1Jusqu’à la Révolution, l’église Saint-Maurice d’Annecy était placée sous le vocable de Saint-Dominique. Cette église du XV^e siècle, implantée à l’intérieur des murailles de la ville, faisait partie d’un ensemble conventuel dominicain aujourd’hui disparu. L’église est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1956 et elle tient une place de premier plan dans le patrimoine historique de la ville, puisqu’il s’agit du plus ancien bâtiment religieux encore en élévation à Annecy. L’église présente un plan assez classique : elle est orientée, avec un chevet très allongé de trois travées bâti sur un canal (le canal Saint-Dominique), terminé par une abside polygonale. La nef de quatre travées s’ouvre par des arcs formerets sur les bas-côtés nord et sud. Un clocher, accolé au nord du chevet, est épaulé à l’ouest par l’escalier médiéval et par une sacristie contemporaine. L’ancien couvent, quant à lui, se développait au nord-est de l’église, sur la rive droite du canal. Réquisitionné à la Révolution, il a servi de haras national puis de caserne avant d’être détruit au XX^e siècle pour laisser la place à des immeubles d’habitation.

2Entre 2014 et 2015, Saint-Maurice d’Annecy a été l’objet d’une importante campagne de restauration, tant intérieure qu’extérieure. Celle-ci était devenue nécessaire suite aux dégradations dues, entre autres, aux infiltrations d’eau depuis le canal sur lequel elle est bâtie, mais également suite au séisme qui a touché la région en 1996. L’architecte responsable des travaux a notamment décidé de décaisser les sols de l’abside et des deux travées droites la précédant, surélevés depuis les années 1950/1960, afin de les mettre à niveau avec le reste de la nef. Ceci a permis, sous surveillance archéologique, de mettre au jour les fondations de plusieurs structures, notamment celles du jubé et de caveaux médiévaux, ainsi qu’un autel et une barrière liturgique du XIX^e siècle. Cette surveillance a été complétée par une étude des élévations en relation avec le chœur (fig. 1).

Fig. 1 – Vue générale des fouilles du chevet de Saint-Maurice d’Annecy

Les sources textuelles : un état des lieux

3Si la charte de fondation originale a été perdue, on en connaît le texte grâce à des copies du XVIII^e siècle1. Par la volonté du pape nouvellement élu, Martin V, et sur une avance de fonds du cardinal Jean Allarmet de Brogny, l’édification du couvent fut entreprise à partir de 1422. Par manque d’argent, le chantier fut considérablement ralenti à partir de la mort du cardinal survenue à Rome le 15 février 1426, sans que le prélat n’eût pu revenir à Annecy. Toutefois, il n’oublia pas les Dominicains d’Annecy dans son testament, par lequel il légua une somme importante pour finir la construction de leur couvent2. Cependant, les biens du cardinal n’étaient pas à la mesure de sa prodigalité, et les frères ne reçurent finalement que mille florins, un calice et quelques ornements. Dès lors, la construction se poursuivit en dents de scie, avec tout de même deux legs exceptionnels, octroyés pour l’un par François de Gressy en 14273, lequel ordonna la construction d’une chapelle dans l’église, et, pour l’autre, par Henri de Menthon, en 1437, « pour la réparation de l’église des Dominicains4 ».

4L’église à nef unique fut consacrée sans voûte le 14 septembre 1445 en présence du duc de Savoie et de sa cour5. La construction des voûtes ainsi que de toutes les chapelles latérales fut mise en œuvre plus lentement, grâce aux dons de laïcs.

5L’entreprise de construction, sévèrement ralentie par le manque de financement, fut l’objet d’un regain d’intérêt dans la seconde moitié du XV^e siècle, et la générosité de divers bienfaiteurs permit l’agrandissement, l’embellissement et l’achèvement de l’église. Janus de Savoie, comte du Genevois et Baron du Faucigny, et son épouse Hélène du Luxembourg délaissèrent peu à peu Genève pour résider principalement à Annecy. Après avoir confirmé les privilèges de nombreux monastères dans la région, ils s’intéressèrent aux Dominicains qui venaient tout juste de s’implanter à Annecy. Par acte solennel du 23 mai 1478, ils érigèrent dans leur église une chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Pitié et de Saint-Michel6. Cette dernière est en réalité légèrement antérieure, puisque l’acte décrit cette chapelle comme étant « construite et érigée depuis peu ». Hélène y fut inhumée en 1488, suivie par Janus en 1491. Par son testament du 17 décembre 15267, leur fille Louise émit le souhait d’être enterrée « dans l’église du couvent de Saint-Dominique, au tombeau de mes parents », érigeant ainsi la chapelle en lieu de sépulture privilégié de la famille des Luxembourg-Martigues. D’autres représentants de l’aristocratie firent preuve de prodigalité envers les Dominicains en faisant bâtir dans leur église des chapelles privées. Les dons de chaque famille sont matérialisés par la présence de leurs armoiries respectives aux clefs des voûtes et aux naissances des nervures. Dans l’ensemble du chevet, il semble que le plafond ait été remplacé par un voûtement grâce à la générosité du duc Charles I^er de Savoie et de sa femme Blanche de Montferrat, comme l’attestent des armoiries à la clé de voûte de la première travée. Par ailleurs, les voûtes de la nef furent réalisées grâce à une donation conséquente en 1491 du notable Jean Magnin de Cruseilles, bourgeois d’Annecy et Maître en la chambre des comptes du Genevois. Par son testament du 8 juin 1493, il demande que ses armes soient apposées à toutes les retombées de voûte afin que l’on n’oublie pas son geste et que sa mémoire soit rappelée, et il fait des Dominicains d’Annecy ses légataires universels8.

