Chapitre 1. Présentation du site et des recherches
p. 17-65
Résumés
La ville de Metz est localisée en Lorraine, dans la vallée de la Moselle, à l’est du Bassin parisien. Son site naturel est bordé par deux rivières, la Moselle et la Seille, qui ont été primordiales pour le développement de la ville depuis la fin de la Protohistoire. Le site est également encadré par deux collines : celle de Sainte-Croix (188 m) au nord et celle dite « de la Citadelle » (187 m). L’environnement de la ville a permis son essor et son approvisionnement en matériaux. Les deux rivières sont poissonneuses et la Seille, navigable jusqu’au xvie siècle, a permis l’acheminement du sel extrait dans le Saulnois, au sud-est. Le sable extrait de la plaine du Sablon, au sud, et le gravier provenant des rivières ont permis la confection du mortier de chaux. À l’ouest, les carrières du mont Saint-Quentin (358 m) ont fourni le calcaire nécessaire à la construction des fortifications.
L’enceinte urbaine médiévale n’est pas le premier système de défense connu. L’intérêt patrimonial pour les fortifications – protohistoriques, antiques et médiévales – est relativement tardif. En effet, en raison de son caractère défensif, les premières études historiques ne remontent qu’au début du xixe siècle. À partir des années 1980, ces données sont complémentées par les opérations archéologiques. Le premier élément fortifié attesté à Metz est le rempart protohistorique mis au jour en 1986 sur la colline Sainte-Croix. Il protégeait un oppidum d’une dizaine d’hectares entre la fin du iie siècle et le milieu du ier siècle av. J.-C. L’enceinte de l’Antiquité tardive (iiie-ive s.) et son tracé sont bien connus grâce aux découvertes réalisées depuis le xvie siècle. Longue de 3 500 m environ, la muraille protégeait une superficie d’environ 60 ha. Elle est agrandie aux ixe-xe siècles, tandis que les faubourgs s’étendent hors les murs. Des fortifications plus sommaires sont attestées à l’ouest (Pontiffroy) et au sud-est (Neufbourg) entre les viiie et xiie siècles. La cité de Metz connaît alors un nouvel essor entre la fin du xiie et de milieu du xvie siècle. L’apparition de nouveaux faubourgs, abritant des activités économiques, incite les bourgeois de la ville et l’évêque à élever une nouvelle enceinte dès 1196. Longue de 5 575 m, elle protège un territoire d’environ 160 ha et environ 20 000 habitants. Agrandie à la fin du xive siècle dans le secteur de la Grève, l’enceinte comporte au début du xvie siècle, sept portes principales, douze poternes et soixante-seize tours.
La cité de Metz est une république oligarchique depuis 1234, date à laquelle elle a chassé l’évêque de Metz. Ce système se compose de trois éléments : de magistratures, d’une assemblée aristocratique (paraiges) et d’une assemblée représentant le peuple (conseil échevinal). Des collèges de sept membres élus, appelés septeries, sont également chargés de la défense de la ville (Sept de la Guerre) et de l’entretien de la muraille (Sept des Murs).
L’étude de l’enceinte urbaine et de son système de défense repose sur plusieurs types de sources. D’une part, l’association Historia Metensis a réalisé quatre relevés archéologiques du front de Seille, à l’est de la ville médiévale, entre 2011 et 2013. Ces données ont été complétées par les documents d’archives : les documents manuscrits (comptabilité de la ville, archives des septeries, bans de tréfonds…), les chroniques de la ville et les sources iconographiques (plans, vues de la ville, gravures, photographies…). La publication s’organise en cinq chapitres. Le premier est une présentation de la ville de Metz, de la Protohistoire à la fin du Moyen Âge. Le deuxième se focalise sur la manière dont sont construits et réparés les éléments de fortification. Le troisième chapitre dresse un panorama chronologique, géographique et thématique l’évolution de l’enceinte messine. Le quatrième chapitre présente le système de défense de la cité à la fin du Moyen Âge avec l’étude des institutions chargées de l’entretien de la défense de Metz et de son enceinte. Enfin, un dernier chapitre expose ce que sont devenus les différents éléments de la fortification urbaine, depuis les destructions de l’époque moderne jusqu’à la mise en valeur des vestiges aux xxe-xxie siècles.
Metz is located in Lorraine, in the Moselle valley, in the East of the Parisian basin. Its natural site is bordered by two rivers, the Moselle and the Seille, which were essential for the city development since the Protohistory end. It is also surrounded by two hills : Sainte-Croix hill (188 m) in north and “Citadel” hill (187 m) in south. The city environment allowed the city development and its materials supply. Both rivers are full of fish and the Seille, navigable until sixteenth century, enabled the delivery of salt extracted in the Saulnois, in southeast. The sand extracted from the Sablon plain in the south, and gravel rivers allowed the making of lime mortar. To the west, the careers of Saint-Quentin mount (358 m) provided the limestone needed for the fortifications construction.
However, the medieval city wall is not the first defense system. Historical interest for the fortifications – protohistoric, antique and medieval – is relatively late. Indeed, due to its defensive character, the first historical studies date back to the early nineteenth century. From 1980, historical data are complemented by archaeological operations. The first fortified element attested in Metz is the protohistoric wall uncovered in 1986 on Sainte-Croix hill. It protected an oppidum about ten hectares between the late second century and the middle first Century BC. The Late Antiquity enclosure (3rd-4th century AD) and its path are well known thanks to the discoveries made since the sixteenth century. The 3 500 meters long wall protected an area of about 60 ha. The wall has been extended in the 9th-10th century AD, while suburbs extended out the walls. More summaries fortifications were attested in west (Pontiffroy) and in southeast (Neufbourg) between the 8th and 12th century AD.
Then Metz grew at a very fast pace between the late 12th and the mid-16th century AD. The emergence of new suburbs, with economic activities, encouraged the city upper class and Metz bishop to build a new enclosure in 1196. The 5575 meters long wall protected an area of approximately 160 ha and about 20 000 people. Enlarged at the end of the 14th century AD in the Grève area, it contained in the early 16th century, seven main gates, twelve posterns and seventy-six towers. Politically, the city of Metz was an oligarchic republic since 1234, after banishing Metz bishop. This system included three elements : the magistracy, an aristocratic assembly (paraiges) and a representative of the people assembly (conseil échevinal). Colleges of seven elected members (Septeries) were also responsible for the city defense (Sept de la Guerre) and maintenance of the wall (Sept des Murs).
The study of this defense system is based on several types of sources. On one hand, the association Historia Metensis made four archaeological surveys of the Front de Seille, east of the medieval city, between 2011 and 2013. These data were supplemented by archival documents : manuscript documents (city accounts, Septeries archives, bans de tréfonds…), chronicles and iconographic sources (maps, city views, prints, photographs…).
This publication presents five chapters. The first one is a presentation of Metz, from Protohistory to the late middle Ages. The second one focuses on the building and reparation of the fortifications. The third chapter provides a chronological, geographical and thematic overview of Metz fortifications. The fourth chapter presents the city’s defense system in the late middle Ages by the institutions responsible for maintaining the city defense and enclosure. A final chapter outlines different enclosure elements, from the destruction of modern era to the enhancement of archeological vestiges in the 20th-21st centuries.
Die Stadt Metz liegt in Lothringen, im Moseltal, östlich des Pariser Beckens. Sie befindet sich am Lauf zweier Flüsse, der Mosel und der Seille, die eine große Rolle für die Entwicklung der Stadt seit der Vorgeschichte gespielt haben. Die Stadt wird von zwei Hügeln gesäumt : der Hügel von„ Sainte-Croix“(188 Meter hoch) und der Hügel„ der Zitadelle“(187 Meter hoch). Diese Topografie hat den Aufschwung der Stadt und ihre Belieferung mit Baustoffen ermöglicht. In den zwei Flüssen gibt es reichlich Fische und die Seille, die bis im 16. Jahrhundert schiffbar war, ist die Route für den Salzhandel aus dem Saulnois bis Metz. Der Sand, der im Sablontal abgebaut wurde und der Kies aus den Flüssen sind für den Kalkmörtel benutzt worden. Die Kalksteine für den Bau der Stadtmauer stammen aus einer Grube westlich des Saint-Quentin-Bergs (358 Meter hoch).
Diese mittelalterliche Mauer ist aber nicht die erste bekannte Befestigung von Metz. Das Interesse an der Geschichte der Befestigung (vorgeschichtlich, römisch und mittelalterlich) besteht noch nicht lange. Da es sich um die Verteidigungsanlage handelt, sind die ersten Untersuchungen erst am Anfang des 19. Jahrhunderts gemacht worden. Ab den 1980er Jahren kamen hierzu die Erkenntnisse der Archäologie. Die erste bekannte Befestigung datiert in die Vorgeschichte und wurde 1986 auf dem Hügel„ Sainte-Croix“gefunden. Sie diente zur Verteidigung eines Oppidums von ca. 10 ha und wurde vom Ende des 2. bis zur Mitte des 1. Jahrhunderts vor Christus benutzt. Die spätantike Stadtmauer (3.-4. Jahrhundert) ist dank vieler Entdeckungen seit dem 16. Jahrhundert gut dokumentiert. Sie ist ca. 3 500 Meter lang, umfasst eine Fläche von ungefähr 60 ha und ist im 9. und 10. Jahrhundert erweitert worden. Gleichzeitig haben sich extra muros einige Vorstädte entwickelt. Einfache Befestigungen dieser Siedlungen sind vom 8. bis zum 12. Jahrhundert bekannt : in der westlich gelegenen Stadt (Pontiffroy) sowie im Südosten (Neufbourg). Die Stadt Metz erlebte zwischen dem Ende des 12. und der Mitte des 16. Jahrhunderts einen Aufschwung. Da sich in dieser Zeit neue Vorstädte mit einiger Wirtschaftskraft entwickeln, entscheiden sich die Bürger und der Bischof ab 1196 für den Bau einer neuen Stadtmauer. Sie ist ca. 5575 Meter lang, umfasst eine Fläche von 160 ha und ungefähr 20 000 Einwohner. Am Ende des 14. Jahrhunderts wird diese Befestigung im Viertel„ de la Grève“erweitert. Am Anfang des 16. Jahrhunderts besteht die Stadtmauer aus 7 Haupttoren, 12 Poternen und 76 Türmen.
Die Stadt Metz ist seit 1234 – dem Jahr in dem der Bischof vertrieben wurde – eine oligarchische Republik. Diese Staatsform besteht aus drei Teilen : Ämtern, einem aristokratischen Rat (Paraiges) und einem Volksrat (conseil échevinal). Kollegien mit sieben gewählten Mitgliedern (septeries) kümmern sich unter anderem um die Verteidigung der Stadt (Sept de la Guerre – „ Sieben des Krieges“) und die Pflege der Befestigung (Sept des Murs – „ Sieben der Mauer“).
Die vorliegende Beschreibung der Stadtmauer und der Verteidigung nutzt verschiedene Quellen : Einerseits hat der Verein„ Historia Metensis“vier archäologische Untersuchungen entlang der Seille durchgeführt. Andererseits sind diverse Archiv-Dokumente genutzt worden : Manuskripte (Buchhaltung der Stadt, Archive der septeries, Bannrollen, usw.), Chroniken und verschiedene Illustrationen (Pläne, Anblicke, Bilder, Fotos, …).
Dieses Buch besteht aus fünf Kapiteln. Das erste ist eine Beschreibung der Stadt Metz von der Vorgeschichte bis zum Ende des Mittelalters. Das zweite Kapitel konzentriert sich auf den Bau und die Pflege der Stadtmauer. Das dritte stellt chronologisch, geographisch und thematisch die Entwicklung der Metzer Befestigung vor. Das vierte Kapitel beschreibt das Verteidigungssystem der Stadt am Ende des Mittelalters durch das Studium der Ämter, die für die Pflege der Stadtmauer verantwortlich waren. Zum Schluss beleuchtet das letzte Kapitel die Veränderungen der Stadtmauer von den Zerstörungen der Neuzeit bis zu ihrer Aufwertung im 20. und 21. Jahrhundert.
Texte intégral

1. Le site de Metz (J. Trapp)
1Ville du nord de la Lorraine, Metz est située dans la vallée de la Moselle (fig. 1), à 30 km au sud de Thionville et à 50 km au nord de Nancy. Elle est depuis la Révolution le chef-lieu du département de la Moselle et devient en 1976 la préfecture de la région lorraine. Depuis 2016, elle fait partie de la région Grand-Est.
2Localisé à l’est du Bassin parisien, son site naturel est situé à la confluence de deux rivières : la Moselle et la Seille (fig. 2). La première s’est frayée un chemin à travers les assises calcaires du Bajocien (170,3 ± 1,4 Ma-168,3 ± 1,3 Ma) et les niveaux marneux du Sinémurien (199,3 ± 0,3 Ma-190,8 ± 1,0 Ma), du Pliensbachien (190,8 ± 1,0 Ma-182,7 ± 0,7 Ma) et du Toarcien (182,7 ± 0,7 Ma-174,1 ± 1,0 Ma). Elles ont été primordiales dans le développement de la ville depuis la fin de la Protohistoire, tant pour l’approvisionnement en eau que pour la défense du site.
3Ce site est encadré par deux collines : la colline Sainte-Croix (188 m) au nord et celle dite « de la Citadelle » (187 m), aujourd’hui nettement aplanie, au sud. Elles sont séparées par un ensellement situé à une altitude moyenne d’environ 165 m. Au sud, la plaine sablonneuse du Sablon est très peu urbanisée jusqu’au début du xxe siècle. Elle accueille une zone de nécropoles durant l’Antiquité, de nombreuses églises et abbayes au cours du Moyen Âge, puis des carrières de sables.
4Grâce à l’association d’alluvions argilo-marneuses imperméables et de dépôts sableux et graveleux filtrants, une nappe phréatique a pu se former, notamment sous la colline Sainte-Croix, à une profondeur de 1,50 à 2 m. Cette configuration a ainsi permis aux habitants de s’approvisionner en eau potable, de l’époque protohistorique à la fin du Moyen Âge, mais aussi de fournir les matériaux pour la confection du mortier de construction.
5La Moselle et la Seille constituent une ressource pour la ville, puisque poissonneuses et navigables – jusqu’au xvie siècle pour la Seille –, favorisant ainsi le développement de l’économie locale tout au long de l’histoire de la cité. Le cours originel de la Seille, qui empruntait intramuros les actuelles rues Haute-Seille et des Tanneurs jusqu’en 1905, est dévié en partie au xiiie siècle afin de border les fortifications enserrant le quartier Outre-Seille.
6Les ressources de la région de Metz ont également contribué au développement de la ville. Les sols, formés essentiellement à partir des alluvions de la Moselle, sont fertiles et ont permis l’essor de l’agriculture. À 4 km à l’ouest, le mont Saint-Quentin culmine à 358 m (fig. 3). Des calcaires oolithiques à polypiers du Bajocien sont extraits de son sommet à la fin du Moyen Âge et ont fourni les matériaux pour la construction. À la fin du xve siècle, ces carrières sont délaissées. Un autre calcaire de la même période géologique provient des carrières de calcaires autour du village de Ranguevaux, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Metz. Appelé « calcaire de Jaumont » du fait de sa couleur jaune, ce matériau est également présent dans d’autres carrières comme celles de Malancourt-la-Montagne, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Metz. Le calcaire à polypiers du mont Saint-Quentin et le calcaire de Jaumont sont des calcaires du Bajocien qui sont dits oolithiques, car ils présentent de minuscules structures minérales, les oolithes, qui ressemblent à de petits œufs de poissons1. Les forêts alentour ont pourvu aux besoins en bois, à la fois matériau de construction et source d’énergie, bien que dans le premier cas le bois provienne des massifs forestiers du sud de la Lorraine à la fin du Moyen Âge.
Fig. 1 : Carte topographique des alentours de Metz et de la vallée de la Moselle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 2 : Carte topographique du site naturel de Metz avec l’emprise des occupations successives entre la Protohistoire et la fin du Moyen Âge (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 3 : Coupe topographique ouest-est des environs de Metz, entre le mont Saint-Quentin et la colline Bellecroix (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après le BRGM).

