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Résumé

p. 351-352


Texte intégral

1Organisé à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication, le symposium « Lascaux et la conservation en milieu souterrain » constitue un engagement fort de l’État en faveur de la protection de ce bien classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979. Cette manifestation entend exposer en toute clarté et soumettre à l’expertise de la communauté internationale les recherches et travaux conduits à Lascaux depuis la crise climatique de 2001. Elle veut également confronter les résultats de ces recherches avec ceux obtenus dans d’autres pays sur des sites ou monuments analogues et avec les solutions qui en ont découlé. Pour cela, une large place est laissée aux débats retranscrits in extenso à la suite des exposés. De cette confrontation pourront sortir des règles pour la gestion et la conservation des sites ornés, que ce soit au niveau des techniques curatives comme des règles d’éthique.

2Première partie
Conservation et recherche à Lascaux

3Découverte en septembre 1940, la grotte de Lascaux est protégée au titre des monuments historiques la même année. Elle est toutefois ouverte au public en 1948 après des aménagements importants qui déstabilisent durablement son équilibre bioclimatique. De graves désordres environnementaux (« maladie blanche » et « maladie verte ») conduisent à sa fermeture au public en 1963. Après un retour à une apparente normalisation entre 1976 et 2001, une nouvelle crise démarre (« moisissures banches »), qui prélude à la crise de 2007 (« taches noires »). À chaque étape de l’histoire de la grotte, l’État a regroupé les compétences scientifiques nécessaires pour prendre les mesures optimales à sa conservation (chapitre 1). À la suite de la crise de 2001, le Comité scientifique de la grotte de Lascaux est ainsi mis en place sous la direction de Marc Gauthier. Ses missions sont au nombre de trois : réaliser un diagnostic complet de l’état sanitaire de la grotte, proposer des solutions aux anomalies observées et veiller au maintien à long terme d’un état sanitaire satisfaisant. Le comité a coordonné les études scientifiques nécessaires à la connaissance du fonctionnement de la cavité et créé les outils indispensables à son suivi sanitaire. L’ensemble de ses travaux et de ses actions conduisent aujourd’hui à la « sanctuarisation » de la colline de Lascaux, élément central du plan global de conservation adopté en 2004 (chapitre 2).

4À l’issue des exposés, le débat avec les experts et l’ensemble des participants revient sur les machines de régulation climatique successivement installées dans la grotte entre 1947 et 2001, ainsi que sur le fonctionnement du comité scientifique (chapitre 3).

5Deuxième partie
L’environnement géologique et climatique : un rôle déterminant

6La grotte de Lascaux est d’une grande fragilité en raison de sa situation en faible profondeur, de ses dimensions réduites et d’un taux élevé de CO2. Les recherches conduites depuis 2003 sur le fonctionnement du système épikarstique dans lequel s’insère la cavité sont donc capitales pour comprendre les évolutions du climat de la grotte (chapitre 4). Les éboulements ayant constitué le scellement originel de la cavité, le rôle de la nappe phréatique temporaire, les aménagements réalisés pour permettre l’accès du public, les machines successives de régulation climatique sont autant d’éléments permettant de comprendre l’évolution du climat intérieur et les désordres apparus en 1963 comme en 2001 (chapitre 5). Plus récemment le « simulateur Lascaux » a permis de modéliser le fonctionnement du climat de la grotte. Véritable outil de conservation préventive, il permet de mesurer l’impact de plusieurs paramètres – naturels et anthropiques – sur la modification du climat interne, et de tester les différentes possibilités de modification du système d’assistance climatique, l’impact de la présence humaine ainsi que la faisabilité de certains aménagements (chapitre 6). Présentant des caractéristiques analogues – faible profondeur et système karstique, altération des œuvres pariétales, importante fréquentation jusqu’à sa fermeture en 1977 –, la grotte d’Altamira fait l’objet depuis 1993 d’études relevant de la climatologie, de l’hydrogéologie et de la microbiologie. La fermeture complète de la cavité et la préservation de sa zone d’implantation ont constitué la base du système de protection mis en place (chapitre 7).

7À l’issue des exposés, le débat aborde la notion d’équilibre climatique et la représentativité des données du simulateur, ainsi que le rôle du remplacement de la machine de régulation climatique dans l’apparition et le développement des désordres (chapitre 8).

