1Adventices : Plantes sauvages rencontrées dans les aires de culture. Généralement considérées comme des « mauvaises herbes », les adventices sont des plantes pionnières annuelles colonisant les champs, ces derniers étant écologiquement apparentés à des terrains en friche. Les adventices sont parfois spécifiques de certaines cultures.

2Agriculture : Ce terme désigne la mise en œuvre de techniques conduisant à une concentration anormalement élevée, dans une aire donnée, d’individus d’une certaine espèce. L’agriculture est traditionnellement définie comme l’ensemble des activités humaines conduisant à la croissance ou la multiplication de plantes en vue de leur utilisation. Mais l’idée d’exploitation est parfois difficile à cerner, surtout durant les phases les plus précoces de la mise en culture. Par ailleurs, l’agriculture ne se pratique pas toujours dans des parcelles bien délimitées. C’est pourquoi une définition plus neutre (comme celle proposée ici) est préférable.

3ADN, ARN : L’ARN et l’ADN sont des séquences d’acides nucléiques aux fonctions très diverses dans la physiologie cellulaire. Certains segments d’ADN (les gènes) déterminent la séquence d’acides aminés formant les diverses protéines produites par les cellules. D’autres sont étroitement impliqués dans la régulation de l’expression de ces gènes. Enfin, d’autres séquences, les plus nombreuses, ont une fonction structurale. Elles conditionnent la topologie d’ensemble de l’ADN (la chromatine*), dont dépend l’expression des gènes, le squelette protéique de la cellule, ainsi qu’une myriade d’autres processus cellulaires. Les ARNs sont des séquences d’acides nucléiques aux fonctions les plus diverses : structurale (l’ARN ribosomal), informative (l’ARN messager, la copie des gènes utilisés pour la synthèse des protéines), et transporteurs des acides aminés requis pour la synthèse des protéines (les ARNs de transfert). Au-delà de ces fonctions classiques, les ARNs ont également un rôle régulateur de l’expression des gènes, de la synthèse des protéines, et ils interfèrent même avec la structure de la chromatine* et sa topologie. Les ARNs sont également impliqués dans la circulation d’information entre cellules, et ils sont responsables d’une partie des effets transgénérationnels récemment identifiés chez les plantes comme chez les animaux.

4Autodomestication : Ce concept exprime le processus physiologique d’émergence conjointe d’une série de caractères typiquement associés à la domestication*. Il dérive de la faculté des organismes (animaux comme végétaux) à modifier de façon coordonnée certains de leurs caractères, indépendamment de toute sélection motivée par leur exploitation.

5Autofécondation : La plupart des plantes ont des fleurs hermaphrodites, mais divers obstacles bloquent l’autofécondation, c’est-à-dire la fécondation d’un ovule par le pollen de la même fleur. Ces obstacles peuvent être des barrières anatomiques, une incompatibilité du pollen à germer sur le pistil, ou encore une maturation asynchrone des parties mâles et femelles des plantes. Les obstacles à l’autofécondation disparaissent fréquemment durant la domestication* des plantes, ce qui en fait un des syndromes de domestication*.

6Autonomie (perte d’autonomie propre à la domestication*) : Les plantes domestiques sont généralement incapables de se perpétuer en milieu naturel sur plusieurs générations. Cette perte d’autonomie est une conséquence, entre autres, d’une absence de dissémination des graines, d’un faible taux de substances toxiques freinant leur consommation par les herbivores, d’une sensibilité accrue aux parasites, et de besoins plus élevés en minéraux dans le sol, consécutifs à la perte des mycorhizes*.

7Bouturage : Mode de multiplication des plantes fondé sur la mise en terre d’un fragment de la plante-mère (en général un fragment de tige), sur la base duquel se reconstitue un nouvel individu.

8Cadavérine : Composé organique (di-amino 1,5 pentane) de la famille des polyamines*, issu entre autres de la décomposition bactérienne des matières vivantes riches en protéines (muscles, chairs). La cadavérine doit son nom à son odeur nauséabonde caractéristique des cadavres en décomposition.

