2. Vulnérabilité et capacité d’adaptation
p. 33-47
Texte intégral
1Toutes les populations de la planète ne présentent pas le même degré de fragilité face aux aléas naturels. À niveau de perturbation égal et dans des environnements comparables, deux populations peuvent en effet être organisées différemment, avoir des niveaux de développement économique distincts, présenter des réseaux sociaux plus ou moins fébriles, faire état de positionnements culturels divers face à la nature. Or, tous ces éléments, et bien d’autres encore, se combinent pour expliquer le niveau de fragilité et de force d’une population particulière face aux événements naturels. On parle de « vulnérabilité », schématiquement définie comme l’état de relative fragilité d’un territoire et/ou d’une population, qui résulte de la rencontre entre des aléas naturels (plus ou moins récurrents, plus ou moins intenses) et des conditions anthropiques spécifiques (densités de population plus ou moins fortes, bâtiments résistants plus ou moins nombreux, populations en plus ou moins bonne santé, politiques de gestion des risques plus ou moins efficaces, etc.).
2Toutefois, si ces groupes présentent des niveaux actuels de vulnérabilité différents, il ne faudrait pas en déduire que, face au changement climatique, certains sont fatalement voués à subir quand d’autres ne seront confrontés à aucun problème. C’est l’un des biais qu’il y a à penser que les communautés pauvres sont les « plus » vulnérables au changement climatique. Non pas qu’elles ne le sont pas, mais parce que cela laisse croire que les communautés des pays industrialisés ne le sont qu’extrêmement peu. Or, elles aussi ont à perdre, ce qu’ont par exemple démontré l’ouragan Katrina en 2005 (États-Unis) et, dans une moindre mesure, la tempête Xynthia en 2010 (France). Ainsi, plutôt que d’inégalités de niveau de vulnérabilité au sein d’une génération ou d’une société données, il est plus juste de parler de manières différentes d’être vulnérable, ce qui n’empêche aucunement d’inclure, et il le faut, le problème des inégalités socio-économiques. Derrière cette position, on trouve une double hypothèse : la vulnérabilité n’est pas uniquement le reflet du niveau de développement et l’aptitude à s’adapter n’est pas qu’une affaire d’argent.
Quelques passerelles entre vulnérabilité et adaptation
3Parler de vulnérabilité renvoie aux éléments endogènes et exogènes du territoire qui expliquent ses forces et ses faiblesses face aux aléas naturels, actuels et futurs. Dans cet esprit, la définition de la vulnérabilité au changement climatique la plus communément admise est celle proposée par le GIEC :
[c’est] le degré auquel un système risque de subir ou d’être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité dépend du caractère, de l’ampleur et du rythme des changements climatiques auxquels un système est exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité d’adaptation1.
4Si le GIEC met en relation vulnérabilité et adaptation, c’est parce que l’essence même de l’analyse de la vulnérabilité d’un territoire est de comprendre comment ce dernier fonctionne (logiques, enjeux, processus de régulation, conflits…), pour ensuite envisager des scénarios d’avenir et proposer des réponses pragmatiques face à l’évolution des conditions environnementales. En retour, la mise en œuvre de l’adaptation a pour but de réduire la vulnérabilité du territoire aux risques naturels actuels et futurs.
5Dans les sociétés d’ici et d’ailleurs, chercher à s’adapter n’a donc de sens que dans le dessein de limiter à terme les conséquences du changement climatique. Cela va reposer sur une diversité de composantes qui, combinées, vont définir la « capacité d’adaptation » du territoire. Schématiquement, cette capacité d’adaptation renvoie à l’aptitude d’une société à faire face aux effets du changement climatique en étant capable, ou non, de répondre aux perturbations qui surviennent comme d’anticiper les futures. C’est pourquoi les scientifiques voient en la capacité d’adaptation une composante fondamentale de la vulnérabilité. Un autre élément, rarement mis en avant bien qu’essentiel, est l’aptitude de la société à mobiliser ses capacités d’adaptation : sans volonté d’agir, pas d’action même si les conditions « matérielles » sont réunies. S’adapter suppose un engagement, au-delà de nombreuses barrières (les intérêts politiques et économiques de court terme, par exemple).
