De nouveaux savoir-faire des archivistes ?
p. 141-158
Texte intégral
1L’exercice du métier d’archiviste, dont les différentes activités sont souvent résumées par la formule des « 4 C »1, a fait l’objet de nombreux travaux de recherche, en particulier sur les tâches de collectage /versement des fonds (Hottin 2009) qui mettent parfois à profit certains cadres conceptuels de l’anthropologie réciprocitaire. Par contre, l’ethnologie a peu abordé l’activité de classement / inventaire et de communication des archives au sein des établissements qui lui sont consacrés ; pourtant, ces activités enchâssées les unes dans les autres et sur lesquelles repose une grande part de leur identité constituent un lieu puissant d’investissement professionnel des agents publics.
2Du reste, les archivistes spécialisés dans d’autres activités (la médiation ou l’action culturelle) ne les définissent souvent que par contraste avec ces dernières. Elles deviennent un enjeu central de fonctionnement quand est créé un établissement nouveau2 par son architecture, ses équipements technologiques, sa réorganisation et ses formes de management. L’ethnologie, en se préoccupant des représentations des savoirs des groupes sociaux professionnels, permet de comprendre quels sens se logent derrière ces pratiques ; en se saisissant des dimensions empiriques de l’expérience vécue du travail, on peut en effet repérer les processus réellement mis en œuvre, au-delà des règles et procédures formelles de l’institution, et qui distinguent ses différents groupes professionnels.
3En outre, en faisant appel à la mémoire professionnelle des archivistes, on situe ces pratiques dans un contexte de longue durée (Lauraire 2013). Expliciter ce que les pratiques doivent au passé est une manière d’identifier ce que l’institution des archives exige de ses agents sans qu’ils en aient nécessairement conscience, phénomène frappant dans une institution aussi codifiée que les archives départementales.
Le classement et l’inventaire : « Faut-il rentrer dans les fonds, faut-il lire ? »
4Quand ils évoquent aujourd’hui le travail de classement et d’inventaire à réaliser sur les fonds déposés ou collectés, les archivistes posent souvent la question : « Faut-il rentrer dans les fonds, faut-il lire ? » Singulier énoncé qui ne peut se comprendre qu’en référence à l’histoire du métier. On voit rapidement qu’il y a là un renvoi implicite à des pratiques spécifiques liées à un type d’archive, en particulier à l’archive ancienne : son dépoussiérage, sa restauration (au besoin), son classement, son tri et son inventaire demandent une intervention fine, puis une interprétation « pièce à pièce » qui exige de l’archiviste un effort qui va bien au-delà d’une lecture « de surface ». Dans les années 1980 en effet, la description des pratiques de classement des archives anciennes insistait sur la prise en compte de tous les documents de la liasse, pièce par pièce, avec le titre de chaque feuille, sa date, ses motifs d’existence, son objet ; cette approche analytique fait que pour certains archivistes3 aujourd’hui, « il n’y a quasiment plus besoin d’ouvrir la liasse ; l’inventaire donne toute l’information sur son contenu », information d’autant plus précieuse que la compréhension de l’archive suppose la maîtrise paléographique et la compréhension du latin ou de l’ancien français.
5Effectuer le classement de ces archives anciennes est considéré comme la valeur suprême du travail archivistique qui répond le mieux aux besoins de la recherche historique. La maîtrise de cette pratique témoigne de la « compétence scientifique » du conservateur définie par la réglementation publique : « la conservation », qui comprend la réception et le classement des fonds, débouche invariablement sur les inventaires qui doivent être publiés sous forme de répertoires numériques et sont traités comme des publications où les archivistes se reconnaissent comme auteurs, « responsables de séries », quel que soit leur grade. On qualifie d’« instruments de recherche » ces ouvrages composés d’une importante introduction historiographique suivie d’un répertoire spécialisé et d’une bibliographie. On comprend alors la portée de cette publication : distribuée à tous les dépôts d’archives départementales de France, elle permet au groupe national des archivistes d’y reconnaître son appartenance. Ce goût pour les publications comme signes de reconnaissance, que les archivistes partagent avec les universitaires, s’atténue à mesure que les instruments de recherche sont dématérialisés. Pour les nouvelles générations d’archivistes des années 2000, voir son nom figurer sur le site internet des Archives départementales au titre d’auteur de répertoires méthodiques4 n’apporte pas le même bénéfice symbolique.
Le classement, un vecteur d’identité professionnelle qui change
6Les années de travail des anciens archivistes sont souvent associées rétrospectivement au temps passé à réaliser ou à compléter le classement de leur série ou sous-série, certains fonds ayant demandé quelquefois plusieurs années de travail, même si ce fut de manière discontinue ; ce qui conduit souvent aujourd’hui, notamment vis-à-vis des archivistes proches de la retraite, à mesurer une carrière individuelle au nombre d’inventaires datés, quand bien même les archivistes ont pu développer d’autres activités. Une forme complémentaire d’évaluation du cursus personnel des archivistes s’appuie sur le nombre de « cotes » réalisées dans une série particulière. Ainsi, pour ses collègues, l’ancienne conservatrice M. pouvait-elle s’enorgueillir d’avoir terminé la série C, « travail énorme de 12 000 cotes [sic] ».
