Chapitre 11. Nouvelles structures monastiques. La congrégation
p. 279-298
Texte intégral
La réforme du monastère
1En 1418, l’abbé Giovanni Michiel devenu prêtre délégua Ludovico Barbo auprès du pape Martin V pour obtenir la réforme de son monastère dans le cadre de la congrégation de S. Giustina de Padoue que Barbo avait relevée de ses ruines et réformée1. La réforme monastique n’était pas limitée au seul monastère de S. Giorgio Maggiore, elle impliqua tous les monastères d’hommes du duché. Une première tentative de réforme avait été entamée dès 1411. Le pape Alexandre V avait délégué à cet effet en qualité de visiteur-réformateur l’abbé du monastère des Ss Gregorio, Ilario et Benedetto dont la mission était consignée dans une bulle datée du 20 janvier 1410 : le délégué apostolique agirait prudemment avec le conseil de deux cives vénitiens chargés de représenter l’État et rémunérés à raison de 10 ducats chaque mois assignés sur les revenus du monastère. Les décrets de la réforme commençaient par imposer à l’abbé de S. Giorgio de reconstituer une communauté et de trouver pour son monastère huit moines profès et huit diacres, sous-diacres et novices, tous résidents. De même il lui faudrait lutter contre la dégradation des bâtiments conventuels et réparer en urgence et sous peine d’excommunication les toitures, les murs, les étages menacés d’effondrement, en commençant par la cuisine, l’habitation du vicaire et l’hospice. L’intraitable abbé accordait six mois pour remettre en état le temporel et réparer les maisons que le monastère possédait à campo Rusolo et Santa Trinità, à Padoue et Mestre. Il faudrait noter toutes les dépenses et lui en rendre compte. Si l’abbé Michiel omettait de satisfaire à ces exigences, l’entrée de son église lui serait interdite2. Le monastère avait besoin de correction, de réforme et de réparation « non modiques »3, et d’abord d’un recrutement qui reconstruirait une communauté de seize membres. L’abbé, qui perdait son pouvoir quasi absolu sur la communauté, une fois par mois réunirait le chapitre constitué des moines et vérifierait le compte des recettes et des dépenses. Il commencerait immédiatement les travaux indispensables aux bâtiments, à la cuisine, à l’hospice, aux maisons du monastère et à tout ce que celui-ci possédait dans Venise, à Mestre ou à Padoue. Tous les frais engagés dans ces réparations seraient notés et présentés au visiteur. L’abbé devait aussi recruter quelques serviteurs salariés, un cuisinier et un barcarol. Toutes ces prescriptions impératives demeurèrent lettre morte et en 1418 le monastère ne comptait que son seul abbé et le moine débile déjà signalé.
L’entrée dans la congrégation de sainte-Justine
2C’est dans ces circonstances que l’abbé Michiel, qui avait pris la mesure des difficultés, choisit d’abandonner l’autonomie de son monastère, sollicita la papauté d’intervenir et décida d’entrer dans la congrégation de sainte-Justine, sous son gouvernement et sa protection4. Il délégua donc Barbo pour présenter sa supplique au pontife (17 novembre 1418)5. La réforme requit de longues années et de la patience mais en 1429 l’abbé Michiel annonçait une communauté de 12 moines profès, huit novices et trois oblats (offerti). Il établissait avec ses moines des capitula, pacta et statuta6 qui furent approuvés par le gouvernement vénitien et par l’autorité apostolique. La communauté ne pouvait compter moins de 26 membres, soit vingt moines et six convers, elle serait gouvernée par le chapitre général7 qui se tiendrait chaque année le premier mai et était autorisé à prolonger sa session durant trois jours. La communauté procédait à une réorganisation institutionnelle en élisant le prieur, adjoint de l’abbé pour les affaires spirituelles, le cellérier qui gérait le magasin des vivres (cella) et l’intendance, véritable administrateur du temporel du monastère chargé de son administration financière, et les doyens et en prenant toutes dispositions pour le bon état du monastère. Si l’abbé se montrait indigne de sa mission, par son âge, sa tenue vestimentaire, son non-respect de l’observance, les moines éliraient un prieur en l’absence du supérieur « qui n’aurait ainsi aucun intérêt dans l’élection » (art. 3)8.
3L’abbé Michiel assigna aux moines divers biens immobiliers, notamment les maisons que le monastère possédait à Rialto (= Venise) in curte Sancti Georgii et Sancta Trinitate et à Roncaleteri, avec faculté de louer et de percevoir tous les revenus, qui leur garantiraient une rente annuelle de 1 200 ducats, dès que seraient éteintes les dettes du monastère égales à 2 800 ducats. Le délégué apostolique modifia cette clause : les moines recevaient immédiatement la pension de 1 200 ducats mais prenaient en charge la moitié de la dette. Tous les biens légués ou donnés à l’avenir au monastère seraient assignés à la communauté (et non plus à l’abbé) et seraient exonérés de toutes charges ou exactions à l’égard de la curie. Le cellérier administrerait les biens des moines et les revenus assignés aux pauvres, aux pèlerins, il pourvoirait aux dépenses de l’église (cire, huile des lampes), le solde de cette part des moines serait affecté à la fabrique et aux ornements de l’église. Le cellérier présenterait le compte de toutes ses activités chaque semestre (redat de omnibus rationem) au prieur, à la communauté ou à ses représentants élus (art. 4). Quant à l’abbé, il devait sur sa part payer les charges imposées par la curie romaine ou les légats pontificaux et les dépenses du doge et des siens pour la fête de saint Étienne et affecter « tout le reste à l’honneur de Dieu, pour les besoins et le bien de l’église, du monastère et des pauvres ou à d’autres fins conformes à la règle de saint Benoit et aux constitutions canoniques »9.