6Chaque territoire fait donc état d’une vulnérabilité « initiale » que les aléas naturels et à terme le changement climatique modifieront. Cette vulnérabilité « résultante » constituera un second stade et celle-ci plus que la précédente dépendra aussi des formes d’adaptation mises en œuvre par la société. Ainsi, la vulnérabilité est évolutive (figure 1) et elle constitue un bon traceur de l’efficacité des choix d’adaptation.
Figure 1 – Le niveau de vulnérabilité d’un système (un territoire, une société) varie dans le temps.

Les facteurs d’influence de la vulnérabilité
7Si la vulnérabilité évolue avec le temps, la réduire suppose de savoir sur quels éléments agir. Les conditions de la vulnérabilité relèvent de trois grandes strates temporelles2 : les caractéristiques actuelles de la société, celles qui les expliquent lorsque l’on remonte de quelques décennies dans son histoire (orientations politiques, événements sociaux, etc.), puis celles qui sont à l’origine des précédentes et qui retracent les valeurs fondamentales de cette société élaborées dans des temps plus anciens.
8Un tel ancrage historique invite à adopter une vision large des facteurs de vulnérabilité, laquelle ne se limite donc pas à une quelconque dimension économique et prend des formes nécessairement très variables d’une société à une autre. Nos travaux empiriques et fondamentaux nous ont amené à réunir ces facteurs d’influence en six groupes principaux (tableau 1) : si les deux premiers (configuration spatiale et sensibilité des écosystèmes) renvoient aux composantes physiques de la vulnérabilité, les quatre suivants (cohésion sociétale, diversification des activités, organisation politico-institutionnelle, conditions de vie) décrivent la capacité d’adaptation stricto sensu de la société.
Tableau 1 – Les grands facteurs d’influence de la vulnérabilité et de la capacité d’adaptation.
Facteurs d’influence | Vulnérabilité | Capacité d’adaptation* |
Configuration spatiale | X | |
Sensibilité environnementale | X | |
Cohésion sociétale | X | X |
Diversification des activités économiques et de subsistance | X | X |
Organisation politico-institutionnelle | X | X |
Conditions de vie | X | X |
* Une question qui reste ouverte, et à laquelle nous ne répondrons pas dans cette étude, est de savoir dans quelle mesure les conditions environnementales (configuration et sensibilité) contribuent ou non directement à la capacité d’adaptation. |
La configuration spatiale
9Elle se traduit en termes de potentialités et de contraintes pour le développement de la société et elle recouvre deux dimensions principales.
10La première touche au contexte régional auquel appartient le territoire d’étude. Cette échelle va déterminer une série d’événements possibles, tels les cyclones et la mousson dans les zones tropicales, ou les tempêtes de neige dans les zones froides. Elle fournit donc un cadre général aux aléas naturels.
11Tous les espaces d’une même zone climatique (intertropicale, tempérée, polaire) ne sont cependant pas soumis aux mêmes menaces, soit que les aléas varient en nature comme en intensité, soit que leurs impacts ne se traduisent pas partout de manière uniforme. Le type des côtes, à l’échelle locale et microlocale, joue par exemple un rôle fondamental : les lidos du Languedoc et de Camargue ne réagiront pas de la même manière à de fortes vagues que les côtes rocheuses des îles grecques. De même que la part de linéaire côtier, la proportion de zones de faibles altitudes, un réseau hydrographique plus ou moins ramifié, un bassin versant plus ou moins pentu, la densité du couvert végétal, la morphologie sous-marine vont concourir à expliquer le degré d’exposition du territoire aux aléas (fortes tempêtes, précipitations intenses, etc.). En montagne, ce sont la nature des roches et des sols, l’inclinaison des pentes ou encore les types de végétaux qui « façonneront » les conséquences d’un aléa donné.
Figure 2 – Différents types de territoires, différents types de risques (clichés A. Magnan, 2010).

Des milieux différents sont concernés par des risques naturels différents. En haut, la bordure orientale de l’atoll de Tarawa Sud, dans l’archipel des Kiribati (Pacifique central). En bas, un versant enneigé des bordures montagneuses de la vallée de l’Ubaye, dans les Alpes du Sud (France).
