Version classiqueVersion mobile

Les Petites Cartes du web

 | 
Matthieu Noucher

Chapitre 3. Analyser les « cartes en train de se faire »

Études de cas en Guyane

Texte intégral

  • 47 La Guyane avec près de 84 000 km2 a une superficie équivalente à celle de l’Autriche.
  • 48 La densité moyenne de 3,2 hab/km2 masque une hyperconcentration de la population sur la bande litto (...)
  • 49 En témoigne le magnifique ouvrage dirigé par F. Dupuy, Les Arpenteurs des confins. Explorateurs de (...)

1La Guyane française constitue un laboratoire de la fabrique des « petites cartes » particulièrement intéressant à observer. D’abord, sa situation géographique témoigne des défis qui accompagnent toute ambition cartographique : l’étendue du territoire47, son faible taux d’occupation48, les interactions transfrontalières de toute nature avec le Brésil et le Suriname, mais aussi les difficultés d’arpentage du massif amazonien ou encore son taux de couverture nuageuse élevé qui rend particulièrement délicates les prises de vue aérienne, en font une région à forts enjeux informationnels. De grands récits cartographiques ont pourtant façonné son histoire49. Mais de nombreuses lacunes demeurent et de multiples initiatives ont été mises en place pour répondre à des demandes individuelles ou collectives en articulant des réseaux d’acteurs à géométrie variable. Deux études de cas illustrant l’impact de la double transition numérique (dématérialisation et Internet) sur les pratiques de cartographie participative et de contre-cartographie sont présentées ici. Elles démontrent l’importance des enjeux d’une analyse centrée sur la fabrique de ces « cartes en train de se faire » et sur leurs différents « espaces de contextualité ».

Retracer la circulation de la carte d’orientation minière

  • 50 P. Watzlawitch, La Réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication, 1984.
  • 51 L’élicitation est l’incitation d’un locuteur à un autre à statuer sur différentes hypothèses en int (...)

2La carte de la répartition entre activité minière autorisée et activité minière interdite en Guyane française a été au cœur d’une controverse lors de la phase d’enquête publique du Schéma départemental d’orientation minière (SDOM). Nous avons suivi la constitution de cette carte de synthèse, fruit de l’assemblage de plusieurs traitements cartographiques. Nous avons ensuite analysé les usages de cette carte diffusée sur Internet par différentes sphères d’acteurs pour retracer sa circulation et comprendre les choix qui ont guidé les moments distincts de sa mise en (in) visibilité. Trois missions de terrain organisées entre 2009 et 2013 nous ont permis de rencontrer des intervenants des services de l’État, des collectivités territoriales, des laboratoires de recherche, des associations de protection de l’environnement, des bureaux d’étude (spécialisés dans le domaine naturaliste ou minier) ou encore des instances de représentation des communautés amérindiennes et bushinengue. Nous avons opéré en deux temps : d’une part, en exécutant une analyse technique et « désincarnée » des systèmes d’information guyanais qui diffusent du contenu sur le web : exploration de sites éditoriaux, statistiques descriptives des données diffusées, cartographie du web guyanais ; d’autre part, en menant des entretiens auprès des producteurs/diffuseurs/utilisateurs des données étudiées. La première étape est importante car elle permet d’affiner les questions de recherche, d’identifier des acteurs qui, à première vue, pourraient sembler périphériques et in fine de soumettre aux participants, à la seconde phase, un premier niveau d’analyse. Douze entretiens longs, dits de cadrage-recadrage50, ont été réalisés en mobilisant les décryptages techniques comme des supports d’élicitation51.

Le schéma départemental d’orientation minière de Guyane

  • 52 La valeur du cours de l’or est passée de 8 200 USD/kg en janvier 2001 à plus de 59 000 USD/ kg en j (...)
  • 53 Les services de l’État évaluent entre 5 000 et 8 000 le nombre d’orpailleurs clandestins, soit plus (...)

3Le sous-sol précambrien du bouclier des Guyanes regorge de ressources minérales (or, fer, bauxite, diamant…). L’inventaire minier, conduit par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) entre 1975 et 1995, offre une nouvelle perspective de valorisation des richesses minérales : le tonnage estimé à plus de 120 tonnes d’or place la Guyane au rang des régions les plus prometteuses pour l’exploration aurifère. Cette situation, dans un contexte de croissance du cours de l’or52, attise l’intérêt de nombreux professionnels du secteur minier, tout en engendrant un afflux massif d’orpailleurs clandestins. Plusieurs milliers de garimpeiros du Brésil et du Suriname53 exploitent le sol et le sous-sol dans des conditions non autorisées, précaires sur le plan humain et catastrophiques pour l’environnement.

  • 54 J. Oder, « Vers la structuration d’une filière aurifère “durable” » ? Étude du cas de la Guyane fra (...)