4Le 9 février 1432, le Sénat adoptait la réforme et recommandait l’application de la bulle de Martin V qui unissait le monastère à la congrégation de S. Giustina. Le 11 février 1432, à Venise devant le chapitre du monastère composé de Zeno de Vérone, Tommaso d’Usburg (Augsbourg), Vito de Palas, Gerardo de Peldast, Pietro de Erfordia (Hereford), Gaspare de Messine, Enrico, Epifanio et Vincenzo, tous trois de Saxe, Domenico du Friul, Giacomo de Venise, Eustachio d’Alemania et Fabiano de Sclavonie, les visiteurs de la Congrégation de sainte Justine, Teofilo de Venise et Arsenio de Milan, entraient en possession du monastère de San Giorgio et de ses biens. La composition du chapitre était remarquable : pour se conformer à l’esprit de la réforme initiée par son abbé, le monastère avait recruté ses moines dans toute la Chrétienté10, à Venise ou à proximité (Vérone et Frioul), mais surtout en Allemagne qui peut désigner la Suisse alémanique et les régions du haut-Danube, et en Saxe, l’Angleterre, la Sicile et la Sclavonie avaient aussi leurs représentants qui soulignaient le rayonnement international de la puissante abbaye11. Le 17 février 1432, l’abbé de S. Nicolò du Lido, délégué du pape Martin V approuvait la réforme devant le chapitre en présence de tous les frères et des nobles Troilo Soranzo qd Petri, Marino Soranzo qd Nicolai, Francisco Bon, Pietro Soranzo fils de Troilo, et du provido viro ser Andrea Polo.
5En 1442, le 12 juin, le doge Francesco Foscari invitait l’ambassadeur Pietro Querini à demander au pape Eugène IV que l’élection de l’abbé de San Giorgio Maggiore, comme cela se pratiquait pour d’autres monastères de la Congrégation, ait lieu au chapitre de Venise, demande d’autant plus légitime que le monastère était placé sous le patronage (giuspatronato12) ducal. La congrégation imposa ses règles comptables et exigea une présentation annuelle des comptes. En 1453, le monastère dressa pour le chapitre général un bilan comptable de ses recettes et de ses dépenses.
L’intégration dans la congrégation du mont Cassin
6Ensuite la congrégation de Santa Giustina intégra un ensemble plus vaste à la tête duquel figurait le monastère du Montecassino et le pape Jules II ordonna, eu égard au prestige de ce monastère fondé par saint Benoit, que la congrégation prit le nom de congregazione cassinense13. Celle-ci instituait une solidarité financière entre tous les monastères bénédictins auxquels étaient étendus les privilèges concédés à l’un d’eux. Dans l’État vénitien, la congrégation regroupait dix monastères en 1635 et une quinzaine vers 1700 : outre San Giorgio Maggiore et S. Giustina de Padoue, S. Nazaro et Celso de Vérone (1443), S. Maria de Praglia (1448), S. Nicolò du Lido (1451), S. Eufemia de Brescia (1457), Ss. Felice et Fortunato de Vicence (1462), S. Faustino de Brescia (1491)14, Ss Vito et Modesto, S. Maria del Pero, S. Biaggio de Lignano, S. Martino de Ronchi, S. Giorgio de Rongliano, S. Fortunato de Bassano, S. Polo d’Argon (1497)15, S. Giacomo de Pontida (1487)16, S. Andrea del Bosco à Montello (1618) S. Grisogono de Zara (1620)17. Au milieu du XVIIe siècle, la congrégation cassinese comptait sur l’ensemble du territoire italien 61 monastères et plus de 1 000 moines18.
L’impact économique de l’adhésion à la congrégation
7À mesure que des monastères entraient dans la congrégation de sainte Justine, et s’y inscrivaient non seulement des monastères vénitiens, mais aussi génois, milanais, florentins ou de Pavie, Ludovico Barbo, l’abbé du monastère de Padoue, la maison-mère, y déléguait un prieur, lui-même se réservant l’abbatiat et centralisant tous les pouvoirs, mais très vite il renonça à cette politique et confia le pouvoir à un chapitre général annuel et à des visiteurs qui, dans l’intervalle des sessions capitulaires, jouissaient de l’autorité suprême. Prieurs et abbés furent de simples délégués du chapitre général. Quand le cardinal Gabriele Condulmer, qui avait appartenu à la communauté de S. Giorgio in Alga en même temps que Barbo, devint pape (Eugène IV) il prit la congrégation de Santa Giustina sous sa protection et émana quatre bulles (1432 et 1435) pour compléter son organisation.