6L’édification du bâtiment fut achevée grâce aux dons de la population et des corporations. Les preuves de l’implication de ces dernières sont encore bien visibles, sous forme d’écus apposés sur les voûtes des chapelles. On y reconnait ainsi la hache des cordonniers et le ciseau des tailleurs. Des actions collectives vinrent parachever l’église des Prêcheurs, comme en 1554, lorsque la population fit des dons et aumônes en grande quantité pour l’installation de l’orgue sur le jubé9. La construction du bas-côté nord marque, après plus de quatre-vingt-dix ans, l’achèvement de la construction de Saint-Dominique, aux alentours de 1507 (fig. 2).

Fig. 2 – Saint-Maurice d’Annecy, plan de l’église avec structures mises au jour pendant la fouille et emplacement des chapelles latérales

Description archéologique du chevet

7L’église Saint-Maurice présente une abside polygonale à cinq pans coupés, prolongée à l’ouest par deux travées droites. On distingue ainsi le sanctuaire, dans l’abside, du chœur des frères qui occupait, comme on le verra, les deux travées à l’ouest du sanctuaire. Les travées, délimitées par les retombées des ogives et par les arcs doubleaux les séparant, sont de forme barlongue, larges d’environ 13,30 m pour des longueurs variables : 8,70 m pour la première travée, à l’ouest, et 7,70 m pour la seconde. L’abside présente une largeur similaire de 13,35 m, mais s’étend jusqu’à son pan le plus oriental sur une distance de 10,50 m. Ses pans nord et sud sont longs de 6 m, les trois autres, plus petits, mesurent 4,90 m. Les dimensions en plan du chevet sont donc approximativement de 27 × 13,30 m. Le chœur architectural n’est en fait qu’un prolongement de la nef. En effet, hormis l’absence de chapelle à ce niveau de l’édifice, aucun élément structurel n’indique de séparation distincte entre les travées du chœur et celles de la nef. À l’inverse, l’abside se distingue clairement du chœur architectural par l’arc doubleau montant de fond, unique exemple dans l’église.

8L’élévation du chevet présente un étage simple d’une hauteur de 14 m en moyenne, la seconde travée étant légèrement moins haute. Seul un cordon vient rythmer les cinq pans intérieurs de l’abside, la scindant fictivement en deux espaces superposés.

9L’abside est couverte par une voûte sexpartite. Elle est délimitée par l’arc doubleau transversal en ogive surbaissée qui la sépare de la deuxième travée du chœur architectural. Toutes les retombées d’ogives de l’abside reposent directement au sol, sur des bases polygonales. Chacune des deux travées du chœur est couverte par une voûte d’ogives quadripartite. La différence notable avec l’abside tient aux supports. Les retombées d’ogives et de doubleaux reposent non plus sur des bases au sol, mais sur des culs-de-lampe en hauteur, permettant ainsi de distinguer l’abside du chœur architectural. Ces culs-de-lampe, particulièrement travaillés, représentent des angelots. Au nombre de trois de chaque côté, ils portent les insignes cardinalices (le chapeau au nord, la mitre au sud) et les armoiries du cardinal de Brogny. Sans entrer dans le détail de ces sculptures, il est toutefois intéressant ici de noter que les historiens de l’art ont relevé une influence française, et non bourguignonne ou méridionale10 (fig. 3). Une des particularités de l’église repose sur la présence d’une grande quantité d’armoiries dans son ornementation. Celles-ci prennent place au centre des clefs de voûte, mais aussi à la naissance de chaque branche d’ogive. Le blason de Jean Magnin de Cruseilles est le plus représenté. Il orne toutes les ogives du chevet, et les clefs de voûte des deux premières travées de celui-ci. Par ailleurs, la clef de voûte de l’abside porte l’unique écu des Savoie-Montferrat présent dans cet édifice.

Fig. 3 – Saint-Maurice d’Annecy : culs-de-lampe aux armes du cardinal de Brogny

10La poussée exercée par le voûtement intérieur a causé des désordres visibles dans l’élévation. En effet, les murs-porteurs subissent une compression repoussant leurs faîtes vers l’extérieur et créant une asymétrie globale du chevet. De puissants contreforts tentent d’absorber et de limiter cette déformation.

