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Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLVI (2012)

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Michèle Coltelloni-Trannoy
, 
Claude Briand-Ponsart
, 
Lluís Pons Pujol
, 
et al.

I – Généralités

Texte intégral

1Ce chapitre, qui a coutume d’être volumineux, est complété par les études présentées par période.

A – Sources

2Les sources littéraires qui se rapportent à une période précise seront évoquées à leur emplacement chronologique. Selon l’usage instauré depuis plusieurs années, la présente rubrique est ouverte par la géographie historique. (1) Ballais J.-L., L’Aurès ou les Aurès. Réflexions d’un géographe sur un pluriel singulier, dans Aouras, VII, 2012, p. 95-107, 4 tabl., 5 fig., s’intéresse à la dénomination de la région, à travers les sources anciennes (Procope), médiévales (arabes) et modernes, en observant qu’il y a alternance entre le singulier et le pluriel. Chez les Français le singulier domine à la suite de l’Aurasion de Procope, chez les Algériens, il y a équilibre. Quant au sommet que Procope décrit, il ne correspond pas à l’Aurès, mais au pied sud du djebel Chélia, le fossé de Médina. Étant donné la topographie générale de la région, le pluriel convient mieux que le singulier. (2) Bouchemal S., Négrine : un petit centre saharien en devenir, ibidem, p. 121-131, 4 fig. Si la tradition attribue au toponyme moderne une origine arabe (de nacr, le point d’eau, au pluriel nacraïn), son origine doit surtout être cherchée dans les sources latines : l’appellation viendrait de Nigrenses et celle de son voisin, le djebel Madjour, serait un dérivé d’Ad Maiores (ancienne Besseriani). Les deux toponymes rappellent le nom de la tribu des Nigrenses Maiores qui peuplait la région. L’article s’intéresse surtout au développement moderne de la localité. (3) Christol M., Les confins de la province d’Afrique, dans Confines, p. 109-123, 2 fig., rés. fr. La province d’Afrique connut plusieurs limites, la Fossa regia, puis le flumen Nigris dès l’expédition de Balbus en 22-21 av. J.-C., donc avant même l’annexion de la Maurétanie. En outre, la Numidie a formé une frontière interne à la province, ce qui explique que Pline l’ait maintenue comme entité administrative. (4) Delgado Delgado J.A., Canarias en la Antigüedad como problema histórico, dans Tabona, XIX, 2011-2012, p. 9-23, rés. angl. La frontière de l’oikoumène était, pour les Phéniciens, les Puniques et les Romains, la cité de Sala, c’est-à-dire le parallèle 36 (à l’exception de Mogador). Les îles Canaries n’ont jamais été intégrées au monde antique. (5) Mederos Martín A., Las columnas de Atlas. El periplo africano de Statius Sebosus de Gades a las Islas Afortunadas, dans Confines, p. 175-209, commente un périple du Ier s. apr. J.-C. connu seulement par Pline (HN, VI, 183, 200-202 et IX, 46), qui décrit l’espace de l’Océan atlantique situé entre la côte africaine et les îles Canaries comme un détroit : l’a. identifie ses colonnes, c’est-à-dire ses limites, au volcan Teide (île de Tenerife) et à l’Atlas africain. (6) Schneider P., Les « climats » de Pline l’Ancien (N.H. 6, 212-220) : essais de transcriptions graphiques, dans Geographia antiqua, XX-XXI, 2011-2012, p. 179- 204, tableaux, cartes. Cet article érudit transcrit sous forme de schémas la « topographie climatique » de Pline, c’est-à-dire sa division de l’oikoumène en bandes de latitude. La situation de l’Afrique pose problème puisqu’elle appartient à la fois à l’anneau I et à l’anneau II, tandis que Gadès est dans l’anneau III. Dans la perspective d’une géographie imaginaire, (7) Bernard G., Monstres et héros des confins occidentaux de l’Oikoumène, dans Confines, p. 73-94, revisite la mythologie liée aux Colonnes d’Héraklès, celle d’un héros mi-homme mi-dieu, qui évolue aux confins du monde connu et inconnu. Cette mythologie des confins fut constamment réélaborée au cours de l’Antiquité, même une fois que la zone eut été englobée dans l’univers romain, et au-delà jusqu’à l’époque médiévale et à la Renaissance. (8) Callegarin L., La Maurétanie occidentale à l’époque romaine : une terre de confins entre l’Atlantique et l’Atlas, ibidem, p. 125-148, 2 fig., rés. fr. et angl. La Maurétanie était une terre des paradoxes, à la fois intégrée dans l’Empire et marquée par son étrangeté : elle se situe en effet entre deux inconnus, l’Atlantique et l’Atlas, et dans un espace coupé de la province voisine, la Césarienne, par une zone « vide » (de cités) ; en outre, ses propres confins sont perçus comme des lieux de passage, de barbarie, et Rome n’hésite d’ailleurs pas à les abandonner dès le IIIe s. (9) Méry L., La carte et le territoire : pour une relecture des excursus ethnographiques chez César et Salluste, dans La trame et le tableau. Poétiques et rhétoriques du récit et de la description dans l’Antiquité grecque et latine, édit. Briand M., Rennes, 2012, p. 139-153. L’auteur revient sur l’apport des excursus descriptifs de l’Afrique fournis par Salluste dans le Bellum Iugurthinum. L.M. insiste alors sur la complémentarité de la description et du récit, qui induit de fait une certaine perception du décor africain relevant d’un imaginaire de la conquête.

3La littérature classique est d’abord représentée par plusieurs ouvrages et articles généraux qui permettent d’introduire avec clarté les textes et leurs auteurs, à partir de thèmes variés. La première référence mentionnée à la suite fait le lien avec la thématique de la géographie historique, qui vient d’être évoquée. (10) Kowalski J.-M., Navigation et géographie dans l’antiquité grécoromaine. La terre vue de la mer, Paris, 2012, 256 p., ill., cartes, index. En dépit de son titre, le livre examine surtout les sources grecques jusqu’à Strabon, ce qui n’ôte rien à son intérêt. Il s’inscrit dans le désormais vaste domaine des études dévolues à la géographie historique en se demandant si la mer était conçue comme un espace géographique. Puis l’a. se penche sur les différents discours auxquels donnèrent lieu les espaces maritimes (périples, cartes, et autres techniques descriptives). Le lecteur s’appuiera sur l’index pour retrouver les réalités africaines. (11) Lo spazio letterario di Roma antica. Volume VI. I testi : 1. La poesia, édit. Fusi A., Luceri A., Parroni P. et Piras G., Rome, 2009, 938 p., 2 index, et (12) Id., Lo spazio letterario di Roma antica. Volume VII. I testi : 2. La prosa, Rome, 2012, 998 p., 2 index, continuent l’importante série des volumes dédiés à la littérature antique, cette fois appréhendée selon les deux grandes catégories littéraires, poésie et prose ; les auteurs sont ensuite abordés par ordre générique et chronologique. Bien des chapitres nous intéresseront, uniquement ceux de l’époque classique puisque les auteurs tardifs et chrétiens n’y sont pas représentés. Nous signalons un utile compte-rendu, très détaillé, du second volume, (13) Paolucci P., Riflessioni a margine di una nuova antologia latina, dans Paideia, LXVII, 2012, p. 727-742, rés. angl. (14) Vallat D., Éditer l’Anthologie latine : problèmes méthodologiques et textuels, dans Latin vulgaire - latin tardif IX, p. 947-958, rés. angl. Le manuscrit de l’Anthologie latine présente de nombreuses difficultés, en raison notamment de sa transmission qui a introduit plusieurs niveaux d’interventions. Mais tandis que les premiers éditeurs avaient fait preuve d’hypercriticisme, les éditeurs actuels cherchent à préserver autant que possible le texte du manuscrit. Les confusions phonétiques, par exemple, sont caractéristiques du latin tardif, certaines « fautes » relèvent davantage de la paléographie et permettent de reconstituer l’histoire du texte d’origine. Pour la fin de l’Antiquité, (15) McGill S., Latin Poetry, dans Oxford (The -) Handbook of Late Antiquity, p. 335-360, évoque d’abord les jugements dépréciatifs longtemps portés sur la poésie tardive avant de définir ses caractéristiques et de passer en revue les grands noms qui l’ont illustrée : concernant l’Afrique, Claudien (p. 338-340), les poètes de l’époque vandale (p. 341-343), en particulier Dracontius et Luxorius, puis à l’époque byzantine, Corippe (p. 343). Passons maintenant aux études spécifiques par ordre chronologique des auteurs. (16) Faure-Ribreau M., Pour la beauté du jeu. La construction des personnages dans la comédie romaine (Plaute, Térence), Paris, 2012, 447 p., 2 index, s’attache à étudier la notion de personnage dans la palliata latine, qui lui paraît être moins « une tranche de vie » qu’une figure conventionnelle agissant en relation avec le public par le biais des apartés, des adresses directes aux spectateurs, des commentaires sur le jeu des personnages, etc. Concernant l’œuvre de Plaute, il faut mentionner (17) Plautus, The little Carthaginian, Pseudolus, The Rope, édit. De Melo W., Cambridge (Mass.)-Londres (The Loeb classical library, 260), 2012, XI- 571 p., appendice métrique, index. Cette nouvelle édition bilingue a l’avantage de translittérer en lettres latines les passages en langue punique du Poenulus, d’abord dans le texte même puis dans une section (The Punic passages in the Poenulus, p. 173-222), où l’a. en fournit aussi la traduction, précédée d’une introduction sur la langue et l’écriture puniques, ainsi que sur la métrique de ces textes. (18) Fabrizi V., Mores veteresque novosque : rappresentazioni del passato e del presente di Roma negli Annales di Ennio, Pise, 2012, 252 p., index. L’œuvre d’Ennius participe de l’élaboration d’une mémoire du passé de Rome (en particulier à travers la naissance d’une historiographie romaine) dans un langage poétique nouveau. Cet ouvrage étudie donc le rapport entre l’œuvre d’Ennius et la formation de cette mémoire. On lira plus particulièrement le ch. 4 (p. 151-177) consacré à la deuxième guerre punique. Pour l’œuvre césarienne, on consultera (19) Kriege in Alexandrien, Afrika und Spanien, Gaius Iulius Caesar, édit. Jahn C., 2012, 141 p., 3 index, avec la traduction revue d’A. Baumstark (XIXe s.), et un commentaire. De nouvelles traductions renouvellent par ailleurs la lecture de Virgile. Citons tout d’abord en langue française (20) Virgile, L’Énéide, édit. Veyne P., présentation et nouvelle traduction, Paris, 2012, 429 p. On lira avec plaisir cette traduction en prose, parfois dans un français très moderne, accompagnée de notes qui indiquent les partis pris de l’auteur ou éclairent des notions inconnues du grand public. Pour la traduction anglaise, (21) The Aeneid of Vergil, édit. Johnston P.A., Norman (Okla.), 2012, XVII-336 p., ill., cartes. Les anglophones apprécieront cette traduction en hexamètres dactyliques, assortie de nombreuses notes (n.u.). Concernant le commentaire de l’œuvre, nous mentionnons (22) Vergil, Aeneid, Books 1-6, édit. Randall T., Ganiban R.T., Farrell J., Johnston P.A., O’Hara J.J. et Perkell C.G., Newburyport (Mass.), 2012, X-523 p., index., texte latin et commentaire en anglais de la première partie de l’épopée. Deux études s’intéressent à l’œuvre de Silius Italicus. (23) Fucecchi M., Epica, filosofia della storia e legittimazione del potere imperiale : la profezia di giove nel libro III dei Punica (e un’indicazione di percorso per l’epos storico), dans Götter und menschliche Willensfreiheit. Von Lucan bis Silius Italicus, édit. Baier T., avec la collab. de Stürner F., Munich, 2012, p. 235-254. Un point préliminaire sur le genre littéraire de l’épopée historique au Ier s. apr. J.-C. permet d’introduire une étude approfondie du poème de Silius Italicus, qui propose de dépasser la perspective téléologique augustéenne. Le récit de la lutte entre Rome et Carthage permet au poète, par l’entremise de la voix de Jupiter, de mettre en parallèle l’avènement de deux personnages à dimension héroïque, Scipion et Domitien, destinés à s’élever à la gloire divine et dont Silius Italicus fait alors l’éloge. (24) Schultheiss J., Philosophie des Willens und Erzählstruktur : Die Scheidewegszene in den Punica des Silius Italicus, ibidem, p. 255-274. La dimension stoïcienne de l’œuvre de Silius Italicus s’exprime à travers la place accordée à la volonté humaine dans la description des protagonistes et la réalisation de leurs actions. Le portrait d’Hannibal, chez qui volonté et destin s’opposent, est ainsi traité en négatif de celui de Scipion. Différentes approches de l’œuvre de Lucain sont également proposées. (25) Dinter M.T., Anatomizing civil war. Studies in Lucan’s epic technique, Ann Arbor (Mich.), 2012, VIII-186 p., 2 index., s’intéresse, comme le titre l’indique, aux techniques narratives de l’œuvre plus qu’à ses aspects politiques ou idéologiques. Surtout, (26) Fratantuono L.M., Madness triumphant. A reading of Lucan’s Pharsalia, Lanham (Md.), 2012, XXVII-464 p., index. Ce livre est le troisième volume d’une trilogie dont les deux premiers volets sont consacrés à l’Énéide de Virgile et aux Métamorphoses d’Ovide, avec l’idée que Lucain se considérait comme le continuateur de ces deux poètes. Il se présente sous la forme d’un commentaire en dix chapitres des dix livres de la Pharsale. Selon l’auteur, la folie s’incarne, pour Lucain, dans les Julio-Claudiens, mais elle est aussi une composante de l’identité romaine, due à la vengeance de Junon. Comme chez Virgile, l’Afrique joue un rôle décisif dans ce poème épique : la grande digression sur l’Afrique est précisément située au livre 9, qui est aussi le plus long de l’œuvre. Parmi les nouvelles traductions proposées des œuvres latines, (27) Tacitus, Annals, édit. Damon C., Londres, 2012, lV-468 p., cartes, comprend une traduction anglaise, sans le texte latin, et une brève introduction. C’est à Juvénal qu’est consacrée la courte étude de (28) Murgatroyd P., An intertextual Hannibal, dans Latomus, LXXI, 3, 2012, p. 784-788. Dans la 10e satire, v. 133-187, Juvénal a écrit un éloge satirique de trois fameux généraux, Hannibal, Alexandre et Xerxès : l’a. cherche les sources qui sont à l’origine des expressions et des images utilisées. (29) Cassius Dio, Römische Geschichte, édit. Tafel L. et Möller L., Wiesbaden, 2012, 1088 p., index. Il s’agit là d’une réédition de la traduction allemande (L. Tafel) du XIXe s. La traduction a été révisée, mais sans y ajouter de commentaire ni de notes. (30) Textos médicos grecolatinos antiguos y medievales : estudios sobre composición y fuentes, édit. Santamaría Hernandez M.T., Cuenca, 2012, 286 p. Cet ouvrage très peu africain cite rapidement le médedin de Sicca, Caelius Aurelianus, probablement du Ve s., et ses ouvrages fondés sur Galien et Soranos d’Éphèse. Pour les sources chrétiennes, nous signalons (31) Associations in the Greco-Roman world : a Sourcebook, édit. Ascough R.S., Harland P.A. et Kloppenborg J.S., Berlin-New York, 2012, XXXVIII-394 p., ill., carte, 3 index. Ce recueil de sources ne concerne l’Afrique du Nord que de façon très marginale avec seulement deux textes, le premier extrait de l’Apologétique de Tertullien (38-39) et consacré à la défense des associations chrétiennes, le second tiré de la correspondance de Cyprien (Ep. 67, 6, 2) et évoquant le caractère idolâtre des collèges. (32) Barnes T.D., Early Christian Hagiography and the Roman Historian, dans Christian Martyrdom in Late Antiquity : History and Discourse, Tradition and Religious Identity, édit. Gemeinhardt P. et Leemans J., Berlin-Boston (Mass.), 2012, p. 15-33. L’auteur insiste sur l’historicité indéniable des sources hagiographiques, en particulier s’agissant des plus anciennes, celles qui sont antérieures à la fin des grandes persécutions, et rappelle la nécessité de contextualiser précisément ces sources, contrairement à certaines tendances récentes qui ne retiennent que leur caractère littéraire. Il souligne l’importance numérique des textes authentiques provenant d’Afrique ou d’Asie, notamment les Actes des martyrs scillitains ou la Vie d’Augustin de Possidius de Calama. Il rappelle enfin les difficultés auxquelles sont confrontés les historiens face aux textes composés dans la seconde moitié du IVe s. : l’émergence de récits fictifs, la diversité des formes littéraires ou l’apparition de nouvelles théologies du martyre. (33) Franchi R., Lucrezia, Agostino e I retori, dans Latomus, LXXI, 4, 2012, p. 1088-1101, suit le parcours de la grande figure féminine qu’était Lucrèce à travers la culture classique et chrétienne : Augustin prend le contrepied de l’éloge traditionnel, ce qui indique l’existence d’une tradition rhétorique délibérant sur la légitimité de son suicide et sur son innocence ou sa culpabilité.

