Chapitre 2. L’enceinte urbaine de Metz (fin XIIe-milieu XVIe siècle)
p. 67-219
Résumés
En raison d’un important essor urbain, la cité de Metz se dote d’une nouvelle enceinte fortifiée dès la fin du xiie siècle. La ville s’inscrit ainsi dans une dynamique impulsée dans le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique. Jusqu’au milieu du xvie siècle, les fortifications s’adaptent constamment aux progrès de l’armement, en particulier avec l’apparition de l’artillerie au milieu du xive siècle. Malgré la disparition de 80 % du système fortifié messin entre les xvie et xxe siècles, celui-ci est relativement bien documenté, notamment pour les xve-xvie siècles.
L’agrandissement de l’enceinte intervient entre 1196 et 1230 et est financé par la levée d’une dîme par l’évêque Bertram (1180-1212). La clôture de la ville est progressive : à l’est, le quartier Outre-Seille est protégé dès 1216 et celui d’Outre-Moselle peu avant 1226. Devenus inutiles, certains tronçons de la muraille antique sont abattus. Les premières modifications sur l’enceinte interviennent en 1324 avec le creusement d’un fossé en avant du mur d’Outre-Moselle. En 1381, le quartier de la Grève, à l’est, est à son tour englobé par un nouveau mur. La porte du Pontiffroy n’est bâtie qu’en 1379 dans la partie septentrionale de la ville, tandis que les premiers ouvrages avancés viennent doubler les portes du Pont-des-Morts (1380) et du Pont-Rengmont (1385). Ce mouvement se poursuit tout au long du xve siècle avec la construction de ceux de la porte des Allemands (1445), de la porte Saint-Thiébault (avant 1480) et de la porte Mazelle (1485). Le xve siècle voit surtout des adaptations du système défensif face au progrès de l’armement à feu avec l’élévation de murs de fausse braie, venant doubler le premier mur d’enceinte entre 1437 et 1527. Enfin, des innovations importantes sont mises en place au début du xvie siècle avec la construction des premières tours d’artillerie, comme le tour des Wassieux (ou d’Enfer) en 1515 et le moineau Desch en 1527. De nouvelles structures pour le tir apparaissent également, comme des casemates – pour les ponts – et des salles – pour les portes.
Munie de sept portes principales – celles des Allemands, de la porte du Pont-Rengmont, du Pontiffroy, du Pont-des-Morts, Serpenoise, Saint-Thiébault et Mazelle – et de douze poternes, l’enceinte messine est divisée ainsi en sept tronçons très bien documentés. Le mur de courtine, de nos jours en partie remblayée sur le front de Seille, présente une hauteur variant selon les secteurs, oscillant entre 10 et 14 m, pour une épaisseur de 2 à 4 m. Les murs de fausse braie, en avant du précédent, présentent également des configurations différentes selon les époques et les secteurs. Il peut s’agir de murs moins hauts (de 7 à 9 m) et moins épais (moins de 1 m), percés de meurtrières, comme dans le secteur de Chadeleirue, ou des murs de hauteur et d’épaisseurs équivalentes au mur de courtine. Ils créent ainsi de véritables boulevards d’artillerie, comme celui au nord de la porte des Allemands. En avant de ces deux murs, un fossé est généralement creusé. Il s’agit majoritairement de structures à fond plat, larges d’une vingtaine de mètres et profond de plus de 3 m, équipés de pieux au fond et d’un talus. Le site naturel de Metz étant baigné par la Moselle et la Seille, les deux rivières font également office de fossés en eau. Afin de franchir les deux cours d’eau, le mur d’enceinte prend parfois la forme de ponts fortifiés, ou portes d’eau. Quatre exemplaires sont attestés : le Moyen-Pont et les Grilles du Rimport sur la Moselle et les ponts des Grilles de la Haute et de la Basse-Seille. Véritables prolongements du mur de courtine, ils étaient munis de grilles en bois (ou baires) amovibles. Par ailleurs, grâce aux visitations, c’est-à-dire des inspections de l’état des fortifications, soixante-seize tours de plans différents selon les secteurs (circulaire, semi-circulaire, carré, en éperon) sont attestées au début du xvie siècle. Entre les xve et xvie siècles, elles s’adaptent elles aussi aux progrès de l’artillerie et les archères sont progressivement remplacées par des canonnières et des archères-canonnières, dont peu d’exemplaires sont encore visibles. Bretèches, hourds et mâchicoulis viennent par ailleurs compléter le dispositif défensif. Pour le tir à couvert, de nouvelles structures sont construites, comme les salles de la porte des Allemands pour les armes de petit calibre, et les plateformes, comme celles de la porte du Pontiffroy et de la porte Mazelle pour les plus gros calibres, sont élevées pour le tir à découvert et à plus longue portée.
Due to a significant urban development, Metz got a new wall from the late 12th century. The city was thus part of a dynamic generated in France kingdom and Holy Roman Germanic Empire. Until the mid- 16th century, fortifications were constantly adapting to weaponry advances, particularly with the appearance of artillery in the mid-14th century. Despite the disappearance of 80 % of the fortified system in Metz between the 16th and 20th centuries, this system is relatively well documented, especially for the 15th-16th centuries.
The enclosure expansion occurred between 1196 and 1230 and was funded by a tithe established by bishop Bertram (1180-1212). The city fence is progressive : to the east, Outre-Seille area was protected from 1216 and Outre-Moselle area shortly before 1226. Some sections of the ancient wall were destroyed, as they became useless. The first modifications to the enclosure began in 1324 with the digging of a ditch in front of Outre-Moselle wall. In 1381, Grève area, in the east, was also surrounded by a new wall. Pontiffroy gate was built in 1379 in the northern part of the city, while the first outworks are double doors at Pont-des-Morts gate (1380) and Pont-Rengmont gate (1385). This movement continued throughout the 15th century with works at Porte des Allemands (1445), Saint-Thiebault gate (before 1480) and Mazelle gate (1485). During the 15th century, we noticed mostly adaptations of the defensive system against the progress of the fire weapons, with the rise of faussebraye, which doubles the first city wall between 1437 and 1527. Finally, significant innovations were settled up in the early 16th century with the construction of the first artillery towers, like Wassieux tower (or tour d’Enfer, Hell tower) in 1515 and Desch caponier in 1527. New structures for shooting also appeared, such as firing bunkers – for bridges – and indoor ranges – for gates.
With seven main gates – Porte des Allemands, Pont-Rengmont gate, Pontiffroy gate, Pont-des-Morts gate, Serpenoise gate, Saint-Thiebault gate and Mazelle gate – and twelve posterns, Metz enclosure was thus divided into seven well documented parts. The curtain wall, nowadays partially backfilled on the front of Seille, had a height changing according to sectors, ranging between 10 and 14 m, a thickness of 2 to 4 m. The faussebray, ahead of curtain wall, also had different configurations according to times and areas. They were either lower walls (7 m to 9 m) or thinner (less than 1 m), pierced with slits, as in Chadeleirue sector, or walls with the same height and thicknesses as the curtain wall. They represented real artillery bulwarks, such as Porte des Allemands. In front of these two walls, a ditch was generally dug, which was mostly a structure with flat base plate, about twenty meters wide, and more than 3 meters deep, equipped with wooden piles in the bottom and an embankment. The natural site of Metz being bathed by the Moselle and the Seille, the two rivers also functioned as water ditches. To cross these two rivers, the city wall sometimes took the form of fortified bridges, or water gates. Four exemples are attested : Moyen-Pont and Grilles du Rimport on the Moselle, and Pont des Grilles de la Basse Seille and Pont des Grilles de la Haute-Seille. As real extensions of the curtain wall, they were equipped with removable wooden grids (or baires). Furthermore, thanks to visitations, that is to say inspections of the fortifications state, seventy six different plans towers depending on sectors (circular, semi-circular, square, spur) were attested in the early 16th century. Between the 15th and 16th centuries, they also adapted to the progress of artillery and arrow slits were gradually replaced by gunboats, a few copies of them are still visible. Gatehouses, hoardings and machiolation also completed the defenses. For cover shooting, new structures were built, such as indoor ranges of Porte des Allemands for small arms, and platforms, such as Pontiffroy and Mazelle gates for larger sizes, were high for short and longer range shooting.
Dank eines großen Aufschwungs baut die Stadt Metz ab dem Ende des 12. Jahrhunderts eine neue Befestigung. Ähnliches ist zeitlich parallel auch im französischen Reich und im Heiligen Römischen Reich beobachtet worden. Bis zur Mitte des 16. Jahrhunderts entwickelt sich die Stadtmauer nach den Fortschritten der Rüstung, insbesondere der Entwicklung der Artillerie Mitte des 14. Jahrhunderts. Trotz der Zerstörungen und des Verschwindens von 80 % der Befestigung zwischen dem 16. und dem 20. Jahrhundert ist diese Stadtmauer besonders für das 15. und 16. Jahrhundert gut dokumentiert.
Die Vergrößerung der Stadtmauer findet zwischen 1196 und 1230 statt und wurde von einem Zehnt des Bischofs Bertram (1180-1212) finanziert. Die Abriegelung der Stadt erfolgt schrittweise. Östlich ist das Viertel Outre-Seille ab 1216 befestigt ; das Viertel Outre-Moselle etwas vor 1226. Einige Teile der antiken Stadtmauer waren also nutzlos und wurden vernichtet. Die ersten Änderungen der Befestigung erfolgen im Jahr 1324 : ein Graben wird vor der Mauer von Outre-Moselle ausgehoben. 1381 wird das östliche Viertel„ de la Grève“durch den Bau einer neuen Mauer in die Innenstadt integriert. Das Tor von Pontiffroy wird erst 1379 in der nördlichen Stadt angelegt und gleichzeitig werden auch Vorposten errichtet. Das Ziel ist, die Befestigung des Tors der Totenbrücke (Pont-des-Morts – 1380) und der Rengmont-Brücke (1385) zu verdoppeln. Diese Entwicklung wird mit weiteren Maßnahmen im gesamten 15. Jahrhundert weitergeführt : Bau der Vorposten des Deutschen Tors (1445), des Saint-Thiébault-Tors und des Mazelle-Tors (1485).
Während des 15. Jahrhunderts wurden Änderungen an der Stadtmauer vorgenommen, da sich die Feuerwaffen weiterentwickelten. Deshalb werden zwischen 1437 und 1527 Fausses-Braies (Vorwall-) Mauern gebaut, um die Befestigung zu verdoppeln.
Einige wichtige Neuerungen werden am Anfang des 16. Jahrhunderts vorgenommen. Es handelt sich um den Bau der ersten Artillerie-Türme, wie zum Beispiel 1515 die Wassieux, den d’Enfer Turm oder le moineau Desch im Jahr 1527. Weiterhin werden auch neue Schießstrukturen angelegt, z.B. Kasematten (für die Brücke) oder Räume für die Tore.
Die Metzer Stadtmauer besteht aus sieben Haupttoren (Deutsches Tor, Tor der Rengmont-Brücke, Pontiffroy, Totenbrücke, Serpenoise, Saint-Thiébault und Mazelle) und zwölf Poternen. Sie ist also in sieben gut dokumentierte Stücken aufgeteilt. Die Courtine-Mauer, heute teilweise an der Seille zugeschüttet, ist zwischen 10 und 14 Meter hoch und 2 bis 4 Meter breit. Die Fausse Braie (Vorwall-) Mauern weisen je nach Alter und Lage verschiedene Merkmale auf. Manchmal sind die Mauern flacher (7-9 Meter) und schmaler (unter 1 Meter), jedoch mit Schießscharten versehen wie zum Beispiel im Chandeleirue-Bereich. Aber manchmal haben die Fausse Braie (Vorwall-) Mauern auch dieselben Merkmale wie die Courtine-Mauern. Es gibt dann also eine regelrechte„ Artillerie-Avenue“so wie nördlich des Deutschen Tors. Vor diesen zwei Mauern findet man oft einen Graben. Es handelt sich prinzipiell um flache Gräben, die ca. 20 Meter breit und mehr als 3 Meter tief sind, mit Pfählen und einer Böschung.
Die Stadt Metz hat sich zwischen den Flüssen Mosel und Seille entwickelt, welche auch als Wassergräben genutzt wurden. Um die Flüsse zu überqueren sind manchmal befestigte Brücken oder Schleusenüberquerungstore gebaut worden. Hiervon sind vier bekannt : Moyen-Pont (Mittel-Brücke), die Rimport-Gitter auf der Mosel, und die beide Gitter-Brücken der Ober- und Nieder-Seille.
Diese Brücken gehören zur Stadtmauer und bestehen unter anderem aus abnehmbaren Holzgittern (baires). Dank der visitations, das heißt Inspektionen der Befestigung, sind 76 Türme (runde, halb-runde, viereckige und spornförmige) vom Anfang des 16. Jahrhunderts bekannt. Im 15. und 16. Jahrhundert passen sich diese Türme an die Weiterentwicklung der Artillerie an : die Bogenschützen werden durch Kanonenboote und Kanonen- und Bogenscharten ersetzt. Nur wenige Exemplare sind noch sichtbar. Die Verteidigung besteht weiterhin aus Wehrerkern, Hurden und Pecherkern. Für Schüsse aus der Deckung werden neue Elemente gebaut : zum Beispiel Räume im Deutschen Tor für kleinkalibrige Waffen und Plattformen für großkalibrige Waffen (unter anderem im Pontiffroy- und Mazelle-Tor). Diese Elemente werden für unbedeckte und lange Reichweite-Schüsse benutzt.
Texte intégral

1Aux xiie et xiiie siècles, Metz connaît un nouvel essor, comme d’autres villes en Occident à la même période, notamment dans le royaume de France1. Ce renouveau urbain contraint les magistrats messins à protéger les nouveaux faubourgs qui abritent l’essentiel des activités économiques.
2Au même moment, les progrès de la poliorcétique nécessitent la construction de nouvelles enceintes, mieux adaptées. Metz se dote de la sienne dès la fin du xiie siècle, comme Arras (avant 1170), Agde (1173), Perpignan (1176), Chartres (1181), Auxerre (1192), Nevers (1194), Saint-Omer (1200)… Ce mouvement est initié dans le royaume de France par Philippe Auguste avec la reconstruction des fortifications de Paris (1190), Vervins (avant 1209), Marle (avant 1227), Bonneval (avant 1220)…2. La cité messine s’inscrit donc dans cette dynamique qui atteint son apogée en Lorraine et en Alsace au cours de la seconde moitié du xiiie siècle avec l’édification des fortifications de Vic-sur-Seille3, Mousson et Épinal en Lorraine, ou celles des villes d’Empire, Rosheim, Obernai, Thann, etc.4
3Les magistrats messins font ainsi ériger une imposante enceinte urbaine pour protéger un territoire de 160 ha et une population – intra muros – estimée à environ 20000 habitants5. Entre le début du xiiie siècle et le milieu du xvie siècle, ces fortifications ne cessent de s’adapter aux améliorations de l’armement, notamment de l’artillerie, grâce aux interventions régulières des septeries* des Murs et de la Guerre (cf. chapitres 3 et 4). Vers 1530, la muraille présente une longueur de 5575 m ; elle est flanquée de soixante-seize tours (Annexe 1), constituant ainsi une fortification importante pour l’époque6. Cette mesure est confirmée, à quelques mètres près, par un document de 1499 dans lequel il est fait mention d’une longueur de 2877 toises, soit entre 5100 et 5600 m, selon la valeur de la toise retenue7. Percée de sept portes principales, l’enceinte est ainsi découpée en sept portions. Grâces aux documents d’archives, aux manuscrits des xve-xvie siècles, aux représentations iconographiques à partir de l’époque moderne, et aux documents relatifs à l’architecture militaire médiévale, l’histoire de la fortification de Metz est relativement bien connue, malgré la disparition de 80 % du système fortifié.
1. Les grandes étapes de la construction (J. Trapp)
1.1. La nécessité de construire une nouvelle enceinte (1196 - v. 1230)
4À la fin du xiie siècle, la cité de Metz est toujours protégée par son enceinte de l’Antiquité tardive, agrandie aux ixe-xe siècles. Cependant, les activités économiques prospèrent à cette époque et se développent dans les faubourgs, notamment dans le quartier du Neufbourg, au sud-est. Afin de les mettre à l’abri des convoitises des seigneurs voisins, les magistrats messins, en accord avec l’évêque, décident d’ériger une nouvelle enceinte.
Fig. 45 : Charte de l’évêque Bertram instaurant une dîme pour la construction de la nouvelle enceinte (1196) (

© Archives départementales de la Moselle, 2G65, pièce n° 9).
5Sa construction débute à l’extrême fin du xiie siècle. En 1181, une dîme* est créée pour la rénovation des fortifications8. Toutefois, il s’agit probablement de l’achèvement de la construction de l’enceinte protégeant le Neufbourg, édifiée quelques décennies plus tôt. La charte émise par l’évêque Bertram (1180-1212) instaurant une nouvelle dîme* en 1196 atteste formellement le début des travaux (fig. 45). Des trois dixièmes de la dîme* prélevée sur les legs testamentaires, un dixième revient aux chanoines de la collégiale Saint-Thiébault, un autre aux Lépreux de Saint-Lazare (Saint-Ladre) et le dernier est destiné à la restauration des murs de la cité. Cette ressource étant insuffisante, les bourgeois décident de lever un nouvel impôt sous la forme d’une taille*. Toutefois, les établissements ecclésiastiques, bien qu’ils bénéficient de la protection de l’enceinte, refusent de s’y soumettre. Cela entraîne des troubles dans la ville pendant plusieurs mois entre 1208 et 12099. Selon la bulle d’Innocent III de 1209, les bourgeois sont accusés d’avoir « extorqué par la violence des sommes d’argent pour faire des fortifications et des fossés »10. De nouvelles taxes indirectes sont levées en 1226, provoquant à nouveau des protestations du clergé11. Par la charte de paix du 12 août 1226, Warin, abbé de Saint-Vincent, reconnaît finalement le droit de la cité à soumettre le clergé aux impôts pour la fortification, mais il est stipulé que l’abbaye ne devait plus rien payer pour la « fermeteit* » de la ville12.
6La construction du mur d’enceinte s’achève à la fin du premier quart du xiiie siècle. Avant 1230, quatre faubourgs établis au nord, à l’est et à l’ouest du mur antique sont englobés dans la nouvelle enceinte (fig. 46). Il est toutefois probable qu’une partie plus ou moins importante des fortifications n’est encore qu’une simple palissade précédée d’un fossé.
7En 1216, la mention d’une poterne sur la Seille, située derrière l’église Saint-Eucaire, permet de supposer que ce secteur est déjà pourvu d’une défense13. Le faubourg d’Outre-Moselle, qui était situé sur la partie méridionale de l’île Chambière, était en grande partie entre les mains de l’abbaye de Saint-Vincent. La cité, en expropriant pour les fortifications des terrains qui leur appartenaient14, entre en conflit avec les Bénédictins. En août 1226, l’arrangement conclu entre la ville et Saint-Vincent prouve que l’abbaye est alors enclose dans les murs de la ville15. L’enceinte établie le long de la rive droite du « grand bras » de la Moselle qui, sur près de 600 m présente un tracé rectiligne, a vraisemblablement été construite en une seule campagne de travaux. Il n’en va pas de même pour le reste du mur qui ferme le quartier au nord entre les deux bras de la Moselle vers la porte Chambière. Ici, une succession d’angles rentrants et de courbes témoignent que des fortifications préexistantes du haut Moyen Âge paraissent avoir été intégrées à la nouvelle enceinte médiévale. L’angle rentrant de la tour des Couvreurs (Racowatours*) semble indiquer qu’un mur est venu se greffer sur les défenses antérieures – tardo antiques ou du haut Moyen Âge avant 850 dans tous les cas – de la tête du pont de Moselle, étendue à une époque indéterminée jusqu’à la porte Chambière. Ce secteur constitue précisément l’une des zones les plus densément peuplées du quartier. Une porte ouvrant sur Franconrue (rue du Pontiffroy), appartenant probablement aux fortifications du haut Moyen Âge, est attestée en 128016. Au même moment, une tour qui pourrait être une tour de l’enceinte déclassée, bâtie au débouché d’En-Franconrue, est vendue par les magistrats17.
8Le faubourg, qui, de Porte-Moselle descendait vers la Seille de part et d’autre de la rue d’Aiest18, est enfermé dans une ligne de défense qui longeait la rive droite du bras intérieur de la Moselle jusqu’à la confluence, puis revenait par la rive gauche de la Seille jusqu’aux pentes abruptes de la colline Sainte-Croix.
Fig. 46 : Tracé de l’enceinte construite au début du xiiie siècle (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

9En 1227, le mur antique doit avoir été déclassé ce qui permet de démolir la tour maîtresse de l’ancienne Porte-Moselle19. Par ailleurs, l’enceinte gallo-romaine ne servant plus, la porte établie au bas d’En-Fournirue disparaît avant 1245, date probable du renouvellement du cérémonial ancien de la cathédrale qui cite le lieu « ubi fuit quondam porta saliae »20. Le mur à côté de la porte est vendu dès juillet 123421.
10Les premiers éléments formellement identifiés apparaissent dans les textes peu de temps après : dès 1235, la porte Serpenoise est attestée22, tandis que la porte en Chadeleirue est le premier élément du front de Seille à être évoqué en 125123. Cependant, le mur en Chadeleirue n’est attesté qu’en 1293 dans les bans de tréfonds* de la ville24. Ce texte révèle que l’entretien du mur est à la charge de la cité de Metz.
11Dès 1234, la ville dispose entièrement de ses fortifications quand les bourgeois chassent définitivement l’évêque réfugié à Vic-sur-Seille, après la guerre des Amis. La ville cède alors à des particuliers, ou à des établissements ecclésiastiques, des portions de murs, des terrains situés aux alentours et les logements établis sur la muraille25.
1.2. Renforcement des défenses et construction des premiers ouvrages avancés (1324-1385)
12Les premiers travaux sur l’enceinte ont lieu en 1324 (fig. 47). En novembre, au cours de la guerre des Quatre Seigneurs, un petit quartier de maisonnettes, gerdins* et meis* qui s’étendait entre les murs de la cité et la rivière vers le pont des Morts et le pont Thiffroy est détruit. Les Sept de la Guerre, chargés de la mise en défense de la cité, décident de faire creuser des fossés tout autour des murs d’Outre-Moselle, depuis le ruisseau des Pucelles jusqu’à la porte Chambière. Le mur de courtine et le fossé sont ainsi séparés par un baile*, peut-être aménagé par un second mur. En effet, une opération archéologique a permis en 2013 la mise au jour du mur de fausse braie* du front Saint-Vincent. Ses fondations ont révélé un coffrage en bois daté par dendrochronologie du premier quart du xive siècle26. Bien qu’il soit prématuré de parler de mur de fausse braie* à cette époque, il est possible que le baile* ait été consolidé à sa base par un premier mur pour éviter tout effondrement du fossé, avant d’être rehaussé.
13Dans la partie orientale de la cité, il est envisagé à la fin du xive siècle d’enclore l’espace dénommé « la Grève », laissé en dehors des murs au début du xiiie siècle, peut-être en raison d’un secteur difficilement aménageable, dû à la présence de sable et de gravier, baigné par la Seille. Mais il est probable que les tensions entre la ville et l’évêque, qui y possédait deux moulins au moment de la construction de l’enceinte, constitueraient une hypothèse plus plausible. Le nom d’Épaisse-muraille (qui a laissé son nom à une des rues du quartier) a été donné au mur qui fermait le quartier d’Outre-Seille (du côté de l’église Saint-Eucaire) et le séparait de la Grève27. Ce terrain limité au nord par le mur de Chadeleirue n’était pas compris dans l’espace enclos avant la fin du xive siècle. Il constituait donc un coin qui, s’enfonçant profondément dans les défenses de la cité, pouvait se révéler fort préjudiciable. La fermeture de cet espace n’est entreprise qu’à la fin du xive siècle. Vers 1380-90, les bourgs de Burey, Stoxey, Chaponrue et Stintefontaine, qui s’alignaient devant le mur d’enceinte, de part et d’autre du confluent des deux bras de la Seille, sont successivement déplacés ou détruits. La Chronique des Maîtres-Échevins rapporte qu’en 1381 « fuit acommancies fermetes a la grevez on champel »28. Ce prolongement de l’enceinte du xiiie siècle est mentionné plus tard dans un acte du 23 janvier 142029. Dans ce texte, il est également question de la poterne située en bas de la rue du Champé et qui est murée en 1420. Elle l’est probablement en raison de son inutilité à la suite de la construction des nouveaux murs. Afin de franchir la Seille, il est nécessaire de construire le pont des Basses-Grilles de la Moselle, véritable prolongement du mur d’enceinte. Cette période voit alors la construction de nombreux ponts, remplaçant ainsi les ponts en bois. Outre ce pont, la Moselle voit au cours du xive siècle l’élévation de deux nouveaux ponts fortifiés : le Moyen-Pont-des-Morts, achevé avant 1312, et celui des Grilles de la Basse-Moselle en 1360. Tous ces ponts comportent des grilles (ou baires*) afin de compléter leur système défensif.
Fig. 47 : Tracé de l’enceinte avec ses ajouts du xive siècle (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

14La fin du xive siècle voit également la construction d’une nouvelle porte et des premiers ouvrages avancés. En effet, la porte du Pontiffroy ne figure pas dans la liste de 132430. En 1356, l’empereur Charles IV et sa suite, accueillis à la croix du pont Thiffroy, entrent dans la ville par la porte du Pont-des-Morts. La zone ainsi couverte pouvait être considérée comme étant à l’intérieur des murs puisque la petite maison cistercienne de Notre-Dame du Pontiffroy avait pu trouver place dans cet enclos. Cet établissement est supprimé – ou déplacé – en vertu d’un atour de 1330, « parce qu’il joignait une des maîtresses portes de la cité »31. La construction de la porte, munie d’un ouvrage avancé, n’est formellement attestée qu’en 1379 dans la Chronique des Maîtres-Échevins32. L’année suivante, celui de la porte du Pont-des-Morts est édifié. En 1385, l’ouvrage avancé de la porte du Pont-Rengmont est réalisé : il se présente sous la forme d’une grosse tour carrée construite en avant de la porte33. Ce mouvement se poursuit tout au long du xve siècle et concerne toutes les portes de l’enceinte.
Fig. 48 : Tracé de l’enceinte avec ses ajouts du xve siècle (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

1.3. Les premières adaptations aux effets de l’artillerie au XVe siècle (1430-1485)
15L’usage de l’artillerie se répand en Occident depuis la fin du xive siècle, mais les premières adaptations sur les fortifications ne sont mises en place qu’au début du xve siècle. Ce phénomène est global et la plupart des villes fortifiées s’adaptent aux progrès de l’artillerie. Remparts*, boulevards* et barbacanes* viennent compléter les dispositifs existants, comme dans les Pays-Bas vers 1400 ou dans l’Ouest vers 141534. Cette tendance s’observe à Metz dans les années 1430- 1440, lorsque les principales portes de la ville se dotent de tels aménagements (fig. 48).
16En 1430, la porte en Anglemur est flanquée de ses deux tours, l’une dite des Vignerons et une autre entretenue par la cité35, et d’un baile* en avant, tandis que d’importants travaux sont entrepris à la porte Mazelle36. En 1444-1445, les portes du Pont-des-Morts, Serpenoise et des Allemands sont munies d’un ouvrage avancé (fig. 49). Le 8 février 1444 (1445 n. st.), les arches du pont de la porte des Allemands s’effondrent37. Entre Pâques et la Pentecôte de la même année, le pont est reconstruit et entre juillet et août, les fondations des deux tours de l’ouvrage avancé sont posées38. En 1480, la galerie voûtée sur croisée d’ogives est construite pour relier la porte du xiiie siècle à l’ouvrage de 144539. En 1482, un profond fossé est creusé devant la porte40. À la fin du siècle, les dernières portes sont munies de leurs ouvrages avancés. La porte Saint-Thiébault est pourvue du sien dès avant 1475, date à laquelle sont citées « les deux portes de Saint-Thiébault »41. La porte Saint-Thiébault est reconstruite avant 148042. L’ouvrage avancé de la porte Mazelle est édifié, quant à lui, en 1485.
Fig. 49 : Dessin d’A. Bellevoye de l’inscription sculptée sur l’ouvrage avancé de la porte des Allemands (« Henri de Bustorf de Ranconval fut de cest ouvrage maistre principal 1445 ») (xixe siècle) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
17Les premières fausses braies* sont également élevées à cette époque. Elles viennent doubler le mur du xiiie siècle sur la presque totalité de son parcours, à l’exception de trois sections totalisant moins de 600 m. Il est surprenant de relever que c’est précisément sur les murs du Neufbourg et du Champ-à-Seille, entre le mur antique et la Seille, l’un des secteurs de la ville les plus exposés, que l’on en constate l’absence. La première fausse braie* semble être celle construite entre la porte Serpenoise et la porte Saint-Thiébault, puisque la tour Camoufle, attenante à la fausse braie*, date de 143743. Deux autres sont édifiées en avant du mur en Chadeleirue et au sud de la tour Maudite, vraisemblablement vers 1450-1475. Les comptes des Gouverneurs des Murs* sont manquants pour la période de 1480 à 149144, mais il est probable que la section de la fausse braie* reliant la porte Mazelle à la porte des Allemands a été édifiée après 1485 et avant 1491.
18Les premières chambres de tir percées de canonnières sont enfin construites au niveau des ponts sur la Moselle, notamment aux extrémités du Moyen-Pont en 148445.
1.4. Les innovations du XVIe siècle (1502-1531)
19Le premier tiers du xvie siècle voit les dernières modifications apportées sur l’enceinte de Metz (fig. 50). La construction d’ouvrages en lien avec les progrès de l’artillerie s’amplifie alors : salles et plateformes de tir viennent s’ajouter aux principales portes, tandis que plusieurs tours d’artillerie sont édifiées entre 1515 et 1527.
20D’importants travaux sont entrepris durant l’été 1502 aux fossés de la porte des Allemands afin de consolider les tours de l’ouvrage avancé, dont les fondations ont été minées par les eaux de la Seille46. Ces travaux sont achevés en 1506, comme le rappelle l’inscription placée sur le contrefort de la tour sud : « Reprouche 1506 » (fig. 51).
Fig. 51 : Inscription « Reprouche 1506 » sculptée sur la culée de la tour sud de l’ouvrage avancé de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

21Les principaux travaux de cette décennie concernent toutefois la porte Serpenoise. Entre 150347 et 151048, un imposant boulevard* de plan circulaire muni de chambres de tir est bâti en avant de la porte primitive49, sorte de barbacane* protégée par un large fossé franchi par un pont dormant. Cet ouvrage est connu par le plan du siège de 1552 et peut être comparé à celui de la porte Saint-Florian, de l’extrême fin du xve siècle, à Cracovie50 (Pologne), ou la barbacane* de la porte Saint-Georges – la « Turnul Portii » – construite en 1504 à Alba Iulia (Roumanie).
Fig. 50 : Tracé de l’enceinte avec ses ajouts du xvie siècle (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

22Dans l’angle sud-est, une énorme tour d’artillerie, la tour des Wassieux, appelée à l’époque moderne « tour d’Enfer », est édifiée en 1515 sur l’ordre de Nicolas de Heu, alors Gouverneur des Murs* pour cette section de l’enceinte51, reliée à la porte Serpenoise par une fausse braie*, mise au jour partiellement en 1901. Ce secteur voit par ailleurs la construction de plusieurs plateformes de tir, celle dite « de Sainte-Marie », édifiée après 1542 puisqu’à cette date, elle n’est encore qu’à l’état de projet et la zone est alors louée à un cordier52. Une plus petite plateforme est également mentionnée au nord de la tour des Wassieux. D’autres plateformes sont attestées, comme celle située à l’est de la porte Mazelle, les deux terrasses de tir installées en arrière de la porte du Pontiffroy et la plateforme Verte en arrière de la tour Camoufle. Les mentions de plateformes sont quasiment inexistantes, mais ce type de construction est datable du début du xvie siècle. Qui plus est, certaines figurent déjà sur le plan du siège de 1552, où elles sont renseignées comme « élevées par ceux de la ville ».
23Les derniers travaux importants de ce siècle sont réalisés au nord de la porte des Allemands. En 1523, les conditions météorologiques sont mauvaises, comme le rapporte la Chronique en vers de Jean dit le Châtelain53. Cela est confirmé par une lettre des commis chargés de la correspondance avec l’empereur du Saint-Empire romain germanique datée du 8 août 1527. Ils lui réclament une diminution de la taxe imposée sur la ville de Metz, pour son voyage à Rome54. Cette lettre rapporte également que de fortes pluies ont provoqué un effondrement d’une partie de l’enceinte, près de la porte des Allemands. Il est question de la reconstruction du mur, qui doit comprendre la fausse braie* édifiée entre 1526 et 1527. Le passage voûté est donc probablement construit à cette période pour relier la porte des Allemands à la fausse braie*, nouvellement élevée. Une seule chronique atteste la construction de cet ensemble, mais avance la date de 152855.
24Entre 1523 et 1526, cette zone effondrée semble servir de carrière à ciel ouvert, mentionnée dans les comptes des Gouverneurs des Murs* comme « pairières* d’Oultre Saille »56. Lors de la reconstruction du mur en 1526-1527, Philippe III Desch, alors Gouverneur des Murs*, en profite pour y faire construite une imposante fausse braie* au bord de la Seille, munie d’un moineau* richement décoré et d’une tour d’angle présentant des bas-reliefs.
Fig. 52 : Inscription « F(ondement) 1526 C(ommencement) 1527 » sculptée à la base du mur de fausse braie au nord de la porte des Allemands. a. Photographie (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis) ; b. Relevés de 2013 (DAO : A. Dumontet – Historia Metensis) et de 1856 (Bellevoye et Boulangé).

25Enfin, il fait également ajouter deux salles de tir à la porte des Allemands entre 1529 et 1531. Les dates de construction sont connues grâce à plusieurs inscriptions gravées sur le mur de fausse braie* (fig. 52), à l’intérieur du moineau* (fig. 53), dans la salle de tir occidentale de la porte des Allemands (fig. 54) et dans la salle de tir sous le pont de la porte des Allemands, aujourd’hui disparue (fig. 55).
26D’autres salles de tir semblent être construites à la porte du Pont-des-Morts, comme l’attestent des plans du xviiie siècle57. Toutefois, aucun document ne mentionne la date de leur construction.
Page 82 Fig. 53 : Inscription « L’an mil cincq cent vingt et sept / Seigneur Philippe Dech estoit maistre échevin de Mets / Chief et gouverneur de ceste ovvraige / Pieron Peltre clerc soliciteux des gaige / Thiedrich dudy ovvraige maistre masson / Faquenel conducteur des manovvre bon compaignon » sculptée sur une des arches du moineau Desch (1527) (DAO et cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Page 83 Fig. 54 : Inscription « S(i) r Philippe dex Maistre / Et gouverneur de louvraige / en lan 1529 » sculptée sur une des arches de la salle de tir occidentale de la porte des Allemands (DAO et cliché : J. Trapp – Historia Metensis). Fig. 55 : Inscription « S(ir) Philippe Dex Maistre / Et gouverneur de louvrage / En lan 1531 » sculptée sur une des arches de la salle de tir du pont de la porte des Allemands, aujourd’hui disparue (Boulangé 1856).

Fig. 56 : Plan diachronique de l’enceinte entre la porte des Allemands et la porte du Pont-Rengmont (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).


2. Description de porte à porte (M. Didiot, J. Trapp)
27Bien qu’il ne subsiste qu’une partie de l’enceinte urbaine de Metz au nord-est du centre historique, son tracé est relativement bien connu, en raison de l’abondance de documents et relevés de l’époque moderne. Grâce aux plans des projets urbains décidés tout au long du xviiie siècle et des plans cadastraux des xviiie-xixe siècles, il est possible de localiser l’emplacement de la muraille et de ses éléments remarquables avec une certaine précision, qui peut varier de quelques mètres selon les plans utilisés.
2.1. De la porte des Allemands à la porte du Pont-Rengmont (porte Sainte-Barbe)
28La porte des Allemands, construite vers 1230, est attestée dans les textes dès 126758. Elle constitue la dernière porte monumentale qui subsiste aujourd’hui de l’enceinte médiévale. C’est également la mieux connue et la plus abondamment documentée59.
29Le tronçon joignant la porte des Allemands à la porte Sainte-Barbe au nord est long d’environ 640 m et repose à une altitude comprise entre 167 et 171 mètres (NGF) (fig. 56). Le mur du xiiie siècle se dirige vers le nord-ouest et relie la tour des Potiers d’étain, localisée à 115 m (fig. 57). À la fin du Moyen Âge, le mur était flanqué de deux tours : la tour de la Porte-Dame-Colette et une tour demi-ronde, mentionnées entre 1465 et 151160 (fig. 58). Elles disparaissent probablement en 1523 lors de l’effondrement du mur en raison des mauvaises conditions météorologiques61.
Fig. 57 : Vue de la fausse braie au nord de la porte des Allemands (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 58 : Évocation du tronçon entre la porte des Allemands et la tour des Potiers d’étain avant l’édification de la fausse braie en 1526-1527 (Infographie : N. Gasseau – Historia Metensis).

30Il faut toutefois se demander si ce tronçon est d’origine : en raison de cet effondrement, certaines parties pourraient être plus récentes que d’autres. En effet, il présente un parement composé de moellons en calcaire de Jaumont, alors que les portions du xiiie siècle sont généralement construites à l’aide de calcaire bleu à gryphées. Par ailleurs, le mur est percé d’une porte qui n’est probablement pas médiévale, mais date plutôt du xviiie siècle. Il est étrange également que son tracé soit curviligne et non rectiligne, alors qu’aucun élément ne semble, en apparence, nécessiter la déviation de son parcours. Les photographies de 1911 du dégagement de la tour des Potiers d’étain semblent également indiquer une probable reconstruction du mur de courtine (fig. 59). Il est donc possible que ce tronçon ait été rebâti. Le compte des Gouverneurs des Murs* de 1509 indique que des maçons ont « regraver* et reporgitter* les Wauberges* dez gros murs et aussi les tour depuis la tour dez pottiez deztain jusques au baiffroy* près de la porte dez Allemants »62. Le tronçon a probablement été remanié avant 1509 ou peut-être après l’effondrement du mur en 1523, voire à l’époque moderne au moment de la mise en place du rempart.
31Au niveau de la tour des Potiers d’étain, le mur se divise alors en deux parties. La première se dirige vers l’ouest-sud-ouest et enserre le quartier de la Grève. Ce tronçon se nomme « l’Épaisse-muraille » et a laissé son nom à une rue du quartier d’Outre-Seille, marquant son tracé. Long de 525 m, ce mur rejoint la porte en Chadeleirue après avoir traversé l’ancien lit de la Seille grâce au pont de la Grève. Le pont était jadis encadré par deux tours de plan circulaire, détruites en 173563. Cette portion était percée de la porte du Champé, située au débouché de la rue éponyme et condamnée en 1405, comme six autres poternes64. À l’est de l’actuel boulevard Paixhans, une troisième tour de plan circulaire, alors remblayée sous un des bastions du Retranchement de Guise, a également été mise au jour en 1911.
32À la fin du xive siècle, la Grève est finalement enclose par un second mur construit à partir de la tour des Potiers d’étain (fig. 60). À 80 m au nord-nord-ouest, il comporte un élément remarquable qui pourrait s’apparenter à une bretèche*. Il a toutefois été noyé dans les remblais de la fausse braie* mis en place en 1526-1527. Cette partie de l’enceinte, rejoignant vers le sud la porte des Allemands, est en effet doublée par une imposante fausse braie*, constituant un boulevard d’artillerie, bordée par la Seille et large de 11 à 22 m. Son mur, haut de 13 m, est muni d’un moineau*, appelé communément « caponnière Desch (ou Dex) » et situé au ras de la rivière, à 65 m au nord-nord-ouest de la porte des Allemands. À 100 m au nord-ouest se dresse une tour d’angle munie de deux canonnières. Au nord, le mur de fausse braie* vient se raccorder au mur de la Grève, à 20 m au sud d’un second élément remarquable, identifié lui aussi comme une bretèche*.
Fig. 59 : Dégagement des fondations de la tour des Potiers d’étain en 1911 semblant montrer une reconstruction du mur (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 60 : Vue du tronçon de la Grève à la fin du xixe siècle (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
33Le mur de courtine, long de 87 m, relie la bretèche* à une tour adaptée à l’artillerie, appelée depuis l’époque moderne « tour des Esprits » ou « tour des Sorcières », mais dont le nom médiéval était « tour des Barbiers et des Chandeliers de cire ». Ce tronçon est orienté sud-ouest/nord-est, en ce qui concerne le mur, et sud-est/nord-ouest pour le pont des Grilles de la Basse-Seille (fig. 61). Le tout a été remblayé sur près de 6 m en 1911. Ce mur ne conserve aujourd’hui qu’une hauteur maximale de 7,40 m. Formant un angle de 120° avec le pont fortifié long de 45 m, le mur se raccroche au sud-est à la tour des Barbiers et au nord-ouest à une tour proche de la porte en Chadeleirue.
34L’accès à cette tour de plan semi-circulaire se faisait par le corps de garde, situé au sud, au rez-de-chaussée du pont. Le chemin de ronde était accessible par un escalier faisant ainsi la jonction entre le mur du xiiie siècle et le pont des Grilles de la Basse-Seille. Les restes de l’escalier à vis, en partie détruit, montrent un diamètre intérieur de 1,85 m. La tourelle est constituée d’un mur de 0,50 m d’épaisseur, au sommet de la tour, impliquant ainsi un diamètre extérieur de 2,85 m.
Fig. 61 : Évocation de la zone de la Grève au xve siècle. À droite, une des deux bretèches du tronçon. Au fond, le pont des Grilles de la Basse-Seille (Infographie : N. Gasseau – Historia Metensis).