2. De l’oppidum gaulois à la ville médiévale : essai de topographie urbaine
2.1. Histoire des recherches (J. Trapp)
2.1.1. La recherche historique
7Les sources historiques sont nombreuses, mais l’intérêt pour la fortification antique et médiévale ne naît qu’au xixe siècle. À la fin du xviiie siècle, ni les Bénédictins de l’Histoire de Metz, qui ont pourtant consciencieusement rassemblé les preuves de l’histoire de Metz, ni les érudits de cette époque ne se sont penchés sur la topographie de la cité, ni a fortiori sur celle du mur médiéval. Le premier à étudier l’évolution des défenses de la ville au début du xixe siècle est le colonel Parnajon, commandant le corps du Génie de la place de Metz, qui fait restaurer la porte des Allemands, ainsi qu’une partie de l’enceinte du front de Seille et étudie le tracé des murs dans son Mémoire historique sur la place de Metz2 (fig. 4). Il s’agit surtout de l’énumération du nom des tours et des portes, fondée principalement sur les anciennes chroniques. Il faut attendre Auguste Prost pour voir utiliser la documentation historique et archéologique. Si dans un premier temps, s’inspirant par trop des données légendaires, il soutient l’existence d’un mur joignant directement l’église Saint-Martin à la Moselle3, il admet dès 1879 que le mur antique doit être recherché au sud des abbayes de Sainte-Glossinde et de Saint-Pierre-aux-Nonnains4. Les archivistes et archéologues allemands de la première Annexion, comme Georg Wolfram et Karl Wichmann, recensent systématiquement les mentions rencontrées dans les sources fiscales et narratives et les confrontent aux découvertes archéologiques effectuées à l’occasion des grands travaux d’urbanisme du début du xxe siècle5. En 1948, Maurice Toussaint, dans son Répertoire archéologique6, tente une synthèse des mentions et découvertes concernant le mur antique de la ville. Jean Schneider, dans sa thèse publiée en 1950, apporte de précieuses, mais trop courtes informations sur la topographie de la cité médiévale, tirées notamment de sources économiques et diplomatiques jusque-là peu utilisées, voire ignorées7. En 1970, Jean Thiriot propose avec de remarquables restitutions réalisées le plus souvent d’après des relevés des ingénieurs de l’Ancien Régime, une évocation des fortifications messines des xvie et xviie siècles8 (fig. 5). Dernièrement, en 2003, Pierre-Edouard Wagner a proposé une étude synthétique sur l’enceinte9, tandis qu’en 2008, Yves Henigfeld et Amaury Masquilier ont publié un travail portant sur l’archéologie des enceintes urbaines en Lorraine et en Alsace10. Cependant, Metz n’y a pas de notice, laissant libre le champ de la recherche.
Fig. 4 : Croquis des deux premières enceintes de la place de Metz, d’après le Colonel Parnajon (Parnajon 1836).

Fig. 5 : Plan de Metz au xve siècle, par Jean Thiriot (Thiriot 1970).

Fig. 6 : Carte de la cité des Médiomatriques à la fin du iie siècle av. J.-C. (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après Fichtl 2005).

2.1.2. La recherche archéologique
8Il n’existe que très peu d’investigations archéologiques sur les éléments de l’enceinte urbaine médiévale de Metz (fig. 7). Seule la fortification gauloise a fait l’objet de deux opérations archéologiques, l’une rue Taison en 198611, l’autre rue du Tombois en 199512. À propos de l’enceinte antique, seules quelques observations réalisées tout au long du xxe siècle ont permis d’obtenir des informations. Concernant l’enceinte médiévale, plusieurs opérations archéologiques ont été entreprises au cours des trente dernières années. Un sondage archéologique mené en 1989 par Marie-Paule Seilly13, puis une fouille dirigée en 1992 par Denis Henrotay14, ont permis de mettre au jour une portion du mur d’enceinte en Anglemur aux 5-6, rue de la Garde. En 1996, l’opération réalisée par Philippe Kuchler (Afan) sur le baile de la porte des Allemands a permis de mettre en évidence les différentes phases de construction de l’édifice15. En 2012 et 2013, une opération du pôle d’archéologie préventive de Metz Métropole dirigée par Gaël Brkojewitsch a mis au jour des structures antérieures aux salles de tir du début du xvie siècle16. En 2009, une autre fouille avait permis la découverte du canal creusé à la fin du xiie siècle qui reliait avant 1739 la Seille à la Cheneau17. En 2013, Christian Dreier a mené une opération de fouille préventive à l’intérieur de l’ancienne manufacture des tabacs, mettant au jour un tronçon de la fausse braie du front Saint-Vincent18. Enfin, entre 2011 et 2013, l’association Historia Metensis a réalisé une série de quatre relevés topographiques du front de Seille, complétée par un sondage archéologique en 2016 pour mettre au jour une partie du bas-relief au nord du moineau* Desch. Bien que les interventions archéologiques soient rares, elles fournissent des informations complémentaires sur les fortifications entre l’époque protohistorique et la fin du Moyen Âge.
Fig. 7 : Cartographie des principales opérations archéologiques ayant concerné les fortifications au xxe siècle (DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

2.2. L’oppidum celtique et son système défensif (A. Dumontet)
9La première fortification attestée sur le site de Metz remonte à la fin de la période protohistorique. Si des traces de présence humaine sont visibles depuis le Néolithique sur la colline Sainte-Croix19, il faut attendre La Tène D (150 à 30 av. J.-C.) pour qu’une occupation durable se mette en place à travers l’oppidum* de Metz. Ce dernier apparaît, d’après des datations dendrochronologiques effectuées sur le rempart découvert rue Taison, en 110 av. J.-C.20. Il fait suite, non sans un hiatus d’au moins vingt-cinq ans, à une petite nécropole de La Tène C1-C2 (260 à 140 av. J.-C.), composée de quinze incinérations, à l’emprise mal connue21.
10Première trace d’urbanisation chez les Celtes, l’oppidum* est le symbole d’une évolution dans la société celte, peut-être influencée par le monde méditerranéen. De taille variable (de 10 à 170 ha), ces proto-villes se sont implantées tant en hauteur qu’en plaine et possèdent souvent un rempart. Comme pour les villes romaines, aucune nécropole ne se trouve à l’intérieur de l’enceinte. Néanmoins, une partie de la surface enclose est souvent laissée vacante, sans que l’on puisse en définir précisément la raison. D’une durée de vie extrêmement variable (de vingt à plus de cent quarante ans), les oppida* ont des rôles multiples (défensif, artisanal, centre d’activités commerciales, politique et religieux, atelier monétaire), même s’il est fort probable que tous ne les aient pas cumulés. Apparus en Europe centrale (Bohême, Moravie, Hongrie, Allemagne) au début du iie siècle av. J.-C., ils se développent sur une bonne partie du territoire celte dans le dernier quart de ce siècle, parvenant jusqu’aux îles britanniques. Toutefois, leur extension est marquée par un premier coup d’arrêt dans les années 70-80 av. J.-C. avec l’effondrement du réseau d’Allemagne du Sud. Un certain nombre d’entre eux perdure tout de même jusqu’à la fin du ier siècle av. J.-C., avant de disparaître à la suite des changements apportés par les mouvements germanique (installation en Bohême) et romain (conquête des Gaules) sur les territoires celtes22.
11L’oppidum* de Metz prend place sur le territoire des Médiomatriques (fig. 6). À La Tène C-D (260-30 av. J.-C.), ce dernier s’étendait à l’ouest jusqu’à la forêt de l’Argonne et la vallée de la Meuse (bien que cette dernière puisse appartenir à la cité des Rèmes) et jusqu’au-delà du Rhin, au niveau du piémont de la Forêt-Noire, à l’est. Il était encadré, au nord, par la cité des Trévires et, au sud, par celle des Leuques. Dans le troisième quart du ier siècle av. J.-C., les Triboques semblent s’installer à l’intérieur du territoire médiomatrique, probablement plutôt dans la partie orientale23. Les textes antiques les mentionnant à peine, on sait relativement peu de choses sur les Médiomatriques24. C’est l’archéologie qui nous offre le plus de données exploitables. Ainsi, les découvertes ont permis de définir une organisation spatiale autour de plusieurs oppida* qui forment un maillage à même de contrôler le territoire. L’oppidum* du fossé des Pandours (col de Saverne, Bas-Rhin) étant nettement plus important que les autres, avec une surface d’au moins 110 ha, il est probable qu’il a eu une fonction politique et économique supérieure dans la cité25.
Fig. 8 : Plan de l’emprise estimée de l’oppidum celtique de la colline Sainte-Croix à Metz (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après Fichtl 2005).

Fig. 9 : Vestiges du mur à poutrage interne celtique du milieu du ier siècle mis au jour en 1986 dans la rue Taison (cliché P. Thion – SRA Lorraine).

12Positionné en hauteur, au sommet de la colline Sainte-Croix (fig. 8), l’oppidum* de Metz se trouve au carrefour de deux voies de communication importantes dès la protohistoire : l’axe Rhône-Saône-Moselle du sud au nord, la voie Reims-Strasbourg d’ouest en est26. À ces axes s’ajoutent les voies de circulation le long de la Seille, vers les lieux de production du sel et au « briquetage de la Seille », produits qui sont très certainement acheminés jusqu’à l’oppidum*, lui conférant un avantage économique27. Malgré sa petite taille, comparable à celle de plusieurs oppida* tels que celui de Saint-Mihiel ou du mont Hérapel à Cocheren, l’oppidum* messin n’en contrôle pas moins toute la vallée de la Moselle en territoire médiomatrique.
13De l’organisation interne de l’oppidum*, nous savons fort peu de choses. En effet, seule une fouille préventive a permis d’appréhender en 1986 dans la rue Taison, sur une surface limitée, l’aménagement urbain. Sept phases ont été observées et montrent une évolution remarquable de l’habitat laténien avec une fixation, au moins partielle, du parcellaire et un contrôle de l’espace : construction/destruction/reconstruction de bâtiments au même endroit, aménagement d’une aire de circulation28.
Fig. 10 : Carte de la cité des Médiomatriques au iie siècle apr. J.-C. (DAO : J. Trapp – Historia Metensis, d’après Fichtl 2005).

14Le rempart, quant à lui, a été repéré lors de deux fouilles. S’il n’a été que deviné lors de l’opération « Colline Sainte-Croix-extension du bâtiment A » et mis en relation avec un fossé doté d’une ouverture sommitale de 12 m, au fond plat et aux parois évasées29, il a pu réellement être observé lors de la fouille rue Taison (fig. 9). Trois phases ont été observées, et deux d’entre elles datées par dendrochronologie.
15Le premier état (112-110 av. J.-C.) se compose de deux remparts espacés de 4 à 5,50 m, précédés d’un fossé. Celui-ci est large de 8,50 m et profond de 2,50 m, avec un fond plat et des parois évasées. Largement détruit par des structures modernes, l’ouvrage aval n’est connu que par la partie arrière de sa rampe tandis que celui en amont est légèrement mieux conservé. Pour les deux éléments, le système de poutrage allie des bois longitudinaux horizontaux et des bois transversaux obliques, parfois équarris, avec un système d’encoches. Le tout était placé dans un fossé d’installation. Quelques pierres ont été retrouvées et peuvent appartenir à un parement de façade30.
16Le deuxième état (première moitié du ier siècle av. J.-C.) n’est constitué que d’un rempart situé légèrement en retrait du premier état, associé à un fossé étroit et peu profond. Du rempart, il ne subsiste que la fondation du parement en pierres sèches, conservé sur deux ou trois assises. Le matériau employé est la pierre bleue du Sinémurien, grossièrement taillée (dimensions : 20-40 x 20-35 x 10-20 cm) auxquels s’ajoutent des éléments de plus petite taille. Le fossé, large de 2,5 à 3 m et d’une profondeur de 1 m, a une paroi abrupte du côté extérieur et plus douce du côté intérieur31.
17Le troisième état (55 av. J.-C.) ne comprend qu’un rempart à l’orientation comparable aux précédents et à la façade non conservée. Installé dans un fossé au niveau du rempart de la deuxième phase, il est armé intérieurement par des troncs transversaux inclinés. Quatre bois longitudinaux seulement ont été observés, ce qui est particulièrement faible pour ce genre d’aménagement. Cela pourrait expliquer en partie la forte inclinaison des poteaux transversaux qui renforcent ainsi la cohésion de l’ensemble32.
18Tous les bois conservés sont en chêne et ont été utilisés rapidement, sans stockage. Peu ont été équarris ; souvent, le travail s’est limité aux extrémités tandis que l’écorce était laissée sur le restant de la surface33.
19D’un point de vue architectural, le premier état du rempart de l’oppidum* de Metz se rattache aux remparts à poteaux frontaux, appelés Pfostenschlitzmauer. Il est possible de le rapprocher des architectures du rempart de la Heidenstadt (Ernolsheim-lès-Saverne, Bas-Rhin), de celui du mont Vully (canton de Fribourg, Suisse), de la porte de La Chaussée-Tirancourt (Somme), voire du rempart du Baerenkupfel au Fossé des Pandours (Col de Saverne, Bas-Rhin)34.
20Malgré la faiblesse de la documentation, il est possible de restituer les limites approximatives de l’oppidum*, et donc l’étendue de sa fortification. En effet, les fouilles archéologiques montrent que les parties sud-ouest et nord-est étaient protégées par (au moins) un rempart doublé d’un fossé. Compte tenu de la position des cours d’eau à cette époque, il est tout à fait probable que les parties nord-ouest (du côté de la Moselle) et sud-est (du côté de la Seille) étaient aussi protégées par un rempart, sans lequel la sécurité ne pouvait être totalement assurée. De plus, les vestiges retrouvés semblent suivre en partie les courbes de niveau, ce qui signifie que le rempart ne descend certainement pas en dessous de 170 m d’altitude, et donc n’atteint pas les cours d’eau. Ainsi, le quadrilatère obtenu ferait entre 10 et 12 ha.
21Au milieu de la période augustéenne, le rempart a disparu, remplacé par un espace beaucoup plus ouvert. Il n’aura pas duré plus d’un siècle35.
2.3. L’enceinte de l’Antiquité tardive (J. Trapp)
22Après la conquête des Gaules (58-51 av. J.-C.), Divodurum – nom de Metz à l’époque gallo-romaine – devient le chef-lieu de la cité des Médiomatriques (Civitas Mediomatricorum), dont le territoire est amputé à l’est par rapport à la période protohistorique (fig. 10). Elle est rattachée à la Gaule belgique (Gallia Belgica) dont la capitale est Reims. Divodurum développe son territoire autour de l’ancien oppidum* celtique. À son apogée, aux iie-iiie siècles, sa population peut être estimée à près de dix mille habitants.
23Au tournant des iiie et ive siècles, pour faire face aux premières incursions des peuples germaniques, comme ailleurs en Gaule36, Divodurum se dote d’une enceinte longue d’un peu moins de 3500 m37. L’espace urbain se replie et passe alors de 160 hectares environ à une soixantaine d’hectares (fig. 11). Ce castrum comprend le centre historique actuel, mais laisse en dehors les quartiers du Pontiffroy et d’Outre-Seille, pourtant urbanisés depuis le Haut-Empire, ainsi que celui du Sablon qui accueille une zone de nécropoles. Les quartiers au-delà de la Seille, le long des voies de Mayence et de Strasbourg, et de la Moselle, longeant les voies de Reims et de Trèves par la rive gauche, sont laissés à l’extérieur du périmètre enclos. Cependant, il semble que la tête du pont antique jeté sur la Moselle (près du pont Saint-Georges découvert en 195738) est toujours habitée. Les constatations des fouilles conduites sur le site du parking de l’Hôtel de Région en 1986 ont permis de relever de nombreux indices attestant d’une continuité d’occupation pendant toute l’Antiquité tardive. Au sud-est, le quartier du grand Amphithéâtre, trop excentré pour être englobé dans l’enceinte, n’est cependant pas déserté comme il a souvent été dit ; des témoignages matériels d’habitats y sont attestés jusqu’au milieu du ve siècle au moins39.
Fig. 11 : Plan de l’emprise reconnue de la ville antique de Metz (Divodurum) et du tracé de son enceinte de l’Antiquité tardive (iiie-ive siècles) (Cartographie : P.-É. Wagner et J. Trapp. DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