8Tous les moines des divers monastères formaient un seul corps19, dont l’autorité suprême était confiée au chapitre général qui se réunirait chaque année et était constitué des délégués et des supérieurs des monastères (durant le chapitre toutes les dignités étaient suspendues). Le chapitre élisait un conseil des « définiteurs » de neuf membres (six abbés et trois moines) qui nommait tous les dignitaires (abbés, prieurs et officiers) des abbayes et élisait cinq ou six visiteurs dont l’un, le président (praeses) assumait la fonction de chef de la congrégation. Ces visiteurs détenaient la juridiction sur les monastères et les religieux. Digne d’être relevé : tous les dignitaires exerçaient leur mandat d’un chapitre à celui de l’année suivante, pour une année. Les abbés devaient changer d’abbaye tous les ans initialement, puis tous les six ans, mais ils conservaient leur titre leur vie durant (abbé à vie, semel abbas, semper abbas). La limitation de la charge abbatiale à une année était primitivement destinée à éradiquer la commende20, à restaurer la discipline monastique, à confier une mission de contrôle au chapitre général de la congrégation21.
9La congrégation possédait les biens de l’ensemble de monastères et les administrait sur le modèle de ce qui avait fait la force et la vitalité du mouvement cistercien : la confédération d’établissements même éloignés mais agissant en commun. Selon le besoin, un monastère pouvait hypothéquer les biens d’un autre monastère même éloigné pour trouver du crédit. Les monastères vénitiens n’avaient plus de finance propre, celle-ci était gérée par la congrégation qui fonctionnait à la façon d’une coopérative d’entr’aide. Le moine faisait profession pour la congrégation et pouvait être transféré d’une maison à l’autre. Les bulles pontificales interdisaient de donner en commende un monastère et concédèrent la plus large exemption à la congrégation qui, ce faisant, relevait directement de Rome et de la Papauté. La congrégation fondait un ordre bénédictin fortement centralisé (l’autonomie antérieure de chaque monastère était retenue comme facteur d’affaiblissement et de déréliction, d’abandon de la règle), chaque abbaye était désormais gouvernée par la congrégation qui connut un grand succès et finit par regrouper la quasi-totalité des monastères bénédictins italiens : San Benedetto di Polirone, Praglia, San Vidal de Ravenne22 rejoignirent ses rangs. Barbo acceptait de nouveaux monastères à condition que les abbés commendataires renonçassent à s’occuper du spirituel et que, à leur mort, la congrégation retrouvât autorité spirituelle et temporelle dans le monastère affilié, les moines prêtant serment d’obéissance à la congrégation. Tous les monastères unis dans la congrégation étaient égaux, la congrégation serait devenue un seul grand monastère23, mais ce mouvement unionniste faillit et le pape Eugène IV émana une nouvelle constitution qui accentuait la centralisation.
10Dès 1446, Eugène IV avait souhaité que Ludovico Barbo réforma l’abbaye de Montecassino mais le chapitre général ne se sentait pas encore assez solide pour entreprendre une telle œuvre. L’idée refit surface aux chapitres généraux de 1460 et 1466. C’est au cours des guerres franco-espagnoles que la célèbre abbaye entra dans la congrégation de Santa Giustina (1505). La même année, le chapitre général demanda à l’unanimité que la congrégation prit le nom de congrégation cassinienne24. La congrégation regroupait tous les monastères bénédictins d’Italie et de Sicile, mais dans un pays morcelé politiquement et que se disputaient les puissances étrangères, les particularismes et un embryon d’esprit national et patriotique contribuaient au démembrement. Conscient du danger, le pape Paul V en 1605 divisa la congrégation en sept provinces qui respectaient la géographie politique du territoire : Rome, Venise, Lombardie, Toscane, Ligurie, Naples et la Sicile. Au XVIIe siècle, le cardinal Francesco Barberini, pendant près d’un demi-siècle protecteur de la congrégation, modifia les Statuts, privant les délégués des monastères au chapitre de leurs droits. En 1680, le terme même fut abandonné, les abbés retrouvèrent leur pouvoir et le procureur général à Rome exerça seul l’autorité, à partir de 1681, les chapitres généraux ne se réunirent plus que tous les trois ans25.
La reconstruction du monastère et de l’église
11Le monastère dépensa beaucoup d’argent à l’éclosion de la Renaissance. Il trouva à emprunter auprès de monastères amis, le 18 mai 1453, le prieur du monastère de Polirone, Guido de Gonzague, protonotaire de la sainte église romaine, accordait à l’abbé dom Cipriani un prêt viager de 2 000 ducats d’or de juste poids « pour les fabriques du monastère récemment construites ou à construire et pour acquérir des biens immobiliers ou mobiliers ».
12L’abbé promit au prieur de lui donner chaque année, au 1er décembre, 140 ducats d’or, sa vie durant26. Il emprunta également aux banques privées et même à des étrangers, ainsi l’anglais John Percy, ou encore les frères Giovanni et Angelo Baldesi, des marchands florentins en relations avec les Gonzague pour la vente de pierres précieuses et l’achat de brocarts d’argent, de sucre et de coton, qui subventionnèrent généreusement le monastère pour l’achat de pierre d’Istrie et l’agrandissement du couvent27.
13L’abbé ou le cellérier, un moine compétent choisi par l’abbé pour diriger l’administration et gérer le patrimoine de l’abbaye, n’hésitaient jamais à engager les meilleurs architectes de la place. En 1494, pour la construction du dortoir (dormitorio) des moines28, appelé aujourd’hui la manica lunga et qui abrite la bibliothèque de la Fondation Cini, le monastère parvenait à un accord avec le prote Zuane Buora qui avait travaillé avec Pietro Lombardo et Codussi à la façade de la scuola de San Marco.