Fig. 62 : Porte et mur en Chadeleirue flanqué de ses trois tours de la Cité (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

35La porte en Chadeleirue, percée dans le mur du xiiie siècle, est attestée dans les bans de tréfonds* dès 125165. Le mur de courtine raccordant le pont des Grilles de la Basse-Seille à la porte Sainte-Barbe est long d’environ 165 m (fig. 62). Ce tronçon est orienté sud-ouest/ nord-est. Le mur en Chadeleirue est éloigné de près de 50 m du cours actuel de la Seille et apparaît à une altitude de 168 m (NGF), au-dessus du niveau de remblais. Partiellement remblayé en 1911 durant la première Annexion allemande, il ne conserve aujourd’hui qu’une hauteur maximale de 6,40 m. Tronqué au nord en octobre 1904, il était beaucoup plus long à l’origine et constituait un ensemble de 240 m. Ce mur, présentant un angle de 15°, se raccorde au nord à la porte Sainte-Barbe, dont le nom était aux xiiie-xive siècles « porte du Pont-Rengmont ». De plus, sur un tronçon long de 40 m, aujourd’hui disparu, le mur présentait un décrochement vers l’est peu avant de se raccorder à la porte Sainte-Barbe. D’anciennes photographies montrent que sa conception était différente. Il se pourrait qu’elle corresponde à une reprise ultérieure. En effet, à la fin du xve siècle, afin de s’adapter aux progrès de l’artillerie, les parapets s’épaississent et adoptent un tracé curviligne pour défléchir les boulets. Entre la porte en Chadeleirue et la porte Sainte-Barbe, le mur de courtine est garni de trois tours dites « de la Cité ». La première et la dernière possèdent un plan en éperon, tandis que la deuxième est de plan semi-circulaire. Comme le mur de courtine, elles ont été remblayées en 1904. Ces tours sont espacées les unes des autres d’une trentaine de mètres (environ 100 pieds messins). Ce mur a été doublé à la fin du xve siècle par une fausse braie*, dont il ne reste aujourd’hui qu’un tronçon de 9 m de long environ, contre 215 m au Moyen Âge. Les canonnières de cette portion sont percées en 1511, notamment sur les trois tours de la Cité entre le pont Rengmont et le pont des Grilles de la Basse-Seille, après avoir fait murer les « airvoltz vers les vignes »66. L’année suivante, ces travaux n’ont pas encore été effectués67.
Fig. 63 : Plan diachronique de l’enceinte entre la porte du Pont-Rengmont et la porte du Pontiffroy (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

2.2. De la porte du Pont-Rengmont (porte Sainte-Barbe) à la porte du Pontiffroy
36Le tronçon joignant la porte Sainte-Barbe à la porte du Pontiffroy est long de 1330 m (fig. 63). À l’origine dénommée porte du Pont-Rengmont, elle prend le nom de porte Sainte-Barbe au xve siècle en raison d’un pèlerinage qui se développe à quelques kilomètres de la cité sur le chemin de Bouzonville. Construite au début du xiiie siècle, elle est citée pour la première fois en 1245 dans les bans de tréfonds* sous le nom de « posterne à Saille »68, qui est localisée « daier S. Hylaire69 »70.
37Le mur du xiiie siècle longe la Seille sur 325 m vers le nord-nord-ouest, jusqu’à la tour Maudite (ou tour du Diable). Il est flanqué de six tours. La première est une petite tour de plan carré, entretenue par la cité, parfois dénommée « tour Saint-Hilaire » en raison de sa proximité avec l’église paroissiale éponyme71 (fig. 64). Il s’agit d’un ajout antérieur à 1465, date à laquelle elle est qualifiée de « nueuve tour ». Elle est détruite en 1904, en même temps que la porte Sainte-Barbe. D’après les photographies et les dessins du xixe siècle, elle possède des fondations et des chaînages d’angle constitués de blocs taillés. Elle était munie d’une canonnière permettant de défendre la rivière en amont.
38À cette tour se raccordait un mur de fausse braie* partiellement conservé et long à l’origine de 280 m. Aucun document ne mentionne sa construction, mais sa configuration semblable à celui du mur en Chadeleirue laisse présager qu’il a été élevé durant la deuxième moitié du xve siècle. Plusieurs inscriptions conservées in situ indiquent qu’il a été restauré en 1834.
39Ce mur de fausse braie* protège le mur appelé aujourd’hui « chemin des Corporations », garni de quatre tours de plan semi-circulaire : la tour des Tailleurs de robe et de Retondeurs de draps (tondeurs d’étoffe qui réduisent l’aspect duveteux dû au peignage), la tour des Maçons, la tour des Chaudronniers, des Potiers de cuivre et des Étuveurs et la tour des Maréchaux. Elles sont en moyenne espacées les unes des autres d’une trentaine de mètres (100 pieds messins). Une cinquième tour, celle des Bourciers (qui fabriquent les bourses) et des Corriers (qui travaillent le cuir), est attestée par les visitations*, mais n’est plus visible72. Il est probable qu’elle a disparu avant le xviie siècle, puisqu’elle n’apparaît pas sur les documents iconographiques de l’époque moderne.
40La tour Maudite, de plan circulaire, est située à la confluence de la Seille et de la Moselle. Elle est entretenue en 1511 par la corporation des fèvres*73. À partir de là, le mur d’enceinte se dirige vers le sud-ouest, vers le pont des Grilles de la Moselle, distant de 270 m (fig. 65). Le mur, haut à cet endroit de près de 13 m, est muni de quatre tours de plan semi-circulaire pour trois d’entre elles : la tour des Wercolliers (bourreliers), des Cordiers et des Savetiers (qui réparent les chaussures), une tour de la Cité et la tour des Tisserands de toile. Seule la tour des Couteliers et des Huiliers présente un plan en éperon. Toutefois, les visitations* des Gouverneurs des Murs* attestent la présence d’une autre tour entretenue par des artisans : il s’agit de la tour des Chanvriers et des Meuniers sur laquelle devaient être percées des canonnières en 151274. Quatre baiffroys* sont également mentionnés75.
41L’enceinte franchit la Moselle au débouché de l’actuel boulevard Paixhans grâce au pont des Grilles de la Moselle. Long de 45 m, il est construit en pierre en 1360, succédant probablement à un pont en bois. Orienté vers le nord-ouest, le mur relie le pont à la porte de Chambière, située jadis au débouché de la rue éponyme. Une quarantaine de mètres plus loin, le mur forme un angle d’environ 90° pénétrant ainsi dans le quartier du Pontiffroy. Jusqu’à la porte du Pontiffroy, le mur, long de 525 m, n’est pas rectiligne et forme une série d’angles laissant suggérer qu’il reprend le tracé de fortifications antérieures, notamment dans le secteur des trois églises Saint-Livier, Saint-Médard et Saint-Georges (fig. 66 et 67).
Fig. 64 : Tour de la Cité dite « Saint-Hilaire » (au fond) au début du xxe siècle, construite au cours de la seconde moitié du xve siècle sur laquelle se raccorde la fausse braie (

© Musée de La Cour d›Or – Metz Métropole).
Fig. 65 : Tour du chemin des Corporations entre la tour Maudite et le pont des Grilles de la Moselle (cliché L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 66 : Plan du tronçon reliant le pont des Grilles de la Moselle à la porte du Pontiffroy établi en 1732 (

© Archives municipales de Metz, 9Fi1839).
Fig. 67 : Relevés en plan du mur de courtine du quartier de Chambière lors de la construction des fours de la munitionnaire en 1736. À droite, la tour des Escrepenniers et des Chapeliers (

© Archives municipales de Metz. EE 38).
Fig. 68 : Plan du début du xviiie siècle du tronçon reliant la porte du Pontiffroy à la porte du Pont-des-Morts (coll. P. Bragard).

42Le mur d’enceinte est flanqué de sept tours, dont cinq sont de plan semi-circulaire : la tour des Pêcheurs, la tour des Escrepenniers (qui fabriquent des objets en cuir) et des Chapeliers, la tour des Charrons, la tour des Revendeurs et des Chaponniers (éleveurs et marchands de chapons) et une tour de la Cité. Seules la tour des Corvisiers (cordonniers) et la tour des Racowatours* (couvreurs) présentent un plan polygonal. Sur ce tronçon, en février 1490, des maçons « rairtoitent des fenestres en plusieurs tours comme sur lez murs », c’est-à-dire rebouchent en partie des ouvertures, sans doute jugées trop larges et donc plus difficilement défendables76. Les canonnières de la tour des Racowatours*, de celle des Chapeliers et de celle des Pêcheurs sont percées en 151277.
Fig. 69 : Plan diachronique de l’enceinte entre la porte du Pontiffroy et la porte du Pont-des-Morts (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

2.3. De la porte du Pontiffroy à la porte du Pont-des-Morts
43La porte du Pontiffroy, contrairement aux autres portes de la cité, n’est construite ou réouverte qu’en 137978. Elle est encadrée de deux tours, dont la tour Coibel (au Corbel : au corbeau) de plan circulaire, située au débouché de la Franconrue (ancienne rue du Pontiffroy) et du pont Thiffroy, construit en pierre à la même période que la porte. Le tronçon qui la relie à la porte du Pont-des-Morts est presque rectiligne et mesure 885 m (fig. 68). Ce mur est percé par la poterne Patart, localisée à 165 m au sud-ouest de la porte du Pontiffroy. Signalée dès 127879, sa localisation est confirmée en 1444, date à laquelle le passage semble définitivement condamné80. Le mur d’enceinte du xiiie siècle qui longe l’actuelle rue Belle-Isle, est flanqué de neuf tours de plans circulaire ou carré (fig. 69) : la tour des Cordiers, deux tours tenues par la corporation des tonneliers, et cinq tours de la Cité. L’une de ces tours semble avoir abrité un colombier. Le compte du receveur de novembre 1412 évoque en effet « la tour acoullanbey en droit Saint-Vincent »81. Celle-ci est restaurée en janvier de l’année suivante82. L’État des réparations à effectuer de 1511 indique que cette tour doit être percée de trois canonnières83. En août 1444, Henri de Ranconval, maistre masson de la cité, édifie une nouvelle tour dite « tour de Ranconval » sur le mur entre le pont des Morts et l’abbaye Saint-Vincent84 (fig. 70).
Fig. 70 : Détail du Plan géométriquement relevé de la citadelle de Metz (xviiie s.) avec le tronçon reliant la porte du Pontiffroy (à gauche) et la porte du Pont-des-Morts (à droite) (

© BnF, Estampes, Id. 17 n° 21).
44En novembre 1324, au cours de la guerre des Quatre Seigneurs, le petit quartier qui s’étendait entre les murs de la cité et la Moselle est détruit. Les Sept chargés de la mise en défense de la cité décident alors de faire creuser des fossés tout autour des murs d’Outre-Moselle, depuis le ruisseau des Pucelles jusqu’à la porte Chambière. Ces fossés devaient présenter une largeur de 80 pieds (25 m environ) et laisser un espace de 50 pieds (16 m) pour l’établissement d’un baile* entre le fossé et le mur. Ultérieurement, à une date indéterminée, un mur de fausse braie* est élevé, délimitant le fossé et le baile*. Ce second mur est doté de quatorze tourelles en nid d’hirondelle. Une partie de cet ensemble a été fouillée en 2013 par le pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole lors de la réhabilitation de l’ancienne manufacture des tabacs85. Une portion du mur de fausse braie* et une tourelle en nid d’hirondelle ont été mises au jour (fig. 71).
Fig. 71 : Mur de fausse braie avec sa tour en forme de nid d’hirondelle du front Saint-Vincent mis au jour en 2013 (

© Pôle d’archéologie préventive – Metz Métropole).
45D’après les relevés effectués au début du xviiie siècle, le mur de courtine près de la porte du Pontiffroy était haut de 26,50 pieds, soit environ 8,60 m. Le mur de fausse braie* était localisé à 10 toises et 2 pieds, soit environ 20 m, ce qui représente 4 m de plus que ce qui est annoncé par les chroniques. Quant au mur de fausse braie*, il était haut de 23 pieds – environ 7,50 m – et dépassait du baile* de 10 pieds (3,25 m). À la fin du xve siècle, une haie en bois est installée de la porte du Pont-des-Morts à la porte du Pontiffroy86.
2.4. De la porte du Pont-des-Morts à la porte Serpenoise
46Le tronçon de l’enceinte qui sépare la porte du Pont-des-Morts de la porte Serpenoise est long de 1190 m (fig. 72). La porte du Pont-des-Morts, citée dès 126787, s’ouvre sur le Grand-Pont-des-Morts, dont la construction en bois est achevée vers 1245. La reconstruction en pierre des ponts de Metz ne commence pas avant 128988.
47Le mur se poursuit vers le sud-ouest, parallèlement à l’alignement de l’actuelle rue Belle-Isle. Il forme un angle de 125° vers le sud-sud-est et emprunte, sur une longueur de 175 m, le tracé de l’actuel boulevard Sérot, jusqu’à l’entrée du Moyen-Pont-des-Morts. La muraille est flanquée de trois tours de plan carré : deux étaient entretenues par la cité (l’une des deux est ensuite occupée en 1511 par la corporation des potiers), tandis que la dernière était laissée à la charge de la corporation des selliers et de celle des armuriers. Une dernière tour de plan circulaire, localisée à l’entrée du Moyen-Pont, était confiée à la corporation des peintres. Au cours du xve siècle, le mur est probablement doublé par une fausse braie* longue de 265 m et munie de trois tourelles de plan semi-circulaire.
48L’enceinte franchit le bras de la Moselle grâce au Moyen-Pont-des-Morts, long à l’origine de 79 m. Construit d’abord en bois, il est rebâti en pierre entre 1289 et 1312. Il comprenait originellement cinq arches, dont celle de la rive droite qui est condamnée en 148489. Le Moyen-Pont présentait la particularité d’être équipé de grilles (ou baires*) depuis au moins le début du xve siècle90. En juillet 1450, d’importants moyens sont mis en œuvre pour détourner une partie des eaux de la Moselle par le « ru (ruisseau) des Pucelles » entre le Moyen-Pont et la porte du Pont-des-Morts91. Pour le réguler, une digue d’une soixantaine de mètres est construite en amont du ruisseau. Pourtant, une « vanne daier lez Pucelles » semble déjà exister en 141192. En 1476, les deux bolwerks – sortes de chambres de tir percées de canonnières – sont élevés sur chaque rive en amont du pont93. L’ouvrage situé au nord-ouest n’est plus conservé qu’en partie, à la suite du doublement du Moyen-Pont lors de la création de la voie du transport en commun « Mettis ».
Fig. 72 : Plan diachronique de l’enceinte entre la porte du Pont-des-Morts et la porte Saint-Thiébault (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

49Après avoir traversé la Moselle, le mur d’enceinte longe son cours sur 220 m vers le sud-ouest, le long de l’actuel boulevard Poincaré (fig. 73). Un tronçon d’environ 8 m de la muraille a été mis au jour en 1992 entre le boulevard et la rue Sous-Saint-Arnould94. Plus au sud, le mur est percé par la porte en Anglemur, attestée dès 127595. En 1430, elle est encadrée par deux tours semi-circulaires d’environ 9 m de diamètre96 : la tour des Vignerons et une tour de la Cité.
Fig. 73 : Détail du Plan géométriquement relevé de la citadelle de Metz (xviiie s.) avec le tronçon reliant la porte du Pont-des-Morts à la porte en Anglemur (

© BnF, Estampes, Id. 17 n° 21).
50Le mur se divise alors en deux tronçons, encadrant le clos Saint-Pierre. La première partie prolonge le mur précédent sur 370 m jusqu’à la poterne Patart « au meis* Charles » attestée en 1540 derrière l’abbaye Sainte-Marie97. Ce tronçon est flanqué de deux tours de plan carré, la tour des Bouchers et celle des Boulangers (fig. 74).
Fig. 74 : Tour des Bouchers sur le mur de courtine au début du xxe siècle (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
51Puis la muraille forme un angle d’environ 90° vers le sud-est pour joindre la seconde portion du mur. Celui-ci débute au sud de la tour de la Cité pour se diriger vers le sud-est sur une centaine de mètres avant de bifurquer vers le sud-sud-ouest sur 330 m. La tour des Charpentiers, de plan carré, vient compléter le dispositif. « Les gros murs » devant la tour des Charpentiers bénéficient de travaux en novembre 1502, lorsque les Gouverneurs des Murs* y font « reboucher plusieurs pertus [trous] »98. Il s’agit vraisemblablement de la portion de l’enceinte qui s’étend de la tour des Chandeliers de xeu* jusqu’à la tour de la Cité voisine de celle des Vignerons.
52De l’endroit où les deux tronçons se rejoignent, le mur se prolonge encore sur 90 m avant de se diriger vers l’est-sud-est pour rejoindre la porte Serpenoise située à 260 m, au débouché de l’actuelle avenue Robert-Schuman (fig. 75). Le mur est muni sur cette portion de trois tours de plan carré : les tours des Drapiers, des Lenniers (lainiers) et une tour de la Cité, aussi appelée tour Saint-Michel, primitivement son nom faisait référence au chevalier Michel le Gronnais, qui l’avait sans doute fait construire à la fin du xve siècle. En 1506, la charpente est rénovée et sa toiture couverte d’ardoises99. Des canonnières y sont également percées et des « crenelz par desoubz le tey » sont bouchés en même temps100.
Fig. 75 : Relevés en élévation du front Serpenoise entre le bastion Saint-Louis et la tour Camoufle en 1770 (coll. P.-E. Wagner).

Fig. 76 : Plan du mur d’enceinte et de sa fausse braie dans le secteur de la tour Camoufle en 1738 (

© Archives municipales de Metz).
53Entre 1502 et 1515, cette partie de l’enceinte est doublée par une fausse braie*, localisée au sud à une vingtaine de mètres du mur d’enceinte. Elle est équipée de quatre tourelles en forme de nid d’hirondelle101. À l’angle sud-ouest, une imposante tour d’artillerie, la tour des Wassieux appelée plus tard tour d’Enfer, est élevée en 1515 par Nicolas de Heu102.
2.5. De la porte Serpenoise à la porte Saint-Thiébault
54Seuls 540 m séparent la porte Serpenoise de la porte Saint-Thiébault (fig. 72). Ce tronçon suit en grande partie l’ancienne muraille antique. L’emplacement de la porte Serpenoise médiévale doit peu différer de la porte antique, attestée dans les textes du haut Moyen Âge. Le mur, doublé d’un fossé, se dirige vers l’est-sud-est sur 150 m environ, avant de former un angle droit vers le nord-nord-est (fig. 76). Deux tours de la Cité de plan carré défendent le mur méridional. À partir de 1512, l’une d’elles devait être à la charge de la corporation des menuisiers103. Après avoir parcouru 80 m, le mur présente un angle de 40° vers le nord-est, puis continue sur 160 m environ. Une autre tour de la Cité et la tour des Pelletiers, de plan carré, y ont été élevées (fig. 77). En 1512, il est prévu de murer certaines fenêtres de la tour pour y percer des canonnières104. Formant un nouvel angle droit vers le sud-est, le mur se poursuit sur 145 m jusqu’à la porte Saint-Thiébault. Seule une tour carrée entretenue par la Cité est attestée à 35 m de cette dernière.
Fig. 77 : Vue du tronçon reliant la tour Camoufle à la porte Saint-Thiébault extrait du Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel par I. Silvestre (1667) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
55Au début du xve siècle, la portion de mur allant de la porte Serpenoise à la tour des Pelletiers est doublée d’un mur de fausse braie* long de 410 m. Son tracé épouse celui du mur du xiiie siècle. Sa période de construction reste inconnue, mais il est probable qu’il faille retenir une date antérieure ou égale à 1437, année durant laquelle est édifiée la tour Camoufle sur ce même mur de la fausse braie*105. Cette portion de l’enceinte semble être restaurée dès 1473 par Jehan de Bouzonville, un maçon qui est rémunéré pour « la fesson dez murs a tour de sainte Glossinde » pour 21 l. 5 s. 2 d.106. Le mur est « porgitté* » en novembre 1488, causant des dommages aux jardins de Jehan Parin, un mazowier (maraîcher)107. Le système défensif est renforcé en mai 1490 avec l’installation d’une haie en avant du mur entre la porte Serpenoise et la tour Camoufle108.
56Sur le front sud, le mur de fausse braie* est flanqué d’une tourelle ronde et de deux autres de plan semi-circulaire, probablement en forme de nid d’hirondelle. De nouvelles tourelles sont construites au « baile de la porte Serpenoise daier Sainte Glossine » en 1509-1510109. Au total, avec les quatre tourelles du côté de la tour des Wassieux, il existe à cette date « septz nuefne tornelles* » de part et d’autre « dez deux bailles de ladite porte Serpenoize »110.
Fig. 78 : Plan diachronique de l’enceinte entre la porte Saint-Thiébault et la porte des Allemands (Cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

2.6. De la porte Saint-Thiébault à la porte Mazelle
57Près de 600 m séparent la porte Mazelle de la porte Saint-Thiébault (fig. 78). L’essentiel de cette portion de l’enceinte, datée du xiiie siècle, est orienté ouest-sud-ouest/est-nord-est. Depuis la porte Saint-Thiébault, le mur traverse la place éponyme sur près de 90 m avant de joindre la tour des Merciers (fig. 79). De plan carré, la tour des Merciers est percée par la poterne Saint-Nicolas, dont le nom provient de l’hôpital du même nom, localisé à 150 m au nord. Cette petite porte permet d’ailleurs d’y accéder en traversant l’actuelle rue des Augustins, anciennement En-Chaivrerue. À 75 m à l’est-nord-est, la tour des Cloutiers, de plan carré, est percée de la poterne des Repenties, du nom d’un couvent situé plus au nord par lequel on accédait en empruntant la rue des Repenties (dénommée rue des Célestins à la fin du xive siècle, elle forme une partie de l’actuelle rue de la Gendarmerie) (fig. 80). Cette portion bénéficie d’importants travaux menés par les Gouverneurs des Murs* entre 1469 et 1470 pour paver et « ranfourcier lez murs »111. Des canonnières sont percées dans la tour des Repenties en 1511112. L’année suivante, la tour qui abrite le clauchiez (clocher) des Repenties est signalée comme étant en mauvais état113.
Fig. 79 : Plan-projet présentant le tracé de l’enceinte à l’est de la porte Saint-Thiébault en 1743 (

© Archives municipales de Metz).
Fig. 80 : Vue du tronçon reliant la porte Saint-Thiébault à la porte Mazelle avec les poternes Saint-Nicolas et des Repenties, alors obstruées, extrait du Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel par I. Silvestre (1667) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
58Le mur d’enceinte se dirige ensuite vers le nord-est vers la tour des Viciers* (fripiers) située à 90 m, espacée de cette même distance de la tour des Vitriers (fig. 81). À 70 m à l’est-nord-est, la courtine traverse la Seille, comblée en 1905, par l’intermédiaire du pont des Grilles de la Haute-Seille. Il est long de 20 m et est encadré de deux tours de la Cité, de plan en éperon pour l’une et de plan semi-circulaire pour l’autre. Le tronçon qui joint la porte Mazelle, long de 100 m, est flanqué d’une tour de la Cité semi-circulaire. Il est doublé par un mur de fausse braie*, construit 6 m en avant, probablement au xve siècle, lorsque la porte est munie d’un ouvrage avancé.
Fig. 81 : Plan du mur d’enceinte dans le secteur de la porte Mazelle (à gauche) en 1736 (

© SHD Vincennes, 1VH1124, f° 68).
59En avant des deux murs sont creusés deux canaux114 de 150 m de long afin de joindre le lit de la Seille à celui de la Chenau115. Situés à l’emplacement de l’actuelle place Mazelle, ces deux canaux servaient alors de fossés défensifs. L’un d’eux a été fouillé en 2009 par le pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole, révélant une structure creusée en pleine terre et renforcée par des pieux en bois116.
2.7. De la porte Mazelle à la porte des Allemands
60Le dernier tronçon séparant la porte Mazelle de celle des Allemands est long de 390 m (fig. 78). La porte Mazelle assurait le passage de la rue principale d’Outre-Seille, ancienne voie romaine, vers Strasbourg. Elle est vraisemblablement construite vers 1230117. En 1290 est mentionné le pont à Mazelle118, il s’agit probablement d’un pont jeté sur le fossé creusé devant la porte et qui permet de dériver une partie des eaux de la Seille dans l’ancien lit de la Cheneau. Une plateforme d’environ 2000 m2 est construite, probablement au début xvie siècle, et permet l’installation de pièces d’artillerie. Elle est enserrée au sud et à l’est par le mur du xiiie siècle qui forme un angle de 23° vers le nord, après avoir parcouru 37 m depuis la porte Mazelle.
61Le mur longe alors la Cheneau sur une centaine de mètres vers le nord avant d’atteindre la poterne à la Chenal percée dans le mur du xiiie siècle (fig. 82). Après 75 m, la courtine qui forme un angle de 20° vers le nord-nord-est, est flanquée de trois tours semi-circulaires entretenues par la cité, espacées d’une trentaine de mètres (environ 100 pieds messins). Une autre est entretenue par les corporations des harenguiers (vendeurs de harengs) et des revendeurs de meubles au début du xvie siècle119. Formant un angle de 25° vers le nord-nord-ouest, le mur rejoint une dernière tour de la Cité localisée à 40 m avant de se raccorder à la porte des Allemands (fig. 83).
Fig. 82 : Vue du tronçon reliant la porte Mazelle à la porte des Allemands, extrait du Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel par I. Silvestre (1667) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 83 : Une des tours de la Cité et la fausse braie au sud de la porte des Allemands au début du xxe siècle (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
62Un mur de fausse braie* vient doubler la courtine du xiiie siècle. Situé à 7 m en avant de cette dernière, il est long de 410 m. Les clichés du xixe siècle montrent qu’il était percé de meurtrières et sa base, au niveau de la Seille, présentait un léger fruit. Bien que sa date de construction soit inconnue, sa configuration est identique à celle de la fausse braie* du mur en Chadeleirue, laissant penser qu’elle aurait été élevée à la fin du xve siècle, probablement en même temps que la mise en place du baile*, entre 1445 et 1480.
3. L’architecture militaire médiévale à Metz
3.1. Les murs d’enceinte
3.1.1. Le mur de courtine
63Long d’environ 5575 m, le mur d’enceinte de la ville a été à 95 % construit durant le premier quart du xiiie siècle, entre 1196120 et 1226121. Une dernière partie, la fermeté de la Grève, est édifiée en 1381. Le mur de courtine avait pour rôle premier d’arrêter l’ennemi en formant un obstacle haut et épais, devant résister aux tirs de toutes sortes. Sa description est fondée essentiellement sur les observations réalisées sur les tronçons subsistant sur le front de Seille. À la fin du xve siècle, le mur est par ailleurs gardé par cent treize soldoyeurs122, soit un garde tous les 50 m environ.
64Selon les secteurs, ses dimensions changent (fig. 84). Sur le front de Seille, le mur en Chadeleirue ayant été remblayé en 1904 pour combler le lit de la Seille, sa hauteur maximale n’est plus que de 6,40 m et varie selon les endroits et l’épaisseur du remblai. Dans les secteurs non remblayés, elle varie selon la topographie. Dans les zones pentues, le mur est moins élevé. Au nord de la porte des Allemands, le terrain présente une forte déclivité vers la Seille et le mur n’est haut que de 3,75 m à 6,95 m. Il en est de même pour le front méridional, près de la porte Serpenoise, avec une hauteur de 5,80 m123 et celui de Saint-Vincent où elle oscillait entre 8,60 m et 9,50 au début du xviiie siècle124. Mais en moyenne, le mur est haut de plus de 10 m : 10,50 m en Anglemur125, 10,75 m en Chambière126, 11,25 m en Chadeleirue (sans le remblai), 14 m derrière les actuels jardins Boufflers et à la confluence de la Moselle et de la Seille. Son épaisseur est en moyenne comprise entre 2 et 3 m, mais peut être plus importante dans les secteurs plus exposés, comme le front méridional (3,50 m) et la confluence (3,90 m).
Fig. 84 : Coupe de plusieurs tronçons de l’enceinte comprenant le mur de courtine, la fausse braie et le fossé (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

65Ce mur est essentiellement construit avec des moellons équarris – dimensions moyennes 0,25 m sur 0,15 m – noyés dans un mortier de chaux blanchâtre composé de petit cailloutis et de sable. Le matériau de construction originel du mur semble être un calcaire à gryphées de couleur bleue. Dès la fin du Moyen Âge, le mur connaît des réparations rapportées dans les comptes des Gouverneurs des Murs*127. Le matériau utilisé est alors le calcaire jaune de Jaumont.
66Le mur est également couronné d’un chemin de ronde, encadré sur toute sa longueur de deux parapets épais de 0,25 à 0,50 m et haut de 0,35 à 1,40 m (fig. 85). Il est large de 1,30 à 1,90 m. Le chemin de ronde, dans sa configuration actuelle, serait le résultat d’aménagements postérieurs au Moyen Âge. D’une part, on remarque sur la gravure d’Israël Silvestre que le chemin de ronde se composait encore en 1667 de créneaux et de merlons percés de meurtrières. Ceux-ci sont supprimés en juin 1676, comme le relate un contemporain, Joseph Ancillon128. D’autre part, il semblerait que le parapet intérieur, côté ouest, ne soit pas d’origine, puisqu’en règle générale, les chemins de ronde n’en disposaient pas, permettant aux défenseurs de la cité de se replier vers l’intérieur des murs. Ils permettaient de circuler au sommet des courtines, pour une surveillance souple et une défense rapide.
67En milieu humide, le mur de courtine est construit sur pilotis, c’est-à-dire avec des fondations composées de pieux en bois. Un relevé de 1738 montre que le tronçon reliant le Moyen-Pont à la porte d’Anglemur, localisé sur la rive droite de la Moselle est bâti sur pieux (fig. 86). Par ailleurs, une inscription gravée à la base du mur de fausse braie* au nord de la porte des Allemands, sur la rive gauche de la Seille, atteste qu’il est construit sur pilotis : « la fin de la laye du fondement. Le comencement de pillotez lan 1527 » (fig. 52).
Fig. 85 : Le chemin de ronde du mur de courtine de la Grève est encadré de deux parapets, dont celui côté ville n’est pas d’origine (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 86 : Relevés en élévation du mur d’enceinte construit sur pilotis entre le Moyen-Pont et la porte en Anglemur en 1739 (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 83).
68Le seul mur de courtine ajouté à l’enceinte originelle est celui construit en 1381 qui vient protéger la zone de la Grève laissée en dehors de la ville. En raison de son nom, ce secteur devait être peu propice à la construction du fait de la présence de sable et de gravier. Le mur de l’Épaisse-muraille devait alors suivre les courbes de niveau pour la contourner, expliquant ainsi l’importante dénivelée entre le départ depuis la tour des Potiers d’étain à 170,10 m (NGF) et son raccord à la porte en Chadeleirue à 163,65 m (NGF)129. La zone de la Grève était ainsi encaissée et baignée par la Seille.
69Ce mur, large de 3 m, ne conserve aujourd’hui qu’une hauteur maximale de 7,40 m contre près de 13 m à l’origine130. Il est essentiellement construit avec des moellons équarris en calcaire jaune, dont les dimensions moyennes sont 0,25 m sur 0,10 m. Ils sont noyés dans un mortier de chaux blanchâtre composé de petit cailloutis et de sable. Au xve siècle, ce type de calcaire provenait des carrières du mont Saint-Quentin, qui culmine à 358 m et se situe à l’ouest de Metz. Ces carrières, exploitées par la cité131, sont mentionnées à plusieurs reprises dans les sources de la seconde moitié du xve siècle132 ; elles étaient encore visibles au xixe siècle, avant la construction du fort de Plappeville entre 1867 et 1870.
70Le mur de la Grève présente plusieurs angles. Les différents tronçons sont chaînés verticalement par des jambes harpées composées de blocs taillés de calcaire jaune, contrairement au mur du xiiie siècle. Leur largeur maximale est d’une cinquantaine de centimètres, mais varie selon la taille des blocs. Ils sont unis par des joints d’environ 2 cm d’épaisseur.
71Le mur de la Grève semble toutefois avoir été repris plusieurs fois. En janvier 1480, le mur « esteit cheus a la Greive » sans qu’il soit possible de localiser précisément le secteur concerné133. Les pierres sont réutilisées pour d’autres travaux sur l’enceinte. En 1510, entre la tour des Potiers d’étain et la tour des Barbiers, des maçons « regravent et reporgittent les Wauberges dez gros murs »134.
3.1.2. Le mur de fausse braie
72À partir du deuxième tiers du xve siècle, une fausse braie* vient doubler le mur d’enceinte sur la presque totalité de son parcours, à l’exception de trois sections totalisant moins de 600 m. Il est remarquable de constater qu’elle est absente en avant des murs du Neufbourg et du Champ-à-Seille, entre le mur antique et la Seille, un des secteurs de la ville les plus exposés. Pourtant, des opérations archéologiques récentes tendent à montrer un doublement du mur de courtine près de la porte des Allemands135 et sur le front Saint-Vincent136 dès la fin du xiiie ou du début du xive siècle. Sans parler de fausse braie*, il peut s’agir d’une autre braie (mur) construite ponctuellement en avant de certaines portions exposées, comme cela est attesté en Alsace (Bergheim, Ribeauvillé, Riquewihr, Molsheim, Cernay, Rouffach, Eguisheim)137.
73En effet, les fausses braies* ne se généralisent en Occident qu’entre 1430 et 1460, malgré le fait que le terme existe déjà au début du xve siècle pour désigner une construction ayant extérieurement l’apparence d’une braie, c’est-à-dire une enceinte basse chemisant l’enceinte principale, mais sans espace intérieur. La fausse braie* consiste en un important terrassement, placé en avant et à la base même du mur principal. Il est revêtu, du côté de l’escarpe seulement, d’un mur moins haut, percé de meurtrières et/ou de créneaux sur toute son étendue, offrant ainsi un second niveau de tir. Il est parfois flanqué de tours exceptionnellement accrochées en nid d’hirondelle, comme sur le front Saint-Vincent, à l’ouest, ou sur celui de Serpenoise, au sud. La mise en place des fausses braies* est généralement considérée comme un aménagement tardif destiné à protéger le mur des effets de l’artillerie et à faciliter l’usage de celle-ci par les défenseurs. Il faut sans doute y voir tout d’abord, la mise en place d’une première ligne de défense, ainsi qu’un dispositif destiné à empêcher la sape du mur principal138.
74Leur configuration diffère selon leur période de construction (fig. 84). Le premier mur de fausse braie* semble avoir été érigé en 1437, en même temps que la tour Camoufle édifiée au saillant de la fausse braie* du Champ-à-Panne139. Toutefois, une opération d’archéologie préventive a révélé en 2013, lors de la fouille de la Manufacture des tabacs, qu’un second mur a été édifié en avant de la courtine sur le front Saint-Vincent à la fin du premier quart du xive siècle140. Sans parler de mur de fausse braie*, il pourrait s’agir d’un premier aménagement du baile* avant la construction de la fausse braie*. Le mur d’escarpe a été observé depuis le fond d’un fossé, large de 25 m, et sur près de 4,90 m de hauteur (fig. 87). Il présente une maçonnerie fourrée à deux parements, doté d’un empattement dans la partie inférieure, ainsi qu’un dévers vers l’est (fig. 88). De ce côté, la poussée de la construction est épaulée par des contreforts maçonnés disposés tous les 11 m environ. À l’ouest, le parement est constitué en partie basse, sur au moins quatre assises, d’un grand appareil de pierre de taille en calcaire de Jaumont. Le reste de l’élévation est construit avec un petit appareil grossièrement assisé de moellons calcaires, comme à l’est. Cette construction a pu être datée grâce à un coffrage en bois retrouvé à la base du mur. La dendrochronologie a permis de déterminer une date d’abattage avec un terminus post quem en 1302. Il est probable que cette réalisation coïncide avec les travaux décrits en 1324 dans les chroniques messines, au moment de la guerre des Quatre Seigneurs141.
Fig. 87 : Coupe du mur d’enceinte, de la fausse braie et du fossé du front SaintVincent en 1728 (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 17).
Fig. 88 : Mur de fausse braie avec sa tour en nid d’hirondelle sur le front Saint-Vincent, mis au jour en 2013 (

© Pôle d’archéologie préventive – Metz Métropole).
Fig. 89 : Vestiges du mur de fausse braie en Chadeleirue (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 90 : La fausse braie du chemin des Corporations actuellement (a. cliché : L. Kieffer – Historia Metensis) et dans les années 1960 (b. coll. P.-E. Wagner).