24L’enceinte antique est mentionnée à plusieurs reprises dans les textes médiévaux, notamment par le poète chrétien du vie siècle, Venance Fortunat40, et dans le pseudo-Frédégaire au viiie siècle41. À la fin du xie siècle, dans son Éloge de Metz, Sigebert de Gembloux, écolâtre de l’abbaye Saint-Vincent, décrit la muraille gallo-romaine42. À cette époque, elle protège encore la ville, après son agrandissement aux ixe-xe siècles. Flanquée de tours, elle est également doublée par un fossé dans les endroits non protégés par la Moselle et la Seille. Une de ces tours semble représentée par Claude Chastillon en 1614 sur sa gravure montrant les vestiges de murs antiques conservés sur la colline Sainte-Croix, probablement une des tours proches de la porte Moselle (fig. 12).
Fig. 12 : Murs dadmirable structure estans pres la Trinité a Metz. Gravure de C. Chastillon représentant des murs antiques sur la colline Sainte-Croix (probablement des thermes). À l’arrière-plan, à droite, une tour probable de l’enceinte de l’Antiquité tardive (1614, reproduit dans Tabouillot et François 1769, pl. XXIV).

25Le tracé de l’enceinte antique est connu, car il a laissé de nombreuses traces archéologiques. De plus, le mur s’est trouvé, en de multiples secteurs de l’ancienne ville, fossilisé dans le cadastre43 qui présente des alignements significatifs et des ressauts dans les limites de mitoyenneté en fond de parcelles (fig. 13). Là où les constructions médiévales se sont appuyées sur le mur antique, plusieurs actes de vente de sections du mur antique sont mentionnés tout au long du xiiie siècle44.
Fig. 13 : Plan d’une Tour de l’Ancienne Enceinte de la ville de Metz (1866). Relevé cadastral d’une ancienne tour de l’enceinte de l’Antiquité tardive dans le secteur de la place Saint-Louis (coll. part.).

26Certains tronçons de l’ouvrage ont été observés ponctuellement, précisant ainsi son tracé. Toutefois, sa structure interne n’est connue que dans ses parties est et sud-ouest. Les fondations présentent de la blocaille et des fragments de terre cuite architecturée, surmontées par endroits d’un niveau de blocs de remplois – des stèles ou des éléments architecturaux. Large de 3,60 m environ, le mur était élevé en petit appareil de moellons calcaires.
27Cette enceinte était percée de sept portes, dont seules deux sont localisées avec précision. La première, la porte du Port-Sailly, était située en bas de la Fournirue, tandis que l’autre, la porte Moselle (détruite en 122745), était localisée au nord de la rue des Trinitaires. Plusieurs chroniqueurs, comme Philippe de Vigneulles46 et Antoine Esch47, rapportent encore l’existence de cinq autres portes dont la dénomination est postérieure. La porte du Champ-à-Seille était localisée au débouché de la rue du Grand-Cerf ; la porte in-Curtis à l’emplacement de l’église Saint-Martin ; la porte Serpenoise proche des vestiges de la porte actuelle ; la porte Lavandière en avant de l’actuel Moyen-Pont ; la porte aux Chevaux en avant de l’actuel pont de la Préfecture.
28Le tracé de l’enceinte gallo-romaine est relativement bien connu. L’angle sud-ouest de l’enceinte a été observé lors des travaux de démolition du rempart sud de la citadelle entre la porte Serpenoise et la tour d’Enfer en 1900-190148 (fig. 14 et 15). En 1904, lors de la destruction de l’ancienne abbaye Sainte-Marie-aux-Nonnains, des blocs architecturés composant autrefois l’enceinte antique sont mis au jour (fig. 16). Un peu plus loin au sud-est, des travaux dans le secteur de la porte Serpenoise dévoilent une partie du mur antique en 190849(fig. 17). Il est probable qu’un autre angle était situé dans le secteur de la tour Camoufle. Puis le mur empruntait, du sud vers le nord, la rue Maurice-Barrès, avant de se diriger vers la place Saint-Louis, dont les maisons viennent s’appuyer contre l’ouvrage à la fin du xiie siècle50. Au milieu du xviiie siècle, les premières découvertes sont réalisées lors du percement de la rue Tête-d’or. Ainsi, en 1749, « en travaillant aux fondations des nouveaux murs de face sur cette nouvelle ruë, vers le milieu, a la gauche, on a trouvé a quinze pieds environ de profondeur dans la terre, quantité de blocs de pierre blanche avec architecture et bas reliefs ; l’un desquels présentoit une figure d’Apollon, et les trois inscriptions qui suivent. […] En creusant pour cette fondation, l’on a aperçu plusieurs autres pierres de meme espece que les ouvriers n’ont pas pris la peine de tirer51 ». Il s’agit probablement des stèles appartenant aux fondations de la muraille, les mêmes mises au jour deux siècles plus tard (fig. 18). En effet, lors de la destruction de l’îlot Saint-Jacques en 1974 en vue de la construction d’un centre commercial, un tronçon est découvert sur une longueur de 14 m, présentant sur une largeur de près de 4 m, trois lits superposés de stèles funéraires en remploi (fig. 19). La structure de la fondation de ce mur est assez différente, peut-être en raison d’une adaptation aux contraintes du sol géologique, de celle reconnue en 1900-1901.
Fig. 14 : Angle sud-ouest de l’enceinte de l’Antiquité tardive mis au jour en 1901 lors du démantèlement de la citadelle du xvie siècle et de l’aménagement du palais du Gouverneur.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 15 : Mur méridional de l’Antiquité tardive, mis au jour en 1901 lors du démantèlement des fortifications de l’époque moderne.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig 16 : Blocs architecturés réemployés dans les fortifications de l’Antiquité tardive, découverts en 1904 lors du démantèlement de la citadelle du xvie siècle et de la destruction de l’ancienne abbaye Sainte-Marie.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 17 : Éléments présumés de la fortification de l’Antiquité tardive, mis au jour en 1908 lors du démantèlement de la porte Serpenoise.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 18 : Localisation du tronçon de l’Antiquité tardive découvert lors de la destruction de l’îlot Saint-Jacques en 1974.

(© STAP Moselle).
Fig. 19 : Fondations de l’enceinte de l’Antiquité tardive constituées de stèles en réemploi, mises au jour en 1974 (coll. part : P.-É. Wagner).

Fig. 20 : Caves effondrées dans la rue des Murs en 1932 laissant apparaître des stèles gallo-romaines réemployées dans les fondations de l’enceinte de l’Antiquité tardive.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
29Puis l’enceinte gravit la colline Sainte-Croix en passant par la rue des Murs et celle de la Glacière. En 1513, le chroniqueur Philippe de Vigneulles rapporte la découverte de « pierres sépulcrales » – probablement des stèles gallo-romaines – lors de l’effondrement de plusieurs maisons de la rue des Murs52. En 1932, un nouvel effondrement entraîne la mise au jour d’autres stèles qui constituaient probablement la fondation de l’enceinte antique53 (fig. 20). Plus au nord, en 1859, lors du creusement d’une tranchée, plusieurs gros blocs de pierre ont été observés à l’angle de la rue des Quatre-Maisons (place Jeanne-d’Arc) et de la rue de la Glacière. L’un d’eux comportait une inscription partielle (« HONORIS »)54. Ces blocs faisaient probablement partie des fondations de la muraille antique qui traversait la colline. Plus loin au nord-ouest, un tronçon est toujours visible dans la rue Boucherie-Saint-Georges, à l’arrière du grenier de Chèvremont. Cette portion, de gros et moyen appareils, découverte en 1962 et fouillée en juillet 1979, sert de fondation à un mur plus récent et beaucoup moins large (fig. 21). Il fait suite au mur assis dans la rigole de l’égout des thermes antiques (vestiges encore en place dans les salles du Musée) et prolonge l’alignement constaté entre les rues de la Glacière et des Capucins. Les constatations archéologiques laissent supposer que les assises du mur antique ont pu servir de fondation à des reprises du xe ou xie siècle. Un peu plus à l’ouest, dans la rue de Chèvremont, Johann Baptist Keune, directeur des Musées de Metz entre 1896 et 1918, rapporte la découverte en 1907 d’un bloc inscrit qui pourrait avoir constitué les fondations de la fortification55 (fig. 22).
30Son parcours occidental est cependant plus hypothétique. L’enceinte longeait probablement le bras intérieur de la Moselle, mais son tracé précis est incertain. Au xviiie siècle, les travaux d’urbanisme entraînent des découvertes sur les berges de la Moselle. En 1735, afin d’élargir le pont de la Porte-aux-Chevaux, on démolit « un reste de très vieilles murailles, qui très anciennement faisoient l’enceinte de la ville, et on a encore détruit le ceintre qui formoit l’ancienne Porte aux chevaux », peut-être l’ancienne porte antique56. En 1739, lors de l’élargissement du quai Saint-Pierre (actuel quai Félix-Maréchal), « en demolissant l’ancien mur de ce quay, on a trouvé sous les fondations quantité de grosses pierres taillées qui formoient les premiers licts de l’ancien mur de clôture de la ville, qui tres anciennement ne s’étendoit pas au dela de ce bras de Mozelle »57. S’agissait-il du mur antique ou de son agrandissement à la fin du haut Moyen Âge ?
Fig. 21 : Mur septentrional de l’enceinte de l’Antiquité tardive découvert en 1976 lors des travaux d’extension des Musées de Metz.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 22 : Bloc architecturé probablement réemployé dans les fondations de l’enceinte de l’Antiquité tardive découvert dans la rue de Chèvremont en 1907.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
31En 1976, le déblaiement des trois niveaux du parc souterrain dans la cour du Marché couvert a été réalisé sans aucune surveillance archéologique, sinon celle de Gérald Collot, directeur des Musées de Metz. Le site très perturbé a cependant permis de reconnaître qu’un pan important du mur antique, présentant un double parement en petit appareil et de plus de 2 m d’épaisseur, n’était plus en place, mais avait basculé en fond de fouille, sans doute lors des travaux de fondation du palais épiscopal à la fin du xviiie siècle (fig. 23).
Fig. 23 : Tronçon de mur antique effondré, mis au jour lors du creusement du parking souterrain sous le marché couvert. Il pourrait s’agir d’un morceau du mur d’enceinte.

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 24 : Plan de Metz durant le haut Moyen Âge. En rouge, la zone protégée par le mur de l’Antiquité tardive (iiie-ive siècles). En vert foncé, les extensions des ixe-xe siècles à l’ouest et dans le quartier du Pontiffroy. En vert clair, les extensions du xiie siècle dans le quartier du Neufbourg (Cartographie : P.-É. Wagner et J. Trapp. DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

