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« Le mensonge est la puissance… »

Nietzsche et les figures du mensonge

p. 113-127


Extrait

La conception du monde que l’on rencontre au fond de ce livre est singulièrement sombre et désagréable : parmi les types de pessimisme connus jusqu’à présent, aucun ne semble avoir atteint ce degré de méchanceté. Ici est absente l’opposition entre un monde vrai et un monde apparent : il n’y a qu’un seul monde, et celui-ci est faux, cruel, contradictoire, séducteur, dépourvu de sens… Un monde ainsi constitué est le monde vrai… Nous avons besoin du mensonge pour parvenir à vaincre cette réalité, cette « vérité », c’est-à-dire pour vivre… Que le mensonge soit nécessaire pour vivre, c’est un fait qui appartient même encore à ce caractère terrible et douteux de l’existence…
La métaphysique, la morale, la religion, la science – elles ne sont considérées dans ce livre1 que comme différentes formes du mensonge : c’est avec leur aide que l’on croit à la vie. « La vie doit inspirer confiance » : la tâche ainsi définie est immense. Pour la résoudre, il faut que l’homme soit déjà par nature

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