14San Giorgio Maggiore fut dès sa fondation au Xe siècle un des monastères bénédictins les plus richement dotés de Venise et qui accumula les donations jusqu’à Constantinople. Il a peut-être été à l’origine de la Renaissance dans la cité car, accueillant durant son exil en 1433 Côme de Médicis et sa suite qui comptait Michelozzo Michelozzi, il confia à cet architecte la construction de la nouvelle bibliothèque que l’incendie détruisit en 1614. En 1494, Giovanni Buora élabora un nouveau projet pour le dortoir des moines, d’une longueur de 128 m. Ce dortoir est constitué de 25 cellules des religieux qui s’ouvrent uniformément sur chacun des côtés longs de l’immense corridor central où rien n’arrête le regard, même les portes des cellules s’ouvrent au fil du mur tandis que les fenêtres apportent l’éclairement de la voûte en berceau29. Ce dortoir reçut par la suite ses deux façades tripartites caractérisées par des frontons semi-circulaires. Celle du nord donne sur le bassin de San Marco et le palais ducal, l’autre au sud porte le regard vers le lido de Malamocco. Les cellules des moines étaient de petite taille, « dignes d’ermites antiques » (Olmo). À l’étage inférieur se trouvait le dortoir des novices. Le nouveau bâtiment imposa la reconstruction sur plan carré du cloître oriental dit des cyprès, une tâche confiée par contrat établi en janvier 1518 au nom du fils de Buora, Andrea, à qui on commanda vingt colonnes de marbre30, son frère, Antonio reçut la commande du pavement de la salle du chapitre en juin 153031. Les Buora étaient tous tailleurs de pierre établis à S. Maria del Giglio, peut-être commencèrent-ils à édifier le grand réfectoire sur le côté sud du cloître. Le monastère leur doit la moitié orientale des cloîtres avec les dortoirs.
15En 1559 ou 1560 les Bénédictins s’adressèrent à Palladio pour réaliser un programme de rénovation, terminer le réfectoire, refaire le cloître occidental et sa galerie aux colonnes jumelles et leur église. Palladio s’inspira de l’Antiquité romaine, notamment des thermes de l’époque impériale pour les espaces intérieurs. La construction de ce réfectoire aurait été interrompue aux fenêtres, le maçon bressan (Berton Bon de Brescia) appelé à succéder à Palladio fut invité à travailler « selon les plans que lui montrerait messer Andrea Paladio »32. Les travaux ne trainèrent pas, dès le 6 juin 1562, le procureur du monastère et le cellérier signaient un contrat avec le jeune peintre Paolo Caliar de Vérone (Véronèse) à qui ils passaient commande d’une « Histoire de la Cène du miracle opéré par le Christ à Cana de Galilée en l’invitant à peindre autant de personnages qu’il pourrait en entrer commodément dans le tableau ». Ces noces de Cana lui furent payées 324 ducats, le peintre et son équipe, nourris sur place, eurent droit à un tonneau (botte) de vin33.
16Pour les fondations de l’église, le Sénat autorisa l’abattage de mille chênes dans une propriété du monastère près de Trévise. Les coupes de bois étaient sévèrement réglementées dans tous les territoires de la République qui entendait réserver les meilleurs bois, en particulier le chêne, aux constructions navales et à l’Arsenal. Palladio conçut le corps principal de la grande église bénédictine comme une basilique classique qui juxtaposait un long atrium rectangulaire divisé par des pilastres entre une nef centrale d’une largeur triple des deux nefs latérales. La nef centrale est divisée en travées par des piliers auxquels sont adossées des demi-colonnes composites posées sur de hauts piédestaux. L’ordre change en abordant le chœur où les colonnes cessent de reposer sur piédestal et sont couronnées de chapiteaux corinthiens. Le transept absidal est avancé d’une travée par rapport à sa position habituelle vis-à-vis du chœur pour faire place à une seconde nef pour les grandes occasions quand le doge venait en procession solennelle avec un cortège de barques pour vénérer les reliques du protomartyr saint Étienne. Une transène tripartite à colonnes corinthiennes séparait le chœur des moines du presbytère où officiaient les prêtres. Trois niveaux distinguent les différentes parties de l’église : la nef, trois degrés au-dessus, les chapelles latérales – le monastère était assez riche pour se passer des contributions des puissantes familles qui, en retour, ne manquaient pas d’imposer leurs vues pour la décoration « ce qui créait souvent un camaïeu de styles divers en matière de peinture et de sculpture »34 – et le presbytère, enfin le chœur des moines surélevé par rapport au presbytère35.
