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    Plan détaillé Texte intégral Remiremont et Saint-Dié : deux villes nées d’une abbayeÉpinal, Bruyères et Raon : des Bourgs castralisésConclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Morphogenèse et évolution des petites villes vosgiennes du versant lorrain au Moyen Âge

    Charles Kraemer

    p. 207-238

    Texte intégral Remiremont et Saint-Dié : deux villes nées d’une abbayeRemiremontSaint-DiéÉpinal, Bruyères et Raon : des Bourgs castralisésÉpinalBruyèresRaon-l’ÉtapeConclusion Bibliographie Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1S’il est, en Europe occidentale, un phénomène avant tout médiéval, c’est bien celui de l’émergence des villes. Elles existent, certes, bien avant cette période, dès l’Antiquité, définissant ce que les historiens ont appelé le premier réseau urbain. Dans le Grand-Est, celui-ci se réduit aux chefs-lieux des cités gallo-romaines : Metz, Toul, Verdun, Besançon, Langres et Strasbourg, qui deviendront, au Moyen Âge, le centre des diocèses et qui sont, pour la plupart, devenus de grandes métropoles régionales. Il s’agit donc d’un réseau lâche, à peine gonflé de quelques agglomérations dites secondaires, les vici comme Deneuvre, Escles, Grand, pour ne citer que des exemples vosgiens qui, lorsqu’ils existent encore, sont bien souvent restés figés à l’état de villages, au mieux de petits bourgs ruraux.

    2Dès le xe siècle, l’essor économique et l’explosion démographique des campagnes président à la mise en place de nouveaux centres de peuplement dont certains sortent du lot pour constituer, peu à peu, ce qu’il est désormais commun d’appeler le second réseau urbain.

    3« Forme la plus complexe d’interdépendance entre les hommes », la ville médiévale, pour reprendre la description qu’en donne Jacques Le Goff1, est :

    « d’abord une société foisonnante, concentrée sur un petit espace au milieu de vastes étendues faiblement peuplées. C’est ensuite un lieu de production et d’échanges où se mêlent l’artisanat et le commerce alimentés par une économie monétaire. C’est aussi le centre d’un système de valeurs particulier d’où émergent la pratique laborieuse et créatrice du travail, le goût pour le négoce et l’argent, le penchant au luxe, le sens de la beauté. C’est encore un système d’organisation d’un espace clos de murailles où l’on pénètre par des portes et chemine par des rues et des places et qui est hérissé de tours ».

    4L’existence de défenses urbaines, qui délimitent un espace doté d’un certain nombre de fonctions, constitue donc, pour bon nombre d’historiens et d’archéologues, une des douze caractéristiques qui permettent de classer parmi les villes certaines des agglomérations médiévales. Les plans de voirie, l’existence d’un marché, d’un atelier monétaire, d’un centre judiciaire, d’une charte de franchise – entendons les droits, privilèges, libertés accordés par un seigneur à un groupe d’habitants, qui leur confèrent le statut de bourgeois – mais aussi la position géographique, une économie diversifiée, un parcellaire et une architecture caractéristiques, une différenciation sociale voire le nombre d’habitants, en sont d’autres qui, pris individuellement ne suffisent cependant pas à faire d’un noyau de peuplement une ville en gestation.

    5Selon Jean-Luc Fray, spécialiste de ces questions pour l’espace lotharingien et ses zones limitrophes, le second réseau urbain n’est autre qu’un réseau intercalaire qui s’insère dans le premier selon une hiérarchie mesurée à partir des critères de centralité d’une bourgade qui se manifestent par le biais de fonctions attractives à caractère religieux, administratif, judiciaire, économique sur un territoire plus ou moins vaste. Pour l’Est du département des Vosges, autrement dit pour la région qui, peu ou prou, correspond aux limites du massif cristallin vosgien enveloppé de sa gangue gréseuse, il ne retient comme lieux centraux que cinq agglomérations : Remiremont et Épinal sur la Moselle, Bruyères sur la Vologne, Saint-Dié et Raon-l’Étape sur la haute Meurthe2. C’est de ces cinq villes vosgiennes nées d’une structure de commandement, abbaye ou château, ou conjointement des deux, dont il va être question. Après avoir brossé à grands traits leur histoire, puis présenté leur morphologie au moyen de sources iconographiques anciennes, nous nous attacherons à en discerner les principales phases chronologiques en s’adossant sur les données archéologiques lorsqu’elles existent et sur une lecture des unités de plans – parcellaire, réseau viaire, îlots d’habitation – et des formes qui se dégagent de l’examen du cadastre napoléonien.

    6Ce document, établi au début du xixe siècle afin de répartir la constitution foncière, fournit les premiers plans géométraux fiables qui offrent, entre autres avantages pour l’historien-archéologue, celui d’avoir fossilisé l’état du milieu, rural et urbain, des premières décennies du xixe siècle, c’est-à-dire avant l’industrialisation, l’urbanisation, la mise en place des réseaux ferroviaires et routiers, les remembrements et la mécanisation agricole. Ils représentent donc un authentique état d’ancienneté des paysages, certains pouvant même dater du Moyen Âge, à en juger par leur stabilité. Ainsi, si l’on considère, comme Robert Fossier, « qu’aucune rupture profonde ne nous sépare des temps antiques, qu’aucune non plus n’isole le Moyen Âge du xxe siècle »3, il nous faut bien admettre qu’ils constituent, plus encore que la photographie aérienne d’une campagne contemporaine, de véritables documents d’histoire médiévale.

    7Chaque plan peut fournir, en effet, des informations particulières qui dépendent naturellement du type de recherche. Trois types de renseignements sont utiles à l’archéologue selon qu’il s’intéresse aux monuments, à la morphogenèse des habitats, au peuplement ou à l’évolution des paysages. Ils fournissent grâce à des anomalies du parcellaire ou des formes caractéristiques, une localisation et/ou une configuration précises de sites disparus au moment de leur confection ; ils livrent également des noms de lieux parfois évocateurs, des structures bâties ou de la gestion et de l’occupation du sol. Sans s’attarder sur l’historiographie de cette démarche marquée par des travaux récents4, il convient de rappeler qu’au début du xxe siècle, déjà, Marc Bloch5 et ses collègues de l’École des Annales, privilégiant les recherches sur la longue durée et défendant l’idée que le fait humain, historique et économique, contribue à forger les paysages et influencer la géographie, défendaient cette idée de l’exploitation régressive des plans parcellaires et cadastraux. De là à l’appliquer à la ville, il n’y avait qu’un pas à faire qui caractérise l’œuvre de Pierre Lavedan6.

    Remiremont et Saint-Dié : deux villes nées d’une abbaye

    8À partir du ve siècle, le monachisme participe amplement à l’évangélisation de la Gaule dans le Sud, le long du Rhône, de la Saône et sur leurs marges, mais aussi dans l’Ouest avec les premiers établissements martiniens de Poitiers et de Ligugé. Il se met alors en place, généralement sous le contrôle de l’évêque, dans les chefs-lieux de diocèse, autrement dit dans les centres administratifs de la Gaule romaine. Il s’agit donc, pour l’essentiel, d’un mouvement urbain ou périurbain, qui se développe à partir de lieux de culte initialement installés à proximité de cimetières antiques et qui contribue à faire de la ville, telle qu’elle est alors pensée, une ville sainte7. Dans l’Est de la France, on le trouve associé à des sépultures épiscopales des ive, ve et vie siècles bien qu’elles ne soient, pour la plupart, pas signalées avant le début du viie siècle8. C’est à cette période aussi qu’apparaissent les premières abbayes rurales adeptes de Colomban, qui essaiment sur des domaines d’aristocrates francs ou sur des terres démembrées du fisc royal. Ainsi, entre 590, date de la fondation de Luxeuil et les premières décennies du viiie siècle, période d’essoufflement du mouvement monastique avant qu’il ne soit repris en main et réformé par le pouvoir carolingien, pas moins d’une quinzaine d’abbayes sont créées dans ou à la périphérie du massif vosgien. Elles sont installées, en dépit de leur recherche du « désert », à l’entrée des principales vallées, dans des espaces sans doute sous-peuplés (mais pas inhabités) et participent à la mise en valeur de la montagne. Sur les cinq qui constituent ce qu’il est convenu d’appeler, depuis Jean Ruyr9, la croix monastique des Vosges, deux seulement, Remiremont et Saint-Dié, ont donné naissance à une agglomération urbaine, les autres, Senones, Moyenmoutier et Étival, n’ayant engendré à leur porte que de simples villages restés en l’état jusqu’à l’Epoque moderne10.

    Remiremont

    9Remiremont est, quelques décennies après Annegray, Luxeuil et Marmoutier, la quatrième abbaye du massif vosgien. Elle est initialement installée, vers 620, sur un mamelon granitique escarpé puis transférée à quelques kilomètres de là, au début du ixe siècle, sur la rive gauche de la Moselle et de son affluent, le Fouchot. Située sur une terrasse formée par des dépôts fluvio-lacustres qui domine d’une quinzaine de mètres la vallée de la Moselle, l’abbaye, qui devient un lieu de villégiature11 des empereurs carolingiens aurait succédé à une ancienne métairie forte d’un millier de paysans12. Au xe siècle, alors qu’elle compte parmi les plus importantes de l’empire, elle passe sous la tutelle d’un comte, puis, au milieu du xie, sous celle du duc de Lorraine, Gérard d’Alsace, qui obtient l’avouerie de l’abbesse Oda13. Cette concession se traduit par la mise en place d’un traité de pariage que les ducs successifs s’emploient à transgresser. La tentative, à deux reprises, par le duc Simon Ier, vers 1130, puis, par Ferry II, peu avant 1210, d’établir, aux portes de Remiremont, un château adultérin est symptomatique des velléités d’usurpation de la seigneurie ecclésiastique de Remiremont par les princes lorrains. Contraints par des menaces d’excommunication, l’un et l’autre abandonnent néanmoins leur projet14.

    Figure 1. Emprise territoriale de Remiremont.

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    1 – Abbaye ;
    2 – Emplacement probable du château adultérin des ducs de Lorraine ;
    (DAO : Ch. Kraemer).

    10C’est au cours de cette même période, conjointement aux premiers signes de sécularisation des religieuses, qu’apparaît la première mention d’un burgus15, qualifié de « banlieue », en 121916, puis de vicus Nostrae Dominae apud Romaricum montem17, dans une charte de 1291 qui établit physiquement le lien avec l’église du même nom18. Cette dernière, qui accompagne, avec l’église Saint-Pierre, la fondation monastique au début du ixe siècle, devient paroissiale, en 1157, par autorisation du pape19. La population est dotée, en 1194, d’une charte de franchise que le duc Simon s’engage à ne pas transgresser20, ce que ses successeurs ne cesseront de confirmer. Parmi eux, le duc Ferry assure de sa protection, en 1228, tous ceux qui viendront s’établir21 dans la ville laquelle dispose alors d’une maison-Dieu, signalée en 119122, et d’une foire depuis au moins 120223.

