Aurore, pensées sur le sentiment de puissance

David Simonin

p. 63-80


Extrait

1Avec Aurore, pensées sur les préjugés moraux, Nietzsche inaugure sa « campagne contre la morale », ainsi qu’il l’écrit rétrospectivement dans Ecce Homo en radicalisant le sous-titre : « Pensées sur la morale conçue comme préjugé1 ». Les jugements de valeur de la morale sont dénoncés comme autant de préjugés, c’est-à-dire comme un ensemble de croyances tenaces qui déterminent la pensée et l’action des êtres humains qui les partagent, quand bien même elles sont erronées, voire nuisibles.

2Dans un manuscrit de l’été 18802, contenant des versions préparatoires pour Aurore, Nietzsche a listé quelques titres ou sous-titres auxquels il songeait. Aux préjugés moraux se trouve associé le sentiment de puissance [Gefühl der Macht], sans plus d’explications3. Il s’agit ici d’indiquer comment ces deux thèmes s’articulent et ainsi de mettre en évidence le rôle décisif du sentiment de puissance dans le projet philosophique que Nietzsche entame avec Aurore. Ce concept, omniprésent dans l’ouvra

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