Fraternités politiques en Provence « blanche »
Les anciens élèves du collège jésuite Saint-Joseph d’Avignon (1849-1939)
p. 247-269
Résumé
Depuis 1847, le collège jésuite de Fribourg n’est plus. Il est tombé aux mains des fédérés helvétiques. Les pères de la Compagnie ont été expulsés et les élèves ont repris le chemin de leurs familles respectives. En France, les pères rétablissent des collèges dans la discrétion. Dans la province de Lyon, l’internat de Mongré, près de Villefranche-sur-Saône, est fondé en 1848 avec une trentaine d’élèves. L’année suivante, un collège est rétabli à Avignon. Grâce aux libéralités qu’offre la loi Falloux de 1850, ces collèges connaissent un réel succès et viennent perpétuer les fraternités politiques qui s’étaient nouées auparavant dans les établissements d’exil. Un provincial du collège Saint-Joseph d’Avignon aura d’ailleurs cette phrase éclairante : « Avignon commence où Fribourg a fini ». En devenant le nouveau « Fribourg », le collège d’Avignon va recevoir la plupart des fils des familles provençales, attachées à la tradition et à la légitimité, et perpétuer jusqu’au milieu du XXe siècle une fraternité politique qui entretient une culture « blanche », d’essence contre-révolutionnaire, à travers une éducation et une sociabilité d’anciens élèves, faites de réunions et de banquets annuels. Grâce à l’exploitation des archives et de la documentation propre au lycée Saint-Joseph d’Avignon, l’article retrace la constitution d’une fraternité politique « blanche », rayonnant sur toute la Provence, de Carpentras à Marseille en passant par Draguignan. Elle aura été, pour longtemps, un ciment unificateur des « blancs » de Provence. Elle est aussi un des outils les plus efficaces dans la perpétuation des cultures « blanches » en Europe tout au long du XIXe siècle.
Texte intégral
1Au printemps 1889, toute la Provence se prépare à fêter le centenaire de la Révolution. De nombreux villages ont organisé des manifestations populaires pour l’occasion. Des monuments sont inaugurés à la gloire de la République. Dans le Var, l’effigie de Marianne est alors érigée sur de nombreuses places et bâtiments publics1. À Vidauban et au Luc, sont inaugurées des fontaines républicaines comme dans d’autres villages et bourgs de Provence, à la Bastide des Jourdans en Vaucluse ou à Salon, place de la Révolution. Dans le même temps, les « blancs » cherchent à exister et à se compter après la mort, en 1883, de leur prétendant Henri V. En Provence comme en Lyonnais, là où le légitimisme demeure encore vivace, s’organisent des assemblées provinciales, véritables “contre-centenaires réunissant la plupart des personnalités et des notables toujours attachés au parti de la fidélité. À Lyon, en plein cœur du quartier aristocratique d’Ainay, se tient du 3 au 5 mai 1889, une assemblée provinciale du Lyonnais, Forez et Beaujolais2. La semaine suivante, se déroule à Aix une réunion similaire, qualifiée d’assemblée provinciale de Provence3. S’y retrouvent les grands noms de l’armorial provençal et les plus fidèles partisans de la légitimité4. Entre eux, s’est tissée une solide fraternité politique, les incitant à agir dans les secteurs les plus variés comme le syndicalisme agricole (Union des Alpes et de Provence), l’entreprise de presse (La Gazette du Midi) ou l’enseignement catholique (collège jésuite d’Avignon)5. Ces engagements dans la société civile qui font suite à l’échec politique de la restauration monarchique, sont le fruit d’une culture de combat, acquise de longue date lors de leur éducation au collège.
2Comme pour leurs amis lyonnais, les participants à l’assemblée provinciale d’Aix ont été plusieurs à avoir été façonnés par les pères jésuites6. Souvent, ils aiment se remémorer ce temps passé ensemble dans les collèges de la Compagnie, qu’il s’agisse de celui d’Avignon ou de Fribourg en Suisse pour les plus anciens. Ce dernier fut d’ailleurs le lieu où se cristallisa une culture politique fondée sur la légitimité et se noua entre les anciens élèves une amitié indéfectible renforcée par le sentiment de l’exil. Mais après sa fermeture en 1847 et l’expulsion des pères, les élèves ont dû reprendre le chemin de leurs familles respectives. De retour en France, les jésuites rétablissent des collèges en toute discrétion. Dans la province jésuite de Lyon, un internat est ouvert en 1848 à Mongré, près de Villefranche-sur-Saône. L’année suivante, un collège est rétabli à Avignon. Grâce aux libéralités qu’offre la loi Falloux de 1850, ces collèges connaissent un réel succès et viennent perpétuer les fraternités politiques qui s’étaient nouées auparavant dans les établissements d’exil7. Le collège d’Avignon reçoit alors la plupart des fils des familles provençales, attachées à la tradition et à la légitimité, perpétue jusqu’au milieu du XXe siècle une fraternité politique qui entretient une culture « blanche », d’essence contre-révolutionnaire, à travers une éducation et une sociabilité d’anciens élèves, faites de réunions et de banquets annuels. Grâce à l’exploitation des archives et de la documentation propre au lycée Saint-Joseph d’Avignon, il nous a été possible de retracer la fabrication d’une fraternité politique « blanche », rayonnant sur toute la Provence, de Carpentras à Marseille en passant par Draguignan8. Elle aura été, pour longtemps, un ciment unificateur des « blancs » de Provence9. Elle est aussi un des outils les plus efficaces dans la perpétuation des cultures “blanches” en Europe tout au long du XIXe siècle10.
Le collège d’Avignon ou le nouveau « Fribourg »
3Lors du rétablissement de la Compagnie en 1814, les anciennes terres pontificales d’Avignon et du Comtat ont très vite sollicité le retour des pères avec l’installation d’un noviciat puis d’une résidence, leur permettant d’assurer leur apostolat dans les paroisses de la ville et des alentours11. Ces « pères du Midi », comme on les surnomme, sont connus pour défendre un catholicisme très intransigeant. Expulsés en mars 1848, la centaine de religieux reprennent leurs activités, en particulier d’enseignement avec la création d’un collège en janvier 1849, ardemment désiré par la bonne société depuis le retour des élèves en exil à Fribourg. L’ancien couvent des Cordeliers est aménagé pour une ouverture officielle en janvier 1850, sous la houlette du père Joseph Barrelle, dernier préfet du collège de Fribourg12. Ne recevant d’abord que des externes, le collège ouvre ses portes, à la rentrée suivante, à des internes, portant l’effectif à 250 élèves. Le rectorat passe au père Gabriel Bouffier, originaire de Manosque, tandis que le noviciat est confié au père Albéric de Foresta, né à Aix et ancien fribourgeois lui aussi. Certains pères demeurent très attachés à la légitimité comme le professeur de philosophie Henri Joyard, fils d’un garde du corps de Charles X, né à Carpentras comme son condisciple le père Joseph de Jocas. Grâce à la liberté offerte par la loi Falloux, le succès du collège ne se dément pas. Il faut agrandir. Un terrain est acquis et l’ancienne église de Cordeliers est restaurée en chapelle. Le plan du nouveau collège est calqué sur celui de Mongré qui est en cours d’élaboration. La renommée du collège d’Avignon s’appuie donc sur la réputation de l’ancien collège de Fribourg qui avait fait naître une véritable fraternité politique parmi les anciens élèves ; certains devenant les plus hauts responsables légitimistes du Sud-Est de la France à la fin du XIXe siècle, dotés de réseaux s’étendant à toute l’Europe monarchiste. Le collège d’Avignon ne cesse alors de prendre de l’importance et de rayonner dans toute la région, accueillant jusqu’à 450 élèves en 1875, date à laquelle est célébré le vingt-cinquième anniversaire de la fondation. L’année suivante, les anciens élèves ont constitué une association légale avec un bulletin de liaison, concrétisant les liens noués lors de leurs réunions annuelles depuis 1861 et perpétuant une mémoire et une fraternité communes sur le modèle de ce qui se faisait à Fribourg. On y relate les réunions des anciens, la chronique des mariages et des deuils ; on y fait surtout revivre l’amitié des années passées au collège. Ainsi, « Avignon commence où Fribourg a fini », comme le reconnaît avec satisfaction un supérieur de la province.