4Comme les années précédentes, l’épigraphie a fourni une dense moisson, au premier chef (34) L’Année épigraphique 2012, édit. Corbier M., Paris, 2015, 1056 p., avec les Généralités, p. 19-109, puis la section dévolue à l’Afrique, p. 743-799. Le (35) Supplementum Epigraphicum Graecum 2012, LXII, 2016, Leiden-Boston, 867 p., a également été consulté. (36) Rémy B., Desaye H. et Dalaison J., Antonin le Pieux vu par les textes antiques (138-161), Paris, 2012, 127 p., 3 index. Dans ce recueil de sources, l’Afrique ne tient qu’une place réduite avec quelques inscriptions brièvement commentées, dont l’inscription de Lambèse commémorant les travaux d’adduction d’eau supervisés par Nonius Datus pour la colonie romaine de Saldae en Maurétanie Césarienne (CIL, VIII, 2728), et surtout des extraits de la correspondance et de quelques autres écrits de Fronton. On trouvera en fin d’ouvrage une chronologie, des arbres généalogiques de la famille impériale, un glossaire et des biographies des auteurs antiques. L’Afrique est davantage présente, à travers la personne du gouverneur, dans l’étude de (37) Hurlet F. et Suspène A., Les proconsuls et le prince. À propos des portraits monétaires des proconsuls d’Afrique et d’Asie sous le Principat d’Auguste, dans Société (La -) romaine et ses élites, 2012, p. 73-90, 16 fig. Les possibilités qu’ouvre l’usage du portrait monétaire à partir du principat sont multiples et si, à Rome, elles concernent très vite uniquement les membres de la famille impériale, il n’en est pas tout à fait de même dans les monnayages provinciaux de bronze : les portraits de proconsuls (et jamais de légats) sont attestés pour l’essentiel en Afrique et en Asie, provinces publiques. En Afrique, quatre proconsuls sont représentés dans les dernières années av. J.-C., mais la datation reste souvent problématique. Les bénéficiaires sont tous de fidèles soutiens au régime et leur portrait obéit à une grande variété de situations ; les cités émettrices sont Hadrumète, Acholla, Hippo Regius, Thaenae. (38) Galinier M., Domi forisque : les vêtements romains de la vertu, dans Vêtements antiques : s’habiller, se déshabiller dans les mondes anciens, édit. Gherchanoc F. et Huet V., Paris, 2012, p. 189-208, n’évoque que brièvement trois dédicaces africaines (sous Trajan et Caracalla) qui précisent le matériau ou le type vestimentaire des statues érigées (CIL, VIII, 17408 et , 2004, 1875 et 1876). (39) Cooley A.E., The Cambridge manual of Latin epigraphy, Cambridge-New York, 2012, XXII-531 p., ill., cartes, index. Une partie de ce manuel d’épigraphie latine est spécifiquement consacrée aux inscriptions de Tripolitaine (p. 250-285), envisagées à travers trois thématiques : l’épigraphie urbaine, l’épigraphie du prédésert intérieur, enfin les inscriptions du camp de Bu Njem. (40) Salomies O., Réflexions sur le développement de l’onomastique de l’aristocratie romaine au Bas-Empire, dans Les stratégies familiales dans l’Antiquité. Actes du colloque organisé par le CNRS-USR 710 « L’Année Épigraphique » tenu à la Maison des sciences de l’Homme les 5-7 février 2009, édit. Badel C. et Settipani C., Paris, 2012, p. 1-26. Dans cette savante étude sur la complexité de l’évolution de l’onomastique à la période indiquée, l’auteur illustre son propos en prenant quelques exemples africains parmi une majorité de cas italiens. Après avoir évoqué les noms en -ius, surnoms de type nouveau et signa, il développe les différentes options de la nomenclature polyonyme (au moins trois éléments) de l’aristocratie au IVe s. Ces travaux sont suivis par quelques études régionales. (41) Jacques F., Les cités de l’Occident romain du Ier siècle av. J.-C. au IVe s. apr. J.-C., Paris, 2012, 261 p., est une réédition de l’ouvrage très utile paru en 1990 ; comme on le sait, les cités africaines y sont bien représentées à travers les documents épigraphiques et juridiques. (42) La société romaine et ses élites. Hommages à Élizabeth Deniaux, édit. Baudry R. et Destephen S., Paris, 2012, 391 p., ill., cartes. Sur la trentaine d’études que comporte cet hommage portant sur les élites sociales, les ententes socio-politiques, les solidarités et les liens de clientèle tant à Rome que dans diverses provinces, plusieurs contributions concernent l’Afrique. Elles sont surtout fondées sur la documentation épigraphique ou numismatique (voir F. Hurlet, X. Dupuis, C. Hamdoune, E. Lehchilli et A. Nouarra, S. Lefebvre). (43) Chamberland G., La mémoire des spectacles : l’autoreprésentation des donateurs, dans L’Organisation des spectacles dans le monde romain. Huit exposés suivis de discussions, Vandœuvres-Genève, 22-26 août 2011, édit. Coleman K., Nelis-Clément J. et Ducrey P., Genève-Vandœuvres (Entretiens sur l’antiquité classique, LVIII), 2012, p. 261-303, a travaillé sur les quelque 500 inscriptions latines documentant les spectacles et leurs organisateurs : l’épigraphie africaine est parfois mise à profit (Rusicade, Capsa, Uchi Maius), aux p. 287-290. (44) Cugusi P. et Sblendorio Cugusi M.T., I Carmina Latina epigraphica non-Bücheleriani delle province africane : introduzione al tema, materiali preparatori, edizione di testi, aspetti e problemi, Bologne, 2012, 182 p., 2 index. Cet opuscule propose une étude introductive aux carmina epigraphica « post-Bücheleriani » (CLE). Il passe en revue le contexte historique et culturel des provinces africaines, quelques thèmes abordés par ces textes, ainsi qu’une étude exégétique. Un chapitre est consacré à l’utilisation de l’acrostiche dans l’épigraphie métrique africaine. Le carmen ILAlg, II/3, 8571 (Milev), est l’objet d’une étude spécifique, tandis que le chapitre suivant revient sur un poème maurétanien également publié en 2012 (voir infra, n° 602), et le dernier sur un carmen sitifien. (45) Cooley A.E. et Salway R.W.B., Roman inscriptions 2006-2010 : survey article, dans Journal of Roman Studies, 102, 2012, p. 172-286. Une courte notice, p. 181, consacrée à l’Afrique du Nord, mentionne la publication du corpus épigraphique d’Uchi Maius (2006, par A. Mastino et M. Khanoussi), ainsi que la réactualisation des Inscriptions of Roman Tripolitania (J.M. Reynolds et J.B. Ward-Perkins) et leur mise en ligne réalisée en 2009 par G. Bodart et Ch. Roueché, ainsi que celle des inscriptions de Volubilis en 2008 (par C. Cesaretti, sur CD-Rom). Les discours d’Hadrien à l’armée d’Afrique en 128 font également l’objet d’une brève mention, p. 202 : elle concerne la lecture proposée par M.P. Speidel (2007). Les découvertes relatives à la vie civique des communautés africaines sont rassemblées p. 229-230, sur le pagus et ciuitas Siuiritani du territoire de Carthage (voir également p. 259), Numluli près de Thibursicum Bure, Uchi Maius, Lepcis Magna, Lambèse et Volubilis. L’actualité des inscriptions religieuses d’Afrique du Nord est évoquée p. 243 : des textes liés au culte de Saturne découverts sur le territoire de Carthage et de Cirta, ainsi qu’au genius patriae à Timgad. Les aspects traitant de la langue latine font des renvois ponctuels à l’Afrique du Nord : p. 250 à propos du latin d’époque classique employé dans l’épigraphie africaine ; p. 252 à propos de la question du bilinguisme et de la langue néo-punique. (46) Christol M., Nouvelles inscriptions du Musée de Carthage, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 183, 2012, p. 283-288, ill., propose de nouvelles lectures et interprétations au sujet de quatre inscriptions du Musée de Carthage, publiées pour la première fois en 2011, qui concernent un choraula du nom de C. Hostorius Athenio (, 2011, 1715 ; 2012, 1857), et probablement trois proconsuls d’Afrique : L. Minicius Natalis Quadronius Verus qui exerça cette charge en 154 ap. J.-C. (, 2012, 1858), un membre de la famille des Nummii qui dut occuper la fonction dans la première moitié du IIIe s. (, 2011, 1701 ; 2012, 1859), et un anonyme de rang patricien en raison de son appartenance à la confrérie des prêtres saliens palatins (, 2011, 1690 ; 2012, 1860). (47) Gavini A., Mastino A. et Zucca R., Novae inscriptiones latinae urbium Numidiae orientalis, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 475-488. Le « survey » pratiqué dans la vallée de l’oued Arkou, qui correspond à une partie de la Numidie orientale, a permis de voir ou revoir des inscriptions. Elles concernent la cité d’Uchi Maius (une inscription funéraire d’époque tardive, peut-être vandale), le pagus Suttuensis (culte de Mercure, autel du IIe s.), et la respublica d’Uchi Minus (localisation, habitat entre le Ier et le VIe s., nécropole). (48) Morizot P., Survie au Maghreb des toponymes et ethnonymes antiques, dans Visions de l’Occident romain, p. 295-308, 7 ill., examine la survivance d’ethnonymes antiques à travers les exemples des Ouertane de la région du Kef et des Majer de la steppe tunisienne. (49) Krimi H., Recueils épigraphiques en provenance de Tacapes et sa région (littoral sud-est tunisien), ibidem, p. 217-229, 4 phot., présente quatre textes trouvés ou retrouvés lors de prospections effectuées dans la ville et sa région au cours des années précédentes. Il s’agit d’une dédicace à un génie du lieu, de deux épitaphes et d’un milliaire de Constance Chlore et Galère. (50) Fantar M. et Zucca R., Nuove iscrizioni da Neapolis (Africa Proconsularis), dans Ruri mea vixi colendo. Studi in onore di Franco Porrà, édit. Corda A.M. et Floris P., Cagliari-Ortacesus, 2012, p. 149-179, 20 fig., texte en partie français, en partie italien, rés. it. et angl. Les deux auteurs établissent tout d’abord le bilan épigraphique de Neapolis (Nabeul) puis présentent trois inscriptions inédites. La dédicace funéraire, trouvée en remploi dans un jardin, est celle d’Aris, identifié par sa « double filiation » [ou, plus exactement, par la « filiation africaine »], fils de Rogatus, fils d’Arinis (fig. 13a-13b) ; il est représenté sur le champ iconographique, un autel à gauche et des offrandes de part et d’autre (, 2012, 1851) : ce répertoire se rapproche de celui des stèles funéraires puniques et des stèles à Saturne africain, mais la formule DMS existe surtout à partir du IIe s. Deux tabulae lusoriae (dont une est un jeu de dames) ont été trouvées sur le decumanus nord qui longe la maison des Nymphes. Elles devaient, à l’origine, avoir été installées sous les arcades du forum ou d’une autre place, à l’usage des badauds. Une série de tables a été déjà trouvée dans plusieurs cités africaines. Une contribution est dédiée plus spécifiquement à l’épigraphie grecque. (51) Coltelloni-Trannoy M., Jeux de mots, jeux de langues en Afrique romaine, dans Ellénisme (L-), d’une rive à l’autre de la Méditerranée, p. 541-570, dresse le bilan des jeux de mots – parfois de véritables rébus – auxquels donnait lieu la présence diffuse du grec dans toutes les couches sociales : sur les mosaïques, les monnaies, sur l’instrumentum et les blasons des sodalités. Culture populaire, érudition et humour d’expression grecque cohabitaient au quotidien dans une Afrique pourtant largement latino-phone. L’épigraphie libyque et punique est également à l’honneur, avec la publication de quelques découvertes épigraphiques isolées. (52) Galand L., Nouvelle inscription libyque dans la région de Souk Ahras, dans Ikosim, I, 2012, p. 115-118, ill. Cette épitaphe a été gravée verticalement et de bas en haut. Elle a été trouvée près de Settara, dans le sud-ouest de Souk Ahras (Algérie). Elle est non datée. (53) De Simone R., Un graffito punico su anfora tardo-arcaica dalla necropoli di Himera, dans Sicilia occidentale : Studi, rassegne, ricerche, édit. Ampolo C., Pise, 2012, X-85 p., tav. 136, p. 85-86. L’auteur présente brièvement une courte inscription punique incisée sur le col d’une amphore tardo-archaïque de production gréco-occidentale, utilisée comme contenant en milieu funéraire dans la nécropole occidentale de Buonfornello, à Himère en Sicile. La mobilité des Africains est évoquée par le travail de (54) Prados Martínez F., Muñoz Vicente A., García Jiménez I. et Moret P., Bajar al mar y… ¿hacerse romano? De la Silla del Papa a Baelo Claudia, dans Etapa (La -) neopúnica, p. 301-329, fig. Les nécropoles de Baelo, ville qui se constitue à l’époque augustéenne (transfert de l’ancien oppidum situé sur les hauteurs), attestent une forte présence d’individus appartenant aux gentes africaines : elle serait due au développement de l’industrie de la pêche et des salaisons. L’épigraphie routière bénéficie par ailleurs de la publication d’inscriptions inédites : (55) Kallala N., Bornes milliaires inédites de la voie Carthage-Theueste, en provenance de Jeddara-oued es Souani (région du Kef - Sicca Veneria), dans Visions de l’Occident romain, p. 197-216, 11 fig., étudie cinq milliaires inédits qui s’ajoutent aux 258 bornes déjà identifiées sur cette voie stratégique. Il s’agit d’une borne datant de Caracalla, une de Maximin le Thrace, une des deux Philippes, une de Tacite et une de la Tétrarchie. Le 109e mille a pu être localisé et confirme l’emplacement de Drusiliana, qui figure sur la Table de Peutinger et qu’on supposait être située au 104e mille. À la croisée de l’épigraphie et de l’archéologie, (56) Bernal Casasola D., Bustamante Álvarez M., Diaz Rodríguez J.J. et Raissouni B., Sellos latericios imperiales en el castellum de Tamuda, dans Boletín de la Sociedad de Estudios de la Cerámica Antigua en Hispania, IV, 2012, p. 15-17, 3 fig., publient trois timbres - imp avg, anto avg, ex figv(linis) caes(aris) - apposés sur des briques qui proviennent des fouilles menées dans les années 1920 à Tamuda et qui sont conservées au musée de Tetouan. Les analyses archéométriques confirment leur fabrication locale. Passons maintenant au domaine de l’onomastique, à laquelle sont consacrées différentes études. (57) Dondin-Payre M., Dénomination personnelle et transformation du paysage dans les provinces romaines d’Afrique, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 141-160, commence par rappeler comment se transforme l’onomastique pérégrine d’un homme en onomastique romaine. Elle pense que l’« on constate une forte marque libyco-punique dans l’onomastique des citoyens romains de souche indigène ». L’exemple de la cité de Limisa est utilisé pour cette démonstration qui se fonde toutefois surtout sur l’historiographie. (58) Ead., Les processus d’adaptation des onomastiques indigènes à l’onomastique romaine, dans Personal names in the Western Roman world. Proceedings of a workshop held at Pembroke College, Cambridge, 16-18 September 2011, édit. Meissner T., García Ramón J.M. et Poccetti P., Berlin, 2012, p. 25-38, poursuit ses travaux sur l’onomastique, au carrefour des traditions indigènes et romaines. Retenons en particulier la mention fréquente du supernomen en Afrique, où il avait pour fonction de rappeler le nom pérégrin d’un nouveau citoyen romain : c’est le cas de Q. Apuleus Maxssimus qui et Rideus uocabatur (CIL, VIII, 22758), à El Emrouni, en Tripolitaine (p. 27). Les cognomina indigènes, les gentilices issus de noms de généraux, les changements de gentilices, la filiation africaine sont également abordés, avec des exemples choisis dans les cités africaines. (59) Lassère J.-M., Onomastica africana XXII. Onomastique et acculturation, dans Aouras, VII, 2012, p. 161-172. Le regretté J.-M. Lassère avait étudié l’onomastique de familles nobles et moins nobles, descendant jusqu’aux milieux pérégrins ; même les plus basses classes de son échantillon manifestaient leur biculturalisme, exception faite de quelques groupes de snobs qui semblent avoir méprisé les langues africaines. (60) Briand-Ponsart C., Les Aurasiennes de Pierre Morizot, ibidem, p. 135-159. P.M. a rencontré une cinquantaine de femmes. C’est l’occasion pour l’auteur de l’article de revenir sur leur place dans la société de leur temps, surtout sur l’onomastique et les aspects démographiques. La place qu’elles ont occupée dans les familles ressort des épithètes gravées sur les sépultures, qui leur reconnaissent beaucoup de qualités. Elles ont pu pratiquer l’évergétisme, honorer les dieux et devenir flaminiques. Poursuivons sur le thème de la vie municipale avec (61) Horster M., Priestly hierarchies in the cities of the Western Roman Empire ?, dans Del municipio a la corte. La renovación de las élites romanas, édit. Caballos Rufino A., Séville, 2012, p. 289-310. L’étude s’intéresse à l’ensemble des sacerdoces civiques, et la documentation africaine est surtout utilisée dans la 3e section, consacrée aux pontifes et aux augures, les premiers étant un peu plus présents que les seconds, dans la 4e section, sur les prêtres du culte impérial, et dans la 5e section sur les prêtres de diverses divinités. Les prêtres du culte impérial sont surreprésentés dans l’épigraphie civique, sans doute en raison de la durée annuelle de leur sacerdoce, contrairement aux autres sacerdoces qui sont détenus à vie. (62) Laffi U., Magistrature coloniarie : una messa a punto, dans Colons et colonies dans le monde romain, édit. Demougin S. et Scheid J., Paris-Rome, 2012, p. 123-133, fait le point sur les magistrats des colonies romaines et revient sur les exceptions que fournissent les colonies dirigées par des IIIIuiri, notamment celle de la Colonia Iulia Tingi en Maurétanie. (63) Daguet-Gagey A., Édiles et marchés dans l’Occident romain extra italo-africain, dans Agoranomes et édiles : institutions des marchés antiques, édit. Capdetrey L. et Hasenohr C., Bordeaux-Paris, 2012, p. 155-173, ne fait qu’une incursion en terre africaine pour étudier deux poids mentionnant le préfet de la Ville Q. Iunius Rusticus, retrouvés à Thubursicu Bure et à Sigus, en Afrique proconsulaire. Le phénomène associatif est abordé avec l’étude de (64) Beschaouch A., Énigmes à Theveste et Thysdrus. Rhétorique, ethnographie et procédé cryptographiques dans le milieu des sodalités africo-romaines, dans Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2012, 4, p. 1847-1853. Sur un linteau d’un établissement thermal de Theveste, deux inscriptions mentionnent le mot arabi (ILAlg., I, 3077 et 3078), aux côtés d’une autre (ILAlg., I, 3079). C’est le nom d’une sodalité et il doit être rapproché d’autres mentions de sodalités évoquant des ethniques. À Thysdrus, le mot unique Acomena sur une mosaïque donne, en lecture rétrograde, Anemoca. Il s’agit d’une transcription latine du pluriel neutre de l’adjectif grec qui signifie vif comme l’éclair, rapide comme le vent et est associé à l’image d’un lion bondissant et à l’enlèvement d’Europe. Également (65) Van Haeperen F., Collèges de dendrophores et autorités locales et romaines, dans Collegia. Le phénomène associatif dans l’Occident romain, édit. Dondin-Payre M. et Tran N., Bordeaux, 2012, p. 47-62. L’a. analyse la répartition géographique des collegia dendrophorum dans l’empire, attestés surtout en Italie mais documentés également pour dix cités des provinces nord-africaines, et précise les rapports qu’entretiennent ces collèges, qui revêtent des fonctions d’utilité publique, avec les autorités locales et romaines. Dans une étude qui envisage les élites municipales, (66) Hamdoune C., Les élites municipales dans les carmina funéraires d’Afrique, dans Société (La -) romaine et ses élites. p. 175- 184, a recensé les renseignements sur les notables qui figurent, malgré leur nombre réduit, dans les carmina. On note un texte d’autocélébration avec Corfidius Crementius à Timgad (, 1997, 1728), deux éloges de magistrats municipaux, celui de Clodius Loquella de Madaure (ILAlg, I, 2207) et celui d’un anonyme de Masculula (CIL, VIII, 27505). Cinq carmina évoquent les honneurs en alternant des éléments de vie privée et de vie publique, dont le poème mentionnant Rubria Festa (, 1995, 1793), un texte d’Auzia évoquant un dénommé Ulpianus (CIL, VIII, 9077), un autre à Oppidum Nouum (CIL, VIII, 9642). Les deux derniers ne font que suggérer la participation à la vie publique du médecin Marcellus à Sufetula (CIL, VIII, 241) et de Iulius Kapito, qui rappelle à Auzia les circonstances de la mort de son fils, tué lors d’une ambassade qu’il devait accomplir auprès du gouverneur (CIL, VIII, 20758). Deux poèmes mentionnent, dans le praescriptum ou le postscriptum, les charges et les honneurs municipaux obtenus (CIL, VIII, 12302 et 9048). Mais il faut souvent se contenter de simples allusions. La réussite des élites africaines à Rome est envisagée par l’étude de (67) Salcedo de Prado I., La participación de los senadores de origen africano en los sacerdocios públicos de Roma, dans Espacio, Tiempo y Forma, s. II, Historia Antigua, XXV, 2012, p. 355-384. L’examen des sacerdoces romains permet de mesurer le degré d’intégration des Africains dans le milieu des grandes familles romaines. L’article s’ouvre par quelques remarques sur l’intérêt des cursus honorum, ce dont personne ne doute. Il rappelle quels ont été ces sacerdoces, et montre quels Africains ont eu accès aux quatre grands collèges, et lesquels ont dû se contenter de sacerdoces mineurs. Des tableaux permettent de les retrouver, classés chronologiquement. On y retrouve beaucoup des personnages illustres qui sont venus de cette partie de l’empire. Nous disposons également de plusieurs études comparatives entre la documentation africaine relative aux tables de patronat et celle fournie par d’autres régions de l’empire. (68) Cortes Barcena C. et Alonso Alonso M.A., Reflexiones en torno a la epigrafía de los patroni civitatis en Hispania y el Norte de África : los ejemplos de Baetica i Mauretania, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 2073-2092. Les auteurs établissent un parallèle entre les patrons de cités en Bétique et ceux qui sont connus en Maurétanie, et ils s’appuient sur des listes. Les textes africains (du Ier au IVe s.) sont plus variés, alors qu’il s’agit surtout de dédicaces honorifiques. Des liens ont dû exister entre les deux provinces, ce dont nous ne doutons pas un instant. (69) Díaz Ariño B., Las tábulas de hospitalidad y patronato del Norte de Africa, dans Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), 124, 1, 2012, p. 205-229, 5 fig., étudie les 25 tables d’hospitalité et de patronat provenant d’Afrique du Nord (de l’époque républicaine au IVe s.), et les compare aux 30 exemplaires ibériques et aux 29 exemplaires italiens. Il décrit les documents, le formulaire, les cités concernées, les legati qui ont communiqué au patron l’honneur qui lui était conféré et le nom des patrons. Deux annexes réunissent les données les plus significatives de chaque tabula. Le cadre architectural de la vie municipale est également à l’honneur avec plusieurs études consacrées aux bâtiments publics, ainsi celle de (70) Mansouri K., Le coût des monuments publics en Numidie, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 701-726. Après avoir passé en revue les principaux types de monuments pour lesquels des inscriptions donnent des indications de prix (monuments indéterminés, religieux, décoratifs, des eaux, de spectacles, pour la culture, le commerce et l’administration), l’auteur ajoute quelques considérations sur l’évolution des prix et un tableau. On y retrouve les analyses de Bourgarel-Musso et Duncan-Jones ; H. Jouffroy ne semble pas avoir été utilisée. (71) Saastamoinen A., Further Discussion on Stylistic Criteria for the Dating of Roman Building Inscriptions in North Africa, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 2099-2112, revient sur un thème qu’il a déjà abordé plusieurs fois. Il ajoute quelques critères supplémentaires pour faciliter la datation des inscriptions (tableau p. 2111) : beatissimo saeculo, clauses mentionnant une décision antérieure, faciendum curauit, fecit (ou fecerunt), fecit et dedicauit. (72) Vannesse M., Les usages de l’eau courante dans les villes romaines : le témoignage de l’épigraphie, dans Latomus, LXXI, 2, 2012, p. 469-493, plan, questionne la présence de la salubritas dans le corpus épigraphique : 16 textes seulement peuvent être utilisés, surtout concentrés en Afrique (9 cas, contre 6 en Italie), pour l’essentiel en Proconsulaire et en Numidie, tous des IIIe-Ve s. Le lexique (qui diffère de l’éloge littéraire) et les conditions des évergésies sont étudiés. La rareté des inscriptions montre que ces travaux étaient surtout vus comme une œuvre d’utilité publique, donc moins mis en évidence que d’autres dépenses. L’armée est également l’objet de nouvelles approches qui mobilisent la documentation africaine mise en perspective avec celles des autres régions de l’Empire. (73) Le Bohec Y., Les petitores de l’armée romaine, dans Métier (Le -) de soldat dans le monde romain, p. 513-522, renouvelle la question du petitor equestris militiae : il s’agit non pas d’un « candidat » (à une promotion), mais d’un sous-officier, un principalis, chargé d’établir, au nom des soldats, des documents contenant des demandes (de nature inconnue : pour la solde ou tout autre sujet). Le catalogue des 12 textes comprend un seul Africain, militiae petitor et patron de la colonie d’Auzia (CIL, VIII, 20751). (74) Schmidt Heidenreich C., Les soldats bâtisseurs dans les camps sous le Haut-Empire, ibidem, p. 328- 344, 4 fig. Qui procédaient à ces travaux ? Des auxiliaires, des légionnaires ? Les civils les aidaient-ils ? Ces questions sont éclairées par une série de documents épigraphiques dont certains sont issus des provinces africaines : Lambèse bien sûr, mais aussi Aïn Schkour en Tingitane, Castellum Dimmidi et Gemellae en Numidie, Bu Njem en Tripolitaine. (75) Wesch-Klein G., Lapidarii des exercitus Romanus, ibidem, p. 345-365, 4 fig., s’intéresse à un certain corps de métier, les tailleurs de pierre de l’armée romaine. Le petit corpus épigraphique, fourni en fin d’article, compte quelques documents africains, issus de Castellum Dimmidi et de Gemellae ; les autres proviennent des Germanies. (76) Schmidt Heidenreich C., Les collèges militaires dans les provinces des Germanies et de Rhétie, dans Collegia. Le phénomène associatif dans l’Occident romain, édit. Dondin-Payre M. et Tran N., Bordeaux, 2012, p. 165-181. Si le sujet de cette contribution n’est pas africain, l’a. s’appuie néanmoins à plusieurs reprises pour ses analyses sur les règlements de collèges militaires connus par une dizaine d’inscriptions de Lambèse. Il nous reste à évoquer, à travers plusieurs études parues cette année, les domaines des croyances religieuses. Commençons par un ouvrage collectif, qui traite des tablettes de défixion. (77) Contesti magici / Contextos mágicos. Atti del convegno internazionale, Roma, Palazzo Massimo, 4-6 novembre 2009, édit. Piranomonte M. et Simón F.M., Rome, 2012, 361 p., ill, cartes. Ce colloque international avait pour projet de dresser la « cartographie » des activités magiques dans les provinces occidentales de l’Empire et de tenir compte de tout le contexte intellectuel, politique et matériel de ces pratiques. Trois communications ont concerné l’Afrique, fondées sur les documents épigraphiques. (78) Richard G., Fixing the Race : Managing Risks in the North African Circus, ibidem, p. 47-74. Les tablettes de défixion liées aux spectacles du cirque en Afrique du Nord permettent de cerner des modèles et des influences gréco-égyptiens. (79) Sánchez Natalías C., A Cartography of defixiones in the Western Roman Empire, ibidem, p. 123-133, fig., étudie plus largement la diffusion et la répartition des defixiones, ainsi que les contextes d’invocation auxquels ces documents renvoient, dans la partie occidentale de l’empire, de l’époque républicaine à la fin de l’Antiquité. (80) Simón F.M., Power and evocation of the exotic : bilingual, magical texts in the Latin West, ibidem, p. 135-145, fig., s’intéresse à la question du bilinguisme dans les tablettes de défixion. Il revient à cette occasion sur le corpus africain, constitué en majorité par des textes retrouvés à Carthage et à Hadrumète. Il note à cette occasion l’absence d’emploi de la langue punique dans les tablettes bilingues (une seule tablette de défixion est écrite en punique, mais elle n’est pas bilingue), qui contraste avec l’utilisation de la langue locale dans les documents bilingues gallo-romains. Il lie cela à l’hellénisation des cités africaines, telles que Carthage et Hadrumète, et au fait que le bilinguisme en Afrique apparaît comme un phénomène urbain. (81) Belfaida A., Les formules ex visu et ex iussu dans l’épigraphie religieuse de l’Afrique romaine, dans L’Africa romana, XIX, 2, 2012, p. 2161-2171. Ces deux formules renvoient à des pratiques mal identifiées, les rites d’incubation. Elles sont liées aux dieux guérisseurs, Esculape, Apollon et Hygie ; des listes appuient cette hypothèse. Les tableaux, p. 2164-2165 et 2168-2169, mentionnent d’autres dieux ; et ces formules sont répandues dans tout l’empire : il serait intéressant de voir si elles sont toujours employées dans le même contexte. (82) Dresken-Weiland J., Angerstorfer A. et Merkt A., Handbuch zur Geschichte des Todes im frühen Christentum und seiner Umwelt. 1, Himmel, Paradies, Schalom. Tod und Jenseits in christlichen und jüdischen Grabinschriften der Antike, Ratisbonne, 2012, 399 p., ill., 6 index. Les auteurs ont le projet de publier un « manuel » sur les conceptions de la mort chrétienne et juive en trois volets. Ce volume, le premier de la série, est centré sur la documentation épigraphique : après un chapitre qui présente les thèmes littéraires et eschatologiques évoqués dans les textes funéraires, le chapitre suivant organise un choix d’inscriptions chrétiennes classées par région et le dernier chapitre fait de même avec les textes juifs. On trouvera au ch. II une section dévolue à l’Afrique (p. 198-211), en réalité suntout à la province d’Afrique (Mactar, Sétif, Carthage, Sbeitla, Tunis, Tabarka). Le ch. III ne comporte aucun texte africain : pourtant, il existait bien en Afrique des communautés juives qui ont laissé des vestiges épigraphiques, mais l’auteur s’est forcément limité à un choix restreint.

5Selon le même courant observé au cours des années antérieures, la numismatique a donné lieu à un nombre plus réduit d’études. (83) The Oxford Handbook of Greek and Roman coinage, édit. Metcalf W.E., Oxford-New York, 2012, XVIII-688 p., ill., index. Aucun chapitre ne porte sur les monnayages africains : il faut se reporter à l’index pour repérer ce qui nous intéresse. (84) Richard Ralite J.-C., Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes (Hérault), dans Bulletin de la société archéologique et historique des Hauts cantons de l’Hérault, XXXV, 2012, p. 1-12, ill. Un lot de monnaies de bronze permet de reconstituer la circulation monétaire de la région concernée entre le IIe s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C. Il s’y trouve une monnaie numide (n° 14), tête laurée du roi au droit, et cheval au galop, à gauche, au revers (Alexandropoulos, 2000, n° 18b, p. 397). (85) Calabria P., Iaculli U. et Catalli G., Le emissioni delle zecche del Nord Africa : Romane, vandale, bizantine. Presenze nelle collezioni, nei ritrovamenti, nel mercato, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2289-2302. Un projet de recherche sur les ateliers monétaires est annoncé par ce travail, où il est surtout question des périodes vandale et byzantine.

