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    Plan détaillé Texte intégral 1. Le site du Saint-Mont : présentation générale2. Le granite : une roche endogène aux propriétés mécaniques favorables à l’architecture de granite3. Les maçonneries en pierre sèches du Saint-Mont : une réalité archéologique propre aux ouvrages d’art4. La limousinerie : une maçonnerie réservée à l’habitat et aux édifices cultuels5. Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Archéologie de la construction en Grand Est

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    Table des matières

    Le granite, un matériau de construction pérenne dans le massif vosgien cristallin : l’exemple du Saint-Mont (Vosges, Ve-XVe s.)

    Charles Kraemer et Axelle Grzesznik

    p. 189-205

    Texte intégral 1. Le site du Saint-Mont : présentation générale2. Le granite : une roche endogène aux propriétés mécaniques favorables à l’architecture de granite3. Les maçonneries en pierre sèches du Saint-Mont : une réalité archéologique propre aux ouvrages d’art4. La limousinerie : une maçonnerie réservée à l’habitat et aux édifices cultuels5. Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Lorsqu’on évoque le massif Vosgien et les matériaux utilisés dans la construction de ses édifices, le premier qui vient spontanément à l’esprit est le grès, plus précisément le grès rose. Véritable emblème régional, cette pierre de sable, selon sa dénomination historique – Sandstein ainsi que les Allemands l’appellent toujours –, faite de grains de quartz et de feldspath, liés par un ciment siliceux doit sa couleur à l’altération du mica et de la magnétite riches en fer qui le compose1. Réputé depuis le Moyen Âge2, sans doute avant, pour sa résistance et sa facilité d’exploitation et de mise en œuvre, ce matériau superficiel est absent des Hautes-Vosges où il fait place à des roches cristallines majoritairement constituées de granites (fig. 1), étymologiquement « pierre de grain ». Ces roches aux propriétés plastiques moindres utilisées d’ancienneté3 à des fins tumulaires, dans l’architecture majeure et les habitations rurales, partout où elles affleuraient – spécifiquement, pour ce qui nous concerne, dans la plupart des régions traversées par la chaine varisque, de l’arc ibéro-armoricain à l’arc de Bohême –, n’auraient, selon la mémoire collective, été employées comme matériau de construction dans les Vosges qu’après le xviie siècle4.

    2Ce point de vue qui s’explique par la densification, dès cette époque, de la colonisation des reliefs autant que par les travaux des géographes et ethnologues ruralistes d’après-guerre sur l’architecture vernaculaire5, est largement démenti par l’archéologie. À l’instar de Laurent Dujardin qui considère que l’architecture rurale normande donne une image du sous-sol proche6, Jacky Koch montre que les châteaux « forts » alsaciens sont construits avec les roches trouvées dans l’emprise immédiate du site, y compris avec celles jugées « rebelles aux ciseaux » comme le granite dont l’usage semble se systématiser à partir des années 1200-12207. Dans les Vosges lorraine, la chapelle de Longemer (88) dite « de la butte Bilon », dont la datation, autour du xiie siècle, a été rendue possible par la mise au jour d’éléments de colonnes (4 bases, 1 fût et 1 chapiteau) de « style rhénan » (sic), fut, elle aussi, construite en moellons de granite local8.

    Figure 1 : Carte géologique simplifiée.

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    1. Le site du Saint-Mont : présentation générale

    3Sur le rebord sud-occidental de ce même versant, en contexte de moyenne montagne, le site archéologique du Saint-Mont, perché au sommet d’un relief façonné pour l’essentiel dans un granite dit de Remiremont de couleur gris clair et à texture saccharoïde9, constitue un autre exemple qui témoigne, sur la longue durée cette fois, du rapport étroit entre architecture et environnement naturel.

    4Ce site de hauteur, détaché du massif du Fossard, se situe naturellement en position de contrôle à 675 m d’altitude, soit près de 300 mètres au-dessus des axes majeurs de communication que sont les vallées glaciaires de la Moselle et de la Moselotte. Pour autant, sa première occupation tardive, au mieux de la période proto-mérovingienne, semble être associé à un castrum, terme qui peut se traduire indifféremment par « site défensif », « petite agglomération de hauteur », « simple exploitation agricole de montagne » voire « chef-lieu d’une circonscription administrative »10. C’est là que fut établi, au viie siècle, une abbaye féminine11 dont le transfert dans la vallée, deux siècles plus tard, favorisa le développement de l’actuelle ville de Remiremont. Ce site, qui ne fut sans doute jamais totalement déserté, reprend vie à compter du xie siècle, peut-être avant, par l’intermédiaire d’une communauté d’ermites puis d’un prieuré satellite de l’abbaye romarimontaine qui disparait avec la Révolution.

    5De cette longue occupation le sommet conserve des vestiges de constructions, peu à peu mis au jour au cours des cinquante dernières années. Ils sont répartis sur quelque 12 ha − si l’on tient compte du mur d’enceinte du prétendu castrum de la première période −, mais sont, pour l’essentiel, concentrés sur une surface d’environ 3 ha, dans deux secteurs comprenant au total cinq plateformes définies par la topographie ambiante (fig. 2) : d’une part, la terrasse sommitale, au nord, qui culmine à 673 m d’altitude ; d’autre part, une succession de terrasses qui s’étagent, sur une centaine de mètres de longueur et une quarantaine de mètres de dénivelé (de 675 à 630 m d’altitude), le long de la pente méridionale.

    6La plateforme A est en totalité occupée par les fondations de l’église Saint-Pierre. Il s’agit, dans son dernier état, d’un édifice de 30 m sur 8 doté, à son extrémité orientale, d’une abside semi circulaire et d’une annexe, de 4 m sur 5, adossée au mur nord, à la jonction de la nef et du chœur. Ce dernier, de 6 m x 9 m, était précédé, à l’ouest, d’une nef d’une vingtaine de mètres de longueur divisée en quatre travées voûtées. L’édifice, fut à plusieurs reprises agrandi, à partir d’une église primitive, de 15 m sur 8 qui, si l’on en juge par le rare mobilier recueilli en partie attribuable à l’époque gallo-romaine, fut édifiée à l’emplacement d’un bâtiment tardo-antique.

    Figure 2 : Plan des structures et des plateformes reportées sur l’image LiDAR (traitement de l’image et DAO : Ch. Kraemer d’après Ch. Kraemer, Th. Chenal et A. Grzesznik – octobre 2020).

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    7La plateforme B est occupée par un ensemble de substructions orthogonales définissant un espace bâti d’environ 1200 m2 (env. 30 m x 40 m), comprenant, autour d’une cour centrale pavée et à proximité d’une citerne à filtration équipée d’un puits, deux ailes d’un même bâtiment relié à l’église par un portique matérialisé par un alignement de gros blocs de grès. Les constructions s’étendaient jusqu’au nord de la terrasse au niveau d’une chapelle construite au xive siècle reprenant en partie les fondations d’une plus ancienne signalée au ixe siècle mais probablement antérieure. Outre des artefacts médiévaux et modernes qui caractérisent la longue occupation de cet espace, les fouilles ont livré un abondant mobilier du haut Moyen Âge (tessons de céramique culinaire et de chauffage, fragments de vaisselle en pierre ollaire et en verre, tabletterie et monnaies). Cependant, la mise au jour, dans le sous-sol du portique, d’une hache attribuable à la première moitié du vie siècle, et de cinq monnaies en bronze du ive siècle, conforte l’idée d’une occupation de ce site avant la fondation du monastère, au viie siècle.