Fig. 91 : La fausse braie du chemin des Corporations au sud de la tour Maudite (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 92 : La fausse braie du mur en Chadeleirue avant son démantèlement en 1911 (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 93 : Relevés en élévation des vestiges du mur de fausse braie de Chadeleirue (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 94 : Vestiges du mur de fausse braie au sud de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 95 : Le mur de fausse braie au sud de la porte des Allemands, au bord de la Seille au début du xxe siècle (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 96 : La fausse braie au sud de la porte des Allemands au début du xxe siècle (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
75Les fausses braies*, notamment celles du front de Seille, sont élevées dans les années 1450-1460 et présentent la même configuration. Cette datation peut être proposée en raison de la construction d’une « tour nueuve » peu avant 1465142, sur laquelle vient se raccorder le mur de fausse braie*. Celui de Chadeleirue (fig. 89), comme celui du chemin des Corporations (fig. 90 et 91), bordait la Seille et était haut de 6,95 m à 8,65 m. Le premier, dont il ne reste que 9 m, doublait le mur d’enceinte sur 215 m (fig. 92), tandis que le second s’étendait sur 135 m. Large de 2 m au niveau des fondations, leurs parapets ne sont épais que de 0,65 m. Hauts de 2 à 3 m, ces derniers sont percés de meurtrières espacées régulièrement de 1,40 m et datables du troisième quart du xve siècle143(fig. 93). Elles se composent de quatre blocs de calcaire jaune de Jaumont et présentent en moyenne une ouverture de 0,55 sur 0,13 m chacune. Le baile*, l’espace de circulation séparant le mur d’enceinte de celui de fausse braie* varie dans ce secteur de 7,50 m à 8,50 m. En outre, le mur de fausse braie* reliant la porte Mazelle à la porte des Allemands présente la même configuration, mais semble avoir été beaucoup plus haut que les précédents (fig. 94, 95 et 96). Il fut probablement élevé à l’extrême fin du xve siècle144.
76Les fausses braies* érigées au début du xvie siècle sont beaucoup plus imposantes. Sur le front méridional, un des plus exposés, une seconde tour d’artillerie – en plus de la tour Camoufle – est élevée à l’angle sud-ouest de la fausse braie*. La tour des Wassieux (tour d’Enfer), commencée le 16 novembre 1515, domine de sa plateforme établie à plus de 27 m de haut, les îles de la Moselle et le boulevard de la porte Serpenoise145. Le mur de fausse braie*, attesté dès 1509146, est établi à 16,50 m en avant du mur du xiiie siècle et domine la plaine du Sablon à plus de 21 m de hauteur (fig. 97). Ce mur de fausse braie* est ponctué par sept tourelles munies de canonnières : quatre tourelles du côté du baile* des Wassieux, et trois du côté du baile* derrière Sainte Glossinde147. Le mur de fausse braie* s’étire également de la tour des Wassieux jusqu’à la tour des Chandeliers de xeu*148. Ce mur est crépi en 1509 alors que les crenelz de l’enceinte sont bouchés149.
Fig. 97 : Relevés en plan et en coupe de la fausse braie à l’ouest de la porte Serpenoise (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
77Les relevés du xviiie siècle montrent que le mur était percé d’ouvertures de forme ovale ou rectangulaire espacées chacune d’environ 3,50 m (fig. 75). Des tours en nid d’hirondelle étaient construites en encorbellement et étaient également percées d’ouverture de tir. Ce schéma se retrouve sur le front Saint-Vincent, à l’ouest, avec un mur de fausse braie* construit à 20 m en avant du premier mur150. Il est également muni de tourelles en forme de nid d’hirondelles espacées en moyenne de 45 m151 (environ 150 pieds messins). Cependant, ce mur de fausse braie* est moins élevé que celui du front Serpenoise et présente une hauteur de 7,50 m152.
78La dernière fausse braie* mise en place est encore visible. Elle a été érigée en 1526-1527 au nord de la porte des Allemands, au bord de la Seille. Cette période est corroborée par le matériel mis au jour lors de son démantèlement en 1911 (fig. 98). Son mur, long de 248 m, construit à 20 m au maximum du premier mur d’enceinte, en est séparé par un terre-plein, constituant un boulevard d’artillerie (fig. 99). Haut de 11,40 m, le mur de fausse braie* est épais au sommet de 1,80 m et de 3 m à sa base. Il est relativement en mauvais état, présentant plusieurs zones où le parement extérieur est endommagé. La végétation omniprésente et le mortier de chaux blanchâtre qui lie les moellons gênent l’observation. Le mur est essentiellement construit avec des moellons équarris en calcaire jaune de Jaumont, dont les dimensions moyennes sont de 0,30 m sur 0,15 m. Il venait se raccorder au nord au mur de la Grève (fig. 100). Ce mur de raccord qui présente un angle de 25°, n’est probablement pas le mur d’origine. En effet, lors du dégagement de la fausse braie* en 1911, un mur de refend à angle droit a été mis au jour (fig. 101). Ce mur, endommagé dans sa partie occidentale, était encore muni de créneaux et de merlons. Il s’agirait du premier mur septentrional de la fausse braie*, visible sur les plans antérieurs au xviiie siècle.
Fig. 98 : Mobilier céramique datable du début du xvie siècle mis au jour lors du démantèlement du rempart des Allemands en 1911 (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 99 : Fausse braie au nord de la porte des Allemands constituant un boulevard d’artillerie (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 100 : Le mur de fausse braie de la porte des Allemands se raccordant au tronçon de la Grève au début du xxe siècle (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 101 : Mise au jour en 1911 du probable mur de refend originel de la fausse braie au nord de la porte des Allemands (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
3.1.3. Le fossé
79Au xiiie siècle, le mur d’enceinte semble n’avoir été qu’exceptionnellement doublé par un fossé, notamment sur le front sud. Les bans de tréfonds* de 1245 l’attestent dans le secteur de la porte Saint-Thiébault153, laissant penser qu’il vient doubler le mur du front méridional, probablement entre la tour des Wassieux et la Seille.
80Toutefois, le site naturel de Metz, baigné par la Moselle et la Seille, permet déjà une bonne défense de la ville. Un acte du 13 décembre 1280 signale la vente du cours d’eau de la Seille et des fossés depuis la porte des Allemands jusqu’à la tour de la Porte-Dame-Colette, derrière l’église Saint-Eucaire. L’acquéreur n’est pas autorisé à empierrer le bord ni la fermeté154. Selon les instructions émises en octobre 1324 par les Sept de la Guerre, alors chargés de l’entretien de l’enceinte, aucun autre fossé que celui formé par le lit extérieur de la Seille ne défend alors les abords des murs155.
81Par endroits, les fossés sont équipés de haies en bois qui suivent leur tracé. En 1494, une haie, composée de pieux et d’épines, est refaite le long du fossé entre la porte du Pont-des-Morts et celle du Pontiffroy156. Des manœuvres nettoient les doulles* (talus de contrescarpe des fossés) à la même période157.
82Il semble en effet que ce dispositif soit complété par des levées de terre, dénommées dans les textes « fleez* »158 ou « teral »159. Malheureusement, leurs dimensions et leur configuration ne sont pas renseignées. Par exemple, en mars 1411, les Gouverneurs des Murs* font « osteit le grant teural devant la porte saint Thiébault (et cherrier az champt [Nemmery]] et pour oesteit la terre et lordure desus lez groz murs par daier lez Augustin dez la porte saint Thiébalt juscay az de greif de la tour de Chaueleirue »160. Il semblerait qu’en plus des fossés, le mur soit doublé par des levées de terre qui s’étirent de la portion d’enceinte derrière le couvent des Augustins, jusqu’au pont des Grilles de la Haute-Seille. Le système défensif est également complété par la présence de pieux (palz) à l’intérieur des fossés161.
83En temps de paix, les fossés secs sont parfois mis en culture, notamment avec de la vigne, comme celle attestée en 1513 dans le fossé près de la porte Saint-Thiébault162, ou des jardins, comme ceux dans le fossé de la porte Mazelle163.
84Certains fossés sont mis en eau. Celui aménagé à la fin du xiie siècle sous forme d’un canal (canalis164 ayant donné « Cheneau ») a été mis au jour en 2009 sur une quinzaine de mètres par le pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole165. La fouille a révélé un fossé creusé en pleine terre, présentant une ouverture d’une douzaine de mètres. Ses berges étaient renforcées à l’origine à l’aide d’une série de pieux en chêne et en hêtre, puis d’une maçonnerie au nord-ouest dès la fin du xiiie siècle. Les analyses dendrochronologiques ont révélé une date d’abattage des pieux en 1441-1442166, pour une probable utilisation lors du siège de 1444167.
85En novembre 1324, à la suite d’attaques ennemies lors de la guerre des Quatre Seigneurs, la destruction d’un petit quartier de maisonnettes, gerdins* et meis* qui s’étendent entre les murs de la cité et la rivière vers le pont des Morts et le pont Thiffroy, permet aux Sept des Murs de faire creuser des fossés autour des murs d’Outre-Moselle, depuis le ruisseau des Pucelles jusqu’à la porte Chambière (fig. 102). Ce fossé, large de 25 m environ168, présente une profondeur de près de 3 m avec un fond plat169. Ces dimensions sont confirmées, d’une part, par les relevés du xviiie siècle, et, d’autre part, par l’opération archéologique préventive à l’ancienne manufacture des tabacs en 2013.
Fig. 102 : Coupe du fossé près de la porte du Pontiffroy au début du xviiie siècle, reprenant probablement le tracé du fossé médiéval (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 4).
86Les fossés demandent un entretien régulier pour être efficaces. En 1444, ceux situés entre la Seille et la tour Camoufle, encombrés de divers établissements et jardins, sont curés pour se préparer à résister au siège du duc de Lorraine René Ier170. En 1471, ce sont ceux du front Saint-Vincent, entre la porte du Pont-des-Morts et celle du Pontiffroy, qui sont nettoyés par les paroissiens de Saint-Marcel pendant dix semaines171. D’autres nettoyages de fossés sont attestés en 1466 entre la poterne Saint-Nicolas et celle des Repenties172 ; en 1492 entre la porte Serpenoise et la tour Camoufle173 ; en 1494 et en 1519 près de la porte des Allemands174 et de la porte du Pont-Rengmont175. En 1512, les Gouverneurs des Murs* prévoient de vider le fossé devant le gros boulevard de la porte Serpenoise et d’approfondir le fossé d’une toise176.
87La création de digues permet par ailleurs d’assurer plus facilement la mise en eau des fossés. En juillet 1450, d’importants moyens sont mis en œuvre pour modifier la vanne des Pucelles, attestée depuis 1411 au moins177, et ainsi détourner une partie des eaux de la Moselle par le « ru des Pucelles » entre le Moyen-Pont et la porte du Pont-des-Morts178. Les crues de la Moselle rendent nécessaire un entretien régulier des vannes. Entre mai 1463 et janvier 1464, les Gouverneurs des Murs* font une nouvelle fois refaire cette vanne qui a été endommagée en même temps que la digue de Wadrineau. L’État des réparations à effectuer de 1467 indique l’installation d’un vantal « entre les murs dudi baille [des Pucelles] et ladite chaussée » pour « faire venir l’yawe au grat foussels du pont des morts »179. Les Sept des Murs envisageaient également la même année de « faire venir l’yawe dudit foussels parmy le grand baille du pont-des-Morts en jusque au dedent du foussez du pont Thieffroy, pour amplir ledit foussels (…) ils volroient rompre un pertuis en mur du baille du Pont-des-Morts et tranchier un foussez parmy ledit baille pour cour l’yawe ». À l’époque, le projet a sans doute été contesté, car « plusieurs disent qu’il ne se ploroit faire, por tant que la terre dudit baille est trop haute en plusieurs lieux, et qu’il le faudroit fonceller trop baixe »180.
88En 1470-1471, les réparations de la vanne des Pucelles sont si importantes qu’il est nécessaire de mettre en place un batardeau* devant le xay* de la vanne181. En 1512, cinq nefs* sont louées pour permettre à Jehan Cho le pêcheur et à ses manœuvres « d’estoupper devers les Pucelles » c’est-a-dire boucher des trous dans la vanne182. Celle-ci est à nouveau réparée en 1525, car elle « estoit toute crever »183. Après avoir installé des batardeaux*, la structure est alors remaçonnée par des ouvriers : ils réalisent une « ravance de allongement sur broxement »184. La vanne est donc rallongée et refondée sur une sorte de pilotis. Des pierres du mur d’enceinte qui s’est effondré le long de la Seille servent à avancer la vanne de 7 pieds, soit environ 2,20 m. Un vantail (écluse) qui permet de moduler le débit de l’eau est réinstallé185.
89Par ailleurs, une retenue d’eau établie près de l’embouchure de la Seille doit également augmenter la profondeur de la rivière jusqu’à la porte des Allemands186. L’État des réparations à effectuer de 1467 indique en effet qu’il « seroit boin de faire une vanne à travers de la rivière de Saille, en droit de la Tour des Berbiers pour cluseir ladite rivière ; laquelle cluze respondroit en jusqu’à la porte Allemant – et falroit faire un vantal en ladite vanne, au plus près de ladite Tour des berbiers, pour laixier courre ladite yawe, se de mestier eestoit, et n’y ait nulle deffense pour deffendre ladite vanne, forque la tour des Berbiers »187.
90En 1482, un fossé est creusé en avant de la porte des Allemands188. Entre juin et novembre 1502, le fossé de la porte Serpenoise est nettoyé, curé, et de la chaux est appliquée en guise de désherbant189. Enfin, en 1523, le fossé de la porte Serpenoise est approfondi190. Entre 1542 et 1543, des maçons vont « eschevir et lever hault le gros murs du curement du foussel a porte Serpenoize que prent a pont dicelle porte jusques a lendroit de la tour Commouffre que conthient ycelluy mis dudi curement soixante toize de dix pieds la toize »191. Cela représente donc un mur de 195 m de long. Celui-ci va reposer sur un brouxement (fondation sur pilotis) de pieux de chêne espacés d’un pied et demi chacun (soit environ 50 cm) et enfoncés de 6 pieds en terre (soit presque 2 m)192.
Focus : la digue de Wadrineau (et ses nombreuses ruptures) (M. Didiot)
91Autour de l’An Mil, la Moselle modifie son lit. Le bras occidental qui contourne Metz devient alors le bras principal tandis que le bras initial, qui traverse la ville, souffre d’une perte très importante de ses eaux. Une telle variation a eu des conséquences économiques très graves sur la ville : la navigation, le commerce et le fonctionnement des moulins se sont retrouvés ébranlés par ce changement193. Pour permettre à la ville de poursuivre ses activités économiques, une digue est construite à une date inconnue entre le village de Longeville et la pointe de l’île du Saulcy afin de faire refluer les eaux du bras occidental de la Moselle vers l’intérieur de la cité via un canal appelé « malegoule de Wadrineau »194 (fig. 103). Ce nom serait construit à partir du patois warder, qui se traduit par le verbe « garder »195. Il s’agit ici de retenir l’awe – l’eau –, ce qui donne Wadrinawe, puis Wadrineau aujourd’hui196. Cette digue, qui peut être submersible, est longue d’environ 350 m, large d’environ 6 m et haute de 6,50 m197.
92Si la digue de Wadrineau est une structure indispensable pour l’économie de la ville, elle l’est également pour assurer la sécurité de celle-ci : elle contribue à faire de la Moselle un rempart d’eau constant ; elle est donc à ce titre un élément essentiel de l’enceinte urbaine. Cependant, elle constitue aussi une zone stratégique pour les ennemis de la ville. Quand en 1444 les Écorcheurs s’y installent, la crainte des Messins est très forte. Si les ennemis tirent avec des canons et atteignent notamment la maison de Collignon Roucel dans le quartier de Vésigneul198, ils ne détruisent pas la digue, ce qui aurait pourtant pu leur assurer la victoire.
93La digue est mentionnée pour la première fois en 1298, mais il est très probable qu’elle a été construite dès le xie siècle pour mettre fin rapidement aux problèmes causés par le changement de lit de la Moselle199. De plus, transférer les activités commerciales vers le nouveau bras principal aurait suscité des problèmes de sécurité : si la défense ne pouvait plus être assurée par l’enceinte urbaine, trop éloignée, la stabilité des berges aurait également été problématique. L’édification de la digue est probablement une réponse beaucoup moins coûteuse que l’aménagement de nouvelles berges, de nouveaux ports, et de nouveaux moulins. Si la continuité des activités commerciales est rapidement maintenue grâce à la construction de la digue, cette édification va soulever plusieurs problèmes, et notamment celui de l’entretien de cette structure.
94La digue de Wadrineau permet aux propriétaires des moulins de poursuivre leurs activités, c’est pourquoi ils doivent s’acquitter d’une participation financière pour assurer l’entretien et les réparations de celle-ci200. En 1350, un atour vient confirmer cette tradition : les propriétaires des moulins, appelés treffondeurs*, doivent prêter serment devant les IIII maistres sus lai rivier de Muselle201, qui apparaissent entre 1328 et 1347202. À la fin du xive siècle, les premières difficultés liées à l’entretien de la digue apparaissent. Les conditions climatiques se dégradent, les températures baissent203 et les inondations sont plus importantes204. Ces phénomènes météorologiques annoncent le « Petit Âge Glaciaire » (xve-xixe siècles). L’ouvrage de Wadrineau est régulièrement endommagé ou emporté, causant d’importants dégâts aux alentours. Les habitants en rejettent la faute sur les propriétaires des moulins, qui refusent d’entretenir l’ouvrage, obligeant les magistrats de la ville à intervenir. À la fin du mois de février 1392, un pieu est planté au centre la digue pour matérialiser deux portions : la partie d’amont, vers Longeville, sera entretenue par la ville, et celle d’aval par les treffondeurs* des moulins205. Si cet atour établit un partage, il ne règle pas pour autant la question des réparations. La ville légifère donc à nouveau en juillet 1392 pour contraindre les treffondeurs* à effectuer des travaux qui leurs incombent206.
Fig. 103 : Vestiges de la digue de Wadrineau au début du xxe siècle (

© Archives municipales de Metz, 2Fi1170).
95Comme les Sept et Gouverneurs des Murs* qui effectuent des visitations* de l’enceinte, chaque année, les Maîtres de la Rivière sont chargés d’inspecter l’état de la digue de Wadrineau. En cas de manquement de la part des treffondeurs*, les magistrats peuvent taxer les propriétaires pour financer les réparations. En cas de refus ou d’impossibilité de payer, les treffondeurs* perdent leur moulin au profit de l’hôpital Saint-Nicolas. Toutefois, l’établissement religieux se voit alors à son tour contraint de verser la taxe. Ce procédé n’est pas sans rappeler celui mis en place sur les péages des ponts messins : les magistrats les laissent à l’hôpital à condition que celui-ci reconstruise les ponts en pierre.
96La ville s’acquitte de plusieurs réparations sur l’ouvrage en juin 1409207, et octobre 1412208. Pendant l’hiver 1418, les magistrats veillent également à faire « brixier lez glaices » devant Wadrineau209. En 1424, une nouvelle campagne de réparation est attestée210. Or, les magistrats chargés de ces travaux sont des Gouverneurs des Murs*211. S’agit-il alors d’un simple cumul de charges avec les Maîtres de la Rivière, ou cela préfigure-t-il déjà le fait que l’intégralité de l’entretien de la digue va revenir à la ville ? En effet, pendant l’hiver 1424- 1425, une crue de la Moselle entraîne une nouvelle rupture de Wadrineau. Les conséquences sont dramatiques pour l’économie, car les moulins ne fonctionnent plus. Le bras navigable est si sec qu’il est possible de relier à pied le pont Saint-Georges depuis la digue entre le 20 mars et le 25 juillet 1425212. La sécurité de la ville est également menacée : la Moselle est un véritable rempart d’eau naturel et, à la suite de ce dégât, elle n’alimente plus les fossés. Pour les treffondeurs*, un cercle vicieux se met alors en place : privés des revenus de leurs moulins, ils ne peuvent plus s’acquitter des sommes dues pour les réparations de la digue. Pour ne plus priver les habitants de farine, élément essentiel de l’alimentation, et ne plus avoir à faire face au non-respect de l’entretien de la digue par les treffondeurs*, les magistrats décident le 21 juin 1425 d’instaurer la banalité des moulins213. Par cet atour, la ville récupère l’intégralité des moulins après avoir dédommagé les propriétaires214. Si la banalité des moulins offre un très grand pouvoir aux magistrats, elle entraîne aussi de fortes dépenses liées à la nécessité de réparer la digue. De fait, pour effectuer ces travaux à moindres frais, la ville va avoir recours à la corvée215. La gestion et l’entretien du chantier sont alors confiés aux Gouverneurs des Murs* qui prennent le nom de « gouvernours des murs des ouvrages de la femeteit de la citeit et des vannes de Waudrinowe et de la rivière »216. Il y a donc bien eu une fusion entre les Maîtres de la Rivière et les magistrats de l’enceinte. Entre mai 1425 et juillet 1426, les dépenses de la ville pour entretenir l’enceinte et Wadrineau atteignent 2119 l. : cela représente alors en moyenne quatre fois le budget des fortifications217. Les dépenses liées à la reconstruction de la digue vont donc régulièrement impacter les comptes des Gouverneurs des Murs* sans qu’il soit possible d’établit formellement une proportion. En 1430, après la guerre de la Hottée de Pomme, l’abbaye Saint-Martin-devant-Metz, ainsi que les bourgs qui l’entouraient sont détruits. La ville de Metz récupère les pierres de construction pour reconstruire solidement la digue de Wadrineau qui était jusqu’alors surtout faite de bois218.
97En janvier 1470, une nouvelle débâcle de la Moselle vient faire une brèche de plus de 60 pieds dans la digue219. Les multiples campagnes de travaux entre juin 1469 (avant la rupture220), et avril 1470 vont nécessiter plus de sept cent soixante-six charretées* de pierres221. Le chantier se poursuit jusqu’en septembre 1470 : trois cent vingt-deux charretées* supplémentaires sont nécessaires222. Au total, les travaux auront nécessité neuf cent quatre-vingt-huit charretées* de pierres223. En juin 1512, les comptes de l’hôpital Saint-Nicolas indiquent que Jehan Cho le pêcheur et des manœuvres ont « estoupper sur Wadrynou », c’est-à-dire boucher des trous dans la digue224. Celle-ci avait en effet « este rompue par les grande eau »225. L’hôpital Saint-Nicolas intervient donc encore aux côtés des Gouverneurs des Murs* pour effectuer des travaux sur la digue de Wadrineau.
3.2. Les ponts fortifiés et les portes d’eau
98La ville de Metz étant traversée par la Moselle au nord-ouest et par la Seille au sud-est, le mur d’enceinte enjambait les deux rivières par des ponts fortifiés, véritables prolongements de la muraille. Ces ponts étaient formés de deux à quatre arches qui étaient fermées par des grilles (baires*) pour empêcher l’assaillant de pénétrer dans la cité. Grâce à un mécanisme à contrepoids, elles pouvaient être relevées si nécessaire. Ce type d’ouvrage semble apparaître partout en Occident à la fin du xiiie siècle, mais se diffuse surtout au xive siècle. La structure des ponts fortifiés messins se rapproche de celle des portes d’eau du nord de l’Europe, telle la tour des Arquets à Cambrai (fin xive siècle) et le pont des Trous à Tournai (fin xiiie-début xive siècles). Toutefois, le pont des Basses-Grilles de la Moselle présente une configuration identique à celle des ponts du sud de la France, comme le pont Valentré à Cahors (1308- 1378) et le Vieux-Pont d’Orthez (fin xiiie-début xive siècles). L’accès aux ponts était particulièrement soigné : à plusieurs reprises au début du xvie siècle, des « commis dez chemins devant lez ponts », autrement dit les Sept et Gouverneurs des Chemins, sont destinataires des sommes nécessaires à la remise en état des voies d’accès aux ponts devant les portes comme à la porte Mazelle ou à la porte des Allemands.
3.2.1. Le pont des Grilles de la Basse-Seille
99Construit en 1381 en même temps que la fermeté de la Grève226, le pont des Grilles de la Basse-Seille franchissait la Seille à la sortie de la ville jusqu’en 1911 (fig. 104). Il n’en reste aujourd’hui que la partie supérieure à la suite du remblaiement de la zone au cours de la première annexion allemande (fig. 105). Il forme un angle de 120° avec le mur de la Grève et est orienté sud-est/nord-ouest. Long de 47 m et large de 3,90 m, sans le contrefort situé dans la partie sud, il se raccroche au nord-ouest à l’enceinte du xiiie siècle, au sud de l’ancienne porte en Chadeleirue, aujourd’hui murée. Le niveau de remblais le recouvre jusqu’à une altitude d’environ 168,00 m (NGF) et son sommet, couronné par un chemin de ronde, culmine à 174,63 m (NGF).
Fig. 104 : Le pont des Grilles de la Basse-Seille vu du nord peu avant son remblaiement en 1911 (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 105 : Le pont des Grilles de la Basse-Seille vu du nord (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

100Le pont des Grilles de la Basse-Seille est parfois dénommé « baires* de Chadeleirue » en raison de sa proximité avec la poterne éponyme. Ainsi, en 1409, deux manœuvres sont chargés de briser la glace devant les baires* de Chadeleirue227. En effet, il fallait briser la glace qui aurait pu arracher ou endommager les baires* et peut-être également pour empêcher toute intrusion dans la ville en cheminant sur la glace. L’année suivante, le compte mentionne plus clairement le « pont de chandeleirue » à l’occasion de travaux de couverture effectués sur la « chambrate a chief » du pont, c’est-à-dire sur la salle qui abrite le mécanisme des baires*228.
Fig. 106 : Relevés en élévation du pont des Grilles de la Basse-Seille en 1822 (en haut) et en 2011 (en bas) (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après un relevé de H. Klipffel

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
101Seule la partie supérieure du pont, constituée de deux arches encadrées de part et d’autre au nord-est et au sud-ouest par deux murs parallèles et dont la partie sommitale forme les parapets du chemin de ronde, est encore visible (fig. 106). Ces deux murs sont attachés aux deux arches grâce à un système de chaînage vertical et de voûtes cintrées (fig. 107). Au sud-ouest, le pont est renforcé dans sa partie centrale et occidentale par deux contreforts.
Fig. 107 : Relevés en coupe du pont des Grilles de la Basse-Seille en 1822 (à droite) et en 2011 (à gauche) (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après un relevé de H. Klipffel

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
102Le mur médian sur lequel sont construites les deux arches est long d’environ 35 m et large de 0,60 m. Il est haut de 5,10 m. À la suite des différentes réfections du xxe siècle, il est essentiellement recouvert d’un enduit de mortier composé de gravillons, de petits galets et de sable, rendant difficile l’observation de son appareillage en raison de sa restauration en 1957.
103À l’est, un arc brisé est construit sur le mur. D’une ouverture large de 10,56 m et haute de 3,73 m, il est constitué de vingt-six blocs taillés en calcaire de Jaumont. Chaque bloc a pour dimensions 0,61 m de longueur, 0,54 m de largeur et 0,52 m d’épaisseur. Ils sont liés par des joints épais d’environ 3 cm. Ces blocs ont la particularité d’être gravés de signes lapidaires. Quant à l’arc situé à l’ouest du pont, lui aussi construit sur le mur, il est cintré et comporte une ouverture large de 13,54 m et haute de 3,60 m. Il se compose de vingt-neuf blocs taillés en calcaire de Jaumont. Ces blocs, comportant également des signes lapidaires, mesurent 0,60 m sur 0,57 m, pour 0,57 m d’épaisseur, et sont liés par des joints épais de 3 cm. Le départ d’un troisième arc, composé de deux blocs taillés en calcaire de Jaumont est également visible au sud de l’arc cintré et semble noyé dans le mur. Il est conservé sur une hauteur de 1,04 m. Ces deux blocs mesurent 0,57 m sur 0,54 m pour 0,53 m d’épaisseur et comportent des traces de taille.
Fig. 108 : Évocation du pont des Grilles de la Basse-Seille au xve siècle (infographie : N. Gasseau – Historia Metensis).

104Le mur central est encadré par deux murs latéraux chaînés par deux systèmes différents. Ces murs sont interrompus au niveau des deux arches, mais ils étaient construits à l’origine d’un seul tenant et mesuraient respectivement 47,43 m et 37,75 m.
105L’entrée de la cage d’escalier qui permettait d’accéder aux grilles du pont, attestée sur un relevé du xixe siècle, est aujourd’hui impraticable.
106Deux contreforts viennent aussi renforcer le mur du pont. Le premier est appuyé contre celui-ci dans sa partie centrale. Haut de 4,15 m, large de 5,64 m et épais de 1,26 m, il est chaîné aux angles par un piédroit en besace, composé de quinze blocs taillés en calcaire de Jaumont. De dimensions moyennes (0,57 m x 0,46 m x 0,20 m), certains de ces blocs ont la particularité de comporter des marques lapidaires. L’appareillage du blocage est peu visible en raison de l’enduit de mortier qui vient le recouvrir. Le second contrefort est haut de 4,40 m et présente une largeur de 1,70 m pour une épaisseur de 1,06 m.
107Toutefois, le pont des Grilles de la Basse-Seille n’avait pas cet aspect originellement (fig. 108). Comme le rappelle Roch Stephan Bour229, des travaux sont effectués sur le pont durant l’été 1931. C’est à ce moment que le pont est dépourvu de son parement extérieur après avoir été remblayé en 1911. Cependant, grâce à des photographies et des relevés de la fin du xixe et du début du xxe siècle, l’aspect exact de cet ouvrage est connu. Les deux bras de la Seille passaient sous les deux arches (fig. 109). Le moulin de la Basse-Seille était situé plus au sud. La partie encore visible aujourd’hui n’est que la partie supérieure du pont et à cet endroit, un système de contrepoids permettait d’actionner les grilles, situées plus bas. D’après ces relevés, l’ouvrage était haut de plus de 13,30 m depuis ses fondations et surplombait le niveau de la Seille de plus de 11,30 m.
Fig. 109 : Relevés en plan du quartier de la Grève (en haut) et en coupe du pont des Grilles de la Basse-Seille (en bas) en 1822 par H. Klipffel (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
108La face nord-est est connue grâce à une série de photographies prises en 1911230. Ces clichés permettent de suggérer quelques remarques à propos de la construction du pont. En effet, le pont des Grilles de la Basse-Seille a peut-être été construit en deux campagnes de travaux comme le montrent certaines différences architecturales entre les deux sections : les arcs de décharges visibles sur les photos sont en blocs taillés du côté est, tandis qu’il s’agit de moellons du côté ouest. Ces observations sont peut-être à mettre en relation avec les réparations effectuées en juillet 1489. En effet, un batardeau* est alors mis en place pour effectuer des réparations à sec sur l’une des piles du pont231.
Fig. 110 : Le pont des Grilles de la Basse-Seille en cours de remblaiement en 1911 vu du sud (détail) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 111 : Le pont des Grilles de la Basse-Seille pourvu de son crénelage et de sa toiture en 1814 (dessin anonyme) (

© Coll. J. Thiriot).
109En outre, le pont était formé par le passage couvert du chemin de ronde qui reliait la tour des Barbiers et les tours de la porte en Chadeleirue. Du côté sud-ouest, il était éclairé par six fenêtres dont il ne reste plus de trace (fig. 110). Le départ d’arche observé au niveau du sol pourrait être la preuve que le mur sud-ouest était initialement ouvert. L’arche aurait alors été engloutie dans la maçonnerie lors de la fermeture du mur.
110En 1814, le chemin de ronde était encore couvert par un toit à deux pans et son parapet nord était crénelé (fig. 111). Ce toit semble exister au Moyen Âge, puisqu’en 1489, le pont reçoit une couverture d’ardoise232. Il était équipé de ses grilles (ou baires*), qui étaient des sortes de herses formées d’une série de fuseaux ou « bairons* » en bois et en métal, réunis à leurs extrémités supérieure et inférieure par deux madriers horizontaux nommés « les sappins ». Des sapins pouvaient aussi être ponctuellement ajoutés à cette structure pour renforcer la résistance da grilles en cas de crue. À la façon d’une herse sur une porte, elles pouvaient être descendues pour bloquer la navigation à l’ennemi. Le mécanisme était abrité dans le passage formé par deux murs latéraux, sous les deux arches. Les grilles coulissaient probablement par une fente présente dans le sol. Leur position correspond à des creusements cylindriques visibles encore dans les arches, qui avaient sûrement pour rôle de leur permettre de coulisser sans heurter l’arche de pierre. L’arche présente également deux paires d’empreintes carrées laissées sur le parement et ayant manifestement servi à fixer des pièces de métal : leur positionnement coïncide avec la largeur de la grille représentée sur le relevé de 1822 et correspond probablement aux poulies utilisées pour désaxer les cordes ou les chaînes des contrepoids, qui, sans cela, auraient été gênées par l’arche.
3.2.2. Le pont des Basses-Grilles de la Moselle
111Le pont des Basses-Grilles de la Moselle, ou Grilles du Rimport, enjambait la Moselle entre le chemin des Corporations et la porte en Chambière. D’après une inscription gravée sur une des piles et découverte lors de sa destruction en 1745, le pont des Basses-Grilles de la Moselle a été édifié en 1360233 :
« + ATANS : CON : FAIXOIS : CETVI (sestui)/PON : ESTOIT : LOVTANS : AN TEY : SAIXON : LA : Q(ua) RTE : DE : FROMANT : VALOIT : XI : S : D M(e) T(s) : Z III : Z : LAVOINE : VI : S : Z : III : D : TEY : FVT : LI : PAIN : DVN : GRAY : DENIER : (ici on voyait une main indicatrice tournée vers un pain rond d’environ une demi-livre) Z : LI : VIN : SI : ESTOIT : SI : CHIER : LI : Q(ua) RTE : VALOIT : XV : D : CE : FVT : DRO(droy) : AN : CELVI : TANS : P(ar) : M : CCC : Z : LX : ANS ».
112Elle précisait également le prix du blé, de l’avoine, du vin et d’une demi-livre de pain de cette époque. Roch Stephan Bour atteste que l’inscription était gravée en majuscules gothiques du xive siècle, sans que nous puissions toutefois le confirmer.
Fig. 112 : Plan du pont des Basses-Grilles de la Moselle (ou Grilles du Rimport) en 1745 (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 46).
Fig. 113 : Relevés en élévation du pont des Basses-Grilles de la Moselle (ou Grilles du Rimport) vu du nord en 1732 (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 25).
113Long de 30 m, le pont des Grilles de la Moselle était large de 2,60 m et il était couvert d’une toiture d’ardoise234 (fig. 112). D’après le relevé du début du xviiie siècle235, il était haut de 13,65 m au-dessus du niveau de la Moselle (fig. 113). À l’ouest, entre la deuxième et la troisième arche, il était flanqué d’une tour de plan carré haute de 19 m. Le plan de 1732 semble attester l’existence de deux autres arches, probablement écrêtées à une date inconnue. Ses trois arches en plein cintre présentaient une ouverture de 14,40 m en largeur et de 8,10 m en hauteur. Une quatrième a été bouchée. D’après l’État des réparations a effectuer de 1467, il y avait effectivement un « besoing d’estouppeir et de murieur la premiere airche vers Chambier, c’est à savoir de Nuef-Pont qui est costé le gerdin Signor Nicole Groignet, pourtant c’on vient tout à saiche dedent la ville par ladite airche »236. Les travaux ont donc été effectués après cette date. Chaque arche était équipée de grilles (baires*) (fig. 114). Le sommet du mur de parement était crénelé et était flanqué de deux bretèches* de plan semi-circulaire par arche. Chaque pile, large de 5,10 m, était munie d’avant et d’arrière-becs. À l’ouest, il menait à la porte de Chambière grâce à un escalier et à l’est, à une casemate reliée à l’enceinte du xiiie siècle. Deux escaliers sont attestés en octobre 1489 et deux tourelles couvertes d’ardoise venaient les protéger237.
Fig. 114 : Évocation du pont des Basses-Grilles de la Moselle (ou Grilles du Rimport) au xve siècle (infographie : N. Gasseau – Historia Metensis, d’après SHD Vincennes, Atlas 132).

114Qualifié de « nuef pont » au début du xve siècle, il est régulièrement entretenu, notamment en hiver. En 1406, en décembre 1410238, en janvier 1414239 ou en 1489240, il faut alors y « brixier la glaice » pour éviter qu’une débâcle emporte les baires*241. Ces baires* sont rapidement en mauvais état et dès janvier 1413, elles sont changées242. Elles sont à nouveau rénovées en 1417243. En février 1418, l’une des baires* est retirée, car « la grose piece de dezou estoit pourie »244. Elle est remplacée et les Gouverneurs des Murs* font installer une poulie de fer pour l’actionner. En 1494, le pont bénéficie encore de travaux : des pieux sont installés par des corvéables en avant des arches245 et devant les « pointes » (probablement les avant et les arrière-becs)246. Comme le Moyen-Pont, le pont des Basses-Grilles de la Moselle disposait d’un aménagement sous l’une de ses arches qui permettait de laisser passer les nefs*247.
115En raison de son état délabré, le pont des Basses-Grilles de la Moselle est détruit en juin 1746248. Impraticable pour les chariots en raison de son étroitesse, un nouveau pont large d’environ 11 m est construit249.
3.2.3. Le Moyen-Pont-des-Morts
116Le Moyen-Pont est situé au débouché de l’actuelle rue du Pont-des-Morts. Enjambant le bras intérieur de la Moselle, il permet de relier le centre historique de Metz au quartier d’Outre-Moselle. Un premier pont est construit en bois, tandis que le pont en pierre est édifié entre 1282 et 1312. Mais en 1409, le compte du receveur indique la pose de « crampon en une pierre qui tient la nueve partie dou pont dez mors dedent de la ville ». Il semblerait donc que l’édification du pont en pierre ne soit pas terminée250. Il se composait à l’origine de cinq arches pour une longueur totale de 79 m. Dès 1324, la cinquième arche menace de s’effondrer251. Le compte du receveur de 1412 révèle également qu’en octobre, « I pailli de chenne […] ait fait a dedan ver la ville en larche dou Moien Pont dez mors vers lez Pucelles »252. Il s’agit probablement d’une palissade réalisée avec des pieux de chêne à l’intérieur de l’arche du pont qui touche le quartier d’Outre-Moselle, vers les Pucelles253. Cette première tentative d’obturation de l’une des arches tend à prouver que celle-ci n’était peut-être plus en contact avec la rivière (à cause des alluvions), et qu’elle n’abritait pas de baires*. Cette fermeture peut toutefois avoir été temporaire. Une arche est condamnée en 1484 par Hannès et Henri de Ranconval254, avant d’être supprimée en 1740 lors de la construction de l’actuel quai Paul-Vautrin (elle existe encore et sert de cave à la maison voisine). Les quatre arches étaient en plein cintre et présentaient des ouvertures hautes de 4 à 5 m et larges de 9,55 m à 13,60 m. Les piles du pont sont épaisses de 5 m à 5,40 m et sont munies d’avant et d’arrière-becs massifs. En mars 1411, le compte du receveur indique en effet le début de travaux de maçonnerie pour « taillier […] sur lez talon dou di pont a defuer [Moyen-Pont] »255. Il s’agit probablement des arrière-becs256. Les voûtes sont soutenues par quatre arcs doubleaux composés de blocs taillés en calcaire de Jaumont larges de 0,90 m à 1 m.
117À la fin du xive siècle, le pont est élargi de 1,60 m (fig. 115). Depuis au moins 1405, des baires* fermaient la Moselle à cet endroit257. Un plancher recouvrait également le pont258. Chacune des cinq grilles était mise en mouvement par deux vis en bois à écrou fixe, également en bois, et le mécanisme de chaque vis était fermé par une serrure à clé259. Les grilles étaient manœuvrées à l’aide de cordes et de poulies260. Pour que le système ne se bloque pas, les vis des baires* de chaque pont étaient enduites de graisse261. En 1418, onze livres de graisse sont utilisées, soit plus de 5 kg262.
118Les nefs* pouvaient passer sous le Moyen-Pont, une porte ayant été aménagée dans l’une des arches avant 1410263. Cette ouverture est réparée en juin 1418264. Pour protéger les baires*, les glaces sont brisées pour éviter que les grilles ne soient emportées lors d’épisodes de débâcle. C’est notamment le cas en 1410265, en 1411266, en 1413267, en 1414268, en 1418269, en 1432270, ou encore en 1489271. Malgré ces précautions, les baires* sont mises à rude épreuve : en janvier, puis en décembre 1417, il est nécessaire de « remettre des bairons* en lez baire du moien pont dez mors »272. Il faut donc garnir les grilles de nouveaux barreaux de bois.
Fig. 115 : Relevés en coupe du Moyen-Pont en 1739 (détail) (

© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 83).
119Ultérieurement – peut-être en 1476273 –, un bâtiment large de 2,55 m est élevé au-dessus des chambres des grilles sur toute la longueur du pont. Par ailleurs, le pont était déjà couvert en 1409, car il est question d’y faire des fenêtres274. Un fèvre* – un artisan du métal – est en effet chargé de retirer les vingt fenêtres du Moyen-Pont275. En juin 1412, le même artisan installe des poids pour « tenir les fenetres euvertez »276. De plus, un couvreur d’ardoise doit intervenir pour « restopper lez pertux [trous] de la chambrette du Moien Pont dez mor »277. En 1491, une série de fenêtres et de barbacanes* y sont percées278. Ce bâtiment permettait d’abriter les mécanismes des grilles et d’y poster des soldoyeurs. En 1492, des charpentiers achèvent la « nueve chambre desu le Moyen-Pont » et y font « II couchette »279. Ils réalisent également des escaliers pour accéder à la tour carrée « qui est auchief du Moyen-Pont », c’est-à-dire la casemate de tir. Le bâtiment abritant les baires* est détruit en 1743 (fig. 116). Certains plans montrent qu’une seconde galerie existait sur la tête d’aval du pont280.
Fig. 116 : Le Moyen-Pont à la fin du xixe siècle sans ses équipements médiévaux (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 117 : Le Moyen-Pont, la tour des Peintres et la casemate de tir occidentale au milieu du xixe siècle (dessin d’A. Migette) (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 118 : Évocation du Moyen-Pont à la fin du xve siècle (infographie : N. Gasseau).

