1La céramique à paroi fine apparaît à la fin de l’époque républicaine dans la Péninsule italique et sa production se poursuit jusqu’au II^e siècle ap. J.-C. Ses attestations sont nombreuses dans l’ensemble du monde romain, de la Lusitanie à la Galilée, d’Alexandrie jusqu’au camp germanique de Haltern. Elle est contemporaine des dernières céramiques à vernis noir italiques et des premières sigillées. Ses caractéristiques techniques (pâte, revêtement) sont variables et l’épaisseur seule des parois ne suffit pas à identifier les vases. On distingue principalement deux groupes : le premier englobe des productions en argile non calcaire, sans engobe, et rarement décorées ; le second, des productions en argile calcaire, engobées et presque toujours entièrement décorées. Bien que de nombreux ateliers de production soient à ce jour connus, la diversité des techniques, le très grand nombre d’attestations, et la longue période chronologique couverte par toutes ces productions fournissent un cadre des productions très hétérogène et un schéma de diffusion peu ordonné.

2La fonction de vase à boire est le véritable dénominateur commun qui a conduit à regrouper ces récipients. Les formes et les techniques rompent avec celles qui les précèdent, d’influence hellénistique et héritées de la tradition classique du banquet. L’apparition des vases en céramique à paroi fine est traditionnellement localisée en Étrurie méridionale, plus précisément dans une zone s’étendant du nord du Latium actuel au sud de la Toscane. Très rapidement, ces vases d’usage quotidien apparaissent sur d’autres sites plus ou moins éloignés ; ils sont directement importés d’Étrurie romaine, imités sur place ou importés depuis des ateliers qui imitent les productions italiques. Loin d’être aléatoire, le modèle de diffusion des céramiques à paroi fine met en évidence des liens directs entre cette région, certaines cités de la Péninsule italique et les territoires conquis. Au travers des imitations, leur introduction souligne l’implantation d’ateliers de type italique et le phénomène plus large de la romanisation.

3Généralement comprises comme un ensemble uniforme, les productions d’Étrurie romaine sont néanmoins encore mal connues. Elles y apparaissent nombreuses, chacune développant des critères stylistiques qui lui sont propres à l’intérieur d’une typologie commune. Les rares ateliers découverts offrent un répertoire morphologique restreint par rapport aux nombre de formes connues. Les raisons de leur émergence, leurs influences et leur place parmi les autres catégories et classes de céramiques restent encore à déterminer.

4Le lot de céramique à paroi fine de Musarna, riche d’environ 25000 fragments, semble susceptible d’apporter des éléments de réponse à ces questions. Située au cœur du territoire de Tarquinia, et donc dans la première aire de production, il s’insère dans un contexte régional privilégié, qui comporte de nombreux autres sites. La grande quantité de matériel et de contextes archéologiques, porteurs d’informations typologiques et stratigraphiques, est également apparue prometteuse.

5Une fois posés les problèmes liés à ses caractéristiques, nous présenterons et analyserons les principaux contextes archéologiques de Musarna pouvant fournir des éléments de datation. Dans la troisième partie, nous décrirons le lot de céramique à paroi fine de Musarna : ses caractéristiques techniques, la typologie des formes et des décors. Enfin, dans la dernière partie, nous tenterons de proposer une synthèse des données typologiques et stratigraphiques afin d’identifier des productions, de préciser leur origine, leur diffusion et leur datation. Pour aborder l’étude de ce lot, nous nous intéresserons tout d’abord aux problèmes de définition du groupe, en cherchant à comprendre à partir de quels critères techniques il a été identifié, quels ateliers de production ont été localisés, et quelles pouvaient être sa fonction et son origine. Nous nous concentrerons ensuite sur son apparition dans la littérature archéologique et à son classement dans les trois typologies fondamentales existantes, créées entre le début des années 70 et le milieu des années 80 du siècle dernier ; celles-ci ayant servi de références aux études postérieures. Une fois posés les problèmes liés à ses caractéristiques, nous présenterons et analyserons les principaux contextes archéologiques de Musarna pouvant fournir des éléments de datation. Dans la troisième partie, nous décrirons le lot de céramique à paroi fine de Musarna : ses caractéristiques techniques, la typologie des formes et des décors. Enfin, dans la dernière partie, nous tenterons de proposer une synthèse des données typologiques et stratigraphiques afin d’identifier des productions, de préciser leur origine, leur diffusion et leur datation.