9Capacité invasive : C’est la faculté d’une plante à occuper l’espace dans lequel elle croît. La capacité invasive se manifeste par une ramification intense de la tige principale, permettant aux feuilles de capter un maximum d’énergie lumineuse, notamment lorsqu’elles se développent dans des terrains récemment modifiés (plantes pionnières).

10Chloroplastes : Organites présents dans les cellules des jeunes tiges, des feuilles et des jeunes fruits, responsables de la photosynthèse des plantes.

11Chromatine : Structure d’empaquetage de l’ADN propre aux cellules de tous les êtres vivants composés de cellules à noyaux (eucaryotes). La densité d’empaquetage de la chromatine reste relativement faible dans les cellules en activité, mais elle augmente considérablement au cours de la division cellulaire, phase durant laquelle la chromatine se condense temporairement en une série de chromosomes. Durant la phase « décondensée », la chromatine montre une topologie particulière en étroite relation avec l’expression des gènes.

12Composées (famille des ~) : Les Composées (ou encore Astéracées) constituent l’une des plus grandes familles de plantes, à laquelle se rattachent par exemple le tournesol, l’artichaut, la laitue tout comme l’armoise, la marguerite, le chrysanthème et l’edelweiss. Ce qui paraît être une fleur, chez les Composées, est en réalité une inflorescence (le capitule) dans laquelle les fleurs, miniaturisées et fortement modifiées, miment ensemble une fleur simple.

13Cultivar : Un cultivar est une souche particulière d’une espèce cultivée. Le terme s’applique aussi bien à une population de semences traditionnellement cultivées dans une aire géographique déterminée qu’à des variétés aux propriétés agronomiques spécifiquement recherchées (goût, taille des fruits, résistance particulière aux pathogènes ou tolérances aux conditions du milieu).

14Déhiscence : La déhiscence exprime originellement l’ouverture brusque d’une structure laissant échapper son contenu. Le terme s’applique en botanique aux gousses ou capsules d’où s’échappent les graines à maturité, tout comme aux anthères desquelles s’échappe le pollen. Par extension, la déhiscence exprime le processus de séparation d’un organe de la plante mère : pétales, fleurs, fruits ou graines, mais aussi feuilles en automne. Contrairement à une simple brisure mécanique, la déhiscence est le résultat d’un processus biologique contrôlé par la plante, impliquant la maturation d’un groupe de cellules responsables du détachement. La déhiscence est un processus crucial pour la dissémination des graines arrivées à maturité, mais ce dernier se trouve très souvent altéré chez les plantes domestiques. C’est pourquoi la non-déhiscence est un des syndromes de la domestication*.

15Dispersion (des graines) : Mécanisme crucial pour la survie et la dissémination des plantes. La dispersion évite une trop forte concentration des graines près de la plante mère, ce qui compromet leur croissance. La perte d’autonomie* des plantes domestiques provient en grande partie d’une perte de capacité de dispersion des semences.

16Domestication : La domestication est le processus conduisant à une perte d’autonomie* des plantes initialement mises en culture. Elle se caractérise par des modifications diverses concernant leur productivité, les qualités recherchées et le travail requis pour leur exploitation. Mais ces « améliorations » ne sont pas nécessairement le fruit d’une sélection intentionnelle, surtout dans les premiers stades du processus (voir autodomestication*, domestication autonome*).

17Domestication autonome : Ce terme exprime la capacité d’évolution des organismes sauvages vers des formes domestiques en l’absence de tout processus de sélection. Chez les animaux autant que chez les végétaux, l’émergence spontanée de caractères propres à la domestication* résulte souvent d’une modification de l’équilibre hormonal, lui-même consécutif à une modification du milieu par l’homme.

18Domestication conjuguée : Ce terme reflète un processus synchrone de domestication* de diverses espèces de plantes dans un foyer primaire. Au Proche-Orient, la domestication conjuguée rend compte de la domestication* parallèle de sept espèces distinctes (blé, engrain, orge, lentille, pois, pois chiche et lin) à l’aube du Néolithique.