32Enfin, les fouilles du parking de l’Esplanade en 200658 n’ont pas permis de mettre la muraille en évidence. Seuls des murs construits en terrasse ont été observés. En raison de la pente abrupte, l’enceinte prenait-elle cette forme ?
33L’enceinte de l’Antiquité tardive perdure tout au long du haut Moyen Âge et permet la défense de la ville jusqu’à la fin du ixe siècle, période à laquelle elle est agrandie.
2.4. Le mur du haut Moyen Âge (IXe-XIIe siècles) (P.-E. Wagner)
34Le sac de Metz par Attila (Pâques 451), rapporté par des témoignages lointains59 ou tardifs60, reste vraisemblable. Cette destruction pourrait toutefois ne concerner que les faubourgs restés en dehors de l’enceinte. À la fin du vie siècle, Venance Fortunat évoque dans La Moselle61, la fortification et les puissantes murailles de Metz, mais ce topos de la grande ville ne préjuge en rien de l’état de la fortification. Épargnée lors de la conquête franque (486), Metz accède au rang de capitale du royaume d’Austrasie en 634. La tranquillité dont bénéficie alors la cité conduit, comme ailleurs, à la cessation de tout entretien du mur, voire à sa disparition sur des longueurs plus ou moins importantes.
35À la fin du ixe siècle, la menace normande – dont une invasion est arrêtée par l’archevêque de Metz, Wala, qui périt en 882 au combat de Remich sur la Moselle – conduit à la restauration du mur et sans doute aussi à l’agrandissement du périmètre défensif (fig. 24).
36Les invasions hongroises du second quart du xe siècle (923-954), puis le siège de Metz par le roi germanique Henri II, aidé des Sclavons en 1009, ruinent les faubourgs sud, notamment l’abbaye Saint-Félix qui deviendra Saint-Clément, alors que l’abbaye Saint-Arnoul s’entoure d’un mur62.
37On ne sait rien de précis sur l’entretien du mur de la ville et ses extensions du haut Moyen Âge. L’évêque Robert (883-917), avec le titre de « reparator murorum urbis », apparaît comme responsable de la remise en état du rempart.
2.4.1. Le mur de l’Antiquité tardive et l’intégration du petit amphithéâtre au périmètre fortifié
38En 1982, la démolition de l’immeuble situé 2, rue du Faisan, à la suite d’un incendie, met au jour, sur une longueur de plus de 4 m, le mur antique qui servait de fondation à son pignon mitoyen nord et dont l’alignement se prolongeait sur plus de 50 m, en ligne droite sur le plan du cadastre en direction de l’ouest, jusqu’au petit amphithéâtre, fermant ainsi la place de Chambre au midi. Cet important monument, daté du ive siècle et dont les dimensions avoisinent 80 x 45 m, établi au bord même de la Moselle et commandant ainsi toute la navigation sur la voie d’eau, paraît ainsi avoir été intégré au système défensif de la ville dès l’Antiquité tardive. Cette dernière découverte devrait permettre de résoudre le problème de l’emplacement du mur de défense.
39Placé au sommet de la pente dominant les berges de la Moselle, celui-ci se révèle comme le plus efficace, mais présentait l’inconvénient d’isoler l’ensemble défensif que constitue le « petit Amphithéâtre ». Ici, le jeu de la faille de Metz-Saint-Privat a créé un obstacle naturel de plus de 8 m de haut. Aucune trace du rempart n’ayant jamais été retrouvée sur la pente dominant la Moselle, le mur défensif élevé à la fin du iiie siècle doit consister dans une simple adaptation des superstructures du mur de terrasse, la topographie du secteur favorisant naturellement sa défense.
40Le tracé du mur d’enceinte, reconstitué par Maurice Toussaint en 194863, méconnaît la topographie du secteur de la cathédrale et ne repose en fait que sur la découverte fortuite, en octobre 1944, lors du creusement d’une tranchée antichar barrant la rue Pierre-Hardie (à l’est et parallèlement à la rue Ambroise-Thomas), d’un « mur épais en moellon », appartenant vraisemblablement au cryptoportique du forum cartographié par René Jolin en 197564, mais qui fut interprété par le directeur de la circonscription, Émile Delort, comme un tronçon du rempart antique. La mise au jour d’un mur antique associant le petit amphithéâtre et le mur d’enceinte placé en haut du talus explique le partage de la rive droite de la Moselle en deux quartiers distincts : au nord du petit amphithéâtre, le suburbium Sancti Stephani (faubourg Saint-Étienne) et au sud, le quartier d’Anglemur.
41La construction d’un nouveau mur, destiné à protéger le suburbium Sancti Stephani65 où se trouve depuis le troisième quart du viiie siècle un important marché, est antérieure à l’épiscopat de Bennon, évêque de Metz de 927 à 929, qui dispose du patronage de l’église Saint-Victor présentée comme située à l’intérieur des murs66. Place de Chambre, les fouilles de sauvetage conduites par Claude Lefebvre (mai-juin 1981), entre la rue des Roches et la place de Chambre, ont mis au jour le mur du xe siècle (fig. 25), fondé sur un mur antique appareillé seulement sur sa face externe et qui pourrait avoir été un quai établi sur la rive droite de la Moselle (fig. 26). Quelques années auparavant (juin 1977), une autre section de ce même mur du xe siècle avait été repérée en limite de mitoyenneté longitudinale de l’îlot compris entre la rue des Piques et le quai Félix-Maréchal67. Le mur actuel du quai dominant la promenade établie sur la rive droite repose sur le mur du xe siècle68 ; celui-ci se prolonge vers le nord jusqu’au droit de la rue Glatigny d’où il oblique vers l’est à travers la rue des Jardins et la rue Chèvremont pour se raccorder à l’enceinte de l’Antiquité tardive mise au jour rue Boucherie-Saint-Georges.
Fig. 25 : Tronçon du mur d’enceinte du haut Moyen Âge mis au jour dans l’ilot des Roches en 1981 (Cliché C. Lefebvre – GUMRA).

Fig. 26 : Relevé en élévation des fondations du mur d’enceinte du haut Moyen Âge dans l’îlot des Roches. Le mur semble fondé sur un mur antique, peut-être celui d’un quai (Lefebvre 1981).

2.4.2. La muraille d’Anglemur
42En dépit de lacunes parfois considérables, dues notamment à la construction de la citadelle au début de la seconde moitié du xvie siècle, il est possible de restituer un alignement, dont l’origine antique est aujourd’hui assurée et dont certains tronçons ont été reconnus à plusieurs endroits entre l’angle sud-ouest de l’enceinte (tour d’Enfer) et le petit amphithéâtre. Vers 1875, un mur antique formant un mur de terrasse a été mis au jour dans les jardins situés sur la rive est de la rue Sous-Saint-Arnoul, en contrebas de l’ancienne abbaye69. En 2006, les fouilles préalables à l’extension du parking souterrain de l’Esplanade ont notamment mis en évidence un système de terrasse datable de la fin iie-début iiie siècle, dont les murs, parallèles aux courbes de niveau et généralement très massifs, sont renforcés par des contreforts d’ancrage dans le terrain encaissant. L’un de ces murs montre un système de contreforts constitué d’éléments en demi-cercle accolés et chaînés entre eux et avec le mur qu’ils retiennent. La largeur de l’ensemble est en moyenne de 2,50 m70. Un dispositif en tous points identique a pu être mis en évidence dans les fondations de l’enceinte de l’Antiquité tardive mise au jour par Ivan Ferraresso, à l’arrière du 54, place Saint-Louis71.
43Le quartier situé entre l’enceinte de l’Antiquité tardive et la Moselle, au sud du petit amphithéâtre, n’est en fait qu’une longue rue dont l’actuelle rue Sous-Saint-Arnoul n’est qu’une partie, et qui avant le remblaiement de l’espace compris entre la montagne Saint-Hilaire et la Moselle, se prolongeait vers le sud, jusqu’à la porte d’Anglemur72. En octobre 1989, les sondages de Marie-Paule Seilly, lors de la démolition du 5-6, rue de la Garde et en juin 1992, ceux de Denis Henrotay, lors de la construction de la « Résidence Saint-Arnoul », confirment une occupation de la rive droite de la Moselle en contrebas de l’enceinte, dès l’Antiquité et qui se maintient pendant tout le haut Moyen Âge. Une petite église Saint-Hilaire, dénommée à Xauleur, pour la différencier de Saint-Hilaire-le-Grand, au nord-est de la cité antérieure au viiie siècle, est fondée à la fin du xiie siècle par l’abbaye Saint-Martin-devant-Metz, sur des terrains qui lui appartiennent, en haut de la pente dominant la porte d’Anglemur73. Le territoire de la paroisse s’étendait sur le versant de la terrasse dévalant vers la Moselle, le quartier fut sans doute compris dans l’enceinte à la même époque, l’ancien mur fut abattu et un large escalier « les Degrés Saint-Hilaire » aménagé sur la pente jusqu’alors plantée de vignes pour accéder, depuis la rue d’Anglemur, à la place « qu’on dit Sur-Saint-Hilaire ».
2.4.3. La tête de pont sur la rive gauche
44Sur la rive gauche de la Moselle, une étroite zone fortifiée s’est maintenue, depuis le ive siècle sans doute, pour protéger le passage du seul pont connu sur ce bras durant l’Antiquité et le haut Moyen Âge (Pont-de-Moselle, puis pont Saint-Georges)74. Les fouilles conduites par Pierre Thion sur le site du parking de l’hôtel de Région en 1986 ont permis de relever de nombreux indices attestant d’une continuité d’occupation pendant toute l’Antiquité tardive. Les stèles funéraires découvertes rue Chambière, plutôt que de marquer l’emplacement d’une nécropole75, qui reste improbable dans un contexte d’habitat, doivent être mises en relation avec les éléments d’une fortification dont les « énormes pierres de taille simplement dégrossies », rencontrées en 1868 dans ce même secteur, pourraient éventuellement faire partie76. En 880, le lieu-dit « Le Therme » est signalé comme étant à l’intérieur des murs77 (fig. 27). La zone en outre a été remblayée pour la mettre à l’abri des inondations de la Moselle, ce qui expliquerait le regroupement à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre des trois églises Saint-Polieucte (dénommée plus tard Saint-Livier), Saint-Médard et Saint-Georges, fondées au vie ou viie siècle et qui deviendront les paroisses du nord de ce quartier d’Outre-Moselle.
Fig. 27 : Plan cadastral dit « Maurice » du quartier du Pontiffroy de 1870 laissant deviner le tracé d’un mur d’enceinte plus ancien (en blanc) sur lequel sont venues s’appuyer les constructions postérieures.

(© Ville de Metz).
45Le faubourg d’Outre-Moselle, qui était pris sur la partie méridionale de l’île Chambière, était en grande partie entre les mains de l’abbaye de Saint-Vincent fondée par l’évêque Thierry au milieu du xe siècle. La cité en expropriant, pour la construction du mur de ville, des terrains qui leur appartenaient78 entra en conflit avec les Bénédictins. En août 1226, lorsqu’un arrangement fut conclu, l’abbaye est mentionnée comme désormais enclose dans le mur d’enceinte79. Celui-ci, établi le long de la rive droite du « Grand bras » de la Moselle, présente sur près de 600 m, un tracé absolument rectiligne ; il a vraisemblablement été construit d’un seul jet. Il n’en est pas de même pour le reste du mur qui ferme le quartier au nord entre les deux bras de la Moselle, vers la porte Chambière. Ici, une succession d’angles rentrants et de courbes permettent de supposer que des fortifications préexistantes ont été mises bout à bout.
46L’angle rentrant de la Tour-aux-Rats semble indiquer qu’un mur est venu ici se greffer sur les défenses préexistantes de la petite enceinte du Pont-de-Moselle, étendue à une époque indéterminée jusqu’à la porte Chambière, secteur qui, précisément, constitue l’une des zones les plus densément peuplées du quartier. Une porte sur Franconrue (rue du Pontiffroy) est attestée en 128080. Au même moment, une tour, qui pourrait être une tour de l’enceinte déclassée, bâtie au débouché de Franconrue, est vendue par les magistrats81.
47À l’extrémité ouest du quartier, vers le pont, granges, troupeaux et terres agricoles sont signalés en nombre jusqu’au xive siècle82 ; le quartier disposait ici dans la seconde moitié du xvie et jusqu’au milieu du xviiie siècle encore, de nombreux terrains libres. La porte du Pontiffroy, du moins telle que la présentent les plans modernes, n’est sans doute pas antérieure à la fin du xive siècle. Une telle construction, postérieure de plus d’un siècle et demi à l’enceinte établie vers 1220, sur les terrains de Saint-Vincent, pourrait expliquer la structure en trapèze d’un appendice qui semble avoir été rapporté sur un mur de tracé circulaire. La fouille que Gaël Brkojewitsch a dirigée sur le site de la rue Paille-Maille en 2012 a mis au jour plusieurs niveaux successifs de la voie antique de Metz à Trèves par la rive gauche83. Au nord, à proximité du mur de clôture sud de l’hôtel de police, la voie qui se prolongeait au-delà était barrée par une demi-douzaine de trous de poteaux, très rapprochés les uns des autres qui peuvent avoir appartenu à une palissade défensive.
2.4.4. Le « vicus novus » entre le mur antique et la Seille
48Dès la fin du viiie siècle, une petite agglomération dite « Viciniolo »84 regroupée autour de la future église Saint-Simplice85 est attestée à l’est de la cité, au débouché de la porte de la Seille (Porta Salie), de part et d’autre de la voie vers Strasbourg et Mayence, qui franchit la Seille sur un pont antique reconnu en 1975 à l’occasion des travaux du parking souterrain Saint-Jacques. Aucun indice ne permet d’avancer l’existence d’une enceinte quelconque. Cependant un peu plus loin au sud apparaît, dès avant la fin du xie ou dans les toutes premières années du xiie siècle, un faubourg appelé « Novum Burgum », nom qui laisse supposer une fortification quelconque et qui se serait développé au débouché d’un passage (ancien ?) pratiqué dans l’enceinte antique au droit de l’église Saint-Martin86. Le comte de Metz possède ici (selon le rapport des droits du xiie siècle) des droits anciens : patronage de l’église, droit de gîte. Les bourgeois ont fondé là entre 1090 et 1121, un hôpital qui prendra le nom de Saint-Nicolas87. Le mur médiéval qui englobe ce quartier, connu par les plans modernes et confirmé sur une partie de son tracé par les observations de vestiges mis au jour lors du creusement du parc de stationnement de la place Saint-Thiébault, se raccorde perpendiculairement au mur antique, formant l’« Encoignure de Sainte-Glossinde ». Le tracé de ce mur est absolument rectiligne jusqu’au-delà de la porte Saint-Thiébault, puis, se dirigeant au sud-est vers la Seille, il affecte une courbe régulière avant de repartir en ligne droite jusqu’à la rivière. Ni les contraintes d’ordre topographique ni les nécessités du flanquement ne suffisent à expliquer ce tracé en arc de cercle. L’étude des limites paroissiales, dont on sait l’importance pour la connaissance des murs qui, au moment de la formation des paroisses, structuraient l’espace urbain, montre qu’en ce qui concerne Saint-Martin, la limite paroissiale médiévale coïncidait exactement avec le mur et qu’elle se prolongeait ensuite, à l’intérieur du quartier enclos, dans une symétrie de courbe et de ligne droite presque parfaite, pour venir rejoindre le mur antique en coupant par la diagonale, le Champ-à-Seille88. Il se dessine ainsi une « poche » aux angles arrondis, de quelque 300 m sur 300 m, greffée sur le mur antique de part et d’autre de l’église Saint-Martin. L’existence d’une ligne de défense particulière au Neufbourg, remontant peut-être à la première moitié du xiie siècle, est encore attestée par un acte de janvier 1236 par lequel la ville donne à l’Hôpital et à Saint-Ladre, chacun pour moitié, « ses deux moulins sur Seille, situés entre la fermeté du Neufbourg et Outre-Seille »89. Comme par ailleurs aucune trace de mur, ou de fossés, ceux-ci sans doute plus difficiles à observer vu les circonstances des travaux, n’a pu être repérée lors de la rénovation urbaine menée dans le secteur de la place Coislin, on peut admettre que la fortification du Neufbourg n’aura été tout d’abord qu’une simple palissade. Le mur en maçonnerie qui la remplace entre Sainte-Glossinde et la Seille n’a été élevé que vers 1200-1210. La courtine qui venait s’appuyer à l’est sur l’ancienne porte Saint-Thiébault est mise au jour en 173990.
49La reprise économique entraîne d’importants mouvements de population vers la ville. Dès le milieu du xiie siècle, la nécessité de mettre à l’abri les acteurs et les lieux du commerce conduit la bourgeoisie messine, assemblée en commune, à lever des impôts pour l’édification d’une nouvelle enceinte. En 1196, la ville se fait confirmer le droit de prélever le tiers de la dîme sur les legs pieux pour la restauration des murailles91. L’imposition du clergé pour la poursuite des travaux est signalée comme l’une des causes de la révolte de 1208-1209 ; la bulle d’Innocent III de 120992 évoque les sommes d’argent « extorquées par la violence, pour faire des fortifications et des fossés ».
50Avant 1230, les quatre faubourgs établis au nord, à l’est et à l’ouest du mur antique seront englobés dans une nouvelle enceinte. Celle-ci pouvait toutefois, sur une partie plus ou moins importante de son parcours, n’être encore qu’une simple palissade précédée d’un fossé. La victorieuse résistance de la cité lors de la guerre des Amis en 1232-34, qui oppose les Messins à leur évêque Jean d’Apremont et à ses alliés, atteste cependant de l’efficacité des défenses93.
Focus : la cité de Metz aux XIIIe-XVIe siècles (J. Trapp)
51À la fin du Moyen Âge, la cité de Metz est une ville libre d’Empire, enclavée entre le duché de Bar à l’ouest et le duché de Lorraine à l’est et au sud (fig. 28). L’essor économique de Metz à partir du xiie siècle entraîne une occupation plus dense à l’intérieur de la muraille antique, ainsi qu’un développement des faubourgs. De nouvelles paroisses sont fondées et l’enceinte urbaine nécessite un agrandissement pour envelopper les bourgs extérieurs. Au début du xive siècle, le territoire de la cité est partagé non seulement entre les Trois-Mairies*, mais aussi entre vingt-six paroisses, pour environ vingt-cinq mille habitants. La trame des rues semble reprendre celle de la période gallo-romaine et s’organise toujours autour de la rue Serpenoise (ruelle en Vieille-Boucherie) et de la Fournirue. Toutefois, en raison de la construction de la citadelle au milieu du xvie siècle, il est difficile de connaître l’organisation parcellaire dans le sud-ouest de la ville. Seules les découvertes archéologiques et l’implantation des bâtiments médiévaux connus par des sources postérieures permettent d’esquisser le tracé des rues. Le quartier Outre-Seille s’articule autour des rues des Allemands et Mazelle. Sur la rive gauche de la Moselle, le bourg d’Outre-Moselle s’est développé essentiellement autour des églises Saint-Médard, Saint-Georges et Saint-Livier, ainsi que de l’abbaye Saint-Vincent. Jusqu’à son englobement dans l’enceinte du xiiie siècle, le quartier a encore un aspect rural avec des jardins et des vignes, mais connaît un développement rapide (fig. 29).
52Dans la partie orientale de la ville, un premier bourg marchand apparaît le long de la muraille antique, entre la poterne et le Port-Sailly : le Vésigneul, où les changeurs établissent leurs halles. Non loin de là, le Neufbourg se développe probablement au début du xiie siècle. Les bourgeois y construisent l’hôpital Saint-Nicolas et les familles nouvelles leurs demeures (Heu, Baudoche…). Les bourgeois de la ville se préoccupent ainsi de mettre d’abord à l’abri les quartiers les plus actifs économiquement comme le Neufbourg avec le Champ-à-Seille, fortifié une première fois vers le milieu du xiie siècle.
53Afin de protéger ces nouveaux quartiers, une nouvelle enceinte est construite entre la fin du xiie et le début du xiiie siècle. Longue de 5575 m, elle protège un territoire d’environ 160 ha. Agrandie à la fin du xive siècle dans le secteur de la Grève, elle comporte au début du xvie siècle, sept portes principales, douze poternes et soixante-seize tours (fig. 30 et 31).
54Politiquement, la République messine, système oligarchique, se compose de trois éléments : des magistratures, une assemblée aristocratique (les paraiges*) et une assemblée représentant le peuple (le conseil échevinal). Créé en 1037 par l’évêque de Metz, le maître-échevin est le premier magistrat de la cité. L’administration messine s’organise autour d’un patriciat urbain puissant. Constituée à la fin du xiie siècle, cette élite bourgeoise s’immisce dans l’administration de la cité au cours du xiiie siècle. Les paraiges*, issus de ces familles influentes du xiie siècle, fournissent les maîtres-échevins et les Treize, pour la justice. Ils occupent ainsi une place centrale dans le gouvernement de Metz. Accaparant l’ensemble des magistratures de la République messine, ce système n’accorde aucun droit aux individus, mais au groupe. Quatre des cinq paraiges* portent des noms qui sont à la fois ceux de familles importantes au xiie siècle et de quartiers de la cité : Port-Sailly, Porte-Moselle, Outre-Seille et Jurue.
55L’administration messine repose également sur un système de septeries*, des collèges composés – théoriquement – de sept membres élus, ayant des fonctions bien précises. L’entretien de la fortification est assuré par la septerie* des Murs et les Gouverneurs des Murs*. Il s’agit de deux collèges de magistrats qui travaillent conjointement : les Sept des Murs supervisent les Gouverneurs des Murs*. Ensemble, ils forment l’administration en charge des travaux sur l’enceinte. Ce système complexe est un des composants indissociables de la République messine et va de pair avec l’impulsion initiée dans le royaume de France et le Saint-Empire. Dès les xiie-xiiie siècles, de nombreuses villes s’abritent derrière de nouvelles fortifications, le mouvement s’accélérant avec les désastres de la guerre de Cent Ans94. En parallèle de l’essor de construction d’enceintes urbaines, plusieurs villes comme Reims95 et Dijon96 se dotent de magistrats chargés de veiller à la construction et à l’entretien des fortifications. Ces agents comptables sont également présents à Metz sous le nom de « Gouverneurs des Murs* et fermeteit de la cité et des vanne de Waldrinowe ». Les Gouverneurs des Murs* sont sous les ordres des Sept des Murs, créés en 1347, eux-mêmes étant subordonnés à la septerie* de la Guerre, instaurée en 132397. Ces structures sont composées de sept élus choisis parmi les cinq paraiges*, issus des familles patriciennes de la ville. La septerie* de la Guerre gère tous les aspects militaires et diplomatiques du gouvernement de la ville.
Fig. 28 : Metz, le duché de Lorraine et le duché de Bar au début du xvie siècle (DAO : J. Trapp, d’après Christin et alii 2013).