8Troisième partie
Microorganismes en milieu souterrain

9L’approche microbiologique constitue le deuxième grand aspect de la question de la conservation à Lascaux. Elle se développe sur le long terme, sous la forme d’une recherche de fond visant à comprendre l’écologie microbienne de la cavité, et sur le court terme, à travers la mise au point de traitements combinant efficacité et innocuité, indispensables en temps de crise. Le Laboratoire de recherche des Monuments historiques a été chargé de l’identification des souches responsables des contaminations en 2001 (Fusarium solani, Glyomastix et Pseudomonas fluorescens) et 2007 (Ulocladium, Scolecobasidium et Verticillium) ainsi que de la recherche des traitements appropriés qui ont été mis en œuvre en lien avec le comité scientifique (chapitre 9). Lors de la contamination de 2001, il n’existait aucun référentiel des microorganismes autochtones de la grotte de Lascaux. L’identification des microorganismes sur des critères morphologiques et moléculaires était donc indispensable. Celle-ci révèle une grande diversité de genres et d’espèces. Plus récemment, l’évolution de la structure des communautés microbiennes a été corrélée à une étude du microclimat (chapitre 10). L’exemple des tumuli de Takamatsuzuka et Kitora, au Japon, montre un traitement particulier d’un problème de contamination analogue à ceux rencontrés à Lascaux. Après une identification des causes du désordre – taux élevé d’humidité, hausse de la température, perturbations liées à des travaux –, un essai de traitement in situ a été tenté. Devant la persistance des problèmes, la solution du démontage/remontage des monuments dans un lieu pouvant être contrôlé a été adoptée (chapitre 11).

10À l’issue des exposés, le débat développe une approche critique des techniques utilisées pour identifier les organismes et de la représentativité des identifications réalisées. Le rôle de la diversité biologique est interrogé, en lien avec les effets possibles des traitements sur son augmentation et avec la question de l’origine anthropique des microorganismes aujourd’hui présents dans la grotte, et notamment de ceux à l’origine des désordres de 2001 et de 2007 (chapitre 12).

11Quatrième partie
Conservation et mise en valeur des grottes ornées : un enjeu du patrimoine mondial

12La question est abordée à partir de l’exemple des grottes du Nord de l’Espagne. Celles-ci sont soumises à des risques d’origine naturelle ou anthropique, comme la concurrence pour l’occupation des sols ou l’aménagement touristique. Des mesures de protection combinées avec des études pour comprendre le fonctionnement des cavités sont donc nécessaires. Elles structurent un plan de gestion communautaire en vue d’une conservation optimale faisant intervenir l’ensemble des acteurs concernés (chapitre 13). À partir de l’exemple espagnol, le débat pose la question du lien entre la conservation des grottes et leur mise en valeur auprès du public. Une meilleure collaboration entre l’État et les collectivités et propriétaires privés exploitant les sites serait grandement souhaitable. Concernant plus particulièrement Lascaux, les experts considèrent que, malgré une situation sanitaire difficile, la grotte n’est pas en état de péril au sens où les critères de l’Unesco le définissent. La situation est cependant complexe, une grotte ornée constituant à la fois un monument et un élément du milieu naturel. Études et travaux consacrés à sa conservation nécessitent une complète interdisciplinarité. Sur cette base, le ministère renouvelle ses engagements à court et long termes et affirme qu’il assumera devant la communauté internationale la responsabilité qu’exige la protection de la grotte de Lascaux dans un esprit de totale transparence.

13Bilan, perspectives et conclusions

14En clôture du symposium, le président synthétise les résultats acquis et formule des recommandations pour l’avenir. Il rappelle que Lascaux constitue une priorité majeure pour l’État. La « sanctuarisation » de la colline de Lascaux, comme la mise en place d’un nouveau conseil scientifique, conçu comme une instance indépendante internationale et interdisciplinaire, en sont des preuves tangibles. Exposés et débats ont concouru à préciser les atteintes réelles subies par la grotte ; cette dernière n’est cependant pas, comme cela a pu être annoncé, « en danger de mort ». Pour autant, la situation est complexe et délicate : la grotte de Lascaux constitue un milieu vulnérable dont l’état nécessite parfois des prises de décision dans l’urgence. Plusieurs pistes complémentaires des recherches conduites jusqu’à aujourd’hui ont pu être esquissées. Toutes ne seront toutefois utiles qu’à travers une amélioration des systèmes de collaboration entre spécialistes et de gestion des innombrables données recueillies. La condition majeure de survie de Lascaux, comme des autres sites ornés, demeure la limitation de l’impact des activités humaines sur les sites et sur leur environnement.

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