19Domestication par imitation : Les premières expériences de domestication* révèlent la possibilité d’obtenir des plantes aux caractères agronomiques améliorés. La production de nouvelles espèces domestiques sur la base de ce savoir représente une domestication par imitation. Elle se caractérise par une intentionnalité étrangère aux toutes premières expériences dans les foyers primaires, lorsque l’existence des plantes domestiques était encore ignorée.

20Dominance apicale : La dominance apicale est la capacité du bourgeon principal (positionné au sommet d’une tige) à inhiber le développement des bourgeons latéraux situés à la base des feuilles. L'intensité de la dominance apicale détermine le port de la plante, le nombre de ramifications, et son déploiement dans l’espace. Cette dominance est en général plus élevée chez les plantes domestiques, ce qui permet de cultiver plus de plantes par unité de surface.

21Dormance : La dormance se caractérise par un ralentissement important de l’activité de la plante alors même que les conditions extérieures restent favorables à la croissance. La chute des feuilles au début de l’automne, de même que l’arrêt d’activité des oignons, tubercules*, ou encore des graines, sont des signes d’entrée en dormance. Cette dernière se lève fréquemment après une exposition prolongée au froid, l’indicateur de la venue du printemps. Mais les mécanismes de dormance des graines sont plus variés. Outre une exposition prolongée au froid souvent nécessaire à la germination, ils incluent également des substances chimiques inhibant la germination, notamment dans les téguments*, qui disparaissent avec le temps (lavage par la pluie, oxydation). Par ailleurs, la décomposition bactérienne des fruits, le passage des graines par le tube digestif d’animaux, l’attaque par certains champignons des téguments*, leur abrasion mécanique, et bien d’autres facteurs encore sont souvent requis pour lever la dormance. Ces mécanismes variés permettent d’étaler sur plusieurs années la germination des graines produites durant une saison. La dormance des graines est le plus souvent réduite chez les plantes domestiques, ce qui favorise considérablement leur mise en culture intensive.

22Épigénétique : Ce terme regroupe tous les processus de modification réversible de l’information génétique au fil du développement ou encore en réponse aux changements du milieu. Il est question de légères modifications chimiques réversibles portant sur certains acides nucléiques de l’ADN (méthylation*), ou encore sur les protéines (acétylation) attachées à l’ADN et impliquées dans la structure de la chromatine*. Ces changements affectent l’expression de certains gènes soit de façon ciblée, soit indirectement via une modification d’ensemble de la topologie de la chromatine*. La frontière entre changements épigénétiques et génétiques (mutations*) de l’ADN devient aujourd’hui de plus en plus floue. Tout d’abord, tout comme les modifications génétiques, leurs homologues épigénétiques sont partiellement transmissibles d’une génération à l’autre. Ensuite, certains changements épigénétiques sont aujourd’hui identifiés comme promoteurs de modifications génétiques (mutations*, amplifications de séquences, recombinaisons). Cela explique pourquoi ils sont étroitement impliqués dans le processus de domestication autonome*.

23Épillet : L’épillet désigne le groupement élémentaire de fleurs typique des plantes de la famille des graminées. Les épillets, lorsqu’ils sont nombreux et très rapprochés, forment ensemble un épi. Dans ce cas, il ne subsiste en général qu’une seule fleur fertile par épillet, comme c’est le cas pour l’orge sauvage (orge à deux rangs). Les deux fleurs latérales de chaque épillet sont fertiles chez l’orge cultivée, ce qui génère des épis à six rangs.

24Évolution réticulée : L’évolution est un phénomène de transformation graduelle d’une forme en une autre. Ce processus s’effectue normalement sur une aire géographique définie, au sein de laquelle les individus d’une même population se reproduisent entre eux. L’évolution réticulée s’observe lorsque la transformation implique des croisements entre populations géographiquement éloignées les unes des autres (ce que révèle le séquençage génétique). Dans le cas des plantes cultivées, ce phénomène implique un déplacement des semences sur de longues distances, alors même que ces dernières, encore sauvages, ne se distinguent pas beaucoup de leurs homologues indigènes, d’un point de vue agronomique.

