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Territoires

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Marcel Roncayolo

Préface

Marie-Vic Ozouf-Marignier

Texte intégral

1Au début des années 1980, un petit groupe de chercheurs se réunit autour de Marcel Roncayolo, géographe spécialiste des études urbaines, pour discuter « d’objets d’intérêt commun » en croisant les regards disciplinaires. Cette initiative, qui prend place dans le Laboratoire de sciences sociales de l’École normale supérieure, poursuit un double objectif. Il s’agit d’abord de favoriser l’échange interdisciplinaire sur des thèmes partagés par les différentes sciences sociales. D’autre part, le repérage de convergences momentanées sur certaines questions rend pertinents leur contextualisation et leur éclairage par un retour épistémologique et réflexif.

  • 1 C. Jacob, « Spatial turn », in Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ? [en ligne], Marseille, OpenEdition (...)
  • 2 Cf. infra, p. 48 et 61.

2Le territoire, premier objet à être placé à l’agenda de ces rencontres scientifiques, répond à cette double préoccupation. La dimension spatiale des phénomènes sociaux interroge aussi bien le géographe, dont c’est l’objet spécifique de compétences, que l’histoire politique à travers l’étude du pouvoir et de l’État, la psychologie sociale lorsqu’elle s’intéresse aux apprentissages de l’environnement physique et au comportement, l’anthropologie, pour ce qui est des identités et des différences culturelles, la philosophie, par le biais de la phénoménologie ou encore les études littéraires qui privilégient parfois les figures paysagères. Il faut y ajouter l’ensemble des champs scientifiques qui adoptent l’espace comme méthode, à travers la localisation des faits sociaux, qu’il s’agisse de la monographie ou de la mise en série de données sociales spatialisées. Sans attendre le spatial turn des années 20001, les chercheurs du Laboratoire de sciences sociales reconnaissent à l’espace et à sa déclinaison particulière, le territoire, une fonction fédératrice pour l’enquête et pour l’explication scientifique. Mais, par ailleurs et singulièrement, le groupe de réflexion constate que le territoire « est à la mode »2 et cette actualité lui paraît mériter interprétation tout autant que prise de recul.

Le territoire : un objet interdisciplinaire

  • 3 Cf. infra, p. 205-206.
  • 4 Un Tour de France royal : le voyage de Charles IX (1564-1566), Paris, Aubier, 1984.
  • 5 Voir notamment le célèbre article rédigé avec M. Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale. (...)
  • 6 P. Vilar, « Histoire marxiste, histoire en construction. Essai de dialogue avec Althusser », Annale (...)
  • 7 Croissance et division sociale de l’espace urbain : essai sur la genèse des structures urbaines à M (...)
  • 8 « Territorio », in R. Romano (dir.), Enciclopedia Einaudi, XIV, 1981, p. 218-243. Une version légèr (...)

3La liste des participants3 traduit en effet la pluridisciplinarité du groupe, qui compte six historiens, trois géographes, trois sociologues, une ethnologue, un spécialiste de littérature et un d’histoire littéraire. En outre, chacun des membres, à sa manière, se situe à la croisée de plusieurs disciplines. Ainsi, par exemple, Jean Boutier et Daniel Nordman, historiens, fraternisent avec la géographie en traitant de ses objets (la ville, la frontière) ou de ses méthodes (la cartographie). Peu de temps avant la constitution du groupe de travail, ils ont entamé, avec Alain Dewerpe, une étude de la construction du territoire français par le voyage d’un souverain, Charles IX4. Jean-Claude Chamboredon, sociologue, ne laisse pas de s’intéresser à la ville dont il prend en compte non seulement les catégories sociales mais l’organisation spatiale, notamment les conditions de logement5. De son côté, Jacques Verger, historien médiéviste, inscrit sa démarche dans le champ de la sociologie de la culture. Quant à Marcel Roncayolo, principal animateur du groupe, il a depuis longtemps choisi, dans le sillage de Pierre Vilar, de « penser historiquement la géographie », tout comme de « penser géographiquement l’histoire »6. Par ailleurs, il puise également dans les travaux de la sociologie durkheimienne, notamment ceux de Maurice Halbwachs et dans ceux de l’École de Chicago. Dans les années 1980, il travaille activement à sa recherche sur la division sociale de la ville à partir de l’exemple de Marseille7 ; l’apport de l’histoire sociale et de l’analyse des logiques d’acteurs y revêt une importance capitale dans l’interprétation de l’évolution de la composition urbaine. La notion de territoire urbain se situe au carrefour de ces perspectives complémentaires. Il n’est donc pas étonnant qu’il accepte la rédaction de l’entrée « territoire » pour l’encyclopédie publiée par l’éditeur Einaudi. C’est à la suite de cette commande qu’il met en discussion la version française de ce texte, préalablement à sa publication en italien8. La première partie du présent ouvrage reproduit ce texte, accompagné des commentaires produits par les chercheurs du groupe de réflexion, qui, tout à tour, relèvent les points qu’ils jugent importants ou discutables et puisent dans leurs propres travaux ou orientations de recherche pour faire avancer la notion de territoire.