11Le chevet est percé par sept baies qui le rendent très lumineux. La première travée du chœur est ouverte par une baie au nord comme au sud, tandis que la seconde n’est éclairée qu’au sud. Seul le pan nord de l’abside est dépourvu de fenêtre. Trois portes sont ménagées dans le mur nord du chevet : deux dans la seconde travée du chœur, la dernière dans le pan le plus septentrional de l’abside. Enfin, trois ouvertures sont ménagées dans le pan nord de la deuxième travée du chevet. Il s’agit de simples rectangles élancés, très simples, qui éclairent l’escalier du clocher. La plus haute présente un léger décalage et des dimensions moindres que les deux autres.

12À l’exception des parties basses de l’abside, tous les murs sont recouverts d’un enduit rose. Sur le parement nord du gouttereau sud, une partie de celui-ci est tombée, ce qui permet de voir qu’il a été appliqué en deux couches après piquetage des parois pour une meilleure adhérence. En 2015, des sondages ont été effectués par des restaurateurs, permettant d’affirmer que sous cet enduit, le chœur et l’abside étaient entièrement peints dans leurs parties hautes. Certains de ces sondages laissent en effet deviner la présence de petites croix rouges sur fond blanc cassé. D’autre part, le parement intérieur du gouttereau nord est décoré d’une imposante peinture murale s’étendant sur toute sa largeur sous le bandeau, représentant en trompe-l’œil la mort de Philibert de Monthouz, et datée par différentes inscriptions de 1458.

Mise en œuvre du chevet

13Selon l’usage le plus répandu à l’époque médiévale, les travaux de l’église commencèrent par le chevet. La travée occidentale de celui-ci fut bâtie sur le canal, alors couvert par une voûte en berceau de calcaire jaune. On lança, peut-être en même temps, l’installation des premières assises calcaires chaînées constituant le soubassement du chevet et de ses contreforts. Grâce à l’utilisation de la molasse, matériau détritique présent en grande quantité dans la région, léger à transporter et très facile à mettre en œuvre, les murs furent montés rapidement. Ils furent contrebutés dès l’origine par des contreforts en calcaire jaune chaînés de bas en haut à leurs parements extérieurs.

14À l’extérieur, les nombreux raccords et césures nous permettent d’envisager la manière dont ont été montés ces parements de molasse. Tout d’abord, on maçonna les angles, formant ainsi des triangles dont les deux côtés servaient de harpe d’attente. L’espace ainsi créé fut complété par des assises mettant à niveau la partie basse du mur avant de recevoir le larmier de calcaire. Une fois ce dernier installé, on commença la mise en place de deux appareils, l’espace les séparant étant destiné à accueillir l’ouverture dont les piédroits sont constitués par les extrémités des parements l’accostant. Une fois la base de sa future arcature atteinte, là encore deux attentes furent ménagées en harpe le temps que l’arc ne fût inséré, et avant que la construction des deux pans ne reprît. Leur jonction au-dessus de la baie présente un décrochement, immédiatement rattrapé à l’assise supérieure. Afin de terminer l’élévation, fut reprise la technique des « triangles » utilisée en partie basse, que l’on compléta jusqu’au faîte du mur. Les liaisons entre les différentes unités murales ne sont lisibles que sur deux assises au-dessus des contreforts. Elles présentent des raccords nous permettant d’affirmer que le chevet fut bâti de manière horizontale par plusieurs équipes d’ouvriers travaillant en même temps. Afin de réaliser ces travaux, les maçons s’aidèrent d’échafaudages dont l’utilisation est attestée par des trous de boulins actuellement bouchés sur le parement extérieur et façonnés : certaines pierres du parement ont délibérément été taillées avant d’être posées. Ces trous de boulins sont au nombre de huit par pan du chevet, quatre de chaque côté, alignés régulièrement le long des contreforts. Le premier niveau est à mi-hauteur de la baie. La partie basse, non échafaudée, a nécessité l’utilisation d’échelles et de plateformes non-ancrées dans les murs. La construction horizontale du chevet fait penser qu’une grande quantité de bois a été utilisée afin de construire un niveau de platelage d’échafaudage sur tous les pans de murs en même temps. Une fois le niveau terminé, le platelage a été transporté et installé sur tout le pourtour du chevet au niveau supérieur, et ainsi de suite. Une fois tous les pans achevés, ils ont été couronnés d’une corniche en calcaire blanc.