25Férales (plantes ~) : Une plante férale est une plante introduite par l’homme pour des raisons agronomiques, et qui se multiplie spontanément en dehors des aires de sa culture. Ayant perdu leur autonomie*, les plantes domestiques sont rarement férales, et ne survivent que quelques générations en dehors des aires de culture. Mais les semences importées lors du processus d’évolution réticulée*, encore partiellement sauvages, peuvent très bien coloniser de nouveaux milieux et s’y naturaliser. Il en est de même des essences forestières ou d’espèces ornementales introduites dans de nouvelles régions.

26Floraison graduelle : Certaines plantes annuelles, comme les céréales, fleurissent une fois pour toutes à un moment précis de leur développement. D’autres, comme les légumineuses, ont un développement indéfini, et continuent à fleurir tant que les conditions du milieu restent favorables à la croissance de la plante. Les plantes de ces deux catégories sont si différentes qu’elles ne peuvent faire l’objet d’une stratégie identique de mise en culture et de domestication*. Et pourtant, elles se transforment conjointement dans le foyer primaire du Proche Orient.

27Galle : Les galles sont des excroissances formées par les tissus végétaux (feuilles, bourgeons, fruits, tiges, et même racines) en réaction à la présence d’un parasite. Ces protubérances deviennent souvent le milieu de développement de ces parasites, qui se nourrissent de leurs tissus ou bien des substances qu’ils sécrètent. C’est pourquoi les galles représentent elles aussi une forme d’exploitation des végétaux par détournement de leurs ressources.

28Génome : Le génome est l’ensemble du matériel génétique compris dans les cellules d’un organisme. Le génome était jadis considéré comme l’ensemble des gènes reliés entre eux par des parties non codantes, d’importance limitée. Or le génome apparaît aujourd’hui comme bien plus que l’ensemble des gènes codants pour des protéines. Les parties non codantes régulent l’expression des gènes, structurent la chromatine*, et interfèrent avec une myriade de processus dont la liste ne fait que s’allonger.

29Glume : La glume est une enveloppe protectrice de la graine des céréales qui se forme à partir de la base de l’épillet*. Sa structure épaisse, son revêtement par des cellules en crochets aux parois riches en silice, et sa terminaison effilée (la « barbe » des épis) rendent difficile l’accès à la graine, et la protègent d’une consommation par les herbivores. La terminaison effilée assure également sa dissémination, en accrochant la graine aux poils des animaux. La réduction de taille de la glume est un des caractères accompagnant la domestication* des céréales.

30Groupe primordial : Ensemble des espèces végétales sur lesquelles s’opère de façon synchrone le processus de domestication* dans les foyers primaires. Ce groupe compte officiellement sept espèces au Proche Orient (blé, engrain, orge, pois, lentille, pois chiche et lin), mais les récentes recherches invitent à y inclure d’autres espèces, comme la vesce, le seigle, ou le haricot.

31Hybridation : Le croisement entre deux individus ne se reproduisant pas normalement entre eux est une hybridation. Ce type de croisement peut concerner des individus d’une même espèce, mais issus de populations géographiquement distinctes. Il désigne également le croisement entre individus issus de sous-espèces ou même d’espèces voisines. La plasticité génétique des végétaux rend souvent viables ces hybrides interspécifiques, dont l’émergence du blé sauvage représente un exemple. L’hybridation entre variétés distinctes d’une même espèce est un des processus principaux conduisant à l’émergence de nouveaux cultivars*.

32Hypoxie : L’hypoxie est une situation de privation d’oxygène des racines consécutive à une inondation prolongée du sol. Cette situation est d’autant plus défavorable à la croissance des plantes que l’hypoxie stimule la prolifération d’un type de micro-organismes utilisant l’azote du sol comme source d’oxygène, et secrétant dans le sol, en retour, des composés toxiques pour les plantes. Les espèces vivant normalement dans ce type de sol présentent des adaptations propres à compenser ces inconvénients.

33Lignine : Polymère naturel conférant au bois sa rigidité et une partie de ses qualités mécaniques. Bien que constituant la masse la plus importante d’un arbre, la lignine n’est pas digérable par la plupart des animaux sans l’aide de bactéries ou champignons. C’est ici la source de nombreuses symbioses*, notamment avec les insectes.