120Du côté des Pucelles, un bolwerk est installé « anchief du Moien pont decoste la tour dez Pointres » à partir de septembre 1484281 (fig. 117). Hannès et Henri de Ranconval en supervisent les travaux. En février 1492, les Gouverneurs des Murs* font « restoupper et muriez plussieurs crenelz sur les II boullewaircq de daier le Moyen-Pont et fait des cannonier en lesdi crenels solloient estre »282. Ils font également installer des mâchicoulis* (fig. 118). En 1525, deux nouvelles baires* sont installées283.
121En 1657, des travaux sont entrepris pour rétablir les avant et arrière-becs. Le pont n’est pavé qu’en 1702, bien que le projet soit déjà évoqué un demi-siècle plus tôt. Jusqu’en 1861, le pont était fermé par cinq grilles. À cette date, la largeur du pont est portée à 12 m. En 1944, lors de la Libération de la ville, les trois arches de la rive gauche sont détruites, le pont est reconstruit peu après à l’identique. En 2014, sa largeur est augmentée afin de pouvoir y faire circuler le « Mettis » (transport en commun en site propre).
3.2.4. Le pont des Grilles de la Haute-Seille
122Le pont des Grilles de la Haute-Seille est bâti dans la partie méridionale de l’enceinte, à l’endroit où la Seille pénètre dans la ville, au niveau de l’actuelle place Mazelle (fig. 119). Il était long d’environ 22 m et large d’un peu moins de 4 m. D’après la gravure d’I. Silvestre de 1667, le pont enjambait la rivière à l’aide de trois arches en plein cintre munies de grilles. Comme ses homologues, il était coiffé d’un toit. Il semblait percé de six ouvertures rectangulaires et présentait deux bretèches* construites en encorbellement. Toutefois, sa date de construction en pierre demeure incertaine, mais pourrait correspondre au xive siècle, comme pour les autres ponts fortifiés. Le pont bénéficie de travaux en novembre 1490 jusqu’en 1491284. Les baires* des trois arches sont en effet réparées, car elles ont été rompues par les glaces.
Fig. 119 : Le pont des Grilles de la Haute-Seille vu du sud en 1667. Extrait du Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel par I. Silvestre (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
123Au début du xvie siècle, le pont joue un rôle important pour mener un chantier sur le pont maçonné de la porte des Allemands. En août 1502, des ouvriers stoppent la Seille « daier les baire de la Haulte Saille pour ouvre auz Allement »285. Les eaux de la rivière sont ainsi détournées vers le bras qui traverse la ville. Les travaux mis en œuvre pour mettre en place ce barrage temporaire ne sont pas mentionnés, mais il est probable qu’il s’agit d’une structure de bois conçue comme une digue et qu’elle s’étirait en avant de la porte Mazelle, le long du bras de la rivière qui passait sous le pont des Grilles de la Haute-Seille.
Fig. 120 : Plans schématiques et diachroniques des portes de l’enceinte (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

3.3. Portes, poternes, boulevards et ouvrages avancés
124Dès le début du xiiie siècle, l’enceinte de Metz est percée de plusieurs portes et poternes pour accéder à la ville. En octobre 1324, lors de la guerre des Quatre Seigneurs, les nécessités de la mise en défense de la cité imposent de murer et de clore plusieurs des portes286. Une liste de dix-neuf portes est alors donnée et elle cite dans un ordre topographique les portes Serpenoise, de Saint-Thiébault, de Chavelrue (Chaivrerue en 1288), des Repenties (1267), de Saint-Nicolas (poterne), à Mazelle (1251), à la Chennal (1293), des Allemands (1267), du Pont-Dame-Collette (1293), au Haut-Champel, au Bas-Champel (1245, murée avant janvier 1421)287, de Chauldelerue (1275), au Pont-Rengmont (1288), à la Saulz en Rimport (poterne en 1269), en Chambière (1245), « decoste l’hostel sire Nicole Lambert », au Pont-des-Morts (1267), en Anglemur (1275), Patar au meis Charles288. On peut alors distinguer six portes principales – la porte du Pontiffroy étant construite à la fin du xive siècle – et douze poternes (fig. 120).
125Encadrées par deux tours du mur d’enceinte, les portes primitives semblent n’avoir été à l’origine, qu’un passage voûté assez sommairement pratiqué dans la courtine. Ce système de porte est généralisé sous le règne de Philippe Auguste289. On le retrouve non loin de Metz, à Vic-sur-Seille, avec la construction de la porte du château des évêques de Metz à la fin du xiie siècle290. Le creusement d’un fossé, peut-être limité aux environs du passage des portes, impose la mise en place d’un pont-levis ou de ponts dormants. Des ouvrages extérieurs viennent dès la fin du xive siècle compléter les portes qui sont souvent intégralement reconstruites à partir de la seconde moitié du xve siècle, puis encore adaptées à l’évolution de l’artillerie dans les premières années du xvie siècle. Les plus petites portes, ou poternes, étaient de simples passages percés dans le mur de courtine. Fermées la plupart du temps, nous n’avons que peu d’informations à leur sujet.
126Il semble qu’initialmement, les premiers boulevards soient en bois, et non maçonnés, avec des lices et des levées de terres (fleez*) installées en avant des portes, qualifiées parfois dans les textes de « fausses portes ». Malgré la construction en pierre des ouvrages avancés, ces dispositifs en bois et en terre semblent perdurer, comme aux portes Mazelle et à celle du Pont-Rengmont en 1480-1481291 et à la porte du Pontiffroy en 1484-1485292. Il faut noter que les lices et les « fleelx* » sont à la charge des Sept de la Guerre : leur entretien apparaît en effet dans la comptabilité de la septerie*.
Fig. 121 : La porte des Allemands vue du sud (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 124 : La porte des Allemands avec son châtelet en 1667. Gravure d’I. Silvestre.

Fig. 125 : La porte des Allemands primitive du xiiie siècle avec ses deux tours semi-circulaires, mais dépourvue de son châtelet (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

3.3.1. La porte des Allemands
127La porte des Allemands est le dernier châtelet qui subsiste aujourd’hui de la fortification médiévale (fig. 121). Achevée vers 1230, elle est attestée dans les textes en 1267293 et demeure l’édifice de l’enceinte le mieux connu et le plus abondamment documenté (fig. 122 et 123). De même que les autres principales portes de la cité, la porte des Allemands est un passage voûté percé dans la muraille, surmonté d’un châtelet (fig. 124) et encadré par deux tours de 16 m de haut de plan semi-circulaire à trois étages coiffées d’un toit en poivrière (fig. 125). La circulation à l’intérieur de ces tours se faisait à l’aide d’échelles294. La comptabilité du receveur de la ville indique en décembre 1409 la construction d’une « chambratte à la porte des Allemands »295. Il s’agit probablement d’une pièce destinée à abriter les gardes. La construction de courtoises* « en flaiel defuer la porte des allement » est indiquée en février 1410296.
128La porte était également munie d’une baire ferrée, c’est-à-dire d’une herse en 1412297, réparée en 1421298. Le compte rendu de la tentative de la prise de la ville par le duc de Lorraine en 1473 indique en effet la présence de vantaux et de herses299. Les deux tours sont munies de canonnières et d’archères canonnières percées au xve siècle. Après l’attaque de 1473, la porte bénéficie l’année suivante de travaux sous la direction des seigneurs Pierre le Gronnais et Pierre Rengnillon, tous deux gouverneurs de la porte300. En avril 1474, un passage devant la porte est mis en place par des charpentiers, puis un pont de bois en septembre301.
Fig. 122 : Relevés en plan de la porte des Allemands (CAO : P. Kremer – Metz Métropole ; DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 123 : Relevés en coupe et en élévation de la porte des Allemands (CAO : P. Kremer – Metz Métropole ; DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

129La porte des Allemands était aussi protégée par un large fossé empruntant le cours de la Seille, enjambée par un pont dormant maçonné302. Ce pont est réalisé entre octobre 1506 et mars 1507 avec des blanches pierres303. Une opération du pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole en 2013 a révélé que le mur de courtine au nord de la porte a pu être doublé dès la fin du xiiie siècle ou le début du xive siècle304. Il est difficile de parler de fausse braie*, puisque aucun rempart de terre n’a été observé et qu’elles n’apparaissent généralement qu’au xve siècle pour contrer les effets de l’artillerie. Toutefois, certaines fortifications alsaciennes ont montré un doublement de leurs murs de courtine dès la fin du xiiie siècle305 et ce dispositif a pu être adopté à Metz.
130L’apparition de l’armement à feu au cours du xive siècle oblige à prémunir la porte des Allemands contre ses effets. Ainsi, au cours du siège de la ville par le duc de Lorraine et le roi de France, la porte est dotée d’un ouvrage avancé construit par l’architecte Henri de Ranconval en 1445306, mais au préalable, un ouvrage avancé « primitif » de terre et de bois, venait vraisemblablement doubler la porte des Allemands avant 1412307 (fig. 126). En 1419, un pavement réalisé « desous la porte des allement et entre lez II porte » vient étayer cette hypothèse308. Or, il ne s’agit probablement pas de la porte du xiiie siècle munie de deux jeux de vantaux (l’un côté ville, et l’autre s’ouvrant sur la Seille), car dans la comptabilité, ces portes sont appelées huixes, mais probablement d’une deuxième porte. Celle-ci devait se situer devant le pont de bois qui enjambait la rivière, du même côté que la porte du xiiie siècle. La zone pavée entre les deux portes devait donc être relativement réduite puisque cela n’a coûté que 11 s.
Fig. 126 : Le baile et l’ouvrage avancé de la porte des Allemands construits en 1445 (cliché L. Kieffer – Historia Metensis).

131Les deux tours du boulevard sont imposantes avec 10 m de diamètre, et s’élèvent à 28 m au-dessus du niveau de la Seille sur trois niveaux. On accède aux étages de la tour nord grâce à un escalier à double révolution (fig. 127). Ces tours, percées de canonnières et d’archères canonnières, sont séparées de la porte primitive par un baile* long de 27 m (84 pieds messins309), construit sur le pont maçonné dont les parapets ont été surélevés. En 1480, une galerie couverte est ajoutée au nord du baile* pour relier les deux portes (fig. 128). En 1483 (nouveau style), un fossé est creusé en avant de l’ouvrage avancé, nécessitant d’importants travaux de consolidation, car « la nueve porte qui avoit esté faicte [en] lan mil IIII XLV estoit très mal fondee et aussy encommençoit a verseir »310. Un pont-levis est alors installé et permet de traverser ce fossé rempli des eaux de la Seille.
Fig. 127 : L’escalier à double révolution de la tour nord de l’ouvrage avancé de la porte des Allemands (1445) (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 128 : La galerie voûtée du baile de la porte des Allemands (1480) (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

132En 1489, les comptes des Gouverneurs des Murs* indiquent que le pont qui enjambait la Seille, entre la porte du xiiie et l’ouvrage avancé était équipé de « II nuef vantalz »311. Ce même pont est fortement endommagé à la suite d’une crue au début du xvie siècle312. La première campagne de travaux débute dès avril 1502313 suivie d’une deuxième pendant l’été. Les eaux de la Seille sont détournées vers l’intérieur de la ville via un barrage situé près du pont des Grilles de la Haute-Seille dès le mois d’août314. Les travaux sur l’arche du pont débutent dans la foulée. Des échafaudages sont installés en septembre315. Le compte des Gouverneurs des Murs* donne très peu d’informations sur cette campagne de réparations et se contente de mentionner le fait qu’ils ont fait « tanssoner larche daier lesdi vantal az Allement » et « ouvrer daier les vantals desoubs la porte des Allement »316.
133L’année suivante, de nouvelles inondations obligent les Gouverneurs des Murs* à intervenir sur la porte et le boulevard, car les fondations ont été endommagées. Cette nouvelle campagne de travaux est connue grâce aux écrits de Philippe de Vigneulles. De grands batardeaux* sont installés pour pouvoir travailler à sec317, car si les eaux de la Seille ont été détournées vers l’intérieur de la ville via un barrage situé près du pont des Grilles de la Haute-Seille dès le mois d’août 1502318, les eaux de la Cheneau continuent à couler devant la porte. Un système de dérivation reposant sur l’utilisation de chenaux de bois est mis en place319. Ceux-ci rejettent l’eau « devers la porte Damme Collette, en aval de la porte des Allemands »320. Des manœuvres sont également réquisitionnés pour vider la zone nuit et jour. Des manœuvres sont également embauchés pour écoper nuit et jour l’eau qui s’accumule dans cette zone.
Fig. 129 : La porte des Allemands vue du nord avec les vestiges de la salle de tir sous le pont du baile (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

134À peine la tâche est-elle terminée que le mauvais temps vient de nouveau causer d’importants dégâts. La fondation d’une des tours du boulevard est mise à nu et menace de s’effondrer. Il faut alors la
135« rechaussier », c’est-à-dire refaire le soubassement et les fondations321. Pour ce faire, les fossés sont vidés, nettoyés, et désherbés à la chaux. Des pieux ferrés viennent retenir la terre des parois et le pied de la tour. Ils sont renforcés par l’édification d’un mur de pierre, de sable et de chaux. Les pieux sont alors « emmuriés »322. Un coffrage de bois vient compléter le tout « pour tenir l’ouvraige plus ferme »323. Pourtant, en hiver de la même année, les eaux font gonfler le bois et la structure nouvellement refaite est emportée par les eaux jusqu’à la tour des Dames-Colette324. Les Gouverneurs des Murs* doivent alors abandonner le chantier de la porte Serpenoise pour retourner réparer la porte des Allemands. Le chantier de réparation du pont du baile* reprend entre octobre 1506 et mars 1507325. Une inscription gothique sur la culée du pont attenante à la tour sud du boulevard vient rappeler ces travaux : « reprouché 1506 ». Le pont-levis reliant le boulevard à la berge est supprimé et remplacé par un pont maçonné dès 1509. À cette date, l’accès à la porte est particulièrement soigné : le seigneur Nicole Roucel est « commis » pour refaire les chemins de la porte des Allemands et de la porte Mazelle pour 30 l.326. Il est donc gouverneur « des chemins devant les ponts »327. En 1509, les Gouverneurs des Murs* font encore percer trois fenêtres et « II airvolz », des canonnières, pour mettre « au long de la montée de la porte dez Allemant ou il y avoit ung viez planchiez »328.
136En 1529-1531, de nouvelles modifications sont apportées à la porte par Philippe Desch, alors Gouverneur des Murs* de la cité. Deux salles de tir sont ajoutées successivement au nord de la porte du xiiie siècle, permettant également de relier en toute sécurité le baile* à la fausse braie* mise en place en 1526-1527329. Une salle de tir est par ailleurs construite sous le pont de la porte afin de la protéger des attaques susceptibles de venir de la Seille (fig. 129). La porte bénéficie encore de réparations réalisées par Poincelle le masson en avril 1552 pour 12 l., mais la nature ces travaux n’est pas indiquée330.
137Les évolutions de l’artillerie rendent la porte obsolète dès le début de l’époque moderne (fig. 130). Ainsi, en 1674, Vauban fait construire une troisième porte en avant des précédentes afin de briser toute attaque331. Quelques décennies plus tard, en 1735, le baile* voit la construction d’une série d’habitations, notamment au-dessus des salles du xvie siècle, permettant de loger l’aide-major332 (fig. 131). Entre cette date et 1770, le châtelet situé entre les deux tours du xiiie siècle est détruit et les tours sont arasées333.
Fig. 130 : La porte des Allemands à la fin du xviie siècle. Extrait du Portrait de la ville et cité de Metz (huile sur toile) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12021).
Fig. 131 : La porte des Allemands vue du nord-est et les bâtiments construits sur les salles de tir au xviiie siècle (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
138En 1859-1861, après s’être occupée du front de Seille entre 1834 et 1842, la Direction du Génie militaire entreprend d’importants travaux de restauration en s’inspirant des travaux d’Eugène Viollet-le-Duc334. En 1892, pendant la première annexion allemande, une façade crénelée est construite contre les deux tours du xiiie siècle et l’ouvrage avancé est à nouveau muni de ses créneaux.
139Alors que la porte de Vauban est détruite à cette époque, les habitations sont réhabilitées en 1907 afin d’y accueillir une annexe des Musées de Metz et les collections d’ethnologie liées au Pays messin (fig. 132). Fortement endommagés par les combats de la Libération en 1944, les bâtiments sont finalement détruits peu de temps après la guerre (fig. 133). La porte est alors laissée à l’abandon, bien que des travaux de restauration soient réalisés en 1957, avant son classement au titre des Monuments historiques en 1966. De nouveaux travaux de restauration ont été entrepris en 2013-2014 par la Ville de Metz, propriétaire de l’édifice. Les deux salles de 1529-1531 ont ainsi été réaménagées afin d’y accueillir des manifestations culturelles (fig. 133).
Fig. 132 : Vue du baile de la porte des Allemands, alors utilisée comme annexe des Musées de Metz entre 1907 et 1944 (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 133 : Principales évolutions de la porte des Allemands entre les xiiie et xixe siècles. a. La porte en 1230 avec son pont dormant ; b. La porte en 1445 munie de son baile et de son ouvrage avancé ; c. La porte en 1529 équipée de sa salle de tir à laquelle on accède par une tourelle (en arrière fond) ; d. La porte en 1674 avec sa salle de tir sous le baile construite en 1531 et la porte dite « Vauban » ; e. La porte vers 1830 dépourvue de sa toiture et surmontée par des habitations depuis le xviiie siècle ; f. La porte à la fin du xixe siècle après les restaurations allemandes de 1892 (infographie : N. Gasseau – Historia Metensis).

3.3.2. La porte du Pont-Rengmont (porte Sainte-Barbe)
Fig. 134 : Relevés en plan et en coupe de la porte du Pont-Rengmont (Sainte-Barbe) au milieu du xviiie siècle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après H. Klippfel).

140À 205 m au nord-est de la porte en Chadeleirue, une autre porte importante permettait d’accéder au Grand Meis, quartier essentiellement horticole, à l’est de la ville. Bien qu’elle ait disparu en 1904, la configuration de l’ancienne porte Sainte-Barbe est connue grâce aux documents d’archives. Les deux principaux sont celui de 1746 reproduit dans les Documents messins en 1974 et celui de 1760 reproduit par le commandant Klipffel (fig. 134). Les autres documents iconographiques, comme des dessins (fig. 135) et des photographies (fig. 136), présentent la porte dans son état de la fin du xixe siècle, dépourvue de presque tous ses éléments médiévaux.
141La porte du xiiie siècle, construite en amont du pont Rengmont, se composait d’un passage voûté long de 6 m et large de 9,40 m, encadré de deux tours de plan semi-circulaire de 4 m de diamètre. Il était haut de 5,20 m. En 1465, la liste des tours et portes de la cité indique que les deux tours qui encadrent la porte sont dépourvues de toit335, alors que le compte du receveur de 1405 indique la présence de deux greniers sur les deux tours336. Ils ont donc été détruits entretemps, probablement pour aménager des terrasses. En 1494, le compte des Gouverneurs des Murs* indique d’ailleurs une campagne de travaux pour installer des chenaux réalisés avec 6,50 m2 de blanches pierres sur ces terrasses pour évacuer les eaux de pluie337.
Fig. 135 : Dessin de la porte Saint-Barbe en 1867 par Cordier (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12579).
Fig. 136 : La porte Sainte-Barbe dépourvue de ses éléments médiévaux à la fin du xixe siècle (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
142Constitué de deux arches, un boulevard empruntait le pont Rengmont, long de 30 m (92 pieds messins338) et large 4,85 m. Le boulevard est mentionné pour la première fois en 1507339. La construction de son ouvrage avancé, ou « tour quarrée », remonte à 1385 et est relatée dans la Chronique de P. de Vigneulles340 (fig. 137).
Fig. 137 : Évocation de la porte du Pont-Rengmont à la fin du xive siècle (infographie : N. Gasseau).

143La porte du Pont-Rengmont tire son nom du pont Rengmont (Remon, Reimont, Raimont) mentionné dès 1220 dans les bans de tréfonds*341. La porte est construite en même temps que le mur d’enceinte du xiiie siècle et semble citée dès 1262, sous le nom de porte de Parnemaille, du nom d’un faubourg situé entre la porte et la Moselle et le long de la Seille342. Toutefois, entre le xiiie et le xive siècle, son nom varie selon les documents et les décennies. Elle se nomme ainsi « porte de Parnemaille » entre 1262 et 1344, « porte en Stoxey » entre 1269343 et 1344, « porte en Stintefontaine » entre 1284344 et 1290, et « porte du pont Rengemont » à partir de 1324345. La première appellation de « porte Sainte-Barbe » ne remonte qu’à 1540, en raison du passage des pèlerins qui se rendaient au village de Sainte-Barbe (Moselle) par cette porte depuis le milieu du xve siècle.
144Entre 1471 et 1523, la porte subit de nombreuses réparations346. La toiture est restaurée à maintes reprises, notamment en 1489-1490347 et en 1504348. En 1494, le boulevard semble en mauvais état, car les Gouverneurs des Murs* font « restouppeir lez fandesse »349, tandis que des canonnières sont percées sur la porte et le boulevard350. La même année, les vitres de la porte sont réparées351, tandis que des fenêtres sont installées sur le boulevard en 1507352. Pourtant, on décide de les murer dès 1519353. En 1509, le pavement entre la porte et « la tour enxuant ver Saille » est refait354. S’agit-il de l’ouvrage avancé ? En 1516, Jehan le paveur réalise 11 toises de pavement « dessoubs la porte du pont Raimont »355, soit un peu plus de 19 m2.
145En 1511, les listes des tours et portes de la cité indiquent que la porte est gardée par un châtelain et sept gardes356. Entre juin 1522 et juin 1523, Claude le maistre masson est rétribué 6 l. 6 s. 7 d. pour avoir abattu « tout la muraille de la fasse portes du pont Remon »357. Il s’agit probablement des fortifications qui rejoignaient l’ouvrage avancé. En 1526, le chemin permettant d’accéder à la porte doit être restauré pour 20 l.358.
146Toutefois, à partir de 1560, la porte est fermée et sert de carrière pour la construction de la citadelle359. Elle est rouverte un siècle plus tard, en juin 1676 pour y faire passer les pierres et autres matériaux nécessaires pour le bâtiment de la muraille de la demi-lune du retranchement de Guise. À cette même date, la porte est en partie démantelée et on enlève son ancienne décoration. Seuls subsistent le passage voûté du xiiie siècle surmonté de l’inscription mentionnant la devise messine (fig. 138) et une partie de l’ouvrage avancé (fig. 139 et fig. 140)360. En septembre 1690, un corps de garde est construit361 et en 1702, une issue est percée dans la tour. On construit alors deux petits escaliers pour accéder à la plateforme sur laquelle était installée de l’artillerie362. En 1732, la porte est définitivement rouverte et on y construit un pont-levis et un pont dormant363. Enfin, les piles du pont Rengmont sont refaites en 1761, avant que celui-ci ne soit entièrement refait en 1833. Pour conclure, la porte est complètement détruite en octobre 1904, pour le passage de la nouvelle ligne de chemin de fer vers Thionville.
Fig. 138 : Le pont Rengmont et l’ouvrage avancé de la porte Sainte-Barbe à la fin du xixe siècle (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 140 : Photo et dessin de la devise messine « Si nous avons paix dedans, nous avons paix dehors » (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole et Schmitz 1913).
Fig. 139 : Le passage voûté de la porte Sainte-Barbe surmontée de la devise messine (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 141 : Plan de la porte du Pontiffroy (en haut) de 1727 (

© SHD Vincennes, Atlas 141, f° 15).
3.3.3. La porte du Pontiffroy
147La porte du Pontiffroy est la dernière de l’enceinte messine à être construite. À l’extrémité ouest du quartier, vers le pont du Pontiffroy, granges, troupeaux et terres agricoles sont signalés en nombre jusqu’au xive siècle364. Le quartier possède ici dans la seconde moitié du xvie et jusqu’au milieu du xviiie siècle de nombreux terrains libres. La construction de la porte du Pontiffroy, postérieure de plus d’un siècle et demi à l’enceinte établie sur les terrains de l’abbaye Saint-Vincent vers 1220, pourrait expliquer la structure en trapèze sur un mur préexistant de tracé circulaire.
148La porte du Pontiffroy ne figure pas dans la liste de 1324, ce qui suggère qu’elle n’existe pas encore à cette époque. En 1356, l’empereur Charles IV et sa suite, accueillis à la croix du pont Thiffroy, entrent dans la ville par la porte du Pont-des-Morts. Une ligne de défense provisoire (fossé ou palissade) peut avoir été élevée dès cette époque au contact du pont de bois. La zone ainsi couverte pouvait être considérée comme étant à l’intérieur des murs, la petite maison cistercienne de Notre-Dame du Pontiffroy a pu trouver place dans cet enclos. Cet établissement est supprimé ou déplacé en vertu d’un atour de 1330, « parce qu’il joignait une des maîtresses portes de la cité »365.
149La porte du Pontiffroy est formellement attestée dans la Chronique des Maîtres-Échevins. Elle est construite en 1379, en même temps que son ouvrage avancé366. La porte est mentionnée dans les comptes du receveur de la ville en 1409, lorsque la baire* de celle-ci est réparée367. Elle le sera à nouveau en 1420368. En décembre 1401, il est également question de la « tour à pont theiffroy »369. S’agit-il de l’une des tours qui encadrent la porte ? En 1464, la cité fait réaliser « le neufbaisle de coste la porte du pont Thieffroy, derrière l’église Notre Dame des Chartreux »370. En 1494, la porte est couverte de tuiles371.
150Sa configuration diffère des portes du xiiie siècle (fig. 141). Une première porte, d’environ 25 m sur 20 m, était encadrée par deux tours de plan circulaire. Du côté ville, elles protégeaient une basse-cour, avant la porte principale édifiée sous la forme d’une tour rectangulaire. Bien que nous ne soyons que très peu renseignés sur les aménagements ultérieurs, il semble qu’un boulevard ait été construit au sud-ouest de la porte, probablement au xve siècle en même temps que le neufbaisle mentionné en 1464. En 1494, la haie de la porte est refaite372. Celle-ci devait se situer en avant de la porte du Pontiffroy et devait joindre le pont du même nom. Le fossé s’étirant jusqu’à la porte de Chambière devait également en être pourvu. Les doulles*, c’est-à-dire les talus de contrescarpe des fossés, sont également nettoyés à la même période373. La haie* est refaite en janvier 1505374.
Fig. 142 : La porte du Pontiffroy avec ses deux plateformes de tir à la fin du xviie siècle. Extrait du Portrait de la ville et cité de Metz (huile sur toile) (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12021).
151Deux plateformes sont mises en place au sud de la porte, encadrant un passage protégé, vraisemblablement au xvie siècle, période durant laquelle apparaît ce type de structure (fig. 142). Par ailleurs, en 1524-1525, le compte des Sept de la Guerre indique le percement de fenêtres dans une pièce de la porte « la ou est lartillerie »375. S’agit-il de fenêtres pour évacuer les fumées dues à l’artillerie ? Dans ce cas, cet aménagement d’une salle de tir serait antérieur à celui de la porte des Allemands. Encore utilisée au xviiie siècle (fig. 143), la porte est progressivement démantelée au cours des décennies suivantes.
Fig. 143 : Vestiges de la porte du Pontiffroy en 1772. Extrait des Vuë et perspective de la ville et citadelle de Metz prise du coin de la place de la double couronne de Moselle entre le pont des Morts et le pont Tiffroy (dessin de Dupré de Geneste)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 426).
3.3.4. La porte du Pont-des-Morts
152La porte du Pont-des-Morts débouchait au sud-est sur l’actuelle rue du Pont-des-Morts et était ouverte au nord-ouest sur le Grand-Pont-des-Morts, dont la construction en bois est achevée vers 1245. La reconstruction en pierre des ponts de Metz ne commença pas avant 1289376. La porte est citée l’année suivante dans les bans de tréfonds*377. En 1380, un ouvrage avancé est élevé en avant de celle-ci378.
Fig. 144 : Plan de la porte du Pont-des-Morts (en bas, à droite) au xviiie siècle

(© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 85).
Fig. 145 : La porte du Pont-des-Morts avec son chastel à la fin du xviie siècle. Extrait du Portrait de la ville et cité de Metz (huile sur toile)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12021).
Fig. 146 : Vue de la porte du Pont-des-Morts (au centre, à droite) avec son chastel (au centre, à gauche) à la fin du xviie siècle ou au début du xviiie siècle. Détail du Plan géométriquement relevé de la citadelle de Metz

(© BnF, Estampes, Id. 17 n° 21).
153La configuration de la porte est bien connue grâce aux relevés du xviiie siècle (fig. 144). La porte du Pont-des-Morts formait un châtelet d’environ 20 m de long sur 15 m de large, dénommé « chastel » dans le compte du receveur en 1405379. Côté ville, la porte était flanquée de deux tours de plan circulaire et s’ouvrait sur une basse-cour (fig. 145). La toiture en ardoise fut refaite en 1505380. À une quinzaine de mètres en avant de la première porte, l’ouvrage avancé du xive siècle prenait la forme d’un passage couvert encadré par deux tours de plan circulaire. Les plans du xviiie siècle montrent que la porte était flanquée à l’est d’un castelet surmonté d’une plateforme, peut-être semblable aux salles de tir de la porte des Allemands élevées au début du xvie siècle (fig. 146). L’édifice semblait s’élever sur trois niveaux et être encadré de deux tours couvertes de plan circulaire.
154La porte est fermée par une herse (peut-être même plusieurs) attestée en 1409381. Cette structure est renforcée la même année avec « IIII grosse broiche de fert »382. En 1410, la porte dispose d’une barbacane* dont il faut barrer toutes les fenêtres383. En 1444, Jean de Commercy construit un boulevard en bois entre cette dernière et la porte384. Pour accéder à la porte depuis le pont des Morts, il fallait prendre une allée et franchir un pont-levis385 : ces deux structures sont rénovées en janvier 1505. La porte médiévale est détruite en 1739 pour laisser la place à une autre porte386.
3.3.5. La porte Serpenoise
155Située au débouché de l’actuelle avenue Robert-Schuman, la porte Serpenoise médiévale reprenait plus ou moins l’emplacement de la porte antique. Au xiie siècle, elle se dénomme « Porta Serpentina387 », déformation probable de « scarponinse » (de Scarponne), importante station établie au franchissement de la Moselle sur la voie romaine Lyon-Trèves, disparue lors des invasions du ve siècle et dont le nom au xiie siècle n’évoquait plus rien.
156Il n’existe que peu d’informations sur l’apparence de la porte médiévale, endommagée lors du siège de 1552, puis détruite en 1560. Seuls les documents d’archives peuvent nous renseigner. Citée dès 1227388, la porte Serpenoise était à l’origine un passage voûté encadré par deux tours de plan semi-circulaire. En 1409, le compte du receveur indique que la porte est équipée de « gros pal coulisse »389. S’agit-il d’un système pour renforcer le système de fermeture de la porte à l’aide de poutres ? Avant cette date, la porte était déjà munie d’une herse390, puis de deux en 1411391, dont l’une est refaite en septembre 1463392.
157Lors du siège de 1444, un boulevard de terre et de bois – du chêne et du sapin – est construit devant la porte par Jean de Commercy393. Il est retiré après la guerre, en 1445-1446394. Avant cette date, un ouvrage avancé « primitif » de terre et de bois, vient vraisemblablement doubler la porte Serpenoise (avant 1413395). En 1417, le compte du receveur indique également une construction en avant de la porte, dont les travaux de maçonnerie s’étalent d’octobre à novembre396. À la vue des sommes dépensées en 1417 (à savoir 93 l. 5 s. 2 d.), cette « fuer sallie de la porte Serpenoize » (sortie) devait être assez importante. Pourtant, il semblerait que le baile* de la porte Serpenoise soit encombré de détritus en tous genres, car en 1420, le receveur rémunère un charretier pour « moner la mairde du baille de la porte Serpenoize », soit six tombereaux sur six journées de travail397. La même opération est menée en avril 1421398 et en avril 1422399. Entre octobre 1422 et août 1423, « la pourterie du baille de la porte Serpenoize [est] raibilitier », elle peut de nouveau être utilisée400. Il est fort probable que celle-ci n’était plus empruntée étant donné qu’elle était encombrée de « mairde ». Cette situation a dû se reproduire, car entre novembre 1424 et mai 1425, il faut encore « osteir la mairde qui estoir au baille entre lez II portes Serpenoize et devant lez dites portez »401, même chose en 1432402 et en 1433403.
158Un pont en bois est attesté en avant de la porte dès avril 1474 lorsque des charpentiers sont rémunérés pour l’installation d’un « pont dormant devant porte Serpenoize »404. Il est encore mentionné en 1484405 et en 1490406. En 1493, le compte des Gouverneurs des Murs* indique que le boulevard de la porte Serpenoise est flanqué de deux tours et que sur l’une, un mâchicoulis* a été installé407. L’année suivante, la haie placée devant la porte est refaite408.
159En 1502, d’importants travaux débutent sur la porte Serpenoise, mais les Gouverneurs des Murs* sont contraints à plusieurs reprises de délaisser ce chantier pour effectuer en urgence des réparations sur la porte des Allemands, fortement endommagée par plusieurs crues. Le fossé de la porte Serpenoise est alors nettoyé et curé. L’eau est vidée par des manœuvres409. D’importantes quantités de bois, de sable et de pierre sont livrées à la porte entre mars 1502 et mars 1503. Des blanches pierres sont taillées par des maçons pour être ensuite installées sur les parois du fossé410. En 1504, les travaux sur le fossé se poursuivent, probablement sur celui devant le Champ-à-Panne. Des carriers livrent deux cent soixante-dix-neuf charretées* de bixes pierres*411. Des charrons apportent trois mille six cent quarante-deux tombereaux de sable412. Une pompe est installée pour vider l’eau du fossé413. Un pont de bois est édifié en mars 1504 pour franchir le fossé414. En octobre, des maçons assoient des canonnières sur « le gros mus du fossez de la porte Serpenoise ver le Champapanne »415. Il s’agit probablement du mur de fausse braie* qui relie la tour Camoufle à la porte Serpenoise. En novembre, des canonnières sont percées « en la tour du gros mur du fossez de la porte Serpenoize »416. Il ne s’agit vraisemblablement pas de la tour Camoufle, car il est question d’une tour « encommencier » en novembre 1504417, mais peut-être de l’ébauche d’un boulevard maçonné.
160En 1506, c’est au tour du fossé entre la porte Serpenoise et la tour des Wassieux d’être vidé, curé et renforcé418. Jusqu’en 1515, cette partie de l’enceinte est en travaux : elle est doublée par une fausse braie* munie de sept tourelles en forme de nid d’hirondelle419. Quatre sont édifiées entre la porte et la tour des Wassieux et trois sont construites entre la porte et la tour Camoufle420. Des canonnières sont percées sur le baile* de la porte, sans doute dans les vieux crenelz421. D’autres sont placées sur les tourelles. Ces petites tours sont couvertes d’ardoise et des cheminées sont installées dans certaines d’entre elles422. Un pont maçonné, édifié devant le boulevard entre septembre 1509 et mars 1510423, est fondé à l’emplacement d’un puits424.
161Ce pont se compose de deux arches reposant chacune sur cinq arcs doubleaux425. Pour la construction de ce pont, des charpentiers ont réalisé des cintres de bois426. Le pont a été construit sur des fondations en broxemant* de pilotis de chêne427. Il est muni de six chenaux de pierre pour évacuer les eaux de pluie428. Une porte, munie de canonnières en mars 1510429, permet d’accéder à ce pont.
162Un boulevard circulaire d’un diamètre d’une quarantaine de mètres, protégé par un large fossé franchi par un pont-levis, est en effet connu par le plan du siège de 1552 (fig. 147). Ce boulevard est achevé en 1510430. Il est relié à la porte du xiiie siècle par un pont dormant sur lequel court une galerie longue de 54 m (165 pieds431) et large de 4 m (12 pieds432) qui enjambait le fossé. Un escalier permettait d’accéder au fond du fossé par une poterne ouvrant sous la première arche du pont, d’après le plan du siège de 1552 par Salignac. Ce boulevard rond peut être confronté à celui de la porte Saint-Florian, de l’extrême fin du xve siècle, à Cracovie (Pologne)433, ou la barbacane* de la porte Saint-Georges – la « Turnul Portii » – construite en 1504 à Alba Iulia (Roumanie). Cette réalisation date des années 1502-1503434 et est achevée en 1510435.
163En 1523 est signalé l’approfondissement des fossés de la porte Serpenoise436, alors qu’une plateforme de tir est établie sur le boulevard437. La porte est détruite en 1560 et semble noyée dans les fossés de la citadelle (fig. 148).
Fig. 147 : Unique vue de la porte Serpenoise sur cet extrait d’un des plans de la ville lors du siège de 1552 par Charles Quint

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 148 : Vestiges de la porte Serpenoise semblant apparaître sur cet extrait du Plan de Metz comme on le vouloit fortifier en 1630

© BnF, EST VA-57 [4]).
Fig. 149 : La porte Saint-Thiébault équipée de sa nouvelle porte à la fin du xviie siècle (à gauche). La porte médiévale (à droite) présente encore son crénelage et ses mâchicoulis. Extrait du Portrait de la ville et cité de Metz (huile sur toile) (

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12021).
3.3.6. La porte Saint-Thiébault
164La porte Saint-Thiébault est citée en 1241438. Le compte du receveur de 1410 indique qu’elle dispose d’une herse439, réparée en septembre 1463440. De gros pieux viennent compléter le système de fermeture de la porte en mars 1411441. La même année, le clerc des Gouverneurs des Murs* rémunère des ouvriers pour « osteit le grant teural devant la porte saint Thiébault et pour osteit lamandement et lordeure antre lez II porte et devant la dite porte a defuer et dedan »442. Il semblerait donc qu’une levée de terre venait protéger la porte et qu’un ouvrage avancé y était aménagé, expliquant ainsi la présence de « II porte ».
165La porte est rénovée dès février 1424 : Jehan Guelvaud le paveur réalise à l’entrée « VIIIXX toize de pavement » (plus de 286 m2) pour 39 l. 15 s.443. Le fossé de la porte est vidé et les herbes fauchées en juillet 1469 jusqu’à la « la Ronde Tour qui est endroit le champs a penne », c’est-à-dire la tour Camoufle444. En mai 1473, Hannès le masson – peut-être Hannès de Ranconval – installe une cheminée dans la porte445.
166La porte est reconstruite dès avant 1475, date à laquelle « on fict la porte de St Thiébaut plus belle plus forte, plus magnificque et d’aultre fasson qu’elle ne solloit estre »446. Les travaux débutent probablement l’année précédente quand les seigneurs Pierre le Gronnais et Pierre Rengnillon sont « commis pour le fait dez ovraige de la porte saint Thiébault »447. Ils sont alors gouverneurs de la porte et vont surveiller les travaux. La porte formait un double passage flaqué de deux tours de plan semi-circulaire. D’après le plan « Fabert » (1610), le sommet des tours et de la porte présentait un parapet « crénelé sur mâchicoulis* » (fig. 149).
167En avant, un ouvrage avancé est construit en 1480448. Il s’agissait d’un passage unique flanqué de deux petites tours de plan circulaire (fig. 150). Il était séparé de la première porte par un pont qui enjambait le fossé (fig. 151). En avril 1480, le compte des Gouverneurs des Murs* mentionne « une tour quairee qui est entre ladite porte Saint Thiébault et le prey »449. S’agit-il alors à cette période d’un ouvrage avancé sous la forme d’une grosse tour carrée semblable à celui de la porte du Pont-Rengmont ? La même tour est encore évoquée en 1502 lorsqu’elle est couverte d’ardoise450.
Fig. 150 : Plan schématique de la porte Saint-Thiébault lors du siège de la ville par Charles Quint en 1552

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 151 : La porte Saint-Thiébault au milieu du xviie siècle sur le plan dit « Fabert ». Elle est encore pourvue de ses deux portes médiévales

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
168Les travaux sur le boulevard se poursuivent en janvier 1481 sous la direction de Werry Roucel et André de Rineck, tous deux « commis à la porte » pour « faire la bauxe de la porte saint Thiebault »451. En juin 1491, les deux ponts levants de la porte sont rénovés452. Ils permettaient probablement d’accéder à l’ouvrage avancé. Cette structure serait donc comparable à celles mises en place à la porte du Pont-Rengmont et à la porte Mazelle. En 1494, le compte des Gouverneurs des Murs* indique qu’il faut « ouvrer a la porte Saint Thiebault pour retenir IIII sollive qui porte le tey dez murtrier que sont entre lez II porte »453. Il existait donc une galerie couverte percée de meurtrières qui reliait la porte et l’ouvrage avancé. Entre mars et mai 1506, un pont maçonné est édifié pour relier l’ouvrage avancé et la porte454.
3.3.7. La porte Mazelle
169Construite au débouché de la rue éponyme, la porte Mazelle assure le passage de la rue principale d’Outre-Seille, ancienne voie romaine vers Strasbourg. Vraisemblablement construite vers 1230 en même temps que le reste de l’enceinte455, elle est attestée dès 1251456. En 1290, mention est faite du pont à Mazelle457, probablement le pont jeté sur le fossé creusé devant la porte et qui permet de dériver une partie des eaux de la Seille dans l’ancien lit de la Chenau458. En 1410, le compte du receveur indique que des pieux sont plantés pour renforcer la porte459. L’année suivante, il mentionne l’installation d’un « courtpey [contrepoids] sur la baire [herse] dou pont de Maizelle »460.
170En 1430, la porte fait l’objet de travaux importants461 et elle est munie d’un baile*462. Il existait sans doute un ouvrage avancé primitif devant la porte Mazelle, en bois et en terre, dès le début du xve siècle comme à la porte Saint-Thiébault. En 1474, la porte bénéficie de travaux sous la houlette des seigneurs Pierre le Gronnais et Pierre Rengnillon, gouverneurs de la porte463. Deux ponts en bois sont mentionnés en avant de la porte en 1484464 et en 1490465. En 1494, des crampons et des bandes de fer sont ajoutés pour réparer l’un des ponts466. En 1504, ils sont à nouveau rénovés467.
171Ce n’est qu’en 1485 que débute l’édification d’un boulevard maçonné après que les Gouverneurs des Murs* aient dédommagé un curé pour « une maison que ledi Abbee avoir a la porte a maizelle que la cité ait fait abattre pour faire le bullewarte a la dite porte »468. En 1488, les magistrats versent 6 l. à l’abbesse des Cordeliers pour racheter une maison qui jouxte le boulevard469. En 1506, ils rachètent trois jardins « qui estoient sur les fossez devant le boullewercque de Maizelle » et les font « abaitre pour faire une plaice devant la poterne »470. Un mur est également construit « au fossez devant le bollewercque de la porte a Maizelle »471 et un autre au niveau du fossé devant la poterne472. La même année, une allée couverte d’ardoise est bâtie pour relier la porte et le boulevard473. Les ponts de bois sont remplacés par un « nuef pont » maçonné. À cette période, les travaux menés sur le pont et sur le boulevard nécessitent d’importantes quantités de pierres474. Plusieurs créneaux sont également murés au baile* de la porte475 et devant le boulevard de la porte, un mur est construit pour « cloire ledi boullewercque »476. Celui-ci est édifié sur broxement*, c’est-à-dire sur pilotis477. En 1509, les travaux relatifs aux voies d’accès à la porte Mazelle sont confiés au seigneur Nicole Roucel qui alors est « commis » pour refaire les chemins de la porte des Allemands et de la porte Mazelle pour 30 l.478. En 1511, Nicole Roucel obtient de la ville 6 l. pour « pour paier la chasine et les masson pour marches qui ait fait faire au chamins de la porte a Maizelle »479. En 1536, Michel de Gronnais est chargé de faire refaire le chemin de la porte Mazelle pour 20 l.480. En 1525, un pont de bois enjambe le fossé devant le boulevard481.
172Les plans du xviiie siècle montrent que la porte primitive était un passage voûté flanqué de part et d’autre de deux tours de plan semi-circulaire (fig. 152). La vue d’Israël Silvestre montre qu’en 1667 celles-ci avaient été arasées et qu’un châtelet couvert d’un toit surmontait le passage voûté (fig. 153). L’ouvrage avancé présentait un plan en fer à cheval allongé et était long d’une cinquantaine de mètres pour une quinzaine de large. Crénelé, il était percé de nombreuses canonnières. Au centre, un bâtiment rectangulaire couvert était enserré, semble-t-il, de mâchicoulis* (fig. 154). Il est plus bas – donc moins vulnérable – que les autres ouvrages avancés de l’enceinte, marquant une adaptation aux armes à feu devenues plus efficaces.
Fig. 152 : Plan de la porte Mazelle en 1724