15À l’intérieur, le voûtement, dont les sources citées précédemment prouvent une construction plus tardive, pose plusieurs questions. Premièrement, les retombées d’ogives, exceptées leurs bases, semblent engagées dans les murs. De plus, elles sont clairement liées au cordon ceignant l’abside. Enfin, l’appareil des parties basses de cette dernière, seules apparentes, ne présentent pas de traces d’une insertion postérieure à la construction du chevet. Ces ogives sont construites par superposition de voussoirs nervurés uniques. Aux clefs de voûte, la continuité de la courbe des branches est brisée par des jarets. Ces brisures saillantes semblent être le fruit d’un écart entre le tracé théorique et le tracé réel. Notons que des césures sont également identifiées sur le parement intérieur de l’abside. Il s’agit de petits raccords correspondant sans aucun doute à la création de nouvelles bases, plus hautes, lors du rehaussement du sol du sanctuaire.

16Outre les baies, les autres ouvertures du chevet ont été mises en œuvre de différentes façons. L’enduit intérieur et le revêtement extérieur nous empêchent de les lire correctement, toutefois, il semble que toutes les portes soient façonnées. Deux de ces ouvertures ont été ménagées tardivement pour permettre un passage vers l’actuelle sacristie, construite en 193511, et le couloir contigu, tandis que la troisième ouvre directement sur le rez-de-chaussée de la chapelle Sainte-Catherine.

Mise au jour des fondations d’un jubé monumental

17Lors de la dépose du sol du chœur entre 2014 et 2015, des éléments médiévaux ont été mis au jour, notamment l’extrados du canal sur lequel est construite l’église, des structures correspondant à l’ancien jubé et au voûtement du chœur, et deux caveaux.

18À l’ouest de l’extrados du canal, plusieurs massifs sont apparus. Trois d’entre eux viennent s’appuyer contre l’extrados. Dans la travée occidentale du chœur, deux imposants massifs de fondation, de forme longitudinale et distants de deux mètres l’un de l’autre, semblent correspondre aux fondations d’un couloir. Au nord comme au sud, à l’entrée du chevet, deux structures ont été mises au jour près des gouttereaux. Il s’agit de massifs de fondation ayant sans aucun doute supporté une structure de type colonne ou pilier (fig. 2).

19Ces éléments, ainsi que les données archéologiques enregistrées nous permettent donc d’apporter des précisions sur l’existence ancienne à Saint-Maurice d’un jubé, déjà attesté par les sources cartographiques et textuelles. En effet, le jubé de l’ancienne église dominicaine apparaît sur deux plans encore inédits. Le premier correspond à la mappe sarde d’Annecy dressée au XVIII^e siècle et conservée aux Archives Départementales de la Haute-Savoie12. Créées entre 1728 et 1738, les mappes sardes sont un cadastre très détaillé des paroisses du royaume de Piémont-Sardaigne, réalisé à la demande du duc de Savoie Victor-Amédée II, tout nouvellement couronné13. Les traits de l’intérieur de l’église sont assez fins, mais on devine bien un mur de séparation ouvert par un couloir entre la nef et le chœur. Il semble toutefois mal positionné, puisqu’il est à cheval sur le canal. On note également sur ce plan un petit trait dans la partie orientale de l’église, correspondant sans doute au positionnement de l’arc triomphal délimitant le sanctuaire du chœur à proprement parler. Le second plan offrant une représentation du jubé est intitulé Plan de la maison, église et jardins des cy-devant Dominicains d’Annecy14 (fig. 4). Dressé en 1794 lors du dénombrement des biens du clergé, ce plan est cette fois-ci beaucoup plus précis, détaillant, pour la fin du XVIII^e siècle, la fonction de chaque pièce en rez-de-chaussée du couvent. Le jubé apparaît comme une structure assez large, au-dessus du canal, fermant l’entrée du chevet, avec un couloir central permettant la circulation entre cet espace et la nef.

Fig. 4 – Plan de la maison, église et jardins des cy-devant Dominicains d’Annecy, 1794

20Par ailleurs, l’étude de la position des anciens autels secondaires apporte de précieux éléments. En effet, les vocables de neuf chapelles liées à des dévotions collectives ont été tirés de l’oubli par le chanoine Mercier au XIX^e siècle, grâce aux registres mortuaires de Saint-Maurice15. D’après ses recherches, les chapelles des confréries les plus importantes du XV^e siècle à Annecy, celle du Rosaire et celle de Saint-Pierre martyr, venaient s’appuyer contre le jubé, présentant ainsi la disposition déjà connue d’une clôture avec porte centrale encadrée par deux autels.

21Ainsi, la confrontation des éléments mis au jour et des sources nous permet d’avancer l’hypothèse de l’existence à Saint-Maurice d’un jubé de type structurel, similaire à celui de la Chaise-Dieu ou du monastère royal de Brou. 
Il s’agirait d’un jubé assez large (environ 3,50 m) à trois travées : deux chapelles latérales, sans doute voûtées d’ogives comme à la Chaise-Dieu ou à Brou, et un couloir de circulation central communiquant avec le chœur. Sa largeur laisserait également penser qu’il supportait une plateforme. Celle-ci devait en tous cas être assez grande pour accueillir l’orgue de l’église jusqu’à la Révolution.