17De novembre 1589 à juillet 1653, le monastère a dépensé en travaux de construction de la nouvelle église, d’embellissements et de décoration, d’achat de mobilier, 24 377 ducats (de 6 lire 4 sous) en paiement à forfait. Il a également commandé des travaux, ainsi de pavement du parvis ou de carrelage de l’église qui seraient payés à la mesure, 10 ducats le pas pour la salizada de marbre blanc par exemple36. Parmi les plus grosses dépenses figuraient la commande passée aux frères Campagna, Girolamo et Giuseppe, pour l’exécution de cinq sculptures de bronze représentant Dieu et les quatre évangélistes, à remettre à Pâques 1593 pour le prix de 1 650 ducats, prix destiné à rémunérer aussi le fondeur Francesco Mazzoleni37. Girolamo Campagna fut aussi sollicité en 1595 pour sculpter une madone en pierre vive appelée bronze de Vérone avec un bambin dans les bras, deux angelots à ses pieds et deux autres soutenant une couronne au-dessus de sa tête, pour le prix de 250 ducats38. Aux tailleurs de pierre Pietro Comin et à son fils Giovanni Giacomo de S. Vidal, l’abbé promettait successivement 800 ducats pour la réalisation des trois autels du côté sud de la nef, posés sur trois degrés de pierre d’Istrie39, 1 326 ducats pour « faire un grand autel à la croisée (du transept) vers le midi en pierre de Rovigno (Istrie) et en pierre mandolata et machiata de Vérone sur cinq degrés avec quatre colonnes et chapiteau, ainsi qu’une porte en pierre d’Istrie également, haute de 12 pieds, large de six, pour la nouvelle sacristie, huit consoles (giozzoli) sur lesquelles reposeraient les chéneaux, le pavement de la sacristie40, enfin 1 400 ducats pour les quatre autels du mur nord, semblables à ceux du mur sud, à réaliser durant l’année 159541. Au maçon chargé de contrôler l’état des fondations de tout le monastère et des chéneaux ou gouttières et autorisé à utiliser des pieux (palificazioni) pour renforcer l’appareil des murs, on verserait 516 ducats42. Encore en 1593, pour des travaux d’ébénisterie à la sacristie (bancs, sièges, panneaux, armoires sur les murs), le sculpteur sur bois (intagliador) Gasparo Gatti de Bassano, établi in Frezzeria à S. Moisè, était engagé pour 900 ducats43. L’ameublement du chœur fut confié à ce même ébéniste Gatti engagé pour garnir le vaste espace de 50 pieds sur 35, avec des sièges, des colonnes cannelées, des chapiteaux à feuille de chêne, des anges et des puttini, le tout en noyer, et qui serait payé partie en espèces, partie en nature, au prix de 3 000 ducats, 25 setiers de grain et 12 bigonci de vin44. Parmi les artisans invités à collaborer à ce grand œuvre, un chaudronnier dont l’atelier était à l’enseigne du pape, calle dei fabbri, fut sollicité pour exécuter au prix de 60 ducats la sphère de bronze de 3,5 pieds de diamètre destinée à couronner les quatre évangélistes qui entouraient le tabernacle45. Celui-ci était placé dans le maître-autel dessiné et exécuté par le tailleur de pierre et prote Bartolomeo établi à S. Agnese, qui serait rémunéré 400 ducats46. L’abbé Michel qui signait chacun des contrats avait l’œil à tout : avec le carreleur de Vérone, Piero Burlandi, chargé d’exécuter le pavement de l’église, avec des carreaux de pierre rouge, noire ou blanche, des frises, des tablettes, les plinthes et les degrés, il avait fait calculer qu’il lui faudrait 1 308 tablettes à 52 sous de 15 onces l’unité et 2 680 tablettes à 58 sous de 18 onces47. Un de ses collègues taillerait dans la pierre blanche de Rovigno les quatre degrés conduisant au chœur et ceux de l’autel de la nouvelle sacristie, pour 440 ducats48. Orfèvres, fondeurs de cloches et peintres étaient mis à contribution, Leandro Bassano s’engagea à peindre sainte Lucie pour un autel durant l’été 1596 pour 80 ducats puis en 1598 un autre tableau illustrant la bataille entre les anges et Lucifer49, les orfèvres livreraient des chandeliers de bronze ou d’argent avec des figures50. Un sculpteur sur bois, le flamand Alberto, se voyait chargé de sculpter les lions et les dauphins du nouveau chœur51.
18En 1599 apparaissait Giacomo Palma qui s’engageait à peindre l’Histoire du Paradis selon l’ébauche qu’il avait présentée, avec de bonnes couleurs et du vernis (laca) de Florence52. L’abbé passait aussi des marchés pour l’achat et le transport des pierres des carrières au monastère : le 28 juin 1607, l’abbé Domenico da Cologna négociait un accord avec Girolamo Locatelli dit Burla de Rovigno qui lui cédait 12 colonnes de miara 28/8 à 80 ducats pièce, des architraves de 24 miara au même prix de 80 ducats, deux pièces d’architrave de 32 miara à 90 ducats et d’autres pierres encore pour terminer la façade de l’église. Le prix s’entendait rendu au monastère. Il y en avait pour 2 100 ducats au bas mot53. Ce contrat de fourniture signé, l’abbé en établit immédiatement un second le 30 juin avec deux tailleurs de pierre chargés de dresser toutes ces pierres du basement jusqu’au sommet conformément au modèle. Ils percevraient 4 900 ducats54. Il s’agissait de retenir la main-d’œuvre très sollicitée sur le vaste chantier urbain qui multipliait les constructions de palais, d’églises, d’édifices, de ponts, pour en disposer dès l’arrivée des matériaux venus d’Istrie. Ces deux hommes achevèrent rapidement leur travail et reçurent le solde de leur salaire le 15 juillet 161155. La façade de l’église était par conséquent terminée à cette date. Le 4 septembre 1618, l’abbé Pietro de la Valtelline demanda au sculpteur vicentin GiovanBattista Albasene de réaliser cinq statues en pierre de Costoza (Vicence), trois pour le frontispice de la façade et deux pour des niches, dont un Saint-Paul en tenue de cavalier de la sainte Église à livrer en décembre 1619 au prix de 300 ducats56. En 1652, il fallut de nouveau envisager des réparations57 à l’église et des travaux de peinture pour lesquels l’abbé fit appel à l’expertise de l’architecte en vogue, Baldisera Longhena, à qui on remit 380 ducats, le vin et du pain de ménage lui étaient fournis chaque jour58. Longhena était chargé de « nettoyer, blanchir et aménager l’église »59. En décembre 1671, l’architecte de la Salute approuvait un devis pour la pose d’un tableau sur la voute du grand escalier 60dont il avait dessiné les plans et dont la construction coûta 6 983 livres et 15 sous61.