34Méthylation : Voir épigénétique*.

35Mutation : Une mutation est une modification dans la séquence de nucléotides constituant l’ADN d’une cellule. Les mutations se produisent accidentellement à un taux réduit, notamment lors de la reproduction du matériel génétique. Mais le taux de mutations peut lui aussi varier en fonction des conditions du milieu. De plus, les mutations ne sont pas uniquement des accidents dus au hasard. Les modifications épigénétiques* génèrent des « points chauds » dans le génome*, régions dans lesquelles la fréquence mutation est plus élevée que la normale. Enfin, il semblerait que même le changement induit ne soit pas totalement le fruit du hasard. De tels ciblages pourraient rendre compte, du moins partiellement, du phénomène de « mutations adaptatives » ou « mutations induites » mis en évidence chez les bactéries. Enfin, chez les plantes, la séquence du génome* se modifie profondément lors du développement, notamment par le biais d’une amplification de fragments ou leur élimination, ainsi qu’une restructuration à large échelle.

36Mycorhizes : Ce terme désigne des associations symbiotiques entre racines des plantes et champignons. En échange d’un transfert de sucres depuis la racine vers le champignon, les ramifications de ce dernier augmentent considérablement la surface d’échange avec le sol. Cette extension fongique des racines permet une meilleure exploitation des ressources minérales du sol ainsi que de l’eau qu’il renferme. Les mycorhizes permettent aux plantes sauvages de croître sur des sols pauvres en nutriments, dégradés ou très secs. Leur absence chez beaucoup de plantes domestiques est à l’origine de la nécessité d’enrichir le sol des champs, d’y maintenir une humidité suffisante, et de lutter contre les plantes adventices* souvent bien plus aptes que les plantes domestiques à exploiter de pareilles conditions.

37Nucléotides : voir ADN, ARN.

38Pédicelle : C’est le nom donné à la tigelle rattachant une fleur à l’inflorescence ou encore à la tige d’une plante. Le pédicelle comprend une petite région, qui, une fois différenciée, provoque le détachement de la fleur non fécondée, ou encore du fruit une fois à maturité. Chez les graminées, le pédicelle est responsable du détachement de l’épillet*, une fois la graine arrivée à maturité. La non-déhiscence* des graines chez les plantes cultivées (notamment les graminées) résulte d’une altération dans cette petite région du pédicelle responsable de son détachement.

39Pérennante (plante ~) : Ce terme désigne une plante dont le cycle de vie s’étale sur plus d’une année, ou encore une plante renouvelant tous les ans un cycle de reproduction, et ce de façon indéfinie. L’absence de plantes pérennantes parmi les espèces de la domestication conjuguée* est une des caractéristiques importantes du foyer primaire du Proche Orient.

40Photopériode : La plupart des espèces de plantes sont sensibles au rapport entre la durée du jour et de la nuit, notamment celles vivant dans des climats tempérés. L’évolution croissante ou décroissante de ce rapport, qualifiée de photopériode, permet également à la plante de distinguer le printemps de l’automne. Cette perception détermine très souvent l’induction de la floraison, l’arrêt de croissance, la sénescence* des feuilles et l’entrée en dormance*, et ce indépendamment de la température et des conditions de croissance. La sensibilité à la photopériode diminue souvent chez les plantes domestiques, ce qui permet de les cultiver à des saisons diverses, ou encore sous des latitudes variées.

41Photosynthétique (activité ~) : L’activité photosynthétique, soit encore la capacité d’exploiter l’énergie lumineuse pour fixer le carbone de l’air et le transformer en sucre, est responsable du statut de producteur primaire des végétaux, et de leur rôle essentiel dans la vie sur terre. La capacité photosynthétique des plantes, facteur clé de la production agricole, varie considérablement en fonction des conditions du milieu (température, humidité, intensité lumineuse, nutrition minérale). Une régulation endogène module également cette activité, ce qui chez certaines espèces fait cesser la fixation de CO₂ après quelques heures seulement, alors que les conditions du milieu permettent sa prolongation.

