Le burelé des Vaudémont
Des armoiries familiales à l’emblème territorial1
p. 77-106
Texte intégral
1Les armoiries burelé d’argent et de sable des Vaudémont sont bien connues2. Mais leur histoire l’est nettement moins. Contrairement à d’autres armoiries plus prestigieuses, on pense à celles du royaume de France, ou encore à l’échelle régionale à celles de Lorraine et de Bar, les armes de Vaudémont n’ont encore jamais fait l’objet d’une étude visant à comprendre leur origine et leur évolution3. Elles appartiennent pourtant à un lignage comtal, issu de Gérard d’Alsace, dont descend René II, d’abord comte de Vaudémont puis duc de Lorraine et de Bar. Les sources, sans être abondantes, sont plurielles et permettent une bonne appréhension de la question. Ainsi, les sceaux, premiers objets d’attention dans ce genre d’enquête, nous permettent de préciser la date d’apparition des armoiries et leur évolution dans le temps. Un assez grand nombre de membres de la famille ont, en effet, possédé une matrice sigillaire dont au moins une empreinte est encore conservée. La seconde source nécessaire pour toute étude sur des armoiries médiévales ne fait pas non plus défaut puisque le burelé des Vaudémont apparaît dans un assez grand nombre d’armoriaux qui nous renseignent sur les émaux. Ces deux sources fondamentales, ont pu être complétées par d’autres documents de nature et d’époques différentes4. Le recensement de toutes ces données n’est sans doute pas exhaustif mais il permet cependant de suivre la piste des armoiries des comtes de Vaudémont de leur origine à nos jours. Grandeur et décadence ?
Figure 1 : Premier sceau de Gérard II.

Figure 2 : Second sceau de Gérard II.

Figure 3 : Premier sceau de Hugues II.

Les origines : l’hypothèse Luxembourgeoise
2Il est possible de préciser la date d’apparition des armoiries des comtes de Vaudémont grâce aux plus anciennes empreintes de sceaux conservées. Elles proviennent des matrices de Gérard II (1155- 11885) et de son fils Hugues II (1188-1236/12426). Deux empreintes sont conservées pour le premier et trois pour le second. Ces empreintes révèlent l’emploi de deux matrices pour Gérard II et de trois pour Hugues II.
3La première matrice de Gérard II est connue grâce à une empreinte appendue à un acte de 1161 (fig. 1)7. Dans les années 1950, Des Robert pouvait décrire un sceau « équestre à gauche ; le comte armé, cheval au pas, écu en amande fruste, demi penché ». Dans son état actuel, l’empreinte est très peu lisible et la légende est détruite. On peut cependant la rapprocher de la gravure représentant le sceau appendu à un acte de 1174 dans l’Histoire de Lorraine de Dom Calmet8. Le comte y est armé d’une épée.
4L’empreinte de la seconde matrice est actuellement brisée et l’on distingue à peine le cavalier qui y figure (fig. 2). Elle est appendue à un acte sans date de Pierre de Brixey, évêque de Toul (1165-1189). Une main du xviiie siècle a daté cet acte vers 1190 et Des Robert l’a suivie dans son catalogue9. Philippe Perrey a préféré une datation plus large et plus prudente ; 1180-118910. Il est cependant possible de restreindre la fourchette de datation à 1185- 118911.
5Le sceau, aujourd’hui très endommagé, est équestre à gauche. Selon Des Robert, il est analogue au précédent avec une différence cependant, l’écu n’y est plus penché mais vertical. Une seconde différence doit être soulignée ; le cheval est lancé au galop. La légende désormais totalement détruite était déjà très détériorée puisque seules quatre lettres ont été lues par Des Robert : RARD. Dom Calmet attribue un deuxième sceau à Gérard II, alors appendu à un acte de 117912 ; la gravure qui est donnée permet, grâce à l’allure du cheval et à la position du bouclier, de lier cette empreinte et celle de 1185-1189 à la même matrice. La gravure publiée par Dom Calmet montre par ailleurs le comte tenant un gonfanon.
6Gérard a donc vraisemblablement utilisé deux matrices successives. La première de type équestre à l’épée est attestée en 1161 et 1174, la seconde de type équestre au gonfanon en 1179 et vers 1185-1189. On peut s’étonner de l’antériorité du type à l’épée sur celui au gonfanon. En effet, le type à l’épée devient dans ces années « à la mode » et prend le pas sur le type au gonfanon. Peut-être faut-il voir dans ce mouvement inverse la volonté de Gérard II de souligner sa possession d’un titre comtal13. Quoi qu’il en soit ces deux matrices ne sont pas armoriées.
7Son fils Hugues II a également possédé plusieurs matrices. La première est connue par deux empreintes appendues à deux actes, l’un de 1197 et l’autre de 1198 (fig. 3)14. L’empreinte de 1197 est fragmentaire et peu lisible. On distingue un cavalier partant vers la gauche. Selon Des Robert, pour qui la légende était déjà détruite, « le comte est armé de la lance, l’écu, en amande, de profil, paraît burelé ».
8L’empreinte de 1198, beaucoup mieux conservée, est complète, le cavalier est entouré de la légende ; SIGILLVM HVGONIS COMITIS W(a) DEMONTIS ; la lance est ornée d’un gonfanon mais l’écu n’est pas burelé. Il est chargé d’une barre. Dans la langue du blason, une barre est une pièce qui traverse l’écu depuis l’angle senestre du chef jusqu’à l’angle dextre de la pointe15. La seconde matrice de Hugues II est connue par une empreinte de 1212 (fig. 4)16. Encore une fois, l’empreinte a subi les outrages du temps mais heureusement une photographie publiée dans l’ouvrage de Michel François sur les comtes de Vaudémont17 corrobore les informations données par Des Robert. Ce sceau est très différent du précédent. En effet, il est équestre à droite, le comte est armé d’une épée et l’écu est nettement burelé. La lecture de la légende varie d’un auteur à l’autre. François a lu ; + SIGILLLVM H[VGONIS COMI]TIS WADONIS MONTIS et Des Robert ; SIGILLVM HVGONIS COMITIS WADANIMONTIS.
Figure 4 : Second sceau de Hugues II.

Figure 5 : Contre-sceau de Hugues II.

9La lecture faite par le premier étant antérieure à celle du second, il faut penser que Des Robert a rétabli des lettres sans le signaler. Une empreinte de 1219 est donnée par Dom Calmet à Hugues II18. Elle est très semblable, seule la légende diffère. Ces empreintes, celle de 1212 comme celle de 1219, sont pourvues d’un contre-sceau (fig. 5).
10Selon Des Robert, ce contre-sceau en amande à la légende fruste représente un écu, lui aussi en amande, indéchiffrable19. Le champ du sceau est en fait le champ de l’écu. La gravure de Dom Calmet représente un écu triangulaire burelé posé dans champ rond. Hugues II utilise donc une première matrice, attestée en 1198 et 1199, qui est équestre à gauche et sur laquelle le comte est armé d’une lance et tient un écu à la barre. Il en change au début du xiiie siècle pour un sceau équestre à droite où le comte est équipé d’une épée et d’un écu burelé. On constate donc, non seulement un passage de la gauche vers la droite, mais surtout l’apparition des armoiries des Vaudémont entre 1199 et 1212.
11Il faut maintenant tenter d’expliquer ces modifications. Dans cette même période, les comtes de Vaudémont, auparavant vassaux des ducs de Lorraine, prêtent hommage au comte de Bar. Ce changement est le résultat d’un accord passé en novembre 1202 entre Ferry de Lorraine, fils aîné de Ferry, duc et sire de Bitche, et Thiébaut Ier, comte de Bar et de Luxembourg. Ferry devient duc de Lorraine en 1206, en vertu de cet accord, le comte de Vaudémont rentre alors dans la vassalité du comte de Bar20. La deuxième matrice de Hugues II est réalisée pour manifester ces bouleversements féodo-vassaliques21. Le passage du sceau équestre de la gauche à la droite ne saurait être le fruit du hasard. En effet, majoritairement, dans les mêmes années, les sceaux des ducs de Lorraine sont orientés vers la gauche alors que ceux des comtes de Bar le sont à droite (fig. 6)22.
Figure 6 : Direction des sceaux équestres des ducs de Lorraine, des comtes de Vaudémont et de Bar.

12Il n’est pas question ici de rouvrir le dossier de la signification symbolique du sens de la marche des sceaux équestres. Contre le royaume de France, contre l’Empire, ici peut importe, ce qui paraît important c’est de constater que le comte de Vaudémont abandonne le modèle de son ancien suzerain pour adopter celui du nouveau. Parallèlement, Hugues II choisit des armoiries au burelé. Ce choix peut sembler tardif par rapport à la date généralement admise de l’apparition des armoiries en Europe occidentale vers 1140- 115023. Cependant les armoiries des comtes de Bar et des ducs de Lorraine apparaissent seulement dans les deux dernières décennies du xiie siècle24. Globalement les comtes et seigneurs barrois et lorrains ornent leur écu d’armoiries à partir de 120025. Les comtes de Vaudémont ne font donc pas exception dans ce contexte.
13Avant de revenir au burelé, il faut tenter d’interpréter la « barre » visible sur l’empreinte de 1198. Deux hypothèses sont envisageables. La première consiste à penser qu’il s’agit d’un motif « décoratif » n’ayant aucune valeur héraldique. La seconde est de lier cette « barre » à la bande des armoiries lorraines26. Une erreur du graveur et/ou l’absence de règles précises fixant les différences entre barre et bande dans les premiers temps héraldiques expliqueraient alors cette représentation. Selon cette hypothèse, les ducs de Lorraine et les comtes de Vaudémont qui partagent la même origine auraient initialement porté des armoiries proches. Dans le premier cas, Hugues II adopte pour la première fois un emblème héraldique, dans le second, il en change, passant de la barre au burelé, tout comme il change le sens de la marche de son sceau équestre. Ce changement serait alors lui aussi lié au passage de la vassalité lorraine à la vassalité barroise. Il ne paraît pas possible de trancher entre l’une ou l’autre de ces possibilités en l’absence d’autres témoignages.
14Quoi qu’il en soit, Hugues II a fait représenter sur son deuxième sceau un écu burelé et il convient d’essayer de comprendre ce choix. Christian de Mérindol, étudiant les groupements héraldiques en Lorraine, a distingué trois groupes familiaux ayant porté des fasces ou des burelles dans leur écu : le premier Sorcy, Belrain, Bourlémont et Brixey, le deuxième Vaudémont, Deuilly et le dernier Luxembourg27. Selon lui, « aucun rapport héraldique n’apparaît entre Lorraine et Vaudémont » et il voit dans le burelé « un signe d’affirmation à l’égard de la maison ducale [de lorraine] » dans le contexte déjà évoqué du changement d’hommage28. Hors, il me semble que l’on peut préciser les circonstances et les motifs de l’apparition du burelé. L’accord de 1202 et ses conséquences de 1206 sont évidemment incontournables mais il faut à mon sens faire intervenir un autre personnage jusqu’alors laissé dans l’ombre. Le comte de Bar Thiébaut Ier est, en effet, remarié depuis 1198 à Ermesinde, comtesse de Luxembourg29. Michel Margue voit dans les années de son mariage barrois une période de formation plus que d’action30. Il est vrai qu’en 1198, Ermesinde est encore bien jeune, elle n’a que 12 ans, mais en 1206, ce n’est plus une enfant. Il ne serait donc pas surprenant, compte tenu de ses actions ultérieures, que la comtesse ait pu jouer un rôle, aussi modeste soit-il alors, dans la gestion des affaires du comte de Bar, y compris dans la politique de rapprochement avec le comte de Vaudémont. Or Ermesinde, selon les suppositions de Jean-Claude Loutsch, aurait eu pour armoiries un burelé31. Il me paraît dès lors possible de discerner dans le burelé des Vaudémont une influence du burelé d’Ermesinde. Le comte de Vaudémont devenant vassal du comte de Bar opte pour une variante non des armes de son suzerain, mais plutôt de celles de son épouse. Cela lui permet de marquer ses distances par rapport au duc de Lorraine et de montrer subtilement qu’il entre dans l’orbite barroise. En ces temps où l’amour courtois triomphe, on me permettra également d’y déceler une forme d’hommage à la dame. La belle-mère d’Ermesinde, Agnès de Champagne, est la sœur d’Henri le Libéral, protecteur avec sa femme Marie de France de Chrétien de Troyes. L’engouement d’Hugues II de Vaudémont pour ce type de littérature n’est pas attesté mais le jeune écuyer Sone de Nansay, héros éponyme d’un roman de la fin du xiiie siècle, choisit de servir le comte de Vaudémont, « un prinche qui mout fu courtois »32.
15Ces suppositions pourraient sembler douteuses, faute de preuves textuelles, si l’on ne connaissait l’alliance de Hugues III (1236/1242-1243/124433), fils de Hugues II, et de Marguerite, fille de Thiébaut Ier et d’Ermesinde34. Cette union, conclue vers 123035, renforce en effet les liens unissant les comtes de Bar et de Vaudémont. Plus tardive que l’entrée dans l’orbite barroise et que l’adoption du burelé, elle a cependant pu être envisagée à ce moment. À la suite de son mariage avec Marguerite, Hugues est devenu seigneur de « Betthenges » ou « Bethenges ». Il est ainsi qualifié dans deux actes, l’un de juillet 1238 et l’autre du 1er avril 124336. Ce fief, difficile à situer, meut bien du comte de Luxembourg puisque, le 28 juin 1248, Henri V fait savoir qu’il a promis à Thiébaut II, comte de Bar, et à Henri de Vaudémont, fils d’Hugues III, qu’il ne souffrira « en nulle menierre que Marguerite [de Bar, la mère d’Hugues III] ne ces mariz vendent ou mettent en vage ou mette fors de lor main Bettenges ne lou fie qui muet de moi et dessent »37. Devenue veuve, Marguerite s’est en effet remariée, avant 1245, à Henri du Bois. Ce dernier s’intitule d’ailleurs sire de « Betanges » dans un acte de mars 125738. Marguerite, veuve pour la seconde fois avant 1259, agit encore comme « domina de Bettinge » en mai 126439. Après sa mort survenue en 1270, cette terre reste aux mains des Vaudémont ; c’est Jacques, petit-fils de Hugues III et de Marguerite, qui la reprend du comte de Luxembourg en 128040. Les comtes de Vaudémont ont donc bien été vassaux du comte de Luxembourg, au moins pour cette terre de « Betthenges » qui leur vient de l’union conclue, sans doute à l’instigation d’Ermesinde, entre Marguerite de Bar et Hugues III. Ces éléments me semblent suffisants pour avancer l’hypothèse d’un emprunt du burelé par Hugues II à Ermesinde. En découle alors la fusion des groupes Vaudémont, Deuilly et Luxembourg41. Aux Vaudémont, aux Deuilly, il faut encore ajouter les seigneurs de Thélod42. Ces derniers, « cousins » des Vaudémont, portent un burelé d’argent et de sable, à la cotice de gueules43.
Figure 7 : Matrice de Hugues III.

