Anthropisation et culture matérielle des Vosges au Moyen Âge. Un chapitre à écrire
p. 13-26
Texte intégral
1Écrire l’histoire médiévale de la montagne vosgienne – en admettant qu’il s’agisse d’une véritable montagne1 – à partir des données archéologiques relève, aujourd’hui encore de la gageure tant il est vrai que les données sont rares, partielles et, lorsqu’elles existent, qu’elles ne concernent que quelques domaines spécifiques de l’activité humaine. Ce constat s’impose pour les Vosges alsaciennes plus prisées par les touristes pour leurs belles ruines de châteaux et les repas « marcaires » des fermes-auberges, et plus encore pour les deux autres versants, lorrain et franc-comtois, où les recherches n’ont qu’exceptionnellement atteint les sommets. Le cloisonnement régional, dû peut-être à la barrière de la langue autant qu’à l’histoire spécifique de chaque versant, a, en effet, probablement joué contre une histoire globale « de la conquête des Hauts »2, mais l’on peut convenir, à l’inverse, que cette situation a stimulé une myriade de recherches dont il faut regretter, tout de même, et le caractère disparate et le manque de coordination institutionnelle.
2En devenant une science à part entière, affranchie des disciplines desquelles elle était traditionnellement dépendante, et en s’appuyant sur de nouvelles méthodes et pratiques d’investigations, l’archéologie a permis de définir des problématiques inédites, spécifiques aux espaces d’altitude, ouvrant sur de nouvelles pistes de recherche, elles-mêmes susceptibles d’offrir de plus amples résultats sur leur anthropisation et l’impact qu’elle eut sur les paysages. Des publications récentes3, françaises ou de niveau européen, sur l’archéologie de la montagne, mettant en exergue une démarche fondée sur la transdisciplinarité, ont ouvert le chemin à une réflexion commune sur l’anthropisation du massif et sa culture matérielle au Moyen Âge, par des chercheurs venus d’horizons différents.
3Le temps est venu pour qu’enfin les Vosges soient traitées dans leur entité, et pour que soit, peut-être, régler définitivement le postulat ancien faisant des « hauts » un territoire de conquête par des abbayes sises, en fond de vallée, à la périphérie ou au cœur du massif, ou par des seigneuries laïques autocentrées sur un château.
Géographie physique et humaine : des versants contrastés aux accès aisés
4S’intéresser à cette chaîne d’un point de vue archéologique oblige d’abord à lui reconnaitre son statut de montagne à partir d’éléments factuels qui caractérisent son unicité topographique et la distinguent de ses abords. Or on ne peut que s’accorder, en s’appuyant sur la définition du mot « montagne » que donnent les géographes, sur le fait que les Vosges constituent sur une étendue de quelque 14 000 km2, une région naturelle émergente par rapport au fossé rhénan, au plateau lorrain et à la dépression saônoise qui l’environnent. Ce massif offre cependant, des Vosges bossues, au nord, à la région des mille étangs, au sud, en passant par les Hautes-Vosges, une multitude de paysages relatifs à la diversité des substrats rocheux, à l’amplitude altimétrique, à l’asymétrie des versants le long desquels s’étage une végétation variée, passant sans véritable transition, des pâtures et cultures des vallées et faibles reliefs, aux forêts sombres de feuillus et de sapins, disposées en gradins en deçà des sommets les plus hauts, occupés par les gazons drus des hautes-chaumes.
5Le rapport à la montagne n’est toutefois pas le même selon qu’elle est abordée de l’est ou de l’ouest et du sud. Partant de la plaine d’Alsace, l’horizon est rapidement fermé par un « mur » cristallin qui culmine, au plus, à 1000 mètres. Son sommet est pourtant en tout point accessible en un temps relativement court, de l’ordre d’une journée dans sa partie méridionale, la plus élevée. En suivant le massif, le parcours se fait sur un relief changeant, escarpé entre les vallées de Saint-Amarin et de Munster, assez doux au nord et au centre du massif pour ne devenir qu’une simple « marche4 » à partir du col de Saverne. De ce fait, la montagne vosgienne n’est pas véritablement en-dehors de la plaine d’Alsace. Au contraire, elle la prolonge sans changement de monde aussi net que celui que percevait le voyageur médiéval franchissant les grands cols alpins. Cette relation de proximité et de prolongement s’établit également de la crête, d’où le regard embrasse de belles perspectives sur la plaine. Au Moyen Âge, cette situation est parfaitement illustrée par l’exemple des sires de Hattstatt, qui, depuis leur château de Soultzbach-les-Bains dans le val Saint-Grégoire, administraient les « hauts » pour le compte du duc de Lorraine5. L’impression est la même lorsque du Ballon d’Alsace, de celui de Servance, ou de La Planche-des-Belles-Filles, la vue porte au loin sur la dépression sous-vosgienne, entre Belfort et Lure, jusqu’aux contreforts du Jura. Le relief y est certes moins escarpé, mais le dénivelé de même ampleur n’a pas été un handicap pour les seigneurs de Faucogney, lorsqu’ils édifièrent au xiie siècle6, un château sur la ligne de crêtes qui servait alors de limite au temporel de l’abbaye de Remiremont. Par son étendue, d’une trentaine de kilomètres des rives de la Moselle, entre Remiremont et Epinal, au Hohneck, le versant occidental offre pour un même dénivelé, un modelé plus tranquille, mais si les longues vallées en facilitent la circulation, le manteau forestier qui l’habille7 et qui servait de terrain de chasse à l’aristocratie franque eut indiscutablement un effet répulsif.
6La population indigène qui y vivait – les « forestiers » – y servait sans doute de guide, ce qui justifie peut-être le statut particulier que leurs accorde, en 822, Louis le Pieux, et qui leur assura, jusqu’à la fin du Moyen Âge, des franchises et immunités particulières8. Lorsqu’en 1285, le duc de Lorraine fonde la ville neuve de Gérardmer, en pariage avec le seigneur de Hattstatt, l’un et l’autre s’engagent à faire accompagner les marchands dans le franchissement des cols entre l’Alsace et la Lorraine9. Ce recours à des guides pour voyager dans la montagne reste de circonstance bien longtemps encore. Pour preuve, parmi d’autres, le compte rendu du voyage que fait, en 1665, dom Gabriel Bucelin dans les abbayes vosgiennes et franc-comtoises, dans lequel il se plaint de la route montagneuse, difficile, qui le conduit, par Laterbach, le col de Boelesgrab et le vallon du Kaltenbrunenbach, à l’abbaye de Munster. Lorsqu’il quitte Saint-Dié, quelques semaines plus tard, pour rejoindre Kaysersberg, il déplore à nouveau l’ascension et la descente difficiles du col du Bonhomme10. Dom Ruinart, quelques décennies après lui, quittant Senones pour l’Alsace, tient à peu près les mêmes propos. « Nous partîmes de Senones », précise-t-il, « suivant des chemins qui n’en étaient pas : allant à travers les pierres et les roches, tantôt à pied, tantôt à cheval ». Et d’ajouter : « nous parvînmes par-dessus une suite de montagnes à la plus élevée de toutes, et nous nous trouvâmes dans une vaste plaine, dont les arbres étaient abattus et qui était appropriée à l’éducation du bétail : ces lieux se nomment chaumes »11.

