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    Plan détaillé Texte intégral Quelles relations sont des relations de parenté ? L’émergence de la latéralité Donner-Recevoir Recevoir des embryons Donner des embryons Professionnels biomédicaux de la reproduction Discussion Notes de bas de page Auteurs

    Embryon, personne et parenté

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les relations de « latéralité » dans le recours aux biotechnologies de la reproduction

    Noémie Merleau-Ponty et Giulia Zanini

    p. 249-266

    Texte intégral Quelles relations sont des relations de parenté ? L’émergence de la latéralité Donner-Recevoir Recevoir des embryons Donner des embryons Professionnels biomédicaux de la reproduction Discussion Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Qui est le « père » d’Amandine ? La première enfant née en France à la suite d’une fécondation in vitro (FIV) semble en avoir au moins trois, si l’on en croit certains articles de presse : son père de filiation et deux « pères », dont les guillemets indiquent le statut particulier. Ces « pères » ou ces pères, selon les typographies choisies par les articles de journaux français, sont souvent qualifiés de « scientifiques ». C’est le biologiste Jacques Testart et le gynécologue René Frydman qui ont participé aux premiers jours de l’assistance médicale à la procréation en France1. En Angleterre, Louise Brown, née suite à une FIV, dédie son autobiographie à sa mère, Lesley Brown, son père, John Brown ainsi qu’à l’obstétricien Patrick Steptoe et au biologiste Robert Edwards, « les quatre personnes qui m’ont conçue », précise-t-elle, « et ont changé le monde » (Powell 2015). Au centre du livre, on découvre une photographie de Louise petite, souriante sur un toboggan à côté de « Bob Edwards » qu’elle considérait « comme une figure grand-paternelle ». Que signifient ces guillemets, ces italiques, et ce « comme » ? Quelle place ces professionnels biomédicaux occupent-ils dans la parenté de personnes qu’ils ont contribué à concevoir par fécondation in vitro ?

    2Ces questions apparaissent aussi à propos des donneurs de gamètes. En 2012, des journaux européens racontent que Bertold Wiesner, directeur de la clinique de fertilité Barton Clinic de Londres jusqu’à 1972, aurait utilisé son sperme pour faire naître plus de 600 enfants. Appelé à la fois père2, donneur de sperme3, « super-papa » 4, père biologique5 et « bio papa »6, il semble avoir un rôle central dans la création de ces enfants, même si sa qualification par rapport à eux n’est pas tout à fait claire selon les appellatifs utilisés. Bien que le don de gamètes habite la sphère publique européenne depuis des décennies, le rôle des personnes qui cèdent leurs gamètes vis-à-vis des enfants nés à la suite de cet acte est source de discussions au niveau public et privé.

    3Giulia Zanini et Noémie Merleau-Ponty ont respectivement réalisé des terrains d’enquête ethnographique de longue durée. Giulia Zanini a mené une enquête auprès de couples et individus résidents en Italie qui se sont rendus à l’étranger pour un don de gamètes entre 2007 et 2014 et a passé deux mois dans une clinique de fertilité en Espagne. En 2012, Noémie Merleau-Ponty a enquêté durant six mois auprès de biologistes travaillant dans un laboratoire de procréation médicalement assistée dans un hôpital public français. Grâce à la collection et l’analyse de matériaux issus d’entretiens qualitatifs et de notes de terrain, nous souhaitons proposer une réflexion sur les manières dont biologistes et parents d’enfants issus d’une fécondation in vitro ou d’un don de gamètes pensent la place et le rôle des professionnels biomédicaux et des donneurs ou donneuses dans la fabrication de liens de parenté.

    Quelles relations sont des relations de parenté ? L’émergence de la latéralité

    4Lors des parcours de procréation médicalement assistée, donneurs et donneuses, receveurs et professionnels biomédicaux peuvent participer à la conception d’embryons dans l’espoir d’obtenir une grossesse. Si nulle part un homme et une femme suffisent à faire un enfant (Godelier 2004), est-ce pour autant que tous les acteurs de la conception sont des parents ? Parce qu’elles participent à la fabrication de liens de parenté entre des parents et leurs enfants à travers la conception d’embryons, soit parce que leur substance génétique est utilisée, soit parce qu’elles réalisent les gestes procréateurs, ces personnes sont-elles de facto inscrites dans la parenté ? L’engagement de ces personnes au sein d’un même acte procréatif donne-t-il lieu à des relations entre ces acteurs ? Quel est le poids de ces relations dans le processus de production de la parenté ?

    5La littérature sur la pluriparentalité a décrit l’ouverture de la famille à des acteurs qui ne sont pas issus du schéma traditionnel nucléaire et qui interroge de nouveaux statuts. Anne Cadoret (1995) explore ainsi le placement familial et souligne comment les familles d’accueil ne sont « ni » dans la consanguinité, « ni » dans l’affinité, tout en participant activement à l’établissement des liens parentaux. À propos des beaux-parents, Martine Segalen démontre par exemple comment « les difficultés à “nommer” expriment bien l’incertitude de leur place, un peu papa, un peu ami » (2010 : 98). L’idée d’appartenance, au cœur de son livre, est l’objet d’une réflexion partagée en anthropologie de la parenté (Porqueres i Gené 1995 : 315 ; Bestard 2011 : 262). On la retrouve sous la plume de Jeanette Edwards et Marilyn Strathern qui évoquent la façon dont un enfant appartient à ses parents du fait d’un ensemble d’actions et d’acteurs qui dépassent largement la connexion génétique ou le projet éducatif, mais impliquent le parcours clinique, tout comme le soutien de la famille et des amis (Edwards et Strathern 2000). Ce déplacement de la parenté à la relation accompagne une interrogation de la nature des liens que les technologies reproductives produisent. Pour évoquer ces reconfigurations, Marilyn Strathern (1995) suggère de parler de « parenté dispersée » qui dépasse les frontières de la famille nucléaire et élargie. Strathern identifie ainsi « un ensemble de procréateurs dont la relation entre eux et avec le produit de la conception est contenue dans l’acte de la conception lui-même et non pas dans la famille en tant que telle. » (Ibid. : 352 ; notre traduction).