42Polyamines : Les polyamines sont une famille de composés organiques comportant plus d’une fonction amine (NH₂). Comptant parmi les plus anciens composés organiques, elles exercent une multiplicité de fonctions biologiques, modulant la topologie de la chromatine*, l’expression des gènes, l’activité des enzymes, et même la perméabilité des membranes cellulaires. Les polyamines sont étroitement impliquées dans l’empaquetage du génome* en chromosomes, lors de la division cellulaire. Elles agissent également comme substances protectrices de la cellule contre les effets de stress chimiques, lumineux ou thermique. Elles entrent également en interaction avec les ARNs*, puisqu’elles conditionnent leur stabilité, et sont probablement impliquées dans leur circulation dans l’organisme. Cette palette d’actions en fait un des composés régulateurs du développement, de l’adaptation au stress impliqués dans les effets transgénérationnels. Parmi les polyamines les plus connues comptent la spermine* et la spermidine*, particulièrement abondantes dans le semen, mais également très présentes chez les végétaux. La putrescine* et la cadavérine*, abondamment produites lors de la décomposition bactérienne des chairs, sont également connues pour leur vaste palette d’effets biologiques.

43Propagule : Les propagules sont des fragments qui, une fois détachés de l’organisme, sont susceptibles de reconstituer un individu. Asexuée, la multiplication par propagule est fréquente chez les champignons, algues, mousses et fougères, mais plus rare chez les plantes à graines. Les propagules sont le plus souvent des structures spécialisées, et non pas de simples fragments se détachant accidentellement.

44Protocultivars : Cette appellation rend compte de la ségrégation des plantes mises en culture par rapport à leurs homologues sauvages, avant même leur transformation en plantes domestiques. La différenciation de protocultivars est une phase importante dans le processus de domestication* dans les foyers primaires. Si elle ne repose pas sur des singularités agronomiques la justifiant, cette ségrégation connaît cependant souvent des raisons d’ordre culturel.

45Putrescine : La putrescine est une polyamine* (1,4 diaminobutane) produite par dégradation bactérienne des protéines. Particulièrement abondante lors de la putréfaction des cadavres, elle est impliquée dans l’odeur nauséabonde qui s’en dégage. Elle est aussi produite couramment par les cellules vivantes, et sert entre autres de précurseur à la synthèse d’autres polyamines* d’importance biologique, comme la spermine* et la spermidine*.

46Rudérales (plantes ~) : Espèces typiquement rencontrées dans les aires modifiées par l’activité humaine. Si ce terme concerne aujourd’hui les espèces croissant sur le bord des routes, entre les pavés, ou près des décharges publiques, il s’applique avant tout aux espèces spécifiquement présentes dans des terrains anormalement riches en azote, comme le sont les zones de déjections, de dépôt des déchets alimentaires, ou encore les fosses à purin. Les plantes rudérales restent abondamment représentées longtemps après l’arrêt d’usage de ces aires, ce qui en fait un marqueur de l’habitat dans le passé.

47Sénescence : Contrairement à l’idée d’un vieillissement consécutif à un dysfonctionnement progressif de la « machine vivante », la sénescence apparaît aujourd’hui comme un processus biologique pleinement intégré au développement, et régulé par l’organisme. La sénescence est le processus permettant la maturation des cellules formant les vaisseaux dans lesquelles circule la sève. Elle est impliquée dans le détachement du pédicelle* des fleurs et des graines, ainsi que dans la maturation des fruits. Elle contrôle également la chute des feuilles en automne tout comme la fanaison des pétales de fleur après fécondation. C’est également une sénescence d’origine endogène qui provoque la mort des céréales lors de la maturation des graines, alors que les conditions du milieu permettraient une survie des plantes. De nombreuses hormones sont impliquées dans la régulation de ce processus chez les plantes. Parmi elles, les polyamines* sont connues pour leur en retarder l’expression.

