Version classiqueVersion mobile

Mémoires de champions

 | 
Jean-Yves Strasser

Deuxième partie – Synthèse

Chapitre 8 – Quand graver un palmarès ?

Texte intégral

1Un palmarès est le compte rendu de la carrière ou d’une partie de la carrière d’un champion. Il va de soi que le moment où l’on grave un palmarès est variable, selon les motivations de cet affichage : loin d’attendre nécessairement le moment où le palmarès est clos, on peut dresser un premier inventaire après les succès initiaux, mais aussi au beau milieu d’une carrière ou après la fin de celle-ci, et dans ce cas aussi bien au moment de la retraite que beaucoup plus tard, voire de manière posthume. Seul un palmarès nous livre directement la date de la gravure (141) ; dans l’immense majorité des cas nous l’ignorons ; dans d’autres, elle peut s’établir, au moins approximativement. L ’intérêt est double : savoir à quel moment fut gravé un palmarès permet parfois de déterminer à quel stade de sa carrière le champion se trouve et donc de mieux comprendre celle-ci. Par ailleurs, savoir quand on a choisi d’honorer les champions ouvre de nouvelles perspectives quant à l’« honorific system » dans lequel ils gravitent.

Les palmarès posthumes

2La mort d’un champion est l’occasion de rappeler ses exploits. Deux situations doivent toutefois être distinguées, puisque le palmarès peut orner ou le monument funéraire du champion ou une base érigée de manière posthume.

3Parmi les monuments funéraires, quelques-uns portent des textes peu spécifiques : ce sont des funéraires comme les autres dans lesquelles se glisse un palmarès en vers ou en prose, le tout ne se distinguant guère par sa forme d’une autre funéraire ; seul le contenu permet de faire la différence avec la tombe d’un notable ayant accompli de nombreuses magistratures ou avec un sophiste.

  • 1 Dictionnaire méthodique de l’architecture grecque et romaine III, p. 63 ; J. Kubińska, Mon. funérai (...)

4Le 42 commence comme une banale funéraire de Magnésie du Ménandre, et seul un bilan synthétique des victoires du choraule à la fin du texte permet de parler de palmarès. Dans l’inscription 166, sans doute chrétienne, il n’y a sur la face antérieure que la formule sur les politeiai acquises par Eutychès d’Eumeneia (καὶ ἄλ<λ>ων πόλ[ε]ων πολείτης) qui évoque le formulaire du palmarès ; il faut aller sur le côté pour trouver mention de ses victoires, figurées par des couronnes agonistiques monumentales comme elles auraient pu aussi l’être sur le monument funéraire d’un païen. Ailleurs, dans le 192, l’épigramme funéraire elle-même dit peu de choses sur la carrière de ce propriétaire de chevaux ; les termes sont très généraux, et sans l’iconographie (couronnes et palmes), on hésiterait sans doute à y voir un vainqueur. Comme bien d’autres inscriptions tombales de Syrie, l’épigramme du no 234 surmonte l’ouverture du tombeau et les trois derniers vers développent un banal thème stoïcien que l’on pourrait lire n’importe où ailleurs ; mais les vers qui précédaient étaient visiblement un inventaire des victoires du défunt, dont il ne reste qu’un fragment frustrant. À Éphèse, seule la partie centrale du 248 a été conservée : c’est assez pour caractériser le texte comme un palmarès et le monument comme une exèdre funéraire1, mais on n’en sait pas plus : était-ce une exèdre qui portait le sarcophage de l’athlète défunt ? Les éditeurs ont cru que le palmarès en prose se développait sur les parties latérales de l’exèdre, mais on peut se demander si ce n’était pas plutôt sous la forme de couronnes ornant le sarcophage. La stèle funéraire du biologos Agathoklès à Kition (276) portait peut-être un palmarès synthétique, mais l’épigramme funéraire (κόνις … κέκευθεν) ne dit rien des victoires du mime, qui, s’il n’y avait le bouclier et la couronne sculptés et inscrits en dessous, ne pourrait être identifié comme un possible ancien vainqueur dans les concours grecs.

  • 2 Cf. les réflexions générales de M. Golden, Sport and Society in Ancient Greece (1998), p. 104-116.
  • 3 On n’a pas connaissance d’une forme quelconque de document officiel, d’attestation de l’âge de tel (...)