4Le secteur aurifère a une image plutôt négative dans la population métropolitaine guyanaise, sensibilisée aux enjeux de protection de la biodiversité. La population créole est au contraire plus favorable aux exploitations légales, revendique un droit à disposer de ses ressources naturelles et, surtout, un droit à un développement économique endogène affranchi d’une gestion par l’État, ressentie comme une « réminiscence de la gouvernance coloniale54 ». Ces tensions se sont renforcées en 2007, en plein Grenelle de l’environnement, avec la polémique à propos du Camp Caïman : un collectif d’organisations non gouvernementales, de partis politiques et de syndicats s’insurge contre l’attribution (finalement annulée) d’une concession à la multinationale Iamgold®, qui prévoyait d’utiliser des procédés de cyanuration dans une zone protégée – la zone naturelle d’intérêt écologique et faunistique (ZNIEFF) de la montagne de Kaw. Ce précédent est l’occasion de révéler des pratiques administratives qualifiées à posteriori de laxistes dans l’attribution de titres miniers. Début 2008, l’État lance alors un projet de nouvelle politique minière pour la Guyane : le SDOM. Il veut faire de la filière aurifère un exemple de durabilité avec un impact réduit sur l’environnement, un effet d’entraînement sur l’économie et la promotion d’une équité sociale. Le SDOM définit les conditions générales applicables à la prospection minière, ainsi que les modalités d’implantation et d’exploitation des sites miniers. Un premier document est présenté lors d’une phase de concertation, d’avril à juin 2010, sous la forme d’un rapport avec une hiérarchisation des activités minières retranscrite dans un règlement et un zonage. Ce dernier est la traduction graphique du règlement qui viendra, à terme, s’imposer aux autres documents d’aménagement tels que le schéma de cohérence territoriale (ScoT) et le plan local d’urbanisme (PLU).

La carte cristallise les débats : trois exemples d’opposition

5Malgré un règlement de soixante-dix pages comportant sept planches cartographiques, c’est la seule carte de zonage (encadré 3) qui va cristalliser tous les débats. Elle fait resurgir les multiples points de vue divergents de la société guyanaise sur l’activité minière et entraîne pour finir une quasi-unanimité contre le SDOM. Nous mentionnons ici trois exemples d’oppositions qui relèvent de revendications corporatistes (demande d’un accès facilité aux ressources), environnementales (demande d’un encadrement strict de la filière) et autochtones (demande d’une meilleure prise en compte des droits d’usage) et qui, toutes, ont placé la carte au cœur de leurs stratégies d’opposition.

  • 55 En créole guyanais, façon d’affirmer la « guyanité » du mouvement.
  • 56 Entretien du 2 juillet 2012 avec Delphine Boulanger, société CAEXGEO (Cayenne).
  • 57 « Les campagnes de prospection réalisées par le passé par le BRGM dans le cadre de l’inventaire min (...)

6La Fédération des opérateurs miniers de Guyane (FEDOMG) et le Komité55 de sauvegarde de l’orpaillage guyanais (KSOG) s’opposent résolument au projet. Ils voient dans la carte de zonage l’imposition d’exigences mal perçues par l’ensemble de la profession. Le projet entérine l’exclusion de toute activité d’extraction sur près de 45 % du territoire guyanais, et les professionnels miniers considèrent que le zonage est trop restrictif, privilégiant la protection de l’environnement sur l’accès aux ressources minières. Ils parlent d’une « mise sous cloche de la Guyane », d’un frein au développement local et d’une porte ouverte à l’orpaillage illégal56. Pour contrer le SDOM, la FEDOMG diffuse alors une contre-carte (encadré 4a). Jugeant obsolète l’inventaire du BRGM57, les opérateurs SIG des bureaux d’étude miniers téléchargent les données brutes originelles sur le web, compilent des données d’inventaires des membres de la fédération et assemblent le tout pour proposer une autre vision du « potentiel minier » de la Guyane. Tous métaux et substances confondus, la FEDOMG évalue alors à 62 800 km2 la superficie des formations géologiques favorables à la découverte de nouveaux gisements, soit 75 % de la superficie de la Guyane.

  • 58 http://www.faune-guyane.fr
  • 59 Relatives aux oiseaux, chauves-souris, mammifères marins ou terrestres, reptiles, amphibiens et odo (...)
  • 60 Entretien du 28 juin 2012 avec Laurent Kelle, association WWF.

7Les associations de protection de l’environnement pensent aussi, mais pour d’autres raisons, que la carte de zonage est inappropriée car elle ne prend en compte la dimension environnementale qu’en établissant la compatibilité entre les activités minières et les zonages réglementaires existants. Trois types d’espaces sont proposés, qui ont chacun des contraintes d’exploitation spécifiques, en fonction de l’enjeu environnemental. Mais France Nature Environnement (FNE), le Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Guyane (GEPOG) et le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) réclament, dans un communiqué, l’abolition de la zone où l’exploration est permise, mais l’exploitation interdite. Étant donné les lacunes de la connaissance de la biodiversité guyanaise, les associations veulent éviter l’ouverture de zones mal connues à l’exploration minière. Pour appuyer leur propos, elles mobilisent les données de la plateforme Faune-Guyane58, administrée par le GEPOG (encadré 4b). Ce dispositif de cartographie participative permet d’indexer géographiquement des observations d’espèces59. Dans un territoire aussi vaste et mal connu, les quelque 278 000 observations d’environ 460 contributeurs sont une ressource clé pour peser dans le débat public. Elles démontrent que le zonage du SDOM « se focalise trop sur les espaces protégés et pas assez sur les espèces protégées60 ».