Portraits de groupe
4Mais qui sont-ils ceux qui sont passés par Avignon et qui en ont fait leur école de la fidélité et de la fraternité. Combien étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Une rapide sociographie des anciens élèves du collège permet de brosser un portrait collectif de ces « blancs » qui se sont engagés pour la plupart à servir la cause catholique et monarchiste contre la République. Cette esquisse sociologique demeure possible grâce à l’exploitation des renseignements fournis par la liste des anciens élèves. Celle de 1883 est la plus étoffée après celles de 1869 et 187613. Elle recense un millier de personnes (1095) qui ont été élèves du collège depuis son ouverture en 1849. Elle mentionne les professions et les adresses connues. Les juristes sont les plus nombreux, avocats surtout, puis viennent les industriels, les négociants, les propriétaires, les médecins, les militaires et les ecclésiastiques, pour la plupart jésuites. La majorité des anciens élèves appartiennent donc à la bourgeoisie et la noblesse de Provence du XIXe siècle, souvent répertoriée dans les dictionnaires biographiques départementaux et les annuaires mondains locaux14. Ce profil sociologique n’a guère changé en 1940. Sur le millier d’anciens élèves recensés (1089), les juristes et les médecins sont toujours les plus nombreux, suivis par les officiers de l’armée et les membres du clergé puis par le groupe des ingénieurs devenu plus conséquent15. La géographie résidentielle a, quant à elle, été établie à partir des 1045 adresses connues en 1883 (carte 1). 28 seulement sont domiciliés à l’étranger, principalement autour de la Méditerranée, en Espagne et en Italie, en Turquie et en Algérie. Le millier (1017) d’anciens élèves est donc resté en France métropolitaine. Insérés dans la bourgeoisie catholique provençale, ceux-ci résident pour l’essentiel dans le Sud-Est de la France, principalement en Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône, dans une moindre mesure parmi les départements limitrophes du Gard, du Var, de l’Hérault, de la Drôme et de l’Ardèche. Les élèves ayant poursuivi une carrière à Paris ne sont cependant pas les moins nombreux. La Seine figure comme le quatrième département le plus important. Une répartition par villes (cartes 2 et 3) souligne un large rayonnement de l’Association dans l’ensemble du Midi « blanc », provençal et languedocien. Cette géographie demeure toujours valable en 1940 (carte 4), avec le même poids prédominant de la Provence, surtout des départements du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Une timide ouverture à l’étranger se manifeste cependant avec l’attrait des pays méditerranéens mais également la présence en Afrique et en Amérique latine.
5Par conséquent, depuis son installation en 1849, le collège jésuite Saint-Joseph a su s’implanter durablement dans l’univers des élites catholiques de la Provence, rayonnant sur un grand Midi méditerranéen. Parmi les lieux de résidence les plus fréquents, Avignon et Marseille sont les plus importants, en 1883 (125 et 124) comme en 1940 (133 et 129). En Vaucluse, les cités de Carpentras et d’Orange abritent chacune une vingtaine d’anciens élèves. Dans les Bouches-du-Rhône, c’est Aix-en-Provence (29 et 27) qui en réunit une même proportion. Dans les départements limitrophes, les anciens élèves se sont principalement installés à Nîmes (33 et 22), Montpellier (24 et 19), Toulon (23 et 31) et Lyon (21 et 26). Cependant, nombreux sont ceux qui possèdent leur résidence dans de petites villes comme Arles, Montélimar, Salon ou dans de gros bourgs comme Apt, Cavaillon, Pont-Saint-Esprit. Beaucoup également résident dans des villages provençaux comme propriétaires de domaines, marquant ainsi l’attachement de ces élites catholiques à la terre.
L’Association des anciens élèves et leurs responsables
6Ce millier de jeunes garçons, passés entre les mains des jésuites d’Avignon, disséminés ensuite dans toute la Provence, est finalement resté en contact étroit durant plus d’un siècle, en particulier grâce à l’efficacité des liens noués autour d’une association d’anciens élèves qui a pleinement joué son rôle dans la fabrication d’une amitié et d’une fraternité politique durable. Ainsi, une vingtaine d’années après la fondation du collège, en 1876, une première génération d’anciens élèves décide de procéder à un deuxième recensement de toux ceux qui sont passés par cet établissement et de constituer une association permettant de renforcer entre eux un lien de fraternité. L’article 2 des statuts affiche clairement cette finalité d’amitié et d’entraide16. Elle est aussi fondée sur une même unité de pensée politique et religieuse, vouée à la défense du trône et l’autel. Sept ans après sa création, l’association regroupe dans ses rangs, plus de quatre cents membres (416), soit un tiers de tous les anciens élèves (38 %). En 1940, elle en compte même davantage (488), soit presque la moitié (45 %), démontrant ainsi que l’association n’a rien perdu de sa fonction de sociabilité malgré les mutations politiques des droites françaises et les évolutions du catholicisme romain. Cette association fonctionne autour d’un bureau qui la dirige et d’un bulletin à la périodicité variable, trois à quatre fois par an, dans lequel sont consignés les comptes-rendus des réunions annuelles, les informations sur les œuvres amies et les nécrologies des membres défunts.
Carte 4 – Départements de résidence des anciens élèves du collège d’Avignon (1940).
7À ses débuts, le bureau de l’Association compte une dizaine de personnes connues pour leur engagement catholique et monarchiste. Parmi eux, il y a le groupe des avocats qui appartiennent au cercle étroit des jurisconsultes catholiques au sein duquel se recruteront pendant un siècle les présidents successifs de l’Association. La première présidence revient à l’avocat Louis Pansier, installé à Carpentras, ardent défenseur de la cause catholique et royaliste. Il reste en fonction peu de temps. Ce qui ne l’empêche pas de venir défendre le collège à l’heure des décrets de 1880. Son engagement militant lui vaut également d’être déchu de sa fonction de juge au tribunal de commerce pour avoir affirmé ses convictions et outragé le gouvernement dans un banquet légitimiste de 188117. Il appartient à ce milieu très fermé du barreau de Carpentras, d’inspiration intransigeante, qu’il dirigera pendant un demi-siècle et que ses fils reprendront18. À sa suite, la présidence revient à Théophile Goubet, lui aussi avocat, renommé sur la place d’Avignon. Ce dernier incarne l’âme de l’Association jusqu’en 1880, se dévouant pour promouvoir son rayonnement. Attaché viscéralement aux pères, il se distingue lui aussi lors de leur expulsion en 1880 en s’opposant physiquement aux crocheteurs et aux gendarmes. Homme d’œuvres proche d’Albert de Mun, il est également un membre assidu du Cercle des amis de l’Ordre qui s’attache à défendre les idées royalistes dans la ville et son conseil municipal jusqu’en 187019. Son successeur est le docteur Edme Cade, fils de médecin avignonnais qui a très tôt lutté en faveur de la liberté de l’enseignement et œuvré en faveur de la fondation du collège Saint-Joseph. Il y entre donc « naturellement » comme élève en 1850. Après ses études de médecine à Montpellier puis à Paris, il exerce la médecine sur les pas de son père, à l’hospice Saint-Louis et à l’hôpital Sainte-Marthe, offrant ses services à de nombreuses œuvres religieuses20. Lui aussi candidat conservateur au conseil municipal de la ville, il est porté à la présidence de l’Association en 1880 et considéré comme un véritable « soldat du Christ »21. Ses amitiés monarchistes demeurent alors bien connues puisqu’il est un ami fidèle d’Armand de Pontmartin22. À ses côtés comme vice-président, se distingue Léon Rostaing, un des dirigeants des papeteries à Annonay23. Son alliance avec la famille de Montgolfier en a fait un monarchiste convaincu24. L’autre vice-président, Fernand Vidal, est un des premières élèves du collège. Sa modeste fonction de chef de bureau au PLM ne lui a pas fermé les portes de l’Association. Il est toujours en lien avec elle, demeurant « un chrétien fervent et un royaliste convaincu »25.
8Au début du XXe siècle, la présidence de l’Association reste toujours entre les mains d’un membre du barreau. Elle revient à l’avocat Léon Bonnet, chef respecté des jurisconsultes catholiques de la région. Celui-ci participe également aux comités conservateurs de l’ordre en Vaucluse. Mais sa prédilection s’attache à sa fonction de président de l’Association. Il incarne la tradition de l’établissement et de la pensée qui le caractérise26. Source de profondes et inaltérables amitiés, le collège devient même une affaire de famille. Si l’on compte son père Philippe parmi les fondateurs du collège, il y envoie ses deux fils et ses trois petits-fils comme son frère Julien qui, lui aussi, place ses trois fils. Son neveu Joseph Amic intègre également le collège. Devenu avocat et membre du bureau, il succède à son oncle comme président de l’Association. Avec lui, l’étendard de la royauté flotte ostensiblement sur le collège. Ce farouche militant est aussi le président de la section vauclusienne d’Action Française, véritable icône du Midi « blanc »27. Candidat malheureux à la députation, il fait le choix du « politique d’abord » de Maurras en 1927, ce qui l’oblige à se retirer de la présidence28. Il n’en demeure pas moins fidèle au collège, conservant des liens étroits avec les pères de la rue des Lices, participant régulièrement aux réunions amicales et envoyant ses deux fils Jacques et Jean y faire leurs études29. Il est remplacé par un autre avocat, marseillais cette fois, incarnant le patriciat philanthrope de la cité phocéenne, Wulfran Jauffret, davantage soumis aux orientations romaines du catholicisme social et de l’action catholique. À son décès en 1942, la présidence de l’Association connaît une transition délicate avec les courts mandats de l’avocat avignonnais Henri Goubet (1944-1946) et du chanoine Louis Ruy (1946-1948) pour revenir à un autre avocat d’Avignon, Lucien Bonnet, témoignant toujours de la prédominance du barreau dans l’organisation de cette fraternité politique30.