Les hautes chaumes des Vosges. Carte dressée par Thierry Alix, président de la Chambre des comptes de Lorraine, vers 1576-1578 (AD 54, B 617-1).
7On le comprend par cette petite description anodine, le lien entre la géographie physique et celle des ressources naturelles, second élément déterminant dans cette analyse des conditions induites par les formes du paysage, est étroit. La surface végétalisée représente en effet un énorme potentiel de ressources, comestibles comme le fourrage pour le bétail, combustibles par l’exploitation de bois de chauffage, ou encore architecturales par la fourniture de bois d’œuvre. Les exemples ne manquent qui rapportent, au fil du temps, l’usage que l’on peut faire de la forêt. Ainsi, en 1204, le duc de Lorraine donne l’autorisation aux religieux du Saint-Mont de prendre du bois, dans le massif du Fossard, pour se chauffer et bâtir12 et, en 1495, René ii accorde à cette même communauté le droit d’y établir un parc pour rentrer le soir les porcs qui y pâturent13. Exploitée pour une nécessaire utilisation locale, la forêt vosgienne le fut aussi pour de plus grandes entreprises. Dès la colonisation romaine, le pin des Vosges, comptant parmi les plus estimés avec celui du Jura, de la Corse, de la Bithynie, du Pont et de la Macédoine14, est employé dans la charpenterie de marine, en particulier pour la confection des mâts, et, au Moyen Âge, son exportation par flottage sur la Meurthe, la Moselle et son principal affluent, la Moselotte15, jusqu’à Metz et au-delà jusqu’à la mer du Nord, est attestée dès 130216. Arrosé par des pluies venues de l’Atlantique, le massif ne souffre pas du manque d’eau chronique de certaines régions alpines et de son sol jaillissent en effet une multitude de cours d’eau qui contribuent à l’activité économique de la montagne. Outre un vecteur de communication et de transport, l’eau contribue, grâce à la pêche, à l’alimentation de ses riverains et fournit par son débit torrentiel l’énergie motrice indispensable à la transformation du bois, des céréales et des minerais. Bref, et bien avant que le massif ne soit parcouru par un tourisme d’érudits (botanistes, naturalistes, géologues) puis qu’il ne soit vanté pour sa nature pittoresque, Jean Ruyr, dans les premières décennies du xviie siècle, chante les Vosges pour leur fertilité et ce qu’elles fournissent de nécessaire à l’usage de l’homme, en particulier « l’endroit qui regarde l’Orient pour son territoire fertile en vignes, et l’autre [versant], exposé au Midy ou à l’Occident pour les pasturages très utiles »17.
8À n’en pas douter, dès cette époque, mais probablement avant, la forêt ne recouvrait déjà plus qu’un territoire limité, pour l’essentiel, aux Hautes-Vosges, le reste étant très largement envahi par des pâtures et des cultures. Les paysages fermés actuels ne doivent donc pas faire oublier que la tension entre nature et culture se joue en fonction des flux et des reflux démographiques. L’archéologie a, de ce point de vue, pu montrer qu’avant le Moyen Âge et les pressions démographiques qu’on lui sait, le Hohlandsbourg a connu une première vie à l’Âge du Bronze ; qu’il existe, de part et d’autre du col de Saverne18, une forte densité de sites d’habitat, qui plaide pour un peuplement relativement dense de la région dans les premières siècles de notre ère et contribua à développer la notion de « culture des sommets vosgiens » ; ou encore qu’ont été repérés dans tout le massif, de Wissembourg à Giromagny, sur le versant haut-saônois, en passant par les environs de la vallée de la Cleurie19, toutes sortes de murets effondrés ou de « murgers » définissant des parcellaires de pierre qui participent de la conquête ou reconquête des forêts de versants à toutes les époques.
La recherche archéologique : les prémices (avant 1990)
9L’intérêt archéologique pour le massif vosgien est récent comme l’atteste les communications présentées lors du colloque de Gérardmer-Munster mais son étude générale reste à faire en dépit d’une réflexion engagée depuis plus d’un siècle par Pierre Boyé. Cet avocat nancéen, par le sous-titre « géographie et économie historiques » qu’il donne à son étude sur les hautes-chaumes des Vosges20 autant que par son questionnement pertinent sur la colonisation des territoires depuis la fin de la Préhistoire, ouvre en effet la voie. Or, loin de se fonder sur des éléments factuels, son discours, façonné par son époque, s’appuie pour une large part sur les origines linguistiques « celtes » de la toponymie et renvoie constamment aux « races laborieuses » entreprenantes et à l’intelligence créative qu’elles durent développer dans ce milieu austère. Avec beaucoup d’à priori, il fait usage de quelques « images d’Épinal » pour démontrer que les sommets sont éloignés de la plaine et des voies de communication21 antiques. Enfin, sans plus de données objectives, il suppose – ce qui deviendra après lui une vérité historique – que les pasteurs des vallées alsaciennes, notamment ceux du val Saint-Grégoire, ont entrepris de coloniser les « hauts » dès la seconde moitié du viiie siècle. En dépit de ses quelques errements, l’auteur qui a réalisé une étude méthodique sinon méthodologique sans les outils dont elle avait besoin, a néanmoins produit un ouvrage qui reste la seule réflexion d’ensemble disponible pour le massif. Depuis, les questions laissées en suspens n’ont pas même obtenu un début de réponse.