Encadré 3 – Carte du Schéma départemental d’orientation minière

Encadré 3 – Carte du Schéma départemental d’orientation minière

(Source : DEAL Guyane).

Encadré 4 – Les « petites cartes du web » guyanais à l’origine des contre-cartes du SDOM.

Encadré 4 – Les « petites cartes du web » guyanais à l’origine des contre-cartes du SDOM.
  • 61 Journal officiel, loi no 2007-224 du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutio (...)
  • 62 Entretien du 27 juin 2012 avec Maude Elfort, maître de conférences en droit public à l’Université d (...)

8Enfin, le conseil consultatif des populations amérindiennes et bushinenge émet aussi un avis défavorable, condamnant notamment l’éventualité d’une exploitation minière dans leurs zones d’activités de subsistance (chasse, abattis). Cette instance récente est conçue comme un outil d’aide à la décision, chargé d’éclairer les collectivités départementale et régionale sur « tout projet ou proposition de délibération emportant des conséquences sur l’environnement, le cadre de vie et les activités culturelles des populations amérindiennes et bushinenge61 ». Dans le cadre du SDOM, une autosaisine est utilisée. Il en résulte un avis défavorable considérant que « les droits territoriaux et les ressources naturelles doivent faire l’objet d’une cartographie participative initiée et réalisée avec le concours des populations amérindiennes et bushinenge qui doivent être reconnues et juridiquement respectées au travers des schémas d’aménagement régionaux, communaux et étatiques ». Si le conseil ne dispose pas de « bras armé technique62 » pour émettre une contre-proposition comme les associations de protection de la nature ou la Fédération des opérateurs miniers ont pu le faire avec leur contre-carte, l’avis négatif replace de nouveau la carte au centre des débats en réclamant une cartographie participative.

9Ces trois réactions au schéma d’orientation minière font de la carte un vecteur et un enjeu de reconnaissance de leurs revendications. À l’issue de la concertation, le zonage est modifié à la marge, en vue d’un compromis entre les acteurs miniers et les associations de protection de l’environnement. En outre, un nouveau bandeau apposé à la carte stipule : « Cette carte ne constitue qu’un caractère indicatif et provisoire compte tenu de l’échelle et de l’évolution des données qui y sont figurées. » Pour désamorcer les critiques et répondre aux avis divergents, oscillant entre des priorités environnementalistes, indigénistes ou industrielles, le statut de la carte est modifié : son caractère uniquement informatif doit alors permettre de déplacer les débats hors de la question des zonages.

10Cette controverse cartographique illustre les chapitres précédents. La réaction de la Fédération des opérateurs miniers témoigne de la capacité technique d’acteurs privés issus de bureaux d’étude à produire désormais des contre-expertises cartographiques. La généralisation des SIG au-delà de la sphère étatique permet donc une démultiplication de « petites cartes » devenant contre-cartes. En outre, la diffusion de ces systèmes sur le web permet de combiner diverses sources : récupération des données du BRGM par les opérateurs miniers ou sollicitation d’observations des naturalistes de Faune-Guyane. La malléabilité des « petites cartes » et leurs potentialités d’hybridation sont associées pour fomenter des contre-cartes. Cette mise en visibilité dans le débat public, rendue possible par Internet, tend à renforcer les rapports de domination existants. Les communautés autochtones sans compétences ni ressources en matière de géomatique se trouvent marginalisées. Leur incapacité à produire une contre-expertise dans un débat qui tend à s’enfermer entre techniciens les incite à réclamer une cartographie participative qui les replace non pas au centre de la carte, mais bien au centre du processus cartographique.

La carte change de statutmais continue à s’imposer : quand le numérique renforce l’autoréférentialité

  • 63 http://carto.geoguyane.fr/1/sdom.map
  • 64 Cinq échelles sont prédéfinies : du 2 300 000e (ensemble de la Guyane) au 580 000e.

11Malgré le changement de statut de la carte du SDOM – de support de définition des zonages, elle est devenue support informatif –, sa diffusion sur différents sites web et sa remobilisation dans différentes arènes d’aménagement en font, aujourd’hui, un référentiel incontournable. Ainsi, GéoGuyane, l’infrastructure institutionnelle qui diffuse les données publiques de Guyane, expose le SDOM sous la forme de cartes, de données exploitables au format SIG, et d’une cartographie dynamique63 qui présente un assemblage et une mise en forme des données et permet leur exploration (navigation, zoom64, requête, ajout de données, exportation…).