6L’ensemble des études d’archéologie est plus riche. Commençons par les travaux qui traitent des périodes les plus anciennes. (86) Linstädter J. et alii, Flussarchäologie der Moulouya-Hochflutebene, NO-Marokko, dans Madrider Mitteilungen, LIII, 2012, p. 1-84, ill., présentent, dans ce gros travail très détaillé, le bilan de plusieurs campagnes de fouilles dans la haute vallée de la Moulouya : la région offre un environnement climatique et biologique sensible, de type alluvionnaire, ayant pour avantage d’être un conservatoire des changements climatiques et des installations humaines, depuis l’Holocène jusqu’au XIe s. apr. J.-C. (87) Heddouche A., Protohistoire de l’Ahaggar central et méridional, dans Ikosim, I, 2012, p. 154-164, 7 fig. On y a relevé des monuments funéraires et cultuels dont la construction a commencé à l’Holocène, vers 6000 B.P. (4000 av. J.-C.) et au début du Néolithique. Ils datent de la période qui va de 3700 à 1100 B.P., soit de 1700 av. J.-C. à 900 apr. J.-C. L’archéologie d’époque punique est abordée par plusieurs études portant sur le monument du tophet, qui permet également d’évoquer la présence punique en Sicile. (88) D’Andrea B., Il tofet di El Kénissia e il rapporto tra tofet tardo punici, santuari di Saturno e « paesaggi del potere », dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2479-2496. Ce tophet tardo-punique (près de Sousse) est étudié sous trois angles : transformations architectoniques (liées à l’évolution fonctionnelle) ; continuité et ruptures ; place dans la problématique des « paysages du pouvoir ». (89) Cerniglia R.G., Il restauro e la valorizzazione del tofet di Mozia, dans Sicilia occidentale. Studi, rassegne, ricerche, édit. Ampolo C., Pise, 2012, p. 219-223, fig. 324-338, rappelle d’abord l’importance de ce tophet (VIIIe-IVe s. av. J.-C.) pour la connaissance de la communauté phénicienne et punique qui vivait dans la cité sicilienne. L’aire sacrée a fait l’objet de plusieurs interventions riches de développements ultérieurs : la conservation des dépôts et des urnes ; la préparation d’un musée sur une partie du sanctuaire ; la mise en évidence de nouveaux vestiges architecturaux ; une étude systématique des urnes et de leur contenu. (90) Quartararo M., Materiali fenici, punici e di tradizione punica da Rocca d’Entella (PA). Un bollo e due graffiti, ibidem, p. 129-135, fig. 244-252. Le site d’Entella (nord-ouest de la Sicile) est celui d’une cité élyme entrée dans l’orbite carthaginoise en 404. L’analyse de 66 fragments de céramique (sur 180) indique une répartition entre amphores, céramique commune et lampes ; elle atteste des relations directes avec l’Afrique du Nord à l’époque hellénistique (IVe-IIIe s.) et romano-hellénistique. La présence punique dans la péninsule Ibérique est évoquée par l’étude de (91) Gutiérrez López J.M. et alii, Las ofrendas de Hannón. El santuario de Gorham’s Cave (Gibraltar) y la navigación cartaginesa atlántico-mediterránea, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 3017-3032. De nouvelles fouilles ont été effectuées au sanctuaire de Gorham. Elles ont livré un abondant matériel provenant de Carthage et de son empire, qui va du VIIIe s. au milieu du IIe s. av. J.-C. Le sanctuaire a joué un rôle important pour la navigation punique au-delà du détroit de Gibraltar. En ce qui concerne le site de Carthage, il faut citer l’étude de (92) Bénichou-Safar H., Le statut de l’enfant punique et les objets funéraires, dans Enfant (L’ -) et la mort dans l’Antiquité III, p. 263-272, 15 fig., rés. angl. Les jeunes enfants semblent avoir été rejetés des nécropoles où leurs sépultures sont exceptionnelles alors que le tophet de Carthage comprend plus de 10 000 tombes d’enfants dans les zones déjà dégagées, tous entre 0 et 4 ans. Les objets funéraires sont très rares dans les tombes d’enfants, qu’ils soient inhumés à Carthage, ou incinérés dans le tophet ; en outre, ils ne sont pas accompagnés d’aliments, mais souvent d’une statuette exprimant une prière ou de vestiges impliqués dans des pratiques de sorcellerie : ces dispositifs suggèrent que les petits enfants étaient crédités d’un pouvoir particulier. L’incinération, qui est une purification, leur attribue aussi une place particulière auprès des dieux. Ces constatations rejoignent ce que l’on sait du statut des jeunes enfants chez les Hébreux et les Phéniciens. Le tophet serait un lieu de communication où les enfants morts étaient invoqués pour intercéder auprès des dieux. Commençons, pour la période romaine, par présenter plusieurs études générales. (93) Lapierre L., Initialisation du projet de cartographie de l’Afrique antique sur Système d’Information géographique (SIG), dans Aouras, VII, 2012, p. 339-359, complète une enquête entamée dans le précédent numéro d’Aouras (B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 125). Il nous indique comment il compte procéder pour remplacer la célèbre carte de Salama. (94) Fatta F. et Tosto D., Saggi di ricostruzione virtuale per una piattaforma-museo multimediale. L’Africa romana attraverso due casi studio : Libia e Tunisia, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2829-2835. Les auteurs signalent les caractères originaux des sites d’époque romaine connus en Afrique (en fait, en Libye et en Tunisie). Ils annoncent des reconstitutions tridimensionnelles. (95) Lancaster L.C., Ash mortar and vaulting tubes : agricultural production and the building industry in North Africa, dans Arqueología de la construcción III. Los procesos constructivos en el mundo romano : la economía de las obras (École Normale Supérieure, París, 10-11 de diciembre de 2009), édit. Camporeale S., Dessales H. et Pizzo A., Mérida, 2012, p. 145-160, 12 fig. Certaines pratiques de construction, dans la Tunisie antique, avaient recours à des produits de l’agriculture : la cendre issue de céréales et de fumier d’herbivores pour créer un mortier de chaux ; et, au cours du IIIe s., l’utilisation massive des tubes à voûte en terre cuite pour remplacer les cintres en bois. L’a. suppose que cette technique s’est largement diffusée en raison de l’extension de la céréaliculture intensive, qui a entraîné à la fois la déforestation et la production de l’industrie céramique. Il est également question de savoir-faire techniques dans l’étude de (96) Reddé M., Entre Afrique et Égypte. Les installations hydrauliques dans le prédésert à l’époque romaine, dans Entre Afrique et Égypte, p. 145-310. Par tradition, on attribuait aux Romains tout le mérite d’avoir diffusé des techniques hydrauliques jusque dans le sud du Maghreb. Les explorations de l’UNESCO Libyan Valleys Survey et de M. Reddé ont permis de mieux connaître les foggaras (ou qanats), des galeries souterraines, et diverses autres techniques hydrauliques antérieures à l’arrivée des légions. Pour autant, la thèse qui leur prête une origine iranienne semble mal étayée. Il est plus probable que ce sont la péninsule Arabique et le Levant qui ont fourni des modèles, bien attestés surtout en Égypte. Une très abondante bibliographie rendra les plus grands services à tous les chercheurs qui s’intéresseront aux questions hydrauliques en Afrique (p. 157-310). (97) Jarray F., De l’horologium, solarium antique, à la mizwala islamique : de l’adoption à l’adaptation, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2365-2380, ill. Cet article permet de retrouver quelques cadrans solaires africains ; ils n’ont laissé qu’un modeste héritage aux mizwalas des musulmans. Les édifices publics, à commencer par les bâtiments de spectacle, sont concernés par la publication de (98) Golvin J.-Cl., Le stade et le cirque antiques. Sport et courses de chevaux dans le monde gréco-romain, Paris, 2012, 136 p., ill. Les cirques d’Afrique du Nord sont abordés par cet ouvrage de vulgarisation scientifique, à travers les exemples des cirques de Carthage et de Lepcis Magna. (99) Liu J., Late Antique Fora and Public Honor in the Western Cities : Case Studies, dans Shifting cultural frontiers in Late Antiquity, p. 225-239, cherche à déterminer, à partir des cas de Préneste et de Cuicul, le statut des forums à l’époque tardive. Elle en conclut dans les deux cas que les forums sont restés des lieux centraux de la cité au IVe s. et furent toujours utilisés pour honorer les élites et les empereurs, y compris, à Préneste, par et pour des chrétiens. L’architecture privée bénéficie également d’une étude qui ne porte pas toutefois directement sur le contexte africain, mais y renvoie. (100) Delaine J., Housing Roman Ostia, dans Contested spaces : houses and temples in Roman antiquity and the New Testament, édit. Balch D. et Weissenrieder A., Tübingen, 2012, p. 327-351, 20 ill. sur CD-ROM, est une synthèse consacrée au logement à Ostie depuis l’époque tardo-républicaine jusqu’au Ve s. apr. J.-C. On retiendra l’influence des domus africaines sur l’organisation et l’architecture des résidences élitaires d’Ostie depuis le IIe s. apr. J.-C. jusqu’à l’époque tardive, très probablement en raison des étroits liens commerciaux qui unissaient les provinces d’Afrique du Nord à la ville portuaire de la côte italienne, puisque certains notables africains devaient disposer de résidences – au moins saisonnières – à Ostie. De la ville nous passons aux campagnes avec l’étude générale de (101) Cantino Wataghin G. et Inglebert H., Mondes ruraux en Orient et en Occident : introduction, dans Antiquité tardive, XX, 2012, p. 13-23, rés. angl. Les auteurs dressent tout d’abord un aperçu historiographique des campagnes de l’Antiquité tardive, avant d’évoquer l’apport des données archéologiques récentes à l’étude, plus globale, des mondes ruraux. Faisant le lien entre le monde des vivants et le monde des morts, (102) Prados Martínez F., Arae fines Africae. Monumentos funerarios en los confines de África septentrional, dans Confines, p. 149-174, 10 fig., rés. esp. et fr., s’intéresse aux difficultés méthodologiques que présente l’étude des fonctions non funéraires des monuments funéraires : ceux qui sont situés sur des zones de passage auraient, en quelque sorte, servi de « frontière idéologique » au territoire contrôlé par Rome, surtout dans les zones où la romanisation était faible. (103) Elsner J., Sacrifice in late Roman art, dans Greek and Roman Animal Sacrifice : Ancient Victims, Modern Observers, édit. Faraone C.A.et Naiden F.S., Cambridge-New York, 2012, p. 120-163, fig. L’auteur évoque l’importance particulière de la représentation du sacrifice de l’animal (stèles votives) au regard de la documentation fournie selon les régions de l’Empire en Occident. Il reprend l’interprétation qui en avait été faite par M. Le Glay, d’un substitut au sacrifice humain d’origine punique. C’est enfin à une communauté particulière que s’intéresse l’étude de (104) Manfredi L.-I., Traces archéologiques de la présence antique des Juifs en Afrique maghrébine, dans Juifs d’Algérie, édit. Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Paris, 2012, p. 27-41. Ce survol permet de faire le point aisément, mais il présente l’inconvénient de mettre sur le même plan des hypothèses actuellement rejetées (présence de Juifs en Afrique à haute époque) et des acquis de la recherche, parce que le tri dans la bibliographie disponible n’a pas été bien fait. À titre d’exemples, nous conseillerons de consulter les art. de K. Vössing, cité dans la B.A.A.A., XXXII (1998), 2003, n° 549, et, sur la datation des mosaïques d’Hammam-Lif, de J.-P. Darmon, ibidem, XXIX (1995), 2000, n° 660. Les légendes de l’iconographie, qui n’ont pas été rédigées par L.-I. Manfredi, accumulent les erreurs. Faisons une place particulière ici à un dossier qui rassemble des contributions traitant des pratiques liées aux sépultures d’enfants à l’époque romaine. (105) De Larminat S., Gestes et pratiques funéraires autour des inhumations en fosse d’enfants en Afrique romaine à l’époque païenne, dans Enfant (L’ -) et la mort dans l’Antiquité, II, Types de tombes et traitement du corps des enfants dans l’Antiquité gréco-romaine. Actes de la table ronde internationale organisée à Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 12-14 novembre 2009, édit. Nenna M.-D., Études Alexandrines, XXVI, 2012, p. 512-596, 13 fig., rés. angl. et fr., p. 596. Comme les archéologues du passé n’ont pas accordé une attention particulière aux sépultures d’enfants, elles sont mal connues. L’auteur montre le processus suivi par la famille : le corps était préparé ; un contenant était choisi ; il était déposé, puis la tombe était fermée. Les cérémonies variaient en fonction de plusieurs critères, l’âge du défunt, le statut social de la famille, la région et l’époque, ainsi que les croyances religieuses propres aux parents. On se doutait de ces caractéristiques, mais il est rassurant de les voir confirmées. Les inhumations sans accompagnement étaient majoritaires, surtout à Sétif. Les objets dans l’ordre décroissant d’importance, étaient des pièces de vaisselle, notamment des vases-biberons, des lampes et des statuettes. Parmi les aliments, se trouvaient de la viande et des œufs. (106) Ead., Le mobilier déposé dans les sépultures d’enfants en Afrique du Nord à l’époque romaine, dans Enfant (L’ -) et la mort dans l’Antiquité III, p. 293-312, 12 fig., rés. angl. Le matériel ne manque pas dans les sépultures d’enfants. On constate que les pratiques variaient en fonction de l’âge du défunt. Les objets et leur disposition ont été étudiés. (107) Lepetz S., Les restes animaux dans les tombes d’enfants à la période romaine : l’exemple de trois grandes nécropoles d’Italie, de Tunisie et du Nord de la France, ibidem, p. 313-328, fig. Les restes animaux découverts dans les tombes de trois nécropoles, Porta Nocera à Pompéi, l’« Ancienne Caserne Gouraud » à Soissons, enfin la nécropole romaine de Pupput, permettent d’identifier les choix faits pour les cérémonies funéraires. Ces restes constituent soit les vestiges de sacrifices effectués au cours de la consécration de la tombe, soit les traces de repas pris durant les funérailles. (108) Bailet P., Tombes à incinération d’enfants dans la nécropole romaine de Pupput : quelques cas particuliers, dans Enfant (L’ -) et la mort dans l’Antiquité, II, Types de tombes et traitement du corps des enfants dans l’Antiquité gréco-romaine. Actes de la table ronde internationale organisée à Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 12-14 novembre 2009, édit. Nenna M.-D., Études Alexandrines, XXVI, 2012, p. 539-548, 12 fig., rés. angl. et fr. p. 597. L’état remarquable de conservation des structures funéraires fait de la nécropole de Pupput un exemple exceptionnel. L’a. s’attarde sur les résultats des études ostéologiques des sépultures à crémation d’enfants : elles confortent ou complètent les constatations faites sur la diversité des traitements funéraires des immatures. Une observation étonnante : il semble que des prélèvements aient été effectués sur certains individus, adultes et enfants : est-ce le signe de l’existence de deux sépultures, l’une correspondant à l’aire de crémation, l’autre à un dépôt ? Selon la coutume de la B.A.A.A., les publications issues des missions archéologiques, citées à la suite, sont présentées dans un ordre géographique de direction est-ouest et nord-sud. Commençons alors par les travaux réalisés en Libye, avec (109) Michel V., L’activité récente de la Mission Archéologique Française en Libye pour l’Antiquité, 2007-2012, dans Libya Antiqua, n.s., VI, 2011-2012, Reports and articles, 2009-2014, p. 103-124, 17 fig., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage). Ce bilan est aussi un hommage à la mémoire d’A. Laronde, décédé en 2011, qui avait dirigé la mission depuis 1981. Celle-ci travaille sur les sites grecs et médiévaux de la Cyrénaïque ainsi que sur Lepcis Magna. Les Thermes du Levant, à Lepcis, qui datent d’Hadrien, couvrent des sols plus anciens remontant à l’époque républicaine et/ou augustéenne ; ils sont en activité jusqu’au IIIe s. avant d’être occupés par des activités artisanales. L’équipe a aussi à son actif la restauration du mausolée de Gasr ed-Duirat, tombeau-tour proche de Lepcis, daté des IIIe/IVe s. Le projet IGCyr (Corpus des inscriptions grecques de Cyrénaïque) est en cours, sous la direction de C. Dobias et H. Berthelot, en collaboration avec les Britanniques, autour de J. Reynolds (IRCyr), et les Italiens, autour de G. Paci (inscriptions grecques) ; à terme, deux nouveaux recueils seront accessibles sur un portail numérique commun avec celui des inscriptions romaines de Tripolitaine (IRT 2009) déjà existant. Plusieurs études concernent plus particulièrement Lepcis Magna. (110) Lane A., Emperor’s Dream to King’s Folly : The provenance of the Antiquities from Lepcis Magna incorported into the ‘Ruins’ at Virginia Water (part 2), dans Libyan Studies, XLIII, 2012, p. 67-80, ill., évoque les vestiges de Lepcis Magna apportés dans le parc de Windsor au début du XIXe s. Grâce à des comparaisons, l’auteur essaie de préciser l’origine lepcitaine exacte de chacun des éléments. (111) Paulin M. et Dagnas G., avec la coll. de Bonifay M., Les Thermes du Levant à Leptis Magna : présentation architecturale et périodisation générale, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 99-145. Les thermes du Levant sont situés immédiatement à l’est du port de Leptis Magna. Les auteurs distinguent deux parties dans cet ensemble. D’une part, une place à portique (platea maritima), qui longe le rivage, est bordée par des échoppes, et on y a trouvé un important réseau de galeries et de citernes souterraines. D’autre part, les thermes proprement dits comprennent toutes les salles habituelles, et notamment deux salles tièdes avec leurs piscines (fragments de peintures murales). Ils ont fonctionné aux Ier et IIe s. puis, sans doute à la suite de tremblements de terre, ils ont été convertis en meunerie puis en habitations modestes au cours des IVe et Ve s. (112) Schörle K. et Leitch V., Report on the preliminary season of the Lepcis Magna Coastal survey, dans Libyan Studies, XLIII, 2012, p. 149-154, ill., présentent la recherche menée sur la côte occidentale de Lepcis Magna depuis la villa de l’Odéon, urgente en raison de la pression urbanistique. 53 sites ont pu être localisés, fours, villas, sites oléicoles, installations liées à la pêche, autant de témoignages de l’importance économique de la côte à l’époque romaine, tant par la densité que par la variété des activités. (113) Rizzo M.A. et alii, Studi e restauri archeologici a Sabratha e Leptis Magna dell’Università di Macerata (2009-2014), dans Libya Antiqua, n.s., VI, 2011-2012, Reports and articles, 2009-2014, p. 17-82, 54 fig., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage), rappellent les très nombreuses études et restaurations entreprises sur ces deux sites non seulement par A. Di Vita, mais aussi par ses successeurs de l’université de Macerata. L’article se concentre sur les dernières années de cette activité : à Sabratha, trois tombes peintes, l’aire funéraire de Sidret el-Balik, l’amphithéâtre ; à Lepcis Magna, la curie sur le vieux forum, le temple de la Magna Mater, l’arc de Trajan, la rue à colonnades, les fouilles de l’amphithéâtre, du cirque et du forum sévérien. Le panorama s’achève sur l’activité assurée par le Centro di documentazione e Ricercha sull’archeologia dell’Africa settentrionale « Antonino di Vita », qui abrite un centre d’archives et une bibliothèque d’histoire et d’archéologie. Poursuivons avec les études réalisées sur le site de Sabratha. (114) Aiosa S., Sabratha 2009-2010, Area a Nord del Tempio di Ercole. Casa della Piscina, ibidem, p. 161-168, 5 fig., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage). Deux sondages ont permis de mieux cerner l’évolution urbaine de Sabratha. Le premier devait confirmer l’existence d’un nouveau forum sur un espace non encore fouillé : le hiatus chronologique observé entre le Ier et le VIe s. va bien dans le sens de cette hypothèse ; quant au temple d’Hercule, il est transformé en une église aux VIe/VIIe s., entourée d’un cimetière. Les fouilles ont aussi permis de réévaluer la chronologie de la « Casa della piscina » et de réfuter l’hypothèse d’une villa suburbaine au Ier s. (115) Bonacasa N. et Mistretta A., Sabratha sotteranea : ultime ricerche al Tempio di Serapide, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 345- 364, ill. Ce temple a connu deux phases d’activité, l’une à l’époque d’Auguste et l’autre au temps des Sévères. Des sondages multiples ont permis de mettre en évidence la présence d’un complexe punico-hellénistique à usage commercial qui a fonctionné depuis le IIe s. av. J.-C. jusqu’à l’époque augustéenne, au cours de laquelle il a cédé sa place au dieu. (116) Mandruzzato A., Sabratha. Edilizia privata residenziale 2. La « Casa del Peristilio » di Sabratha : anticipazioni e problemi, dans Mare internum, IV, 2012, p. 109- 118, 18 fig. Cette belle maison située près du théâtre, dans la partie orientale de la ville, a été fouillée en 1935 et 1936, mais elle était restée inédite. C’est l’unique demeure de Sabratha (avec la « Maison de la Piscine ») à être dotée d’un péristyle. Le quartier dans lequel elle s’insère obéit à un plan régulier, qui doit remonter au IIe s., mais il est occupé dès le Ier s., de même que la maison. Celle-ci a reçu des aménagements à la suite du premier séisme du IVe s., et l’on ignore si elle a continué à être habitée après le second séisme, bien plus violent. Sur la région côtière également, (117) Faraj M., Historical - archaeological study of Oea (Tripoli) sites during the Roman and Byzantine times, dans Libya Antiqua, n.s., VI, 2011-2012, Reports and articles, 2009-2014, p. 151-160, ill., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage), présente le contenu de sa thèse consacrée aux sites d’époque romaine et byzantine de la région de Tripoli : le projet est d’élaborer une carte archéologique de ces sites. Vers l’intérieur des terres, (118) Schimmer F., New evidence for a Roman fort and vicus at Mizda (Tripolitania), dans Libyan Studies, XLIII, 2012, p. 33-39, ill., revient sur un fortin situé à 150 km au sud de Tripoli, connu depuis longtemps. Des fouilles récentes autour de la ville de Mizda ont permis de découvrir des céramiques d’époque romaine et tardive, venant visiblement d’un camp romain proche de la vieille ville, sans doute sous la forme d’un uicus. Plus au sud, deux études sont consacrées au site de Gheriat el-Garbia. (119) Mackensen M., New fieldwork at the Severan Fort of Myd (---) / Gheriat el-Garbia on the limes Tripolitanus, ibidem, p. 41-60. L’article commence par un bref bilan historiographique du site qui a été occupé depuis 198/201 jusqu’en 275/280. Il fait connaître les fouilles faites sur les portes et les tours, pour l’essentiel, ainsi que sur les principia : elles révèlent des travaux de restauration, et peut-être la découverte d’un bâtiment appelé groma. Elles ont permis de trouver une inscription. Le plus original se trouve ailleurs : le camp, après avoir été abandonné, a été réutilisé par une unité de limitanei entre 360/380 et 430/455 ; il pourrait correspondre aux castra Madensia de la Notitia Dignitatum (Occ., 31, 30). (120) Id., Survey and excavation of the German archaeological Mission at the Roman fort of Myd (---) / Gheriat El-Garbia and its vicinity, 2009/2010, dans Libya Antiqua, n.s., VI, 2011-2012, Reports and articles, 2009- 2014, p. 83-102, 16 fig., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage), complète ici l’article précédent sur les prospections et les fouilles effectuées sur ce site du limes tripolitanus. Au-delà des limites de l’Empire, (121) Mattingly D.J., Society for Libyan Studies Work in the Libyan Sahara 2009-2011, ibidem, p. 139-147, 8 fig., rés. angl. (rés. en arabe en fin d’ouvrage), revient sur les deux projets (Desert Migrations Project et Ghadamis Archaeological Survey) qui se sont déroulés dans le Fezzan : leurs résultats ont fait l’objet de plusieurs publications majeures depuis 2003, permettant de mieux connaître le peuple appelé garamante dans les sources antiques. En Tunisie, le site de Carthage suscite naturellement un intérêt particulier. (122) Carthage, colline de l’Odéon. Maisons de la rotonde et du cryptoportique (Recherches 1987-2000). I. L’architecture et son décor. II. Les données des fouilles, édit. Balmelle C. et alii, Paris-Rome (CÉFR, 457), 2012, XX-848 p., ill. Cette publication propose en deux beaux volumes les résultats des recherches franco-tunisiennes menées entre 1987 et 2000 à Carthage, sur la colline de l’Odéon au nord-est de la ville romaine, dans le secteur de la maison de la Rotonde et dans celui de la maison du Cryptoportique. (123) Distefano G., Paesaggi urbani, edilizia domestica ed élites cittadine : gli stibadia nella Cartagine tardoantica come indicatori archeologici, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 407-425, ill. Du IIIe au Ve s., les élites donnent une partie de son aspect à la ville de Carthage. L’étude des stibadia, pièces sur plan carré équipées de lits, permet de voir ce maintien de leur richesse. De nombreux plans et une bibliographie complètent la démonstration et la prolongent lorsqu’il apparaît souhaitable de le faire. (124) Dolenz H. et Flügel C., avec la collab. de Baldus H.R., Karthago. 4, Die deutschen Ausgrabungen in Karthago : römische und byzantinische Grossbauten am Decumanus Maximus, Mayence, 2012, 254 p., ill., plans, rés. fr., présentent les fouilles allemandes qui ont eu lieu de 1991 à 1996 dans la rue Ibn Chabâat. L’occupation s’étend de l’époque augustéenne à l’époque byzantine. Un habitat rectangulaire comportant des tavernes et daté du début de l’Empire est remplacé à la fin du IIe s. par un espace couvert (Hallenbau). À ce bâtiment, abattu dans le deuxième tiers du VIe s., se substitue une rotonde dotée de larges absides. L’étude fait aussi état de deux sondages qui remontent à l’époque punique, rue El-Mekhi et avenue Bourguiba. Le site de Neapolis est également à l’honneur, à travers deux publications. (125) Palmieri L., La trasformazione del paesaggio economico africano in età tardo-anticà : analisi dei sistemi di produzione. Il caso di Neapolis-Nabeul, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 499-513. Nabeul, du IIIe au VIIe s., a connu un fort dynamisme économique ; cet essor était dû, en grande partie, à l’huile et aux salaisons que font connaître les amphores (carte p. 500 et longue bibliographie). (126) Fantar M. et alii, Il Neapolitanus portus nel quadro della portualità antica del Capo Bon, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2267-2287, ill. Les fouilles sous-marines ont fait découvrir à Neapolis (Nabeul) des conteneurs datant du début et du milieu de l’empire ; ils montrent la persistance de la production de garum. L’exploration archéologique a permis également de retrouver des éléments de digues du port. Un fragment d’urne de la fin du VIIIe s. av. J.-C. a par ailleurs été retrouvé. (127) Younes A. et Tagurti M.A., Salaisons, sel en Byzacène orientale à l’époque antique, dans Savoir et savoir-faire en Ifriqiya dans l’Antiquité et le Moyen Âge, édit. Hassen M., Tunis, 2012, p. 11-41, ill. La production de salsamenta était abondante et concentrée entre Horrea Caelia (Hergla) et Caput Vada (Ras Kadoubia), près des lieux de pêche et de lagunes fournissant le sel ; à notre avis, on avait recours au sel marin. L’article est accompagné par une bibliographie, des cartes et des photographies. (128) Vismara C., Presentazione del volume di S. Sehili, Huileries antiques du Jebel Semmama, 2009, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 105-110. La région étudiée se situe entre Thala, Kasserine et Sbeitla ; pas moins de 27 sites ont été visités. Ils apportent des informations sur la typologie des huileries et sur leur fonctionnement, ainsi que sur leur intérêt économique et humain. Ce livre est malheureusement très peu diffusé (n.u.). (129) Sehili S., Un édifice vinicole dans le plateau de Zelfane (région de Kasserine), dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2303-2317, 9 fig. Cette enquête part d’un constat : il est souvent difficile à un archéologue de distinguer un établissement vinicole d’une huilerie. Un exemple illustre le propos, le bâtiment connu à Hr el-Jebbana (non datable), près de Kasserine, dans le Centre-Ouest tunisien. L’oléiculture y était bien connue, et l’on n’y a pas trouvé de chais, bien que le vin soit mentionné dans les sources épigraphiques et les tablettes Albertini. Est-ce bien cependant un établissement vinicole ? Seules des fouilles pourraient le confirmer. (130) Khanoussi M., Von Rummel P. et alii, Simitthus (Chimtou, Tunesien) : Vorbericht über die Aktivitäten 2009-2012, dans Mitteilungen des deutschen Archäologischen Instituts, Römische Abteilung, 118, 2012, p. 179-222, rés. angl. Cette publication concerne les fouilles du forum, au nord du temple, plus exactement au nord de la basilique chrétienne tardive, ainsi que les prospections géophysiques et l’étude du pont de Trajan. Les fouilles ont montré que la ville de Simitthus était sensiblement plus grande et plus ancienne qu’on ne le pensait jusqu’ici. Au nord du podium du temple nouvellement mis au jour s’étendait un vaste quartier formé de rues orthogonales. Des fouilles menées sur le forum permettraient de connaître l’histoire de la ville, depuis l’époque préromaine jusqu’au Moyen Âge. (131) Duval N. et Lamare N., Une petite ville romaine de Tunisie : le municipium Cincaritanum, dans Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), 124, 1, 2012, p. 231-288, 61 fig. Les auteurs présentent deux dossiers relatifs à des monuments de Cincari (près de Thebourba, en Tunisie), qui remontent aux années 1960 et qui leur furent remis par J. Cintas († 1977) et J. Peyras ; ils ont été complétés par des visites sur le terrain. Un troisième dossier, le martyrium, a déjà été publié dans les Mélanges de lÉcole Française de Rome (Antiquité) de 1976 (LXXXVIII, 2, p. 853-927). L’article commence très utilement par présenter le site de Cincari, l’histoire de la cité et les inscriptions avant de s’engager dans le vif du sujet. Le premier dossier, qui est aussi le plus fourni, concerne l’édifice publié en 1962 par G. Picard qui le considérait alors comme ayant succédé à un établissement thermal du IIe s. Il fut transformé à l’époque tardive en église par l’adjonction de sept absides dans la salle principale. N.D. et N.L. remettent en cause l’interprétation de G. Picard au terme d’une étude approfondie : il s’agit bien d’un septizonium dès la construction et il n’y a pas trace de thermes ; la datation proposée est la première moitié du IIIe s. d’après les critères iconographiques et paléographiques ; c’est aussi l’époque à laquelle le rang municipal fut octroyé à Cincari. Mais il est encore impossible de savoir quelle était la nature exacte de ces édifices, peu nombreux par ailleurs. Le deuxième dossier est un ensemble chrétien, très endommagé, formé de deux églises parallèles, d’un reliquaire et de quelques tombes avec mosaïques funéraires et inscriptions. En Algérie, différents sites ont fait l’objet de nouvelles synthèses. (132) Morciano M.M., Le trasformazioni dei segni del potere nella città di Tipasa di Mauretania. Assetto del territorio, viabilità, edifici pubblici e di culto, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 515-525, ill. À l’époque préromaine, le mausolée symbolisait le pouvoir. Au cours du IIe s., la cité de Tipasa se dota de monuments divers, témoignages de sa romanité : forum, temples, rempart, etc. Les symboles du pouvoir ont encore changé à l’époque tardive, comme en témoignent les basiliques chrétiennes. (133) Laporte J.-P., Remparts urbains antiques et médiévaux de Kabylie et de l’est du Titteri, dans Enceintes urbaines, p. 105-172, a fait le bilan des connaissances sur les remparts et les fortifications des cités de cette région. Après des considérations sur la chronologie, l’a. a établi un catalogue en procédant d’ouest en est, depuis Cissi jusqu’à Choba sur la côte – en incluant Bida située un peu plus au sud –, soit la Kabylie du Djurdjura, puis la Kabylie de la Soumma et des Babors, de Saldae à Tubusuptu ; enfin l’est du Titteri avec Auzia, Aïn Bessem et Rapidum. (134) Id., Rapidum… 20 ans après, dans Visions de l’Occident romain, p. 231-260, 13 fig., revient sur un site auquel il avait consacré une monographie en 1989. Si les données n’ont pas évolué sur le fond, l’a. apporte quelques précisons utiles, notamment en proposant des améliorations de lecture sur une dizaine d’inscriptions, et il fait connaître un inédit. (135) Guichard P. et Djerrab A., Note sur un gué à proximité d’El-Aouinet (ancien Clairfontaine, wilâya de Tébessa), dans Aouras, VII, 2012, p. 109-117, 4 fig. La plaine que domine la Table de Jugurtha a livré de nombreuses traces d’époque antique, mais sans qu’une localité romaine de dimension urbaine ait pu donner un centre à cet espace ; plus tard, une ville arabe importante, Majjâna, a existé puis a disparu. Une prospection serait sans aucun doute fructueuse le long du Mellègue. Au Maroc, (136) Ramos Muñoz J., Bernalcasasolad., Raissounib., Zouakm., Elkhayaria., Vijandee., Bustamante M., Vargas J.M., Cabral A., Gutiérrez J.M., Sáez A., Díaz J.J., Cantillo Duarte J.J., Domínguez-Bella S., Maate A., Lara M., Barrena Tocino A., Moreno E. et De la Puente A., Informe de la campaña del año 2011 del proyecto de investigación « Carta Arqueológica del norte de Marruecos », dans Informes y Trabajos. Excavaciones en el exterior 2011, IX, 2012, p. 488-525, ill. Cet article est la première synthèse des nouvelles données fournies par les prospections menées au nord du Maroc (sur une partie de la Wilaya de Tétouan et de la province de Fahs-Anjra) : il s’agit d’une zone qui n’avait plus fait l’objet de prospections depuis le protectorat espagnol. Soulignons particulièrement la petite fouille effectuée dans la baie de Marsa (entre Ceuta et Alcazaseguer), sur le site d’une cetaria. (137) Akerraz A., Les fortifications de la Maurétanie Tingitane, dans Enceintes urbaines, p. 75-96, 15 fig., fait l’inventaire des nouvelles données issues des prospections et fouilles des dernière décennies en suivant un ordre chronologique. Cet données ont fait l’objet d’une première publication en 2010 (B.A.A.A., XLIV (2010), 2012, n° 288). (138) Campos Carrasco J.M., Bermejo Meléndez J. et Verdugo Santos J., Proyecto Tamuda (Tetuán, Marruecos). Campaña de 2011, dans Informes y Trabajos. Excavaciones en el exterior 2011, IX, 2012, p. 448-469, fig., dressent le bilan des résultats obtenus pendant la campagne de fouilles de 2011 à Tamuda : les principia du camp sont datés de l’époque julio-claudienne ; les horrea, naguère étudiés par N. Villaverde, pourraient être en réalité des écuries pour les chevaux des ailes cantonnées dans le camp ; à l’endroit connu sous le nom de El Mogote, on a découvert une tour datée au plus tôt du IIe s. apr. J.-C. ; enfin un marché a été mis au jour dans la ville punico-maurétanienne. (139) Ichkhakh A., Recherches sur les maisons du quartier de l’arc de triomphe (Volubilis), dans Bulletin d’archéologie marocaine, XXII, 2012, p. 187-213, 11 fig., propose quelques éléments de réflexion dans le but de dresser une typologie des maisons volubilitaines concentrées dans le quartier nord de la ville : il y a les maisons modestes, à couloir, et les maisons à péristyle (une trentaine). Ces dernières ne présentent pas d’originalité par rapport aux demeures à péristyle connues ailleurs : elles sont de plan très divers et associent des composantes italiques et grecques. Une série de titres sur l’albâtre et le marbre introduit l’étude des matériaux. (140) Lazzarini L., Visanà D., Giamello M. et Villa I., Archaeometric characterisation of one Tunisian and two Italian calcareous alabasters used in Antiquity, dans Interdisciplinary Studies on Ancient stone, p. 436-444, 11 fig., 3 tabl. Les objets décoratifs en albâtre calcaire sont rares et leur origine est souvent mal connue, d’autant que l’albâtre n’est pas toujours bien identifié en l’absence d’analyses archéométriques. L’a. a étudié des exemplaires trouvés dans plusieurs sites africains (Carthage, Uthina, Utique, Thuburbo Maius, Lepcis Magna) : l’albâtre provenait des carrières de Jebel Oust (fig. 1c) ; d’autres carrières étaient localisées en Algérie (Bou Hanifa). (141) Herrmann J.J.Jr., Attanasio D. et Tykot R.H., Aspects of the Trade in White and Gray Architectural Marbles in Algeria, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1315- 1330, 8 fig. Dans l’Antiquité (de l’époque royale au IVe s. apr. J.-C.), les villes d’Hippone, Rusicade, Guelma, Thibilis et Cherchel ont utilisé des marbres provenant surtout des carrières du cap de Garde, du djebel Filfila et de Mahouna, en Algérie. Carrare et Proconnèse ont fourni des compléments. (142) Hermann J.J.Jr., Attanasio D., Tykot R.H.et Van den Hoek A., Aspects of the Trade in Colored Marbles in Algeria, ibidem, p. 1331- 1342, 5 fig. L’étude physico-chimique des marbres colorés trouvés en Algérie montre que certaines cités antiques ont importé des marbres de grande qualité depuis la région de la mer Égée. Des carrières locales ont fourni en outre le matériel pour d’importants programmes de construction au IIe et au IIIe s. (143) Id., Characterization and distribution of marble from Cap de Garde and Mt. Filfila, Algeria, dans Interdisciplinary Studies on Ancient stone, p. 300-309, 3 tabl., 11 fig. Les analyses isotopiques effectuées sur les marbres issus de ces deux carrières ont des profils bien différents. Les objets fabriqués dans ces matériaux, en particulier les fûts de colonnes, se retrouvent en de nombreux sites de Méditerranée centrale, et sont datés de l’époque hellénistique au IIIe s. apr. J.-C. Concernant la mosaïque, mentionnons d’abord une étude générale. (144) Pappalardo U. et Ciardiello R., Griechische und römische Mosaiken, photog. Pedicini L., Munich, 2012, 320 p., ill., 2 index, est la traduction allemande de l’ouvrage italien paru en 2010 (B.A.A.A., XLV (2011), 2016, n° 160). L’iconographie des mosaïques africaines est abordée à travers différentes approches. (145) Durán Penedo M., Reflejo del poder de las dominas en los mosaicos del Norte de África e Hispania, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1291-1314. Dans une société masculine comme l’était la société romaine, quelques femmes ont eu accès à une forme de pouvoir ; elles ont voulu le perpétuer à travers les représentations iconographiques qu’elles ont laissées, surtout des mosaïques (El-Alia ; Carthage : seigneur Julius et son épouse ; Sidi Grib). La fig. 4 ne représente pas une femme : elle est nimbée ; « la dame de Carthage » a donné matière à des débats que l’on trouvera dans G.-C. Picard, La Carthage de saint Augustin, Paris, 1965, p. 186-187. (146) Mañas Romero I., Visual Discourses of Sexual Control in Roman Houses in North Africa II AD to AD IV, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 691-699, ill. Dans les riches domus, les peintures et les mosaïques font connaître des représentations de sexualité. Le dieu y est actif et la femme ou la déesse toujours passive. D’après l’auteur, ce discours visuel visait à maintenir le contrôle des hommes sur les femmes. (147) Neira Jiménez M.L., Transformación de los paisajes de poder en los mosaicos romanos del Norte de África. De la sutileza del mito y las autorrepre-sentaciones, ibidem, p. 783-806, ill. Entre le IIe et le VIe s., les commanditaires adaptent leurs demandes à l’évolution du pouvoir. L’autoreprésentation y occupe toujours, de toute façon, une grande place ; les spectacles, au moins dans les débuts, rappellent la richesse et la générosité des mécènes. (148) Redaelli S., Rappresentazioni di xenia nei mosaici romani dei principali centri della Byzacena, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2549-2565. Le sujet a déjà été bien étudié (Recherches franco-tunisiennes sur la mosaïque de l’Afrique antique, I, Xenia, Paris-Rome (CÉFR, 125), 1990, 145 p.-16 pl. Les xenia sont des représentations sur mosaïques de vivres présentés aux invités pour les accueillir ; ils sont inspirés de modèles hellénistiques. La documentation fournie par la Byzacène incite à penser que les artisans adaptaient leurs modèles aux goûts du commanditaire. (149) López Monteagudo G., Paisajes productivos del agro en los mosaicos romanos del Norte de África, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 669-690, ill. Beaucoup de mosaïques africaines représentent des scènes de la vie commerciale ou agricole ayant pour cadre des uillae rusticae. Elles montrent les cultures et l’élevage, les techniques de production, les pratiques de commercialisation et d’exportation. Elles sont des images de pouvoir et de prestige, et la mythologie, quand elle y est présente, reflète la culture de la haute société régionale entre le IIe s. et la fin du Ve s. L’article est illustré par une riche iconographie. (150) Blázquez Martínez J.M., Representaciones de villas rústicas en mosaicos del norte de África y de Hispania, dans Visions de l’Occident romain, p. 77-104, ill. Les deux corpus de mosaïques remontant à la période de l’Antiquité tardive montrent une étroite proximité dans les choix des motifs représentés, faisant écho à l’importance des relations commerciales entre l’Afrique proconsulaire et l’Hispanie. (151) Hanoune R. et Dupuis X., Le pavement des thermes de Tébessa, dans Ikosim, I, 2012, p. 125-127, fig., reviennent sur une mosaïque déposée au musée de Tébessa ; elle fait allusion aux spectacles de chasse donnés dans l’amphithéâtre. La triple mention cvris xi doit renvoyer aux curies municipales, qui sont des circonscriptions électorales.