    6La littérature autour du don reproductif regorge d’expressions qui désignent ce type d’interrogation relationnelle sur le geste du don ou sur ce que transmet la substance biogénétique. Irène Théry (2010) suggère de parler de « don d’engendrement » pour valoriser les revendications des enfants du don à connaître leurs origines procréatives et pour souligner comment l’acte du don ne se limite pas à la cession d’une partie du corps, mais consiste à offrir aux autres la possibilité d’engendrer. Monica Konrad (2005) évoque des « relations anonymes », Tabitha Freeman (2014) des « autres reproductifs », Petra Nordqvist (2014 : 326) « un réseau inhabituel de relations », Maren Klotz (2015) des « relations imprévisibles » et Sebastian Mohr (2015) « un trouble dans la parenté » et des formes de signification « qui font référence à, mais aussi au-delà de la relation parentale ». Les donneurs de sperme danois, dans son cas, « naviguent dans un territoire inexploré, ne sachant pas vraiment comment donner du sens à des connexions qui défient les classifications existantes de la parenté » (ibid. : 481). Le concept de « relationnalité » (Carsten 2000) est ici utile du fait de sa capacité à focaliser l’attention sur l’assemblage particulier d’éléments divers – substances corporelles, information génétique, histoires d’origines communes, comportements, pratiques quotidiennes, etc. – qui produit le sentiment d’être lié.

    7S’intéresser à l’embryon comme ce « produit de la conception » permet de rendre compte de ces formes relationnelles inhabituelles à l’occasion des dons, tout en mettant aussi l’accent sur des acteurs peu représentés dans la littérature, les professionnels biomédicaux. La notion de relation consiste à étendre la définition de la parenté par-delà une compréhension filiale. À travers l’engagement de multiples acteurs dans ce qui devient une « reproduction collective », Charis Thompson a suggéré que la filiation a été « latéralisée » (Thompson 2005 : 12). Enric Porqueres i Gené (2017a) évoque quant à lui la parenté comme ce qui « dérive d’un ensemble de réprésentations décrivant la proximité corporelle entre les êtres retenus parents » (2017a : 394). Alors que la notion de filiation indique une étape juridique qui consiste à approprier un enfant à un ou des parents par une reconnaissance sociale, la parenté est un concept qui ouvre la voie à l’analyse « des liens très particuliers de propriété mutuelle » qui trouvent leurs attaches dans le corps (Porqueres i Gené, 2017b : 519) et qui ne concernent pas la parentalité, entendue comme la reconnaissance et l’exercice du rôle des parents vis-à-vis d’un enfant. Dans cette perspective, le corps apparaît comme un « corps relationnel » (Porqueres i Gené 2017b) à travers lequel des appropriations multiples sont possibles grâce à un travail continu qui élabore des critères corporels de proximité et de propriété.

    8Dans ce cadre théorique, nous interrogeons les relations qui s’établissent autour de certains acteurs qui participent à la conception d’un embryon in vitro : qu’ils fournissent des éléments de leurs corps, comme les donneurs de gamètes, ou que leurs actions techniques soient directement impliquées dans la fabrication des embryons, comme les professionnels médicaux. En particulier, nous demandons comment les liens qui dérivent de leur participation à la conception des embryons sont compris par rapport à la parenté issue du partage des substances corporelles. Nous portons notre attention sur des relations procréatives qui ne touchent pas seulement à la production de filiation mais, plus généralement, à la fabrication de parenté à travers la manipulation des substances corporelles. Nous mettons l’accent sur un moment particulier de ce phénomène durant lequel les acteurs de la conception reconnaissent l’existence de relations et interrogent précisément la nature de la relation qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Ce moment, nous le nommons « latéral » et nous soutenons qu’il produit une forme relationnelle particulière, la « latéralité ». La latéralité ne consiste pas à inclure ou exclure une personne de la parenté, mais consiste en une relation marquée par le questionnement même de son caractère parental. La latéralité n’arrive pas qu’une fois, lors de la conception de l’embryon. Au contraire, la conception de l’embryon est le nexus à partir duquel la latéralité s’anime, peut s’effacer, prendre du recul, revenir ou se perpétuer dans le temps, bien après la naissance d’un enfant. Un moment latéral consiste à négocier le statut d’une relation qui a été rendue possible par la participation des donneurs ou des professionnels biomédicaux dans la conception embryonnaire. La latéralité demande : est-ce que les relations qui sont nécessaires à fabriquer de la parenté sont de l’ordre de la parenté elle-même ? Se focaliser sur les acteurs impliqués dans la fabrication des embryons, plutôt que de prendre comme point de départ un « ego » de la parenté, fait émerger une nouvelle catégorie de parenté qui en interroge précisément les limites. Ni dans l’ascendance ni dans la collatéralité (Berry et al. 2000), ces personnes sont reliées de manière latérale.