7Cette identification profonde des archivistes à des parties précises du cadre de classement explique le sentiment qu’ils éprouvent de faire partie d’un collectif incarné par ce même cadre au sein de l’établissement. Chacun se reconnaissant dans les segments de classement qu’il peut revendiquer comme il reconnaît ses collègues dans les leurs. Même si la plupart des fonds ont été classés et inventoriés par plusieurs archivistes successifs et à des périodes différentes, le partage de cette paternité n’entame pas la force de cette identification professionnelle. A contrario, la transmission du travail à un autre collègue qui poursuivra le classement de fonds liés à la même série signale la reconnaissance d’un travail solidairement accompli… à ne pas reprendre, en tout cas tant que dure la méthode de classement. Elle encourage une sorte de conformité collective à cette méthode et consacre un effort commun pour porter à la connaissance publique ce que ce travail a soustrait à l’informe et au vrac. Le maniement du cadre de classement (Grailles 2009) et son application par l’usage des séries et sous-séries organiques, associés au principe du respect des fonds, assurent donc une fonction identitaire irremplaçable pour les archivistes.
8Aux Archives départementales de l’Hérault, les conservateurs chartistes qui après (et avant) la décentralisation se sont largement occupés de ce travail de classement en incarnent les figures les plus prestigieuses, en particulier eu égard au traitement des fonds anciens qu’ils ont assuré, car ils maîtrisent la paléographie. Il est d’ailleurs fréquent qu’au décès d’un conservateur, un autre chartiste, compagnon de route ou ami, rédige sa nécrologie5 en évoquant ses travaux qui figurent comme autant de mérites individuels inscrits à son avantage, comme les publications qui en sont issues. Cette pratique du classement des archives anciennes par les conservateurs du corps des archivistes paléographes constitue donc une référence toujours présente dans l’institution, en dépit de la collecte plus rare de telles archives dans les dons et les dépôts. Aujourd’hui encore, certains conservateurs considèrent le classement comme le cœur de leur métier, même si leur charge de travail les en éloigne de plus en plus ; la priorité donnée à cette compétence technique repose, il est vrai, sur des rites de passage marquants et un apprentissage qui expliquent sa permanence dans les représentations.
9Une telle compétence suppose en effet la maîtrise d’un savoir mais aussi une véritable discipline du corps et de l’esprit pour supporter diverses formes de pénibilité : la poussière, le transport physique des documents, la température excessive des magasins, la répétitivité des tâches pour certains fonds.
10Une grande partie de ces qualités est toujours considérée comme nécessaire à la pratique technicienne mais elles concernent désormais d’autres groupes professionnels qui ont dû s’adapter aux nouvelles archives accueillies, globalement plus récentes. En effet, aujourd’hui ce travail de classement et d’inventaire est assuré par des cadres de catégories B et C de la fonction publique territoriale, une évolution qui marque de fait un « déclassement social du classement6 » :
C’est sûr qu’on ne confiait pas l’inventaire des fonds anciens à n’importe qui. Il fallait avoir fait l’École des chartes et maîtriser la paléographie. Ce n’est plus pareil aujourd’hui pour le contemporain. Pour le classement sériel c’est vrai, comme dans le fonds de justice… ça demande pas de concentration : une attention minimale qui demande de relever le nom et les dates extrêmes. Je me suis rendu compte que l’archivistique c’est plus alors une pratique qu’une science du classement : on peut apprendre sur le tas, même sans notion préalable, pour les gens de bonne volonté.
[Archiviste, archives modernes et contemporaines, cadre B.]
La passion des archives et le métier
11Cette pratique du classement contient en elle-même un risque : celui d’entraîner tout archiviste dans un intérêt excessif pour le contenu de ce qu’il traite. Elle tend même à faire resurgir, derrière l’archiviste, l’historien originel que les cursus académiques ont contribué à former. Ce qui est le cas d’une très grande partie des archivistes départementaux du Midi, qui ont souvent fait une maîtrise (ou un master) d’histoire ou d’histoire de l’art :
Quand on est archiviste, on n’est pas là pour faire de la recherche. On est souvent frustré intellectuellement par les classements, si on aime l’histoire. On n’est pas là pour étudier un fonds, on est là pour rendre le fonds accessible à d’autres. On est un médiateur face au chercheur. Vous allez organiser, classer un fonds, et vous n’allez pas pouvoir lire le tout. Et il ne faut surtout pas lire tout. Ça s’apprend, d’avoir du recul. On n’est pas là pour écrire un article ou une thèse. Il faut se brider un peu, et les études d’archiviste qui débouchent sur des masters d’archivistes professionnalisés c’est fait pour ça : apprendre à supporter la frustration !
