvent s’opérer manuellement.

  • 28  Hermansen 1982, p. 187 et p. 189.

21Suite à cet examen, il reste difficile de déterminer avec précision la fonction de ces structures. Il est néanmoins possible de rejeter l’hypothèse selon laquelle elles servaient à laver la vaisselle de la boutique. D’une part, la faible hauteur des bassins – entre 44 et 74 cm au-dessus du pavement – ne permettait pas d’y travailler convenablement. D’autre part, l’espace séparant le haut du bassin de la voûte était trop réduit. Enfin, ces bassins étaient toujours orientés vers l’intérieur de la boutique, plus rarement vers l’espace délimité par le comptoir, réservé aux boutiquiers ; leur usage devait donc être également offert à la clientèle28. L’ensemble du dossier ne permet que de retenir l’hypothèse d’une fonction ornementale ou des usages ponctuels et variés relatifs à l’activité des boutiques dans lesquelles ces bassins sont situés. Le positionnement de ces bassins suggère que cette eau était avant tout destinée aux clients

22Il existait enfin un dernier type de comptoirs dont il ne subsiste que des empreintes. Leur lien avec les commerces alimentaires reste donc hypothétique. Le mur d’entrée de la taberna dell’Imbidioso (r5i05b06) est pourvu de deux traces horizontales de 7 et 12 cm d’épaisseur, situées respectivement à 50 et à 87 cm de hauteur (fig. 38). Leur similitude avec les installations du local r4i02b19 permet de restituer un comptoir formé de plaques de marbre ou de planches de bois. La longueur de ce comptoir correspond sans aucun doute à la dépression pouvant être observée sur le seuil de la boutique, usure provoquée par les passages des clients devant contourner le comptoir pour pénétrer dans la boutique. Un autre type de table ou de comptoir correspond très certainement au local r1i13b13 (fig. 39). Ce dernier est pourvu d’un seuil dans lequel trois séries de deux orifices ont été creusées. Une tige de métal est insérée dans chacun de ces trous. Leur disposition suggère l’installation de trois tréteaux fixes à même le seuil.

8.1.1.2 Les dispositifs de cuisson

  • 29  Monteix 2007, p. 121.

23Seuls de rares débits de boissons sont équipés de dispositifs de cuisson. Deux types déjà définis par N. Monteix à Herculanum et Pompéi, sont à distinguer : les chauffe-eau et les tables de chauffe29. À Ostie, seuls six établissements portent les traces de tels aménagements, parmi lesquels une seule table de chauffe a été identifiée.

  • 30  Hermansen 1982, p. 127.
  • 31  Nous renvoyons ici à la description de ces dispositifs par Monteix, normes, p. 121.
  • 32  Hermansen 1982, p. 173. Au sujet du local des thermes dei Cisiarii : Kleberg 1957, p. 43 et Herman (...)
  • 33  Monteix 2011, p. 97 ; voir aussi Monteix 2013, p. 12- 13. Avec le caisson de la boutique r1i03b12, (...)
  • 34  Gds, 17-22 avril 1916, p. 70 : « la forma di questa apertura è come quella dei cessi inodori, sia (...)
  • 35  Hermamsen 1982, p. 131.
  • 36  Monteix 2011, p. 101.

24Seul le local r1i03b12 est équipé d’un dispositif de cuisson encore visible aujourd’hui (fig. 40)30. Tout comme ses homologues vésuviens, cet aménagement maçonné devait être prévu pour chauffer un contenant métallique rempli d’eau31. Un chauffe-eau aurait été identifié dans la caupona d’Alexander Helix (r4i07b01) par G. Hermansen, tandis qu’un fourneau serait situé, selon T. Kleberg dans le débit de boissons des thermes dei Cisiarii (r2i02b12)32. Enfin, un caisson de plomb a été découvert dans le Caseggiato del Termopolio (I, II, 5). Cet objet de forme cylindrique a été retrouvé écrasé ; les fouilleurs en donnent toutefois une description : mesurant 47 cm de diamètre, 25 cm de hauteur, il est percé en son sommet d’une ouverture de forme elliptique. Les éléments descriptifs fournis suffisent à proposer une restitution hypothétique de l’objet (fig. 41). Ce caisson de plomb, tel qu’il est décrit par les fouilleurs, est très semblable à un récipient de bronze s’encastrant dans un chauffe-eau découvert dans la boutique « d’Asellina » à Pompéi, (IX, 11, 2)33. Cette ressemblance, l’absence d’évacuation, ainsi que le lieu de découverte de ce caisson poussent à rejeter sa fonction de pot de chambre suggérée par R. Finelli34. Selon G. Hermansen, ces chauffe-eaux devaient servir à la cuisson d’aliments ou à chauffer l’eau35. Cependant, selon N. Monteix, ces objets servaient à obtenir de l’eau tiède pour couper le vin et éventuellement à la préparation d’aliments (bouillies ou décoctions)36.

Fig. 38 – Traces d’un comptoir dans la boutique r5i05b06 (vue depuis l’est).

Fig. 39 – Seuil de la boutique r1i13b13 (vue depuis l’est).

Fig. 40 – vestiges du dispositif de cuisson du local r1i03b12 (vue depuis l’ouest).

Fig. 41 – Proposition de restitution du caisson en bronze mis au jour dans le commerce alimentaire r1i02b14, d’après sa descriptions dans les journaux de fouilles.

  • 37  Cet aménagement est en tout point semblable à ceux décrits par N. Monteix à Pompéi (Monteix 2007, (...)

25Seule la boutique r5i06b17 est pourvue d’une table de chauffe, dont la base est évidée afin d’y stocker des matériaux combustibles (fig. 42)37. Cette niche mesure 104 cm de profondeur, 71 de largeur et 74 cm de hauteur. Elle est tout à fait similaire à la table de chauffe découverte dans la Casa delle Volte Dipinte (III, V, 1).

Fig. 42 – Table de chauffe du local r5i06b17 (vue depuis le sud).

8.1.1.3 Le stockage : dolia et étagères

26Deux dispositifs de stockage sont à distinguer. Il s’agit d’une part des étagères à gradins et d’autre part de dolia enterrés, mobilier assez commun des commerces d’Ostie.

27Certaines boutiques sont équipées d’une structure maçonnée possédant en son sommet des gradins (fig. 43). Ces derniers servaient vraisemblablement à entreposer la vaisselle, ainsi que des contenants pleins, comme l’indique le relief de la tombe 90 de l’Isola Sacra (relief 8). Ce genre d’étagère n’est que rarement accompagné d’un comptoir maçonné. Dans la majorité des cas, ces étagères constituent l’unique équipement des boutiques.

  • 38  Monteix 2010, p. 113.
  • 39  Monteix 2007, p. 122.

28Un certain nombre de boutiques sont pourvues de jarres en terre cuite à moitié enterrées (fig. 44). Elles correspondent en tous points aux dolia defossa mis au jour dans le Caseggiato dei Doli (I, iv, 5) et le Magazzino Annonario (V, xi, 4-5). En revanche, elles diffèrent par leur taille et leur disposition des jarres encastrées dans les comptoirs des commerces alimentaires des cités du Vésuve auxquelles N. Monteix attribue la fonction de stockage de denrées solides38. Le dolium est fréquemment associé à une fonction de stockage de denrées alimentaires. Ce type de jarre pouvait contenir des aliments solides, aussi bien que liquide. Toutefois, il semblerait que le stockage de liquides nécessitait que l’intérieur de ces dolia soit enduit de poix39. Ils étaient également utilisés pour la maturation du vin. En raison de l’état de conservation de ces dolia, dont l’existence n’est souvent attestée que par une indication cartographique, il est actuellement impossible d’identifier la présence de cet enduit. La fonction de ces objets étant incertaine, nous nous contenterons d’indiquer leur localisation et de retenir leur lien très probable avec un commerce alimentaire.

Fig. 43 – Étagère à gradins du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis l’ouest).

Fig. 44 – Dolium enterré du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis le nord).

8.1.1.4 Les mortiers

  • 40  Calza et Nash 1959, fig. 112.
  • 41  Carandini 1968,, tav XLVIII, n. 614.
  • 42  Hermansen 1982, p. 190.

29À ce jour, un mortier en travertin est disposé sur le comptoir des locaux r1i12b37 r1i03b13. Dans ce dernier cas, l’observation de photographies d’archives et de publications nous permet d’affirmer qu’il s’agit d’une modification moderne. Absent des rapports de fouilles et des photographies prises en 1916, le mortier apparaît sur une photographie des années 195040. Ce dernier a donc été cimenté au comptoir au cours de ces années en vue de rendre le local plus vivant pour les visiteurs. L’absence de données relatives au mortier découvert dans le local r1i12b37 ne permet pas de soutenir la même affirmation. Au contraire, une photographie d’archives indique la présence d’un mortier aujourd’hui disparu dans la boutique r4i02b19. Dans ces conditions, il est impossible de retenir la présence de ce mobilier comme acquise. Mais inversement, il n’est pas possible de rejeter le lien vraisemblable de cet objet à ce type de commerce. Les deux mortiers encore en place sont en travertin et mesurent respectivement 29 et 34 cm de hauteur pour un diamètre maximal de 27 et 29 cm. Si leur type diffère des mortiers mis au jour dans les Thermes du nageur, ils sont en tous points semblables à un mortier découvert dans la cuisine de la Casa delle Volte Dipinte41. La présence de cet objet dans la seule cuisine véritablement connue d’Ostie ne fait que confirmer son emploi dans la préparation alimentaire. Selon G. Hermansen, ces mortiers servaient à la préparation du conditum, composé de vin, d’eau chaude, de poivre et d’autres ingrédients42.

8.1.1.5 Étude de cas : r1i02b14 et r1i03b13

30Les locaux r1i02b14 et r1i03b13 sont connus grâce à des rapports de fouilles détaillés. L’étude conjointe de leurs aménagements et de leur mobilier permet l’analyse de systèmes d’équipements nous éclairant sur la fonction de ces locaux.

  • 43  Monteix 2011, p. 117-120.

31La boutique r1i02b14 que l’on désigne traditionnellement et à tort comme le « thermopolium » est composée de trois pièces dont deux sont pourvues d’équipements. L’une abrite un petit bassin maçonné, des vestiges d’une structure maçonnée en L et d’un dolium semi-enterré. L’autre pièce est pourvue d’un comptoir maçonné et d’une étagère à gradins. Les rapports de fouilles indiquent la découverte d’un chauffe-eau en plomb. En outre, une plaque de marbre pourvue de crochets de suspension a été mise au jour (fig. 45). Cet objet mesurant près d’un mètre de longueur et quinze centimètres de largeur est pourvu de quatre orifices distants d’une quinzaine de centimètres chacun dans lesquels étaient fixés des crochets. Des aliments sont représentés sur une fresque située au-dessus de l’étagère à gradins. Si leur identification est ardue, retenons la présence de légumes et probablement d’œufs baignant dans un bocal. Le dolium et le chauffe-eau permettaient sans nul doute la vente de vin éventuellement coupé à l’eau tiède. L’absence de table de cuisson et les aliments représentés sur la fresque permettent d’exclure la préparation de plats complexes. La nourriture vendue était probablement composée de légumes, voire de bouillies réchauffées grâce au chauffe-eau. L’ensemble de ces équipements nous porte à croire que ce local peut être rattaché au type 2 élaboré par N. Monteix, correspondant à des commerces alimentaires dont la fonction se situait entre le restaurant et le débit de boissons43.

  • 44  Bakker 1999, p. 153-154. L’archéologue a compilé les résultats publiés dans les Nsc et les Gds de  (...)
  • 45  N. inv. 9725.
  • 46  N. inv. 9692 ; 9693 et 9724.

32Le commerce alimentaire r1i03b12 est pourvu d’un chauffe-eau intégré au comptoir. Le mobilier qui y a été mis au jour a fait l’objet d’un inventaire réalisé par J.T. Bakker44. Des amphores, dont une intacte, y ont été découvertes sans que les fouilleurs n’en précisent la typologie45. De la vaisselle en verre et en céramique fut également mise au jour. Parmi les éléments notables, les fouilleurs ont signalé la présence d’un vase caréné de type biconique mesurant 18 cm de hauteur et une cruche à bec trilobé de 14 cm de hauteur, ainsi qu’une fourchette en fer à deux dents46. Il s’agit là très certainement de vaisselles et de couverts destinés à la consommation d’aliments et de vin. Le local devait donc probablement assumer une fonction de débit de boissons et de vente d’aliments.

8.1.1.6 Datation

  • 47  Meiggs 1973, p. 428 et plus récemment Pavolini 1986, p. 243 ont déjà constaté cette tendance.
  • 48  Calza 1915a, p. 29.
  • 49  Falzone 2007, p. 157.
  • 50  Paribeni 1916, p. 417 ; sur la production de ces lampes, voir Pavolini 2001, p. 192-195.

33La datation des débits de boissons d’Ostie est une entreprise ardue. En l’absence de contexte stratigraphique, les seuls éléments de datation sont bien souvent fournis par la maçonnerie des comptoirs, reposant donc sur une typo-chronologie imprécise concernant les phases tardives. Dans la majorité des cas (65 % des comptoirs encore accessibles), les comptoirs ont été édifiés en opus vittatum et opus testaceum pour opus mixtum à bandes, appareil traditionnellement associé aux phases postérieures au milieu du IIIe siècle47. Les datations les plus sûres ont pu être établies grâce à des éléments découverts sous le revêtement en marbre des comptoirs. C’est ainsi que dans le local r1i02b14, une inscription remployée a permis d’établir une datation plus précise. Cette inscription mentionne C. Fulvius Plautianus, beau-père de Caracalla, tué en 205, victime d’une « damnatio memoriae », hâtant probablement le remploi du marbre dans le revêtement du comptoir48. Cette datation concorde d’une part avec la mosaïque de pavement de ce local que G. Becatti date de la fin du IIIe siècle et d’autre part à la fresque d’entrée imitant des crustae de marbre que S. Falzone date de l’époque tétrarchique49. En outre, la découverte de trois lampes produites au cours du IIIe siècle confirme cette datation50.

Fig. 45 – Plaque de marbre pourvue de crochets métalliques du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis le nord).

  • 51  Zevi 1970b, p. 42.
  • 52  Voir les travaux en cours d’E. Bukowiecki.
  • 53  Carta, Pohl, Zevi 1987, p. 43.

34Une pièce de monnaie datant du règne de Maximin le Thrace a été découverte dans la couche de mortier située sous le revêtement de marbre du comptoir du local de la Casa delle Volte Dipinti (III, V, 1). L’excellent état de conservation de la pièce pousse l’archéologue à supposer une période de circulation réduite, permettant de dater le comptoir de la première partie du IIIe siècle51. Cette datation se trouve confirmée par le pavement composé de bipedales encadrés d’une rainure, produits à l’époque sévérienne52. Enfin, le probable commerce alimentaire du Caseggiato dell’Invidioso (r5i05b06) semble avoir été installé au cours du IIIe siècle. La datation de la mosaïque de pavement de la seconde moitié du IIIe siècle par G. Becatti est confirmée par la découverte d’une monnaie sous son niveau53.

35La mise en œuvre, ainsi que d’autres critères de datation dans les trois cas où ils existent confirment l’idée selon laquelle une majorité des commerces alimentaires est datée de la période tardive.

36L’état des données disponibles – aussi bien sur le terrain qu’en archives – sur les commerces alimentaires ne permet pas de proposer une typologie fine. La grande hétérogénéité des informations disponibles oblige à établir une hiérarchie de ces locaux. Ainsi, les commerces alimentaires identifiés en fonction de leur plan seront considérés comme hypothétiques. Même une fois ceux-ci écartés, il est impossible de parvenir au niveau de précision de N. Monteix dans son étude des commerces alimentaires des cités du Vésuve. Les sources ne peuvent rendre compte de la diversité des services et des biens mis en vente dans ces boutiques. Par exemple, il faut observer la rareté des dispositifs de cuisson qui est sans doute imputable à l’état lacunaire de notre documentation.

  • 54  Hermansen 1982, p. 202.
  • 55  Salza Prina Ricotti 1980, p. 274.
  • 56  Suétone, Tibère 34, 1 ; Néron 16, 3 ; Dion Cassius 62, 14, 2 et 66, 10, 3.

37La datation tardive d’une majorité de ces comptoirs est souvent utilisée pour expliquer leur différence typologique avec ceux des commerces alimentaires des cités du Vésuve. Pour G. Hermansen, le type de comptoirs des cités du Vésuve a été remplacé par celui connu à Ostie. Il suggère que le relief de la tombe 90 de la nécropole de l’Isola Sacra (relief 8) représentant ce type de comptoir indique le terminus post quem de la diffusion de ce type de bassins à Ostie54. Selon G. Hermansen et E. Salza Prina Ricotti, l’abandon du comptoir vésuvien serait dû à l’application de mesures prises à l’époque vespasienne55. Suétone et Dion Cassius rapportent des lois édictées par Tibère, Néron, puis Vespasien interdisant partiellement la vente de nourriture cuite dans les popinae56. Les difficultés posées par cette interprétation sont nombreuses. D’une part, il faudrait déterminer si ces mesures n’étaient destinées qu’à Rome et mesurer la valeur normative de ces lois : sont-elles appliquées dès leur promulgation et pour combien de temps ? Les quelques dispositifs de chauffe des commerces alimentaires d’Ostie poussent à rejeter l’hypothèse de l’application de cette mesure. D’autre part, il serait utile de déterminer si le type de comptoir rencontré à Ostie est attesté ailleurs.

8.1.2 Le textile

  • 57  De Ruyt 2001, p. 186-188.
  • 58  Flohr 2003, p. 447, s’appuyant surtout sur l’édit de Dioclétien 22.

38L’identification des fouleries est facilitée par la nature des équipements propres à cette activité. Définie par Cl. De Ruyt comme le siège d’« opérations multiples qu’exigeait l’apprêtage des tissus de laine ou autres textiles, neufs ou usagés », la foulerie occupait le dernier maillon de la chaîne de production textile, avant la commercialisation57. Les données fournies par les sources écrites indiquent que les textiles non finis y étaient traités, ainsi que des vêtements usagés58. Les activités de la foulerie peuvent donc relever tant de la production que du commerce.

  • 59  Sur la chaîne opératoire, voir Monteix 2010, p. 192- 198 et Flohr 2013, p. 98-120.

39La première opération est celle du foulage des tissus à l’aide de produits alcalins afin de les débarrasser de la graisse laissée par le filage. L’opération se déroule dans des cuves (traditionnellement appelées testae par les archéologues) installées dans des stalles. Puis le rinçage des tissus est effectué en vue d’évacuer les solutions alcalines, cette étape peut nécessiter la présence de grands bassins. Enfin, les tissus sont exposés à des vapeurs de soufre avant d’être brossés et éventuellement pressés59.