    11Si l’on peut présumer, comme pour d’autres abbayes royales du haut Moyen Âge, que le monastère romarimontain fut fortifié24 dès l’origine, ce qui reste à démontrer, la première mention avérée d’une quelconque défense du quartier abbatial, avec son cloître, ses sanctuaires et son hôpital, date de 1210, lorsque Ferry II s’engage à la respecter25. Munie de plusieurs tours, dont une carrée et une « neuve » signalée en 1342, l’enceinte était percée de trois portes, dont celle dite « du cloitre », qui ouvraient sur un bourg dépourvu de défenses jusqu’en 1366. À cette date, en effet, alors que la guerre de Cent Ans fait rage, le chapitre de dames nobles consent, afin de limiter l’hémorragie démographique due aux fuyards, à ce que la communauté bourgeoise, se dote, à ses frais, d’un système défensif26 – enceinte et fossés – à condition qu’elle en assure l’entretien. Avec ses neuf tours et ses trois portes, celles de la Xavée, au nord, de la courtine, à l’ouest, et de Neuviller, à l’est, cette fortification qui englobe désormais les deux ensembles urbains, séparés toutefois par la muraille initiale, assure l’unité morphologique de la ville jusqu’à sa destruction dans le courant du xviiie siècle.

    Figure 2.1. Plan de Remiremont par Beaulieu (xviie siècle).

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    12Bien que tardifs, deux plans des xviie et xviiie siècles, de facture très différente, permettent d’appréhender la morphologie de la ville et son tissu urbain, sans doute assez proches de la réalité médiévale27.

    Figure 2.2. Agrandissement.

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    13Le plus ancien, extrait de l’atlas des plans et profilz des principales villes du duché de Lorraine28, est un plan géométral de la ville pourvue d’une échelle en toises mais sans indication cardinale. Placée au centre du dessin, elle est resituée dans son contexte environnemental avec la vallée de la Moselle, l’espace agricole circonvoisin qui correspond peu ou prou à la terrasse de limon fluviatile et, sertissant le tout, sur trois côtés au moins, une série de reliefs évoquant les premiers contreforts du massif vosgien. On notera d’emblée, ici, la fausseté de ce document qui représente la Moselle selon un cours correspondant en réalité à celui du Fouchot, son affluent qui alimente en eau les fossés de la ville. Ces douves, sur lesquelles sont disposés quatre batardeaux, doublent la ligne de défense formée par les murailles. Ces dernières dessinent un polygone au tracé irrégulier qui présente quelques excroissances comparables à des bastions caractéristiques des fortifications d’Époque moderne et, par conséquent, de la période de confection du plan. Son périmètre, d’environ 850 toises, soit près de 2,5 km, s’inscrit dans un rectangle de 273 m sur 191 de côté ; il est ponctué de dix tours circulaires – six sur le front nord, une et trois respectivement sur les fronts est et sud –, et de deux portes, celle de France et celle dite des Capucins. L’espace intra muros se partage en deux secteurs. La partie supérieure, en fait la moitié méridionale, regroupe la totalité des édifices capitulaires distribués autour d’une place des Dames. Il s’agit de l’église des Dames, de la chapelle Saint-Nicolas de l’hôpital, et de l’église paroissiale qui est logée dans un redent de l’enceinte urbaine. Les îlots d’habitation sont représentés par des zones rectangulaires grisées de relative petite surface par rapport à celles qui occupent la partie inférieure du plan et qui se répartissent selon un réseau orthogonal en quatre rues : une longitudinale qui relie la porte des Capucins à la place de la ville et trois autres, équidistantes, qui lui sont perpendiculaires et la relient au quartier canonial. La plus longue conduit, de la porte du cloître et de la place de la Ville, à la porte de France. À l’arrière de ces îlots, des espaces arborés traduisent l’existence de jardins ou de vergers périphériques à l’enceinte.

    Figure 3.1. Plan topographique de Remiremont, dressé en 1733 par Joseph Petitarnould. ad 88, 172 j 24-1.

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    14Moins géométrique mais tout autant schématique, le plan chorographique de 1733 est l’œuvre de « Joseph Petit Arnould, sculteur (sic) et géomètre, bourgeois de Remiremont »29. C’est une vue cavalière, ou vue d’oiseau, sans échelle, qui rend compte non seulement de l’élévation des bâtiments mais également de leur nombre et de leur disposition. L’habitat civil est surtout concentré de part et d’autre de quatre rues où les maisons, mitoyennes, sont de deux types : basses à un niveau, ce qui est le cas le plus fréquent ; à étage avec pignon sur rue, ce qui leur donne une allure de maison de ville. Le « cloître » ou quartier abbatial, moins densément bâti, semble néanmoins occuper l’essentiel de l’espace bâti. Il est structuré autour de l’église abbatiale et comprend, à l’arrière du chœur, de vastes bâtiments qui correspondent sans nul doute au palais abbatial reconstruit, à partir de 1756, à l’emplacement de l’hôpital transféré hors les murs, en 1727. Entre cette église, modifiée et agrandie postérieurement à la confection du plan, et la paroissiale détruite en 1803, des maisons, majoritairement non mitoyennes, définissent l’emprise du quartier canonial qui se développe postérieurement à la sécularisation de l’abbaye30. L’ensemble bâti, avec ses jardins périphériques, est contenu dans une enceinte plutôt carrée avec des saillies au niveau de deux des trois portes.

    15On ne sait rien, par les sources écrites, des infrastructures de l’abbaye des premiers siècles ni de son hypothétique installation dans une métairie ou un palais carolingien. L’archéologie, pour autant que les résultats des quelques sondages opérés soient validés lors d’opérations de plus grande envergure, livre cependant quelques bribes d’information. Ainsi, des vestiges d’une construction ont été observés dans le chœur de l’église abbatiale que la datation par procédé radiocarbone a permis d’attribuer à la deuxième moitié du viiie siècle et du début du ixe. Ils pourraient appartenir à une église à nef unique, de 10,75 m de large31, bâtie sur un terrain vierge de toute construction mais avec des matériaux remployés dans la fondation du sol intérieur. Cet édifice aurait subi quelques agrandissements entre le ixe et le xie siècle avant d’être remplacé par une église romane à trois vaisseaux, celle, sans doute, que consacre le pape Léon IX, en 1049, et qui fut amplement modifiée jusqu’à la veille de la Révolution française32. À l’extérieur de l’église, outre des aménagements médiévaux ou modernes (Fig. n° 4) en lien avec l’ancien hôpital (puisard, clôture), le palais abbatial, des maisons de chanoinesses et la salle capitulaire33, de menus sondages réalisés au nord-ouest de la place Henri Utard, autrement dit dans l’enclos du cloître, ont révélé des canalisations aménagées dans et sur le limon en place. Elles sont comparables à celles d’un chauffage par hypocauste qu’il faudrait attribuer, relativement aux quelques rares fragments de poterie céramique recueillis, au haut Moyen Âge plutôt qu’à l’Antiquité tardive. Le caractère résiduel de ces tessons et le fait que ces vestiges soient colmatés par une couche contenant du mobilier de la fin du Moyen Âge et du début de l’Époque moderne invitent pourtant à relativiser ce phasage, d’autant que ce mode de chauffage est toujours utilisé dans les étuves34. Quoi qu’il en soit, cette découverte plaide pour l’existence d’un habitat ou d’un équipement domestique au caractère social élevé.

    Figure 3.2. Agrandissement.

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    16Le cadastre napoléonien n’apporte rien à la compréhension de ces structures enfouies, ni à leur localisation insuffisamment renseignée dans le rapport d’opération qui les a révélées. Il confirme, en revanche, en les précisant, grâce au tracé du parcellaire bâti et non bâti, les ensembles urbanistiques qui ont présidé à la formation et à la morphologie de la ville et, au-delà, à celle du territoire qu’elle administre.

    17Si l’on fait abstraction des quelques hectares gagnés sur les communes bordant la Moselle postérieurement à la réalisation du cadastre, on observe que ce dernier s’inscrit dans une forme de 16 km de périmètre proche du carré (Fig. 1). Ces quelque 1600 ha, dont les limites se calquent grosso modo sur les lignes force du relief d’orientation générale nord-ouest/sud-est et nord-est/sud-ouest, en particulier sur les fonds de vallon et sur le « rang » – talus ou ravin en langage vulgaire – qui matérialise l’extrémité de la terrasse glaciaire, sont enkystés dans un espace plus vaste composé par les territoires de Saint-Nabord et de Saint-Étienne-lès-Remiremont et pourraient en avoir été soustraits. Cette hypothèse n’est pas sans fondement, Saint-Étienne étant le siège avéré d’une des rares paroisses primitives de la région, contemporaine, sinon antérieure35, de l’installation des moniales dans la montagne. La délocalisation de l’abbaye, deux siècles plus tard sur la rive gauche de la Moselle, pourrait être à l’origine de ce démembrement à moins qu’il ne soit contemporain de l’élévation au rang de paroissiale de son église Notre-Dame. Ce territoire, de 100 à 130 manses36, pourrait bien correspondre, aussi, à l’emprise du domaine au sein duquel l’abbaye fut installée.

    Figure 4. Plan des vestiges découverts au cours des fouilles réalisées entre 1990 et 2001 (Infographie Ch. Kraemer).

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    18En bordure et quasiment au milieu de la limite nord-est de ce vaste ensemble (Fig. 5), un sous-espace presque carré d’environ 850 m de côté, l’équivalent de 300 verges définissant une surface de 360 jours, est dessiné par le réseau viaire et le ravin. Le complexe abbatial, église et palais, en occupe le centre géométrique, lequel correspond aussi au centre d’un carré de 205 m (environ 80 verges, soit un quart de manse) qui pourrait correspondre à l’emprise de la clôture primitive. Cette limite, qui passe par le vestige de la porte du cloître, se surimpose aux trois côtés nord, est et sud, de l’enceinte monastique fortifiée. Cette dernière se déduit aisément du parcellaire cadastral. Elle définit un enclos rectangulaire de 205 m nord-sud sur 260 est-ouest, dans lequel, au nord, à l’ouest et au sud de l’abbatiale, s’est développé le quartier canonial, expression de la sécularisation des religieuses, et qui présente quelques anomalies de tracé au niveau de l’église Notre-Dame, notamment, où l’on suppose qu’elle épouse son cimetière périphérique.

    19Au nord de l’enclos monastique, le peuplement pourrait bien s’être développé en deux temps : un premier, antérieur à l’enceinte financée par les bourgeois de la ville, qui se serait agglutiné autour d’une place située au-devant de la porte du cloître et le long de la voie reliant Épinal à Plombières ; un second, postérieur à 1366, qui s’étire, tel un lotissement, en bordure de la route vers l’Alsace, à l’abri de la fortification urbaine qui se raccorde à l’enceinte monastique, ainsi qu’on a pu le déduire des sources historiques. Le cadastre ne laisse plus rien voir des tours et portes qui en ponctuaient le périmètre, long, excroissances comprises au niveau de deux des portes et de l’église Notre-Dame, de près de 1400 m. L’emprise du fossé périphérique, vendu ou acensé en parcelles de jardins dans la courant du xviiie siècle, se déduit également du parcellaire mais sa largeur reste cependant difficile à apprécier.

    Figure 5. Analyse du parcellaire romarimontain à partir du cadastre napoléonien de 1825 : AD 88, 3 P 5323 (DAO : Ch. Kraemer).

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    Saint-Dié

    20Le vaste bassin, de près de 2 km de largeur, cerné de hauts reliefs granitiques et gréseux dans lequel la ville de Saint-Dié s’est développée (Fig. 6), est primitivement connue sous le nom de Juncturae « Jonction » en raison, sans doute, de sa position au confluent de plusieurs rivières torrentielles, dont la Meurthe et la Fave. Il prend le nom de Val de Galilée, lors de l’établissement, par Déodat, quelques décennies après le monasterium Habendum, d’une abbaye royale sur une terre fiscale cédée par Childéric II. Cette fondation, qui préside à l’origine de l’agglomération37, aurait été d’abord installée, au pied du Kamberg sur la rive gauche de la Meurthe où siège encore une chapelle Saint-Martin qui passe pour avoir été un centre paroissial primitif. Rien ne permet de valider ces hypothèses mais la mise au jour de structures datées, grâce à des découvertes monétaires, au plus tard du ive siècle de notre ère, confirme bien l’existence, sur cette rive, d’un noyau de peuplement antérieur à l’abbaye38, peut-être un forum situé au carrefour de deux voies, dont une franchissait le massif, vers l’Alsace39.