    Donner-Recevoir

    9Entre 2007 et 2014, Giulia Zanini a rencontré une cinquantaine d’Italiens qui se qualifiaient de parents ou futurs parents d’enfants du don à travers des voyages procréatifs transfrontaliers. Elle a réalisé une observation participante dans une clinique espagnole de fertilité et une ethnographie virtuelle des forums, blogs et communautés en ligne portant sur l’AMP. Les cas présentés ici dessinent les manières dont les embryons sollicitent la réflexion et les sentiments de celles et ceux qui envisagent de devenir parents et des parents-donneurs à propos des relations de parenté qui peuvent être suscitées ou dissimulées.

    Recevoir des embryons

    10Martina (tous les prénoms utilisés dans ce texte sont des pseudonymes) habite avec son deuxième mari dans une petite maison aux alentours d’une grande ville du nord de l’Italie. En 2009, elle a 35 ans et est enceinte d’un bébé issu d’un transfert d’embryon en République tchèque. Souffrant d’endométriose, elle a réalisé de nombreux traitements, localement et à l’étranger, jusqu’au succès de son dernier traitement. On lui a transféré un embryon congelé conçu avec du sperme et des ovocytes, tous deux donnés anonymement. Avant de choisir ce parcours, Martina et son mari ont évalué différentes options procréatives et comparé notamment, selon leurs propres termes, le « double don » et « l’adoption d’embryons ». L’usage de ces deux expressions suggère que les manières dont les embryons sont conçus impliquent des modes relationnels différents. Ces termes circulent dans les forums des patients de l’AMP et sont utilisés par les professionnels au sein de certains programmes médicaux de don de gamètes (Zanini 2013). Alors que les deux expressions se réfèrent au même processus d’un point de vue technobiologique, c’est-à-dire le transfert chez une femme receveuse d’un embryon issu de gamètes de tiers, elles illustrent des modes de création d’embryons et de relations entre les acteurs impliqués différents. Un « double don » suggère que des hommes et des femmes participent séparément à l’acte du don en tant que donneurs et donneuses, en suivant des parcours distincts et dans des régimes d’anonymat réciproque. En cas d’« adoption », au contraire, les embryons donnés sont issus des traitements de couples et mis à la disposition d’autres couples. Les mots de Martina illustrent comment les deux situations soulèvent chez elle des enjeux socioculturels et moraux très différents :

    Le nôtre [embryon transféré] est issu d’un don d’embryon à partir d’embryons congelés, parce qu’ils viennent d’une donneuse qui a fait un partage d’ovocytes, donc probablement la moitié des ovocytes sont allés à un couple qui a eu des embryons frais avec le sperme du mari, quand l’autre moitié a été fertilisée avec le sperme de la banque de sperme du centre de fertilité, qui les garde et les donne pour des doubles dons. […] Quand j’ai commencé à réfléchir à ça, j’ai pensé que prendre les embryons d’un autre couple était plus… éthique, disons. Je me sentais mieux, plutôt que d’avoir une donneuse d’ovocytes […]. Mais alors ce sont d’autres soucis qui émergent comme […] on se rend compte que son enfant a des frères et sœurs dans le coin, qui sont 100 % consanguins. C’aurait été difficile pour moi, psychologiquement je veux dire, dans le sens ou… pour me sentir bien j’aurais mis mes enfants dans une position compliquée.

    11La façon dont Martina explique sa préférence pour un « double don » montre que les deux options soulèvent des questions morales et socioculturelles diverses qui dérivent de la participation dans un même parcours procréatif d’acteurs multiples dotés d’histoires spécifiques. L’« adoption d’embryons » vient après le parcours procréatif de personnes qui avaient consenti à la création d’embryons afin de devenir parents. Les embryons ne sont, dans ce cas, mis à disposition de receveurs qu’au moment où le projet parental qui était au fondement de leur création ne soutient plus leur usage. Dans le cas du « double don », des hommes et des femmes donnent leurs cellules reproductives sans les avoir jamais investies de manière parentale pour eux-mêmes. Les receveurs sont sensibles à ces différents parcours (Zanini 2013) et investissent l’usage de ces embryons de significations qui dérivent de l’histoire personnelle et procréative de ces hommes et femmes. Comme l’enfant à venir ne serait pas lié génétiquement à Martina et son mari dans aucune des deux options examinées, c’est sur la base de ces parcours différents que Martina fait son choix. D’un côté, elle juge plus acceptable d’utiliser des embryons créés lors d’un autre projet parental, plutôt qu’avoir accès à des embryons qui dérivent de l’engagement médical de donneurs et donneuses. De l’autre, en sachant qu’un couple passé par l’AMP peut avoir eu des enfants, elle a peur que ceux qu’elle considère être les « frères et sœurs de sang » de ses propres enfants existent quelque part.