Deux caveaux anciens dans le sanctuaire

22Le décaissage du sol du chevet a également permis de mettre au jour deux caveaux anciens (fig. 2). L’intérieur du premier, situé au sud de l’abside, n’a pu être observé au moment des travaux qu’à travers une très petite ouverture. Il s’agit d’un caveau maçonné et parementé de gros blocs de grand appareil en calcaire blanc. Son couvercle est constitué de trois grandes dalles dont une a été cassée par les engins mécaniques du chantier de restauration. Ces dalles étaient le support d’inscriptions et d’armoiries, toutes bûchées depuis longtemps.

23Le second caveau, qui semble plus ancien, se situe à l’est de l’extrados du canal, légèrement au nord de l’axe central du bâtiment. Il est fermé d’une simple dalle de petites dimensions posée sans joint et à plat directement sur le sol. À l’intérieur, le caveau est constitué uniquement d’une voûte en berceau, revêtue d’un mortier gris dont les coulures régulières donnent la trace en négatif des planches ayant servi à sa construction. Aux deux extrémités, le caveau est fermé par deux parements de moellons calcaires. L’entrée, par un emmarchement depuis le sol même du chevet, est ménagée dans le parement occidental. L’intérieur est rempli de terre, d’ossements et de débris, le tout reposant dans environ 15 cm d’eau stagnante. Au sud, une canalisation en simple demi-cercle permet à l’eau de s’écouler de l’est vers l’ouest le long de la paroi. Les gravats jonchant le sol et l’entrée sont certainement la preuve que ce caveau a servi de dépotoir pendant les travaux du XIX^e siècle. Ils recouvrent de toute évidence un escalier d’accès depuis le chœur.

24Peu d’éléments peuvent être apportés au sujet de ces deux caveaux. Néanmoins, après l’opération, une analyse rapide des inscriptions bûchées a pu être réalisée par le Service départemental d’archéologie de Haute-Savoie. Il en ressort que le caveau méridional appartenait à la famille de Sales, très célèbre en Haute-Savoie.

Un aménagement tardif des ogives du chœur

25Dans les deux travées droites du chœur, les retombées d’ogives et de doubleaux reposent non plus sur des bases polygonales comme dans l’abside, mais sur des culs-de-lampe, permettant ainsi de distinguer le sanctuaire du chœur.

26Le décaissement du sol du chevet a libéré les bases initiales des retombées d’ogives de l’abside. Celles-ci avaient effectivement été masquées par la surélévation du sol au XX^e siècle, et servaient jusqu’à présent de fondations à de nouvelles bases. D’autre part, plus à l’ouest, un massif de fondation a été mis au jour à l’entrée sud du chœur. Celui-ci laisse encore apparaître une partie des maçonneries qu’il supportait. Sa partie orientale supporte une maçonnerie présentant cinq parements droits taillés, en partie buchés. Il s’agit d’une seule et même pierre finement ouvragée sur laquelle on devine encore des traces de layage. Cette base mesure 26 cm d’épaisseur, 1,10 m de long et 70 cm de large. Elle est ancrée dans le gouttereau sud. Sur son lit d’attente, on note la présence très claire d’un négatif d’ancrage prenant une forme quadrangulaire d’environ 30 × 30 cm et taillé au pic. À cet endroit, l’élévation du gouttereau sud a été mise au jour grâce au retrait des stalles modernes. L’absence d’enduit permet également d’observer l’arrachement d’une structure autrefois ancrée dans le mur. Cette structure suit exactement le même schéma que les fondations des anciennes retombées d’ogives du sanctuaire. Dès lors, on peut affirmer que, comme dans l’abside, des supports étaient initialement installés dans le chœur, ancrés dans le mur gouttereau, et reposant directement au sol sur des bases polygonales. Néanmoins, une question persiste : ces structures étaient-elles le support des retombées des ogives ou bien témoignent-elles d’un état antérieur à l’installation du voûtement ? Quelques éléments peuvent apporter des réponses. Tout d’abord, les ogives de l’abside et des deux travées droites du chevet s’interpénètrent dans une mise en œuvre commune confirmant que les deux ensembles ont été voûtés en même temps. Pourtant, dans les travées du chœur, elles reposent sur des culs-de-lampe figurés aux armes du cardinal de Brogny. Or, d’une part, ce type de décor est plutôt typique du début du XV^e siècle, alors que le gothique tardif, dont l’apogée se situe un peu plus en avant dans le siècle, est caractérisé par la disparition de ce type de décor sculpté. D’autre part, lors de l’installation du carroyage pour le relevé manuel de 2014, des piquets ont dû être plantés dans le sol. Or, sous les deux culs-de-lampe des ogives séparant la première de la deuxième travée du chœur, ces piquets ont buté sur des structures dures, au nord comme au sud. L’impossibilité d’effectuer une fouille n’a pas permis d’avoir de certitude à ce sujet, mais il semble bien que des piles, dans l’axe des ogives actuelles, retombaient également jusqu’au sol. Finalement, lorsque le jubé fut installé, les supports engagés ne pouvaient plus exister. En effet, le jubé prenait appui contre les gouttereaux, au nord comme au sud, obligeant de fait les maçons à faire retomber les ogives non plus sur des bases au sol, mais sur des culs-de-lampe en hauteur (fig. 5 et 6).

