1Sans être nouvelle1, la forme du palmarès à couronnes est la plus spectaculaire à l’époque impériale2. C’est une présentation qui a connu une longue interruption, puisque, à part, peut-être, l’inscription milésienne 250 et celle de provenance inconnue 246, il n’y en a pas d’exemple pendant plus de deux siècles. Puis c’est une mode bien établie jusqu’à la fin des palmarès, avec sous les derniers Antonins une transformation majeure : les couronnes végétales en usage depuis des siècles sont remplacées, sans doute assez rapidement et peut-être quasi définitivement3, par les couronnes métalliques monumentales. En tout, il s’agit d’une soixantaine de numéros, en majorité des couronnes végétales, surtout dans les capitales de l’agonistique (hors Olympie) et en Anatolie du Sud, avec la remarquable exception que constitue Lesbos4.

Les palmarès à couronnes végétales

2La question de la nature des couronnes offertes aux vainqueurs dépasse évidemment largement le cadre des seuls palmarès. Seul l’apport et les particularités de ces derniers seront abordés ici. Les planches II et III offrent un panorama des couronnes, rangées dans l’ordre du corpus.

3Précisons d’emblée que les palmarès ne permettent que trop rarement de connaître la nature de la couronne végétale offerte en récompense dans les concours. D’une part on ne peut pas toujours établir la nature de la couronne sculptée ou gravée, souvent stylisée. D’autre part, certains palmarès à couronnes mélangent allégrement les variétés et créent des couronnes qui ne correspondent probablement à rien5 : elles ne sont que symboliques. Enfin dans plusieurs monuments mentionnant des concours dont on connaît la récompense, la nature de la couronne ne concorde pas avec le concours associé6. Les apports spécifiques des palmarès sont modestes : parfois on peut imaginer, d’après le soin apporté à la sculpture et la différenciation des couronnes suivant les concours, que l’objet sculpté représente plus ou moins fidèlement la couronne du vainqueur ; à condition d’avoir d’autres sources, on arrive malgré tout parfois à progresser sur sa nature (220).

4Il arrive bien sûr que le matériau de la couronne sculptée corresponde à ce que les sources littéraires nous apprennent sur le prix offert dans tel ou tel concours. Mais c’est curieusement une situation rare :

5Là où les matériaux semblent cohérents, ainsi que dans les cas où le même végétal revient à plusieurs reprises pour un même concours, on pourrait théoriquement, avec une extrême prudence, proposer d’identifier la nature d’une couronne de vainqueur. Mais ce n’est pour ainsi dire jamais le cas. Tout au plus pourra-t-on penser qu’aux Balbilleia, la couronne était peut-être de chêne (56, 73). Le résultat est très limité et décevant.

6Le nombre de matériaux différents n’est pas considérable (lierre, laurier, ache, pin, chêne, fleurs, olivier, épis de blé, roseau, roses). Le laurier et le chêne sont de loin les plus attestés et semblent avoir pris une dimension symbolique qui va peut-être bien au-delà de leur usage réel dans les concours ; c’est sans doute aussi le cas de l’olivier, à un degré moindre. Cela n’a rien d’étonnant : l’olivier et le laurier servent aux couronnes des deux plus importants concours de la période ; le chêne est quant à lui associé aux Kapetôlia, et sous l’Empire s’ajoutaient de nouvelles couches symboliques qui n’ont pu que renforcer l’importance de ces trois végétaux : la couronne triomphale est de laurier, la corona ciuica est de chêne et ce matériau était visiblement associé au culte impérial7. On est plus surpris par la récurrence du pin (94, 95 qui appartient, il est vrai, probablement au même sarcophage que 94) et surtout par les mélanges, qui doivent être plus métaphoriques que réalistes (56, 103).

7Les planches II-III montrent la variété technique dans le traitement des sculptures, qui va du bas-relief au haut-relief, de la couronne de feuillage stylisée à la représentation précise du végétal. Plus la plante est représentée avec réalisme plus on peut être proche de la forme de la couronne dans la réalité, mais l’un ne va pas forcément avec l’autre. Souvent les sculpteurs ne devaient pas avoir vu les couronnes offertes au vainqueur dont ils célèbrent les victoires à travers leur œuvre ; et la fabrication des couronnes elle-même pouvait varier d’une célébration à l’autre, et, pour un même matériau, d’un lieu à un autre8. Sauf exception9, on ne cherchera donc pas systématiquement à retrouver, sur des critères stylistiques ou de fidélité naturaliste, une figuration plus fidèle ici qu’ailleurs. L ’aspect des couronnes dépend essentiellement de l’adresse de leur exécutant, des moyens financiers du client et de stéréotypes dans la représentation des couronnes, qu’elles soient agonistiques ou non.