(© SHD Vincennes. VH1123, f° 27).
Fig. 153 : La porte Mazelle et son ouvrage avancé percé de canonnières en 1667 sur le Profil de la Ville de Metz en Lorraine : veue du coste de la porte Mazel (détail)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 154 : La porte Mazelle à la fin du xviie siècle. Extrait du Portrait de la ville et cité de Metz (huile sur toile)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12021).
3.3.8. Portes secondaires et poternes
173En plus des portes principales mentionnées précédemment, plusieurs portes secondaires et poternes, de moindre importance, percées en même temps que la construction du mur d’enceinte, sont mentionnées dès le xiiie siècle. Certaines de ces petites ouvertures sont rapidement condamnées puisque le compte du receveur indique en novembre 1405, le paiement des salaires des ouvriers et l’achat de chaux et de sable pour « pour muriez VII porterne questoient en mur de la citeit »482.
3.3.8.1. La porte en Chadeleirue
174Au nord-ouest du pont des Grilles de la Basse-Seille, le mur du xiiie siècle est percé par la porte en Chadeleirue, encadrée de deux tours semi-circulaires (fig. 155). Bien qu’elle ne puisse pas être considérée comme une porte monumentale de l’enceinte, il ne s’agit pas non plus d’une simple poterne. Elle est attestée dans les bans de tréfonds* dès 1251 à l’occasion d’une transaction immobilière483, tandis qu’une des deux tours de la porte est mentionnée en 1278484. Tout comme l’est le mur d’enceinte, la porte et ses deux tours sont à l’origine entretenues par la cité.
Fig. 155 : La porte en Chadeleirue, actuellement obstruée (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 156 : Relevés en élévation et en plan de la porte en Chadeleirue (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

175L’entrée de l’ancien passage voûté, aujourd’hui obstrué et enduit de mortier, est constituée d’un parement de quarante-trois blocs taillés de calcaire de Jaumont, de dimensions différentes (fig. 156). Celui-ci forme un arc en plein cintre. Le passage est long de 4,10 m, large de 6,40 m et haut de 4 m dans sa partie encore visible (contre 6,75 m environ à l’origine485). À la suite de cette obstruction, deux meurtrières de 0,60 m sur 0,10 m ont été percées dans ce bouchage.
176Les deux tours présentent un diamètre de 5,80 m et sont constituées d’un mur composé de moellons en calcaire bleu équarris assisés (0,15 m sur 0,10 m). Au niveau du chemin de ronde, un parapet, sans doute moderne, épais de 0,30 m surmonte la porte et ses tours. L’accès à la tour sud se faisait par le corps de garde, situé au rez-de-chaussée du pont des Grilles de la Basse-Seille. L’étage était accessible par une tourelle d’escalier d’un diamètre extérieur de 2,85 m, faisant la jonction entre le mur du xiiie siècle et le pont (fig. 157).
Fig. 157 : Tourelle d’escalier permettant d’accéder au pont des Grilles de la Basse-Seille depuis le chemin de ronde de la porte en Chadeleirue (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

177La liste de la visitation* de 1511 atteste que la tour sud – dénommée « tour des Coulleuvriniers » – était « couverte d’écailles », c’est-à-dire d’un toit en ardoise, « où les Coulleuvrines gisent »486. En outre, en 1511, entre les trois tours de la Cité et celle des Couleuvriniers, était localisée une « tour des Tanneurs ». Il est probable qu’il s’agit de la tour nord, qui aurait été alors entretenue par la corporation des tanneurs, installés à proximité, dans le quartier d’Outre-Seille depuis le xiiie siècle487. Attestée dès 1465, la tour des Tanneurs était couverte d’un toit d’ardoise en 1511488. Toutefois, elle en semble dépourvue en 1650, comme le montre la gravure de Sébastien Le Clerc.
3.3.8.2. La porte en Anglemur
178La porte en Anglemur est percée dès le xiiie siècle dans le mur de courtine occidental, dans le secteur des actuels jardins Boufflers, derrière le palais de Justice. Elle est attestée dès 1275 dans les bans de tréfonds* de la ville489. En 1405, la porte est évoquée dans les comptes du receveur de la ville : il est alors question de rémunérer plusieurs charpentiers et bateliers qui « firent agitter louvraige dez palz et dez chenne qui sont devant la porte danglemur dou travel de la rive »490. S’agissait-il d’un ouvrage avancé en bois ? La porte est encore mentionnée en 1409 lorsqu’il faut entretenir la Moselle et « raier* lez erbes qui estoient en lyawe dez anglemur jusquay a moien pont dez mort »491.
179À la fin de l’année 1429-1430, la porte en Anglemur est flanquée de ses deux tours, l’une entretenue par la cité, l’autre par la corporation des vignerons, et d’un baile*492 (fig. 158). Elles présentent un diamètre d’environ 9,50 m et une hauteur de près de 10 m (fig. 159). La tour des Vignerons, au nord, était percée de deux canonnières offrant des angles de tir vers l’ouest et le sud. L’autre tour présentait trois canonnières orientées vers le nord, l’ouest et le sud.
180Remblayé à l’époque moderne, le passage voûté est mis au jour en mars 1866. Deux dessins d’Auguste Migette apportent quelques précisions sur l’apparence des tours encadrant la porte ; elles étaient percées de fenêtres modernes et la tour nord était enserrée par un système de mâchicoulis*. La tour de la cité s’effondre en 1881 (fig. 160).
3.3.8.3. La porte à la Chenal
181Mentionnée pour la première fois en 1293493, cette poterne percée dans le mur à l’est de la porte Mazelle conduisait au ruisseau de la Cheneau qui lui a donné son nom. Elle est mentionnée en avril 1410 dans le compte du receveur lorsqu’une pièce de mairien est installée sous la porte494. En 1506, les Gouverneurs des Murs* font ériger « ung gros murs devant la ruelle de la chenal »495. Elle a pu être observée par R. S. Bour en 1904 lors de sa destruction496(fig. 161). Le passage, assez étroit, était flanqué de pilastres tandis que la corniche supérieure était formée d’une rangée d’arcs triangulaires supportés par des corbeaux. Le niveau du passage était plus bas que celui de la place Mazelle. Elle est probablement obstruée lors de la mise en place des fortifications voulues par Vauban à la fin du xviie siècle et le nivellement du rempart.
3.3.8.4. Les autres poternes
182Sur le front de Seille, deux poternes sont attestées. La porte Dame-Colette est mentionnée dès 1293497. Il semble s’agir d’une tour porte, comme le montre la visitation* des Gouverneurs des Murs* en 1511 où il est fait mention « de la tour de la porte Dame-Colette »498. Elle disparaît probablement en 1523 lors de l’effondrement de la courtine en raison des mauvaises conditions météorologiques499.
Fig. 158 : Relevés en plan et en coupe de la porte en Anglemur au milieu du xixe siècle (Atlas du Génie, non localisé).

Fig. 159 : Relevés en plan diachronique et en coupe de la porte d’Anglemur (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après l’Atlas du Génie, non localisé).

Fig. 160 : Dessin de la mise au jour de la porte en Anglemur en mars 1866 (A. Migette)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole. Inv. 12586).
Fig. 161 : Mise au jour de la porte à la Chenal en 1904

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
183Dans le secteur de la Grève, la porte du Champé (ou Champel) était percée dans l’Épaisse-muraille, au débouché de la rue éponyme. Les bans de tréfonds* mentionnent toutefois deux portes : celle du Bas-Champel en 1327500 et celle du Haut-Champel en 1367501. Il est difficile de localiser ces deux portes ou de définir s’il s’agit de la même. Il est cependant certain qu’elle est murée dès avant 1421, probablement en raison de la construction du mur de la Grève en 1381502.
184Au nord du pont des Grilles de la Moselle est percée la porte en Chambière, attestée en 1269503, puis régulièrement dans les bans de tréfonds* ; nous ne disposons que de très peu d’informations sur sa configuration. Seule la porte moderne nous est connue grâce à des relevés du xviiie siècle.
185Entre la porte du Pontiffroy et la porte Serpenoise, deux portes dénommées « Patart » sont attestées. La première est construite au sud de la porte du Pontiffroy et permettait d’accéder au quartier d’Outre-Moselle depuis au moins 1278504 (fig. 162). Cette localisation est à nouveau confirmée en 1444, date à laquelle la porte semble définitivement condamnée505. Un plan du mur au sud de la porte du Pontiffroy datant de 1737 montre que la poterne était encadrée par deux petites tours construites sur le mur de fausse braie*506. La seconde permettait d’accéder au clos Saint-Pierre et au meis* (jardin) Chairle en 1540, situés derrière l’abbaye Sainte-Marie507.
Fig. 162 : Relevés en élévation de 1737 du tronçon au sud-ouest de la porte du Pontiffroy comportant la poterne Patart (à droite), alors condamnée

(© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 79).
186Deux tours-portes, la poterne Saint-Nicolas et la poterne des Repenties sont localisées sur le front méridional, entre la porte Saint-Thiébault et la porte Mazelle (fig. 163). Elles sont connues grâce à la vue d’I. Silvestre de 1667, date à laquelle elles sont déjà condamnées. La poterne Saint-Nicolas est percée dans la tour des Merciers, au débouché de l’actuelle rue des Augustins. Elle tenait son nom de sa proximité avec l’hôpital Saint-Nicolas. La poterne des Repenties, à l’est de la précédente, est percée dans la tour des Cloutiers. Elle tire son nom du couvent des Repenties, situé à l’intérieur de la muraille. La poterne est mentionnée dans les bans de tréfonds* dès 1267508. Dans le devis des réparations et des nouvelles constructions à faire aux murailles et aux portes de la ville de 1467, on constate le « besoing et de nécessiteit de faire un boullevaircque en milieu du Pont du chaup Nemmery, lequel boullevaircque serviroit pour baitre au loing de la double du foussels, entre ledit champ Nemmery et la Tour des Clowetours ou il y ait au boullvaircque devant endroit Saint Lowy, et pour deffendre au loing du champ Nemmery, et pardevant la porte en maiselle, et pour celay faire, il falroit rompre II ou III airche dudit Pont, depuis la Poutairne »509. Un boulevard avait donc été installé devant la tour des Cloutiers avant 1467 date à laquelle « il seroit boin de renforcier fort le boullevaircque qui est devant la tour des clowetours »510 tandis qu’un second ouvrage devait venir compléter le dispositif au Champ-Nemmery. Il est vrai que cette portion de l’enceinte constituait un angle rentrant difficile à défendre sans ouvrage avancé.
Fig. 163 : Les poternes Saint-Nicolas (à gauche) et des Repenties (à droite) en 1667, alors condamnées. Détail du Profil de la Ville de Metz en Lorraine : veue du coste de la porte Mazel

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
187Une dernière poterne est attestée à côté du pont des Grilles de la Haute-Seille. Il s’agit de la poterne du Champ-Nemmery qui permettait d’accéder aux berges de la Seille et de la Cheneau. Philippe de Vigneulles indique en effet qu’en 1432 les habitants de la ville « alloient recréés au loing du rivaige de l’yawe » en passant par cette poterne511. Le compte du receveur de 1418 indique que cette ouverture a été bouchée en partie en novembre de la même année quand les Treize* font amener des pierres « pour faire bairier la poterne champs Nemmery »512. La poterne est définitivement condamnée en 1432 après une tentative d’invasion de la ville par cette ouverture. Un complot dirigé par Jean de Tholo est en effet éventé grâce au témoignage de maître Jean de Flawevantre, un marchand de Vesigneul513. Au mois d’avril 1490, le compte des Gouverneurs des Murs* indique que des maçons ont « raitroitiez les murtrie sur la poutairne de champs nemery »514.
3.4. Les tours
3.4.1. Généralités
188Au début du xvie siècle, l’enceinte messine est flanquée de soixante-seize tours, dont les noms sont connus grâce aux visitations* des Murs et de l’Artillerie entre 1465 et 1530, bien que quelques différences existent selon les listes (annexe 1). Seul un devis réalisé en vue de couvrir l’enceinte en 1525 en mentionne l’intégralité. La liste datée du 11 avril 1508 présente quarante-cinq tours et les pièces d’artillerie qui y sont conservées515, tandis qu’une seconde de 1530 énumère le nom de quarante-neuf ouvrages en plus des « portes, tours et granges de la ville dans lesquelles estoient différentes pièces d’artillerie516 ». Comme il est probable que ces deux listes ne citent que les tours et ouvrages pourvus de matériel, il faut leur préférer les listes de 1465 et de 1525, les plus complètes. Celle de 1465 mentionne au total soixante-douze tours. Il manque la caponnière Desch et la tour d’artillerie construites soixante ans plus tard sur la fausse braie* de la porte des Allemands, ainsi que les deux tours encadrant le pont de la Grève, inutiles depuis le cloisonnement de ce secteur en 1381. La seconde liste donne le nom de soixante-seize tours : elle est fournie par le devis de 1525 : « Cy après ensuivent les baires* [grilles], tours et portes qui sont à l’entour de la cité, en commençant aux baires* du Moyen-Pont en allant devers la porte du Pont-des-Morts »517.
189En 1465, quarante tours sont entretenues par la cité, tandis que trente-deux sont à la charge des corporations de métier de la ville. Ces corporations en assurent la garde et l’entretien, tandis que les « tours de la Cité » relèvent de la ville.
190Les tours, construites en saillie par rapport au mur, permettent de tirer sur le flanc de l’assaillant. Leur espacement est calculé en fonction de la portée des armes de jet utilisées. À Metz, au xiiie siècle, l’écart moyen entre deux tours équivaut à une trentaine de mètres, soit environ 100 pieds messins. Les tours peuvent être de plan semi-circulaire (vingt-sept exemplaires, soit 36 %), carré (vingt-quatre exemplaires, soit 33 %), circulaire (dix-neuf exemplaires, soit 25 %), en éperon (quatre exemplaires, soit 4 %) ou polygonal (deux exemplaires, soit 2 %). Bien entendu, les tours de plan circulaire étaient les plus efficaces, éliminant tous les angles morts.
191Les tours de plan carré se rencontrent majoritairement sur les fronts des portes Serpenoise et Saint-Thiébault jusqu’au pont des Grilles de la Haute-Seille, sur des tronçons linéaires et facilement défendables. Les tours semi-circulaires se retrouvent exclusivement sur les murs d’Outre-Moselle et d’Outre-Seille, plus anguleux, et nécessitent des éléments présentant le moins d’angles morts. Les rares exemplaires de tours polygonales, ou en éperon, se rencontrent surtout sur le front de Seille, entre la porte du Pont-Rengmont (porte Sainte-Barbe) et le pont des Basses-Grilles de la Moselle.
192Certaines tours sont construites bien après la première édification du mur. Ainsi, en août 1444, Henri de Ranconval, maistre masson de la cité, édifie une nouvelle tour sur le mur entre le pont des Morts et l’abbaye Saint-Vincent à la même période où « furent rechaussés et renforcés les murs entre la porte Patart jusqu’en mey voye du chasteau du pont des Morts »518.
3.4.2. Les tours de la première enceinte
193Des tours du xiiie siècle, seules douze ont subsisté. Elles sont espacées en moyenne d’une trentaine de mètres, c’est-à-dire 100 pieds messins. Il s’agit essentiellement des tours possédant un plan carré et semi-circulaire. Une partie est localisée sur le front de Seille, au nord de la porte en Chadeleirue (fig. 164), tandis que la majorité se situe à la confluence de la Moselle et de la Seille.
194Celles du mur en Chadeleirue sont trois tours de la Cité (fig. 165). Deux ont un plan en éperon, tandis que celle du milieu est semi-circulaire. Les tours au plan en éperon sont larges d’environ 6,50 m et une avancée de 4,60 m à 5 m. Elles présentent une hauteur comprise entre 4,95 m et 5,70 m selon l’épaisseur du remblai, contre près de 10 m à l’origine. Leurs murs se composent de moellons en calcaire bleu équarris assisés (0,17 m sur 0,05 m). Des zones de réfection sont composées de moellons en calcaire de Jaumont. Ces deux tours présentent chacune une ancienne porte d’accès, large de 1,80 m sur 1,60 m de hauteur qui a été bouchée. Les faces septentrionales, larges de 1,90 m à 2,30 m, sont percées à leur base d’une canonnière. Façonnées à l’aide de calcaire de Jaumont, elles sont larges de 1,10 m et hautes de 0,40 m. Toutefois, cette dernière mesure est tronquée puisque les canonnières ont été en partie remblayées. Elles présentent une ouverture de 0,60 m de diamètre.
195La tour médiane est de plan semi-circulaire (fig. 166). Elle est large de 5,80 m et est avancée de 3,80 m par rapport au mur de courtine. Elle présente une hauteur de 5,50 m. Son mur se compose de moellons en calcaire bleu équarris assisés (0,18 m sur 0,05 m). Sa face sud est percée d’une archère rebouchée et d’une canonnière. La première, composée de sept blocs taillés en calcaire de Jaumont, est haute de 0,60 m sur 0,11 m de large. Quant à la canonnière, il s’agit d’un bloc taillé en calcaire de Jaumont qui présente une ouverture ovalaire de 0,45 m sur 0,34 m. Une seconde canonnière perce la partie nord de la tour. Taillée dans un bloc de calcaire de Jaumont de 0,80 m sur 0,60 m, elle présente une ouverture de forme ovalaire de 0,52 sur 0,40 m.
Fig. 164 : Les trois tours de la Cité du mur en Chadeleirue vues du nord (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 166 : Tour de la Cité de plan semi-circulaire du mur en Chadeleirue (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

196En 1465, ces tours sont dépourvues de toit, mais à compter de 1511, il est question de les couvrir519. Toutefois, il semble que ce projet n’ait jamais abouti puisqu’en 1519520, il est toujours d’actualité et les vues cavalières de la ville du xviie siècle montrent ces tours sans couverture. Les formes des tours sont celles que l’on retrouve fréquemment dans la fortification médiévale, notamment le plan semi-circulaire521. Les tours de plan en éperon apparaissent à la fin du xiie siècle. L’usage de ce plan ne se justifie alors que pour l’emploi des armes de jet puissantes.
Fig. 165 : Relevés en élévation des trois tours de la Cité du mur en Chadeleirue (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 168 : Relevés en plan diachronique et en coupe de la tour des Maçons et de la tour Maudite au milieu du xixe siècle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis d’après l’Atlas du Génie).

197Il est donc probable que la défense du mur se faisait non seulement par le chemin de ronde, mais également par les archères percées dans les trois tours de la Cité.
198À l’angle nord-est de l’enceinte, quinze corporations de métiers avaient la charge de neuf tours de plan semi-circulaire et en éperon (fig. 167). Non remblayées, elles présentent leur hauteur originelle de près de 14 m (fig. 168). Couvertes d’un toit, elles abritaient de l’armement. À la confluence de la Seille et de la Moselle se dresse la tour Maudite (ou tour du Diable) qui semble entretenue au début xve siècle par la corporation des changeurs522, puis au début du xvie siècle par celle des fèvres* (artisans qui travaillent le métal) (fig. 169). Son surnom de « maldite » est attesté dès avant 1328523. De 10 m de diamètre, elle était percée de trois embrasures de tir et se composait de deux, voire trois niveaux, surmontés d’un toit. La tour est mentionnée indirectement en octobre 1410 lorsque le fût d’une bombarde doit être refait « au baille daier la tour maldite »524.
Fig. 167 : Les tours du chemin des Corporations datant du xiiie siècle (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 169 : La tour Maudite localisée à la confluence de la Moselle et de la Seille (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

199Par ailleurs, les visitations* de 1511 et 1519 mentionnent une tour qui n’existe plus aujourd’hui, autrefois à la charge des corporations des chanvriers et des meuniers525. Elle était localisée entre une « vieille tour », ou « tornelle* », entretenue par la cité et couverte d’un toit, pour laquelle il faut changer la serrure de la porte en 1519526, et la tour des Couteliers et des Huiliers. Celle-ci est d’ailleurs couverte de tuiles en septembre 1489527.
200La visitation* de 1511 mentionne également la présence de quatre « beffroys* » maçonnés sur ce tronçon de l’enceinte. Ces ouvrages venaient ainsi compléter le dispositif défensif. Un baiffroy* est attesté en 1410 au pont des Morts528. Il est rénové en janvier 1413529. Il existait également des tours mobiles destinées à accueillir des arbalétriers. Trois tours sont mentionnées dans les comptes du receveur en mai 1411 et sont localisées au pont Thiffroy, au pont Rengmont et au Moyen-Pont530. En 1463, un bayffroy* est édifié sur les murs « daier Sainte-Marie » sur le front sud de l’enceinte531. En août 1469, un autre bayffroy* est recouvert « devant Saint Vincent ou les Wairdes gixent », c’est-à-dire où les gardes sont installés532. En août 1489, les comptes des Gouverneurs des Murs* indiquent qu’il faut abattre un baffroy entre la porte du Pontiffroy et la tour de Ranconval533. Celui-ci est ensuite rebâti entre le 5 août et le 19 septembre de la même année. En 1502, d’autres bayffroys* sont localisés derrière Saint-Médard (Outre-Moselle) et le baile* de Chadeleirue534.
201Les tours de l’enceinte messine étaient de plans différents : circulaires, semi-circulaires et en éperon. L’espacement entre deux tours diffère, mais en convertissant ces mesures en pied médiéval535, on constate pourtant une certaine régularité. Ces écarts de 14 m, 33 m et 46 m pour les tours au nord représentent 100, 200 et 300 pieds. Sur le tronçon en Chadeleirue, l’espace entre les tours était de 33 m, soit 100 pieds. Si cette moyenne est retenue, il est possible de replacer les tours et baiffroys* disparus et mentionnés dans les visitations*. L’état du sud de ce tronçon est plus flou en raison de mesures différentes, à savoir 23 m soit 70 pieds. Peut-être que ce tronçon a été reconstruit à une date inconnue.
202D’autres tours de la première enceinte sont connues grâce à des documents, notamment des photographies, de la fin du xixe et du début du xxe siècle. C’est le cas pour une des tours, de plan circulaire, de l’Épaisse-muraille, mise au jour en 1911 sous le bastion méridional du retranchement de Guise (fig. 170), et pour la tour des Bouchers sur le front occidental (fig. 171). Malheureusement, nous ne possédons que peu d’informations à leur sujet.
Fig. 170 : Mise au jour en 1911 d’une tour de plan circulaire de l’Épaisse-muraille sous le bastion méridional du retranchement de Guise (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 171 : La tour des Bouchers de plan carré sur le front occidental (

© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
3.4.3. Les premières tours adaptées à l’artillerie (xive-xve siècles)
203À partir de la fin du xive siècle, des tours sont nouvellement construites, s’adaptant au fur et à mesure aux progrès de l’artillerie. Deux le sont au xive siècle, cinq au xve siècle et trois au xvie siècle. La tradition voudrait que les armes à feu aient été utilisées pour la première fois en Occident en 1324 au cours de la guerre des Quatre Seigneurs536. Toutefois, l’interprétation des textes laisse planer quelques doutes à ce sujet. Les premières adaptations de la fortification messine à l’artillerie interviennent dès la fin du xive siècle avec la construction des premières tours adaptée au nouvel armement sur le front de Seille, flanquées sur le mur de la Grève : la tour des Potiers d’étain construite à 115 m au nord-est de la porte des Allemands, et la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire édifiée à 230 m au nord-est. Ce mouvement se poursuit au xve siècle avec l’édification au sud de la tour Camoufle en 1437, de la tour de Ranconval en 1444 à l’ouest et d’une tour de la Cité dite « Saint-Hilaire », vers 1465, sur laquelle se raccorde la fausse braie* du chemin des Corporations (fig. 172 et 173).
Fig. 172 : La tour de la Cité dite « Saint-Hilaire » sur le chemin des Corporations peu avant sa destruction en 1904 (

© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 173 : Relevés en plan et en coupe de la tour de la Cité dite « Saint-Hilaire » sur le chemin des Corporations au milieu du xixe siècle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis d’après l’Atlas du Génie).

3.4.3.1. La tour des Potiers d’étain (1381)
204De forme heptagonale, la tour des Potiers d’étain – dénommée à la fin du Moyen Âge « tour des Potiers d’Étain et des Vairenniers (vitriers) et des Gayniers (fabricants d’étuis)537 » – est élevée à la jonction du mur du xiiie siècle et du xive siècle (fig. 174). Elle présente un diamètre de 7,80 m et le périmètre de son mur représente une longueur totale de 23,80 m (fig. 175). Il est épais d’environ 1,60 m et d’une hauteur maximale de 4,70 m, sa partie supérieure ayant été arasée. Ce mur est essentiellement construit avec des moellons équarris en calcaire de Jaumont, dont les dimensions moyennes sont 0,30 m sur 0,15 m. Ils sont noyés dans un mortier de chaux blanchâtre composé de petit cailloutis et de sable. Ses faces nord-ouest, nord-est et est sont en partie dissimulées par les remblais de la fausse braie*. Son mur forme sept angles de 40° à 60° présentant chacun un chaînage d’angle en besace composé de blocs taillés en calcaire de Jaumont. Deux ouvertures en plein cintre percées à l’époque moderne sont encore visibles.
Fig. 175 : Relevés en plan et en élévation des éléments de la tour des Potiers d’étain

(© DAO : J. Trapp – Historia Metensis).
Fig. 174 : Vestiges de la tour des Potiers d’étain vus de l’est cliché : L. Kieffer – Historia Metensus).

205Sur la face nord-est, une ouverture de tir de forme rectangulaire est percée dans le mur principal. Elle s’évase du nord-est vers le sud-ouest et présente ainsi une largeur allant de 0,30 m à 1,30 m. Elle n’est conservée que sur une hauteur de 0,80 m. La face sud-ouest de la tour présente les vestiges d’une corniche soutenue par un corbeau, le tout façonné en calcaire de Jaumont (fig. 176). Le premier fragment est long de 1,10 m, large de 0,40 m et épais de 0,20 m. Le second est haut de 0,40 m, large de 0,20 m et profond de 0,40 m. Cette corniche, ainsi que celle mise au jour en février 1911 (fig. 177), laisse penser que la tour était couronnée par une série de mâchicoulis* soutenus par des corbeaux. Il est également possible que le dernier niveau de la tour des Potiers d’étain ait été voûté : la découverte en 1911 d’un départ de voûte encastré dans le mur le suggère. En 1511, la tour est couverte d’un toit538, ce qui est corroboré par les vues du xviie siècle.
Fig. 176 : Vestiges d’un corbeau et de la corniche qui enserraient le sommet de la tour des Potiers d’étain à l’ouest (cliché : N. Gasseau – Historia Metensis).

Fig. 177 : Vestiges d’un corbeau et de la corniche qui enserraient le sommet de la tour des Potiers d’étain au sud. Ces éléments ont disparu depuis 1911

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
206Ses fondations, bien que remblayées par la fausse braie*, ont été dégagées en partie en 1911 (fig. 178). Elles apparaissent peu en dessous du remblai, montrant que le niveau de sol actuel était peu différent de celui de l’époque médiévale. La base de la tour repose sur un chanfrein réalisé probablement avec des blocs taillés en calcaire de Jaumont. Les fondations apparaissent en dessous et sont constituées avec du petit moellon équarri.
Fig. 178 : Dégagement des fondations de la tour des Potiers d’étain en 1911

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
3.4.3.2. La tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (1381)
207Élevée au sud-est du pont des Grilles de la Basse-Seille, la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire est appelée depuis l’époque moderne « tour des Esprits » ou « tour des Sorcières » (fig. 179). De plan circulaire, elle présente une hauteur de 12,90 m dans sa partie visible et un diamètre de 6,95 m (fig. 180). Elle est constituée d’un mur de 1,20 m d’épaisseur se composant de moellons équarris assisés en calcaire à gryphées et en calcaire de Jaumont (0,22 m sur 0,14 m). La tour se développait autrefois sur quatre niveaux. Le rez-de-chaussée, haut de 2 m, est aujourd’hui noyé sous le remblai. Le premier étage, situé au niveau du sol actuel, reposait probablement sur un plancher en bois, comme l’attestent plusieurs trous de boulin qui devaient accueillir les poutres le soutenant. Ce niveau était une simple salle haute d’environ 4,50 m, percée au sud-est, au nord-est et au nord-ouest de trois canonnières de forme conique. Il existait une porte au sud-ouest de la tour qui permettait d’accéder au deuxième niveau du pont, élément qui n’est plus visible aujourd’hui.
Fig. 179 : La tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (ou tour des Esprits) à l’angle nord-est du pont des Grilles de la Basse-Seille (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

208Le second niveau, établi à la hauteur du chemin de ronde, est couvert d’une croisée d’ogives à huit nervures chanfreinées sans consoles en calcaire de Jaumont (fig. 181). La voûte est haute de 5,30 m pour une largeur de 2,50 m et ses arêtes sont reliées au milieu par une clé de voûte. Au nord-ouest sont posés les restes d’une cheminée, dont ne subsistent aujourd’hui que les deux consoles (0,98 m de longueur, 0,75 m de hauteur et 0,25 m de largeur), intégrées à deux arêtes de la voûte (fig. 182). Le fond de la cheminée est tapissé de deux rangées de dalles en calcaire de Jaumont, fortement rubéfiées. Au sud-ouest, une porte de 1,83 m sur 1,02 m, permettait d’accéder au chemin de ronde. Ce niveau est également percé d’une canonnière.
Fig. 180 : Relevés en plan et en élévation de la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (DAO : A. Dumontet – Historia Metensis).

Fig. 181 : La tour des Barbiers et des Chandeliers de cire vue du nord-est, éventrée depuis 1944. Son sommet est voûté en croisée d’ogives (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 182 : Vestiges d’une cheminée située au deuxième étage de la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (cliché : N. Gasseau – Historia Metensis).

Fig. 183 : La tour des Barbiers et des Chandeliers de cire au début du xxe siècle avant son endommagement. On distingue clairement au sommet ses mâchicoulis

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
209Enfin, le troisième niveau, haut de 6,30 m, était probablement séparé du précédent par un plancher de bois, à en juger par les rehauts de pierre ayant servi de supports aux poutres et solives. Le dernier niveau de la tour est séparé du précédent par une série de dalles qu’il nous a été malheureusement impossible d’observer en raison de leur hauteur. Aucun support d’escalier n’étant attesté dans les murs, il est probable que la communication à travers ces planchers se faisait par des trappes et des échelles.
210La partie supérieure de la tour est ceinte d’une série de seize corbeaux, sur lesquels est installée une corniche (fig. 183). Celle-ci est percée par plusieurs mâchicoulis*. Chaque corbeau est disposé tous les 0,65 m et est constitué d’un bloc taillé en calcaire de Jaumont (0,40 m sur 0,25 m pour 0,20 m d’épaisseur539). La corniche est composée de dix-huit blocs en calcaire de Jaumont encore visibles.
211En 1512, la tour menace de s’effondrer dans la Seille. Nicole Remiat, alors Sept des Murs, conseille de « faire rechassiez le piedz de ladite tour en lyawe »540. Toutefois, endommagée au nord-est, lors des combats de 1944, la tour est restaurée en 1957, ce qui rend compliquée la lecture du parement et l’observation d’éventuelles réfections antérieures.
212Comme le montrent les différentes vues de la ville, la tour des Barbiers est couverte à l’époque moderne d’un toit, projeté dès le début du xvie siècle541. Présente encore en 1814, selon un dessin anonyme, cette toiture disparaît peu avant 1822.
Fig. 184 : La tour Camoufle, actuellement aux abords de l’avenue Foch (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

3.4.3.3. La tour Camoufle (1437) (P.-E. Wagner)
213En 1437542, la tour Camoufle, est édifiée au saillant de la fausse braie* du Champ-à-Panne543. Étant un des rares vestiges de la fortification médiévale de ce côté de la ville, la tour Camoufle a été conservée et domine encore aujourd’hui l’avenue Foch (fig. 184). Appelée d’abord « tour en Champ à Panne », puis « tour Camouffle », « tour Champenoise » dès 1552 (et peut-être même dès avant, car la porte Serpenoise est appelée « porte Champenoise » dès 1473), et « tour de Sainte-Glossinde » au début du xviie siècle, puis au xixe siècle « tour Serpenoise » ou « de Serpenoise ». La chronique de Philippe de Vigneulles, rédigée dans la première décennie du xvie siècle, rapporte qu’elle tire son nom d’un certain Commoufle544.
214Les registres du receveur de la cité contiennent plusieurs quittances545 dans lesquelles mention est faite d’un Jacob (Jakob, Jacot, Jacquot) de Castel, dit Kommoff (Commoff, Comeoff). Il est donné comme originaire de Keskastel, petit village sur les rives de la Sarre, ancienne dépendance de l’abbaye de Herbitzheim – résidence notamment du prévôt de cette abbaye – aujourd’hui située dans le département du Bas-Rhin, mais se trouvant alors dans la partie germanophone du diocèse de Metz.
215Ce surnom de « Commoffle » lui fut sans doute attribué d’après une locution familière qui l’aurait caractérisé : « kome uff »546. Aufkommen en allemand moderne, signifiant notamment : réussir, gagner, avoir du succès ; il serait ainsi possible de le traduire comme « Gagné ! », « J’l’ai eu ! » ou « Dans le mille ! » en rapport avec une adresse au tir reconnue de tous et qui lui vaudra, selon la tradition, quelques démêlés avec l’Inquisition. La tradition locale rapporte en effet qu’il dut aller se justifier en cour de Rome d’une inculpation de sorcellerie en rapport avec une habileté rapidement qualifiée de « démoniaque » au tir.
Fig. 185 : Relevés en plan et en coupe de la tour Camoufle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après les relevés MH et de l’Atlas du Génie).

216Le personnage émarge comme soldoyeur au service de la cité de janvier 1430 au 30 novembre 1434547. On le voit reparaître, toujours comme soldoyeur, à partir de mars-avril 1438548 jusqu’en novembre-décembre 1443549.
217La Chronique dite de Praillon rapporte l’un de ses faits d’armes en 1439550. Absent des listes de janvier 1444 comme de celles qui suivent, on le retrouve comme maître de bombarde pour la période du 1er novembre 1444 au 31 mars 1445, au cours de laquelle il est payé par quart d’an à 48 sols le mois551. Il est ainsi attesté comme l’un des onze maîtres de bombarde au service de la cité pendant la guerre de 1444. Le Devis des réparations et des nouvelles constructions à faire aux murailles et aux portes de la ville de 1467 indique la nécessité « de faire en la ronde tour, devers le Champ-Baipenne, V rond de blanche pierre par baixe [en bas] pour baittre au long des fousselz, d’une paire et d’autre »552. Il s’agissait probablement d’installer des canonnières qui semblent pourtant ne pas avoir été réalisées avant juin 1492. Le compte des Gouverneurs des Murs* indique que des ouvertures y sont « raitroitez » pour y faire des canonnières553.
218La tour Camoufle est haute de 26,45 m, du niveau du fossé au sommet de la toiture, et de 16,75 m sans son toit (fig. 185). Elle présente un diamètre de 10,90 m au rez-de-chaussée et de 11,45 m au niveau le plus bas. La largeur de ses murs varie de 2,20 m à 3,30 m. Au niveau du fossé, la tour est percée de deux canonnières, auxquelles s’ajoutent les trois du rez-de-chaussée.
219La salle au niveau du fossé. Le niveau du fossé correspond au niveau du sol extérieur au pied des murs de la fausse braie*, à l’époque de la construction. Le plan du souterrain conserve la trace de l’ancienne disposition à l’angle des murs de la fausse braie* : une embrasure de tir a été bouchée par les terres du rempart. Elle s’ouvre à 90° environ de celle qui est conservée et dans laquelle on a percé une poterne en 1741. Il manque un étage intérieur, sans doute une plateforme démontable, car construite en madriers pour supporter des bouches à feu mises sur affût devant les canonnières (trois rondels pour des pièces de moyen calibre) que l’on aperçoit à mi-hauteur, bien trop hautes pour des pièces disposées sur le sol même de la tour. On relève également l’existence d’un escalier qui ouvre dans l’épaisseur du mur juste avant que le couloir d’accès ne débouche dans la salle souterraine. Les murs de la courtine élevée en 1741 ne se superposent pas aux murs de la fausse braie*. Selon le plan de 1738, qui permet de restituer assez précisément la disposition primitive, ceux-ci aboutissent de part et d’autre de l’accès souterrain de la salle la plus basse. Plusieurs ébrasements sont en effet condamnés par cette nouvelle disposition.
220La salle à l’étage, au niveau de la fausse braie. On y accède depuis le chemin de ronde des grands murs, au moyen d’une arche qui enjambe la fausse braie*. Aujourd’hui, et depuis le début du xviie siècle, la tour est couverte d’une toiture en poivrière. Elle était sans doute découverte à l’origine comme le laissent supposer les évacuations partiellement conservées. L’étage est formé d’un mur très léger (les maçonneries du dernier étage n’ont que 45 cm d’épaisseur contre 1,50 à 3 m pour les étages inférieurs). On voyait mieux avant la dernière restauration (2007-2008), comme sur les photographies anciennes, que l’appareil, ici mis en œuvre, est très différent de celui utilisé pour les étages inférieurs. On ignore la disposition de la plateforme bordée d’un parapet qui devait couronner la tour ; il faut cependant tenir compte de la plateforme de tir élevée « par ceux de la ville » avant 1552 et appelée, selon les sources, « plateforme verte », ou « de la fausse braie* » ou encore « de Sainte-Glossinde » qui rendait nécessaire le dégagement de tout son horizon de tir. L’architecture est conforme à ce qui pouvait se faire dans la première moitié du xve siècle, une trentaine d’années plus tard, les tours d’artillerie étaient plus basses, plus massives, plus épaisses.
3.4.3.4. La tour de Ranconval (1444) (M. Didiot)
221La tour de Ranconval est édifiée en août 1444, dans le secteur de l’abbaye SaintVincent554. Malheureusement, les comptes des Gouverneurs des Murs* n’ont pas été conservés pour cette année et peu d’informations existent à son sujet. Si l’on sait que l’ouvrage porte le nom de tour de Ranconval, vraisemblablement à cause de son architecte, Henri de Ranconval, il est impossible de connaître la nature et la provenance des matériaux utilisés, car la tour a aujourd’hui disparu. En 1465, dans la visitation* de Joffroy de Warize, l’édifice est appelé « grosse nuefve tour ronde Raiconval »555. En octobre 1489, le compte des Gouverneurs des Murs* indique que cette tour bénéficie de travaux. Elle est recouverte d’ardoise et plusieurs fenêtres et bouchals y sont « raitroitez » cela signifie que les ouvertures et les fentes de tirs sont réduites pour assurer une meilleure défense556. En 1494, Julien le serrier* répare une chaîne derrière la tour557. Celle-ci devait barrer le passage du baile* derrière la tour. L’état des réparations à effectuer de 1511 exécuté par Nicole de Heu ne mentionne pas de travaux pour la tour de Ranconval558. À cette date, la visitation* de Nicole de Heu indique la « tour dondit le tour de Raconval » est tenue par la cité559. Il ne s’agit donc pas à cette date d’une tour des métiers qui aurait pu être logiquement entretenue par des pairiours (carriers) de Ranconval. Il en est de même l’année suivante560. En 1519, les Gouverneurs des Murs* souhaitent y « rellevez les fenestre en montant de ladite tour et y faire des canonnière »561. À la même date, des travaux similaires sont conseillés sur la tour Camoufle562. Or, il est probable que les deux tours construites à sept ans d’intervalle ont eu des structures assez semblables. Si la tour de Ranconval est qualifiée de « grosse tour ronde » dans les visitations*, cela n’est en effet pas sans rappeler les adjectifs qualifiant la tour Camoufle. En 1523, la tour semble toujours en bon état, car elle ne bénéficie pas de travaux, mais les magistrats cherchent à laisser la tour de Ranconval à « un bon gros mestier »563. Le devis de couverture de l’enceinte de 1525 mentionne toujours la tour sans donner davantage de détail564.
3.4.4. Les tours d’artillerie
222Afin de s’adapter au mieux aux progrès de l’artillerie, plusieurs tours d’artillerie sont élevées au début du xvie siècle. Avec l’apparition du boulet métallique, les tours sont abaissées, d’une part, pour les soustraire aux coups directs et, d’autre part, pour y placer l’artillerie de la cité. Ces tours sont plus basses, avec des murs plus épais, et ressemblent davantage à des plateformes qu’à des tours. À Metz, trois exemplaires sont construits : la tour des Wassieux, la tour de la fausse braie* de la porte des Allemands et le moineau* Desch.
3.4.4.1. La tour d’Enfer (1515) (J. Trapp, P.-E. Wagner)
223La tour d’Enfer est construite sur l’ordre de Nicole III de Heu, chevalier et Gouverneur des Murs* à l’emplacement de la tour des Wassieux565. Les archives mentionnent plusieurs visitations* effectuées en 1511, 1519 et 1523 en compagnie de ses deux fils, Nicolas IV et Robert566. Localisée à l’angle sud-ouest de l’enceinte, la construction débute le 16 novembre 1515567. Après un office religieux, tous les habitants se rendent aux Wassieux pour assister à la pose de la première pierre de la tour. Cette dernière est percée : deux verres de vin y sont versés, et un florin, ainsi que des gros de Metz y sont déposés. Une tablette de plomb, sur laquelle sont inscrits l’an et le jour de la construction, ainsi que les noms des seigneurs (Gouverneurs des Murs*, pape et empereur, roi de France, évêque de Metz et maître échevin de la cité) est également déposée. Cette inscription est rapportée dans le manuscrit de la Généalogie des Heu (Bruxelles) :
« Ce quy est escript en une piere quy esthois du fondemens/de la grosse tour des Wassieux à Mets laquelle se/peult veoir quant on currera les fosses enlentour : ANNO PONTIFICATUS LEONIS DECIMIII° impp caes MAXIMILIANIVIII°/regni fra(n) cici fra(n) corum regis I° dum ipse elvesioru(m) agros ful(m) i- / -nare primus cepisset nicolaus de heu iociulu(m) cocilio / me construcxit »568.
224La tour d’Enfer domine de sa plateforme établie à plus de 27 m de haut les îles de la Moselle et le boulevard de la porte Serpenoise (fig. 186 et 187). Le lieu où s’élève la nouvelle tour est désigné par le terme latin : « Elvesiorum Agros », c’est-à-dire le Champ des Wassieux ou plus simplement les Wassieux : « Eluvies », construit à partir du verbe latin classique elvo : laver, rincer, nettoyer, se rapporte à l’eau qui coule ou qui est débordée, d’où ravin, fondrière, écoulement d’eaux sales. Le français médiéval désigne sous le nom de « G(W) assouil » des amas d’ordures. Il est vrai que la zone servait de décharge : à la fin du xve siècle, les déchets et les cadavres d’animaux y étaient déposés569.
Fig. 186 : Relevés en plan et en coupe de la tour des Wassieux (ou tour d’Enfer) (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après les relevés MH et de l’Atlas du Génie).