Fig. 5 – Saint-Maurice d’Annecy : mise au jour des bases de l’abside et du chœur

Fig. 6 – Saint-Maurice d’Annecy : mise au jour des bases de l’abside et du chœur

27Les sources écrites nous apportent quelques éléments supplémentaires. En 1481, l’évêque fait remarquer l’absence de voûte lors de sa visite pastorale16. Selon Raymond Oursel, le voûtement du sanctuaire aurait été réalisé entre 1485 et 1489, sur une avance de fonds de la famille de Savoie-Montferrat17. Quelques années plus tard, en 1491, le noble Jean Magnin de Cruseilles fit un legs conséquent pour la construction des voûtes du chœur. Les travaux commencèrent immédiatement. Rappelons enfin qu’un orgue fut installé sur le jubé en 155418.

28Tous ces éléments nous permettent de proposer une hypothèse de phasage pour la construction du couvrement du chœur et du sanctuaire de Saint-Maurice. Dans les premiers temps de la construction, au début du XV^e siècle, des piles étaient ancrées dans les gouttereaux nord et sud. Elles étaient sans doute les supports d’un couvrement temporaire, peut-être une charpente. À la fin des années 1480, suite aux remarques de l’évêque, la grande famille de Savoie s’impliqua dans le financement du voûtement du sanctuaire, imitée quelques années plus tard par un noble de la ville qui fit un don pour la construction de celui du chœur. Le couvrement temporaire ainsi que ses supports furent déposés afin d’installer les nouvelles ogives reposant sur des bases dans le sanctuaire et sur des culs-de-lampe dans les deux travées du chœur. Le recours aux culs-de-lampe a vraisemblablement été induit par l’installation du jubé, et peut-être des stalles si celles-ci se trouvaient dès l’origine adossées aux murs gouttereaux.

29Ainsi, tous ces éléments permettent également d’apporter une précision sur l’époque de construction du jubé, la positionnant dans la première moitié du XVI^e siècle, entre 1491 et 1554 (date à laquelle l’orgue fut installé).

L’escalier médiéval

30La seconde travée du chœur présente une porte ménagée dans l’épaisseur du mur gouttereau nord. Elle ouvre sur une cage d’escalier qui, autrefois, permettait d’accéder aux différents étages du clocher. Aujourd’hui, sa première révolution n’existe plus, et le vide ainsi créé a laissé place à un couloir desservant le chœur, la nouvelle sacristie, la chapelle Sainte-Catherine (au nord-est du bâtiment), la volée droite de marches menant au premier étage, et l’extérieur. L’escalier prend place dans un corps de bâtiment de plan carré hors-œuvre, au droit occidental de la tour du clocher, et au droit septentrional du chœur de l’église (fig. 7).

Fig. 7 – Saint-Maurice d’Annecy : escalier médiéval

31Il s’agit d’un escalier en vis bâti à partir de marches monolithiques superposées en encorbellement. Les blocs, ainsi agencés de manière autoportante, constituent à la fois le noyau, l’espace de circulation et la couverture de la révolution inférieure. Les parements gironnés de la cage suivent l’alignement extérieur des marches. L’absence d’éléments de fermeture sur les baies donnant vers l’extérieur en fait un escalier dit « ouvert ». Il ne dispose ni de rampe, ni de main-courante.