10Celle du franchissement du massif en est une parfaite illustration. Nombre de voies transversales actuelles sont en effet perçues par le biais du prisme déformant comme étant d’origine antique avec une utilisation qui se prolonge au Moyen Âge. La découverte, en fond de vallée, d’objets de telle ou telle autre époque amène encore à la conclusion, par trop hâtive, de l’existence d’une voie de communication, au motif que ceci expliquerait cela. Avec la même logique, les historiens invoquent les villes-péages (Thann, Guebwiller, Kaysersberg…) qui, au débouché d’une vallée, fixeraient le passage d’une route. La mythique Route Nationale 66 (du point de vue des habitants de la vallée de Saint-Amarin) vers le col de Bussang perpétuerait ainsi un passage de haute antiquité dont les seigneurs de Ferrette profitent en construisant un château, puis une ville, à Thann22. Il reste cependant que les preuves matérielles se font encore attendre, sauf dans le cas des chemins autour du col de Saverne, où l’étude archéologique a été réalisée par Jean-Joseph Ring, pour l’Antiquité uniquement23. Pourtant, pour l’époque médiévale, châteaux, abbayes et prieurés sont autant d’indicateurs de « pays » ouverts, non repliés sur eux-mêmes24. Débarrassée de son rôle supplétif de l’Histoire, l’archéologie récente, n’a donc, sur ce point, que très peu apporté, ses objets de recherche étant trop éparpillés.
Une archéologie sélective, donc restrictive, de la montagne et de son anthropisation
11Depuis une trentaine d’années, de nombreuses campagnes archéologiques ont porté sur des sites localisés à l’intérieur ou sur le pourtour du massif, mais aucun programme spécifique à une approche globale des dynamiques de peuplement n’a été initié par les autorités scientifiques et patrimoniales avant la décennie 2000/2010. L’absence de toute documentation archéologique intéressant ce pan de la recherche est criarde, les travaux restant cantonnés, de façon sélective, à des thèmes spécifiques, dont les mines et les châteaux, et, plus modestement, les abbayes et les villes. Quelques lignes-force émergent de ces thématiques.
Les mines
12Dans les Vosges, l’archéologie minière initiée au cours de la décennie 1970 apparaît comme un contre-point de la recherche historique restituée depuis le xviiie dans une imposante bibliographie25. Entreprises sous l’impulsion de spéléologues amateurs en plusieurs secteurs des trois versants du massif26, les prospections ont finalement abouti à l’ouverture de véritables chantiers de fouilles et de topographie de réseaux27, et à la mise en place d’un cadre méthodologique validé dans le Projet collectif de recherches lancé en 1982 sur les mines et la métallurgie dans la France de l’Est, de l’Antiquité aux Temps modernes. Dans les mines d’argent du val Sainte-Marie, en Alsace, ces recherches, pionnières sur le plan national et désormais pilotées par l’Université de Mulhouse (CRESAT) accompagnée depuis peu par l’INRAP Grand-Est Sud, allient les travaux souterrains aux recherches de structures de surface (documentation des haldes, ateliers de lavage et de concassage, fonderies…), essentiellement attribuées au xvie siècle. Déplacées depuis quelques années du Neuenberg à l’Altenberg – deux toponymes qui expriment à leur manière le glissement des exploitations d’une crête vers l’autre –, ces recherches révèlent un passé de plus en plus lointain, auparavant suggéré par les sources écrites28. Ainsi, la question qui se pose aujourd’hui est bien celle du commencement de cette industrie montagnarde. Des bois datés par14C du xe siècle, peut-être même avant en raison des marges d’incertitude, ont permis une réflexion pertinente sur les raisons historiques de la mainmise de l’abbaye de Saint-Denis sur le Val de Lièpvre à l’époque carolingienne29. Cette thèse propose de voir un lien avec le commerce du sel, par la via salinaria qui relie le bassin lorrain salifère à Sélestat par le col de Saales, et celui de l’argent extrait de la galène, utilisé comme moyen de paiement direct de cette ressource. Ici donc, l’archéologie réoriente la recherche historique, émoussant, au passage, la cognée du « moine défricheur » longtemps considérée comme la raison d’être des établissements religieux fondés au viie siècle. La présence supposée d’un atelier monétaire épiscopal au cours du xiiie siècle à Châtenois, au débouché de la même vallée, est également un indicateur de l’origine ancienne de ces exploitations. Dans un autre secteur pionnier qu’est le vallon de Steinbach, près de Cernay, la chronologie remonte également à des époques antérieures à ce supposé « Âge d’Or » qui caractérise le règne des Habsbourg30. Cette époque est finalement bien connue grâce aux sources écrites, puisque les concessions minières ainsi que le transport du minerai sont extrêmement réglementés, et par le fait d’une première organisation industrielle, à grande échelle, durablement marquée dans le territoire31. Au sud du massif, les mines de cuivre du Thillot sont exploitées du milieu du xvie au milieu du xviiie siècle, et leurs fouilles ont permis, sans interférer sur la problématique de l’anthropisation du massif, des observations d’ordre technique sur les percements, l’utilisation précoce de la poudre noire et le fonctionnement des machines hydrauliques.
Le château « fort », construction indissociable de la montagne vosgienne
13Le château médiéval constitue pour le massif vosgien le deuxième grand thème de recherche de la seconde moitié du xxe siècle porté principalement par des équipes de bénévoles, plus rarement par des universitaires32 notamment pour la confection d’atlas régionaux33. Cet édifice ne fut cependant étudié que pour ce qu’il représente et pour ce qu’il est : un habitat privé, fortifié et réservé à une élite. Les fouilles et études furent limitées à l’espace défini par ses murs et ne furent qu’exceptionnellement réalisées au-delà de l’emprise des fossés. Ainsi, à la question posée par Francis Rapp34 de l’impact d’un château sur un territoire ou son lien potentiel avec une voie de communication, l’archéologie ne peut encore apporter que de trop vagues réponses en raison du manque de pertinence de la donnée. Pour autant, le premier impact du château sur la domestication du milieu est directement induit de sa construction. L’ouverture d’un chantier signifie qu’il faut aménager un site et disposer des matériaux nécessaires. Une telle entreprise nécessite l’extraction de roches pour la pierre de construction, parfois dans des secteurs éloignés du site à bâtir. C’est le mérite de l’équipe du Centre de recherches archéologiques médiévales de Saverne (CRAMS) que d’avoir commencé l’étude de telles exploitations au Petit-Ringelsberg35 ou Daubenschlagfelsen/Warthenberg36 avant 1990 et de faire le lien entre matériaux employés et qualités de roches disponibles dans les alentours. L’aménagement de citernes autant que les techniques de siège sont des activités en lien direct avec la problématique des carrières car creuser un tunnel de sape pour assiéger le château de Vieux-Windstein dans les Vosges du Nord au xive siècle37 ou aménager des puits au Haut-Koenigsbourg38 au xvie siècle, nécessitait, en effet, de recourir aux savoir-faire de mineurs. L’environnement immédiat d’une ruine reste donc pleinement un sujet pour la recherche à venir bien que le sujet ait été récemment bien dépoussiéré39.
