Chapitre 1 – Les grandes étapes de la conservation de la grotte de Lascaux
p. 51-71
Texte intégral
1Le but de cette première communication du symposium consacré à la conservation de la grotte de Lascaux et du milieu souterrain est multiple. Il s’agit de retracer l’historique des principaux aménagements entrepris dès 1947 en tentant de préciser leur impact sur l’équilibre naturel du site, de présenter des opérations signifiantes qui n’ont pas pu faire l’objet d’une communication spécifique dans le symposium et enfin de réunir en un continuum l’ensemble des démarches entreprises dans le cadre de la crise qui affecte la cavité depuis 2000.
2La première partie de l’exposé sera consacrée à l’historique des aménagements et des travaux réalisés jusqu’à la période de stabilité qui suivit la première crise bioclimatique. On s’attachera à y définir les raisons et, dans la mesure du possible, les conceptions qui ont présidé à des choix déterminants. La seconde partie traitera, à un niveau plus général, de la crise actuelle et abordera les actions entreprises sous l’égide du Comité scientifique de la grotte de Lascaux en prélude à leurs présentations spécifiques et détaillées faites par les équipes responsables1.
1.1 Lascaux, site archéologique
3En guise de préambule, il importe de préciser comment la grotte de Lascaux devint un site préhistorique de référence internationale dès sa découverte, le 12 septembre 1940, par Jacques Marsal, Georges Agniel, Simon Coëncas et Marcel Ravidat, et à quel titre elle demeure aussi emblématique au sein du patrimoine mondial.
4Cette cavité fermée depuis des millénaires qui s’ouvrait soudainement au monde dans les temps troublés de l’année 1940 fût livrée à la connaissance entourée d’une gerbe d’augures favorables qui ont largement influencé la représentation globale que l’on peut encore en conserver. Vierge de toute exploration préalable, elle renfermait à l’évidence, en surface de ses dépôts, des vestiges archéologiques assez inhabituels en importance et en nombre. Elle apparaissait, en outre, entièrement peinte et gravée d’œuvres dans un état exceptionnel de conservation, en particulier les peintures polychromes et monumentales qui ornent les premiers espaces, Salle des Taureaux et Diverticule axial, dont je ne peux pas faire l’économie d’une rapide évocation2 (Aujoulat 2004 ; Windels 1948 ; Bataille 1955).
5La surprise et l’enthousiasme du milieu scientifique furent spontanés. À l’écho éditorial très large qui accompagna cet événement, en rupture avec le ton maussade des informations véhiculées en France et en Europe par la presse écrite d’alors, succéda une immédiate fréquentation par le public local. L’entrée fut aménagée grâce à de sommaires terrassements, abritée par des branchages, et les visiteurs se retrouvèrent canalisés entre de légères barrières de châtaignier (fig. 5)…

Fig. 5 – Témoignage du succès populaire des premières visites de Lascaux : des visiteurs de tous âges se pressent à l’entrée de la grotte, abritée par des branchages. Ils se retrouvaient canalisés entre de légères barrières de châtaignier.
© M. Larivière, archives privées de la famille Laval.
6L’autorité scientifique de Henri Breuil, au faîte de sa notoriété, accompagna cette reconnaissance et son authentification des œuvres pariétales (fig. 6). Il fut l’auteur exclusif des premières descriptions inspirées, transmises à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 11 octobre 1940. Son avis, relayé par celui des scientifiques locaux, déclencha un très rapide classement au titre des monuments historiques en décembre de la même année. Il pesa aussi bien sur la réalisation des premières études et publications (Breuil 1941 ; Windels 1948 ; Breuil 1952), différées et disjointes, les premiers aménagements, que sur la décision d’ouverture au public.

Fig. 6 – Une visite historique en 1940, à la lampe à acétylène. Au centre, le bras tendu, le comte Begouën et l’abbé Breuil. Assis, Jacques Marsal et Marcel Ravidat. Des travaux sont en cours pour abaisser et régulariser le sol de la cavité afin de faciliter le cheminement.
© M. Larivière, archives privées de la famille Laval.
7On peut, en effet, considérer rétrospectivement que l’avis de Henri Breuil influença profondément les propriétaires et l’administration des Beaux-Arts en faveur d’une ouverture au public et qu’il contribua à poser les prémisses d’aménagements futurs et contraignants indissociables de l’opération. Dans ce contexte, les autres recommandations qui, entre 1940 et 1947, à la veille du début officiel des travaux préalables à l’ouverture au public, suggérèrent une attitude plus réservée en faveur d’une conservation préventive et de la mise en réserve d’un site aussi exceptionnel mais fragile, ne purent pas être prises en considération (Lantier 1947 ; Geneste et al. 2003 ; Geneste 2007 ; 2008 ; Sire 2008). Pour situer Lascaux dans le temps, la datation des œuvres est soumise, pour paraphraser une expression de Breuil, à une chronologie « à roulettes » qui a évolué, selon les périodes et les auteurs, entre le Gravettien et le Magdalénien. On s’accorde aujourd’hui à retenir, à la suite de Norbert Aujoulat et de la récente datation par le radiocarbone de 18600 ± 190 BP d’une sagaie en bois de cervidé provenant du niveau archéologique considéré comme contemporain de la réalisation des œuvres, que l’art préhistorique de Lascaux date de la fin du Solutréen et du tout début du Magdalénien (Aujoulat et al. 1998 ; Aujoulat 2004 ; 2008).
8Reprenons le cours de l’histoire pour aborder la période des premiers aménagements de la cavité et du site qui débutent en 1947 et qui sont destinés à une ouverture au public en juillet 1948. Ces travaux répondent au choix délibéré des propriétaires de privilégier l’ouverture au public pour diffuser la notion d’art préhistorique, et le dispositif est sous le contrôle de l’architecte en chef des Monuments historiques, Yves-Marie Froidevaux (Froidevaux 1955 ; Sarradet 1979).
9Dans un premier temps, d’importants terrassements sont effectués dans la zone du porche (fig. 7) pour faciliter l’accès des visiteurs et y permettre notamment leur cheminement et leur stationnement. Ils auront pour conséquence immédiate et irréversible la suppression de dépôts qui, en colmatant l’entrée de la grotte, régulaient son équilibre naturel depuis des millénaires. Ainsi, ces dépôts étaient parcourus saisonnièrement par des eaux d’infiltration qui s’écoulaient jusque dans la Salle des Taureaux et dans le Diverticule de Droite. Les autres aménagements concernent l’intérieur de la grotte (fig. 8) et consistent en des stabilisations du sol, en l’aménagement de tranchées de circulation, de murets et structures de soutènement, et le creusement de gaines et de vasques en ciment pour l’installation d’éclairages fixes aux abords des panneaux ornés (Leroi-Gourhan, Allain 1979 ; Sarradet 1979 ; Delluc, Delluc 2003). Ces changements vont définitivement modifier l’équilibre naturel du site.