9Si l’attachement à la tradition monarchiste et catholique s’est progressivement effacé à partir des années trente, il a longtemps été le véritable ciment unificateur de l’Association. C’est bien sur ce socle intellectuel et politique que se fonde d’ailleurs la composition du comité directeur. Parmi ses responsables, se distinguent des hommes de conviction, viscéralement voués à la cause du trône et de l’autel. Joseph Seguin est de ceux-là. Imprimeur à Avignon, il met son métier au service de ses idées. Il assure l’édition du grand journal royaliste Le Courrier du Midi que dirige son frère François. Il est aussi le fondateur du Bulletin historique et archéologique de Vaucluse et le directeur du Journal du Comtat à Carpentras31. En charge du secrétariat, Paul Vaillant est animé des mêmes convictions. C’est aussi un entrepreneur, négociant et propriétaire de tanneries à Barjols dans le Var. Brancardier de Lourdes, il s’affirme comme un ardent défenseur de la presse catholique varoise32. Autre figure importante de la commission, Edmond Puget est un représentant du commerce et du négoce marseillais, célèbre armateur à la suite de son père Wulfran33. Il a souvent confessé que ses amitiés de prédilection étaient celles formées autrefois à Avignon34. A la fonction d’archiviste, s’illustre enfin le dévouement sans borne de Bienvenu Roux, le fondateur du bulletin, véritable curriculum vitae de l’Association. La précision des informations qu’il recueille, provient en grande partie de son métier de bibliothécaire exercé au Musée Calvet à Avignon. Il s’est beaucoup attaché à faire vivre l’Association, à lui donner une convivialité, notamment lors de ses réunions annuelles dont il a été « l’âme et la joie »35. Tous ces responsables de l’Association sont donc liés par une unité de pensée qui se fonde sur la défense de l’Église, l’utopie d’une restauration monarchique et le combat contre la République. Restant le plus souvent en fonction jusqu’à leur mort, ces dirigeants ne permettent guère à la commission de s’ouvrir à d’autres membres. Celle de 1911 n’a que peu changé depuis ses débuts36. Les nouveaux membres proviennent d’ailleurs des mêmes familles.
Au cœur de la Provence « blanche »
10Les recueils généalogiques qui se multiplient au sein des familles nobles et bourgeoises de Provence à la fin du XIXe siècle, circonscrivent un espace social et culturel dans lequel peut s’épanouir une véritable fraternité politique37. Les anciens élèves du collège jésuite d’Avignon appartiennent pour bon nombre à ces réseaux. Certains d’ailleurs entreprennent eux-mêmes le travail généalogique comme le baron du Roure, ancien élève du collège, qui publie entre 1906 et 1907 plus de vingt de volumes sur les anciennes familles de Provence38. De son côté, le vice-président Léon Rostaing entreprend la généalogie de sa famille par alliance, les Montgolfier39. C’est dire l’étendue de ces réseaux familiaux et amicaux qui fonctionnent le plus souvent en toute discrétion dans des mondes sociaux et culturels très spécifiques. Nous tenterons d’en prendre la mesure que pour quelques-uns d’entre eux. Le premier est celui l’univers nobiliaire et bourgeois des élites provençales.
Vieilles noblesses et bourgeoisies d’affaires
11Si les fils de la noblesse provinciale ne sont pas les plus nombreux parmi les élèves du collège Saint-Joseph d’Avignon, leur patronyme résonne comme des gages de tradition et de légitimité. Ils appartiennent pour l’essentiel à des familles de la noblesse de Provence qui affichent ostensiblement leur attachement à la monarchie. Ainsi, Henry de Vichet, officier en retraite, est connu en 1900 pour appartenir à une vieille famille de Pernes qui a toujours combattu pour ses convictions politiques40. Militaire lui aussi, Henry du Laurens d’Oiselay appartient à une famille de tradition de Sorgues. Celle-ci confie plusieurs de ces six fils aux jésuites d’Avignon41. Guillaume du Laurens est l’un d’eux, installé au domaine de la Vercandière, à Sauveterre, près de Sorgues42. Il se distingue par un militantisme royaliste très actif. Bien connue dans le Var pour ses attachements monarchistes, la famille de Gasquet s’affirme comme un vieux lignage de noblesse provençale qui a envoyé sept de ses fils au collège d’Avignon43. Auguste a épousé en 1866 Ernestine de Jocas, ancienne famille de Carpentras, pour aller s’installer comme notable agrarien au château des Salgues près de Lorgues. Son cousin Henri est devenu ingénieur de la Marine. Il demeure en 1880 au château de Saint-Amé près de Saint-Tropez. Non loin de là, réside Fernand au château de Pampelonne44. Comme eux, leurs condisciples Charles et Henri de Maleyssie sont châtelains, au domaine de la Nerthe, l’un des grands vignobles à Châteauneuf-du-Pape. Même chose pour le très monarchiste Sébastien de Salve-Vachère qui vit au château de Pinet à Reillanne où il a exercé la fonction de maire pendant trente-huit ans et presque autant comme conseiller général45. Ses deux fils Jean et Pierre suivront eux aussi leurs études au collège d’Avignon et deviendront également des membres actifs de l’Association46.
12Le monde de la bourgeoisie d’affaires n’est pas étranger lui aussi aux anciens élèves d’Avignon, surtout pour les héritiers des grandes dynasties marseillaises comme les Bergasse, Fabre, Jauffret et Puget47. Les liens familiaux sont ici puissants. Ainsi, Félicien Ducros n’est autre que le petit-fils du fondateur de la Compagnie des Salins du Midi. Quant à Jules Turcan, il est le fils d’un banquier de Sisteron, ayant épousé une fille du négociant Ludovic Sube, président de la chambre de commerce de Marseille. Parmi les premiers élèves, se sont distingués des jeunes garçons de la bourgeoisie marseillaise dont la fidélité à la tradition n’a jamais failli. Ainsi, l’agent d’assurances Léon Signoret appartient à « une de ces anciennes et honorables familles marseillaises dans lesquelles les sentiments catholiques et monarchistes sont héréditaires »48. Camille Sauvaire-Jourdan dont le frère Henri est un ancien de Fribourg, « fut toujours très bon catholique, fidèle royaliste et excellent père de famille »49. Quant à Octave Caune, courtier en laine, apparenté aux familles Jauffret et Puget, il incarne la fidélité au Saint-Siège et à la royauté. Pour d’autres industriels formés au collège d’Avignon, l’engagement politique passe par des stratégies plus classiques de paternalisme comme le fait Antoine Brun, dans son usine textile d’Arre, près du Vigan, où il emploie plus d’un millier d’ouvriers, cumulant également les fonctions de maire50. D’ascendance noble ou bourgeoise, certains anciens élèves ont conservé un lien étroit avec la terre comme propriétaires fonciers et ont rencontré les réseaux de l’agrarisme conservateur de la fin du XIXe siècle.
Les « blancs » de la terre
13L’univers agrarien constitue bien un vivier pour recruter des partisans de la monarchie et pérenniser la « cause » blanche dans toute la Provence. Les anciens élèves du collège Saint-Joseph ont gardé une certaine proximité avec la grande propriété foncière et les immenses domaines viticoles autour d’Avignon et du Comtat. Joseph Haour incarne ainsi le monde de la terre parmi les premiers fondateurs de l’Association. Formé par les pères jésuites et doté d’une formation juridique, il embrasse par son mariage la carrière d’agriculteur à Remoulins où il dirige une vaste exploitation. « Homme de foi et d’inébranlables convictions politiques », il a offert l’asile aux institutrices congréganistes de Remoulins lors de leur expulsion51. Son fils Marcien, lui aussi ancien élève du collège, continuera le combat de son père comme avocat à Montpellier, fidèle en tout point aux convictions monarchistes qu’il lui a laissées52. Toujours dans l’Hérault, près de Montpellier, Gabriel Bouschet de Bernard assure la renommée d’un grand domaine viticole53. D’autres condisciples du collège d’Avignon sont issus de ces vieilles familles de la bourgeoisie languedocienne, aux fortes assises terriennes. Ils s’efforcent de maintenir dans leur commune dont ils sont maires, la tradition de la foi et de la fidélité. C’est le cas de Dieudonné Vidal à Pignan dans l’Hérault et d’Alfred Correnson à Saint-Geniez de Comolas, près de Roquemaure dans le Gard. Depuis son château de Castelfond, il exploite un vaste domaine viticole qui fait la renommée de son patronyme54. Longtemps notaire à Beaucaire, militant catholique et monarchiste, Valère Pagès est également reconnu comme un spécialiste de la viticulture, créant le vignoble de Bonafoux et siégeant comme vice-président à la Société d’Agriculture du Gard55.