  • 60  Bradley 2002, p. 26-27.
  • 61  Wilson 2003, p. 443 ; Flohr 2005, p. 59.

40Les deux premières étapes nécessitent des installations spécifiques et bien reconnaissables : des stalles de foulage et de grands bassins pour le rinçage. M. Bradley a établi une hiérarchie des critères d’identification dont le sommet est occupé par les stalles, qu’il juge comme l’indice le plus fiable. Les bassins rectangulaires, les solutions utilisées ou les dispositifs de séchage tiennent lieu de critères secondaires60. A. Wilson et M. Flohr ont critiqué cette méthode d’identification fondée sur des éléments séparés ; ils remarquent que des stalles ou des bassins pouvaient servir séparément dans des activités distinctes61.

  • 62  Monteix 2010, p. 198.
  • 63  Monteix 2010, p. 200.
  • 64  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 175.

41Comme l’a indiqué N. Monteix, les stalles de foulage constituent l’équipement minimal d’une foulerie, elles peuvent donc être considérées comme des indicateurs fiables62. En revanche, la présence de grands bassins ne saurait être retenue car ils peuvent être utilisés au sein d’autres activités, tandis qu’ils n’équipent pas toutes les fouleries63. Ce critère est retenu par V. Scrinari et M.A. Ricciardi à propos d’une boutique située dans la Regio V (V, IV, 2-3)64. De ce fait, une foulerie est identifiée grâce à la présence de stalles et d’au moins un bassin.

  • 65  Pietrogrande 1976 et les articles synthétiques de De Ruyt 2001 et 2002.
  • 66  Flohr 2013.
  • 67  Citons la Fullonica maggiore (II, XI, 1) ; la Fullonica della via degli Augustali (V, VII, 3) et l (...)

42Plusieurs travaux ont déjà été consacrés aux fouleries d’Ostie. La monographie d’A.L. Pietrogrande, ainsi que les études de Cl. De Ruyt révèlent l’existence de six fouleries dans la ville65. Plus récemment, les travaux de M. Flohr ont confirmé l’établissement de ce corpus66. Deux groupes se distinguent nettement. D’une part, il y a quatre locaux de grandes dimensions (de plus de 200 m2), dotés chacun d’au moins 35 stalles67. D’autre part, il y a deux fouleries installées dans des boutiques, de dimensions bien plus réduites. Nous proposons, en plus de ces six locaux, l’identification de deux autres fouleries.

  • 68  Pietrogrande 1976, p. 9-13.

43La foulerie r1i13b22 est composée de deux pièces séparées par un seuil à deux vantaux. La première pièce est dotée d’équipements de fonction inconnue. Un fond de dolium depuis lequel une évacuation court sous le seuil est disposé à l’entrée de la pièce. L’angle nord-ouest de la salle est occupé par une cavité enduite de mortier depuis laquelle partent deux conduites en céramique. Cette cavité est encadrée par deux pieds maçonnés. La seconde pièce du local est équipée d’un bassin maçonné d’un mètre sur deux et d’une profondeur de 80 cm. Son alimentation hydraulique est assurée par une conduite de plomb, tandis que l’eau est évacuée dans les égouts. Il y a quatre stalles de foulage dont trois sont pourvues de testae intactes. Ces équipements sont disposés sur un plan surélevé de 30 cm incliné vers les stalles et dont le rebord est pourvu d’un bourrelet en mortier. Il s’agit de toute évidence d’un dispositif destiné à retenir l’eau employé pour cette activité. L’installation de cette foulerie est datée du IIIe siècle, comme l’indique la maçonnerie68.

  • 69  Pietrogrande 1976, p. 51-54.

44La foulerie r2i11b08 est installée dans une pièce divisée en deux parties par un changement de niveau. La partie septentrionale est surélevée de 50 cm et accessible par quelques marches. Cette surface est légèrement inclinée – de 29 cm – vers le fond de la pièce qui est occupé par les équipements. Il y a un bassin maçonné dont le fond est situé sous le niveau du pavement et dont une marche assure l’accès. Mesurant 2,8 sur 1,6 mètre, ce bassin est profond de 92 cm et est doté de deux évacuations hydrauliques. Trois stalles de foulage sont identifiables. L’installation de cette foulerie semblerait dater de la première moitié du IIe siècle ; ce qui est corroboré par la découverte d’une monnaie datant du règne d’Hadrien dans les équipements maçonnés69.

8.1.2.1 Proposition d’identification de fouleries

45À ce corpus transmis par la littérature, nous proposons l’ajout de deux autres boutiques.

46La boutique r2i04b12 mise au jour en 1909 est dotée d’un bassin mesurant 130 sur 94 cm, doté de murets latéraux de 40 cm de hauteur et dont le fond est situé 70 cm sous le niveau du pavement. Le fond de ce bassin est légèrement incliné – de 9 cm – vers le sud, tandis que deux marches permettent d’y descendre (fig. 46). L’adduction de l’eau était assurée par une conduite de plomb passant sur le seuil de la boutique, débouchant à un mètre au-dessus du pavement, tandis que l’évacuation, située également dans la partie méridionale du bassin est constituée d’une conduite de plomb aménagée dans le fond du bassin. La capacité de ce bassin est de 1,22 mètre cube.

  • 70  GDS, 16 février 1909, p. 70 et Vaglieri, 1909b, p. 90 : « Lungo la stessa parete sinistra dopo la (...)
  • 71  Vaglieri, 1909c, p. 411.

47Si la partie septentrionale de la boutique semble aujourd’hui déserte, R. Finelli et D. Vaglieri signalent l’existence de trois fonds de dolia fragmentaires d’une hauteur de 55 cm, disposés le long du mur70. Ces derniers figurent en outre sur une carte établie par D. Vaglieri71. Il s’agit là de toute évidence de stalles de foulage. Elles permettent donc d’identifier cette boutique comme une foulerie.

  • 72  CIL XIV, 4753. Il s’agit d’une datation consulaire.

48La découverte d’une inscription fragmentaire remployée, sur laquelle les testae furent édifiées constitue un indice de datation de cette installation. Il s’agit d’un album du collège des fontani, datant de 232 de notre ère72. Constituant un terminus post quem, cette inscription indique que cette foulerie était probablement en activité dans la seconde partie du IIIe siècle, voire plus tard. La fin de cette activité correspond très certainement au percement du mur contre lequel fut édifié le bassin.

49Le local r2i06b16, mis au jour en 1913, est pourvu d’un bassin similaire, mesurant 156 sur 235 cm. Le fond de la structure – également pourvue de marches d’accès – se situe 54 cm sous le pavement de la boutique. Si les murets latéraux n’ont pas été conservés, la hauteur maximale du revêtement en mortier de tuileau suggère une profondeur totale du bassin de 125 cm. L’adduction devait être assurée grâce à une conduite de plomb – située 82 cm au-dessus du fond du bassin – dont la trace est visible sur le seuil de la boutique. La capacité de ce bassin était donc de trois mètres cubes.

Fig. 46 – Marches du bassin de la boutique r2i04b12 (vue depuis le sud).

  • 73  Ce contenant a été identifié par Finelli comme un mortier sur lequel des restaurations antiques fu (...)

50La partie orientale de la boutique est occupée par une structure à murets aujourd’hui détruite. Seul subsiste un récipient en travertin – portant les traces de restaurations antiques en mortier de tuileau – de 55 cm de hauteur, de 54 de diamètre et de 49,5 cm de profondeur (fig. 47)73. La typologie de bassin – la rendant très proche d’autres fouleries d’Ostie – et la présence de ce récipient permettent d’identifier ce local comme une foulerie.

  • 74  La baie percée dans le mur occidental est pourvue d’une inscription funéraire (CIL XIV, 5158) en g (...)

51L’installation de la foulerie dans cette boutique est probablement postérieure au bouchage d’une baie située au nord-ouest du local, sur lequel s’appuyait la structure à murets intégrant les testae identifiées. La fin d’activité concorde vraisemblablement avec le percement du mur septentrional sur lequel s’adossait partiellement le bassin. Ce percement est certainement à mettre en relation avec deux autres percements dans ce local, ainsi qu’avec l’obstruction de la baie principale de la boutique74. L’opus mixtum à bandes utilisée pour cette dernière opération suggère un terminus post quem d’arrêt d’activité vers le milieu du IIIe siècle.

52La boutique r1i12b22 apparaît comme une foulerie hypothétique. Cette association se fonde sur les caractéristiques de son bassin maçonné, très proches des fouleries déjà identifiées à Ostie. Il s’agit d’un bassin maçonné de 151 sur 199 cm occupant l’avant de la bou-tique et adossé contre le mur méridional du local. Ce bassin, dont le fond est situé plus d’une dizaine de centimètres sous le niveau du pavement, est doté de muret hauts de 91 cm au-dessus du pavement de la boutique. Cette structure est dotée d’une capacité volumétrique de 3,305 mètres cubes. Sa mise en œuvre, en opus mixtum à bandes, suggère une installation tardive.

Fig. 47 – Récipient en travertin de la boutique r2i06b16 (vue depuis le sud).

  • 75  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 175.

53Enfin, l’identification de la boutique r5i04b08 comme foulerie doit être rejetée. Cette identification, proposée par V. Scrinari et M.-A. Ricciardi, ne repose que sur un examen de la planimétrie, les vestiges de ces aménagements étant aujourd’hui inaccessibles75. Le plan représente un réseau de trois bassins rectangulaires confinés dans le fond de la boutique. Le nombre et la disposition de ces bassins, conjointement à l’absence de stalles de foulage, obligent à rejeter de cette identification.

8.1.2.2 Une teinturerie (r2i11b01)

  • 76  Pietrogrande 1976, p. 21 ; Uscatescu 1994, p. 146.
  • 77  Alberti 2007, p. 59.
  • 78  Sur les teintureries, voir également Monteix 2010, p. 186-191.
  • 79  Borgard, Puybaret 2004, p. 55 ; Borgard 2002, p. 57.
  • 80  Borgard 2002, p. 56-57.

54Une seule teinturerie a été identifiée à Ostie par L. Pietrogrande à l’occasion de la mise au jour de l’îlot II, XI durant les années 1970. C’est dans une boutique donnant sur une petite cour centrale située au cœur de cet îlot qu’un four de teinturier et un bassin maçonné ont été mis au jour (fig. 48 et fig. 49). D’une hauteur de 55 centimètres, le four se caractérise par une section circulaire d’environ 45 centimètres de diamètre et par une bouche rectangulaire d’une quarantaine de centimètres, située sous le niveau du pavement, accessible par trois marches76. Selon L. Pietrogrande, ces installations datent de l’époque tardive. Ces équipements ne permettent d’émettre aucun doute quant à l’identification de ce local en tant que teinturerie. Le bassin et la chaudière de teinturier correspondent aux deux premiers critères d’identification d’une teinturerie retenus par M.-E. Alberti77. Selon cette dernière, les dispositifs de teinturerie et de rinçage constituent les meilleurs indicateurs de cette activité, il ne manque ici que le troisième élément : des traces de substances tinctoriales78. Par ailleurs, cette chaudière correspond en tous points aux équipements découverts dans les ateliers V, 1, 4 et 5 de Pompéi, consacrés à la teinture de la laine, nécessitant une température supérieure, avoisinant les 90°c79. Cette chaudière pouvait être utilisée dans l’une des deux étapes de l’activité des teinturiers : le mordançage visant à imprégner les textiles d’un mordant – nécessitant, pour la laine, un bain porté à 90°C environ –, ou la teinture, étape durant laquelle les tissus sont plongés dans un bain tinctorial porté à ébullition80.

Fig. 48 – Plan de la teinturerie r2i11b01 (Pietrogrande 1976).

Fig. 49 – Photographie du four de la teinturerie r2i11b01 (extrait de Pietrogrande 1976).

55Les espaces des activités textiles sont aisés à identifier. Les fouleries se caractérisent par un ensemble d’équipements très homogène composé de stalles de foulage et d’un ou plusieurs bassins maçonnés. La teinturerie, elle, se singularise par sa chaudière et son bassin. Tous ces locaux se démarquent toutefois par leur grande rareté. Il n’a été possible d’identifier que quatre fouleries et une teinturerie localisées en boutiques. Leur installation s’étale du Ier siècle jusqu’à la seconde moitié du IIIe siècle. Cette rareté ne traduit pas nécessairement une réalité antique. Il est possible que leur faible nombre résulte de l’état de conservation des vestiges ou de la localisation de ces ateliers dans les zones non fouillées du site archéologique.

8.1.3 Autres activités

8.1.3.1 L’atelier de bijoutier du théâtre (r2i07b16)

  • 81  Vaglieri 1913b, p. 393 et svtes : « Si tratta certamente dei fondi di bottega di qualche fabbrican (...)
  • 82  Pavolini 2005, p. 54 et p. 56. Il est possible que le creuset identifié par Pavolini soit celui do (...)
  • 83  Vaglieri 1913b, p. 396.

56Dans un article de D. Vaglieri paru dans les Notizie degli Scavi di Antichità, une découverte singulière est rapportée : deux creusets de vitrification ont été identifiés dans une pièce secondaire d’une boutique du théâtre d’Ostie (r2i07b16)81. Si aucune description ou reproduction de ces objets ne figure dans cette publication, C. Pavolini a identifié dans le dépôt d’Ostie un creuset similaire82. Le rapport de fouilles s’accompagne de l’expertise de Vittorio Novarese, spécialiste en minéralogie. Ce dernier note la présence de coulées de matières vitrifiées de couleur bleue ou verte formant une croûte dans ces creusets (il s’agit de smalte selon le minéralogue), de fragments de métaux, mais surtout de « satin spar », variété de gypse ne se trouvant qu’en actuelle Grande-Bretagne. Il s’agit donc en toute probabilité d’un atelier de verroterie où on procédait également à l’assemblage de bijoux. Dans ce même local, une matrice en calcaire (Palombino) pour tessères quadrangulaires a été retrouvée. Malgré l’absence d’indication stratigraphique, il est possible que cet objet soit à mettre en relation avec l’activité qui se déroulait dans cette boutique83. Nécessitant toutes deux la présence d’un four, la production de bijoux ou de tessères pouvait avoir lieu dans le même local. S’agissait-il d’une bijouterie ou d’un atelier de fonderie aux productions variées ? En l’absence de données plus précises relatives au contexte de découverte de la matrice pour tessères, il est impossible de répondre à cette interrogation. Par ailleurs, aucun élément ne permet de dater la période d’activité de cet atelier.

8.1.3.2 Une verrerie tardive (r4i05b42) dans le macellum

  • 84  Découverte dans les tranchées F1 et F2 fouillées par Kockel et Ortisi (Kockel, Ortisi 2000, p. 352 (...)
  • 85  Rottlof 2000, p. 365.
  • 86  Rottlof 2000, p. 369-370.
  • 87  Rottlof 2000, p. 369.

57Une verrerie a été identifiée dans une des boutiques du macellum d’Ostie84. Des récipients et des gobelets en verre y ont été découverts. La datation de ces objets varie entre la fin du IIIe siècle et le début du Ve siècle85. La présence de ratés de cuisson et de verre brut indique une activité de production86. L’écart de datation entre les fragments du IIIe et du Ve siècles pousse A. Rottlof à suggérer la refonte d’objets en verre brisés en vue de l’obtention de matière première. Il s’agit donc, très probablement, d’une production secondaire. Enfin, l’absence de four ou de creuset mis au jour in situ ne permet pas une localisation incontestable, quoiqu’elle demeure très probable87.

58Les activités pouvant être identifiées en boutique sont peu nombreuses à Ostie. La pauvreté des rapports de fouilles ne permet d’identifier que les activités dont les équipements se distinguent par leur spécificité. C’est pourquoi les commerces alimentaires et les fouleries prédominent dans le corpus. Ces activités ne sauraient donc être considérées comme représentatives de la réalité économique de la ville durant l’Antiquité.

8.2 Les activités non identifiées ou rejetées

59La majorité des équipements mis au jour en boutiques ne peut être rattachée à une activité précise, tant les données sont lacunaires, en raison des méthodes de fouilles employées à Ostie ou de l’état de conservation des vestiges. Par ordre de fréquence, les bassins maçonnés, les tables de mesure et le mobilier seront successivement étudiés avant d’exposer les identifications d’activité que nous devons rejeter (fig. 50).

8.2.1 Le corpus des bassins maçonnés des boutiques d’Ostie

  • 88  Wilson 2003, p. 445-446.
  • 89  Leguilloux 2004, p. 46 et 74.
  • 90  Borgard, -P. Brun et Leguilloux 2005, p. 310-311.

60Au total, 65 boutiques d’Ostie sont équipées d’un bassin maçonné. L’état de notre documentation ne permet pas d’en déterminer le rôle précis et par conséquent de les associer à une activité artisanale ou commerciale donnée. Les activités ayant recours à un tel équipement sont variées. Ainsi, A. Wilson indique-t-il que des cuves ou bassins sont utilisés dans les teintureries, les ateliers de salaison, la pisciculture, la production d’huile d’olive, les tanneries, ainsi que dans certaines étapes de la production d’argile88. Des bassins peuvent aussi être utilisés dans le cadre du travail de rivière (première étape de la pelleterie, visant à éliminer l’épiderme et les poils des fourrures), de la trempe, du mouillage du foulage ou du confitage du cuir ou de la peau89. Ils peuvent être utilisés également dans le cadre de l’étape de rouissage ou de trempe de l’osier par les vanniers90. Dès lors, il paraît difficile d’associer la présence d’un bassin maçonné à une activité précise en l’absence de mobilier ou de déchets de production. Il est donc nécessaire d’élaborer une typologie de ces bassins afin d’en proposer une interprétation.

  • 91  Neuerburg 1965.
  • 92  Scrinari et Ricciardi 1994.
  • 93  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 10-11.
  • 94  Dessales 2013, p. 81-90.

61Les bassins maçonnés d’Ostie ont fait l’objet de quelques études. En 1965, N. Neuerburg a étudié les fontaines et nymphées d’Italie, parmi lesquels quelques-uns se retrouvent dans des boutiques d’Ostie91. En 1994, un ouvrage consacré aux équipements hydrauliques d’Ostie a été publié sous la direction de V. Scrinari et de M.A. Ricciardi92. Traitant la totalité des équipements hydrauliques de la ville, cet inventaire ne se borne pas aux seuls bassins maçonnés localisés dans les boutiques. Les bassins y sont classés selon leur forme, ainsi que leur position ; huit catégories se distinguent : abbeveratoi, fontane a vasca isolate, fontane addossate a muro, fontana a vasca angolari, fontane semicoperte, fontane a bauletto, impluvium93. En 2004, une autre typologie des bassins d’Ostie a été proposée par H. Dessales qui s’est intéressée aux équipements hydrauliques dans l’architecture domestique des cités du Vésuve et d’Ostie. Ayant pour finalité l’analyse de l’insertion de ces bassins dans les maisons, l’archéologue s’est avant tout concentrée sur les bassins ornementaux. La typologie qu’elle a proposée se fonde par conséquent sur la forme des bassins plus que leur fonction. De sa typologie nous ne retiendrons que les tracés non décoratifs : les bassins quadrangulaires, circulaires ou semi-circulaires, multiples94. Les typologies et interprétations proposées dans ces ouvrages ne concernent pas exclusivement les bassins se trouvant en boutique. En se fondant sur ces ouvrages et sur un travail de terrain, nous proposons une typologie des bassins découverts en boutique. L’objectif de cette typologie n’est pas d’identifier les activités ayant recours à ces structures, mais leur fonction probable.