[Chef du service des archives anciennes et communales.]
12D’une certaine manière, l’ethos archiviste d’aujourd’hui se construit sur un renoncement, un principe d’abstinence vis-à-vis de la production historiographique à laquelle pourrait les conduire leur formation universitaire, pour lui substituer une autre socialisation professionnelle. Ce qui est sans doute une rupture importante avec les archivistes paléographes du xixe siècle qui se définissaient alors comme des archivistes historiens (Mollet 1993). Cette retenue prescrite est d’autant plus consciente aujourd’hui qu’elle est incarnée et paradoxalement encouragée par des conservateurs depuis longtemps à la tête d’établissements départementaux qui ont eux-mêmes, en début de carrière, procédé au classement de documents anciens et ont trouvé alors beaucoup d’occasions et de légitimité « à aller dans les fonds ».
13Renoncer à être historien ne signifie pas renoncer au « goût de l’archive » à travers la lecture des documents7. Celui-ci est même d’autant plus valorisé qu’il permet d’éviter de sombrer dans la seule approche logistique des archives ; risque très souvent renforcé par certains organismes versants qui ne voient chez l’archiviste qu’un convoyeur de documents lors des déménagements de services (pour en récupérer les fonds). Bien sûr, certains archivistes peuvent enfreindre l’usage prescrit en présence de fonds qu’ils ont eux-mêmes étudiés pendant leurs études mais une lecture approfondie reste exceptionnelle et ne remet pas en cause le principe général de la démarche archivistique. Et si le goût, sinon le plaisir, de prendre connaissance de l’information historique transparaît à l’évidence chez la plupart des archivistes pour les archives non sérielles, il ne s’agit pas d’en faire étalage. Ce plaisir du texte est un des bénéfices secondaires attendus du classement et à l’origine des motivations professionnelles d’une grande part des agents des archives.
14Cette valorisation de l’intérêt et de la passion pour l’histoire au sein du personnel des archives départementales8 est manifeste dans l’image que les personnels d’exécution dédiés au conditionnement peuvent revêtir auprès de leurs collègues chargés du classement et de compétences intellectuelles plus abstraites ; ces derniers tentent souvent de susciter chez eux (par l’exemple ou le discours) un ressort, une motivation et un univers patrimonial qui les arrachent à leur activité logistique et hygiéniste. Chez certains archivistes, notamment chefs de service, l’image de personnels purement manutentionnaires est même quasiment impossible à concevoir ; ces derniers peuvent d’ailleurs être tentés de se conformer à la représentation qu’on attend d’eux par un discours convenu, au moins vis-à-vis de l’ethnologue.
15En fait, la plus grande partie des archivistes a tendance à considérer que « même les agents du conditionnement travaillent sur le document » et participent du « sens des archives » ; ces derniers viennent donc eux-mêmes régulièrement en salle de consultation pour répondre aux demandes de communication du public. Cette pétition de principe, devenue trait d’une culture professionnelle affirmée, explique la disparition à Montpellier de la fonction d’agent magasinier, sans doute trop identifiée à la force physique et à la spécialisation logistique qu’elle requiert par opposition aux activités d’inventaire : un choix organisationnel qui n’est pas systématique au sein des archives départementales de l’Hexagone. La plus grande partie des archivistes montpelliérains assurent aujourd’hui à tour de rôle le transport des liasses et le rangement qu’effectuait le magasinier, tâche qu’ils prolongent par la communication des documents. Cette défiance à l’égard d’un travail de pure force physique exprime sans doute le refus d’une forme d’assujettissement du corps, mais aussi le rejet d’une aliénation qui affecterait le document lui-même :
Les magasiniers faisaient un travail totalement aliénant qui déshumanise aussi la liasse qu’ils portent, car ils portaient cela comme ils porteraient des paquets de lessive. Ça enlève du sens.
[Chef de service, homme, archives anciennes et communales.]
16Cette représentation positive du classement a son revers dans l’image du conditionnement préalable, tâche souvent diluée dans les travaux de classement :
Le conditionnement9, c’est le baptême du feu, c’est un travail pas très intéressant. Faire du conditionnement c’est enlever les épingles, c’est nettoyer les dossiers déjà là établis par les producteurs d’archives, les mettre par ordre alphabétique dans les boîtes et y mettre les dates extrêmes. C’est tout, ce n’est pas du classement : il n’y a aucune opération intellectuelle, on s’ennuie dans ce type de travail, c’est du rangement, donc souvent on en traite deux en même temps et on va de l’un à l’autre.
[Archiviste, service des archives contemporaines, cadre B.]