4Le parti a été pris de reproduire ces textes dans leur état lors de la première publication, sans y apporter de modification. Ils témoignent non seulement d’un moment privilégié de la diffusion de la notion de territoire dans les sciences sociales, mais surtout, d’un effort, rare au début des années 1980, pour en identifier l’intérêt heuristique et la spécificité, face à des notions voisines comme celle de milieu ou d’espace, jusqu’alors plus investies par la géographie.

Le territoire comme construit social

  • 9 Nous nous limitons ici aux points d’intersection et laissons de côté les raisons spécifiques à chaq (...)
  • 10 Voir par exemple, R. Ardrey, The Territorial Imperative : A Personal Inquiry Into the Animal Origin (...)
  • 11 Bien que des sociologues proches puis distanciés de Bourdieu fassent partie du groupe, il serait sa (...)
  • 12 La Ville et ses territoires, op. cit., p. 20.
  • 13 Temps du territoire. Continuités et ruptures dans la relation de l’homme à l’espace, Genève, Éditio (...)

5Sans épuiser toute la richesse de la discussion dont maints aspects demeurent féconds, il est éclairant de relever les points saillants de convergence du groupe « Territoires », ainsi que les membres le désignaient eux-mêmes9. L’approche constructiviste à laquelle invite la proposition de considérer le territoire comme un construit social compte parmi les principaux points de vue partagés. Elle met à mal la conception naturaliste du territoire, telle qu’on peut la trouver dans l’éthologie et affirme le caractère culturel de la territorialité. Il est frappant de constater que, sur cette affirmation, la discussion a été nourrie, Jacques Brun, Jean-Claude Chamboredon et Jean-Louis Fabiani soulignant, chacun à leur manière, la nécessité de prendre ses distances avec l’impératif territorial tel qu’il est postulé par l’éthologie. Ce positionnement de recherche distingue sans doute significativement ce groupe de chercheurs et, plus largement, les usagers français de la notion de territoire, d’une plus grande sensibilité de l’historiographie américaine aux leçons de l’éthologie animale10. D’autre part, la dimension construite de la territorialité ne convoque pas seulement les groupes sociaux en tant qu’acteurs – de l’aménagement de la vie matérielle et sociale – selon une conception qui annoncerait ou ferait écho à la sensibilité pragmatique des sciences sociales11. Elle mobilise résolument le temps comme déroulement processuel. Il faut l’épaisseur du temps pour façonner le territoire. L’appropriation, les usages, l’identité et le sentiment d’appartenance s’élaborent et se reproduisent dans la durée. Comme le propose Jean Boutier, il faut inclure dans l’étude des territoires l’éventualité de leur destruction ou de leur perte de sens. De son côté, Daniel Nordman détaille l’importance du facteur temporel dans plusieurs figures et échelles du territoire, depuis la maison jusqu’aux empires. Cette durée incluse dans la notion de territoire, sans toutefois exclure des formes de labilité, constitue une composante majeure de la conception du territoire chez plusieurs auteurs. Marcel Roncayolo écrira plus tard que « les constructions territoriales sont avant tout du temps consolidé »12. Rapprochant la notion de territoire de celle de mémoire, Jean-Luc Piveteau décrit aussi le processus de cristallisation du territoire comme un phénomène en boucles temporelles13.

  • 14 Cf. infra, p. 35. Voir une illustration de cette affirmation dans les remarques d’Hervé Théry, p. 9 (...)
  • 15 Philippe Boutry, à propos de la paroisse devenant commune, p. 55-59 ; Jacques Brun, p. 65 ; Jacques (...)