14En Vaucluse, deux avocats connus pour leur sentiment de « fidélité », se sont retirés du barreau pour se consacrer à l’agriculture : Henri Souchière à Orange et Paul Bernusset à Mormoiron dans le Comtat56. Non loin de là, à Caromb, le secrétaire de l’Association, Adrien Juvénal, s’affiche comme un spécialiste des questions agricoles depuis sa propriété du Graveyron au milieu de laquelle a été édifiée une splendide demeure du Second Empire57. À Bédarrides, dans son château de Saint-Roman, le marquis Louis de Ripert d’Alauzier, connu pour son inébranlable fidélité au drapeau blanc, s’est consacré à l’agriculture58. Propriétaire du domaine viticole de l’Ameillaud à Cairanne, l’avocat Fernand Rieu collabore avec l’ingénieur Marius Ricard, son ami condisciple au collège Saint-Joseph, à la fondation puis au développement du puissant Syndicat Agricole Vauclusien59. Cette organisation intègre l’Union des Alpes et de Provence, fondée et dirigée par de vieilles familles de la Provence varoise dont certains représentants ont fait leurs études chez les pères à Avignon comme le comte Romée de Villeneuve-Bargemon et Jean Gavoty60. D’autres ont fait carrière dans la grande centrale syndicale de Lyon comme Pierre d’Allard, devenu ingénieur agronome et secrétaire de l’Union du Sud-Est61.
Les « blancs » du barreau et de la plume
15Le monde juridique constitue également un autre réseau de prédilection pour les anciens élèves du collège d’Avignon. Ils s’affirment comme les tenants d’un droit naturel opposé au droit positif républicain, appartenant à l’univers très fermé des jurisconsultes catholiques62. Il a été vu combien la présidence de l’Association était dominée par les avocats. Les autres membres du barreau, passés par le collège d’Avignon, sont tout aussi engagés dans la défense de l’Église et du roi. À Orange, Auguste Souchière, avocat au tribunal local vers 1900, frère d’Henri, lui aussi avocat, est resté fidèle à ses convictions politiques et religieuses reçues de sa famille63. À Nîmes, l’avocat Paul Brunel de Charpal, ancien magistrat révoqué en 1880, a endossé l’habit du militant puisqu’il est membre du comité royaliste départemental64. À Carpentras, une même conviction politique anime Armand Barret, fils d’avocat et allié aux familles royalistes de Terris et Pernod, pour assurer la présidence de la section locale d’Action Française jusqu’en 1911, fonction qui revient à son parent par alliance, Joseph Amic65. À Marseille, deux anciens élèves du collège Saint-Joseph incarnent le barreau monarchiste. Le premier est Emmanuel Laugier-Ravanas, fondateur de la faculté libre de droit de Marseille, beau-frère de Justin Garnier et oncle de Jean Gavoty, deux patronymes attachés à la cause des « blancs »66. Le second est Just Guigou, doyen de cette même faculté libre et organisateur du « contre-centenaire » de 1889 à Aix-en-Provence67. Ainsi, les avocats passés par le collège Saint-Joseph auront été d’ardents promoteurs de la cause monarchiste dans le Midi et pour longtemps. C’est encore le cas dans les années trente avec Eugène Vigier, avocat au barreau d’Uzès, incarnant cette « tradition ancestrale de loyauté », caractéristique de la famille des Vigier de Chusclan68. Cependant, le succès de l’Action Catholique et la condamnation romaine de 1927 amènent certains d’entre eux à emprunter une autre voie, plus démocratique, à l’image d’Isodore Méritan, avocat à Apt et homme d’œuvres leplaysien, député de Vaucluse entre 1919 et 1924 et président de la section départementale de la Fédération Nationale Catholique69.
16Au talent de la parole, certains avocats ont joint celui de la plume, acquérant une réputation de journaliste dans des organes de presse à grand tirage. Ils ont pour modèle le talentueux publiciste Charles Garnier, directeur de La Gazette du Midi à Marseille et fidèle serviteur de la cause des Bourbons puis des Orléans70. Ainsi, à Aix, l’avocat Joseph Nicot s’est mué en publiciste de combat, fondateur de La Semaine religieuse (1880) et de l’organe monarchiste La Provence nouvelle (1884)71. Son confrère du barreau d’Avignon Félix Digonnet a lui aussi embrassé une carrière d’écrivain et de polémiste à L’Union du Vaucluse puis au Courrier du Midi. Chaque semaine, il écrit un billet dans ces deux journaux conservateurs et défend ce qui lui tient à cœur : la religion et la monarchie mais également la question sociale et les richesses artistiques du vieil Avignon72. Il a appris le métier auprès d’un ancien condisciple du collège jésuite, Augustin Canron, devenu journaliste à La Gazette de Midi avant de se mettre au service de cette presse conservatrice d’Avignon. Resté fidèle à ses convictions politiques, lié à l’homme de lettres monarchiste vauclusien Armand de Pontmartin, il a été surtout honoré de l’amitié et de la protection du comte de Chambord puis récompensé de sa fidélité à Pie IX avec la décoration de Saint-Grégoire-le-Grand73. Car la fidélité est bien le mot qui résume l’existence de cet homme de presse : « Fidélité à ceux qui élevèrent sa jeunesse : notre ami ne cessa de vivre au milieu de ses maîtres vénérés que nous entourons tous d’une même affection ; il sollicita d’être affilié à leur sainte Compagnie ; il leur témoigna en toutes circonstances sa reconnaissance et son dévouement ; il était au milieu d’eux au jour de la persécution… Fidélité à ses amis… Fidélité à la mémoire de ses parents… Fidélité à sa terre natale… Fidélité à ses convictions politiques… Fidélité enfin et surtout à sa foi… »74. Telle est l’éloge funèbre que prononce son ami et condisciple François Seguin, imprimeur du Courrier du Midi, appartenant lui aussi à ce réseau de la presse conservatrice75. Sa famille l’incarne depuis 1736 sur la place d’Avignon. Son père François, ami de Frédéric Mistral, a soutenu l’installation du collège en 1850. Le fils a poursuivi le développement de l’imprimerie familiale, s’affichant comme un « homme de conviction, catholique et traditionaliste »76. Devenu directeur et propriétaire du Courrier du Midi, au service du comité conservateur local, François Seguin s’est lié d’amitié avec Félix Digonnet, son vieil ami de collège, au point que « Seguin et Digonnet marchent ensemble… Digonnet le polémiste, … Seguin le classique »77.
Les soldats du pape et du roi
17Autres réseaux de résistance politique dans lesquels se sont distingués certains anciens élèves du collège Saint-Joseph, ce sont ceux de l’engagement combattant et partisan. L’expérience combattante des zouaves pontificaux a fait de plusieurs anciens élèves de véritables héros au sein de l’Association. À Marseille, le négociant Octave Caune est toujours honoré en 1900 par le prestige du combat mené en faveur du pape78. À Grenoble en 1907, s’est éteint Maxime de Vanel de Lisleroy, lui aussi engagé comme zouave en 186979. À Valréas en 1912, est honorée la mémoire de Raoul de Renaud qui s’était enrôlé au service du Saint-Siège dès sa sortie du collège d’Avignon80. Parmi les anciens élèves engagés volontaires, il y a Justin Garnier, un fils de bonne famille catholique et royaliste de Brignoles81. C’est à Avignon qu’il fait la connaissance des deux frères Guy et Alexandre de Retz, venus du Var comme lui82. Comme l’a fait le second, trois ans plus tôt, il s’engage en février 1866 dans l’armée des zouaves pontificaux puis avec les Volontaires de l’Ouest en 1871. Son attachement à la couronne de France le conduit à Frohsdorf en 1883 pour les funérailles du comte de Chambord. À son retour dans le Var, il se marie, devient le beau-frère d’Emmanuel Laugier-Ravanas, reçoit en dot le grand domaine de la chartreuse de la Verne à Collobrières, s’investit dans le syndicalisme agricole et la défense des intérêts vinicoles. Devenu notable agrarien, Justin Garnier trouve dans un des fils de la famille Gavoty son successeur syndical. Ses funérailles au cimetière de Brignoles en 1910 sont l’occasion de réunir plusieurs des réseaux de cette Provence « blanche » : les anciens élèves du collège d’Avignon, les vétérans des zouaves pontificaux, les jurisconsultes et les notables agrariens83.
