1 Les potières de l’île de Chowra ont l’exclusivité de la fabrication par estampage et colombin de pots qui sont échangés dans tout l’archipel des Nicobar (Reddy 1981). En Assam, des pots fabriqués au colombin, tout au long de l’année, par les femmes Hira sont échangés ou vendus dans un rayon de 80 km, ce qui peut représenter jusqu’à deux mois de voyage (Bandopadhyay 1960). Les grandes jarres montées au colombin par les potières Khat du Maharashtra sont vendues en ville (Gupta 1962). Les figurines d’argile modelées par des femmes sont destinées à la vente sur des lieux de pèlerinage du Sud-Gujarat (Shah 1985 : 11, 129).
2 Par exemple Behura (1978 : 223) ou Sinha et al. (1961 : 116) qui qualifient ces taches de « mineures » tout en énumérant : « aller chercher l’eau, ôter les corps étrangers en pétrissant l’argile, apporter le combustible pour le foyer, transporter les pots au marché hebdomadaire, etc. » !
3 Les exceptions se rencontrent principalement en Inde du Sud. D’après un tableau de répartition sexuelle des tâches (Behura 1964 : 29-30), il ressort que les femmes procéderaient au battage partout où les hommes tournent sur un tour plein à pivot, qu’elles-mêmes peuvent mettre en mouvement. Par exemple, chez les Velar du Kerala, les femmes agrandissent avec un battoir en bois et un contre-battoir en pierre des jarres qui peuvent atteindre près de I m de hauteur (Christensen 1995 : 12, 17). Le Karnataka présente un autre cas puisque les femmes des potiers Lingayat et Kannada battent avec battoir et contre-battoir les ébauches tournées par les hommes sur des tours à tournoir (Brouwer 1987 : 9). Cette exception se retrouverait aussi chez les Vellala de Madras, les Kulala Nairs et Anduri Nairs du Kerala (Saraswati et Behura 1966 : 63), mais on ne sait avec quels outils.
4 Les recherches récentes (Kapp et Hockings 1989 : 233) ont montré que l’ethnonyme Kurumba recouvrait en fait sept groupes ethniques distincts.
5 Au cours d’une visite à Sholur, le 3 septembre 1937 (Ctn 10 : 16, India Field Notebook, 9 janvier 1937-9 août 1938), puis le 21 avril 1938, puisqu’il envoie une lettre au chimiste Sam Weiner pour lui demander d’analyser deux échantillons d’argile (Ctn I : 23). Les archives (Ctn 16) contiennent, en outre, onze photographies de potières au travail, prises en juillet 1937 à Agal, septembre 1937 à Sholur, 1949 à Kolme l et 1968 à Agal.
6 Dans une proportion de 1/2, modifiable jusqu’à 1/1 selon l’état de chacune.
7 Ailleurs en Inde, l’argile est parfois pulvérisée à l’aide d’un maillet ou d’un battoir, mais l’emploi du pilon est particulier à cette région. On le trouve aussi au Cambodge où l’argile est malaxée avec le même pilon à pied qui sert à décortiquer le paddy (Biagini et Mourer 1971 : 202).
8 The United Planters’ Association of Southern India, créée en 1893.
9 Dans un cas : Eupatorium glandulosum H. B. et K., buisson très commun. Dans un autre : Acacia decurrens L. et Ricinus communis L.
10 Dans un cas : 23 pièces diverses. Dans un autre : 16 pots de cuisson. Ce qui est infime comparé aux potiers des plaines qui cuisent couramment de 200 à 1 000 pièces à la fois.
11 Alors que l’enfumage est commun en Afrique occidentale et orientale, il s’agit, à ma connaissance, d’un cas unique en Inde.
12 Je remercie Guy Musculus, professeur de céramique à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, de m’avoir fait bénéficier de sa grande compétence théorique et expérimentale en la matière.
13 Les paragraphes suivants doivent beaucoup aux explications et suggestions de Jean-François Quilici-Pacaud, ingénieur ECP et chercheur en technologie-innovation, qui chemina quelque temps auprès des ethnologues. Je l’en remercie bien sincèrement.
14 Cette catégorie de tours mériterait une étude plus attentive qui en préciserait toutes les réalisations particulières. Elle montre encore une fois qu’il n’existe pas de solution technique qui ne soit en même temps un choix social. On la rencontre en Chine où le volant peut être actionné au moyen d’une courroie ou au pied, comme il l’est aussi chez les potiers vietnamiens du Cambodge et en Birmanie (Franchet 1911 : 62-63 ; Biagini et Mourer 1971 : 219 ; D. Bernot, communication personnelle). À l’île Maurice, le tour électrique a été précédé par un tour manuel, à volant séparé de la girelle, actionné par un assistant qui exerçait une traction discontinue sur une corde fixée au vilebrequin reliant girelle et volant (Manglou 1986).
15 Burrows et Emeneau 1961 : entrée 1468.
16 Je remercie chaleureusement Alain Thote de m’avoir communiqué cette information ainsi que les photographies qui attestent bien le fait.