Fig. 50 – Les activités non identifiées des boutiques d’Ostie.

8.2.1.1 Les critères de classification

62Des critères variés doivent être pris en considération. Le critère morphologique doit être envisagé en premier lieu. Ainsi, on doit distinguer les bassins rectangulaires des bassins compartimentés, correspondant sans nul doute à des activités différentes. Toutefois, la pertinence de ce critère se heurte à un double écueil. D’une part, il apparaît que dans certains cas la forme du bassin découle de contraintes architecturales de la boutique et ne correspond pas nécessairement à une activité donnée. D’autre part, une très grande majorité des bassins maçonnés est pourvue d’un plan rectangulaire. Ce critère n’est donc pas pertinent lorsqu’il est considéré de manière isolée.

  • 95  Borgard, Brun et Leguilloux 2005, p. 327-329.

63L’élévation des bassins maçonnés est également un critère d’une grande importance. Le large éventail de hauteurs de bassins maçonnés – allant de moins de vingt centimètres à plus d’un mètre – permet une première approche de leur fonction. Confrontée aux dimensions anthropométriques, cette donnée permet d’adopter une approche ergonomique de ces structures. Ainsi, les activités qui pouvaient s’y dérouler étaient conditionnées par les dimensions des structures au regard des dimensions du corps humain. Ici encore, deux éléments s’opposent à l’utilisation de ce critère seul. Il s’agit d’une part des conditions de conservation des vestiges. L’élévation complète des bassins maçonnés n’est préservée que dans de rares cas. La hauteur de la conduite d’alimentation et/ou des traces du revêtement interne du bassin permettent toutefois de proposer des restitutions. Le second écueil concerne l’ergonomie. Par exemple, certaines activités artisanales s’opéraient au sol, comme l’indique une cuve de trempage haute d’une dizaine de centimètres mise au jour dans un atelier de vannerie de Pompéi95.

64Dans le cadre d’une étude de structures hydrauliques, il est impératif de prendre en considération les capacités volumétriques. Au sein du corpus réuni, les capacités sont très variées, allant d’une centaine de litres à plusieurs milliers. Les chiffres retenus sont le simple fruit d’un calcul du volume des bassins. Ils coïncident donc avec le volume que peuvent contenir les bassins, remplis à ras-bord. Toutefois, le critère du volume ne peut être abordé que pour les exemples les mieux conservés. La mesure commune de classification adoptée est donc la surface au sol. Ce choix permet d’intégrer à la typologie les bassins aujourd’hui disparus, mais dont le plan a été retranscrit sur des cartes publiées.

65La présence d’une adduction et d’une évacuation hydrauliques doit également être prise en considération. La présence – rare – d’une conduite de plomb n’implique pas nécessairement une connexion à l’aqueduc, l’eau pouvait également être acheminée depuis une citerne. La question du débit constitue un enjeu important en dépit des difficultés qu’elle suscite. S’agit-il de bassins dans lesquels l’eau stagne ou est en flux constant ? Est-il possible de réguler le débit ? Ces interrogations permettent d’approcher les fonctions éventuelles des bassins maçonnés dans le cadre d’une activité artisanale ou commerciale.

66Enfin, la localisation du bassin dans un espace donné peut impliquer ou, au contraire, exclure les interactions possibles. Il est de ce fait important d’accorder une grande importance à la situation des bassins dans la boutique. Les problématiques de la visibilité et des circulations possibles apparaissent, à ce titre, cruciales.

67La typologie proposée est fondée, dans la mesure du possible, sur la corrélation entre la morphologie, la surface et l’élévation des bassins, ainsi que leur localisation, leur mise en œuvre et leur alimentation hydraulique. L’étude typologique de ces bassins sera présentée par ordre croissant de taille.

8.2.1.2 Les petits bassins

8.2.1.2.1 Les petits bassins décoratifs en marbre

  • 96  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 11 : « Vasche a cielo aperto costruite in cortili di edifici privati (...)
  • 97  Scrinari, Ricciardi 1996 , p. 176.

68Ces bassins de dimensions réduites se distinguent par leur mise en œuvre en plaques de marbre. Cette caractéristique, ainsi que la position centrale occupée par ces bassins au sein des boutiques a incité V. Scrinari et M.A. Ricciardi à leur donner le nom d’impluvium. L’emploi de ce vocabulaire est ici problématique dans la mesure où le terme latin « impluvium » suppose que les bassins étaient destinés à recueillir l’eau de pluie96. La compatibilité de ce mode d’adduction avec la localisation des bassins à l’intérieur de boutiques semble tout à fait improbable. V. Scrinari et M.A. Ricciardi reconnaissent, dans ce même ouvrage, cette impossibilité à propos du bassin de la taberna del Invidioso (r5i05b06) qui ne pouvait pas recevoir l’eau du ciel97.

69Quatre de ces bassins sont situés dans des boutiques (r1i02b14 ; r1i14b29 ; r4i07b18 ; r5i05b06). Tandis que leur hauteur est comprise entre 12 et 20 cm, leur largeur entre 43 et 80 cm, leur longueur entre 83 et 110 cm et leur volume entre 0,08 et 0,176 mètre cube. Ils sont pourvus d’une conduite hydraulique située sur leur fond, en leur centre. Il n’est pas possible de déterminer s’il s’agissait d’un système d’évacuation ou d’adduction (fig. 51).

Fig. 51 – Bassin de la taberna del Invidioso r5i05b06 (vue zénithale, depuis le sud).

  • 98  Becati 1961, p. 25-27 ; p. 218-219.

70La situation de ces bassins dans les boutiques est identique : ils occupent le centre des boutiques qui sont pourvues chacune d’une mosaïque de pavement noir et blanche – toutes datées du début du IIIe siècle par G. Becatti – représentant des poissons, des scènes de pêche, ainsi qu’un phare98.

  • 99  Celle-ci doit tout de même être considérée prudemment (David 2001).

71Le bassin de la boutique r5i05b06 est postérieur à la mosaïque de pavement de cette boutique : la structure marmoréenne coupe le pavement dont les tesselles sont perturbées sur son pourtour. La mosaïque fait donc office de terminus post quem, correspondant au début du IIIe siècle si l’on s’en tient à la datation stylistique traditionnellement retenue99. En revanche, le bassin de la boutique r4i07b18 est antérieur, voire contemporain de la pose de la mosaïque. Les tesselles viennent s’appuyer contre le marbre, tandis que le bassin agit sur la mosaïque comme un élément central et organisateur : il délimite en effet trois registres dont la lecture est différenciée. L’édification du bassin a donc été entreprise entre la date de construction de l’îlot (fin IIe siècle) et la pose de la mosaïque (début IIIe siècle).

  • 100  Ce revêtement est au sens d’H. Dessales le plus prestigieux pour les bassins (Dessales 2013, p. 73 (...)
  • 101  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 47 et p. 52.

72Il est hautement improbable que ces bassins aient été construits et durablement utilisés à des fins purement artisanales. Leur faible hauteur, leurs dimensions réduites et leur situation centrale dans la boutique semblent difficilement compatibles avec un travail continu. Il est très probable qu’ils prenaient plutôt place dans le programme décoratif des boutiques ; leur appareil marmoréen ne fait que souligner le luxe de ces quatre boutiques pourvues chacune d’une mosaïque de pavement à figures maritimes100. Ces bassins sont en tous points similaires à des bassins identifiés en contexte privé comme dans la domus delle Gorgoni (I, xiii, 6), ou dans la Domus della nicchia a mosaico (IV, iv, 2)101.

8.2.1.2.2 Les petits bassins maçonnés

73Au total, six boutiques sont équipées de petits bassins maçonnés. Il s’agit de bassins aux dimensions réduites, dont la surface au sol n’excède pas le demi-mètre carré. Les dimensions de leurs côtés sont très voisines ; il s’agit donc de bassins carrés plutôt que rectangulaires (fig. 52). La capacité volumétrique de ces structures est également très réduite : située entre 0,014 et 0,018 mètre cube ; soit entre 14 et 18 litres. La hauteur de ces structures est particulièrement réduite, elle est systématiquement inférieure à quarante-cinq centimètres. Les parois internes de ces petits bassins sont revêtues de mortier de tuileau. L’alimentation de deux d’entre eux est assurée par une conduite de plomb. Seul un bassin est pourvu d’une évacuation.

Fig. 52 – Petit bassin maçonné de la boutique r5i02b07 (vue depuis l’ouest).

74Tous ces bassins occupent la partie avant droite des boutiques en s’appuyant sur un mur latéral et un mur de façade de la pièce. À proximité du seuil, ils se situent systématiquement du côté de la rainure longitudinale ; ils devaient donc être caractérisés par une très grande visibilité depuis la rue.

75Leur appareil indique qu’ils ont été construits entre le IIe siècle et l’Antiquité Tardive.

76Ces bassins, de dimensions réduites, d’accès difficile, mais très visibles, ne devaient pas être destinés à une activité artisanale nécessitant une grande quantité d’eau. Il s’agit, plus vraisemblablement, de bassins destinés à attirer la clientèle par leur visibilité, ou encore à des activités nécessitant de l’eau de manière ponctuelle.

8.2.1.2.3 Les bassins en quart de cercle

  • 102  Le bassin de la boutique r3i14b02, aujourd’hui inaccessible, n’a une élévation conservée, d’après (...)
  • 103  Scrinari et Ricciardi 1996, p. 25.

77Ces bassins maçonnés se distinguent avant tout par leur emprise au sol en forme de quart de cercle (fig. 53). Seuls trois bassins de ce type ont été identifiés (r1i03b14 ; r3i14b02 ; r3i15b02). Leurs dimensions sont très similaires : tandis que leurs rayons mesurent entre 79 et 87 centimètres, leur hauteur varie de 64 à 79 centimètre102. Les deux exemples dont l’élévation est conservée possèdent une capacité volumétrique de 0,038 m3 chacun, soit 38 litres. L’intérieur des deux bassins conservés est revêtu de mortier de tuileau. Si tous deux sont encore pourvus d’une évacuation de forme quadrangulaire (10x12 et 8x14 cm), rien ne reste de leur système d’adduction. Il est donc probable que l’alimentation hydraulique ait été assurée manuellement à l’aide d’eau puisée103. Toutefois, ce mode d’alimentation ne semble pas être en adéquation avec une évacuation assurée à l’aide d’une conduite, dont le débit devait probablement être plus élevé que l’alimentation à l’aide d’eau puisée. Si ce mode était utilisé, l’évacuation hydraulique devait pouvoir être régulée par un quelconque moyen. La situation de ces structures est très uniforme : ces bassins s’appuient sur une partie d’un mur latéral et du mur de façade. Ils sont donc systématiquement installés à l’avant de la boutique.

Fig. 53 – Bassin en quart de cercle de la boutique r1i03b14 (vue depuis l’est).

Fig. 53 – Bassin en quart de cercle de la boutique r1i03b14 (vue depuis l’est).

78Les deux bassins conservés sont édifiés en opus vittatum. Il est indiqué sur la carte de G. Becatti que le bassin disparu s’appuie sur une structure datée du début du IIIe siècle ap. J.-C. Il apparaît donc que tous ces bassins datent de la période tardive.

79La forme de ces bassins n’est pas nécessairement liée à leur fonction. Deux d’entre eux occupent l’angle d’une boutique et sont situés entre deux portes. Dans cette situation, la forme arrondie pourrait permettre de faciliter la circulation d’une baie à l’autre. Rien ne permet donc d’établir avec précision la fonction de ces bassins. Leur volume est toutefois élevé et leur grande profondeur suggère que des objets y étaient plongés.

  • 104  Scrinari et Ricciardi 1996, II, p. 149.

80Un bassin similaire est situé dans une impasse (Vicolo del Dioniso IV, v, 7)104.

8.2.1.3 Les grands bassins

8.2.1.3.1 Les bassins rectangulaires

81Il s’agit des bassins les plus communs d’Ostie, mais également des plus difficiles à associer à une fonction précise (fig. 54). Ce corpus rassemble 36 bassins dont les formes sont très semblables. Nous avons réalisé un regroupement par surface au sol – la seule donnée systématiquement disponible – afin de dégager deux sous-groupes. Il se trouve que la limite d’1,5 m2 correspond au seuil distinguant les bassins dont le volume est inférieur à 1,5 m3 et ceux dont le volume est égal ou supérieur.

Fig. 54 – Bassin rectangulaire de la boutique r1i03b10 (vue depuis l’ouest).

82Les 16 bassins du premier groupe (Rectangulaire A) ont une surface comprise entre 0,6 et 1,32 m2, tandis que leur volume varie entre 0,034 et 0,125 mètre cube (soit entre 34 et 125 litres).

83Les 20 bassins du second groupe (Rectangulaire B) ont une surface variant de 1,56 à 3,12 m2, alors que leur volume est compris entre 0,15 et 0,269 mètre cube (soit entre 150 et 269 litres).

84La hauteur de ces bassins est supérieure à celle des types précédents. La majorité des hauteurs complètes conservées est comprise entre 60 et 80 cm. L’intérieur de tous ces bassins est revêtu de mortier de tuileau. Deux d’entre eux se distinguent par un revêtement externe en plaques de marbre (r4i05b35 et r4i05b38) (fig. 55) Le recours à ce matériau participe assurément au programme décoratif des pièces qu’ils occupent. Ils se situent tous deux dans les espaces d’empiétement voisins du macellum.

  • 105  Boersma 1985, p. 80 ; 352.

85Ces bassins sont attestés entre le début du IIe siècle et l’Antiquité Tardive. La date de construction du bassin de la boutique r5i02b25 est à dater de la première moitié du IVe siècle, comme l’indique un ensemble de monnaies mis au jour dans les strates inférieures105.

Fig. 55 – Bassin rectangulaire de la boutique r4i05b38 (vue depuis l’ouest).

86La capacité volumétrique de ces bassins est élevée, ce qui indique leur emploi dans une activité requérant une grande quantité d’eau. La grande profondeur de ces bassins permettait l’immersion d’objets dans l’eau pouvant correspondre aux étapes de trempe, mouillage, confitage, la macération de divers matériaux.

8.2.1.3.2 Les bassins compartimentés

87Au total, six bassins compartimentés ont pu être recensés dans les boutiques d’Ostie. Quatre de ces bassins sont aujourd’hui détruits. Il s’agit, pour la plupart, d’une vaste structure dotée de murets de séparation, formant ainsi deux à trois bassins contigus (fig. 56). Ceux-ci partagent donc leur largeur au sein d’une même structure, tandis que leur longueur reste variable. La différence entre les divisions d’une même structure peut être conséquente : le bassin de la boutique R1i01b07 est formé d’une partie longue de 2,20 mètres, tandis que l’autre ne mesure que 80 centimètres. Ces bassins se distinguent par leur grande surface au sol, ainsi que par leur grande capacité volumétrique. Mesurant entre 1,4 et 5,8 m2, le plus grand volume dépasse les 4 mètres cubes (soit 400 litres). Ce type de bassin est attesté entre le Ier et le IVe siècle ap. J.-C.

Fig. 56 – Bassin multiple de la boutique r4i02b34.

  • 106  Borgard, Brun et Leguilloux 2005, p. 319-321 et 326-327.

88Les bassins compartimentés peuvent être utilisés dans le cadre de nombreuses activités. Ainsi, retrouve-t-on ailleurs qu’à Ostie de telles structures dans les forges ou certains ateliers textiles106. Toutefois, il manque à Ostie d’autres éléments permettant d’établir de telles identifications.

8.2.1.3.3 Les nymphées

  • 107  Sur la définition du nymphée, voir Gros 1996, p. 418-422. Sur les nymphées d’Ostie, voir Ricciardi (...)
  • 108  Ricciardi 1996, II, p. 201.
  • 109  Ricciardi 1996, II, p. 219.

89Seules deux boutiques sont dotées d’un nymphée107. Le nymphée de l’empiétement des boutiques II, vi, 2 mesure 5,7 mètres de longueur, 2,30 mètres de largeur et 1,20 mètre de hauteur. Il est pourvu de cinq niches (fig. 57)108. Le nymphée de la boutique r3i16b06 mesure 3,5 m de longueur, 2 m de largeur et 1 m de hauteur et ne dispose que d’une unique niche109. Rien ne reste de l’adduction ni de l’évacuation de l’eau dans ces deux exemples. L’intérieur des niches était revêtu de mortier de tuileau.

  • 110  Ricciardi 1996, II, p. 201 et 219.

90Leur localisation est semblable : les nymphées sont installés en avant des boutiques, occupant une partie du portique de façade occupé par les boutiques. Leur installation, datée entre la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle, coïncide avec l’essor des empiétements des boutiques sur les portiques à Ostie110.

91De toute évidence, la fonction de ces nymphées est purement décorative et n’intervient en rien dans un processus de production artisanale, quel qu’il soit.

92Au terme de cet examen, plusieurs conclusions s’imposent. Différents groupes de bassins ont été distingués en fonction de leur capacité volumétrique, de leurs caractéristiques, mais également des matériaux employés.

93Les plus grands correspondent à un important usage d’eau intervenant probablement dans des étapes précises de chaînes opératoires. Les grands bassins correspondaient donc plutôt à certaines activités artisanales, consommant de grandes quantités d’eau, tels que le travail de rivière, la foulerie. Mais ces bassins, lorsqu’ils sont dénués de conduites d’adduction ou d’évacuation pouvaient servir dans d’autres types d’artisanat. Ainsi, E. Botte indique que les ateliers de salaison inventoriés en Sicile et en Italie méridionale sont munis de bassins dont la capacité est comprise entre 3,22 et 248,32 mètres cubes. Cependant, aucun bassin d’Ostie ne semble correspondre à cette typologie. Si la présence de ces bassins dans ces boutiques ne permet pas d’établir précisément leur fonction, il est certain qu’il s’agissait d’activités de production.

Fig. 57 – Nymphée des boutiques II, vi, 2 (vue depuis le nord).