Figure 8 : Sceau de Hugues III.

16La possession de la terre de « Betthenges » confirme le lien avec le comté de Luxembourg ; elle n’est pas anodine car Hugues (III) décide de la faire mentionner dans la légende de son sceau ; S(igillum) HVGONIS D(e) W/ADIMONTE D(omi) NI DE. / BETENGES. Telle est, en effet, la légende écrite sur la matrice mise au jour en 1991 à Châtel-sur-Moselle (fig. 7)44. L’objet a été trouvé dans l’extension des xiiie-xive siècles entre la tour de l’Etuve et celle, plus tardive, du Charbon45. Cette matrice de 60 mm de diamètre, en alliage cuivreux, pèse 128 g. Au revers, une bélière permet de l’attacher et en facilite la préhension. L’avers représente un cavalier lancé au galop vers la gauche (il s’agit donc d’un sceau équestre à droite). Le cavalier, coiffé du grand heaume, revêtu du haubert sur lequel est passée une cotte d’armes, tient l’épée de la main droite et l’écu de la main gauche. Ce dernier est nettement burelé ; il est brisé en chef, peut-être d’un franc-quartier.
17Compte tenu de la titulature donnée à Hugues, cette matrice a très certainement été réalisée après son mariage avec Marguerite de Bar (v. 1230). Théoriquement, Hugues, devenu comte en titre, aurait du faire graver une autre matrice entérinant son changement de statut. Aucune empreinte de cette matrice supposée n’a été retrouvée. Alors qu’une empreinte de la matrice du seigneur de « Betenges » est encore appendue à un acte du premier avril 1243 (fig. 8)46. Etrangement, Hugues III est encore dit « filius comitis Wademontis, dominus de Bethenges » alors que son père Hugues II est décédé. Cette bizarrerie, bien que surprenante, ne permet pas de remettre en cause l’authenticité de cet acte47. L’empreinte de cire rouge d’environ 55 mm de diamètre paraît avoir été vernie. Malgré quelques déformations et distorsions, cette empreinte est bien issue de la matrice trouvée à Châtel-sur-Moselle.
Figure 9 : Contre-sceau de Hugues III.

Figure 10 : Sceau de Henri Ier.

Figure 11 : Contre-sceau de Henri Ier.

18Hugues II use, comme son père, d’un contre-sceau armorié ; celui-ci, visible au revers de l’empreinte, mesure 28 mm de diamètre (fig. 9). Un écu burelé, peut-être brisé à dextre d’un franc-quartier, entouré d’une légende illisible, est représenté dans son champ. Selon Georges Poull, le retour d’Hugues (III) de la croisade est concomitant de la mort de son père survenue fin avril ou début mars 1242 et, toujours selon le même auteur, le nouveau comte passe de vie à trépas à la même période un an plus tard. Ce règne particulièrement bref pourrait alors expliquer l’emploi par Hugues III, devenu comte, d’une matrice plus ancienne ne révélant pas le changement. En revanche, rien ne permet d’expliquer la présence d’un tel objet à l’emplacement où il a été découvert. Contrairement à la matrice de Robert de Vanault, exhumée lors des fouilles de Vanault-le-Châtel, celle de Hugues (III) a échappé à la destruction48. Cette pratique de destruction des sceaux n’est pas systématique49 ; la matrice de Châtel-sur-Moselle en est une preuve supplémentaire. A-t-elle été conservée dans le trésor familial puis jetée quand on l’a jugée dépourvue d’intérêt ? A-t-elle été perdue ? Il est impossible de répondre à ces questions.
L’Âge d’or du burelé d’argent et de sable
19C’est sous le règne de Henri Ier, comte de Vaudémont de 1243 à 1278, qu’apparaissent pour la première fois les armoiries de Vaudémont dans des armoriaux. Cela est sans doute du à la notoriété de ce personnage. Henri, fils d’Hugues III et de Marguerite de Bar, est marié vers 1251 à Marguerite de La Roche, fille du duc d’Athènes Guy de La Roche. La renommée d’Henri dépasse largement le cadre du duché de Lorraine et du comté de Bar. Dès 1265, il rejoint les rangs de Charles d’Anjou et l’aide à devenir roi de Naples. Il lui reste ensuite attaché et devient grâce à lui comte d’Ariano en 1271. Henri aurait participé en 1269 au tournoi de Cambrai50. Il y accompagne vraisemblablement le comte de Bar Thiébaut II. Henri est le dixième chevalier nommé ; il porte un écu burelé d’argent et de sable et son cimier est un vol aux armes. C’est la plus ancienne mention des émaux des armoiries de Vaudémont. On les retrouve à l’identique dans le Walford’s roll (v. 1275)51. Un autre armorial anglais le Fitz William ou Heralds’ roll (v. 1270-1280) attribue au comte de Vaudémont un coticé d’argent et d’azur52. Son auteur se trompe doublement, d’abord en confondant le burelé avec un coticé (les traits sont alors des diagonales et non plus des horizontales) puis en changeant le sable en azur. Ces erreurs tendent à décrédibiliser cette source au moins en ce qui concerne les armoiries des Vaudémont.
20Les armoiries du comte Henri Ier sont également représentées sur un sceau dont l’emploi est attesté de 1267 à 1276 (fig. 10). Ce sceau rond de 70 mm de diamètre est très proche de celui de son père. Il s’agit encore d’un sceau équestre à droite où le cavalier, équipé d’un grand heaume, d’un haubert recouvert d’une cotte d’armes, tient l’épée de la main droite et l’écu de la gauche. Deux différences distinguent cependant le sceau du père et du fils ; l’écu burelé est ici plein (il ne comporte aucune brisure) et le cheval est protégé par une housse aux armes. La légende permet, s’il en est encore besoin, d’éviter la confusion ; + S(igillum). HENR[ICI CO]MITIS WADEMONTIS.
21Henri utilise son sceau secret comme contre-sceau à ce sceau équestre. Ici encore, il n’invente pas et reprend les usages de son père et de son grand-père. Son sceau secret d’un diamètre de 24 mm est en effet construit sur le même modèle que celui de ses prédécesseurs ; un écu burelé entouré de la légende (ici lisible : SECRETVM MEVM) (fig. 11)53.
Figure 12 : Sceau de Marguerite de La Roche.

Figure 13 : Contre-sceau de Marguerite de La Roche.

22Marguerite de La Roche possède elle aussi un sceau et un sceau secret ; elle en use en février 1268 (n. st.) (fig. 12)54. L’empreinte du sceau en navette, très lacunaire (42 mm sur 60), permet de distinguer une femme debout, accostée de roses. Son bras droit levé, pourrait tenir un objet alors que sa main gauche est posée sur sa hanche. La légende de cette empreinte est détruite.
Figure 14 : Sceau armorial de Henri II.

Figure 15 : Sceau équestre de Henri II.

23Son sceau secret (+ SECRETVM ME(u) M55), utilisé au revers comme contre-sceau (fig. 13), représente une tête de femme de trois-quarts coiffée d’un chapeau à barbette alors en vogue, ses cheveux sont rassemblés dans un chignon visible à droite56.
24Marguerite de La Roche ne fait pas encore usage d’armoiries, ni de celles de son père, ni de celles de son mari, pour affirmer son identité.
25Avec Henri Ier les armoiries de Vaudémont paraissent fixées. Le burelé d’argent et de sable qui est passé à la postérité est attesté par les armoriaux. L’association de l’argent et du sable peut d’ailleurs être rapprochée de celle des armoiries luxembourgeoises héritées en partie d’Ermesinde : burelé d’argent et d’azur. Si cette dernière association de couleurs est bien à mettre au crédit d’Ermesinde, il est évident que l’effet visuel de l’une et de l’autre est quasi identique à une nuance près.
26Pourtant, en ce qui concerne les fils de Henri Ier : Henri II, comte de Vaudémont de 1279 à 1299, et Jacques de Vaudémont, documenté de 1277 à 1299, les armoriaux de la fin du xiiie siècle transmettent des données contradictoires. De prime abord, Henri II se place pourtant dans la continuité de son père. C’est, en effet, ce que permet de conclure l’examen de la documentation sigillographique. Henri II possède un sceau équestre similaire à celui de son père. Mais ce sceau n’est pas le premier. Henri a d’abord scellé avec un sceau armorial de 30 mm de diamètre (fig. 14). Deux empreintes, l’une de 1279 et l’autre de 1281, en conservent le souvenir57. Trois écus aux armes sont gravés dans le champ. Selon la légende (+ SIG(illum) SECRE(tum) HENRI(ci) DE WAVDEMVNTIS), ce sceau est un sceau secret. C’est surtout un sceau d’écuyer. Après son adoubement en 1285, il recourt au sceau équestre, dont il a été fait mention (fig. 15)58. Ce sceau, d’un diamètre de 60 mm, est une « imitation » du sceau équestre de son père. Les burelles de la housse du cheval sont ici plus larges et hachurées. Le prénom Henri, devenu dynastique, entretient la confusion puisque la légende est presque identique : + SIGILLUM HENRICI COMITIS WADEMON[TIS. Au revers de la première empreinte, le contre sceau de 20 mm de diamètre figure un écu burelé entouré de la légende : + S(igillum). HENRICI COMITIS WADEMONTIS entre deux filets pleins. Ce n’est plus la même matrice qui est utilisée au revers de l’empreinte de 1297 (fig. 16). La nouvelle matrice de 27 mm de diamètre représente le même écu mais entouré de la légende : + SECRETUM MEUM entre deux cercles de grènetis.
Figure 16 : Contre-sceau de Henri II.

27Henri II apparaît dans l’armorial Wijnbergen (v. 1285) au sein de la marche lorraine (« Cy commencent lorains », ff. 16-17) (fig. 17)59. Cette marche rassemble des lorrains, des barrois et des luxembourgeois. Le premier d’entre eux est le duc de Lorraine, suivi par son fils, puis par le comte de Bar, ses deux fils, et le comte de Salm ; à ce dernier succèdent les représentants mâles des Luxembourg. Henri II, simplement nommé « le conte de Wademont » (n° 530), est relégué à la quatorzième position après quelques seigneurs, certes importants, mais moins titrés. Le comte se voit octroyé un fascé d’argent et de gueules60. La fiabilité des autres informations contenues dans ce manuscrit rend difficile l’interprétation de cette attribution. Il peut, en effet, sembler trop aisé de rejeter ces armoiries en arguant d’une erreur de l’auteur, pourtant les éléments concernant les armoiries de Henri Ier inclinent à penser que, dès le milieu du xiiie siècle, les armoiries de Vaudémont sont : burelé d’argent et de sable. Un armorial, légèrement plus tardif, ajoute à la confusion. Dans l’armorial Vermandois (1290-1292)61, la marche hennuyère (ff. 56-59 v°) contient les armes de « Jaque de Waudemont » (f. 57 v°, n° 345) qui sont un « faissié d’argent et de sable de X pieches ». Leur présence dans cette marche de Hainaut est très certainement liée à la possession de la terre de « Betthenges ». Les armoiries d’autres seigneurs luxembourgeois sont également blasonnées dans cette marche62. Le burelé d’argent et de sable est en revanche beaucoup plus étonnant. Si cette association d’émaux est réservée à l’aîné, Jacques ne peut pas les porter tant que son frère Henri est vivant. Or ils meurent tous les deux en 1299. Pour Emmanuel de Boos, le burelé d’argent et de sable octroyé à Jacques est une brisure par changement d’émaux. Cela n’est pas impossible mais inexplicable. En effet les armoriaux plus anciens attestent bien de l’attribution des armoiries d’argent et de sable au comte, donc à l’aîné ; les armoriaux posté rieurs, sauf quelques rares exceptions fantaisistes63, referment la parenthèse ouverte par Wijnbergen et Vermandois en confirmant cette association argent et sable. L’armorial Le Breton (1292-1294) contient également un burelé d’argent et de sable attribué tardivement au comte de Vaudémont64. Le nom est en effet noté dans une écriture humanistique du xvie siècle65. La présence des armoiries de Jean de Bar, seigneur de Puisaye (n° 324), de celles du comte de Luxembourg et de son cousin le comte de Roussy (n° 326 et 327) justifie pleinement l’identification de ces armes à celles de Vaudémont. Il est donc plus prudent de donner cet écu au comte de Vaudémont plutôt que d’y voir la brisure de Jacques de Vaudémont apparue dans Vermandois. Les armoiries pleines des comtes de Vaudémont sont bel et bien un burelé d’argent et de sable. C’est ainsi qu’elles apparaissent dans plusieurs armoriaux des xve et xvie siècles (fig. 18 et 19)66.
Figure 17 : Armorial Wijnbergen, folio 16.