56Cette administration complexe siège au palais communal, ou palais des Treize, bâti vers 1316-1318, au sud de la cathédrale. Jusqu’au xive siècle, le palais épiscopal, appelé La Cour-l’Évêque, accueille le siège épiscopal. Cet édifice est élevé sur l’actuelle place devant la cathédrale, non loin du palais des Treize. Malgré les luttes entre le patriciat et l’évêque, ce dernier s’étant exilé à Vic-sur-Seille au début du xiiie siècle, le palais est reconstruit au xive siècle, probablement entre 1310 et 1314.
Fig. 29 : La cité de Metz au début du xvie siècle (cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis).

Fig. 30 : Plan diachronique de l’enceinte urbaine de Metz (début xiiie-milieu xvie siècles (cartographie et DAO : J. Trapp – Historia Metensis). Fig. 31 (page suivante) : Évocation de Metz et de son enceinte urbaine au milieu du xvie siècle. Ce travail de reconstitution est fondé sur des documents de l’époque moderne, notamment pour les fortifications et les édifices remarquables. Bien que le tracé des rues soit probable, il faut rester prudent quant à l’organisation interne des parcelles qui reste très hypothétique (Infographie : N. Gasseau – Historia Metensis).


3. Les recherches documentaires
57Pour réaliser l’étude de la défense de Metz et l’évolution de la fortification urbaine à la fin du Moyen Âge, plusieurs types de sources – toutes complémentaires – ont été utilisés. Une série de quatre relevés topographiques des vestiges du front de Seille, à l’est de la ville, a été réalisée entre 2011 et 2013. Les résultats de ces observations de terrain ont été complétés par les documents d’archives, très nombreux et encore peu exploités. Devant l’ampleur de cette documentation, une analyse de l’ensemble de la fortification messine a pu être entreprise grâce aux documents manuscrits, aux chroniques et aux sources iconographiques.
3.1. Les fonds d’archives (M. Didiot, P.-M. Mercier)
3.1.1. Les bans de tréfonds
58Les rouleaux de bans de tréfonds*, conservés aux Archives municipales de Metz, ont permis de glaner des informations sur les fortifications messines. Les rôles de bans, longs rouleaux de parchemin, de différentes longueurs, sont des documents où sont inscrits des actes (prises de bans) relatifs à des transactions foncières (achats d’immeubles, de cens, constitutions de rentes…) allant de 1220 à 1565. Certains de ces rouleaux, des années 1220 à 1367, ont fait l’objet d’édition98. Auguste Prost a souligné le peu de valeur des rôles de bans pour l’histoire des événements99, mais il a mis en évidence leur intérêt linguistique, onomastique, démographique, topographique, social et surtout économique. Sur une longue période, les grandes lignes et les grandes tendances de l’économie de la cité sont décrites dans les rôles de bans. Le contenu de ces prises de bans apporte donc un enseignement précieux sur la nature des transactions des Messins.
3.1.2. Les visitations, les listes de réparations et les devis
59Véritables instantanés, les visitations* écrites sur des feuillets de papier permettent de brosser un portrait fidèle de l’état des fortifications, de l’artillerie et de l’armement. Les visites peuvent être effectuées simultanément ou séparément par les Sept et les Gouverneurs des Murs* en charge de l’enceinte d’une part, et par les Sept de la Guerre et les Gouverneurs de l’artillerie d’autre part.
60Tours en mauvais état, murs qui s’effondrent, ponts arrachés par les crues… si l’enceinte n’apparaît pas toujours sous son meilleur jour, cet état des lieux est nécessaire pour établir des listes de réparation. Il s’agit alors pour les magistrats de faire le tour de l’enceinte et de répertorier les zones qui bénéficieront de travaux ainsi que la nature des chantiers. Des devis sont ensuite établis.
61Dans un premier temps, visitation* et liste des travaux à exécuter semblent être deux documents distincts bien que la liste des travaux résulte de la visitation*. Les deux documents vont finalement fusionner au début du xvie siècle. Plusieurs visitations* et listes de travaux sont connues, mais quelques-unes seulement ont été sauvegardées. Les Archives départementales de la Moselle conservent les visitations* de 1465, 1511, 1512, 1519, et 1523, ainsi qu’un état des réparations consécutif à la visitation* de 1511100. Un autre état des réparations daté de 1466 a été recopié par Paul Ferry dans ses Observations séculaires101. Repris dans l’ouvrage des Bénédictins102, celui-ci côtoie la retranscription d’une visitation* de 1530 qui liste les ponts, portes et tours de l’enceinte, sans donner leur l’état103.
62D’autres archives de ce type sont connues, mais n’ont malheureusement pas été conservées. Ainsi, le manuscrit d’une visitation* effectuée en 1503 a aujourd’hui disparu : composé de quatorze pages, ce document devait vraisemblablement être très détaillé104. Les comptes du receveur de la ville mentionnent également à plusieurs reprises des frais de déplacement pour des visitations*. Les Sept et Gouverneurs des Murs* étaient en effet parfois indemnisés pour ces visites sur le terrain. Ainsi, la plus ancienne visitation* ayant été dédommagée par le receveur date du 31 décembre 1443. Cependant, il est très probable que seules les visitations* extraordinaires, à la suite de dégâts climatiques par exemple, aient été rétribuées. Ainsi, les visitations* de 1465, 1511, 15121519 n’apparaissent pas dans la comptabilité du receveur, mais des visitations* y sont attestées le 25 octobre 1524105 et le 8 avril 1533106.
63Quant aux devis proposés aux Sept et aux Gouverneurs des Murs* pour effectuer les travaux, un seul a été conservé pour l’année 1525107. Précédé d’une liste des portes, tours et baires* de l’enceinte identique à une visitation*, ce devis établit le coût représenté par la pose d’une couverture d’ardoise sur l’intégralité de l’enceinte. Il fait peut-être écho à la visitation* rapportée par les comptes du receveur l’année précédente108.
3.1.3. Les fonds comptables
3.1.3.1. Les comptes des Gouverneurs des Murs
64Cette comptabilité répond aux listes de travaux à réaliser commandés par les Sept des Murs lors des visitations*. Sur plusieurs mètres de papier, chacun des rouleaux composant cette comptabilité est une mine d’informations. Chaque année, les noms des magistrats ainsi que les sommes qui leur sont versées par le receveur y sont rapportés. À ce budget alloué par la ville s’ajoutent les recettes de la vente de matériaux. Les Gouverneurs des Murs* perçoivent également des loyers : à titre d’exemple, la mise en location de fossés reconvertis en zone de pêche rapporte quelques sous chaque année aux magistrats. Enfin, les corvéables n’effectuant pas la corvée leur versent aussi un dédommagement qui représente plusieurs livres par an. Ces sommes ainsi que celles versées par le receveur constituent le budget annuel des Gouverneurs des Murs* pour entretenir les fortifications.
Fig. 32 : Extrait des comptes des Gouverneurs des Murs. Paiement détaillé pour l’année 1484.

