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Pastiches et parodies

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Elsa Courant

L’école des fables

Les Regrets de la Fourmi

Texte intégral

Au logis la Fourmi un beau jour revenait,
Portant graines, baies, fruits, bref tous genres de mets :
C’est une travailleuse.
J’ai aussi dit ailleurs qu’elle n’est pas prêteuse.
Son butin, nul n’y touche,
Pas même elle. Comment, remplir sa bouche
De denrées qu’il coûta tant d’efforts d’amasser !
Biens chèrement acquis sont bons à entasser,
Jugeait notre commère
En fronçant un sourcil sévère.
(Un sourcil...? En a-t-on, chez le peuple fourmi ?
Lecteur tatillon, n’as-tu pas fini !)
Elle revenait donc, quand la terreur s’abat
Sur la gent à six bras et leur frêle demeure.
Cent fourmis sont frappées, plus de soixante meurent.
La Reine est au bord du trépas.
Quel est donc l’Attila qui répand tant de sang ?
Un enfant de six ans,
Qui vous les fauche et qui vous les piétine,
Avec une charmante mine.
Pendant cet horrible carnage
Quel sourire sur son visage !
Souvent les plus méchants
Sont les plus innocents.
Mais notre avare amie, est-elle des victimes ?
Elle prononce, hélas, ses paroles ultimes.
Que dit-elle ? Montrons-nous attentifs
À ses soupirs plaintifs.
« C’est ainsi que je meurs
Sans jamais avoir joui du fruit de mon labeur
L’été dernier, au lieu d’en vain me tourmenter,
Puissé-je avoir chanté ! »
NF

© Éditions Rue d’Ulm, 2016

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