    8La fouille du prieuré moderne (plateforme D), construit vers 1630 puis reconstruit un siècle après, a aussi permis d’observer des indices d’occupation antérieure, du xiiie siècle au ve-vie siècle. Tous (céramique décorée à la molette, pot caréné, fragment de sigillée, lèvre d’un bol), plaident en faveur de l’existence, à cet endroit, de la basilique mariale dans laquelle furent déposées les dépouilles des pères fondateurs de l’abbaye et dont le souvenir a été pérennisé, au Moyen Âge, par une chapelle mariale intégrée au prieuré en 1630.

    9Sur le versant méridional, la plateforme H conserve les vestiges de deux petites chapelles, une bâtie vers le xiie siècle si l’on s’en tient compte de ses gros contreforts droits, l’autre assurément construite dans le courant du xve siècle. Cette bâtisse est composée de deux parties : un sanctuaire contenant un sarcophage trapézoïdal qui passe pour être celui de la sainte locale à qui est dédié le sanctuaire et un espace comprenant dans son sol une quinzaine de cuves maçonnées sur trois rangs juxtaposés, utilisées par la communauté de chanoines jusqu’à la Révolution. Cet ensemble sépulcral qui pourrait avoir été doté d’un chœur et d’une annexe quadrangulaire reprend une partie des quatre-vingt-dix tombes contenues dans un édifice funéraire plus vaste, construite d’après une analyse radiocarbone quelques décennies avant la fondation monastique du début du viie siècle. Contemporaines des maçonneries qui l’enclosent ou à peine postérieures, ces sépultures sont organisées en onze rangées de 2,00 m, 1,70 m et 1,50 m de longueur, autour d’un réseau de murs de rang (N-S) et de cloisons perpendiculaires (E-O). Ce dispositif, connu dès l’Antiquité, accompagnait un mausolée ou une église et était destiné à recevoir des inhumations au fur et à mesure des décès. Rare en Europe, il est, dans des proportions moindres, archéologiquement avéré dans des abbayes antérieures à l’an Mil.

    10La plateforme I, la plus méridionale et la plus basse altimétriquement, a livré sur son rebord ouest une longue structure d’une quarantaine de mètres pour une largeur de 2 à 8 m caractérisée par des parements en pierres sèches retenant une masse de terre mêlée d’éclats de granite. Ce massif (St. 4, fig. 2) qu’une fouille récente permet d’attribuer au tout début du haut Moyen Âge semble relever avec la structure 1 (St. 1, fig. 2), également en pierres sèches et qui se développe légèrement en contre-bas sur toute la longueur du versant occidentale du site, d’un même système d’enceintes12. Sur le rebord oriental de la plateforme, le dégagement sur une vingtaine de mètres de longueur d’un réseau de murs d’orientation nord-est sud-ouest a fourni un matériel hétéroclite (tuiles, dallage, pierres de grès blanc, tessons de céramique, fragments de meules). Au milieu de cette structure, un mur de plan circulaire auquel sont adossés deux longs contreforts a été successivement identifié à une tour en lien avec le « rempart » occidental, à une simple structure de soutènement du bâtiment oblong dont la fonction reste à préciser, ou à l’abside d’une chapelle paléochrétienne. Au centre, peut-être associé à cet édifice, un bâtiment de plusieurs salles a été en partie fouillé sur 425 m2. Son phasage n’a pas été établi mais le mobilier recueilli – dont plus de 70 % sont attribuables au haut Moyen Âge – confirme une occupation de cet espace sur le temps long, des ive-ve siècles au xviiie.

    2. Le granite : une roche endogène aux propriétés mécaniques favorables à l’architecture de granite

    11Au Saint-Mont, nombre de constructions, des plus anciennes au plus récemment bâties, rebâties ou reprises, conservent dans leur maçonnerie, ici, quelques moellons tirés d’un filon intrusif d’aplite rouge qui traverse longitudinalement le relief ; là, ceux extraits d’une veine de bussangite minette, roche magmatique régionale qui affleure à quelques kilomètres, sur le territoire de Saint-Amé13 ; ailleurs encore des fragments, en remploi ou non, de grès rose clair à rouge provenant, probablement, des couches superficielles du massif voisin du Fossard14. Ce polylithisme15 apparent n’est en réalité qu’anecdote, les murs étant presqu’exclusivement montés en moellons de granite de Remiremont qui affleure sur l’ensemble su site.

    Figure 3 : Traces de taille difficiles à différencier d’une fracturation naturelle.

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    12Cette roche issue de la cristallisation de différents matériaux provenant du magma terrestre dont le refroidissement en profondeur lui a très lentement donné cette texture à grains qui la caractérise, est largement composée de quartz, de feldspath et de mica. Cette structure, avec une masse volumique relativement importante, entre 2,6 et 3 T/m3, et un faible coefficient d’absorption de l’eau – entre 0,1 et 0,7 % de son poids –, confère, en effet, une forte résistance à la compression, à la traction, au cisaillement et à l’usure16 à ce « granit à pavé » vosgien qu’un rapport du BRGM prétend, en raison de ses propriétés mécaniques, utilisable comme pierre de taille et d’ornementation17.

    13Dans sa notice sur l’emploi du granite dans les constructions et sur la manière de le débiter en usage dans les Vosges présentée, en 1821, devant la jeune commission des Antiquités de ce département, l’architecte Perrin, de Remiremont, insiste sur les avantages de cette roche qui, dans certaines circonstances, doivent la faire préférer au grès18. Dure et inaltérable sous l’action de l’eau, de l’air, de la gelée et du feu, cette roche offre, selon lui, le plus de résistance sous une grande charge.

    14Les pierres de granite mises en œuvre sont de deux sortes. Elles peuvent avoir des angles émoussés conséquence d’une lente érosion sur la longue durée sous l’action combinée du vent, de l’eau, de la gravité voire de phénomènes glaciaires et auraient, dans ce cas, été ramassées aux abords immédiats des structures ou dans les tabliers et cônes d’éboulis qui jonchent les pentes. Elles présentent également des arêtes vives qui résulteraient du débitage de formations rocheuses – simples affleurements, chaos et tors – à l’aide d’une masse et de coins en fer introduits dans les diaclases ou, comme cela se pratiquait encore au début du xviiie siècle avant l’usage intensif de la poudre à canon, en faisant un grand feu pour chauffer la roche sur laquelle de l’eau était jetée pour la faire éclater. Les formes anguleuses ainsi obtenues étaient elles-mêmes réduites à la masse en moellons plus manipulables19 qui pouvaient, au moment de leur pose, faire l’objet de retouches qui ne se distinguent pas de la fracturation naturelle20. Cette diversité morphologique et volumétrique des blocs a naturellement conditionné leur mise en place dans l’ouvrage (fig. 3) favorisant une irrégularité des appareils qui témoigne, à sa manière, de la capacité des bâtisseurs à s’adapter à ce matériau et à l’optimiser dans l’organisation de l’ouvrage et la mise en œuvre d’assemblages performants, en pierres sèches21 ou en moellonage lié22. Dans les deux cas, les forces d’interaction qui assurent la stabilité des architectures en compensant celles (gravité et poussée des terres en particulier) que l’environnement exerce sur elles, mais qui peuvent aussi en causer la ruine23, passent, en effet, par la mise en contact des moellons selon des savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération en génération, de maçon en maçon, depuis la plus haute Antiquité.