32Cet escalier, tournant à droite à retours complets, présente dans l’état actuel trois révolutions et demie, desservant trois étages. Quelques repos rythment la volée au niveau des portes. Tout en haut de la structure, la volée et le parement s’arrêtent brutalement et des traces d’arrachement de marches laissent penser que l’escalier devait auparavant disposer d’au moins une autre révolution. Trois arcs ont été installés plus tardivement dans les parties affaiblies de l’escalier. Le premier contrebalance la disparition de la première volée au rez-de-chaussée. Les deux autres, en partie haute au niveau de l’arrêt brutal des marches, rigidifient les liaisons entre la cage et le clocher au nord, et entre la cage et le gouttereau du chœur au sud. Deux matériaux sont utilisés pour la réalisation de cet escalier. Les marches monolithes sont finement taillées dans du calcaire blanc. On reconnait là la volonté des constructeurs d’utiliser une pierre dont la solidité était avérée afin de construire le squelette de la structure. Sans doute pour les mêmes raisons, le calcaire blanc fut aussi privilégié pour les trois arcs venant renforcer les parties affaiblies de l’escalier. En revanche, les parois de la cage et les ouvertures qui y sont pratiquées sont construites en molasse de moyens et grands modules. Cette dernière, n’endossant aucune responsabilité architectonique dans la structure, présente tout de même l’avantage d’une très grande densité. Ainsi, le choix de cette pierre s’est-il sans doute imposé assez rapidement pour l’édification des parois devant supporter leur propre poids, au-delà des considérations de légèreté, d’approvisionnement et de taillage. La molasse utilisée dans cet escalier présente deux coloris, le jaune et le gris-vert, qui correspondent à des bancs différents ou, plus probablement, à des veines au sein d’un même banc dans la carrière. Ceci n’a semble-t-il dérangé ni les tailleurs, ni les constructeurs. En effet, on trouve des pierres de parement présentant soit une unique couleur, soit les deux. Par ailleurs, les pierres sont aléatoirement disposées de chant ou en délit. Enfin, l’escalier présente dix ouvertures. Parmi celles-ci, on trouve cinq portes (dont une bouchée), quatre fenêtres, et quelques éléments d’une ouverture non identifiée.

33Comme dans tout bâtiment, cet escalier est une structure commandant à la circulation et à la distribution de différentes parties de l’édifice. Son analyse stricte ne peut être envisagée sans prendre en compte la mise en œuvre des éléments qui le jouxtent. Il semble qu’il ait été installé dès les premiers temps de la construction, au même moment que le chevet et le clocher dont il assure une grande partie de la distribution. En effet, le chevet et le clocher étaient déjà terminés à la mort du fondateur, en 1426. On peut dès lors faire remonter la construction de cet escalier au premier quart du XV^e siècle. Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici toutefois, c’est l’étude de ses ouvertures qui apporte des éclairages nouveaux sur le chœur.

34Les baies ont été semble-t-il toutes installées en même temps. Leur forme très similaire et les césures prouvant leur insertion dans un parement déjà construit sont des indices probants. Il est donc clair qu’elles ne faisaient pas partie du programme initial ou, du moins, de la première phase du chantier de construction. Nous pouvons néanmoins apporter un élément de chronologie relative. En effet, la plus petite de ces baies accuse des dimensions moindres et un léger décalage vers l’ouest, les maçons ayant été gênés par la présence des ogives du chœur. Ces dernières étaient donc déjà mises en place au moment de la construction des baies. Comme nous venons de le voir, l’installation des ogives ne remonte pas avant la fin des années 1480. Dès lors, toutes les baies de l’escalier ne peuvent avoir être insérées avant la fin du XV^e siècle.

35Enfin, l’ouverture d’une porte (aujourd’hui bouchée) vers le nord laisse peu de doute quant à sa destination : elle desservait le couvent. Ainsi, l’escalier permettait une circulation directe entre les étages de ce dernier et le chœur de l’église. Cet escalier, toujours utilisé depuis sa construction au début du XV^e siècle, s’impose comme un élément déterminant dans le système de circulation de l’ancienne structure conventuelle. Il permettait aux frères d’accéder directement au chœur depuis tous les étages de leur couvent. Cette structure a bénéficié de techniques de mise en œuvre typiquement gothiques, avec la logique constructive des marches autoportantes, qui rendait inutile le voûtement d’un passage si réduit. Par ailleurs, les marches monolithes utilisées (une cinquantaine encore en place) sont les témoins d’une certaine standardisation de la taille de pierre sur le chantier de l’église dominicaine.

Mise au jour du sanctuaire du XIX^e siècle

36Les fouilles ont également permis de documenter précisément l’aménagement liturgique de l’église à l’époque contemporaine, alors qu’elle était devenue église paroissiale. En effet, dans la partie la plus orientale du chevet, d’importantes structures de fondation ont été mises au jour, lesquelles correspondent, à l’est, à l’autel du XIX^e siècle et, à l’ouest, à la barrière liturgique de la même époque.

37Les fondations de l’autel sont extrêmement bien maçonnées. Elles se présentent sous forme d’un rectangle oblongue de 6 m de long pour 1,20 de large, constitué de blocs divers parementés. Les maçons de l’époque n’ont pas lésiné sur le mortier dans lequel sont amplement noyés tous les blocs, parmi lesquels on note la présence de remplois taillés et sculptés. Selon toute probabilité, il s’agit de blocs utilisés dans la construction ou le décor de structures antérieures au XIX^e siècle, peut-être appartenant à l’ancien jubé, ou à de potentiels décors des caveaux que l’architecte Gilardi a fait détruire lors du réaménagement du chœur. On peut notamment émettre l’hypothèse que les petits blocs sculptés en calcaire blanc proviendraient d’un décor plaqué contre le jubé (ce calcaire semble être de la pierre de Seyssel, largement utilisée dans la sculpture régionale pour la facilité de son taillage), tandis que les éléments en calcaire noir pourraient correspondre à des décors de caveaux.