6Par ailleurs, le territoire renvoie à l’institution, au pouvoir et la sphère politique, même si les formes de son appropriation ne passent pas nécessairement par la possession mais peuvent relever d’usages ou de représentations symboliques. Cependant, « L’État est généralement considéré comme la plus territoriale des organisations humaines »14. L’un des champs d’investigation jugé fructueux est précisément d’étudier les transformations d’espaces vécus (ou espaces identitaires) en territoires institutionnels, et symétriquement, la reconnaissance et la sanction progressives d’un territoire juridique par un sentiment d’appartenance15. La thématique de la frontière est un autre objet logiquement privilégié eu égard à la dimension politique de la notion de territoire.

7En revanche, prenant leurs distances par rapport aux préventions avancées par Marcel Roncayolo, les membres du groupe Territoires ne sont pas aussi méfiants à propos d’une approche du territoire par la psychologie individuelle et par la perception de l’espace. Pour Michel Collot, le perceptif ne peut être ni opposé, par le biais d’une assimilation schématique à un phénomène instinctif, au construit, ni limité à l’individu. La place des images visuelles et spatiales dans les représentations sociales justifie d’avoir recours à une psychosociologie ou à une phénoménologie de l’espace pour comprendre l’organisation de la société. De même, Jacques Brun juge nécessaire l’analyse micro-sociologique des représentations de l’espace et, à ce titre, invite les géographes à se familiariser avec les apports de la psychologie individuelle. Enfin, la contribution donnée par Jean-Claude Chamboredon et Annie Méjean à l’étude des représentations de la Provence, dans la seconde partie de ce volume, témoigne des voies de passage entre les modes de perception de l’espace, souvent initiés par des individus, voyageurs ou savants, et le façonnement de stéréotypes régionaux largement partagés. Signalons que certains courants de la géographie sociale ont fait bon droit à la prise en compte du sujet et des identités individuelles dans l’analyse des territoires, comme en témoignent les travaux de Guy Di Méo.

Territoire et mobilité

  • 16 Notamment Daniel Nordman, Hervé Théry et Florence Weber.
  • 17 Voir notamment B. Badie, La Fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utili (...)
  • 18 Cf. infra, p. 46 sq.

8L’un des grands apports du texte de Marcel Roncayolo, auquel font écho plusieurs chercheurs du groupe16, est de ne pas assimiler le territoire à l’enracinement et de rendre possible une territorialité construite par la migration ou la mobilité. Il est fait référence aux travaux de Marcel Mauss sur les sociétés eskimos, aux sociétés nomades africaines mais aussi aux sociétés rurales du Haut Moyen Âge. On sait que la pensée du territoire a été, par la suite, encline à opposer l’enracinement à la mobilité, celle-ci signifiant pour certains, la fin des territoires17. À travers la notion de territorialité, Marcel Roncayolo rend possible l’étude des dynamiques selon lesquelles le territoire se fait et se défait, dans un rapport à l’espace qui inclut le mouvement. Sa prise en compte de la « crise de la territorialité »18 montre à nouveau, alors que le territoire est en train de gagner toutes les faveurs de la science et de l’action, que les formes de l’inscription territoriale, étroitement liées aux modalités des relations sociales, se modifient dans le temps et qu’elles ne relèvent pas forcement de l’ancrage et de la sédentarité.

  • 19 Cf. infra, p. 48.
  • 20 Cf. Jacques Brun, infra, p. 66.

9Il y a chez Marcel Roncayolo, en partage avec les autres membres du groupe, une volonté de se garder de positions normatives ou d’un fonctionnalisme étroit. « Le discours idéologique, correctif, “normatif” par nature n’est pas la seule réalité historique. Le “territoire” est pris entre des discours, des institutions et des intérêts, dont l’accord n’est pas d’emblée assuré ni les effets directement “contrôlés” »19. C’est pourquoi, cet intérêt pour le territoire procède d’une prise de distance par rapport aux analyses fonctionnalistes de l’espace telles qu’elles ont pu se développer dans la période précédente, ainsi que relativement aux déterminismes issus de la géographie marxiste « trop enfermée dans l’analyse de la sphère de la production et de l’économie »20. Attentifs aux apports des travaux consacrés aux dispositifs territoriaux comme l’asile, l’hôpital ou la prison, le groupe Territoires n’en dénonce pas moins l’univocité du discours qui réduit le territoire à un instrument de police et de normalisation de la société. C’est peut-être cette raison qui explique le parallélisme entre ce courant d’étude du territoire et celui qui se développe de manière strictement contemporaine à l’initiative de Claude Raffestin, et dont les sources d’inspiration se situent dans la sémiologie et les études de Michel Foucault. Soucieux d’une perspective attentive aux situations inscrite dans le temps et dans des contextes géographiques donnés, et prudents vis-à-vis des systèmes, Marcel Roncayolo et ses collègues avancent une notion de territoire ancrée dans d’autres soubassements : ceux de l’histoire sociale et de la sociologie.