  • 65 Le code de l’Environnement prévoit que « la charte du parc national comporte des documents graphiqu (...)
  • 66 La charte incluant la carte des zones de vocation est disponible à l’adresse suivante : http://www. (...)

12Malgré les réserves sur cette carte de zonage, son existence et sa diffusion vont structurer plusieurs débats de la politique d’aménagement de la Guyane. Ainsi, le Parc amazonien de Guyane réalise sa carte des vocations65. Accompagnant la charte, la carte des vocations illustre les orientations pour le développement, l’aménagement et la gestion du territoire du parc pour les dix années à venir. Dans le cadre de la démarche participative associée au processus d’élaboration de la carte du parc entre 2009 et 2012, une carte des vocations est proposée aux différents interlocuteurs pour avoir leur retour sur les zonages envisagés66.

13Cette carte se présente sous la forme d’un poster avec un cartouche agrémenté des logos institutionnels qui légitiment la démarche, des sources multiples ayant servi à sa production, de la légende complexe donnant une définition précise de chaque zone. Dans cette mise en page figurent des « vignettes cartographiques » : six cartes réduites du même territoire présentant chacune un thème jugé important pour saisir la grande carte centrale. Ces « vignettes » annexes sont des référentiels considérés comme essentiels, car toute nouvelle proposition devra montrer son adéquation avec cet ensemble d’informations complémentaires. C’est dans cette configuration que réapparait subrepticement la carte de zonage du SDOM. La carte qui « ne constitue qu’un caractère indicatif et provisoire », comme l’indiquait sa légende, se retrouve ainsi au milieu des fonds de cartes qu’il est indispensable de prendre en considération pour penser le territoire du Parc amazonien pour les dix prochaines années.

14Ainsi, l’accessibilité accrue de la donnée, rendue possible par une mise en circulation facilitée par les technologies du web, tend à faire oublier le statut de la carte et renforce l’effet de vérité :

  • 67 B. J. Harley, « Deconstructing the map », p. 84-85.

Une fois inscrites dans le texte publié, les lignes de la carte acquièrent une autorité difficile à écarter. Les cartes sont des images qui font autorité. Sans que nous en ayons conscience, elles peuvent renforcer et légitimer le statu quo. Parfois agents de changement, elles peuvent aussi devenir des documents conservateurs67.

Retracer la circulation des toponymes teko et wayãpi

15À l’opposé du cas précédent où la controverse cartographique fut déclenchée par une production de l’État, ce deuxième exemple s’intéresse à la circulation d’une production locale. Deux missions de terrain, en 2012 et 2013, complétées par des recherches dans les bases de données sur Internet, ont permis d’analyser la diffusion et la déperdition des toponymes amérindiens. Depuis leur définition lors d’une démarche de cartographie participative impulsée par le Parc amazonien de Guyane jusqu’aux bases de données planétaires disponibles sur Internet, notre double approche (par la technique, à travers le décryptage des systèmes, et par les acteurs, à travers une série d’entretiens) a permis de retracer la circulation des toponymes des communautés teko et wayãpi et d’analyser les effets de la malléabilité des données numériques.

Le pouvoir ontologique des toponymes

  • 68 E. Casti, « Mythologies africaines dans la cartographie française au tournant du xixe siècle », 200 (...)
  • 69 Casti insiste notamment sur la transmission, à travers les cartes et particulièrement les toponymes (...)

16L’impact des cartes et leur effet de vérité ont été largement étudiés notamment par le prisme des toponymes ; en témoignent les travaux d’E. Casti sur les « mythologies africaines » dans la cartographie française au tournant du xixe siècle68. Son analyse du langage cartographique dans les revues du début du colonialisme en Afrique occidentale française montre, à travers les mécanismes sémiotiques concernant les toponymes, que les cartographes de l’époque dotaient l’Afrique de valeurs occidentales69, justifiant ainsi la légitimité des choix imposés sans tenir compte de sa diversité.

  • 70 Les bases de données toponymiques sont composées d’éléments de description des lieux qui regroupent (...)

17Le pouvoir d’autoréférentialité du toponyme sur la carte est aujourd’hui renforcé par le double effet du web et de son économie. D’une part, la facilité de diffusion des contenus numériques engendre une propagation accélérée des données. D’autre part, dès qu’un jeu de données fait autorité, son recyclage permanent le place rapidement en position monopolistique, renforçant de facto « l’effet de vérité » qui l’accompagne. Ce double constat (accélération de la propagation et du positionnement monopolistique) accentue le pouvoir ontologique des cartes et des répertoires toponymiques numériques pour définir ce territoire, par-delà le fait de le nommer. Ainsi, les bases de données toponymiques70 qui circulent sur le web participent à l’ordonnancement des points de vue sur le monde en imposant les modalités du géocodage, c’est-à-dire du procédé formel qui consiste, par un traitement automatisé, à affecter des coordonnées géographiques (latitude/longitude) à une adresse.