17Cette diversité des méthodes dans le traitement du classement fait donc coexister des représentations concurrentes. De fait, elle a donné lieu jusqu’à il y a peu, notamment chez les anciens archivistes, à une hiérarchie implicite de valeurs entre les différents fonds qui a privilégié les plus anciens. Cette partition explique aussi pourquoi le traitement des fonds les plus récents – les contemporains – a longtemps été différé. C’est en particulier à ces fonds qu’on accole le terme « arriéré10 », même si récemment encore il concernait aussi des fonds d’archives modernes. C’est donc une image contrastée des fonds que le contexte du déménagement d’un établissement à l’autre permet de mieux saisir, par les priorités qu’il a fait émerger.
Le travail de masse sur les archives contemporaines
18L’institution est tentée d’occulter cette hiérarchisation des fonds en présentant comme une évidence incontestable la patrimonialisation progressive des archives contemporaines. Les chefs des services qui traitent de ces fonds contemporains sont ainsi unanimes à affirmer que ces derniers, au-delà de leur utilité administrative et juridique évidente, ont « autant de valeur que les plus anciens ». Signe de cette différence des regards sur les fonds : à l’occasion d’une récente réorganisation des archives départementales, on a veillé à ne pas affecter un service au seul traitement des fonds contemporains en lui confiant aussi les fonds modernes :
Car il devenait plus justifié que la même personne puisse s’occuper des deux types d’archives vis-à-vis du même producteur d’archives ; qu’elle ait le plaisir de classer des archives un peu anciennes : les archives modernes et aussi… les autres. Le plaisir du classement des archives modernes n’a rien à voir avec ce qu’on fait avec les fonds contemporains : là c’est du volume, de la masse. On n’a pas le temps d’analyser, c’est une autre technique.
[Directeur sectoriel, archives modernes et contemporaines, conservateur.]
19La prise en compte massive de la série contemporaine (dite « W ») opère donc un changement très sensible des pratiques professionnelles. Le travail de classement de ces fonds (qui pour leur grande majorité sont très récents) est vécu par les archivistes comme une tâche jamais terminée, avec l’arrivée continue des versements, car il s’agit d’une série ouverte. D’où la nécessité de prendre des initiatives qui marquent des étapes, rompent la linéarité du travail de classement, instaurent une manière de contrôle symbolique. On comprend mieux, de ce dernier point de vue, pourquoi les récolements annuels constituent des repères sécurisants, au-delà même des exigences de l’inventaire. Ils visent à « répondre à l’échelle non humaine de l’archive, afin de la réduire » (Both 2009).
20Cette pratique et ces questionnements11 sur la description archivistique ont connu un certain répit à partir des années 1990, avec l’arrivée de l’informatique et des applications archivistiques d’aide au classement qui limitent alors la masse des informations à saisir sous les logiciels utilisés (tel Arkhéïa, par exemple) :
Avec l’arrivée de l’informatique, les inventaires ne devaient pas dépasser vingt lignes, sinon cela ne rentrait plus dans le masque laissé sur les pages écran du logiciel. On a informatisé aussi le récolement et la salle de lecture.
[Archiviste, archives modernes et contemporaines, cadre B.]
21Les archives contemporaines, contrairement aux autres fonds, appellent une approche globale qui ne demande pas de « rentrer dans les fonds » comme peuvent l’exiger les fonds anciens disposant d’une « plus grande profondeur de classement ». Lecture de surface, cette technique requiert une forme de vigilance destinée à vérifier que les documents signalés et identifiés sur les boîtes originelles où ils ont été rangés s’y trouvent bien et qu’un répertoire succinct en donne l’organisation diplomatique. Car pour l’archiviste des fonds contemporains, la première exigence qui se fait jour est d’avoir « une vision globale du fonds et d’analyser comment il s’articule [sic] ».
22Ce qui signifie que ce dernier est supposé disposer d’une unité préalable que la gestion quotidienne du producteur de l’archive lui a donnée par un classement spontané. On comprend donc que toute découverte d’un nouveau fonds, notamment contemporain, par l’archiviste passe par cette vérification première visant à établir s’il y a eu remise en cause de l’ordre « naturel » imposé par cette gestion minimale et cumulative des documents du producteur d’archives.
23Ce traitement « global » du classement et la réalisation d’un inventaire synthétique composent un mode de travail qui devient d’autant plus nécessaire que les fonds contemporains auxquels ils s’appliquent sont devenus beaucoup plus volumineux et plus nombreux tandis que le nombre d’archivistes qui leur sont affectés reste constant (au mieux). Certains d’entre eux, habitués à des analyses plus longues et à des inventaires plus consistants – des fonds modernes par exemple –, ont de la peine à intégrer ces nouvelles méthodes, d’autant que l’approche prescrite de certains fonds plus récents en brouille les repères12 :
Il y a quand même deux approches dans les fonds contemporains : les fonds qui sont historiquement intéressants même s’ils sont de la période contemporaine, car ils font suite à des archives antérieures elles-mêmes historiques, comme les archives du cabinet du préfet de 1940 jusqu’en 1991 ; et d’autres comme celles sur les budgets et le contrôle budgétaire des collectivités, où là il y a une identification des fonds qu’on a traités à la louche, qui n’avaient pas besoin d’un niveau de détail trop précis – ce sont des inventaires électroniques publiés sous Arkhéïa et maintenant sous Mnésis, accessibles aux usagers.