Les abbayes
14Numériquement moins nombreux que les châteaux, les grands monastères vosgiens eurent une résonance tout aussi importante sur l’occupation, la gestion et l’organisation des territoires, celui des Vosges en particulier que Georges Bischoff a qualifié de « montagne d’abbayes et de prière »40. Une vingtaine d’établissements y furent fondés entre la fin du vie siècle et le tout début du ixe, globalement installés à la périphérie du piémont vosgien, exceptionnellement à l’intérieur du massif, à un confluent ou dans la portion la plus large d’une vallée, mais jamais au faîte à l’instar de certains monastères alpins d’altitude. Les études historiques qui traitent de leur origine sont nombreuses, la première, pour les établissements du versant lorrain datant de 162641. Elle s’appuie, comme celles qui suivront, sur la vie de leur fondateur rédigée rarement de leur vivant qui raconte au travers de formules lapidaires et parfois métaphoriques leur installation au « désert ». Cette vision des premiers monastères fondés à l’écart du monde, dans des régions dépourvues d’habitants, reste encore bien ancrée dans les esprits et la thèse de la préexistence d’une population montagnarde, proposée dès la fin du xixe siècle42, aura bien du mal à s’imposer.
15Une étude sur l’anthropisation et l’occupation du sol de la vallée de la Moselotte et de la haute-vallée de la Moselle43, a récemment été réalisée en s’appuyant sur les données archéologiques, historiques et toponymiques disponibles. On observe nettement, en dépit d’une documentation par trop indigente, que le peuplement de cette région n’a pas commencé avec une fondation monastique au viie siècle. Parcouru, lorsque les conditions climatiques le permettaient, par des populations nomades au Paléolithique inférieur et au Mésolithique, ce secteur de moyenne montagne reste fréquenté au Néolithique mais il faut attendre les premiers siècles de notre ère, à peine avant, pour que l’existence d’un peuplement dispersé le long de la voie antique Metz-Bâle par le col de Bussang, et dans la partie occidentale de la vallée de la Moselotte, soit envisagée. Il est difficile de mesurer l’incidence qu’eurent le petit âge glaciaire et les grandes migrations sur la démographie mais l’on admettra, en dépit de la carence du matériel archéologique de l’Antiquité tardive, que la région ne fut pas désertifiée en totalité. Pour preuve, l’aménagement, probablement à cette époque, d’un retranchement au sommet du Saint-Mont, dans lequel Romary installera, au viie siècle, une filiale féminine de l’abbaye colombanienne de Luxeuil. Choisi, sans doute, pour sa situation stratégique, ce castrum, pris au sens étymologique du terme, est probablement indissociable de la présence, dans les vallées voisines, d’habitats et d’habitants. Deux toponymes en « – iacum » formés sur un radical germanique, ainsi que des indices de christianisation précoce avec deux églises dédiées l’une à saint Etienne, l’autre à saint Martin sont autant d’arguments qui confortent l’idée d’une relative vitalité de cette micro-région située aux portes du massif vosgien. À partir du viie-viiie siècle, l’habitat semble cependant se densifier, marqué d’abord par une constellation de lieux-dits formés avec le suffixe « -villers » puis, à partir du ixe-xe siècle et jusqu’à l’Époque moderne peut-être, par des toponymes et microtoponymes romans qui témoignent de l’ampleur des défrichements, de la mise en culture et de la structuration du territoire. Des observations semblables ont également été faites un peu au nord, dans la région de Bruyères44 et sur le secteur de l’abbaye de Bonmoutier45 ainsi que, sur le versant franc-comtois, dans la vallée du Breuchin46 contrôlée par une église Saint-Martin, perchée sur un relief, et le premier établissement colombanien d’Annegray. Pour autant, une étude de ces secteurs, selon une approche géoarchéologique, reste encore à faire.
Les villes
16La politique de grands travaux qui a contribué, depuis les dernières décennies du xxe siècle, au développement de l’archéologie préventive, a permis des investigations en milieu rural mais surtout en milieu urbain, lequel, constitue le cadre privilégié de l’anthropisation, sinon sa forme la plus aboutie. Épinal, Remiremont, Saint-Dié pour le versant lorrain, Luxeuil pour le piémont saônois, Thann, Munster, Châtenois, Ribeauvillé et quelques autres encore pour les contreforts sous-vosgiens d’Alsace, comptent parmi celles dont l’exploration du sous-sol a permis de raviver le questionnement sur leur genèse, rarement antérieure, à l’époque médiévale, et leur cristallisation autour d’une abbaye ou d’un château ; sur leur morphologie d’une façon générale, liée à la topographie ambiante autant qu’à la présence d’une enceinte urbaine fortifiée, parfois sur l’habitat civil que ces dernières ont circonscrit. En Alsace, un atlas des petites villes, déjà ancien mais qui vient de faire l’objet d’une réédition numérique47, traite d’une soixantaine de cas, dont une trentaine sont en situation de piémont, dans ou au débouché d’une vallée. Ce travail, pionnier au niveau national, fondé uniquement sur la donnée historique, a trouvé depuis un sérieux complément au travers d’un ouvrage collectif, fruit d’un PCR sur l’archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace48. Sept villes du périmètre vosgien, dont une du versant lorrain qui fut nettement moins urbanisé, participent à une meilleure appréhension du fait urbain dans la montagne médiévale49 et de son interaction avec la campagne et les hommes qui l’habitent.
Quelles perspectives ?
17La recherche autour du « milieu montagnard » s’est considérablement amplifiée au cours de la dernière décennie permettant des avancées qui, au demeurant, sont moins le fait de l’archéologie au sens académique du terme que de disciplines voisines liées à la géographie humaine50 ou aux sciences environnementales. Notre époque réfléchit, en effet, à l’impact des activités humaines sur tous les milieux et l’archéologie, naturellement happée par ce mouvement, participe à cette dynamique scientifique et culturelle en recourant aux désormais indispensables outils informatiques et numériques (LIDAR) ainsi qu’aux sciences « dures » (géologie, carpologie, anthracologie…51). Cette archéologie du territoire, qui relève de méthodes dites géoarchéologiques, s’est donc affranchie des limites physiques d’une construction pour les intégrer dans un espace plus vaste. Elle s’est également libérée des limites chronologiques en proposant une approche diachronique des terroirs étudiés.