    12Martina fait des conjectures à propos de l’expérience procréative de ces personnes et réfléchit en termes de collatéralité à propos des liens que leurs enfants potentiels peuvent avoir avec ses propres enfants (« frères et sœurs », « 100 % parents de sang »). L’« adoption d’embryons » apparaît comme une solution indésirable, car elle fabriquerait des liens collatéraux qui non seulement ne sont pas souhaités, mais qui sont considérés comme dangereux. L’« adoption d’embryons » produirait donc trop de parenté ou des liens de parenté trop intenses entre ses enfants et des enfants qui ne seraient pas les siens. Le double don ne semble pas produire la même intensité de parenté, car il implique une participation différente des acteurs à l’acte de création des embryons et une dispersion de l’information génétique. L’existence d’enfants qui partageraient partiellement le même ADN que ses enfants ne semble pas, au contraire, provoquer chez Martina les mêmes dommages collatéraux, pourrait-on dire. La latéralité émerge quand Martina évalue les configurations relationnelles différentes qui pourraient affleurer au cours de son parcours procréatif et compare les options en interrogeant la manière dont elles toucheraient à la construction de sa relation avec les enfants à venir et aux liens de parenté de ces mêmes enfants. Le choix d’un double don est latéral en tant qu’il est préféré à l’« adoption d’embryons » parce qu’il implique moins de parenté.

    Donner des embryons

    13Cercounbimbo est le forum des patients de l’AMP le plus fréquenté en Italie. Une section concerne les sentiments des futurs parents potentiels mis face à la possibilité de donner leurs embryons ou leurs ovocytes surnuméraires à d’autres couples. La plupart des gens qui participent à la discussion déclarent avoir donné leurs embryons surnuméraires à d’autres couples ou vouloir le faire, mais il y a des personnes qui ne se sentent pas à l’aise avec cette décision. Laura et Piera se posent en particulier la question de savoir à quelle distance (géographique et sociale) naîtraient les enfants issus de leur don et se demandent s’ils seront des « frères et sœurs » de leurs propres enfants. Voilà ce que Laura ajoute à la discussion collective :

    Nous avons pensé que notre petite blasto’7 peut rendre un autre couple heureux. L’unique condition que nous avons posée est qu’il ne soit pas donné à des couples italiens, on ne sait jamais si après les enfants se rencontrent et un amour surgit.

    14Piera lui répond immédiatement. Elle semble être d’accord, mais sa position reste ambiguë sur ce point :

    Demander, en cas de don, à choisir des couples qui ne sont pas italiens, pour une sécurité majeure [par rapport à la possibilité qu’un amour surgisse entre les enfants]. Mais bon, après, le problème des frères et sœurs quelque part… je ne me le pose pas, je ne peux pas me le poser : c’est normal que des donneurs aient des enfants… et bien ils ne sont pas les frères et sœurs de nos enfants, n’est-ce pas ? [nous soulignons]

    15Ce qui émerge des mots de Piera est une incertitude par rapport à la relation que le don de ses embryons peut créer entre les enfants du don et ses propres enfants. La possibilité imaginée d’une future rencontre et le fantôme d’un inceste suite aux relations amoureuses et sexuelles entre les enfants des donneurs et ceux des receveurs d’embryons est commune dans des contextes differents (voir, par exemple, Porqueres i Genè 2017b ; Edwards 2004 ; Mathieu 2017 ; Zanini 2013), mais la façon dont les acteurs impliqués réagissent face à ces hypothèses varie. Alors que Laura se demande s’il y a une possibilité d’inceste entre ces enfants potentiels, Piera n’est pas convaincue qu’ils doivent être considérés comme des frères et sœurs et qu’une relation amoureuse entre eux constitue un inceste. En même temps, elle préfère prendre des mesures pour éloigner la possibilité de cette rencontre, exprimant ainsi une certaine difficulté à penser ces enfants à la fois comme étant liés et non liés à ses propres enfants. La question est bien celle d’établir si et comment le corps d’un enfant issu du don peut entrer en relation avec ceux d’autres enfants conçus à l’aide d’éléments (des gamètes) provenant du même corps (donneur). Les réflexions autour du possible inceste entre enfants du don concernent celles des frontières de la parenté (voir aussi Porqueres i Gené 2017b).

    16De plus, Piera parle d’embryons qui ont été fabriqués grâce à un don d’ovocytes. Dans ce cas, de multiples acteurs distincts sont reliés à travers ce parcours de procréation : une donneuse qui a offert ses ovocytes, un couple qui les a acceptés pour créer des embryons afin de devenir parents et qui a ensuite donné certains de ces embryons à d’autres couples pour leur projet parental. C’est la complexité des trajectoires de ces gamètes et embryons qui modèle la spécificité des relations que ces différents acteurs construisent entre eux. Cette complexité donne lieu à la prolifération de liens reproductifs qui se situent aux marges des catégories de parenté connues en questionnant la capacité des acteurs impliqués à décrire la réalité vécue et pensée.

    17Les relations qui surgissent à l’occasion de ces dons ne sont pas données, mais sont plutôt à inventer, tout en les mettant en rapport avec des modes de relation et des notions connues. Le dilemme soulevé par la possibilité de donner un embryon issu d’un don rend non seulement explicite le travail d’inclusion et d’exclusion qui caractérise la fabrication de parenté par le don, mais aussi la prolifération des relations latérales possibles. Le choix de se soustraire au don d’embryons afin de limiter la dispersion de liens intenses de parenté, tout en ayant conscience du don qui est à l’origine de ces embryons, révèle comment le don de gamètes et d’embryons produit des formes de relations latérales. Elles sont à chaque fois interrogées, embrassées ou refusées selon la façon dont elles rendent la parenté, issue du parcours procréatif entier, accomplie et acceptable.