[Directeur sectoriel, archives modernes et contemporaines, conservateur.]
24Ces nouvelles méthodes de travail sont progressivement intégrées par des archivistes de catégorie B, encadrés par des attachés ou conservateurs de catégorie A, une organisation qui a éloigné les conservateurs des modes opératoires du classement.
Maintenant, les conservateurs ne connaissent plus les fonds, ce sont les chercheurs en salles de lecture qui les connaissent ; les archivistes, notamment les « B », qui font cela, ont même une vision partielle de ce qu’ils ont collecté, car ils ne les ouvrent pas forcément. Ils les pré-classent car les archives contemporaines sont trop nombreuses.
[Archiviste, archives communales et anciennes, cadre B.]
Les archivistes itinérants : trier les archives contemporaines
25À côté des archivistes départementaux stricto sensu existent au sein du même établissement des archivistes itinérants qui relèvent du Centre de gestion de la fonction publique territoriale au plan administratif et hiérarchique, et des archives départementales au plan scientifique et fonctionnel. Certains centres de gestion de la fonction publique territoriale13 ont en effet depuis quelques dizaines années développé une « compétence non obligatoire » d’aide aux communes14 confrontées à des problèmes d’archives. C’est le cas dans l’Hérault. Sa mission « Archives 34 » dispose d’un personnel permanent constitué de quelques cadres A et de vacataires. La culture professionnelle de cette structure est marquée par la nécessité de trouver des marchés complétant les budgets publics de son organisme d’origine et par des valeurs professionnelles issues d’une formation spécialisée15.
Je savais que je voulais être archiviste à 17-18 ans. Je suis allée à l’essentiel en me contentant d’un Deug d’histoire à Perpignan, et je suis partie en licence et en maîtrise d’archivistique à Mulhouse le plus tôt possible. Je suis allée droit au but. Et je n’ai donc pas fait de recherche universitaire.
[Archiviste itinérante, cadre A.]
26Cette mission autonome du Centre de gestion de la fonction publique territoriale aide donc les petites communes, moyennant paiement, dans le classement, le tri, l’élimination des archives, la réalisation d’un instrument de recherche. Elle est de ce fait en concurrence avec les prestataires privés qui, depuis la loi de 2008, peuvent vendre leurs prestations aux mêmes collectivités ou à d’autres administrations. Parce qu’ils renoncent à « entrer dans les fonds », le travail de ces agents de la mission Archives 34 illustre aussi l’évolution des pratiques archivistiques.
27Le plus gros de leur activité consiste à trier16 les archives contemporaines des communes qui composent 80 % des fonds communaux, les archives plus anciennes y étant assez rares. L’élimination, qui doit être validée par le directeur des archives départementales, permet de supprimer en général 50 % des fonds détenus par les communes :
Pour nous, notre travail, c’est surtout l’élimination, et en général c’est entre 40 et 60 % du fonds. Ce qui veut dire que notre travail, c’est surtout de trier ; moi j’aime pas trop le terme d’inventaire. On l’employait trop au XIXe siècle car on ne triait pas. Mais savoir trier c’est pas simple, parce que classer tout le monde peut le faire. Trier, cela demande un savoir-faire et de l’expérience. Moi je connais des gens aux archives départementales qui n’éliminent jamais, car ils ne savent pas le faire. En fait, ça dépend de la formation : ceux qui ont fait de l’archivistique savent éliminer, ceux qui sont historiens sont souvent plus conservateurs !
[Archiviste itinérante, cadre A.]
28La maîtrise de la compétence du tri17 est un moyen d’obtenir l’« essence du fonds [sic] », écho immédiat au pouvoir de décision institutionnelle que détient le directeur des archives départementales. Mais pour ces agents itinérants, elle est aussi conditionnée par une démarche qui appelle une certaine « rentabilité [sic] » car cette mission partage avec le secteur privé nombre de ses fonctionnements :
la réactivité, l’esprit d’entreprise qui lui imposent de solliciter les communes, d’avoir la capacité de présenter un devis et surtout de respecter des échéances de travail :
Nous, on arrive aux mêmes résultats que les services des archives départementales mais on ne va pas procéder de la même manière. Car, suite à l’audit préalable auprès des communes qui nous sollicitent, on doit planifier, calculer notre temps et notre travail. Nous, nous avons des contraintes commerciales – et j’utilise ce mot volontairement. Ici, on est une petite entreprise. Moi je vis très bien cette exigence de gestion où on a un délai à respecter. Ce n’est pas toujours le cas de mes collègues des Archives départementales, et certains n’ont pas pu s’y adapter.