8Les palmarès à couronnes végétales se rencontrent aussi bien en Italie qu’en Grèce et en Asie Mineure. Différents styles peuvent coexister sur le même lieu. Rome, où il s’agit, dans les cas où l’on peut le vérifier, de sarcophages, a toutefois une préférence pour la couronne en haut-relief, figurant des couronnes complexes, aux nœuds recherchés et au tressage serré : peut-être est-ce ainsi qu’était faite la couronne des Kapetôlia et les sculpteurs ont pu généraliser à partir du cas local. Loin de Rome, à Mytilène, on semble avoir eu une préférence pour les palmarès à couronnes (voir le commentaire du 194). On remarquera aussi qu’à Delphes, qui a donné plusieurs palmarès à couronnes végétales, on n’a pour le moment découvert aucun palmarès à couronnes monumentales, symptôme, peut-être, d’un conservatisme local qui ne surprendrait pas dans le siège des Pythia multiséculaires10.

9Une variante que l’on trouve là aussi dans des endroits très éloignés les uns des autres est la simple tresse, quasi stylisée (Naples, deux fois, dans les funéraires 79 et 115 ; Thespies 189 ; Philippopolis 148 ; à Kition 276, s’il s’agit bien d’un palmarès). En revanche, la version minimaliste qui remplace la couronne par un simple médaillon sans ornement ne se rencontre qu’à Delphes (97 et 98) : la ressemblance est telle entre les deux pierres, jusque dans l’égal diamètre des cercles, qu’il ne faut pas hésiter à faire l’hypothèse d’une même main à l’œuvre.

10Pour l’époque impériale, le plus vieux palmarès à couronnes pourrait être la stèle de Cornelius Korinthos à l’Isthme (27), dont les couronnes surprennent toutefois par leur aspect très stylisé et indistinct. Mais il ne faut pas oublier que des fragments, le n^o 250 surtout, pourraient être plus anciens ; dans ce cas, il faudrait considérer que des exemples épars et isolés ont été réalisés dans le premier siècle de l’Empire. Mais il ne s’agit pas alors d’une mode, comme celle qui s’impose au plus tôt sous le règne de Trajan semble-t-il (27, 43). À dire vrai, ce sont des débuts hésitants et la densité est faible jusqu’au milieu du ii^e s. ; c’est véritablement dans la seconde moitié du siècle que ce type de représentation se multiplie et devient parfaitement banal.

11Les palmarès à couronnes végétales cèdent le pas assez rapidement, dans les trois dernières décennies du ii^e s., aux couronnes métalliques. Le caractère fragmentaire de bien des palmarès à couronnes ne permet pas de suivre de près ce mouvement ; beaucoup ne sont datables que d’après leur style et leur appartenance précisément à l’une des deux familles de palmarès à couronnes ; nous sommes bien conscient du raisonnement circulaire, qui, peut-être, nous a fait préférer une date avant 200 pour des couronnes végétales et après 170 pour des couronnes monumentales sans autre argument décisif. Mais à ce jour, la transition qui a lieu entre ca 170 et ca 200 semble bien avoir été sans retour, et ce ne sera qu’avec prudence qu’il faudra envisager une date postérieure à Septime Sévère pour un palmarès à couronnes végétales. Les seuls cas avérés sont d’une part une couronne tressée plus symbolique qu’autre chose en Thrace (148) et surtout les quatre couronnes pour autant de concours de la période à Athènes (160) : le choix de représenter la couronne végétale traditionnelle chez ce vainqueur dans les épreuves hippiques des Olympia, Pythia, Isthmia et Nemea est très certainement volontaire, d’autant que l’épigramme gravée en dessous insiste, de manière désuète, sur la couronne offerte aux vainqueurs dans les concours « sacrés », ὧν ἔλαβον στεφάν<ο>ν, par opposition aux concours οἷς [θ]έ̣µα κεῖτο µόνον.