Fig. 7 – D’importants terrassements sont effectués dans la zone du porche afin de réaliser une grande porte d’entrée et un espace pour faciliter l’accès des visiteurs. Les dépôts qui, en colmatant l’entrée de la grotte, régulaient son équilibre naturel, ont été largement déblayés.
À gauche, Léon Laval, correspondant des Antiquités préhistoriques du Centre et correspondant de la commission des Monuments historiques – section des monuments préhistoriques de 1941 à 1949.
© M. Larivière, archives privées de la famille Laval.

Fig. 8 – Travaux d’aménagement dans la Salle des Taureaux pour adapter la cavité aux visites, avant l’ouverture au public le 14 juillet 1948.
© M. Larivière, archives privées de la famille Laval.
1.2 La déstabilisation de l’équilibre environnemental naturel
10Après l’ouverture au public et son succès croissant entre 1947 e 1960, la cavité sera l’objet d’installations de plus en plus volumineuses qui vont avoir des conséquences diverses sur l’environnement et, partant, sur l’équilibre climatique et biologique de la grotte et la conservation des œuvres. À titre indicatif, Lascaux accueille 30 000 visiteurs en 1955 et finalement 100 000 en 1960, ce qui implique des pics journaliers de 1 800 visiteurs, soit plus de 70 personnes par heure en moyenne. Dès 1949, des moisissures et des enduits noirâtres sont signalés sur des parois, et deux sas d’accès doivent être aménagés en 1950 dans l’entrée, en haut de l’escalier.
11Au cours de la saison touristique de 1955, un taux anormal de gaz carbonique, une condensation intermittente d’eau sur les parois et une température élevée deviennent, lors des périodes d’affluence, inquiétants pour la conservation des œuvres pariétales et occasionnent une certaine gêne lors de la visite (Froidevaux 1955 ; Sarradet 1979).
12En 1958, devant la persistance de ces phénomènes, une puissante machinerie de régénération de l’atmosphère est installée dans la cavité à la demande de l’administration des Monuments historiques (fig. 9). Placée sous l’escalier d’accès à la place du cône d’éboulis, elle intègre dans son principe une aspiration d’air extérieur, un filtrage, une décarbonatation à l’eau sodée, une humidification de l’air à l’eau et une régulation thermique à 14 °C par refroidissement. L’air vicié est extrait et un air régénéré est réintroduit par des conduites souterraines qui parcourent la totalité des galeries visitées, sans atteindre toutefois le Cabinet des Félins, ni le Puits. Les travaux occasionnés pour installer ces derniers équipements sont réalisés dans une relative précipitation entre décembre 1957 et avril 1958. Le volume de sédiments évacués est estimé à 440 m3, soit environ 1 200 t, qui s’ajoutent aux dépôts du porche excavés lors de la phase initiale d’aménagement. Ils détruisent l’essentiel des niveaux archéologiques paléolithiques encore en place dans la grotte et ne font l’objet d’aucune étude organisée. L’abbé André Glory, désigné par Breuil, en assure la surveillance entre 1953 et 1962, sans qu’aucun moyen d’intervention matériel ou humain ne soit mis à sa disposition. Il parvient par sa perspicacité et ses abondantes observations de terrain à sauver une masse inestimable d’informations. L’essentiel de la documentation relative aux sols archéologiques disponible aujourd’hui est le résultat des années de travail et de vigilance, la plupart du temps nocturnes (le jour la cavité est ouverte au public) de ce chercheur atypique, qui ont été publiées dans le cadre de judicieuses entreprises éditoriales (Leroi-Gourhan, Allain 1979 ; Delluc, Delluc 2003 ; 2008). Rétrospectivement, il est encore surprenant que les voix autorisées du milieu scientifique ne se soient pas prononcées en faveur d’une obligation plus exigeante de sauvetage des vestiges archéologiques de Lascaux.