7Les terres cuites et la céramique offrent cette année encore un riche sujet de publications. Évoquons pour commencer des études générales. (152) Ramón Torres J., Perduraciones y cambios en las producciones cerámicas tardopúnicas en el extremo occidente mediterráneo, dans Etapa (La -) neopúnica, p. 223-258. Les productions céramiques vasculaires tardo-puniques dans l’extrême-occident méditerranéen et dans la zone atlantique sont très méconnues, exceptées les réalisations d’Ibuschim (Ibiza), Gadir (Gadès) et Kouass (Arsilah). L’article porte aussi sur l’influence de l’hellénisation et de la romanisation observée dans ces productions. (153) Panella C., Le merci a Roma, dans Atlante di Roma antiqua, édit. Carandini C., Rome, 2012, p. 108-115, fig. Cette excellente synthèse retrace les flux commerciaux à partir de la céramique et des amphores, et souligne la primauté des produits africains du IIe au IVe s. (154) Ballet P., Bonifay M. et Marchand S., Africa vs Aegytus : routes, rythmes et adaptations de la céramique africaine en Égypte, dans Entre Afrique et Égypte, p. 87-117, se penchent sur les importations de céramiques et d’amphores africaines en Égypte qui obéissent à une chronologie différente : il y a un décalage d’un siècle entre les premières et les secondes, et à côté des routes maritimes, des routes terrestres ont pu exister. (155) Bonifay M. et Tchernia A., Les réseaux de la céramique africaines (Ier-Ve siècles), dans Rome, Portus and the Mediterranean, édit. Keay S. (Archaeological Monographs of the British School at Rome), XXI, 2012, p. 315-333, proposent une synthèse sur le sujet qui en renouvelle la vision globale. Ils soulignent eux aussi la déconnexion entre commerce de la vaisselle et commerce des amphores (production et commercialisation), s’interrogent sur la localisation des ateliers, des denrées, des entrepôts, ports, bateaux et marchés, sur la chute des exportations en Méditerranée entre le milieu du IIIe s. et le début du IVe, puis à nouveau au Ve s. (156) Di Giovanni V., Le dinamiche degli scambi economici nella Campania in età imperiale. Circolazione delle produzioni africane : ceramiche fini, anfore da trasporto e ceramiche da cucina, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1511-1538. Les objets étudiés sont assez disparates, puisque la céramique de table voisine avec les amphores. Les échanges n’ont pas cessé de croître entre la fin du Ier s. et le début du IVe s. ; ils sont caractérisés surtout par des importations africaines [plusieurs articles de ce volume XIX de L’Africa romana mentionnent au passage des importations africaines en Sicile et en Italie]. (157) Hanoune R., De l’Afrique à Bavay, dans Industria apium. Hommages à Raymond Brulet, édit. Cavalieri M., Louvain, 2012, p. 17-22, ill. Cette brève note concerne un tube à voûte en céramique commune beige conservé au Musée archéologique du Forum antique de Bavay, utilisé dans le cadre de la construction typiquement africaine en opus caementicium. L’hypothèse d’une possible origine africaine de l’objet en terre cuite est alors évoquée. Un seul titre concerne spécifiquement la circulation de la sigillée africaine : (158) Cabras V., Importazioni e consumo di sigillata africana C a Olbia, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1959-1983. La sigillée africaine C trouvée dans le port d’Olbia doit être datée d’une période qui va du IIIe s. au milieu du Ve s. Elle pose un problème : devant la faible importance du marché local, était-elle importée pour être réexportée vers d’autres centres ? Plus nombreuses sont les publications relatives aux lampes antiques. (159) Le luminaire antique. Lychnological Acts 3, Actes du 3e Congrès international d’études de l’ILA, Université d’Heidelberg, 21-26. IX.2009, édit. Chrzanovski L., Montagnac (Monographies Instrumenta, 44), 2012, 371 p., ill. Le congrès dédié aux luminaires antiques fait désormais partie du paysage scientifique : cette troisième manifestation comprend quatre contributions sur l’Afrique dont trois sont présentées dès à présent. (160) Bussière J., Production et circulation des lampes tardives d’Algérie, ibidem, p. 55-67, 10 fig., décrit les trois catégories de lampes tardives (IIIe-VIIe s.) présentes en Algérie, en insistant sur la production locale et la diffusion. On compte 68 % de lampes en céramique commune pour 32 % de sigillée, ce qui inverse complètement la proportion suggérée par J.W. Salomonson dans les années soixante. (161) Podvin J.-L., Création et imitation dans le luminaire isiaque, ibidem, p. 195-302, 13 fig. L’Afrique est le troisième espace le plus créatif, après l’Italie et la péninsule Ibérique, du IIe au IVe s. : Sérapis radié est une spécificité africaine ; Sérapis trônant sur un médaillon a peut-être été créé en Afrique, et l’on a trouvé à Carthage une lampe naviforme sur laquelle Sérapis et Harpocrate, en buste, se tiennent à l’une des extrémités du bateau entre deux colonnes et sous une arche. (162) Lombardi R.C., Produzione et diffusione delle lucerne africane tardoantiche nell’insediamento rurale di Masseria Seppannibale Grande (Fasano-BR), ibidem, p. 213-227, 21 fig. Cet établissement rural tardif (entre le IVe et le VIIe s.) a fourni des lampes qui appartiennent à la chronotypologie de l’Atlante VII, VIII et X, et certaines sont d’origine africaine, réalisées sur la côte septentrionale de la Tunisie. (163) Dejean H., Lampes antiques à travers les âges, Flayosc, 2012, 320 p., ill. (n.u.). Ce livre d’un amateur passionné d’archéologie est très mal diffusé. Il propose un catalogue d’environ 1900 lampes antiques, classées par période et par typologie, notamment des lampes phéniciennes, puniques et romaines. La collection est formée à partir de documents présents dans dix musées français, deux musées belges et un musée allemand. Notons un autre petit livre du même auteur, (164) Id., Gladiateurs sur les lampes à huile antiques, Flayosc, 2012, 88 p., ill. (n.u.). (165) Caron V. et Podvin J.-L., Lampes africaines de la collection du Château-Musée de Boulogne-sur-Mer, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1363-1379. Ce Musée possède plus de deux cents lampes antiques. Une bonne centaine viennent du littoral méditerranéen et la moitié de Tunisie et d’Algérie. Laissant de côté les lampes puniques, les auteurs proposent, après une synthèse, un catalogue de 36 numéros pour l’époque impériale et l’époque tardive (nous ne pensons pas que le chandelier soit chrétien : il est juif, à notre avis). (166) Da Costa K., Shining a Light on Shifting Frontiers : Cultural Uses of Ceramic Lamps during Late Antiquity, dans Shifting cultural frontiers in Late Antiquity, p. 167-180, propose une étude des lampes céramiques du Levant, en revenant notamment sur l’influence exercée par la production nord-africaine sur l’ensemble des ateliers méditerranéens à partir du IVe s., et montre que la majorité ne se conforme pas à un style « méditerranéen » mais révèle plutôt une forme de résistance culturelle. Sans surprise, les amphores fournissent également un sujet particulièrement étudié, à commencer par leur circulation. (167) Ciotola A. et Munzi M., L’apporto tripolitano al commercio mediterraneo : insediamenti, derrate e contenitori, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1381-1429, ill. Ce gros dossier couvre une vaste période, du IIIe s. av. J.-C. au VIIe s. apr. J.-C. Les amphores permettent de suivre l’évolution du commerce de la Tripolitaine ; des planches, des tableaux-listes et des cartes aident à suivre le propos. L’huile, le vin et peut-être le garum ont alimenté ces activités. Une longue bibliographie a été placée in fine. (168) Loughton M. et Alberghi L., Toulouse « Caserne Niel » (Haute-Garonne), a Preliminary Report on the amphorae, dans Société française d’étude de la céramique en Gaule. Actes du Congrès de Poitiers, 2012, p. 801-820, 18 fig., analysent le matériel amphorique de 70 puits situés au centre de la cité toulousaine ; une petite partie provient d’Afrique, entre 200 et 100 av. J.-C. : quelques amphores puniques, et surtout des amphores de Tripolitaine, qui forment le lot le plus important en provenance d’un site français ou espagnol. Elles s’intègrent à des routes commerciales provenant de Campanie plutôt que de Marseille, et elles contenaient de l’huile à l’usage de marchands et d’artisans africains, plutôt que du vin. (169) Contino A., Tripolitana antica e Dressel 26 a Roma. Il caso del Nuovo Mercato Testaccio. Dati preliminari, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1471-1487, ill. Nous trouvons ici les résultats de fouilles faites au Testaccio entre 2005 et 2009. Les amphores africaines qui sont étudiées sont datées du Ier au IIIe s. Les plus intéressantes concernent des types africains précoces, Tripolitana antica et Dressel 26, qui vont du IIe s. av. J.-C. jusqu’au Ier s. apr. J.-C. L’étude de (170) Johnson P.S., Economic Evidence and the changing Nature of urban Space in late antique Rome, Barcelone, 2012, 239 p., 37 fig., concerne la présence des amphores africaines à Rome au cours des IIIe-VIe s. (voir notamment l’annexe D, Quantified Data, p. 187-208, qui traite aussi des données fournies par les ostraca trouvés dans l’Îlot de l’Amirauté à Carthage, p. 39-43). (171) Lemaître S., Pour qui sont ces amphores qui gisent sur vos sites ? Des amphores à Poitiers-Lemonum. Le mobilier des fouilles de la Médiathèque, dans Société française d’étude de la céramique en Gaule. Actes du Congrès de Poitiers, 2012, p. 181-195, 18 fig., s’intéresse à une petite collection de 67 amphores (milieu Ier s. av. J.-C. IIe s. apr. J.-C.) ; quelques-unes sont africaines et anciennes, peut-être de type Tripolitaine II, et l’une pourrait être de tradition punique. Le produit transporté n’est pas assuré, huile ou sauces/conserves de poisson.

B – Bibliographie

8Cette rubrique accueille les ouvrages bibliographiques d’intérêt général, les dictionnaires et les encyclopédies spécialisées, les études sur le patrimoine puis l’historiographie ainsi que les notices biographiques consacrées aux savants qui nous ont quittés récemment.

9Comme à l’accoutumée, il est utile de se référer d’abord à (172) L’Année philologique, LXXXIII, 2012, 1846 p., et au (173) Bulletin analytique d’Histoire romaine, XXI, 2012, 456 p., qui ont fait l’objet de dépouillements. Le (174) Bulletin épigraphique, édit. Sève M. et alii, dans Revue des Études Grecques, 125, 2, 2012, p. 515-692, ne traite que très marginalement de l’Afrique du Nord représentée par seulement cinq notices dont quatre concernent la Cyrénaïque (n° 502-505) et une la Numidie (n° 506). D’autres bibliographies, plus spécialisées, fournissent également une aide opportune. En ce qui concerne les sources littéraires, (175) Brill’s New Pauly. Supplements, V, The reception of classical literature, édit. Walde C. et alii, Leiden, 2012, XIX-596 p., ill., index, poursuit la traduction de son homologue allemand. (176) Dictionnaire des philosophes antiques V, De Paccius à Rutilius Rufus, édit. Goulet R., 2012, 2 vol. (1 070 p., VI-p. 1172-1883), ill., 2 index. L’Afrique n’est pas à proprement parler au cœur de ce volume. Il comprend une notice de Julien Pomère, originaire de Maurétanie, et surtout de Romanianus de Thagaste, ami et mécène d’Augustin, dont l’influence sur la philosophie occidentale peut être appréhendée dans les références qui sont faites à ses textes, répertoriées dans l’index. Concernant la religion, mentionnons le (177) Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, XXXI, fasc. 183, Leontiev-Lesley, édit. Aubert R. et Courtois L., Paris, 2012, col. 769- 1024. (178) Religion past and present. Encyclopedia of theology and religion XI, Reg-Sie, édit. Betz H.D., Browning D.S., Janowski B., Jüngel E., Leiden-Boston (Mass.), 2012, CX-703 p., ill., cartes, et (179) Religion past and present. Encyclopedia of theology and religion XII, Sif-Tog, édit. Id., Leiden-Boston (Mass.), 2012, CX-737 p., ill., cartes, poursuivent la traduction anglaise de la 4e édition de l’encyclopédie allemande Religion in Geschichte und Gegenwart (1998-2005). Une bibliographie intéresse par ailleurs l’histoire du sport dans l’Antiquité, dans laquelle le lecteur pourra trouver ponctuellement des titres relatifs à l’Afrique : (180) Annual bibliography of sport in Antiquity 2012, édit. Papakonstantinou Z. et Remijsen S., préface de Decker W., dans Nikephoros, XXV, 2012, p. 265-290, index. Dans le domaine de la culture matérielle, on mentionnera (181) Bulletin de l’A.I.E.M.A., Bibliographie 2011-2012 et compléments des années antérieures, compte-rendus de publications, XXIII, 2015, 608 p., pour la mosaïque. (182) Laubenheimer F., Des amphores et des hommes. Chronique 2012, dans Dialogues d’Histoire ancienne, XXXVIII, 2012, p. 239-252 ainsi que (183) Ead., Des amphores et des hommes. Chronique 2013, dans Dialogues d’Histoire ancienne, XXXXIX, 1, 2013, p. 221- 236, qui intéresse les titres de 2012 et antérieurs, ont été dépouillés. Dans le même champ d’étude, il faut mentionner (184) Badoud N., Dupont P., Garlan Y. et Marangou-Lerat A., Bulletin amphorique : amphores et timbres amphoriques (2007-2011), dans Revue des Études grecques, 125, 1, 2012, p. 159-271. Ce sixième « bulletin amphorique » dresse un bilan de la production scientifique relative aux amphores entre 2007 et 2011. Il mentionne quelques références concernant des productions africaines (p. 204, p. 206, p. 241, p. 247, p. 256, p. 257, p. 258, p. 259-260), mais il est plus spécifiquement question de l’Afrique aux p. 261-263 qui présentent l’état bibliographique du matériel découvert en Cyrénaïque (Euespérides), à Carthage, en Numidie et en Maurétanie à Lixus. Dans un champ de recherche plus général, (185) Oxford (The-) classical dictionary, édit. Hornblower S., Spawforth A.J.S. et Eidinow E., Oxford-New York, 2012, LV-1 592 p., est la 4e édition de cette encyclopédie du monde classique, très largement augmentée et actualisée : deux nouveaux domaines y ont fait leur entrée (anthropologie et étude des réceptions), 90 entrées sont nouvelles ou remplacées. (186) L’Encyclopédie berbère, XXXIII, 2012, p. 5213- 5410, ill., propose son lot de notices sur l’Afrique antique ; nous n’avons recensé que celles qui concernent l’Antiquité. (187) Desanges J., Nanosbeis, p. 5236 ; (188) Id., Natembeis, p. 5259 ; (189) Id., Nathabres, p. 5259 ; (190) Id., Nattabutes, p. 5259-5260 ; (191) Id., Nektiberes, p. 5410 ; (192) Hamdoune C., Navigation : Antiquité, p. 5299-5310, ill. ; (193) Vanhaeren M. et D’Errico F., Nasamons, p. 5252-5258 ; (194) Roubet C., Nécropoles protohistoriques, p. 5338-5342 ; (195) Chaker S., Nedroma / (n) ndrm (h) (libyque) : Note onomastique, p. 5349-5352 ; (196) Khelifa A., Nefoussa (tribu) / nafûsa (arabe) / infusen (berbère), p. 5359-5363 ; (197) Trousset P., Nefta (Nepte, Aggarsel Nepte), p. 5378- 5380 ; (198) Id., Nefzaoua : Antiquité, p. 5382-5389, 3 fig. ; (199) Laporte J.-P., Négrine antique (Nigrenses Maiores, médiévale Qaytun Biyada), p. 5402-5410, 3 fig. Dans (200) l’Encyclopédie berbère, XXXIV, 2012, p. 5411-5694, qui comprend aussi une table des matières et une table des auteurs pour la lettre N, nous lirons les notices suivantes : (201) Laporte J.-P., N’Gaous (wilaya de Batna), antique nicivibus (Numidie) : Histoire antique, médiévale et moderne, p. 5538-5549, 2 fig. ; (202) Id., Nubel, p. 5626-5630, 1 fig. ; (203) Desanges J., Nicibes/Nicives, p. 5552-5553 ; (204) Id., Nigitimi, p. 5553 ; (205) Id., Nigize, p. 5553-5554 ; (206) Id., Nigritae / Nigrites, p. 5554-5555 ; (207) Id., Nitriotae, p. 5558 ; (208) Id., Noubae, p. 5621 ; (209) Id., Nugbenitae, p. 5631 ; (210) Id., Nukpii/ Nuktii, p. 5631-5632 ; (211) Id., Nunti (i), p. 5678 ; (212) Id., Nuptii, p. 5678-5679 ; (213) Trousset P., Nomadisme (Saharien en Afrique du Nord dans l’antiquité), p. 5578- 5589, 2 fig. ; (214) Id., Numides/Numidae, p. 5668-5669 ; (215) Id., Nybgenii, p. 5679-5683 ; (216) Dupuis X., Ghaki M., Laporte J.-P., avec la collab. de Desanges J. et Duval N., Numides, Numidie, p. 5633-5668, 5 fig. ; (217) Galand L., Numides / Numidae : Note sur le nom des Numides, p. 5670-5672, 1 fig. ; (218) Hamdoune C., Nundinae, p. 5673-5678. En matière de recensements bibliographiques, (219) Faure J.-P., Bibliographie de Pierre Morizot, dans Aouras, VII, 2012, p. 5-12, a dénombré 72 titres et reconnaît qu’il n’a pas eu connaissance de toutes les publications de P.M. D’un point de vue régional, (220) Blanc-Bijon V., Présentation du livre Maisons de Clupea. Exemples de l’architecture domestique dans un port de l’Afrique proconsulaire. Les maisons de l’École de pêche, par Jean-Marie Lassère et Hédi Slim, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 97-100, attire l’attention sur un travail non seulement original mais encore bien fait. Il ne concerne pas seulement l’architecture ; on y trouve des apports non négligeables sur la céramique, la mosaïque et toutes les branches de l’archéologie ou presque. (221) Von Rummel P., Mauretania, dans Reallexikon für Antike und Christentum, XXIV, Stuttgart, 2012, col. 441-472, comprend un article détaillé sur l’histoire de la Maurétanie depuis l’époque préromaine, et insiste particulièrement sur la période chrétienne. Sont également abordées l’évolution territoriale, les limites de la Maurétanie ainsi que l’administration et l’urbanisation de la région. L’article propose aussi un bilan de la bibliographie récente. Concernant la même région, (222) Remesal Rodríguez J., Presentación del libro de L. Pons Pujol, La economía de la Mauretania Tingitana (siglos I-III d.C.). Aceite, vino y salazones, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 111-112. L’intérêt de cet ouvrage pour l’histoire économique apparaît avec évidence. Ajoutons qu’on y trouvera un corpus de timbres amphoriques. Sur le christianisme et la période tardive, il convient de mentionner un utile instrument de travail, (223) Atlante storico del cristianesimo antico, édit. Di Bernardino A., Bologne, 2010, 397 p., ill. et cartes en coul., 4 index. Cet atlas historique richement illustré, en couleur et en grand format, propose en particulier huit cartes consacrées aux provinces d’Afrique du Nord qui localisent les sièges épiscopaux et les voyages d’Augustin (cartes n° 42-49). Ces cartes sont accompagnées d’une brève synthèse historique évoquant à grands traits l’organisation administrative des provinces d’Afrique depuis la conquête romaine, les grandes étapes de la christianisation et l’organisation ecclésiastique.