94Les bassins compartimentés doivent être considérés à part. Leur présence peut trouver plusieurs explications. Il pouvait s’agir de bassins destinés à la réalisation de plusieurs étapes d’une chaîne opératoire, nécessitant des emplois différents de l’eau : par exemple le lavage et le rinçage. Cette compartimentation pouvait également permettre à plusieurs individus de réaliser ces différentes tâches dans un même bassin, à des rythmes différents. Il est très probable que ces caractéristiques soient à mettre en relation avec des opérations multiples, impliquant différents états de propreté de l’eau.

95Les nymphées et les bassins de marbre ont une fonction ornementale manifeste et ne sont attestés que dans des commerces alimentaires.

96Les autres bassins maçonnés sont sans nul doute liés à une activité artisanale qu’il est impossible de définir précisément. Il faut distinguer les bassins maçonnés de dimensions réduites, ne pouvant contenir qu’un volume restreint. Ils servaient sans nul doute dans le cadre d’activités ne nécessitant qu’une faible quantité d’eau ou d’usage occasionnel.

  • 111  Cf. Infra (Ch. XII).

97Enfin, aucune évolution chronologique significative n’est réellement décelable : tous les types de bassins sont attestés entre le Ier s. ap et la période tardive. Seuls les nymphées et les bassins carrés en marbre se développent nettement à partir de la moitié du IIIe siècle. Le caractère ornemental de ces bassins participe sans nul doute d’un développement du luxe dans certaines boutiques durant cette période111. De même, les surfaces et les volumes moyens des bassins demeurent très stables d’une période à l’autre (entre 1,8 et 2 m2 pour la surface et 1,1 et 1,5 m3 pour le volume), témoignant d’une absence de changement important.

8.2.2 Les tables de mesures

98Parmi les sept tables de mesures d’Ostie – conventionnellement appelées mensae ponderariae par les archéologues –, six sont disposées à l’intérieur ou à proximité immédiate de boutiques (fig. 50). La septième est écartée du corpus de cette étude puisqu’elle est située dans le Piccolo Mercato qui est devenu le dépôt moderne des objets en marbre d’Ostie.

  • 112  Pensabene 1998, fig. 45.

99La localisation d’origine de ces tables est inconnue puisqu’elles sont absentes des rapports de fouilles. Leur poids et leur volume suggèrent toutefois qu’elles n’ont pas été déplacées sur de longues distances. Par ailleurs, les archives photographiques permettent de confirmer la localisation d’une de ces tables, dans le vestibule de la « Basilica Cristiana »112. Certains de ces objets ont été manipulés depuis leur découverte. Par exemple, certains d’entre eux reposent aujourd’hui sur des éléments maçonnés modernes. Trois de ces tables se trouvent à l’intérieur de boutiques. Deux autres occupent le portique de l’îlot I, XIV, bordé de boutiques. Enfin, la dernière table se situe dans le vestibule menant vers la Basilica Cristiana de la Regio III.

100En l’absence d’étude typo-chronologique des tables de mesures, les datations proposées se fondent sur leur contexte. Il ne s’agit donc que de terminus post quem. Trois tables sont installées dans des édifices datés de 100-150 ; deux datés de 150-200 ; tandis que la table de la Basilica Cristiana III, i, 4 a été installée après la fin du IVe siècle. On ne peut toutefois exclure que ces tables aient été déplacées après leur production.

  • 113  Nous écartons de ce décompte la table r1i14t29, ne disposant que de trois cavités, du fait de son (...)

101Les tables de mesures d’Ostie sont toutes anépigraphes. Ces tables de travertin mesurent entre 96 et 138 cm de longueur, pour une largeur comprise entre 55 et 75 cm, leur hauteur varie de 19 à 40,5 cm. Ces tables de mesures sont dotées de quatre à six cavités en forme de calotte sphérique de tailles différentes113. Deux groupes sont à distinguer sur le total des 25 cavités. Il y a 11 cavités de grand diamètre, compris entre 42,5 et 51 cm et d’une profondeur variant de 14,2 à 18 cm. Elles occupent la partie centrale de la table. Les 14 petites cavités sont localisées de manière plus périphérique : elles occupent les coins de la table ou l’espace séparant deux grandes cavités. Leur diamètre varie de 8,3 à 18,5 cm, tandis que leur hauteur est comprise entre 3 et 6,7 cm. Les volumes obtenus varient de 0,09 à 21,43 litres. Le volume des plus petites cavités est compris entre 0,09 et 1,05 litre, tandis que celui des plus grandes varie entre 11,57 et 21,43 litres.

102Deux de ces tables sont pourvues d’une gâche sur leur face supérieure, ainsi que sur l’une de leur joue. Ces gâches sont situées à une dizaine de centimètres du rebord des tables, occupant leur centre, de manière à être presque équidistantes des deux autres rebords (fig. 58). Elles mesurent entre deux et trois centimètres de largeur et entre 3,5 et 5,6 cm de longueur. Il n’est pas certain que ces gâches servaient à l’utilisation de ces tables de mesures. Il pourrait s’agir de dispositifs permettant le déplacement de ces volumineux blocs de travertin ou leur fixation. L’une de ces tables (r1i14b31) est ornée sur deux de ses côtés de reliefs interrompus par la retaille de la table. Il s’agit donc sans doute d’un remploi.

Fig. 58 – Face latérale de la table située en face de la boutique (vue depuis le sud).

8.2.2.1 Typologie

103Il est possible d’élaborer une typologie des tables de mesures d’Ostie. Toutefois, celle-ci ne repose pas sur le type et la forme des cavités, qui sont très homogènes dans ce corpus, mais sur leur nombre et leur disposition sur les tables. Nous excluons de ce corpus la table de la boutique r1i14b31 dont l’état fragmentaire empêche une telle étude.

104Trois types se distinguent alors : le premier (r1i14b27 ; r3i01 ; r5i11b03) rassemble les tables pourvues de quatre cavités. Deux grandes en occupent le centre, tandis que deux autres – de dimensions réduites – sont disposées aux coins de la table.

105La table de la boutique r5i10b01, quant à elle, est pourvue de six cavités : deux grandes cavités, encadrées de quatre petites cavités situées aux quatre coins de l’objet.

106Enfin, la table de la boutique r2i09b07 se distingue, malgré son état fragmentaire : elle dispose de deux grandes cavités qui sont séparées l’une de l’autre par deux plus petites. L’état détérioré de la table ne permet pas de déterminer si elle disposait d’autres cavités situées à ses angles. Si cette typologie ne permet pas d’approcher plus précisément leur fonction, il apparaît paradoxalement que les tables du premier groupe (donc pourvues du plus petit nombre de cavités) se distinguent des autres par une largeur supérieure, comprise entre 68 et 82 cm, tandis que les tables du deuxième et du troisième types ont une largeur respective de 55 et de 60 cm. Cette différence indique donc que ces tables n’étaient pas produites dans le but d’être pourvues d’un maximum de cavités, mais dans celui d’en accueillir un nombre bien précis.

  • 114  Voir Tedeschi Grisanti 2005.
  • 115  Tedeschi Grisanti 2005, p. 249.
  • 116  ILAlg., II, 3, 8023 : 1 : [Se]xtarium/ [u]ini (a) eneu (m) He/ rodes v (ir) c (larissimus) co/n (s (...)
  • 117  Salama et Laporte 2010, p. 346-347.

107La fonction de ces tables ne peut être comprise qu’en considérant les godets qui furent découverts à Rome et certaines inscriptions que portent des tables analogues découvertes en Afrique. Les godets métalliques furent d’abord identifiés par Piranèse comme des éléments de robinetterie fixés à des conduites de plomb. R. Lanciani, dans ses commentaires de l’œuvre de Frontin, les a ensuite identifiés comme des godets de mesure114. Enfin, en 1932, Paribeni les a rapprochés des tables de mesure connues par ailleurs115. L’association de tels contenants aux tables de mesure est attestée par une inscription que porte une table de mesure découverte à Djemila. Cette table datée du IVe siècle porte trois cavités, auxquelles correspondent trois inscriptions sur la face verticale de l’objet116. Chacune de ces inscriptions indique l’unité de mesure correspondant à un aeneum d’un type de marchandise précis. Ainsi, la première cavité devait accueillir un godet d’un sextarium de vin, la seconde un capitum d’orge et la dernière un modius de blé117. Ces godets devaient être insérés dans les cavités des tables afin d’opérer la mesure des volumes.

  • 118  Cagnat, Chapot 1917, p. 238.
  • 119  Salama et Laporte 2010, p. 337.
  • 120  Tedeschi Grisanti 2005, p. 249.
  • 121  Albertini 1920, p. 317.

108La forme des cavités de ces tables est souvent considérée comme un indicateur de la nature des biens qui y étaient mesurés. R. Cagnat considérait que les cavités hémisphériques servaient à la mesure des liquides et les cavités rectangulaires aux biens solides118. Cette hypothèse a été rejetée par P. Salama et J.-P. Laporte à partir d’observations opérées sur le corpus africain qu’ils ont établi119. Il a été considéré ailleurs que la présence d’une évacuation au fond de ces cavités impliquait la mesure des liquides120. Sans évacuation il serait en effet difficile de récupérer le liquide au fond des cavités de marbre. Toutefois, cette distinction n’est pas opérante si l’on considère que les cavités dénuées d’évacuation allait de pair avec l’emploi de godets. En outre, la table des mesures de Djemila est pourvue de cavités percées servant tant pour les biens liquides – vin – que pour les biens solides – orge et blé121. Toutefois, cette table est un unicum, il semble difficile de tenir cette association pour règle étendue dans le temps et l’espace. Au total, il est impossible de déterminer avec précision si les tables d’Ostie permettaient la mesure de denrées liquides ou solides.

109Les tables de mesure d’Ostie se caractérisent par une grande homogénéité ; les cavités y sont toutes demi-sphériques et une seule (r1i14b31) est pourvue d’un orifice qui fut probablement creusé lors d’une phase de remploi. L’homogénéité des tables d’Ostie contraste avec la diversité du corpus régional africain établi par P. Salama et J.-P. Laporte qui comporte des tables dotées de cavités carrées, semi-sphériques, cylindriques ou tronconiques.

  • 122  Salama et Laporte 2010, p. 336.
  • 123  Pour les mesures romaines, nous nous fondons sur Salama et Laporte 2010, p. 336.
  • 124  Salama et Laporte 2010, p. 347 et 360.

110Ces tables devaient être des instruments de contrôle des poids et mesures. Par conséquent, leurs cavités devaient correspondre à des volumes fixes. Précisons dès lors qu’il est ardu de les rattacher à des mesures antiques, dans la mesure où ces cavités étaient utilisées conjointe-ment à des godets. Ces derniers étaient donc nécessairement de dimensions plus réduites afin de pouvoir y être logés. En rapprochant le volume de certaines cavités de mesures romaines connues, P. Salama et J.-P. Laporte estiment que le volume du godet en bronze correspondait à 77-86 % de celui de la cavité122. Le rapprochement entre les volumes obtenus et les unités utilisées durant l’Antiquité n’en est rendu que plus difficile. Ce décalage peut tenir d’une part à l’emploi de mesures – variant parfois selon la localité et l’époque – qui ne nous sont pas connues, et d’autre part à des multiples ou des fractions de mesures connues. La mise en série des volumes calculés à Ostie révèle cependant l’existence de cinq groupes correspondant probablement à des mesures récurrentes. Quatre cavités ont une capacité proche de 0,15 L, deux de 0,4 L ; deux de 11,5 L, trois entre 13,5 et 14 L et deux de 15 L (fig. 59). Il est difficile de rapprocher ces volumes de mesures antiques car il faut prendre en considération les godets qui devaient être placés dans ces cavités. Ceci nous pousse donc à rapprocher les mesures récurrentes des tables d’Ostie avec des volumes romains un peu moindres. Les cavités d’un volume proche de 0,4 L peuvent donc être rapprochées de l’hemina (0,274 L), celles d’un volume proche de 13,5-14 L peuvent être rapprochées de l’urna (13,13 L). L’hemina sert à mesurer des solides et l’urna des liquides123. Toutefois, la dimension approximative de ces rapprochements nous empêche d’en déduire la nature des biens mesurés. Notons que ces mesures ne coïncident pas vraiment avec les mesures des tables africaines analogues : les tables de Djemila et de Timgad ont des mesures de 0,5 ; 1 ; 5 ; 10 et de 26 L124.

Fig. 59 – Nuage de points représentant la répartition des volumes des cavités des tables. Les mesures antiques les plus proches sont représentées à titre indicatif.

8.2.2.2 Contrôler les transactions ?

  • 125  CIL, XIV, 423. De Ruyt 1983, p. 122.
  • 126  CIL, XIV, 375.
  • 127  CIL, XIV, 376. De Ruyt 1983, p. 124.
  • 128  CIL, XIV, 4719.
  • 129  Berrendonner 2009, p. 364.

111La nature de ces tables et les inscriptions qui y font référence indiquent qu’elles étaient destinées à contrôler les volumes de marchandises mises en vente grâce à des mesures étalons. La question de l’identité des acteurs de ce contrôle, de la nature des denrées mesurées et enfin des modalités de ce contrôle mérite d’être posée. Quatre inscriptions mentionnent l’identité des commanditaires à l’origine d’un don de poids et mesures au macellum d’Ostie. Toutes doivent être prises en considération même si seulement l’une d’entre elles comporte l’occurrence mensura, terme susceptible de désigner les tables. La plus ancienne inscription daterait du Ier siècle av. J.-C. Elle indique qu’un certain L. Storax a financé la construction du macellum et l’a équipé de pondera tarrensibus125. La signification de ce terme est incertaine, il s’agit selon Cl. De Ruyt d’une référence à Tharros en Sardaigne ou peut-être à Turris selon la lecture de l’inscription. La seconde inscription est datée de 95-60 av. J.-C. Publius Lucilius Gamala et un certain Marcus Turranius dotent le macellum de poids126. Une inscription indique qu’un membre de la famille Gamala, à la fin du IIe siècle, donne des pondera au macellum et une mensura au forum vinarium d’Ostie127. Enfin, la restitution d’une inscription lacunaire attribue à Aurelius Anicius Symmachus, préfet de la ville, la dernière dotation de pondera au macellum d’Ostie entre 418 et 420128. Ce faisceau d’inscriptions indique que ces poids et mesures étaient employés dans le cadre du commerce au détail prenant place dans le macellum ou dans le forum vinarium d’Ostie. Cette étroite association entre ces tables et le macellum ou le forum est corroborée par les inscriptions venant d’Afrique et d’Italie129. Si l’identité des commanditaires et la destination de ces tables peuvent être approchées, leur modalité d’utilisation demeure obscure. Les sources textuelles et iconographiques suggèrent l’existence de deux types d’acteurs : les magistrats et les commerçants.

  • 130  Berrendonner 2009, p. 355.

112Selon Cl. Berrendonner, l’hypothèse la plus vraisemblable est celle d’une surveillance des poids et mesures opérée par les magistrats. La tâche d’examinare ou d’exigere les poids et mesures incombait avant tout aux édiles ; mais plus tard, les préfets de la ville, puis de l’annone semblent avoir été impliqués dans ces opérations130. À Ostie, aucune source ne permet de déterminer qui était en charge de ces opérations.

  • 131  Berrendonner 2009, p. 366.

113Selon Cl. Berrendonner, l’hypothèse selon laquelle ces tables servaient au prélèvement d’une taxe proportionnelle sur les échanges n’est pas véritablement corroborée par les témoignages écrits131. Le contrôle pouvait également être directement opéré sur les marchands pour prévenir les fraudes. D’autre part, ces tables pouvaient servir non pas au contrôle d’un volume de marchandise, mais à celui des godets utilisés par les marchands. Cette hypothèse se heurte toutefois à la question de l’épaisseur des godets : la cavité de la table ne servirait qu’à contrôler le gabarit externe du godet, et non l’intérieur.

  • 132  Tedeschi Grisanti 2005, p. 250-251.
  • 133  Monteix 2010, p. 106.

114Enfin, il est également envisageable que les tables soient employées suite à un litige opposant clients et commerçants portant sur le volume vendu. Dans ce cas, elles pouvaient permettre aux deux parties de s’assurer de la justesse des échanges. Un relief découvert à Til-Châtel, conservé au musée de Dijon, représente une scène de vente de liquide faisant intervenir ce type de table. On y voit un vendeur qui verse un liquide dans un godet posé sur la table derrière laquelle il se tient. Un client situé devant cette table tend une jarre afin de récupérer le liquide coulant d’un orifice ménagé dans le comptoir. Ceci a mené G. Tedeschi Grisanti à identifier ce dernier comme une table de mesure132. Toutefois, le comptoir représenté sur ce relief pourrait être doté d’un entonnoir, comme l’exemplaire découvert dans une boutique de Pompéi133. L’emploi d’un gabarit encastré dans la table permettrait au commerçant de déverser dans le contenant du client l’exacte mesure demandée. Toutefois, seules trois tables furent mises au jour dans des boutiques. Si un tel emploi existait, il serait probablement plus généralisé. Il est possible d’envisager, à titre d’hypothèse que les tables étaient mises à disposition des commerçants par les autorités. Toutefois, le très faible nombre de tables face à l’abondance de boutiques d’Ostie pose problème : il y a à Ostie environ une table de mesure pour 200 boutiques. Une utilisation quotidienne de ces tables par les commerçants semble donc peu vraisemblable.

115Au total, s’il est impossible de définir précisément le rôle de ces tables, plusieurs éléments se dégagent. La localisation de ces tables dans des boutiques, ou à proximité immédiate indique qu’elles étaient très probablement employées dans le cadre des transactions qui y avaient lieu. La typologie des cavités ne permet ni de déterminer la nature des biens mesurés, ni les correspondances avec des mesures romaines connues. Leur faible nombre indique qu’elles ne pouvaient probablement pas être employées quotidiennement par les boutiquiers. Il est donc très fortement probable que ces tables aient servi soit au contrôle des marchandises par les magistrats, soit au règlement de litiges opposant les marchands aux clients lors d’une transaction marchande.

8.2.3 Le four

  • 134  La localisation de cette structure n’est toutefois pas indiquée avec plus de précision.
  • 135  Sur le type de l’amphore, voir Bonifay 2004, p. 111. Ce type est diffusé entre la fin du IIe siècl (...)