La sensibilité de l’environnement
12Les écosystèmes qui composent un territoire vont être plus ou moins perturbés par une modification du contexte (moins de pluies, des vents plus forts, des eaux plus chaudes…). On parle de leur « sensibilité », laquelle influe indiscutablement sur la probabilité qu’une perturbation affecte ou non les équilibres en place, ce qui à son tour se répercutera sur la vulnérabilité du territoire dans son ensemble.
13Faune et flore peuvent en effet jouer un rôle dans l’atténuation des risques, comme c’est notamment le cas pour les récifs coralliens, les mangroves ou les dunes de sable qui, sur les littoraux, constituent des « espaces tampon » face aux houles de tempête (encadré 2).
14Ces protections naturelles peuvent toutefois être sévèrement affectées par des vagues plus fortes qu’à l’habitude ou, dans le cas des récifs coralliens, par un réchauffement des eaux de surface et/ou leur acidification progressive. De même que des espèces végétales très sensibles aux variations de la pluviométrie ne retiendront plus les sols en cas de sécheresse prolongée, ce qui conduira à leur érosion et à des glissements de terrain lors d’épisodes pluvieux. Ainsi, les écosystèmes joueront d’autant moins leur fonction protectrice qu’ils auront été affaiblis par des événements extrêmes ou des changements graduels, qu’il s’agisse d’ailleurs de pressions liées au changement climatique ou aux activités humaines (pollution, dégradation mécanique…).
La cohésion sociétale
15Elle repose schématiquement sur les rapports sociaux entre les individus du groupe, sur le partage d’une identité culturelle et, généralement, sur une relative homogénéité entre les classes économiques3. Et elle peut contribuer à la réduction de la vulnérabilité du territoire en favorisant les mécanismes de solidarité à différentes échelles (individuelles et collectives) et dans différents domaines (alimentation, scolarisation, logement, formation…).
16La cohésion d’une société se construit sur la base d’une conscience d’appartenance à un même groupe, au sein duquel le sort des uns est plus ou moins directement lié à celui d’autres. C’est en soi un élément clé de l’édification d’une identité partagée et, à terme, de la reconnaissance d’un territoire commun. La cohésion sociétale peut prendre diverses formes selon les contextes, par exemple l’assurance dans les espaces viticoles du Bordelais (France) ou la constitution de réserves de coco séchée dans l’atoll d’Onotoa (sud des Kiribati, Pacifique Sud), et elle va jouer un double rôle. D’abord, en temps de crise, en favorisant les stratégies de réponse collectives plutôt qu’individuelles, limitant ainsi l’ampleur de la catastrophe et son impact dans le temps. Ensuite, en autorisant la mise en place de démarches anticipatives qui reposent sur l’acceptation par la population des efforts immédiats à fournir pour des bénéfices qui ne surviendront qu’ultérieurement et aléatoirement. C’est un point crucial de l’actuelle lutte contre le changement climatique, tant du point de vue de la réduction des émissions de gaz à effet de serre que de la mise en œuvre de stratégies et de mesures d’adaptation.
La diversification des activités économiques et de subsistance
17Deux caractéristiques peuvent renforcer la vulnérabilité du territoire : le fait qu’il y ait peu d’activités différentes et, lorsqu’il y en a, le fait qu’elles dépendent majoritairement d’une même ressource environnementale.
18Dans un contexte de mono-activité, l’affaiblissement du secteur dominant par une catastrophe naturelle (en premier lieu via la destruction de l’appareil de production) ne pourra être compensé, au moins pour un temps, par l’activité d’un autre secteur. Dès lors, et tant qu’une aide extérieure n’interviendra pas, le territoire se retrouvera sans ressources économiques, alors même que celles-ci sont plus que nécessaires au moment de la reconstruction. En outre, la mono-activité présente l’inconvénient de proposer un spectre d’emplois restreint, si bien qu’en cas de perturbation, c’est rapidement l’ensemble de la force de production du territoire qui est affectée. La perte des emplois et le manque de perspectives dans d’autres secteurs se répercutent sur les revenus des ménages, amputant leur capacité à se remettre d’une crise. Un effet de cercle vicieux peut alors rapidement s’instaurer.