GeoNames : la fausse évidence d’un répertoire planétaire

18Les bases de données toponymiques sont aujourd’hui utilisées sur le web pour « géocoder » tout type de contenu : des données socioéconomiques aux observations naturalistes, en passant par les fichiers-clients, les vidéos ou les photos... Par exemple, des plateformes libres comme Wikipédia, commerciales comme Flickr, institutionnelles comme MediHAL ou des réseaux sociaux comme Facebook permettent aux internautes d’intégrer des geotags (mots-clés géographiques) pour indexer géographiquement les contenus proposés. Le processus de traduction-indexation du geotag à la « petite carte » se fait indépendamment de l’internaute par un géocodage automatisé. Les répertoires toponymiques sont souvent invisibles, masqués derrière des algorithmes. Ils présentent le spectacle de la fausse évidence. Les infrastructures qui stockent ces données et leurs interconnexions à travers les systèmes de moissonnage constituent une boîte noire où toutes les médiations intermédiaires sont graduellement effacées. Pourtant, ces médiations s’opèrent par un travail de filtrage et de standardisation des appellations officielles du territoire et contribuent à sa mise en ordre. Cette standardisation est d’autant plus importante que certaines bases de données sont en position quasi monopolistique.

  • 71 http://www.geonames.org/
  • 72 Source consultée le 22 avril 2015 : http://www.geonames.org/about.html
  • 73 OpenCage Geocoder repose sur GeoNames associés à d’autres sources (Nominatim OSM, etc.) : http://ww (...)
  • 74 http://www.geonames.org/maps/wikipedia.html
  • 75 M. Graham et S. de Sabbata, « Mapping information wealth and poverty : The geography of gazetteers  (...)
  • 76 Si l’Open Data Index recense 97 pays dans son classement (site consulté le 22 avril 2015 : http://i (...)

19C’est le cas de l’index toponymique GeoNames71. Il s’agit d’une source libre, avec une couverture mondiale dépassant les dix millions de noms correspondant à plus de neuf millions de lieux72. Chaque toponyme est décrit en plusieurs langues sur un site web de type wiki qui permet aux utilisateurs d’ajouter des données ou de les corriger. GeoNames associe bases de données institutionnelles en libre accès (open data) et contenu généré par les usagers (crowdsourcing). Les données, accessibles par téléchargement ou par services web, permettent de le connecter à de nombreuses autres bases comme OpenCage Geocoder73, mais aussi à des supports tels que les articles collaboratifs Wikipédia74. En répondant à plus de cent cinquante millions de requêtes, les services web de GeoNames sont un « outil pivot » dans les opérations de géocodage. Cette base de données se propage partout dans le monde et s’impose progressivement pour devenir un standard de facto. Malgré une diversité des sources, un volume de données conséquent et le caractère ouvert du dispositif contributif, M. Graham et S. de Sabbata notent l’inégale répartition des toponymes et le caractère biaisé de ce « dictionnaire des lieux »75. Les distributions spatiales semblent dépendre à la fois de la densité de population et de la richesse des pays, mais aussi du taux de pénétration des technologies web et des politiques numériques des gouvernements. Ces dernières sont relativement récentes et ne concernent encore qu’un nombre très limité d’États76. L’encadré 5 propose ainsi une image différente (b) de ce que nous donnent à voir les promoteurs de cet index toponymique (a). Un changement d’échelle dans l’analyse permet de révéler des déperditions souvent ignorées…

Encadré 5 – La base toponymique www.geonames.org: une couverture mondiale qui révèle pourtant des disparités.

Encadré 5 – La base toponymique www.geonames.org: une couverture mondiale qui révèle pourtant des disparités.

Encadré 6 – De la cartographie participative à la base toponymique planétaire : fragmentation, sélection, déperdition des toponymes amérindiens.

Encadré 6 – De la cartographie participative à la base toponymique planétaire : fragmentation, sélection, déperdition des toponymes amérindiens.

Sélection, fragmentation, déperdition des toponymes amérindiens : quand le numérique renforce la malléabilité des données

20Dans le cadre de l’Observatoire hommes-milieux (OHM) Oyapock, à la frontière entre la Guyane et le Brésil, une équipe du CIRAD, du CNRS et du Parc amazonien de Guyane a travaillé sur les dynamiques en cours au sein des communautés teko et wayãpi d’un point de vue démographique et socioculturel ainsi que sur l’emprise spatiale et la régulation des différents systèmes d’activité (agriculture, habitat…). Au cours de leurs missions, les chercheurs ont accumulé des données toponymiques qui ont permis de produire des cartes en langues amérindiennes. Ces cartes distinguent « lieux de vie » et « toponymes » et nomment aussi des éléments biophysiques jugés importants pour comprendre les dynamiques, en particulier les sauts de rivière. Aucun de ces éléments ne figure dans la base mondiale GeoNames. Nous avons alors retracé la circulation de ces données à travers les différentes infrastructures institutionnelles pour tenter de comprendre pourquoi la diffusion était ici synonyme de déperdition (encadré 6).