    Professionnels biomédicaux de la reproduction

    18En 2012, Noémie Merleau-Ponty a réalisé une enquête auprès des biologistes qui réalisent des FIV dans une clinique de fertilité rattachée à un hôpital public de la grande couronne parisienne. Lors d’entretiens ou d’observations participantes, elle a constaté que les personnels de laboratoire entretiennent avec les embryons un lien de travail fort durant le temps de la culture jusqu’au transfert (Roberts 2012 : 199 ; Merleau-Ponty 2017). Les biologistes peuvent dire « mes embryons », comme ils disent « mes ovocytes » ou « mes spermes », évoquant ainsi une appropriation technique de ces « matériaux » cellulaires. Cependant, ces embryons ne sont pas associés à des enfants dont les biologistes seraient les parents, même si la conscience de la préciosité de ces matériaux est toujours présente. Obtenir un embryon viable et doté d’un haut potentiel de développement et d’implantation, c’est l’objectif des laboratoires dont « l’étape ultime » est le transfert dans un utérus. Morgane est biologiste dans ce laboratoire. Lors d’un entretien, elle évoque ce moment où le cathéter contenant le ou les embryons sélectionnés est inséré par le ou la gynécologue dans l’utérus de sa patiente. La procédure est retransmise sur un écran par échographie et l’instant où le liquide contenant les embryons est propulsé dans l’utérus reste une expérience particulière pour toute personne qui y assiste.

    Quand tu vois le clinicien qui fait rentrer le cathé’, qu’il appuie et que tu vois la goutte à l’écran, je trouve que c’est une image impressionnante et qui marque vraiment : voilà, tu as rempli ta mission, tu as fait tout ce que tu pouvais et après il faut laisser la nature reprendre… reprendre son cours et patienter comme le couple va patienter.

    19En effet, les biologistes, même s’ils ne manipulent plus les embryons après le transfert, patientent « comme le couple » durant deux petites semaines en attendant les résultats du test de grossesse. Leur responsabilité professionnelle s’étire en effet jusqu’à cette date, car l’implantation embryonnaire est aussi le signe que les biologistes ont correctement cultivé et sélectionné les embryons capables de donner lieu à une grossesse. Cette relation professionnelle est particulièrement intense lorsque des patients connus de certains biologistes ou techniciens sont pris en charge par le laboratoire.

    Mais voilà, à chaque fois qu’on a pris en charge des gens que je connaissais, j’ai fait les transferts. Je sais pas si c’est une bonne chose, mais j’ai toujours eu envie et eu le besoin de le faire. Et c’est pareil pour les filles [les techniciennes] parce qu’elles ont eu toutes quelqu’un qu’elles connaissaient qui passait et en général on a cette envie-là.

    20Ce lien de travail n’est pas qualifié de lien de parenté, bien que les biologistes reconnaissent la possibilité de voir un enfant naître un jour à la suite de leur participation. Ce rôle fondamental dans la conception est par ailleurs reconnu par les patients eux-mêmes qui envoient des faire-part de naissance ou rendent visite à la clinique une fois l’enfant né. Il n’est pas rare que des anciens patients soulignent le rôle majeur de ce travail dans la naissance de l’enfant, et les biologistes répondent souvent en mettant à distance cette relation forte. Olivia, embryologiste dans le laboratoire, évoque ces épisodes lors d’un entretien :

    Mais y’a un côté, ouais, y’a peut-être une appropriation et après y’a un moment où on les redonne aux couples [les embryons]. Et encore une fois, moi je suis toujours très surprise quand les patients nous montrent leur bébé et nous disent : […] « Alors vous avez vu votre travail » et tout. Et c’est là où moi je leur dis : « Attendez, nous on a fait quelques jours au laboratoire, tout le reste c’est vous, c’est neuf mois ». C’est là où je leur rends complètement parce que je déteste l’idée qu’on fasse le lien entre le bébé, l’être humain qu’on nous présente, en nous faisant, enfin, en nous… Les couples s’imaginent que c’est nous qui avons fait le bébé et moi je trouve que c’est pas bien. Il faut bien, à chaque fois, leur redire : « Nous on a fait un embryon jusqu’à… trois jours, quatre jours, cinq jours ». Après y’a eu neuf mois dans le ventre de la femme, et puis voilà, c’est tout.