FIG. 9 – Plan et vue de la machine installée dans la grotte de Lascaux en 1957-1958.
© Ministère de la Culture et de la Communication, Médiathèque du patrimoine. Distr. RMN / Image RMN.
1.3 Le premier déséquilibre environnemental de 1962-1963
13En 1960, une discrète présence de taches vertes est notée par le conservateur de Lascaux, Max Sarradet. Elles sont localisées près des peintures du Diverticule axial. Le suivi scientifique de la propagation algale (« maladie verte ») montre que les zones atteintes s’étendent en quantité et en densité dans la Salle des Taureaux et le Diverticule axial pendant l’hiver 1962‑1963.
14Une commission d’études scientifiques et de sauvegarde de la grotte de Lascaux est nommée par le ministre des Affaires culturelles André Malraux en mars 1963 et la grotte est fermée au public le 20 avril de la même année. Constituée d’une vingtaine de spécialistes, dont le préhistorien André Leroi-Gourhan, elle a opéré jusqu’au milieu des années 1970 (fig. 10). Les premières analyses mettent en évidence des champignons, de nombreuses espèces d’algues, des fougères, des mousses et des bactéries (Sarradet 1979). Plusieurs ensembles de mesures seront alors mis en œuvre : en premier lieu, des décisions thérapeutiques immédiates qui s’imposaient devant la prolifération algale ininterrompue malgré la suppression complète des visites impliquées. On eut alors recours à des traitements curatifs : la pulvérisation de solutions antibiotiques et l’emploi de solutions formolées à différentes concentrations sur les sols et les parois –y compris les parois ornées. Associés à des mesures complémentaires telles que la diminution de l’éclairage et du temps de séjour dans la grotte et l’utilisation d’un pédiluve d’eau formolée dans le sas d’entrée, ces traitements vinrent à bout, en deux ans, de la prolifération microbiologique. La formation de concrétions calcaires (« maladie blanche ») qui entraînait un autre type d’altération des parois et des œuvres sous forme d’un très léger voile de calcite opaque est ensuite mise en évidence. Une étude globale du climat de la cavité et du fonctionnement hydrogéologique du massif calcaire dans lequel elle est enchâssée, est aussitôt entreprise et poursuivie pendant plusieurs années. C’est sur les bases de ces études que débute la chronique régulière de mesures climatiques demeurée ininterrompue jusqu’à l’heure actuelle. Un deuxième train de mesures fut destiné à une action de restauration au long terme des conditions climatiques déstabilisées. Un dispositif d’assistance climatique temporaire (fig. 11) est alors conçu sous les auspices de la commission scientifique afin de réduire et de contrôler la variation des paramètres climatiques de la cavité. Son principe, mis au point par le physicien P.-M. Guyon, est simple et particulièrement efficace : exploiter et entretenir, lorsque le besoin saisonnier en est ressenti, une convection de l’air qui existe naturellement dans la grotte. Ce processus correspond au retour vers l’entrée de la grotte, le long de la voûte, de l’air qui s’est réchauffé dans les galeries et à la circulation inverse par le bas de l’air plus froid. Entre 1963 et 1976, la commission d’études et de sauvegarde de la grotte de Lascaux (fig. 12) met en application un certain nombre de mesures qui vont progressivement constituer les premiers principes de conservation préventive des sites et des œuvres en milieu souterrain (Brunet et al. 1997). Au rang de ces derniers figurent :
– l’enregistrement régulier des températures de l’air et de la roche, du débit de la nappe phréatique captée au porche d’entrée, de la pression partielle de vapeur d’eau de l’air, de la teneur en gaz carbonique, en différentes parties du réseau ; ce dernier est soumis à des opérations régulières de pompage dans les puits d’accès au réseau inférieur afin de maintenir dans la grotte un taux voisin de 1 % ; les principaux paramètres climatiques extérieurs
– température, humidité, pression atmosphérique, pluviométrie– sont aussi mesurés ;
– la surveillance quotidienne, le contrôle visuel de l’état d’ensemble des parois ornées et de l’absence de condensation, et les mesures climatiques, assurés par un personnel technicien permanent sur place ;
– un contrôle microbiologique régulier de l’atmosphère et le traitement chimique préventif des sols avec une solution formolée ;
– la première étude hydrogéologique du massif ;
– un système d’assistance climatique temporaire de l’atmosphère, mis en application par le physicien P.‑M. Guyon entre 1965 et 1967, qui est calculé en fonction d’un flux de visiteurs exceptionnels (la grotte étant fermée au public) strictement adapté à la capacité de rééquilibrage de la cavité à ce moment de son histoire ;
– la limitation au strict minimum de la fréquentation du site en dehors de la surveillance régulière, soit cinq personnes par jour cinq jours par semaine. Ce principe restera toujours en vigueur par la suite en dehors de l’urgence des périodes de crise.

Fig. 10 – Une réunion de la commission scientifique à Lascaux, le 23 mars 1968.
© P. Vidal.

Fig. 11 – Appareillage de la salle des machines : a circuits primaire et secondaire du dispositif de régulation thermique, 1992 ; b détail de l’échangeur thermique entre les circuits primaire et secondaire, 1999.
Cliché a : © P. Vidal ; cliché b : © J.-M. Geneste.