  • 77 http://www.geoguyane.fr/catalogue/

21L’intégration de la carte toponymique du Moyen Oyapock dans l’infrastructure guyanaise de données institutionnelles GéoGuyane permet d’observer une première étape de transformation77. Pour respecter le fonctionnement par couche d’information des systèmes d’information géographique, la carte est scindée en trois séries distinctes : les toponymes, les lieux de vie et les sauts. Le Parc amazonien de Guyane, dépositaire de ces données, prend la louable précaution de diffuser aussi dans la cartothèque de GéoGuyane la carte complète. Mais la fragmentation des données et leur diffusion sous la forme de couches SIG distinctes, rendues nécessaires par les contraintes techniques, permettent désormais leur utilisation séparée. Ainsi, le réductionnisme de la carte, qui divise, sépare, ordonne, est ici renforcé par la malléabilité du format numérique qui rend possible un désassemblage additionnel. De plus, par souci d’exhaustivité et de simplification, les données issues du processus participatif sont fusionnées avec d’autres sources de données pour constituer trois fichiers à l’échelle du Parc. Ainsi la « Base de données de toponymes sur le territoire concerné par le Parc amazonien de Guyane, 2014 » est une compilation de levés GPS des agents du parc, de la reprise d’anciennes cartes de l’IGN, des dires d’experts du Muséum… et, finalement, de la collecte auprès des habitants réalisée par l’OHM. Le traitement est le même pour la base de données des sauts de rivière et pour celle des lieux de vie. Ce double mouvement de fragmentation-fusion de données illustre à la fois la malléabilité et la capacité d’hybridation des données numériques à l’origine des « petites cartes ».

  • 78 Cette directive 2007/2/CE du Parlement européen et du Conseil du 14 mars 2007 établit une infrastru (...)
  • 79 Capacité d’un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres (...)
  • 80 http://www.geocatalogue.fr/
  • 81 En juillet 2015, on dénombre 49 808 données recensées dans le GéoCatalogue pour 724 cartes.

22La circulation de ces données ne s’arrête pas là puisque GéoGuyane est une plateforme institutionnelle administrée par les services de l’État français et de l’Agence d’urbanisme et d’aménagement de Guyane. À ce titre, elle représente le versant guyanais de l’infrastructure européenne de données géographiques mises en œuvre depuis 2007 dans le cadre de la directive INSPIRE78. Ce cadre réglementaire favorise la réutilisation des données géographiques institutionnelles en incitant à les diffuser et en favorisant leur accès par la définition de spécifications techniques. Ces dernières établissent une série de normes sur les systèmes d’information mais aussi sur les données afin de faciliter leur interopérabilité79. En France, le GéoCatalogue80, porté par le BRGM, joue le rôle d’intermédiaire entre le portail européen et les infrastructures régionales ou départementales. Cet emboîtement de plateformes, permettant de faire remonter les données de l’échelon local à l’échelon européen, doit s’opérer à partir des techniques de « moissonnage » qui « récoltent » les données dès lors qu’elles sont diffusées sur des infrastructures normées. Ainsi, par ce mécanisme en « poupées russes », tout écart par rapport à la norme conduit à une exclusion des flux de données. Le moissonnage de GéoGuyane par le GéoCatalogue est l’occasion d’observer une deuxième étape dans la circulation des toponymes amérindiens. En effet, le catalogue national a pour vocation première de diffuser des données géographiques exploitables dans un SIG et non des cartes déjà élaborées81. La carte toponymique a donc disparu et le GéoCatalogue a opéré un moissonnage sélectif en ne conservant que les trois bases de données géographiques dites « brutes ».

  • 82 https://www.data.gouv.fr

23Le GéoCatalogue national est lui-même moissonné par le portail gouvernemental dédié à l’open data82. Cette plateforme, développée par Etalab, mission placée sous l’autorité du Premier ministre, diffuse, depuis fin 2011, les données (pas uniquement géographiques) publiques dites « ouvertes ». Or, ici aussi, une sélection s’opère car la production du parc comme l’ensemble du contenu en provenance de GéoGuyane ne sont pas récupérés. L’incompatibilité est juridique puisque les données diffusées par GéoGuyane ne sont pas formellement placées sous licence ouverte. La plateforme gouvernementale fait l’impasse sur ces informations. GeoNames s’appuie précisément sur le portail open data d’Etalab et non sur le GéoCatalogue pour alimenter sa base de données. Cette dernière n’inclut donc pas les travaux du Parc amazonien dans ses dix millions de toponymes.