[Archiviste itinérante, cadre A.]
29Pour les archivistes itinérants, ces archives communales sont souvent considérées par leurs responsables politiques comme des « supports d’administration, donc de pouvoir et donc quelquefois comme des documents chauds », politiquement sensibles : leur dimension culturelle et patrimoniale est vécue par ces fonctionnaires comme presque absente des commandes reçues des petites communes. Souvent, les interventions des archivistes itinérants sont sollicitées après des élections qui conduisent les nouveaux élus à « vouloir exercer leur droit d’inventaire et leur prise de possession des dossiers18 [sic] ». Le recours au contrat qui affecte les conditions habituelles des relations des archivistes avec les communes est important ici non pas seulement parce qu’il peut accélérer le traitement des fonds mais parce qu’il subordonne les démarches des archivistes aux préoccupations administratives et politiques de l’édile local, loin de toute passion historique immédiate pour l’archive19.
30Cette sujétion contractuelle de l’archiviste vise à s’assurer de sa neutralité dans le service attendu ; on attend de lui qu’il ne s’implique pas dans le contenu des archives (notamment celles du cabinet du maire) et en respecte la confidentialité. Cette conception des pratiques professionnelles archivistiques vouées au traitement du champ politico-administratif apparaît plus évidente encore quand la commune fait appel à un prestataire privé, un choix qui traduit souvent en négatif la crainte de voir s’exprimer, derrière le service archivistique public, l’appendice d’une institution politique20.
Le management par objectifs archivistiques
31Si les archivistes itinérants doivent intégrer des contraintes de temps dans la réalisation contractuelle de leur tâche, leurs collègues des archives départementales ne sont pas non plus épargnés par les considérations managériales qui prévalent à la tête du conseil départemental. Depuis une petite dizaine d’années en effet, la tutelle départementale a progressivement généralisé les « démarches par objectif » à l’ensemble de ses services (Henry & Pierru 2012).
32Si dans la grande majorité des services, cette démarche a eu des effets sensibles sur le travail des fonctionnaires, aux Archives départementales, l’introduction de ce management spécialisé fut une vraie innovation qui est venue progressivement fixer des échéances à respecter et des objectifs quantitatifs sur des types de fonds à traiter et sur des animations à réaliser, au sein d’un milieu professionnel peu familier de cette pratique.
33Ces injonctions ont croisé le projet d’installation des archives dans un nouveau bâtiment et ont largement marqué l’organisation du transfert des fonds. Les pilotes du projet ont ainsi été conduits à privilégier d’abord les tâches de conditionnement des arriérés mais aussi à modifier la chronologie du classement, par une stratégie sélective fondée sur l’intérêt historique des fonds donnant la priorité aux archives modernes non classées21. Cette démarche a facilité l’intériorisation individuelle progressive de nouvelles normes de travail dans l’ensemble des niveaux hiérarchiques de l’organisation en consolidant leur interdépendance fonctionnelle.
L’équation d’un bon archiviste, c’est de traiter entre trente et quarante mètres linéaires par mois. Traiter, cela veut dire : traitement, inventaire, conditionnement et rangement. Pour les dossiers sériels, c’est quarante mètres ; pour des dossiers moins sériels, c’est trente mètres par mois. Et c’est avec ça qu’on fait des calculs. Et quand on fait des formations sur les archives contemporaines, c’est la mesure moyenne qu’on nous donne.
[Archiviste record manager, cadre B.]
34Le contrôle est assuré par les « managers de proximité », pour reprendre le vocable endogène, qui doivent eux-mêmes faire preuve de leur capacité à obtenir de leurs services une efficacité mesurable. En réalité, cette nouvelle gestion se heurte à de nombreuses contraintes qui relativisent son efficience. La difficulté de la prévision initiale du travail, souvent sous-estimée, comme la simultanéité des différentes tâches assumées par les agents, compromettent fréquemment son objectif final de maîtrise du rythme de travail. Mais son effet de mesure demeure auprès des divers agents de tous les niveaux hiérarchiques. La mise en place de cette démarche par objectif permet en effet d’appliquer un système d’évaluation simplifiée inspiré de celui de l’European Foundation for Quality Management22 (EFQM) qui vise à contrôler, année par année, la tenue des objectifs globaux de production du classement. Les chefs de service comme les directeurs sectoriels doivent y jouer un rôle majeur en s’assurant régulièrement auprès de leurs collaborateurs que ces objectifs sont respectés. Cette nouvelle responsabilité qui leur est assignée est sans doute aussi à l’origine de leur regret, fréquemment exprimé, d’être devenus des « managers » et « de ne plus avoir le temps » d’être archivistes. Il existe depuis une conscience partagée de l’accroissement des rythmes de travail associé au déménagement dans le nouvel établissement. Même si les valeurs du groupe professionnel des archivistes, fondées sur le courage et la ténacité, ne poussent personne à s’en plaindre.