(© Archives municipales de Metz. CC 612).
65Dans chaque compte, la partie la plus riche en informations est celle consacrée aux travaux. Constituées de vingt à cinquante paiements, les dépenses des Gouverneurs des Murs* permettent de localiser les chantiers et la nature de ces derniers, mais aussi de connaître la spécialité des nombreux artisans embauchés pour réaliser les travaux. Aux incontournables maçons et charpentiers s’ajoutent ainsi d’autres corps de métiers tels que les couvreurs de tuile et d’ardoise, les chaufourniers, les morteliers*, les charretons, les bateliers, les maréchaux ou plus ponctuellement des vitriers pour remplacer les vitres brisées des portes et des tours. Maîtres, valets et apprentis travaillent au rythme des chantiers à effectuer sur l’enceinte. La nature et la quantité des matériaux employés pour réaliser les différents travaux sont également rapportées dans la comptabilité des Gouverneurs des Murs*. Par chariots, tombereaux* et charrettes, les matériaux comme la pierre, la chaux ou le sable sont livrés sur les chantiers tandis que les planches des Vosges arrivent par flottage. Les carrières de pierre et les zones d’abattage du bois sont ponctuellement indiquées et permettent de dresser une carte des zones de ravitaillement en matériaux.
66Conservés aux Archives municipales de la ville de Metz, quatorze comptes des Gouverneurs des Murs* ont été étudiés ainsi qu’un exemplaire issu des fonds des nouvelles acquisitions françaises de la Bibliothèque nationale de France109. Ils couvrent une période fragmentaire de travaux entre 1463 et 1543110 (fig. 32).
67Il existe également d’autres documents issus de la comptabilité des Gouverneurs des Murs* aujourd’hui perdus. Un compte daté du 21 juin 1550, composé d’un manuscrit de quatorze pages reste introuvable111. Il existe également des quittances signées par les Gouverneurs des Murs* : une première émargée par un certain Philippe, le 7 juillet 1525. Il s’agit sans doute de Philippe Desch qui est Gouverneur des Murs* à cette période. Une seconde quittance est signée par deux individus, Serrière et Raigecourt, le 12 mars 1529112. Il s’agit sans doute de Humbert de Serrière et Philippe de Raigecourt qui sont alors Sept de la Guerre et possiblement Gouverneurs des Murs*. Malheureusement, ces trois documents ne sont connus que par la vente des manuscrits ayant appartenu au comte Emmery en 1850113 et il n’a pas été possible d’identifier et localiser leurs acquéreurs.
3.1.3.2. Les comptes des Sept de la Guerre
68Chaque année, les comptes des Sept de la Guerre sont rédigés sur des feuillets regroupés en cahier. Les membres qui composent cette septerie* y sont présentés ainsi que le montant des sommes versées annuellement par le receveur. Les Sept de la Guerre disposent également de quelques recettes provenant notamment de la vente de chevaux. Ces sommes ainsi que celles octroyées par le receveur constituent le budget annuel des Sept de la Guerre. Il est utilisé pour de multiples postes de dépenses. La guerre a en effet bien des visages. L’embauche des mercenaires et des soldoyeurs* n’apparaît pas directement dans ces comptes. Néanmoins, les frais des messagers envoyés dans le royaume de France, dans de nombreuses villes du Saint-Empire romain, voire à travers toute l’Europe continentale du nord-ouest témoignent de l’importance de l’activité diplomatique de la ville.
69Outre l’aspect politique, les comptes des Sept de la Guerre attestent surtout des activités militaires des magistrats. Ils gèrent l’entretien des postes avancés tels que Talange, Louvigny, Port-sur-Seille ou Vry. Ainsi, les frais pour l’entretien et les nombreux travaux entrepris dans cette dernière forteresse sont particulièrement détaillés. Ils représentent chaque année une part importante du budget des Sept de la Guerre.
70Si depuis la fin du xive siècle, ils ont délégué la gestion de l’enceinte urbaine à la septerie* des Murs, les Sept de la Guerre peuvent toutefois intervenir dans la gestion de certains aspects des fortifications de la ville. Ainsi, ils sont chargés de la mise en place et de l’entretien des lices, des palissades de bois et des levées de terre aux abords des portes. Ils font également réaliser ponctuellement certains ouvrages en rapport avec l’artillerie, comme la mise en place de plateformes de tir ou l’aménagement de granges pour accueillir les armes et les munitions, comme la grange de Saint-Marcel, celle d’Anglemur ou du petit Clairvaux au xvie siècle. La comptabilité témoigne en effet de l’importance des frais engagés dans la mise en place d’une artillerie efficace. Les paiements effectués pour la fabrication des armes, des munitions, mais aussi pour la réalisation de poudre à canon occupent une part de plus en plus lourde dans le budget des Sept de la Guerre. De fait, ces magistrats délèguent certaines de leurs prérogatives aux Gouverneurs de l’Artillerie.
71Comme les Sept et les Gouverneurs des Murs*, les Sept de la Guerre et les Gouverneurs de l’Artillerie effectuent des visitations* afin de s’assurer de la quantité et du bon état des armes placées sur l’enceinte. La comptabilité des Sept de la Guerre témoigne de cette pratique, tout comme les comptes du receveur. Ainsi, en 1417, une visitation* est attestée114. Le fait que celle-ci soit mentionnée indique son caractère exceptionnel : comme pour les Sept des Murs, il est très probable que seules les visitations* extraordinaires, suite à des conflits ou des actes de défiance par exemple, aient été rétribuées. Des visitations* sont également effectuées dans les postes avancés, comme celui de Vry à plusieurs reprises. Malheureusement, très peu de manuscrits de ces visitations* ont été conservés bien que certaines d’entre elles aient été effectuées par les Sept de la Guerre et des Murs au même moment. Il existe néanmoins des listes d’armement qui permettent de localiser et quantifier les armes tant sur l’enceinte que dans les granges d’artillerie. Enfin, la comptabilité des Sept de la Guerre met en évidence leur rôle dans la mise en place du guet et dans la gestion de la défense de la ville. Le recrutement de maîtres canonniers, couleuvriniers ou bombardiers stratégiquement répartis sur l’enceinte urbaine témoigne de l’efficacité de cette organisation.
72Conservés aux Archives municipales de la ville de Metz, les comptes des Sept de la Guerre se composent de quarante-cinq cahiers115 (dont certains sont en double pour une même année) et couvrent avec quelques lacunes, une période s’étirant du 2 février 1417 au 2 février 1525116. Il existe une très grande quantité de documents relatifs aux missions des Sept de la Guerre. Cependant, seules les archives comptables ayant un rapport avec les fortifications urbaines et la mise en défense de la ville ont été employées. L’analyse de ces données vient compléter les informations de la comptabilité des Gouverneurs des Murs*. Elle permet de comprendre la gestion et l’utilisation de l’enceinte et la manière dont celle-ci a pu être armée et défendue.
3.1.3.3. Les comptes du receveur de la ville
73La comptabilité du receveur offre un aperçu saisissant du fonctionnement de la fiscalité de la ville. Toutes les recettes et surtout toutes les dépenses y sont également reportées chaque année. Les sommes allouées aux Sept et Gouverneurs des Murs* y sont brièvement indiquées, tout comme celles destinées à la septerie* des Murs. Pourtant, au début du xve siècle, la comptabilité des Gouverneurs des Murs* ne semble pas clairement établie. Elle apparaît en entier dans le compte du receveur. Les magistrats ne disposent pas encore d’un système efficace, ni d’un clerc chargé de leurs affaires avant la fin de l’année 1413117. Bien que dans une forme quelque peu anarchique, les plus anciens comptes des Gouverneurs des Murs* sont donc contenus dans les comptes du receveur Jean l’Aîné entre le 12 février 1406 et le 12 janvier 1413118. Après cette date, tout le détail disparaît, mais cette source est loin de perdre de son intérêt : la date, le montant, le nom du clerc des Gouverneurs des Murs*, ainsi que les noms de certains des magistrats y sont mentionnés chaque année.
74Conservés aux Archives municipales de la ville de Metz, les comptes du receveur se présentent sous la forme de quarante-trois volumes qui couvrent une période fragmentaire de 1408 à 1552119. Les comptes originaux sont composés par cent cinquante-quatre cahiers reliés en trente et un volumes alors que les comptes en double et les minutes sont composés par soixante-dix cahiers reliés en douze volumes120. Ils se complètent lorsqu’un compte original est manquant. En d’autres termes, les comptes du receveur permettent de connaître sur une période de plus de cent quarante ans le budget de la ville, ses dépenses et surtout, les sommes versées aux Gouverneurs des Murs*. Si le détail des travaux reste absent de cette comptabilité après 1413, il est toujours possible de mettre en évidence la part croissante de cette administration au sein des finances de la ville au fil des années : celle-ci atteindra plus du tiers du budget et des dépenses de la cité en 1552.
3.1.3.4. Les comptes des receveurs de l’hôpital Saint-Nicolas
75Lorsque l’enceinte urbaine messine est sur le point d’être achevée en 1234, la ville rencontre des difficultés financières : si les impôts directs rentrent difficilement dans les caisses, les impôts indirects mis en place en 1226 pour assurer la fin des travaux de l’enceinte arrivent quant à eux à leur terme. Pour faire face, la ville se tourne vers les institutions religieuses et s’endette auprès de celles qui disposent de revenus importants au Moyen Âge. En 1261, l’hôpital Saint-Nicolas achète pour trois ans les péages* des ponts, et notamment l’impôt sur le meilleur habit des morts121. Il obtient l’intégralité des droits en 1282 après avoir versé 1100 l. à la ville122. Si cette vente prive la ville d’importants revenus issus des péages*, elle impose une contrepartie importante à l’hôpital Saint-Nicolas : celui-ci s’engage à entretenir les ponts et à les reconstruire en pierre à partir de 1289. Bien que disposant des confortables revenus issus des péages*, l’hôpital Saint-Nicolas peine à tenir ses engagements. La reconstruction des ponts prend du retard. La ville bien que fortement endettée et dépendante de l’hôpital doit le rappeler à l’ordre à de multiples reprises. L’hôpital Saint-Nicolas met en place un système d’adjudication : les péages* du pont des Morts et du pont Thiffroy sont revendus pour des durées déterminées à des particuliers. L’institution religieuse en tire de confortables revenus qu’elle doit réinvestir en partie dans l’entretien et la reconstruction des ponts. Si ce système apparaît dans la comptabilité du receveur de l’hôpital, il n’est cependant pas régulier : les sommes provenant des ventes sont reportées annuellement alors que les dépenses pour la réparation des ponts apparaissent beaucoup plus rarement.
76Conservés aux Archives municipales de la ville de Metz, les comptes des receveurs de l’hôpital Saint-Nicolas se présentent sous la forme de deux recueils qui couvrent une période fragmentaire de 1511 à 1543123. Le premier volume de 1511 à 1520 est le plus intéressant pour une étude des ponts : il présente, en plus des habituelles recettes provenant des différentes ventes, la nature des travaux entrepris sur le pont des Morts et le pont Thiffroy entre 1511 et 1512. Les informations sur ces deux ouvrages viennent ainsi compléter celles provenant des comptes des Gouverneurs des Murs*. La ville a en effet conservé l’entretien du Moyen-Pont, du pont des Basses-Grilles de la Basse-Moselle et des ponts sur la Seille.
3.2. Les chroniques (M. Didiot, P.-M. Mercier)
77Les chroniques fournissent également des indices pour cerner l’histoire de Metz et de ses fortifications. Documents relativement « récents », leur rédaction remontant à la fin du xve et au début du xvie siècle, les renseignements qu’elles contiennent sont toutefois précieux. Il existe peu de sources narratives antérieures ou contemporaines du xive siècle et le poème, intitulé la Guerre de Metz en 1324124, en est un exemple. Ce récit relate le conflit soutenu par les Messins contre les quatre alliés, le roi de Bohème, le comte de Bar, le duc de Lorraine et l’archevêque de Trèves.
78Les Chroniques de la ville de Metz (900-1552) de Jean-François Huguenin publiées en 1838125 ont constitué un des points de départ des recherches d’Historia Metensis. Pour son utilisation, nous renvoyons à la consultation des notes dressées par Auguste Prost sur cet ouvrage et, pour commencer, de consulter l’exemplaire de Huguenin, annoté par Auguste Prost, ou encore celui de Jean-Julien Barbé126. Plus qu’une chronique, l’ouvrage d’Huguenin est une compilation de plusieurs chroniques dont la principale est la Chronique de Jean Praillon qui est, elle-même, une compilation remplie de documents d’archives. En plus de celle de Jean Praillon, Huguenin emploie les textes de Philippe de Vigneulles, Jacomin Husson et de La Hière127, notamment.
79Au xve siècle, les sources narratives messines deviennent plus nombreuses. Citons d’abord la Chronique des Empereurs et Rois de Bohèmes128 écrite vers 1434 par Jacques Desch, un patricien messin. La valeur historique de cette chronique est grande pour l’histoire de Metz de 1384 à 1434. Son auteur s’appuie sur des documents authentiques qu’il reproduit entièrement ou en partie. Comme le démontre Michel Margue, il s’agit d’une chronique impériale, dont l’objectif est de retracer les faits et gestes de la maison de Luxembourg. Pour ce faire, l’auteur constitue un assemblage de textes de natures diverses dédiés aux dynastes luxembourgeois dans lesquels se glissent des textes qui concernent l’histoire de Metz129. L’ouvrage de Jacques Desch présente trois temps : celui de la dynastie luxembourgeoise, celui de la communauté urbaine, mettant l’accent sur les actions militaires et les activités diplomatiques de Metz, et celui des pérégrinations de l’auteur.
80La Chronique dite du doyen de Saint-Thiébault130 est datée du milieu du xve siècle. Deux textes la composent : un Abrégé du règne de Charles VII, en date de 1460, dont l’auteur est Jean de Neufchâteau, doyen de Saint-Thiébault et curé de Saint-Simplice. Ce récit sert de prologue à la Chronique de Metz ou Histoire de Metz véritable. Son auteur, Pierre Didier, parfois nommé Pierre de Saint-Dizier131, est curé de la paroisse de Saint-Eucaire. Ce texte relate, sous forme d’annales, les faits survenus dans la ville de Metz de 1231 à 1445, en insistant sur la période allant de 1420 à 1445. L’Histoire de Metz véritable est intéressante, car elle décrit en détail la guerre de la Hottée de Pommes (1428-1430) et le siège de Metz en 1444 par René, duc de Lorraine et roi de Sicile, et Charles VII, roi de France.
81Le Journal de Jehan Aubrion132 date de la seconde moitié du xve siècle et est écrit par un homme, qui n’est pas originaire de Metz, fils d’un marchand nommé Hannes de Morhange. Occupant la fonction d’écrivain de la cité, c’est-à-dire secrétaire et procureur de la ville de Metz, Jehan Aubrion n’a pas d’ambition historique ni littéraire. Citoyen curieux et attentif, il note les nouvelles qui arrivent à Metz et ce qu’il se passe en France, dans les États bourguignons et dans l’Empire133. L’œuvre nous fournit donc des renseignements utiles sur la législation et les règlements municipaux de la seconde moitié du xve siècle (gestion des biens de la cité, des fortifications et des murs de la cité).
82Jacomin Husson, marchand et orfèvre messin, débute sa Chronique134 en 1113, au temps de saint Bernard, et s’arrête à l’année 1518. Succincte, son œuvre se divise en trois parties : jusqu’en 1464, le texte est proche de celui du curé de Saint-Eucaire ; de 1464 à 1501, de son propre aveu, Jacomin Husson a recopié le Journal de Jean Aubrion, dans le but de fournir une suite à cette œuvre ; enfin de 1501 à 1518, son texte est entièrement original. Son ouvrage s’attache surtout aux faits divers de Metz. La Chronique de Jacomin Husson est continuée jusqu’en 1530 par Renaud, fils de François de Gournay, mort le 19 février 1530135.
83Dans un autre style littéraire largement utilisé au Moyen Âge, les Chroniques de la cité de Metz, dites Chronique messine rimée, retracent l’histoire de la ville, de sa fondation légendaire jusqu’en 1525 à travers mille quatre-vingt-dix-huit quatrains136 (fig. 33). Elle est continuée par plusieurs mains à partir de 1528 jusqu’au xviiie siècle. Le manuscrit autographe de cette chronique est conservé aux Bibliothèques-Médiathèques du Metz137. Certains des quatrains de cette chronique concernent la construction de l’enceinte, l’installation de l’artillerie ou l’administration chargée de l’entretien des fortifications. Ainsi, en 1444, elle rapporte le début du chantier mené à la porte des Allemands138. En 1528, la chronique est l’une des rares sources à évoquer l’édification de la fausse braie de la porte des Allemands et la construction de plusieurs tours sur cette portion d’enceinte (dont le moineau* Desch)139. Bien que la Chronique messine rimée se trompe en plaçant la construction de la tour Camoufle en 1444140, cette source apporte de nombreuses informations sur les fortifications de la ville, parfois inédites, qu’il ne faut pas négliger.
Fig. 33 : Extrait des Croniques de la cité de Metz depuis le commencement de la fondacion, et de quelz gentz elle fuit encommencié, et en quelz temps (xvie siècle).

