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Rome, archéologie et histoire urbaine : trente ans après l’Urbs (1987)

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Cyril Courrier
, 
Jean-Pierre Guilhembet
, 
Nicolas Laubry
, 
et al.

Première partie – Sources et méthodes

Sources et méthodes

Texte intégral

1D’une manière clairement différente par rapport à L’Urbs 1987, le premier ensemble de sept contributions propose une série de bilans sur les sources et les méthodes. C’est là une façon sans doute un peu académique d’entrer en matière mais qui nous est apparue à la fois comme une évidence et une nécessité. À Rome, en termes de sources relatives à la topographie ou à l’histoire urbaine, tout est fragmentaire et tout est foisonnant. La mise en regard, le recoupement des différents indices ou traces sont, depuis l’époque des antiquaires, des gestes rudimentaires et presque intuitifs qui tendent d’abord à l’identification et à la nomination des édifices ou des lieux avant même de déboucher sur la compréhension des espaces. Cette démarche, rarement naïve, fut généralement animée d’une forme de critique. La forme la plus achevée, et celle sans doute la plus féconde, est l’approche « philologico-topographique » dont F. Coarelli reste le maître inégalé. D’une manière ou d’une autre, elle forme le socle ou, mieux, un point de référence commun des différentes contributions de cette première partie, qu’elles portent sur les textes littéraires (D. Palombi), sur les inscriptions (G.L. Gregori – S. Orlandi), sur l’archéologie (A. D’Alessio ; A. De Cristofaro) – qu’elle saisisse les monuments ou les lieux par une approche stratigraphique ou nourrie par l’iconologie – ou encore sur les représentations graphiques anciennes, en particulier de la Renaissance (P. Liverani). Dans le même temps et sur des modes différents, toutes tendent à souligner la diversité des régimes documentaires, qui sont une évidence dont il ne faut pas simplement prendre acte mais aussi prendre toute la mesure.

2Évoquées à plusieurs reprises, les discussions parfois vives autour du « concordisme » qui, pour les périodes anciennes de l’histoire de la Ville, force la correspondance entre observations archéologiques et événements transmis par des sources écrites, cristallisent et mettent à nu plus particulièrement des tendances implicites – parfois des dérives – qui sont au cœur de l’approche philologico-topographique : celle-ci est à l’occasion tombée dans l’illusion d’une coïncidence parfaite entre des vestiges et des discours qui les évoquent, les interprètent, les investissent même plus souvent qu’ils ne les décrivent. Inversement, l’une des leçons, bien connue, est la réaffirmation selon laquelle la prise en compte des contextes ne se limite pas au terrain et que, sans sombrer dans une vision hypercritique ou révisionniste, c’est à ce prix que nos connaissances peuvent s’affiner et s’enrichir. C’est ce que montre également en un sens le bilan sur la Forma Vrbis (F. de Caprariis), qui ne pouvait certes pas manquer dans une entreprise comme la nôtre : en dépit de son statut documentaire encore ambigu et discuté, son potentiel dans ce domaine demeure important. Il en va de même, sans nul doute, pour l’apport des humanités numériques et en particulier de la technologie de la réalité augmentée (P. Fleury – S. Madeleine) : la restitution virtuelle de la ville de Rome en trois dimensions, produit d’un patient travail de collation critique des différentes hypothèses de localisation et de reconstitution, s’avère un outil inédit pour les mettre à l’épreuve.

© Publications de l’École française de Rome, 2022

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