5La mort survient parfois lors des nombreux déplacements des champions ou de ceux qui, recrutés parmi eux, ont exercé diverses fonctions au sein des concours ou des associations d’athlètes. Anikètos de Mytilène (120) n’a vécu que vingt ans et s’il avait déjà pu montrer l’étendue de ses qualités, son palmarès s’est arrêté à trois victoires. Rapporté à l’âge un peu plus avancé de son décès (26 ans et 9 mois), Marcus Aurelius Artemidôros de Saittai (115) n’était pas plus brillant, avec ses six couronnes dans des concours de second rang. Le pentathlonien honoré à Éphèse, décédé à un peu plus de 24 ans (81), avait au contraire un palmarès déjà extraordinairement étoffé, avec certains des plus grands concours, tout comme le boxeur d’Apamée (100), dont la carrière à sa mort à Athènes à 32 ans et 3 mois était assurément largement derrière lui, d’autant qu’il exerce une dangereuse et pénible discipline. Ce sont les seules indications d’âge au décès que nous avons dans les palmarès. La précision remarquable des chiffres est certainement à mettre en relation avec l’usage des catégories d’âge. Il est loin d’être sûr que ces champions connaissaient leur date de naissance et donc leur âge réel mieux que l’ensemble de la population2. En revanche, il venait un moment où leur âge était fixé une fois pour toutes lorsqu’en tant que pais ils ont dû se soumettre à l’egkrisis, l’admission aux concours ; leur âge officiel, réel ou pas, était alors établi définitivement, et c’était d’une grande importance puisque cela déterminait leur possibilité de rester dans la catégorie des paides ou au contraire l’obligation de passer chez les ageneioi ou les andres. Chacun comptait à partir du premier enregistrement de son âge. Comme ces athlètes appartenaient à un tout petit monde qui fréquentait les mêmes concours, il était difficile voire impossible de tricher sur l’âge, sinon ponctuellement, car il devait y avoir une forme de contrôle par les autres athlètes3.

6Comme Artemidôros de Saittai (115), M. Aur. Hermagoras de Magnésie du Sipyle est décédé à Naples (79). L ’inscription ne le dit pas explicitement, mais la présence de l’ascia, comme chez le lutteur lydien, ne laisse pas place au doute. L ’un et l’autre palmarès sont au demeurant ornés des couronnes figurant leurs victoires ; les couronnes des palmarès sont autant de couronnes funéraires. Hermagoras avait sa carrière derrière lui selon toute vraisemblance, d’après les fonctions qu’il a exercées dans les concours ; s’il était à Naples pour les Sebasta, ce n’était pas pour y concourir.

  • 4 En dernier B. Fauconnier, « The Organisation of Synods of Competitors in the Roman Empire », Histor (...)

7Sont morts aussi en Italie des champions que leurs fonctions amenaient à Rome, occasionnellement ou de manière durable. Seuls les plus grands champions faisaient partie de cette élite amenée à diriger les associations d’athlètes et d’artistes, qui à partir de l’époque antonine au moins avaient leur siège dans la capitale de l’Empire4. C’est la raison pour laquelle les fragments de sarcophage retrouvés, généralement dans les zones funéraires, appartiennent tous à de multiples vainqueurs dans les plus grands concours. Le lutteur de 94 et celui de 95 ne font probablement qu’un : c’est un double périodonique à la lutte. Le propriétaire de 103 est un kapetôlionique aux talents multiples et exceptionnels, qu’on peut sans doute identifier au fils du périodonique C. Iulius Bassus (51). Certaines couronnes isolées retrouvées dans l’Urbs appartenaient probablement à des sarcophages de grands champions, mais leur état les rend inexploitables.

8Ailleurs les sarcophages retrouvés appartiennent à des champions souvent beaucoup plus modestes : Achilleus (122) ne semble pas avoir remporté un seul concours majeur. L. Septimius Thèrônidès (132) compte certes quatre concours de l’ancienne et de la nouvelle période à son actif, mais il n’a jamais qu’une victoire dans chacun et n’est pas périodonique ; ses autres victoires contrastent fortement avec ses plus glorieux triomphes. À part peut-être les Hadrianeia mentionnés sans siège, rien ne permet de retrouver quelque allusion à une victoire à Athènes ou dans les trois premières d’Asie. Les Nemea sont le plus prestigieux des concours remportés par le no 221 (Aphrodisias). On aimerait en revanche connaître qui fut inhumé dans le sarcophage no 206, car le total de ses victoires à Éphèse, Smyrne et Pergame est tout à fait impressionnant. Les sarcophages 236 et 238 (auquel appartient peut-être 232) sont inexploitables et l’on ne sait si le rang des concours était aussi élevé que le nombre de couronnes que portait chaque cuve.

9Sans avoir de caractère strictement funéraire, quelques bases ont été élevées directement à l’occasion de la mort du champion encore pendant sa carrière. Le no 132 est très fragmentaire et c’est seulement parce que le pentathlonien semble avoir été honoré par ses collègues lors d’un concours et parce que sa base était ornée de couronnes qu’on peut faire l’hypothèse qu’il s’agit d’un monument funéraire. À Nysa (164), seule l’alliance singulière de deux dédicants ([οἱ ἀπὸ τῆς] ο̣[ἰκουµένης ἀθληταὶ ἱερονῖκαι κα]ὶ στεφ[ανῖτα]ι καὶ ἡ ὀλυµπιακὴ [σύνοδο]ς), inattendue à Nysa, surtout en dehors visiblement d’une année de célébration des grands concours de la cité, fait supposer que le titulaire du palmarès est mort prématurément, à l’étranger, où les associations citées ont décidé de l’honorer d’une statue destinée à être érigée dans sa patrie.