Figure 18 : Armorial d’André de Rineck, folio 25 recto.

Figure 19 : Armorial de Nicolas de Lutzelbourg, folio 60 recto.

Figure 20 : Sceau de Hélissent de Vergy.

Figure 21 : Contre-sceau de Hélissent de Vergy.

Figure 22 : Sceau armorial de Henri III.

Figure 23 : Premier sceau secret de Henri III.

Figure 24 : Sceau équestre de Henri III.

28Les sceaux de l’épouse de Henri II, Hélissent de Vergy, n’apportent évidemment pas de précision quant aux émaux mais il est à noter qu’elle est la première comtesse à y faire graver ses armoiries. La fille de Jean de Vergy s’est mariée vers 1280 mais la plus ancienne empreinte de son sceau et de son sceau secret est appendue à un acte de 1297 ; le sceau est encore attesté en 1300 (fig. 20 et 21)67. Le sceau en navette mesure 46 sur 29 mm, il représente une dame debout vêtue d’une robe et d’un manteau fourré de vair ; elle tient une fleur dans sa main droite et sa main gauche est posée sous sa poitrine ; elle est accostée à dextre d’un écu à trois quintefeuilles68 et à senestre de l’écu burelé. La légende court sur le pourtour du sceau ; [.]ELISANT COMITISSE WANDEMONTIS. Le sceau secret (+SECRETVM MEVM) qui sert de contre-sceau est rond et mesure 20 mm de diamètre ; il est orné d’un écu parti, à dextre le burelé et à senestre les trois quintefeuilles. Le sceau en navette en réservant la dextre (en fait la gauche pour le spectateur) aux quintefeuilles fait la part belle aux armoiries paternelles. Au contraire, le sceau secret donne la place d’honneur aux armes du mari. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il n’est plus utilisé après la mort de ce dernier. En 1301, Hélissent est remariée à Gaucher de Châtillon, seigneur de Crécy, avec lequel elle assure la tutelle du jeune comte.
29Henri III, fils de Henri II et d’Hélissent, le dernier comte de la première maison de Vaudémont, a laissé de nombreuses empreintes issues de quatre matrices différentes dont l’une est particulièrement remarquable. Comme son père, il possède successivement un sceau d’écuyer puis un sceau de chevalier. Le premier est attesté de 1304 à 1309 (fig. 22)69 ; c’est un sceau rond de 40 mm de diamètre sur lequel figure l’écu burelé entouré de la légende ; + S(igillum) HENRICI DE WADEMONT. Au revers de l’empreinte de 1304 est apposé un premier sceau secret (+ S(igillum) SECRETI) de Henri (fig. 23). Il mesure 22 mm de diamètre et représente le même écu70. Henri III est armé chevalier avant 1313. Il change alors de matrice sigillaire puisqu’en 1315, il scelle d’un grand sceau (80 mm de diamètre) équestre à gauche (fig. 24)71. La gravure de ce sceau peut manquer de finesse mais sa composition est extrêmement travaillée. Dans une rosace à six lobes, le comte, revêtu d’une cotte d’armes, les épaules protégées par une ailette, tient une lance à pennon carré de la main droite et un écu de la main gauche ; il est coiffé d’un heaume ovoïde cimé d’un écran et orné de lambrequins. Tous ces éléments portent le burelé des Vaudémont, la housse du cheval également. En revanche, la tête de celui-ci est cimée d’un écran orné d’une croisette recroisetée au pied fiché. Le graveur a soigneusement veillé à répartir avec harmonie chaque élément du cavalier dans les lobes de la rosace. Afin que le lobe situé en bas et celui situé dans le dos du cavalier (lobe supérieur droit) ne soient pas vides, l’artiste a représenté un végétal stylisé dont la tige et un rameau feuillés occupent ces espaces. On notera encore la présence d’une fleur de lis devant la tête du cheval et d’une étoile à six rais sous son antérieur droit.
Figure 25 : Second sceau secret de Henri III.

30Le second sceau secret (+ : SEC / RETVM / MEVM) du comte est alors utilisé comme contre-sceau (fig. 25). C’est un sceau armorial rond de 30 mm de diamètre. L’écu aux armes est placé dans une rosace formée de deux trilobes entrelacés, l’un en arc tiers-point, l’autre en demi-cercle.
31Le sceau équestre est en rupture avec ceux de ces prédécesseurs. Depuis Hugues II, les sceaux équestres des comtes de Vaudémont sont tournés vers la droite et les cavaliers y sont armés de l’épée. À l’inverse Henri III choisit un sceau équestre à gauche et réintroduit la lance. Il ne faut pas voir dans ce changement une réorientation de la politique du comte de Vaudémont en faveur du duc de Lorraine. Henri III ne se retourne pas contre son suzerain le comte de Bar. Il se tourne vers le royaume de France comme l’indique clairement la présence de la fleur de lis. Certes, il est marié avec Isabelle, sœur du duc de Lorraine72 Thiébaut II (1303-1312). Mais il n’en demeure pas moins vassal du comte de Bar. C’est peut-être cette fidélité que manifeste la croisette recroisetée au pied fiché visible sur l’écran de la tête du cheval ; les armes des comtes de Bar sont en effet d’azur semé de croisettes recroisetées au pied fiché d’or, à deux bars adossés du même. Quand, en septembre 1313, Edouard, comte de Bar (1302-1336), déclare la guerre au nouveau duc de Lorraine Ferry IV (1312-1329), le comte de Vaudémont prend les armes contre ce dernier qui est pourtant son neveu ; le comte devient même l’un des chefs de l’armée barroise. Le comte de Bar, vaincu, est fait prisonnier ; afin de garantir sa rançon, le 20 mai 1314, il engage la suzeraineté du comté de Vaudémont. Après ce conflit, les deux princes scellent un traité d’alliance à Bar-sur-Aube le 3 juin 1315. Ce traité est garanti par le roi de France. Enfin, le 26 décembre 1316, le comte de Vaudémont prête à nouveau l’hommage au comte de Bar sur ordre du duc de Lorraine. Beau-frère ou oncle du duc de Lorraine, vassal du comte de Bar, ces liens ont bien évidemment une grande importance mais l’attraction du royaume de France est désormais plus forte. Pour les princes lorrains en général et pour Henri III de Vaudémont en particulier dont le beau-père est connétable du roi des lis. Gaucher de Châtillon est effectivement titulaire de cette dignité depuis 1302. Cet important dignitaire de la monarchie française a fait graver dans le champ de son sceau quatre fleurs de lis73.
Figure 26 : Premier sceau d’Isabelle de Lorraine.

Figure 27 : Premier sceau secret d’Isabelle de Lorraine.

Figure 28 : Second sceau secret d’Isabelle de Lorraine.

32Cependant, ce sceau aux lis, malgré son influence indéniable, n’est pas le modèle de celui du comte de Vaudémont. L’archétype est à chercher du côté des sceaux des ducs de Lorraine. Ce sont eux qui en premier dans la région introduisent des petits éléments (emblématiques, symboliques ?) dans le champ de leur sceau. Le précurseur est Mathieu II (1220-1251) qui sur son sceau équestre à gauche fait placer une étoile à huit rais dans le dos du cavalier. Son fils Ferry III, père d’Isabelle de Lorraine, l’imite mais perfectionne l’invention. Son premier sceau équestre, à gauche comme celui de son père (et comme les suivants), laisse voir une aiglette sous le ventre du cheval. Hubert Collin l’interprète comme « une volonté d’allégeance à l’Empire ». On me permettra de remarquer que l’aiglette placée dans la partie basse du sceau n’est pas particulièrement mise en valeur car le cheval l’enjambe. N’est-ce pas plutôt une manière de dire que le duc de Lorraine passe outre l’Empire. Le second sceau équestre de Ferry reprend en le modernisant le modèle paternel à l’étoile. Le troisième sceau équestre est très semblable mais remplace l’étoile par un petit lion héraldique ; pour Hubert Collin, c’est un emblème capétien qu’il faut voir « comme une figuration guelfe, c’est à dire anti-impériale ». Le dernier sceau marque un retour à une représentation bien plus « classique », aucune figure particulière n’est gravée dans le champ. Le sceau du fils de Ferry III, beau-frère d’Henri, bien que tourné vers la droite, est tout aussi « classique ». Au contraire, son fils Ferry IV reprend l’exemple de son grand-père et fait introduire dans le dos du cavalier un alérion qu’il n’est pas possible d’interpréter comme l’aigle impériale74. Ce n’est plus alors le lion capétien mais l’alérion du duché de Lorraine ; le duc semble vouloir mettre en avant la principauté lorraine. Il vient de remporter une éclatante victoire contre le comte de Bar et d’incontestables succès diplomatiques.
33Le sens de l’étoile gravée sur le sceau de Mathieu II et sur le second sceau équestre de Ferry III est problématique. Aucune hypothèse n’a été avancée pour expliquer sa présence. La différence d’emplacement réservé à l’étoile lorraine et à celle représentée sur le sceau de Henri III permet de supposer que leur signification elle-même est différente. Peut-on voir dans l’étoile du comte de Vaudémont une représentation de la molette d’éperon et donc une allusion à la chevalerie ? Le champ du petit sceau de Thibaud V, comte de Champagne, est notamment semé de molettes75. Une étoile est présente sur le sceau ante susceptum de Jean le Bon ; elle est placée sous le ventre du cheval entre les pans de la housse76. Cette étoile peut également faire allusion à la chevalerie, elle peut plus simplement être la marque d’un graveur. En revanche, elle ne peut en aucune façon être mise en rapport avec l’ordre de l’Etoile fondé par Jean le Bon en 135177. Cette constatation n’exclut cependant pas de lier l’étoile/molette à la Vierge. Dans le contexte lorrain, un psautier-livre d’heures messin du début du xive siècle, montre la Vierge à l’enfant tenant dans sa main droite une étoile d’or78. Pourtant l’emplacement de l’étoile dans le sceau rend délicat ce rapprochement.
34L’étoile du sceau d’Henri III pourrait être vue comme l’un des prémisses du nouveau système emblématique qui se met en place dans le courant du xive siècle79. Au même moment, une roue apparaît sur le sceau de Jean Ier, comte de Grandpré († 1314), un autre vassal du comte de Bar ; cette roue est posée sous l’antérieur droit de la monture, au même endroit que l’étoile du comte de Vaudémont80. Polysémique, l’étoile pourrait être une évocation de l’alliance avec une princesse de la maison de Lorraine, de l’importance de la chevalerie et encore, mais cela est plus problématique, d’une dévotion mariale particulière.
35Mais quel que soit le sens de ce sceau, ce qui importe, c’est qu’il montre une très nette volonté de singularisation de la part de Henri III. C’est une manifestation évidente de ses ambitions81. Actif en lorraine, le comte de Vaudémont reste également présent dans le royaume de France. Il prend part à la bataille de Cassel en 1328, puis, à celle de Crécy en 1346 où son fils Henri trouve la mort. Ainsi s’éteint le dernier mâle de la première maison de Vaudémont mettant un terme aux ambitions paternelles. Un peu plus d’un an après cette date sinistre, le comte meurt à son tour et rejoint dans la tombe Isabelle de Lorraine qui l’y avait précédé. Après leur inhumation, un monument est érigé sur leur tombeau, le comte est représenté en armes avec son écu burelé et la comtesse est à ses côtés. Ses armoiries, au contraire de celles de son époux, ne sont pas représentées. Pourtant le témoignage des sceaux permet de dire qu’elle fut particulièrement sensible à la chose héraldique.
36Isabelle a en effet possédé plusieurs matrices. La première en navette, de 60 sur 36 mm, utilisée de 1304 à 1306, représente une femme debout dans une niche gothique, entre deux écus, à dextre, un parti Vaudémont et Lorraine et à senestre, un parti Navarre et Champagne (fig. 26). Les premières, qui sont les siennes, mêlent celles de son mari et de son père ; les secondes sont celles de sa mère Marguerite de Champagne († 1307), fille de Thibaut IV, comte de Champagne et roi de Navarre. La légende qui entoure ces éléments est : […]SABEL . FILLE . DE . […]SE . D[E]. WIDE[… ]82. Le premier sceau secret (+ S(igillum) SECRETVM MEVM) utilisé en contre-sceau est rond et mesure 20 mm de diamètre (fig. 27). Il présente un écu parti Lorraine (la bande est, ici, une barre) et Vaudémont.
37On constate la même inversion du parti que sur le sceau de Hélissent de Vergy ; une fois encore le sceau secret met les armes du mari à l’honneur. Ce n’est plus le cas lorsque Isabelle scelle un acte du 30 mai 1317, le second sceau secret ([…]ETVM MEVM), utilisé comme sceau, présente un parti Lorraine et Vaudémont dans une rosace quadrilobée (fig. 28)83. La comtesse se sert quelques années plus tard d’une quatrième matrice. Il s’agit à nouveau d’un sceau en navette, mais légèrement plus grand que le premier (60 sur 44 mm) (fig. 29). La comtesse y est représentée debout dans une niche gothique ; elle est vêtue d’un manteau doublé de vair ; elle tient un rameau de la main droite et sa main gauche repose sur sa poitrine. De part et d’autre de la niche, deux écus sont accrochés, à dextre ; Vaudémont et à senestre ; Lorraine84. Le tout est entouré par la légende ; […]IBELLE LOTOREN/GIE (quintefeuille) COM/ITISSA WADEM[…].
Figure 29 : Second sceau d’Isabelle de Lorraine.