Ça s’est fait en quatre ans et il y avait l’indicateur : « Combien de classés ? Combien dans l’année ? » On interrogeait les chefs de service chaque fois. Ils me rendaient des chiffres dans l’année, ce qui permettait de faire monter l’indicateur.
[Directeur sectoriel, archives modernes et contemporaines, conservateur.]
35Le tableau de bord qui permet de piloter les « objectifs stratégiques des archives départementales » dispose désormais de deux indicateurs qui permettent des évaluations statistiques. L’un est « l’accessibilité physique des collections des archives départementales aux publics », l’autre est le « public reçu ».
36L’univers des archivistes a rarement connu des évolutions aussi marquantes et simultanées qu’aujourd’hui, mises en évidence par le contexte du déménagement d’un établissement. La croissance progressive et massive des archives contemporaines, la montée de nouvelles pratiques de classement et d’inventaire renforcées par les contraintes techniques de logiciels informatiques spécialisés, la nouvelle organisation du management par objectif, tous ces facteurs ont transformé sensiblement les pratiques du travail mais aussi les valeurs traditionnelles du métier d’archiviste.
37L’incitation « à ne pas aller dans les fonds » adressée aux archivistes n’en est qu’un symptôme. On peut s’interroger de ce fait sur l’insistance de nombre d’archivistes départementaux à souligner la dimension patrimoniale des archives contemporaines. Une telle invocation – sans être infondée – prend ici en même temps, semble-t-il, une autre dimension : celle d’une tentative pour réenchanter un travail menacé de perdre son sens (Weller 2009) par l’effet de masse qui lui est imposé, ultime imaginaire de l’institution pour conserver l’identité du métier (Champy 2009).
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« Ethnologie des métiers de l’archive dans une organisation départementale. Pierres vives, la cité des savoirs et du sport pour tous », rapport de recherche pour le département du Pilotage de la recherche et de la Politique scientifique (direction générale des Patrimoines, ministère de la Culture et de la Communication).
MAFTEI MARTA, 1997-1998
« Le moment du tri dans la pratique archivistique française. Réflexions théoriques et applications pratiques », Archives, vol. 29, nos 3-4, pp. 3-18. Disponible en ligne : http://www.archivistes.qc.ca/revuearchives/vol29_3-4/29-3-4-maftei.pdf [lien valide en mai 2016].
MOLLET VINCENT, 1993
« Les chartistes dans les archives départementales avant le décret de 1850 », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 151, fasc. 1, pp. 123-154.
PEROTIN YVES, 1965
« Le grenier de l’histoire et les récoltes excédentaires », Gazette des archives,n° 50, pp. 131-143.
SAGNES SYLVIE, 2004
« Cultiver ses racines. Mémoire généalogique et sentiment d’autochtonie », Ethnologie française, vol. 34, « Territoires en question », pp. 31-40.
WELLER JEAN-MARC, 2009
« Les agents administratifs : travail d’arbitrage et conscience professionnelle », in Didier Demazière & Charles Gadéa (dir.), Sociologie des groupes professionnels. Acquis récents et nouveaux défis, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », pp. 321-331.
Notes de bas de page
1Collecte, classement, conservation, communication.
2Cette recherche est issue d’un travail d’enquête réalisé avant et après le déménagement des archives départementales de l’Hérault dans le nouvel établissement Pierres vives à Montpellier
3 Marie-Anne Chabin signale qu’un des exercices sélectifs des élèves chartistes est ce qu’on appelle l’analyse diplomatique. Elle consiste à résumer un acte médiéval (en latin) en cinq à dix lignes ; il s’agit de dire l’essentiel dans une rédaction claire et concise en un temps limité. En plus des connaissances historiques et de la possession de deux langues, cette épreuve mobilise l’esprit d’analyse et de synthèse (Chabin 1999).
4Permettant la fusion de fonds d’époques différentes d’un même producteur d’archives.
5 Exercice codifié par les modes de présentation de soi propres aux archivistes paléographes du corps des conservateurs du patrimoine dont on peut retrouver un équivalent au sein du corps des ingénieurs des Eaux et Forêts (Kalaora & Poupardin 1988).
6Hors du département de l’Hérault, l’externalisation du classement des fonds contemporains, confié à des entreprises privées, permet de réduire ces effets de déclassement social internes à l’organisation.
7L’intérêt porté à l’histoire est du reste toujours favorisé à l’École des chartes qui encourage ses étudiants à passer leur doctorat. Ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Cette école distingue le monde des valeurs (dont le goût pour la recherche historique) et celui du métier de « manager encadrant » (cadre A +) qu’auront à exercer ses élèves, une fois placés à la tête de leur établissement.