10Dans quelques cas c’est le lieu de trouvaille – trop rarement connu avec précision pour bien des palmarès – qui permet d’identifier un monument comme funéraire. Ainsi du 148, trouvé au Dipylon ; certes les couronnes monumentales ont ici aussi un caractère funéraire, mais sans connaître le lieu de découverte on aurait très bien pu y avoir une base honorifique. Ces mêmes couronnes agonistiques pourraient inciter à attribuer un caractère funéraire à l’immense stèle de L. Cornelius Korinthos (27), mais cette fois le lieu de trouvaille (l’Isthme de Corinthe) ainsi que le verbe utilisé pour désigner l’action des fils du pythaule (ἀνατίθηµι) laissent planer un doute. Pareillement, la stèle trouvée à Corinthe (213) ressemble au monument sûrement funéraire 120, mais l’emplacement, à proximité de la scaenae frons du théâtre de la ville, n’incite en revanche pas à y voir des honneurs posthumes, sans qu’on puisse l’exclure.

11Dans un cas tout à fait particulier, nous savons indirectement que le titulaire était décédé : quand les enfants du champion Dèmostratos Damas de Sardes (85) érigent une statue de lui près du stade de leur patrie, ils ont déjà les fonctions que leur père a obtenu de leur transmettre par héritage auprès des empereurs. Dèmostratos est donc décédé et on peut penser que ses fils l’honorent peu de temps après sa mort, sans qu’on puisse le prouver.

Les palmarès postérieurs à la carrière

12Quand aucune indication n’est fournie sur la date du palmarès par rapport à la carrière, nous en sommes réduits à tenter de deviner celle-ci par des critères internes ou externes, parfois bien fragiles. Il arrive, très sporadiquement, que l’on dispose d’éléments prosopographiques qui autorisent à situer un palmarès dans la vie d’un champion. L ’allusion à des honneurs et des fonctions que l’on reçoit plutôt après sa carrière est un autre indice. Si dans certains cas une reconstitution de la carrière permet aussi de situer le palmarès plus ou moins loin des premières victoires, à un âge plus ou moins avancé, dans d’autres on doit se contenter d’estimer si l’inventaire a des chances d’être clos ou s’il est plutôt le reflet d’un début de carrière, parfois encore pauvre en victoires.

Les retraités déclarés

13Très peu de palmarès font explicitement référence à la retraite sportive de leur titulaire. Encore dans les deux cas concernant des athlètes, le seul but est-il de mettre en relief un exploit accompli précisément alors qu’ils s’étaient retirés des stades. La gravure d’un palmarès n’est jamais explicitement reliée à la retraite du champion, alors qu’il est probable que cela est arrivé, comme aujourd’hui un athlète peut être honoré quand il stoppe sa carrière.

14Tib. Claudius Patrobios a assurément cessé sa carrière de lutteur quand on érige la base 24, puisqu’il peut y rappeler que c’est ἀπὸ καταλύσεως, « après sa retraite », qu’il a fait un bref come-back le temps d’une compétition. Celle-ci était évidemment exceptionnelle pour justifier cette reprise et cette prise de risque : ce furent les Neronia célébrés par l’empereur. Comme celui-ci est encore mentionné dans le texte comme l’Auguste régnant, le palmarès est à la fois postérieur à 60 et antérieur à 68, sans qu’on puisse mesurer l’intervalle exact qui sépare la fin de la carrière et ce retour ponctuel à la compétition. Chez M. Aurelius Asklèpiadès (107), cette distance, pour le même type d’exploit, n’est pas mieux renseignée par le texte lui-même, qui reste vague : après son arrêt prématuré (παυσάµενος τῆς ἀθλήσεως ἐτῶν ὢν κε΄) Asklèpiadès a concouru à nouveau µετὰ πλείονα χρόνον devant Septime Sévère et Caracalla ; toutefois la reconstitution de la carrière permet de situer la retraite en 187 et l’ultime exploit en 200. Le palmarès est donc postérieur à cette dernière apparition d’Asklèpiadès comme pancratiaste dans un stade. Pour le reste les indices sont ténus : l’usage de la première personne incite, sans certitude, à y voir une gravure du vivant d’Asklèpiadès, tandis que la façon dont il présente son père, M. Aur. Dèmètrios, pourrait faire croire que ce dernier est encore vivant, alors qu’il doit être né dans les années 130-140 ; d’après le singulier appliqué à Σεβαστός dans la fonction de ἐπὶ βαλανείων τοῦ Σεβαστοῦ exercée par Asklèpiadès, l’inscription pourrait avoir été gravée plutôt sous un empereur seul, après 212, quand il avait donc au moins la cinquantaine.

15Le coureur connu à Rhodes (125), où il est devenu héraut sacré, indique que ce fut µετὰ τὴν ἄθλησιν, mais on n’a aucun renseignement sur la chronologie de sa vie post-sportive et sur l’intervalle qui sépare ses victoires et la base retrouvée.

  • 5 Sauf si la victoire dans sa patrie Nicomédie a été acquise bien avant ou bien après les triomphes e (...)

16Un artiste mentionne lui aussi sa retraite. P. Aelius Antigenidas de Nicomédie (60) évoque à dire vrai non pas exactement sa carrière au sein des concours grecs, mais les vingt années qu’il a passées à jouer pour le Peuple romain ; toutes ses participations et autant de succès dans les agônes ne lui ont pas pris plus de huit ans5, et s’il dit qu’il ἐπαύσατο δὲ ἐτῶν λε΄, on ne sait pas exactement où dans sa vie se placent ses victoires à Rome, Naples et Pouzzoles. Il n’en reste pas moins que les honneurs élevés pour lui sont postérieurs à sa retraite ; il a d’ailleurs été démarque de Naples et a peut-être exercé, très certainement après avoir stoppé la compétition, d’autres magistratures dans sa patrie d’adoption.