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines, Ms 848, fol. 86v et 87r).
84Quant à Philippe de Vigneulles, celui-ci mérite une place à part parmi les chroniqueurs messins. Sa chronique présente un intérêt historique très important, puisqu’elle met en lumière la conscience historique et politique qui anime l’aristocratie urbaine, la volonté d’ancrer dans le passé la grandeur et l’indépendance de la ville. En 1520, Philippe de Vigneulles met au net les livres I et II puis complète les livres III et IV. Au cours de ce travail, il modifie les divisions du livre IV et rédige le livre V jusqu’en 1525. Le manuscrit autographe de la Chronique, en trois volumes, a disparu en 1944141 ; il avait heureusement été édité en 1927-1933, en quatre volumes, par Charles Bruneau. Il reste aujourd’hui un manuscrit très incomplet de ce qui peut être considéré comme un brouillon142, une copie contemporaine du premier volume, faite par un copiste de métier et revue par Philippe de Vigneulles lui-même143, une copie partielle du xvie siècle provenant de la bibliothèque de Saint-Arnoul144 et des copies et extraits faits à diverses époques. La chronique, divisée en cinq livres, est un document de grande valeur à la fois sur la pratique historiographique en milieu urbain et sur les mentalités de la population. Elle rapporte et analyse les faits et gestes délivrés par la tradition orale et écrite, et dans sa partie contemporaine, Philippe de Vigneulles décrit le quotidien et les événements qui rythment la vie de la cité et annoncent les bouleversements civils et religieux au début du xvie siècle. Concrètement, Philippe de Vigneulles juxtapose histoire messine et histoire générale. Son objectif est de montrer que Metz « participe à part entière à la grande aventure historique de l’humanité, commencée avec l’émigration vers l’ouest des héros bibliques et troyens, poursuivie par la christianisation, les invasions barbares, la grandeur austrasienne et carolingienne et la suite des aventures du monde occidental ». La première partie de la chronique se compose d’une synthèse de documents anciens concernant les origines légendaires de Metz et son antique histoire, ses institutions religieuses et municipales. La deuxième partie est une compilation tirée des chroniques françaises et messines antérieures. Enfin, la troisième partie de l’œuvre est un témoignage de l’auteur qui prouve sa curiosité intellectuelle. La valeur de cette dernière partie est incontestable : « son témoignage est d’une valeur inappréciable ». Philippe de Vigneulles recourt souvent aux sources de première main ce qui fait que son œuvre est très précieuse.
85La Chronique anonyme dite « de Praillon », du nom de son possesseur au xviie siècle, est conservée dans un manuscrit de la bibliothèque municipale d’Épinal. Ce texte, rédigé entre 1543 et 1556, relate les faits survenus à Metz de 1323 à 1497. La valeur historique de cette dernière est certaine. L’auteur fait preuve d’esprit critique et utilise des documents originaux qu’il reproduit parfois.
3.3. Les sources iconographiques (J. Trapp)
86Vues, profils et plans, puis photographies viennent compléter cette documentation déjà abondante. Elle permet notamment de connaître avec plus ou moins de précision le tracé et la configuration de l’enceinte au Moyen Âge. Une démarche régressive a ainsi été adoptée afin de replacer sur le cadastre actuel les ouvrages de cette fortification, en partant des plans les plus récents, puis en utilisant les plans de l’époque moderne. Peu de tronçons ne sont pas renseignés.
87Les premières vues de la ville des xvie-xviie siècles ne sont cependant pas utilisables en l’état, car trop imprécises. Elles nous renseignent pourtant sur la composition générale de l’enceinte. La plus ancienne représentation de l’enceinte de Metz est issue de la chronique de Nuremberg de 1493145 (fig. 34). Toutefois, il s’agit d’une vue qui sert également pour Trèves, Marseille, Padoue et Nicée ; elle est donc inexploitable. De nombreux plans du siège de 1552 par Charles Quint ont été réalisés par les belligérants (français, allemands et italiens). Ce sont les premiers documents fiables quant à la configuration générale de l’enceinte. Mais si l’on peut y reconnaître les portes, ponts et tours de l’enceinte, ils apparaissent comme des croquis assez rapidement exécutés ne respectant pas les proportions de la fortification.
88Entre la fin du xvie et le début du xviiie siècle, plusieurs vues en perspective et profils représentent la ville et son enceinte. Les plus remarquables sont celles de F. Hogenberg146 (1575) (fig. 35), d’A. Fabert (1610)147 (fig. 36), de M. Mérian (1638)148 (fig. 37) et de J. B. Molina149 (1696) (fig. 38). Plus précis que les plans précédents, leur intérêt réside surtout dans la connaissance de la topographie de la ville, avec la trame des rues et les principaux bâtiments. Les éléments de l’enceinte, comme les tours, sont représentés en série.
Fig. 34 : Vue idéalisée de la cité de Metz en 1493 issue de la Chronique de Nuremberg.

(© Bibliothèque d’État de Bavière. Rar. 287).
Fig. 35 : Vue cavalière de Metz vers 1570. Gravure de F. Hogenberg (G. Bruin, Civitates Orbis Terrarum, Cologne, 1575).

Fig. 36 : Portrait de la vile et cité de Metz, copie du plan dit « Fabert » (1610).

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 37 : Vue cavalière de Metz en 1638 par M. Merian

(© Bibliothèque nationale de France. GED- 685).
Fig. 38 : Plan Relevé et tres Exact de la Ville de Metz par J. B. Molina (1696)

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
Fig. 39 : Pianta delle mura, delle fortificazioni e dei ponti (fin du xvie siècle)

(© Archivio di stato di Torino).
Fig. 40 : Plan de Metz comme on le vouloit fortifier en 1630 (

(© Bibliothèque nationale de France. EST VA-57 [4]).
89Certains documents demeurent toutefois exploitables, notamment les plans à vocation militaire. L’un des premiers est réalisé dans la seconde moitié du xvie siècle. Conservé à la bibliothèque de Turin, le Pianta delle mura, delle fortificazioni e dei ponti est relativement précis (fig. 39), d’autant plus que très peu d’éléments médiévaux ont été détruits. Seule la citadelle a été construite en 1560-1561. Il en est de même pour le Plan de Metz comme on le vouloit fortifier en 1630150 (fig. 40).
Fig. 41 : Profil de la ville de Metz, par S. Le Clerc (fin du xviie siècle)

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
90Mais les documents les plus intéressants demeurent les profils de la ville par S. Le Clerc151 (fin du xviie siècle) (fig. 41) et celui d’I. Silvestre152 (1667) (fig. 42) qui présentent les premières vues en élévation de certains éléments de la fortification. Toutefois, ils ne représentent que les parties méridionales et orientales de la ville.
Fig. 42 : Profil de la Ville de Metz en Lorraine : veue du coste de la porte Mazel en 1667 par I. Silvestre

(© Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole).
91Les sources les plus précieuses sont les premiers plans cadastraux du xviiie siècle. Grâce aux améliorations techniques pour les relevés topographiques, ceux-ci nous renseignent avec une précision au mètre près de la position des éléments de l’enceinte. Le plus important est le plan de 1738, dit de « Belle-Isle »153, du nom du gouverneur des Trois-Évêchés qui a fait réaliser de nombreux travaux d’urbanisme (fig. 43). Ce plan a l’avantage de présenter les fortifications avant les grandes modifications de la seconde moitié du xviiie siècle. Ces données sont confirmées par les plans-projets de fortification de la même période (fig. 44).
92Un dernier plan cadastral a servi de base pour cette étude : le plan cadastral de 1870, dit « Maurice ». Il représente certains tronçons avant leur destruction au début du xxe siècle154. Tous ces plans permettent de connaître le tracé précis de l’enceinte du Moyen Âge.
93Enfin, une autre source iconographique, plus récente, a permis de connaître l’état de la fortification médiévale avant sa destruction : la photographie. Le Musée de La Cour d’Or conserve une centaine de clichés sur plaques de verre témoignant des destructions d’une partie du front de Seille, à l’est, entre 1904 et 1907. On doit cette campagne photographique à Johann Baptist Keune, directeur des Musées de Metz entre 1899 et 1918. Grâce à cette démarche documentaire, la configuration de certains éléments aujourd’hui disparus est connue.
94Toutefois, malgré cette documentation relativement abondante, certains secteurs de l’enceinte urbaine de Metz sont très peu documentés. L’implantation de la citadelle au milieu du xvie siècle dans le sud-ouest de la ville et l’installation de remparts de terre au xviie-xviiie siècles un peu partout empêchent de bien connaître l’implantation précise de certains éléments, comme les tours.
Fig. 43 : Plan cadastral dit « de Belle-Isle » (1738)

(© Bibliothèques-Médiathèques de Metz / Département Patrimoines).
Fig. 44 : Projets de fortifications dans le quartier de Saint-Thiébault, près du couvent des Augustins (1738)