    Figure 6. Emprise territoriale de Saint-Dié (DAO : Ch. Kraemer).

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    21Emplacement primitif ou secondaire, le promontoire de la rive droite, à quelques centaines de mètres au nord de la rivière, sur lequel se voient encore les vestiges de l’ensemble canonial gothique, avec ses deux églises Notre-Dame et Saint-Maurice (puis Saint-Dié) est, topographiquement du moins, en étroite symbiose avec la ville médiévale. Selon Albert Ronsin, Saint-Dié, qui prend définitivement son nom à l’aube du xiie siècle, dispose alors de trois ensemble d’habitations40 : sur le rocher, le quartier canonial, probablement fortifié41 qui occupait une partie de l’ancienne abbaye restée longtemps seule ; un premier foyer de peuplement installé, en contrebas, dans une sorte de basse-cour ; puis une extension vers la Meurthe, à partir du milieu du xiie siècle, décidée par le chapitre afin de capter la population de la rive gauche qui relevait du duc de Lorraine. Ce déplacement eut deux conséquences immédiates : d’une part le transfert du marché connu, dès 97542, vers la rive droite, puis, en 121643, la cession, au chapitre par le duc, de ce quartier dénommé « Vieux-Marché » dans un acte de 135044.

    22Ce n’est qu’au début du xiiie siècle que le duc de Lorraine, comme avoué du chapitre, envisage d’accompagner les chanoines dans la construction d’une enceinte, commencée vers 126745. Elle protégeait alors la ville basse située entre les églises et la Meurthe et intégrait dans son périmètre le beffroi-péage46 que la duchesse Catherine avait fait construire, en 125547, à l’avant du pont48 qui reliait les deux rives. Cet espace clos qui protégeait une population dotée d’une charte de franchises ainsi que le nouveau marché49, communiquait avec l’extérieur par trois portes. Il était traversé, de nord en sud, par une rue principale large et rectiligne qui reliait, par le pont, le quartier canonial au quartier du « Vieux Marché » (l’actuel faubourg Saint-Martin) et dans laquelle se tenait le nouveau marché. Il incluait le terrain que le chapitre avait abandonné, en 1201, au souverain lorrain, pour qu’il y bâtisse 50 maisons destinées au logement d’une communauté juive – sans doute des prêteurs – chassée un demi-siècle plus tard. Sur ce terrain laissé à l’abandon, Ferry IV édifie, dans les toutes premières années du xive siècle, un château urbain, connu sous le nom de « château de la cour ». Parmi les autres équipements urbains de Saint-Dié, on signalera encore un atelier monétaire contemporain du marché, un hôpital entretenu par le chapitre et déplacé en 173050 pour construire la nouvelle église Saint-Martin, l’ancienne étant devenue trop petite. À la périphérie de la ville, s’observaient également des installations artisanales dont trois moulins battants construits au xive siècle sur des dérivations de la Meurthe, un moulin à écorce et une papeterie respectivement évoqués en 1464 et 148351.

    Figure 7. Vue de Saint-Dié (xviiie siècle).

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    23Quelques plans du xviiie siècle, parmi lesquels une vue cavalière détruite en 1944 (Fig. 7), et un dessin planimétrique de 1739, sans échelle52, permettent malgré des techniques de représentation différentes de se faire une idée assez précise de l’urbanisme médiéval déodatien. L’enceinte elliptique, doublée d’un fossé sur tout son périmètre, est flanquée d’une tour circulaire au nord-ouest, de cinq tours quadrangulaires dont trois au nord-est ; elle est aussi percée de trois portes : une au nord, une à l’ouest, proche de la tour circulaire, et une, au sud, face à la Meurthe, qui correspond au beffroi-péage construit au milieu du xiiie siècle. À l’intérieur, plusieurs ensembles se distinguent avec, dans la partie supérieure (nord), le quartier canonial dont le plan, quasi circulaire, résulte de son implantation sur un promontoire rocheux et, dans la partie inférieure (sud), la ville basse par tagée en deux espaces de taille sensiblement égale par une grande rue longitudinale bordée d’une rangée de maisons prolongées, à l’arrière, par leurs jardins qui s’étendent jusqu’aux murailles ; le ruisseau coulant au milieu de la rue constitue la limite entre ce qui relève du chapitre (est) et du duc de Lorraine (ouest). Dans cette partie d’ailleurs, formant cour et isolé des autres habitations par une rue dessinant un angle droit, le couvent des Capucins, occupe l’emplacement du château urbain édifié par Ferry IV.

    Figure 8. Fouille de la Place des Soleils à Saint-Dié. Vestiges du xiiie siècle (DAO : P. Clerc, INRAP, 2005).

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    Figure 9. Fouille de la Place des Soleils à Saint-Dié. Vestiges des xiv-xve siècles (DAO : P. Clerc, INRAP, 2005).

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    Figure 10. Analyse du parcellaire de Saint-Dié d’après le cadastre napoléonien de 1825 : AD 88, 3 P 5353 (DAO : Ch. Kraemer).

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    24On a vu qu’au début du xixe siècle des découvertes archéologiques ont permis de conclure à l’existence d’un habitat antique installé à la croisée de routes qui stimulent, avant l’an mil, le développement d’un marché. À l’inverse, des opérations de fouilles préventives réalisées à l’occasion de la construction d’un parking souterrain sous l’actuelle place des Soleils ont permis d’ouvrir une fenêtre sur l’histoire de l’urbanisation de Saint-Dié intra muros. Des quatre phases reconnues, la plus récente concerne l’état du xixe siècle et de la première moitié du xxe, scellé par les remblais provenant de la destruction de la ville en 1944. Elle recouvre elle-même des aménagements de la phase iii, de 1650 environ à la Révolution ; sa fouille n’a livré aucune information sur l’incendie de 1757 mais a permis d’observer une certaine rétractation, au profit de jardins, de l’habitat relevant de la phase II (Fig. 9). Celle-ci est riche d’enseignements sur l’ampleur de l’urbanisation de ce quartier entre le xive siècle et la première moitié du xviie. Outre une portion de rue, un ensemble de maisons mitoyennes construites en pierre a pu être observé. Longues de 17 à 23 m en façade, pour une profondeur maximale de 11 m, elles étaient équipées de poêle, système de chauffage onéreux, qui renseigne d’une certaine façon sur le standing de leurs habitants et disposaient, à l’arrière, de commodités qui se déduisent du niveau social au jour de fosses-latrines. Cet état fait suite à la phase I (Fig. 8) qui vaut pour tout le xiiie siècle et qui confirme, ce que suggère déjà la donnée historique, le caractère vierge d’habitation de ce terrain53.

    25À la suite d’un incendie, en 1757, la ville, amplement ravagée, est reconstruite selon un plan d’urbanisme qui favorise l’alignement des façades et la rectitude des voies54. Pour autant, ce qui fut encore le cas lors de la reconstruction de la ville après la Seconde Guerre mondiale, le réseau viaire est conservé dans ses grandes lignes (Fig. 10). Le cadastre napoléonien rend compte de cette réorganisation faite autour de deux axes majeurs, orthonormés : l’ancienne Grande rue (nord/sud) et une nouvelle rue perpendiculaire baptisée, dans la partie relevant du Domaine au moins, du nom du prince lorrain qui contribua financièrement à la reconstruction. Il permet aussi, en s’appuyant sur le parcellaire, de proposer un tracé de l’enceinte urbaine cohérent avec celui fourni par l’iconographie ancienne. Son périmètre, d’environ 1,350 km, protège un espace de près de 12 ha contenant le quartier canonial, de plan plutôt globulaire, et la ville proprement dite avec ses deux quartiers relevant chacun d’une autorité différente. Celui dépendant du chapitre, le plus densément construit selon un parcellaire en lanière perpendiculaire à l’axe général de la ville basse (en vert sur le plan) était, à l’origine, fractionné en trois îlots d’habitation parallèles d’orientation générale nord-sud. Ceux-ci étaient séparés les uns des autres par une bande de jardins et arrière-cours et, à l’est, par une rue tortueuse qui desservait l’îlot de maisons adossées à la courtine orientale. Le principe est le même pour la partie lorraine (en jaune sur le plan), sinon que les lanières de jardins, à l’arrière des maisons, courent jusqu’à la courtine ouest. Le cadastre conserve également assez bien le parcellaire fossile de la clôture sans doute fortifiée de l’abbaye, implantée, telle une citadelle, sur un promontoire rocheux55. De même, il permet de restituer l’emprise de la prime agglomération qui s’est développée au-devant (en violet sur le plan), à l’ouest et au sud, avant d’évoluer, à la suite de la sécularisation de l’établissement, en quartier canonial. Enfin, sur la rive gauche de la Meurthe, l’habitat est groupé, à l’avant du pont (en rose sur le plan), en îlots géométriques distribués de part et d’autre d’un réseau viaire convergeant vers le centre du quartier situé sur la place, à l’est de la nouvelle église Saint-Martin.

    26Fruit du hasard, ou non, l’ensemble de l’agglomération s’insère dans une trame orthonormée qui définit, à l’intérieur d’une maille de base carrée de 50 toises (ou verges) de côté, des ensembles urbanistiques cohérents. Ce constat pourrait prouver la pérennité d’unité de mesure entre le haut Moyen Âge voire l’Antiquité gallo-romaine et le xiiie siècle, c’est-à-dire entre l’apparition des premiers habitats sur la rive gauche de la Meurthe et la construction ex nihilo d’un probable lotissement sur sa rive droite décrété par le chapitre déodatien. On observe encore que la fortification communautaire est construite dans un parcellaire dont la forme, quasi circulaire, et le diamètre, de l’ordre de 150 toises définissant une surface de l’ordre de 15 ha voisine de celle d’un manse, permet d’envisager l’existence d’une zone d’essartage raisonné, qui pourrait être contemporaine de la fondation de la première abbaye56.

    Épinal, Bruyères et Raon : des Bourgs castralisés

    27Symbole du désordre féodal, le château est avant tout le siège des seigneuries rurales nées, dès le xe siècle, du démantèlement de l’empire carolingien et de la dissémination du pouvoir banal, mais aussi de situations politiques complexes où défense du bien public et intérêts personnels se mêlent, souvent, au souci de réorganisation de la société rurale, tant du point de vue politique, judiciaire, économique que topographique, par l’enchâtellement des populations. La volonté des princes laïcs, seuls à pouvoir porter les armes, de faire main basse sur les temporels ecclésiastiques relève de cet état d’esprit. En construisant un château adultérin sur les terres d’une abbaye, le prince se créait l’occasion de son succès. Quelques tentatives ont avorté comme à Remiremont, où les chanoinesses ont obtenu du pape l’excommunication des souverains lorrains fautifs, mais de nombreuses ont abouti. Les petites villes de Bruyères et de Raon sont, en partie, nées de ce schéma, tandis que d’autres résultent d’entreprises volontaires de grands propriétaires fonciers pour faire de leurs domaines des seigneuries châtelaines.

    Figure 11. Emprise territoriale d’Épinal (DAO : Ch. Kraemer).