Fig. 12 – Jean Vouvé, Claude Bassier, Max Sarradet et Jacques Marsal au cours d’une séance de travail dans la Salle des Taureaux
© C. Bassier.
1.4 Entre 1976 et 2001 : une apparente normalisation bioclimatique
15Deux rappels brefs :
1979 • inscription de la grotte et d’autres cavités de la vallée de la Vézère sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco ;
1983 • ouverture au public du fac-similé de la Salle des Taureaux et du Diverticule axial, baptisé Lascaux II et situé sur la colline de Lascaux, à environ 300 m de la grotte originale.
À l’issue de la mise en application des premières dispositions énoncées précédemment et dès 1964-1966 est enregistrée une stabilisation de l’état biologique et physicochimique des parois ornées. La première commission va diminuer progressivement son activité, qui cessera tout à fait en 1976. Par la suite, la gestion scientifique et administrative du site se poursuit dans le respect des principes de conservation préventive établis.
À partir de 1992, la nomination d’un conservateur du Patrimoine dédié à ce seul monument va s’accompagner de l’établissement d’un bilan sanitaire du site, consigné en 1995 dans le document Lascaux : état des lieux (Geneste 1995).
Devant l’état de détérioration très inquiétant des équipements installés lors de la première crise et dont les matériaux n’étaient pas destinés à un aussi long usage, la modernisation progressive des installations est programmée par la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d’Aquitaine en 1996 et mise en œuvre par étapes jusqu’en 2000.
1.5 Le programme de rénovation des installations entrepris en 1996
16Un des premiers objectifs du programme de modernisation est la rénovation du dispositif d’assistance climatique conçu par P.‑M. Guyon et réalisé entre 1965 et 1967. À la suite d’un processus de validation interdisciplinaire de cet équipement ayant associé à la Drac d’Aquitaine plusieurs spécialistes et archéologues, la nature des besoins actuels ainsi qu’un protocole de réalisation des travaux assurant la sécurité du site et des œuvres sont déterminés. Les débats longs et complexes concluent, devant le manque d’éléments en faveur d’un fonctionnement sans assistance climatique temporaire, au maintien d’un dispositif similaire. Pour être très précis, car ce sujet a été l’objet de débats dans différents organes de presse écrite, voici quels sont les principes de cet équipement d’assistance climatique temporaire :
– condenser l’humidité de l’air, s’il est trop humide, sur une batterie statique (assèchement par très léger refroidissement) ;
– entretenir la convection naturelle de l’air dans la cavité en maintenant, selon le besoin, un point froid artificiel en remplacement du point froid naturel de l’éboulis d’entrée aujourd’hui disparu.
17La mise en fonction manuelle et contrôlée de cette installation bénéficie de l’expérience (savoir comprendre et savoir-faire) du personnel résidant sur place. Son régime d’activité est saisonnier, guidé par les courbes de température et d’humidité relative, et le contrôle régulier de témoins de condensation.
18Le remplacement par un dispositif fonctionnant à l’identique de l’ancien, assurant un rendement meilleur, par sécurité, mais réalisé avec des matériaux adaptés à l’atmosphère de la cavité (inoxydables et non organiques), est donc adopté. La nouvelle installation est conçue sur les conseils d’un cabinet d’étude et confiée à l’architecte en chef, Philippe Oudin. Le cahier des charges prévoit sa réalisation dans des conditions sanitaires strictes et contrôlées ; elle est organisée en plusieurs phases, afin d’assurer le maintien d’un dispositif d’assistance climatique en état de marche. Afin de permettre les interventions sans introduire aucun déséquilibre climatique ou biologique dans la zone ornée, celle-ci a été au préalable isolée du champ des travaux par une paroi étanche temporaire. En outre, compte tenu de l’importance pour le contrôle climatique des informations fournies par la chronique de mesures climatiques de l’atmosphère de la cavité établie depuis près de quarante ans, celles-ci avaient été automatisées dès 1996. Enfin, la période choisie pour l’intervention, entre décembre 2000 et avril 2001, correspond à des mois pendant lesquels la machinerie ne fonctionne habituellement pas.
19À l’issue de la phase la plus lourde de travaux préparatoires qui ont concerné la salle des machines, temporairement isolée de la partie ornée par une cloison étanche, le nouvel équipement, composé de deux centrales de traitement d’air carrossées, en acier inoxydable (fig. 13), est mis en fonction au cours du premier trimestre 2001, immédiatement après la fin des travaux.

Fig. 13 – Le Passage, dans une zone du chenal de voûte dépourvue de manifestations peintes ou gravées : prélèvement pour étude microbiologique de colonisations sombres de champignons à production de mélanine. Le calcaire présente localement de petites fissures remplies d’argile.
© Ministère de la Culture et de la Communication, CNP.
20La première remarque qui s’impose aussitôt est qu’au plan pratique, tout en étant efficace, le nouveau dispositif est plus imposant. En outre, les batteries froides, de statiques sont devenues dynamiques, puisque l’air est dirigé en convection forcée à vitesse contrôlée très lente. Enfin, il s’avère avoir un fonctionnement moins modulable. Malgré ces différences dans la conception modernisée du dispositif original et dans sa conduite, je tiens à préciser que le fonctionnement de l’installation d’assistance climatique, sur les bases établies en 1965 (soutenir pendant certains mois de l’année, à l’entrée de la grotte, le rôle d’un point froid naturel qui, en exploitant les convections naturelles de la grotte, régule l’air trop humide) avec le système préconisé par P.‑M. Guyon, n’a jamais été interrompu et que le dispositif est toujours opérationnel.
1.6 Le début de la crise de 2001
21À partir d’ici, mon exposé des faits est plus synthétique afin de laisser la parole aux différents intervenants directement concernés. Plusieurs semaines après la fin de ces travaux, une contamination fongique se développe à la fois sur les sols et le soubassement des murs dans le sas 2, à l’entrée de la zone ornée et dans la salle des machines sur les équipements nouvellement installés. Une rapide recherche de causalité met en évidence une source de contamination dans les matériaux isolants de la tuyauterie et sur la carrosserie de la nouvelle machine. Ce constat nous conduit aussitôt à supprimer l’isolation thermique d’une grande partie des éléments et à démonter les caissons des centrales de traitement d’air, modifiant alors l’efficacité initiale de la nouvelle machine. La dernière crise environnementale est donc apparue au début de l’été 2001, à la suite d’une période de restructuration des installations obsolètes de la salle des machines. Elle s’est manifestée en deux temps que nous pouvons isoler rétrospectivement (Bastian et al. 2007 ; Orial, Mertz 2006).
22La première phase est surtout marquée par une brutale prolifération de champignons (Fusarium solani, Glyomastix) et de bactéries (Pseudomonas fluorescens) qui se sont avérés particulièrement résistants aux agents thérapeutiques à base d’ammonium quaternaire habituellement utilisés dans de telles situations. Cette prolifération soudaine (fig. 14) correspond certainement à des causes multiples et conjointes : confinement de la grotte pendant plusieurs mois pour procéder à la restauration d’équipements vétustes, introduction par inadvertance de matériaux organiques allochtones, résistance progressivement acquise des microorganismes aux produits biocides utilisés pendant des décennies (fongicides, formol, etc.).