10La rubrique qui porte sur le patrimoine est centrée autour d’un ouvrage collectif. (224) La réorganisation du Musée de Cherchel, Phase I : le royaume numide, édit. Alesick R. et Froning H., Wiesbaden, 2012, 143 p., ill., publie les actes d’un colloque algéro-allemand, qui se déroula en 2009 à Alger dans le but d’évaluer la réinstallation de la collection de sculptures d’époque royale dans le nouveau Musée National de Cherchel : on y aborde plusieurs questions, la restauration des statues, le témoignage des monnaies sur l’histoire de Iol, la statuaire et les options architecturales du musée. Dommage qu’un projet aussi important soit connu par une telle publication : les articles en français sont rédigés dans une langue parfois incompréhensible (sauf les articles de H. Froning et de Y. Chennaoui, de très bonne tenue) et il manque, dans la bibliographie finale, plusieurs titres cités par les auteurs. (225) Landwehr Ch., La réorganisation du musée de Cherchel : le royaume numide et les portraits sculptés de la famille royale de Cherchel, ibidem, p. 1-10, 12 fig., n. et bl., présente brièvement et dans un jargon consternant le projet de rénovation du musée qui s’organise autour des statues de la famille royale maurétanienne. La tête aux cheveux bouclés, identifiée traditionnellement à Juba I, est datée du IIe s. apr. J.-C.et représente certainement un dieu maure. (226) Müller J., Un concept didactique de musée pour Cherchel, ibidem, p. 17-22, 4 fig., explique d’abord ce qu’est ce concept avant de l’appliquer au projet du musée de Cherchel (un musée pour les adultes et pour les enfants). (227) Faulstich E., Le plan générale (sic !) d’archéologie a (sic) Cherchel : la numérisation du plan historique e (sic !) moderne en rapport avec la topographie antique de Cherchel, ibidem, p. 23-30, 7 fig., s’est aidée des ressources numériques pour établir ce plan. (228) Hofmann P., La restauration des sculptures antiques du musée de Cherchel, ibidem, p. 69-83, 16 fig., présente le programme de restauration des sculptures au cours des années 2008 et 2009 et les principes techniques qui ont présidé à leur installation dans le musée. (229) Klessing J.M., Rapport de campagne de conception au musée de Cherchel, en Algérie, Automne 2009, ibidem, p. 85-107, 20 fig. La « campagne de conception », c’est l’évaluation des risques sismiques dont il convient de protéger la collection du musée. (230) Ettl H. et alii, Materialuntersuchungen, insbesondere Ultraschallmessungen an Bilderwerken aus Marmor im museum von Cherchel, Algerien, ibidem, p. 109-122, 11 fig., 6 tabl. Des mesures par ultrasons ont été appliquées à différentes sculptures, comme en témoignent les six tableaux de chiffres divers. (231) Chennaoui Y., Les modalités de présentation des vestiges archéologiques de Cherchell, 1840 à nos jours : état des lieux et perspectives, ibidem, p. 123- 133, s’ouvre par une intéressante chronique des fouilles entreprises à Cherchel depuis 1840 jusqu’à nos jours, les dernières campagnes étant celle de P. Leveau sur la nécropole ouest en 1993, puis un chantier école en 2003 sur le « terrain Mercadal » (en collaboration avec l’INRAP). Puis l’auteur mentionne les lieux où le matériel fut entreposé ou exposé par le passé, avant d’aborder le projet encore très lointain d’un site archéologique urbain.

11L’historiographie, comme les années précédentes, est riche d’études qui traitent particulièrement de la période coloniale. Avant de mentionner plusieurs publications collectives qui prennent la forme d’hommage, évoquons (232) Der neue Pauly. Supplemente. VI, Geschichte der Altertumswissenschaften. Biographisches Lexikon, édit. Kuhlmann P.A.et Schneider H., Stuttgart, 2012, LXII p.-1476 col., index. On y trouvera de grands historiens de l’Afrique, tels J. Heurgon, H.-G. Pflaum, S. Gsell, etc, mais tous n’y sont pas. (233) La revue Aouras a consacré son numéro à un hommage rendu à son fondateur, Pierre Morizot. (234) Guittard C., Un hommage à Pierre Morizot, dans Aouras, VII, 2012, p. 13-14 et (235) Danesi H. et Blas de Robles J.-M., La revue Aouras et sa première décennie, ibidem, p. 15-16, rappellent l’objectif de P. Morizot quand il fondait la Société d’Études et de Recherches sur l’Aurès antique, « valoriser le patrimoine d’une région dont il s’était depuis longtemps attaché à réévaluer le rôle politique et économique au sein de l’Afrique romaine » : la revue en est un élément essentiel. (236) Kenouche A., Quand apothéose rime avec hommage, ibidem, p. 19-25, évoque en termes lyriques l’amour que P. Morizot porte à l’Aurès et à ses habitants. (237) Debergh J. (†) et Rassart-Debergh M., Henri et Emmanuel Evenepoel en Algérie, ibidem, p. 291-329, 1 fig., 1 photo. J. Debergh avait réuni une documentation sur la partie algérienne du voyage que le père du peintre belge Henri Evenepoel avait fait en 1987-1898, complétant ainsi le récit de son fils, publié en 1897. La veuve de J. Debergh s’est basée sur ces travaux pour publier cet article qui comprend aussi le récit algérien d’Edmond Evenepoel (p. 305-326). Évoquons maintenant plusieurs études qui se sont intéressées au passé colonial du Maghreb. (238) Morizot P., L’œuvre archéologique de la France en Afrique du Nord, dans Présences françaises outre-mer (XVIe-XXIe siècles), T. II, Science, religion et culture, Paris, 2012, p. 301-313. Cet exposé résume les principales étapes des découvertes, les explorations du milieu du XIXe s. et l’ouverture des chantiers de fouilles qui ont accompagné la conquête française en Afrique du Nord. Sont ensuite évoquées les importantes publications épigraphiques et les synthèses, qui ont rythmé le XXe s. et le début du XXIe s. L’auteur s’intéresse surtout à l’Algérie. (239) Roubet C., Protohistoire et préhistoire en Algérie. Patrimoine dévoilé entre 1830 et 1962, ibidem, p. 315-349, rappelle que, de 1831 à 1867, prévalut une erreur attribuant l’édification des dolmens protohistoriques du Maghreb à des populations celtiques, attribution qui cessa lorsque, parallèlement, fut adopté le vocable « berbère ». À la fin du XIXe s. et au cours du XXe s., les travaux de S. Gsell et de G. Camps posent les fondements d’un cadre protohistorique en Algérie. Quant à la préhistoire, les recherches permettent désormais de mieux apprécier l’anthropisation de ces régions sur le très long terme. (240) Dondin-Payre M., L’Afrique dans l’histoire de l’épigraphie. Principales étapes d’une découverte, dans Cahiers du Centre Gustave Glotz, XXIII, 2012, p. 333-334, ill. La découverte des inscriptions africaines bouleversa non seulement les connaissances sur cette région, mais l’épigraphie de tout l’Empire, car tous les domaines historiques furent renouvelés. Les circonstances permirent ainsi aux savants français de jouer un rôle essentiel dans ce renouvellement. Il faut faire une place particulière à une importante monographie : (241) Rey S., Écrire l’histoire ancienne à l’École française de Rome (1873- 1940), Rome (CÉFR, 462), 2012, 489 p., ill., index. Il s’agit ici d’un travail pionnier car c’est la première fois qu’un institut français à l’étranger est envisagé sous l’angle de l’historiographie, depuis la fondation de l’École en 1873 jusqu’à la date de 1940 où, à cause des débuts de la guerre, l’institution ferme ses portes pour la première fois de son histoire : les anciens élèves du Palais Farnèse ont-ils une manière spécifique d’écrire l’histoire, une certaine vision de l’Antiquité, qui serait repérable dans leur production scientifique ? Les documents étudiés sont les œuvres, les choix scientifiques, les compte-rendus, les correspondances, souvenirs et mémoires. Le terrain africain devient dès la fin du XIXe s. l’une des terres d’élection des Farnésiens ; dans les colonies du Maghreb tout comme en Grèce et en Italie, l’archéologie de terrain, au tournant des XIXe et XXe s., est également le lieu d’une affirmation scientifique face à la domination des Allemands. Un chapitre est consacré à L’expérience africaine (p. 125-178) et une section à L’Afrique toujours (p. 261-272). Quelques études sont plus particulièrement consacrées à certaines personnalités. (242) Knoepfler D. et Chatelain T., La face cachée d’une mission à Lepcis Magna en 1816 : les activités du major Charles-Philippe de Bosset, officier et antiquaire neuchâtelois au service de l’Angleterre, dans L’hellénisme, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, p. 57-82, 9 fig., rappellent la carrière de ce Neuchâtelois qui entre au service de l’Angleterre contre Napoléon en 1796. L’une de ses missions aurait dû le mener en 1816 à Lebda dans un double objectif : rapporter les vestiges les plus remarquables et envoyer à Londres des spécimens de salpêtre extraits d’une colline de Lebda, un matériau nécessaire à la construction des explosifs. Mais la mission tourna finalement court pour des raisons obscures. (243) Guittard C., Masqueray et les origines de Rome, dans Aouras, VII, 2012, p. 279-289. L’auteur, qui succède à P. Morizot à la tête d’Aouras, revient sur Émile Masqueray dont la thèse en latin (1886), consacrée à l’Aurès, a été traduite et publiée en 2007 (Aouras, IV, 2007) : É. Masqueray s’est intéressé au vocabulaire latin conservé en arabe, et si sa vision de l’Afrique antique est celle de l’époque coloniale, son originalité tient au rapprochement qu’il propose entre la formation des cités chez les communautés antiques de l’Algérie et la naissance de Rome. (244) Rodes A., Jules Toutain et l’éloge de la colonisation, dans Anabases, XV, 2012, p. 59-69, rés. angl. p. 271-272. Jules Toutain (1865-1961) n’a pas été seulement l’archéologue et le spécialiste de l’Afrique proconsulaire que l’on connaît, mais il fut également l’auteur de nombreux manuels du secondaire, et il est intéressant de voir quels liens il a tissés entre ces deux activités : pour lui, la conquête romaine était un modèle pour la colonisation française, ce qui rejoignait les idées de son temps, mais il a eu aussi des idées plus originales, comme la comparaison entre Gaulois et peuples du Maghreb. Il s’agissait moins d’une manipulation politique que du désir de faire comprendre aux élèves les réalités anciennes. (245) Laporte J.-P., Étienne Sérée de Roch (1881-1961), dans Aouras, VII, 2012, p. 331-337. Instituteur puis conservateur du Musée de Tébessa, ce personnage a sauvé des antiquités et enrichi notre connaissance de l’antique Théveste. (246) Bénichou-Safar H., Un inédit du R.P. Delattre, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 35-54, publie un rapport inédit du Père Delattre. Il date de l’année 1901 et fait connaître des fouilles effectuées en 1901 à Carthage dans la nécropole punique dite « nécropole des Rabs », près de la colline de Sainte-Monique. On y trouve des inscriptions latines, en particulier des fragments de listes militaires [nous ne sommes pas bien sûrs que le camp de la cohorte urbaine se soit trouvé là], et surtout évidemment des sépultures (sarcophages et puits, avec un matériel abondant et varié). Pour la période postérieure, (247) Ben Baaziz S., Historique de la recherche archéologique en Tunisie, dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 57-78, rés. fr. p. 433, complète et poursuit le projet de G. Charles-Picard, qui s’arrêtait à l’indépendance de la Tunisie. Il reprend la même périodisation, avec des variantes et s’arrête en 1997. Sa conclusion souligne la mainmise des administratifs sur les archéologues depuis 1997 et le déclin de l’archéologie tunisienne, en dépit de l’apport massif d’argent par la coopération internationale. La période de l’indépendance retrouvée de l’Algérie est abordée par l’article de (248) Rey S., Ne pas quitter « la terre d’Afrique ». Les Antiquisants, l’Algérie française et la déclaration du 23 mai 1956, dans Anabases, XV, 2012, p. 71-84. De nombreux antiquisants ont signé cette déclaration de soutien à la politique de Guy Mollet « pour le salut et le renouveau de l’Algérie française » (contre H.-I. Marrou qui avait dénoncé les violences commises contre les Algériens), et, si peu sont de vrais « africanistes », beaucoup avaient fouillé au Maghreb en tant que membres de l’École française de Rome, ce qui les a sans doute amenés à défendre l’Empire colonial. La seconde partie de l’article est plus centrée sur les spécialistes de l’Afrique, qui ont peu mélangé leurs activités de recherches avec une réflexion sur les événements contemporains. L’histoire africaine apparaît finalement peu instrumentalisée. En Algérie, la récupération des « grandes figures » de l’histoire africaine à des fins politiques est tout à fait sensible comme le montre (249) Alexandropoulos J., Jugurtha héros national : jalons sur un itinéraire, dans Anabases, XVI, 2012, p. 11-29, ill., rés. angl. p. 341-342. La prégnance de la réception « occidentale » de l’Antiquité puis le nationalisme algérien de l’indépendance ont contribué à définir les contours de la figure de « héros national », incarnée par Jugurtha. L’auteur analyse le processus de cette construction et l’enjeu de sa récupération, à l’époque contemporaine. La sélection de personnalités marquantes de l’histoire antique du Maghreb, opérée par l’écriture occidentale de cette histoire depuis l’époque moderne, et l’importance de leur dimension militaire, sont évoquées par (250) Wheeler E., The General’s Métier : the Lists of « Great Captains » and Criteria for Selection, dans Métier (Le -) de soldat dans le monde romain, p. 417-449. Trois périodes ont été à l’origine de listes de « grands » généraux : l’Antiquité d’Archiloque à Jules César ; l’époque moderne, du XVe s. au début du XIXe s., enfin l’époque contemporaine (surtout chez les anglophones). Il s’agit donc d’un sujet historiographique, mais qui s’enracine dans une pratique très ancienne. Hannibal et Scipion l’Africain font souvent partie de ces listes. (251) Aníbal de Cartago : historia y mito, édit. Remedios S., Prados F. et Bermejo J., préface de Marzoli D., Madrid, 2012, 537 p., ill, cartes. L’ouvrage propose une relecture interdisciplinaire de la figure du général carthaginois et de sa réception jusqu’au XIXe s. Il associe les travaux d’universitaires et de jeunes chercheurs. Nous mentionnons ici l’étude sur la postérité d’Hannibal produite par (252) Ben Tahar S., Quelques témoignages sur la survivance de la mémoire d’Hannibal au pays de Carthage, ibidem, p. 517-531 : l’image d’Hannibal a suscité peu d’intérêt chez les Africains jusqu’à la fin du XIXe s. Actuellement, c’est la perspective identitaire qui domine et ne cesse de s’amplifier.

12Les titres qui clôturent cette partie évoquent le souvenir de savants disparus. (253) Duval N., La figure et l’œuvre de Gilbert Hallier (13 avril 1923-16 février 2010), dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 15-19, donne une biographie précise du défunt en insistant sur ses séjours au Maroc et en Tunisie. (254) Laronde A.†, Gilbert Hallier n’est plus…, ibidem, p. 19, rappelle le passage de G.H. à Apollonia de Cyrénaïque. (255) Gassend J.-M., À propos de Gilbert Hallier, ibidem, p. 20, salue brièvement la mémoire de celui qui fut son maître. (256) Golvin J.-C., Je me souviens de Gilbert Hallier, ibidem, p. 20-21, manifeste brièvement sa reconnaissance. (257) Blanc-Bijon V., Travaux et bibliographie de Gilbert Hallier, ibidem, p. 21-25, a élaboré une utile bibliographie du savant architecte. (258) L’hellénisme, d’une rive à l’autre de la Méditerranée. Mélanges offerts à André Laronde, édit. Couvenhes J.-C. et alii, Paris, 2012, 570 p., ill., est un hommage rendu à André Laronde par ses collègues et ses amis, à l’occasion de son 70e anniversaire. Un an plus tard, A.L. décédait soudainement, avant la publication du livre, qui est donc en même temps un hommage à sa mémoire. Les contributions sont réparties en trois chapitres qui recouvrent ses domaines de recherches, I. Archéologies, II. Cyrénaïque, III. D’une rive à l’autre de la Méditerranée, et quelques articles intéressent la B.A.A.A. (259) Lefèvre F., André Laronde, ibidem, p. 7-9, rappelle la figure de l’enseignant chaleureux, ouvert et dynamique et celle du scientifique à la production abondante et variée, puis il évoque l’immense émotion de ses amis à l’annonce de son décès et le souvenir qu’A.L. leur a laissé de sa « flamme ». (260) Mouton J.-M., André Laronde, ibidem, p. 11-13, évoque l’homme, l’académicien et l’amoureux de la Libye. (261) Dobias-Lalou C. et Maiffre J.-J., Bibliographie d’André Laronde, ibidem, p. 15-25. (262) Michel V., À la mémoire d’André Laronde (1940-2011), dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 31-33, rappelle tout ce que le grand savant trop tôt disparu a fait pour la recherche sur la Libye antique. (263) Hamdoune C., Jean-Marie Lassère : 1932-2011, dans Encyclopédie berbère, XXXIII, 2012, p. VII-IX, rappelle l’enseignant, le chercheur et l’ami qu’était le savant disparu en 2011. (264) Vismara C., Ricordo di Jean-Marie Lassère, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 57-60, rappelle les principaux travaux que le défunt a consacrés à l’Afrique et également son Manuel d’épigraphie romaine, un « nouveau Cagnat ». (265) Hamdoune C., Jean-Marie Lassère et le Groupe de recherche sur l’Afrique antique, Montpellier. L’étude des carmina africains : du mausolée des Flavii aux dédicaces versifiées de monuments, dans Cahiers du Centre Gustave Glotz, XXIII, 2012, p. 334-335, évoque le rôle de ce savant pour réunir un groupe de recherche composé de latinistes et d’historiens autour de l’étude des carmina epigraphica. (266) Slim H. et Bejaoui F., In memoriam Jean-Marie Lassère, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 27-28, permettent de voir ce que J.-M.L. a apporté à notre connaissance des Hautes Steppes de Tunisie. (267) Le Bohec Y., Jean-Marie Lassère (1932-2011), ibidem, p. 29-30, met en valeur la diversité des compétences d’un savant qui ne fut pas seulement un africaniste et un épigraphiste, mais qui sut utiliser les textes, les monnaies et toutes les sources des historiens. (268) Livadiotti M. et Rocco G., Antonio Di Vita : un Maestro e la sua Scola, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 43-56. Les auteurs présentent brièvement la biographie du célèbre archéologue, mentionnent ses fouilles en Crète, son apport à l’Africa romana et le rôle de pédagogue qu’il a joué auprès de jeunes chercheurs. (269) Zucca R., Geza Alföldy e l’Africa romana, ibidem, p. 35-41, présente une correspondance avec l’illustre épigraphiste disparu et rappelle ses interventions aux colloques de l’Africa romana. (270) Blanc-Bijon V., Das Neves G. et Sempère S., Monsieur Souville, ibidem, p. 8-9, et Travaux et bibliographie de Georges Souville, avec la collab. de (271) Das Neves G., Antiquités africaines, p. 9-14. Les auteurs rappellent les fonctions administratives remplies par G.S. et, surtout, donnent la très longue liste des travaux publiés par ce savant. (272) Gozalbes Cravioto E., El Prof. Dr. Georges Souville (1927-2012). Una semblanza, ibidem, p. 5-8. Cette présentation est centrée sur deux aspects du personnage : le spécialiste du Maroc pendant la préhistoire et le formateur, le savant, qui a su susciter des vocations.

C – Ouvrages et articles généraux

13Nous commençons cette rubrique par les publications ayant trait aux sources, avant d’aborder l’histoire événementielle puis les études thématiques qui consacrent une place plus ou moins importante à l’Afrique.

14Dans le domaine des sources littéraires, (273) Domínguez Monedero A.J., El primer imperio marítimo. Fenicios y cartagineses vistos por griegos y romanos, dans Mare nostrum : viajeros griegos y latinos por el Mediterráneo, édit. Arcaz Pozo J.L. et Montero Montero M., Madrid, 2012, p. 35-78, aborde le thème bien connu de l’identité grecque et romaine, qui se définissait par opposition à ceux que l’on ne voulait pas être : ici, les Phéniciens et les Carthaginois. (274) A Companion to Tacitus, édit. Pagan V.E., Malden (Mass)-Oxford, 2012, XVII-599 p., index, ne présente pas grand intérêt pour nous ; on ira chercher les références (toujours brèves) à l’Afrique dans l’index. La période tardive est cette année encore à l’honneur, avec plusieurs titres la concernant, à commencer par (275) Latin vulgaire - latin tardif IX. Actes du IXe Colloque international sur le latin vulgaire et tardif, Lyon, 2-6 septembre 2009, édit. Biville F., Lhommé M.-K. et Vallat D., Lyon, 2012, 1084 p., 4 index. Ce colloque, qui se tient tous les trois ans, réunit des latinistes et des « romanistes » (spécialistes de la préhistoire des langues romanes), qui s’intéressent surtout aux aspects linguistiques, mais pas uniquement, et six articles ont été retenus ici. (276) Camastra P., Letteratura latina tardoantica, Bari, 2012, 411 p., index. Cette histoire littéraire de l’Antiquité tardive contient toutes les grandes références africaines nécessaires, depuis les Actes des martyrs scillitains [qui ne sont pas si tardifs !] jusqu’à Isidore de Séville, en 18 chapitres, suivis d’une anthologie de textes connus, p. 207-371 (en italien). (277) Croke B., Historiography, dans Oxford (The -) Handbook of Late Antiquity, p. 405-436, s’attache à mettre en évidence les liens qui unissaient les différents historiens de l’époque tardive et les continuités avec les traditions grecque et romaine. Il semble que cette historiographie était plus unifiée et moins compartimentée qu’on ne le pense souvent. Ammien Marcellin est rapidement abordé p. 413, Augustin et la Cité de Dieu, ainsi qu’Orose, p. 415-416. (278) Cipriani N., La función de la Iglesia en la sociedad civil : la tradición patrística, dans Augustinus, LVII, n° 226-227, 2012, p. 295-309, rés. angl., présente un bref panorama de la doctrine des Pères sur la fonction de l’Église dans la société civile ; il souligne aussi ce que fut la pensée d’Augustin sur les lois, dans son traité sur le Libre arbitre et dans la Cité de Dieu.