Les retraités probables

17Le palmarès le mieux daté (141) n’est sans doute pas très éloigné de la retraite de son titulaire, le boxeur Eirènaios, puisque l’on sait qu’il a été finaliste aux Nemea chez les andres en 214 et vainqueur dans des concours célébrés pour la première fois sous Caracalla, dont les Pythia de Laodicée en ca 216 ; en avril 221, quand il fait graver la liste de ses succès, il a pu déjà s’être retiré des stades ; sa dernière victoire datable dans un grand concours remonte peut-être déjà à cinq ans en arrière. En 221 il n’était toutefois pas très âgé et dans ce cas il se sera retiré encore assez jeune, vers 30 ans, ce qui dans une discipline comme la boxe devait arriver régulièrement.

18Nous pouvons aussi faire l’hypothèse d’un palmarès post-carrière quand il se présente plus ou moins ouvertement comme clos. La difficulté est bien entendu qu’il peut être complet, extrêmement fourni et donner un inventaire détaillé sans que la carrière soit pour autant terminée. Valerius Eklektos introduit son premier palmarès athénien en précisant le chiffre de ses succès (170) ; si nous n’avions retrouvé que ce seul texte à son sujet, nous aurions pu croire que c’était l’inventaire d’un artiste accompli, peut-être déjà à la fin de sa carrière, voire retiré de la compétition ; nous savons par les palmarès postérieurs du personnage qu’il n’en est rien et aucun de ses deux palmarès les plus tardifs (172, 173) ne donne en soi le moindre indice qui permettrait de savoir si Valerius est ou non toujours en activité.

19Les hasards de la documentation font que les titulaires de plusieurs palmarès de la période julio-claudienne nous sont connus par d’autres sources, cas de figure remarquablement rare à l’époque impériale. C’est pourquoi on peut conclure que la base d’Hermas à Olympie est antérieure au moment où, au début du règne de Claude, il est fait citoyen romain (13), tout comme Dèmokratès de Magnésie du Méandre a été honoré d’une statue dans sa patrie et à Olympie (14-15), avec palmarès, avant que l’empereur ne lui octroie la ciuitas Romana. Mais on ignore si l’un et l’autre étaient encore en activité à la date du palmarès, et, si ce n’est pas le cas, quel temps s’est écoulé entre leurs exploits et la gravure des textes. Dans le cas d’Aristeas, lui aussi devenu un Tiberius Claudius, c’est la perte du début de son état civil qui empêche de savoir quand fut gravé son palmarès, mais on ne peut exclure que ce fut plusieurs décennies après son exploit majeur dans les années 13-16 de notre ère (12).

  • 6 Kallimorphos est prêtre de Nikè à Aphrodisias (53), mais il l’est à vie : confierait-on cette charg (...)
  • 7 Pour le no 251, qui s’est rendu παρὰ τοῖς ἡγουµένοις, rien n’est sûr.

20Enfin l’exercice de charges municipales ou au sein des associations professionnelles est parfois, pas toujours, un argument fort pour placer un palmarès après la fin de la carrière. Mais bien des situations sont ambiguës car une carrière empêchait-elle véritablement d’être, par exemple, gymnasiarque (28), l’espace d’une année seulement et avec la possibilité d’avoir un hypogymnasiarque qui assume la réalité des tâches ? On sait que certains athlètes étaient nommés xystarques durant leur carrière, sans qu’on puisse décider en revanche si dès lors ils assumaient la réalité de leur fonction (cf. 114) : en soi la xystarchie ne dit rien du moment où l’on se trouve dans la carrière d’un athlète. Et il est évident que dans la carrière potentiellement longue d’un artiste, il y avait peut-être la place pour une prêtrise ou une magistrature dans la patrie6, sans parler bien sûr des propriétaires de chevaux pour lesquels aucune incompatibilité n’existe (voir l’anticosmète et périodonique du no 160) : ils n’étaient probablement pas même tenus d’être présents quand l’un de leurs attelages concourait à Olympie, Athènes ou ailleurs. En revanche, Hermagoras (79), pour être πρωτελληνοδίκης Ὀλυµπίων ἐν Ἐφέσῳ καὶ ἐν Σµύρνῃ, devait certainement être retiré des stades et les grands-prêtres du xyste et surintendant des thermes impériaux le sont aussi (85, 107). Dans un cas au moins7, la charge d’ambassadeur exercée par un champion est postérieure à la carrière athlétique, et encore n’en est-on certain que parce que l’allusion à la Pannonie, où se trouve L. Aelius César, donne la date des ambassades, une vingtaine d’années après les exploits du pancratiaste Aristomachos (48).

  • 8 Les seuls où les empereurs ont été présents durant leur règne commun, cf. Strasser, Concours d’Occi (...)