    21Un autre jour, Nathalie, une des embryologistes, était dans la salle d’attente de la clinique quand un couple entra avec un landau. Venue remercier l’équipe pour leur contribution dans la naissance du petit, la mère, tenant son bambin dans les bras, dit en désignant le laboratoire : « C’est d’ici d’où il vient. » Nathalie, avec un sourire bienveillant et une voix douce répondit immédiatement, « Non, il faut pas dire ça, c’est vous qui l’avez fait. » Voici un espace latéral où les statuts des personnes ayant participé à la procréation sont en débat. Sans l’intervention du laboratoire, cet enfant ne serait pas né, mais souligner que ce sont les patients avant tout qui sont à l’origine de la reproduction, c’est rendre explicite leur capacité procréatrice et inscrire l’enfant dans des relations de parenté claires. La participation des acteurs du laboratoire à la conception des embryons est source de questions et de négociations quand il s’agit de les relier à la naissance d’un enfant et à la reconstitution de l’histoire des premiers jours. Les biologistes et techniciennes s’approprient les cellules manipulées comme des matériaux de travail qui sont investis affectivement, sans pour autant être associés à la fabrication d’une personne. Et, quand les parents d’un enfant associent le travail du laboratoire à un récit originaire, les biologistes ressentent un inconfort et cherchent à déplacer le curseur. Ils s’inscrivent alors dans un domaine professionnel qui a certes participé à la constitution d’un enfant par la manipulation des cellules les premiers jours du développement embryonnaire, tout en remettant en cause toute relation à la parenté. Leurs actions techniques, leurs manipulations cellulaires, leur participation affective ne consistent pas en un partage corporel, qui caractérise le « corps relationnel » de la parenté (Porqueres i Gené 2017a ; 2017b), mais sont plutôt pensées comme des facilitateurs de parenté.

    Discussion

    22Les cas ethnographiques présentés montrent comment des moments de latéralité surgissent au cours des pratiques de reproduction médicalement assistée lorsque les acteurs impliqués participent à l’émergence de relations qui ne constituent pas le but ultime de ces mêmes pratiques, mais qui leur sont nécessaires et complémentaires. Dans le cas des biologistes, ces derniers se distancient d’un rôle qui les assignerait à être à l’origine de ces enfants, puisqu’ils ont participé à la conception des embryons. Et pourtant, ils se sentent responsables de la trajectoire de ces mêmes embryons au point de vouloir réaliser les transferts des patients qu’ils connaissent et d’attendre les résultats du test de grossesse « comme le couple ». Alors qu’ils déclarent entretenir avec les embryons un lien de travail, des espaces de latéralité se dessinent au moment où d’autres relations possibles sont évoquées qui font allusion à leur engagement dans la conception des enfants.

    23Alors que les biologistes naviguent dans un espace de latéralité en cherchant à combiner leur implication professionnelle et leur association à un acte qui crée un enfant, les futurs parents potentiels, qui reçoivent des embryons donnés et ceux qui décident si et comment donner leurs embryons, s’interrogent à propos des relations qui accompagnent la circulation des embryons en s’ouvrant à différents degrés de latéralité. D’un côté, accepter un embryon issu d’un « double don » correspond à préférer une abondance de latéralité à la création de liens intenses. Dominique Mehl rapporte des cas où la possibilité d’accepter des gamètes d’une donneuse connue évoque un même dilemme (Mehl 2007 : 113). D’un autre côté, le choix de ne pas céder ses embryons traduit une volonté de se soustraire à des situations latérales ambiguës. Les relations de latéralité qui surgissent au cours des parcours procréatifs décrits ne peuvent donc que représenter elles-mêmes des moments de risques, de débats, d’incertitudes, de propositions, de reculs et de questionnements continus par rapport à leur nature et aux comportements qu’elles demandent.

    24Les biologistes et les futurs parents potentiels ne sont pas les seuls à se trouver dans la position d’interroger les relations auxquelles les biotechnologies de reproduction les associent. Les travaux de Monica Konrad (2005) et Sebastian Mohr (2015) auprès de donneuses et donneurs de gamètes illustrent la façon dont un imaginaire de relations habite les expériences de ceux qui cèdent leurs gamètes de manière explicite, même dans des régimes d’anonymat du don. Konrad (2005) observe ainsi que, même parmi les donneuses qui revendiquent une extériorité et une indifférence vis-à-vis des receveurs et des enfants du don, le fantôme de la violation de l’anonymat réciproque fait resurgir l’épouvantail de relations possibles. Cela questionne alors leur négation de maternité vis-à-vis des enfants du don, tout en soulevant des difficultés à maintenir une distance socioémotive avec les personnes impliquées. Mohr (2015), de son côté, rencontre des donneurs de sperme pour lesquels il est difficile de nommer un lien avec les enfants du don alors qu’ils lui reconnaissent une signification spéciale, qu’ils ne savent pas qualifier. Les mots des donneurs vis-à-vis de ce lien sont de l’ordre de la mise en question du domaine de la parenté par la procréation. Ils reconnaissent un espace flou et changeant où des relations émergent qui ne sont pas à nier et dont les spécificités sont, au contraire, à inventer.

    25Les travaux qui portent sur la perception du don par les enfants qui en sont issus présentent une réalité analogue. Les liens mis en place tout au long des parcours de procréation émergent dans les imaginaires des enfants du don, en les plongeant dans une forme de latéralité continuellement retravaillée. Lorsque Dominique Mehl (2007 : 241) nous parle d’un enfant du don qui se fait réprimander par sa maîtresse parce qu’il ne sait pas comment remplir la case du père dans son arbre généalogique, il s’agit exactement d’un moment de latéralité, où l’existence de certaines relations est reconnue alors que leur nature pose problème en ce qu’elle questionne les statuts de la parenté.

    26La gestation pour autrui génère aussi des situations de latéralité. Les mères porteuses rencontrées par Amrita Pande (2011) en Inde utilisent parfois le terme de « sœurs » pour faire référence aux mères d’intention pour lesquelles elles fabriquent un enfant. L’usage de ce terme serait une manière de distancier la relation de travail qui peut être perçue comme problématique dans un contexte reproductif.