18Une fois qu’a cessé le volontariat militaire, se déploie une autre forme d’engagement autour de la structure partisane. Pour faire face à la bataille électorale, des organisations politiques ont en effet essaimé dans le paysage des droites françaises, témoignant de la diversité des courants qui les traversent. À l’échelle locale, les tentatives de structuration ont été nombreuses. Le Midi « blanc » s’affiche d’ailleurs comme une de ces terres où l’idée monarchiste est restée vivace et où des organisations se sont développées très tôt au XIXe siècle, perdurant parfois jusqu’au siècle suivant84. En Avignon et dans le Comtat, des personnalités d’ascendance noble s’efforcent donc de structurer le mouvement légitimiste après 184885. Un cercle politique en est issu à la fin du XIXe siècle. Cette « Union Vauclusienne » organise des conférences et présente régulièrement des candidats aux élections locales. En 1905, son bureau est animé par trois anciens élèves du collège Saint-Joseph : Guillaume du Laurens (président), Joseph Amic (vice-président) et Adrien Juvénal (trésorier)86. Des liens plus étroits sont tissés avec la nouvelle ligue d’Action Française. D’ailleurs, pour la Fête des Rois en janvier 1907, l’Union Vauclusienne accueille parmi ses membres Eugène Magne, ancien camarade du collège jésuite, qui a été pendant plusieurs années attaché au cabinet politique du duc d’Orléans ; elle abrite aussi les premières réunions du groupe avignonnais d’Action Française dont Joseph Amic est devenu le président87. Sa personnalité est au cœur d’un réseau d’amitiés politiques, renforcées par de solides alliances familiales. Ainsi, son ancien condisciple Joseph de Terris, issu d’une vieille famille avignonnaise, devenu avocat puis chargé d’affaires dans la célèbre usine d’absinthe du quartier de Montfavet, est également le beau-frère du patron, Joseph Pernod, lui aussi membre actif de l’Union Vauclusienne88. Cette conjonction de réseaux conduit à ce que des échos réguliers des activités de l’Union Vauclusienne et du groupe avignonnais d’Action Française soient relatés au sein du bulletin de l’Association à partir de 1912. La fidélité des anciens élèves du collège d’Avignon les plus engagés dans le soutien à l’organisation maurrassienne demeure dans le Midi « blanc » malgré la condamnation de Rome. Ainsi en 1933, Joseph Amic est toujours président de la fédération de Vaucluse, Régis d’Oléon assure cette même fonction pour celle de la « Vendée provençale » tandis que Paul Héran anime la section dynamique de Poussan dans l’Hérault89. L’engagement dans le combat politique, parfois violent, qu’il soit armé ou partisan, a donc mobilisé un certain nombre de recrues parmi les générations d’anciens élèves du collège. Il est le fruit direct de cette fraternité politique qui les unit depuis 1850.
Les temps de la fraternité
19Outre les solides réseaux familiaux et professionnels, la fraternité politique qui s’est nouée entre les anciens élèves du collège jésuite d’Avignon, s’est aussi construite à partir des outils classiques de la politisation caractérisant la vie d’une association, autour de ses réunions, de ses banquets et de ses fêtes.
Réunions annuelles et fêtes anniversaires
20Suivant les règlements de l’Association, l’assemblée générale de ses membres se tient dans les locaux du collège Saint-Joseph lors d’un dimanche d’octobre (article 12). Elle est suivie d’un banquet annuel. Ainsi, en octobre 1886, 250 anciens élèves ont répondu à l’invitation qui leur avait été adressée au début du mois pour assister à la réunion et au banquet annuel. 140 se sont excusés, témoignant de leur attachement à l’Association. Le 24 octobre, 110 se trouvaient ainsi réunis dans l’enceinte du collège. Après avoir assisté à la réunion au cours de laquelle il leur est présenté un bilan des activités de l’année (financière, nécrologique, …), les anciens élèves se retrouvent pour un repas « assaisonné de franche gaîté et de fraternelle cordialité »90. Lors d’une allocution au dessert, le président Cade exprime au supérieur du collège la nature de cette vieille amitié qui unit des générations différentes d’anciens élèves et qui puise sa source dans la reconnaissance aux maîtres jésuites. Ces deux sentiments d’amitié et de gratitude sont pour le président la garantie pour pérenniser l’Association91. Chaque année, le dernier dimanche d’octobre, une centaine d’anciens élèves se rassemble pour la réunion et le banquet annuel de l’Association, entretenant leurs liens d’amitié et se forgeant une mémoire collective. Malgré la disparition de Bienvenu Roux, le fondateur et de l’animateur de ces rencontres annuelles, leur succès ne se dément toujours pas entre les deux guerres. Une petite centaine d’anciens élèves, venus pour l’essentiel du Comtat et de Marseille, est toujours présente pour se remémorer les moments passés entre condisciples, rendre hommage aux disparus et se mobiliser contre les attaques de la République à l’appel de leur président Joseph Amic92. L’année suivante, plusieurs discours s’emploient à raviver les sentiments contre-révolutionnaires pour aiguiser la mobilisation contre le Cartel des Gauches93. Le 30 octobre 1932, ce sont de nouveau 115 couverts qui sont dressés pour le repas qui suit la réunion générale sous la présidence de Wulfran Jauffret94. Ils sont encore 120 à s’être réuni le dernier dimanche d’octobre 1938 et autant pour celui d’octobre 1946, au cours duquel est honorée la mémoire de leur président d’honneur Frédéric d’Oléon, décédé à 94 ans, un des derniers fondateurs de l’Association, resté fidèle jusqu’au bout à l’Action Française95.
21À ces occasions annuelles de se retrouver, les anciens élèves ont également celles, plus exceptionnelles, des fêtes qui célèbrent les grands anniversaires du collège. La première d’entre elles est celle du 25e anniversaire qui amène la première génération d’anciens élèves à célébrer l’événement et à pérenniser leurs retrouvailles par la création en 1875 d’une association puis d’un bulletin. Ces initiatives demeurent pour le cinquantième anniversaire. Elles ont su faire le lien entre plusieurs générations et fabriquer une vraie fraternité, fondée entre autres sur le partage de convictions politiques conservatrices et traditionnelles. Le 27 mai 1900, plus de quatre cents anciens élèves se pressent aux portes du collège d’Avignon, venus des quatre coins de la Provence. Certains ont du mal à se reconnaître devenus depuis avocats, magistrats, médecins, officiers ou propriétaires fonciers mais tous ont en commun l’idéal de défendre les idées religieuses et politiques de la France d’autrefois face à la République anticléricale96. Le 24 mai 1925, une fête semblable est organisée pour le soixante-quinzième anniversaire autour du président Joseph Amic et du père Antonin Eymieu, un jésuite de combat ; une plaquette spéciale avec photographies est publiée pour l’occasion97. Le centenaire de 1950 donne lieu à des festivités sur cinq jours (25-29 mai) avec la présence de l’archevêque. C’est l’occasion de remettre des décorations pontificales à certaines personnalités du collège encore en vie comme la médaille de Saint-Sylvestre ou Bene Merenti. Des télégrammes de félicitations du Saint-Père et du père général de la Compagnie sont spécialement envoyés pour l’occasion. Ils témoignent de la vitalité de l’œuvre. Le banquet réunit plus de trois cents anciens élèves. Dans son discours prononcé au moment du dessert, le président Lucien Bonnet ravive le souvenir de ses condisciples en rappelant les luttes et les difficultés du passé98. Ainsi demeure l’usage récurrent d’une mémoire combattante menée pour la défense de l’Église, même si les références explicites à une société monarchique ont désormais disparu. La République n’est plus haïe comme telle. Le chanoine Louis Ruy, ancien directeur du collège (1912) et professeur de philosophie, proche de Maurice Blondel, reçoit des mains de l’archevêque la croix de la Légion d’Honneur, au titre de l’Éducation Nationale. En dehors de ces fêtes anniversaires très ponctuelles qui réunissent la grande famille du collège jésuite d’Avignon, il est une tradition qui a été inaugurée et conservée par le groupe des anciens élèves installés à Marseille, celle du banquet du Reminiscere.