Fig. 187 : Dessin en plan et en coupe de la tour des Wassieux (ou tour d’Enfer) réalisé lors de son dégagement en 1901

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
225D’un diamètre de 22 m, la tour présentait des murs épais de plus de 4 m à la base. Elle se composait de trois niveaux sous la forme de salles voûtées (fig. 188). L’étage bas se situait au niveau du fossé et était percé de trois embrasures de tir. Le deuxième étage était équipé d’un puits et de sept ouvertures de tir (fig. 189). L’accès à cette salle se faisait par un escalier passant sous le mur d’enceinte. Le dernier étage servait de salle de garde et était équipé de trois embrasures de tir et d’une cheminée. Une porte percée au sud-est s’ouvrait sur la fausse braie* qui reliait la porte Serpenoise. Toutes ces salles communiquaient entre elles par des ouvertures circulaires percées au niveau de la clé de voûte.
Fig. 188 : Salle voûtée du niveau supérieur de la tour d’Enfer en 1901

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 189 : Salle de la tour d’Enfer équipée de canonnières (1901)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
3.4.4.2. La tour d’angle Desch (1527)
226À 190 m au nord de la porte des Allemands, le mur de fausse braie* était flanqué d’une tour à l’un de ses angles* (fig. 190). De plan semi-circulaire, elle est large de 12,30 m et profonde de 11 m, d’après le plan dressé par la Direction du Génie de Metz au xixe siècle (fig. 191). Il s’agit d’une tour d’artillerie qui permettait de défendre la Seille en amont et en aval. Elle est haute de 7,65 m et son mur serait épais de 2,90 m (fig. 192). Celui-ci arbore un parement constitué de blocs taillés en calcaire de Jaumont de moyen appareil (ente 1,05 et 1,85 m de largeur pour 0,55 m de hauteur). Ils présentent un bossage semblable à celui observé sur le parement de la caponnière Desch. Ces blocs forment plusieurs rangées qui alternent avec des blocs dont la hauteur n’est que de 0,28 m. La partie supérieure de la tour est couronnée d’une corniche d’une épaisseur de 0,26 m qui l’enserre sur 14,75 m. Au-dessus, le parement du mur semble différent (moellons équarris ?), mais il est difficilement observable en raison de l’abondante végétation. L’accès à la tour semblait se faire par la porte percée au nord-est, aujourd’hui obstruée à l’aide de moellons équarris en calcaire de Jaumont en petit appareil (0,25 m sur 0,10 m). Par ailleurs, la partie supérieure de ce qui semble être les vestiges d’une canonnière semblable à celles de la caponnière affleure au-dessus du niveau du sol (fig. 193). Elle est percée dans la partie sud du mur principal. Seul un relief haut de 0,13 m est encore visible et semble correspondre à la « chevelure » d’un monstre. Les dessins réalisés par Adolphe Bellevoye et Georges Boulangé datés de 1856 (fig. 194) et une photographie du début du xxe siècle (fig. 195) montrent que la tour est bien munie de deux canonnières à l’origine, l’une orientée vers le sud-est et l’autre vers le nord-est. Elles sont semblables à celles observées sur le moineau* Desch.
227La particularité de la tour d’angle est également de présenter une série de bas-reliefs. Le principal est localisé au centre de la tour, à 4,20 m du sommet. Il représente deux personnages entrelacés, dont l’un semble être une sirène (fig. 196). Il est sculpté sur un bloc en calcaire de Jaumont de 1,50 m sur 0,55 m. Il semble toutefois tronqué et pourrait avoir été scié à moins qu’il ne s’agisse ici d’un plan de clivage naturel de la pierre. À 3,90 m plus au nord, un second bas-relief, représente une croix de saint André. Un dernier bas-relief est localisé dans la partie nord de la tour, à 2,45 m du sommet. Seule la dernière partie est visible et semble représenter la lettre « M » (fig. 197 et 198).
228En ce qui concerne l’accès à la tour, le plan établi par le Génie militaire de Metz montre qu’il se faisait par un souterrain débouchant sur l’actuel boulevard Maginot. Il a été détruit en 1911, mais semblait pouvoir encore être parcouru à cette époque (fig. 199).
Fig. 190 : La tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands vue de l’est (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 191 : Relevés en plan et en coupe de la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands et de son souterrain d’accès (Atlas du Génie, non localisé).

Fig. 192 : Relevés en élévation, en plan et en coupe de la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 193 : Vestiges d’une canonnière à gueule de monstre sur la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 194 : Dessin d’A. Bellevoye de la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands et de ses décors en 1856 (Chabert 1856).

Fig. 195 : La tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands non remblayée, vue du sud en 1911 (détail)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 196 : Décor représentant une sirène et un individu non identifié sur la partie supérieure de la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 197 : Vestige de l’inscription « V M » sculptée sur la partie supérieure de la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 198 : L’inscription « V M » au début du xxe siècle

(© Musée de La Cour d’Or Metz – Métropole).
Fig. 199 : Souterrain d’accès à la tour d’artillerie de la fausse braie de la porte des Allemands en cours de destruction en 1911

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 201 : Relevés en élévation, en plan et en coupe du moineau Desch (d’après l’Atlas du Génie, non localisé) (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

3.4.4.3. Le moineau Desch (1527)
229À environ 80 m au nord de la porte des Allemands, une tour basse est construite à la base du mur de fausse braie*, au niveau de la Seille (fig. 200). De par sa composition et sa position en saillie à la base du mur de fausse braie*, cette tour basse, dénommée traditionnellement « caponnière Dex », peut également être identifiée comme un moineau*. Le terme de caponnière est trop tardif et serait mieux adapté dans un dispositif bastionné à l’époque moderne, ou polygonal à l’époque contemporaine. Il faut d’abord noter le côté novateur d’une caponnière, dont on ne voit apparaître les premiers exemples que vers le milieu du xve siècle. La caponnière de Metz est un petit ouvrage bas, implanté en fond de fossé et recouvert d’une épaisse et massive toiture en dalles de pierre sur maçonnerie posée sur voûtes et faisant office de blindage supérieur. Elle peut accueillir une casemate permettant de faire feu avec des armes portatives ou des pièces d’artillerie de petit calibre. En effet, l’utilisation de gros canons était impossible à cause du dégagement de fumées trop important. Celles-ci auraient en effet rendu l’air des casemates irrespirable après quelques tirs seulement. Il s’agit donc d’un ouvrage de pointe, qui devra le premier faire face à l’assaillant. La caponnière n’est que très peu mentionnée dans les archives. Elle n’est citée qu’indirectement en 1542 dans les reçus des comptes des Gouverneurs des Murs*570.
Fig. 200 : Le moineau Desch (ou « caponnière Desch ») localisé au nord de la porte des Allemands, après sa restauration en 2015 (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

230De plan rectangulaire aux angles arrondis à l’est, cette tour est longue de 9,10 m, large de 5,60 m et haute de 7 m (fig. 201). Elle se compose d’un mur haut de 4,30 m et d’un toit de 2,70 m de hauteur. Le premier présente un parement constitué de blocs taillés en calcaire de Jaumont, dont les dimensions moyennes varient entre 0,25 m et 1,05 m de longueur pour une hauteur comprise entre 0,25 m et 0,55 m. Le mur est percé dans sa partie basse de quatre canonnières, deux au sud et deux au nord. De forme rectangulaire aux coins arrondis, elles sont larges de 0,81-0,88 m et hautes de 0,32-0,47 m. Dans la partie supérieure du mur, quatre meurtrières – deux au sud et deux au nord – sont percées. Hautes de 0,63 m, elles présentent une largeur standard de 0,11 m. Cette tour présente la particularité d’être richement décorée de bas-reliefs. Les canonnières sont ornées de monstres, s’intégrant à un bas-relief développé sur la totalité du périmètre de la tour (fig. 202).
Fig. 202 : Les quatre canonnières à gueules de monstre du moineau Desch (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

231À l’intérieur de la tour, le mur est appareillé de moellons équarris en calcaire bleu à gryphées (0,30 m sur 0,15 m). Une voûte vient s’y appuyer. Elle est constituée de mortier et présente encore des traces de coffrage, voire même du bois utilisé probablement pour ce coffrage. La voûte est soutenue par cinq arcs (fig. 203). Leurs claveaux sont des blocs de calcaire de Jaumont en moyen appareil. Ce type de construction rappelle fortement celui des deux salles nord de la porte des Allemands. Sur la clé de voûte des arcs, une inscription est gravée en gothique : « L’an mil cincq cent vingt et sept / Seigneur Philippe Dech estoit maistre échevin de Mets / Chief et gouverneur de ceste ovvraige / Pieron Peltre clerc soliciteux des gaige / Thiedrich dudy ovvraige maistre masson / Faquenel conducteur des manovvre bon compaignon » (fig. 53). Sous le texte sont gravées trois guimbardes entrelacées. Cet instrument de musique est un des symboles de la famille Desch. Une seconde inscription est également visible à l’extérieur de la tour, sous la corniche du toit, côté oriental : « PHE DEX » (fig. 204). L’inscription est encadrée par deux guimbardes.
232Cette tour fut donc bien construite en 1527. Philippe Desch, alors Gouverneur des Murs*, est désigné comme maître d’œuvre de l’ouvrage et maître échevin. Pierron Peltre est mentionné à de nombreuses reprises comme clerc (secrétaire) des Gouverneurs des Murs* et devait s’occuper des finances de la septerie* des Murs. D’après les comptes du receveur et ceux des Gouverneurs des Murs*, Pierron Peltre occupe le poste de clerc de 1524 jusqu’en 1548, voire peut-être au-delà, car les comptes du receveur ne sont pas conservés entre 1538 et 1552571. Il n’est plus en poste en 1552, remplacé par Werriat Denoyt572. Enfin, les deux dernières personnes citées par l’inscription, Thiedrich et Faquenel apparaissent dans la visitation* du 10 août 1523, effectuée par Renaud de Gronnais573. Ce « Faquennel » est alors sergent, c’est-à-dire celui qui encadre les ouvriers des chantiers. Enfin, Thiedrich pourrait être « Fiedriche le masson » chargé d’inspecter la digue de Wadrineau.
Fig. 203 : Voûte du moineau Desch soutenue par cinq arches (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 204 : Inscription mentionnant Philippe III Desch sculptée sous la corniche du moineau Desch (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

233Toutefois, les comptes des Gouverneurs des Murs* n’ayant pas été conservés pour cette période, il existe en effet très peu d’informations quant à la construction de cette tour. Seule la Chronique Rimée évoque brièvement la construction de « tours defensables » (le moineau* et la tour d’angle) entre la porte des Allemands et le pont Rengmont574 en 1527, mais ne mentionne pas les artisans.
234Par ailleurs, le moineau est remblayé, probablement à l’époque moderne, par un sol composé de matériaux divers comme des gravats et de la terre qui vient recouvrir les quatre canonnières. Il a probablement été mis en place pour empêcher l’inondation du moineau lorsque le niveau de la Seille est haut. Ce sol vient également combler partiellement le premier accès de la caponnière, aujourd’hui obstrué, percé à l’ouest dans le mur de fausse braie* (fig. 205). Seul 1,05 m de hauteur de la porte est encore visible. Une seconde porte, complètement dégagée, s’ouvre dans le mur sud (fig. 206). Elle débouche au sud dans un souterrain voûté long d’une cinquantaine de mètres, d’après le plan établi par la Direction du Génie de Metz. Son extrémité est condamnée, mais elle s’ouvrait jadis sur l’actuel boulevard Maginot (fig. 207). Il s’agit probablement du souterrain retrouvé et détruit en 1911 lors des travaux réalisés par les Allemands (fig. 208).
Fig. 205 : Ancien accès au moineau Desch, probablement remblayé à l’époque moderne (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 208 : Souterrain du premier accès au moineau Desch, alors obstrué, en cours de destruction en 1911

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 206 : Accès au moineau Desch percé à l’époque moderne (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 207 : Ancien accès au moineau Desch depuis l’actuel boulevard Maginot, aujourd’hui obstrué (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Focus : le décor singulier de l’ensemble construit par Philippe Desch (1526-1527) (A. Davrius, M. Didiot)
Le moineau
235Le moineau* Desch est orné de bossages en pointe de diamant. Ce motif décoratif – le bossage est toujours associé au choc – se trouve en parfaite adéquation avec son temps, dans une époque que l’on peut qualifier de maniériste. Mais le commanditaire Philippe Desch décida d’orner cette caponnière d’une frise richement sculptée, dont on ne retrouve guère d’équivalents ailleurs à la même époque.
236Les quatre bouches à canon sont les premiers éléments que l’on remarque (fig. 209). Toutes différentes, elles figurent des monstres imaginaires qu’on pourrait croire sorties d’un tableau contemporain de Jérôme Bosch (1450-1516). Cet élément, un monstre, pour servir de bouche à canon, n’a rien d’exceptionnel et se comprend parfaitement étant donné la destination militaire de l’ouvrage, censé intimider l’ennemi. On retrouve ce motif par exemple à la tour d’Audience du château de Void (Meuse) au début du xvie siècle. En revanche, la présence de sphères entre ces bouches reste plus mystérieuse (fig. 210). S’agit-il de grelots ? De grenades explosives, dont le trou laisserait passer la mèche ? Peut-être bien des deux, car on remarque différents types de sculptures. Certains « boulets » comportent même des traits de visage, dont le caractère semble attristé ou effrayé (fig. 211).
Fig. 209 : Dessins et photographie du bas-relief enserrant le moineau Desch (DAO : A. Dumontet – Historia Metensis ; A. Bellevoye dans Chabert 1856 ; Boulangé 1856).

Fig. 210 : Grelot ou arme explosive sculpté sur le moineau Desch (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 211 : Personnage projetant un boulet sculpté sur le moineau Desch (cliché : L. Kieffer : Historia Metensis).

Fig. 212 : Personnification probable de Philippe III Desch sculptée sur le moineau Desch (cliché : L. Kieffer : Historia Metensis).

Fig. 213 : Buste présumé de Philippe III Desch (a. aujourd’hui ; b. au début du xxe siècle avec sa tête) qui aurait pu surplomber le moineau

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
237Au centre de cette frise, l’élément le plus original de cette décoration est bien sûr « l’artilleur », peut-être Philippe Desch lui-même, représenté de dos dans une position acrobatique, les braies abaissées, montrant son anus à l’assiégeant, la tête entre les jambes et les cheveux ébouriffés (fig. 212). Cette symbolique du postérieur, de « l’entraille », est fréquente au Moyen Âge. Juste en dessous de Desch, il semble y avoir une canonnière bouchée. Peut-être cela figurait Desch en train de « cracher » un boulet ?
238Il faut souligner que le commanditaire est intimement lié au programme iconographique de ces éléments architecturaux. Une dédicace mentionne son nom et la date de construction. Mais surtout, un buste à deux têtes, aujourd’hui conservé au musée de Metz, le représente tel Janus au sommet de l’ouvrage (fig. 213). Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce programme iconographique des plus originaux. Le buste du commanditaire, à deux têtes, fait naturellement penser au dieu antique Janus : dieu des choix, des clés, mais aussi des portes, il présidait à la saison de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix). Il peut renvoyer aussi aux couleurs de la ville, puisque le gouverneur regarde de deux côtés en même temps : par le blanc, la vie aux bons ; par le noir, la mort aux ennemis. La famille Desch, cultivée, disposait d’ouvrages liés à l’Antiquité.
239Les monstres des bouches à canon peuvent revêtir une fonction apotropaïque (qui conjure le mauvais sort), fonction qui remonte à la Grèce antique avec le gorgonéion des boucliers, tel que l’on peut le lire dans l’Iliade par exemple.
240La présence de grelots (ou ce qui y ressemble du moins), de boulets, et de personnages de part et d’autre de la frise, renvoie à l’idée de farce, de parodie guerrière, presque de carnaval, visant à « tromper la mort ». Le caractère grand-guignolesque de cet ensemble vise à conjurer le mauvais sort, quitte à en passer par la mise en scène obscène du commanditaire face à l’ennemi.
Le mur de fausse braie (M. Didiot)
241Jusqu’en juillet 2016, pour étudier le bas-relief suivant le moineau*, il fallait se fonder sur les travaux et les propositions de reconstitution de François-Michel Chabert et George Boulangé en 1856. Or, un sondage archéologique et le relevé d’une partie de ce bas-relief effectués par l’association Historia Metensis en juillet 2016 sont venus compléter ces données. Le mur de fausse braie* reliant le moineau* à la tour d’angle présente à sa base une série de décors et des motifs géométriques. Contre le moineau*, une partie de la frise est encore visible tandis que le reste est enfoui sous un mètre de remblais depuis plus d’un siècle.
242Sur le moineau*, plusieurs personnages sont représentés. Si deux hommes lançant des boulets sont taillés de part et d’autre de la caponnière, deux autres sont visibles sur le bas-relief et viennent encadrer une inscription rappelant les dates de construction de la fausse braie*. Qui sont ces quatre personnages ?
243L’inscription observée à l’intérieur du moineau* a permis d’émettre une nouvelle hypothèse. Si elle rappelle le rôle de Philippe Desch, elle présente également le clerc, Pieron Peltre, le maître maçon, Thiédrich et le sergent du chantier, Falquenel. En excluant la représentation osée de Philippe Desch, il y a donc quatre hommes mentionnés sur l’inscription et quatre personnages représentés sur la caponnière et la frise. La coïncidence est plutôt troublante.
244Sur le moineau*, un de ces hommes a un visage disproportionné. Sur son chapeau, une guimbarde, laisse à penser qu’il s’agit de Philippe Desch, ou d’un membre de sa famille. Une telle représentation correspond bien à celle du centre du moineau*. Les deux se moquent grossièrement du personnage et de celui qui regarde.
245De l’autre côté de la caponnière, un homme aux traits plus fins est représenté jusqu’à la taille. Il tient également un boulet. Si l’on compare cette représentation avec celle présente dans le manuscrit de Philippe de Vigneulles575, on remarque que le clerc des Gouverneurs des Murs* semble porter une coiffe similaire. Entre la tête du personnage et le boulet qu’il tient, des initiales stylisées sont inscrites. Il s’agit de la lettre « p ». La barre centrale du « p » sert d’appui à un autre « p » gravé en miroir (fig. 214). Or, lors de la construction du moineau*, comme le rappelle l’inscription, le clerc des Gouverneurs des Murs* s’appelait Pieron Peltre et ses initiales forment donc un double « p ». De plus, les personnages représentant Philippe Desch et le clerc semblent se répondre, mettant ainsi en évidence leur complicité. Pieron Peltre devient clerc en 1524 et le restera après 1538.
Fig. 214 : Bas-relief qui pourrait représenter le clerc du Gouverneur des Murs, Pieron Peltre, en raison de la présence des deux lettres « P entrelacées (cl. J. Trapp – Historia Metensis).

246Sur l’inscription au nord de la caponnière, un autre individu est représenté. Il s’agit également d’un homme qui regarde vers la tour d’angle. La proposition de restitution d’Adolphe Bellevoye en 1856 ne correspond pas aux observations faites sur le terrain. Pourtant, bien que le bas-relief soit aujourd’hui en mauvais état, on peut tout de même observer que l’homme tient deux objets dans ses mains. François-Michel Chabert mentionne que l’un des objets est un bâton en forme de crosse576 pourtant celui-ci est composé de deux tiges, comme un compas que le personnage tient dans sa main gauche. L’autre ressemble à une règle, peut-être une pige, pour mesurer. Ce personnage pourrait donc être le maître maçon mentionné par l’inscription et appelé Thiedrich.
247Le dernier personnage se trouve après la date de « 1527 ». Il regarde dans la direction du maçon. Il tient dans sa main droite un long bâton. L’illustration présente dans le manuscrit de Philippe de Vigneulles577 représente le sergent du chantier muni d’une épée et d’un long bâton. La forme de sa robe, avec un col rond, ainsi que la coiffe qu’il porte semblent également correspondre. Il pourrait donc s’agir du sergent. En outre, ce personnage regarde dans la direction du maçon, mettant en évidence leur complicité. Le sergent conduisait en effet la main d’œuvre et assurait la surveillance et la sécurité du chantier.
248L’inscription, en partie apparente, où se situent les personnages représentant le maître maçon et le sergent, indique que la partie sud a été achevée en 1526 (« F. 1526 ») et que la partie nord a été commencée en 1527 (« C. 1527 ») (fig. 209). Jusqu’à présent, on pensait qu’à la suite de cette inscription, une seconde inscription venait indiquer d’autres informations relatives à la construction de cette portion de fausse braie*. Les relevés de 1856 indiquaient en effet la présence d’une inscription : « La fin de la laye du fondement. Le commencement de pillotez lan 1527 » (fig. 209). Or, la fouille de 2016 a mis en évidence que les relevés de François-Michel Chabert et Georges Boulangé étaient tronqués. Les deux historiens ont délibérément raccourcis le relevé de la frise pour accoler les deux inscriptions. En réalité, la fouille a mis au jour la poursuite de la frise. Celle-ci est ponctuée par les représentations de grelots et de boulets ornés de visage. La distance réelle séparant les deux inscriptions n’a toutefois pas pu être établie par les récentes fouilles. Georges Boulangé la situe à 48 m de la caponnière578, mais François-Michel Chabert ne mentionne pas cette information579. Seules de nouvelles investigations archéologiques entre le moineau* et la tour d’angle permettraient de replacer avec justesse cette inscription. Celle-ci indique qu’une partie du mur de fausse braie* a été fondée à l’aide d’une laye – ou laie –, sorte de coffrage en bois.
249La seconde partie aurait été commencée en 1527 et a été construite sur pilotis. Ce type de dispositif est limité aux murs implantés sur des sous-sols alluviaux humides et bordés par des fossés alimentés en eau. Les comptes des Gouverneurs des Murs* mentionnent en effet ce type de construction sur le front sud de l’enceinte, au niveau du fossé de la porte Serpenoise. Il est probable que seule la portion au sud de la caponnière a été fondée sur pilotis, car elle est totalement bordée par la Seille, contrairement à la partie septentrionale. L’emplacement réel de l’inscription pourrait donc marquer précisément la jonction entre les deux zones.
250Un bas-relief représentant deux renards debout, tenant sur l’épaule un bâton sur lequel un homme est ligoté suscite également des interrogations. Sa localisation précise n’a pas pu être effectuée, l’emprise de la fouille de 2016 étant trop limitée. George Boulangé indique que ce bas-relief se situe à 45 m de l’inscription indiquant la date de début et de fin des travaux580. Si les renards représentent naturellement la ruse, qui est l’homme ligoté ? Celui-ci tire la langue. Est-ce un signe de défiance ou cela traduit-il les paroles mensongères de cet individu ? Le cimier du heaume de blason de Philippe Desch représentait un renard. Les deux renards pourraient donc représenter Philippe Desch avec l’un de ces fils (Renaud, le maître échevin en 1526 et 1529, ou Philippe) ou avec son frère, Nicole. En 1524, un procès opposa Philippe Desch, à Pierre, le valet* et le meurtrier de Jehan Xavin, le beau-père de Philippe Desch. D’après Phillipe de Vigneulles, le valet* était très proche de son maître et il montait le beau-père contre son gendre581. L’homme pendu à la perche semble tirer une langue fourchue. Serait-il le meurtrier dont la langue fourchue rappelle les mensonges ? Les renards représenteraient alors Philippe Desch et son second fils Renaud. Le père et le fils emportent le menteur et obtiennent justice. Plus largement, ce bas-relief met donc en garde et rappelle la puissance de la famille.
251Les relevés et les comptes rendus de François-Michel Chabert et Georges Boulangé sont donc incomplets. Les deux historiens se sont focalisés sur les éléments remarquables du décor, n’hésitant pas à tronquer les relevés en omettant toute une partie de la frise probablement composée de grelots et de boulets. Seul un relevé complet de celle-ci permettrait de restituer correctement l’ensemble de la frise ainsi que les inscriptions et les bas-reliefs. Cette fouille permettrait alors d’avoir une vue d’ensemble du décor tel que les contemporains de Philippe Desch ont pu le voir.
La tour d’angle (A. Davrius)
252Un bas-relief, aujourd’hui très mutilé, y représente deux figures. L’un des personnages est reconnaissable à la forme du bas de son corps. Il s’agit d’une sirène (fig. 196). C’est une femme à queue de poisson avec de longs cheveux légèrement bouclés. L’autre personnage ne peut pas être clairement identifié, mais au regard du programme iconographique de l’ensemble, il est fort probable qu’il s’agit de Philippe Desch. Pour certains historiens, il s’agirait plutôt d’une pucelle, allégorie de la ville de Metz. L’état de conservation de la sculpture ne nous permet guère d’être plus précis. S’agit-il d’une sirène évoquant l’allégorie de la Seille qui emporte, ou enlace, avec elle une pucelle, symbolisant l’allégorie de Metz ? Cela montrerait que les rivières, la Seille, mais aussi la Moselle, protègent la ville. Pour George Boulangé, il s’agit plutôt de la Seille tourmentant la ville de ses crues582.
253L’autre hypothèse identifie le personnage enlacé comme Philippe Desch. Cette allégorie mettrait en évidence que la Seille protège les constructions initiées par le magistrat. Il faut rappeler que le commanditaire est intimement lié au programme iconographique de ces éléments architecturaux.
254Sur cette tour, deux autres bas-reliefs représentent les initiales de la ville « VM » pour Vrbs Mettis, la cité de Metz (fig. 197), représentés sur deux dessins de 1856 et une photographie du début du xxe siècle (fig. 198 et 209). Entre les deux lettres était sculpté un blason, vraisemblablement celui de la ville. Il était porté par un personnage non identifié. Cet écusson soulève une interrogation. Pourquoi n’a-t-il pas été gravé ? Celui de Metz se présente sous la forme d’un écusson peint aux couleurs de la ville, en noir et blanc. Se peut-il que le blason ait été peint ? Qu’en est-il du reste du décor ? Si aucune trace de polychromie n’a été trouvée, cela n’en reste pas moins une possibilité. Le décor peint aurait eu encore plus d’impact aux yeux des contemporains. De plus, en observant de plus près les canonnières du moineau*, on constate que les yeux sont creux. Ils auraient pu accueillir des pierres taillées, conférant à ces bouches à feu un caractère encore plus effrayant.
255Toutefois, le cas des décors du tronçon construit par Philippe III Desch ne semble pas un cas isolé dans la fortification médiévale messine. En effet, Philippe de Vigneulles rapporte dans sa Chronique qu’en 1511, un certain maistre Jehan, le tailleur d’imaige, avait taillé deux chérubins placés sur la bairier (grilles) de la porte Serpenoise et un Dieu en pitié placé sur la porte du boulevard*583.
3.5. Bretèches, hourds et mâchicoulis
256Aux xiiie-xive siècles, les défenseurs de la ville ne disposent que de peu d’ouvertures – à couvert – pour tirer sur les assaillants. Il est plus efficace de se positionner sur le chemin de ronde, en hauteur. Les bretèches* et les hourds*, construits en encorbellement sur le mur de courtine, assurent un flanquement vertical. La bretèche* est un ouvrage à plusieurs étages crénelé dont on se servait pour défendre les places fortes584. Comme le rappelle Jean Mesqui, la bretèche* est le terme générique désignant de petits encorbellements dotés d’une capacité de tir vertical, qui furent très fréquentes pour la défense des portes, lorsque n’existait pas de dispositif autre. Elles peuvent n’être que des édicules en encorbellement sur deux ou trois consoles, dans le cas des portes de petite taille585.
257Ce dispositif est encore visible sur la porte des Allemands (fig. 210) et sur le tronçon de la Grève ajouté à la fin du xive siècle. D’autres sont attestés par la gravure d’I. Silvestre, en 1667, dans le secteur de la poterne des Repenties (fig. 211).
258Deux éléments remarquables sont construits en encorbellement sur le mur de la Grève entre la tour des Potiers d’étain et la tour des Barbiers (fig. 212). Un intervalle d’environ 80 m les sépare, soit environ 250 pieds messins. La structure construite au nord est entièrement visible, alors que seule la partie ouest est observable pour celle élevée plus au sud en raison de la présence des remblais de la fausse braie* (fig. 213). Elles présentent toutes les deux plusieurs similitudes dans leur constitution.
259Par tradition, celle au nord était qualifiée de « tour des Chandeliers », dénomination reprise jusqu’en 1970 par J. Thiriot586. Pourtant, de par sa constitution et par les mentions dans les archives, cela paraît improbable. Les visitations* effectuées par les Sept et Gouverneurs des Murs* mentionnent en 1465, 1511 et 1523 deux tours de plan carré, localisées entre la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire et la tour des Potiers d’étain, entretenues par la cité587. Il s’agit probablement des deux bretèches*. Cette théorie est confirmée par plusieurs vues de la ville, notamment celle réalisée par Sébastien Le Clerc en 1650 (fig. 214). D’après celles-ci, leur partie supérieure était pourvue à l’origine d’un créneau et de deux merlons.
260Hauts de 7,50 m en moyenne, ces éléments offrent une largeur d’environ 4,80 m. À l’ouest, leur parement est composé de moellons équarris en calcaire de Jaumont (0,30 m sur 0,10 m) et liés par un mortier de chaux (fig. 215). De part et d’autre, deux piédroits l’encadrent et sont appareillés respectivement de neuf blocs en besace d’angle (0,60 x 0,25 x 0,48 m) reposant sur une corniche. Celle-ci se compose de trois rangées de blocs superposés dont la hauteur varie de 0,23 m à 0,41 m. La longueur de ces blocs varie de 0,60 m à 1,20 m pour une épaisseur de 0,21 à 0,48 m.
261La structure nord-est est la seule à présenter sa face orientale (fig. 216). Son parement se compose de blocs taillés en calcaire de Jaumont (95 m sur 0,60 m pour une épaisseur de 0,22 m). De part et d’autre, deux piédroits l’encadrent et sont appareillés respectivement de vingt-cinq blocs taillés appareillés en besace d’angle, reposant sur deux consoles. Ce parement est lié par des joints épais d’environ 3 cm. Entre ces deux piédroits, on retrouve, dans la partie supérieure, un appareillage constitué de moellons équarris en calcaire de Jaumont assisés (0,20 m sur 0,10 m), enduit de mortier lors des travaux de restauration en 1996588. La structure présente un léger affaissement d’environ 3,5° par rapport au mur. Elle comprend également une ouverture centrale, constituant un arc brisé, appareillé de treize blocs taillés en calcaire de Jaumont (0,45 m sur 0,40 m), liés par des joints épais d’environ 3 cm. Cet arc présente une ouverture large de 3,65 m sur une hauteur de 1,95 m. À une hauteur de 4,40 m, ce parement est percé de deux ouvertures, larges de 0,17 m sur 0,23 m, et distantes de 3 m.
Fig. 215 : Deux bretèches sur le mur méridional du baile de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 216 : Trois bretèches près de la poterne des Repenties sur le front sud en 1667. Détail du Profil de la Ville de Metz en Lorraine : veue du coste de la porte Mazel

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
262Les deux trous de boulin fonctionnaient probablement avec les deux blocs en saillie, situés un peu au-dessus, dans l’angle formé par la bretèche* et le mur. Ces éléments pourraient faire partie d’un dispositif destiné à recevoir un hourdage* (fig. 217). Les hourds* sont en général établis au niveau du chemin de ronde. La structure porteuse était assurée par des poutres régulièrement espacées, ou des couples de poutres, s’enfonçant dans l’épaisseur de la maçonnerie et supportant l’encorbellement. Il s’agit d’un système coûteux à l’entretien, qui est abandonné définitivement à partir du xvie siècle. Les hourds* n’étaient généralement pas posés de façon permanente, mais seulement en temps de guerre, en raison du coût d’entretien de ces structures. Il semblerait que ce type de construction était majoritairement en usage aux xiie et xiiie siècles589. À partir du xive siècle, les hourds cèdent lentement la place à leurs équivalents en pierre, les mâchicoulis*, pour disparaître au cours du xve siècle, comme sur la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (fig. 218).
Fig. 217 : Face orientale de la bretèche du mur de la Grève, près de la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 218 : Face occidentale de la bretèche du mur de la Grève, près de la tour des Potiers d’étain (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 219 : Les deux bretèches du mur de la Grève en 1650. Détail du Profil de la Ville de Metz (S. Le Clerc)

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 220 : Face occidentale de la bretèche du mur de la Grève, près de la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 222 : Évocation du montage du système de hourdage sur la bretèche nord du mur de la Grève (infographie : N. Gasseau).

Fig. 223 : Mâchicoulis situés au sommet de la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 221 : Relevés en élévation des deux bretèches du mur de la Grève (DAO : K. Lemoine, J. Trapp et A. Wilmouth – Historia Metensis).

3.6. Les aménagements pour le tir
3.6.1. Les salles de tir des portes
263Avec les évolutions de l’artillerie à la fin du xve et au début du xvie siècle, certaines portes de l’enceinte, comme la porte Serpenoise et celle du Pont-des-Morts, se dotent de salles de tir. Les seules qui subsistent sont celles de la porte des Allemands.
264Afin de pouvoir accéder à la fausse braie* au nord de la porte des Allemands, Philippe Desch fait construire contre le mur du xiiie siècle un passage voûté (salle ouest) en 1529 (fig. 224), comme l’atteste une inscription gravée sur un des blocs de la voûte : « S(ieu) r philippe dex Maistre // et gouverne (u) r de l’ouvraige // en l’a(n) 1529 » (fig. 54). Quelques vestiges de dispositifs défensifs antérieurs : notamment ici deux archères, sont obstruées sur le mur occidental. Au sud, une canonnière percée dans la tour nord de la porte des Allemands a été obstruée lors de la construction du passage voûté (fig. 225). D’après sa configuration similaire à celles des canonnières des salles orientales, datées de 1531, elle est probablement installée dans les années 1510-1520, peu de temps avant la construction du passage, peut-être lors de la campagne d’installation de canonnières en 1511590. Elle permettait de défendre, soit la Seille en aval, soit la fausse braie et le boulevard d’artillerie élevés en 1527. Mais, dans ce cas, elle n’aurait été utilisée que pendant deux ans.
Fig. 224 : La salle de tir occidentale de la porte des Allemands construite en 1529 (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 226 : Vestiges de la tourelle d’escalier qui permettait d’accéder à la plateforme depuis la salle de tir occidentale (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

265Longue de 19,20 m pour 7,15 m de large, cette salle de 158 m2 s’élargit vers le sud. Elle est recouverte d’une voûte, soutenue par huit arcs en berceau. Leurs claveaux sont des blocs taillés en calcaire de Jaumont dont les joints sont composés de feuilles d’ardoise, matériau résistant aux fortes pressions, au gel et aux intempéries. Une série de marques numériques (de I à VII) a été gravée sur les claveaux afin de signifier l’ordre de pose. D’autres marques, gravées sur les claveaux de l’arc de la façade nord révèlent qu’au moins cinq tailleurs de pierre ont œuvré sur l’édifice. Comme l’a montré le diagnostic du pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole, le mur est de la salle était au départ rectiligne, moins épais et ne présentait pas d’angle vers le sud-est. À l’origine, l’accès au passage voûté depuis la porte des Allemands se faisait à partir de la plateforme située au-dessus – probablement utilisée pour le tir avec des pièces d’artillerie lourde – grâce à une tourelle d’escalier, dont les vestiges sont encore visibles (fig. 226). Il est possible que cet élément fût fondé sur une structure parallélépipédique visible dans la salle basse. Cette tourelle semble perdurer jusqu’à la mise en place des escaliers qui permettent aujourd’hui d’accéder à la salle basse, probablement en 1735.
Fig. 225 : Relevés en élévation des murs de la salle de tir occidentale de la porte des Allemands construite en 1529 (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 227 : Relevés en élévation des murs de la salle de tir orientale de la porte des Allemands construite probablement en 1531 (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

266En 1531591, une seconde salle est construite à l’est du passage voûté (salle ouest) (fig. 227). La tourelle d’escalier semble être conservée et rester l’unique accès à ces salles depuis la porte des Allemands, comme le montre la réfection réalisée dans le mur médian lors de la construction de l’escalier. La porte d’accès depuis le baile*, présente dans le mur méridional, n’est qu’un ajout de 1907. L’architecture de cette seconde salle est identique à celle du passage voûté (salle ouest). D’une surface de 122 m2, elle est longue de 20,20 m et large au maximum de 6,70 m. Une porte permettait une communication entre les deux salles. Afin d’accéder à la fausse braie*, le mur nord était percé d’une porte, rebouchée partiellement de nos jours. Les plans anciens montrent qu’à l’origine, le mur oriental n’était probablement percé que d’une – voire de plusieurs – canonnières, et non par des fenêtres qui semblent être des ajouts ultérieurs, comme les quatre coussièges (fig. 228). Cette salle devait ainsi servir de salle de tir, tout en permettant aux soldats de rester à l’abri pour rejoindre la fausse braie*, comme l’était à l’origine le passage voûté (salle ouest).
Fig. 228 : Vue extérieure des salles de tir de la porte des Allemands en avril 1833 (dessin de Dumoulin)

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
267Simultanément, une salle basse a été construite sous la salle est (fig. 229). D’une superficie de 77 m2, elle est longue de 19,70 m pour une largeur de 6,65 m, tandis que sa hauteur sous voûte est de 6,05 mètres. Le mur oriental est percé de trois canonnières, dont une n’est visible que depuis l’extérieur, puisqu’elle est cachée par l’escalier d’accès à la salle. Ces canonnières permettaient de défendre la Seille qui borde cette salle basse. Trois puits d’aération permettent de la ventiler. Quant à l’escalier situé dans l’angle sud-est et qui permet d’accéder à cette salle, il semble être un ajout postérieur. En effet, un autre escalier, accès originel, autrefois localisé dans l’angle nord-est de la salle orientale, est attesté sur un plan allemand du début du xxe siècle et a été mis au jour en 2012-2013 lors de fouilles du pôle d’Archéologie préventive de Metz Métropole592.
268Des salles de tir semblent attestées pour d’autres portes, mais peu d’informations sont connues. La porte du Pont-des-Morts semble munie de ce type de dispositif, encore visible sur les plans du début du xviiie siècle. Le boulevard rond de la porte Serpenoise semblait équipé de plusieurs chambres de tir, comme l’ouvrage avancé de la porte Mazelle.
Fig. 229 : Coupe des trois salles de tir de la porte des Allemands (CAO : P. Kremer – Metz Métropole ; DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Focus : Philippe III Desch
269Qui est Philippe Desch, maître d’ouvrage* de plusieurs édifices des fortifications messines du xvie siècle ? Alors que les auteurs des fortifications antérieures sont inconnus, à l’exception d’Henri de Ranconval et Nicole de Heu, le personnage de Philippe III Desch est relativement bien documenté.
270Un patricien de la famille Desch. Philippe III est issu d’une des familles patriciennes les plus puissantes de Metz à la fin du Moyen Âge. La famille Desch a toujours côtoyé de près le pouvoir de la ville et au-delà. Par exemple, Nicole, père de Philipe III, est fait chevalier au sacre du roi Louis XI en 1461. Son oncle, Jacques Desch est maître échevin en 1486 et 1493.
271Philippe est le fruit de l’union entre Nicole Ier Desch, chevalier et maître échevin en 1483, et Catherine Chaverson (fig. 230). Leur mariage est célébré en 1476592, mais il s’agit de secondes noces pour Catherine qui est veuve depuis 1474 de Pierre de Gronnais593. Cette politique matrimoniale met en évidence la volonté des grandes familles de s’unir et d’agrandir ainsi leur prestige, ainsi que leur patrimoine, au risque de susciter parfois des conflits, notamment autour de la question des biens et des héritages.
Fig. 230 : Arbre généalogique de la famille Desch aux xive-xvie siècles (DAO : P.-M. Mercier et J. Trapp).