116Bien qu’il ne soit pas fait mention de sa découverte dans les rapports de fouilles, un four aujourd’hui disparu a été découvert dans une boutique du Caseggiato del Mitreo di Menandro (I, III, 5) comme l’atteste la photographie d’archive B2426134. En l’absence de données écrites relatives à ses dimensions ou à sa mise en œuvre, nous devons nous contenter des observations pouvant être opérées sur cette seule source. Cette structure circulaire devait mesurer un peu plus d’un mètre de hauteur selon le repère visuel que constitue l’amphore à salaison de type Africaine II A « con gradino » disposée contre le mur occupant l’arrière-plan de la photographie135. Ce four revêtu de mortier semble être pourvu de fondations en opus mixtum à bandes et est composé de deux niveaux conservés. Le niveau inférieur devait abriter le four même, si sa gueule n’est pas visible sur la photographie, sa présence est trahie par une cheminée en céramique permettant d’évacuer la fumée produite par la combustion. Le niveau supérieur devait très certainement être une chambre de combustion de forme circulaire, comme l’indique un pavement de briques fragmentaires. Ce second niveau devait très probablement être pourvu d’une bouche dans laquelle les éléments destinés à être chauffés étaient enfournés. La fonction de ce four ne peut que faire l’objet de suppositions reposant sur des comparaisons. Il ne peut s’agir d’un four à pain car sa typologie et ses dimensions ne correspondent pas aux exemples connus par ailleurs. La configuration de ce four ne correspond pas non plus aux cuves employées dans la teinturerie. En l’absence d’autres éléments, il est impossible de rattacher ce four à un système d’équipements ou à une chaîne opératoire précise. De ce fait, l’activité pour laquelle le four était employé demeure inconnue.

8.2.4 Le mobilier des boutiques

117Comme cela a déjà été exposé en introduction, il est extrêmement difficile de déterminer avec exactitude la nature et la localisation du mobilier mentionné dans les rapports de fouilles d’Ostie

  • 136  Monteix 2010, p. 72-74.

118La mention de ces objets constitue toutefois une source d’information extrêmement précieuse. La présence d’objets caractéristiques d’une activité économique ne suffit pas à son identification dans un lieu donné. Comme l’indique N. Monteix, il importe de définir un seuil quantitatif à partir duquel cette identification est rendue possible136. Dans le cas d’Ostie, la plupart de ces objets sont isolés ; pourtant la combinaison de certains d’entre eux permet de formuler des hypothèses relatives à la fonction des boutiques dans lesquelles elles furent mises au jour.

8.2.4.1 Les balances et les poids

  • 137  Pavolini 2005, p. 114.
  • 138  Vaglieri, 1909b, p. 122 : un plateau de balance en bronze d’un diamètre de 4 cm a été découvert da (...)
  • 139  Monteix 2010, p. 176-185.
  • 140  Vaglieri 1913c, p. 215.
  • 141  Corti 2001a, p. 143-166. Voir aussi Corti 2001b.
  • 142  Candilio 1985, p. 211-213.

119L’usage de poids et de balances au sein d’édifices commerciaux est évident137. Seules deux balances ont été mises au jour en boutique. En revanche de nombreux poids de forme semi-sphérique, pyramidale ou bitronconique y ont été découverts138. Leur typologie ne correspond pas aux pesons de métier à tisser vertical étudié par N. Monteix, mais bien à celle des poids de balance139. Leur diamètre est compris entre 2 et 6 cm, tandis que leur hauteur varie de 3 à 7 cm. Leur poids n’est que rarement indiqué dans les rapports, mais semble généralement faible. Un poids de marbre d’un autre type, pesant 3310 grammes, a été mis au jour dans le groupe de boutiques r2i09b01 à r2i09b06140. L’utilisation de balances et de poids semble surtout attestée d’après les sources iconographiques, dans les commerces alimentaires, mais elles figurent également sur des reliefs représentant des orfèvres ou des bronziers141. Il est donc impossible de déduire la fonction de la boutique d’après ces objets142.

8.2.4.2 Les autres ustensiles

120Les rapports de fouilles indiquent la découverte en boutiques d’ustensiles variés.

  • 143  Gds, 1908, p. 155 dans le portique de Neptune ; Gds 1910, p. 187 sous le portico a tetto spiovente (...)
  • 144  Pavolini 2005, p. 225-227.

121De petits instruments en bronze y furent découverts.143 Il s’agit de spatules similaires à celles employées par les chirurgiens144. R. Finelli identifie toutefois dans l’une d’elles une « palettina di chimico ». En l’absence de descriptions plus poussées ou d’autres éléments permettant de fonder une identification, il est impossible de rattacher ce type d’objet à une activité précise.

  • 145  Gds 1909, p. 72, 18 février : un manche de couteau en os, inv. 1441, probablement dans la boutique (...)

122Des couteaux ou leurs manches ont été également mis au jour dans quelques boutiques145. Toutefois, les descriptions des rapports de fouilles sont souvent trop lacunaires pour permettre l’identification du type de lame.

  • 146  Vaglieri 1913c, p. 216-217.
  • 147  Monteix 2010, p. 175.

123Enfin, seules deux fusaïoles ont été mises au jour dans les boutiques r2i09b01-6146. Ces outils sont clairement destinés au filage de la laine147.

8.2.4.3 L’association d’artéfacts

  • 148  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9639 : « stadera con le scapus rotto in due pezzi (...)
  • 149  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9642.
  • 150  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9641 : « ustensile a forma di lancia a foglia di o (...)

124Dans une boutique située sur la Via di Diana, l’ensemble du mobilier mis au jour permet d’approcher la nature de l’activité qui y avait lieu. Contre le mur septentrional de cette boutique (r1i03b18), une balance en bronze a été mise au jour. Il s’agit d’une balance dont l’axe – mesurant au total 19 cm – est brisé ; la partie la plus courte – mesurant 5,9 cm – est pourvue d’une chaîne de suspension pour le contrepoids, tandis que l’autre supporte trois crochets. Sur l’axe, des marques indiquaient probablement des repères de mesure148. Deux poids hémisphériques en bronze pourvus d’un trou de suspension furent également découverts149. En outre, les archéologues ont découvert un ustensile d’une longueur de 12 cm, dont la forme est proche de celle d’une spatule150. En l’absence de tout élément nettement reconnaissable, il est impossible de déterminer l’activité prenant place dans cette boutique. Toutefois, il est très vraisemblable que ces boutiques étaient le lieu de vente de produits en petites quantités comme les épices par exemple.

  • 151  Gds 1918 (19-24 août), p. 87, n° d’inventaire 12976 : « grossa lamina circolare » d’une hauteur de (...)
  • 152  Monteix 2008, p. 13, fig. 15 a-b.
  • 153  Gds 1918, 19-24 août, p. 87 : lampes de type CIL, XV 17 (= Bailey Q1236) et CIL, XV 22 (= Bailey Q (...)

125Les archéologues indiquent avoir découvert dans les boutiques situées dans la partie orientale de l’îlot II, IX, 2 une série d’objets. Ils signalent la mise au jour d’un poids de forme bitronconique en bronze pesant 100 grammes, ainsi qu’un fragment d’une lame arrondie151. Cet objet est à rapprocher des couperets à lame circulaire en V qui pouvaient servir, selon N. Monteix, à la découpe des carcasses152. L’association de ces artéfacts dans un espace à vocation commerciale suggère la localisation potentielle d’une boucherie. La pauvreté de la documentation sur ces objets incite toutefois à la prudence. Ce local est donc considéré ici comme une boucherie hypothétique. Deux lampes datées du tournant Ier-IIe siècle ont été mises au jour ; en l’absence d’indication stratigraphique, elles ne peuvent tenir lieu d’élément datant probant153.

8.2.5 Identifications rejetées

126Plusieurs identifications d’activités en boutiques ont été proposées par les archéologues parmi lesquelles certaines doivent être rejetées ou considérées comme hypothétiques par manque d’indices probants. Par ailleurs quelques équipements présents en boutiques n’y furent installés que dans la dernière phase de l’Antiquité Tardive, voire au Haut Moyen Âge dans le cadre d’activités de remploi.

8.2.5.1 Une forge

  • 154  Bakker 1999, p. 53 retranscrit une citation de Lanciani émettant cette hypothèse : « si rinvenne u (...)
  • 155  Bakker 1999, p. 53-54.
  • 156  Lehoërff 2004, p. 163-165.

127La découverte de nombreux objets métalliques dans le Caseggiato dei Molini (I, III, 1) a poussé R. Lanciani à identifier une forge154. Il s’agit toutefois, aux yeux de J.T. Bakker, d’une identification trop hâtive. En effet, l’immeuble aurait été abandonné suite à son incendie au IIIe siècle. Dans ce contexte, il est tout à fait probable que le mobilier métallique découvert provienne en réalité des étages habités et non du rez-de-chaussée. En outre, ces pièces semblaient plus vraisemblablement dépendre de la vaste boulangerie installée au cœur de l’îlot. L’absence d’équipements permettant l’activité métallurgique dans les pièces où le mobilier a été découvert plaide pour cette hypothèse qui rend donc improbable l’existence d’une forge dans ces locaux au moment de l’incendie155. Aux yeux d’A. Lehoërff, c’est bien le mobilier abandonné et les vestiges de la gestion de la matière première qui constituent l’indicateur le plus certain de cette activité. Il est donc difficile d’affirmer la localisation de cette activité dans cet îlot en l’absence de moules, creusets, ratés, scories… .156.

8.2.5.2 Un atelier de marbrier

  • 157  Vaglieri 1913b, p. 397 : « Sotto questi strati eravene uno di scaglie di marmo, alto fino a 0,80, (...)

128Dans les arrière-salles des boutiques r2i07b17 et r2i07b18, une strate de 80 cm composée de « scaglie di marmo » a été découverte, témoignant selon les fouilleurs de l’activité d’un marbrier157. La présence de chutes de taille dans cette boutique n’implique pas nécessairement l’activité d’un marbrier. Il est tout à fait vraisemblable que ces déchets aient été déposés durant une phase d’abandon ou dans le but de remblayer le local à l’occasion d’un rehaussement.

8.2.5.3 Une poissonnerie

  • 158  Meiggs 1973, p. 267 ; De Ruyt 1983, p. 118 ; Scrinari, Ricciardi 1996, p. 143. Le passage le plus (...)
  • 159  Pavolini 2005, p. 51 et 117.
  • 160  Aux yeux d’A. Wilson, l’identification de bassins destinés à la pisciculture repose sur la présenc (...)

129Deux bassins localisés dans le Macellum d’Ostie (r4i05b35 et 36) sont traditionnellement identifiés comme des viviers servant à la pisciculture158. En réalité, le seul argument sur lequel repose cette interprétation est la figuration d’un poisson sur la mosaïque de pavement159. Cette identification doit être rejetée car ces bassins sont dépourvus des niches latérales caractérisant les viviers160.

8.2.5.4 Un bassin de chaufournier

  • 161  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 22.

130L’absence d’adduction et d’évacuation hydraulique du bassin se trouvant dans la boutique r1i03b13 a menée V. Scrinari et M.A. Ricciardi à l’identifier comme un bassin maçonné utilisé pour l’extinction de la chaux vive par ajout d’eau, étape intervenant suite à la calcination des matières premières161. L’identification proposée par V. Scrinari et M.A. Ricciardi est problématique : elle n’envisage pas le bassin dans son contexte. En effet, la production de chaux semble vraisemblable, mais cette hypothèse doit être écartée dès lors que l’on constate que ce bassin se situe dans une boutique dotée d’un comptoir. Les deux aménagements semblent contemporains. Il est difficile d’imaginer un chaufournier œuvrant dans un débit de boissons. Cette hypothèse doit donc être rejetée.

8.2.5.5 Les fours à chaux médiévaux

  • 162  Lenzi 1998, p. 256-262.

131Enfin, quatre fours à chaux sont localisés dans des boutiques d’Ostie162. P. Lenzi les date de l’époque tardive ou du haut Moyen Âge, ce qui ne correspond pas au cadre chronologique de notre étude.

132Au terme de cet examen, il apparaît que de nombreux équipements et mobiliers localisés dans les boutiques d’Ostie ne peuvent être rattachés à une activité commerciale ou artisanale précise. Ceci résulte en grande partie des méthodes de fouilles et de la pauvreté de la documentation des journaux d’archives qui ne permettent pas d’étudier des systèmes d’équipements. S’il est impossible de définir clairement leur fonction, certains bassins peuvent être rattachés à des types d’activités, tandis que les tables de mesures jouaient un rôle indéniable dans le contrôle des transactions selon des modalités qui demeurent obscures. Enfin, quelques activités identifiées dans des boutiques ont dû être rejetées en raison du manque d’indices probants.

8.3 Les sources épigraphiques et iconographiques

  • 163  CIL, XIV, 1708 : « ] sibi et Valeria[e] / [---]me co (n) iugi inco[m]/[para]bili et conditi (v) um (...)

133Les sources épigraphiques et iconographiques d’Ostie permettent d’identifier d’autres activités. Leur analyse se heurte à deux obstacles principaux En premier lieu, l’identification des activités représentées ou mentionnées n’est que rarement établie avec certitude puisque celle-ci repose sur l’interprétation d’une image ou d’un mot. En deuxième lieu, se pose la question du cadre de cette activité. Dans la plupart des cas, il est impossible de reconnaître sur un relief ou une inscription les critères architecturaux permettant d’identifier des boutiques. Le terme taberna apparaît quatre fois dans les inscriptions provenant d’Ostie. Cependant, il n’est jamais fait état des activités qui y avaient lieu163. Par conséquent, le corpus étudié correspond aux activités susceptibles de se dérouler en boutique.

8.3.1 Inscriptions des métiers des boutiques

  • 164  Voir le chapitre II.
  • 165  Thylander 1952.
  • 166  Chevallier 2001, p. 23.

134L’étude des métiers des boutiques à travers les sources épigraphiques ne peut faire l’économie d’un postulat méthodologique. Dans un premier temps, une liste des métiers dont les textes indiquent qu’ils pouvaient avoir lieu dans une taberna a été dressée164. Dans un deuxième temps, les métiers de cette liste ont été recherchés au sein du corpus des inscriptions d’Ostie. La constitution du corpus repose sur un dépouillement du volume XIV du CIL et de son supplément, sur celui de l’Année Epigraphique, sur une recherche dans la base de données Clauss-Slaby, ainsi que sur la consultation de l’ouvrage de L. Thylander concernant les inscriptions du port d’Ostie165. Une attention particulière a été accordée au lieu et au contexte de découverte de ces inscriptions dans l’optique d’une étude des modes d’affichage des mentions épigraphiques de métiers. Ainsi, un corpus de 16 inscriptions a pu être élaboré. Les mentions épigraphiques de métiers sont rares au sein du corpus de la ville : cela ne représente guère que 0,27 % des 8000 inscriptions d’Ostie estimée par R. Chevallier166. À Ostie, il est possible de dénombrer :

    • 167  AE 1974, 123a : « ] / orna[mentis 3 sevir Aug (ustalis) et] / q (uin) q (uennalis) item [q (uin) q (...)
    • 168  AE 1988, 189 : « D(is) M(anibus) / A(ulus) Egrilius A(uli) lib (ertus) / Polytimus / Amerimnianus (...)
    • 169  Andreau 1987, p. 445.

    Quatre manieurs d’argent. Sont attestés un nummularius (essayeur-changeur)167 et trois coactores argentarii (ayant pour rôle l’encaissement dans les ventes aux enchères, l’enregistrement des ventes ; ils accordaient également des crédits aux acheteurs)168. Selon J. Andreau, ces métiers pouvaient être pratiqués dans une boutique, dans un atelier ou dans un bureau administratif169.

    • 170  CIL, XIV, 468 : « D(is) M(anibus) / L(uci) Caesenni / Crescentis / medici q (ui) vix (it) an (nos) (...)
    • 171  CIL, XIV, 4710 : « Po[st]umus Plotius M(arci) f (ilius) Quarto / A(ulus) Genucius A(uli) f (ilius) (...)
    • 172  AE 1941, 8 : « Mulione sedes // Agita te celerius / pervenies // Propero // Amice fugit te proverb (...)

    Quatre médecins : la fonction de medicus est mentionnée sur des inscriptions funéraires170, dédicatoires171 et sur un graffito172. La documentation textuelle indique que ce métier pouvait être exercé en boutique.

    • 173  Tran 2007b p. 599.
    • 174  Sur cette double nomenclature, se référer à Tran 2006, p. 321-326, ainsi que Tran 2007b.
    • 175  AE 1985, 173 : « V(ivit) Casos / o (biit) Amphio fullo ann (orum) LII / o (biit) Euterpe vestispic (...)
    • 176  CIL, XIV, 4573 : « L(ucio) Virio Lupo et L(ucio) Mario Maximo co (n) s (ulibus) corpus fontanorum (...)

    Trois inscriptions se rattachent à l’activité des foulons d’Ostie. Il semblerait que cette activité soit désignée par deux noms. La première – fullo – fait directement référence à cette occupation. Elle ne serait réservée, selon N. Tran, qu’aux maîtres173. En revanche, la seconde – fontanus – se rattache à l’aspect cultuel du métier, puisqu’elle dérive de Fons, le dieu des sources. Il s’agirait là d’un biais employé par la profession pour se distancier de la pratique d’un métier étroitement associé à de fortes nuisances olfactives174. Cette double appellation se retrouve à Ostie. Sur une inscription funéraire indiquant les bénéficiaires – probablement affranchis – d’une tombe collective, Amphius, 52 ans, fullo figure parmi 5 autres personnes dont l’activité n’est pas mentionnée175. Selon toutes probabilités, la même profession est exercée par les quelque 37 individus mentionnés sur l’album collégial lacunaire des fontani176.

    • 177  Leguilloux 2004, p. 72-73.
    • 178  CIL, XIV, 4549, 2 : « Corpus pel/lion (um) Ost (iensium) et Porte (nsium) hic [ »
    • 179  CIL, XIV, 10 : « Genio corporis pell (ionum) Ost (iensium) qui[bus ex s (enato) c (onsultu) coire (...)
    • 180  Tran 2006, p. 351-355.

    Un collège de pelliones est attesté à deux reprises au sein du corpus épigraphique d’Ostie. M. Leguilloux opère une distinction entre les fourreurs – les pelliones – et les commerçants de fourrures – les pelles177. S’il est très ardu de définir clairement à quel métier les inscriptions se réfèrent, quelques indices permettent de formuler une hypothèse. Une inscription datée de la fin du IIe siècle, située sur la statio 2 du Piazzale delle Corporazioni mentionne le Corpus pellionum Ostiensium et Portensium178. Le lien entre cette place et le grand commerce a été souligné à maintes reprises. La seconde inscription est datée du règne de Marc-Aurèle et ne mentionne que l’association d’Ostie. Le contexte de découverte de cette inscription déplacée en 1710 nous est inconnu179. L’affranchi impérial M. Aurelius Lamprocles dédie l’inscription au Genius loci de l’association. La formule « qui[bus ex s (enato) c (onsultu) coire licet ?] » indiquerait selon N. Tran que la création de ce collège résulte d’une autorisation préalable du sénat, en vertu de la Lex Iulia, qui n’était vraisemblablement conférée qu’à des associations privilégiées180. L’ensemble de cette documentation suggère que l’association dont il est question correspond davantage à un regroupement de négociants impliqués dans le grand commerce, qu’à des fourreurs ou à des commerçants exerçant en boutique.

