Rome, archéologie et histoire urbaine : trente ans après l’Urbs (1987)
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Préambule : Trente ans après
Texte intégral
1Déjà auteur – est-il besoin de le rappeler – de la préface à la nouvelle édition de L’Urbs dans la collection des « Classiques » de l’École française de Rome, M. Royo, qui avait assisté au colloque de 1985, suit à la trace, pour ainsi dire, les changements d’orientation de la recherche, tout d’abord à travers les glissements lexicaux : de l’architecture ou de l’urbanisme à la mise en rapport de l’espace urbain et de l’histoire, pour aboutir au couple actuel, archéologie et histoire urbaine. Progressivement, chacun de ces termes connaît un nouvel avatar : le territoire donne du sens à l’espace ; le monument, patrimonialisé dans un splendide isolement, est incorporé à un complexe monumental, puis intégré à un parcours monumental qui procure un véritable texte urbain ; l’archéologie dans la ville (et non plus seulement de la ville) fédère, en un processus complet, mais souvent sous le coup d’injonctions contradictoires, la fouille, la conservation (qui implique néanmoins la transformation) et la valorisation.
2Disciple de F. Castagnoli mais rétive à tout encensement commémoratif d’un maître peu enclin à de prolixes discours de la méthode, M.P. Muzzioli nous introduit au cœur de ce que l’on pourrait nommer la « méthode Castagnoli ». Elle s’appuie sur une enquête menée, pour ainsi dire, au ras des fiches élaborées, en ces temps pré-informatiques, au service des grands outils de travail (Fontes, bibliographie du BCAR, aggiornamento du Platner-Ashby et de la FUR de Lanciani…) : l’organisation concrète du travail conditionne (et, rétrospectivement, éclaire) les acquis et les méthodes de ces entreprises éditoriales majeures. L’atelier de topographie romaine, quasi artisanal, de F. Castagnoli, est d’abord et avant tout rassemblement systématique, philologique et critique, des données de toute nature, avant d’espérer en proposer une stratigraphie rigoureuse, contextualisée, qui ne se cantonne point à l’Antiquité, mais s’inscrive, tout au contraire et avec lucidité, dans la très longue durée de l’Vrbs et de l’interminable chaîne de sa « storia degli studi », à partir de l’Humanisme.
© Publications de l’École française de Rome, 2022