Images et imaginaire de l’espace

  • 21 Trop nombreux pour être ici mentionnés, ces travaux émanent souvent de thèses dirigées par les aute (...)
  • 22 « Dépasser la “construction des identités” ? Identification, image sociale, appartenance », Genèses(...)

10Deux ans après la première publication du groupe Territoires, un nouveau volet de travaux voit le jour. Il s’agit de deux recherches consacrées aux récits de voyage et à la description de la Provence entre le xviiie et le xxe siècle. L’une, menée par Jean-Claude Chamboredon et Annie Méjean, porte sur les styles de voyage, les modes de perception du paysage et la construction d’une image de la Provence dans les récits de voyage et les guides touristiques. L’autre, sous la plume de Daniel Nordman, analyse les références de cette image provençale à l’Afrique du Nord, sous la forme de clichés géographiques, historiques ou ethniques. Ces deux études, attentives au contenu social des représentations d’une région, envisagent l’imaginaire d’un espace à la fois perçu et vécu ; elles informent la notion de territoire dans la mesure où il s’agit de la construction d’un tableau portant sur une portion de l’espace national, en résonnance avec le contexte de la colonisation de l’Algérie. Toutefois, elles innovent surtout dans la manière d’étudier les perceptions du paysage, notion connexe, mais distincte de celle de territoire. C’est à cet égard qu’elles ont inspiré toute une série de travaux postérieurs consacrés aux voyages, expéditions scientifiques et explorations tout autant qu’aux descriptions et aux imaginaires régionaux ou nationaux21. Elles ont également donné matière à réflexion à des recherches épistémologiques sur la notion d’identité territoriale. Martina Avanza et Gilles Laferté ont ainsi pris le parti de décomposer le concept polysémique et flou d’identité en plusieurs directions complémentaires : l’identification, l’image sociale et le sentiment d’appartenance22. Dans ce cadre, la publication du groupe Territoire sur la Provence a servi de guide pour les études de l’image sociale de territoires.

  • 23 Voir notes 6, 7 et 8 et la bibliographie en ligne des travaux de Marcel Roncayolo dressée par Gille (...)
  • 24 Frontières de France. De l’espace au territoire, xvie-xixe siècles, Paris, Gallimard, « Bibliothèqu (...)
  • 25 Citons seulement, parmi d’autres travaux, ceux d’A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de (...)
  • 26 « L’appartenance territoriale comme principe de classement et d’identification », Sociologie du Sud (...)
  • 27 M. Collot, Paysage et poésie, Paris, Corti, 2005 ; La Pensée-paysage, Arles, Actes Sud, 2011.
  • 28 C. Jacob (éd.), Lieux de savoir, vol. 1, Espaces et communautés, Paris, Albin Michel, 2007 ; Lieux (...)
  • 29 J. Boutier, Les Plans de Paris, des origines (1493) à la fin du xvIIIe siècle. Étude, carto-bibliog (...)
  • 30 Cf. infra, p. 17.