19La diversification des activités n’est cependant pas une garantie de moindre vulnérabilité : encore faut-il que celles-ci ne reposent pas toutes sur l’exploitation d’une même ressource. Dans une telle configuration, en effet, la dégradation durable de cette ressource par un aléa revient à la situation précédente d’endommagement du système de production. Un exemple caricatural est celui d’un territoire insulaire ayant développé tourisme, agriculture familiale côtière et activité de pêche. En cas de très forte tempête, les submersions vont saliniser les sols et les houles puissantes vont détruire tout ou partie des infrastructures portuaires et touristiques. En un mot, toute l’économie, qui repose sur plusieurs activités mais sur une seule ressource (l’espace littoral), est mise durablement à mal. Un autre exemple pourrait être celui d’un territoire n’ayant investi que dans l’activité agricole et la production hydroélectrique. Quels seront alors les effets d’une sécheresse prolongée ? De tels raisonnements pourraient être menés sur la base de changements plus graduels (élévation du niveau de la mer, réduction des précipitations…), posant directement la question de savoir comment un territoire peut réduire sa vulnérabilité par la diversification de ses activités et des ressources qu’il exploite.
L’organisation politique et institutionnelle
20Manifestement, avec la montée en puissance du changement climatique, le rôle des politiques publiques ne peut plus se limiter à pallier les perturbations : elles doivent aussi, et de plus en plus, accompagner et stimuler l’évolution de modes de développement qui aillent dans le sens d’une réduction de la vulnérabilité actuelle et future.
21Sont donc ici invoqués, d’une part, les dispositions légales et réglementaires applicables à l’ensemble du territoire et, d’autre part, les instruments et organes utiles à leur mise en œuvre. Deux questions principales émergent alors. D’abord, existe-t-il à l’échelle de l’ensemble du territoire une complémentarité des compétences politiques et institutionnelles en matière de gestion et de prévention des risques naturels ? Autrement dit, tous les domaines du risque, et indirectement tous les facteurs influençant la vulnérabilité, sont-ils couverts ? La réponse conduit à la seconde question : ces compétences sont-elles coordonnées ? Se complètent-elles les unes les autres et, au-delà, sont-elles susceptibles de répondre ensemble à la globalité du risque ? Ces interrogations sont particulièrement prégnantes dans le contexte des risques graduels, car les mécanismes d’anticipation – donc de cadrage sur le long terme – requièrent cette cohérence des approches politiques et institutionnelles afin de construire des réponses structurées susceptibles d’enrayer le plus tôt possible les effets dominos inhérents à une perturbation.
Les conditions de vie de la population
22Si le niveau de développement n’est pas une fin en soi, il contribue indéniablement à créer et maintenir des marges de manœuvre. On peut considérer ici les conditions de vie de la population comme un reflet du niveau de développement. Elles sont généralement appréhendées à travers l’indice de développement humain (IDH), qui combine des indicateurs de santé et d’éducation. C’est là cependant une approche réductrice pour tenter de caractériser ce qui, dans le mode de développement de la société, tend à la rendre fragile ou résistante aux perturbations naturelles. Un panel plus large d’éléments est à considérer, parmi lesquels la démographie, l’habitat, l’éducation, l’emploi, les transports, l’énergie et la santé.
23Le taux de croissance démographique, les densités de population variables d’un lieu à un autre ou encore la configuration de la pyramide des âges ont une influence sur la vulnérabilité. Une forte croissance démographique requiert par exemple des investissements considérables en matière d’aménagement du territoire (logements, télécommunications, structures publiques…), ce qui peut paradoxalement tendre à amputer les capacités financières allouées à la gestion des perturbations en même temps qu’elle en amplifie les impacts.
24Les conditions d’habitat influent directement sur la vulnérabilité des communautés locales face au risque. Les habitations peuvent être précaires et peu résistantes à des mouvements d’eau, à des vents violents, à de fortes chaleurs ou encore à l’agression par le sel. Elles peuvent par ailleurs être plus ou moins bien adaptées à une évolution des conditions climatiques.
