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Pastiches et parodies

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Elsa Courant

Postfaces

Dans une page de Gustave Lanson

Volltext

À la manière de l’Histoire illustrée de la littérature française

SIXIÈME PARTIE ÉPOQUE CONTEMPORAINE

Livre V Le début d’un siècle

Chapitre 1. Signes et germes d’un art nouveau

1État général du milieu social et littéraire. L’Académie. Obstacles au renouvellement de la littérature. Exemple de Levy. Malaise moral et tendances sociales : Annie Ernaux. Influence de la psychologie universitaire. Réveil du goût des pastiches. Le salon du 29. Type d’âme pasticheuse : le normalien. Harmonies pittoresques et influence de l’œuvre.

2[…] Les diverses écoles s’étaient alors perdues dans l’insignifiance et l’esprit de secte. Les uns s’emmuraient désespérément dans une littérature du « moi », fade et stérile. D’autres cherchaient dans l’obscur, le mystère, les noirceurs – avec quelle sincérité ? – des sources d’inspiration que leurs pauvres esprits ne pouvaient fournir seuls. Des symptômes de religiosité apparaissaient : on fuyait la rigueur de la critique, qui avait asséché d’une traite les tentatives maladroites d’idéalistes fragiles.

3Mais il ne faut pas se laisser abuser par l’apparente banqueroute littéraire d’une époque embrumée : angoisse puérile. De jeunes auteurs allaient, de leur plume vive et hardie, donner le coup de grâce aux hésitations morbides de leurs aînés. Le salon du 29 fut sans nul doute le germe d’une renaissance du génie français.

4Le salon du 29. En effet, voilà que, dans des annexes froides, accordées de mauvaise grâce à ceux qui ne se targuaient pas de pratiquer la recherche scientifique, se réunissaient régulièrement quelques normaliens liés par la fière énergie d’une jeunesse supérieure, le besoin vital de faire renaître chez nous la longue tradition humaine et généreuse de la France, enfin une camaraderie d’écoliers qui ne tarda pas à transformer d’informelles assemblées en un véritable salon dont la renommée est par nous bien connue. Cette collection de brillants esprits produisit d’abord une réunion de pastiches habiles : de là naquit un goût de l’œuvre collective qui persista un demi-siècle, charriant les jeunes talents, irrigant le milieu littéraire, noyant les écrivains médiocres.

5Il faut lire cette œuvre exquise de jeunesse qu’est leur premier recueil, pour sentir et reconnaître les étourdissements et la fièvre enthousiaste qui précèdent toujours la naissance d’une école. Tirant de leur imagination les souvenirs littéraires que leurs riches lectures y avaient versés, les auteurs surent à la fois rendre hommage à leurs maîtres et poser les jalons d’une époque nouvelle. Au fond, n’est-ce pas le propre et la richesse du véritable acte d’écrire ? La bonne fortune, ou plutôt les bons esprits, accordèrent à ce florilège de précieux morceaux une reconnaissance immédiate. Les éditions et rééditions se succédaient tandis que l’on se pressait pour assister aux séances fiévreuses des pasticheurs renommés. D’une plume timide, le pays tout entier se remit à écrire : que l’on songe à la production effrénée qui suivit, à la transcription musicale d’une centaine de textes, à la glorieuse consécration d’une assemblée qui ravivait les espoirs des plus grands maîtres.

6MT

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