21Le même palmarès fait partie des textes où une allusion à un empereur ou un ou deux Augustes et/ou Césars permet de situer dans le temps au moins la carrière et parfois aussi la gravure du palmarès ; en effet Aristomachos a été honoré par Hadrien, mais au moment de la gravure celui-ci est déjà diuus ; on est après 138, alors qu’Aristomachos est devenu ageneios en 121 selon toute vraisemblance et est dès lors né vers 103. Il avait donc plus de 35 ans quand lui-même décide d’ériger des statues de lui dans sa patrie ; il est hautement probable, surtout pour un pancratiaste, qu’il a cessé alors son activité de sportif professionnel, mais rien ne dit si c’est depuis dix ans ou seulement quelques mois. Dans le palmarès de Cos 128, les empereurs Septime Sévère et Caracalla qui ont couronné personnellement le champion sont morts et divinisés ; la pierre est donc postérieure à 218, alors que l’événement a sans doute eu lieu lors du voyage des empereurs en Orient plus de quinze ans auparavant, ou au plus tard aux Kapetôlia de 2068. Signalons ici qu’à l’inverse, d’autres mentions d’empereurs permettent de supposer que les palmarès ont été gravés encore pendant la carrière du champion (129, 163), car si la gravure avait été très postérieure à la carrière, les empereurs cités ou leur titulature n’auraient pas été les mêmes.

Les palmarès en cours de carrière

Les statues-récompenses

22Certains concours, de différents types, offraient à leurs vainqueurs une statue comme récompense, érigée dans le siège du concours. Un usage très minoritaire veut que ce fût parfois l’occasion de graver le palmarès sur la base, façon de célébrer aussi bien le vainqueur que le concours qui avait accueilli un illustre champion, couronné de multiples fois et dans certains cas dans des concours bien plus prestigieux que celui qui est l’occasion de la statue.

23Ces statues-récompenses fournissent quelquefois des séries fournies de tituli agonistici, car le règlement du concours stipulait que les vainqueurs – ou peut-être seulement certains d’entre eux – devaient se voir ériger une effigie, généralement sur les fonds d’une fondation prévue à cet effet. Nous avons ainsi deux ensembles denses de palmarès gravés pour les vainqueurs d’une part aux Ephesèa (83 ; 91 ; 92 ; 93 ; 204 ; peut-être 69), d’autre part aux Olympia de Tralles, sur des bases érigées par la cité κατὰ τὰ ψηφισθέντα καὶ ἐπικυρωθέντα ὑπὸ θεοῦ Ἀντωνείνου, ἐκ τῶν Κλαυδιανοῦ Δαµᾶ πόρων (111, 112, 113, peut-être 222). Par rapport au total des vainqueurs dans ces deux concours, ne serait-ce que dans les célébrations mentionnées dans ces textes, le nombre des palmarès retrouvés est très faible. On ne peut même qu’être frappé par les disciplines des champions concernés : héraut, trompette, diaulos à Tralles, citharôdie, boxe, stadion des andres ou des paides, pentathlon des paides à Éphèse. Ce ne sont pas celles que l’on attendrait le plus, à savoir la lutte et le pancrace. Des vainqueurs connus, aucun n’est une des plus grandes stars de son époque, sauf Phôtiôn de Laodicée ; encore n’est-il pas encore olympionique à la date de 92. Toujours à Éphèse, c’est l’ἀθλοθέτης Marius Septimius Mario qui érige la statue du vainqueur aux Mariana Isthmia Asklèpiadès (152 ; voir le 266). Rentre probablement dans la même catégorie le palmarès partiel du fils de Iulius Bassus vainqueur aux Didymeia (102) et le très particulier inventaire qui orne la base offerte au vainqueur du concours local en l’honneur des Augustes et de Zeus Solymeus à Termessos (119). Un très court palmarès de Thyatire (126), daté par les archontes, et les honneurs décernés par Ancyre à un vainqueur aux Asklèpieia de la capitale de Galatie (140) doivent peut-être être rattachés à ce groupe. En Lycie, des palmarès ornent bien des bases offertes en prix, mais ce sont des ajouts postérieurs (149, 150, 156) ou un addendum détaché du texte principal (161).

24Au total, cette catégorie de bases, auxquelles doivent s’ajouter certainement des numéros qui ne sont simplement pas identifiables comme statues-récompenses, est peu nombreuse ; elle a surtout l’effet, déjà signalé, d’accroître nettement le nombre de palmarès d’une Tralles ou d’une Éphèse.

25Différent, mais avec les mêmes implications pour la question qui nous concerne, est le cas des statues qui semblent bien avoir été érigées pour une victoire particulière mais sans qu’il s’agisse d’une récompense ni d’une décision de la cité organisatrice. Ce sont donc des monuments honorifiques privés, et dans un cas peut-être des honneurs funéraires (151) :

Numéro Victoire Autres concours
105 Hadriana Olympia de Cyzique 1
116 Olympia de Smyrne 23
124 Pythia de Tralles 5
129 Pythia de Tralles 6
144 Olympia de Cyzique 7
151 Kendreiseia de Philippopolis 1
245 Hèraia de Samos 1
  • 9 C’est évidemment différent pour les sanctuaires panhelléniques.

26La principale caractéristique commune à ces palmarès, sauf le 116, est leur brièveté, le faible nombre de victoires autres que celle qui a été l’occasion de la statue. Dit autrement, ce cas de figure ne semble pas concerner les grands champions, ce qui va dans le sens de ce que nous observons par ailleurs : la plupart des palmarès des très grands champions, des stars du circuit, athlètes ou artistes, ne paraissent pas liés à une victoire particulière dans la cité9 où l’on a retrouvé le palmarès.