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    Épinal

    28La préfecture des Vosges est l’illustration de ce phénomène. Enchâssée dans un écrin de reliefs boisés d’une relative faible altitude (500 m max.) mais d’un fort dénivelé, de l’ordre d’une centaine de mètres, Épinal est probablement la plus accidentée des villes du versant lorrain de la montagne vosgienne, la plus occidentale aussi, à la limite du massif gréseux et du plateau lorrain. Elle est assise dans un resserrement de la vallée de la Moselle, où elle occupe chacune des rives, les pentes qui les environnent et, entre les deux, l’île formée par les deux bras du cours d’eau (Fig. 11).

    29Disons-le d’emblée. L’existence d’une abbaye fondée vers 630 par Goëry, pour ses filles, est pure affabulation inspirée d’une « Vie » de cet évêque de Metz, rédigée peu avant la translation de ses reliques à Épinal, à la fin du xe siècle. Sur ce point, la critique historique57 est formelle. La dédicace à saint Maurice de l’église plaide, néanmoins, pour l’existence précoce, entre le viie et le viiie siècle58, d’un premier sanctuaire.

    30Quoi qu’il en soit, les premières mentions d’Épinal datent de la fin du xe siècle. Elles attribuent sa fondation à l’évêque de Metz, Thierry de Hameland qui réunit, à proximité d’un lieu déjà anthropisé situé à un carrefour de voies de communication, les organes de commandement qui présideront au développement d’un territoire de confins, à l’extrême sud de son temporel. À en croire son biographe, l’évêque construit d’abord, sur un éperon dominant la Moselle, un château servant à garantir la frontière lotharingienne des incursions bourguignonnes puis installe, au pied du relief, une communauté de chanoines à laquelle succède rapidement une abbaye de moniales bénédictines. À 90 km de Metz, cette fondation raisonnée s’inscrit dans un contexte de croissance économique et démographique dont l’évêque veut tirer profit. L’institution d’un lieu et jour de marché, la création d’un atelier monétaire, l’élévation au rang de paroissiale de l’église abbatiale, peut-être édifiée à l’emplacement d’une église vicaire, sont autant de signes cumulés qui procèdent de cette démarche. En quelques années et en décideur averti, Thierry de Hameland met tout en œuvre pour que l’ensemble des fonctions – politiques, judiciaires, économiques et religieuses – soient réunies au sein de Spinal, l’un des cinq manses détachés du domaine de Dognéville, siège de la paroisse mère, pour en faire un centre dynamique. L’arsenal est, sans doute très tôt, complété par l’octroi, à la population, de libertés visant à attirer et retenir de nouveaux habitants. Leur effet se traduit, vers 1050, par la nécessaire reconstruction de l’église, devenue trop petite, et par la mention, en 1140, d’un suburbium de castro de Spinalo, autrement dit d’un bourg aggloméré au pied du château. Vers 1225, le Rouleau des droits, par lequel l’évêque Jean d’Apremont consigne et confirme ces « antiques » libertés, concède également les pouvoirs politiques à la communauté spinalienne, divisée en deux quartiers correspondant aux deux anciens manses d’Épinal et de Rualménil que Jacques de Lorraine, évêque de 1239 à 1260, s’emploie à mettre, l’un et l’autre, à l’abri d’une enceinte collective fortifiée.

    Figure 12. Vue de la ville d’Épinal, 1626. Plan de Nicolas Bellot, Huile sur toile, 138,6 x 170,9 cm (Musée de l’Image – Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer).

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    31Celle qui protège la grande ville ou Grand bourg, d’une surface à peine inférieure à 8 ha, s’accroche à la basse-cour du château qui constitue, en quelque sorte, la clef de voûte du système défensif ; elle se développe selon un polygone d’un périmètre de près de 1200 m jusqu’à la rive gauche du cours d’eau qu’elle borde sur 400 mètres et est ponctuée de huit tours et de cinq portes, dont celle qui ouvre sur le pont servant de trait d’union entre ce quartier et celui du Rualménil autrement nommé le Petit bourg. Édifié sur une île formée par la Moselle elle-même et le canal des Grands Moulins, cet ancien manse de la rivière, dont la formation toponymique est caractéristique du premier Moyen Âge, est protégé, sur un périmètre en amande de 800 m, par une enceinte flanquée de trois portes et sept tours ; celle-ci délimite un espace quasi parallélépipédique de 350 m de longueur sur 125 m maximum de largeur, soit 3,5 ha.

    32Le plan de Nicolas Bellot (Fig. 12), sorte de cadastre avant l’heure, rend compte de cette situation topographique, la précise même. Réalisé en 1626 à la demande de la ville en procès avec l’administration du duc de Lorraine à propos des travaux à entreprendre aux vannes et canaux situés à la jonction du grand bras de la rivière et du canal de Rualménil, ce plus ancien « pourtraict » d’Épinal, peint sur une toile de 1,60 m sur 1,40 m est une vue d’oiseau, autrement dit une vue cavalière de la ville et de ses deux quartiers sertis par leur carcan de murailles d’apparente facture homogène. Le plan Bellot illustre à sa manière le premier apogée d’Épinal. L’habitat y est dense, groupé en îlots au sein desquels l’on devine de très nombreuses maisons à tourelles d’escalier, caractéristiques de la Renaissance et dont il reste, dissimulées par les reconstructions postérieures, de nombreuses traces architecturales. Les plans postérieurs, de Groslin (1748) et de Denis (1776), restituent la ville dans ses grandes lignes mais ne laissent plus rien voir de précis des fortifications urbaines, en grande partie détruites lors du siège de la ville, en 1670.

    Figure 13. Analyse du parcellaire spinalien d’après le cadastres napoléonien de 1808 : AD 88, 3 P 5100 (DAO : Ch. Kraemer).

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    33Le cadastre napoléonien, établi en 1809 (Fig. 13), précise l’ampleur de ces destructions en restituant graphiquement les quelques portions de murailles encore conservées. Il renseigne sur leur probable tracé ponctuellement souligné par des cours intérieures ou des jardins qui résultent de l’acensement des fossés de la ville avant la Révolution. Dans le quartier du Rualménil, un îlot central quadrangulaire d’environ 150 m sur 50 pourrait correspondre à l’emprise d’un premier noyau de peuplement Il est cerné par un réseau viaire orthogonal lui-même serti par un alignement de maisons adossées à l’enceinte du xiiie siècle dont la construction, sur des parcelles en profondeur, étroites et régulières, n’est pas sans évoquer les lotissements qui accompagnaient bien souvent une charte de franchises. Cet ordonnancement s’observe, dans une moindre mesure, dans cet espace du Grand bourg en forme de L situé au plus près de la Moselle. Il est structuré en îlots quadrangulaires de taille variable dessinés par un ensemble de rues orthogonales convergeant vers la place des Vosges et se distingue très nettement de la morphologie du quartier de l’église qu’il enveloppe en partie.

    Figure 14. Plan des vestiges médiévaux découverts lors des fouilles de 1992-1997, d’ap. Henigfeld, Kuchler, 2014 (DAO : Ch. Kraemer).

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    34Outre une rue qui matérialise la base de l’éperon portant le château et qui permet de passer de l’un à l’autre des vallons parallèles qui le soulignent, ce quartier s’organise, en effet, selon un ensemble de rues rayonnantes à partir du cimetière dans un espace en partie circonscrit, à l’est et au sud, par trois voies. Partant de l’extrémité de l’éperon, celles-ci dessinent un arc qui englobe l’ancien cloître, se referme sur la tour-porche de l’église et pourrait être le vestige d’un parcellaire circulaire amputé au nord par la construction, au début du xviie siècle, du couvent de la congrégation Notre-Dame mais toujours bien visible sur le plan Bellot. Il contient, à l’est, l’église, et à l’ouest, le cimetière abandonné dans le courant du xvie siècle mais toujours matérialisé par la place de l’Âtre et sa couronne de maisons. Telle qu’elle se présente, cette forme n’est pas sans évoquer ces aîtres ou cercles de paix qui apparaissent dans l’Occident chrétien dès les premiers temps du christianisme mais s’y multiplient à partir du xe ou xie siècle, pour assurer la protection des églises et de leur circuit réservé aux vivants et aux morts59. De taille modeste, 30 à 50 pas60 de rayon au gré des conciles, ces asiles, lorsqu’ils accompagnent une paroissiale, voient cette mesure canoniquement fixée, vers le milieu du xie siècle, d’abord à 60 pas, puis à 30 comme pour les chapelles. Sur le terrain, la réalité semble plus complexe, le pas, comme le souligne H. Mouillebouche61, n’étant pas une unité de mesure précise mais plutôt une estimation empirique. Avec ses 130 mètres, au plus, de diamètre, 100 seulement si l’on ne tient pas compte du parcellaire bâti, l’aître d’Épinal se rapproche, par son emprise au sol, et la disposition du bâti, de nombreux autres cas étudiés en France62. En ne retenant que le plus petit diamètre, le plus proche d’ailleurs de la réalité canonique, on constate que l’habitat aurait été construit à la périphérie, mais en dehors des limites de l’enclos ecclésial. Pour vraisemblable qu’elle soit, cette proposition reste une conjecture qui trouve cependant tout son sens si l’on admet que la zone hydromorphe observée lors des fouilles du palais de Justice, participe du système de défense et, pour le moins, de clôture.

    35Sans entrer dans le détail de l’analyse63, on retiendra de cette fouille particulièrement bien documentée (Fig. 14), l’existence de traces anthropiques relatives à des aménagements discrets d’un paléo-chenal (phase a), de structures d’habitat et de probables clôtures ou palissades clayonnées, le tout en matériaux périssables, attribuées à une occupation pré-urbaine couvrant la période viiie-xiie siècle (phase b). La période suivante, xiiie-xve, est marquée à ses débuts (phase c), par une forte urbanisation de l’îlot avec des indices de viabilisation de la zone rendue possible par des aménagements de berges, une densification des habitats non maçonnés (fonds de cabanes excavés, maisons sur poteaux et sablières basses), mais également des maisons sur solins de pierre associées à des fours et des latrines également maçonnées. À l’inverse, durant la deuxième partie de la période (phase d), les habitats à semelle de fondation maçonnée se généralisent. Structurés selon deux axes sud-ouest/nord-est et nord-ouest/sud-est, ils sont régulièrement accompagnées d’équipements annexes : latrines carrées, puits circulaires et fosse-dépotoirs. Le xvie siècle (phase e) connaît une importante restructuration de l’îlot avec notamment l’apparition de corps de logis sur cave avec dépendances, au moins dans la partie méridionale de l’espace fouillé.

    36Une récente fouille préventive64 a permis de mettre au jour, à quelques dizaines de mètres au sud, d’autres structures d’habitat domestique dont on peut espérer de l’étude, un phasage en cohérence avec les premières. Surtout, elle a permis de retrouver, sous la place de l’Âtre, à l’est du chevet de l’église Saint-Maurice, des sépultures qui confirment l’existence du cimetière désaffecté dans la seconde moitié du xvie siècle. Une quarantaine de tombes individuelles et collectives, étagées sur plusieurs niveaux, en furent exhumées. Parmi elles, les plus profondément enfouies, à près de 2 m du niveau du sol – vraisemblablement les plus anciennes – étaient disposées, tête à l’ouest, selon une orientation caractéristique de la période alto-médiévale. Si cette datation devait être confirmée par les analyses radiocarbones, elle validerait l’hypothèse de l’existence d’un sanctuaire antérieur à l’abbatiale du xe siècle, suggérée, a minima, par sa dédicace.