Banquets des Marseillais
22Sur le modèle des banquets politiques dont l’usage s’est répandu dans le camp républicain, les « blancs » ont eux aussi usé depuis longtemps de cette technique de politisation99. Les anciens du collège jésuite de Fribourg avaient inauguré cette pratique du banquet, dès 1852 à Lyon, pour consolider une fraternisation internationale et se remémorer le temps passé en exil100. Ces banquets du souvenir ont pris le nom de Reminiscere, “se souvenir” en latin, du premier mot de l’introït qui ouvre la messe du deuxième de dimanche de Carême. Si les réunions annuelles de l’Association rassemblent un grand nombre d’anciens élèves avignonnais et du Comtat, ceux installés à Marseille ont désiré poursuivre cette pratique du banquet qui avait été inaugurée avec les anciens Fribourgeois. Ainsi, au lendemain de la constitution de l’Association, le groupe des Marseillais a souhaité organiser une réunion fraternelle des anciens élèves, sans nuire à l’assemblée générale d’octobre101. Se tenant chaque dimanche du Reminiscere, elle est animée par son initiateur, Héliodore Garcin de Tassy, vice-président de l’Association. Appartenant à une famille de courtiers et négociants marseillais, neveu du célèbre orientaliste, ce fidèle du collège est l’âme des banquets du Reminiscere à Marseille. Héritier de convictions religieuses et politiques traditionnelles, il est descendant d’un des martyrs de Quiberon. Il s’est longtemps illustré à Marseille avec le service solennel commémoratif de Louis XVI102. Il est accompagné dans cette initiative par des figures du patriciat de la ville : l’avocat Emmanuel Laugier-Ravanas, l’armateur Edmond Puget et le notaire Charles Latil, homme d’œuvres et militant catholique103. Cette réunion annuelle prend un temps le nom de « banquet des Marseillais », considéré comme un vrai « rendez-vous de l’amitié »104. Le maître-mot en est « Amitié ! Union ! » comme le rappelle le président Garcin de Tassy lors du banquet de 1890, réunissant une cinquantaine de convives venus de Marseille mais aussi d’Aix et de Toulon105. Au cours du repas pris dans un restaurant réputé de la ville, des discours et des toasts sont prononcés par les organisateurs. L’un d’eux se dit « heureux de se grouper de temps en temps entre camarades, d’oublier quelques heures les occupations et les soucis de la vie ordinaire et de se consacrer tout entier au culte de l’amitié »106. Cette fraternité ravive également la mémoire des moments passés au collège et appelle à la mobilisation politique des participants. Le vin chauffe parfois les esprits. Le bâtonnier Marius Arnaud s’enflamme en 1907 contre les radicaux et les socialistes au pouvoir et emporte l’adhésion de la vingtaine de convives présents107.
23À cette date, une brève statistique des banquets depuis 1878 précise que la moyenne des membres présents au Reminiscere tourne autour de la quarantaine108. Le cinquantenaire de ce moment annuel de fraternité qui rassemble les anciens élèves marseillais, se déroule le 28 février 1926, à l’hôtel Victoria sur la plage du Prado, sous la présidence de l’avocat Wulfran Jauffret et en présence du président de l’Association Joseph Amic autour d’une quarantaine de convives109. L’occasion est donnée de faire mémoire des anciens disparus. À l’image d’Henri de Foresta, Charles de Roux et Bruno Rostand, les habitués animent joyeusement le repas par des chants, des poèmes et des souvenirs110. Cette fête du Reminiscere avec la messe et le banquet subsiste sans interruption au cours des années trente. Elle se renforce même en 1935 avec les anciens marseillais du groupe Monaco-Bollengo issu des collèges d’exil111. Malgré les restrictions de la guerre qui empêchent la tenue d’un banquet, les réunions regroupent environ 30 à 50 personnes112. Si l’appel à la mobilisation politique s’est quelque peu essoufflé, le culte du souvenir constitue le cœur de ces banquets. Ainsi, pour le Reminiscere de 1937, le fidèle Charles de Roux s’est attaché à écrire ses souvenirs de classe de quatrième en 1871 et se remémore les élèves avec lesquels il a noué une amitié indéfectible, exemple parfait d’une fraternité scolaire qui s’est construite autour des valeurs politiques conservatrices traditionnelles. Affecté dans la classe du père Gavoty, le jeune Charles de Roux rejoint une trentaine d’élèves dont huit seulement sont encore en vie, tous unis par une fidèle amitié. Parmi eux, se distinguent l’avocat Wulfran Jauffret, président des directeurs des caisses d’épargne des Bouches-des-Rhône, l’industriel phocéen Albert de Vries, l’officier avignonnais Maurice du Laurens d’Oiselay, l’ingénieur des Mines Georges Dax, un pur gardois, et le commerçant aixois Louis Dragon. Il se souvient également de ses amis de classe : l’avocat marseillais Charles Ranque, le félibre provençal de Maillane Joseph Daillan, le docteur d’Arles Constant-Martin-Raget, le négociant marseillais Bruno Rostand, l’officier de Carpentras Jacques Pansier, fils de l’avocat Louis Pansier, et le notable agrarien du Cheylard Raymond de Saléon113.
24Par conséquent, cinquante ans après le « contre-centenaire » de la Révolution tenu à Aix en 1889, les partisans de la fidélité à la monarchie ne sont plus guère nombreux comme tels en Provence mais ils demeurent héritiers d’une culture de combat politique acquise très tôt dans leur jeunesse, à l’heure où il fallait lutter et résister contre la République. Insérés le plus souvent dans de puissants réseaux familiaux et professionnels, ils ont souvent fait le choix d’un engagement radical au service de l’Église et du roi, les uns d’abord dans le combat politique du volontariat international ou de l’élection, les autres ensuite poursuivant ce combat dans la société civile avec le syndicalisme agricole, la presse et l’école. C’est là d’ailleurs, au sein de ces établissements scolaires catholiques, en particulier ceux de la Compagnie de Jésus, qu’ont été constituées de véritables pépinières d’où sont sorties les ronces les plus acérées et les plus vivaces contre la République. Grâce à un usage récurrent du sentiment de fraternité, unissant les élèves des collèges jésuites sur plus d’un siècle, depuis Fribourg jusqu’à Avignon mais aussi Lyon et Toulouse, la culture politique des « blancs » s’est donc largement diffusée et propagée au XIXe siècle, n’en finissant pas de mourir au siècle suivant. Appréhender la fraternité politique comme objet d’étude en soi apparaît donc comme un ressort essentiel dans la compréhension du processus de politisation. Blancs, bleus ou rouges, les engagements politiques s’appuient toujours sur des mécanismes d’histoire sociale et culturelle peu visibles au premier abord mais souvent essentiels dans la fabrication d’un acte de mobilisation.
Notes de bas de page
1 M. Agulhon, Les monuments du Centenaire dans le Var, dans Var, terre des républiques (1789-1989), Toulon, 1988, p. 199-203 ; S. Ammirati, La Marianne du Var, dans Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon et de sa région, 127, 2005, p. 225-241.
2 Compte-rendu et procès-verbaux des séances de l’Assemblée provinciale du Lyonnais, Forez et Beaujolais tenue à Lyon, les 3, 4 et 5 mai 1889 à l’occasion du centenaire de 1789, Lyon, 1890.
3 Compte-rendu de l’assemblée provinciale de Provence tenue à Aix les 11 et 12 mai 1889 à l’occasion du centenaire de 1789, Marseille, 1890.
4 S’y distinguent entre autres les représentants des familles nobles de Blacas, de Fonscolombe, de Raousset, de Ruffo-Bonneval, de Sabran-Pontevès, de Villeneuve-Bargemon mais également de farouches partisans de la monarchie à Marseille comme l’armateur Henry Bergasse ou l’avocat Just Guigou.
5 B. Dumons, « Blancs de Provence » : zouaves pontificaux et notables agrariens dans le Var (1870-1940), dans Provence historique, juillet-septembre 2006, 225, p. 281-302.
6 Bulletin de l’Association amicale des anciens élèves du collège Saint-Joseph d’Avignon, mai 1889, p. 184.
7 B. Dumons, Exils jésuites, réseaux romains et mémoires « blanches » : la naissance d’une fraternité politique au collège Saint-Michel de Fribourg en Suisse (1827-1847), dans Revue suisse d’histoire religieuse et culturelle, 2012, p. 57-70.