19Tous les travaux ne se déroulaient pas dans une parfaite harmonie et de 1566 à 1572 le monastère fut en procès pour une fourniture de pierres devant les Consuls des Marchands et les Avogadori di Comun avec un tailleur de pierre qui travaillait « à la nouvelle église d’après la maquette (sagoma) et les mesures d’Andrea Palladio », un autre architecte, Zuan Giacomo de Grigis, fils de Guglielmo, fut appelé à témoigner62.
20Les travaux étaient sans fin, il fallait intervenir sur l’orgue de l’église, sur l’horloge du clocher, reconstruire celui-ci, une tâche confiée au jeune architecte Zuane Scalfaroto qui fournit le modèle et prêta son assistance au chantier en 1726-172763.
Notes de bas de page
1 Sur le rôle de cet abbé et la place du monastère bénédictin de S. Giorgio in Alga, Pratesi 1964 ; Tassi 1952 et Sambin 1959, p. 57-67, traite surtout des relations de Barbo, prieur de S. Giorgio in Alga et abbé de S. Giustina, avec les papes Martin V et Eugène IV.
2 Sambin 1972, a publié le texte intégral de la bulle papale du 20 janvier 1410 et les réformes édictées par l’abbé de S. Gregorio, Girolamo Betaulo. Les deux « citoyens » désignés par le doge Michele Steno furent Marco Salamon et Morbasano Polani. Alexandre V mourut à Bologne dès le mois de mai 1411 et le pape Jean XXIII lui succéda. Le 23 juillet 1411 l’abbé Betaulo était fondé à se réclamer de ce nouveau pape. Le Grand Schisme n’entravait pas toute action réformatrice de la Papauté.
3 Sambin 1972, p. 515-516, examine les aspects spirituels de la réforme.
4 La congrégation était un groupement de monastères dirigé par l’abbé de la maison-mère, ici Santa Giustina de Padoue. Il faut distinguer le chapitre qui réunit les moines d’un monastère et le chapitre général de la congrégation qui assemble les supérieurs des monastères pour traiter des affaires de la congrégation.
5 Sambin 1959 dans « Sulla riforma dell’ordine benedettino promossa da S. Giustina di Padova » a examiné l’adhésion de S. Giorgio à la congrégation (p. 120-122), quand l’abbé était seul à composer le chapitre. L’adhésion souleva quelques difficultés : pour repeupler S. Giorgio, on fit appel à des moines de S. Giustina dont l’abbé Michiel exigea qu’ils renouvelassent leurs vœux dans ses mains pour garantir la stabilité du monastère et leur obéissance à son égard.
6 Sambin 1972, p. 521.
7 Le statut du chapitre général n’est pas explicité, il semble que l’institution a été calquée sur le modèle cistercien qui réunissait en principe tous les abbés de monastères cisterciens (Mahn 1945). Le chapitre général serait constitué de tous les abbés des monastères bénédictins entrés dans la congrégation de sainte Justine.
8 La nouvelle organisation interne de San Giorgio servit de modèle pour la réforme d’autres monastères bénédictins : item quod fiat reformatio S. Iustine, S. Benedici-Polirone et S. Pauli ad instar S. Georgii de Veneciis quantum possibile erit (cité par Trolese – Golinelli 2007, p. 12, n. 14). Dans ce recueil, G. Spinelli a traité de la vie monastique à Polirone, des professions et des chapitres généraux (1420-1504). Deux de ces chapitres se tinrent à S. Giorgio Maggiore (p. 59 : 1437 et 1441).
9 Sambin 1972, p. 524 ; San Giorgio M., Inventario, p. 22-23 (B. 14, proc. 4).
10 Trolese – Golinelli 2007, p. 627, établit une étroite relation entre l’afflux d’étrangers et le retour à une stricte observance de la règle de saint Benoit. La congrégation est aussi appelée « de l’Observance ».
11 Trois ans plus tôt, en 1429, le monastère était ainsi composé : Giovanni Michiel abbé, Zeno de Vérone prieur, dom Honorato de Pavie, dom Vito de Palas, dom Tomas d’Oesborch, dom Giov. Maria de Milan, dom Giov. Pietro de Coto, le frère Dominico convers, les frères Eustachio, Vincenzo et Gherardo, tous d’Allemagne, Fabiano de Sclavonie, tous profès, les novices Michael de Sicile, Pietro d’Allemagne, Geronimo de France, Martin de Hongrie, Juliano de Milan, Gaspar de Messine, Enrico et Federico de Saxe, les oblats (offerti) Alegreto de Cattaro, Georgio de Cumis, Giovanni de Conegliano.
12 La fonction première du patronage consistait dans le ius seu potestas nominandi, sive praesentandi clericum promovendum ad beneficium ecclesiasticum vacans (Greco 1986, p. 538). Ce iuspatronatus entraînait des droits annexes, une place honorifique réservée à l’église, la conservation et l’entretien de la fabrique et du patrimoine du bénéfice, la perception d’une pension annuelle en cas d’indigence. Ce droit à pension ouvrit la voie aux abus car l’indigence était mesurée en fonction du statut social du patron (secundum qualitatem personarum). Les patronages privés étaient vendus, donnés, échangés, divisés et passaient ainsi d’un patrimoine à l’autre (p. 544). Les patronages pouvaient aussi être publics, détenus par une communauté ou université ou corporation professionnelle, ou propriété du détenteur du pouvoir politique, le Palais.