    37En bref, il n’est pas aberrant de considérer que le cimetière habité corresponde au suburbium évoqué en 1140, et que sa défense fut primitivement assurée, ce qu’inspirent quelques-unes des fouilles réalisées à ses abords, par des marécages65. Mais l’on peut supposer également qu’il fut postérieurement protégé par une enceinte maçonnée dont le tracé rectangulaire, de 200 m sur 150 m, se déduit du parcellaire cadastral. L’enceinte due, au xiiie siècle, à l’évêque de Metz, Jacques de Lorraine, ne serait donc qu’une extension gagnée sur ses berges mais qui ne fut que très modestement urbanisée avant le xve siècle. La question se pose donc de savoir si ces terrains, en partie gagnés sur les berges de la Moselle et longtemps restés vierges d’habitation, correspondaient à l’emprise d’une réserve immobilière susceptible d’absorber une croissance urbaine anticipée sur la longue durée ou s’il s’agissait, plus prosaïquement, d’une réserve de terres agricoles nécessaires à la survie de la communauté en cas de siège. Quoi qu’il en soit, c’est cette dernière étape qui figea, et pour longtemps, la physionomie bipolaire d’Épinal.

    Bruyères66

    38Terre dépendant de l’abbaye romarimontaine, Bruyères est assise dans une large dépression entre montagne et plateau lorrain (Fig. 15), au centre d’un territoire de 1600 ha traversé par la Vologne et par une route antique reliant les deux versants est et ouest des Vosges. Des découvertes archéologiques faites au sommet de l’Avison, l’un des quelques reliefs environnants, renseignent sur l’existence d’un peuplement précoce, entre le iie siècle et le milieu du ive 67, antérieurement donc à la conquête de la montagne par les disciples de Colomban. Cette présence humaine se poursuit au haut Moyen Âge, concentrée dans des agglomérations rurales, autour d’une église-mère dont la dédicace est caractéristique de cette période. Le toponyme « Bruyères » n’apparaît, quant à lui, que tardivement, dans le courant du ixe siècle, en lien avec un habitat paysan68 et pourrait, en raison de son étymologie, suggérer une opération de défrichement. C’est, sans doute, à proximité de cet habitat éponyme, que le duc de Lorraine, comme avoué de l’abbaye, construit son château, dans le courant du xiie siècle, sur une table rocheuse qui culmine à 530 m et domine le plat pays d’une soixantaine de mètres. Il est impossible de mesurer l’attractivité qu’eut, dans les premiers temps, ce château sur les populations avoisinantes, d’autant que les religieuses de Remiremont veillent à préserver leur autorité, mais la charte de franchise que Ferry III accorde, en 126369, aux habitants du château et du bourg confirme à la fois l’existence d’une agglomération dépendante de la forteresse et le pouvoir qu’exerce désormais ce souverain lorrain sur elle. Pour autant les informations concernant une quelconque fortification communautaire sont bien postérieures à cette date. La première réelle mention assurée de murailles défensives date de 1475, lorsque le duc René II exempte d’impôts les habitants de la ville pour aider à la reconstruction des maisons brûlées et démolies par les Bourguignons70. On parle alors du « Clos » ou de la « Closure » qui était précédé d’un fossé dont il ne reste rien, pas plus que de la muraille qui était dotée d’une tour et d’une porte communiquant avec la ville.

    Figure 15. Emprise territoriale de Bruyères.

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    1 – L’Avison ;
    2 – Emplacement du château ;
    3 – La ville de Bruyères ; (DAO : Ch. Kraemer).

    Figure 16. Analyse du parcellaire de Bruyères d’après le cadastre napoléonien de 1832 : AD 88, 3 P 5018 (DAO : Ch Kraemer).

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    39Les archives laconiques ne permettent guère de restituer précisément le tracé de l’enceinte urbaine de Bruyères qui peut toutefois se déduire, comme le fit en son temps le géomètre et dessinateur Henri Hogard71, d’une lecture du parcellaire. Sans doute partait-elle du château – ce que nous disent les textes – d’où elle plongeait dans la pente vers le sud, rejoignait, vers l’est, la porterie située entre la maison du prévôt et l’église Saint-Nicolas construite dans le courant du xve siècle, avant de remonter vers l’autre extrémité du château. Elle décrivait ainsi un polygone oblong de 120 m nord-sud, sur 230 m est-ouest, soit 600 m de périmètre. Elle était précédée d’un faubourg qui deviendra vite, avec sa halle et l’église, le centre privilégié de l’agglomération avant qu’il ne glisse vers le quartier neuf qui se développe, au milieu du xviiie siècle, le long de la route d’Épinal à Corcieux en direction des cols vosgiens et de la Lorraine.

    40Une analyse fine du parcellaire permet de voir immédiatement au sud-est de la butte portant le château, un espace presque carré d’environ 290 m de côté (l’équivalent de 100 toises ou verges) qui englobe le carrefour de trois routes et pourrait correspondre à un kern cultural primitif d’une superficie de l’ordre d’un demi manse. Cette juxtaposition topographique de l’emprise castrale et d’un parcellaire régulier antérieur n’est pas sans rappeler celle constatée à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Bruyères, précisément à Châtel-sur-Moselle72, où la forteresse de la fin du xie siècle jouxte un parcellaire carré d’environ 500 m de côté au centre duquel se serait trouvé un hameau du haut Moyen Âge.

    Raon-l’Étape

    41Raon-l’Étape dont le nom désigne, à la fois, sa position au confluent de deux cours d’eau, la Plaine et la Meurthe, et sa fonction de point de rupture de charge ou de péage, est le centre d’un domaine agricole qui relevait primitivement de la paroisse Saint-Léger de Vézeval. Ce foyer de peuplement, en lien sans doute avec la fondation, vers la fin du viie siècle, de l’abbaye de Moyenmoutier, fait partie des quelque 1500 manses qui composaient cette seigneurie ecclésiastique lors de sa confiscation au ixe siècle par l’empereur Lothaire.

    Figure 17. Emprise territoriale de Raon-l’Étape avant son regroupement avec Laneuville-lès-Raon, en 1947.

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    1 – Vézeval ;
    2 – La haute-borne ;
    3 – château de Beauregard ;
    4 – Raon ;
    5 – Laneuveville de Raon ;
    6 – Laneuveville-lès-Raon.

    42Raon, qui ne figure pas dans cette liste, n’est évoqué, pour la première fois, qu’en 1114, lorsque l’abbé de Moyenmoutier, Bertric, interpelle l’empereur Henri V afin qu’il s’oppose à la construction d’un château adultérin au sommet d’un relief voisin, par un vassal du duc de Lorraine73. Il apparaît une seconde fois, dans une demande de confirmation des biens que l’abbaye adresse au pape Innocent III, en 1140, puis une troisième, en 1279, dans un traité d’accompagnement74 entre l’abbé de Moyenmoutier et le duc de Lorraine. Cette charte avait pour objectif d’établir, au sein d’un territoire réunissant les deux bans de Vézeval et de Raon, une ville neuve qui devait relever, par moitié, de chacune des deux parties. Au duc revenait aussi le droit de construire un château sur la colline de « Belrewart dessus Ravon » et à l’abbé celui de prendre, là où il le voudrait, 120 jours de terres arables et vingt fauchées, soit au total une trentaine d’hectares rattachés au « waingnage » de sa maison de Raon. La charte évoque encore quelques équipements spécifiques, en particulier l’hôpital et l’église avec son patronage laissés à l’administration de l’abbaye tandis que les grosses et menues dîmes sont partagées entre les deux partenaires.

    Figure 18. Analyse du parcellaire de Raon-l’Étape d’après le cadastre napoléonien de 1808-13 : AD 88, 3 P 5312. (DAO : Ch. Kraemer).

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    1 – Couvent des Cordeliers ;
    2 – Église Notre-Dame ;
    3 – Église Saint-Luc ;
    4 – Église actuelle.

    43Avec les articles qui régissent l’administration locale, tout est donc mis en place pour que la neuve ville de Raon ait un pouvoir d’attraction sur les populations environnantes. L’enceinte urbaine, signalée dès 129075, 11 ans seulement après la charte d’affranchissement, participe aussi de cette intention. Située au cœur de la montagne vosgienne, à trois kilomètres en amont sur la rive droite de la Plaine et à la croisée de deux voies d’importance, Vézeval, pourtant dotée d’une charte de franchise en 123876, est progressivement réduite à l’état de hameau et son église paroissiale, probablement dans le courant du xive siècle, reléguée au rang de chapelle au profit de celle intra muros de Laneuveville de Raon77. Ce mouvement contribue également au dépeuplement de la ville neuve voisine de Laneuveville-lès-Raon, fondée 13 ans auparavant, en 126678, de l’autre côté de la Meurthe par l’abbé d’Étival en pariage avec le duc de Lorraine. L’acte par lequel le souverain lorrain, sitôt 1290, interdit, sans trop de succès, à ses habitants d’en partir, témoigne de cette réalité79.

    44Ainsi constituée, Laneuveville de Raon occupe, avec ses sept critères de centralité80, un rôle essentiel dans la vie de la région : économique certes, avec son activité, signalée dès 1302, liée au flottage du bois81, son péage évoqué dans la charte de franchise, sa verrerie fondée en 1474 et ses lieux d’échanges dont une halle construite au début du xvie siècle ; sociale aussi avec l’hôpital, sa chapelle Notre-Dame et le cimetière qui l’entoure ; religieuse enfin, avec son église au centre de la ville, mais aussi l’établissement, en 1472 par le duc de Lorraine, d’un couvent de frères mineurs qu’il abandonne à l’autorité spirituelle de Moyenmoutier et que l’abbé loge à l’extérieur de la ville forte.

    45Le cadastre napoléonien (Fig.18), seul document iconographique explicite, en dehors d’une série de tableaux du xviiie siècle qui évoquent la vie quotidienne et les principaux monuments de la bourgade, restitue, à sa manière, les grandes phases qui ont présidé à la constitution du territoire, la naissance et à l’évolution urbaine de Raon. Concernant le premier point, les limites qui correspondent vraisemblablement à celles, succinctes, fournies par la charte de franchises, déterminent une surface d’un peu plus de 1600 ha (Fig. 16). Deux sous-ensembles d’environ 8 km2 s’en distinguent qui pourraient correspondre, chacun, à l’emprise de l’un et l’autre bans réunis, en 1279, en une seule entité. Le plus oriental se présente comme une bande rectangulaire, relativement étroite, de l’ordre de 1,5 km nord-sud, sur 4,5 km est-ouest définie, au sud par une ligne de crêtes et le ruisseau de Malnois (Molleroi, dans la charte de franchises) et, au nord, par le cours de la Plaine, sur lequel se situe l’ermitage mémoriel de la paroissiale de Vézeval. L’autre partie, à l’ouest, s’inscrit dans un carré qui prend appui sur la Meurthe, au sud, sur une ligne de crête, à l’ouest dont le départ est marqué par un menhir (peut-être la haute borne de la charte ?), enfin au nord, sur une partie du ruisseau du Charmois.