    15On comprend donc que les constructions qui en résultent posent des problèmes de datation dans la mesure où l’opus incertum ou non régulier qui les caractérise le plus souvent ne peut être un indicateur chronologique, a fortiori lorsque les murs ne contiennent pas de pierres en remploi identifiables ou présentant des caractéristiques esthétiques. Il arrive toutefois, dans des cas qui restent extrêmement rares, que l’opus soit attribuable à une période précise. Il en est ainsi du castellum de Saint Julià de Ramis à Gérone en Espagne. Daté du vie siècle de notre ère, il dispose de parements montés au mortier selon deux opus, le quadratum et le spicatum24 que l’on pourrait également observer sur des ouvrages en pierres sèches25. À noter encore, spécifiquement pour ce type de maçonnerie, que les artefacts datant qui pourraient s’y trouver enfermés sont difficilement exploitables car ils sont susceptibles de biaiser la chronologie après avoir glissé entre les blocs disjoints.

    3. Les maçonneries en pierre sèches du Saint-Mont : une réalité archéologique propre aux ouvrages d’art

    16Au Saint-Mont, la technique de la pierre sèche26 s’observe essentiellement dans les structures monumentales, celles qui composent le système d’enceintes et qui ont fait l’objet d’investigations récentes27 ; celle aussi du « Pont des Fées », ouvrage de génie civil qui facilite le franchissement du ravin qui isole le massif de celui du Fossard. Cette architecture anhistorique et inédite (fig. 4) à l’allure d’une digue prismatique de section trapézoïdale de 20 à 23 m à la base pour 13 à 16 m au sommet et 7 m de hauteur au plus profond dans son état de conservation, est constituée sur une cinquantaine de mètres de longueur, par un imposant remblai de pierraille, maintenu sur ses deux flancs par un parement taluté monté en pierres sèches selon des assises plus ou moins régulières posée légèrement en retrait par rapport à celle du dessous, à la manière d’une voûte en tas de charge. L’ensemble, d’un volume estimé28 entre 7000 et 10 000 m3 semble, pour l’essentiel, avoir été construit avec des pierres ramassées dans les tabliers d’éboulis qui jonchent chacun des deux versants. Ce constat vaut en effet pour l’intérieur de la construction où les modules employés, de 5 à 50 cm, sont effectivement comparables à ceux observés dans les éboulis situés de part et d’autre du pont. En revanche, le module nettement supérieur des pierres utilisées dans les parements se retrouvent dans la plupart des cônes d’éboulis associés à une formation rocheuse, dont plusieurs ne sont guère éloignés de l’ouvrage29.

    Figure 4 : Le pont des Fées.

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    Cliché A. Grzesznik.

    17Concernant les élévations de deux des trois structures repérées du système d’enceinte30, leur étude, qui repose également sur l’archéologie sédimentaire et les nouvelles technologies dont la modélisation par photogrammétrie, a été en partie inspirée d’une méthode qui, sur les sites de hauteur de Faha et Cahercoreen, a permis de mieux distinguer les structures bâties des éboulis31.

    18Au Saint-Mont, des transects ont été réalisés dans les murs pour collecter des données métriques sur les blocs, comprendre leur agencement et observer les étapes successives de construction et de reprises. Pour ne donner que deux exemples, on a pu constater sur les sections les mieux conservées que les blocs sont partout agencés à l’identique, la différence résidant, pour l’essentiel, dans leur forme anguleuse ou arrondie ; on a pu observer aussi que la section 19 du mur 1 conserve, de part et d’autre, un double parement fait de blocs de grandes dimensions, (fig. 5), l’externe servant soit au contrebutement d’un premier peut-être défectueux, soit à le consolider plutôt que de le reconstruire. Dans le détail on constate aussi quelques particularités. Ainsi, l’US 1094 de la section 19.1 est composée de deux pilettes juxtaposées de quatre blocs superposés (fig. 6) comparables à celles trouvées avec des blocs de mêmes modules (fig. 7) dans un chaînage d’angle de la structure 4. Cet assemblage vertical « en pile d’assiettes » coiffé d’une pierre plate, qui peut être imputé à un parementeur néophyte32, semble cependant avoir été employé de façon systématique dans la fortification protohistorique du Fossé des Pandours dans les Vosges33.

    Figure 5 : Structure 1, transect 19.1, coupe nord, (DAO A. Grzesznik).

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    Figure 6a et b : Structure 1, parement est du secteur 19.1.

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    Cliché A. Grzesznik ; DAO A. Grzesznik et A. Lugand.

    Figure 7 : Structure 4, chaînage d’angle « en pilette »

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    Cliché A. Grzesznik.

    19On observe également à chacune des extrémités de la structure 1 (sections 19 et 31 – fig. 8), des boutisses parpaignes de très grandes dimensions. Disposées en ligne, ces blocs traversants, le plus souvent placés en fondation ou en couronnement de mur34, font ici fonction de raidisseurs. Ils assurent la stabilité de la construction35 dans ses sections les plus épaisses où ils ont été préférés à un unique bloc monolithique traversant, moins facile à manipuler. Leur position dans la structure reste cependant aberrante puisqu’ils ne reposent pas sur la roche affleurante toute proche et qu’ils ne jouent aucun rôle dans le système de fondation.

    Figure 8 : Structure 1, coupe nord du transect 19.1.

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    DAO A. Grzesznik

    20Les sondages archéologiques ont permis d’observer quelques différences dans la mise en œuvre et la conception des fondations indispensables à la stabilisation des murs. La plupart d’entre elles se présentent sous la forme d’une fine couche de préparation ou d’un hérisson fait de blocs de petites dimensions. Or, celle de la structure 19.1 (fig. 9), dont la base ne se distingue pas de l’éboulis sur lequel elle est posée, se démarque du schéma général. Cette façon d’asseoir un mur massif en pierres sèches sur un amas de roche par nature instable, que l’on rencontre aussi sur le site néolithique de Faravel VIII dans les Hautes-Alpes36 mais dans un contexte topographique et structurel plus favorable, est en effet contraire aux règles de la construction pérenne (Sylvain Olivier, APBS). Elle pourrait donc avoir été disposée dans la pente, avec des matériaux ramassés à proximité pour compenser la rupture de pente et servir de base monumentale à la structure. Elle pourrait également recouvrir les vestiges d’une ancienne structure suffisamment dégradée pour qu’elle ressemble à un éboulis. Ce procédé qui constituerait une belle démonstration de l’ingéniosité développée par les bâtisseurs a été reconnu sur le site perché de Miard, en Côte d’Or, où le rempart protohistorique a été installé sur une fortification éboulée du Néolithique37. La structure 19.1 pourrait donc, elle aussi, se superposer aux vestiges d’un mur antérieur, solution qui aurait été préférée à celle de sa reconstruction. Rien, cependant n’autorise une telle datation alors que celle de la structure 4 est rendue possible par les horizons stratigraphiques sur lesquels elle fut posée.