12Dans bien des cas, les couronnes ne sont pas différentes de celles que l’on trouve dans d’autres contextes, politiques ou funéraires. Seule l’accumulation des couronnes et par-dessus tout les inscriptions les identifient comme des couronnes de vainqueur, car même la juxtaposition de très nombreuses couronnes végétales n’est pas une particularité des palmarès à couronnes : on en connaît pour d’autres types de textes11. Peut-être trouvera-t-on ici l’une des raisons qui ont poussé les champions à adopter la couronne métallique à la place de la couronne de feuillage : la première était immédiatement reconnaissable, sans équivalent dans la diversité coronale grecque.

Les palmarès à couronnes métalliques monumentales

13K. Dunbabin a montré récemment que les couronnes métalliques monumentales n’apparaissaient sur les monnaies et les palmarès que vers 170 de notre ère. Pourtant, comme nous le montrerons ailleurs, ce n’est nullement une nouveauté. Ce type de couronnes a alors au moins un siècle, sans doute bien davantage, puisqu’on peut certainement les lier aux Sebasta de Naples dès les premières décennies de leur existence12. Nous ne revenons pas ici sur les raisons multiples qui ont favorisé sous les derniers Antonins l’apparition puis la propagation de cette couronne, en particulier dans les monnaies et les inscriptions. Pour ce qui est des palmarès, disons que la recherche de nouvelles formes plus spectaculaires de figuration des concours a certainement joué un rôle majeur, à côté d’autres mutations, des mentalités notamment, qui n’ont rien de spécifique aux palmarès13.

14Le palmarès à couronnes métalliques s’est propagé comme son ancêtre « végétal » dans l’ensemble de l’Empire, avec, semble-t-il, trois pôles privilégiés : Rome, Athènes et quelques cités d’Anatolie, mais pas les capitales asiatiques de l’agonistique grecque ; certes on trouve un cas à Smyrne, mais Éphèse, qui a donné plusieurs palmarès à couronnes végétales, n’en a livré à ce jour aucun à couronnes métalliques. Selgè, Oinoanda, Patara, Eumeneia de Phrygie, pas même Hiérapolis de Phrygie ne sont le siège de concours majeurs, mais les palmarès – parfois le seul palmarès – qu’on y a retrouvés sont ornés de couronnes monumentales. Ces cités appartiennent aussi à l’aire de diffusion des couronnes monumentales sur les monnaies, mais les pièces d’Éphèse, Smyrne, Aphrodisias, Pergame, Tralles portent les mêmes représentations sans qu’à ce jour on y ait découvert un palmarès à couronnes métalliques, sauf le très curieux et partiellement inédit 177. Sur le faible échantillon dont on dispose, il est téméraire de donner une origine géographique à la mode des palmarès à couronnes métalliques. En tout cas, son apparition est grosso modo concomitante avec celle des couronnes monumentales sur les monnaies14.

15Les plus anciens exemples connus – mais la plupart des pierres sont difficiles à dater avec précision15 – paraissent être funéraires. La stèle de Marcus Tullius d’Apamée de Bithynie (100) érigée à sa mort à Athènes est délicate à dater mais pourrait déjà être de l’époque de Marc Aurèle. Sous Commode, C. Iulius Achilleus (122), mort à Hiérapolis, a été inhumé dans un sarcophage décoré de couronnes métalliques inscrites. Dans les textes sûrement datés, il faut ensuite descendre au plus tôt sous le règne de Septime Sévère, puisque le sarcophage de Patara 132 est pour un L. Septimius vainqueur aux Kapetôlia entre 194 et 210 ; nous ne connaissons cependant pas la date du sarcophage, qui peut être postérieur de plusieurs décennies.