38À l’avant des fondations de l’autel, vers l’ouest, a été mise au jour la fondation de la barrière liturgique du XIX^e siècle. Il s’agit d’un socle d’environ 80 cm de large, constitué uniquement de dalles de remploi, simplement posées les unes à côté des autres sur la largeur du chœur, sous l’arc triomphal de l’abside.

39Tous ces massifs de fondations situés à l’est de l’édifice rappellent les restructurations liées à l’autel du XIX^e siècle, connu notamment par des cartes postales anciennes où l’on voit la table d’autel, les deux statues la cernant, et la petite barrière liturgique en métal, le tout imaginé et construit par l’artiste Gilardi19.

Conclusion : les états successifs du chevet

40L’analyse des éléments mis au jour dans le chevet de l’église Saint-Maurice laisse apparaître plusieurs états de sa construction et de ses aménagements liturgiques.

41Le premier état, peu documenté, présente un couvrement temporaire, sans doute une charpente, reposant sur des supports engagés dans les gouttereaux nord et sud. Le jubé monumental n’était pas encore en place, et il faut donc imaginer qu’il existait un autre type de séparation entre les religieux et les laïcs (poutre de gloire, rideaux, paroi en bois…), conformément aux normes de l’ordre20. Pendant cette période, l’escalier commandant les circulations entre le couvent et le chœur n’était pas éclairé.

42Le second état du chevet correspond probablement au projet initial des bâtisseurs de l’édifice. Néanmoins, il fallut attendre plusieurs dizaines d’années avant qu’il ne fût réalisé, sans doute par manque de moyens financiers. Alors que la construction de l’église avait commencé dès 1422, les voûtes ne furent installées qu’à la fin du XV^e siècle. À l’entrée du chœur, en bas des murs gouttereaux, les bases des colonnettes ou des piliers qui recevaient la retombée des ogives attestent que les voûtes étaient pourtant prévues dès le commencement des travaux. Par la suite et très rapidement, leurs supports dans les travées droites du chœur furent repensés. En effet, l’installation d’un imposant jubé dans la première moitié du XVI^e siècle rendit nécessaire que les retombées d’ogives ne reposent plus sur des colonnettes ou des piles engagées, mais sur des culs-de-lampe. Le second état du chœur de l’église, antérieur au milieu du XVI^e siècle, présentait donc une imposante structure, le jubé, séparant la nef des fidèles du chœur des Dominicains. Néanmoins, les fondations d’un couloir mises au jour au centre de ce jubé permettent d’affirmer que des circulations existaient entre l’ecclesia fratrum et l’ecclesia laicorum, notamment lors des processions prévues par la liturgie de l’ordre. Les fidèles ne sont pas totalement exclus de la zone du chœur et du sanctuaire. En effet, l’installation de caveaux dans le chevet prouve que cet espace, réservé aux religieux, étaient toutefois accessible à la communauté des laïcs lors de commémorations funéraires. Ainsi, bien que le jubé marquât une séparation nette entre l’espace des religieux et celui des laïcs, il s’imposait également comme un élément d’articulation structurant les circulations entre ces espaces.

43Le dernier état du chœur correspond à une réalité postrévolutionnaire dont les Dominicains ne font plus partie. Le jubé fut déposé, et les éléments de décor qui le composaient furent également détruits ou remployés dans l’installation des fondations du nouvel autel. Celui-ci, selon le goût du XIX^e siècle, était richement agrémenté de statues et d’une croix monumentale. Devenue paroissiale, l’église présentait pourtant toujours une distinction des espaces. En effet, une petite barrière liturgique fut installée, certes beaucoup plus à l’est que l’ancien jubé, afin de séparer le sanctuaire réservé aux prêtres de l’espace des fidèles.

44Les travaux de restauration de Saint-Maurice sont maintenant terminés. Néanmoins, l’analyse archéologique peut quant à elle continuer. Bien que l’aménagement du centre ancien d’Annecy ait beaucoup remanié les sous-sols et axes de circulation de la ville autour de l’église, des éléments anciens pourraient encore être en place. Pour exemple, il pourrait être intéressant d’étudier plus en détail la base du mur gouttereau à l’extérieur des chapelles latérales nord. Des corbeaux anciens sont encore présents sur le parement, mais aucun texte ne les évoque. S’agissait-il d’une petite galerie jouxtant un jardin ? D’un second cloître ? D’un espace réservé aux laïcs ? Ou encore peut-être de l’emplacement du cimetière du couvent pour lequel on ne dispose, pour l’instant, d’aucun élément de localisation ? Plus intéressant encore, des sondages près du clocher et du chevet au nord permettraient sans doute également de préciser les circulations entre l’église et le couvent, entre le chœur et les lieux de vie des dominicains.