Fig. 14– Détail des premières moisissures blanchâtres apparues en 2001 sur certains sols et plans inclinés de la grotte.
© B. Desplat / ministère de la Culture et de la Communication, Drac d’Aquitaine.
23La deuxième phase débute à la fin de l’année 2006 et se caractérise par un phénomène de « taches noires » (fig. 15) qui correspond à une colonisation par des champignons à mélanine : Ulocladium, Scolecobasidium et Verticillium. La colonisation sombre se concentre sur les voûtes du Passage et de l’Abside, où subsistent des traces d’ouvres peintes et gravées, de peintures, mais aussi un champ gravé très riche, ainsi que sur la voûte de la Nef. Elle atteint, en juillet 2007, le champ orné de manière ponctuelle, notamment les cornes de la Vache noire de la Nef (fig. 16), les bois du Cerf à l’entrée de l’Abside ainsi que des gravures du Passage.

Fig. 15 – Le Passage, dans une zone du chenal de voûte dépourvue de manifestations peintes ou gravées : prélèvement pour étude microbiologique de colonisations sombres de champignons à production de mélanine. Le calcaire présente localement de petites fissures remplies d’argile.
© Ministère de la Culture et de la Communication, CNP.

Fig. 16 – Détail de la Vache noire de la Nef en mars 2008. Des colonisations microbiologiques sombres sont visibles au niveau des cornes.
© Ministère de la Culture et de la Communication, CNP.
1.7 Le suivi climatique de la cavité et les traitements mis en œuvre
24L’instrumentation en place depuis de nombreuses années dans la cavité autorise les mesures en continu des températures de la roche et de l’air, de la teneur en gaz carbonique et de la pression partielle de vapeur d’eau de l’air. Ces données climatiques sont enregistrées et contrôlées en permanence dans le cadre d’un dispositif associant étroitement le personnel de la grotte de Lascaux et le laboratoire Ghymac de l’université Bordeaux 1, sous la responsabilité de Philippe Malaurent (cf. chapitre 5). C’est sur la base de ces données climatiques qu’est réglé le dispositif actuel de régulation climatique (Lastennet et al 1999 ; Brunet, Malaurent 2006 ; Malaurent et al. 2006).
25Au cours de cette crise, une diversité de traitements a été coordonnée et mise en œuvre selon la nature des atteintes et celle des supports concernés (les parois de Lascaux présentent des variations lithologiques et des états de surface différents).
26Depuis le début de la crise en 2001, une équipe de restaurateurs, spécialisés en conservation de peintures murales, assure le suivi de la cavité et intervient selon des fréquences adaptées aux besoins (fig. 17). Elle a pour mission de repérer, sur tous types de supports (parois, sols…), les développements formant des colonies visibles de microorganismes et d’assurer, lorsque c’est possible sans risque, leur élimination3. Plusieurs types de traitements ont été appliqués sous l’autorité du Laboratoire de recherche des Monuments historiques (LRMH) (Orial, Mertz 2006) ; ils seront détaillés ultérieurement au cours de l’intervention du LRMH (cf. chapitre 9) mais en voici brièvement les principes :
27– éradication manuelle ou instrumentée (notamment à l’aide d’un injecteur-extracteur dont l’utilisation est dévolue aux surfaces artificielles et à certains sols constitués de remblais) ;
– traitement par épandage de chaux sur les sols et les installations ;
– traitement chimique par application de solutions sur compresses et par tamponnement dans les zones basses et les parois non ornées ; pulvérisation de produits biocides dans les zones ornées3.
– Plusieurs équipes des restaurateurs sont successivement intervenues à Lascaux : en 2001 sous la coordination de Isabelle Dangas ; de septembre 2001 à décembre 2003, l’équipe était sous la responsabilité de Rosalie Godin ; l’équipe qui intervient depuis janvier 2004 se compose d’Alina Moskalik‑Detalle, Diane Henry‑Lormelle, Françoise Morin, Tristan Maheo et Julien Assoun. Cette prolifération soudaine de microorganismes à Lascaux en 2001, à la suite d’une période de travaux dans la salle des machines, correspond certainement à des causes multiples et conjointes dont les principales sont les suivantes :
– un milieu naturel trop « artificialisé » depuis les aménagements initiaux ;
– les traitements chimiques antérieurs depuis la « maladie verte » (fongicides, formol) qui auraient provoqué une modification du biotope avec une sélection de souches et une association d’espèces résistantes ;
– le déséquilibre climatique propre aux travaux dans la salle des machines avec le confinement momentané de la partie ornée de la grotte pendant plusieurs mois qui fut consécutive à l’implantation d’une paroi artificielle en matériaux de synthèse destinée à protéger la zone ornée de la zone des travaux ;
– la durée des aménagements programmés, qui a été un peu plus longue que prévue de quelques semaines ;
– l’introduction de matériaux étrangers dans la salle des machines qui ont pu apporter une possible contamination extérieure ;
– la fin d’hiver 2000‑2001 anormalement pluvieuse avec à l’entrée de la grotte une arrivée d’eau inhabituelle à cette saison. Dans un tel contexte, les travaux de changement du système d’assistance climatique ont pu servir de facteur déclenchant à la crise.