11Comme Marcel Roncayolo l’indiquait en introduction de ce qui devait être une série, la réflexion du Groupe était conçue comme un point de départ. La fécondité de cette confrontation s’est en effet manifestée, comme en atteste le nombre de chantiers de recherche et de publications qui a suivi. Les formes de ces travaux, très abouties, ont alors privé de substance la série publiée du groupe Territoires, mais non son activité qui s’est poursuivie sous la forme de séminaires. Les orientations envisagées dans la période inaugurale ont bien souvent été illustrées. Il en est ainsi des travaux de Marcel Roncayolo qui n’ont cessé de nourrir la notion de territoire urbain, ainsi qu’à son tour, celle d’imaginaire de l’espace23. D’autres thèmes évoqués dans les textes réunis autour de l’article « territoire » ont fait l’objet d’ouvrages de synthèse. C’est le cas de la frontière dont la genèse à l’époque moderne et la consolidation à l’époque contemporaine ont été étudiées par Daniel Nordman24. Les structures territoriales de la vie religieuse ont suscité de nombreux travaux d’histoire médiévale, comme le préconisait Jacques Verger25. Enfin, la réflexion épistémologique sur certaines composantes de la notion de territoire a perduré, sous des formes plus éparses. Jean-Louis Fabiani n’a ainsi cessé de scruter la relation entre nature et culture dont il a observé les transformations avec le développement d’une pensée de l’environnement. De leur côté, c’est la question de l’appartenance que Jean-Claude Chamboredon, Annie Méjean et Florence Weber ont souhaité interroger dans le prolongement des discussions du groupe Territoires26. Plus généralement, les chercheurs de ce groupe sont restés sensibles à la dimension géographique des faits sociaux, choisissant parfois de l’examiner dans un autre cadre conceptuel que celui de la territorialité. Le paysage27, le lieu28 ou la carte29 ont constitué quelques-unes de ces orientations privilégiées. Dans le même temps, la réflexion collective du groupe sur la notion de territoire a été transmise à plusieurs générations de jeunes chercheurs, notamment en études urbaines. Dans cette mesure, et même si Marcel Roncayolo se défend à l’orée du volume de vouloir créer une nouvelle école de pensée30, le débat des années 1983-1985 a fructifié.

Notes

1 C. Jacob, « Spatial turn », in Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ? [en ligne], Marseille, OpenEdition Press, 2014 (généré le 20 janv. 2016). Disponible sur Internet : http://books.openedition.org/oep/654

2 Cf. infra, p. 48 et 61.

3 Cf. infra, p. 205-206.

4 Un Tour de France royal : le voyage de Charles IX (1564-1566), Paris, Aubier, 1984.

5 Voir notamment le célèbre article rédigé avec M. Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement », Revue française de sociologie, 11-1, 1970, p. 3-33.

6 P. Vilar, « Histoire marxiste, histoire en construction. Essai de dialogue avec Althusser », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 28ᵉ année, N. 1, 1973, p. 165-198, citations extraites de la p. 188. Voir aussi M. Roncayolo, « Histoire et géographie. Les fondements d’une complémentarité », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 44ᵉ année, N. 6, 1989, p. 1427-1434 ; Lectures de villes. Formes et temps, Marseille, Éditions Parenthèses, 2002 ; et I. Chesneau et M. Roncayolo, « XYZ comme trois dimensions + le temps », in L’Abécédaire de Marcel Roncayolo. Entretiens, Gollion, Infolio, 2011, p. 557-578.

7 Croissance et division sociale de l’espace urbain : essai sur la genèse des structures urbaines à Marseille, thèse de géographie, Paris 1, 1981.

8 « Territorio », in R. Romano (dir.), Enciclopedia Einaudi, XIV, 1981, p. 218-243. Une version légèrement remaniée de ce texte a été publiée en français dans l’ouvrage de M. Roncayolo, « Ville et territoire », in La Ville et ses territoires, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1990, p. 180-217.

9 Nous nous limitons ici aux points d’intersection et laissons de côté les raisons spécifiques à chaque discipline de s’approprier la notion de territoire au début des années 1980, aspect que nous avons traité dans M.-V. Ozouf-Marignier, « Le territoire, la géographie et les sciences sociales. Aperçus historiques et épistémologiques », in M. Vanier (éd.), Territoires, territorialité, territorialisation. Controverses et perspectives, Rennes, PUR, 2009, p. 31-35.

10 Voir par exemple, R. Ardrey, The Territorial Imperative : A Personal Inquiry Into the Animal Origins of Property and Nations, New York, Atheneum, 1966 ; R. D. Sack, Human Territoriality : its Theory and History, Cambridge, Cambridge university press, 1986. Pour une mise en perspective des notions francophone et anglophone de territoire, voir B. Debarbieux, « Le territoire : histoires en deux langues. A bilingual (his-) story of territory », in C. Chivallon, P. Ragouet et M. Samers (éd.), Discours scientifique et contextes culturels. Géographies françaises et britanniques à l’épreuve postmoderne, Bordeaux, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 1999, p. 33-46.

11 Bien que des sociologues proches puis distanciés de Bourdieu fassent partie du groupe, il serait sans doute abusif d’avancer l’idée d’une influence du tournant pragmatique dans ce début des années 1980. Toutefois, force est de constater l’importance que revêtent les logiques d’acteurs dans le travail de Marcel Roncayolo et des membres du groupe de réflexion, signe d’un air du temps attentif aux intérêts, intentions et choix sociaux.