13 Bellodi 1905, p. 54.
14 En 1422, la commune de Brescia demandait au Saint-Siège de placer ce monastère sous le contrôle des frères mineurs, tant la conduite des moines laissait à désirer, en 1427, il écoutait le provéditeur vénitien Fantin Dandolo qui, considérant quod monasterium sub inhonesta contrectacione deturpatum extitit, nunc sub regimine monacorum observantie poneretur (dans Mezzanotte 1999, p. 348). La bulle du pape Innocent VIII qui sanctionne l’union du monastère à la congrégation de S. Giustina est du 24 mars 1490 (Ibid., p. 350). Le monastère est alors en ruine à cause de l’incurie des abbés passés.
15 San Giorgio M., Ristretto, document établi ou signé par D. Colombano da Mantova, comptable. San Paolo d’Argon était un prieuré clunisien qui devint abbaye après son agrégation à la congrégation (Spinelli 1996, p. 106).
16 San Giacomo di Pontida, dans l’île Brembana au confluent de l’Adda et du Bremba, ouest de Bergame, fut d’abord un prieuré clunisien fondé en 1076 par Alberto da Prezzate. En 1474, le cardinal Marco Bembo, de retour d’une légation en Allemagne, en constata la situation misérable avant d’en être nommé commendataire. Il loua à ferme les biens du prieuré et obtint 200 ducats mensuels du gouvernement vénitien pour restaurer les édifices. Il sollicita alors l’agrégation du prieuré à la congrégation, dont Spinelli 1996, p. 73, précise : « c’était une pratique de la congrégation de ne pas accepter de monastères tellement grevés de dettes et d’engagements qu’elle ne pourrait disposer de leurs revenus ». Innocent VIII, par une bulle du 5 juin 1490 unit le monastère à la congrégation. Le 12 mars 1491 les procurateurs de San Marco étaient investis du prieuré (p. 74) et présentaient leurs conditions : la congrégation renonçait aux biens du prieuré sis à l’est du fl. Bremba en faveur de la chapelle ducale (S. Marco) à laquelle elle offrirait chaque année un cierge de 10 livres et un cens de 150 ducats d’or pour les biens et droits à l’ouest du fleuve, dans l’Isola Brembana.
17 San Giorgio M., B. 55, proc. 95. Les dates entre parenthèses sont empruntées à Schmitz 1942-1949, t. IV, p. 148 n. 1, qui indiquait la liste des monastères entrés dans la congrégation avec la date d’entrée, et à Trolese – Golinelli 2007, p. 643-644 (appendice).
18 Stumpo 1986, p. 273. L’auteur évalue le coût annuel de l’entretien d’un moine reclus dans le monastère d’une grande ville comme Venise à 80/90 écus (romains ?).
19 Spinelli 1996, p. 104, présente avec clarté les statuts et le fonctionnement de la congrégation.
20 La commende était « la provision d’un bénéfice régulier accordé à un séculier, avec dispense de régularité », définition reprise de Louis d’Héricourt (1717) par Pizzati 1997, p. 7. En principe, la commende des monastères fut abolie par le concile de Trente (Ibid., p. 27 où est cité le cap. XXI du texte final du Concile). L’auteur rappelle que « si la commende concernait surtout les monastères, elle servait presque exclusivement à entretenir le clergé séculier » (p. 19), le commendataire étant nommé par le pape qui exerçait un contrôle absolu sur les nominations. Pour des raisons politiques (l’indépendance de la République à l’égard du siège apostolique), à Venise même, il y avait de rares abbayes commendataires dans la première moitié du XVIe siècle (p. 41), mais il en existait environ une quarantaine dans le Stato da Terra. San Cipriano de Murano était passée en commende en 1421 sous le patronage de la famille patricienne Gradenigo (p. 44). Quand son abbé commendataire Giovanni Trevisan devint patriarche de Venise, le Sénat décida qu’à sa mort toute commende de l’abbaye cesserait, un geste de nature à renforcer le patronage des Gradenigo dans la mesure où le protecteur laïc du monastère intervenait dans le choix de l’abbé régulier (d’après ibid., p. 77).
21 Trolese – Golinelli 2007, a commenté la constitution (bulle) de Martin V (1419) qui fournit au mouvement sa structure juridique (p. 629-630).
22 Schmitz 1942-1949, t. III, p. 157-163.
23 Ibidem, p. 168.
24 Ibidem, p. 171.
25 Schmitz 1942-1949, t. IV, p. 152.
26 San Giorgio M., B. 52, proc. 68F (il s’agit d’un prêt viager à 7 % éteint à la mort du prieur).
27 Stella 1980, p. 14. L’auteur fonde une grande partie de son travail sur les Annali du monastère de Sainte Justine conservées à l’Archivio di Stato de Padoue et, dans une moindre mesure, sur l’étude du fonds de San Giorgio Maggiore.