Fig. 17– Intervention, en juin 2008, d’un membre de l’équipe de restaurateurs sur une colonisation noirâtre apparue sur la voûte du Passage.
© Ministère de la Culture et de la Communication, CNP.
1.8 Un plan global de conservation est adopté en 2004
28À la suite du lancement des premiers traitements, la complexité de la situation amène le ministre de la Culture et de la Communication, Jean-Jacques Aillagon, à installer un comité scientifique de la grotte de Lascaux, qui est créé en août 2002 et placé sous la présidence de Marc Gauthier, inspecteur général honoraire de l’Archéologie. Il réunit des archéologues, des conservateurs spécialisés en restauration, des hydrogéologues, des microbiologistes et des spécialistes du climat. Ce comité, renouvelé en 2006, est investi de la mission d’évaluer l’impact des travaux d’urgence déjà réalisés et de bâtir un projet de conservation global pour tenter d’assurer le retour à l’équilibre de la cavité (Gauthier 2006 ; Sire 2008).
29Au-delà des travaux d’urgence, le comité scientifique a pour objectif de proposer un projet de « plan global de conservation » hiérarchisant les interventions et recherches nécessaires dans la cavité afin de comprendre le phénomène de contamination microbiologique de 2001 et d’éviter qu’il ne se reproduise. Il s’agit aussi d’aller au-delà du traitement des symptômes et de tenter d’analyser les causes du phénomène de 2001. À ce titre, le comité met en place en mars 2004 une série d’actions prioritaires qui seront évoquées par Marc Gauthier (cf. chapitre 2) et qui sont l’objet de présentations dans le symposium :
● le récolement des archives de Lascaux qui étaient dispersées entre différents fonds est lancé très rapidement ; il a été réalisé à la Drac d’Aquitaine par Geneviève Caillabet ; il permet de localiser, dans des fonds publics ou privés, l’ensemble des archives et documents graphiques, photographiques ou filmés concernant Lascaux, et d’en faire l’inventaire scientifique ; une somme importante des travaux de la première commission reste en effet inédite en dehors de quelques articles spécialisés, et aucune gestion postérieure à la crise n’a donné naissance à une base de données pour exploiter la mémoire de cet événement et rendre son enseignement un tant soit peu prédictif ; en outre, toute la documentation scientifique, administrative, graphique, photographique et audiovisuelle de Lascaux depuis la découverte est dispersée dans différents lieux et institutions sans jamais avoir fait l’objet jusqu’à ces dernières années d’un inventaire ni d’un regroupement ;
● la réalisation d’un modèle numérique de terrain en trois dimensions de la cavité (fig. 18) afin d’utiliser ce système comme base géoréférencée aussi bien pour les études futures que pour les besoins immédiats de conservation ; ce travail a été réalisé en 2004 et 2005 dans le cadre d’une commande de la Drac d’Aquitaine au cabinet Guy Perazio (cf. § 6.4.2) ;

Fig. 18 – Captures d’écran de représentations 3D du Diverticule axial
© Cabinet Guy Perazio.
30● l’établissement d’un constat d’état complet de la cavité, en 2004-2005, afin de disposer d’un état des lieux exhaustif qui puisse servir de référence à toutes les observations ultérieures ; ce constat a été confié à une équipe de restaurateurs4 réunie autour de Patrick Jallet et de Françoise Joseph (fig. 19) ; elle s’est adjointe l’aide d’un géologue, François Rassineux, et d’un photographe, Philippe Dubarry, pour visualiser le glossaire établi ; ce travail a permis de constituer une documentation unique et indispensable ; l’outil est accessible et consultable par les utilisateurs concernés (Jallet et al. 2007) ;

Fig. 19 – Captures d’écran du constat d’état.
© P. Dubarry / agence Orfi multimédia.
31● un nouveau programme de recherche sur les eaux de Lascaux qui s’inscrit dans la suite des recherches initiales de Jean Vouvé et de ses collaborateurs ; la connaissance du circuit de l’eau étant fondamentale et les eaux d’infiltration étant soupçonnées d’être le vecteur de la contamination microbiologique observée en 2001, une étude des eaux de Lascaux (fig. 20) fut confiée en 2005 à Roland Lastennet (cf. chapitre 4), hydrogéologue du laboratoire Géosciences-hydrosciences-matériaux-construction (Ghymac) de l’université Bordeaux 1 et à Benjamin Lopez (Lopez et al. 2006).

Fig. 20 – Hypothèse des principes généraux de la circulation des eaux dans l’épikarst de Lascaux.
© Laboratoire Ghymac / université Bordeaux 1.
1.9 Un programme microbiologie-microclimat
32Dans le cadre de la recherche des causes du phénomène de 2001, il est apparu utile de rechercher d’éventuelles corrélations entre le développement des microorganismes et les paramètres du microclimat et des substrats (fig. 21). Ce projet d’étude se réalise dans le cadre d’un partenariat de recherche composé de microbiologistes de l’Inra, d’une physicienne du CNR-Isac (Italie), Adriana Bernardi, spécialiste de climatologie, et de géologues, microbiologistes et physiciens du LRMH. Sa coordination est confiée à Claude Alabouvette, directeur de recherche de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) jusqu’en janvier 2009 (cf. chapitre 10), date à laquelle Isabelle Pallot-Frossard, directrice du LRMH, lui succède (cf. chapitre 9).

Fig. 21 – La station de mesure PR1 installée à l’entrée du Diverticule axial pour acquérir des paramètres microclimatiques pour le programme « Microbiologie-microclimat ».
© Ministère de la Culture et de la Communication, CNP.
33Un simulateur numérique est mis au point à partir de juin 2005 au laboratoire Transferts-écoulements-fluides-énergétique (Trefle) de l’université Bordeaux 1 dans le cadre d’un accord entre EDF R&D, le ministère de la Culture et l’université Bordeaux 1. La mise au point du simulateur a été confiée à Delphine Lacanette, au laboratoire Trefle (cf. chapitre 6), qui travaille en liaison avec Philippe Malaurent du laboratoire Ghymac (cf. chapitre 5) et avec l’appui de l’équipe du bureau recherche et développement d’EDF représentée par Jean-Benoît Ritz (Lacanette, Caltagirone 2006 ; Lacanette et al. 2007). Ce dispositif, utilisé pour des tests variés au service de la conservation de la grotte, a pour principale fonction d’aider à définir précisément de quel système de régulation d’air la cavité a besoin et de modifier en conséquence le dispositif actuel basé sur les paramètres climatiques mesurés dans la grotte au cours des années 1960.
34Le simulateur met en évidence une modification naturelle du régime climatique interne de la cavité entre 1981 et 1999 (fig. 22). Cette nouvelle méthode permet d’appréhender cette évolution et apporte une aide à la conception d’un nouveau système d’assistance climatique offrant une efficacité optimale dans toutes les circonstances connues. Pour la conception de ce nouveau dispositif, une mission a été confiée à Frédéric Benoist du bureau d’études d’ingénierie en bâtiment OTCE Aquitaine.