    • 181  CIL, XIV, 4698 : « Hoc sepulc[rum] / M(arcus) Acilius Is[---] / cessit don[atione] / Septimia[e St (...)

    Une inscription funéraire mentionne une certaine Septimia Stratonice, sutrix (renvoyant à l’activité de cordonnier)181.

    • 182  CIL, XIV, 473 : « ] Nonius / [--- Ste]phanus / [--- pur] purar (ius) / [---]a LL(uciorum) l (ibert (...)
    • 183  Vicari 2001, p. 21.
    • 184  Macheboeuf 2008, p. 140-142.

    Nonius Stephanus, purpurarius de son état concède l’usage de sa tombe collective à ses affranchis182. À la suite de F. Vicari, il est possible de conclure à la probable richesse de Nonius Stephanus puisqu’il était accompagné d’un certain nombre d’affranchis183. Toutefois, cette inscription funéraire non datée, découverte dans les environs d’Ostie n’indique pas s’il s’agit d’un teinturier ou d’un commerçant en pourpre184.

    • 185  CIL, XIV, 467 : « L(ucio) Arrio Hermeti / vasculario / A(ulus) Egrilius Plarianus ».

    Une inscription atteste l’existence d’un certain Lucius Arrius Hermetus, uascularius de son état185. Il s’agirait donc d’un producteur et vendeur de plats en métal.

  • 186  Dubouloz 2011, p. 178-197.

135Les deux secteurs d’activité les plus représentés sont ceux de la banque et de la médecine, avec 4 inscriptions (25 % du corpus) chacun. Les activités artisanales sont moins présentes. Il y a trois inscriptions de foulons (19 % du corpus), deux de pelliones (13 %), une de purpurarius, une de sutrix et un uascularius. L’apport des sources épigraphiques doit être nuancé tant il rencontre de multiples obstacles. En premier lieu se trouve l’absence de mention du lieu d’activité. Le lien établi entre sources écrites et archéologiques ne peut être considéré comme pleinement opérant dans la mesure où le sens de taberna en tant qu’espace concret a été critiqué par J. Dubouloz qui lui préfère la définition d’entreprise186. Il paraît inopportun de systématiser l’association d’une activité à un lieu sur quelques occurrences dans les sources textuelles.

8.3.2 L’apport des sources iconographiques

136De nombreux reliefs en terre-cuite ou en marbre représentent des activités commerciales ou artisanales à Ostie. Parmi celles-ci certaines semblent avoir eu lieu en boutique.

  • 187  Calza 1935.
  • 188  Calza 1935, p. 413.
  • 189  Floriani-Squarciapino 1956-1958 et 1961-1962.
  • 190  Kampen 1981.
  • 191  Zimmer 1982 et 1985.
  • 192  D’Ambra 1988.
  • 193  Clarke 2003 ; Petersen 2006.

137Dans un article publié en 1935 dans la revue Capitolium, G. Calza a réuni un corpus de 16 représentations iconographiques de métiers d’Ostie187. Les objets y ont été abordés comme des figurations de l’occupation quotidienne du « cittadino romano della media borghesia e del popolo »188. À la fin des années 1960, M. Floriani-Squarciapino a établi et étudié un corpus des terres-cuites découvertes à Ostie, parmi lesquelles se trouvent des représentations de métiers189. Ce travail est à la base de l’étude qu’a menée N. Kampen au sujet des représentations du travail féminin à Ostie190. Puis, dans son étude portant sur les reliefs de métiers en terre-cuite, G. Zimmer a élargi le corpus connu d’Ostie191. Enfin, la question du statut social des artisans et commerçants a occupé une place centrale dans les études d’E. D’Ambra192. Depuis, les représentations de métier d’Ostie n’ont été abordées que dans le cadre de réflexions plus vastes consacrées aux formes d’art n’émanant pas des élites193.

138Le corpus envisagé rassemble les activités artisanales et susceptibles de se dérouler dans une boutique. Ainsi, les représentations d’activités portuaires ont été écartées, tout comme les reliefs d’accoucheuses ou de travaux agricoles. Le corpus est composé de 18 reliefs de marbre ou de terre-cuite. Les natures et les contextes sont variés : il s’agit d’éléments de sarcophages, de reliefs funéraires ou d’enseignes.

8.3.2.1 Activités montrées, activités suggérées

  • 194  Béal 2000, p. 150-151.
  • 195  Kampen 1981, p. 105 ; 131 ; D’Ambra 2006, p. 78.
  • 196  D’Ambra 1988.
  • 197  Petersen 2006, p. 194 ; voir aussi Huet 2007, p. 204- 206.

139L’identification des activités rencontre un certain nombre d’obstacles194. Cette question est liée à celle du style et du traitement de certaines représentations. Les évocations de métiers peuvent être très allusives et conduire à des surinterprétations. L’exemple du « style idéalisé » tel qu’il a été défini par N. Kampen est à ce titre particulièrement éloquent. Il s’agirait d’un style adopté par les couches les plus aisées de la population, essentiellement en contexte funéraire dans l’optique d’anoblir le travail du défunt195. Ceci peut donner lieu à des situations complexes comme celle mise en évidence par E. D’Ambra à propos de la tombe 29 de la nécropole de l’Isola Sacra196. En façade, plusieurs reliefs de terre-cuite représentent des forgerons et leurs outils. À l’intérieur, un relief de sarcophage représente Méléagre chassant le sanglier de Calydon. Selon E. D’Ambra, il s’agit là d’une évocation mythologique du métier pratiqué par le défunt, reposant sur l’association des outils forgés aux armes employées pour la chasse. Cette hypothèse a été critiquée par L.H. Petersen pour qui le relief de chasse serait avant tout une référence au banquet funéraire197. Cet exemple indique bien les difficultés interprétatives auxquelles se heurte l’étude de ces reliefs évoquant une activité à travers des références mythologiques.

8.3.2.2 Les commerces alimentaires

140Les activités relevant du domaine alimentaire sont les plus représentées. Leur identification se fonde sur plusieurs critères.

141Il s’agit avant tout de mobiliers propres à cette activité tels que le comptoir maçonné disposant d’une niche, qui est représenté sur le relief (Relief 8) provenant de la tombe 90 de l’Isola Sacra. Celui-ci est surmonté d’une étagère à gradins garnie de vaisselle. Des comptoirs plus simples sont représentés dans la majorité des cas. Enfin, trois reliefs ne représentent que des tables à tréteaux (Reliefs 4, 5 et 6). La présence de dolia ou d’amphores destinés à stocker le vin permet également une telle identification. Ainsi, le relief découvert dans la tombe 30 représente un comptoir, un dolium et une série de huit amphores de types variés (Relief 2). Un dolium figure également sur l’enseigne en terre-cuite encastrée dans la façade occidentale de l’édifice III, xiv, 4 (Relief 4), ainsi que sur le couvercle de sarcophage provenant d’une tombe inconnue de la nécropole de l’Isola Sacra (Relief 7).

142La nature des biens mis en vente sur les reliefs permet également cette identification. Ainsi, en est-il des pains représentés sur un relief de marbre, des fruits et légumes d’un autre relief ou encore des animaux morts ou vifs et des fruits représentés sur le relief de marbre découvert Via della Foce (Reliefs 5, 6 et 3).

143Enfin, les diverses interactions avec les clients permettent de renforcer ces identifications. Le geste d’échange de marchandise est sans nul doute le plus pertinent à ce titre (Reliefs 1, 2 et 3). Au total, huit représentations de commerces alimentaires peuvent être identifiées.

8.3.2.3 Artisanat

144Huit reliefs ne font aucunement état de transactions commerciales, mais mettent au contraire l’accent sur l’activité artisanale.

  • 198  Huet 2007, p. 203.

145Un relief fragmentaire de marbre découvert dans les Terme del Foro (Relief 9) représente sans ambigüité l’activité d’un boucher. La droite du relief est occupée par un homme représenté de face, levant un couperet au-dessus d’un billot. À sa gauche, des parties de porcins sont suspendus à un objet horizontal muni de crochets. À sa droite, une balance est représentée. À gauche du relief, deux truies sont représentées sans parures sacrificielles, indiquant selon V. Huet qu’il ne s’agit pas d’un relief de sacrifice, mais bien d’une représentation de boucherie198.

  • 199  Sur cette ressemblance, voir Kampen 1981, p. 142 et Zimmer 1982, p. 183.
  • 200  D’Ambra 1988, p. 88.

146Les trois reliefs provenant de la tombe 29 représentent sans nul doute l’activité de forgerons (Reliefs 12, 13 et 14). Le premier (Relief 12) représente deux hommes : l’un, vêtu d’un tablier, est debout devant un coffre orné d’une tête d’animal, le second est assis devant une table. Autour d’eux sont représentés – à des échelles incohérentes – vingt outils de métal parmi lesquels il est possible d’identifier des couteaux, pinces, couperets, têtes de hache ou de pioche, marteaux, enclume et scies à deux poignets. Sur le deuxième relief (Relief 13), un homme vêtu d’un tablier est debout devant une enclume. Douze objets sont représentés autour de lui à des échelles variées : serpes, couteaux, tête de hache et de pioche et burins. Enfin, le dernier relief (Relief 14) représente un homme debout devant un objet ressemblant à une meule à grain au-dessus duquel il tient un objet de forme triangulaire199. Deux raisons nous poussent à rejeter l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’un boulanger. En premier lieu, cette meule prétendue n’est pas équipée de bras permettant de l’actionner ; de plus, le geste exécuté par l’homme ne correspond pas à la fonction d’une meule. La forme de cet objet est très semblable à l’enclume représentée sur le deuxième relief de cette tombe. Il est également représenté sur une mosaïque de pavement située au premier étage de cette tombe200. Il s’agit donc d’une tombe de forgeron dont l’activité vraisemblable était la fabrique d’outils.

147Le relief 15 représente deux hommes qui tiennent un grand objet fragmentaire pouvant être identifié comme une scie à deux poignets. Cette représentation peut donner lieu à deux interprétations. La scie peut être considérée comme l’outil de travail des artisans, tandis qu’un autre objet de forme rectangulaire peut être interprété comme un bloc de marbre. Il pourrait donc s’agir de tailleurs de marbre. Par ailleurs, la scie peut être considérée comme un produit fini. Il s’agirait alors de forgerons ou de fabricants d’outils comme l’indique l’enclume posée au sol et le long objet rectangulaire posé dessus pourrait alors être vu comme une lame de scie en préparation. L’outil tranchant en forme de demi-lune et le tamis représentés en haut à droite du relief pourraient également être des produits finis. La présence d’un objet tranchant en tous points similaires sur l’un des reliefs de la tombe 29, ainsi que d’une scie à deux poignets tend à confirmer cette seconde hypothèse.

148Sur le registre de gauche d’un sarcophage (Relief 10), deux hommes sont représentés. L’un est assis et tient un objet non identifié entre ses mains ; le second est debout et tient dans sa main droite une quenouille et une corde dans sa main droite. Les deux personnages sont séparés par un meuble au sommet duquel deux paires de chaussures sont représentées. Il s’agit donc sans doute des activités d’un cordonnier et d’un cordier.

8.3.2.4 Vente ou production ?

149Le manque de détails de certaines images nous empêche de déterminer s’il s’agit d’une activité artisanale et/ou commerciale.

  • 201  Zimmer 1982, p. 221-222.

150Sur le registre de gauche d’un sarcophage de marbre (Relief 11) est représenté un homme assis tenant la main d’une femme debout. Au-dessus d’eux, deux miroirs sont suspendus à un objet horizontal. Cette scène est interprétée par G. Zimmer comme une représentation du métier lié à la vente ou à la production de miroirs201.

  • 202  Voir Kampen 1981, p. 65-69.

151Un relief de marbre (Relief 16) représente une femme assise brandissant un objet ayant la forme d’un pied ou d’une chaussure. L’inscription lacunaire accompagnant le relief indique que Septima Stratonice était probablement sutrix202. Le relief n’indique cependant pas s’il s’agissait d’une activité de production ou de vente.

  • 203  Bakker 1999, p. 53 retranscrit l’interprétation de Lanciani.
  • 204  Floriani Squarciapino 1956-1958, p. 198.

152Les représentations d’objets seuls sont sans nul doute les plus ambigües. Par exemple, le relief fragmentaire (Relief 17) représentant quatre lampes disposées en cercle pourrait faire référence à l’activité d’un fabricant ou d’un vendeur de lampes. De même, trois reliefs représentent des outils de maçons (Reliefs 23, 24 et 25). Des truelles, marteaux, compas, fils à plomb, scies à deux poignets, ou des règles y sont représentées. Ces enseignes peuvent être interprétées comme des évocations du métier de maçon, de vendeur ou de producteur d’outils de maçons203. Enfin, un relief fragmentaire découvert à Portus (Relief 26) représente des natures mortes et un outil pouvant être reconnu comme une serpe de vigneron ou comme une pioche. M. Floriani Squarciapino y propose donc d’y voir une évocation au métier de maçon ou un relief votif à Sylvain204.

8.3.2.5 Autres activités

153Deux reliefs provenant de la tombe 100 représentent des activités médicales. Le premier (Relief 18) ne doit pas être pris en compte car il s’agit d’un accouchement. Le second (Relief 19) représente deux hommes assis. L’un est occupé à laver la jambe de l’autre. Dans le registre de droite, cinq instruments chirurgicaux sont représentés.

  • 205  Andreau 1987, p. 471-472.
  • 206  Andreau 1987, p. 620.

154Enfin, un relief (Relief 22) de marbre représente deux hommes derrière une table. Sur celle-ci repose une bourse. L’homme de droite porte dans sa main gauche un volumen. Ces indices ne suffisent pas à associer cette scène de comptabilité à l’activité bancaire. Comme l’indique J. Andreau, la table et la comptabilité ne sont pas propres aux manieurs d’argent dans la mesure où tout commerçant est amené à faire ses comptes205. Il indique en outre que le volumen ne doit pas être étroitement associé à cette activité206.

  • 207  Zimmer 1982, p. 215.

155Au total, il est possible d’identifier 8 images de commerces alimentaires, 6 reliefs d’artisanat, 6 évoquant une activité artisanale et/ou commerciale et enfin 3 reliefs représentent d’autres activités. Cela confirme l’idée de G. Zimmer selon laquelle les activités ayant une grande nécessité, c’est-à-dire le secteur alimentaire, sont sur représentés207.

8.3.2.6 Identifier les lieux ?

156Tenter de déterminer si les activités représentées se déroulaient en boutique ou ailleurs est d’une grande importance dans le cadre de cette étude. Nous écartons la possibilité de rattacher une représentation de métier à une boutique précise au sein du corpus étudié. Il s’agit là de réfléchir aux croisements possibles entre les sources iconographiques et les vestiges archéologiques.

  • 208  Voir par exemple Pavolini 2005, p. 230.

157Les images de commerces alimentaires sont sans nul doute les plus riches en détails concernant la localisation des activités représentées. Ainsi, le comptoir à niche figurant sur le relief 8 est-il en tous points semblables à ceux découverts parmi les vestiges. Toutefois, la majorité des comptoirs figurant sur les reliefs ne correspond pas exactement à ce type. Il peut s’agir d’une conséquence du traitement de la scène par le sculpteur. Par exemple, le comptoir représenté sur le relief 2 porte l’inscription « Lucifer Aquatari ». Cette inscription est traditionnellement interprétée comme l’indication du nom et de la profession de l’individu : Lucifer, vendeur d’eau208. Il serait vraisemblable de considérer que le sculpteur ait choisi de graver ces mots plutôt que des détails réalistes du comptoir. En revanche, le comptoir représenté sur le relief 3 est d’un tout autre genre. Il s’agit d’un meuble servant de cage à lapins et probablement à oiseaux. La structure ne coïncide probablement pas avec une structure maçonnée, mais plus vraisemblablement de bois. La disparition des vestiges en bois ne permet pas de proposer une localisation. Mais inversement, l’installation d’un comptoir en bois dans une boutique ne paraît pas improbable.

158Les dolia représentés sur quelques autres reliefs (2, 4 et 7) indiquent également de très probables scènes de boutique. Parmi les vestiges, les dolia ne sont attestés que dans certaines boutiques, des fouleries, ainsi que des entrepôts. Ces deux dernières catégories d’édifices ne permettent pas aux clients d’acheter ou de consommer des boissons tel que cela est représenté sur les reliefs.

159Enfin, les tables à tréteaux représentées sur certaines images (4, 5 et 6) ne sont pas sans poser problème. Une telle table peut être déplacée avec aisance, ce qui suggère une installation temporaire comme ce pourrait être le cas sur un marché hebdomadaire, voire sur la voie publique. Toutefois, la mobilité de cette table n’est pas incompatible avec sa localisation potentielle dans une boutique. L’enseigne de l’édifice III, xiv, 4 (relief 4) représente une table à tréteaux ainsi qu’un dolium indiquant une probable localisation en boutique.

160Il apparaît donc que la représentation d’une scène de vente ne suffit pas pour qu’on puisse l’associer à une boutique.

161Les images d’artisanat sont beaucoup plus difficiles à interpréter. Rappelons en premier lieu que de nombreuses activités artisanales se déroulaient en boutique. Cependant, elles pouvaient aussi se dérouler en contexte domestique ou encore dans un des vastes ateliers d’Ostie. Parfois, cette localisation est aisée à identifier. Ainsi, les reliefs 20 et 21 représentent un âne actionnant une meule à grain. Ce type d’objet n’a pas été identifié dans les boutiques d’Ostie, mais uniquement dans les ateliers de grande taille. Par conséquent, ces reliefs ne peuvent représenter une scène de boutique. Les autres scènes de métier représentent quelques détails du mobilier qui demeurent insuffisants pour qualifier des images de boutique. Enfin, les représentations d’outils seuls ne livrent aucune information quant à la localisation des activités.

  • 209  Sur les pratiques d’exposition des enseignes, voir la troisième partie de cette thèse.
  • 210  Zimmer 1982, p. 7-9 ; George 2006, p. 26-27.

162La majorité (70 %) des reliefs de commerce ou d’artisanat est datée du IIe siècle. Cette prédominance peut être attribuée à la reconstruction d’Ostie au IIe siècle et aux nombreuses activités que celle-ci, conjointement au port, ont dû susciter. Une grande partie du corpus provient de la nécropole de l’Isola Sacra, construite au IIe siècle. En contexte urbain, les nombreuses enseignes ont été encastrées dans la façade d’édifices datant de la reconstruction d’Ostie209. Toutefois, des facteurs non locaux pourraient avoir joué un certain rôle. Selon G. Zimmer et M. George, les images de travail ont connu un essor important en Italie aux Ier et IIe siècles210. Au cours du IIe siècle à Ostie, tous les types d’images sont attestés, excepté les scènes d’intérieur de commerce alimentaire. Seuls 4 reliefs sont datés du IIIe siècle. Il ne s’agit que de reliefs de sarcophages provenant de la nécropole de l’Isola Sacra. Celles-ci n’étaient accessibles que depuis l’intérieur des tombes et non plus affichées sur la voie publique que ce soit en ville ou en nécropole. Il faut sans doute y voir une modification dans les pratiques d’évocation des activités commerciales ou artisanales qui sont désormais destinées au public constitué des membres de la famille du défunt lors des visites de sa tombe.