16Le premier texte non funéraire est encore postérieur, puisqu’il s’agit des inscriptions en l’honneur de Flavius Flavillianus (149-150) ; encore est-ce un cas particulier, puisque les couronnes et leur légende sont un ajout, dont il n’est pas possible de dire quand il a été fait par rapport aux dédicaces originelles, ce qui vaut aussi pour la base de M. Aur. Toalis (156). Les 158 et 166 sont encore des funéraires et le 167 est complètement atypique puisque c’est une mosaïque, tout comme l’est le 263 appartenant à un décor peint, si, comme nous sommes tenté de le croire, il s’agit bien d’un palmarès. La dimension funéraire est donc très marquée (cf. aussi 232, 238), sans être systématique, et il reste très frustrant de ne pas connaître la nature de monuments comme les 177, 178, 209 ou 213. La plus grande prudence s’impose, car dans les palmarès à couronnes végétales, dont les palmarès à couronnes métalliques prennent la suite, il y a aussi bien des bases de statues honorifiques (43, 91, 93, 97, 98, 119, 190, 191) que des monuments funéraires avérés (94, 95, 103, 115, 206, 236) ; dans certains cas, on ne peut trancher (27, 54, 56, 148), sans compter que des bases de statues honorifiques peuvent être posthumes.

17La représentation des couronnes métalliques est globalement la même que celle sur les autres supports (mosaïques, monnaies, sculptures), avec les nuances suivantes :

• À Athènes la couronne est à deux reprises sommairement figurée par une sorte de bossage, qui a pu, il est vrai, recevoir de la peinture (100, 158).
• La nature de la couronne est plusieurs fois rendue par une sorte de treillis oblique qui évoque la structure métallique (156, 177, 213, peut-être 238 mais l’état de conservation est tel que c’est incertain).
• La décoration de la couronne est, quand les dimensions du monument le permettent, détaillée, soit par la sculpture, soit par la gravure, soit par la peinture ou une combinaison des procédés (132, 178, 209, 263).

Palmarès à couronnes, classement et mise en page

18Le choix de représenter un inventaire en couronnes laisse globalement deux possibilités quant à la présentation des victoires : soit chaque couronne contient une victoire et il y a autant de couronnes que de victoires (e. g. 84, 97, 98, 103, 115, 132, 149-150), c’est le modèle le plus courant ; soit chaque couronne enregistre toutes les victoires ou un dans un concours (e. g. 73, 79, 190, 203) ou dans un siège (e. g. 119, 206). De manière tout à fait exceptionnelle on trouve la combinaison des deux méthodes dans le palmarès de L. Cornelius Korinthos, mais c’est lié à l’exploit particulier qu’il a accompli au Bouclier d’Argos ; en effet la performance qu’il y a accomplie lors de son second succès invitait à faire deux couronnes pour ce concours et par ailleurs une pour chacune des autres victoires dans les concours de la période ; mais pour tout le reste du palmarès, chaque couronne synthétise les victoires remportées dans un concours (τὴν ἐξ Ἄργους ἀσπίδα β΄ pour deux autres victoires au Bouclier, hors exploit initial), un siège (ἐν Λακεδαίµονι β΄) – qui peut ne correspondre qu’à un concours éventuellement – et même une province (ἐν Ἀσίᾳ δ΄). Dans le n^o 56, six des huit couronnes contiennent une victoire dans un concours, mais deux autres en mentionnent deux dans la même, car l’important était de mettre en avant l’exploit accompli, sans même mentionner le concours, dans un cas dans deux concours éphésiens différents (ἐν Ἐφέσῳ Πυθικῶν β΄), dans l’autre dans la célébration d’un seul concours (ἐν Ἐφέσῳ ἀγενείων καὶ ἀνδρῶν ἡµέρᾳ α΄).

19La couronne impose une contrainte matérielle au graveur, offrant une surface de gravure limitée et grosso modo circulaire, sauf quand la légende est inscrite sur le bandeau central de la couronne métallique monumental (209, 213). À l’époque impériale comme déjà à l’époque hellénistique, le lapicide fait parfois tout tenir à l’intérieur de la couronne, en modulant dès lors régulièrement la taille des lettres et en ne respectant pas nécessairement la coupe syllabique. Mais si le texte était décidément trop long pour tenir dans l’espace imparti, le lapicide utilisait l’intervalle entre les couronnes (221, 232).