    46La ville de Raon, entre la Meurthe et la base du relief portant les vestiges du château de Beauregard, se situe dans ce cadre. Outre ses faubourgs, à l’est et à l’ouest, mentionnés une première fois à la fin du xve siècle, elle est composée de deux quartiers soulignés par le réseau viaire et le parcellaire qui se déduisent déjà d’un croquis schématique dressé en 1716 par Didier Bugnon, cartographe du duc de Lorraine82. Le plus ancien, sans doute, occupe, au nord, l’île formée par la Plaine et un canal dérivé. S’y trouve répartis, sur une surface de peu inférieure à 4 ha (160 m x 400 m dans ses plus grandes dimensions), l’ensemble des édifices situés hors les murs et relevant de la seule abbaye de Moyenmoutier à savoir : l’hôpital et sa chapelle Notre-Dame, ainsi que le couvent des cordeliers probablement installé à l’emplacement du gagnage qu’elle y possédait. C’est là qu’il faudrait voir le Raon initial évoqué pour la première fois dans le courant du xiie siècle. Vu sous ce prisme, on conviendra que la neuve ville de Raon, fortifiée en 1290, correspond à l’espace situé immédiatement au sud, jusqu’aux berges de la Meurthe. Son habitat dense est, pour une partie, adossé à l’enceinte, et pour une autre, groupé en trois îlots centraux. L’ensemble est distribué par un réseau de rues orthogonales, dont une périphérique à la fortification.

    Conclusion

    47En guise de synthèse (Fig. 19), on rappellera d’abord que ces cinq villes de montagne qui contrôlent des territoires de taille (de 1600 ha à 4800 ha) et de forme différentes, appartiennent toutes au second réseau urbain, celui qui puise ses racines dans le premier Moyen Âge mais qui trouve son épanouissement au mieux à partir du xiie siècle, plus certainement à compter du xiiie voire du xive siècle. Leur étude montre que leur genèse et naturellement leur évolution sont indissociables de facteurs humains, politiques en particulier, comme la création d’un château, d’une abbaye, d’un marché, ou la fondation d’une ville neuve, mais que leur morphologie est naturellement liée à l’environnement géographique et topographique qui les a vus naître. Toutes, sauf Bruyères, éloignée de la Vologne de quelques kilomètres, se sont développées sur l’une et/ou sur l’autre rive de l’une ou l’autre des principales rivières du massif vosgien, et toutes ont connu des phases de développement que l’examen du cadastre napoléonien, à la lumière d’autres sources, historiques et iconographiques, a permis de mieux cerner.

    48Ainsi, à Remiremont où l’église abbatiale constitue le centre de gravité de l’agglomération, le bourg s’est développé en deux temps, avant et après sa fortification, immédiatement au nord de l’enclos abbatial, principalement le long des deux voies de communication vers l’Alsace et la Bourgogne. L’ensemble occupe lui-même le centre d’un kern carré dont les contours s’appuient sur le relief, le réseau hydrographique et des faits anthropiques comme les chemins et que la métrologie permet d’attribuer au haut Moyen Âge. À Raon, un méandre de la Plaine a accueilli la première implantation humaine mais la ville proprement dite qui se développe au-devant, naît indiscutablement, à la fin du xiiie siècle, de la fon dation, ex nihilo, d’une ville neuve, dotée d’une charte de franchises. Elle occupe un espace à lotir, de relative faible superficie, enfermé dans une enceinte de type philippien et contribue indiscutablement au dynamisme de l’économie d’une région de confins. Cette politique d’aménagement du territoire s’observe également à Épinal lorsque, trois siècles auparavant, l’évêque de Metz y construit un château, et qu’il y fonde une abbaye, ouvre un marché et contribue à la réorganisation de l’habitat rural primitif, pas toujours facile à cerner, dans un suburbium aux allures de cercle de paix. Ce phénomène se reproduit dans le courant du xiiie siècle, avec la construction commanditée par l’un de ses successeurs d’une vaste enceinte fortifiée englobant les deux secteurs, séparés par la Moselle, du bourg bipolaire. L’ampleur qu’il donne à l’ouvrage dans la perspective d’un essor démographique de la ville, eut sans nul doute une incidence sur le devenir économique, politique et administratif, de la préfecture qu’elle deviendra. Leur entretien reste cependant à la charge de la communauté d’habitants comme s’engagent à le faire, un siècle plus tard, les bourgeois de Remiremont lorsqu’ils obtiennent, en 1366, dans un contexte de guerre, l’autorisation de s’abriter derrière une fortification qui prolongeait celle plus ancienne de l’abbaye et qui, surtout, donnait un cadre à la planification urbaine. Celle-ci est encore plus flagrante à Saint-Dié où, au xiiie siècle, chanoines et duc de Lorraine semblent avoir pensé l’urbanisation progressive d’un terrain vierge d’habitations, entre le rocher monastique et le cours de la Meurthe, selon une trame d’arpentage carrée de 50 toises de côté qui aurait imposé son rythme à la ville et à ses unités de plans (rues, îlots) et que l’on retrouve également, outre Meurthe, dans le quartier à priori plus ancien de la rive gauche.

    Figure 19. Présentation synthétique de l’évolution des villes étudiées (DAO : Ch. Kraemer).

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    49Si l’on connaissait déjà, grâce à des travaux antérieurs, les grandes lignes morphogénétiques de ces villes de montagne, on retiendra, au terme de ces cinq « portraits », que chacune d’entre elles puise probablement sa genèse dans des cadres antérieurs à son urbanisation. L’histoire nous l’indiquait ; cette étude tend à le vérifier grâce à une analyse « archéo-topographique » fondée, entre autres, sur l’interprétation des parcellaires. Le cas est patent pour Remiremont où le carré monastique, stricto sensu, de 205 m de côté, soit l’équivalent de 20 jours de terre, occupait le centre d’un carré plus grand de 300 verges de côté définissant une superficie de l’ordre de 4 manses. Il l’est également à Bruyères avec la présence d’un probable kern cultural d’une centaine de verges (290 m) de côté définissant une surface de l’ordre d’un demi-manse et, de façon moins nette, à Raon où il faut admettre que le gagnage initial était localisé dans un méandre de la Plaine, dessinant une surface de l’ordre de 4 ha, soit là encore, l’équivalent de 20 jours de terre. Quant à Saint-Dié, la trame qui semble régir l’urbanisme occupe le centre d’un parcellaire circulaire de 150 verges de diamètre (environ 1 manse) qui n’est pas sans évoquer un type de clairière de défrichement médiéval.

    50On signalera encore que les terroirs de Remiremont, Bruyères et Raon comptent quelque 1600 ha, que ceux de Saint-Dié et Épinal sont environ trois fois plus grands. Or, et sans chercher à tirer des conclusions par trop hâtives de cette observation, tout juste proposerons nous qu’ils pourraient avoir conservé leur base foncière initiale, d’une centaine de manses. Ces quelques données, si toutefois elles ne relèvent pas d’une pure construction intellectuelle, participent d’une « véritable recherche génétique sur des ensembles qui pourraient être reconnus comme des systèmes spatiaux »83. Elles permettent d’entrevoir la pratique d’une certaine normalisation ou géométrisation dans le découpage des terroirs. Certes, la topographie ambiante, dont les lignes forces orographiques et hydrographiques ont bien souvent servi d’appui, n’est pas étrangère à la cohérence morphologique sinon structurelle de ces ensembles territoriaux.

    51Lieux d’interaction avec la campagne, ces villes de montagne constituent le premier maillon de l’armature urbaine. À ce titre, mais aussi parce qu’elles n’ont pas encore tout livré de leur histoire, elles doivent, ainsi que le préconisait Pierre Georges, être protégées84. En s’arrêtant un temps sur celles du versant lorrain, sur le décryptage de leur genèse et de leur lente évolution relevant pour la plupart d’opérations planifiées inscrites dans le tissu urbain, cette recherche s’est voulue l’occasion d’apporter une pierre à l’édifice en espérant modestement qu’elle sera utile aux décideurs et aménageurs soucieux de comprendre sinon de préserver, grâce aux recherches archéologiques, un patrimoine d’une autre époque, discret voire ignoré. Au-delà de cette ambition patrimoniale, cette étude s’inscrit, naturellement, dans une démarche scientifique qu’il faudra améliorer, sans doute, mais aussi compléter en s’intéressant aux villes des versants francs-comtois et alsaciens avec ce souci qu’elle contribue à mieux appréhender l’histoire du phénomène urbain de la montagne vosgienne et, de façon générale, qu’elle participe à la problématique de l’anthropisation du massif85.

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    Poull 1991 : Poull (Georges), La maison ducale de Lorraine, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991, 592 p.

    Renaut 1984 : Renaut (Marie-Hélène), La ville de Remiremont au Moyen Âge, Thèse de 3ème cycle, Université de Nancy 2, 1984, 396 p.

    Richard 1852 : Richard (Louis), « Notes historiques relatives aux anciennes fortifications, à la défense et aux différents sièges subis par la ville de Remiremont », Bulletin de la Société d’archéologie lorraine, 1852, p. 327-360.

    Ronsin 1969 : Ronsin (Albert), Saint-Dié des Vosges. Treize siècles d’histoire (669-1969), Nancy, Publicité Moderne, 1969, 95 p.

    Ruyr 1626 : Ruyr (Jean), Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge, 1626.

    Save 1881 : Save (Gaston), « Essai de restauration de la citadelle et du monastère de Saint-Dié au xiiie siècle. Vue restitutive de la cité médiévale de Saint-Dié-des-Vosges », Bulletin de la Société philomatique vosgienne, 1881, p. 47-64.

    Schneider 1988 : Schneider (Michel), Raon l’Étape de ses origines à 1729, Mémoire de maîtrise, Université de Nancy 2, 1988, XX-130 p.

    Treffort 1996 : Treffort (Cécile), L’église carolingienne et la mort. Christianisme, rites funéraires et pratiques commémoratives, Collection d’Histoire et d’Archéologie médiévales, CIHAM-PUL, 1996, 216 p.

    Wagner 2011 : Wagner (Anne), « Le culte de saint Maurice dans l’empire ottonien », in : Brocard (Nicole), Vannotti (Françoise), Wagner (Anne) dir., Autour de saint Maurice, Actes du colloque « Politique, société et construction identitaire : Autour de saint Maurice », Besançon, 29 septembre-2 octobre 2009, Saint-Maurice, Fondation des Archives historiques de l’abbaye de Saint-Maurice, 2011, p. 405-417.

    Watteaux 2003 : Watteaux (Magali), « Le plan radio-quadrillé des terroirs non planifiés », Etudes rurales, 3, 2003, p. 187-214.

    Zadora-Rio 1989 : Zadora-Rio (Elisabeth), « La topographie des lieux d’asile dans les campagnes médiévales », in : Fixot (Michel), Zadora-Rio (Elisabeth) dir., L’église, le terroir, Monographie du CRA, Éditions du CNRS, Paris, 1989, p. 11-16.

    Notes de bas de page

    1  DUBY 1980, p. 9-12.

    2  En 1300, alors que le second réseau urbain est pour l’essentiel constitué, Bruyères, Raon et Remiremont comptabilisent 7 critères de centralités ; Épinal 13 et Saint-Dié 19. À titre de comparaison les villes épiscopales héritières du premier réseau en comptent plus de 30, jusqu’à 49 pour Metz ; Saint-Mihiel alors capitale des comtes de Bar, 28, Nancy et Neufchâteau villes des ducs de Lorraine nées d’un château, respectivement 21 et 25. Voir, sur ce sujet, FRAY 2006.

    3  FOSSIER 1971, p. 16-25.

    4  GAUTHIEZ (B.), ZADORA-RIO (E.), GALINIÉ (H.) 2003.

    5  BLOCH 1929, p. 60-70.

    6  LAVEDAN 1926.

    7  DESPORTES 1983, p. 204.

    8  GAILLARD 1986.

    9  RUYR 1626.

    10  FRAY 2006, p. 387.

    11  On reprend ici la position que Josiane Barbier exprime après s’être interrogée sur l’existence d’un palais carolingien à Remiremont. Voir BARBIER 2001, p. 11-12.