    27Au Gabon, Arielle Ekang Mvé (2016) relate le témoignage d’Audrey qui a choisi de donner à ses deux enfants nés par insémination artificielle le nom d’une infirmière et du médecin de la clinique de fertilité. Dans ce pays, le nom d’un enfant est généralement choisi par référence à un membre de son lignage. Audrey n’a pas souhaité « renier » ses proches, mais, dans un cadre plus large de modernisation des pratiques d’attribution du nom, elle a souhaité que ses « enfants aient un lien symbolique avec ces personnes. Et que ces noms nous rappellent la façon dont ils sont venus au monde » (Ekang Mvé 2016 : 190).

    28Nos cas ethnographiques et de nombreuses études portant sur les biotechnologies dans des localités diverses montrent comment la fragmentation du processus procréatif et la participation d’acteurs multiples donnent lieu à l’émergence de relations qui interrogent la définition du domaine de la parenté et que nous qualifions de latérales. Ce qui réunit ces cas différents est précisément la difficulté à définir ces relations. Couples infertiles, donneurs et receveurs d’embryons, biologistes, femmes qui portent un fœtus pour d’autres et enfants du don naviguent dans cet univers procréatif en faisant référence à des termes de parenté tout en soulignant leur inadéquation. Se focaliser sur l’embryon et non sur l’ego de la parenté permet de faire surgir ces statuts. Ni collatéraux ni ascendants, nous suggérons que ces personnes sont reliées dans la latéralité.

    29Barry Laurent S., Bonte Pierre, D’Onofrio Salvatore et al., 2000. « Glossaire de la parenté, L’Homme, no 154-155 : 721-732.

    30Berry Laurent (dir.), 2000. « Question de parenté », L’Homme, no 154/155.

    31Bestard Joan, 2011. « Constructivisme et biologisme dans les relations de filiation », in Pierre Bonte, Enric Porqueres i Gené et Jérôme Wilgaux (dir.), L’argument de la filiation. Aux fondements des sociétés européennes et méditerranéennes, Éditions de la Maison des sciences de l’homme : 249-264.

    32Cadoret Anne, 1995. Parenté plurielle : anthropologie du placement familial, Paris, Éditions de l’Harmattan.

    33Carsten Janet, 2000, Cultures of Relatedness. New Approaches to the Study of Kinship, Cambridge, Cambridge University Press.

    34Edwards Janette, 2004. « Incorporating incest: gamete, body and relation in assisted conception », Journal of the Royal Anthropological Institute, vol. 10, no 4 : 755-774.

    35Edwards Jeanette et Strathern Marilyn, 2000. « Including our own », in Janet Carsten (dir.), Cultures of Relatedness. New Approaches of the Study of Kinship, Cambridge, Cambridge University Press  : 149-166.

    36Ekang Mvé Arielle, 2016, « Infécondité et nouvelles techniques de reproduction au Gabon. De la sorcellerie familiale à la sorcellerie technologique », in Doris Bonnet et Véronique Duchesnes (dir.), Procréation médicale et mondialisation. Expériences africaines : 181196.

    37Freeman Tabitha, 2014. « Introduction » in Thabita Freeman, Susanna Graham, Fatemeh Ebtehaj et Martin Richards (dir.), Relatedness in Assisted Reproduction, Cambridge, Cambridge University Press : 1-20.

    38Godelier Maurice, 2004. Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard.

    39Hine Christine, 2000. Virtual ethnography, London, SAGE ­Publications.

    40Klotz Maren, 2016. « Wayward relations: novel searches of the donor-conceived for genetic kinship », Medical Anthropology, vol. 35, no 1 : 45-57.

    41Konrad Monica, 2005. Nameless Relations: Anonymity, Melanesia and Reproductive Gift Exchange between British Ova Donors and Recipients, New York, Berghahn Books.

    42Mathieu Séverine, 2017. « Donner et recevoir des embryons en France », Ethnologie Française, vol. XLVII, no 3 : 499-508.

    43Mehl Dominique, 2007. Enfants du don : procréation médicalement assistée, Paris, Robert Laffont.

    44Merleau-Ponty Noémie, 2017. « Féconder in vitro dans des laboratoires en Inde et en France  : une somatotechnique ? » Ethnologie française, vol° 3, n°167 : 509-518. DOI : 10.3917/ethn.173.0509

    45Merleau-Ponty Noémie, 2018. « Les catégories du vivant. Ethnographie des affects dans des laboratoires de biologie », in Carine Plancke et Léo Mariani (dirs.), (D)’écrire les affects : perspectives et enjeux anthropologiques, Paris, Editions Petra.

    46Mohr Sebastian, 2015. « Living kinship trouble: Danish sperm donors’ narratives of relatedness », Medical Anthropology, vol. 34, no 5 : 470-484.

    47Nordqvist Petra, 2012. « Origins and originators: lesbian couples negotiating parental identities and sperm donor conception », Culture, Health & Sexuality, vol. 14, no 3 : 297-311.

    48Merleau-Ponty Noémie, 2014. « The drive for openness in donor conception: disclosure and the trouble with real life », International Journal of Law, Policy and The Family, vol. 28 : 321-338.

    49Pande Amrita, 2011. « Transnational commercial surrogacy in India: gifts for global sisters? », Reproductive BioMedicine Online, vol. 23, no 5 : 618-625.