12 La Ville et ses territoires, op. cit., p. 20.

13 Temps du territoire. Continuités et ruptures dans la relation de l’homme à l’espace, Genève, Éditions Zoé, 1995 ; « Le territoire est-il un lieu de mémoire ? », Espace géographique, t. 24, no 2, 1995, p. 113-123.

14 Cf. infra, p. 35. Voir une illustration de cette affirmation dans les remarques d’Hervé Théry, p. 91-93.

15 Philippe Boutry, à propos de la paroisse devenant commune, p. 55-59 ; Jacques Brun, p. 65 ; Jacques Verger, p. 97-98.

16 Notamment Daniel Nordman, Hervé Théry et Florence Weber.

17 Voir notamment B. Badie, La Fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect, Paris, Fayard, 1995 et plus récemment, M. Vanier, Demain les territoires. Capitalisme réticulaire et espace politique, Paris, Hermann, 2015.

18 Cf. infra, p. 46 sq.

19 Cf. infra, p. 48.

20 Cf. Jacques Brun, infra, p. 66.

21 Trop nombreux pour être ici mentionnés, ces travaux émanent souvent de thèses dirigées par les auteurs de ces deux études, preuve s’il en est que le groupe Territoires a fait école.

22 « Dépasser la “construction des identités” ? Identification, image sociale, appartenance », Genèses 4/2005 (no 61), p. 134-152.

23 Voir notes 6, 7 et 8 et la bibliographie en ligne des travaux de Marcel Roncayolo dressée par Gilles Montigny : http://gghterres.ehess.fr/index.php?521. Sur l’imaginaire, voir M. Roncayolo, « Histoire du commerce et de l’industrie de Marseille 19e-20e siècles, 5 », in L’Imaginaire de Marseille : port, ville, pôle, Marseille, Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, 1990, rééd. en version électronique, Lyon, ENS Éditions, 2014, http://books.openedition.org/enseditions/370

24 Frontières de France. De l’espace au territoire, xvie-xixe siècles, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des Histoires », 1999. Daniel Nordman est l’un des membres du groupe qui a le plus approfondi la notion de territoire, non seulement à l’occasion des ses travaux sur la frontière, mais dans le cadre de ses ouvrages ultérieurs et de son séminaire animé avec Marie-Vic Ozouf-Marignier à l’École des hautes études en sciences sociales à partir de 1990.

25 Citons seulement, parmi d’autres travaux, ceux d’A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal européen », in N. Bulst, R. Descimon et A. Guerreau (dir.), L’État ou le roi : les fondations de la modernité monarchique en France (xive-xviie siècle), Paris, MSH, 1996, p. 85-101 ; M. Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 2005 ; D. Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, v. 800-v. 1200, Paris, Le Seuil, 2006.

26 « L’appartenance territoriale comme principe de classement et d’identification », Sociologie du Sud-Est, numéro spécial colloque Identité locale, identité professionnelle, nos 41-44, juillet 1984-juin 1985, p. 61-82.

27 M. Collot, Paysage et poésie, Paris, Corti, 2005 ; La Pensée-paysage, Arles, Actes Sud, 2011.

28 C. Jacob (éd.), Lieux de savoir, vol. 1, Espaces et communautés, Paris, Albin Michel, 2007 ; Lieux de savoir, vol. 2, Les Mains de l’intellect, Paris, Albin Michel, 2011.

29 J. Boutier, Les Plans de Paris, des origines (1493) à la fin du xvIIIe siècle. Étude, carto-bibliographie et catalogue collectif, Paris, BnF, 2002 ; J. Boutier et Ph. Boutry, en collab. avec S. et M. Bonin, Les Sociétés politiques, Paris, Éditions de l’EHESS, 1992 (Atlas de la Révolution française 6) ; C. Jacob, L’Empire des Cartes. Approche théorique des cartes à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, « Bibliothèque Albin Michel Histoire », 1992 ; D. Nordman et M.-V. Ozouf-Marignier, en collab. avec R. Gimeno, A. Laclau, Le Territoire (1). Réalités et représentations, Paris, Éditions de l’EHESS, 1989, (Atlas de la Révolution française 4) ; D. Nordman et M.-V. Ozouf – Marignier, en collab. avec A. Laclau, Le Territoire (2). Les limites administratives, Paris, Éditions de l’EHESS, 1989 (Atlas de la Révolution française 5).

30 Cf. infra, p. 17.

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