15L’histoire événementielle s’ouvre avec un nouveau regard sur l’histoire carthaginoise, proposé par (279) Bernardini P., Paesaggi del potere tra Oriente e Occidente dagli Assiri a Cartagine, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 161-174. Après des considérations générales sur les grands empires, leur centre et leur périphérie, l’auteur arrive à une conclusion inattendue, l’affirmation du pouvoir hégémonique de Carthage lié à ses rapports, stratégiques et de dépendance, avec l’empire perse. (280) Manganaro G., Pace e guerra nella Sicilia Tardo-Ellenistica e Romana (215 a.C.-14 d.C.). Ricerche storiche e numismatiche, Bonn, 2012, 170 p., ill., 41 pl., 2 index (les renvois du premier index sont faux). Le livre propose une étude historique globale de la Sicile à l’époque indiquée à partir de la documentation monétaire, à laquelle l’auteur associe les autres sources. Le ch. II, Dalla battaglia del Trasimeno a Claudio Marcello e Valerio Levino (217-207 a.C.), p. 23-42, porte sur les monnaies émises au cours de la seconde guerre punique et sur les trésors datés de cette époque. (281) English S., Mercenaries in the Classical World to the Death of Alexander, Barnsley, 2012, XVI-212 p., carte, index. Un chapitre de cet ouvrage traite de la question d’un point de vue géographique : il est consacré à l’histoire du conflit entre Syracuse et Carthage, les grandes puissances occidentales du moment employant des mercenaires, qui débute avec l’invasion des Carthaginois en 480. Ce travail reprend les témoignages de Diodore de Sicile et de Plutarque. (282) Vae uictis ! Perdedores en el mundo antiguo, édit. Marco Símon F., Pina Polo F. et Remesal Rodríguez J., Barcelone, 2012, 293 p., ill., 4 index. Ce colloque est dédié aux vaincus sans lesquels l’histoire ne s’écrit pas : mais ce sont les vainqueurs qui l’écrivent. (283) Le Bohec Y., Histoire de la Rome antique, Paris, 2012 (Que sais-je ?, 3955), 127 p., cartes, évoque très rapidement, dans cette collection bien connue des étudiants, les guerres puniques (p. 15-17) et l’Afrique romaine (p. 52-53). (284) Etcheto H., Les Scipions. Famille et pouvoir à Rome à l’époque républicaine, Bordeaux, 2012, 473 p., ill., cartes, plans, index., aborde rapidement les guerres puniques en même temps que la question de l’impérialisme romain. (285) Märtin S., Die politische Führungsschicht der römischen Republik im 2. Jh. v. Chr. zwischen Konformitätsstreben und struktureller Differenzierung, Trèves, 2012, 585 p. Dans cette grosse thèse sans index, la fondation de la colonie gracchienne de Carthage est abordée aux pages 459-464 : elle est identifiée, dans les sources, à une loi agraire, comme la fondation des colonies italiennes, et des tres uiri agris diuidendis sont chargés de leur application. (286) Allély A., La déclaration d’hostis sous la République romaine, Bordeaux, 2012, 320 p., 4 index. Cet ouvrage étudie la procédure consistant à assimiler l’adversaire politique à un ennemi extérieur de Rome, au cours des guerres civiles et des conjurations de la fin de la République romaine. C’est dans ce cadre d’analyse que sont abordés les différents épisodes ayant trait à l’Afrique au cours de la période considérée. Passons à la période impériale avec (287) Le Bohec Y., Naissance, vie et mort de l’Empire romain, de la fin du Ier siècle avant notre ère jusqu’au Ve siècle de notre ère, Paris, 2012, 847 p., 148 ill. Cette vaste synthèse retrace l’évolution de l’Empire à travers des chapitres chronologiques et synthétiques, sans oublier le stade préromain des sociétés locales. L’Afrique du Nord est représentée à de nombreuses reprises, en particulier dans le chapitre 19 (p. 444-466), les pages 660-661 (le IIIe s.) et 795-799 (le Bas-Empire). (288) Wilkinson S., Republicanism during the Early Roman Empire, Londres, 2012, 263 p., index, est une étude sur la présence et l’influence de l’idéologie républicaine durant le Haut-Empire. La révolte et surtout le monnayage de Clodius Macer sont abordés aux p. 77-78 : l’auteur voit dans les réminiscences républicaines, semblables à celles de Galba, la tentative de se distinguer de Néron et des Julio-claudiens, et un retour au modèle augustéen, peut-être même le retour à un contrôle du pouvoir des individus par les institutions. Divers autres éléments en relation avec l’Afrique se trouveront en consultant l’index. (289) Cosme P., L’année des quatre empereurs, Paris, 2012, 372 p., 1 carte. La guerre civile, qui s’ouvre en juin 68, à la mort de Néron, et s’achève par l’avènement de Vespasien en décembre 69, eut des répercussions sérieuses en Afrique : la sécession de L. Clodius Macer, alors légat de la IIIe légion Auguste cantonnée à Ammaedara, provoqua une grave disette à Rome et s’acheva par la mort du légat, assassiné en octobre 68 sur l’ordre de Galba. Cette sécession, assez mal documentée, est examinée aux p. 36-40, où l’on trouve aussi Lucceius Albinus, alors procurateur des deux Maurétanies. L’index permet d’avoir accès à d’autres occurrences relatives à l’Afrique. (290) Molinier-Arbo A., La Vie de Commode dans l’Histoire Auguste, Nancy, 2012, 291 p., ill., 3 index. Cette monographie consacrée à l’une des biographies du recueil complexe qu’est l’H.A. présente tout d’abord l’œuvre et sa valeur historique, puis les sources, enfin les « réécritures » (inventions, anachronismes, stéréotypes, intertextualité aussi, avec l’influence d’Apulée notamment). (291) Birley A.R., Septimio Severo, el emperador africano, Madrid, 2012, 425 p. et 16 ill. C’est la traduction en espagnol du livre paru en 1971 (rééd. 1988 et 1999), avec deux annexes : I Testimonios antiguos y estudios modernos, p. 293-303, est un recueil bibliographique ; la section II Los Septimio y los Fulvio de Leptis Magna, los Julio de Emesa, y sus contactos, p. 305-327, est un stemma des deux familles. (292) Icks M., The crimes of Elagabalus. The Life and Legacy of Rome’s decadent Boy Emperor, Cambridge (Mass.), 2012, XI-276 p., 8 p. de pl., ill., carte, index. Cet examen d’un successeur de Septime Sévère porte sur les événements du règne et sur l’image que cet empereur excentrique a laissée dans la littérature jusqu’à nos jours. Pour la période tardive, nous disposons du (293) Oxford (The -) Handbook of Late Antiquity, édit. Johnson S.F., Oxford-New York, 2012, XLI-1 247 p., 8 p. de pl., ill., cartes, index. Ce volume met en valeur la vitalité de la période tardive dans tous les domaines sans occulter les violences et les problèmes graves que les contemporains ont vécus. Les témoignages des auteurs africains et les situations propres à l’Afrique y sont bien représentés. Citons plus particulièrement, au cœur de cet ouvrage, (294) Kulikowski M., The Western Kingdoms, ibidem, p. 31-59. Cette synthèse fort intéressante sur l’apparition des royaumes barbares en Occident insère ces derniers dans le paysage de l’Empire tardif : ils sont le résultat d’une politique qui a importé sur le sol provincial le modèle du roi « client ». Le cas de Gildon et de sa famille est utilisé pour montrer l’existence, au IVe s., d’élites romaines qui sont en même temps des reges locaux, et l’auteur remonte même à la situation des gentes de Tingitane, situées à la fois dans et hors l’Empire (p. 35). Au Ve s., les rois s’imposent dans l’Empire, non sans violence, et finissent par le remplacer, tels les Vandales en Afrique (p. 37) ; mais ces derniers connaissent à leur tour la concurrence des royaumes maures (p. 49) ; tous ces royaumes sont fragiles : ceux qui s’imposent dans la durée sont des structures d’un genre nouveau, tels les Omeyyades en Espagne et en Afrique. (295) Lançon B. et Moreau T., Constantin. Un Auguste chrétien, Paris, 2012, 256 p. Le « grand homme » est analysé en trois chapitres qui veulent mettre en évidence l’hériter et le novateur : les faits saillants de sa vie, les thématiques constantiniennes, enfin le révélateur de notre histoire culturelle. Cet ouvrage très général étant sans index, il est difficile de savoir si l’Afrique y est bien présente. (296) Dillon J.N., The Justice of Constantine. Law, Communication, and Control, Ann Arbor (Mich.), 2012, 295 p., index. Cet ouvrage utilise à différentes reprises la documentation africaine. Est ainsi évoquée la place de la législation africaine de Constantin, comme source d’une législation plus étendue dans l’Empire. Les actions de l’empereur envers les donatistes, les manichéens d’Afrique, ou encore la répression des abus commis à l’encontre des provinciaux de la région, sont également présentées. (297) Corbo C., Tra Italia e Africa : la legislazione di Costantino sugli inopes parentes, dans Koinonia, XXXVI, 2012, p. 37-55, rés. angl. L’auteur examine deux constitutions de Constantin conservées dans le Code Théodosien dans la rubrique De alimentis (CTh, 11, 27, 1 et 2), et qui concernent respectivement l’Italie et l’Afrique. Dans CTh, 11, 27, 2, l’empereur contraint les fonctionnaires impériaux en poste en Afrique à apporter une aide alimentaire aux parents indigents, qui à défaut pourraient être conduits à vendre notamment leurs enfants. Ces dispositions mettent en exergue le souci de Constantin de prévenir certaines conséquences de la pauvreté, en particulier chez les plus fragiles que sont les enfants. (298) Cusmà Piccione A., Vincoli parentali e divieti matrimoniali : le innovazioni della legislazione del IVo sec. d.C. alla luce del pensiero cristiano, dans Annali del Seminario Giuridico della Università di Palermo, LV, 2012, p. 189-278, rés. angl. Cette longue étude examine la législation du IVe s. concernant les interdits matrimoniaux dans trois contextes spécifiques : les unions entre adfines, avec des neptis ex fratris et inter consobrinos. Les écrits des Pères de l’Eglise permettent de mesurer l’influence réelle de la religion chrétienne et de l’Église, que l’auteur nuance ici, sur la législation impériale. Concernant la religion, (299) Bischof F. X. et alii, Einführung in die Geschichte des Christentums, Fribourg-en-Brisgau-Bâle, 2012, 636 p. ill., cartes, 3 index, proposent un large panorama, depuis la genèse et la diffusion du christianisme, de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. La christianisation de l’Afrique est brièvement abordée (p. 77-79).

16L’histoire événementielle de l’Afrique antique est également traitée sous un angle régional. (300) Montero Montero M., Navegando hacia una « isla verde » y un « mar de arena ». Griegos y romanos en Libia, dans Mare nostrum : viajeros griegos y latinos por el Mediterráneo, édit. Arcaz Pozo J.L. et Montero Montero M., Madrid, 2012, p. 145-173, est une synthèse de l’histoire de la Libye, depuis la colonisation grecque (Cyrène, fondée en 631 av. J.-C.) jusqu’à la domination byzantine (VIe s. apr. J.-C.). (301) Baratte F., L’Afrique romaine. Tripolitaine et Tunisie, Paris, 2012, 144 p., 108 ill. coul., cartes et plans. Cet ouvrage traite de l’Afrique proconsulaire jusqu’à la période byzantine, en s’intéressant plus particulièrement aux aspects sociaux. Il constitue une introduction richement illustrée à l’histoire générale de cette région de l’Empire romain. Il fut également traduit en allemand, (302) Id., Die Römer in Tunesien und Libyen : Nordafrika in römischer Zeit, trad. Gautier Y., Mayence, 2012, 144 p., ill. (303) Von Rummel P., Mauretania, dans Das Reallexikon für Antike und Christentum, XXIV, édit. Schöllgen G. et Brackmann H., Stuttgart, 2012, col. 441-472. Cette synthèse détaillée sur l’histoire de la Maurétanie depuis l’époque préromaine insiste particulièrement sur la période chrétienne. Sont également abordées l’évolution territoriale, les limites de la Maurétanie ainsi que l’administration et l’urbanisation de la région. L’article propose aussi un bref bilan bibliographique, avec des lacunes. L’étude par site est introduite par (304) Ben Akacha W., L’histoire municipale d’Uchi Maius : un essai de reconstruction, dans Antiquités Africaines, XLVI-XLVIII, 2010-2012, p. 169-183. La ville romaine, qui correspond à l’actuelle Hr ed-Douamis, à une dizaine de kilomètres à l’est de Dougga, tire son origine de la politique marianiste de peuplement en Afrique. Elle fut habitée par des « indigènes », des Gétules et des Italiens ; ces derniers sont repérables grâce aux gentilices qu’ils portaient. D’abord castellum, elle fut oppidum ciuium romanorum, puis elle devint un pagus dirigé par des magistri et fut considérée comme respublica (c’est-à-dire qu’elle eut une caisse autonome). Le pagus disposa de décurions dès l’époque de Nerva ; il devint colonie sous Sévère Alexandre. (305) Gavini A., Khanoussi M. et Mastino A., Epigrafia e archeologia a Uchi Maius tra restauro e nuove scoperte, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2815-2827. Quinze ans de fouilles, trois livres et de nombreux articles font d’Uchi Maius un site bien connu. Parmi les dernières découvertes, les auteurs signalent une statue de l’empereur Julien et trois épitaphes dont le texte est donné. Ils pensent qu’il est temps de passer à une nouvelle étape, la restauration. (306) Hassab S. et Bakhta M., Le fait urbain au Maghreb entre l’époque romaine et l’époque islamique, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 819-850. Les auteurs traitent des Maurétanies et de la Numidie. Ils cherchent à mettre en évidence sur cette longue période des permanences et des innovations dans les colonies et les camps militaires : Zilil, Timgad, Tamuda et Pomaria. (307) Benseddik N., Cirta-Constantine et son territoire, Arles, 2012, 134 p., ill. L’ouvrage brosse un large panorama de la cité et des sites archéologiques de la région depuis la période préhistorique jusqu’à l’époque byzantine. L’a. présente de nombreux documents, photographies d’inscriptions, reproductions datant du XIXe s., mosaïques, et déplore les destructions dues à la politique suivie par les autorités coloniales et contemporaines, ainsi que le manque de considération actuel pour ce patrimoine. (308) Bernal Casasola D., Raissouni B., Bustamante M., Sáez A.M., Díaz J.J., Lagóstena J. et Lara M., La datación de Tamuda. Asentamiento púnico, ciudad mauritana y castellum romano : novedades estratigráficas, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2443-2477, ill. Les fouilles faites de 2008 à 2012 permettent de mieux connaître la chronologie de Tamuda, avant une ouverture au public. Cet établissement construit à l’époque punique a connu un fort développement au IIe s. av. J.-C. (construction d’une imposante cité hellénistique). Un camp y a été installé au moment de la conquête et il a été occupé jusqu’au milieu du Ve s. Le site a été abandonné à l’époque vandale. (309) Es-Sadra L., Transformation du paysage urbain volubilitain à l’époque préislamique, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 637-654, ill. L’histoire de Volubilis peut être divisée en deux parties : époque romaine et époque post-romaine (celle-ci après le repli sur le nord de la province) [on pourrait y ajouter l’époque préromaine]. L’urbanisme de la première période a été soumis à une vraie planification. Après le début du IVe s., la population se contenta de remaniements ; elle s’installa dans les anciens bâtiments publics et il n’y eut plus de différences entre secteur public et secteur privé. Des exemples précis et une bonne iconographie justifient cette thèse. Incontestablement, la deuxième partie de l’exposé est la plus originale. Aux confins de l’Afrique antique, un peuple a retenu l’attention : (310) Beltrami V., L’identità degli Etiopi Trogloditi e i confini meridionali del territorio dei Garamanti, ibidem, p. 471-474. La mention de rhinocéros dans les textes mettant en rapport les Garamantes du Fezzan avec les Troglodytes et la représentation de ces animaux sur des graffiti du Tibesti incitent à une hypothèse : les Troglodytes seraient les ancêtres des Toubous actuels.

17Les études thématiques sont ordonnées en différentes rubriques qui portent sur l’administration et le droit, l’armée, la société, l’urbanisme, la culture et la religion. Sont mentionnés en préambule des ouvrages généraux qui abordent plusieurs de ces thèmes. (311) Visions de l’occident romain. Hommages à Yann Le Bohec, édit. Cabouret-Laurioux B., Groslambert A. et Wolff C., Paris, 2012, 2 vol., 954 p., 208 ill., réunissent les contributions des amis et collègues de Y.L.B., avec une préface d’A. Laronde. L’un des thèmes majeurs concerne l’Afrique antique : il est représenté par des études sur la religion, l’onomastique, les toponymes, l’économie et la numismatique. (312) Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours. Mélanges offerts à Jean Peyras, I. édit. Pimouguet-Pédarros I., Clavel-Lévêque M. et Ouachour F., Rennes (Enquêtes et documents, Centre de recherches en histoire internationale et atlantique, 44), 2012, 451 p., ill., cartes, tabl., plans, notes à la fin des articles, rés. fr. en fin d’ouvrage. Les contributions sont réparties entre quatre sections. La première s’intéresse à l’Afrique du Nord antique, la deuxième au droit, à l’aménagement du territoire et aux institutions gromatiques ; la troisième concerne d’autres régions dans l’Antiquité et la dernière envisage des périodes différentes. La bibliographie des travaux de J. Peyras est donnée p. 17-23. (313) Zucca R., Trasformazione dei paesaggi del potere nell’Africa settentrionale fino alla fine del mondo antico. Scontri, integrazioni, transizioni e dinamiche insediative, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 89-96. Des travaux récemment publiés, notamment un colloque qui s’est tenu à Udine en 1996, justifient le choix du thème retenu pour ce congrès de l’Africa romana. Autre avantage, il permet, comme à l’habitude, de réunir des spécialistes des différentes périodes de l’histoire africaine, depuis la préhistoire jusqu’à la fin de l’Antiquité. (314) Ibba A., avec la contribution de Mastino A. et Zucca R., Ex oppidis et mapalibus. Studi sulle città e le campagne dell’Africa romana, Ortacesus, 2012, 184 p., ill. L’ouvrage comporte cinq études sur des thèmes concernant l’ensemble des territoires et englobant la période qui court de la fin de la République à l’Antiquité tardive. Après une introduction qui souligne la volonté de s’affranchir des lectures traditionnelles, la première étude, p. 13-51, s’intéresse aux tribus durant la période tardive. La reconnaissance par le pouvoir romain des chefs de tribus a conduit ces derniers à acquérir prestige et pouvoir à la fin de la période. Dans la deuxième étude, rédigée en collaboration avec A. Mastino, p. 53-74, l’auteur rappelle que la rareté et l’irrégularité des précipitations ont conduit les habitants depuis les temps les plus reculés à mettre en œuvre des techniques variées pour capter et retenir l’eau, jessour, majen et foggaras. Sont invoqués des témoignages épigraphiques d’adduction d’eau, des dédicaces aux Génies des eaux, et la mention de quelques opérations remarquables, dont les travaux dirigés par Nonius Datus à Saldae (CIL, VIII, 2728) et le règlement des eaux de Lamasba (CIL, VIII, 4440). Le pastoralisme en Sardaigne et en Afrique fait l’objet de la troisième étude, p. 75-99, par les mêmes a. Les auteurs anciens proposent une lecture essentiellement conflictuelle des relations entre éleveurs, vus comme primitifs, prompts à se révolter, et les citadins. En réalité, cette activité n’est pas réservée à des populations de nomades ou semi-nomades, mais elle est complémentaire de la vie des cités. La production des éleveurs circule, comme le prouve le tarif de Zaraï (CIL, VIII, 4508 = , 2003, 1895), et elle est commercialisée. La fixation des zones de parcours est une des raisons fondamentales de la délimitation des terres des tribus tout au long de l’Empire. La quatrième étude, p. 101-132, peut-être la plus novatrice, revoit la question de la présence d’esclaves et d’affranchis dans les domaines privés. Il faut réévaluer leur importance. Les esclaves sont des marchandises et ils participent à la richesse des grands domaines comme le prouvent les témoignages littéraires et épigraphiques, malheureusement peu nombreux, ce qui a fait croire à leur faible nombre. Un tableau récapitule les inscriptions les concernant. Dans la dernière étude, p. 133-147, les trois auteurs ont conduit une réflexion sur les communautés urbaines durant la période préromaine, puis sur les permanences et les modifications introduites par les immigrants, et sur l’évolution tardive. Une copieuse bibliographie, p. 149-184, complète l’ouvrage. (315) Entre Afrique et Égypte. Relations et échanges entre les espaces au sud de la Méditerranée à l’époque romaine, édit. Guédon S., Bordeaux (Collection Scripta Antiqua, 49), 2012, 326 p., ill. L’Afrique du Nord et l’Égypte antiques dessinent des aires culturelles très différentes, dont l’histoire commune est faite de contacts. Ces régions connaissent déjà une longue histoire lorsque cet espace, étendu de l’Océan Atlantique à la Mer Rouge, est unifié pour la première fois par Rome. Cette unification sous contrôle de l’autorité romaine crée des conditions nouvelles d’échanges qui sont le fait de la circulation d’hommes, de marchandises mais également d’idées. Se constitue une certaine culture commune entre l’Afrique et l’Égypte, dont les traits étaient perceptibles depuis une époque antérieure, et dont les formes et les expressions évoluent au cours de la période romaine. (316) Confines : el extremo del mundo durante la Antigüedad, édit. Prados F., García I. et Bernard G., San Vicente del Raspeig, 2012, 437 p., ill., cartes., publient les résultats de la réunion scientifique organisée à l’université d’Alicante en 2010 : le programme portait sur l’extrême occident de l’oikoumène, depuis la colonisation phénicienne jusqu’au Haut-Empire, dans une perspective historique et anthropologique. Les deux premières parties proposent plusieurs contributions sur les territoires africains. (317) Confinia. Confins et périphéries dans l’Occident romain, édit. Bedon R., Caesarodunum, XLV-XLVI, 2011-2012 [2014], 617 p., ill. Ce volume réunit les textes présentés lors d’un colloque tenu à l’Université de Limoges en 2012, consacré à la notion de confins et à sa présence directe ou indirecte dans différents contextes géographiques et historiques. Quelques aspects qui tiennent à l’imaginaire suscité par les confins africains sont abordés par (318) Acolat D., Mers, montagnes et déserts des confins de la terre connue : imaginaire de l’infranchissable et savoirs géographiques, ibidem, p. 47-77, 6 fig., rés. angl. Puis (319) Gasparini V., « Frapper » les dieux des autres. Une enquête sur quelques émissions numismatiques républicaines des aires siculo-africaine et ibérique entre hégémonie et reconnaissance identitaire, ibidem, p. 97-132, 10 fig., rés. angl., analyse, à travers des émissions numismatiques, l’utilisation par certains groupes d’origine punique de divinités relevant d’une tradition religieuse étrangère telle qu’Isis : leur objectif était de se dissocier d’abord du pouvoir dominant de Carthage au cours des deux premières guerres puniques, puis de Rome à la fin du IIIe s. av. J.-C. Une partie de l’ouvrage collectif est plus spécifiquement consacrée aux confins africains, sur lesquels portent cinq communications. L’étude menée par (320) Delattre A., Les paysages africains dans la littérature latine : perception et représentation d’une zone de confins, ibidem, p. 477-496, rés. angl., s’interroge sur la représentation du milieu naturel africain et sur la caractérisation de la région comme zone de confins de l’oikoumène dans la littérature du Haut-Empire. (321) Hilali A., L’emploi des troupes de limitanei et des tribus pour la défense des frontières de l’Afrique romaine, ibidem, p. 497-523, 4 fig., rés. angl., revient sur la nature de la présence militaire aux frontières de l’Afrique et ses missions, pour lesquelles les populations locales sont de plus en plus largement mises à contribution à la fin de l’Antiquité. (322) Laporte J.-P., Les confins méridionaux de l’Afrique romaine, ibidem, p. 525-568, 6 fig., rés. angl., envisage largement l’organisation de la frontière romaine dans la région, interprétée comme un système de contrôle mis en place à destination des mouvements des transhumants et des nomades, et liée à l’organisation des échanges avec les populations extérieures au territoire provincial. (323) Mansouri K., Les facteurs de l’intégration des élites urbaines de Numidie dans le système politique romain, ibidem, p. 569-595, rés. angl., évoque, dans une communication très générale, différents aspects de la diffusion de la culture latine, particulièrement en milieu urbain. (324) Guédon S., Les confins des espaces civiques dans l’Afrique romaine. Quelques éléments de réflexion, ibidem, p. 597-614, 2 fig., rés. angl., étudie la matérialisation des confins d’un point de vue administratif, culturel et religieux, dans le cadre territorial des cités africaines. Deux ouvrages portent par ailleurs sur la période tardive. (325) A Companion to Late Antiquity, édit. Rousseau P., Malden (MA)-Oxford, 2012, 734 p. Si aucun article ne traite spécifiquement de la situation africaine, le contexte de la région est évoqué sous divers angles de façon éparse dans l’ouvrage. Les aspects concernant la vie des cités africaines à la fin de l’Antiquité, la question religieuse à travers notamment la personnalité d’Augustin et la controverse donatiste, ou encore l’invasion vandale sont abordés, et le lecteur pourra aisément se laisser guider en utilisant l’index général. (326) Shifting cultural frontiers in Late Antiquity, édit. Brakke D., Delvianis D. et Watts E., 2012, 298 p., 28 fig. et cartes, index. Dernière d’une série de conférences sur le thème « Shifting frontiers », cette rencontre s’est tenue à Indiana University en 2009 et apparaît largement centrée sur la partie orientale de l’Empire et sur l’Afrique du Nord. Le concept de frontière est envisagé sous de nombreux aspects : territoriaux, sociaux, littéraires ou linguistiques. La troisième section du livre (Literary Culture) est consacrée en partie à Augustin (Ebbeler J., Clark G.) ; la quatrième partie est dédiée à la culture matérielle et populaire et comporte trois contributions plus ou moins centrées sur l’Afrique du Nord (Da Costa K., Dossey L., Liu J.) tandis que, dans la dernière section, seul un article nous intéressera (Fournier E.).