    Figure 9 : Structure 4 : trou de poteau.

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    Cliché et DAO A. Grzesznik.

    21Cette enceinte atypique en raison de sa planimétrie en feston fut, à plusieurs reprises stabilisée par l’apport de remblais successifs sur la terrasse adjacente. L’étude de son bâti montre, par ailleurs, que la terre, incluse dans des radiers de cailloutis, et le bois, avec un trou de poteau situé à l’intérieur de la maçonnerie (fig. 10), sont également constitutifs de son architecture38, le poteau suggérant l’existence d’une palissade surmontant la maçonnerie. Ces données, certes bien insuffisantes pour qu’une restitution soit proposée, permettent tout de même de s’interroger sur les dispositifs de couronnement. Leur fragilité due à leur exposition, situation qui expliquerait plus généralement que les exemples archéologiques sur cette question soient rares sinon inexistants, en est sans doute la principale cause39. On peut toutefois admettre, en s’appuyant sur les données ethnographiques, que ces structures y compris celles du Saint-Mont, pouvaient être coiffés d’un rang de grosses pierres lourdes qui contribue à charger les assises inférieures tout en constituant un chaînage horizontal40.

    Figure 10a, b, c : Structure 1, secteur 19.1, hypothèses de restitution.

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    DAO A. Grzesznik.

    22En se référant aux données architecturales et environnementales disponibles qui souvent sont significatives des contraintes auxquelles les bâtisseurs sont soumis, d’autres solutions peuvent être proposées. Nous en évoquerons quelques-unes, à titre d’hypothèses qui auraient pu convenir à la structure 1, en admettant que sa largeur minimale, définie à partir de données statistiques, soit d’un mètre en moyenne.

    23La solution technique la plus courante est le clavage. Dans ce cas, le mur est couronné avec des pierres peu lourdes, bloquées les unes contre les autres selon le principe du voûtement41. Mais il existe des sous-types tels que le couronnement à pierres posées sur chant et inclinées ou blocage en hérisson42. La mise en œuvre des blocs par cette technique, qui évoque un opus spicatum, nécessite toutefois l’emploi de pierres plates, larges et minces de belles dimensions. Au Saint-Mont, où de rares pierres présentent naturellement cette morphologie, aucune n’a été retrouvée à proximité des murs, mais l’on peut admettre qu’elles ont été recouvertes par l’éboulis (fig. 10a). Le couronnement à dalles plates, posées horizontalement et en débord par rapport au nu du mur afin de contraindre l’accès aux parties supérieures43, est un autre procédé, moins fréquent, qui répond bien aux problématiques techniques des murs d’enceinte de la dimension de la structure 1 (fig. 10b). Il nécessite moins de pierres et de forme plus courante dans l’environnement mais réclame des moyens techniques importants. Le couronnement en talus est une technique pratique pour les bâtisseurs qui ne disposent pas de pierre d’un module suffisant pour un couronnement en clavage ou à dalle horizontale (fig. 10c). Il est couramment utilisé pour couvrir des murs de terrassements44 et doit être végétalisé pour optimiser sa fonction protectrice. Enfin, et pour terminer sur un exemple archéologique, la fouille du castrum de Waldheim, en Allemagne, a montré que des murs en pierres sèches pouvaient servir à soutenir des maçonneries romaines45.

    4. La limousinerie46 : une maçonnerie réservée à l’habitat et aux édifices cultuels

    24La maçonnerie de pierre sèche, qui forme un excellent apprentissage pour les ouvriers maçons47, ne s’observe que sur un seul des onze bâtiments mis au jour. Composée d’un seul parement et d’une fourrure d’éclats de granite, elle est plaquée au parement externe du mur oriental de la galerie (plateforme B) qui relie, sans doute dès le viie siècle, une aile d’un des bâtiments monastiques à l’abbatiale (fig. 1). Cet adossement, dont la fonction reste indéterminée mais qui fait passer la largeur initiale de 0,70 m à 1m /1,30 au plus, est, comme le mur primitif, construit sur la roche ambiante. Il s’en distingue toutefois dans la mesure où il ne dispose pas de fondations bien marquées.

    25Posées à même la roche débarrassée de l’arène granitique qui la recouvre, celles-ci sont, en général, de deux types. Le libage, autrement dit l’emploi de pierres brutes de moyens et gros modules48, ne se rencontre que lorsque les fondations doivent rattraper l’irrégularité du relief de façon à pouvoir dresser les murs sur une base proche de l’horizontale et/ou lorsqu’elles doivent servir à stabiliser le terrain. À l’inverse, là où le substrat rocheux est plan, subhorizontal ou de relative faible pente, la base des murs est le plus souvent composée d’une ou deux assises, rarement plus, de largeur légèrement supérieure à celles des élévations qu’elles supportent.

    Figure 11 : Plateforme B, bâtiment « O est Saint-Michel », élévation du Mur M4, parement ouest.

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    Relevé et DAO : Ch. Kraemer

    Figure 12 : Plateforme H, chapelle Sainte-Marguerite (xiie siècle), élévation du mur ouest, parement ouest.

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    Relevé L. Scholtus ; DAO : Ch. Kraemer.

    Figure 13 : Plateforme H, chapelle Sainte-Claire (xve siècle), élévation du mur nord, parement sud.

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    Relevé et DAO : Ch. Kraemer.

    Figure 14 : Plateforme H, basiliq e funéraire (vie-viie siècles), élévation du mur sud, parement sud.

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    Relevé V. Chevassu ; DAO : Ch. Kraemer.

    26Un même édifice peut donc présenter des fondations de types différents. C’est le cas, au nord de la plateforme B, de la structure alto médiévale qui peut être vue en raison de sa proximité avec une chapelle dédiée à Saint-Michel, comme les vestiges de la porterie, de l’hôtellerie, d’un logement pour les postulants ou encore de la léproserie que le fondateur lui-même fit construire à l’extérieur de la clôture49. Ces maçonneries, a priori en sous œuvre, conservent en effet les vestiges d’une fondation conçue comme un bahut de soutènement débordant de 30 à 50 cm et contenant, pêle-mêle, des moellons de quelques kilogrammes et des blocs impossibles à manipuler par un seul homme. En revanche, les fondations des deux murs parallèles (fig. 11), perpendiculaires au premier et dont on ne peut douter de la contemporanéité avec lui, sont, elles aussi, posées selon la technique du libage, mais leurs faces sont, cette fois, dans le même plan vertical que le nu des élévations.