24Ainsi, par un effet de dominos, se jouent à la fois la propagation accélérée d’un jeu de données dès lors qu’il est diffusé dans une composante de ces architectures web de plus en plus connectées, et en même temps la déperdition qui voit s’effondrer la tour de Babel d’une interopérabilité parfaite et exhaustive. Ces déperditions, qui résultent non pas de difficultés techniques mais de choix juridiques ou de contraintes de normalisation, ne sont pas neutres. L’analyse des intentionnalités sociales – désormais multiples et fragmentées – qui conduisent à inclure ou exclure tel ou tel jeu de données nécessite donc d’ouvrir ces boîtes noires algorithmiques, car elles perpétuent et, parfois, renforcent les mises en visibilité/invisibilité des savoirs dominants/marginaux. En intégrant des plateformes interconnectées, certains toponymes deviennent accessibles dans des bases qui détiennent des monopoles et ordonnent l’espace. Ces toponymes acquièrent donc une forte visibilité numérique alors que l’omission d’autres jeux de données les rend invisibles et les exclut du monde numérique.

Les « petites cartes du web » guyanais, entre empowerment et assimilation par la technique

  • 83 R. Chambers, « Participatory mapping and geographic information systems : Whose map ? Who is empowe (...)

25L’analyse de la fabrique cartographique, c’est-à-dire des processus de production, de diffusion, d’utilisation, de transformation et de rediffusion de la carte d’orientation minière et des toponymes amérindiens, permet de montrer de manière concrète les jeux de pouvoir véhiculés par la circulation des « petites cartes » sur le web. Ces exemples illustrent l’effet dialogique de ces dispositifs à l’ère d’Internet. La facilité de production et de diffusion dans le champ médiatique des « petites cartes » contribue à renforcer les capacités des non-experts de la cartographie à se réapproprier le pouvoir de se définir et de se représenter par eux-mêmes. Elle renvoie ainsi à un processus d’émancipation et d’empowerment. Mais, dans le même temps, pour être visible dans le débat public et exister parmi cette myriade de « petites cartes », il est nécessaire d’utiliser les « outils » reconnus par les autorités en place. L’autre effet de cette dialogique est donc la participation à un processus d’assimilation culturelle par la technique qui renforce les dominations. La dialogique empowerment/assimilation des SIG participatifs83 ne tend pas à s’estomper, au contraire. Ce faisant, les « petites cartes du web » guyanais peuvent être assimilées à un « mode mineur » de représentations spatiales. Face à la cartographie institutionnelle qui s’impose comme un « mode majeur » de représentation du territoire, les contre-cartographies (des bureaux d’étude miniers ou des ONG de protection de l’environnement) proposent des contre-expertises en s’appuyant sur des « savoirs locaux ». Les cartes produites cherchent alors à faire bouger les modèles dominants en remobilisant leur formalisme. Au contraire, les initiatives amérindiennes de cartographie participative (qu’elles soient réclamées ou mises en pratique via le travail sur les toponymes teku et wayãpi) conçoivent la fabrique cartographique comme un espace autonome, créatif, en tension. Ces dernières sont aujourd’hui rendues invisibles par les dispositifs sociotechniques complexes qui gèrent la circulation des flux de données et les égarent dans les limbes d’Internet… En Guyane comme ailleurs, les « petites cartes du web » sont ainsi porteuses d’une promesse paradoxale : elles offrent une diversité de représentations de l’espace tout en mettant en avant les contenus les plus formellement uniformes.

26D’un point de vue méthodologique, la double entrée préconisée ici, par le décryptage des systèmes techniques et par l’enquête ethnographique centrée sur leurs usages, permet de prendre la mesure de la diversité des fonctions remplies par l’information géographique (expliquer, convaincre, discuter, contre-argumenter, etc.) pour ne pas la limiter à sa seule fonction représentationnelle dont il suffit d’étudier l’encodage en amont et le décodage en aval. Ce décryptage est pourtant délicat, car, malgré des discours teintés de transparence et de démocratisation du web, l’opacité technique demeure ; elle oblige le géographe à réarmer sa critique en pénétrant ces dispositifs sociotechniques.

Notes

47 La Guyane avec près de 84 000 km2 a une superficie équivalente à celle de l’Autriche.

48 La densité moyenne de 3,2 hab/km2 masque une hyperconcentration de la population sur la bande littorale.

49 En témoigne le magnifique ouvrage dirigé par F. Dupuy, Les Arpenteurs des confins. Explorateurs de l’intérieur de la Guyane (1720-1860), 2012.

50 P. Watzlawitch, La Réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication, 1984.

51 L’élicitation est l’incitation d’un locuteur à un autre à statuer sur différentes hypothèses en introduisant le recours à sa propre compétence.

52 La valeur du cours de l’or est passée de 8 200 USD/kg en janvier 2001 à plus de 59 000 USD/ kg en juillet 2011. En décembre 2016, il est redescendu à 37 000 USD/kg (source : BullionVault).

53 Les services de l’État évaluent entre 5 000 et 8 000 le nombre d’orpailleurs clandestins, soit plus de dix fois le nombre de salariés « légaux » (SDOM, 2011).