18Une étude thématique permet d’introduire les questions de droit romain. (327) Trahison et traîtres dans l’Antiquité. Actes du colloque international (Paris, 21-22 septembre 2011), édit. Queyrel-Bottineau A., Couvenhes J.-C. et Vigourt A., Paris, 2012, 416 p. Cet ouvrage donne une visibilité à un thème qui semble aller de soi tant il est souvent invoqué en Histoire, mais n’a encore jamais fait l’objet d’une étude systématique, du moins pour l’Antiquité. (328) Queyrel-Bottineau A., Couvenhes J.-C. et Vigourt A., Introduction, ibidem, p. 9-16, évoquent la complexité du phénomène (le traître du dedans et le traître du dehors), ses approches multiples (sociologique, morale, littéraire…) et les nombreux contextes où se déploient les problématiques liées à la trahison. (329) Martin J.-P., Conclusion, ibidem, p. 409-413, fait le bilan des deux journées du colloque. Si l’on se place d’un point de vue chronologique, la période républicaine est au cœur de l’étude produite par (330) Alvarez Pérez-Sostoa D., Conflits autour des otages romains pendant les guerres civiles, dans La pomme d’Éris : le conflit et sa représentation dans l’Antiquité, édit. Ménard H., Sauzeau P. et Thomas J.-F., Montpellier, 2012, p. 383-397. Dans cet article consacré aux otages romains, sont mentionnés brièvement les deux principes numidarum envoyés par Massinissa à Scipion en 206 (Tite-Live, XXVIII, 35, 4) et les 4000 equites exigés des Hispani par Hannibal (Tite-Live, XXI, 21, 11-13). L’activité impériale en matière de législation et de justice dans la région est introduite par l’étude de (331) Kehoe D., Vespasian, Africa and the Roman Economy, dans Vespasiano e l’impero dei Flavi. Atti del convegno, Roma, Palazzo Massimo, 18-20 novembre 2009, édit. Capogrossi Colognesi L. et Tassi Scandone E., Rome, 2012, p. 83-97. L’État romain possédait d’immenses propriétés dans les provinces, qui étaient soit sous le contrôle du sénat, soit sous celui de l’empereur, en particulier en Afrique et en Égypte, les deux greniers à blé de l’Empire. Vespasien a joué un rôle décisif dans l’administration de ces deux provinces, et celle de l’Afrique est au cœur de l’article qui examine d’abord la politique fiscale en prenant appui sur le dossier de la réglementation foncière (lex Manciana, etc.), puis la distribution des richesses, avec la constitution d’un groupe fortuné de fermiers indépendants et celle de colons. Cette politique a favorisé l’urbanisation et la productivité de l’Afrique. (332) Société, économie, administration dans le Code Théodosien, édit. Crogiez-Pétrequin S. et Jaillette P., Villeneuve-d’Ascq, 2012, 558 p., ill., fac.-sim., index. La vaste entreprise lancée par F. Thélamon et G. Tate, qui a déjà abouti à la traduction des livres V et XVI et à des rencontres internationales (B.A.A.A., XXXIX (2005), 2012, n° 496 ; B.A.A.A., XLIII (2009), 2015, nos 14, 17, 440, 569), se poursuit avec ce volume consacré d’une part aux questions posées par la diffusion du Code, d’autre part aux pratiques de gouvernement et à des aspects économiques et sociaux. Si aucun article ne concerne directement l’Afrique, beaucoup y font allusion et nourriront nos études. La période tardive est également concernée par (333) Expropriations et confiscations dans les royaumes barbares. Une approche régionale, édit. Porena P. et Rivière Y., Rome (École française de Rome), 2012, VIII-350 p., 3 index, rés. des articles en fin de volume. Le thème adopté par l’ouvrage constitue un point d’observation essentiel sur la fin de l’Antiquité et la transition vers le Moyen Âge. Il a fait l’objet ces trente dernières années d’interprétations contrastées, voire opposées. Les contributeurs essaient d’évaluer l’implantation des différents groupes barbares à partir des confiscations effectuées au détriment des Romains, dans leurs aspects juridiques et politiques. L’ouvrage se limite à l’Occident, une autre table-ronde est envisagée pour la partie orientale de l’Empire. (334) Porena P., Introduction, ibidem, p. 1-10, présente le thème et son historiographie. Un article aborde une question générale (W. Liebeschutz), trois autres sont consacrés aux Vandales. Il faut mentionner à la suite le thème de l’activité judiciaire avec (335) Liebs D., Summoned to the Roman courts : famous trials from antiquity, trad. par Garber R.L. et Gustely Cürten C., Berkeley (Calif.), 2012, VIII-274 p., index, qui est la traduction anglaise de l’ouvrage paru à Munich en 2007, Vor den Richtern Roms : berühmte Prozesse der Antike (B.A.A.A., XLI (2007), 2013, n° 293). Un ch. porte sur le procès des donatistes en 314-316. Les acteurs de la représentation du pouvoir impérial en province, et le personnel de l’administration romaine, sont abordés pour la période républicaine par (336) Hurlet F., Pro consule uel pro praetor ? À propos des titres et des pouvoirs des gouverneurs prétoriens d’Afrique, de Sicile et de Sardaigne-Corse sous la République romaine (227-52 av. J.-C.), dans Chiron, XLII, 2012, p. 97-108, rés. all. et angl. p. 634. Les Fastes de ces trois provinces sont très lacunaires pour la fin de la République, et concernant l’Afrique, c’est le cas dès 146. Il semble qu’il y ait eu une évolution : en dehors des magistrats qui ont exercé pendant la guerre de Jugurtha et qui sont des proconsuls, les gouverneurs réguliers sont tous propréteurs jusqu’à Sylla ; par la suite, le titre de proconsul est attesté pour des gouverneurs de rang prétorien, mais cela ne résulte pas pour autant d’une réforme syllanienne. Il pourrait s’agir d’une manière de rehausser le rang prétorien à un moment de très forte compétition aristocratique, dans l’objectif d’inciter les préteurs et anciens préteurs à accepter un gouvernement dans la continuité de leur préture. La période impériale est traitée dans (337) Hiérarchie des pouvoirs, délégation de pouvoir et responsabilité des administrateurs dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Actes du colloque de Metz, 16-18 juin 2011, édit. Bérenger A. et Lachaud F., Metz, 2012, 427 p. Ce colloque s’inscrit dans une thématique qui intéresse les historiens de l’Antiquité et du Moyen Âge depuis une quinzaine d’années, renouvelant ainsi la problématique de l’exercice du pouvoir dans les sociétés anciennes. La période tardive est également abordée par l’étude de (338) Tantillo I., Comites et praesides. Modalità del cumulo dei poteri nel IV secolo d.C., ibidem, p. 79-101. La séparation des pouvoirs civil et militaire qui caractérise l’Empire tardif ne résulte pas d’une évolution linéaire, mais au contraire d’une histoire « tourmentée », jalonnée d’hésitations. Cette innovation se consolide dans les premières décennies du IVe s. pour s’imposer à la fin du règne de Constantin. Les dignitaires désignés par le titre double de comes et praeses ou comes et dux sont au nombre de huit, dont deux en Tripolitaine (Flavius Archontius Nilus, Flavius Nepotianus) et un en Césarienne (Flavius Hyginus). Tous sont situés dans des provinces frontalières (sauf un en Vénétie et Istrie) et la plupart se concentre au milieu du IVe s. (entre 349 et 360). D’après la documentation épigraphique associée à quelques témoignages littéraires, il s’agit de gouverneurs civils ayant reçu une extension militaire extraordinaire. Ces exceptions témoignent que, dans certains cas, la séparation des pouvoirs a semblé inutile ou risquée, mais aussi que le recours à un pouvoir global traduisait l’attachement à une conception encore traditionnelle donnant la priorité à l’élément civil. Les trois cas attestés en Tripolitaine et en Césarienne sont analysés aux p. 91-92. Deux articles généraux sur la délégation de pouvoir en province font par ailleurs état de situations documentées en Afrique. (339) Hurlet F., Les modalités de la hiérarchie et de la délégation. Les rituels de médiation entre le prince et le gouverneur sous le Haut-Empire romain, ibidem, p. 161-177, rappelle la fonction multiforme des gouverneurs : ils servaient de médiateurs dans certains dossiers (ex. la Table de Banasa), ils étaient juges et généraux. (340) Bérenger A., Le gouverneur de province et ses légats : délégation de pouvoirs et de compétences sous le Haut-Empire romain, ibidem, p. 179-198, s’intéresse à une catégorie d’acteurs moins bien représentés dans les sources que les gouverneurs, leurs légats (nombre et sélection, compétences, relations avec le gouverneur). En ce qui concerne le personnel subalterne, (341) Heil M., Die Bergwerksprocuratoren der römischen Kaiserzeit, dans Die Schätze der Erdehr : natürliche Ressourcen in der antiken Welt. Stuttgarter Kolloquium zur Historischen Geographie des Altertums 10, 2008, édit. Olshausen E. et Sauer V., Stuttgart, 2012, p. 155-176, ill., s’intéresse aux procurateurs chargés des carrières dans le monde romain : le cas du site de Simitthus apparaît brièvement p. 161, en relation avec le commerce du marbre. Ce sont enfin les relations entre Rome et le monde tribal qu’évoque (342) Vento A., Forme di interazione tra l’amministrazione romana e le tribù indigene del Nord Africa, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 451-470. Les gentes africaines ont connu des destins divers. Les unes se sont adaptées à la romanité et ont adopté le modèle de la cité. D’autres sont restées externae, alternant la révolte et la soumission. L’État a essayé de les contrôler par la diplomatie, la force militaire, ou les institutions (préfets, patrons). Les liens de clientèle ont été utilisés ; et le pseudo-limes devait maintenir une frontière entre le monde romain et le monde extérieur.

19La législation touchant la vie municipale et le cadre civique bénéficie par ailleurs d’un certain nombre d’éclairages. L’organisation des communautés africaines est évoquée avec (343) Ibba A., Presentazione del volume di S. Aounallah, Pagus, castellum et civitas. Étude d’épigraphie et d’histoire sur le village et la cité en Afrique romaine, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 101-104. L’historiographie et le dossier d’épigraphie et d’archéologie montrent l’importance du pagus dans l’Afrique romaine. Cet ouvrage constitue une introduction à la vie des petites communautés de cette région. (344) Mathisen R.W., Concepts of citizenship, dans Oxford (The -) Handbook of Late Antiquity, p. 744-763, s’intéresse à la diversité des situations et des identités que recouvrent à l’époque tardive les terme ciuis et ciuitas : la relation à une cité, une province, une religion ou un peuple barbare s’énonce en terme de citoyenneté. La loi évoque des « citoyens d’une province » pour l’Afrique, la Gaule ou l’Espagne (p. 747, mais sans référence). [On pourrait mentionner aussi les deux cités définies par Augustin]. (345) Rebuffat R., La loi et la ville. Greniers et enceintes, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 121-140. Dans ce gros mémoire sont reproduits des textes de lois, et leur traduction est toujours proposée. Ils montrent que le pouvoir central ne se désintéressait pas des édifices publics, ni des greniers, ni des enceintes (Code Théodosien surtout, mais aussi Code Justinien, Ulpien, Modestin, Paul). Deux pages de bibliographie permettront aux chercheurs intéressés d’approfondir l’enquête. (346) Id., Qui va payer l’enceinte urbaine ?, dans Enceintes urbaines, p. 25-74. Deux initiatives se croisent, celle de l’empereur, qui peut offrir la construction ou, dans le cas de l’Afrique, financer indirectement les murs par l’octroi de remises d’impôts ; celle des cités qui souhaitent s’orner ou se protéger des dangers. La nécessité oblige parfois à des réquisitions. Toutefois, en règle générale, la ville doit financer son enceinte. Une bibliographie, un répertoire, en deux parties – les inscriptions afférentes, les textes législatifs (p. 43-68) –, deux annexes, complètent une réflexion qui est conduite à l’échelle de l’Empire. (347) Pons Pujol L. et Hassab S., Estatuto jurídico y urbanismo en la Tingitana (Siglos I-VII D.C.). Septem-Septon, dans Biblio 3W. Revista Bibliográfica de Geografía y Ciencias Sociales, XVII, n° 964, 24 février 2012, rés. esp., fr., angl. [en ligne]. Cet article est le premier d’une série qui a pour objectif d’étudier les sites romains de la Tingitane au nord du Loukkos, afin d’en déterminer le statut juridique et de le mettre en relation avec l’apparat monumental des cités. Ni les sources littéraires ni l’unique fragment épigraphique connu ne permettent de déterminer si Septem bénéficiait d’un statut romain et les seuls vestiges archéologiques conservés sont ceux de nombreuses cretariae. La ville ne devient importante qu’entre la fin du IVe s. et le début du VIe s.

20Les études sur l’armée romaine embrassent essentiellement la période impériale. (348) Gómez Castro D., Relaciones internacionales y mercenariado griego : del final de la Guerra del Peloponeso a la Paz del Rey (404-386 a.C.), Barcelone, 2012, 182 p., est très peu africain, comme son titre le laisse augurer, mis à part quelques faits : le refus du sénat romain que Carthage verse les indemnités consécutives à la deuxième guerre punique en une seule fois se comprend dans le cadre de la tradition hellénistique (le paiement des indemnités est indissociable de la soumission) ; le traité entre Carthage et Athènes en 406 (p. 85) ; Carthage personnifie en Occident la menace de l’ennemi barbare (p. 115). L’ouvrage de (349) Fischer T., Die Armee der Caesaren : Archäologie und Geschichte, Ratisbonne, 2012, 415 p., ill., cartes, plans, 3 index, comprend des contributions sur les sources iconographiques relatives au soldat romain, avec deux passages sur le limes en Afrique du Nord (p. 314-315) et sur le camp de Lambèse (p. 279). (350) Le métier de soldat dans le monde romain. Actes du cinquième congrès de Lyon (23-25 septembre 2010), édit. Wolff C., Lyon, 2012, 717 p., index, sans table des matières (ce qui est gênant pour s’y retrouver). Cette année, le programme du colloque portait sur les aspects pratiques du « métier » de soldat (hors le métier strictement guerrier) du début à la fin de l’Empire : les sources, le recrutement, la vie quotidienne du soldat, différentes fonctions spécialisées sont tour à tour examinés. Quelques articles concernent nos régions, et plusieurs font intervenir la documentation africaine. (351) Dando-Collins S., Legiones de Roma. La historia definitiva de todas las legiones imperiales romanas, trad. Martin Lorenzo T., Madrid, 2012, 638 p., ill., cartes, est la traduction en castillan de l’ouvrage publié à Londres en 2010, Legions of Rome : The Definitive History of Every Imperial Roman Legion. Il est surprenant de qualifier cette étude de définitive quand elle ignore des références tels que les ouvrages de Y. Le Bohec ou de J. Remesal Rodríguez, entre autres. Elle s’occupe brièvement de quelques légions qui nous concernent, la legio III Augusta (p. 134-135), la legio VI Ferrata (p. 155-157), qui combat à Thapsus avec Pompée, la legio IX Hispana (p. 167-168), qui affronte Tacfarinas. Elle traite de la révolte de celui-ci (p. 295-306), mais omet la conquête du royaume de Maurétanie lors de laquelle intervinrent la X Gemina et la IV Macedonica. (352) Le Bohec Y., Décurions et centurions auxiliaires sous le Principat en Afrique-Numidie, dans Volume dedicated to Denis Bain Saddington, Acta Classica, LV, 2012, p. 83-98. Les centurions, officiers subalternes, ont été bien étudiés quand ils servaient dans les légions, à la différence de ceux qui sont connus pour avoir été inscrits dans des unités auxiliaires. En Afrique, on connaît des décurions de deux ailes, de quatre cohortes equitatae et d’un numerus ; les centurions venaient de deux numeri et de six cohortes. Ils remplissaient les mêmes fonctions que leurs homologues des légions, mais ils suivaient des carrières évidemment moins brillantes. La plupart d’entre eux portaient des noms romains et entraient dans les sénats municipaux quand ils avaient fini leur temps d’armée. L’épigraphie montre qu’ils vénéraient surtout l’empereur et les dieux romains. (353) Fuhrmann C.J., Policing the Roman Empire. Soldiers, Administration, and Public Order, Oxford-New York, 2012, XX-330 p., ill., cartes, index. Il est essentiellement fait renvoi au contexte africain dans cet ouvrage, à travers des références aux Métamorphoses d’Apulée, invoquées pour illustrer l’action policière dans la poursuite d’esclaves, ou encore à propos du jargon militaire employé dans l’œuvre d’Apulée pour évoquer l’action des brigands, que l’a. alors tend à rapprocher du comportement de soldats. Nous mentionnons pour finir une étude sur la période tardive avec (354) Rocco M., L’esercito romano tardoantico : persistenze e cesure dai Severi a Teodosio I, Padoue, 2012, 683 p., ill., 3 index. Cette vaste synthèse, qui fera certainement date, aborde en cinq chapitres de multiples thèmes interdépendants : les unités militaires, leur organisation et leur distribution, les effectifs, le recrutement et la « barbarisation », le commandement, les stratégies et la politique des frontières, l’équipement et les tactiques, enfin les relations soldats-civils dans de nombreux domaines. Les questions plus particulièrement africaines seront repérées à partir de l’index.

21Évoquons, pour introduire le paragraphe sur l’économie, l’une des productions de la trilogie méditerranéenne. (355) Panella C., Roma, il suburbio e l’Italia in età medio et tardo repubblicana : cultura materiale, territorie, economia, dans Facta a journal of Roman material culture studies, IV, 2010, p. 11-123, livre une synthèse remarquable sur l’Italie et le vin à l’époque républicaine. Carthage y apparaît comme un marché en expansion avant sa chute. C’est l’utilisation d’une autre ressource africaine qu’étudie (356) Chafia C., La flore et le travail du bois dans les provinces africaines sous l’Empire, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2319-2331. La forêt africaine donnait en abondance cèdres, chênes et citres ; ces bois étaient utilisés pour mille usages, comme, au demeurant, dans le monde entier avant la révolution industrielle. L’étendue du Maghreb explique la diversité des situations régionales. Nous ne voyons pas bien, en revanche, la relation qui a pu exister entre dendrophores et commercialisation du bois (p. 2329). La question centrale de l’alimentation en eau dans les villes et campagnes d’Afrique antique est abordée par (357) Baratte F., L’eau en Afrique : villes et campagnes, dans L’eau en Méditerranée de l’Antiquité au Moyen Âge. Actes du XXIIe colloque de la Villa Kérylos, 7-9 octobre 2011, édit. Jouanna J., Toubert P. et Zink M., Paris, 2012, p. 141-164, ill. L’auteur dresse un bilan des recherches entreprises depuis la fin du XIXe s. sur les questions liées à l’eau dans l’Afrique romaine, vandale et byzantine, et rappelle la nécessité de convoquer avec l’archéologie et l’épigraphie (en particulier les tablettes Albertini et le règlement d’irrigation de Lamasba, CIL, VIII, 18587), les apports de la géoarchéologie, de la géomorphologie et de la paléoclimatologie. Sont brièvement évoqués les cas de Carthage avec son aqueduc de Zaghouan, d’Uthina, Sbeïtla, Thélepte, Cillium et Volubilis. Le site d’Ammaedara fait l’objet de plus longs développements : l’auteur rappelle à son propos qu’aucune des enquêtes de terrain n’a permis d’identifier les structures d’approvisionnement en eau de la ville ; ce site d’Haïdra illustre également la menace que pouvait représenter l’eau puisque la ville est traversée par un oued dont les crues devaient être plus violentes qu’aujourd’hui, ce qui nécessita dès l’époque romaine la construction de digues monumentales. Tous les travaux anciens ou en cours évoqués par l’auteur contribuent à mettre en évidence l’interaction entre les campagnes et la ville dans ce domaine particulier de l’alimentation en eau. (358) Ronin M., Partage de l’eau et pouvoir de décision dans l’Occident romain, dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 219-239, rés. fr. p. 444, s’intéresse aux modes de gestion commune de l’eau, à travers les cas d’Agon en Ibérie (sur l’Èbre), de Lamasba et du texte de Pline sur l’oasis de Tacape, pour l’Afrique du Nord, outre de nombreux autres documents en appoint. (359) Alaioud S.M., Contribution du fleuve Sebou dans le développement des sites antiques du Gharb, dans L’Africa romana, XIX, 3, p. 2535-2547. Le Sebubus fut une voie de communication majeure dans l’Antiquité ; il permit le développement de Banasa et de Thamusida. Ces deux sites, à leur tour, ont attiré des paysans dans leur arrière-pays. Le développement économique aux confins des provinces africaines est étudié par (360) Cordovana O.D., Historical Ecosystem. Roman Frontier and Economics Hinterlands in North Africa, dans Historia, LXI, 2012, p. 458-494. Dans ce gros article de synthèse, l’a. propose une étude de la perception de l’espace et de l’utilisation du territoire des zones frontalières en s’attachant à leurs dimensions socio-économiques. Elle définit d’abord la frontière comme un « écosystème historique », une zone de transition et d’échanges aux caractéristiques environnementales, socio-économiques et culturelles spécifiques. Elle étudie ensuite ce concept selon quatre thèmes : la perception romaine de l’espace, les relations entre cités et tribus, les mécanismes économiques à partir des ostraca de Gholaia et de la législation tardo-antique, l’étude des marchés ruraux (nundinae) comme lieux de relations privilégiées entre les différents groupes sociaux de la frontière. Concernant ces derniers, l’a. utilise une documentation épigraphique particulièrement abondante, conjointement avec le corpus gromatique, pour démontrer que ces marchés, lieux de collecte des impôts, sont également des indicateurs du statut légal de certains territoires : ils sont presque toujours organisés sur des terrains soumis au versement de uectigalia. (361) Arcuri R., Exitiabile genus Maurorum e Imperium romanum : evoluzione nei rapporti di potere in Mauretania durante l’Alto Impero, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 965-978. Alors que des auteurs mettent en valeur l’opposition des Africains à Rome, R.A. montre l’intégration culturelle et ses fondements économiques : nomades et sédentaires n’étaient pas seulement et toujours opposés, ils pouvaient être complémentaires.

22Avant d’évoquer la famille, introduisons la thématique de la société avec une étude sur l’amitié, qui touche tous les milieux de la société africaine. (362) Williams C.A., Reading Roman Friendship, Cambridge-New York, 2012, X-378 p., ill., 2 index. Cette étude générale sur l’amitié romaine se penche sur Fronton et ses familiers, notamment Marc Aurèle, et sur quelques autres cas africains, trouvés à partir de l’index. Mentionnons par exemple, p. 280, un soldat africain mort en Hongrie, dont la sépulture est assurée par un vétéran, son ami et son héritier (CIL, III, 3324). Le thème de la famille bénéficie de l’ouvrage général (363) Families in the Roman and Late Antique World, édit. Harlow M. et Larsson L., Londres, 2012, XV-272 p., ill., index. Il est question de l’Afrique de façon éparse au sein de ce volume qui regroupe quatorze études sur la famille dans le monde romain à la fin de l’Antiquité. Le contexte africain est pris comme exemple à propos de données démographiques qui touchent aux questions de l’âge, qu’il s’agisse des différentes classes d’âge dans la société romaine, de l’âge au mariage, de la vieillesse, ou encore de l’âge physique déterminé par la bioarchéologie. Les femmes et les enfants ont fait l’objet d’une attention particulière à travers les études mentionnées à la suite dans ce paragraphe. (364) Briand-Ponsart C., Les dames de Calama, dans Visions de l’Occident romain, p. 105- 122, étudie des documents qui présentent des caractéristiques exceptionnelles à propos de trois femmes qui ont joué un rôle important dans la cité : Vibia Aurelia Sabina, dernière fille de Marc Aurèle (ILAlg, I, 241-242), est la seule princesse impériale qui fut patronne de cité en Afrique ; Annia Aelia Restituta (ILAlg, I, 286-287), qui a offert tout ou partie du théâtre, se distingue par l’ampleur de son évergésie, et Arminia Fadilla (ILAlg, I, 250) par le caractère tardif de sa donation. (365) Posadas Sanchez J.L., Mujeres en la literatura latina : de César a Floro, Madrid, 2012, 214 p. (n.u.), devrait évoquer quelques Africaines. (366) Franchi R., Lucrezia, Agostino e i retori, dans Latomus, LXXI, 4, 2012, p. 1088- 1101, étudie le traitement de la figure de Lucrèce chez différents auteurs classiques comme Cicéron ou Valère Maxime ; Lucrèce y apparaît comme un exemple de femme chaste et pudique. L’auteur revient ensuite sur le passage déjà bien étudié de la Cité de Dieu, I, 19, dans lequel Augustin cite une déclamation qui fait référence à Lucrèce ; enfin, elle examine la présence de Lucrèce dans les Déclamations du Pseudo-Quintilien. (367) Simonetti M., In margine alla condizione della donna nella Chiesa antica, dans Vetera Christianorum, XLIX, 1, 2012, p. 143-150, rés. angl. et fr. La condition inférieure de la femme dans les sociétés antiques se reflète dans l’Église antique. Cependant, certains hérétiques reconnaissaient aux femmes un don prophétique, notamment les montanistes (le cas de Perpétue), et les donatistes (le cas de Lucilla à Carthage) du moins selon l’auteur. (368) L’enfant et la mort dans l’Antiquité III. Le matériel associé aux tombes d’enfants, édit. Hermary A., Paris, 2012, 464 p., ill. Ce volume rassemble les travaux présentés lors de la troisième rencontre scientifique organisée dans le cadre du programme L’enfant et la mort dans l’Antiquité : des pratiques funéraires à l’identité sociale (EMA : programme ANR). L’enfant s’entend ici comme un individu dont l’âge est compris entre la naissance et 14 ans environ. Trois communications concernent l’Afrique antique.

23L’architecture urbaine est vue à travers les constructions publiques. (369) Scardamaglia M.R., Teatri, biblioteche, scuole di retorica : manifestazione del potere e scambi culturali nelle città dell’Africa romana, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 863-873. Les trois types de monuments cités dans le titre de l’article, outre leur rôle normal, ont joué celui qui est prêté à un centre du pouvoir. (370) Pichot A., Les édifices de spectacle des Maurétanies romaines, Montagnac (Archéologie et histoire romaine, 22), 2012, 220 p., 108 fig., 8 tableaux, est la première étude d’ensemble de ces monuments situés dans les deux territoires, sur une durée longue (de l’époque royale au Ve s. apr. J.-C.), et elle comprend aussi une approche comparative avec ceux de la province d’Afrique et du reste de l’Empire. L’a. commence par établir le cadre géographique, historique et sociologique de ces constructions, puis en propose un descriptif général et évoque les représentations qui s’y déroulaient. Vient ensuite le répertoire des sites et des monuments connus, y compris les documents épigraphiques qui y furent trouvés (Cherchel, Tipasa, Tigaua castra, Auzia, Sitifis, Lixus, Zilil). L’ouvrage s’achève sur une analyse historique et fonctionnelle à l’échelle de l’Empire. (371) Aiosa S., Urbanistica e ideologia : a proposito del Tempio di Ercole a Sabratha, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 311-324. La statue du demi-dieu accompagne un portrait de Marc Aurèle et d’une Minerve africaine, celle-ci peinte. Le temple est plus lié au culte impérial qu’on ne pourrait le croire. Il se peut qu’il ait dominé un nouveau forum consacré aux activités commerciales. Les temples de Liber Pater et d’Hercule ont été restaurés après le séisme de 306/310, pour honorer les dii patrii de la cité. C’est à une autre catégorie d’ouvrages publics qu’est consacrée la publication collective (372) Enceintes urbaines, sites fortifiés, forteresses d’Afrique du Nord. Actes de la Ve Journée d’études nord-africaines (Palais de l’Institut, 19 mars 2010), édit. Déroche F. et Leclant J., Paris, 2012, 220 p., 104 fig. (373) Déroche F., Préface, ibidem, p. 7-8, souligne l’intérêt de la thématique retenue pour cette 5e journée de la Société d’études sur le Maghreb préhistorique, antique et médiéval, qui permettait d’évoquer la diversité d’une catégorie de monuments sur un vaste espace géographique. L’ouvrage, dont certaines communications sur l’Antiquité ont paru dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2010 (B.A.A.A., XLIV (2010), 2016, n° 288, A. Akerraz, n° 925, X. Dupuis, n° 838, F. Baratte et F. Bejaoui), contient d’autres communications référencées dans cette B.A.A.A. (M. Fantar, J.-P. Laporte, R. Rebuffat). À la période tardive se rapporte (374) André L.-N., La couleur des palais : la transformation du paysage urbain en Afrique du Nord dans l’Antiquité tardive, dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 761- 781. Les techniques mises au service de l’archéologie permettent de mieux connaître les couleurs des paysages antiques. En croisant ces données avec les textes, hellénistiques et tardifs, on constate que les villes sont passées du monochrome au polychrome (le cas de Leptis Magna est privilégié dans cette enquête). Une conclusion surprendra peut-être davantage : le pouvoir utilisait « la couleur comme vecteur symbolique et identitaire ».