    27Ce schéma est aussi celui des fondations du grand mur de même orientation que l’église voisine et qui constitue une des limites de l’emprise d’un vaste bâtiment monastique occupé sur la longue durée, du viie au xviie siècle. Posées dans une faible dépression rocheuse qu’elles barrent, elles s’y développent sans débord, sur une quinzaine de mètres de longueur et une hauteur de 0,70 m au plus profond qui lui permet de rattraper l’horizontalité. En revanche, sur une autre partie du bâtiment, au sud-est de la même plateforme et en contrebas du chœur de l’église, les fondations, lorsqu’elles ne reposent pas à même la roche, sont disposées sur une semelle de maçonnerie pouvant atteindre 1,20m d’épaisseur, dépassant largement celle du mur lui-même. Dans certains des cas, les fondations qui « ne sont pas portion d’un édifice, ains la place ou siège sur quoi la masse doit poser et être levée en sa droite hauteur »50 semblent avoir été liées à la terre à moins qu’il ne s’agisse d’infiltration des sédiments ambiants, ce qui parait difficile à démontrer sans un démontage minutieux des structures.

    28Dans d’autres cas, le bain de mortier a été privilégié. On désigne ainsi, dans les ouvrages de maçonnerie, le lit de mortier sur lequel on pose une pierre de taille ou des moellons51. Cette technique d’assemblage qui assure une meilleure étanchéité que les murs en pierres sèches, et rend par conséquent les habitats confortables, prévaut pour l’ensemble des murs – soit près de 500 m linéaires – pour la douzaine de bâtiments mis au jour. Leur épaisseur, faite de deux lignes de blocs juxtaposées sans blocage intérieur pour les moins épais, avec pour les autres, s’inscrit dans une fourchette de 0,50 m à 0,80 m, rarement plus. La taille et la forme des blocs de granite mis en œuvre donnent, de fait, aux parements une apparence grossière qui ferait vite conclure à la présence généralisée de maçonnerie en opus incertum. La réalité est différente. À bien y regarder en effet, les faces, bien que brutes, sont dressées verticalement selon des rangs plus ou moins horizontaux, d’un ou deux niveaux, et de hauteur approchante, généralement entre 20 et 24 cm, qui donnent à l’ensemble un appareil irrégulier de petits et moyens modules polygonaux à joints verticaux ou obliques relativement épais. Le principe du croisement de joints qui consiste à poser une pierre à cheval sur deux sous-jacentes n’y est pas systématique en raison, sans doute, de la taille et de la forme aléatoires des matériaux disponibles au moment de la pose. L’horizontalité des arases est régulièrement rattrapée par des cales de pose, et la tenue des maçonneries assurée par des boutisses croisées favorisant le chainage des deux parements et par des assises de stabilisation faites de pierres plus massives que les autres. L’arête supérieure de ces dernières matérialise d’ailleurs, parfois, un plan horizontal qui peut être interpréter comme la marque d’une pause dans la construction.

    29Ces limousineries, terme en usage depuis le xviie siècle52, dans lesquelles sont enchevêtrés des moellons de queue et des moellons courts, valent globalement pour tous les murs hourdés (comblés) au mortier de chaux du Saint-Mont, quelle que soit l’époque de leur construction (fig. 11, 12, 13). Sur la plateforme H, le grand mur sud de la basilique funéraire (fig. 14) s’en distingue toutefois. D’orientation est-ouest, ce mur de 0,70 à 0,75 m d’épaisseur, en partie mitoyen à deux bâtiments cultuels et qui se développe sur près de 24 m perpendiculairement à la pente, sert également à soutenir la terrasse faite d’une accumulation de blocs de granite sur laquelle furent aménagées en une fois, 11 rangées de sépultures maçonnées. Sa face interne n’est pas visible mais sa face externe renseigne précisément sur sa double fonction, de mur de soutènement et de mur de bâtiment. Sa base est, en effet, composée de quelques assises de libage dont le ratio moyen, longueur sur hauteur, est de l’ordre de 2,5 et la surface des parements d’environ 1000 cm2 53 tandis que son élévation est faite de blocs de moindre dimensions maçonnés mais plus ou moins bien assisés. Cette disposition n’est pas sans rappeler celle des parements des structures 1 et 4 montées en pierres sèches, à cette différence près que l’appareil irrégulier de la paroi a été relativement bien verticalisé pour pouvoir être dissimulé par un enduit de mortier ou par un placage de quelques centimètres d’épaisseur, fait d’éclats de granite liés.

    30De tous ces murs de bâtiments, dont certains conservent également des traces d’enduits ou de crépis destinés à les rendre plus encore étanches à l’eau et à l’air et améliorer la qualité de vie des populations qui les fréquentent, parfois même de stucs peints qui témoignent, à leur manière, de la recherche d’une certaine esthétique, certains présentent des traces de réaménagements ou de reprises, également en moellons de granite informes, qui n’avaient pas à être discutées ici mais qui ont tout leur intérêt dans une démarche d’archéologie du bâti laquelle invite naturellement à s’interroger sur les élévations originelles des maçonneries.

    31Dans cette perspective, il faut sans doute imaginer, en raison de leur relative faible hauteur de conservation et de l’abondance de clous trouvés à leurs abords, que certains murs, n’étaient peut-être que des solins supportant, comme on peut parfois le voir encore dans l’architecture rurale vernaculaire, une architecture en bois ; d’autres, en revanche, en particulier ceux des édifices religieux dont on sait par les sources historiques qu’ils étaient pourvus d’une voûte, étaient indiscutablement bâtis en dur sur toute leur élévation. Cette ossature architectonique, construite à posteriori (cas de la priorale Saint-Pierre au xive siècle) ou intégrée dans des constructions ex nihilo (chapelles Saint-Michel vers 1380 et Sainte-Claire avant 1450), était – exception faite de quatre colonnettes à chapiteau roman en granite monolithe – façonnée comme la plupart des éléments architecturés, dans du grès que l’on sait provenir, au xviie et xviiie siècle au moins, de carrières situées dans le massif du Fossard voisin. Il reste que si l’emploi du grès, plus facile à tailler, se justifie pour les éléments architecturés (voussoirs, linteaux, piedroits, éventuellement contreforts) on peut s’interroger sur les raisons qui ont amené les constructeurs du haut Moyen Âge à utiliser des dès de grès pour supporter la colonnade de la galerie (plateforme B) alors que le granit, compte tenu de ses propriétés physiques, aurait été plus approprié.

    32D’autres questions se posent encore sur l’origine du calcaire, sans doute calcinée sur place comme nous l’indique une archive certes tardive, pour obtenir la chaux entrant dans la fabrication du liant, des mortiers de sols et des enduits utilisés à la fois pour cacher l’appareil rustique54 et protéger les maçonneries dans cette région de moyenne montagne aux conditions climatiques particulièrement contrastées ; sur la nature des matériaux de couverture – tuiles, ardoises, « laves » de grès comme on pouvait encore en voir au siècle dernier sur les toitures de certaines maisons romarimontaines ou écailles de bois (bardeaux et tavaillons ou en patois local « essentes », « aisses » ou « aissies ») qui pouvaient également recouvrir les façades ; sur la relative abondance de verre plat dont une partie, de facture antique, laisse à penser que, dès le haut Moyen Âge, certains bâtiments disposaient d’un vitrage55.