Les palmarès liés à un exploit

27Un palmarès souvent identifiable comme ayant été gravé au moment de la carrière du champion est celui qui a été réalisé pour célébrer un exploit ponctuel ou une victoire d’un prestige particulier, qui a valeur d’exploit au demeurant. Il n’y a pas toujours simultanéité : Aristomachos, dans au moins l’un de ses deux palmarès (48), rappelle bien après la fin de sa carrière l’accomplissement majeur de sa carrière, chez les paides, et seulement celui-là, le même qui occupe l’intégralité de son palmarès en vers dont on ne sait en toute certitude quand il a été composé (49). Le plus souvent de telles performances sont glorifiées immédiatement. Comme nous traitons ailleurs ces exploits (chap. 17), il nous suffit ici de faire un récapitulatif des textes clairement liés à l’un d’eux :

Numéro Exploit
1 victoires successives (puis Olympia pour devenir périodonique)
20 périodonique
26 victoire aux Aktia, puis aux Klaudieia παµψηφεί
37 deux périodes consécutives
46 choraules et pythaules aux Pythia et série de victoires en quatre ans
51 triple victoire aux Nemea et aux Hèraia
64 période complète
89 invincibilité
106 victoires successives
110 période
114 victoires consécutives
123 victoires consécutives
135 périodonique à 22 ans
136 double vainqueur de la période dans la période à la suite
184 record aux Pythia
242 victoires akoniti

28Le palmarès d’Apion (20) a la particularité, comme d’autres probablement mais pour lesquels nous ne pouvons pas l’établir, d’avoir été rédigé sans doute très peu de temps après la « tournée » qu’il accomplit sous Caligula, et avant d’avoir reçu, pensons-nous, la citoyenneté romaine de Claude. En réalité, le palmarès est, d’une certaine manière, postérieur à la « retraite » d’Apion, car celui-ci n’a participé aux concours grecs que quelques années, le temps d’une « période », au sens géographique et peut-être chronologique du terme, et il a ensuite repris les activités qui étaient les siennes avant de suivre la caravane des concurrents ; mais au moment de son palmarès il aurait assurément pu continuer cette carrière agonistique.

29D’assez nombreux palmarès sont visiblement liés aux honneurs décidés suite à un succès dans l’un des concours de la période ou au moins dans un concours isélastique majeur :

  • 10 En additionnant les concours de 31, palmarès complémentaire de 30, et en comptant les trois concour (...)
Numéro Concours Nombre de concours mentionnés
4-5 Olympia 15
6 Isthmia 14
7 Nemea 15
11 Isthmia 1
23 Hèraia d’Argos 3
26 Aktia 10
30 Olympia 1410
39 Isthmia 8
57 Olympia 13
67 Balbilleia 1
69 Ephesèa 1
70 Pythia 7 ou plus
106 Kapetôlia et autres agônes de l’année 2 12
127 Aktia plus de 12
130 Panhellènia 1
187 Nemea ?
243 Pythia ?

30Il y a clairement deux groupes distincts. Ceux qui ont remporté l’un des concours de la période ou l’un de ceux fondés par Rome, dans l’Urbs ou à Nicopolis, sont de grands champions qui présentent leur victoire majeure comme l’accomplissement d’une carrière, dont ils donnent dès lors le détail. À l’opposé, on a des champions modestes, pour qui une victoire dans un concours isélastique d’Athènes ou Éphèse est aussi un accomplissement, mais leurs autres succès sont si modestes qu’il n’y a parfois qu’une autre victoire citée et que, comme on l’a souligné ailleurs, ces textes sont parfois à peine des palmarès : ils sont plutôt des embellissements de la célébration d’une victoire particulière. On est parfois tout simplement étonné qu’une statue ait été érigée pour des athlètes qui n’ont que les Balbilleia ou les Ephesèa à mettre en exergue, aux côtés de succès encore moins prestigieux.

31Des palmarès de Delphes et d’Olympie pourraient évidemment être immédiatement consécutifs à des succès remportés aux Pythia et aux Olympia, mais cela doit le plus souvent rester à l’état d’hypothèse. Dans la plupart des cas c’est indémontrable, et seuls les quelques exemples avérés d’ajouts au palmarès originel, étudiés infra, attestent avec certitude que le palmarès a été gravé après la victoire qui a occasionné la statue.

  • 11 Deux exemples parmi d’autres : M. Bartoli a décidé d’arrêter quelques semaines après sa victoire à (...)

32Bien sûr, il n’est pas exclu que certains de ces champions aient pris une retraite anticipée après l’exploit accompli. On a dû voir dans l’Antiquité comme aujourd’hui11 des champions se retirer après avoir accompli leur rêve de sportif, mais en tout cas rien ne permet de dire à travers les palmarès concernés qu’ils n’ont pas continué la compétition.