    50Porqueres i Gené Enric, 1995. Lourde alliance : mariage et identité chez les descendants de juifs convertis à Majorque, 1435-1750, Paris, Éditions Kimé.

    51Porqueres i Gené Enric, 2009. « Individu et personne à la lumière des nouveaux contextes de la parenté », in Enric Porqueres i Gené (dir.), Défis contemporains de la parenté, Paris, Édition de l’École des hautes études en sciences sociales : 225-250.

    52Porqueres i Gené Enric, 2017a. « Introduction. Le corps reproductif globalisé : questions de filiation et de parenté » Ethnologie Française, vol. 47, no 3 : 393-398.

    53Porqueres i Gené Enric, 2017b. « Corps relationnel, inceste et parenté aux temps de la génétique globalisée », Ethnologie Française, vol. 47, no 3 : 519-528.

    54Powell Martin, 2015. Louise Brown. My Life as the…World’s First Test-Tube Baby, Bristol, Bristol Books.

    55Roberts Elizabeth F. S., 2012. God’s Laboratory: Assisted Reproduction in the Andes, Berkeley, University of California Press.

    56Segalen Martine, 2010. À qui appartiennent les enfants ?, Paris, ­Tallandier.

    57Strathern Marilyn, 1995. « Displacing knowledge: technology and the consequences for kinship » in Faye D. Ginsburg et Rayna Rapp (dir.), Conceiving the New World Order. The Global Politics of Reproduction, Berkeley, University of California Press : 346-363.

    58Théry Irène, 2010. Des humains comme les autres : bioéthique, anonymat et genre du don, Paris, France, Édition de l’École des hautes études en sciences sociales.

    59Thompson Charis, 2001. « Strategic naturalizing: kinship in an infertility clinic », in Sarah Franklin et Susan McKinnon (dirs.), Relative values. Reconfiguring Kinship Studies, Durham, Duke University Press : 175202.

    60Thompson Charis, 2005. Making Parents: the Ontological Choreography of Reproductive Technologies, Cambridge, MIT Press.

    61Wilgaux Jérôme et Porqueres i Gené Enric (dirs.), 2013. Incidence, « Les incertitudes de l’inceste », Paris, Éditions du Félin.

    62Zanini Giulia, 2013. « Neither gametes nor children. Italian prospective parents and the variable meaning of donor embryos », Tecnoscienza, vol. 4, no 1 : 87-109.

    Notes de bas de page

    1 Une recherche sur les moteurs de recherche internet indiquant « Jacques Testart père d’Amandine » ou « René Frydman père d’Amandine » permet de trouver de très nombreux liens sur le sujet.

    2 http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/04/10/liens-du-sang-un-specialiste-britannique-de-la-fertilite-serait-le-pere-de-600-enfants/ et https://www.avvenire.it/famiglia-e-vita/pagine/londra-medico-padre-di-oltre-600-bambini

    3 http://www.courrierinternational.com/chronique/2012/04/10/un-donneur-de-sperme-600-enfants

    4 http://www.repubblica.it/persone/2012/04/09/foto/direttore_clinica_fertilit_super_pap_di_oltre_600_bambini-32988672/1/#
    http://www.corriere.it/esteri/12_aprile_09/direttore-clinica-fertilita-papa-oltre-seicento-bimbi_0938eb0a-8218-11e1-9c86-d5f7abacde61.shtml

    5 http://sociedad.elpais.com/sociedad/2012/04/09/actualidad/1333985116_719596.html

    6 https://www.welt.de/vermischtes/article106169180/Ein-Vater-und-600-Kinder-Brueder-suchen-Bio-Dad.html

    7 Blastocyste: embryon à cinq ou six jours de développement.

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    • Noémie Merleau-Ponty
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    http://www.corriere.it/esteri/12_aprile_09/direttore-clinica-fertilita-papa-oltre-seicento-bimbi_0938eb0a-8218-11e1-9c86-d5f7abacde61.shtml

    5 http://sociedad.elpais.com/sociedad/2012/04/09/actualidad/1333985116_719596.html

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    Merleau-Ponty, N., & Zanini, G. (2022). Les relations de « latéralité » dans le recours aux biotechnologies de la reproduction. In S. Mathieu & E. Porqueres i Gené (éds.), Embryon, personne et parenté (1‑). Éditions de la Maison des sciences de l’homme. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59758
    Merleau-Ponty, Noémie, et Giulia Zanini. « Les relations de “latéralité” dans le recours aux biotechnologies de la reproduction ». In Embryon, personne et parenté, édité par Séverine Mathieu et Enric Porqueres i Gené. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59758.
    Merleau-Ponty, Noémie, et Giulia Zanini. « Les relations de “latéralité” dans le recours aux biotechnologies de la reproduction ». Embryon, personne et parenté, édité par Séverine Mathieu et Enric Porqueres i Gené, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022, https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59758.

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    Mathieu, S., & Porqueres i Gené, E. (éds.). (2022). Embryon, personne et parenté (1‑). Éditions de la Maison des sciences de l’homme. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59648
    Mathieu, Séverine, et Enric Porqueres i Gené, éd. Embryon, personne et parenté. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59648.
    Mathieu, Séverine, et Enric Porqueres i Gené, éditeurs. Embryon, personne et parenté. Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022, https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.59648.
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