    5. Conclusion

    33Outre le fait qu’il comble une lacune criante dans l’ouvrage récemment publié sur la Pierre dans l’Antiquité et au Moyen Âge en Lorraine, où le granite n’avait fait l’objet que d’une rapide évocation56 cette contribution montre que dans les Vosges comme partout où elle est naturellement présente, cette roche a très tôt été utilisée comme matériau de construction. À la différence d’autres régions, cependant, où l’emploi du moellon de granite équarri a plutôt été la règle57, les Vosges et le Saint-Mont en particulier ont, sauf exception, mis en œuvre selon les besoins et/ou la disponibilité de la matière première trouvée sur place, des blocs bruts de petits, moyens et gros modules à peine retouchés qui nécessitaient, néanmoins, pour assurer la stabilité des constructions, un savoir-faire maîtrisé, commun, comme le prétend Joseph-Mathieu Sganzin, aux deux techniques vernaculaires – celles de la pierre sèche et du moellonage lié habituellement en opus incertain et irrégulier.

    34Associées trop souvent au seul monde rural, elles sont regroupées depuis l’époque moderne sous le même nom – limousinerie ou limousinage – qui désigne, aujourd’hui encore, un assemblage de moellons employés presque bruts avec ou sans liant, et non assujettis à des hauteurs d›assises égales. Or, si l’art de bâtir répond, comme Nicolas Reveyron l’écrit, à une logique concrète déterminée par les lois physiques58 l’analogie entre les deux types de maçonneries s’arrête là dans la mesure où leur destination, au Saint-Mont du moins, est différente. Le premier, de tradition plutôt protohistorique, a été exclusivement adopté pour les ouvrages de grande ampleur nécessitant des moyens logistiques et humains importants qu’il s’agisse du « pont des fées » ou des quelques centaines de mètres de murs constitutifs du système d’enceintes a priori daté de l’Antiquité tardive ou des tous premiers temps du haut Moyen Âge et l’on peut raisonnablement admettre, pour ce dernier en particulier, que le choix d’un tel assemblage relève de préoccupations économiques, tant il aurait fallu importer de pierre à chaux absente de la géologie locale59.

    35Réalisée pendant longtemps avec un mortier maigre de prise lente en raison des caractéristiques des chaux aériennes ou faiblement hydrauliques, la seconde technique obligeait le maçon, comme pour la pierre sèche, à une grande rigueur technique dans l’appareillage. Elle répond aussi à des préoccupations relatives au confort. En effet, le mortier n’a pas pour seule fonction d’assurer la cohésion des maçonneries notamment lorsqu’elles sont en pierres brutes, il sert aussi dans le cas de construction en granite – roche peu poreuse et imperméable – à absorber l’humidité pour en limiter la pénétration dans les intérieurs60. Cette maçonnerie qui s’observe dans tous les édifices médiévaux et post-médiévaux du Saint-Mont, pourrait bien correspondre à celle de type « gaulois » que l’évêque Didier de Cahors, grand bâtisseur au début du viie siècle qui vécut à la cour d’Austrasie, oppose aux beaux murs en pierre de taille des monuments de tradition antique qu’il fait élever dans sa ville61.

    36Quoi que l’on pense de cette suggestion, il faut bien reconnaitre que l’information archéologique croisée à des données archéométriques et environnementales permet de mieux appréhender les réalités architecturales et qu’elle contribue à remettre en question la perception, par trop négative, des architectures vernaculaires trop mal documentées pour les périodes antiques et médiévales dans ce secteur des Vosges cristallines qui nous occupe ici. L’étude archéologiques de ces structures invite donc à prendre en compte leurs modes de construction et les savoir-faire qui les accompagnent pour tenter d’établir le lien avec le vocabulaire des formes, la nature des pierres mises en œuvre n’étant ni un critère stylistique, ni un critère d’identité culturelle62.

    37Au-delà de ces préoccupations, ce dossier s’ancre dans une problématique plus vaste, celle du projet collectif de recherche « AGER – Archéologie et Géoarchéologie du premier Remiremont et de ses abords », dont l’objet consiste à prendre en compte dans une approche archéo-anthropologique l’Homme dans son environnement, qu’il s’agisse des commanditaires pour l’essentiel des communautés religieuses qui, depuis le viie siècle, se sont retirées du monde dans un cadre austère qu’elles ont cherché à s’approprier, ou les bâtisseurs eux-mêmes qui ont utilisé les matériaux du terroir pour aménager l’espace, en particulier ces operari, ouvriers spécialisés ou simples paysans - la vitae de saint Romaric63 ne le dit pas – qui œuvraient, lors de la fondation de l’abbaye, aux chemins et aux bâtiments monastiques.

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    VIOLLET-LE-DUC Eugène, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, t. 2, Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1875.

    Waters 2016 :
    WATERS Michael, « Reviving Antiquity with Granite : Spolia and the development of Roman Renaissance Architecture »,
    Architectural History, 59, 2016, Cambridge University Press, p. 149-179 [Doi : 10.1017/arh.2016.5].

    Notes de bas de page

    1  Gall 2005.

    2  Aubert 1961, p. 316.

    3  Waters 2016 ; Chauris 2009 ; Gourou 1964. Pierre Gourou parle, pour les montagnes du Portugal septentrional, de « civilisation du granite » qui « se rattacherait sans discontinuité au Néolithique, donnant une nouvelle manifestation de l’archaïsme des faits humains ».

    4  Durand 1998, p. 16. Cet auteur prétend que dans les Vosges, aux xviie et xviiie siècles, on se sert du granit (sic) uniquement pour marquer les limites des territoires des communautés, paroisses et seigneuries » alors qu’il est utilisé en Bretagne, à la même époque, pour construire des maisons.

    5  C’est-à-dire une architecture qui fait référence à « quelque chose qui est propre à un pays », et qui est « établie depuis un temps immémorial ». Anguelova 1979, p. 2.

    6  Dujardin 2006.

    7  Koch 2015, p. 55.

    8  Fresse 1964, p. 6-8. https://univlorraine-my.sharepoint.com/:w:/g/personal/kraemer6_univ-lorraine_fr/Ed11Xxlp1npCgxgjtYq2FWIBkXRMaAiUieITKc5gv3mvhg?e=PUqa5m.

    9  Remiremont, Carte géologique de la France à 1/50000, XXXV- 19, Ministère de l’Industrie, Bureau de recherches géologiques et minières, Notice explicative, p. 20.

    10  Schneider 2004 ; Vajner 2015.

    11  Kraemer 2008 ; Kraemer, Chenal 2018.

    12  Grzesznik 2019 et 2020.

    13  http://terraegenesis.org/wp-content/uploads/terra_com/t6.pdf.

    14  C’est du moins ce que l’on peut déduire, d’une source certes tardive qui précise que lorsque les religieux du Saint-Mont, décident de reconstruire intégralement leur prieuré dans les premières décennies du xviiie siècle, ils exploitent une carrière de grès « en la montagne du Grismouton » dans le massif du Fossard, où ils possèdent, depuis la fin du xvie siècle, une grange. AC Remiremont, ms 60, fol° 275.

    15  Ce néologisme est emprunté au géologue Louis Chauris, auteur de nombreux articles sur la nature des roches mises en œuvre dans les monuments de Bretagne. Il qualifie de « polylithisme primaire », ou originel, la situation de tout édifice construit dès l’origine au moyen de différentes roches, et parle de « polylithisme secondaire », ou acquis, lorsque la variété des roches a été introduite par des remaniements intervenus après-coup. Chauris 2002.