28 Cicogna – Orlandelli 1982, p. 322-323.
29 Franzoi – Di Stefano, p. 372. L’abbé Olmo ne tarit pas d’éloges sur les qualités et la beauté du dortoir des moines construit selon lui de 1448 à 1533 (les historiens penchent aujourd’hui pour la date de 1513), et qui constitue l’étage de l’aile orientale du cloître (Baldan 2006, p. 70). Cette aile dite manica lunga a été meublée en bibliothèque et salle de travail pour les chercheurs.
30 San Giorgio M., B. 25, proc. 13B (hic claustri fabricae qui est prope Dormitorium plusquam viginti columnas addidit). Ce cloître, dit aujourd’hui des cyprès, était initialement appelé « des lauriers », mais ceux-ci, trop vieux, furent arrachés en 1691 (Cicogna – Orlandelli 1982, IV, p. 323).
31 San Giorgio M., B. 27, proc. 13B (suite), fasc. 1.
32 Cicogna – Orlandelli 1982, p. 329. L’auteur a publié les documents relatifs à la construction de l’église de 1565 à 1577, p. 331-332.
33 San Giorgio M., B. 21, proc. 10, Scritture d’accordo e ricevute per la facitura di pitture e statue in questo monastero, Quittance. Cicogna – Orlandelli 1982, IV, a publié le contrat établi le 6 juin 1562 avec Véronèse parmi les documents de l’église de San Sebastiano, entièrement décorée d’un cycle de peintures de Véronèse. Olmo (Baldan 2011, p. 88 et 89) sur la construction du réfectoire (cenacolo) et la peinture de Véronèse.
34 Cooper 2005. On fit cependant exception pour les Bollani et les Morosini (le moine Giovanni Morosini avait fondé l’abbaye en 982 et Domenico Bollani était un protecteur de Palladio), mais le chapitre se réserva le droit de choisir les thèmes iconographiques et les artistes.
35 Boucher 1994, p. 656-658.
36 San Giorgio M., B. 21, proc. 10A, « S. Zorzi M[aggio]re. Fabrica della chisa”. Registro cart. di contratti vari relativi, in gran parte, alla esecuzione della chiesa nuova, di cc. 1 (indice) + 73 scritte, » auquel il manque à présent les carte 50 et 58-59, qui n’étaient pas les moins dignes d’intérêt, bien au contraire, soit par l’artiste impliqué et les travaux à exécuter, soit par le montant du devis ou de la somme à lui versée. Le total de l’argent versé par le monastère doit donc s’entendre à minima.
37 Ibid., cc. 1-2 (20 janvier 1591).
38 Ibid., c. 30 (et Cicogna – Orlandelli 1982, p. 363).
39 Ibid., cc. 7v-8v.
40 Ibid., cc. 9r-10v.
41 Ibid., c. 15v.
42 Ibid., c. 12.
43 Ibid., cc. 10-11.
44 Ibid., cc. 17r-20 (1er avril 1594).
45 Ibid., c. 20v.
46 Ibid., c. 21r.
47 Ibid., cc. 22v-24r (11 mars 1595). Le prix était exprimé en « marchetti », nom donné à une monnaie égale à un sou de piccoli à la fin du XVe siècle (Lane – Mueller 1985-1997, p. 210 et 362) ou à 1/124 du ducat de compte.
48 Ibid., cc. 24v-25.
49 Ibid., cc. 33r et 40v et Cicogna – Orlandelli 1982, p. 353.
50 Ibid., cc. 34v-35v.
51 Ibid., c. 38r.
52 Ibid., c. 42v.
53 Ibid., c. 44v. Le miara est une unité de poids égale à 478 kg (1 000 livres grosses). L’architrave de 32 miara pesait plus de 15 tonnes.
54 Ibid., c. 45v. Sur l’importance de la pierre blanche d’Istrie dans la construction à Venise, Nedo 2006.
55 Ibid., c. 47r.
56 Ibid., c. 52. Parmi les sculpteurs qui travaillèrent aux embellissements de San Giorgio, Gerolamo Campagna se vit commander une Madone en pierre vive dite bronze de Vérone (Cicogna – Orlandelli 1982, p. 353), Gianfrancesco Alberghetti créa en 1698 les deux grands candélabres placés devant l’autel de St Étienne (ibid., p. 381).
57 L’église abbatiale et les deux monastères avaient constamment besoin de réparations. L’incendie qui ravagea l’Arsenal en 1569 et mit le feu aux poudres endommagea de nombreux édifices dont la partie nord du dortoir du monastère. En 1604 sa réparation coûta 875 ducats (Cicogna – Orlandelli 1982, p. 354). Une autre fois il fallut consulter des experts pour réparer les dommages à la grande coupole (ibid., p. 384).
58 San Giorgio M., B. 21, proc. 10°, cc. 71-72. Longhena était intervenu au monastère dès 1636. Il était alors « prote à la nouvelle église de la Salute » et avait été chargé de reconstruire à San Giorgio le nouveau monument à la mémoire du doge Vitale Michiel (Ibid., proc. 13AII, fasc. 5). La construction de la nobilissima scala coûta lire 6983 :15 payées à Longhena (Cicogna – Orlandelli 1982, p. 377-379). Il est étrange que le compte soit établi en lire, à l’époque la monnaie de compte est le ducat de 6 l 4 s (124 sous).
59 San Giorgio M., B. 21, proc. 13A (10 mai 1652).
60 San Giorgio M., B. 29, proc. 13B (suite), fasc. I.
61 Cicogna – Orlandelli 1982, p. 377.
62 San Giorgio M., B. 21, proc. 12.
63 Ibid., proc. 13A III, libretto, c. 2.
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