18Pour revenir à la montagne, thème de cette publication, il faut bien convenir que, contrairement à un espace urbain, elle peut ne pas subir d’importantes pressions humaines pendant des siècles. La recherche doit donc permettre de mesurer, sur la longue durée, l’ampleur des changements structurels induits de l’anthropisation. Généralement éloigné des interventions liées à l’archéologie préventive52, le milieu montagnard vosgien a pourtant déjà fait l’objet de recherches par le Laboratoire de chrono-environnement53 (UMR 6249 du CNRS), le Laboratoire Image, Ville, Environnement de l’Université de Strasbourg (UMR 7362 du CNRS) mais aussi par la Faculté de géographie et d’aménagement de Strasbourg54 qui a effectué un recensement des traces, épierrements ou murets de terrasses, laissées par l’exploitation agricole qu’elle a ponctuellement soumis à la critique des fouilles.
19On l’observe, la recherche alsacienne sur ces questions de l’anthropisation de la montagne vosgienne a, de fait, une longueur d’avance sur les autres régions, sans doute due à la proximité des centres universitaires, à la mise en place d’une structure de recherche régionale, le PAIR (Pôle archéologique inter-départemental rhénan, devenu depuis Archéologie Alsace), mais aussi à l’intérêt ancien et toujours vivace que porte sa population à son histoire, les nombreuses associations actives de bénévoles, en témoignent. Outre des travaux géographiques et historiques portant sur les chaumes55, une belle leçon de travaux pratiques réalisée par l’une de ces équipes d’historiens « amateurs » a récemment contribué à agrémenter ce champ d’études. Par le croisement de données LIDAR avec les informations reproduites sur des cartes de la fin du xvie siècle et le plan de finage du xviiie siècle, une étude très complète a été réalisée et publiée en 2014 autour du village disparu de Langenberg sur le territoire de la commune de Gueberschwihr (Haut-Rhin)56. Le territoire examiné s’étage depuis les coteaux viticoles jusqu’à la crête dominée par la ruine du château de Haut-Hattstatt, à l’ouest. Cette démarche, exemplaire, résulte des moyens dont dispose maintenant un cercle élargi de chercheurs professionnels ou amateurs, et de la mise en réseaux des données accessibles sur internet. C’est dans ce type d’interventions que la connaissance du milieu va rapidement progresser.
20Cependant, l’anthropisation n’est qu’un domaine de recherche que le colloque « Vivre dans les Vosges au Moyen Âge » a voulu mettre en exergue. Son objectif était aussi de mettre l’accent sur tout ce qui touche à la culture matérielle telle qu’elle se comprend aujourd’hui, à savoir sur les conditions concrètes d’existence des populations locales, sur leur travail, leur savoir-faire et les productions qui en découlent, sur leur consommation et les échanges qu’elle suscite, sur l’organisation de leur(s) espace(s), domestique(s) ou professionnel(s).
21Le colloque de Gérardmet/Munster, pensé non comme un aboutissement mais comme une étape – un état des lieux des Vosges médiévales alsaciennes, lorraines et comtoises –, s’est imposé comme un préalable indispensable à un projet de recherche collectif pluri-, voire inter-, disciplinaire, dont il reste désormais à définir les contours et la problématique. Sa publication qui participe de l’enrichissement de la trop courte bibliographie sur le « fait montagnard », constituera aussi, on l’espère, un outil de réflexion à destination des collectivités locales soucieuses de valoriser, dans la perspective d’un tourisme culturel durable, leur patrimoine fragilisé par l’évolution actuelle.
Bibliographie
Bibliographie
Boës 2004 : Boës (Éric) et alii, « L’anthropisation des Vosges méridionales : la nécessaire conjugaison des sources historiques, archéologiques et paléo-environnementales », <https://www2.nancy.inra.fr/collectif/sylva2004/resumes/Boes.pdf>, consulté le 30.06.17.
Bohly, Fluck 2006 : Bohly (Bernard), Fluck (Pierre), « Archéologie des mines et de la métallurgie », in : Bilan scientifique de la région Alsace, n° spécial – périodes historiques, vol. 2/2, Paris, Sous-Direction de l’Archéologie, 2006, p. 157-178.
Boyé 1902 : Boyé (Pierre), « Étude historique sur les Hautes-Chaumes des Vosges », Nancy, 1900- 1902, Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1900, p. 185-350, 1 pl. ; 1901, p. 368-472 ; 1902, p. 67-208.
Bur 2002 : Bur (Michel) dir., Le Château d’Épinal, xiiie-xviie siècle, Paris, Éditions du CTHS, 2002, 279 p.
Ferber 2010 : Ferber (Frédéric), « Le bois et les flotteurs vosgiens à Metz à la fin du Moyen Âge », in : Eau, flottage et industries à Raon-l’Étape, Fédération des Sociétés savantes vosgiennes – Société Philomatique des Vosges, 2010, p. 187-201.
Finot 1888 : Finot (Jules), « Les sires de Faucogney, vicomtes de Vesoul. Notice et documents (xie-xive siècles) », Travaux et Documents de la Société d’émulation du Jura, 1888, p. 1-318.
Fluck 1990 : Fluck (Pierre), « L’activité minière dans les Vosges à l’époque moderne », in : Jacob (Jean-Paul), Mangin (Michel) dir., De la mines à la Forge en Franche-Comté des origines au xixe siècle, Annales littéraires de l’Université de Besançon, Les Belles-Lettres, 1990, p. 203-216.
Fluck 1993 : Fluck (Pierre), « Montanarchäologische Forschungen in den Vogesen : eine Zwischenbilanz », in : Steuer (Heiko), Zimmermann (Ulrich) dir., Montanarchäologie in Europa, Berichte zum internationalen Kolloquium„ Frühe Erzgewinnung und Verhüttung in Europa“, Freibur-im-Breisgau (4. bis 7. Oktober 1990), Sigmaringen, 1993, p. 267-289.