    16  https://www.grupinex.com/fr/caracteristiques-physico-mechaniques-du-granit-et-adequation-lusage/.

    17  Vincent 1977 ; Hameurt 1967.

    18  AD 88 8 J192.

    19  AD 88 8 J192. Cette pratique du feu, fut en effet utilisée, au Saint-Mont dans les premières décennies du xviiie siècle, lors de l’arasement des roches qui hérissaient le sommet pour en faire une esplanade (plateforme C). Les difficultés rencontrées ont conduit à faire appel à des mineurs pour l’exploser à la poudre.

    20  Grzesznik 2019.

    21  Cagin et alii. 2017.

    22  Sganzin 1851.

    23  Cagin et alii. 2017.

    24  Beltrán de Heredia Bercero, Macias Solé 2017.

    25  Blanc-Gonnet et alii. 2017.

    26  Concernant le vocabulaire utilisé pour décrire les techniques de mise en œuvre dans la maçonnerie de pierres sèches, il est emprunté à l’ouvrage de Christian Lassure, qui fait référence.

    27  Grzesznik 2019 et 2020.

    28  Lebrun 1990, p. 3.

    29  Gérardin 2020, p. 43.

    30  Grzesznik 2018 et 2019.

    31  O’Driscoll 2019.

    32  Lassure 2001.

    33  Fichtl 1997.

    34  Lassure 2001.

    35  Lassure 2001.

    36  Mocci 2005.

    37  Coulaud et alii. 2015.

    38  Grzesznik 2019.

    39  Cagin et alii. 2017.

    40  Lassure 2001.

    41  Cagin et alii. 2017.

    42  Collectif 2007.

    43  Lassure 2001.

    44  Cagin et alii. 2017.

    45  Kortüm, Neth 2006.

    46  CNRTL, Littré, Académie française : Limousinerie, limousinage ou smillage, désignent « une maçonnerie faite avec des moellons et du mortier » ; Moulin 1994, p. 9-12 : Ces termes peuvent paraître anachroniques lorsqu’ils sont employés, comme ici, pour parler d’ouvrages réalisés antérieurement à leur apparition, dans le courant du xviie siècle, au moment où arrivèrent en masse du Limousin dans la région parisienne des maçons spécialisés dans ce travail ; Sganzin 1839, p. 119 : Au xixe siècle, ils désignent plus précisément une maçonnerie qui ne présente pas d’assise de hauteur identique et dans laquelle les moellons sont employés bruts.

    47  Sganzin 1839, p. 120.

    48  Nous reprenons ici les valeurs données dans Bessac et alii. 999, p. 125, pour qui les blocs de petit module ont une hauteur inférieure à 20 cm, tandis que celle des modules moyens se situe entre 20 et 35 cm, et celle des gros modules, est supérieure à 35 cm.

    49  Kraemer, Chenal 2018, p. 332 et 334.

    50  Alberti, v. 1450.

    51  Viollet le Duc 1875, t. 3, p. 66.

    52  Concernant le vocabulaire utilisé pour décrire les techniques de mise en œuvre dans la maçonnerie de pierres sèches, il est emprunté à l’ouvrage de Christian Lassure, qui fait référence.

    53  La surface des parements de ces gros blocs est comprise dans une fourchette allant de 350 et 1730 cm2 qui se fractionne en trois tiers d’égale importance numérique : inférieur à 700 cm2, compris entre 700 et 1100 cm2 et supérieur à 1100 cm2. Quant au ratio Longueur/ Hauteur il se situe pour la moitié des pierres mesurées, entre 2 et 3, l’autre moitié étant également distribuée en deux groupes de 1,25 à 2 et de 3 à 5.

    54  Picard 1991.

    55  Cabart et alii. 2017.

    56  Boulanger, Moulis 2018.

    57  Andrault-Schmitt 2011.

    58  Reveyron 2005, p. 32.

    59  À noter pour comparaison, que le mur de clôture en pierre du Mont-Saint-Odile (Bas-Rhin) est maintenu par des tenons de bois datés du début du Moyen Âge (Letterlé, 2001) mais qu’en règle générale, rares murs de fortification ou d’enceinte tardo-antiques documentées en France, témoignent, comme sur le site de la Couronne dans l’Allier (Martinez, 2018), d’une préférence pour la maçonnerie liée.

    60  Hughes et alii. 2008.

    61  « Denique primam inibi basilicam more antiquorum praeripiens, quadris ac dedolatis lapidibus aedificavit, non quidem nostro gallicano que more, sed sicut antiquorum murorum ambitus magnis quadris extrui solet » (Poupardin 1900, p. 38).

    62  Coomans 2011, p. 226.

    63  Mabillon AASS OSB II, p. 418.

    Auteurs

    • Charles Kraemer

      Ingénieur de recherche en archéologie
      UR 1132 HisCAnt-MA – Université de Lorraine

    • Axelle Grzesznik

      Chercheur associé UMR 6298 ArTeHiS– Université de Bourgogne Franche-Comté

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    Le geste et la trace

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    Francis Janot, Denis Morin et Gérard Giuliato (dir.)

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    Gérard Giuliato

    2008

    L’Austrasie

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    Sociétés, économies, territoires, christianisation

    Jacques Guillaume et Édith Peytremann (dir.)

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    Habitats princiers et seigneuriaux en Lorraine médiévale

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    2009

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    1  Gall 2005.

    2  Aubert 1961, p. 316.

    3  Waters 2016 ; Chauris 2009 ; Gourou 1964. Pierre Gourou parle, pour les montagnes du Portugal septentrional, de « civilisation du granite » qui « se rattacherait sans discontinuité au Néolithique, donnant une nouvelle manifestation de l’archaïsme des faits humains ».

    4  Durand 1998, p. 16. Cet auteur prétend que dans les Vosges, aux xviie et xviiie siècles, on se sert du granit (sic) uniquement pour marquer les limites des territoires des communautés, paroisses et seigneuries » alors qu’il est utilisé en Bretagne, à la même époque, pour construire des maisons.

    5  C’est-à-dire une architecture qui fait référence à « quelque chose qui est propre à un pays », et qui est « établie depuis un temps immémorial ». Anguelova 1979, p. 2.

    6  Dujardin 2006.

    7  Koch 2015, p. 55.

    8  Fresse 1964, p. 6-8. https://univlorraine-my.sharepoint.com/:w:/g/personal/kraemer6_univ-lorraine_fr/Ed11Xxlp1npCgxgjtYq2FWIBkXRMaAiUieITKc5gv3mvhg?e=PUqa5m.

    9  Remiremont, Carte géologique de la France à 1/50000, XXXV- 19, Ministère de l’Industrie, Bureau de recherches géologiques et minières, Notice explicative, p. 20.

    10  Schneider 2004 ; Vajner 2015.

    11  Kraemer 2008 ; Kraemer, Chenal 2018.

    12  Grzesznik 2019 et 2020.

    13  http://terraegenesis.org/wp-content/uploads/terra_com/t6.pdf.