Figure 30 : Sceau de Jeanne de Vaudémont.

Figure 31 : Sceau de Marguerite de Vaudémont.

38On retrouve à la place d’honneur les armes de Vaudémont. Quelle que soit la place accordée aux armoiries de Lorraine ou de Vaudémont, l’évolution des sceaux de la comtesse marque un net recentrage sur ces seuls éléments. Les armoiries de sa mère ont été exclues du champ du sceau. Elles sont pourtant prestigieuses. Elles permettent de montrer une ascendance royale, Marguerite de Champagne est fille du roi de Navarre ; elles permettent encore d’évoquer le cousinage avec les trois monarques français qui se succèdent de 1314 à 1328, Isabelle de Lorraine est une cousine germaine de Jeanne de Champagne, épouse de Philippe IV le Bel et mère de Louis X, de Philippe V et de Charles IV. On ne peut donc que s’étonner de leur disparition précisément au moment où ces souverains règnent. On s’étonne d’autant plus que la politique d’Henri III est tournée vers le royaume.
39Avant de passer au sceau de la dernière descendante de la première maison de Vaudémont, il convient d’analyser celui de Jeanne de Vaudémont. Fille de Henri II et d’Hélissent de Vergy, elle devient abbesse de Remiremont en 1324 et le reste jusqu’à sa mort en 1347. Deux empreintes de son sceau en navette sont conservées ; elles sont toutes les deux appendues à des actes de 1327 (fig. 30)85. L’abbesse est représentée dans une niche gothique ; elle tient sa crosse de la main droite et un livre de la gauche. Cet ensemble est accosté de deux écus, à dextre : Vaudémont et à senestre : Vergy.
40L’image est traditionnelle, conforme à ce que l’on attend d’une abbesse de ce temps. La place réservée aux écus confirment la « supériorité » des armoiries du père sur celles de la mère86.
41Après la mort de Henri III, survenue en 1347, la dernière représentante de la première maison de Vaudémont est sa fille Marguerite. Celle-ci a épousé en 1323 Anseau de Joinville, sénéchal de Champagne. La seule empreinte repérée de son sceau montre de manière éclatante l’influence des sceaux de son époux et plus généralement de ceux de la maison de Joinville (fig. 31)87. La composition complexe de ce sceau rond de 35 mm de diamètre en rend la description difficile. Au centre se trouve un carré posé sur un angle dans lequel on voit un personnage portant un manteau ; on distingue au premier plan ce qui pourrait être une petite silhouette tenue par les épaules et présentée par le porteur du manteau. Le carré est lui-même placé dans une rosace quadrilobe. Les écoinçons sont occupés par les quatre figures du Tétramorphe ; en haut, l’ange à gauche et l’aigle à droite, en bas, le lion à gauche et le taureau à droite. La présence du Tétramorphe incite à assimiler le personnage au manteau au Christ ; le petite silhouette pourrait être une image de la propriétaire de la matrice placée sous la protection divine. Les quatre lobes de la rosace reposent sur quatre cercles de dimension moyenne qui contiennent des carrés posés sur un angle. Dans ces petits carrés sont gravées les armoiries de Joinville88 (angles supérieur gauche et inférieur droit) et de Vaudémont (angles supérieur droit et inférieur gauche). Entre ces cercles, quatre « triangles » sont accolés à chaque côté de la rosace. À l’intérieur de ces triangles, prend place une petite roue. La légende est en partie détruite : […] RGUERI/TE […]MONT . DAME / DE . IO[…] E. Ce sceau doit être rapproché de la matrice qui sert de contre-sceau à Anseau en 132389. Cette matrice est composée d’une intaille antique, représentant Castor et Pollux, entourée de six écus en losange aux armes de Joinville. À n’en pas douter les sceaux du mari et de son épouse proviennent du même atelier. Dans cette composition, les armoiries de Vaudémont se voient déjà un peu reléguées au second rang. Ce sont en effet les armes de Joinville qui sont à la place d’honneur puisque dans un écu écartelé, elles seraient aux 1 et 4 pendant que le burelé serait aux 2 et 3. Avec le sceau de la dernière Vaudémont s’amorce la disparition progressive des armoiries de cette maison en tant qu’emblème familial.
Les armoiries après l’extinction de la première maison de Vaudémont
42Henri de Joinville, fils de Marguerite et d’Anseau, hérite du comté qui lui échoit par sa mère mais s’il porte le prénom dynastique de la branche maternelle, il n’en utilise pas pour autant dans ses sceaux les armoiries90. Le burelé des Vaudémont réapparaît dans celles de ses filles Marguerite et Alix. Le sceau de Marguerite est un sceau rond d’environ 40 mm de diamètre. Il a été réalisé après son mariage avec Ferry de Lorraine (v. 1370- † 1415) en 1393. La plus ancienne empreinte connue est appendue à un acte du 6 septembre 1394 (fig. 32)91. Un écu parti, au 1 : Lorraine brisé d’un lambel de trois pendants ; au 2 : coupé, en chef : Joinville et en pointe : Vaudémont, s’insère dans un quadrilobe à redents. Un ange tient l’écu par derrière pendant que deux lions le supportent de chaque côté. La légende détruite peut être approximativement reconstituée grâce aux notices de Des Robert et de Coulon : s. Marguerite de Joinville, dame de Rumigny, comtesse de Vaudémont92. Les mêmes armoiries étaient encore visibles au xixe siècle sur la façade d’une maison sise à Vaudémont93.
Figure 32 : Sceau de Marguerite de Joinville.

Figure 33 : Premier sceau d’Alix de Vaudémont.

Figure 34 : Second sceau d’Alix de Vaudémont.

43La sœur cadette de Marguerite, Alix, a possédé deux matrices différentes. La première d’un diamètre de 24 mm est connue grâce à un empreinte de 1396 (fig. 33). Un écu parti, au 1 : une bande (Neufchâtel) et au 2 : Vaudémont, y est représenté dans un quadrilobe à redents. La légende, en partie illisible, a été transcrite par des Robert : […] DE BINVILLE94.
44La seconde matrice, plus grande (35 mm de diamètre) est appendue à un acte de 1412 (fig. 34) ; on y voit le même écu dans une rosace étoilée ; la légende est totalement détruite95.
45Marguerite choisit de représenter sur son sceau autant les armoiries de Joinville que celles de Vaudémont. La présence des armes de Joinville est parfaitement justifiée, ce sont celles de son père. En revanche, les armes de Vaudémont peuvent surprendre car ce sont celles de sa grand-mère ; il a déjà été dit qu’elles n’ont en effet jamais été intégrées aux armoiries paternelles. Elles les utilisent cependant car les armes de Vaudémont peuvent aussi désigner par un procédé métonymique les lieux et les institutions qui dépendent des comtes de Vaudémont et de leur descendants. Ceci est vrai très tôt, bien avant l’extinction du lignage. Les sceaux du tabellionage de Vaudémont (ou de la court du comte) sont gravés sur le même modèle de 1295 à 1565, seules d’infimes variantes permettent de constater l’emploi de trois matrices différentes96. La composition, très simple, en est toujours la même ; un écu burelé entouré de la légende : S(igillum) CVRIE COMITIS WAVDEMONTIS. L’utilisation du burelé est encore attestée à Vaudémont à la fin du xve ou au début du xvie siècle comme le prouve le linteau trilobé d’une fenêtre du bâtiment sis au bas de la rue des prêtres que la tradition désigne comme l’hôpital. La situation de ce bâtiment n’est pas anodine ; il jouxte la « porte des Etaux » qui permet d’accéder au bourg97. En 1552, le sceau des assises du comté (bailliage) de Vaudémont, dont le siège était situé à Vézelise, reprend également le burelé dans un trilobe à redents98. Le style archaïque du sceau incite à penser que la matrice a été réalisée avant 1552.
46Le choix d’Alix est plus étonnant, puisque l’on trouve aux côté de la bande des Neufchâtel, le burelé des Vaudémont sans même le lion et les broyes des Joinville. Il ne s’agit plus ici de faire référence au lignage mais de mettre en avant la propriété de biens hérités de ce lignage. Marguerite et Alix sont des héritières et c’est ce qu’elles revendiquent. Peut-être afin de se prémunir d’éventuelles contestations. C’est la deuxième fois en deux générations que les biens des comtes de Vaudémont tombent en quenouille. Pourtant Marguerite est comtesse de Vaudémont et dame de Joinville et Alix est dame de Châtel-sur-Moselle et de Bainville-aux-Miroirs99. Issues de la maison de Vaudémont, elles ont toute légitimité à jouir de ces territoires. Dès lors, il me semble que sur ces sceaux et dans ces circonstances les armoiries des Vaudémont représentent les biens hérités plutôt que le sang Vaudémont qui coule pourtant dans leurs veines.
47À l’origine les armoiries représentent le lignage et les possessions du lignage, ici principalement le comté de Vaudémont, mais pas seulement puisque Alix, qui hérite d’autres biens, paraît y faire référence grâces aux armoiries de Vaudémont. Avec l’extinction du lignage, les armoiries perdent, en partie tout au moins, cette signification, ou plutôt les deux significations, d’abord fusionnées, se séparent. D’un côté, les armoiries pourront continuer d’évoquer le lignage et d’un autre, elles représenteront les possessions du lignage et plus particulièrement le comté de Vaudémont.
48Les armoiries comme symbole du lignage semblent disparaître avec la mort de Marguerite de Vaudémont. On l’a dit, dans les armoiries de ses petites-filles Marguerite et Alix de Joinville, elles sont surtout là pour revendiquer un patrimoine. Une fois la main mise assurée sur ce patrimoine, les armoiries au burelé disparaissent. Les comtes de Vaudémont issus de Ferry de Lorraine, pas plus que les Neufchâtel, ne portent le burelé dans leurs armoiries. Les armoiries de leur propre lignage suffisent à leur prestige et aucun contrat ne les obligent à relever les armes de Vaudémont. Ensuite, les premiers sont plus préoccupés par la possession du duché de Lorraine et les seconds sont sans doute plus soucieux de ne pas insister sur les liens qui les unissent au duc de Lorraine. À Châtel-sur-Moselle, les armoiries de Vaudémont disparaissent au profit de celles de Neufchâtel. En 1377 et en 1406, le sceau du tabellionage de Châtel-sur-Moselle met encore en scène l’écu burelé des Vaudémont ; il est placé derrière une porte crénelée flanquée de deux tours au toit pointu100. C’est normal puisqu’en 1406, la châtellenie de Châtel appartient toujours à Alix de Vaudémont, veuve depuis 1396 de Thiébaut VII de Neufchâtel. Son fils Thiébaut VIII hérite des biens maternels après sa mort en 1413. Or en 1479, les armoiries de Vaudémont disparaissent du champ du sceau du tabellionage de Châtel et sont remplacées par celles des Neufchâtel101. Il convient, en cette période de conflit, de marquer l’appartenance de la châtellenie à la famille « bourguignonne » de Neufchâtel. Initialement pourtant, le burelé des Vaudémont était bien présent.
Figure 35 : Sceau de Claude de Vaudémont.