    12  MOUGIN 1904, p. 288-289 : « Cette métairie, dès les premiers temps de la fondation de l’église de Remiremont sur le sommet de la montagne d’Habend, était assez considérable ; suivant d’anciens titres elle entretenait mille domestiques : mille conversi monasterii famuli ou comme disent d’autres documents : mille domestici sive clerici ; sive laïci pour fournir aux membres qui composaient cet établissement les choses nécessaires à la vie (d’après : Notice sur la ville de Remiremont de ses antiquités et de son illustration par Mr Vuillemin, Copie de l’original, ms 21, cahier n° 3, f° 1, AM Remiremont). S’il y a un quelconque crédit à apporter à ce chiffre, c’est en considérant qu’il vaut pour l’ensemble du domaine qui selon toute vraisemblance devait s’étendre, sur une large portion des vallées de la Moselle et de la Moselotte en amont et en aval de Remiremont. Cette remarque est déjà suggérée par FOURNIER 1895, p. 150.

    13  DUVERNOY 1912, p. 106.

    14  POULL 1991, p. 30 : en 1132, Simon fait démolir le château construit à tort sur un fonds du monastère ; p. 54 : Ferry II se résout à faire la paix… et reconnaît que nul ne peut élever un ou plusieurs châteaux sur les terres de l’abbaye. On renverra également, pour mémoire, à BRIDOT 1997, n° 52, p. 115-116 et n° 121, p. 233-235.

    15  BRIDOT Ibidem, n° 56, p. 121-124.

    16  Idem, n° 134, p. 251-254.

    17  C’est le mot utilisé pour désigner l’espace réservé à la communauté civile, en 1291. Voir à ce propos : RENAUT 1984, p. 98.

    18  Les avis divergent quant à sa date de fondation. Pour les uns, dont Georges Poull, elle date de l’installation des moniales dans la vallée ; elle était alors la seule église et ce n’est que lorsqu’elle est élevée au rang d’église paroissiale, que les moniales font bâtir l’église Saint-Pierre (POULL 1980, p. 249-270). Pour d’autres, tel l’érudit abbé Didelot, l’église Notre-Dame ne fut construite qu’au cours du xe siècle, vers 930-940 (FOURNIER op. cit., p. 184). Il faut considérer, en réalité, comme le pensait dom Calmet, mais pas pour les mêmes raisons, que les deux églises furent construites en même temps. Dès l’origine, comme dans toutes les abbayes mérovingiennes, le monasterium Habendum juché sur son relief disposait d’au moins deux sanctuaires, dont un pour les offices, sous l’invocation de saint Pierre et l’église Notre-Dame qui faisait fonction d’église funéraire (KRAEMER 1989, p. 65-67 et 1995-97, p. 37).

    19  En 1157, le pape ouvre l’église Notre-Dame, jusqu’alors réservée à la familia de l’abbaye, à la population de Remiremont : BRIDOT Ibid.

    20  Ibidem, n° 97, p. 202-205.

    21  Ibidem, n° 160, p. 285-287.

    22  « Domus Dei », ibid., n° 95, p. 200-201.

    23  Ibidem, n° 105, p. 213-215.

    24  Les exemples d’abbayes alto-médiévale fortifiés sont nombreux. Nous n’en donnerons que deux, un régional, avec l’abbaye de Saint-Mihiel dans le département de la Meuse (PARISSE 1974, p. 23-33) ; un extrarégional, avec l’abbaye de Saint-Vaast, à Arras, fortifiée, entre 883 et 887 (LESTOQUOY 1944, p. 171). À Remiremont, toutefois, (FOURNIER op. cit., ), la tradition distingue l’abbaye du palais royal, ce dernier étant localisé sur barre morainique, entre la ville et la Moselle ; cette hypothèse qui n’a ni fondement historique ni fondement archéologique, est fondée sur le microtoponyme qui désignait ce relief, le « grand et le petit châtelet » et sur les quelques substructions, voûtes et murailles, qui en furent exhumées lors de son arasement pour l’établissement du chemin de fer et la construction de la gare.

    25  RICHARD 1852, p. 326. Voir aussi POULL 1991, p. 54.

    26  Documents rares ou inédits de l’histoire des Vosges, 1868-1896, tome 2, p. 181-187 : « Accord entre les dames du chapitre de Remiremont et les bourgeois dudit lieu pour la clôture et fermeture de la ville, 1366 ».

    27  BRAILLARD, KRAEMER 1998, p. 104-106.

    28  BEAULIEU s.d., s.l.

    29  Pour une étude plus détaillée on renverra au récent article de : HEILI 2015, p. 19-24.

    30  On peut penser, comme ce fut d’ailleurs le cas à Baume-les-Dames (LOCATELLI 1998, p. 62 et annexe 4, p. 67) que les chanoinesses possédaient déjà, dès la fin du xiiie siècle mais plus sûrement au xive siècle, leur maison particulière à côté de structures collectives – réfectoire et dortoir – qu’elles devaient quotidiennement fréquenter.

    31  KOCH 2003, p. 24-28.

    32  Voir à ce sujet : DURAND 1929, p. 66 et sv.

    33  KRAEMER 1988 ; ANDRÉ 1990 ; ANDRÉ 1991 ; HENROTAY 1992 ; HENROTAY 1993.

    34  LEGAY 2006, p. 64.

    35  KRAEMER 2008, p. 205-219.

    36  PERRIN 1938. Selon cet auteur, un manse, comme unité de mesure, vaut entre 12 et 16 ha. Voir aussi sur ces questions de métrologie lorraine : GRIVEL 1914 et PELTRE 1975.

    37  Loco numcupante Ga1ilea, quod primo Juncturas vocabatur super fluvios Morte et Raurabaccho (faux privilège de Numérien, évêque de Trèves, xe siècle : BOUDET 1914-1921, p. 1 et sv. Voir aussi, FOURNIER 1893, p. 61.

    38  FOURNIER Ibidem, p. 155.

    39  Pour la description des découvertes faites à l’occasion de la reconstruction du pont en 1809-1810, voir GRAVIER 1836, p. 29 et sv.

    40  RONSIN 1969, p. 58. Selon FRAY 1992, p. 351, le vocable « Saint-Dié » semble avoir été pour la première fois employé dans la Divisio Regni Lotharii (M.G.H., LLI, 517). FOURNIER Ibidem, p. 153, donne cependant une date antérieure : 769 – Hoc est monasteriolo aliquo qui nuncupantur a Sancto Deodato intra Vosago sylva.

    41  SAVE 1881.

    42  PARISSE 1969, p. 5-102, ici n° 106.

    43  vicum ultra pontem…, selon FOURNIER op.cit., p. 157.

    44  Ibidem, p. 160.

    45  AD 88, G 242, d’ap. FRAY 2006, Annexe 2, p. 272.

    46  AD 88, G 249, n° 17, d’ap. POULL 1991, p. 74.

    47  AD 88, G 249.

    48  Cet ouvrage d’art est mentionné pour la première fois en 1216 : AD 88 G 711.

    49  GRAVIER op. cit., p. 308.

    50  GRAVIER op. cit., p. 76.

    51  FRAY 2006, Annexe 2, p. 272.

    52  Plan de 1722 : AD 54, B 12250 ; plan de 1739 : cf. de CHANTEAU 1875 ; SAVE, 1881 ; BEAUMONT 1961 ; plan de 1743 : AD 54, B 11312.

    53  CLERC, MEYER 2009, 86 p.

    54  GRAVIER op. cit., p. 309.

    55  SAVE 1881, p. 47-64.

    56  WATTEAUX 2003, p. 187-214.

    57  Pour GAUTHIER 1980, p. 388, « On sait en fait peu de choses d’Abbo/Goericus mais il existe deux vies qui ne reposent sur aucune information sérieuse ». De même, pour PARISSE, HARI 2015, p. 17.

    58  WAGNER 2011, p. 405-417.

    59  On rappellera ici, sur cette question, les travaux de : ZADORA-RIO 1989, p. 11-16 ; TREFFORT (1996, en particulier le chapitre 3, 3ème partie « Le cimetière : symbole de la communauté chrétienne », p. 143-163 ; BONASSIÉ 1994 p. 68-75 ; LAUWERS 2005, en particulier p. 144-146 ; MOUILLEBOUCHE 2009, p. 73-138 ; enfin, pour donner un aperçu régional bien incomplet à ce propos KRAEMER 2007, p. 23-38.

    60  Dans le chapitre introductif de l’ouvrage collectif, L’église, le terroir (cf. note 57), Élisabeth Zadora-Rio précise que le concile de Tolède de 681 définit le périmètre de l’asile par un rayon de 30 pas, soit environ 55 m. 50 pas équivalent donc à une longueur proche de 90 m.

    61  MOUILLEBOUCHE op. cit., p. 81.

    62  En tenant compte de sa plus grande surface, de l’ordre de 1,3 ha, l’aître d’Épinal est comparable à bon nombre de cas, dont la superficie se situe entre 1 et 1,6 ha, rarement plus. Ces dimensions correspondent au troisième groupe observé par ZADORA-RIO 1989, p. 16.

    63  HENIGFELD, KUCHLER, 2014, 212 p.

    64  DOHR 2015, p. 117-121.

    65  Outre la publication évoquée ci-dessus, voir aussi : KRAEMER 1990-94, p. 125-134.

    66  Pour le détail, on renverra à KRAEMER 2006, p. 39-68.

    67  BALAND, GUICHARD 2006, p. 25-38.

    68  « Notices et extraits d’un triple nécrologe de l’abbaye de Remiremont », M.S.A.L, 1904, p. 221-262.

    69  PERRIN 1924, p. 335.

    70  LEPAGE 1878, p. 154.

    71  KRAEMER 2008, p. 7-32.

    72  KRAEMER 2011, p. 61 et 71-72.

    73  CABASSE 1877, p. 350.

    74  DRIHV, I, 1868, p. 66-72.

    75  SCHNEIDER 1988, p. 100 d’après AD 88, Edpt 379/AA 1.

    76  Ibidem, p. 35-36, d’après BELHOMME, Historia medianimonasterii, p. 315-317.

    77  En 1398, un bourgeois de la ville élit sépulture « en la chapelle dedans la ville fermée de Rowon », CABASSE 1877, p. 331.

    78  Dom LIGIER xviiie siècle, BM Nancy, ms 1007, p. 138.

    79  AD 88, Edpt 379/AA1.

    80  FRAY 2006, Catalogue des localités centrales et de leurs critères de centralité, p. 250.

    81  AD 54, B 892, n° 1.

    82  SCHNEIDER 1988, p. 37.

    83  HUMBERT 1994, p. 95-110.

    84  GEORGES 1968.

    85  FRAY, CORNU & FOURNIER, 2013.

    Auteur

    • Charles Kraemer

      Université de Lorraine, EA 1132 – HSICANT-MA

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    1  DUBY 1980, p. 9-12.

    2  En 1300, alors que le second réseau urbain est pour l’essentiel constitué, Bruyères, Raon et Remiremont comptabilisent 7 critères de centralités ; Épinal 13 et Saint-Dié 19. À titre de comparaison les villes épiscopales héritières du premier réseau en comptent plus de 30, jusqu’à 49 pour Metz ; Saint-Mihiel alors capitale des comtes de Bar, 28, Nancy et Neufchâteau villes des ducs de Lorraine nées d’un château, respectivement 21 et 25. Voir, sur ce sujet, FRAY 2006.