Fombaron et alii 1998 : Fombaron (Jean-Claude), Gueth (Francis), Leser (Gérard), Stoher (Bernard), La conquête des hauts – Explorateurs des Hautes-Vosges du xe au xixe siècle, Collection Parc naturel régional des Ballons des Vosges, n° 2, Extraits de Dialogues transvosgiens, 1998, 48 p.
Fray, Cornu, Fournier 2013 : Fray (Jean-Luc), Cornu (Pierre), Fournier (Patrick) dir., Petites villes en montagne de l’Antiquité au xxe siècle. Europe occidentale et centrale, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2013, 277 p.
Fray 2007 : Fray (Jean-Luc), Villes et bourgs de Lorraine. Réseaux urbains et centralité au Moyen Âge, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2007, 551 p.
Garnier 1997 : Garnier (Emmanuel), « Le flottage du bois dans la vallée de la Moselotte, au xviie siècle, in : Racine (Pierre) dir., Fleuves, rivières et canaux dans l’Europe occidentale et médiane, Nancy, CNDP/CRDP de Lorraine, 1997, p. 233-242.
Georges-Leroy et alii 2007 : Georges-Leroy (Murielle), Heckenbenner (Dominique), Laffite (Jean-Denis), Meyer (Nicolas) et alii, « Les parcellaires anciens fossilisés dans les forêts lorraine », in : Dupouey (Jean-Luc), Dambrine (Etienne), Dardignac (Cécile), Georges-Leroy (Murielle) dir., La mémoire des forêts, Actes du colloque « Forêt, archéologie et environnement », 14-16 décembre 2004, Office national des forêts – Institut national de la recherche agronomique
– Direction régionale des affaires culturelles de Lorraine, 2007, p. 121-132.
Goepp et alii 2007 : Goepp (Stéphanie) et alii, « Pédoanthracologie, dynamiques de végétation et anthropisation dans les Hautes-Vosges (massif du Rossberg, Haut-Rhin, France) », in : Dupouey (Jean-Luc), Dambrine (Etienne), Dardignac (Cécile), Georges-Leroy (Murielle) dir., La mémoire des forêts, Actes du colloque « Forêt, archéologie et environnement », 14-16 décembre 2004, Office national des forêts – Institut national de la recherche agronomique – Direction régionale des affaires culturelles de Lorraine, 2007, p. 35-44.
Goepp 2007 : Goepp (Stéphanie), Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien. Déterminisme et actions de l’Homme, Thèse de doctorat, Université Louis-Pasteur, Strasbourg, 2007.
Grandemange 1991 : Grandemange (J.), Les mines d’argent du duché de Lorraine au xvie siècle. Histoire et archéologie du Val de Lièpvre (Haut-Rhin), Document d’archéologie française, n° 30, Paris, 1991, 117 p.
Haegel 1985 : Haegel (Bernard), « L’enceinte et la carrière de pierres médiévale du Petit-Ringelsberg », Études médiévales : archéologie et histoire, Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1985, p. 67-94.
Haegel, Kill 1990 : Haegel (Bernard), Kill (René), « Le château de Warthenberg-Daubenschlagfelsen », in : Vivre au Moyen Âge. 30 ans d’archéologie médiévale en Alsace, Catalogue d’exposition, Strasbourg, 17 mai-30 septembre 1990, Strasbourg, Les Musées de la Ville de Strasbourg, 1990, p. 173-176.
Henigfeld, Masquilier 2008 : Henigfeld (Yves), Masquilier (Amaury) dir., Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace, Dijon, Revue Archéologique de l’Est, 26e supplément, 2008, p. 539 p.
Kammerer 2003 : Kammerer (Odile), « Les Vosges sont-elles une montagne au Moyen Âge ? », in : Montagnes médiévales, Actes des Congrès de la Société des médiévistes de l’enseignement supérieur public, 34e congrès, Chambéry, 2003, p. 23-39.
Kill 2012 : Kill (René), L’approvisionnement en eau des châteaux forts de montagne alsaciens, Saverne, Centre de recherches archéologiques médiévales, 2012, 480 p.
Kill 2015 : Kill (René), Le château du Haut-Koenigsbourg et l’eau : Sources, puits et citernes du Moyen Âge à l’époque actuelle », collection Les cahiers du Haut-Koenigsbourg, n° 2, Strasbourg, Ligne à suivre – le Verger éditeur, 2015, 94 p.
Koch 2015 : Koch (Jacky), L’art de bâtir dans les châteaux forts en Alsace (xe-xiiie siècles), Presses universitaires de Nancy – Éditions universitaires de Lorraine, Nancy, 2015, 562 p.
Kraemer 2006 : Kraemer (Charles), « Bruyères au Moyen Âge : du château à la ville », in : Rothiot (Jean-Paul), Husson (Jean-Pierre) dir., Bruyères, entre montagne et plateau lorrain, Mirecourt, Société philomatique Vosgienne – Société d’émulation du département des Vosges, 2006, p. 39-45.
Kraemer 2008 : Kraemer (Charles), « Du castrum Habendum au monasterium Habendum : Le Saint-Mont et ses relations avec le peuplement de la Moselotte et de la haute-vallée de la Moselle », in : Guillaume (Jacques), Peytremann (Edith) dir., L’Austrasie. Société, Economies, Territoires, Christianisation, Actes des XXVIe Journées internationales d’archéologie mérovingienne, Nancy 22-25 septembre 2005, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2008, p. 205-219.
Kraemer 2010 : Kraemer (Charles), « Entre textes et archéologie : recherches sur la topographie historique de Bonmoutier et Saint-Sauveur », in : Guyon (Catherine), Andriot (Cédric) dir., L’abbaye de Saint-Sauveur-en-Vosges, mille ans d’histoire, Annales de l’Est, n° spécial, 2010, p. 191- 204.
Kraemer 2011 : Kraemer (Charles), « Les premières occupations humaines de la vallée de Cleurie et de ses abords immédiats », in : La vallée de la Cleurie revisitée 150 ans après Xavier Thiriat, Gérard Louis Éditeur – Association des amis de la vallée de Cleurie, 2011, p. 62-78.
Kraemer 2012 : Kraemer Charles, « Gabriel Bucelin (1599-1681) et son ‘tour’ des abbayes entre Vosges et Franche-Comté », in : Vosges terre de tourisme, Conseil général des Vosges – Archives départementales des Vosges, 2012, p. 11-20.
Lepage 1877 : Lepage (Henri), « Notice historique et descriptive de Gérardmer », Annales de la société d’émulation du département des Vosges, 1877, p. 152-153.