49L’utilisation du burelé comme brisure de bâtardise d’une branche illégitime issue d’Antoine, fils de Ferry et de Marguerite, semble révélatrice de cette évolution. L’écu de Jean, bâtard de Vaudémont (v. 1450- † 1509), était écartelé de Lorraine plein et de Vaudémont102. Son fils Claude porte les mêmes armoiries. Elles apparaissent à l’identique sur une empreinte de son sceau appendue à un acte de 1549. Ce beau sceau armorial de 60 mm de diamètre propose les mêmes armoiries écartelées timbrées de l’aigle de Lorrraine (fig. 35)103. La légende partiellement détruite précise l’identité du possesseur : […] [C]LAVDE : DE : WAVDEMONT : CH(eva) L(ie) R : BARO(n) : DE F[…] // […] / PEXE : DE : IAMAISDE : ET DE : TRAVERS : DE […].
50Aucun souvenir de la bâtardise n’est conservé ; il est nommé Claude de Vaudémont alors que son père était le bâtard de Vaudémont. Ce nom est désormais clairement distinct du comté éponyme car, dans les mêmes années, il existe un comte de Vaudémont. Il s’agit de Louis de Lorraine, un cadet de René II, comte de 1522 à 1528, date de sa mort. Les armoiries gravées sur son sceau sont celles de son père sans brisure apparente104. Le burelé des Vaudémont n’est plus présent dans les armoiries des représentants de la seconde maison de Vaudémont. Cependant elles peuvent encore avoir pour eux une valeur commémorative.
51René II est le premier à les réintroduire dans son arsenal emblématique. Les préoccupations de son père et surtout de son grand-père étaient ailleurs. Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont (1415-1458), petit-fils du duc de Lorraine Charles II, dispute à René d’Anjou l’héritage du duché de Lorraine. Dans ce contexte, il opte pour les armoiries pleines de Lorraine qu’il fait graver sur son sceau en reprenant le modèle du sceau de son grand-père105. L’accord de 1433, mettant fin au conflit qui oppose Antoine et René, prévoit le mariage de leurs enfants Ferry de Lorraine et de Yolande d’Anjou. Cependant, quand en 1458, Ferry succède à son père, il fait réaliser un sceau en tout point identique à celui de son père. L’héritage lorrain reste au centre de ses préoccupations106.
52Le fils de Ferry et de Yolande, René, devient comte de Vaudémont à la mort de son père en 1470, puis duc de Lorraine à la mort de son cousin Nicolas d’Anjou en 1473. Il devient alors le premier duc de Lorraine issu de la seconde maison de Vaudémont. Le premier écu de René II traduit bien ce double héritage ; c’est un écartelé qui place aux 1 et 4 les armoiries de son père (de Lorraine plein) et aux 2 et 3 celles de son grand-père le roi René107. Comme son père et son grand-père paternel, il paraît renoncer au burelé. Pourtant, le 24 décembre 1473, René II nomme Gérard Raulin, poursuivant Joinville, héraut Vaudémont108. Le héraut Vaudémont permet à René II de réintroduire les armoiries de Vaudémont car l’officier d’armes est vêtu d’une cotte d’armes armoriées. Le héraut Vaudémont porte donc très vraisemblablement le burelé des Vaudémont109. Par la nomination de ce héraut, René II revendique ouvertement son ascendance Vaudémont. Certes l’ascendance maternelle angevine paraît prendre le pas, mais René II peut et doit montrer qu’il est le fruit de la réunification et l’héritier des deux lignages concurrents. Il va sans dire que cet héritage n’est pas que symbolique et le comté de Vaudémont en fait bien concrètement parti. Le héraut Vaudémont est aussi créé pour affirmer la possession du comté.
53Il est évident que le comté de Vaudémont n’est pas le principal objet de l’attention du duc mais il en fait partie. Quand, vers 1495-1498, le héraut bavarois Jörg Rugenn consacre dans son armorial une page au duc de Lorraine, il n’omet pas d’y intégrer les armes du comté de Vaudémont (« Die graffschaft Widam[ondt] »)110. Le comté de Vaudémont fait partie des principautés du duc. Et s’il en fait partie, c’est parce que René II est l’héritier de ce lignage. Outre la nomination du héraut Vaudémont, il existe une autre preuve de la conscience généalogique de René II, il s’agit du manuscrit connu sous le nom de « Brève généalogie » qui fut composé à son intention, vers 1504-1505, dans l’entourage de son oncle Henri de Lorraine, évêque de Metz de 1485 à 1505111. Ce manuscrit consacre une part importante tant à la généalogie de la maison de Joinville (ff. 8 v°-11) qu’à celle de Vaudémont (ff. 11 v°-12 v°). Les armoiries au burelé apparaissent dans ce document au feuillet 39 v° où est représenté l’arbre généalogique de la seconde maison de Vaudémont. Cet arbre, remontant d’Henri de Joinville, comte de Vaudémont, à René II de Lorraine, prend racine dans le ventre d’un guerrier allongé dont la tête repose sur un écu parti aux armes de Lorraine et de Vaudémont112.
54Le livre d’heures d’Antoine, fils de René II et duc de Lorraine (1508-1544), réalisé en 1533,contient une généalogie où figurent les armoiries des comtes de Vaudémont113. Henri de Vaudémont (f. 85 v°) inaugure la liste des ascendants de Ferry de Lorraine (fig. 36). Anseau de Joinville (f. 86 v° : armoiries de Joinville) et Marguerite de Vaudémont (f. 87) suivent. Leur fils Henri de Joinville (f. 87 v°) est doté d’un écartelé Joinville/Vaudémont qu’il n’a, selon le témoignage des sceaux, pas porté. Le même écartelé est concédé, tout aussi abusivement, à Marguerite de Vaudémont (f. 89). En commanditant ce manuscrit, Antoine parachève le travail de memoria initié par son père. Mais cet effort est intéressé, il permet de consolider la construction de l’Etat lorrain amorcée par René II. Ce dernier après avoir remporté la bataille de Nancy, s’éloigne un temps de sa principauté mais quand il revient, il s’y consacre pleinement et sa volonté d’œuvrer à son accroissement est grande. Soucieux de bien connaître son territoire, il demande à Martin Waldseemuller de réaliser la première carte de Lorraine. Cette carte est imprimée pour la première fois après son décès à Strasbourg en 1513. Dans la marge de droite, les armoiries des « comitatus et baronatus lotharingie et vasti regni » sont gravées ; les premières sont celles du comté (« comitatus ») de Vaudémont (fig. 37)114.
55La politique d’Antoine se place dans la continuité des efforts de son père et lorsqu’en 1525, il émet des thalers d’argent, les armoiries de Vaudémont y sont gravées à côté de celles de Blâmont115. Les armes du comté de Blâmont apparaissent en seconde position dans la marge de la carte de Waldseemuller. Blâmont est depuis la mort d’Olry de Blâmont en 1506 une possession lorraine. Olry, évêque de Toul (1495-1506), dernier descendant des sires de Blâmont l’a en effet légué par testament à son cousin René II116. La mère d’Olry, Marguerite de Lorraine, est la fille de Ferry de Lorraine et de Marguerite de Joinville, donc la grand-tante de René II. Blâmont est donc indirectement lié aux Vaudémont. L’intention est évidente, il faut signifier clairement le rattachement des comtés de Vaudémont et de Blâmont. Cela paraît d’autant plus utile que depuis 1522, Louis de Lorraine, frère cadet d’Antoine, est titré comte de Vaudémont. C’est à cette date que Pierre Gringore apparaît comme héraut d’armes dans la comptabilité ; son nom d’office, Vaudémont, est connu par des sources ulté rieures117. Il s’agit ici de manifester symboliquement l’indivisibilité de la principauté lorraine118. On notera encore qu’il existait un porte-enseigne « en la comté de Vauldemont ». Ce dernier, appelé Jean Parixot, est connu par son épitaphe conservée sur le mur extérieur du chœur de l’église Notre-Dame de Sion119, vers le cimetière. Il demeurait à Vézelise et mourut le 15 août 1547120. Au centre de cette épitaphe, est gravé un bras armé tenant un drapeau sur lequel est représenté un écu fascé de six pièces (il faut en fait l’interpréter comme un burelé). Compte tenu de la date du décès de Jean Parixot, il est possible de placer l’essentiel de sa carrière sous le règne d’Antoine. Pour Léon Germain, le drapeau gravé est « une sorte d’étendard d’Etat, représentant le vieux comté, uni au duché de lorraine par l’avènement de René II, étendard sous lequel devait marcher le contingent que le comté fournissait à l’armée ». La réunion du comté de Vaudémont paraît donc effective sous Antoine. C’est ce que traduit Emond du Boullay dans sa description des cérémonies célébrées à Nancy en 1546 afin de rendre un dernier hommage au duc Antoine. Deux « grandz seigneurs » y représentent « messieurs les comtes de Vauldemont et de Blasmont, anciens vassaulx du duc de Lorraine, marchis, à cause que les dictes comtez sont joinctes au demaine du duché »121.
Figure 36 : Livre d’heures d’Antoine de Lorraine (Paris, BNF, n.a.l. 302), folio 85 v°.

Figure 37 : Carte de la Lorraine et du « Vastum Regnum » (1513).

56L’observation des armoriaux permet également de prendre conscience des progrès accomplis sous les règnes de ces deux ducs122. Une première série de documents, tous issus de l’armorial d’Urfé, place les armes du comte de Vaudémont au quatrième rang après celles du duc de Bar123. L’utilisation d’une source ancienne par des auteurs étrangers à la Lorraine et ne tenant pas compte des modifications intervenues après 1380 est la seule explication de ce phénomène. Mais vers 1530, avec l’armorial de Nicolas de Lutzelbourg, les choses changent et le burelé rejoint les écus lorrains. À vrai dire, il apparaît désormais parmi « la chevallerie dez contes, barons, chevallieres et seigneurs subjectz au duc de Lorraine et evesque de Mets ». Enfin, dans la seconde moitié du xvie siècle, quand, à partir de l’armorial d’André de Rineck, l’auteur de l’armorial dit de La Ruelle compose son ouvrage, il n’omet pas de placer les armes de Vaudémont juste après celles du duc de Lorraine124. Ces derniers armoriaux, de production lorraine, montrent bien que, dans la région au moins, le rattachement du comté de Vaudémont au duché de Lorraine a été intégré.
57Cependant à partir de 1548, le comte de Vaudémont en titre est Nicolas de Lorraine, oncle de Charles III, duc de 1545 à 1608. En 1562, Nicolas obtient la permission de porter ce titre jusqu’au moment où son neveu aura deux enfants mâles. Mais ce n’est vraisemblablement qu’à la naissance du troisième fils de Charles III en 1572 qu’il perd le titre de comte de Vaudémont au profit de l’enfant125. Charles III semble vouloir réaffirmer l’appartenance du comté à la couronne lorraine quand il nomme un poursuivant Vaudémont en 1585126. Cette préoccupation peut paraître étrange dans le contexte si l’on omet que le poursuivant Vaudémont est revêtu d’une cotte écartelée aux armes de Vaudémont et de Joinville. L’importance de Joinville aux yeux des Guise est notoire et il ne me paraît pas hors de propos de lier la nomination du poursuivant Vaudémont aux événements de 1584 qui aboutissent à la création de la Ligue ; cette alliance est d’ailleurs définitivement scellée au château de Joinville le 31 décembre 1584127. Les successeurs de ce poursuivant Vaudémont ne sont sans doute pas investis d’une telle valeur symbolique mais Charles III a eu jusqu’à la fin de son règne un officier d’armes ainsi baptisé. Il est d’ailleurs représenté dans les planches de sa pompe funèbre128.
58L’entrée du duc Henri II (1608-1624), fils et successeur de Charles III, à Nancy eut lieu le 20 avril 1610 ; elle fut également immortalisée par une série de planches gravées. Le poursuivant Vaudémont n’y est pas représenté, pourtant les armes du comté y apparaissent de manière indirecte. La quatrième planche de cette série de gravures montre le convoi des « deputez des villes du domaine de son altesse » et parmi eux se trouvent le député de Vaudémont et celui de Vézelise, il porte respectivement un mont, au chef burelé et trois moutoilles (poissons), au chef burelé. Vaudémont, capitale historique, et Vézelise, capitale économique, du comté sont ainsi clairement rattachées au domaine du duc de Lorraine129.
59Au début du xviiie siècle, les armoiries du comté et la généalogie des comtes de Vaudémont sont exhumées et mises en exergue de deux manuscrits de la coutume du comté. Le premier de ces manuscrits écrit en 1716 s’ouvre sur les armoiries écartelées de Vaudémont et de Joinville130. Ces armoiries sont suivies par un texte sur l’« erection du comté de Vaudemont en souveraineté par l’empereur Henry 4e en faveur de Gerard d’Alsace en 1070 » et une généalogie des comtes de Gérard à Léopold († 1729)131. Dans cette généalogie, les armoiries attribuées à chaque comte sont les mêmes que celles qui ouvrent le volume. Le second de ces manuscrits, daté de 1722, se distingue du précédent. Il commence par les mêmes armoiries données comme la « banniere du comté de Vaudémont », consacre quelques pages aux origines du comté et continue par une généalogie des comtes132. Selon cette généalogie, l’évolution des armes des comtes de Vaudémont est la suivante ; un burelé d’argent et d’azur pour Gérard d’Alsace (p. 23), un burelé d’argent et de sable pour ses successeurs jusqu’à Henri IV de Vaudémont (p. 39), un écartelé Vaudémont et Joinville pour Henri de Joinville et pour sa fille Marguerite (p. 43 et p. 45), un écartelé Vaudémont et Lorraine pour Antoine de Lorraine (p. 47). Ferry II reprend ensuite l’écartelé Vaudémont et Joinville (p. 49) et René II porte ce même écartelé avec sur le tout les armes de Lorraine (p. 52). Il les transmet ensuite sans changement à ses successeurs. Ces différentes armoiries sont « imaginaires » à partir de Henri de Joinville ; elles n’ont d’autre but que de montrer le lien entre les différentes maisons qui ont hérité du comté. Les armoiries attribuées à René II, que conservent ses successeurs, montrent bien son importance dans le rattachement du comté à la principauté lorraine. Généalogie et armoiries permettent de justifier les droits des ducs de Lorraine sur le comté et légitiment leur effort de mise au net de la coutume.
60Avec le temps, les armoiries des comtes de Vaudémont sont devenues essentiellement celles du comté de Vaudémont. C’est pour montrer leur appartenance à ce territoire que les villes de Vaudémont et de Vézelise ont adopté un écu où le burelé d’argent et de sable est présent. Mais elles ne sont pas les seules localités à avoir fait ce choix. Actuellement, on recense 20 communes liées à l’ancien comté de Vaudémont qui ont introduit le burelé dans leurs armoiries133. Ces armoiries sont peu connues mais elles permettent de prendre conscience de l’importance accordée par leurs habitants à un passé commun. Le symbole de ce passé commun fut un temps plus et mieux exposé et put connaître une plus grande diffusion. En effet de 1863 à 1959, la Brasserie de Vézelise, fondée par François-Louis Antoni Moreau, a produit une bière diffusée dans toute la France (fig. 38)134. Un des emblèmes – on ne parlait pas encore de logotype – de la brasserie est composé de l’initiale M du nom de ses propriétaires et des armoiries de la ville de Vézelise. Ce « logo » est indéniablement le dernier vecteur d’un semblant de notoriété pour les armoiries des comtes de vaudémont.
Figure 38 : Affiche publicitaire de la Brasserie de Vézelise.