Les ajouts

33Si nous évoquons ici ce qui peut au premier abord n’apparaître que comme un élément matériel, c’est bien sûr parce qu’un ajout devra souvent être interprété comme la preuve que la carrière du champion s’est poursuivie au moins jusqu’à la gravure du texte, qui survient elle-même après un certain délai suivant la décision d’élever un monument. Parfois ces additions ne peuvent avoir été faites que bien plus tard, quand l’athlète ou l’artiste est repassé par la cité où il a été honoré ; comme la plupart des concours sont pentétériques, il peut se passer quatre ans avant que cela n’arrive, sauf si le palmarès est destiné à l’une des capitales agonistiques disposant de plusieurs concours majeurs, organisés des années différentes du circuit, comme Éphèse, Smyrne ou Athènes. Dès lors ces palmarès ont été faits en cours de carrière.

  • 12 Pour l’ajout de καὶ Κρητῶν à la fin, notre proposition de retrouver plus loin un chiffre inciterait (...)

34Il est assez rare que ces ajouts aux palmarès aient été remarqués, ou signalés pour ce qu’ils sont. Car la gravure des ajouts ne se voit pas nécessairement matériellement : le même lapicide a souvent été à l’œuvre pour la gravure originelle et la ou les interventions ultérieures. Il y a parfois des indices concrets, comme des martelages (157) ou de légers changements formels (lettres, mise en page), des modifications dans la structure du texte ou dans les formules utilisées pour désigner les victoires, qui sont autant de signes d’un possible addendum (1, 6, 8, 4412, 59, 82, 98, 130, 170, peut-être 172, 211).

35Dans quatre numéros, le palmarès entier est un ajout au texte initial. De manière remarquable, on en a trois exemples en Lycie, deux pour le seul Flavius Flavillianus (149-150), un pour M. Aur. Toalis (156) : sur des bases érigées en l’honneur d’une victoire dans un concours local, on a ajouté, quelques années après, un court palmarès, pour montrer la valeur du vainqueur et rehausser celle du concours ; celui de Toalis est très sélectif et centré sur des triomphes majeurs, à Olympie, Delphes et Nicopolis, tandis que les deux inventaires, sans doute identiques, de Flavillianus, sont moins glorieux et ne doivent pas être loin de l’exhaustivité pour ce qui touche aux concours isélastiques, puisqu’on y cite, à côté de Naples et Athènes, des sièges moins prestigieux comme Sardes et Laodicée. Un cas particulier est celui de l’inventaire, certes bref, des victoires dans deux concours différents du pantomime Tib. Iulius Apolaustus (108) ; ces ajouts, en deux temps, à l’inscription qui ornait sa base éphésienne constituent à eux seuls le palmarès entier, qui n’existait pas quand la statue a été érigée.

  • 13 Cf. p. 558-559.

36Une autre forme d’ajout est celle qui consiste à modifier le texte prévu avant même sa gravure. Un certain délai s’écoulait entre le moment où il était décidé d’ériger la statue d’un champion, souvent suite à une victoire dans un concours particulier, et sa réalisation, avec la gravure du texte sur la base. Il arrivait que les athlètes ou artistes repassent par la cité où le palmarès devait être affiché avant que le lapicide ne soit intervenu ; c’était pour eux l’occasion de réviser et d’embellir leur palmarès. Nous étudions ailleurs ces interventions sur le texte, puisque matériellement ce ne sont pas des ajouts : l’inscription est gravée en une fois13. Mais ils révèlent parfois la même chose que les ajouts véritables, à savoir l’évolution d’une carrière pendant les mois ou les années qui ont suivi le vote des honneurs.

37Ces additions fournissent de fait une sorte d’instantané des succès récents acquis par le champion, au plus – probablement – dans les quatre dernières années, c’est-à-dire entre deux célébrations d’un agôn pentétérique, et dans la plupart des cas beaucoup moins. Le fait même que quelqu’un – le champion lui-même le plus souvent – se soit donné la peine de faire transformer le texte donne de la valeur à ces ajouts ; ils n’ont de sens que s’ils apportent un supplément de gloire assez important aux yeux du champion pour mériter de figurer sur la pierre.

38De fait, ce sont parfois des accomplissements spectaculaires :