163Les métiers susceptibles d’avoir lieu en boutique représentés dans les sources iconographiques diffèrent de ceux attestés dans les sources épigraphiques (tab. 10 et 11). Au total, il y a 8 reliefs de commerce alimentaire (47 %). Ensuite viennent les représentations de forgerons, au nombre de 4 (24 %). Il y a deux images de cordonniers, de vendeurs de lampes ou de miroirs et de médecins (représentant donc chacun 12 % du corpus). Il y a enfin un relief de boucherie.

Tab. 10 – Activités identifiées dans les sources iconographiques.

Activité
commerce alimentaire

Effectif
8

42 %

forge

4

21 %

cordonnerie

2

11 %

lampes ou miroirs

2

11 %

médecin

2

11 %

boucherie

1

5 %

Total

19

100 %

Tab. 11 – Activités identifiées dans les sources épigraphiques.

Activité

Effectif

banque

4

25 %

foulerie

3

19 %

pelleterie

2

13 %

pourpre

1

6 %

vascularius

1

6 %

sutrix

1

6 %

medicus

4

25 %

16

100 %

Tab. 12 – Activités identifiées archéologiquement.

Activité

Effectif

fouleries

4

commerces alimentaires

55

teinturerie

1

bijouterie

1

verrerie

1

tables de mesures

6

164Il est possible d’identifier l’activité de 62 boutiques d’Ostie (tab. 12). Le secteur le plus représenté est celui du commerce alimentaire, avec 55 locaux. On dénombre 4 fouleries, une teinturerie, une bijouterie et une verrerie. Ces activités sont datées entre le Ier et le Ve siècle. Durant le Haut-Empire, les bassins maçonnés dont la fonction n’est pas identifiée sont prépondérants. À partir du IIIe siècle, la majorité des équipements construits sont des comptoirs maçonnés. Cette évolution suggère une progression des commerces alimentaires durant la seconde période, au détriment des autres activités artisanales.

165Les sources iconographiques et épigraphiques complètent cet inventaire. Ainsi, est-il possible d’y ajouter des banquiers, médecins, pelletiers, chausseurs, fabricants de pourpre et de vases de métal ; des forgerons, bouchers et vendeurs de lampes ou de miroirs. L’évolution des activités figurant sur les reliefs permet de nuancer l’évolution mise en évidence par les sources archéologiques. Les images de commerces alimentaires datent surtout (75 %) du Haut-Empire. Il en va de même pour l’artisanat : près de 85 % des images d’artisanat datent de cette période. Toutefois, il s’agit là d’évolutions dans les pratiques de représentation ; elles ne sauraient traduire une évolution quantitative des activités des boutiques.

  • 211  Inventaire fondé sur les travaux de Monteix 2011, p. 92-216 ; Botte 2009, p. 94-95 ; Proto 2006, p (...)
  • 212  Monteix 2011, p. 92-216.
  • 213  Amraoui 2010, p. 406-410.
  • 214  Mattingly 2000, p. 74-81.
  • 215  Karvonis 2008, p. 169.
  • 216  Karvonis 2008, p. 172-182.

166Cette liste est bien maigre lorsqu’elle est comparée à certains autres sites connus. La comparaison d’Ostie avec les cités du Vésuve ne saurait être parfaitement probante tant les conditions de conservation et leur nature diffèrent. Les sites du Vésuve se distinguent par un éventail d’activités plus varié, mais aussi par leur nombre. À Pompéi on a dénombré 166 commerces alimentaires, 36 boulangerie-meuneries, entre 24 et 27 ateliers de lavage de toisons, 16 ateliers de filage, entre 10 et 12 fouleries, trois ateliers de production de garum, une parfumerie, une forge, une cordonnerie, et un atelier de taille de marbre211. Il y a à Herculanum 13 commerces alimentaires, 2 boulangeries-meuneries, 2 ateliers de lavage de toisons, 4 ateliers de filage hypothétiques, 2 ateliers de teinturerie et 3 fouleries hypothétiques212. Des activités variées ont aussi été identifiées dans quelques villes africaines. Ainsi, à Timgad, on trouve des fouleries, de la production de bronze, de céramiques et d’huile213. À Leptiminus, D. Mattingly a pu identifier de la production d’amphores, de céramiques, de tuiles, de métal, de textile, de garum et d’objets en os214. Délos, en tant que grand port méditerranéen fournit un bon point de comparaison. Les ateliers et boutiques y sont datés entre le IIIe et le Ier siècles av. J.-C.215. On y trouve une foulerie, des activités de pêche au murex et de fabrique de pourpre, des poteries, des ateliers de sculpteurs, des bronziers, une verrerie, un atelier de fabricant d’instruments de musique, une parfumerie et des commerces alimentaires216.

167Par-delà les différences découlant des méthodes de fouilles et de l’état de conservation de ces sites, les dissemblances entre ces villes et Ostie trouvent des explications d’ordre historique. Le rôle que les villes jouaient dans l’économie régionale, voire méditerranéene, leur place au sein de réseaux routiers ou maritimes, ainsi que les types de configurations socio-économiques qu’on y trouvait devaient avoir une incidence non négligeable sur les disparités observées. C’est la raison pour laquelle il faut s’interroger sur la place qu’occupent les boutiques à Ostie dans le cadre d’une réflexion plus générale sur son économie.

Notes

5  Paschetto 1912, p. 308-356.

6  Girri 1956.

7  Voir Boersma 1985.

8  Bakker 1999.

9  De Ruyt 1983 ; 1996 ; 1999 ; 2001.

10  Scrinari, Ricciardi 1996.

11  Alberti 2007, p. 59. Il s’agit d’une notion développée initialement au sein d’études archéologiques minoennes. Il est à noter que cette approche ne saurait être pleinement opérante à propos de certaines activités – strictement commerciales – pouvant se dérouler dans les boutiques de la colonie.

12  Voir Monteix 2011, p. 9 reprenant Pernot 2006, p. 10.

13  Voir à ce sujet la position défendue par Flohr au sein du débat relatif aux critères permettant d’identifier les fouleries (Flohr 2005).

14  Monteix 2010 ; pour les monographies : Borgard, Puybaret 2004 ; Botte 2009 ; Flohr 2006 ; Leguilloux 2004 ; Lehoërff 2004 ; Macheboeuf 2008 ; Moeller 1976 ; Uscatescu 1994.

15  Il est vrai que ce terme pourrait recouvrir des réalités plus vastes que les commerces de restauration et les débits de boissons. Cependant, nous choisissons d’employer le terme « commerce alimentaire » utilisé par Monteix afin de ne pas multiplier inutilement les nomenclatures, mais également dans le but d’obtenir deux corpus comparables.

16  Kleberg 1957 ; Hermansen 1982 ; Gering 2004 ; Kieburg 2009.

17  Monteix 2011, p. 67 : « Aucune activité ne détient d’exclusivité sur la présence d’un comptoir. Et aménagement doit donc être perçu comme foncièrement générique et ne peut pas, par sa seule présence ou son absence, permettre l’identification des activités se déroulant dans un local ».

18  Monteix 2007, p. 121.

19  CIL XIV, 4756.

20  Kleberg 1957, p. 46-47.

21  Gering 2004, plan.

22  Monteix 2011, p. 112.

23  Paribeni 1916, p. 416 ; Meiggs 1973, p. 128 ; Pavolini 2005, p. 228.

24  Hermansen 1982, p. 187 et p. 189.

25  Les volumes qui peuvent être mesurés étant donné l’état de conservation sont de 0,25 m3 pour le bassin nord et de 0,30 m3 pour le bassin sud de la boutique r1i02b05 ; de 0, 15 m3 pour la boutique r4i02t19 et de 0,32 m3 pour le local r4i02t21.

26  Cette configuration est observable dans les locaux r1i03t13, r2i6t14 et r5i05t10.

27  Gds1913 : 13 Janvier p. 15.

28  Hermansen 1982, p. 187 et p. 189.

29  Monteix 2007, p. 121.

30  Hermansen 1982, p. 127.

31  Nous renvoyons ici à la description de ces dispositifs par Monteix, normes, p. 121.

32  Hermansen 1982, p. 173. Au sujet du local des thermes dei Cisiarii : Kleberg 1957, p. 43 et Hermansen 1982, p. 139.

33  Monteix 2011, p. 97 ; voir aussi Monteix 2013, p. 12- 13. Avec le caisson de la boutique r1i03b12, il s’agit d’un des très rares cas de chauffe-eau dont le contexte est connu dans un commerce alimentaire.

34  Gds, 17-22 avril 1916, p. 70 : « la forma di questa apertura è come quella dei cessi inodori, sia per questo che per la forma della cassetta credo che essa serviva come vaso da notte. Cassette simili erano ancora in uso poche diecine di anni fa cioè prima che fossero stati resi comune le tazze per i cessi inodori ».

35  Hermamsen 1982, p. 131.

36  Monteix 2011, p. 101.

37  Cet aménagement est en tout point semblable à ceux décrits par N. Monteix à Pompéi (Monteix 2007, p. 121).

38  Monteix 2010, p. 113.

39  Monteix 2007, p. 122.

40  Calza et Nash 1959, fig. 112.

41  Carandini 1968,, tav XLVIII, n. 614.

42  Hermansen 1982, p. 190.

43  Monteix 2011, p. 117-120.

44  Bakker 1999, p. 153-154. L’archéologue a compilé les résultats publiés dans les Nsc et les Gds de 1915.

45  N. inv. 9725.

46  N. inv. 9692 ; 9693 et 9724.

47  Meiggs 1973, p. 428 et plus récemment Pavolini 1986, p. 243 ont déjà constaté cette tendance.

48  Calza 1915a, p. 29.

49  Falzone 2007, p. 157.

50  Paribeni 1916, p. 417 ; sur la production de ces lampes, voir Pavolini 2001, p. 192-195.

51  Zevi 1970b, p. 42.

52  Voir les travaux en cours d’E. Bukowiecki.

53  Carta, Pohl, Zevi 1987, p. 43.

54  Hermansen 1982, p. 202.

55  Salza Prina Ricotti 1980, p. 274.

56  Suétone, Tibère 34, 1 ; Néron 16, 3 ; Dion Cassius 62, 14, 2 et 66, 10, 3.

57  De Ruyt 2001, p. 186-188.

58  Flohr 2003, p. 447, s’appuyant surtout sur l’édit de Dioclétien 22.

59  Sur la chaîne opératoire, voir Monteix 2010, p. 192- 198 et Flohr 2013, p. 98-120.

60  Bradley 2002, p. 26-27.

61  Wilson 2003, p. 443 ; Flohr 2005, p. 59.

62  Monteix 2010, p. 198.

63  Monteix 2010, p. 200.

64  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 175.

65  Pietrogrande 1976 et les articles synthétiques de De Ruyt 2001 et 2002.

66  Flohr 2013.

67  Citons la Fullonica maggiore (II, XI, 1) ; la Fullonica della via degli Augustali (V, VII, 3) et la fullonica du tempio dei Fabri navales (III, II, 1-2).

68  Pietrogrande 1976, p. 9-13.

69  Pietrogrande 1976, p. 51-54.

70  GDS, 16 février 1909, p. 70 et Vaglieri, 1909b, p. 90 : « Lungo la stessa parete sinistra dopo la vasca si sono rinvenuti tre fondi di dolii rovinati (alt. 0,55) ». Leur localisation est indiquée avec précision sur la carte publiée dans le même volume, p. 411.

71  Vaglieri, 1909c, p. 411.

72  CIL XIV, 4753. Il s’agit d’une datation consulaire.

73  Ce contenant a été identifié par Finelli comme un mortier sur lequel des restaurations antiques furent entreprises : Gds, 12 Janvier 1913, p. 16 : « un mortaio di travertino in due pezzi ma già restaurato in tempi antichi ».

74  La baie percée dans le mur occidental est pourvue d’une inscription funéraire (CIL XIV, 5158) en guise de seuil.

75  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 175.

76  Pietrogrande 1976, p. 21 ; Uscatescu 1994, p. 146.

77  Alberti 2007, p. 59.

78  Sur les teintureries, voir également Monteix 2010, p. 186-191.

79  Borgard, Puybaret 2004, p. 55 ; Borgard 2002, p. 57.

80  Borgard 2002, p. 56-57.

81  Vaglieri 1913b, p. 393 et svtes : « Si tratta certamente dei fondi di bottega di qualche fabbricante di vetri, o, piuttosto, di quegli smalti che gli antichi facevano così bene. Uno è un crogiuolo, nel quale la materia è uscita per qualche spaccatura non avvertita ed ha rivestito l’esterno di grumi di sostanza vetrificata. L’altro è un fondo di crogiuolo in cui è rimasta la schiuma, cioè la parte superiore bollosa di uno smalto fuso, sia che essa sia stata versata prima in un recipiente a forma di coppa, per lasciare nel crogiuolo, in cui era avvenuta la fusione, la parte di sostanza fusa in modo omogeneo ; sia che abilmente si sia versata dal crogiuolo originario la parte fusa dello smalto trattenendo con un cucchiaio la schiuma galleggiante. Questa schiuma, o smalto bolloso, è colorata intensamente in azzurro ed in verde da rame, ma forse ci riserva una bella sorpresa. Ne stiamo facendo in laboratorio l’analisi... Appunto per questa difficoltà non siamo ancora riusciti a scoprire di che metallo si tratti. Quell’altra sostanza bianca filamentosa minerale, che a prima giunta pare amianto e che alla indagine riconobbi per una varietà di carbonato di calce o calcite, nota sotto il nome di spato satinato, o satin spar in inglese, da quanto si conosce, si trova soltanto in Inghilterra (Derbyshire, Northumberland, Alston Moor, Cumberland), ed è probabile che gli antichi di là pure la traessero. Serve tuttora per fare dei piccoli lavori di ornamento e di molto modesta gioielleria, come perline, vezzi ecc. a buon mercato. Siccome ciò che ella mi ha mandato non può essere lavorato, perchè le fibre avevano perduto ogni coesione, è probabile che anche qui si tratti di scarto di lavorazione, e che il materiale s’ importasse grezzo dalla lontana Britannia per essere lavorato ad Ostia ».

82  Pavolini 2005, p. 54 et p. 56. Il est possible que le creuset identifié par Pavolini soit celui dont il est question dans le rapport de 1913.

83  Vaglieri 1913b, p. 396.

84  Découverte dans les tranchées F1 et F2 fouillées par Kockel et Ortisi (Kockel, Ortisi 2000, p. 352).

85  Rottlof 2000, p. 365.

86  Rottlof 2000, p. 369-370.

87  Rottlof 2000, p. 369.

88  Wilson 2003, p. 445-446.

89  Leguilloux 2004, p. 46 et 74.

90  Borgard, -P. Brun et Leguilloux 2005, p. 310-311.

91  Neuerburg 1965.

92  Scrinari et Ricciardi 1994.

93  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 10-11.

94  Dessales 2013, p. 81-90.

95  Borgard, Brun et Leguilloux 2005, p. 327-329.

96  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 11 : « Vasche a cielo aperto costruite in cortili di edifici privati o promiscui che hanno funzione preminentemente decorativa. Esse sono di varia forma, dalla semplice pianta quadrangolare a quella mistilinea, ricordano gli antichi impluvia delle domus alimentate da acqua piovana essendo poste in cortili scoperti, ma più tardi saranno collegate alla rete idrica dell’acquedotto ».

97  Scrinari, Ricciardi 1996 , p. 176.

98  Becati 1961, p. 25-27 ; p. 218-219.

99  Celle-ci doit tout de même être considérée prudemment (David 2001).

100  Ce revêtement est au sens d’H. Dessales le plus prestigieux pour les bassins (Dessales 2013, p. 73).

101  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 47 et p. 52.

102  Le bassin de la boutique r3i14b02, aujourd’hui inaccessible, n’a une élévation conservée, d’après Ricciardi, que de 5 cm.

103  Scrinari et Ricciardi 1996, p. 25.

104  Scrinari et Ricciardi 1996, II, p. 149.

105  Boersma 1985, p. 80 ; 352.

106  Borgard, Brun et Leguilloux 2005, p. 319-321 et 326-327.

107  Sur la définition du nymphée, voir Gros 1996, p. 418-422. Sur les nymphées d’Ostie, voir Ricciardi 1996, II, p. 187-189.

108  Ricciardi 1996, II, p. 201.

109  Ricciardi 1996, II, p. 219.

110  Ricciardi 1996, II, p. 201 et 219.

111  Cf. Infra (Ch. XII).

112  Pensabene 1998, fig. 45.

113  Nous écartons de ce décompte la table r1i14t29, ne disposant que de trois cavités, du fait de son état fragmentaire.

114  Voir Tedeschi Grisanti 2005.

115  Tedeschi Grisanti 2005, p. 249.

116  ILAlg., II, 3, 8023 : 1 : [Se]xtarium/ [u]ini (a) eneu (m) He/ rodes v (ir) c (larissimus) co/n (sularis) constitui[t]. 2 : Capitum hordei/ (a) eneum Herodes v (ir) c (larissimus) / conslaris / constituit. 3 : Modium [triti]/ci (a) ene[um Hero]/ des u (ir) [c (larissimus) consular]/is co[nstituit].

117  Salama et Laporte 2010, p. 346-347.

118  Cagnat, Chapot 1917, p. 238.

119  Salama et Laporte 2010, p. 337.

120  Tedeschi Grisanti 2005, p. 249.

121  Albertini 1920, p. 317.

122  Salama et Laporte 2010, p. 336.

123  Pour les mesures romaines, nous nous fondons sur Salama et Laporte 2010, p. 336.

124  Salama et Laporte 2010, p. 347 et 360.

125  CIL, XIV, 423. De Ruyt 1983, p. 122.

126  CIL, XIV, 375.

127  CIL, XIV, 376. De Ruyt 1983, p. 124.

128  CIL, XIV, 4719.

129  Berrendonner 2009, p. 364.

130  Berrendonner 2009, p. 355.

131  Berrendonner 2009, p. 366.

132  Tedeschi Grisanti 2005, p. 250-251.

133  Monteix 2010, p. 106.

134  La localisation de cette structure n’est toutefois pas indiquée avec plus de précision.

135  Sur le type de l’amphore, voir Bonifay 2004, p. 111. Ce type est diffusé entre la fin du IIe siècle et le début du IIIe siècle.