    3  FOSSIER 1971, p. 16-25.

    4  GAUTHIEZ (B.), ZADORA-RIO (E.), GALINIÉ (H.) 2003.

    5  BLOCH 1929, p. 60-70.

    6  LAVEDAN 1926.

    7  DESPORTES 1983, p. 204.

    8  GAILLARD 1986.

    9  RUYR 1626.

    10  FRAY 2006, p. 387.

    11  On reprend ici la position que Josiane Barbier exprime après s’être interrogée sur l’existence d’un palais carolingien à Remiremont. Voir BARBIER 2001, p. 11-12.

    12  MOUGIN 1904, p. 288-289 : « Cette métairie, dès les premiers temps de la fondation de l’église de Remiremont sur le sommet de la montagne d’Habend, était assez considérable ; suivant d’anciens titres elle entretenait mille domestiques : mille conversi monasterii famuli ou comme disent d’autres documents : mille domestici sive clerici ; sive laïci pour fournir aux membres qui composaient cet établissement les choses nécessaires à la vie (d’après : Notice sur la ville de Remiremont de ses antiquités et de son illustration par Mr Vuillemin, Copie de l’original, ms 21, cahier n° 3, f° 1, AM Remiremont). S’il y a un quelconque crédit à apporter à ce chiffre, c’est en considérant qu’il vaut pour l’ensemble du domaine qui selon toute vraisemblance devait s’étendre, sur une large portion des vallées de la Moselle et de la Moselotte en amont et en aval de Remiremont. Cette remarque est déjà suggérée par FOURNIER 1895, p. 150.

    13  DUVERNOY 1912, p. 106.

    14  POULL 1991, p. 30 : en 1132, Simon fait démolir le château construit à tort sur un fonds du monastère ; p. 54 : Ferry II se résout à faire la paix… et reconnaît que nul ne peut élever un ou plusieurs châteaux sur les terres de l’abbaye. On renverra également, pour mémoire, à BRIDOT 1997, n° 52, p. 115-116 et n° 121, p. 233-235.

    15  BRIDOT Ibidem, n° 56, p. 121-124.

    16  Idem, n° 134, p. 251-254.

    17  C’est le mot utilisé pour désigner l’espace réservé à la communauté civile, en 1291. Voir à ce propos : RENAUT 1984, p. 98.

    18  Les avis divergent quant à sa date de fondation. Pour les uns, dont Georges Poull, elle date de l’installation des moniales dans la vallée ; elle était alors la seule église et ce n’est que lorsqu’elle est élevée au rang d’église paroissiale, que les moniales font bâtir l’église Saint-Pierre (POULL 1980, p. 249-270). Pour d’autres, tel l’érudit abbé Didelot, l’église Notre-Dame ne fut construite qu’au cours du xe siècle, vers 930-940 (FOURNIER op. cit., p. 184). Il faut considérer, en réalité, comme le pensait dom Calmet, mais pas pour les mêmes raisons, que les deux églises furent construites en même temps. Dès l’origine, comme dans toutes les abbayes mérovingiennes, le monasterium Habendum juché sur son relief disposait d’au moins deux sanctuaires, dont un pour les offices, sous l’invocation de saint Pierre et l’église Notre-Dame qui faisait fonction d’église funéraire (KRAEMER 1989, p. 65-67 et 1995-97, p. 37).

    19  En 1157, le pape ouvre l’église Notre-Dame, jusqu’alors réservée à la familia de l’abbaye, à la population de Remiremont : BRIDOT Ibid.

    20  Ibidem, n° 97, p. 202-205.

    21  Ibidem, n° 160, p. 285-287.

    22  « Domus Dei », ibid., n° 95, p. 200-201.

    23  Ibidem, n° 105, p. 213-215.

    24  Les exemples d’abbayes alto-médiévale fortifiés sont nombreux. Nous n’en donnerons que deux, un régional, avec l’abbaye de Saint-Mihiel dans le département de la Meuse (PARISSE 1974, p. 23-33) ; un extrarégional, avec l’abbaye de Saint-Vaast, à Arras, fortifiée, entre 883 et 887 (LESTOQUOY 1944, p. 171). À Remiremont, toutefois, (FOURNIER op. cit., ), la tradition distingue l’abbaye du palais royal, ce dernier étant localisé sur barre morainique, entre la ville et la Moselle ; cette hypothèse qui n’a ni fondement historique ni fondement archéologique, est fondée sur le microtoponyme qui désignait ce relief, le « grand et le petit châtelet » et sur les quelques substructions, voûtes et murailles, qui en furent exhumées lors de son arasement pour l’établissement du chemin de fer et la construction de la gare.

    25  RICHARD 1852, p. 326. Voir aussi POULL 1991, p. 54.

    26  Documents rares ou inédits de l’histoire des Vosges, 1868-1896, tome 2, p. 181-187 : « Accord entre les dames du chapitre de Remiremont et les bourgeois dudit lieu pour la clôture et fermeture de la ville, 1366 ».

    27  BRAILLARD, KRAEMER 1998, p. 104-106.

    28  BEAULIEU s.d., s.l.

    29  Pour une étude plus détaillée on renverra au récent article de : HEILI 2015, p. 19-24.

    30  On peut penser, comme ce fut d’ailleurs le cas à Baume-les-Dames (LOCATELLI 1998, p. 62 et annexe 4, p. 67) que les chanoinesses possédaient déjà, dès la fin du xiiie siècle mais plus sûrement au xive siècle, leur maison particulière à côté de structures collectives – réfectoire et dortoir – qu’elles devaient quotidiennement fréquenter.

    31  KOCH 2003, p. 24-28.

    32  Voir à ce sujet : DURAND 1929, p. 66 et sv.

    33  KRAEMER 1988 ; ANDRÉ 1990 ; ANDRÉ 1991 ; HENROTAY 1992 ; HENROTAY 1993.

    34  LEGAY 2006, p. 64.

    35  KRAEMER 2008, p. 205-219.

    36  PERRIN 1938. Selon cet auteur, un manse, comme unité de mesure, vaut entre 12 et 16 ha. Voir aussi sur ces questions de métrologie lorraine : GRIVEL 1914 et PELTRE 1975.

    37  Loco numcupante Ga1ilea, quod primo Juncturas vocabatur super fluvios Morte et Raurabaccho (faux privilège de Numérien, évêque de Trèves, xe siècle : BOUDET 1914-1921, p. 1 et sv. Voir aussi, FOURNIER 1893, p. 61.

    38  FOURNIER Ibidem, p. 155.

    39  Pour la description des découvertes faites à l’occasion de la reconstruction du pont en 1809-1810, voir GRAVIER 1836, p. 29 et sv.

    40  RONSIN 1969, p. 58. Selon FRAY 1992, p. 351, le vocable « Saint-Dié » semble avoir été pour la première fois employé dans la Divisio Regni Lotharii (M.G.H., LLI, 517). FOURNIER Ibidem, p. 153, donne cependant une date antérieure : 769 – Hoc est monasteriolo aliquo qui nuncupantur a Sancto Deodato intra Vosago sylva.

    41  SAVE 1881.

    42  PARISSE 1969, p. 5-102, ici n° 106.

    43  vicum ultra pontem…, selon FOURNIER op.cit., p. 157.

    44  Ibidem, p. 160.

    45  AD 88, G 242, d’ap. FRAY 2006, Annexe 2, p. 272.

    46  AD 88, G 249, n° 17, d’ap. POULL 1991, p. 74.

    47  AD 88, G 249.

    48  Cet ouvrage d’art est mentionné pour la première fois en 1216 : AD 88 G 711.

    49  GRAVIER op. cit., p. 308.

    50  GRAVIER op. cit., p. 76.

    51  FRAY 2006, Annexe 2, p. 272.

    52  Plan de 1722 : AD 54, B 12250 ; plan de 1739 : cf. de CHANTEAU 1875 ; SAVE, 1881 ; BEAUMONT 1961 ; plan de 1743 : AD 54, B 11312.

    53  CLERC, MEYER 2009, 86 p.

    54  GRAVIER op. cit., p. 309.

    55  SAVE 1881, p. 47-64.

    56  WATTEAUX 2003, p. 187-214.

    57  Pour GAUTHIER 1980, p. 388, « On sait en fait peu de choses d’Abbo/Goericus mais il existe deux vies qui ne reposent sur aucune information sérieuse ». De même, pour PARISSE, HARI 2015, p. 17.

    58  WAGNER 2011, p. 405-417.

    59  On rappellera ici, sur cette question, les travaux de : ZADORA-RIO 1989, p. 11-16 ; TREFFORT (1996, en particulier le chapitre 3, 3ème partie « Le cimetière : symbole de la communauté chrétienne », p. 143-163 ; BONASSIÉ 1994 p. 68-75 ; LAUWERS 2005, en particulier p. 144-146 ; MOUILLEBOUCHE 2009, p. 73-138 ; enfin, pour donner un aperçu régional bien incomplet à ce propos KRAEMER 2007, p. 23-38.

    60  Dans le chapitre introductif de l’ouvrage collectif, L’église, le terroir (cf. note 57), Élisabeth Zadora-Rio précise que le concile de Tolède de 681 définit le périmètre de l’asile par un rayon de 30 pas, soit environ 55 m. 50 pas équivalent donc à une longueur proche de 90 m.

    61  MOUILLEBOUCHE op. cit., p. 81.

    62  En tenant compte de sa plus grande surface, de l’ordre de 1,3 ha, l’aître d’Épinal est comparable à bon nombre de cas, dont la superficie se situe entre 1 et 1,6 ha, rarement plus. Ces dimensions correspondent au troisième groupe observé par ZADORA-RIO 1989, p. 16.

    63  HENIGFELD, KUCHLER, 2014, 212 p.

    64  DOHR 2015, p. 117-121.

    65  Outre la publication évoquée ci-dessus, voir aussi : KRAEMER 1990-94, p. 125-134.

    66  Pour le détail, on renverra à KRAEMER 2006, p. 39-68.

    67  BALAND, GUICHARD 2006, p. 25-38.

    68  « Notices et extraits d’un triple nécrologe de l’abbaye de Remiremont », M.S.A.L, 1904, p. 221-262.

    69  PERRIN 1924, p. 335.

    70  LEPAGE 1878, p. 154.

    71  KRAEMER 2008, p. 7-32.

    72  KRAEMER 2011, p. 61 et 71-72.

    73  CABASSE 1877, p. 350.

    74  DRIHV, I, 1868, p. 66-72.

    75  SCHNEIDER 1988, p. 100 d’après AD 88, Edpt 379/AA 1.

    76  Ibidem, p. 35-36, d’après BELHOMME, Historia medianimonasterii, p. 315-317.

    77  En 1398, un bourgeois de la ville élit sépulture « en la chapelle dedans la ville fermée de Rowon », CABASSE 1877, p. 331.

    78  Dom LIGIER xviiie siècle, BM Nancy, ms 1007, p. 138.

    79  AD 88, Edpt 379/AA1.

    80  FRAY 2006, Catalogue des localités centrales et de leurs critères de centralité, p. 250.

    81  AD 54, B 892, n° 1.

    82  SCHNEIDER 1988, p. 37.

    83  HUMBERT 1994, p. 95-110.

    84  GEORGES 1968.

    85  FRAY, CORNU & FOURNIER, 2013.

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    Kraemer, C. (2017). Morphogenèse et évolution des petites villes vosgiennes du versant lorrain au Moyen Âge. In C. Kraemer, J. Koch, & O. Kammerer (éds.), Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge (1‑). Éditions de l’Université de Lorraine. https://doi.org/10.4000/13nq8
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