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L’Europe dans la construction politique et identitaire russe

 | 
Stéphanie Burgaud
, 
Deplhine Placidi-Frot

Avant-propos

Marie-Pierre Rey

Texte intégral

1Il ne s’agira pas pour moi de me substituer dans ces quelques lignes à la présentation scientifique qu’ont rédigée Stéphanie Burgaud et Delphine Placidi-Frot en introduction à cet ouvrage. Les objectifs intellectuels et épistémologiques qui lui ont donné naissance s’y trouvant clairement formulés, je souhaiterai plutôt attirer l’attention du lecteur sur trois points à mes yeux primordiaux.

2L’ouvrage est issu d’un colloque international, organisé en octobre 2011 à l’IEP de Toulouse, ayant pour thème « La Russie et l’Europe du xixe siècle à nos jours : nouvelles approches transdisciplinaires ». Le titre finalement retenu pour le livre a changé mais la philosophie de l’entreprise est restée la même : proposer sur une thématique déjà solidement ancrée et historiographiquement très riche, celle des relations Russie-Europe entendue dans une large acception, une approche volontairement transdisciplinaire. Pour ce faire, trois thèmes judicieusement choisis – processus décisionnel et stratégies, espace et territoires, échanges – structurent logiquement le livre. Chacun de ces thèmes a donné lieu à des contributions variées qui, émanant tour à tour d’historiens, de géographes, de politistes et de sociologues, permettent de confronter temps long, histoire immédiate et présent. L’interaction recherchée par les directrices de l’ouvrage se révèle passionnante et fructueuse ; elle constitue à mon sens son premier intérêt.

3Deuxième caractéristique, on pourra lire ici des contributions émanant de jeunes universitaires, docteurs et postdoctorants au premier chef. Sans doute parce qu’elle touche non seulement aux relations russo-européennes mais plus fondamentalement encore à la question de l’identité russe et qu’elle entre en résonance avec des questions politiques contemporaines majeures – dont celle de savoir sur quelles valeurs et dans quel partenariat le dialogue entre la Fédération de Russie et l’Union européenne doit aujourd’hui chercher à s’établir –, la thématique Russie-Europe continue donc d’attirer de nouvelles générations de chercheurs. Ce dynamisme qui fait écho à des travaux plus anciens et les prolonge par-delà les générations, doit être souligné.

4Enfin, loin de s’être limité à un dialogue franco-russe, l’ouvrage a réuni des chercheurs venant de divers pays européens qui, forts de leur parcours et de leur culture, ont eu à cœur d’éclairer avec leur méthode et leur sensibilité propres, la question pluriséculaire des relations Russie-Europe. J’y vois pour ma part le signe encourageant que l’Europe de la jeune recherche se construit dans l’enthousiasme et la diversité. Et de cela, aussi, on ne peut que se réjouir.

Auteur

Ancienne élève de l’ENS, professeur d’histoire russe et soviétique et directrice du Centre de recherches en histoire des Slaves de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Elle a publié de très nombreux articles sur la politique extérieure russe ainsi que des ouvrages, parmi lesquels : L’Effroyable tragédie, une nouvelle histoire de la campagne de Russie (2012), Alexandre Ier (2009) et Le Dilemme russe, la Russie et l’Europe occidentale d’Ivan le Terrible à Boris Eltsine (2002), tous trois parus chez Flammarion et traduits en plusieurs langues.

© Éditions Rue d’Ulm, 2013

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