272Philippe épouse Gertrude, fille de Renaud de Gronnais, dont il a deux fils : Renaud et Philippe. Veuf en 1510594, il se remarie avec Agnès Dabrienne, fille de Jean Dabrienne, maître échevin en 1494595. La date de la mort de Philippe Desch est inconnue. Dans un livre de comptes daté de 1531596, Philippe III touche un cens que la cité lui doit au terme de Noël 1531. Après cette date, plus aucune source ne l’évoque. Sa mort peut donc être située soit à la fin de 1531, soit au début de l’année suivante, à l’âge de 50-55 ans, si l’on considère qu’il est né peu après 1476. Pendant trente-cinq ans, Philippe Desch occupe de nombreuses charges au sein de la République messine.
273Philippe III Desch au service de la République messine. Philippe III Desch a occupé de nombreux postes importants au sein de l’administration de la ville. Il est chevalier, maître échevin à deux reprises (1502597 et 1527598), aman de la paroisse Saint-Étienne et échevin du palais (au moins depuis 1496 jusqu’en 1531). Entre 1513 et 1531, il fait partie à dix reprises des Sept de la Guerre, chargés de la mise en défense de la cité. En 1518, il est maître et gouverneur de l’artillerie de la cité de Metz avec François de Gronnais599. En 1504600, 1507601, 1511602, 1521603 et 1523604, Philippe Desch est membre du conseil des Treize*. Il est maître des Changes en 1506 et gouverneur de la Bulette à quinze reprises entre 1504 et 1529. Le cumul de ces magistratures en fait donc un personnage important de la vie politique messine au cours du premier tiers du xvie siècle.
274Philippe Desch, « Maistre des murs ». Philippe Desch est également Sept des Murs, ainsi que Gouverneur des Murs* à quatre reprises en 1526605, 1527606, 1528607 et 1529608, et s’occupe de l’entretien de la fortification messine. Si les comptes des Gouverneurs des Murs* mentionnent Philippe Desch en 1506, ils ne lui attribuent pas encore de fonction dans l’administration des murs609. Les comptes du receveur de la ville ne le mentionnent comme Gouverneur des Murs* qu’à partir de mai 1526. Les sommes destinées aux Gouverneurs des Murs* sont alors versées « en la maistrie de Philippe Dex », c’est-à-dire sous son autorité, jusqu’en 1530610. Nous ne disposons cependant pas des comptes détaillés des gouverneurs pour la période où Philippe est Sept des Murs.
275Un clerc est chargé de gérer cette comptabilité complexe pour le compte des Gouverneurs des Murs*. Le clerc (secrétaire) des Gouverneurs des Murs* qui l’assiste est en place depuis 1523 et se nomme alors Pieron Peltre. Il doit s’occuper des finances en lien avec les éléments de la fortification, notamment ceux construits par Philippe Desch entre 1526 et 1531 qui ont pour but d’adapter aux évolutions de l’artillerie une enceinte vieille de plus de trois siècles.
3.6.2. Les casemates de tir des ponts
276Alors que les ponts sur la Seille n’en sont pas équipés, trois casemates de tir sont attestées sur les deux ponts fortifiés sur la Moselle : le Moyen-Pont en amont (fig. 231) et le Pont des Basses-Grilles de la Moselle en aval (fig. 232). Deux d’entre elles, celles du Moyen-Pont, sont construites en 1484611. Il est probable que celle des Grilles de la Moselle a été édifiée à la même époque.
Fig. 231 : La casemate de tir occidentale du Moyen-Pont au début du xxe siècle

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 232 : La casemate de tir au sud-est du pont des Grilles de la Moselle (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

277Ces structures sont construites en avant des ponts afin de les défendre des attaques extérieures. Elles sont de plan rectangulaire (fig. 233) et se divisent en deux niveaux (fig. 234). Les casemates des deux ponts sont percées de nombreuses canonnières, orientées vers le pont et vers l’extérieur. Alors que la configuration originelle de celle du pont des Grilles de la Moselle est peu documentée, en raison des modifications successives, celle des casemates du Moyen-Pont est mieux connue. La structure à l’ouest, qui existe toujours, était crénelée et munie de mâchicoulis*, comme le montre les photographies anciennes. La casemate orientale présentait une disposition similaire, à voir les plans de 1739 (fig. 235 et 236). Comme son homologue, elle était équipée de mâchicoulis* et était probablement crénelée.
Fig. 233 : Relevés en plan des deux niveaux de la casemate de tir occidentale du Moyen-Pont en 1839 par H. Klippfel

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 234 : Coupe de la casemate de tir du pont des Grilles de la Moselle en 1745. Détail

(© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 46).
Fig. 235 : Relevés en élévation de la face sud-ouest de la casemate de tir orientale du Moyen-Pont en 1739. Détail

(© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 83).
Fig. 236 : Relevés en élévation de la face nord-ouest de la casemate de tir orientale du Moyen-Pont en 1739. Détail

(© SHD Vincennes, Atlas 132, f° 83).
3.6.3. Les plateformes de tir
278Alors que les salles de tir offrent un emplacement de tir à couvert, les plateformes ne le permettent pas. Ce type de structure semble apparaître au cours de la première moitié du xvie siècle, sans que nous ayons plus de renseignements à leur sujet. Le plan du siège de 1552 en signale cinq au total. Entre la tour des Wassieux et l’abbaye Sainte-Marie-aux-Nonnains, la plateforme « de Saincte-Marie » (lettre M), construite après 1542612, protège le front méridional avec une autre plateforme, « haulsé derriere la tour d’Enfer, pour battre vers la porte de ladicte tour, & garder qu’on ne peust courir la faulsebraye deuvers ce costé » (lettre K). Plus à l’est, en arrière de la tour Camoufle, la plateforme Verte est signalée « dedans la faulsebraye » (lettre G). Il pourrait s’agir de la structure mentionnée en 1523 dans les comptes des Sept de la Guerre, lorsque des ouvriers qui ont « vuydier la terre, assigiee le boys, fischier les paulz et fait la platteforme dessoubz icceluy baston » pour 15 s.613. On peut probablement localiser cette plateforme près de la porte Serpenoise : une mention y indique en effet ce bast[i]on614. À la même période, Nicole Roucel dédommage François le Rowier, un maréchal, après qu’il se soit blessé en enfonçant des pieux. Ceux-ci ont été installés pour faire « lacculement du gros cannon quant lon tyra es fosselz de porte Serpenoize contre la vyelle muraille aupres du pont »615. Cette plateforme se situait donc vraisemblablement entre le mur d’enceinte et le mur de la fausse braie*, à proximité du pont reliant la porte et le boulevard.
279À l’est, la porte Mazelle est également pourvue d’une plateforme qui perdure jusqu’en 1739 et l’aménagement de la place (lettre E). Enfin, les deux dernières plateformes sont aménagées sur le front septentrional. La première est située en arrière de la porte du Pontiffroy (lettre P), tandis qu’une autre, « la grande plateforme de la porte des Rats », est « ramparé iusques au bas pont des barres », c’est-à-dire le pont des Basses-Grilles de la Moselle.
280Nous ne connaissons pas précisément la configuration de ces plateformes, mais il est probable qu’il s’agissait de simples espaces terrassés installés au même niveau que les murs de courtine ou de fausse braie*. Comme le montre le plan du siège de 1552, elles permettaient d’y installer des pièces d’artillerie. On remarque par ailleurs qu’elles sont essentiellement localisées sur le front méridional, entre la tour des Wassieux et la porte Mazelle, secteur qui offre une vue dégagée vers la plaine du Sablon pour le tir.
3.7. Archères et canonnières
3.7.1. Les archères
281L’archère est un des éléments défensifs les plus importants au Moyen Âge en raison de l’emploi de l’arc et de l’arbalète. Celles de l’enceinte de Metz ne sont que très peu documentées. Seuls quelques exemplaires sont encore visibles sur le front de Seille, les archives restant muettes à ce sujet (fig. 237). Il s’agit d’ouvertures longues et étroites formées de blocs taillés en calcaire de Jaumont par lesquelles sont tirés flèches et carreaux. L’archère se répand à la fin du xiie et au début du xiiie siècle et les exemplaires de Metz datent probablement de la construction de l’enceinte dans le premier quart du xiiie siècle. Jean Mesqui a montré que les archères sont mentionnées dans les textes dès la fin du xiie siècle sous le nom de « rayères »616, alors qu’à Metz, elles semblent désignées par le terme très générique d’« airvolz »617, qui définit en temps normal une ouverture, une embrasure sous arcade. Dans ce cas, lors d’une visitation* en 1511, il est question de « faire murer les airvolz vers les vignes et y faire des canoniere et des […] en chacune tours [de la Cité en Chadeleirue] ».
Fig. 237 : Relevés en élévation et en coupe des archères du front de Seille (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

282Seules six archères sont encore visibles sur l’enceinte de Metz, la plupart étant aujourd’hui obstruées. Deux exemplaires, de configurations similaires et de taille plus réduite, sont localisés au nord de la porte des Allemands (fig. 238) et sur une des tours de la Cité du mur en Chadeleirue (fig. 239). Trois autres exemplaires, de forme plus oblongue, sont attestés sur les tours du chemin des Corporations : deux sur la tour Maudite (fig. 240) et une sur la tour des Tailleurs (fig. 241). Une dernière est percée sur la tour nord de la porte des Allemands (fig. 242). Par ailleurs, il est très difficile de réaliser des relevés en plan et en coupe, car les tours qu’elles équipent sont aujourd’hui inaccessibles. Il semble toutefois que celles de la tour Maudite soient des embrasures à niche.
Fig. 239 : Archère obstruée et canonnière d’une des tours de la Cité du mur en Chadeleirue (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 240 : Archère transformée en embrasure de tir pour arme à feu sur la tour Maudite (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 241 : Archère bouchée sur la tour des Tailleurs (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 242 : Archère bouchée sur la tour nord de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

283Les deux premières présentent une configuration identique, avec une série de blocs taillés en calcaire de Jaumont, offrant une ouverture de 0,65 m (environ 2 pieds messins) sur 10 cm de largeur. Celles observées sur la tour Maudite et la tour des Tailleurs sont beaucoup plus allongées verticalement avec une hauteur d’environ 1,80 m pour une largeur d’une quinzaine de centimètres. Il faut noter que l’exemplaire relevé sur la tour des Tailleurs a été retaillé en son centre pour y faire une ouverture circulaire, pour l’adapter aux armes à feu de petit calibre.
3.7.2. Le remplacement des archères par des archères canonnières et des canonnières
284En raison de la généralisation des armes à feu entre la fin du xive et le début du xve siècle, les archères canonnières – adaptées aux armes mécaniques et aux armes à feu –, puis les canonnières – adaptées exclusivement à l’artillerie – remplacent peu à peu les archères618. Dans le cas de Metz, les archères canonnières ne sont pas mentionnées dans les archives ou les chroniques, mais sont pourtant visibles sur certains édifices (fig. 243). Au total, une dizaine d’exemplaires est encore attestée sur la fortification messine, dont quatre sur les tours du xiiie siècle de la porte des Allemands (fig. 244), cinq sur son ouvrage avancé (fig. 245) et une sur la casemate de tir du pont des Basses-Grilles de la Moselle (fig. 246). Il est ainsi possible de dater leur mise en place dès 1445 jusqu’à la fin du xve siècle. Il s’agit d’ouvertures de tir circulaires d’une cinquantaine de centimètres de diamètre, surmontées d’une ouverture rectangulaire de 50 à 70 cm sur 20 à 50 cm.
Fig. 243 : Relevés en plan et en élévation des archères-canonnières du front de Seille (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 244 : Archère canonnière de la tour sud de la porte des Allemands primitive (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 245 : Archère canonnière de la tour nord de l’ouvrage avancé de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 246 : Archère anonnière de la casemate de tir du pont des Grilles de la Moselle (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

285Dans le cas de Metz, la généralisation des canonnières semble décidée en 1473, à la suite du siège de Nicolas Ier, duc de Lorraine619. Cette opération se déroule sur plusieurs années, jusqu’au début du xvie siècle, puisqu’en 1484, le remplacement des archères par des canonnières est encore projeté sur le Moyen-Pont620. D’après les comptes des Gouverneurs des Murs*, il est possible de dégager plusieurs grandes phases de travaux (fig. 247). Quelques canonnières sont percées sur le front sud, sur la tour Camoufle et à l’ouest du pont des Grilles de la Haute-Seille, entre 1463 et 1473. Puis, les travaux se concentrent sur le front d’Outre-Moselle et le pont des Grilles de la Moselle jusqu’à la fin du xve siècle. Les plus importants sont réalisés au début du xvie siècle, notamment lors des travaux sur la tour d’Enfer, la porte Serpenoise et sa fausse braie*. En 1509, les Gouverneurs des Murs* font murer plusieurs crenelz et y installent des canonnières. C’est le cas sur la tour des Drapiers et la tour des Lainiers sur le front sud de l’enceinte621. La tour Dame-Colette est également munie de trois canonnières en avril 1509622. À la même période, « II airvoltz » sont percées « au long de la montee de la porte dez Allemant ou il y avoit un viez planchiez »623. En 1511, la cité prévoit la mise en place de canonnières un peu partout sur les murs de la ville, notamment sur le front sud. En 1525, des fenêtres et des canonnières sont percées sur les « bollewerck dou Moien Pont et de Remport »624.
Fig. 247 : Cartographie des travaux de percements de canonnières entre 1463 et 1542 (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

286L’apparition des canonnières, ou du moins des premières embrasures de tir, à Metz serait donc relativement tardive en comparaison avec celles d’autres villes du royaume de France, puisqu’elles sont attestées dans les textes dans les anciens Pays-Bas dès les années 1390625, à Rouen en 1408, à Lamballe et à Douai626 en 1417 et à Rennes en 1427.
287Pourtant, les observations sur le terrain tendent à montrer que les premières embrasures de tir semblent installées en 1381 sur la tour des Potiers d’étain – bien que cette ouverture, plus large qu’une archère, soit arasée. Des canonnières sont par ailleurs percées sur la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire, elle aussi construite en 1381 (fig. 248). Bien qu’aucun élément ne permette de montrer qu’il s’agit d’ajouts ultérieurs, cette datation semble précoce. Les premiers exemplaires attestés sont probablement les canonnières et les archères canonnières de l’ouvrage avancé de la porte des Allemands en 1444-1445.
Fig. 248 : Canonnière circulaire percée dans la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

288Alors que les archères dominent aux xiiie et xive siècles face à un armement qui n’a pas reçu de modifications notables, les canonnières s’adaptent à un armement en progrès constants627. Rappelons que de nos jours, le canon désigne une pièce lourde, de fort calibre. Or les meurtrières qui, dès le xve siècle, prirent le nom de canonnières, n’étaient destinées qu’à des armes de petit calibre, portatives ou semi-portatives, comme des haquebutes ou certaines couleuvrines. La relative imprécision du vocabulaire médiéval entraîne la formation du vocable « canonnière », qu’il faut donc se garder de prendre pour une embrasure destinée aux bouches à feu de fort calibre628. Les canonnières n’ont très vraisemblablement pour but que de couvrir les travaux d’approche de l’ennemi et la quasi-totalité des armes semi-légères devait être mise en priorité en position sur les hauts des tours629.
289Une vingtaine d’exemplaires, taillés dans des blocs en calcaire de Jaumont, est attestée sur les fortifications messines (fig. 249). La majorité ne présente pas d’ébrasement externe et la forme de l’orifice varie selon les périodes. Pour les exemplaires de la fin du xve siècle, observés sur la porte des Allemands (fig. 250), sur les tours du mur en Chadeleirue (fig. 239), sur les tours du chemin des Corporations (fig. 251) et sur la casemate de tir du pont des Grilles de la Basse-Seille, il s’agit de simples orifices de forme ovalaire présentant une ouverture d’une cinquantaine de centimètres. Les canonnières installées durant le premier tiers du xvie siècle ont plutôt une forme rectangulaire de 1,20 m de large sur une trentaine de centimètres de hauteur, comme celles percées entre 1526 et 1531 sur la porte des Allemands et ses salles de tir (fig. 252). Il faut noter que celles du moineau* Desch et de la tour située plus au nord sont décorées par des gueules de monstres (cf. supra). Enfin, les canonnières percées dans la tour d’Enfer (1515) sont équipées de supports latéraux permettant de positionner une pièce de bois pour soutenir les pièces d’artillerie portatives (fig. 253).
Fig. 249 : Relevés en plan, en coupe et en élévation des canonnières de l’enceinte messine (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 250 : Canonnière ovalaire percée dans la tour sud de la porte des Allemands (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 251 : Canonnière circulaire percée dans la tour des Tailleurs (cliché : L. Kieffer – Historia Metensis).

Fig. 252 : Canonnières rectangulaires des salles de tir de la porte des Allemands (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 253 : Canonnière ovalaire avec supports latéraux percée dans la tour d’Enfer (cliché : J. Trapp – Historia Metensis).