61De l’apparition du burelé dans les premières années du xiie siècle au logo d’une brasserie, l’histoire des armoiries de Vaudémont apporte de précieux renseignements sur les comtes et leur politique, sur l’importance du comté chez leurs successeurs et sur le poids de l’histoire et son impact dans notre société. Le burelé symbolise d’abord le changement de vassalité choisi par Hugues II au début du xiiie siècle mais démontre aussi une certaine volonté d’indépendance. Devenue l’emblème du lignage, le burelé est ensuite associé aux efforts faits par ses différents représentants pour tenir leur rang, voire pour s’élever dans la hiérarchie sociale. Le paroxysme est atteint avec Henri III et la perfection de son sceau équestre. Après la mort de son fils à Crécy en 1346, les armes de Vaudémont ne disparaissent pas mais entrent dans une longue période de déclin. Elles ne sont plus là pour proclamer la magnificence d’un lignage comtal mais pour affirmer la propriété des héritiers sur les dépouilles de ce lignage. Certes, elles conservent une part de leur prestige mais infiniment moindre. Elles finissent par ne plus désigner qu’une portion d’un domaine plus vaste, celui du duché de Lorraine, désormais bien plus valorisé. Puis ultime évolution, le burelé des Vaudémont ne vit plus qu’à travers les armoiries de certaines communes sises dans les limites de l’ancien comté. Cette histoire traduit un affadissement de la valeur conférée aux armoiries à travers le temps. Les armoiries de Vaudémont présentes dans l’héraldique communale n’ont plus le prestige des armes initialement calquées sur celles de la grande Ermesinde. Elles témoignent pourtant, comme le prouve le « logo » de la brasserie de Vézelise, d’un véritable attachement à l’histoire d’un territoire particulier, d’une micro-région consciente de son identité et gardant la mémoire d’un passé singulier.
Notes de bas de page
1 Qu’il me soit ici permis de remercier les Professeurs Gérard Giuliato, Michel Margue et Michel Parisse, messieurs Arnaud Baudin, Emmanuel de Boos, Jean-Luc Chassel, Léonard Dauphant, Hubert Flammarion, Laurent Hablot, Cédric Moulis, Vianney Muller et Jean-François Nieus pour leur aide précieuse et les fructueux échanges que nous avons eu tout au long de l’élaboration de cet article.
2 Quelques définitions (Emmanuel de Boos, Dictionnaire du blason, Paris, 2001, p. 42, 74-75).
Burelé ; nom que l’on donne au fascé lorsque le nombre de ses divisions est égal ou supérieur à dix et qu’il est constitué non plus de fasces mais de burelles.
Burelle ; nom que prend la fasce lorsqu’elle est employée en plus de quatre ou cinq exemplaire dans l’écu ou lorsque sa largeur est diminuée.
Fasce ; pièce honorable délimitée par deux lignes parallèles, traversant l’écu horizontalement d’un flanc à l’autre.
Fascé ; se dit de l’écu, et de toute figure, divisés dans le sens de la fasce en un nombre pair de parties égales aux émaux alternés. Le fascé est d’ordinaire de six pièces et on n’en précise le nombre que s’il est différent. Lorsque le nombre de divisions est supérieur à dix, elle prend le nom de burelé.
3 Hervé Pinoteau, La symbolique royale française ; ve–XVIIIesiècle, La Roche-Rigault, 2004 ; Jacques Choux, Les armes de Lorraine, Nancy, 1964 ; Michel Pastoureau, « Géographie héraldique des pays lotharingiens ; l’influence des armes de la maison de Bar (xiie-xve siècle) », Principautés et territoires et études d’histoire lorraine, Actes du 103e Congrès national des Sociétés Savantes (Philologie et histoire jusqu’à 1610), Nancy-Metz, 1978, Paris, 1979, p. 335-348.
4 Sur les sources permettant l’étude des armoiries médiévales ; Michel Pastoureau, Traité d’héraldique, 4e éd., Paris, 2003, p. 222-236.
5 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, Nancy, 1991, p. 314-317 ; Philippe Perrey (Actes des comtes de Vaudémont (des origines à 1244), Mém. maîtrise Nancy 2, 1974-75) propose de placer la mort de Gérard II entre 1194 et 1197 (p. 6).
6 Pour dater la mort de Hugues II, Perrey opte pour le 4 mai 1236 (Actes des comtes…, p. 184) alors que Poull propose le 20 avril ou le 4 mai 1242 (La maison ducale de Lorraine, p. 326).
7 Edmond des Robert, « Les sceaux laïcs du xiie siècle aux Archives de Meurthe-et-Moselle », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1950, p. 203-209, n° VII ; Id., Catalogue des sceaux des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, t. I ; Sceaux de souverains, grands feudataires et juridictions (numéros 1 à 1664), Nancy, 1983 (désormais CSMM), n° 193 (AD Meurthe-et-Moselle, H 1087).
8 Dom Calmet, Histoire de Lorraine, 2e éd., Nancy, 1748, t. III, col. 61, n° 40 et pl. 7. Légende ; + GERARDVS . COMES . VADANICESIS.
9 AD Meurthe-et-Moselle, 2 F 2, n° 9 ; Edmond des Robert, « Les sceaux laïcs… », n° VIII ; CSMM 194 (AD Meurthe-et-Moselle, 2 F 2, n° 9).
10 Philippe Perrey, Actes des comtes…, n° 54.
11 Hubert Flammarion justifie cette proposition par la présence de Gautier de Vaudémont, archidiacre de la Blaise de 1185 à 1217.
12 Dom Calmet, Histoire de Lorraine…, t. III, col. 61, n° 41 et pl. 8. Légende ; + GERARDVS . COMES . VADANI. MONTIS.
13 Pierre Bony, « L’image du pouvoir seigneurial dans les sceaux ; codification des signes de la puissance de la fin du xie au début du xiiie siècle dans les pays d’Oïl », Seigneurs et seigneuries au Moyen Age, Actes du 117e Congrès national des Sociétés Savantes (Philologie et histoire jusqu’à 1610), Clermont-Ferrand, 1992, Paris, 1995, p. 367-401, ici p. 376, 370.
14 Edmond des Robert, « Les sceaux laïcs… », n° IX ; CSMM 195 (AD Meurthe-et-Moselle, H 1087) et Archives départementales de l’Aube, 3 H 106 (cf. Auguste Coulon, Inventaire des sceaux de la Champagne, 1912-1939, inédit, au services des sceaux des Archives nationales (désormais Champagne), n° 129 ; Damien Vaisse, « Les sceaux lorrains du xiie siècle dans le fonds de l’abbaye de Clairvaux aux Archives de l’Aube », Lotharingia X, 2001, p. 179-199, n° 4, l’auteur y voit le burelé). Cette première matrice pourrait être, selon Jean-François Nieus, la même que celle utilisée par son grand-père Hugues Ier (v. 1120-v. 1154) (« L’hérédité des matrices de sceaux princiers au xiie siècle, entre conscience lignagère et discours politique », in Actes du colloque : Pourquoi les sceaux ? La sigillographie, nouvel enjeu de l’histoire de l’art, Lille, 23-25 octobre 2008, à paraître).
15 Emmanuel de Boos, Dictionnaire…, p. 35.
16 Edmond des Robert, « Les sceaux laïcs… », n° X ; CSMM 196 (AD Meurthe-et-Moselle, H 1087). Une empreinte était encore appendu en 1974 (cf. Philippe Perrey, Actes des comtes…, n° 72) à un acte de 1211 conservé aux Archives départementales de la Haute-Saône (H 294). Cet acte est aujourd’hui perdu.
17 Michel François, Histoire des comtes et du comté de Vaudémont, Nancy, 1934, Ill. II hors texte.
18 Dom Calmet, Histoire de Lorraine…, t. III, col. 61, n° 42 et pl. 8. Légende ; HUGO COMES VADANI-MONTIS.
19 CSMM 196 bis.
20 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 319 ; Id., La maison souveraine et ducale de Bar, Nancy, p. 139-140 et surtout Michel Parisse, « Thiébaut, comte de Bar et de Luxembourg », Ermesinde et l’affranchissement de la ville de Luxembourg. Etudes sur la femme, le pouvoir et la ville au xiiie siècle, Luxembourg, 1994, p. 161-177, pour ces événements p. 171- 172.
21 Michel Pastoureau, « Les sceaux et la fonction sociale des images », L’image. Fonctions et usages des images dans l’Occident médiéval. Actes du 6e « International Workshop on Medieval Societies », Centre Ettore Majorana (Erice, Sicile, 17-23 octobre 1992), Cahiers du Léopard d’or, 5, Paris, 1996, p. 275-308, ici p. 295-296.
22 Pour les ducs de Lorraine : Hubert Collin, « Sceaux de l’histoire lorraine », Lotharingia I, 1988 (désormais Lotharingia I), pour Mathieu Ier : p. 79, Simon III : p. 80-82, Ferry II : p. 83. Le premier sceau de Simon II est décrit par Des Robert : CSMM 5. Le deuxième sceau, non daté, de ce prince est le seul à être équestre à gauche. Parallèlement, son frère Ferry de Bitche possède un sceau équestre à droite (Hubert Collin, « Sceaux… », p. 82). Pour les comtes de Bar : Hubert Collin, « Sceaux… », p. 118-122. Henri II (1214-1240) utilise un sceau équestre à gauche de 1215 à 1225 (CSMM 231 ; CSMM 232 et Hubert Collin, « Sceaux… », p. 122).
23 Michel Pastoureau, « La naissance des armoiries », Le xiie siècle. Mutations et renouveau en France dans la première moitié du xiie siècle, Cahiers du Léopard d’or, 3, Paris, 1994, p. 103- 122.
24 Michel Pastoureau, « Géographie… », p. 339 ; Jacques Choux, Les armes…, p. 16-19.
25 Michel Parisse, Noblesse et chevalerie en Lorraine médiévale, Nancy, 1982, p. 450.
26 Cette hypothèse n’est pas en contradiction avec l’idée du remploi de la matrice de Hugues Ier si l’on admet que le motif héraldique a été gravé à la demande de Hugues II. Il apparaît en effet peut probable que des armoiries existent déjà en Lorraine dans les années 1120-1150 comme il a déjà été montré.
27 Les Deuilly descendent de Joffroi de Vaudémont, seigneur de Deuilly. Christian de Mérindol, « Le pouvoir seigneurial et son expression. Le témoignage de l’emblématique. Essai sur la Lorraine », Seigneurs et seigneuries au Moyen Age, Actes du 117e Congrès national des Sociétés Savantes (Philologie et histoire jusqu’à 1610), Clermont-Ferrand, 1992, Paris, 1995, p. 404- 439, sur ces groupes p. 420-426.
28 Ibid., p. 420-421.
29 Sur Ermesinde : Michel Margue, « Ermesinde. Notice biographique », Ermesinde et l’affranchissement de la ville de Luxembourg. Etudes sur la femme, le pouvoir et la ville au xiiie siècle, Luxembourg, 1994, p. 11-27.
30 Ibid., p. 19.
31 Jean-Claude Loutsch, « Origine des armes luxembourgeoises », Recueil du 11e Congrès International des Sciences généalogique et héraldique, Liège, 1972, p. 365-368.
32 Catherine Gauche, Tournois et joutes au xiiie siècle. Sone de Nansay, Mém. maîtrise, Nancy2, 1979, p. 19. Le vers cité est le numéro 356.
33 Pour la date de sa mort, Poull hésite entre le 20 avril et le 4 mai 1243 (La maison ducale de Lorraine, p. 326) et Perrey la fixe au 20 avril 1244 (Actes des comtes…, p. 200).
34 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 326 ; Id., La maison souveraine et ducale de Bar, p. 156.
35 Hugues III naît vers 1190, alors que Marguerite ne naît qu’à la fin de 1211 ou au début de 1212. La date de leur union n’est pas connue mais leur premier fils Henri semble naître au cours de 1232 (Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 327).
36 AD Meuse, 16 H 5, n° 39 et 16 H 7, n° 130 ; « Hugo, filius comitis Wademontis, dominus de Betthenges (ou Bethenges) ».
37 Camille Wampach, Urkunden- und Quellenbuch zur Geschichte der altluxemburgischen Territorien bis zur burgundischen Zeit, t. III, Luxembourg, 1939, n° 26. Selon cet auteur, il s’agit de Bettingen (Allemagne, Eifelkreis Bitburg-Prüm). Michel François (Histoire…, p. 96) l’identifie avec Bettange (Moselle, arr. Boulay-Moselle, c. Boulay-Moselle) alors que Perrey et Poull y voit Bertrange (Moselle, Thionville-Est, c. Metzervisse). Michel Margue penche également pour cette localisation.
38 AD Meuse, 4 H 6, f. 355.