8 Nous remercions vivement Madame Anne-Marie Nitard et la direction du lycée Saint-Joseph d’Avignon de nous avoir autorisé l’accès des archives historiques de l’établissement. Merci également à Natalie Petiteau de nous avoir guidé dans la découverte du viel Avignon
9 B. Dumons, Les « blancs » du Var : des pratiques politiques inexplorées (1850-1930), dans Parlement(s). Revue d’histoire politique, 7 (numéro spécial), 2011, p. 29-41.
10 B. Dumons et H. Multon (dir.), « Blancs » et contre-révolutionnaires en Europe : espaces, réseaux, cultures et mémoires (fin XVIIIe-début XXe siècle), France-Italie-Espagne-Portugal, Rome, 2011.
11 Lettres de Fourvière, 1936, volume 2, p. 631-633 ; P. Delattre (dir.), Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles, Enghien-Wetteren, 1947, p. 479-497 ; P. Duclos (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, tome 1, Paris, 1985.
12 Le collège des jésuites. Avignon (1565-1950) : centenaire du collège Saint-Joseph, Avignon, s. e., 1950, p. 41 et s.
13 Archives privées du lycée Saint-Joseph d’Avignon (APLSJA) : Liste des anciens élèves du collège Saint-Joseph (1849-1883), Avignon, Seguin, 1883.
14 Les Bouches-du-Rhône : dictionnaire, annuaire et album, Paris, 1901 ; Vaucluse : dictionnaire, annuaire et album, Paris, s. d. ; Ardèche et Drôme : dictionnaire biographique illustré, Paris, 1912 ; Tout-Marseille, annuaire de la société marseillaise suivi du Tout-Aix, 1911 et 1936 ; Tout-Montpellier, Cette, Béziers : annuaire des salons et villégiatures, 1912 ; B. Dumons, Les « beaux quartiers » de la noblesse à Marseille et à Nice à la Belle Époque, dans Provence historique, avril-mai 2004, p. 175-194.
15 Autrefois. Aujourd’hui, 2e semestre 1940, p. 1-61 : 34 avocats, 34 notaires, 12 avoués, 66 médecins, 27 ingénieurs, 44 officiers de terre, 6 officiers de marine, 6 officiers de l’air, 36 ecclésiastiques, 8 pharmaciens, 5 professeurs.
16 Bulletin de l’Association…, mars 1877, p. 4.
17 Le Petit Vauclusien, 27 janvier 1882.
18 Bulletin de l’Association amicale des anciens élèves du collège Saint-Joseph d’Avignon, janvier 1913, p. 140-146.
19 Bulletin de l’Association…, mars 1903, p. 85-90.
20 Bulletin de l’Association…, juin 1897, p. 117-129.
21 Ibid., p. 134 et 136.
22 P. Goutinard, Trois théoriciens du légitimisme vauclusien de 1836 à 1893 : Armand de Pontmartin, Léopold de Gaillard et Gustave de Bernardi, thèse de doctorat 3e cycle, Université d’Aix-Marseille I, 1977.
23 Ardèche et Drôme : dictionnaire biographique illustré… cit., p. 1052-1056.
24 Bulletin de l’Association…, avril-juillet 1916, p. 347-348.
25 Bulletin de l’Association…, décembre 1900, p. 31.
26 Bulletin de l’Association…, novembre 1923-avril 1924, p. 158 ; Autrefois. Aujourd’hui, juillet-octobre 1928, p. 228-232.
27 G. Gaudin, Chez les Blancs du Midi : du légitimisme à l’Action Française, dans Études maurrassiennes, 1972, p. 59-70 ; G. Gaudin, L’Action Française en Provence, dans M. Leymarie et J. Prévotat (dir.), L’Action Française : culture, société, politique, Villeneuve d’Ascq, 2008, p. 257-266.
28 Almanach d’Action Française, 1933, p. 266.
29 Collège Saint-Joseph d’Avignon, annuaire 1933-1934, p. 4 ; Autrefois. Aujourd’hui, 1er trimestre 1946, p. 11-12.
30 Autrefois. Aujourd’hui, 4ème trimestre 1946, p. 5-6.
31 Bulletin de l’Association…, octobre 1910, p. 432-433.
32 Bulletin de l’Association…, décembre 1898, p. 58-74.
33 R. Caty, P. Échinard, É. Richard, Les patrons du Second Empire, tome 5, Paris, 1999 ; Dictionnaire des marseillais, Marseille, 2001, p. 117 ; L. Américi et X. Daumalin, Les dynasties marseillaises de la Révolution à nos jours, Paris, 2010, p. 350.
34 Bulletin de l’Association…, décembre 1900, p. 23-28.
35 Bulletin de l’Association…, octobre 1921-juin 1922 p. 5-13.
36 Bulletin de l’Association…, janvier 1911, p. 66-67.
37 Sur Scipion du Roure : Bulletin de l’Association…, octobre 1924-mars 1925, p. 52 ; L. d’Albiousse, Les fiefs nobles du château ducal d’Uzès, Uzès, 1906 ; F. Benoît d’Entre-vaux, Armorial du Vivarais, Privas, 1908 ; J. Villain, La France moderne : dictionnaire généalogique, historique et biographique, vol. 2, Drôme et Ardèche, Saint-Étienne, 1908.
38 Scipion du Roure, Les anciennes familles de Provence, 23 volumes, Paris, 1906- 1907.
39 L. Rostaing, La Famille de Montgolfier : ses alliances, ses descendants, Lyon, 1910.
40 Bulletin de l’Association…, décembre 1900, p. 32-34.
41 Liste des anciens élèves du collège Saint-Joseph (1849-1883)… cit., p. 98-101.
42 Président de l’Union Vauclusienne, il meurt noyé en secourant son domestique tombé dans les eaux du Rhône en décembre 1910 : Bulletin de l’Association…, janvier 1911, p. 35-42.
43 Liste des anciens élèves du collège Saint-Joseph (1849-1883)… cit., p. 68-71.
44 Bulletin de l’Association…, mars 1907, p. 94.
45 Bulletin de l’Association…, juin 1906, p. 514.
46 Autrefois. Aujourd’hui, 2e semestre 1940, p. 4.
47 L. Américi et X. Daumalin, Les dynasties marseillaises de la Révolution à nos jours… cit.
48 Bulletin de l’Association…, décembre 1896, p. 46.
49 Bulletin de l’Association…, décembre 1900, p. 32.
50 Bulletin de l’Association…, mars 1907, p. 87.
51 Bulletin de l’Association…, septembre 1895, p. 245 et décembre 1895, p. 297-299.
52 B. Dumons, Les Dames de la Ligue des femmes françaises (1901-1914), Paris, 2006, p. 371 et 417.
53 Bulletin de l’Association…, mars 1898, p. 291-292.
54 Bulletin de l’Association…, décembre 1897, p. 220-225 et mars 1898, p. 292-294.
55 Bulletin de l’Association…, novembre 1922-avril 1923, p. 40-44.
56 Bulletin de l’Association…, avril 1911, p. 108-111 ; juillet 1913, p. 252-255.
57 Bulletin de l’Association…, août 1920-septembre 1921, p. 34.
58 Bulletin de l’Association…, octobre 1927-juin 1928, p. 169-170.
59 Bulletin de l’Association…, octobre 1924-mars 1925, p. 37-41 ; novembre 1925- avril 1926, p. 192-194 ; Cl. Mesliand, Le syndicat agricole vauclusien, dans Le Mouvement Social, avril-juin 1969, 67, p. 39-60 ; Cl. Mesliand, Paysans du Vaucluse (1860-1939), Aix-en-Provence, 1989.
60 Bulletin de l’Association…, juin 1895, p. 175 ; mars 1898, p. 288-291 ; B. Dumons, « Blancs de Provence » : zouaves pontificaux… cit., p. 295-296.
61 Bulletin de l’Association…, mars 1905, p. 119 ; B. Dumons, Réseaux identitaires et élites agrariennes : les administrateurs de l’Union du Sud-Est des Syndicats agricoles (1888-1940), dans P. Cornu et J.-L. Mayaud (dir.), Au nom de la terre : agrarisme et agrariens en France et en Europe du XIXe siècle à nos jours, Paris, 2007, p. 235-255.
62 Sur ce milieu des jurisconsultes catholiques : C. Fillon, La Revue Catholique des Institutions et du Droit : le combat contre-révolutionnaire d’une société de gens de robe (1873-1906), dans H. Leuwers (dir.), Élites et sociabilité au XIXe siècle, Lille, 2001, p. 199-218 ; F. Audren, Les mondes leplaysiens du droit (1856-1914), dans Les Études sociales, 2002, 135-136, p. 175-213 ; F. Audren, La Belle époque des juristes catholiques (1870-1914), dans Revue française d’histoire des idées politiques, 28, 2008, p. 233-271 ; B. Dumons, Jurisconsultes et professeurs de droit à l’Université Catholique de Lyon. Réseaux sociaux et cultures politiques (1870-1940), dans J.-Ch. Gaven et F. Audren (dir.), Les facultés de droit de province aux XIXe et XXe siècles, tome 3, Toulouse, 2011, p. 43-58.