48Spermidine : La spermidine est une polyamine* produite dans toutes les cellules vivantes à partir de putrescine*. Ce composé semble assurer des fonctions vitales dans l’activité cellulaire tout comme dans sa division. Il agirait également sur l’équilibre ionique, les propriétés des membranes, et l’activité de certaines enzymes. Ce composé interfère également avec l’ARN* et la chromatine*, et se voit impliqué notamment dans la différenciation des cellules, leur réponse au stress et leur vieillissement.

49Spermine : La spermine est une polyamine* normalement synthétisée par les cellules vivantes à partir de la spermidine*. Elle aurait des fonctions similaires à cette dernière, avec laquelle elle agit en synergie. Sa taille plus grande que la spermidine* en fait un composé particulièrement susceptible de moduler l’architecture de la chromatine* et son empaquetage plus ou moins dense. La spermidine* est également impliquée dans la stabilité de certaines superstructures cellulaires, et notamment les ribosomes, les sites de production des protéines de la cellule.

50Survitales (plantes) : Néologisme introduit dans cet ouvrage pour qualifier les plantes montrant spontanément un retard prononcé de sénescence*. Cette caractéristique est particulièrement observable chez les plantes au développement défini (comme le sont les céréales), pour lesquelles la maturation des graines coïncide avec la sénescence*. L’appellation « survitale » rend compte du regain de vitalité dont les individus à sénescence* retardée font preuve, du moins aux yeux de ceux qui les observaient jadis. Le phénomène s’observe tout particulièrement lorsque les céréales sauvages croissent sur les tombes de défunts fraîchement inhumés, du fait qu’une concentration abondante de polyamines* (ici provenant de la décomposition des chairs) en retarde la sénescence*.

51Symbiose : La symbiose est une association entre organismes d’espèces différentes qui est bénéfique à chacun des partenaires. La symbiose peut être facultative, ou obligatoire. Dans ce dernier cas, au moins un des deux organismes en symbiose perd son autonomie*, du fait qu’une partie de ses fonctions vitales est désormais assurée par son partenaire. L’agriculture* est parfois considérée comme forme de symbiose obligatoire, du moins pour les plantes domestiques, parce que ces dernières ont perdu toute possibilité de se perpétuer sans l’intervention humaine. Cette représentation de la domestication* comme symbiose est au fondement de certaines théories justifiant le processus de domestication* des plantes dans les foyers primaires par des critères purement biologiques.

52Syndrome de domestication : Ce terme regroupe les modifications anatomiques ou physiologiques fréquemment associées à la domestication* des plantes ou des animaux, et pouvant servir de marqueur de son occurrence. Certains de ces caractères communs, comme la perte des mycorhizes*, peuvent difficilement faire l’objet d’une sélection consciente, mais ils trouvent leur origine dans le processus d’autodomestication*.

53Tégument : En biologie, le terme de tégument s’applique aux structures protectrices. En botanique, il désigne plus particulièrement les tissus protecteurs des organes de reproduction. Le tégument est la structure enveloppant la graine, procurant une résistance à son broyage par les dents, et à sa dégradation dans le tube digestif des herbivores. Le tégument assure également une protection contre l’invasion de champignons et pathogènes, et même une protection chimique contre l’oxydation des substances de réserve. Par ailleurs, une partie de la dormance* des graines résulte de substances contenues dans le tégument qui freinent la germination, et dont la dégradation progressive lève cette inhibition. L’étanchéité des téguments à l’eau est également une des causes de la dormance* des graines, notamment chez les légumineuses. Elle perdure jusqu’à ce qu’une dégradation suffisante des téguments (fissures, abrasion, décomposition des substances conférant l’étanchéité) laisse filtrer l’eau, un processus s’étalant souvent sur plusieurs années. La réduction de l’épaisseur du tégument et la baisse de son influence sur la germination comptent parmi les modifications propres au syndrome de domestication*.

54Tubercule : Les tubercules sont des organes de réserve et de multiplication végétative de la plante, en général formés à partir d’une racine ou une tige souterraine. Leur valeur alimentaire rend leur usage fréquent bien avant l’agriculture*, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs. La multiplication des plantes à tubercules est si aisée qu’elle estompe parfois la ligne de démarcation entre cueillette et agriculture*.