39 Wampach, III, n° 464. L’acte est conservé aux Archives du Luxembourg. L’éditeur constate que le sceau de la comtesse est en très mauvais état. Il parvient cependant à lire la légende ; – ARETE CO – SSE DE – NT et voit dans le champ, la comtesse se tenant debout la main droite sur la poitrine, la gauche tendue à la même hauteur. Le sceau secret montre un lys dans le champ et la légende + – CRETUM MEUM.
40 AD Meurthe-et-Moselle, B 399, f. 21. Il est en toujours seigneur en février 1291 n. s. (Adam Goerz, Mittelrheinische Regesten, t. IV, Coblence, 1886, p. 418, n° 1868).
41 On notera que les seigneurs de Sorcy étaient également compris dans l’accord de 1202 (Georges Poull, La maison souveraine et ducale de Bar, p. 141). Ce qui dans l’état actuel des connaissances ne permet cependant pas de fusionner les trois groupes décrits par Mérindol qui portent des fasces ou des burelles.
42 Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Vézelise.
43 Michel François, Histoire…, p. 146, n ; 3. Deux sceaux sont conservés ; CSMM 5752 (sceau d’Aubert de « Telou » 1332, le burelé est brisé d’une barre) et CSMM 5753 (sceau de Jean de « Toullon » 1355, l’empreinte n’est plus appendue à l’acte ; Des Robert a vu une bande brochant en guise de brisure). On trouve dans l’armorial d’Urfé (Paris, Bibliothèque nationale de France (désormais BNF), fr. 32753, p. 61), les armes du « seigneur de Teilou, de Vuademont (burelé d’argent et de sable) à 1 baston de gueles ».
44 Vosges, arr. Epinal, ch.-l. c.
45 Gérard Giuliato, Châteaux et villes fortes du Comté de Vaudémont en Lorraine médiévale, Nancy, 2008, p. 60. Au même emplacement ont été trouvées une maille tournois à l’O rond de Philippe IV (1285-1314) et un double denier de Ferry IV de Lorraine (1312-1329).
46 Il s’agit du dernier acte repéré émanant de ce personnage ; AD Meuse, 16 H 7, n° 130.
47 Je remercie le Professeur Michel Parisse qui a eu l’obligeance de m’en confirmer l’authenticité.
48 La matrice de Vanault-le-Châtel (Marne, arr. Vitry-le-François, c. Heiltz-le Maurupt) est en fait une demi-matrice, peut-être brisée à la mort de son propriétaire à l’aide d’un burin ; Michel Bur, « Note sur une matrice de sceau de Robert de Vanault (xiiie siècle) », Jean-Luc Chassel (sd.), Les sceaux. Sources de l’histoire médiévale en Champagne. Actes des tables rondes de la Société française d’héraldique et de sigillographie (Troyes, 2003 - Reims, 2004), Paris, 2007, p. 25-26.
49 Cf. Jean-François Nieus, Op. Cit.
50 Félix-Victor Goethals, « Les chevaliers français au tournoi de Cambrai (1269) », Revue nobiliaire, historique et biographique, nouv. série, t. II, 1866, p. 385-394, ici p. 387. Selon Goethals, le tournoi est célébré le 27 mai à l’occasion du mariage de Jean, duc de Brabant, avec Marguerite de France. Gaston Saffroy (Bibliographie généalogique, héraldique et nobiliaire de la France, t. I, Paris, 1968, n° 3190) propose trois dates ; « 1263 ? ou 1267 ou 1269 » ; ce sont les dates données dans les différentes copies car le document original est perdu.
51 Gerard J Brault, Eight Thirteenth-Century Rolls of Arms in French and Anglo-Norman Blazon, The Pennsylvania State University Press, University Park and London, 1973, p. 38-67, version a n° 30, version b n° 32, version c n° 40.
52 Cecil R. Humphery-Smith, Anglo-norman armory, Londres, 1973, n° 72.
53 CSMM 197 et 197 bis (AD Meurthe-et-Moselle, B 962, n° 1, mai 1267) ; AD Meurthe-et-Moselle, B 962, n° 3, 1er sceau (février 1268 n. s.) ; Paris, BNF, Lorraine (désormais Lorraine) 255, n° 3 (28 juillet 1276). Les armoiries d’ Henri Ier de Vaudémont sont représentées dans le cartulaire de l’abbaye Sainte-Glossinde de Metz (Paris, BNF, lat. 1024, f. 20 v°) à côté de la notification faite le comte d’un don accordé par « Geraus d’Ajoncourt » à l’abbesse et au couvent de Sainte-Glossinde en novembre 1260. Ce dessin est signalé par Mathias Auclair dans son article « Dessins d’armoiries et de sceaux dans le cartulaire de Sainte-Glossinde de Metz », Revue Française d’Héraldique et de Sigillographie, t. 66, 1996, p. 53-66, ici p. 60. L’auteur émet l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de la représentation d’un contre-sceau.
54 CSMM 198 et 198 bis (AD Meuse, B 962, n° 3, 2e sceau).
55 Les lettres sont écrites à l’envers ; + MEM MVTERCES.
56 Germain Demay, Le costume au Moyen Age d’après les sceaux, Paris, 1880, p. 101. La figure 48 qui représente la tête de la comtesse de Bar Jeanne de Toucy telle qu’elle apparaît sur une empreinte de 1267 est très semblable au « portrait » de Marguerite de La Roche.
57 CSMM 199 (AD Meurthe-et-Moselle, B 705, n° 122, septembre 1279 et non 1275) et Lorraine 255, n° 4 (26 novembre 1281).
58 Ce sceau est attesté de 1285 à 1297 [CSMM 200 et 200 bis (AD Meurthe-et-Moselle, B 608, n° 4, 25 avril 1285) et Auguste Coulon, Inventaire des sceaux de la Bourgogne recueillis dans les dépôts d’archives, musées et collections particulières des départements de la Côte-d’Or, de Saône-et-Loire et de l’Yonne, Paris, 1912 (désormais Bourgogne), n° 139 et 139 bis (AD Côte d’Or, B 10488, 1er sceau, décembre 1297)]. La distinction entre sceau d’écuyer et sceau de chevalier est attestée dans la famille d’Apremont à la fin du xiiie siècle ; Mathias Auclair, Politique lignagère et ambitions comtales en Lorraine. Famille et seigneurie d’Apremont des origines au début du xive siècle, 5 vol., Thèse ENC, 1999, t. II, p. 76.
59 Anciennement déposé à l’Association Royale Néerlandaise de Généalogie et d’Héraldique (La Haye) par le Professeur Van Wijnbergen, il est actuellement en possession de sa veuve ; Paul Adam-Even et Léon Jequier, « Un armorial français du xiiie siècle ; l’armorial Wijnbergen », Archives héraldiques suisses, 1951, p. 49-62, 101-110 ; 1952, p. 28-36, 64-68, 103-111.
60 L’éditeur de cet armorial peint fait du fascé de huit pièces un burelé.
61 Emmanuel de Boos réalise actuellement une édition de cet armorial, dont l’original est perdu, à partir du manuscrit fr. 2249 conservé à la BNF. Il a bien voulu me faire profiter de ses connaissances du document et je l’en remercie vivement.
62 Gilles de Rodemack (n° 355), Ferry de Sierck (n° 370) et Geoffroy de Meysembourg (n° 371).
63 L’armorial Navarre n° 619 (v. 1348-1352 ; Louis Douët d’Arcq, Armorial de France de la fin du xive siècle, Paris, 1859) : de sable au chef d’argent et l’armorial Bellenville n° 20 (v. 1370 ; Michel Pastoureau, Michel Popoff, L’armorial Bellenville, Lathuile, 2004, 2 vol.) : burelé d’argent et de gueules, à la bordure de sable besantée d’or.
64 Paris, Archives nationales, musée de l’Histoire de France, AE I 25, n° 6 (MM 684) ; Emmanuel de Boos, L’armorial Le Breton, Paris, 2004, n° 322.
65 Ibid., p. 24.
66 Uffenbach n° 73 (v. 1400 ; Werner Paravicini, Das Uffenbachsche Wappenbuch ; Hamburg, Staats- und Universitätsbibliothek, Codex 90b in scrinio, Munich, 1990) ; Gorrevod f. 7 v°, 3 (v. 1430 ; Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, ms. II 6563) ; Berry 792 (v. 1450 ; Emmanuel de Boos, Armorial de Gilles Le Bouvier, héraut Berry, Paris, 1995) ; Prinsault f. 89 v° (v. 1470 ; Paris, BNF, n. a. f. 1075) ; Rineck 517 (1473 ; Jean-Christophe Blanchard, L’armorial d’André de Rineck (Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, Cod. 3336), Paris, 2003) ; Grünenberg n° 622 (v. 1480 ; Adolf Matthias Hildebrant et Rudolf Stillfried-Alcantara, Des Conrad Grünenberg Ritters und Bürgers zu Constenz Wappenbuch, Görlitz, 1875, 2 vol.) ; Miltenberg n° 1306 (v. 1495 ; Jean-Claude Loutsch, « Armorial Miltenberg », Archives héraldiques suisses, 1989-II, p. 95-165 ; 1990-I, p. 40-67 ; 1990-II, p. 122-164 ; 1992-I, p. 42-68 ; 1993-I, p. 61-70) ; Lutzelbourg f. 60 (v. 1530 ; Nancy, Bibliothèque municipale, ms. 1727) ; Le Blancq 405 (v. 1550 ; Michel Popoff, L’armorial Le Blancq ; B.N. ms. fr. 5232, « Histoire et généalogie », n° 21 (1989), p. 23-42 ; n° 22, (1989), p. 43-50 ; n° 23 (1989), p. 43-54 ; n° 24 (1989), p. 45-56 ; n° 25 (1989), p. 37-48 ; n° 26 (1989), p. 23-39 ; n° 27 (1990), p. 37-44 ; n° 28 (1990), p. 37-54 ; n° 29 (1990), p. 53-62 ; n° 30 (1990), p. 43-68 ; n° 31 (1990), p. 55-63 ; n° 32 (1990), p. 33-58 ; n° 33 (1991), p. 47-63 ; n° 34 (1991), p. 39-58 ; n° 35 (1991), p. 45-62 ; n° 36 (1991), p. 49-53) ; La Ruelle f. 2 v° (après 1550 ; Paris, BNF, fr. 5941).
67 AD Côte d’Or, B 10488, 2e sceau (décembre 1297) et Bourgogne 140 [AD Côte d’Or, B 10488 (août 1300)].
68 Les armes du père d’Hélissent (de gueules à trois quintefeuilles d’or) sont peintes dans l’armorial Le Breton (n° 419).
69 CSMM 201 et 201 bis [AD Meurthe-et-Moselle, B 546, n° 10, 1er sceau (28 novembre 1304)] ; Lorraine 234, n° 16, 1er sceau (10 février 1306 n. s.) ; Lorraine 255, n° 7 (9 décembre 1309).
70 Il n’est pas possible de dire si les empreintes de la collection de Lorraine de la Bibliothèque nationale sont contre-scellées car les sceaux sont cousus.
71 Les plus anciennes empreintes sont appendues à deux actes du 9 juillet 1315 (AD Meurthe-et-Moselle, B 705, n° 140 et 141, 2e sceau). Les dernières empreintes connues sont appendues à des actes du 30 août 1347 [CSMM 203 et 203 bis (AD Meurthe-et-Moselle, B 962, n° 14) et Lorraine 258, n° 6, 1er sceau]. Ici : AD Meurthe-et-Moselle, H 2985 (juillet 1337).
72 François, suivi par Poull, situe la date de ce mariage vers février 1306. Il semble cependant que cette alliance soit antérieure puisque le 28 novembre 1304, Henri apparaît déjà avec sa femme Isabelle (AD Meurthe-et-Moselle, B 546, n° 10 : le nom d’Isabelle n’est pas précisé mais le second sceau appendu est bien le sien).
73 Lotharingia I, n° 131 ; Jean-Luc Chassel (sd.), Sceaux et usages de sceaux. Images de la Champagne médiévale, Paris, 2003, p. 105.
74 Ces sceaux sont tous reproduits dans : Lotharingia I, n° 41 (1238), 43 (1259), 44-45 (1264-1271), 46 (1275-1284), 47 (1289-1290), 48 (1309), 53 (1315).
75 Louis-Claude Douët d’Arcq, Archives de l’Empire ; collection de sceaux, 3 vol., Paris, 1863-1868 (désormais Douët d’Arcq), n° 11376, reproduit dans : Les sceaux. Sources de l’histoire médiévale en Champagne, Paris, 2007, p. 176, ill. XII.5.
76 Martine Dalas, Corpus des sceaux français du Moyen Âge, t. II, Les sceaux des rois et de régence, Paris, 1991, p. 201. Ce sceau a vraisemblablement été utilisé de 1332 à 1350. La présence de l’étoile n’est pas mentionnée dans la description.
77 Jacques Paviot, « Les ordres de chevalerie royaux français à la fin du Moyen Age », Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 76, 2006, p. 155-164.
78 Metz, Bibliothèque municipale, ms. 1588, f. 183.
79 Michel Pastoureau, Traité…, p. 218.
80 AD Marne, 54 H 205, reproduit dans ; Jean-Luc Chassel (sd.), Sceaux et usages…, p. 101 (en 1313).
81 On évoquera comme preuve supplémentaire de ses ambitions les quelques monnaies qu’il a fait battre dont l’une le représente debout tenant une épée et un écu qui semble porté le burelé (Dominique Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, 3 vol., Nancy, 2002, t. II, p. 439).
82 CSMM 204 et 204 bis [AD Meurthe-et-Moselle, B 546, n° 10, 2e sceau (28 novembre 1304)] et Lorraine 234, n° 16, 2e sceau (10 février 1306 n. s.).
83 Lorraine 255, n° 18.