63 Vaucluse : dictionnaire, annuaire et album… cit., p. 664.
64 Bulletin de l’Association…, décembre 1905, p. 331-334.
65 Bulletin de l’Association…, avril 1911, p. 100-108.
66 Bulletin de l’Association…, décembre 1905, p. 339-340. La faculté libre de droit de Marseille est fondée en 1881 près de la gare Saint-Charles : documents issus de la série F 17 des Archives nationales, aimablement communiqués par Catherine Fillon.
67 Son fils l’imitera jusqu’à user de son nom et de sa profession : Autrefois. Aujourd’hui, 1er trimestre 1943, p. 61-62.
68 Autrefois. Aujourd’hui, octobre 1932-février 1933, p. 346-347.
69 Bulletin de l’Association…, octobre 1928-juillet 1929, p. 257-263.
70 Bulletin de l’Association…, mars 1899, p. 144-147 ; G. Gaudin, La Gazette du Midi de 1870 à 1883 : étude d’un journal royaliste au début de la Troisième République, DES, Université d’Aix-en-Provence, 1957. Charles Garnier a aussi été l’ancien directeur de La Décentralisation, journal légitimiste lyonnais fondé en 1868 par Gabriel de Saint Victor.
71 Bulletin de l’Association…, janvier 1911, p. 42-50.
72 Bulletin de l’Association…, octobre 1930-mars 1931, p. 173-176.
73 Bulletin de l’Association…, décembre 1888, p. 67-69 ; P. Gourinard, Trois théoriciens du légitimisme vauclusien de 1836 à 1893 : Armand de Pontmartin, Léopold de Gaillard et Gustave de Bernardi, thèse de 3ème cycle, Université Aix-Marseille I, 1977.
74 Ibid., p. 61-70.
75 Vaucluse : dictionnaire, annuaire et album… cit., p. 657.
76 Bulletin de l’Association…, octobre 1930-mars 1931, p. 176-180.
77 Ibid., p. 179.
78 Bulletin de l’Association…, mars 1900, p. 351-353.
79 J. Villain, La France moderne…, vol. 2, Drôme et Ardèche… cit., p. 942.
80 Bulletin de l’Association…, juillet 1912, p. 387-388.
81 L. Clapier, Les Zouaves pontificaux du Var : le Comte Alexandre de Retz et les douze autres zouaves pontificaux à Rome et en France, Le Beausset, 1912, p. 390 et s. ; B. Dumons, « Blancs de Provence » : zouaves pontificaux… cit., p. 289-290.
82 Ibid., p. 167 et s. ; Bulletin de l’Association…, juillet 1910, p. 371-372. Alexandre de Retz meurt héroïquement à Mentana en 1867.
83 Le Journal de Brignoles, 17 avril 1910 ; Bulletin de l’Association…, avril 1910, p. 315-316. Sa sépulture mentionne toujours sa titulature, rappelant qu’il a été à la fois soldat du pape et soldat de la France.
84 G. Gaudin, Le royalisme dans les Bouches-du-Rhône (1876-1927), de la fidélité à l’idéologie : contribution à l’étude des Blancs du Midi, thèse de doctorat d’État, Université Aix-Marseille I, 1978 ; B. Fitzpatrick, Catholic Royalism in the Department of the Gard (1814-1852), Cambridge, 1983 ; M. Vovelle, Midi rouge et Midi blanc : une problématique, dans Provence historique, avril-juin 1987, 148, p. 337-347 ; Ph. Secondy, La persistance du Midi blanc : l’Hérault (1789-1962), Perpignan, 2006 ; B. Rulof, Wine, friends and royalist popular politics : legitimist associations in mid-nineteenth-century France, dans French History, 23 (3), 2009, p. 360-382 ; P. Triomphe, Au nom de Dieu, du Roi et de tous les miens : imaginaire, sociabilité et expressions politiques des classes populaires royalistes dans la France méridionale (1800-1851), dans Annales du Midi, 274, 2011, p. 194-212 ; P. Triomphe, S’insurger ou convaincre : la contribution des sociétés secrètes royalistes à la politisation du Midi de la France (1799-1832), dans Parlements, octobre 2011, p. 15-28.
85 J. Barmoin, Le parti légitimiste en Vaucluse (1830-1883), Montpellier, 1950 ; P. Gourinard, Fidélité et clientèles dans le monde ultra et légitimiste du Gard et du Vaucluse (1814-1883), dans Fidélités, solidarités et clientèles, Nantes, 1985 (Enquêtes et Documents, 11), p. 227-238.
86 Bulletin de l’Association…, mars 1905, p. 134.
87 Bulletin de l’Association…, mars 1907, p. 116-119.
88 Bulletin de l’Association…, juillet 1911, p. 158 ; juillet 1913, p. 246-252.
89 Almanach de l’Action Française, 1933, p. 238, 247, 266. Sur le militant royaliste Paul Héran : Autrefois. Aujourd’hui, 1er trimestre 1940, p. 46-47.
90 Bulletin de l’Association…, décembre 1886, p. 8.
91 Ibid., p. 9-10.
92 Bulletin de l’Association…, octobre 1923-avril 1924, p. 139-150.
93 Bulletin de l’Association…, octobre 1924-mars 1925, p. 16-20.
94 Autrefois. Aujourd’hui, octobre 1932-février 1933, p. 343-345.
95 Autrefois. Aujourd’hui, 1938, p. 31-33 ; 1er trimestre 1946, p. 37-40 ; 4e trimestre 1946, p. 4.
96 Bulletin de l’Association…, juin 1900, p. 393-430.
97 Bulletin de l’Association…, octobre 1924-juin 1925, p. 3 et s. ; École libre Saint-Joseph, Avignon (1850-1925) : souvenir du 75ème anniversaire, Avignon, 1925.
98 Centenaire du collège Saint-Joseph (1850-1950), Avignon, s. e., 1950, p. 9. Un ouvrage retraçant l’histoire de l’établissement est publié pour l’occasion : Le collège des jésuites, Avignon (1565-1950) : centenaire du collège Saint-Joseph… cit.
99 V. Robert, Le temps des banquets : politique et symbolique d’une génération (1818- 1848), Paris, 2010.
100 B. Dumons, Exils jésuites, réseaux romains et mémoires « blanches »… cit.
101 Bulletin de l’Association…, mars 1880, p. 31-34.
102 Bulletin de l’Association…, avril 1911, p. 95-100.
103 Charles Latil est décoré de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand : Bulletin de l’Association…, octobre 1928-juillet 1929, p. 255-256.
104 Bulletin de l’Association…, mars 1889, p. 91.
105 Bulletin de l’Association…, mars 1890, p. 317.
106 Bulletin de l’Association…, mars 1890, p. 99.
107 Bulletin de l’Association…, mars 1907, p. 69. Parmi les fidèles du Reminiscere : Jules-Joseph du Chauffaut, avocat à Marseille, fils du sénateur conservateur des Basses-Alpes.
108 Ibid., p. 70-71.
109 Autrefois. Aujourd’hui, novembre 1925- avril 1926, p. 171-177.
110 Bruno Rostand appartient à la célèbre dynastie marseillaise de négoce : Autrefois. Aujourd’hui, octobre 1931-mai 1932, p. 280-281.
111 Autrefois. Aujourd’hui, juillet 1935, p. 68-70 ; P. Cabanel, De l’expulsion à l’exil : le collège de Bollengo (1907-1919), dans É. Fouilloux et B. Hours (dir.), Les Jésuites à Lyon (XVIe-XXe siècle), Lyon, 2005, p. 145-160.
112 Autrefois. Aujourd’hui, Pâques 1942, p. 48-49 ; Autrefois. Aujourd’hui, 1er trimestre 1943, p. 53-55.
113 Autrefois. Aujourd’hui, janvier 1937, p. 1-15. Raymond de Saléon est le neveu d’Alexandre de Lamothe, polémiste antiprotestant : Bulletin de l’Association…, décembre 1897, p. 231 ; B. Dumons, À propos de la « légende noire » des Camisards. Itinéraires et réseaux de polémistes catholiques du « Midi blanc » (1870-1914), dans P. Cabanel et Ph. Joutard (dir.), Les Camisards et leur mémoire (1702-2002), Montpellier, 2002, p. 185-200.
Auteur
CNRS, LARHRA-ISH (Lyon, France)
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