(© Archives municipales de Metz).
Notes de bas de page
1 Pour notre propos, lorsque la zone d’extraction du calcaire n’est pas clairement localisée on privilégiera le terme générique de « calcaire de Jaumont ». En ce qui concerne les pierres du sommet du mont Saint-Quentin, le terme de calcaire à polypiers sera employé.
2 Parnajon 1846.
3 Prost 1865 ; Prost 1875.
4 Prost 1879-80.
5 Wolfram 1897 ; Wichmann 1909.
6 Toussaint 1948.
7 Schneider 1950.
8 Thiriot 1970.
9 Wagner 2003.
10 Henigfeld et Masquilier 2008.
11 Thion 1987.
12 Filippo 2000.
13 Seilly 1989.
14 Henrotay 1992.
15 Kuchler 1999.
16 Brkojewitsch 2012 et 2013.
17 Brkojewitsch 2013, p. 283-314.
18 Dreier 2014.
19 Brunella et alii 1992 ; Flotté 2005.
20 Faye et alii 1990.
21 Fichtl et alii 2005.
22 Fichlt 2000a.
23 Fichtl 2004.
24 Fichtl 2000b.
25 Féliu 2008.
26 Fichtl 2002.
27 Olivier 2006.
28 Bressoud 2003.
29 Ibid.
30 Faye et alii 1990.
31 Ibid.
32 Ibid.
33 Ibid.
34 Fichtl 2010.
35 Faye et alii 1990.
36 Heijmans 2006 ; Lefebvre 2008 ; Waton 2011.
37 Alix, Gébus, Gama, Georges-Leroy et Thion 2009, p. 7.
38 Hatt 1958, p. 328-329.
39 Gama 2011.
40 Venance Fortunat, Poésies, livre III, 13 : « Doublement fortifiée et par tes murs et par ton fleuve, ô Metz, tu tires cependant ta principale force du mérite de ton évêque. » ; livre X, 9 : « Rencontrant les rois au lieu où s’élèvent les puissantes murailles de Metz (Mettica moenia) […] je reçois l’ordre de naviguer à la rame sur la Moselle. »
41 Frédégaire, Chronique, livre II, 60 : « […] Fortifiant ensuite toutes les cités de Germanie, il (le roi des Vandales Chrocus) parvint à Metz (Mettis), le mur de la ville s’écroula pendant la nuit à cause d’une tempête divine et la ville fut prise par les Vandales. »
42 Sigebert de Gembloux 2015, p. 35 : « J’admire ces murs menaçants, construits en pierre de taille, difficiles à rompre, inexpugnables à l’ennemi ; car le mur est défendu par un glacis escarpé, et celui-ci l’est par deux fleuves. À ces défenses du dehors s’ajoute celle d’un rempart intérieur. Où la nature fait défaut, la main et l’art de l’homme ont suppléé à son insuffisance. Je mesure la largeur des fossés, et je m’étonne de leur développement en longueur. Je contemple les tours et il me semble être en face des remparts de Babylone. »
43 Plan terrier de la ville de Metz, dit Plan Maurice, commencé en 1866, BM Metz ; Cadastre moderne des années 1900-05, mis à jour jusque dans les années 1980, Archives municipales de Metz et Service de la Documentation géographique, Metz.
44 Pierre Mendel, « Les atours de la cité de Metz », op. cit., notamment juillet 1234, p. 428, n° 46 ; mars 1235, n° 47 ; décembre 1280, p. 434, n° 84, n° 85.
45 Vigneulles 1927, I, p. 334.
46 Ibid., p. 11.
47 Berlin Staatsbibliothek, ms lat. 480, f° 2v.
48 Wolfram 1901.
49 Une série de plaques de verre conservées au Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole montre la découverte de blocs en remploi le 30 octobre 1908.
50 Une série de stèles gallo-romaines constituant les fondations de l’enceinte a été découverte.
51 Baltus 1756, p. 149.
52 Vigneulles 1513.
53 Clément 1938.
54 MAM 1859, p. 405.
55 Flotté 2005, p. 163.
56 Baltus 1756, p. 46.
57 Ibid., p. 81-82.
58 Pernot 2009.
59 Hydace 1974, XI, p. 26 : « Gens Hunnorum… depraedatur provincias Galliarum… in campis Catalaunicis haud longe de civitate quam effregerant Mettis aperto marte confligens divino caesa superatur auxilio… » (Les Huns… pillèrent les provinces des Gaules… Aux Champs Catalauniques, près de Metz qu’ils avaient prise, les Huns furent taillés en pièces, avec l’aide de Dieu…).
60 Grégoire de Tours 1963 et 1965, p. 87 : « Igitur Chuni a Pannoniis egressis ut quidam ferunt, in ipsa sancti Paschæ vigilia ad Mettensem urbem reliqua depopulando perveniunt tradentes urbem incendio et populum in ore gladii trucidantes ipsosque sacerdotes Domini ante sacrosancta altaria perimentes… » (Les Huns étant sortis de la Pannonie vinrent, dépeuplant le pays, à la ville de Metz, où ils arrivèrent… la veille du saint jour de Pâques. Ils livrèrent la ville aux flammes, passèrent les habitants au fil de l’épée et égorgèrent même les prêtres du Seigneur devant les autels sacrés).
61 Venance Fortunat, III, 12 (Mosella) » ; Monumenta Germaniae historicae, Auctores Antiqu. IV, 1, p. 41.
62 Schneider 1950, p. 27.
63 Toussaint 1948 : le plan est encarté dans l’inventaire des découvertes archéologiques faites à Metz du xvie au milieu du xxe siècle.
64 Jolin 1975, p. 36-38.
65 L’étendue du « faubourg Saint-Étienne » se confond exactement (jusqu’en août 1453, date de la suppression de Saint-Hilaire à Xauleur et du partage de son territoire entre les paroisses limitrophes) avec celle de la paroisse Saint-Victor (église située rue au Blé qui ne disparaît qu’au début du xixe siècle avec l’achèvement du Marché couvert).
66 Meurisse 1634, p. 300 : « … Capellam unam, intra muros Mettis civitatis, in honore Sancti Victoris consecratam… »
67 Tabouillot et François 1769, I, p. 167 : ce même mur, mis au jour une première fois en 1724, avait alors été interprété comme un mur antique.
68 L’extrémité nord du mur du xe siècle s’appuyait sur une structure qui subsista jusqu’au percement de la rue des Jardins (1754) (plan de 1738, dit « plan Belle-Isle », cul-de-sac de la petite citadelle).
69 Ledain 1875.
70 Ce système, bien décrit par Vitruve, n’est pas inédit. Il a déjà été étudié dans plusieurs villes des Gaules : Langres, « Faubourg de Louot » (Thévenard, 1992) ; Lyon, « Rue des Farges » (Desbat, 1974-1980). Il a également été reconnu à Metz sur le site de l’« Ancienne Chambre des Métiers » où il est daté d’entre 85 et 130 (de Filippo, 2000).
71 Conférence donnée sous les auspices de la Société des Amis des Arts et du Musée de La Cour d’Or, au Grenier de Chèvremont, le 10 septembre 2015.
72 Vigneulles 1933, IV, p. 137 : « En octobre 1512 fut érigé, à la place d’une vigne et des degrés qui menaient vers Saint-Hilaire, un gros mur de soutènement pour agrandir, vers Anglemur, la place qu’on dit « Sur-Saint-Hilaire », laquelle par avant ne venait que jusques aux ormes : et y avait en ce lieu, en un pendant, une vigne appartenant à seigneur Nicolle Remiot avec des degrés qui autrefois avoient servi à la paroisse de Saint-Hilaire, avant que l’abbaye y fut ». La terrasse c’est-à-dire « la place, qu’on dit sur Saint-Hilaire », soutenue du côté ouest par un gros mur est signalée sur le plan du siège de Metz (1553) : « L’église de Saint-Symphorien, et une terrasse en façon de plateforme tout joignant, qui commande sur la plaine, par delà la rivière de Moselle ». Au-delà de la porte d’Anglemur en direction du sud, la pente comprise entre l’enceinte antique et la fausse braie est plantée en vignes. Il s’y trouve notamment, dès avant 1330, la vigne des nonnains de Saint-Pierre (censier de la cathédrale) qui perdure jusqu’en 1562, selon le Mémoire de tout ce qui c’est passé à la démolition du lieu ou est la citadelle, le Clos Saint-Pierre comptait neuf jours de vignes, soit 3 hectares, bien envignés et en bon état, mais gâtées depuis trois ans (1559) et mises au rempart.
73 Schneider 1950, p. 29 : la paroisse existe déjà en 1188 ; Clément III en confirme le patronage à Saint-Martin-devant-Metz. Ce droit n’étant pas mentionné dans la charte de confirmation de Bertram de 1186, c’est entre 1186 et 1188 qu’il convient de placer l’érection de cette église. L’abbaye Saint-Martin y possédait une cour « Hôtel St-Martin-en Anglemur » (Bans de tréfonds*, 1262, 97).
74 Le cadastre antérieur à la rénovation du quartier dans les années 1970 met en évidence un tracé circulaire de 80 m de diamètre environ, pouvant correspondre à l’empreinte d’un système défensif.
75 Weidemann 1970, p. 147-171
76 Toussaint 1948, p. 91, n° 247
77 Schneider 1950, p. 34, note 35 : « … mansum unum, infra murum Mettis civitatis, ad Termas vocato loco ».
78 Ibid., note 33 : en 1216, le rachat d’un cens sur une vigne de l’abbaye est justifié par le fait « qu’on y mettait la main » ; Mendel 1932, p. 433 n° 77 : dans un acte de janvier 1268, le mur est dit passer dans les vignes de Saint-Vincent, derrière l’abbaye.
79 Mendel 1932, p. 426, n° 38.
80 Ibid., p. 435 n° 86 : Vente à l’abbaye Saint-Vincent de « toute la terre ke geist de fuers la porte ke siet en Franconrue ».
81 Schneider 1950, p. 34, note 35.
82 Ibid., p. 43-44.
83 Brkojewitsch, Dreier, Marquié 2015, p. 185-188.
84 Huguenin 1838, d’après Praillon, p. 601 : du bas latin vicus novus : nouvelle rue ou nouveau quartier (cf. Le Vésinet, 704), le nom apparaît pour la première fois dans la liste stationnale de carême du milieu du viiie siècle, situant l’église Saint-Supplice (Saint-Simplice) in viciniolo, évolue au Moyen Âge en Vésignuel, Vésigneul, Visigneul, Vésigneuf. En 1494 est citée la rue du Change « c’on dit en Vezegneuf ».
85 Schneider, p. 31 et note 15.
86 L’église Saint-Martin est dite « in muro civitatis » dans la liste stationnale du viiie siècle ; quatre siècles plus tard, le moine Richer dans « Laude urbis metensis » vers 1135, cite « stans medius portis Martinus floret in hostis ».
87 Schneider 1950, p. 31-32.
88 L’état des circonscriptions paroissiales, vers 1560 figure sur certains exemplaires du « Portrait de la Ville et Cité de Metz », publié dans Abraham Fabert, Voyage du Roy à Metz, Metz, 1610, et par Bourgeat et Dorvaux 1907.
89 Tabouillot et François 1769, III, Preuves, p. 189.
90 Baltus 1974, p. 65 : « année 1739… dans la partie du rempart ancien qui joignait, à gauche en sortant de la ville, le château de l’ancienne porte Saint Thiebault, on a trouvé un peu au dessous du niveau de la rue, les restes d’une église, un pavé à terre, un ciment à terre, un massif avec sa pierre de table d’autel, des espèces d’épitaphes attachées à des restes de murailles, des niches, quelques petites figures et autres restes de chapelle. On a présumé que c’était une partie de l’ancienne église des Augustins, d’autres ont pensé que c’était l’église de Saint-Thiebault. » Le procès-verbal de la visitation* des murs de 1511, « Item de faire repourgitter (recrépir) les gros murs dedens le refroidur des Augustins », confirme qu’à cet endroit, le mur d’enceinte traversait la maison des Augustins au point qu’il formait l’un des murs du réfectoire.
91 Cartulaire de Saint-Thiébault dans Tabouillot et François 1769, III, p. 162 et Schneider 1950, p. 33.
92 Schneider 1950, p. 33.
93 Ibid., p. 35.
94 Rigaudière 1985, p. 19.
95 Bernot 1995, note 21.
96 Humbert 1961.
97 Klipffel 1863, p. 180.
98 Wichmann 1908-1916. À ces premiers travaux sur les bans s’ajoutent des travaux universitaires dont voici les références : Dosdat 1980 ; Lunesu 1997 ; Goy 2002 ; Kraemer 2001 et Lap et Sabouraud 2000.
99 Prost 1880, p. 80-81, n° 2 : « au point de vue de l’histoire spéciale de l’institution des prises de bans qui nous intéresse plus particulièrement ici, cette perte à moins d’importance ». [Il est question de la perte de trois cents rôles de bans].
100 ADM, 7F59, 5 pièces.
101 Paul Ferry, II, fol 297v et Bégin 1829, p. 335-336.
102 Tabouillot et François 1769, VI, p. 69-70.
103 Ibid., p. 676-678.
104 Catalogue des manuscrits et documents originaux relatifs à l’histoire de la ville de Metz et du pays messin : depuis le viie siècle jusqu’au xviiie provenant du cabinet de feu comte Emmery, Librairie Lecouteux, Metz, 1850, pp. 213-214, pièce n° 1017 : visitation* effectuée par les Sept des Murs (dont Nicole de Heu) et les Gouverneurs des Murs* le 23 juillet 1503.
105 AMM, CC 25 (3), fol 33v.
106 AMM, CC 28 (2), fol 40v.
107 ADM, 7F59.
108 AMM, CC 25 (3), fol 33v.
109 BnF, NAF 22717.
110 AMM, EE 26 : 2 mai 1463 au 15 janvier 1464 ; AMM, EE 27 : 7 avril 1469 au 17 avril 1470 ; AMM, EE 28 : 4 mai 1470 au 20 avril 1471 ; AMM, EE 29 : A) 4 juin 1479 au 26 avril 1480 ; AMM, CC 612 (20) : 4 septembre 1484 au 9 octobre 1484 (compte incomplet), AMM, EE 29 B : 2 octobre 1489 au 30 avril 1491 ; AMM, EE 30 : 11 juin 1491 au 11 mars 1493 ; AMM, CC 616 : 1er mars 1494 au 14 mars 1495; AMM, EE 31 : 5 mars 1502 au 4 mars 1503 ; AMM, EE 32 : 9 mars 1504 au 1 mars 1505 ; BnF, NAF 22717 : 14 mars 1506 au 6 mars 1507 ; AMM, EE 33 : 14 mars 1507 au 19 février 1508 ; AMM, EE 34 : 10 mars 1509 au 9 mars 1510 ; AMM, EE 35 : 1er avril 1525 au 17 mars 1526 ; AMM, EE 36 : 1er juillet 1542 au 24 juin 1543.
111 Catalogue des manuscrits et documents originaux relatifs à l’histoire de la ville de Metz et du pays messin : depuis le viie siècle jusqu’au xviiie provenant du cabinet de feu comte Emmery, Librairie Lecouteux, Metz, 1850, pièce 1017, p. 213.
112 Ibid.
113 Ibid., p. 218.
114 AMM, EE 37, 1417-1418.
115 AMM, EE 37 (45 pièces).
116 Comptes conservés : du 2 février 1417 au 2 février 1418 ; du 2 février 1446 au 2 février 1448 ; du 2 février 1452 au 2 février 1454 ; du 2 février 1458 au 2 février 1460 ; du 2 février 1461 au 2 février 1462 ; du 2 février 1467 au 2 février 1468 ; du 2 février 1473 au 2 février 1474 ; du 2 février 1476 au 2 février 1481 ; du 2 février 1485 au 2 février 1488 ; du 2 février 1489 au 2 février 1501 ; du 2 février 1504 au 2 février 1505 ; du 2 février 1516 au 2 février 1517 ; du 2 février 1518 au 2 février 1521 ; du 2 février 1522 au 2 février 1525.
117 AMM, CC 2 (1).
118 AMM, CC 1 (1-12) et CC 65 (1-3).
119 AMM, CC 1 : 2 février 1408 au 30 juin 1413 ; AMM, CC 2 : du 20 octobre 1413 au 5 novembre 1416 ; AMM, CC 3 : 15 décembre 1416 au 19 février 1420 ; AMM, CC 4 : du 19 février 1420 au 16 août 1423 ; AMM, CC 5 : du 25 février 1423 au 4 juillet 1427 ; AMM, CC 6 : du 28 juin 1430 au 11 mai 1436 ; AMM, CC 7 : du 11 mai 1436 au 30 juin 1439 ; AMM, CC 8 : du 29 août 1439 au 17 avril 1444 ; AMM, CC 9 : du 17 avril 1444 au 23 mai 1449 ; AMM, CC 10 : du 23 mai 1449 au 14 août 1453 ; AMM, CC 11 : du 14 août 1453 au 9 mai 1457 ; AMM, CC 12 : du 9 mai 1457 au 9 février 1461 ; AMM, CC 13 : du 13 février 1461 au 19 mai 1466 ; AMM, CC 14 : du 19 mai 1466 au 19 juin 1472 ; AMM, CC 15 : du 19 juin 1472 au 21 août 1478 ; AMM, CC 15 bis : du 7 août 1478 au 20 octobre 1488 ; AMM, CC 16 : du 22 octobre 1488 au 23 juin 1490 ; AMM, CC 17 : du 23 juin 1490 au 23 juin 1494 ; AMM, CC 18 : du 23 juin 1494 au 23 juin 1500 ; AMM, CC 19 : du 23 juin 1503 au 26 décembre 1504 ; AMM, CC 20 : du 4 janvier 1504 au 25 juin 1509 ; AMM, CC 21 : du 23 juin 1509 au 23 juin 1513 ; AMM, CC 22 : du 10 janvier 1514 au 23 juin 1516 ; AMM, CC 23 : du 23 juin 1516 au 30 novembre 1519 ; AMM, CC 24 : du 5 décembre 1519 au 23 juin 1521 ; AMM, CC 25 : du 23 juin 1522 au 23 juin 1525 ; AMM, CC 26 : du 23 juin 1525 au 23 juin 1527 ; AMM, CC 27 : du 23 juin 1527 au 23 juin 1530 ; AMM, CC 28 : du 23 juin 1531 au 23 juin 1534 ; AMM, CC 29 : du 23 juin 1531 au 23 juin 1534 ; AMM, CC 30 : du 23 juin 1551 au 23 juin 1552.
120 AMM, CC 65 : du 17 octobre 1407 à 1427 (les comptes des années 1408 à 1411, de mai à octobre 1412 et des années 1414-1415 sont manquants) ; AMM, CC 66 : du 11 mai 1436 au 7 avril 1440 (le compte de 1437-1438 est manquant) ; AMM, CC 69 : minutes 1442-1446 ; AMM, CC 70 : minutes 1446-1451 ; AMM, CC 71 : minutes 1451-1454 ; AMM, CC 72 : 14 juin 1454-20 janvier 1455 ; AMM, CC 73 : du 7 avril 1441 au 13 février 1461 ; AMM, CC 77 : du 13 février 1461 au 21 août 1478 ; AMM, CC 79 : du 27 octobre 1488 au 23 juin 1492 ; AMM, CC 80 : du 23 juin 1491 au 26 octobre 1504 (les comptes des années 1501 à 1503 sont manquants) ; AMM, CC 81 : du 4 janvier 1505 au 23 juin 1513 ; AMM, CC 82 : du 10 janvier 1513 au 23 juin 1519.
121 Mendel 1932, p. 311.
122 Tabouillot et François 1769, III, p. 224-225.
123 AMM, CC 288 (1511-1520) ; AMM, CC 289 (1542-1543).
124 Anonyme 1875.
125 Huguenin 1838.
126 BnF, NAF, 4883, un manuscrit d’A. Prost dont la plus grande partie concerne l’ouvrage de Jean-François Huguenin ; il en donne les tables de concordance avec les originaux. L’exemplaire de Huguenin annoté par Auguste Prost, est à la BnF, cabinet des Manuscrits imprimés no 4894. Aux Archives municipales de Metz, sous la cote CB 234, l’exemplaire de Jean-Julien Barbé, annoté d’après le travail d’A. Prost.
127 Annales de Metz tirées des écrits du sieur Simon de La Hière et de plusieurs autres auteurs, pour ce qui concerne les premiers temps, continuées par Jean Aubrion et par son neveu, et enrichies de quantité de notes du savant Paul Ferry, 1778.
128 Desch 1906.
129 Margue 2011, p. 285.
130 Marot 1926.
131 Wagner 2011, p. 164.
132 Aubrion 1857.
133 Paulmier-Foucard 2011, p. 232-233.
134 Husson 1879, 360 p.
135 Prost 1858-1859, p. 228.
136 Plyer 2011, p. 174.
137 Ibid., ms. 848.
138 Ibid., ms. 848, f° 79v : « Item année apres tout tellement/ A la porte des Allemans/ Fuit le bellavarth commenciez/ Et hos de la terre eshaulciez »
139 Ibid., ms. 848, f° 100r : « En celuy an consequentment/ depuis la porte aux allement/ descendant pres du pont Rengmont/ on y fist ouvraiges ung grant mont/ De fortes et espesses muraille/ de bize pierres aussy de taille/ boullewarte et tours defensables/ contre tous ennemys nuysables. »
140 BM Metz, ms. 848, f° 79v : « Quant celle guerre mallaisié ? fuit desoin couroux rapaisié/ Comme ung serpent met sur sa rouffle/ A dans fist ons la tour Stoumouffle/ Sens eppargnier traval ne painne/ Fist en fonder au champpanpanne/ Celle tour pour bonne deffence/ Apres celle guere de france ».
141 BM Metz, ms 838-840.
142 ADM, provenant de la collection Emmery.
143 BM Épinal, ms 34.
144 BM Metz, ms 842.
145 Nuremberg. Bibliothèque d’État de Bavière. Rar. 287.
146 BM Metz.
147 Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole.
148 BnF.
149 Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole.
150 BnF. EST-VA-57 (4).
151 BM Metz.
152 AMM.
153 BM Metz.
154 Ville de Metz.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
D’un regnum à l’autre. La Lotharingie, un espace de l’entre-deux ?
Tristan Martine et Jessika Nowak (dir.)
2021
Le geste et la trace
Actes du deuxième colloque international - 19, 20 et 21 juin 2013 - Grand Salon de l’Hôtel de ville de Nancy - Place Stanislas
Francis Janot, Denis Morin et Gérard Giuliato (dir.)
2015
Fortification et artillerie en Europe autour de 1500 : le temps des ruptures
Actes du colloque international organisé les 11 et 12 décembre 2015 à Epinal et à Châtel-sur-Moselle
René Elter et Nicolas Faucherre (dir.)
2018
Le "Château des Armoises" à Richardménil (XIVe-XVIIe siècle)
Archéologie d’une maison forte lorraine
Gérard Giuliato (dir.)
2007
L’Austrasie
Sociétés, économies, territoires, christianisation
Jacques Guillaume et Édith Peytremann (dir.)
2009
La nécropole médiévale du Mont Saint-Germain (VIe-XVe siècle) à Châtel-Saint-Germain (Moselle)
Jacques Guillaume et Claude Lefebvre (dir.)
2011
Le Château de l’Avant-Garde à Pompey (tome 1)
Céramiques et Verres du Moyen Âge et de la Renaissance
Gérard Giuliato (dir.)
2010