Introduction

1Avec l’affirmation des États-nations, au cours du XIX^e siècle, le passé médiéval a été l’objet de nombreuses réutilisations politiques : les discours des historiens cherchaient dans cette période les origines des nations européennes et leurs spécificités mais également l’apparition, en leur sein, de classes sociales, celle de la bourgeoisie opposée à la noblesse. Or ces dynamiques sont déjà très présentes dans la pensée du XVIII^e siècle jusqu’au tournant des Lumières. Les réflexions historiques s’intéressent aux spécificités des caractères nationaux des peuples en réutilisant l’histoire médiévale dans une perspective politique. Ce sont ces problématiques que notre session se propose d’étudier à diverses échelles, en France et en Italie, dans une approche diachronique et comparative. Montesquieu identifie l’origine des caractères singuliers du peuple français dans l’esprit des Francs, peuple qui a réussi à préserver, au cours des siècle, l’esprit germanique, dont la caractéristique particulière est la liberté. Ce modèle général sera confronté à l’écriture locale de l’histoire dans les villes françaises au XVIII^e siècle. Ces historiens se servent des héritages médiévaux, des problématiques liées aux débats sur les origines « barbares » ou romaines des peuples, pour construire une identité bourgeoise dans un contexte d’affirmation politique des villes au sein du Royaume de France. Sismondi clôturera notre étude. Au tournant des Lumières, il hérite de cette pensée historique et la réadapte à l’Italie. Le caractère italien est né des conséquences des invasions barbares, il s’affirme au sein d’un monde urbain indépendant, mais ce caractère est pluriel, il s’adapte aux contextes locaux, et contrairement à l’idée de Montesquieu, il évolue avec le temps et les gouvernements.