20Reste les cas des n^os 100 et 191. L ’un et l’autre palmarès, l’un à couronnes végétales, l’autre à couronnes métalliques, offrent des exemples incontestables de répartition de la légende relative à un concours à cheval sur deux couronnes distinctes. Ainsi dans l’inventaire du boxeur mort à Athènes (100), les deux premières couronnes portent l’une Ὀλύµπ|ια, l’autre δὶς | ἐν Πεί|σῃ ; le procédé est le même pour les Panhellènia, les Sebasta et au moins un autre concours perdu, où à chaque fois le champion bithynien compte deux victoires. Nous hésitons cependant à y voir un procédé systématique visant à faire occuper pour un même concours autant de couronnes que le boxeur y avait de victoires. Le texte est trop lacunaire pour en être certain et il a pu s’agir dans les cas conservés d’une facilité de gravure lorsque la mention de ces victoires prenait de toute manière trop de place pour une couronne. D’un autre côté on remarque la place tout à fait inhabituelle du chiffre, qui plus est en toutes lettres (dans les cas conservés), ce qui pourrait s’expliquer justement par une intention initiale du rédacteur visant à séparer le texte sur deux couronnes : le chiffre placé en premier dans la seconde couronne indiquait tout de suite au lecteur que c’était la suite du texte de la couronne précédente. On aurait dès lors globalement une couronne pour chaque victoire et donc 21 succès en tout. Dans le n^o 191, la seule face conservée entièrement porte quatre couronnes et autant de succès, mais dans les deux premières le concours remporté est répété, comme c’est le cas dans les autres palmarès du même style (deux fois Νέµει|α), tandis que dans les deux suivantes la légende pour les deux victoires aux Hadrianeia d’Éphèse est répartie sur les deux couronnes (Ἔφε|σον à gauche, Ἁδριά|νια | β΄ à droite). La suite étant presque intégralement perdue, on ne sait de quelle manière étaient traitées les victoires multiples dans un même concours, s’il y en avait.

Les couronnes de fleurs et de fruits

21Deux couronnes sortent complètement de l’ordinaire tout en étant très proches. Elles sont nous semble-t-il inclassables : ce ne sont pas des couronnes monumentales, mais elles ne sont pas strictement végétales, car il y a nous semble-t-il une structure métallique. La mieux connue est celle publiée récemment dans la collection Tatış : le 220 est de provenance inconnue mais a probablement été trouvé dans le Nord-Ouest de la Turquie et le plus probable est que ce fragment rapportant une victoire aux Chrysanthina a été fait en Lydie, où l’aspect de la couronne était connu, ou dans l’Ionie voisine, origine présumée du fragment au demeurant. Nous commentons ailleurs la couronne d’hélichryse offerte aux Chrysanthina de Sardes, qui ne sont pas liés à Korè mais au culte impérial, en relation avec le temple d’Artémis.

22De manière tout à fait remarquable, on trouve la même structure à Mytilène (260), pour deux couronnes dont F. Hiller von Gaertringen avait, dans son supplément aux IG XII 2, compris l’intérêt et la singularité, puisqu’il en a donné un dessin. La couronne est associée à des Hèraklèa, peut-être ceux de Thèbes. Cette fois, il s’agit peut-être plutôt d’une couronne de fruits (myrte ?), mais montée sur le même type d’armature métallique étoilée que la couronne florale de 220.

Les récompenses comme simple élément de décor

23En dehors des palmarès à couronnes, les couronnes apparaissent sur quelques pierres comme ornement. À Mytilène, trois couronnes métalliques apparaissent sur la stèle funéraire d’Anikètos (120), symbolisant les trois victoires de l’athlète ; ce n’est pas un palmarès à couronnes mais il est intéressant de retrouver le motif dans l’île, où le palmarès à couronnes est le style de palmarès préféré (194 ; 258 ; 259 ?16 ; 260), alors que les autres textes figurent tous des couronnes végétales ; c’est peut-être une question de chronologie, puisque la stèle d’Anikètos est de la fin du ii^e s. ou du début du iii^e s., donc peut-être plus tardive que les autres palmarès de l’île, tous difficiles à dater. On retrouve une disposition quasi identique à celle de la pierre pour Anikètos à Synnada (134), avec là aussi autant de couronnes que de victoires.

24Une couronne ou une palme peuvent aussi être gravées ou sculptées sous le palmarès (149, 173, 192, 236, 254). Dans le 178, on retrouve un motif classique des monnaies à thèmes agonistiques, avec une couronne monumentale de laquelle sort une palme.

25La couronne garde presque toujours une dimension très symbolique, en ce qu’une seule couronne représente régulièrement plusieurs victoires dans le même concours ; et la couronne est utilisée même pour des concours pour lesquelles ce n’est pas le prix le plus parlant, comme les Panathénées (amphore) ou les Hèraia/Bouclier d’Argos (bouclier).