54 J. Oder, « Vers la structuration d’une filière aurifère “durable” » ? Étude du cas de la Guyane française », 2011, URL : http://echogeo.revues.org/12587

55 En créole guyanais, façon d’affirmer la « guyanité » du mouvement.

56 Entretien du 2 juillet 2012 avec Delphine Boulanger, société CAEXGEO (Cayenne).

57 « Les campagnes de prospection réalisées par le passé par le BRGM dans le cadre de l’inventaire minier ont été sélectives, basées sur les idées du moment, avec des moyens limités. De ce fait, les bases de données du BRGM et les concepts datant de plus de vingt ans ne peuvent servir à eux seuls de référence générale pour les futurs sujets de recherche. » http://www.esperancegoldmine.com/potentiel-minier/language/fr.html

58 http://www.faune-guyane.fr

59 Relatives aux oiseaux, chauves-souris, mammifères marins ou terrestres, reptiles, amphibiens et odonates.

60 Entretien du 28 juin 2012 avec Laurent Kelle, association WWF.

61 Journal officiel, loi no 2007-224 du 21 février 2007 portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l’Outre-mer.

62 Entretien du 27 juin 2012 avec Maude Elfort, maître de conférences en droit public à l’Université des Antilles et de la Guyane (Cayenne).

63 http://carto.geoguyane.fr/1/sdom.map

64 Cinq échelles sont prédéfinies : du 2 300 000e (ensemble de la Guyane) au 580 000e.

65 Le code de l’Environnement prévoit que « la charte du parc national comporte des documents graphiques, indiquant les différentes zones et leur vocation » (art. L331-3). Le document concerné s’appelle « carte des vocations ». Il traduit la répartition sur le territoire des dispositions de la charte.

66 La charte incluant la carte des zones de vocation est disponible à l’adresse suivante : http://www.parc-amazonien-guyane.fr/le-parc-amazonien-de-guyane/la-charte-des-territoires/

67 B. J. Harley, « Deconstructing the map », p. 84-85.

68 E. Casti, « Mythologies africaines dans la cartographie française au tournant du xixe siècle », 2001.

69 Casti insiste notamment sur la transmission, à travers les cartes et particulièrement les toponymes, de mythologies autour d’une Afrique riche de ressources et de possibilités d’exploitation. Ces mythologies justifient alors la nécessité de « valoriser » la terre dans une perspective colonialiste, car elle semble dépourvue de significations sociales et politiques.

70 Les bases de données toponymiques sont composées d’éléments de description des lieux qui regroupent, à minima, des tuples [N, F, T]N est relatif au nom du lieu (name), F représente sa localisation géographique (footprint) et T renvoie à sa catégorie (type).

71 http://www.geonames.org/

72 Source consultée le 22 avril 2015 : http://www.geonames.org/about.html

73 OpenCage Geocoder repose sur GeoNames associés à d’autres sources (Nominatim OSM, etc.) : http://www.opencagedata.com/

74 http://www.geonames.org/maps/wikipedia.html

75 M. Graham et S. de Sabbata, « Mapping information wealth and poverty : The geography of gazetteers », 2015.

76 Si l’Open Data Index recense 97 pays dans son classement (site consulté le 22 avril 2015 : http://index.okfn.org/), les disparités restent majeures et la charte Open Data n’a, à ce jour, été signée que par les chefs d’État du G8 (Sommet de Lough Erne, Irlande du Nord, 18 juin 2013 : http://fr.scribd.com/doc/148580461/Charte-du-G8-pour-l-Ouverture-des-Donnees-Publiques-Francais).

77 http://www.geoguyane.fr/catalogue/

78 Cette directive 2007/2/CE du Parlement européen et du Conseil du 14 mars 2007 établit une infrastructure d’information géographique dans la Communauté européenne (INSPIRE) : http://inspire.ec.europa.eu/

79 Capacité d’un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres systèmes existants.

80 http://www.geocatalogue.fr/

81 En juillet 2015, on dénombre 49 808 données recensées dans le GéoCatalogue pour 724 cartes.

82 https://www.data.gouv.fr

83 R. Chambers, « Participatory mapping and geographic information systems : Whose map ? Who is empowered and who disempowered ? Who gains and who looses ? », 2006.

Table des illustrations

Titre Encadré 3 – Carte du Schéma départemental d’orientation minière
Crédits (Source : DEAL Guyane).
URL http://books.openedition.org/editionsulm/docannexe/image/5050/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 66k
Titre Encadré 4 – Les « petites cartes du web » guyanais à l’origine des contre-cartes du SDOM.
URL http://books.openedition.org/editionsulm/docannexe/image/5050/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 65k
Titre Encadré 5 – La base toponymique www.geonames.org: une couverture mondiale qui révèle pourtant des disparités.
URL http://books.openedition.org/editionsulm/docannexe/image/5050/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 82k
Titre Encadré 6 – De la cartographie participative à la base toponymique planétaire : fragmentation, sélection, déperdition des toponymes amérindiens.
URL http://books.openedition.org/editionsulm/docannexe/image/5050/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 97k

© Éditions Rue d’Ulm, 2017

Licence OpenEdition Books

Acheter

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search