Fig. 22 – Capture d’écran du simulateur Lascaux montrant les modifications entre 1981 et 2000 des vitesses de circulation et des températures de l’air sur une coupe de la Salle des Taureaux et du Diverticule axial.
© Laboratoires Trefle et Ghymac / université Bordeaux 1.
35L’environnement naturel des abords de la grotte de Lascaux est primordial pour la conservation préventive du site. Il convient d’en contrôler l’urbanisation, les aménagements touchant au sous-sol ainsi que les flux de visiteurs qui fréquentent le fac-similé Lascaux II. Le conseil général de la Dordogne et la mairie de Montignac ont clairement exprimé leur volonté de parvenir, en liaison avec les services de l’État, à une protection globale de la colline de Lascaux. L’extension de la propriété de l’État en surface (fig. 23) est destinée à maîtriser la zone de circulation des eaux d’infiltration susceptibles d’atteindre la grotte.

Fig. 23 – Plan d’acquisition par l’État de plusieurs parcelles proches de la grotte, sur la colline de Lascaux, afin d’étendre la zone de protection en surface de l’environnement.
© Cabinet Guy Perazio.
1.10 L’avenir de la conservation de Lascaux
36En tant que conservateur de la grotte de Lascaux entre 1992 et la fin de l’année 2008, j’ai été confronté progressivement à la dernière succession d’événements et je porte, ainsi que mes collègues coresponsables du site, un regard à la fois attentif mais aussi prudent sur les méthodes d’intervention, les modes de décision et les certitudes scientifiques dans le domaine de la conservation du patrimoine culturel où, comme dans d’autres, la connaissance et l’instrumentation scientifiques, d’origine forcément pluridisciplinaire, sont en perpétuelle évolution. L’évolution soudaine de ce site sous haute surveillance est très préoccupante car les parois ornées de Lascaux sont atteintes comme jamais elles le furent depuis sa découverte. Un des objectifs prioritaires de la conservation de Lascaux dans les années à venir sera certainement, devant cet enchaînement de désordres biologiques et climatiques dont on ignore les répercussions futures, de parvenir à contrôler les phénomènes dangereux pour la conservation des œuvres tout en travaillant activement à retrouver une stabilité perdue. Même si aucune destruction ni aucune perte d’œuvre ou de fragment d’œuvre peinte ou gravée n’est à signaler à ce jour, il convient en effet de veiller avec la plus grande vigilance et une convergence de moyens pour la recherche de nouvelles perspectives de traitement et de rééquilibrage bioclimatique de la grotte, ainsi que d’autres intervenants ne manqueront sans doute pas de le souligner.
37Le principal enseignement de l’histoire de l’aménagement de ce site archéologique remarquable est que les services patrimoniaux de l’État doivent, avec leur personnel spécialisé, faire désormais preuve d’une extrême pluridisciplinarité devant l’émergence de problèmes dont les solutions résident dans des domaines très éloignés de leur compétences originelles.
38Dès leur découverte, en amont de toute recherche et de tout aménagement, il est désormais convenu de veiller à ne jamais détériorer ou transformer brutalement les conditions naturelles de fonctionnement de ces milieux souterrains complexes. Le garant absolu de la conservation de ce type de monument réside dans l’équilibre environnemental. Les travaux des différentes commissions de la grotte de Lascaux ont débouché sur un ensemble de mesures, de dispositions méthodologiques et de connaissances dans des disciplines complémentaires, qu’il est possible de transférer à d’autres grottes ornées qui connaissent des difficultés analogues à l’issue de longues périodes d’intense fréquentation touristique et à d’autres types de patrimoines culturels.
39Remerciements
40Que tous les chercheurs et équipes intervenant à Lascaux qui m’ont permis d’utiliser leurs documents soient remerciés. Une attention particulière aux personnes du Centre national de Préhistoire qui ont participé aux diverses phases de la rédaction de cette synthèse : Annie Lagrange pour ses relectures attentives et Stéphane Konik pour ses remarques scientifiques avisées.
41Bibliographie
42Aujoulat 2004 : AUJOULAT (N.). — Lascaux : le geste, l’espace et le temps. Paris : Le Seuil, 2004. 273 p.
43Aujoulat 2008 : AUJOULAT (N.). — La grotte de Lascaux. Les dossiers d’archéologie, hors série no 15, juin 2008, p. 6-21.
44Aujoulat et al. 1998 : AUJOULAT (N.), CLEYET-MERLE (J.-J.), GAUSSEN (J.), TISNERAT (N.), VALLADAS (H.). — Approche chronologique de quelques sites ornés paléolithiques du Périgord par datation Carbone 14 en spectrométrie de masse par accélérateur, de leur mobilier archéologique. Paléo, 10, 1998, p. 319‑323.
45Bastian et al. 2007 : BASTIAN (F.), ORIAL (G.), FRANÇOIS (A.), ALABOUVETTE (C.). — La grotte de Lascaux, un écosystème complexe où bactéries et champignons interagissent. Biofutur, 26, 283, 2007, p. 28-31.
46Bataille 1955 : BATAILLE (G.). — La peinture préhistorique : Lascaux ou la naissance de l’art. Genève : Skira, 1955. 149 p.