24Le thème de la culture s’enrichit régulièrement de nouvelles notions explicatives. (375) Ouachour F., Réflexions sur le concept de métissage en Afrique du Nord antique, dans Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à nos jours, p. 103-119, rés. fr. p. 434, explore la complexité de ce terme à la mode, qui a une dimension à la fois biologique, sociale et culturelle. L’Afrique antique est un terrain intéressant de prospection sur les processus d’interaction et de métamorphose en raison d’une documentation très diversifiée. L’influence phénicienne en Méditerranée occidentale et la culture punique sont explorées à travers un large ensemble de sources dans (376) La Etapa neopúnica en Hispania y el Mediterráneo centro occidental : identidades compartidas, édit. Mora Serrano B., Cruz Andreotti B. et Cruz Andreotti G., Séville, 2012, 457 p., ill., cartes, plans. Cet ouvrage collectif se propose d’étudier la présence réelle du substrat phénico-punique en Méditerranée occidentale sur un arc chronologique large, du IIIe s. av. J.-C. à l’époque flavienne. Il est question d’économie, des inscriptions, de céramique, de numismatique, de religion. (377) Bendala Galán M., Elementos culturales neopúnicos en la Hispania antigua : historia e historiografía de un encuentro, ibidem, p. 15-33, propose une synthèse historique et historiographique de cette présence, surtout à partir de ses travaux. (378) Almagro-Gorbea M., El « Círculo de Gadir » y el final de la literatura hispano-fenicia, ibidem, p. 75-112. Gadir serait l’un des principaux centres intellectuels du monde phénicien, d’après les auteurs hellénistiques et hispano-latins qui s’y réfèrent ; Juba II y a sa place, bien sûr. (379) Zamora López J.Á., La escritura en el periodo púnico tardío : la epigrafía neopúnica como producto histórico, ibidem, p. 113-140. L’article est une synthèse complète sur les problèmes que pose le terme « néopunique », en tant que système d’écriture. (380) López Castro J.L. et Belmonte Marin J.A., Pervivencias de la antroponimia fenicia en época romana en la Península Ibérica, ibidem, p. 141-164, font une enquête intéressante sur les permanences phéniciennes et puniques dans les noms des personnes connues par l’épigraphie d’époque impériale en Espagne. Ils proposent une méthode de classification des ces anthroponymes : a) noms de personnes phénico-puniques transcrits en latin en respectant plus ou moins la prononciation d’origine (35 cas) ; b) noms légués par l’intermédiaire de formes hellénisées ou « ibérisées » (810) ; c) noms formés à partir de noms théophores et de toponymes phénico-puniques traduits du latin (30). Cette étude intéressera les africanistes confrontés au même type de documentation. (381) Crawley-Quinn J., Fenicios ilusorios en el Mediterráneo Central, ibidem, p. 449-457. L’origine phénicienne des cités de Tripolitaine n’est pas prouvée : elles auraient peut-être inventé cette origine. (382) Solin H., Sur la présence de noms puniques et berbères en Afrique, dans Visions de l’Occident romain, p. 327-343. L’auteur propose un commentaire critique de l’ouvrage publié par K. Jongeling en 1994 à Leyde, intitulé North-African Names from Latin Sources, et propose de corriger un certain nombre d’étymologies puniques ou libyques présentées dans ce livre. Le rapport à l’altérité est analysé par les deux études qui suivent. (383) Tlili N., The image of the Barbarians and the Barbarism in the North Roman Africa, dans L’Africa romana, XIX, 2, p. 1167-1185. L’auteur étudie le phénomène sur une longue période, depuis le Ier s. av. J.-C. jusqu’à l’époque vandale. Être barbare, c’était être hostile à Rome, ne pas vivre à la romaine et ne pas parler latin ; ce qui n’est pas très neuf. (384) Rahmoune H., Les Berbères entre villes et campagne durant l’Antiquité et le début du Moyen Âge, ibidem, p. 1187-1202. Un examen des sources concernant l’époque tardive, le passage entre la fin du monde romain et le début du monde musulman, conduit l’auteur à distinguer non pas deux mais trois mondes : la ville, la campagne et la nature. Il oppose les « peuples de la tente » aux « peuples de la pierre », ce qui lui paraît plus historique que les traditionnelles distinctions, colonialisme/résistance et plaine/montagne. Nous terminons cette rubrique par deux références qui concernent la culture dans ses aspects artistiques et de divertissement. (385) Scoditti F., Spunti di teoria musicale in due autori latini : Vitruvio e Marziano Capella, dans Classica et Christiana, VII, 1, 2012, p. 239-247, rés. angl. et roum., compare le livre V de Vitruve et le livre IX de Martianus Capella, à propos du système musical grec et latin. Concernant les spectacles, (386) Forichon S., Furor circensis : étude des émotions et des expressions corporelles des spectateurs lors d’une course de chars, dans Nikephoros, XXV, 2012, p. 159-203, ill. p. 339-340. L’auteur étudie les différents éléments contribuant, d’un point de vue émotionnel, à l’excitation des spectateurs lors d’une course de chars. Il recourt ainsi au témoignage de Tertullien (De spectaculis) sur les spectateurs arrivant au cirque, à celui d’Augustin évoquant dans ses Confessions l’expérience de son ami Alypius à l’amphithéâtre, ou plus rapidement à la mosaïque de Gafsa. Tertullien est l’auteur qui a donné la description la plus détaillée de ce qu’il nomme la folie (furor) contagieuse des spectateurs.

25Introduisons le paragraphe sur la religion avec une étude générale. (387) Thesaurus cultus et rituum antiquorum (ThesCRA) VIII, Private space and public space, polarities in religious life, religious interrelations between the classical world and neighbouring civilizations, and addendum to vol. VI, Death and burial, supplementum Animal and plants, édit. J. Paul Getty Museum, Los Angeles, en association avec la Fondation pour le Lexicon iconographicum mythologiae classicae (LIMC), Malibu (Calif.), 2012, XIV-557 p. dont 72 p. de pl., ill., plans. Ce volume est le dernier d’une trilogie (VI-VIII) centrée sur les contextes des activités cultuelles et rituelles, et celui-ci s’intéresse aux espaces religieux ainsi qu’aux interactions entre monde classique et civilisations voisines. Nous le signalons bien que l’Afrique en soit absente, du moins dans les titres des chapitres, mais cela n’ôte rien de son intérêt à cette vaste entreprise. (388) Domínguez Salido J., Manifestaciones religiosas y espacios sacros en los horrea del occidente del Imperio romano, dans Madrider Mitteilungen des deutschen archäologischen Instituts, LIII, 2012, p. 310-341, ill., carte, rés. all. et angl., ne mentionne qu’une fois l’Afrique, avec l’inscription , 1924, 36, d’Hippo Regius (Annaba, Algérie), du IIe s. Le polythéisme est d’abord abordé à travers les influences extérieures à l’Afrique. (389) Lietz B., La dea di Erice e la sua diffusione nel Mediterraneo. Un culto tra Fenici, Greci e Romani, Pise, 2012, XIII-454 p., ill., cartes, plans, 3 index. Cette belle monographie consacrée à la grande déesse sicilienne, dont le culte est attesté entre le Ve s. av. J.-C. et le IIe s. apr. J.-C., s’appuie sur toutes les sources possibles. Le portrait de la Vénus Érycine est composite, ce qui nécessite d’appréhender le culte dans son évolution chronologique et dans ses variations géographiques. La diffusion de son culte est attestée en Afrique du Nord (ch. III), d’abord dans la Carthage punique, puis, surtout à l’époque romaine, dans de nombreuses localités, notamment à Sicca Veneria : dans cette cité, le temple à la Vénus romaine dérive d’un antécédent punique consacré à Astarté, qui était sans doute déjà rapprochée de Vénus à l’époque préromaine. Le ch. IV aborde la déesse à partir des données mythologiques et rituelles : ce que l’on appelle à tort « la prostitution sacrée » est examiné aux p. 199-207. (390) Oria Segura M., Elementos fenicio-púnicos en la religión romana de Hispania : una cuestión a debate, dans Etapa (La -) neopúnica, p. 165-190, s’intéresse à la survivance des divinités phénico-puniques dans la péninsule Ibérique : Melqart identifié à Hercule, Astarté-Tanit à Vénus, Junon et la dea Caelestis, sont les plus significatives. (391) Clauss M., Mithras : Kult und Mysterium, Mayence, 2012, 192 p., 16 p. de pl. ill., cartes, index, est une réédition (1ère éd. 1990). Les lieux de culte africains figurent sur les cartes, à la fin du livre. (392) Iuppiter Dolichenus, vom Lokalkult zur Reichsreligion, édit. Blomer M. et Winter E., Tubingen, 2012, VI- 306 p., ill., cartes plans, index. Aucune contribution ne porte sur l’Afrique qui est pourtant présente : pour y retrouver les sites africains, il faut donc se reporter à l’index. (393) Les hommes et les dieux dans l’ancien roman. Actes du colloque de Tours, 22-24 octobre 2009, édit. Bost-Pouderon C. et Pouderon B., Lyon, 2012, 349 p. Les spécialistes du roman antique ont abandonné les lectures strictement allégoriques pour se tourner vers l’étude des liens entre dieux et hommes comme forme et métaphore de la relation entre le lecteur et l’auteur. Les trois articles portant sur le roman d’Apulée s’inscrivent dans cette nouvelle tendance. (394) Masselli G.M., Riflessi di magia : virtù e virtuosismi della parola in Roma antica, Naples, 2012, 166 p., a réuni des études inédites et d’autres déjà publiées, autour du thème de la magie. Parmi celles qui nous intéressent directement, deux sont déjà connues : Apuleio « mago » et l’« incanto » della parola, dans Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia, XLVI, 2003, p. 121-157 ; Apuleio apol. 30-35, e le « trappole » dell’eufemismo, dans Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, LIII, 2, 2004, p. 195-213. L’une des études inédites, (395) Ead., La Potenza dei carmina tra poesia e magia, ibidem, p. 115-128, mentionne brièvement (p. 117-118) la potion d’amour qu’une magicienne prépare pour Didon (Aen., IV, 487-491). Le judaïsme bénéficie d’un travail de référence avec (396) Mimouni S.C., Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère. Des prêtres aux rabbins, Paris, 2012, 960 p., cartes, indices. L’a. propose dans ce volume de la Nouvelle Clio une synthèse sur l’histoire du judaïsme pour la période allant de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor en 587 av. J.-C. jusqu’au IIIe s. apr. J.-C. Une bibliographie générale, une chronologie sommaire, des cartes et plusieurs indices complètent cet ouvrage très utile. Les africanistes seront particulièrement intéressés par le chapitre V de la quatrième partie, intitulé La Diaspora italienne (et celles d’Afrique et de Gaule), p. 743-770. Les pages consacrées aux communautés juives africaines (p. 761- 768) proposent un rapide état de la question. L’a. présente les sources, en insistant particulièrement sur les attestations épigraphiques et archéologiques, et aborde la question de l’origine des communautés juives en Afrique, avant de fournir quelques éléments sur leur histoire. Il souligne notamment que la présence juive a dû être plus forte en Afrique du nord-ouest que dans les autres provinces de l’Occident romain et insiste sur le fait que rien ne permet de rattacher les juifs africains au mouvement rabbinique. Vient ensuite un développement spécifique à la communauté de Carthage et traitant des relations conflictuelles dans cette cité – et, de manière plus générale, en Proconsulaire – entre les juifs et le mouvement chrétien. L’ouvrage aborde pour finir la question de l’existence éventuelle d’un judaïsme berbère durant l’Antiquité, en restant prudent sur ce point en raison de l’absence de sources fiables. À la croisée entre le judaïsme et le développement du christianisme (397) Landesmann P., Der Antijudaismus auf dem Weg vom Judentum zum Christentum, Berne-Francfort-sur-le Main, 2012, 132 p., ill., index, et sa traduction anglaise, (398) Id., Anti-Judaism on the Way from Judaism to Christianity, trad. Jones W.J., Francfort-sur-le-Main, 2012, VII-121 p., ill. L’a. s’intéresse aux croyances religieuses qui ont conduit à différencier les chrétiens des juifs au cours des deux premiers siècles de notre ère, et tout particulièrement à la question centrale de la messianité de Jésus, qui est à l’origine de la séparation entre juifs et chrétiens. Selon l’a., les accusations portées par les chrétiens issus de la gentilité contre les chrétiens issus du judaïsme qui continuaient de suivre les observances légales ont abouti au développement des écrits Adversus Iudaeos. Les auteurs chrétiens africains sont peu utilisés dans ce livre, malgré quelques références à Tertullien et à Augustin (voir en particulier p. 100). Concernant le développement de la religion chrétienne, (399) Klauck H.J., L’environnement religieux gréco-romain du christianisme primitif, Paris, 2012, 557 p., index., est la traduction de l’allemand, par J. Hoffmann, de deux ouvrages publiés en 1995 et 1996. Nous mentionnons ici une synthèse monumentale parue en 2009, (400) Ferguson E., Baptism in the Early Church. History, Theology, and Liturgy in the first five centuries, Grand Rapid (Mass.)-Cambridge, 2009, XXII-953 p., 6 index, ill. Dans cette histoire du baptême depuis l’époque préchrétienne jusqu’au Ve s. apr. J.-C., les sources africaines paraissent aux ch. 16, 21-24 (Pseudo-Cyprien, Tertullien, Cyprien), 50 (les conciles africains, Quodvultdeus), 51-52 (Augustin, les donatistes), puis les baptistères de Tunisie et d’Algérie (ch. 54). La thèse centrale de l’auteur est cependant contestée par (401) Jensen R.M., Material and documentary evidence for the practice of Early Christian baptism, dans Journal of Early Christian Studies, XX, 3, 2012, p. 371-405, 14 fig. : selon lui, il n’existe aucun indice archéologique ni littéraire prouvant qu’il existait une pratique chrétienne universelle du baptême des adultes, en particulier par submersion. Les témoignages africains sont présents avec Tertullien, Cyprien, Augustin pour la littérature et avec divers baptistères, tels celui de La Skirha (mosaïque, fig. 3), de Kélibia (fig. 7), Bulla Regia (fig. 8), Hippo Regius (fig. 14) : les pratiques variaient selon les situations et des traditions locales se sont installées. Cet auteur a publié un livre sur le même thème, très mal diffusé en Europe : (402) Id., Baptismal Imagery in Early Christianity. Ritual, visual, and theological dimensions, Grand Rapid (Mich.), 2012, XVIII-238 p., ill., index (n.u.). Le baptistère de Kélibia paraît sur la couverture et Tertullien fait partie de ses sources d’après le compte-rendu de (403) Smith D.L., Journal of Early Christian Studies, XXI, 3, 2013, p. 639-641. (404) Moss C.R., Ancient Christian martyrdom. Diverse practices, theologies, and traditions, New Haven (Conn.)-Londres, 2012, XIV-256 p., 3 index., s’interroge sur l’origine du martyre et comment il se distingue du meurtre et du suicide. Le ch. 5 (Roman North Africa : Apocalypse Ascent), p. 122-144, rappelle d’abord que l’on ne sait rien des premières communautés chrétiennes, qui sont installées en Afrique proconsulaire au moins dans les années 150. Elle pense que l’influence du substrat local, ici comme ailleurs, peut expliquer certaines caractéristiques du christianisme africain, mais elle réfute l’idée que les sacrifices d’enfants [très débattus d’ailleurs] aient été à l’origine du martyre chrétien puisque ce dernier résulte d’un procès et d’une condamnation. Les deux documents privilégiés sont les Actes des martyrs scillitains et surtout la Passion de Perpétue et de Félicité. L’influence apocalyptique est présente dans le second texte, mais elle n’est pas exclusive. L’auteur suppose avec raison que tous les chrétiens n’étaient pas favorables au martyre et elle émet une hypothèse (p. 143) qui nous semble originale, mais qui n’est pas très étayée : le père de Perpétue pourrait être un chrétien qui tente de faire renoncer sa fille à la voie qu’elle a choisie. (405) Kitzler P., Viri mirantur facilius quam imitantur : Passio Perpetuae in the Literature of the Ancient Church (Tertullian, acta martyrum, and Augustine), dans The Ancient Novel and Early Christian and Jewish Narrative : Fictional Intersections, édit. Pinheiro M.P.F., Perkins J. et Pervo R.I., Eelde, 2012, p. 189-201. L’auteur s’intéresse à la réception de la Passion de Perpétue et Félicité et aux déformations que cette œuvre a subies dans la tradition littéraire des premiers temps de l’Église, en se limitant à l’analyse du De anima de Tertullien, des Actes des martyrs et des prédications augustiniennes ou pseudo-augustiniennes. Si Tertullien accorde à cette Passion une valeur proche de celle des Écritures canoniques et si elle sert très largement de modèle aux Actes des martyrs, Augustin refuse, au contraire, de lui reconnaître une quelconque autorité canonique. (406) Fialon S., Images du pouvoir persécuteur dans les Passions des martyrs africains (IIIe-VIe siècles), dans L’Africa romana, XIX, 1, p. 1013-1034. La description du pouvoir persécuteur est un lieu commun de la littérature hagiographique africaine ; il est assimilé à la tyrannie, à la barbarie et au Diable. Et ses victimes sont au contraire des sages, des héros et des maîtres de vérité, ce qui n’a pas toujours été compris, même par nos contemporains. (407) Rebillard É., Christians and their many identities in Late Antiquity, North Africa, 200-450 CE, Ithaca (N.Y.), 2012, IX-134 p., index., étudie « les intermittences de l’identité religieuse chrétienne », c’est-à-dire le fait que les personnes qui se disent chrétiennes peuvent « activer » ou « désactiver » leur sentiment d’appartenance religieuse selon les lieux et les circonstances. Cette manière intéressante de questionner la christianisation du monde antique est appliquée à l’Afrique du Nord en raison de l’abondance de sa documentation littéraire tardive, mais n’emportera pas toujours la conviction des spécialistes de la période. Le ch. I est consacré à Carthage de la fin du IIe s., à travers l’œuvre de Tertullien, présenté comme un clerc, le chap. II à l’attitude des chrétiens au cours des persécutions (depuis les martyrs scillitains jusqu’à l’époque tétrarchique). L’auteur insiste sans doute de manière exagérée sur la polarisation clercs/ laïcs, et considère que l’Église de Carthage était divisée à l’époque de Tertullien en plusieurs communautés dirigées chacune par un évêque. Il sous-estime également l’importance du nombre des chrétiens aux IIIe-IVe s. et la vigueur des structures communautaires. Le ch. III est plus convaincant, appuyé sur la vaste documentation augustinienne : l’auteur montre en particulier que, pour les chrétiens africains, les exigences d’Augustin n’entraient pas forcément en résonance avec leur identité chrétienne. (408) Rinaldi G., Contumeliae communes. Circolazione di testi e argomenti nelle controversie religiose di età romana imperiale, dans Polemica di età cristiana. Lessico, argomentazioni e strutture retoriche nella polemica di età cristiana (III-V sec.), édit. Capone A., Turnhout, 2012, p. 3-66, rés. angl. et fr. Le dialogue ou les confrontations entre les religions ou entre les courants du christianisme étaient plus diversifiés qu’on ne le pense. L’auteur met ici en évidence les arguments communs qui circulaient au gré des différentes controverses. (409) Decousu L., Les donatistes, Ariens et Lucifériens dans la réconciliation des hérétiques du IVe au VIe siècle, dans Écrire contre : quête d’identité, quête de pouvoir dans la littérature des premiers siècles chrétiens, édit. Vinel F., Strasbourg, 2012, p. 189-204, souligne la place de la discipline pénitentielle dans le processus de réconciliation des hérétiques au cours de cette période. Son étude montre que la législation n’était pas uniforme dans l’Église, et confirme la place du pouvoir civil et de ses mesures répressives qui ont contribué à mettre en application cette législation. (410) Auctoritas. Mondo tardoantico e riflessi contemporanei, édit. Cerutti M.V., Sienne, 2012, 222 p., réunit les actes du premier Séminaire International organisé par l’association Patres. Studi sulle culture antiche et il cristianesimo dei primi secoli. Les contributions s’intéressent aux rapports entretenus par les différentes traditions philosophiques et religieuses antiques et tardo-antiques avec la recherche d’une sorte d’autorité de la connaissance : elle découle de la science oraculaire et se diversifie à l’époque tardive dans toute une série de déclinaisons, depuis le néoplatonisme jusqu’à la tradition théurgique. Trois contributions portent de façon plus ou moins importante sur la pensée d’Augustin, la plus générale étant celle de (411) Neri V., Al di là conflitto : proposte e modalità di convivenza con il cristianesimo nel paganesimo romano del IV secolo (Simmaco, Ammiano Marcellino, Historia Augusta), ibidem, p. 97-118 (discussion p. 118-119). L’auteur s’intéresse aux interactions entre le christianisme et le paganisme tardif à partir de trois sources « païennes » qu’il compare notamment aux écrits d’Augustin. (412) Les chrétiens et l’hellénisme. Identités religieuses et culture grecque dans l’Antiquité tardive. Actes de la journée d’étude patristique, 21 mars 2009, École Normale Supérieure, édit. Perrot A., Paris, 2012, 275 p., 2 index. Consacrées principalement aux Pères grecs de l’Église et aux rapports qu’ils entretiennent avec leur identité grecque, les différentes contributions de cet ouvrage évoquent néanmoins à quelques reprises des auteurs africains parmi lesquels Fronton, Minucius Felix, Tertullien, Cyprien et Augustin. (413) Price S.R.F., Religious mobility in the Roman empire, dans Journal of Roman Studies, 102, 2012, p. 1-19, rés. angl. Même s’il ne prend que rarement appui sur des exemples africains, l’a. propose une réflexion sur les modes de diffusion des religions dans le monde romain entre Auguste et Constantin, qui intéressera nécessairement les spécialistes des religions de l’Afrique romaine. Il insiste en particulier sur le rôle des contacts personnels et sur la nécessité d’appréhender la variété des contextes urbains. À propos du contexte impérial, l’a. attire l’attention sur certaines religions, comme le christianisme ou le manichéisme, qui sont parvenues à dépasser les frontières de l’empire romain pour constituer les premières religions globales. (414) Frankfurter D., Comparison and the Study of Religions in Late Antiquity, dans Comparer en histoire des religions antiques, édit. Calame C. et Lincoln A.T., Liège, 2012, p. 83-98, défend le recours à la méthode comparative dans l’étude des religions de l’Antiquité tardive. Le phénomène de la christianisation du monde antique peut bénéficier, par exemple, des recherches menées sur la christianisation des cultures maya, andines ou africaines. L’a. rappelle que l’ethnographie nord-africaine a déjà été mise à contribution dans les travaux de Peter Brown, et il développe en particulier l’intérêt de recourir à des exemples de l’Afrique moderne pour analyser et comprendre les processus de violence populaire iconoclaste dans l’Égypte et l’Afrique du Nord de l’Antiquité tardive. (415) Sales Carbonell J., Las construcciones cristianas de la Tarraconensis durante la Antigüedad Tardía. Topografía, arqueología e historia, Barcelone, 2012, 464 p., nous intéressera parce qu’il souligne les multiples influences nord-africaines en Espagne : en particulier celle des complexes ecclésiastiques tardo-antiques, telle la domus ecclesiae de Cirta ; de manière générale, il pense que les groupes épiscopaux africains ont servi de modèles à la domus episcopi et à l’architecture chrétienne d’Hispanie. Il donne aussi de nombreuses références aux œuvres d’Augustin d’Hippone et mentionne plusieurs éloges funéraires chrétiens espagnols de la fin du IVe s. et du Ve s. qui suivent des modèles nord-africains. (416) Villegas Marín R., Ciudad y territorio, ortodoxia y disidencia religiosa en el Imperio romano cristiano (siglos IV-V), dans Gerión, XXX, 2012, p. 263-291, analyse les différentes stratégies mises en œuvre par le pouvoir romain pour attirer au catholicisme les populations rurales dépendant des grandes propriétés. Il y est peu question de l’Afrique en dehors de quelques textes d’Augustin (De civ. Dei, 4, 8 ; Epist., 57, 2 ; 84, 2 ; Contra litt. Pet., 2, 83, 184). (417) Pieri B., In extremis. Virgilio, Agostino e la fine dei tempi, dans Griseldaonline, XII, 2012, 20 p. (non paginé). La perception d’une époque vue comme une fin des temps est étudiée à partir de deux grands classiques latins, Virgile qui a connu la fin de la République, et Augustin la fin de l’imperium sine fine avec les invasions barbares et le traumatisme que fut le sac de Rome en 410. Leur réaction est tout à fait différente : le premier voit dans l’avènement d’Auguste un renouveau du temps ; le second oppose le temps de la fin (de Rome) et la fin des temps, qui est l’éternité divine. Nous mentionnons à la suite quelques études traitant d’aspects particuliers de théologie et de rites chrétiens. (418) Czock M., Gottes Haus. Untersuchungen zur Kirche als heiligem Raum von der Spätantike bis ins Frühmittelalter, Berlin-New York, 2012, IX-338 p., index. L’auteur évoque dans sa bibliographie l’œuvre de Minucius Felix, Octavius, ou encore les Canones synodi apud Cartaginem (Breviarium canonum Hipponensium) ; toutefois l’index, qui est thématique, ne rend pas l’ouvrage d’un maniement facile pour repérer les passages intéressant directement le contexte africain, qui ne constitue pas le point d’orgue de ce livre. (419) Fredriksen P., Sin. The early history of an idea, Princeton (N.J.), 2012, VII- 209 p., index. Même si l’approche est théologique, le thème est important et mérite d’être mentionné. Un chapitre est spécifiquement consacré à la thématique du péché chez Origène et Augustin (p. 93-134). (420) Ullucci D.C., The Christian rejection of animal sacrifice, Oxford-New York, 2012, X-227 p., index. Le refus du sacrifice animal introduisit, dès l’origine du christianisme, un changement essentiel dans la pratique rituelle, dont l’évolution est complexe. Une section du livre interroge la pensée de Tertullien (Tertullian : What God wants, p. 110-113), qui a deux positions distinctes, l’une par rapport au sacrifice juif, sans doute dérivée de Justin, l’autre par rapport au sacrifice non juif, dans une optique apologétique : les chrétiens ne sont pas des impies, ils sont même les seuls à honorer Dieu correctement, par la prière. De son côté, Cyprien (Cyprian of Carthage : the Blood of Christ, p. 113-117) est un jalon important parce qu’il est le premier auteur chrétien à introduire une équivalence explicite entre l’eucharistie et le sacrifice animal : le sacrifice de Jésus est l’équivalent fonctionnel du sacrifice animal. (421) Dreams as Divine Communication in Christianity. From Hermas to Aquinas, édit. Koet B.J., Louvain, 2012, XII-292 p. Cet ouvrage réunit des travaux traitant de la place des rêves et des visions dans l’histoire du christianisme, du Ier s. au XIIIe s. L’objectif est d’examiner le rôle de ces rêves comme source de théologie et de spiritualité. Trois communications concernent spécifiquement l’Afrique. Sont enfin rassemblées ici des études portant de façon centrale sur la figure de l’évêque. (422) Gwynn D.M., Episcopal Leadership, dans Oxford (The -) Handbook of Late Antiquity, p. 876-915, explore les différents rôles des évêques et les débats sur la nature et les fonctions de leur autorité avec la montée du christianisme. Les évêques africains sont assez peu pris en compte en dépit de la riche documentation que Cyprien puis Augustin nous ont laissée. (423) Romanacce F.-X., Délégation, représentation et succession : l’évêque et son diacre dans l’Église des IIIe, IVe et Ve siècles, dans Hiérarchie des pouvoirs, p. 342-371. Les évêques pouvaient avoir un ou plusieurs diacres selon l’importance des évêchés, et leurs liens avec eux étaient souvent personnels. Leurs fonctions sont multiples, comme on le sait par l’exceptionnelle documentation africaine pour le IIIe s. (Passion de Perpétue, lettres de Cyprien). Le diacre peut être amené à succéder à l’évêque, mais ceci n’a rien de systématique et c’est même assez peu fréquent en Afrique. (424) Toneatto V., Les banquiers du Seigneur : évêques et moines face à la richesse (IVe-début IXe siècle), Rennes, 2012, 437 p., 2 index, définit une double enquête : comment le vocabulaire des échanges matériels fut appliqué au domaine du salut, et quelle fut la rationalité économique du Haut Moyen Âge. Le socle documentaire est fourni par les sermons des Pères, parmi lesquels on compte bien sûr Augustin, et, dans une moindre mesure, Tertullien et Isidore de Séville, que le lecteur trouvera à partir de l’index.

© Publications de l’École française de Rome, 2018

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