Leser 1998 : Leser (Gérard), « La conquête des Hautes-Chaumes par les marcaires de la vallée de Munster », in : Fombaron (Jean-Claude), Gueth (Francis), Leser (Gérard), Stoher (Bernard), La conquête des hauts – explorateurs des Hautes-Vosges du xe au xixe siècle, Collection Parc naturel régional des Ballons des Vosges, n° 2, Extraits de Dialogues transvosgiens, 1998.
Liebelin 1987 : Liebelin (François), Mines et mineurs du Rosemont, Belfort, Centre Culturel de Giromagny, 1987, 375 p.
Matter 1829 : Matter (Jacques), Voyage littéraire en Alsace, par dom Ruinart ; traduit du latin, accompagné de notes et de dessins lithographiés et précédé d’un coup d’œil historique sur la littérature alsatique du Moyen Âge, Strasbourg, 1829, 151 p.
Méline 1933 : Méline (Pierre Célestin), Les ancêtres des montagnards vosgiens. Étude historique sur la population ancienne du Sud-Est des Vosges lorraines (jusqu’en 1632), Épinal, Imprimerie lorraine, 1933, 127-IV p.
Meyer 2005 : Meyer (Nicolas), « Les bâtiments des habitats et des parcellaires fossile du massif vosgien, secteur de Sarrebourg (Moselle) et de Saverne (Bas-Rhin) », Les Cahiers lorrains, 4, 2005, p. 225-235.
Ortlieb 2015 : Ortlieb (Jean-Baptiste), Anthropisation et occupation des hautes-chaumes vosgiennes à travers le temps, étude du massif du Rossberg, Master Recherche, Histoire et Civilisation de l’Europe occidentale, Université de Strasbourg, 2015.
Parmenteir 2012 : Parmentier (Damien), Abbayes des Vosges. Quinze siècles d’histoire, Strasbourg, La Nuée Bleue – Éditions Serpenoise, 255 p.
Passarius : Passarius (Olivier), Catafau (Aymat), Martzluff (Michel) dir., Archéologie d’une montagne brûlée. Massif de Rodès, Pyrénées-Orientales, Pôle archéologique départemental, Canet, Éditions Trabucaire, 2009.
Pline : Pline l’Ancien, Histoire naturelle, « le pin » Livre XVI, XVI.
Rapp 1968 : Rapp (Francis), Le château-fort alsacien dans la vie médiévale et la politique territoriale, Strasbourg, Centre d’archéologie médiévale, 1968, 113 p.
Richard, Ruffaldi 2004 : Richard (Hervé), Ruffaldi (Pascale), « Premières traces polliniques d’influence de l’homme sur le couvert végétal de l’Est de la France », in : Richard (Hervé), Néolithisation précoce. Premières traces d’anthropisation du couvert végétal à partir des données polliniques, Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2004, p. 117-126.
Ring 1990 : Ring (Jean-Joseph), « Le Plattenweg ; antique montée ouest de la Heidenstadt près d’Ernolsheim-lès-Saverne », Pays d’Alsace, 153, 1990, p. 31-43.
Rochel 2000 : Rochel (Xavier), « Des ‘voiles’ sur la Moselle. Le flottage du bois à Remiremont au xviie siècle », Annales de la société d’émulation des Vosges, 12, 2000, p. 59-69.
Ruyr 1626 : Ruyr (Jean), Recherche des sainctes antiquitez de la Vosge, province de Lorraine, Éditions Jacques Marlier, 1626.
Samo 2014 : Samo (Elfried), « Fulrads Silbertal infra vasta Uosgo – eine Spurensuche », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 162, 2014, p. 1-27.
Save 1886 : Save (Gaston), « Les Carolingiens dans les Vosges », Bulletin de la société philomathique des Vosges, 1885-1886, p. 165-181.
Schoen 1996 : Schoen (Henri), « Quelques sites de guerre de sape médiévale des Vosges et du Wasgau »», Revue d’Alsace, 122, 1996, p. 127-136.
Tzortzis, Delestre 2008 : Tzortzis (Stéphane), Delestre (Xavier) et alii, dir., Archéologie de la montagne européenne, Actes de la table ronde internationale de Gap, 29 septembre – 1er octobre 2008, Editions Errance — Centre Camille Jullian, 2010, 333 p.
Walter 1993 : Walter (Pierre) dir., Le Vieux Château de Rougemont, Belfort Éditions Deval, Belfort, 1993.
Weck et alii 2014 : Weck (Christophe), Bischoff (Georges), Grodwohl (Marc), Maurer (François), Langenberg, village disparu – Une archéologie du paysage à Gueberschwihr, Voegtlingshoffen et Hattstatt, Mémoires du Kuckuckstei, n° 9, avril 2014, 100 p.
Wilsdorf 1967 : Wilsdorf (Christian), « Dans la vallée de la Thur aux xiiie et xive siècles – La transformation d’un paysage par la route », Bulletin philologique et historique du comité des travaux historiques et scientifiques, Actes du 92e Congrès des sociétés savantes tenu à Strasbourg et Colmar, Paris, 1967, p. 303-328.
Notes de bas de page
1 KAMMERER 2003, p. 23-39.
2 Titre emprunté à la publication des 3e Rencontres d’histoire des Hautes-Vosges ayant eu lieu en octobre 1993. Les textes concernant l’exploration des Hautes-Vosges sont publiés in : FOMBARON, GUETH, LESER, STOHER 1998, 48 p.
3 PASSARRIUS, CATAFAU, MARTZLUFF dir., 2009, 504 p. et TZORTZIS, DELESTRE et alii, dir., 2010, 333 p.
4 « Zàwerer Staj » dans le dialecte. De même que le col de « Steige » tire son origine d’une racine identique francisée en pays « welsche ».
5 Dès la fin du xiiie siècle, Conrad Wernher, sire de Hattstatt, qui tient déjà la ville de la Bresse, est associé par le duc de Lorraine, Ferry III à la fondation de la ville neuve de Gérardmer (LEPAGE 1877, p. 152-153). En 1371, Wigelis de Hattstatt perçoit annuellement la production laitière et fromagère d’une journée comme redevance. Cf. LESER 1998, p. 19.