Notes de bas de page
1 Salamagne 2002, p. 16.
2 Ibid., p. 18.
3 Laffite 2008.
4 Salamagne 2002, p. 17.
5 Schneider 1950, p. 60.
6 Dans la même aire géographique, à la fin du xve-début du xvie siècle, l’enceinte de Cologne (All.) présente une longueur d’environ 9000 m protégeant une superficie de 223 ha ; Reims (6500 m ; 160 ha) ; Paris (6200 m ; 440 ha) ; Verdun (5750 m ; 82 ha) ; Châlons-en Champagne (4700 m ; 106 ha) ; Haguenau (3270 m ; 62 ha) ; Strasbourg (2600 m ; 202 ha)…
7 ADM, 7F59. Lettre de Martin des Sept de la Guerre à (Nicole de Heu), seigneur d’Ennery, chevalier, au sujet des fortifications de Metz : « […] En aultre treschier seigneur maistre hannes Karche maistre Conrad et moy a votre ordonnance comme de moy meisuree et la plue secretement quavant peu avois musere lez murailles et trouvoi de certitude compte dedens lez teresse dez portes et lez bollewerckee dez baires* environ deux mil VIIIct et LXXVII toizee de tient et tient chacune toize VII. pieds […] ».
8 Schneider 1950, p. 31-35, p. 87. Dans un acte, il est question de la collégiale Saint-Thiébault dans ces termes : « quae est propre muros nostrae civitatis ».
9 Bulle d’Innocent III du 9 avril 1209 (éd. : JGLG, V, 1893, p. 89-90) : « cum cives Metenses (…) quandam summam pecunine a conventuslibus ecleasiis extorquere volentes pro feciendis cuibusdam munitionibus et fossatie ».
10 Schneider 1950, p. 33.
11 Meurisse 1634, p. 455.
12 ADM, H2106, analysée dans Mendel 1932, n° 38, p. 426.
13 Schneider 1950, p. 33, note 30.
14 En 1216, le rachat d’un cens sur une vigne de l’abbaye est justifié par le fait « qu’on y mettait la main », cf. Schneider 1950, p. 34 et note 33. Dans un acte de janvier 1268, le mur est dit passer dans les vignes de SaintVincent, derrière l’abbaye, cf. Mendel 1932, n° 77, p. 433.
15 Mendel 1932, n° 38, p. 426.
16 Ibid., n° 86, p. 435 : vente à l’abbaye Saint-Vincent de toute la terre ke geist defuers la porte ke siet en Franconrue.
17 Schneider 1950, p. 34, note 35.
18 Actuelle rue Marchant qui correspond à l’ancienne voie romaine de Trèves par la rive droite.
19 Vigneulles 1927, I, p. 334.
20 « Cérémonial de la cathédrale », éd. Pelt 1937, p. 371.
21 Mendel 1932, n° 46, p. 428.
22 ADM, H4141, cité dans Mendel 1932, n° 50.
23 Wichmann 1908-1916, n° 82 (1251).
24 Ibid., n° 244 (1293).
25 Actes de vente du 24-29 juillet 1234, du 24 juillet 1234, du 25 janvier 1236, du 30 janvier 1236 et du 13 décembre 1280 (3 ventes), en 1290 et en 1292. Mendel 1932, n° 45, 46, 50, 51, 84, 85, 86, 108, 110.
26 Dreier et Escoffier 2014, p. 275.
27 La ville a fait dégager au cours du second semestre de 1992, la tour établie à l’angle de l’Épaisse-muraille et de la courtine de la porte des Allemands. Cette tour d’angle, polygonale, jusqu’alors noyée dans les terres de la fausse braie, présente un arrachement qui correspond vraisemblablement au départ de l’Épaisse-muraille. Celle-ci malgré son nom, ne présente cependant qu’une épaisseur de 1,40 m environ.
28 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991).
29 Cartulaire de l’Hôpital Saint-Nicolas. Folio lxiiii recto, cité dans Tabouillot et François 1974, IV, p. 756- 757 : « […] donnons, cédons & otroions, pour tous jours maix, aux Maistres & Freres dudit Hospital, pour, & en nom dudit Hospital, une plesse en lieu c’on dit à la Greive, entre lez murs de nostre Citeit, c’est assavoir celle plesse, dez le foussez qui siert en la pousterne qui à présent est meuriée, qui est en droit la rue du beix Champel, & tout au long droit à ligne en jusque au goussat dou nuefz murs de Chapponrue, & tout ensi comme les ensengnes se portent, & dèz ledit fousséz allant ladite plesse en jusque au nuefs murs, vers Chapponrue, & en jusque auz anciens murs, qui sont en droit Saint Eukaire, qui souloient faire cloyson de nostre dite Citeit. […] »
30 Tabouillot et François 1974, IV, p. 757.
31 Wichmann, 1908-1916, IV, p. 61.
32 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991) : « Ly sire Nicolle de Raigecourt fuit maistre eschevin de Metz par mil IIIc et LXXIX. Et en celle annee, fuit fais la nouvelle fermetes devant la porte du pont Thyffroys. »
33 Vigneulles 1932, III, p. 78.
34 Salamagne 2002, p. 89.
35 Vigneulles 1929, II, p. 215.
36 La porte fut même refaite selon Vigneulles 1929, II, p. 214.
37 Vigneulles 1929, II, p. 297 ; Chronique du Doyen de Saint-Thiébault dans Calmet 1973, II, col. CCLVI ; Huguenin 1838, p. 245.
38 Vigneulles 1929, II, p. 303-304.
39 Huguenin 1838, p. 437 ; Aubrion 1857, p. 112.
40 Ibid., p. 457 ; Aubrion 1857, p. 145-146.
41 Vigneulles 1932, III, p. 38.
42 Ibid., p. 79 : « On fict la porte de St Thiébaut plus belle plus forte, plus magnificque et d’aultre fasson qu’elle ne solloit estre. »
43 Vigneulles 1929, II, p. 244.
44 Le compte CC 616 de 1484 est très incomplet : seuls quatre paiements subsistent, mais ils n’évoquent pas de tels travaux.
45 AMM, CC 612.
46 Huguenin 1838, p. 640-641.
47 Vigneulles 1933, IV, p. 21 : « l’œuvre du billouart de Porte Champenoise nouvellement acomencés ». AMM EE 32, 33e paiement, « une nueve porterie a ladite porte Serpenoize ».
48 Ibid., p. 81.
49 Ibid., p. 21.
50 Recht, 1988, fig. 383.
51 Vigneulles 1933, IV, p. 208.
52 AMM, EE 36, « Recu de Francois le cordies de la grant rue pour une plaice a filler au lieu ou on voult faire ung plette forme daier Saincte Marie pour ladite Sainct Martin lan dessus di – X sous ».
53 Cité dans Chabert 1856, p. 254 : « Grand déluge d’eau en l’année 1523/Et puys sans grands neiges ni pluys/ Vindrent les eaux en telle déluge./Plus grandes en riuières et estans/Qu’elles n’avoient estés en cent ans. »
54 Tabouillot et François 1974, VI, p. 664-665 : « Et que plus est, il est aduenue a la cité une grosse playe, puis aucuns temps en ça, grosse affluence d’eau est tumbée une tour, auec une grosse portion de la muraille de la cité, pres de l’vne des portes principales, nommée la porte des Alemans, qui estoit l’uvn des lieux construit et estimé pour la plus grosse fortification et deffense de la cité de fioit le plus ; laquelle reediffication ne saueroit estre refaicte, comme elle le demande et requiert, pour quarante mil frans, et fault que la cité, ueille ou non, y face besoingner iour et nuit, affin que a cause de la presente feblesse d’icelluy lieu, les emulateurs du saint Empire n’y puissent conspirer quelque coutelleux aduentaige ».
55 BMM, Ms 848, Les Chroniques de la cité de Metz dites Chronique messine rimée, f° 100 r « Quand louvrage dentre la porte aux Allemans et le pont Rengmont fut fait / En celuy an consequentment /Depuis la Porte aux Allement / Descendant pres du Pont Regmon / On fist ouvragse ung grand mont //De fortes & espesses muraille / De bize pierres aussy de taille / Boullewarte & Tours deffensables / Contre tous ennemys nuysable ».
56 AMM, EE 35 (1526), récapitulatif des travaux : « Pour pairiour qui ont delivres VIIC IIIIXXXVI cherree de bixe piere des pairieres Doultre Saille faut pour ladicte vanne comme pour aultres ouvraiges en Maizelle et aultres part. »
57 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 75 et 85.
58 Wichmann 1916, IV, p. 80.
59 Corvisier 1995.
60 ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize et 1511, visitation de Nicole de Heu).
61 Tabouillot et François 1974, VI, p. 664-665.
62 AMM, EE 34, 5e paiement.
63 Baltus 1974, p. 45-46.
64 AMM, CC 1 (1), f° 36r bis : « Item payier a Rouzeruelle le clerc le XXVIe jour de novembre lan dessu di LV sous IIII deniers. Pour paier az ouvriez et pour la chassine et sablon quil ait convenu pour muriez VII porterne questoient en mur de la citei. »
65 Wichmann 1916, V, p. 54 : « Nicholes Aisiez p. b. sor le four et sor tout le ressiege ki apant, ke siet devant la posterne en Chaudelerrue, k’ il at acquasteit a Joiffroit Malroart, en alluet. »
66 ADM 7F59, (1511, État des réparations à effectuer, Nicole de Heu)
67 ADM, 7F59, (1512, visitation* de Nicole Rémiat)
68 Wichmann 1908-1910, 167, p. 38 : « Bertals li potiers p. b. sor la grainge et tout lo ressage davaut la posterne a Saille, k’il ait aquastei a Willemin Gilibe[rt…… ..] ».
69 Il s’agit de l’église paroissiale Saint-Hilaire-le-Grand.
70 Wichmann 1908-1910, 379, p. 207 : « Bertignons de Warmerangez, ki maint en Staizon, p. b. suz la maison ki fut Sephiatte, li fillastre Piereaubai, ke siet daier S. Hylaire arreiz la porte a Saille, k’il at akesteit a Sophiate devant dite, parmei v.s. de met. de cens ke li maisonz doit. »
71 ADM, 7F59 (1519, visitation de Nicole de Heu).
72 ADM, 7F59 (1465, 1508, 1511, 1512, 1525).
73 Ibid.
74 ADM, 7F59 (1512, visitation de Nicole Remiat)
75 L’espacement non régulier, comme sur le reste du front de Seille, tend également à montrer l’absence de certaines tours.
76 AMM, EE 29 (B), 21e et 22e paiements.
77 ADM, 7F59 (1512, visitation de Nicole Remiat)
78 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms. 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991) : « Ly sire Nicolle de Raigecourt fuit maistre eschevin de Metz par mil IIIc et LXXIX. Et en celle annee, fuit fais la nouvelle fermetes devant la porte du pont Thyffroys. »
79 Wichmann, 1908-1910, 1278, n° 654.
80 Vigneulles 1929, II, p. 282.
81 AMM, CC 65 (3), f° 8r.
82 AMM, CC 65 (3), f° 9v.
83 ADM (1511, État des réparations à effectuer, Nicole de Heu).
84 Vigneulles 1929, II, p. 282 : « et furent rechaussés et renforcés les murs entre la porte Patart jusqu’en mey voye du chasteau du pont des Morts ».
85 Dreier et Escoffier 2014.
86 AMM, EE 30, 21e et 22e paiements, du 26e au 29e paiement, et 59e paiement.
87 Wichmann 1916, IV, p. 83.
88 Schneider 1950, p. 14, note 36.
89 AMM, CC 612. Aubrion, p. 165-166.
90 AMM, CC 1 (1), f° 35v.
91 Vigneulles 1929, II, p. 319 ; Huguenin 1838, p. 271 : « Cinq cents cherrées de gros bois et mairrien plusieurs milliers de faixins pris au saulcis devant le Pont des Morts, plusieurs autres milliers de faixins de saule pris au saulcis d’Airs sur Moselle ».
92 AMM, CC 1 (7), f° 10r.
93 Chronique des Célestins. Fol. 97v : « En 1475 et 1476 furent bâties les tours qui sont hors les barriere du rampart et hors le Moyen-Pont des morts aux deux côtés de la rivière. »
94 Seilly 1989 ; Henrotay 1992.
95 Wichmann 1908-1910, n° 486 (1275) : « Jakemins Quarisme et Jakemins li corriers p. b. sus XIIII s. de cens ke geissent sus II maisons davant la porte d’Anglemur, k’il ont aquasteit a Clemensete, la fille Benoitin Quaremel, et Jennat Prodomme, son marit ».
96 Vigneulles 1929, II, p. 215 : « Deux tour de nouveaulx fondée en Anglemur – Aussy, en elle meisme année, fist la ville faire deux neuvses tour on balle [baile*] en Anglemeur. »
97 Huguenin 1838, p. 858.
98 AMM, EE 31, 39e paiement.
99 BnF, NAF Ms. 22717, 26e, 27e, 29e et 31e paiements.
100 Ibid., 52e paiement.
101 AMM, EE 34, 14e au 21e paiement : quatre tourelles sont édifiées entre la porte Serpenoise et la tour des Wassieux, du côté dit du « baile de Porte Serpenoise ».
102 Vigneulles 1933, IV, p. 23.
103 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole Remiat).
104 Ibid. (1512, visitation de Nicole Rémiat).
105 Vigneulles 1929, II, p. 244.
106 AMM, CC 151°, f° 81v.
107 AMM, CC 15 bis (10), f° 19v « Paiet ledi jour par lordonnance du seigneur Pierre Baudoche et seigneur Nicole Papperel a Jehan parin le mazowier pour plussieurs domaige que on lavoit fait au baille daier sainte Glossine en ouvrant et porgettant lez murs de la cité en la maistrie de Fransoy le Gournaix VI livres ».
108 AMM, EE 29 (B), 27e paiement.
109 AMM, EE 34, du 34e au 52e paiement.
110 Ibid., récapitulatif des travaux.
111 AMM, EE 27, récapitulatif des travaux.
112 ADM 57, 7F59 (1511, État des réparations à effectuer, Nicole de Heu)
113 Ibid. (1512, visitation de Nicole Rémiat)
114 Le bras méridional a été fouillé en 2009 par le pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole.
115 Le cours de la Seille a été définitivement détourné en 1905 dans le lit de la Cheneau.
116 Brkojewitsch et alii 2013.
117 Bour 1932, p. 41.
118 Wichmann 1916, IV, 72 ; voir aussi Tabouillot et François 1974, IV, p. 233 (acte de 1367).
119 ADM, 7F59 (1511).
120 Cartulaire de Saint-Thiébault, pièce n° 9, cité dans Tabouillot et François 1974, III, p. 162-163.
121 ADM, H2106. Traité de paix entre l’abbé de saint-Vincent et les maîtres-échevins en 1226.
122 ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize).
123 MCO, document de 1901.
124 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 79.
125 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 83 : 32 pieds en 1739.
126 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 4.
127 AMM, EE 34.
128 Ancillon 1866, « On abattit une partie des créneaux des murailles de la Ville, et la porte Sainte-Barbe qui avoit été fermée depuis plus d’un siècle, fut ouverte pour y faire passer les pierres et autres materiaux necessaires pour le bâtiment de la muraille de la demie lune du retranchement, le fossé duquel fut vidé et la terre portée contre la muraille de la ville proche le cavalier de la Greve. »
129 Altitude estimée d’après les relevés du xixe siècle.
130 D’après les relevés de 1822 de L. Klippfel (BMM).
131 AMM, EE 26, 8e paiement : « Le VIIIe paiement fait le XXXe jour de juillet lan mil IIIIC LXIII […] pour les chers qui cherrient les pierres de Saint Cointtin sur Waldrynowe, pour lez paiours de pierres de Saint Conittin. »
132 AMM, EE 28, 2e paiement : « Le second paiement fait le XIIe jour du moix de may lan LXX, pour pairiour qui ont raient dez pierrez en la pairiere de Saint Cointin pour restouppeir le xay que lez glaices avoient rompus en la vanne de Waldrinowe. » ; « pour pairiour qui ont raient IIIC et XXII cherre de pierrez en la pairiere de Saint Cointin pour restouppeir le xay que lez glaices ont heu rompus en la vanne de Waldrinowe san VIIC et LX et une cherree dez pierrez de Saint Cointin qui estoient devant lez main lezquelles VIIC et LX et une cherree ont esteit comptee on compte de lannee pessee ».
133 AMM, EE 29 (A), 14e paiement.
134 AMM, EE 34, 4e paiement.
135 Brkojewitsch 2015.
136 Dreier et Escoffier 2014.
137 Henigfeld et Masquiller 2008, p. 423.
138 Wagner 2003.
139 Vigneulles 1929, II, p. 244.
140 Dreier et Escoffier 2014.
141 Huguenin 1838, p. 48-49.
142 ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize).
143 Mesqui 1979, p. 97.
144 Le compte CC 616 de 1484 est plus qu’incomplet : seuls quatre paiements subsistent, mais ils n’évoquent pas de tels travaux.
145 Vigneulles 1933, IV, p. 208-209.
146 AMM, EE 34 (12 mai 1509) : « Pour masson mortelliez et manowriez qui ont encommanciez a regrawer et porgitter les false braie du fossez de la porte Serpenoize vers les Wassieulx et qui ont tailliez et assis plussieurs cannonier et crenel dessus et muriez ledis crenel depues la dite porte jusques a la tornelle apres. »
147 AMM, EE 34, récapitulatif des travaux.
148 Ibid., 27e et 31e paiements.
149 Ibid., 30e paiement.
150 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 17 : 10 toises et 2 pieds.
151 Ville de Metz, plan terrier de 1870 dit « Maurice ».
152 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 17 : 23 pieds.
153 Wichmann 1908-1910, V, 47a, p. 29 : « Werions li mareschals p. b. sor xvi pies de terre davant Saint Thiebaut, deleit ensi com il se portent jusk’au fossei, k’il ait aquastei a mastre Thieri de Wadonuile, parmi tel cens come le doit. »
154 Mendel 1932, p. 434, n° 83.
155 Praillon dans Huguenin 1838, p. 47.
156 AMM, CC 616, 34e paiement.
157 Ibid., 34e paiement.
158 AMM, EE 37.
159 ADM, 7F59 (1519, visitation de Nicolle de Heu) : « Item de fer vauchiez le creppey du teral du foussel du bullewercque de Maizelle. »
160 AMM, CC 1 (7), f° 10v.
161 AMM, EE 26 (1463-1464) : « Pour ledis ouvraige de la vanne du Salcis du pont des mors et pour planteit palz avalz ledis salcis et pour reffaire la haie sur le foussel du pont des morts. »
162 Praillon : « Le xxie jour d’Abvril grellait bien fort, de quoy plusseurs vignes furent engellées, le lendemain encore plus ; iiii. jours durant gellait si très fort que on ne powoit a poine rompre la glaice ez cuvels et gewes devant le mousticr, et, furcul les fossés de Saint Thiebault bien fort engellécs, per quoy oit biaucoup de dommaiges ez vignes. »
163 BnF, NAF, Ms 22717 (1506) : « pour massons mortelliez et manowriez qui ont fait et assenis la grosse boutee du fossez de la porte Serpenoize ver les wassieux ; pour les III gerdins qui estoient sur les fossez devant le boullewercque de Maizelle que lesdi gouverneurs ont achittez et fait abaitre pour faire une plaice devant la posterne. »
164 BMM, 1er nécrologe de Saint-Clément, Ms. 307, fol. 3 r°, 26 r°, 31 r°.
165 Brkojewitsch 2013, p. 297-306.
166 Ibid., p. 299.
167 Vigneulles 1929, II, p. 224.
168 Huguenin 1838, p. 48-49.
169 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 17.
170 Vigneulles 1929, II, p. 284.
171 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms. 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991) : « Item en ladicte annee [1471] fut veudies les foussis quest daier les Pucelles et les foussis de couste le pont des Mors. Et y furent les prochiens des paroiche de Mets bien X sepmenne on plus. »
172 ADM, 7F59 : « Item, il seroit de besoing c’on feist veudier le foussez qui est dès la porte des repenties et jusqu’à la poterne du champt Nemmery, pour tant qu’il ni ait baille ny autre résistance c’on ne puist aux murs de la cité. »
173 AMM, EE 30 (5 avril 1492) : « Pour masson mortelliers* et manovries qui ont ouvres en curement du baille du foussel de la porte Serpenoize qui est entre ladite porte et la tour Camoufle. »
174 AMM, CC 616 (2 août 1494) 18e paiement : « […] pour ouvrez au curement du fousselz de la porte dez Allement ». ADM, 7 F59 (1519, visitation de Nicole de Heu).
175 AMM, CC 616 (16 août 1494) 20e paiement : « […] et qui ont encommanciez a ouvrez au curement du fousselz de la porte du pont Rengmont. »
176 ADM, 7F59 (152, visitation de Nicole Remiat).
177 AMM, CC 1 (7), f° 10r « Item paieit a Rouzeruelle le clerc por paier a plussieurs ouvreu le XIIIIe jor doudi moix de mairs a commandement dou Seigneur Nicolle Drowin pour Treses. Cest assavoir […] pour remettre a poin a rechauilliet toutez lez aultres baire et pour remettre a poin la baire du pally sur la venne daier lez pucelle ».
178 Vigneulles 1929, II, p. 319 ; Huguenin 1838, p. 271 : « Cinq cents cherrées de gros bois et mairrien plusieurs millers de faixins pris au Saulcis devant le Pont des Morts, plusieurs autres milliers de faixins de saule pris au saulcis d’Airs sur Moselle ».
179 Paul Ferry, Observations Séculaires, xve siècle, II, f° 297v dans Bégin, p. 335.
180 Ibid.
181 AMM, EE 28, 13e et 14e paiements.
182 AMM, GG 288, f° 134r.
183 AMM, EE 35, récapitulatif des travaux.
184 Ibid.
185 Ibid.
186 Tabouillot et François 1974, VI, p. 69.
187 Paul Ferry, Observations Séculaires, xve siècle, II, f° 297v dans Bégin, p. 335.
188 Aubrion, éd. dans Huguenin 1838, p. 457.
189 AMM, EE 31, 23e, 24e, 26e, et 28e paiements.
190 Vigneulles 1933, IV, p. 461 et 472.
191 AMM, EE 36, récapitulatif des travaux.
192 Ibid.
193 Ferber 2012, p. 118.
194 Jung 2000, p. 42.
195 Ce terme est également utilisé pour désigner la garde des portes.
196 Zeliqzon 1924, 3, p. 702 et Ferber, 2012, p. 118.
197 Ibid., et Ferber 2012, p. 118. La largeur est approximative car la base et le sommet n’avaient sans doute pas les mêmes dimensions.
198 Vigneulles 1929, II, p. 286.
199 Ferber 2012, p. 119.
200 Ibid., p. 551.
201 Auparavant, ils prêtaient serment devant les Treize (atour de 1328). Tabouillot et François 1974, IV, p. 56-57.
202 Ferber 2012, p. 553.
203 Litzenburger 2015, p. 126. Par manque de données, l’étude des températures ne débute qu’en 1420 mais dès 1408, les embâcles des rivières dans le Pays messin sont d’intensité moyenne.
204 Ibid., p. 137-138.
205 AMM, BB 126 (1), pièce 3.
206 Ibid., pièce 4.
207 AMM, CC 1 (3), f° 13v.
208 AMM, CC 1 (12), f° 13r « Item paier à Colignon Roy le clerc le XIXe jour du di moix doctobre a commandement de Collin Paillat et de Baldwin Falcquenel pour aider a refaire la vanne de Waldrinowe X livres ».
209 AMM, CC 3 (4), f° 11v.
210 AMM, CC 5 (1), f° 10v.
211 AMM, CC 4 (4), f° 14r « Item paiet a plussieurs foy a commandement fre tresses et pour seigneur Jehan deu amy chevalier, pour seigneur Weriat nounon pour seigneur Nicolle Louve et pour seigneur Jehan de Vy leschevin lesquel sont commis de plusieurs ouvraiges quil ait convenus faire tant et autour dez murs de la citei a Waldrinowe comme en aultrez plussieurs lieu out il estoit necessaire VIICT livres et demi ».
212 Vigneulles 1929, II, p. 182.
213 Tabouillot et François 1974, V, p. 24-26.
214 Ferber 2012, p. 567 et 569. Au total, la ville verse 635 l. aux propriétaires des moulins.
215 Vigneulles 1929, II, p. 182. AMM CC 5 (3), f° 10r, 21 décembre 1425 : « Item ressu du seigneur Wery de Toult lamant le XXIe jour de descembre en ser et fui pour lez deffalant que nont mie esteit a luevre an la venne de Waldrinowe LIX sous ». Les corvéables qui ne s’acquittent pas de la corvée, appelés deffallants* dédommagent la ville.
216 AMM, EE 26, récapitulatif des travaux.
217 En moyenne, les dépenses des Gouverneurs des Murs sont de 600 l. entre 1420 et 1424 (avec un pic à 1000 l. en 1420).
218 Vigneulles 1929, II, p. 215.
219 ≈ 20 m. Vigneulles 1929, II, p. 401-402.
220 Cela montre que la digue est entretenue et réparée après de nouveaux dégâts.
221 AMM, EE 28, récapitulatif des travaux.
222 Ibid.
223 Le compte de 1470 indique que quatre-vingt dix charretées* destinées à la digue sont finalement utilisées pour celle du Pont-des-Morts. AMM, EE 28, récapitulatif des travaux.
224 AMM, GG 288, f° 134r.
225 Ibid., f° 134v.
226 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991).
227 AMM, CC 1 (3), f° 15v : « Item paieit a Willame le baynerat de saint Eukaire et a Jehan Florace le XXXe jor du moix de descembre lan XIIIICT et VIIII ans. Cest assavoir a di Willame IIII sous et a di Jehan Florate III sous pour brixier la glesse et pour tenir le leu net et par devant lez baire de chandeleirue et par devant lez baire dou nuef pont pour tout le tempt pesseis que monte a VII sous ».
228 AMM, CC 1 (3), f° 15v.
229 Bour 1932, p. 29.
230 Conservées aujourd’hui au Musée de La Cour d’Or.
231 AMM, EE 29 (B), 4e paiement.
232 Ibid., 9e paiement.
233 Baltus 1974, p. 121 ; Calmet 1973, V, p. XIV ; Tabouillot et François 1974, II, p. 555-556.
234 AMM, EE 29 (B), 11e paiement.
235 SHD Vincennes, Atlas 132, f° 25 et 46.
236 Paul Ferry, Observations Séculaires, xve siècle, II, f° 297v dans Bégin, p. 335.
237 AMM, EE 29 (B), 14e paiement « Pour raconwatour deskaille qui ont recouvert sur les II nueves tornelles cons ont fait sur II advifz az baires* de Rimport ».
238 AMM, CC1 (6), f° 12r « Item a Jehan Florate VI sous pour brixier lez glessez par devant lez baires* dou nuef pont deden et defuer en juscay encommencent lez meize ».
239 AMM, CC 2 (1), f° 6v.
240 AMM, EE 29 (B), 41e paiement.
241 AMM, CC 1 (1), f° 35v.
242 AMM, CC 65 (3), f° 9v.
243 AMM, CC 3 (4), f° 10r.
244 Ibid., f° 10r.
245 AMM, CC 616, 10e, 11e, 12e paiements.
246 Ibid., 13e paiement.
247 AMM, CC 616, 12e paiement « pour ouvriez qui ont raiez une partie dez paulz dez allus de desoubz lune dez dite arche pour paisser les nief ».
248 AMM, 288, 10e liasse.
249 Baltus 1974, p. 120-121.
250 AMM, CC 1 (2), f° 11r.
251 BMM, Ferry, atour 125.
252 AMM, CC 1 (12), f° 13r.
253 Godefroy, t. V, p. 708.
254 AMM, CC 612, 11e paiement
255 AMM, CC 1 (7), f° 10r.
256 Ibid., f° 10r : « pour essenir lez tailliez sur les tallon dez airche dou moien pont dez mour ».
257 AMM, CC 1 (1), f° 35v : « paiet a Jaicomin Renal et a Jehans bourriat embdeu waldixour le XIIIIe jour de fevrier lan dessus dis pour lever lez sappin dou moiens pont des mors et por lever lez chemins et pour brixier la glaice XXXV sous ».
258 Ibid., f° 36r bis
259 Raillard 1864, p. 382. AMM CC 1 (11), f° 8v « Cest assavoir VIII sous por II novkat [noquet = verrous] et por II flaiel et por lez cleif por fermeir lez II vy de la baire dou moien pont quel porte por lez neif vont fuer ».
260 AMM, CC 616, 2e paiement « Pour courdiez qui ont fait une nueve corde pour le sappins pandant dez baire du Moien Pont ».
261 AMM, CC 1 (7), f° 7v « Item paiet a Rouzeruelle le clerc le di XXe jour de fevrier a commandement dou di seigneur Nicolle Drowin par les Treses pour oindre les vis dez baire que on livret a Moien pont az Nuef Pont et a pont de chandelrue VI sous ».
262 AMM, CC 3 (6), f° 10v. Le marc de Cologne, équivalant à une demi-livre pesait 233,856 g. Schneider 1951, p. 48.
263 AMM, CC 1 (6) f° 10v et CC 1 (11), f° 8v « la baire dou moien pont quel porte por lez neif vont fuer ».
264 AMM, CC 3 (6), f° 10v.
265 AMM, CC 1 (6), f° 12r.
266 AMM, CC 1 (7), f° 7v.
267 AMM, CC 2 (1), f° 6v.
268 AMM, CC 2 (2°, f° 8v.
269 AMM, CC 3 (4), f° 11v.
270 AMM, CC 6 (1°, f° 61r et 61v.
271 AMM, EE 29 (B), 41e paiement.
272 AMM, CC 3 (1°, f° 14r et CC 3 (4), f° 10r.
273 BMM, Ferry, 725.
274 AMM, CC 1 (3), f° 14r.
275 AMM, CC 1 (3), f° 15r : « Item paiait adit maistre Classequin le VIe jor dudi moix de descembre. Cest assavoir pour XX feneistre dou Moien Pont a descloweir et pour remettre a point lez panes por lez nueves fenestres pour VI angon [crochets] por lez fenestre de Saint Thiébault et pour releveir plussieurs aultre fenestres et que tout monte a LIIII sous X deniers ».
276 AMM, CC 1 (11), f° 8v.
277 AMM, CC 1 (3), f° 14r.
278 AMM, EE 30 (1491), 25e, 31e et 32e paiements.
279 AMM, EE 30, 37e paiement.
280 1574, XVIe s.
281 AMM, CC 612, 14e paiement.
282 AMM, EE 30, 35e, 36e, 38e, 41e et 42e paiements.
283 AMM, EE 35, récapitulatif des travaux.
284 AMM, EE 29 (B), 35e au 45e paiement, 53e et 54e paiements.
285 AMM, EE 31, 24e paiement.
286 Tabouillot et François 1974, V, p. 8.
287 Ibid., VI, p. 757.
288 Huguenin 1838, p. 858 : Le meis Chairle est, en 1540, situé derrière l’abbaye Sainte-Marie ; une porte Patar, en Vincentrue, donc dans le quartier d’Outre-Moselle est signalée en 1278 (Wichmann 1908-1910, n° 654 [1278]), cette localisation est à nouveau confirmée en 1444, date à laquelle la porte semble définitivement condamnée (Vigneulles 1929, II, p. 282).
289 Mesqui 1979, p. 143.
290 Laffite 2008, p. 33.
291 AMM, EE 37 (1480-1481) : « paiement à Hobignon le charpentier pour refaire le fleelx de Mazelle et de Regmont en bois 56 s 10 d. »
292 AMM, EE 37 (1484-1485) : remise à points de « barteurs fleelx et lices devant le Pontiffroy et sa fausse porte (56 s.). »
293 Wichmann 1916, IV, p. 110, n° 48 : « Burtemins, li filz Hanrion d’Ars, p. bans sus une maison vers la porte des Alemans. »
294 AMM, CC 1 (5), f° 12r « pour porteir une eschuelle dez lay grangez az Pucelles a la porte dez allement ».
295 AMM, CC 1 (3), f° 14v.
296 AMM, CC 1 (4), f° 14r.
297 AMM, CC 65 (2), f° 9r.
298 AMM, CC 3 (11), f° 14v.
299 Vigneulles 1932, III, p. 2-3.
300 AMM, CC 15 (1), f° 84r.
301 AMM, CC 15 (2), f° 82r.
302 Kuchler 1999.
303 BnF, NAF Ms. 22717, 18e, 30e à 52e paiement.
304 Brkojewitsch 2015.
305 Henigfeld et Masquiller 2008, p. 422.
306 Comme le mentionne l’inscription située à l’extérieur de l’ouvrage avancé : « henri de bustorf s (ire) de ranconval fut de cest ourage maiste pri (n) cipal », corroborée par Vigneulles 1929, II, p. 303-304.
307 AMM, CC 1 (12), f° 14r : « pour la porte defuer la porte dez aullement tant pour le mairien comme pour la fesson ».
308 AMM, CC 3 (11), f° 14v.
309 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
310 Huguenin 1838, p. 457 ; Aubrion 1857, p. 145-146.
311 AMM, EE 29 (B), 1er paiement.
312 Vigneulles 1933, IV, p. 21.
313 AMM, EE 31, 8e paiement.
314 Ibid., 24e paiement.
315 Ibid., 29e paiement.
316 Ibid., récapitulatif des travaux.
317 Vigneulles 1933, IV, p. 22.
318 AMM, EE 31, 24e paiement.
319 Vigneulles 1933, IV, p. 22.
320 Ibid.
321 Ibid.
322 Ibid.
323 Ibid., p. 23.
324 Ibid.
325 BnF, NAF, Ms 22717, 18e, 30e à 52e paiements.
326 AMM, CC 21 (1), f° 26v.
327 Il est encore en poste l’année suivante. En 1535, Michel de Gronnais occupera cette charge.
328 AMM, EE 34, 8e et 9e paiement.
329 Ces travaux sont mentionnés par une inscription présente dans une des salles : « Sire Philippe des Maistre et gouuerne (u) r de louuraige en lan 1529 ».
330 AMM, CC 30 (1), f° 38r.
331 Ancillon 1866, p. 4-5.
332 AMM, EE 42, cité dans Bour, 1932, p. 75 et Corvisier, 1995, p. 550.
333 Dieudonné 1770, III, cité dans Bour 1932, p. 76.
334 SHD Vincennes, Archives du Génie, art. 23, Metz, sous-section 2, carton 24, cité dans Corvisier 1995, p. 551-552.
335 ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize).
336 AMM, CC 1 (1°), f° 36v « Item ait paier maistre Martins le masson le Ve jour de Juing lan devant dit. Pour semonteit lez greniers dez II tour a pont Rengmont et lez graveuriez dez tresse de la fuer sur Saille et pour stopper plussieurs pertus sur la dicte tour et pour aultrez menus chose XX sous ».
337 AMM, CC 616, 16e paiement.
338 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
339 AMM, EE 33, 4e, 5e, 6e et 9e paiements.
340 Vigneulles 1929, II, p. 95.
341 Wichmann 1908-1910, IV, p. 3, n° 42 : « Martins de Toul et pris ban sus la maison qu’il est aqueste contre Tirri deu pount Remon, qui et en Saint Martinrue ».
342 Wichmann 1908-1910, IV, p. 78, n° 126 : « Jaikemins, li filz Roillon Makerel, p. b. sus IIII s. de cens ke geisent sus la maison ke fut Ancel Xate, ke siet en Stoixey, delai la porte de Sparnemaille, areis la maison Thiecelin lo tixerant, qu’il at acquasteit a Piereson, lo fil Ancel Xate, apres VI d. et II chape [ons ke] li maisons doit a [vant] ».
343 Ibid., p. 183, n° 176 : « Hanrias, li filz Othinat de Ciruignei, p. b. suz I maison ki siet encoste la maison Laignel lou charretou, defuer la porte en Stozei, k’ il at akesteit a Symonat, le fil Margueron Siwade de Stozei, parmei teil cens com elle doit, e. c. l e. en l’a. le d. ».
344 Lunesu 1997, p. 24, n° 16 : « Weiris, li rekevreires, de Chapponrue, p. b. sus la maixeire & sus kant ki apant, ke fut preste Martin, ke siet devant la Porte an Stentefontenne, k’ il ait aquasteit a signor Otton, lou preste de S. Hylaire, [[ &]] a signor Matheu, lou preste, & a Thiebaut dou Pux, permey IIII s. de mt. de cens, & a. c. l. e. en l’ai. lo. Dist. ».
345 Tabouillot et François 1974, V, p. 8.
346 AMM, voir les Comptes des Gouverneurs des Murs.
347 AMM, EE 29 (B) 2e et 9e paiements. La porte est recouverte de tuiles en juillet 1489 puis d’ardoises en août de la même année.
348 AMM, EE 31, 2e, 9e et 10e paiements.
349 AMM, CC 616, 24e, 25e, 26e paiements.
350 AMM, CC 616, 28e, 29e paiements.
351 AMM, EE 30, 28e paiement.
352 AMM, EE 33, 4e et 5e paiements.
353 ADM, 7F59 (1519, visitation de Nicole de Heu).
354 AMM, EE 34, 1er paiement.
355 AMM, CC 23 (1), f° 33v.
356 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
357 AMM, CC 25 (1), f° 35r.
358 AMM, CC 26 (2), f° 34r.
359 ADM, C 828.
360 Une inscription (« Si nous avons paix dedans, nous avons paix dehors ») était placée au-dessus du passage voûté. Selon la tradition, elle aurait été mise en place, à la suite de la guerre civile de 1324-1326.
361 Voir les notes prises par le commandant Klippfel conservées aux Bibliothèques-Médiathèques de Metz.
362 AMM, EE 39.
363 AMM, EE 38.
364 Schneider 1950, p. 43-44.
365 Wichmann 1916, IV, p. 61.
366 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991) : « Ly sire Nicolle de Raigecourt fuit maistre eschevin de Metz par mil IIIc et LXXIX. Et en celle annee, fuit fais la nouvelle fermetes devant la porte du pont Thyffroys. »
367 AMM, CC 1 (2), f° 11r « Item paier a Jehan cuer de fert le XIIIe jour du moix de may lan XIIIICT et VIIII. Pour faire refaire et pour mettre a poin la baire dou pont thieffroy et pour mettre une piece de mairien par desous la dite porte. VIII sous VII deniers ».
368 AMM, CC 3 (11), f° 9r.
369 AMM, CC 1 (6), f012r.
370 Praillon dans Huguenin 1838, p. 341 ; Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991). L’église Notre-Dame des Chartreux doit être identifiée avec Notre-Dame du Pontiffroy, de l’ordre de Cîteaux. La bulle de confirmation de la fondation, datée du 1er avril 1321, la situe « infra muros…, juxta pontem », citée dans Tabouillot et François 1974, III, p. 339.
371 AMM, CC 616, 26e paiement.
372 AMM, CC 616, 34e paiement.
373 Ibid., 34e et 37e paiements.
374 AMM, EE 32, 44e paiement.
375 AMM, EE 37 (1524-1525).
376 Schneider 1950, p. 14, note 36.
377 Wichmann 1916, VI, p. 354, n° 589 : « Howins li clers de Ste Glosanne p. b. por la chiese Deu desus dite sus XII d. de cens ke li abase et li convans ont aquasteit a Piereson Boinsemel, sus sa maison ke siet arreis la porte dou pont des Mors… ».
378 Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 97 (éd. Charrette 1991) : « Ly sire Arnoult Noiron fuit maistre eschevin de Mets par mil IIIc et IIIIXX. En celle annee fuit facit la nouvelle fermetes devant la porte du pont des Mors ».
379 AMM, CC 1 (1), f° 36r bis.
380 AMM, EE 32, récapitulatif des travaux.
381 AMM, CC 1 (3°, f° 13v) : « Item paieit a Collant le cherpentier le di Xe jor de Juillet tant por la fesson de refaire la baire du pont dez mort comme pour mairien et branche que [illisible] IIII sous VI deniers ».
382 AMM, CC 1 (3), f° 15r.
383 AMM, CC 1 (4), f° 15r « pour baireir de II partie de boix lez II partiez dou chaistel a point dez mour que vaut en baille en coste et baireit toutez les fenestres halt dessus lez berbequenne ».
384 Chronique du doyen de Saint-Thiébaud, cité dans Hannoncelles 1856, t. I, p. 96 : « Et adoncq fut faict ung grant boulleverque devers la pourte dou pont des Morts, et ung devant la pourte Serpenoise, par Maistre Jehan de Comercey, l’imaigier que les devisoit ».
385 AMM, EE 32, 47e paiement.
386 Baltus 1974, p. 66
387 « Cérémonial de la cathédrale », dans Pelt 1937, p. 371.
388 Wichmann 1908-1910, n° 19 (1227).
389 AMM, CC1 (2), f° 11r. Sur le pal coulisse, voir la tentative des Lorrains du duc Nicolas sur la porte en 1473 dans Huguenin 1838, p. 384.
390 AMM, CC 1 (3), f° 13v « Item paieit a Grant de la firche le Xe jor de Jullet lan XIIIICT et IX ans pour refaire le baire de porte Serpenoize III sous ».
391 AMM, CC 1 (8), f° 7r.
392 AMM, EE 26, 16e paiement.
393 Vigneulles 1929, II, p. 290 ; Chronique des Maîtres-Échevins, BMM, Ms 855, fol. 119 (éd. Charrette 1991) : « Item en ladicte annee olt ung bellewaire fait de gros chenne et de sappin devant la porte Serpenoize et ung devant le pont des Mors fort merveilleusement ».
394 AMM, EE 36. Piersson le charpentier est payé 7 s. 2 d. pour retirer le boulevard de bois de la porte Serpenoise, devers les Wassieux. AMM EE 37 (1446-1447).
395 AMM, CC 1 (13), f° 7r « por le sallaire de ceulz qui ont mis lordure ensamble qui estoit entre lez II portes des porte Serpenoize ».
396 AMM, CC 3 (3), f° 9v « Item paiet a Rouzeruelle le clerc a plussieurs foix au moix doctobre a commandement dou seigneur Werris de Toult por Treise por lovraige cons avoit fait en la fuer sallie de porte Serpenoize et dons le di Rouzeruelle en ait lez partie par escript XXXI livres III sous VI deniers ».
AMM, CC 3 (3), f° 10r « Item a Nicquelasse de Meltry le masson le XIIIe jour de novembre a commandement dou seigneur Nicolle Louve pour Treise por VI journeez quil ait ouvreir en la fuer sallie de la porte Serpenoize et est environ ung aus de II sous le jour vallent XII sous. Somme monte lez ouvraige sy devant escript a LXII livres XX deniers ».
397 AMM, CC 3 (10), f° 9v.
398 AMM, CC 4 (1), f° 4v.
399 AMM, CC 4 (3), f° 12v.
400 AMM, CC 4 (4), f° 14r.
401 AMM, CC 5 (2), f° 13r.
402 AMM, CC 6 (2°, f° 23r.
403 AMM, CC 6 (3), f° 20v.
404 AMM, CC 15 (1°), f° 84v.
405 AMM, CC 612.
406 AMM, EE 29 (B), 30 et 31e paiements.
407 AMM, EE 30, 26e paiement.
408 AMM, CC 616, 31e paiement.
409 AMM, EE 31, récapitulatif des travaux.
410 Ibid., 18e paiement.
411 AMM, EE 32, 15e paiement.
412 Ibid., récapitulatif des travaux.
413 Ibid., 9e paiement.
414 Ibid., 3e et 4e paiement.
415 Ibid., 34e paiement.
416 AMM, EE 32, 37e, 38e, 39e, 40e, 41e paiements.
417 Ibid., 39e paiement.
418 BnF, NAF Ms 22717, récapitulatif des travaux.
419 AMM, EE 34, récapitulatif des travaux.
420 Ibid.
421 Ibid., 11e paiement.
422 Ibid., 34e paiement.
423 Ibid., du 27e au 52e paiement.
424 Ibid., 27e paiement
425 Ibid., 28e paiement.
426 Ibid., récapitulatif des travaux.
427 Ibid.
428 Ibid., 49e paiement.
429 Ibid. 52e paiement.
430 Vigneulles 1933, IV, p. 80.
431 ADM, 7F59 (1512, visitation de Nicole Remiat).
432 Ibid.
433 Recht 1988, fig. 383.
434 Vigneulles 1933, IV, p. 21 : « l’œuvre du billouart de Porte Champenoise nouvellement acomencés ».
435 Ibid., p. 81.
436 Ibid., p. 461 et 472.
437 AMM, EE 37, (1523-1524) : « […] apprester le gros canon qui fut tyre le jour de la division des Apostres au fossel de la porte Serpenoize y menes du boys des pres la pouldre […] vuyder la terre assigner le boysficher les paulx et faire la plateforme dessoubz icelluy baston. »
438 Wichmann 1916, IV, p. 11, n° 13 : « Aubertins Chanpels p. b. sor la maison Hawion, la feme Poincet l’Asnier, ki siet delez la porte Saint Thiebaut. »
439 AMM, CC 1 (4), f° 15r.
440 AMM, EE 26, 16e paiement.
441 AMM, CC 1 (7), f° 10r.
442 AMM, CC 1 (7), f° 10v.
443 AMM, CC 5 (1), f° 10v. Le devis de couverture de 1525 (ADM 7F49) permet d’établir qu’une toise représente environ 1, 79 m2.
444 AMM, EE 27, 17e paiement.
445 AMM, CC 15 (1), f° 81v.
446 Vigneulles 1932, III, p. 38.
447 AMM, CC 15 (1), f° 84.
448 Vigneulles 1932, III, p. 79.
449 AMM, EE 29 (A), 22e paiement.
450 AMM, EE 31, 8e et 9e paiements.
451 AMM, CC 15 bis (3), f° 18r.
452 AMM, EE 30, 5e paiement.
453 AMM, CC 616, 24e paiement.
454 BnF, NAF Ms 22717, du 3e au 10e paiement.
455 Bour 1932, p. 41.
456 Wichmann 1908-1910, p. 58, n° 131 : « Steuignons Jarans p. b. sor une maison arres la porte de Maiseles, ensom l’ostel Bertran Galle, k’il at acquasteit a Aubert Champelz, permi XL s. de met. de cens. »
457 Wichmann 1916, IV, n° 72 ; Tabouillot et François 1974, IV, p. 233 (acte de 1367).
458 Fouillé en 2009 par le pôle d’archéologie de Metz Métropole.
459 AMM, CC 1 (5), f° 12r.
460 AMM, CC 1 (8), f° 7r.
461 La porte fut même refaite d’après Vigneulles 1929, II, p. 214.
462 BMM, Chronique du curé de Saint-Eucaire, p. 184, fol. 57.
463 AMM, CC 15 (1), f° 84r.
464 AMM, CC 612, 14e paiement. Peut-être s’agit-il d’un pont utilisé par les piétons qui donne accès à la poterne, et d’un pont utilisé par les chariots et les marchandises qui donne accès à la porte principale.
465 AMM, EE 29 (B), 32e paiement.
466 AMM, CC 616, 40e paiement.
467 AMM, EE 32, 44e et 45e paiements.
468 AMM, CC 15 bis (8), f° 12r.
469 AMM, CC 15 bis, f° 11v.
470 BnF, NAF Ms 22717, récapitulatif des travaux.
471 Ibid., 18e et 19e paiements.
472 Ibid., 26e paiement « Pour massons mortelliez et manowriez qui ont fait ung nuef mur au fossez devant la posterne de la porte a Maizelle ».
473 Ibid.
474 Ibid., 10e au 16e paiement, 22e paiement, et 50e et 52e paiements.
475 Ibid., 28e paiement.
476 Ibid., 21e paiement.
477 Ibid., 17e paiement.
478 AMM, CC 21 (1), f° 26v.
479 Ibid., f° 21r.
480 AMM, CC 29 (2), f° 39v.
481 AMM, EE 35, récapitulatif des travaux.
482 AMM, CC 1 (1), f° 36r bis.
483 Wichmann 1908-1910, IV, p. 54, n° 82 : « Nicholes Aisiez p. b. sor le four et sor tout le ressiege ki apant, ke siet devant la posterne en Chaudelerrue, k’ il at acquasteit a Joiffroit Malrowart, en alluet. »
484 Ibid., p. 340, n° 426 : « Jennas Chaderons p. b. sus teil partie com Matheus, ces freires, avoit en la maison et an tout lou ressaige ki apant ke siet en Chadeleirue, sus lou tour devant la posterne, ke partivet a lui meymes, k’ il ait aquasteit a Matheu devant dit ».
485 Cette hauteur a pu être estimée grâce au relevé de Klippfel du pont des Grilles de la Basse-Seille, situé au sud, daté de 1822 (BM Metz).
486 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
487 Schneider 1950, p. 50. ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize)
488 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
489 Wichmann 1908-1910, IV, p. 285, n° 486 : « Jakemins Quarisme et Jakemins li corriers p. b. sus XIIII s. de cens ke geissent sus II maisons davant la porte d’Anglemur, k’il ont aquasteit a Clemensete, la fille Benoitin Quaremel, et Jennat Prodomme, son marit ».
490 AMM, CC 1 (1), f° 36r.
491 AMM, CC 1 (2), f° 11v.
492 BMM, Chronique du curé de Saint-Eucaire, p. 184, fol. 57 ; Vigneulles 1929, II, p. 215.
493 Wichmann 1916, VI, p. 443, n° 522 : « Collas li Villains et Colignons Raiguelenelz, ke sont d’Outre Saille, p.
b. sus lou chakeur et sus ceu ki apant ke siet outre Saille arreis lai porte a lai chenau, ke li abbasse de Sainte Glosenne lour ait laieit, a toz jors, permei XL s. de met. de cens ».
494 AMM, CC 1 (4), f° 15r.
495 BnF, NAF, Ms 22717, 13e paiement.
496 Bour 1932, p. 51.
497 Wichmann 1916, VI, p. 370, n° 78 : « Poincignons Xairolz li massons p. b. sus lai maxon et sus ceu ki apant ke siet daier S. Eukaire ancoste lai porte dame Collate, k’il ait aquasteit a signor Thomes, cureir de Sainte Creux, permey XIII s. et demei de mt. de cens ».
498 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
499 Tabouillot et François 1974, VI, p. 664-665.
500 Lunesu 1997, p. 141, n° 206 : « [G]arrins, li boulangiers, ke maint a Porsaillis, p. b. sus III s. de mt. de cens des VI s. de mt. de cens qu’li doit sus la grainge, arreis la Porte dou Baix Champel, lesqueilz III s. il ait racheteit encontre suer Marie, des Pucelles de Vy, la fille Hanriat Charmat, de Porsaillis, qui fut, e. c. 1. e. dou rachait ».
501 Goy 2001, p. 42, n° 353 : « Girairdins, li clers, filz Girairt, lou courexier d’Outre Saille, qui fut, p. b. sus la maixon et sus ceu qui apant, que fuit Domangin lou Bossuit, l’escollieir, que siet on Hault Champel et sus lai pitite maixon ou il ait II staiges arreis lai Porte dou Hault Champel, qu’il ait aquaisteit a Jehan Chieanhaie et a Merguerite, sai femme et a Ysaibel et a Caitherine, lez III filles Jehan Staiffol ».
502 Tabouillot et François 1974, VI, p. 757.
503 Wichmann 1908-1910, p. 224, n° 537 : « Girardins Constantins p. b. suz I maison ki siet defuers la porte de Chambeirez, suz le Rait, et suz ce ki apant, et suz une here ki siet on meisez de Chambeires, ke furent Colin de Ste Rafine, et qui li est delivrez par droit et par jugement, et dont il est bien tenans. »
504 Ibid., p. 365, n° 654 : « Et si p. b. ancor por la chiese Deu desor dite sus une maison en S. Vicentrue, c’on dist a la Porte Patart, ke li abbes ait aquasteit a Jakemin Gratepaille, en alluet ».
505 Vigneulles 1929, II, p. 282.
506 SHD Vincennes, Atlas 132, pl. 79.
507 Huguenin 1838, p. 858.
508 Wichmann 1908-1910, p. 130, n° 221 : « Andreus li clers p. b. sus VI de cens que geisent sus une maison devant la porte des Repanties, qu’il at [acquasteit] a Domangin de la Porte. »
509 Paul Ferry, Observations Séculaires, xve siècle, II, f° 297v dans Bégin 1829, p. 335.
510 Ibid., « Item, il seroit boin de renforcier fort le boullevaircque qui est devant la tour des clowetours, en l’encontre de Saint Lowy, pour tant qu’il seirt de baitre et de deffendre en la rue du champ de Saint Pierre, tout du long et tout du travers, jusques à la Porte Saint Thiébault et aussy pour deffendre les foussels vers le champ Nemmery – et relever les fousselz entre le champ nemmery et la tour des Clowetours ».
511 Vigneulles 1929, II, p. 221-222.
512 AMM, CC 3 (4), f° 11v.
513 Vigneulles 1929, II, p. 221-222.
514 AMM EE 29 (B), 26e paiement.
515 Tabouillot et François 1974, IV, p. 564.
516 Ibid., p. 676.
517 ADM, 7F59.
518 Vigneulles 1929, II, p. 319 ; Huguenin 1838, p. 271.
519 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
520 Ibid, (1519, visitation de Nicole de Heu).
521 Mesqui 1979, p. 132.
522 AMM, CC 65 (3), f° 8r.
523 Huguenin 1838, p. 70.
524 AMM, CC 1 (6), f° 10v.
525 ADM, 7F59 (1511 et 1519, visitations de Nicole de Heu).
526 ADM, 7F59 (1519, visitation de Nicole de Heu).
527 AMM, EE 29 (B), 12e paiement.
528 AMM, CC 1 (5), f° 12v.
529 AMM CC 65 (3), f° 9v.
530 AMM, CC 1 (8), f° 7r « Et XXXVI sous pour III tour dabollastrier lun a pont thieffroy, lautre a pont Rengmont lautre a moien pont ».
531 AMM, EE 26, 17e et 18e paiements.
532 AMM, EE 27, 18e paiement.
533 AMM, EE 29 (B), 9e paiement.
534 AMM, EE 31, 7e paiement.
535 1 pied = 0,3266 m.
536 Maujean 1923.
537 ADM, 7F59.
538 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
539 Relevé Monuments historiques (STAP Moselle).
540 ADM, 7F59 (1512, visitation de Nicole Remiat).
541 ADM, 7F59 (1525, devis de couverture de l’enceinte).
542 La date de construction de 1437 rapportée par les chroniques est confirmée par une découverte faite en 1908, qui a été publiée dans les journaux messins : « On ignorait jusqu’à présent à quelle époque la tour Camoufle a été construite. Grâce à une découverte faite récemment, cette question est maintenant tranchée. On a trouvé, en effet, inscrit sur le mur d’un couloir souterrain la date 1437. M. Keune, directeur du Musée est venu constater cette découverte, de laquelle il concluait que cette date est véritablement celle de la construction de ce monument ».
543 Vigneulles 1927, I, p. 94.
544 Vigneulles 1929, II, p. 244.
545 Tabouillot et François 1974, V, p. 216.
546 Kumof et Kommof se rencontrent également comme patronyme aux xve et xvie siècles en Allemagne rhénane comme en Bavière.
547 Ibid., p. 321.
548 Ibid., p. 453.
549 Ibid., p. 298.
550 Huguenin 1838, p. 205.
551 Tabouillot et François 1974, IV, p. 437.
552 Paul Ferry, Observations Séculaires, xve siècle, II, f° 297v dans Bégin 1829, p. 335.
553 AMM, EE 30, 49e et 50e paiements.
554 Vigneulles 1929, II, p. 282.
555 ADM, 7F59 (1465, visitation de Joffroy de Warize).
556 AMM, EE 29 (B), 17e, 18e et 24e paiements.
557 AMM, CC 616, 30e paiement.
558 Ibid. (1511, État des réparations de Nicole de Heu).
559 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
560 Ibid. (1512, visitation de Nicole Remiat).
561 ADM, 7F59 (1519, visitation de Nicole de Heu).
562 Ibid.
563 Ibid. (1523, visitation de Nicole de Heu) : « Item la tour de Ranconval que la cité thient elle seroit bonne pour y mettre ung bon groz mestier elle desmeurant etre a la cité ».
564 Ibid. (1525, devis).
565 ADM, 7F59 (1512, visitation de Nicole Remiat).
566 ADM, 7F59 : « sy apres sensuyent les portes tours et baiffroy dedens la sinture des murs au tour de la cite de mets visite par sgr Nicolle de Heu chlr comme maistre desdits murs pour lannee mil Vc et XI le XVI jour doctobre Encommansant a la porte Sainct Thiebault en allant a la porte Serpenoise et finissant a ladite porte Sainct Thiebault ».
567 Vigneulles 1933, IV, p. 208.
568 BRB, Fonds Goethals, Ms 1327, fol. 30.
569 Selon Aubrion [Journal, p. 329], les Wassieux, (les Gassieux] sont un lieu de dépôt des ordures et des bêtes mortes. Cet usage, est confirmé par un huchement [ordonnance de police, publiée à son de trompe = huchet] du 6 juillet 1493 « Item, que nul ne portaist ordures, ne bestes mortes en nulles places ne rues, aval la cité ne daier les murs, forsque aux Wassieulx ou aultre part, en les lieux où on les doit porter du temps passé ». (Huguenin, Chroniques, p. 593). Cette pratique est attestée dans le premier quart du xive siècle : « la fosse à Porte Serpenoize où on met fomeroit » (bans 1323/52). Cette fosse est encore bien visible sur le plan italien du siège de Metz (Pianta della Città di Metz). Faut-il y voir le bourbier dans lequel s’écoulaient les eaux de la Fontaine Maigeu ou Maigus signalée en 1515, lors de construction de la tour à l’angle des Wassieux. Celle-ci existait encore au xviiie siècle, considérée comme la meilleure eau du pays, la source avait été conservée dans le fossé de la demi-lune de la porte de secours de la citadelle.
570 AMM, EE 36 (juillet 1542 à juin 1543) : « Receu de Jehan Nuxatte le vignour pour le louyer dune plaice close de muraille dairiere Saincte Eukaire et ou on vait par lallee de la tour fondée baisse en la rivière de Saille pour ladicte Sainct Martin lan dessus di – VIII sous ».
571 AMM, CC 25 (2), f° 33v à CC 29 (4), f° 36v. EE 36.
572 AMM, CC 30 (1), f° 39v « Deluivrez par lordonnance de messeigneurs a Werriat Denoyt Grenetiers de la cité clerc de messaigneurs les maistres des murs pour fournir a la despence necessaire je saparet pour son role depuis la saint Jehan mil Vct LI et jusqu a la saint Jehan mil Vct LIIVMVIIct livres XIX sous VII deniers ».
573 ADM, 7F59 (1523, visitation de Nicole de Heu).
574 BMM, Ms. 848, f° 100r.
575 BMI Épinal, Ms 46, f° 24.
576 Chabert 1856, p. 253.
577 BMI Épinal, Ms 46, f° 24.
578 Boulangé 1856, p. 11.
579 Chabert 1856.
580 Boulangé 1856, p. 11.
581 Vigneulles 1933, IV, p. 491-493.
582 Boulangé 1855, p. 12.
583 Vigneulles 1933, IV, p. 91 : « Et, pour le premiers, estoit au milieu du dit chariot, bien triumphantement essis en une haulte chayre, ung grant ouvriez, nommés maistre Jehan, le tailleur d’imaige, demorant alors à la Pier Hardie. Et estoit cellui que peu devant avoit tailliez et fait les deux cherubin qui sont sur la bairier de la porte Champenoise, avec aussy le Dieu de pitiet qui este on giron Nostre Damme au piedz de la croix, lesquelles ymaiges sont en une triumphantes armaire sus la porte du bellouart d’ycelle porte Champenoise ».
584 Viollet-le-Duc 1856, II, p. 244.
585 Mesqui 1993, p. 322.
586 Thiriot 1970.
587 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
588 STAP Moselle, AM 3 (3).
589 Guilhot 2003.
590 ADM, 7F59.
591 Date avancée par C. Corvisier en raison de l’architecture similaire de la salle basse du baile construite à cette époque, avec laquelle elle communique.
592 Huguenin 1838, p. 423.
593 Wagner 2004, p. 112 : Catherine est veuve une seconde fois et elle épouse en janvier 1489, Louis de Lenoncourt.
594 Huguenin 1838, p. 464.
595 Ibid., p. 341.
596 AMM, CC 28.
597 Aubrion 1857, p. 442.
598 Huguenin 1838, p. 832.
599 AMM, CC 649.
600 Tabouillot et François 1974, VI, p. 533.
601 Ibid.
602 Ibid.
603 AMM, CC 184.
604 AMM, CC 185.
605 AMM, CC 26.
606 AMM, CC 27.
607 Ibid.
608 Ibid.
609 BnF, NAF, n° 22717, 10e reçu.
610 AMM, CC 25 à 27.
611 AMM, CC 612.
612 AMM, EE 36. En 1542, la construction est toujours en projet. « Recu de Francois le cordies de la grant rue pour une plaice a filler au lieu ou on voult faire ung plette forme daier Saincte Marie pour ladite Sainct Martin lan dessus di – X sous ».
613 AMM, EE 37 (1522-1523).
614 AMM, EE 37 (1522-1523) : « Paie a Françoys le Rowyer wernier, a Collignon Noyan et Jacquemin le Serrurier pour Vi journees quilz ont ehus vacquiez a apprester le gros baston qui fut tyre le jour de division des Apostres au fossel de porte Serpenoize y menes du boys des pres la pouldre a III s et jour vallent XVIII sous [partie manquante] ».
615 Ibid.
616 Mesqui 1979, p. 91.
617 ADM, 7F59 (1511, visitation de Nicole de Heu).
618 Crouy-Chanel 2010, p. 67.
619 BMM, Chronique des Célestins. Fol. 97r : « Depuis que le duc de Lorraine avoit voulu prendre Metz par trahison, on avoit toujours fortifié la ville en faisant des boulevards devant les portes et en relevant les fossés comme au pont des morts et à la porte saint Thiébault. C’est dans le tems la qu’on fit a toutes les tours des trous ronds pour l’artillerie. »
620 Aubrion 1857, p. 165.
621 AMM, EE 34, 11e et 21e paiements.
622 AMM, EE 34, 6e et 7e paiements.
623 AMM, EE 34, 8e paiement.
624 AMM, EE 35, récapitulatif des travaux.
625 Salamagne 2002, p. 88.
626 Salamagne 2001, p. 88.
627 Mesqui 1993, p. 301.
628 Mesqui 1979, p. 118.
629 Ibid., p. 317.
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