84 Cette matrice est utilisée de 1323 (Lorraine 255, n° 27, 2e sceau, 19 juillet) à 1326 [CSMM 205 (B 962, n° 8, 2e sceau, 29 septembre). La date donnée dans CSMM (26 septembre 1317) ne correspond pas.
85 CSMM 8643 [AD Meurthe-et-Moselle, B 876, n° 74, 1er sceau (25 mars 1327)] et André Philippe, Département des Vosges. Inventaires des sceaux de la série G (Clergé Séculier) des Archives départementales, Epinal, 1919 (désormais Philippe), n° 528 [AD Vosges, G 2219 (décembre 1327)].
86 Une autre sœur d’Henri III a également possédé un sceau. Il s’agit de Marguerite, mariée en premières noces à Jean de Joinville, sire d’Ancerville, puis à Erard de Nanteuil. Malheureusement, l’empreinte appendue à un acte de la collection Picardie de la Bibliothèque nationale (Picardie 282, n° 4) a disparue.
87 Lorraine 258, n° 3, 2e sceau (15 avril 1325). Sur les sceaux d’Anseau : Arnaud Baudin, « Note sur les sceaux d’Anseau de Joinville, sénéchal de Champagne, à partir d’une mention de perte de matrice au début du xive siècle », Les sceaux. Sources de l’histoire…, p. 45-47 ; sur ceux de la maison de Joinville : Marie-Adélaïde Nielen, « La maison de Joinville », Sceaux et usages…, p. 112-116.
88 Les armes de Joinville sont d’azur à trois broyes d’or, au chef d’argent chargé d’un lion issant de gueules. Sur ces armoiries : Jean-Bernard de Vaivre, « Les armes de Joinville », Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, Paris, 2000, p. 659-673.
89 Baudin, Note…, p. 47 ; Nielen, La maison…, p. 116.
90 Le prénom de son grand-père lui a bien sûr été donné avant (à sa naissance en 1327) qu’il ne devienne l’héritier présomptif du comté (à la mort de son oncle en 1346). Henri de Joinville est titré comte de Vaudémont dès le 21 janvier 1348 (AD Meurthe-et-Moselle, B 601, n° 13). Quelques empreintes de sceaux : Lorraine 258, n° 6 (1347, 2e sceau) ; Lorraine 258, n° 7 (1348, 1er sceau) ; Champagne n° 160 (1356) ; Douët d’Arcq n° 814 (1360) ; Philippe n° 62 (1364).
91 CSMM 208 [AD Meurthe-et-Moselle, B 942, n° 67, 2e sceau (6 septembre 1394)]. On en connaît quatre autres empreintes ; AD Meurthe-et-Moselle, B 711, n° 62, 1er sceau (26 décembre 1396) ; Champagne 472 (29 mars et 22 août 1409). Une autre empreinte était encore appendue à un acte du 20 novembre 1408 (AD Meurthe-et-Moselle, H 2994) en 1881 (Léon Germain, « Ferry Ier de Lorraine, comte de Vaudémont (1393-1415) », Mémoires de la Société d’Archéologie Lorraine, 1881, p. 87, 107) ; elle ne l’est plus aujourd’hui. Une gravure de ce sceau a été reproduite dans le même article.
92 Des Robert / Coulon : S. MARGUERIT… EUILLE DAME DE RUMIGNY… COTESSE DEWAUD…
93 Léon Germain, Ferry Ier de Lorraine…, p. 87-88.
94 CSMM 5031 [AD Meurthe-et-Moselle, B 711, n° 62, 2e sceau (26 décembre)].
95 CSMM 5032 [AD Meurthe-et-Moselle, H 1340 (30 janvier n. s.)].
96 CSMM 1608 [AD Meurthe-et-Moselle, B 960, n° 145 (décembre 1295)] (une empreinte de la même matrice appendue à un acte de 1304 est reproduite dans Michel François, Histoire…, Ill. III hors texte) ; CSMM 1609 [AD Meurthe-et-Moselle, B 960, n° 157 (juillet 1316)] ; CSMM 1610 [AD Meurthe-et-Moselle, B 642, n° 42 (16/04/1565)].
97 Gérard Giuliato, Châteaux et villes…, p. 206 : plan p. 197.
98 CSMM 1615 [AD Meurthe-et-Moselle, H 3039 (6 septembre 1552)]. Légende : + LI SAIELZ DES : ASSISES : DE VEZELISE.
99 Châtel-sur-Moselle, Vosges, arr. Epinal, ch.-l. c. et Bainville-aux-Miroirs, Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Haroué.
100 CSMM 1425 [AD Meurthe-et-Moselle, H 380 (21 juin 1377)] et Philippe 210 [AD Vosges, G 619 (9 février 1406 n. s.)]. Sceau rond de 35 mm de diamètre ; légende de CSMM 1425 : S(igillum) TABELLION(atus) DE CHASTEL, actuellement seules sont lisibles les huit premières lettres.
101 CSMM 1426 (1479) et 1427 (1497).
102 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 545.
103 CSMM 213 [AD Meurthe-et-Moselle, B 912, n° 117, 1er sceau (15 octobre 1549)].
104 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 199 ; Germain Demay, Inventaire des sceaux de la collection Clairambault à la Bibliothèque nationale, 2 vol., Paris, 1885-1886, n° 9265.
105 Sceau d’Antoine : CSMM 209 (Lotharingia I 63) ; sceau de Charles II : CSMM 34 et 35 (Lotharingia I 61 et 62).
106 CSMM 212 (Lotharingia I 67).
107 Christian de Mérindol, « La politique du duc de Lorraine René II (1473-1508) à l’égard de la seconde maison d’Anjou, de la France et de la Bourgogne, d’après le témoignage de l’emblématique et de la thématique », Les pays de l’entre-deux au Moyen Age ; questions d’histoire des territoires d’Empire entre Meuse, Rhône et Rhin, Actes du 113e congrès national des sociétés savantes (Strasbourg, 1988), Paris, 1990, p. 61-114, p. 63.
108 AD Meurthe-et-Moselle, B 1, f° 72 v°. Sur ce personnage : Jean-Christophe Blanchard, « Gérard Raulin, héraut Vaudémont. Un Joinvillois au service de René II, duc de Lorraine », Lorraine et Champagne, mille ans d’histoire, colloque Metz 8-9 octobre 2008, Michel Bur et de François Roth (sd.), Annales de l’Est, n° spécial 2009, p. 227-243.
109 En 1608, la cotte du poursuivant Vaudémont est écartelé aux 1 et 4 de Vaudémont et aux 2 et 3 de Joinville. Sur les hérauts dans la pompe funèbre de Charles III ; Jean-Christophe Blanchard, « Un spectacle emblématique », Philippe Martin (sd.), La pompe funèbre de Charles III 1608, Metz, 2008, p. 93-103, plus particulièrement p. 99-101, le poursuivant Vaudémont apparaît notamment p. 134.
110 Innsbruck, Bibliothèque de l’Université, Codex 545, f. 36 r° ; « Rennhartt, konig in Sycillia, herzog zo Lotringen…, graff zo Widamondt… » ; reproduit dans Ottfried Neubecker, Le grand livre de l’héraldique, 3e éd., Paris, 1993, p. 227 en bas à gauche.
111 Paris, Bibliothèque de l’Institut de France, ms. 679. Sur ce manuscrit ; Pierre Marot, « La « Brève généalogie » du duc de Lorraine René II (1504-5) », extrait de l’Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine, 43e année, t. XXXIX, 1930, p. 95-126 ; Id., Le symbolisme de la croix de Lorraine, Paris, 1948, p. 8 ; Id., « Le Duc de Lorraine René II et la Bataille de Nancy dans l’historiographie et la tradition lorraines », Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy II (Nancy, 22-24 septembre 1977), Annales de l’Est, Mémoire n° 62, Nancy, 1979, p. 83-126, particulièrement p. 99-101.
112 Sur son monument funéraire, Henri de Lorraine, rejetant la présentation classique de ses quatre quartiers (Lorraine, Joinville, Harcourt et Alençon), a choisi de mettre en avant les armes de son père et de sa mère, mais surtout celles des parents de son arrière-grand-père Henri de Joinville : Anseau de Joinville et Marguerite de Vaudémont (Un dessin du tombeau est reproduit dans Emile Humblot, Notre vieux Joinville. Son château d’autrefois, la collégiale de Saint-Laurent et ses tombeaux, Dijon, 1928, p. 303).
113 Paris, BNF, n. a. l. 302.
114 Un exemplaire de la réédition de 1520 a été reproduit dans le catalogue Epreuves du temps. 200 ans de la bibliothèque de Metz 1804-2004 (Metz, 2004, p. 162), publié sous la direction de Pierre Louis à l’occasion de l’exposition présentée à la médiathèque du Pontiffroy de février à avril 2004.
115 Michel Dhénin, Paul Feugier, « Un thaler inédit du duc Antoine de Lorraine (1508-1544) », La Lorraine. Etudes archéologiques, Actes du 103e congrès national des sociétés savantes (Nancy-Metz, 1978), Paris, 1980, p. 91-96 ; Dominique Flon, Histoire…, t. II, p. 581-584.
116 Edmond de Martimprey de Romécourt, « Les sires et comtes de Blâmont. Etude Historique », MSAL, 1890, p. 76-192, 1891, p. 5-145. Sur Olry : 1891, p. 87-98.
117 AD Meurthe-et-Moselle, B 1028, f. 39. Le nom d’office est mentionné pour la première fois en 1530 (id., B 1041, f. 93 v°).
118 Sur cet aspect : Jean-Christophe Blanchard, « Un spectacle… », p. 101.
119 Saxon-Sion (Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Vézelise).
120 Léon Germain, « L’épitaphe d’un porte-enseigne du comté de Vaudémont (1547) », JSAL, 1898, p. 224-225 ; l’épitaphe est reproduite dans : Maurice Dumontier, « Les emblèmes militaires lorrains », Le Pays Lorrain, n° 1, 1967, p. 3.
121 Emond Du Boullay, La vie et trespas des deux princes de paix le bon duc Anthoine et saige duc Françoys premiers de leurs noms…, Metz (Jean Pallier), 1547, non paginé.
122 Sur ces différents armoriaux cf. note 62.
123 L’armorial d’Urfé dans sa version connue par le ms. fr. 32753 de la BNF ne donne pas les armoiries du comte de Vaudémont, il s’agit sans doute d’un oubli du copiste puisqu’on les retrouve dans les armoriaux Prinsault (f. 89 v°) et Le Blancq (n° 405). En 1456, Antoine de La Sale dans le Petit Jean de Saintré donne une longue liste d’armoiries tirées elles-aussi d’Urfé et les armoiries du comte de Vaudémont (étrangement prénommé « Jeffroy ») suivent avec d’autres armoiries barroises celles du « seigneur de Pont-à-Mousson » (Jean-Bernard de Vaivre, « L’héraldique dans le roman du Petit Jehan de Saintré d’ Antoine de la Sale », Cahiers d’héraldique III, Paris, 1977, p. 65 à 83).
124 Une seconde main, plus tardive, a ajouté une marche propre au comté de Vaudémont à la suite de la marche lorraine (f. 10 r° et v°).
125 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 475 et 225.
126 Il s’agit de Pierre Richer, nommé le 16 mai 1585 (AD Meurthe-et-Moselle, B 54, f. 90 v°). Il est remplacé le 4 décembre 1594 par Balthazar Crocq (AD Meurthe-et-Moselle, B 64, f. 108 et B 65, f. 199). Jean Callot lui succède enfin le 24 mars 1600 (AD Meurthe-et-Moselle, B 71, ff. 32-33).
127 Georges Poull, La maison ducale de Lorraine, p. 213.
128 Cf. note 109.
129 Claude de La Ruelle, « L’ordre tenu au marcher parmy la ville de Nancy capitale de Lorraine à l’entrée en icelle du serenissime prince Henry IIe du nom… », Nancy, sans date, pl. 4 (Nancy, Bibliothèque municipale, Rés. 26) ; cité par Constant Lapaix, Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Evêchés, 2e éd., Nancy, 1877, p. 262-263 et 268.
130 Nancy, Bibliothèque municipale de Nancy, ms. 106 (105) entre les pages 6 et 7. Les broyes de Joinville sont remplacées par des fasces bretessées. Sur la coutume de Vaudémont : Jean Coudert, La coutume de Vaudémont, Nancy, 1970.
131 Ibid., p. 7-10 et 13-58.
132 Nancy, Bibliothèque municipale de Nancy, ms. 108 (80), p. 5, 7-11, 17-75. La généalogie comprend François III, né en 1708, duc de 1729 à 1765.
133 Affracourt, Bouzanville, Tantonville (Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Haroué) ; Chaouilley, Clerey-sur-Brénon, Forcelles-sous-Gugney, Fraisnes-en-Saintois, Gugney, Houdelmont, Ognéville, Parey-Saint-Césaire, Praye, Quevilloncourt, Thélod, They-sous-Vaudémont (Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Vézelise) ; Battigny, Courcelles, Favières (Meurthe-et-Moselle, arr. Toul, c. Colombey-les-Belles) ; Pont-Saint-Vincent (Meurthe-et-Moselle, arr. Nancy, c. Neuves-Maisons) ; Nomexy (Vosges, arr. Epinal, c. Châtel-sur-Moselle) [http://www.genealogie-lorraine.fr/info/blasons.php].
134 Collection privée, tous droits réservés.
Auteur
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Jean-Christophe Blanchard
Ingénieur d’études Centre de Médiévistique Jean Schneider - ERL 7229 Université Nancy 2 - CNRS
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