136  Monteix 2010, p. 72-74.

137  Pavolini 2005, p. 114.

138  Vaglieri, 1909b, p. 122 : un plateau de balance en bronze d’un diamètre de 4 cm a été découvert dans le portique de Neptune. Vaglieri, 1909b, 1909, p. 124 : un poids en bronze pyramidal d’une hauteur de 7,1 cm a été mis au jour dans la boutique r5i12b06. Gds 1918, p. 88 : dans les boutiques r2i09b01 à r2i09b06, un poids bitronconique d’un diamètre de 3 cm, pesant 100 grammes a été inventorié (inv. 12974). Gds 1915, p. 72 : inv. 9642 ; deux poids semi-sphériques d’une hauteur de 34 et de 35 cm et d’un diamètre de 3,5 et 6 cm ont été mis au jour dans la boutique r1i03t18.

139  Monteix 2010, p. 176-185.

140  Vaglieri 1913c, p. 215.

141  Corti 2001a, p. 143-166. Voir aussi Corti 2001b.

142  Candilio 1985, p. 211-213.

143  Gds, 1908, p. 155 dans le portique de Neptune ; Gds 1910, p. 187 sous le portico a tetto spiovente, inv. 3450, hauteur de 9,5 cm. Gds 1915, p. 72 dans la boutique r1i03t18 ; Gds 1918, p. 97 dans les boutiquesr2i09b01à 06.

144  Pavolini 2005, p. 225-227.

145  Gds 1909, p. 72, 18 février : un manche de couteau en os, inv. 1441, probablement dans la boutique r2i06b06. Gds 1918, p. 88 : un manche et deux lames dans les boutiques r2i09b01-06.

146  Vaglieri 1913c, p. 216-217.

147  Monteix 2010, p. 175.

148  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9639 : « stadera con le scapus rotto in due pezzi con parte della catenina a treccia che reggevano l’ancula, su i tre lati dello scapus vi sono dei punti e asticelle incavate che marcono il valore del peso, all’estremità vi sono tre anse con forma di uovo con zinnetta forata sopra nella quale vi doveva essere la parte incavata che scorreva slle facciete segnate dello scapus. Lungh dei due pezzi dello scapus m 190 ; alt totale dell’aequipondium 59 ».

149  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9642.

150  Gds 1915 (5-20 Février), p. 72, n° d’inventaire 9641 : « ustensile a forma di lancia a foglia di olivo con manico di ferro quadrate e frammento ma rivestito di lamina di bronzo ».

151  Gds 1918 (19-24 août), p. 87, n° d’inventaire 12976 : « grossa lamina circolare » d’une hauteur de 12 cm, large de 6 cm et d’une épaisseur de 13 cm.

152  Monteix 2008, p. 13, fig. 15 a-b.

153  Gds 1918, 19-24 août, p. 87 : lampes de type CIL, XV 17 (= Bailey Q1236) et CIL, XV 22 (= Bailey Q1155).

154  Bakker 1999, p. 53 retranscrit une citation de Lanciani émettant cette hypothèse : « si rinvenne una quantità prodigiosa di sculture figurate ed ornamenti in bronzo quasi che una o più delle officine tornate in luce avessero appartenuto ad un fonditore di metalli ».

155  Bakker 1999, p. 53-54.

156  Lehoërff 2004, p. 163-165.

157  Vaglieri 1913b, p. 397 : « Sotto questi strati eravene uno di scaglie di marmo, alto fino a 0,80, come nel retrobottega vicino : prova, questa, che la taberna sotto il portico era anche qui un laboratorio e scuola di un marmorario, che raccoglieva nell’oscuro retrobottega i frammenti inutili ».

158  Meiggs 1973, p. 267 ; De Ruyt 1983, p. 118 ; Scrinari, Ricciardi 1996, p. 143. Le passage le plus parlant est un extrait de l’ouvrage de Calza et Nash 1959, p. 73 : « La presenza di due botteghe di pescivendoli nelle vicinanze immediate del mercato conferma l’ipotesi che si trattasse d’un « macellum piscarium ».

159  Pavolini 2005, p. 51 et 117.

160  Aux yeux d’A. Wilson, l’identification de bassins destinés à la pisciculture repose sur la présence de niches latérales, servant d’abri à la ponte des poissons (Wilson 2003, p. 445). Cette identification est également rejetée par Kockel 2000, p. 353, n. 6.

161  Scrinari, Ricciardi 1996, p. 22.

162  Lenzi 1998, p. 256-262.

163  CIL, XIV, 1708 : « ] sibi et Valeria[e] / [---]me co (n) iugi inco[m]/[para]bili et conditi (v) um / [in solo a]vito item solari[um] / [tabern]ae vetustate elap[sum] / [sua p]ecunia refecit » ; CIL, XIV, 4291 : « ] duov[ir (o) ---] / [---] Isi et S[erapi - --] / [--- ta]bernas [ » ; AE 2001, 625 : « Taber[na cum] / custod[ia] / monume[nti] / C(ai) Fontei C[--- » ; AE 2007, 287 : « Iunia D(ecimi) f (ilia) Libertas / hortorum et aedificiorum et tabernarum hilar/onianorum Iunianorum ita uti macerie sua propria / clusi sunt quae iuris eius in his sunt usum fructumqu[e] / dedit concessit libertis libertabusque suis quive ab [iis] / posterisque eorum manumissi manumissaeve sun[t] / eruntve et ne qui ex is usum fructumve portioni[s] / suae vendidisse aut alienasse aut ali concessisse / velit donec ad unum unamve usus fructus / perveniat et si nemo ex familia superaverit / tunc eos hortos cum aedificis et tabernis / ita uti macerie clusi sunt finibus suis / proprietatis iurisque esse volo / colonorum coloniae rei publicae Ostiensiu[m] / ex quorum reditu ab re pu (b) lica Ostiensium / inpendi volo in ornationem sepulchri / et sacrificis die Parentaliorum / HS C Violae HS C Rosae HS C / hanc voluntatem meam publicari volo / ad lib (ertos) libertasq (ue) meos primo loco ius pertineat post eos ad posteros eor (um) ».

164  Voir le chapitre II.

165  Thylander 1952.

166  Chevallier 2001, p. 23.

167  AE 1974, 123a : « ] / orna[mentis 3 sevir Aug (ustalis) et] / q (uin) q (uennalis) item [q (uin) q (uennalis) f]abr (um) tign (uariorum) Ost (iensium) [i]tem cor[por (atus)] / et q (uin) q (uennalis) et [biselli]arius in corpore neg (otiatorum) fo[ri] / vinari r[ei publ (icae) O]st (iensium) vetus negotias ( !) navic[ul (arius)] lyntra[rius ite]m num (m) ularius celeber[rim (us)] / in hoc PR[---]VL memoriale M[---] / [---]CON[---] // AI[---] / merit[---]INE[---] paganus [---] / aedicul[---] liberti eius et li[berti] / mei ex nomine [meo ser]vorum fidem PRO[---] / observabunt et ne HS X m (ilia) n (ummum) rei public (ae) [Ost (iensium) pro] / poena inferant curae habe[bunt] ». Sur le rôle du nummularius, voir Andreau 1987, p. 219 et Andreau 2001, p. 66-67.

168  AE 1988, 189 : « D(is) M(anibus) / A(ulus) Egrilius A(uli) lib (ertus) / Polytimus / Amerimnianus / coactor argentarius / VIvir Aug (ustalis) idem q (uin) q (uennalis) fecit sibi / et Iuniae Aphrodite / coniugi sanctissimae et Egrilio / Onesimo Polytimiano lib (erto) optimo / et Egriliae Irene et Egriliae Zmyrnae / et A(ulo) Egrilio Floro alumnis et lib (ertis) / libertabusq (ue) post (erisque) eor (um) in fr (onte) p (edes) XXIII in a (gro) p (edes) XIII s (emis) / hoc monumentum exteru (m) herede (m) non seq (uetur) / et Egrilis Trophimo Aristoni Farnasso lib (ertis) » ; AE 1988 204 : « D(is) M(anibus) / Egriliae Clusinae item / libertis libertabusque qui / quaeve iam sunt qui quaeve futuri / A(ulus) Egrilius Hilarus coactor / argentarius sevir Aug (ustalis) idem q (uin) q (uennalis) q (uin) q (uennalis) col (legii) / fabr (um) tign (uariorum) Ost (iensium) lustri XXVI et / Egrilia Iustina patroni / fecerunt et posteris/q (ue) eorum earumve in f (ronte) p (edes) XIII in ag (ro) p (edes) XXV » ; CIL, XIV, 470 : « ]D[---] / [--- F]abius [---] / [--- c]oactor [argentarius ». Sur la fonction des coactores argentarii, voir Andreau 1987, p. 163 et Andreau 2001, p. 67.

169  Andreau 1987, p. 445.

170  CIL, XIV, 468 : « D(is) M(anibus) / L(uci) Caesenni / Crescentis / medici q (ui) vix (it) an (nos) / XXX ». CIL, XIV, 471 : « I]ulius Admetus / [---] Iuliae Faustillae et / [---] Onesimi medici / [---] vixit an (nos) X et / [---] die{n} s XXXXV ».

171  CIL, XIV, 4710 : « Po[st]umus Plotius M(arci) f (ilius) Quarto / A(ulus) Genucius A(uli) f (ilius) iter duoviri / locum dederunt compiti aedificandi / C(aius) Cartilius C(ai) f (ilius) Poplicola duovir VII / cens (or) III compitum transtulit / D(ecimus) Caecilius DD(ecimorum) l (ibertus) Nicia medicus / L(ucius) Marcius L(uci) l (ibertus) Stephanus / P(ublius) Naevius P(ubli) l (ibertus) Heraclida / mag (istri) vici maceriem / et columnam de suo fecerunt / C(aius) Cartilius C(ai) l (ibertus) Hera[ ».

172  AE 1941, 8 : « Mulione sedes // Agita te celerius / pervenies // Propero // Amice fugit te proverbium / bene caca et irrima medicos ».

173  Tran 2007b p. 599.

174  Sur cette double nomenclature, se référer à Tran 2006, p. 321-326, ainsi que Tran 2007b.

175  AE 1985, 173 : « V(ivit) Casos / o (biit) Amphio fullo ann (orum) LII / o (biit) Euterpe vestispica ann (orum) XXVI / o (biit) Musa filia eius ann (orum) III / v (ivit) Callipoleis mater / v (ivit) Nicomedes frater / v (ivit) Lesbius mulio ».

176  CIL, XIV, 4573 : « L(ucio) Virio Lupo et L(ucio) Mario Maximo co (n) s (ulibus) corpus fontanorum q (uibus) ex s (enatus) c (onsulto) coire lice (t) / patr[o]ni [P(ublius) Pe]tronius Cha[ri]ton / [---]rius C[l]em[---] / [--- Iu]lius Grumen[ti]nus / [--- Petr]onius M[y]rismus / Ti (berius) Claudiu[s] Epag[a]tus [pl]ebs / T(itus) Iulius Felix / M(arcus) Cl[au]dius (?) Dionysius / [---] Thalamus / Volusi[us] Satur[ni]n (us) / L(ucius) [F]ufius Antin[---] / [--- Pe]tronius O[nesimus] / P(ublius) [Pet]ronius Myrismus / L(ucius) Ae[l]ius Athenodor (us) / P(ublius) Iulius Geminus / P(ublius) Iulius Grumentinus / [---] Petronius Myrismus Iun (ior) / [--- I]ulius Satyrus / [--- A]lfius Dadis / [---]lius Hilarus / [T]uccius Mithres / [---]nius Cognitus / [---]ius Hesper / [---]s Liberalis / [P(ublius) Iul (ius ?) Gru]mentin (us) iun (ior) / [---]nus / [--- Fel]icissim (us) / [--- Ma] rtialis / [--- E]pagatus / [---]mus iu (nior) / [// P(ublius) Petronius Felix / | (obitus) Lucius Pompeius Quintinus / G(aius) Iulius Saturus / N(a) evius Catullinus / Q(uintus) Aurelius Vitalio / Caecilius Sotericus / P(ublius) Sextilius Seberianus / L(ucius) Flavius Onesimianus ».

177  Leguilloux 2004, p. 72-73.

178  CIL, XIV, 4549, 2 : « Corpus pel/lion (um) Ost (iensium) et Porte (nsium) hic [ »

179  CIL, XIV, 10 : « Genio corporis pell (ionum) Ost (iensium) qui[bus ex s (enato) c (onsultu) coire licet ?] / M(arcus) Aurel (ius) Lamprocles Aug (usti) libertus pat (ronus) [---] / s (ua) p (ecunia) d (onum) d (edit) d (edicavit) ».

180  Tran 2006, p. 351-355.

181  CIL, XIV, 4698 : « Hoc sepulc[rum] / M(arcus) Acilius Is[---] / cessit don[atione] / Septimia[e Stra]/tonice S[utrici] / amic (a) e ca[rissi]/m(a) e ob ben[e facta] / ab ea in se [dimidia] / parte et[--- Aci]/lio Fort[unati]/ano filio [ ».

182  CIL, XIV, 473 : « ] Nonius / [--- Ste]phanus / [--- pur] purar (ius) / [---]a LL(uciorum) l (iberta) Damalis l (iberta) / [---]ius LL(uciorum) l (ibertus) / [--- Phila]rgyrus l (ibertus) / [--- libertis] libertabus (que) / [poste]risq (ue) eorum // L(ucius) Caecilius L(uci) l (ibertus) / Dida / Caecilia L(uci) l (iberta) Dionysia l (iberta) / L(ucius) Caecilius L(uci) l (ibertus) / Anteros l (ibertus) / libertis libertab (usque) / posterisq (ue) eorum // Q(uintus) Vibi[us] / Rufio / Vibia Q(uinti) et | (mulieris) [l (iberta)] / Secunda l (iberta) / libertis liber[tab (usque)] / posterisq (ue) eorum ».

183  Vicari 2001, p. 21.

184  Macheboeuf 2008, p. 140-142.

185  CIL, XIV, 467 : « L(ucio) Arrio Hermeti / vasculario / A(ulus) Egrilius Plarianus ».

186  Dubouloz 2011, p. 178-197.

187  Calza 1935.

188  Calza 1935, p. 413.

189  Floriani-Squarciapino 1956-1958 et 1961-1962.

190  Kampen 1981.

191  Zimmer 1982 et 1985.

192  D’Ambra 1988.

193  Clarke 2003 ; Petersen 2006.

194  Béal 2000, p. 150-151.

195  Kampen 1981, p. 105 ; 131 ; D’Ambra 2006, p. 78.

196  D’Ambra 1988.

197  Petersen 2006, p. 194 ; voir aussi Huet 2007, p. 204- 206.

198  Huet 2007, p. 203.

199  Sur cette ressemblance, voir Kampen 1981, p. 142 et Zimmer 1982, p. 183.

200  D’Ambra 1988, p. 88.

201  Zimmer 1982, p. 221-222.

202  Voir Kampen 1981, p. 65-69.

203  Bakker 1999, p. 53 retranscrit l’interprétation de Lanciani.

204  Floriani Squarciapino 1956-1958, p. 198.

205  Andreau 1987, p. 471-472.

206  Andreau 1987, p. 620.

207  Zimmer 1982, p. 215.

208  Voir par exemple Pavolini 2005, p. 230.

209  Sur les pratiques d’exposition des enseignes, voir la troisième partie de cette thèse.

210  Zimmer 1982, p. 7-9 ; George 2006, p. 26-27.

211  Inventaire fondé sur les travaux de Monteix 2011, p. 92-216 ; Botte 2009, p. 94-95 ; Proto 2006, p. 22-27.

212  Monteix 2011, p. 92-216.

213  Amraoui 2010, p. 406-410.

214  Mattingly 2000, p. 74-81.

215  Karvonis 2008, p. 169.

216  Karvonis 2008, p. 172-182.

Table des illustrations

Légende Fig. 34 – Les activités identifiées dans les boutiques d’Ostie.
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Légende Fig. 35 – Comptoir simple adossé au mur du commerce alimentaire r3i07b04 (vue depuis le nord).
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Légende Fig. 36 – Comptoir en L du commerce alimentaire r4i02b15 (vue depuis le sud).
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Légende Fig. 37 – a) vue depuis l’ouest du comptoir du commerce alimentaire r1i02b14. b) alimentation secondaire du bassin (vue depuis le sud).
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Légende Fig. 38 – Traces d’un comptoir dans la boutique r5i05b06 (vue depuis l’est).
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Légende Fig. 39 – Seuil de la boutique r1i13b13 (vue depuis l’est).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-6.jpg
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Légende Fig. 40 – vestiges du dispositif de cuisson du local r1i03b12 (vue depuis l’ouest).
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Légende Fig. 41 – Proposition de restitution du caisson en bronze mis au jour dans le commerce alimentaire r1i02b14, d’après sa descriptions dans les journaux de fouilles.
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Légende Fig. 42 – Table de chauffe du local r5i06b17 (vue depuis le sud).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-9.jpg
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Légende Fig. 43 – Étagère à gradins du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis l’ouest).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 20k
Légende Fig. 44 – Dolium enterré du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis le nord).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Légende Fig. 45 – Plaque de marbre pourvue de crochets métalliques du commerce alimentaire r1i02b14 (vue depuis le nord).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-12.jpg
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Légende Fig. 46 – Marches du bassin de la boutique r2i04b12 (vue depuis le sud).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-13.jpg
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Légende Fig. 47 – Récipient en travertin de la boutique r2i06b16 (vue depuis le sud).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-14.jpg
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Légende Fig. 48 – Plan de la teinturerie r2i11b01 (Pietrogrande 1976).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-15.jpg
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Légende Fig. 49 – Photographie du four de la teinturerie r2i11b01 (extrait de Pietrogrande 1976).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 73k
Légende Fig. 50 – Les activités non identifiées des boutiques d’Ostie.
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Légende Fig. 51 – Bassin de la taberna del Invidioso r5i05b06 (vue zénithale, depuis le sud).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 38k
Légende Fig. 52 – Petit bassin maçonné de la boutique r5i02b07 (vue depuis l’ouest).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-19.jpg
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Titre Fig. 53 – Bassin en quart de cercle de la boutique r1i03b14 (vue depuis l’est).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-20.jpg
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Légende Fig. 54 – Bassin rectangulaire de la boutique r1i03b10 (vue depuis l’ouest).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-21.jpg
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Légende Fig. 55 – Bassin rectangulaire de la boutique r4i05b38 (vue depuis l’ouest).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-22.jpg
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Légende Fig. 56 – Bassin multiple de la boutique r4i02b34.
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-23.jpg
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Légende Fig. 57 – Nymphée des boutiques II, vi, 2 (vue depuis le nord).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-24.jpg
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Légende Fig. 58 – Face latérale de la table située en face de la boutique (vue depuis le sud).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/33850/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 28k
Légende Fig. 59 – Nuage de points représentant la répartition des volumes des cavités des tables. Les mesures antiques les plus proches sont représentées à titre indicatif.
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