    14  C’est du moins ce que l’on peut déduire, d’une source certes tardive qui précise que lorsque les religieux du Saint-Mont, décident de reconstruire intégralement leur prieuré dans les premières décennies du xviiie siècle, ils exploitent une carrière de grès « en la montagne du Grismouton » dans le massif du Fossard, où ils possèdent, depuis la fin du xvie siècle, une grange. AC Remiremont, ms 60, fol° 275.

    15  Ce néologisme est emprunté au géologue Louis Chauris, auteur de nombreux articles sur la nature des roches mises en œuvre dans les monuments de Bretagne. Il qualifie de « polylithisme primaire », ou originel, la situation de tout édifice construit dès l’origine au moyen de différentes roches, et parle de « polylithisme secondaire », ou acquis, lorsque la variété des roches a été introduite par des remaniements intervenus après-coup. Chauris 2002.

    16  https://www.grupinex.com/fr/caracteristiques-physico-mechaniques-du-granit-et-adequation-lusage/.

    17  Vincent 1977 ; Hameurt 1967.

    18  AD 88 8 J192.

    19  AD 88 8 J192. Cette pratique du feu, fut en effet utilisée, au Saint-Mont dans les premières décennies du xviiie siècle, lors de l’arasement des roches qui hérissaient le sommet pour en faire une esplanade (plateforme C). Les difficultés rencontrées ont conduit à faire appel à des mineurs pour l’exploser à la poudre.

    20  Grzesznik 2019.

    21  Cagin et alii. 2017.

    22  Sganzin 1851.

    23  Cagin et alii. 2017.

    24  Beltrán de Heredia Bercero, Macias Solé 2017.

    25  Blanc-Gonnet et alii. 2017.

    26  Concernant le vocabulaire utilisé pour décrire les techniques de mise en œuvre dans la maçonnerie de pierres sèches, il est emprunté à l’ouvrage de Christian Lassure, qui fait référence.

    27  Grzesznik 2019 et 2020.

    28  Lebrun 1990, p. 3.

    29  Gérardin 2020, p. 43.

    30  Grzesznik 2018 et 2019.

    31  O’Driscoll 2019.

    32  Lassure 2001.

    33  Fichtl 1997.

    34  Lassure 2001.

    35  Lassure 2001.

    36  Mocci 2005.

    37  Coulaud et alii. 2015.

    38  Grzesznik 2019.

    39  Cagin et alii. 2017.

    40  Lassure 2001.

    41  Cagin et alii. 2017.

    42  Collectif 2007.

    43  Lassure 2001.

    44  Cagin et alii. 2017.

    45  Kortüm, Neth 2006.

    46  CNRTL, Littré, Académie française : Limousinerie, limousinage ou smillage, désignent « une maçonnerie faite avec des moellons et du mortier » ; Moulin 1994, p. 9-12 : Ces termes peuvent paraître anachroniques lorsqu’ils sont employés, comme ici, pour parler d’ouvrages réalisés antérieurement à leur apparition, dans le courant du xviie siècle, au moment où arrivèrent en masse du Limousin dans la région parisienne des maçons spécialisés dans ce travail ; Sganzin 1839, p. 119 : Au xixe siècle, ils désignent plus précisément une maçonnerie qui ne présente pas d’assise de hauteur identique et dans laquelle les moellons sont employés bruts.

    47  Sganzin 1839, p. 120.

    48  Nous reprenons ici les valeurs données dans Bessac et alii. 999, p. 125, pour qui les blocs de petit module ont une hauteur inférieure à 20 cm, tandis que celle des modules moyens se situe entre 20 et 35 cm, et celle des gros modules, est supérieure à 35 cm.

    49  Kraemer, Chenal 2018, p. 332 et 334.

    50  Alberti, v. 1450.

    51  Viollet le Duc 1875, t. 3, p. 66.

    52  Concernant le vocabulaire utilisé pour décrire les techniques de mise en œuvre dans la maçonnerie de pierres sèches, il est emprunté à l’ouvrage de Christian Lassure, qui fait référence.

    53  La surface des parements de ces gros blocs est comprise dans une fourchette allant de 350 et 1730 cm2 qui se fractionne en trois tiers d’égale importance numérique : inférieur à 700 cm2, compris entre 700 et 1100 cm2 et supérieur à 1100 cm2. Quant au ratio Longueur/ Hauteur il se situe pour la moitié des pierres mesurées, entre 2 et 3, l’autre moitié étant également distribuée en deux groupes de 1,25 à 2 et de 3 à 5.

    54  Picard 1991.

    55  Cabart et alii. 2017.

    56  Boulanger, Moulis 2018.

    57  Andrault-Schmitt 2011.

    58  Reveyron 2005, p. 32.

    59  À noter pour comparaison, que le mur de clôture en pierre du Mont-Saint-Odile (Bas-Rhin) est maintenu par des tenons de bois datés du début du Moyen Âge (Letterlé, 2001) mais qu’en règle générale, rares murs de fortification ou d’enceinte tardo-antiques documentées en France, témoignent, comme sur le site de la Couronne dans l’Allier (Martinez, 2018), d’une préférence pour la maçonnerie liée.

    60  Hughes et alii. 2008.

    61  « Denique primam inibi basilicam more antiquorum praeripiens, quadris ac dedolatis lapidibus aedificavit, non quidem nostro gallicano que more, sed sicut antiquorum murorum ambitus magnis quadris extrui solet » (Poupardin 1900, p. 38).

    62  Coomans 2011, p. 226.

    63  Mabillon AASS OSB II, p. 418.

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    Kraemer, C., & Grzesznik, A. (2021). Le granite, un matériau de construction pérenne dans le massif vosgien cristallin : l’exemple du Saint-Mont (Vosges, Ve-XVe s.). In C. Moulis (éd.), Archéologie de la construction en Grand Est (1‑). Éditions de l’Université de Lorraine. https://doi.org/10.4000/13nek
    Kraemer, Charles, et Axelle Grzesznik. « Le granite, un matériau de construction pérenne dans le massif vosgien cristallin : l’exemple du Saint-Mont (Vosges, Ve-XVe s.) ». In Archéologie de la construction en Grand Est, édité par Cédric Moulis. Nancy: Éditions de l’Université de Lorraine, 2021. https://doi.org/10.4000/13nek.
    Kraemer, Charles, et Axelle Grzesznik. « Le granite, un matériau de construction pérenne dans le massif vosgien cristallin : l’exemple du Saint-Mont (Vosges, Ve-XVe s.) ». Archéologie de la construction en Grand Est, édité par Cédric Moulis, Éditions de l’Université de Lorraine, 2021, https://doi.org/10.4000/13nek.

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    Format

    Moulis, C. (éd.). (2021). Archéologie de la construction en Grand Est (1‑). Éditions de l’Université de Lorraine. https://doi.org/10.4000/13npn
    Moulis, Cédric, éd. Archéologie de la construction en Grand Est. Nancy: Éditions de l’Université de Lorraine, 2021. https://doi.org/10.4000/13npn.
    Moulis, Cédric, éditeur. Archéologie de la construction en Grand Est. Éditions de l’Université de Lorraine, 2021, https://doi.org/10.4000/13npn.
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