8On verra par contraste que les archivistes itinérants peuvent mettre en avant d’autres valeurs et privilégier les archives récentes par désir de prendre part aux politiques publiques en cours dont l’archivistique serait un vecteur actif.
9 Il y a un parallèle à faire ici avec les constats d’Anne-Marie Arborio (2001) sur le travail des aides-soignantes : elle note la rapidité avec laquelle ces dernières passent sur la tâche consistant à « faire les toilettes » alors qu’à l’observation, cette activité compose une part importante de leur temps de travail, occupant une grande partie de la matinée. En réalité, ce silence montre que les aides-soignantes sont réticentes à décrire une tâche dévalorisée qui touche aux conditions les plus dégradantes de leur travail.
10Arriéré souvent perçu comme un héritage des anciennes générations d’archivistes, que les nouveaux ont à supporter.
11Cette question est alors loin d’être nouvelle chez les archivistes. Au milieu du XIXe siècle par exemple, ce travail long et fastidieux du « pièce à pièce » qui caractérise le classement archivistique est déjà remis en question pour déboucher sur un autre type d’instrument (l’inventaire sommaire) où n’est signalé que « ce qui est important » au sens que l’on donnait à ce qualificatif à cette époque : sélectivité qui débouche de fait sur un corpus. Ce choix fut rapidement contesté, et l’on en revint dès 1909 à une conception moins documentaire, se traduisant par l’éclosion d’un inventaire synthétique, appelé « répertoire numérique » (Delmas 2009 : 58).
12De même que d’autres archives, sonores ou audiovisuelles, demandent un autre traitement, exigeant d’« entrer dans le document ».
13Le premier service d’archives itinérant en France a été créé en 1985 dans la Grande Couronne, en Île-de-France, peu de temps après la création des centres de gestion eux-mêmes, sans qu’aucune convention ne les lie à un département.
14La création de ces missions est la conséquence du principe de subsidiarité et d’un règlement national contraignant. Au titre du premier, les communes qui disposent de la compétence « archives » doivent prévoir les moyens et les budgets nécessaires à son exercice, car elles ne peuvent pas demander l’intervention directe des services départementaux d’archives qui supposerait une aide égale à 100 %. Or un règlement limite le plafond des aides possibles aux communes à 80 %, si bien que celles-ci doivent recourir aux CDG ou à des sociétés privées d’archivage, et demander des subventions plafonnées.
15C’est sans doute aussi en raison du fait qu’ils sont hébergés par les archives départementales que les agents de cette mission insistent sur ce qui les en distingue.
16Le sud de la France dispose de fonds communaux d’une richesse exceptionnelle qui l’oppose ainsi aux régions du Nord, de « droit » oral, où le tri est rarement opéré.
17Dans un article publié en 1965, « Le grenier de l’histoire et les récoltes excédentaires », Yves Pérotin introduit en France la théorie des trois âges des archives. Il place le tri au moment de la superposition de deux moments : « Celui où la cote la plus basse de la valeur administrative des documents croise la cote la plus haute de leur valeur historique » (Pérotin 1965, cité par Maftei 1997-1998).
18Dans un article publié en 1965, « Le grenier de l’histoire et les récoltes excédentaires », Yves Pérotin introduit en France la théorie des trois âges des archives. Il place le tri au moment de la superposition de deux moments : « Celui où la cote la plus basse de la valeur administrative des documents croise la cote la plus haute de leur valeur historique » (Pérotin 1965, cité par Maftei 1997-1998).
19 De la même manière, les archivistes qui font de la gestion documentaire d’archives courantes et intermédiaires privilégient souvent l’utilité administrative et juridique des témoignages au détriment de leur dimension patrimoniale.
20 En particulier quand les archivistes départementaux relèvent d’une collectivité à majorité politique contraire à celle de la commune concernée.
21Les fonds anciens étant déjà traités.
22 L’objectif de l’EFQM, fondation basée à Bruxelles, est de promouvoir un cadre méthodologique pour permettre aux entreprises d’évaluer et de « faire progresser leur niveau de qualité ». La démarche est présentée comme destinée à « diffuser en interne une culture commune de la performance ». Le représentant de l’EFQM en France est le groupe Afnor.
Auteur
IdRef : 175823022
Ethnologue de formation, Richard Lauraire travaille pour l'Office départemental d'action culturelle (ODAC) entre 1988 et 2000 en tant que chef du service Patrimoine. En parallèle à ses activités au sein de l'ODAC, Richard Lauraire mène des missions pour l'Atelier de rencontre et de recherches comparatives en ethnologie (ARCE), association créée en 1993. Après la dissolution de l'ODAC, il est chargé de mission puis adjoint au directeur dans la direction du tourisme au conseil général de l'Hérault jusqu'à son départ en retraite en 2016.
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