25La relation vulnérabilité/éducation est plus ambiguë. On peut en effet a priori penser que les niveaux d’éducation de la population tendent à préfigurer la capacité des individus à adopter des comportements et des pratiques qui réduisent la vulnérabilité. Cependant, un haut niveau d’éducation ne suppose pas fatalement une connaissance précise de tous les types de risques menaçant le territoire de vie et de tous les types de réactions à adopter.
26De la même manière, les aspects relatifs à l’emploi, qui sont à la fois quantitatifs et qualitatifs (part de population active, types d’activités, niveaux de salaires…), ont une influence. Principalement parce qu’ils se traduisent en termes de niveau de revenus des ménages. Or, ces revenus expliquent en grande partie l’accès à des logements résistants et/ou à des moyens de transport, ou encore l’implantation dans des zones moins à risques. Si cela montre qu’il existe un lien entre pauvreté et vulnérabilité, l’erreur consiste cependant à considérer ce lien comme étant systématique, en grande partie parce qu’aucun facteur de vulnérabilité n’agit indépendamment des autres.
27Les transports, publics et privés et la qualité et la diversité des réseaux de transport permettent de gérer de manière plus ou moins efficace les périodes de crise, en favorisant par exemple les logiques d’évacuation ou d’acheminement des premiers secours et d’aliments. Ainsi, les réseaux et moyens de transport peuvent accompagner une organisation spatiale adaptée aux évolutions naturelles graduelles, c’est-à-dire un (re)déploiement d’activités existantes ou nouvelles vers d’autres portions du territoire. Cela renvoie à la notion de marginalisation spatiale, donc à des questions d’accès des populations aux véhicules, à des voies de circulation praticables et aux espaces de repli et de prise en charge (hôpitaux, zones d’hébergement temporaire…).
28Le type d’énergie utilisé par les ménages constitue un facteur limitant ou aggravant de vulnérabilité en reflétant une dépendance à une source énergétique, elle-même plus ou moins sensible à des perturbations. De nombreux foyers dans le monde utilisent encore majoritairement le bois pour se chauffer ou pour cuisiner. En cas d’incendie, d’inondation ou, sur un plus long terme, de réduction des productions locales de bois, quels effets sont à attendre de difficultés dans l’approvisionnement en source d’énergie ? De la même manière, une ville privée d’électricité durant plusieurs jours peut être confrontée à de multiples problèmes. Ceux-ci sont alors à la mesure de la capacité du territoire à restaurer les réseaux électriques et les appareils de production d’énergie.
29Le volet « santé » peut aggraver ou atténuer la vulnérabilité. Schématiquement, une population en bonne santé tendra à être moins affectée et par la perturbation, et par ses conséquences indirectes (insalubrité…). De même qu’ayant moins à pallier les urgences socio-sanitaires, elle sera – au moins en théorie – plus disponible pour développer des stratégies d’adaptation de long terme et plus globales. Resurgissent ici les problèmes des marginalités et des inégalités, qui expliquent que des groupes de population sont plus menacés que d’autres. Il faut cependant là encore rester prudent, car on sait combien des populations immunes de certaines pathologies peuvent être fragiles face à de nouvelles. Or, le changement climatique est porteur d’une recrudescence de maladies dans des zones dans lesquelles elles n’existent pas ou plus.
30Ce portrait de la diversité des facteurs d’influence de la vulnérabilité appelle deux conclusions. D’une part, la vulnérabilité et la capacité d’adaptation ne dépendent pas seulement, en définitive, du niveau de développement économique. Dès lors, la vulnérabilité n’est pas l’apanage des pays en développement, comme on le croit souvent, et « tout le monde est (potentiellement) vulnérable au changement climatique ». D’autre part, « la vulnérabilité des uns n’est pas celle des autres » puisque les combinaisons de facteurs qui expliquent la vulnérabilité sont extrêmement variées, pour ne pas dire infinies. Il est de fait illusoire de penser que des solutions adoptées en un lieu donné puissent être transposées en l’état dans un autre contexte.
Notes de bas de page
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