6 FINOT 1888, p. 1-318.
7 C’est en ces termes que dans sa Guerre des Gaules, César évoque cette sylva vosegus.
8 SAVE 1885-1886, p. 174.
9 AD 54, B 380, f° 170 d’ap. LEPAGE op.cit., p. 151.
10 KRAEMER 2012, p. 11-20.
11 MATTER 1829, p. 64.
12 AD 88, 7 H 2.
13 AD 88, 7 H 1.
14 PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, « le pin » Livre XVI, XVII.
15 Sur cette question voir : GARNIER 1997, p. 233-242 ; ROCHEL 2000, p. 59-69 ; FERBER 2010, p. 187-201.
16 AD 54, B 892, n° 1, d’ap. FRAY 2007, CD Rom, « Catalogue des localités centrales et de leurs critères de centralités », p. 250.
17 RUYR 1626, Préambule.
18 MEYER 2005, p. 225-235 ; GEORGES-LEROY, HECKENBENNER, LAFFITE, MEYER et alii, 2007, p. 121-132.
19 KRAEMER 2011, p. 71-72.
20 BOYÉ 1900, p. 185 à 350 ; 1901, p. 368 à 472 ; 1902, p. 67 à 208.
21 Ibidem p. 65. Ce qui, vu de Colmar, peut paraître quelque peu exagéré, voire méprisant !
22 WILSDORF 1967, p. 303-328. Au lieu-dit « Hauwenstein » à Malmerspach, des ornières parallèles creusées dans la roche peuvent avoir une origine antique.
23 RING 1990, p. 31-43.
24 Pensons au prieuré d’Obersteigen – un toponyme toujours aussi évocateur – édifié sous le règne de Frédéric II de Hohenstaufen, au pied du plateau lorrain et à proximité de Dabo.
25 On renverra ici à l’article de synthèse de FLUCK 1990, p. 203-216.
26 LIEBELIN 1987, 377 p. ; GRANDEMANGE 1991, 117 p.
27 FLUCK 1993, p. 267-289 ; BOHLY, FLUCK 2006, p. 157-178.
28 Les chroniques de Rudolf d’Ems.
29 SAMO 2014, p. 1-27.
30 Cf. la contribution de Bernard Bohly dans le présent ouvrage.
31 Au-delà de tentatives de relances d’exploitations au cours des xviiie et xixe siècles, du fait de l’extrême diversité de minerais, nombre de galeries sont occasionnellement occupées comme abris ou dépôts dans les zones de combat au cours du premier conflit mondial.
32 Si les recherches ont porté, de longue date, sur de nombreux châteaux du versant alsacien, les fouilles de tels édifices sur les deux autres versants sont exceptionnelles. On les citera pour mémoire : BUR 2002, 279 p. et WALTER 1993, 199 p.
33 On évoquera ici pour l’Est de la France, les travaux de l’ERA 761 du CNRS, fondée en 1978, devenue UA 1008 puis une des composantes de l’UMR avant de rejoindre, en 2009, l’UA 1132, HISCANT-MA ; on rappellera aussi les Projets collectifs de recherche coordonnés par Jean-Jacques Schwien de 1992 à 1998, sur les châteaux du Nord-Est de la France (Programme H 17) puis de 1998 à 2001 sur les châteaux de Franche-Comté (Programme H 24).
34 RAPP 1968.
35 HAEGEL 1985, p. 67-94.
36 HAEGEL, KILL 1990, p. 173-176.
37 SCHOEN 1996, p. 127- 136.
38 KILL 2012, 480 p. et 2015, 94 p.
39 KOCH 2015, 562 p.
40 D’après PARMENTIER 2012, p. 8.
41 RUYR 1626.
42 BOYÉ op. cit. et MÉLINE 1933.
43 KRAEMER 2008, p. 205-219.
44 KRAEMER 2006, p. 3.
45 KRAEMER 2010, p. 191-204.
46 Cf. ci-dessous la contribution d’Emet Marron et Sébastien Bully.
47 Cf. <http://www.atlas.historique.alsace.uha.fr/atlas-des-villes-medievales-d-alsace-f-j-himly>, consulté le 30.06.17.
48 HENIGFELD, MASQUILIER 2008, 539 p.
49 On rappellera ici l’ouvrage de FRAY, CORNU, FOURNIER dir., 2013, 277 p.
50 Ce qui, dans le cas des Vosges, fait le lien avec les travaux fondateurs de Pierre Boyé au début du siècle dernier.
51 GOEPP et alii 2007, p. 35-44.
52 La question a été cependant soulevée en 2004 par un collectif de chercheurs de tous horizons dont de l’INRAP : BOËS et alii, 2004, <https://www2.nancy.inra.fr/collectif/sylva2004/resumes/Boes.pdf>, consulté le 30.06.17.
53 RICHARD, RUFFALDI2004.
54 Le contenu de ce présent ouvrage en témoigne.
55 GOEPP 2007. ORTLIEB 2015.
56 WECK, BISCHOFF, GRODWOHL, MAURER 2014, 100 p.
Auteurs
-
Charles Kraemer
Pôle Archéologique Universitaire
Université de Lorraine, EA 1132 – HISCANT-MA -
Jacky Koch
Archéologie Alsace
(ex Pôle archéologique interdépartemental rhénan)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
D’un regnum à l’autre. La Lotharingie, un espace de l’entre-deux ?
Tristan Martine et Jessika Nowak (dir.)
2021
Le geste et la trace
Actes du deuxième colloque international - 19, 20 et 21 juin 2013 - Grand Salon de l’Hôtel de ville de Nancy - Place Stanislas
Francis Janot, Denis Morin et Gérard Giuliato (dir.)
2015
Fortification et artillerie en Europe autour de 1500 : le temps des ruptures
Actes du colloque international organisé les 11 et 12 décembre 2015 à Epinal et à Châtel-sur-Moselle
René Elter et Nicolas Faucherre (dir.)
2018
Le "Château des Armoises" à Richardménil (XIVe-XVIIe siècle)
Archéologie d’une maison forte lorraine
Gérard Giuliato (dir.)
2007
L’Austrasie
Sociétés, économies, territoires, christianisation
Jacques Guillaume et Édith Peytremann (dir.)
2009
La nécropole médiévale du Mont Saint-Germain (VIe-XVe siècle) à Châtel-Saint-Germain (Moselle)
Jacques Guillaume et Claude Lefebvre (dir.)
2011
Le Château de l’Avant-Garde à Pompey (tome 1)
Céramiques et Verres du Moyen Âge et de la Renaissance
Gérard Giuliato (dir.)
2010