  • L’aulète de 157 a conquis en quatre ans des titres majeurs qui lui manquaient : les deux derniers concours de la nouvelle période qui lui avaient échappé jusque-là (Kapetôlia, Sebasta), le dernier des grands agônes antiochiens (Hadrianeia) et éphésiens (Ephesèa) où il n’avait pas été couronné. Les ajouts purs et simples à droite du texte et les réécritures de chiffres – martelés et amendés – indiquent qu’il l’a emporté dans au moins 7 concours entre deux pythiades, et sans doute davantage, puisque l’ajout d’un bêta après un concours déjà listé pour une seule victoire ne se remarque pas.
  • L ’auteur d’éloges en prose (8), qui fut victorieux au début de sa carrière seulement chez lui et dans sa province (l’Asie) mais sans doute dans aucun concours assez prestigieux pour mériter d’être nommé, a ensuite triomphé en vieille Grèce, au moins dans deux concours majeurs, les Isthmia et les Panathénées, dans ce dernier cas à une époque où le concours a reculé dans la hiérarchie mais gardait très certainement un grand prestige chez un artiste, en particulier chez un spécialiste de la rhétorique.
  • Nous faisons l’hypothèse que les dernières rangées de couronnes de la grande base delphique de l’aulète d’Ancyre (98) sont des ajouts, mais la perte du bas de la pierre empêche d’analyser l’ensemble ; en tout cas, si c’est un ajout, il était massif. On peut au demeurant hésiter : y a-t-il eu ajout en une fois des victoires dans les quatre dernières années – entre deux pythiades – ou dans les huit dernières ? Dans cette seconde hypothèse, s’agit-il d’un ajout unique ou de deux ajouts, l’un au bout de quatre ans, l’autre au bout de huit ?
  • Entre deux passages à Éphèse, un spécialiste des sports de combat a ajouté cinq victoires, dont les Olympia de Pise (82). Les haltes de la caravane des athlètes et des artistes dans la capitale de l’Asie sont trop fréquentes pour déterminer combien de temps s’est écoulé entre la gravure du palmarès et sa correction, mais les cinq victoires nous semblent pouvoir tenir en deux ans.
  • Même une superstar comme le héraut Valerius Eklektos a ressenti le besoin de retoucher son premier palmarès athénien (170), alors qu’il comptait déjà 49 succès dans les concours isélastiques et qu’il était périodonique. Les vestiges des ajouts sont trop maigres pour les juger à leur juste valeur, mais il est probable qu’Eklektos leur accordait une importance particulière parce qu’il s’agissait de concours nouveaux ou nouvellement promus, où parfois il avait été le premier vainqueur dans sa spécialité.

39D’autres fois les ajouts sont quantitativement plus modestes, mais ils peuvent être aussi significatifs qualitativement, sinon l’on ne se serait d’ailleurs pas donné la peine de les faire :

  • Chez Leôn de Rhodes (1), ce n’est rien moins que la victoire olympique qui lui faisait défaut pour devenir périodonique qui a été introduite après-coup.
  • L ’aulète de 59, vainqueur des plus grands concours, à Rome, Delphes, Athènes ou Naples, semble n’avoir pas vaincu dans les plus grands concours d’Asie au moment où Salamine de Chypre érige une statue en son honneur à Delphes ; quand ce manque a été réparé, on a ajouté καὶ Ζµύρναν καὶ Ἔφεσον14. Il y avait peut-être eu d’autres succès dans l’intervalle, mais l’absence de deux des premières d’Asie entachait la carrière de l’aulète.
  • Après ses succès athéniens aux Panhellènia et aux Panathénées, le coureur alexandrin 130 a achevé de remporter la période « complète » ; il n’a pas énuméré tous les succès qui lui ont permis d’atteindre ce sommet mais s’est contenté d’ajouter le titre περίοδος τέλειος.

40Les ajouts sont donc bien plus nombreux qu’on ne l’a cru jusqu’à présent. Ils se comprennent aisément, quel qu’ait été leur contexte particulier. Notamment, rien n’assurait que ces champions reçoivent dans telle cité le droit d’ériger une autre statue ou qu’on leur en élève une autre ; seuls les ajouts leur permettaient d’immortaliser à cet endroit précis leur palmarès plus complet.

Notes

1 Dictionnaire méthodique de l’architecture grecque et romaine III, p. 63 ; J. Kubińska, Mon. funéraires, p. 116-119.

2 Cf. les réflexions générales de M. Golden, Sport and Society in Ancient Greece (1998), p. 104-116.

3 On n’a pas connaissance d’une forme quelconque de document officiel, d’attestation de l’âge de tel concurrent, émise par sa patrie ou par les organisateurs d’un concours.

4 En dernier B. Fauconnier, « The Organisation of Synods of Competitors in the Roman Empire », Historia 66 (2017), p. 442-467.

5 Sauf si la victoire dans sa patrie Nicomédie a été acquise bien avant ou bien après les triomphes en Italie.

6 Kallimorphos est prêtre de Nikè à Aphrodisias (53), mais il l’est à vie : confierait-on cette charge à quelqu’un qui était absent régulièrement ?

7 Pour le no 251, qui s’est rendu παρὰ τοῖς ἡγουµένοις, rien n’est sûr.

8 Les seuls où les empereurs ont été présents durant leur règne commun, cf. Strasser, Concours d’Occident, p. 128.

9 C’est évidemment différent pour les sanctuaires panhelléniques.

10 En additionnant les concours de 31, palmarès complémentaire de 30, et en comptant les trois concours de la période hors Olympia.

11 Deux exemples parmi d’autres : M. Bartoli a décidé d’arrêter quelques semaines après sa victoire à Wimbledon en 2013 ; N. Rosberg annonce sa retraite sportive le 2 décembre 2016, cinq jours après être devenu champion du monde de formule 1 et avoir accompli, comme M. Bartoli à Wimbledon, son rêve d’enfance.

12 Pour l’ajout de καὶ Κρητῶν à la fin, notre proposition de retrouver plus loin un chiffre inciterait à y voir un oubli du lapicide plutôt qu’un véritable ajout.

13 Cf. p. 558-559.

14 Il est aussi possible que ce soit un oubli du rédacteur, mais la formulation sans nom de concours et avec καί nous ferait plutôt dire que l’aulète ne pouvait pas encore se dire vainqueur à Smyrne et Éphèse quand le palmarès initial a été gravé.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search