47Breuil 1941 : BREUIL (H.). — Une Altamira française : la caverne de Lascaux à Montignac (Dordogne). Comptes-rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1941, p. 347-376.
48Breuil 1952 : BREUIL (H.). — Quatre cents siècles d’art pariétal : les cavernes ornées de l’âge du renne. Montignac-sur-Vézère : Centre d’études et de documentation préhistoriques, 1952. 413 p.
49Brunet, Malaurent 2006 : BRUNET (J.), MALAURENT (P.). — The complex story of Lascaux cave from its discovery to now. In NATIONAL RESEARCH INSTITUTE FOR CULTURAL PROPERTIES ed. — Influence and conservation method of moisture in tomb or cave (seminar ; Tokyo ; 2005). London : Taylor and Francis, 2006, p. 55-65. Texte imprimé et ressource électronique = Printed text and digital source.
50Brunet et al. 1997 : BRUNET (J.), MALAURENT (P.), VOUVÉ (J.). — Lascaux, histoire d’un difficile sauvetage. Archéologia, 332, mars 1997, p. 24-35.
51Delluc, Delluc 2003 : DELLUC (B.), DELLUC (G.). — Lascaux retrouvé. Périgueux : Pilote 24, 2003, 364 p.
52Delluc, Delluc 2008 : DELLUC (B.), DELLUC (G.) éd. — André Glory : les recherches à Lascaux (1952-1963). Paris : CNRS, 2008. 208 p. (suppl. à Gallia Préhistoire ; 39).
53Froidevaux 1955 : FROIDEVAUX (Y.-M.). — Aménagement des grottes de Lascaux. Les monuments historiques de la France, 3, 1955, p. 97-105.
54Gauthier 2006 : GAUTHIER (M.). — La grotte de Lascaux, patrimoine de l’humanité. Monumental, 2, 2006, p. 58-103.
55Geneste 1995 : GENESTE (J.-M.) dir. — Lascaux : état des lieux. Rapport. Bordeaux : ministère de la Culture, direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine, 1995. Document reprographié = Photocopied document.
56Geneste 2007 : GENESTE (J.-M.). — Heurs et malheurs de Lascaux. In L’Aquitaine archéologique. Bordeaux : Le Festin, 2007, p. 80-85. Hors série no 4 de la revue Le Festin.
57Geneste 2008 : GENESTE (J.-M.). — Lascaux, conservation d’une grotte ornée. Les dossiers d’archéologie, hors série no 15, juin 2008, p. 68-79.
58Geneste et al. 2003 : GENESTE (J.-M.), HORDÉ (T.), TANET (C.). — Lascaux : une œuvre de mémoire. Périgueux : Fanlac, 2003. 142 p.
59Jallet et al. 2007 : JALLET (P.), JOSEPH (F.), DUBARRY (P). — The Lascaux Caves : a New Baseline for Better Risk Evaluation (a Multimedia Condition Report). In TRANT (J.), BEARMAN (D.) ed. — International Cultural Heritage Informatics Meeting (ICHIM07) : proceedings. Toronto: Archives and museum informatics, 2007. Revue électronique = Digital review. http://www.archimuse.com/ichim07/papers/dubarry/ dubarry.html
60Lacanette, Caltagirone 2006 : LACANETTE (D.), CALTAGIRONE (J.-P.). — Le simulateur Lascaux : un outil d’aide la décision pour l’avenir de la préhistoire. Monumental, 2, 2006, p. 94-97.
61Lacanette et al. 2007 : LACANETTE (D.), MALAURENT (P.), CALTAGIRONE (J.-.), BRUNET (J.). — Étude des transferts de masse et de chaleur dans la grotte de Lascaux : le suivi climatique et le simulateur. Karstologia, 50, 2007, p. 19-30.
62Lantier 1947 : LANTIER (R.). — Expertise des peintures rupestres de la grotte de Lascaux (Dordogne). Rapport du 24 août 1947, 2 p. Document reprographié = Photocopied document.
63Lastennet et al. 1999 : LASTENNET (R.), DENIS (A.), MALAURENT (P.), VOUVÉ (J.). — Behaviour of the epikarstic aquifer : signal analysis and flow analysis. Site of Lascaux Cave. In ANDREO (B.), CARRASCO (F.), DURAN (J.J.) ed. — Contribucion del studio cientifico de las cavidades karsticas al conociiento geologico. Malaga : Patronato de la cueva de Nerja, 1999, p. 363-370.
64Leroi-Gourhan, Allain 1979 : LEROI-GOURHAN (A.), ALLAIN (J.). — Lascaux inconnu. Paris : CNRS, 1979, p. 15-19 (suppl. à Gallia Préhistoire ; 12).
65Lopez et al. 2006 : LOPEZ (B.), LASTENNET (R.), EMBLANCH (C.), DENIS (A.). — Utilisation du signal en carbone 13 dans le traçage des eaux épikarstiques : cas de la grotte de Lascaux (Dordogne). In CHYN éd. — Actes du 8e colloque d’hydrogéologie en pays calcaire. (Neuchâtel ; 2006). Besançon : Presses univ. de Franche-Comté, 2006. 265 p.
66Malaurent et al. 2006 : MALAURENT (P.), LASTENNET (R.), BRUNET (J.). — L’environnement hydrogéologique et climatique. Monumental, 2, 2006, p. 88-93.
67Orial, Mertz 2006 : ORIAL (G.), MERTZ (J.-D.). — Lascaux : une grotte vivante : étude et suivi des phénomènes microbiologiques. Monumental, 2, 2006, p. 76-87.
68Sarradet 1979 : SARRADET (M.). — La conservation de la grotte de Lascaux. In LEROI‑GOURHAN (A.), ALLAIN (J.). — Lascaux inconnu. Paris : CNRS, 1979, p. 15-19 (suppl. à Gallia Préhistoire ; 12).
69Sire 2008 : SIRE (M.-A.). — Lascaux : à la recherche d’une nouvelle stratégie de conservation préventive. Les dossiers d’archéologie, hors série no 15, juin 2008, p. 54-63.
70Windels 1948 : WINDELS (F.). — Lascaux : Chapelle Sixtine de la préhistoire. Montignac-sur- Vézère : Centre d’études et de documentation préhistoriques, 1948. 138 p.
Notes de bas de page
1 Pour une synthèse, voir le dossier sur les grottes ornées publié en 2006 dans le no 2 de la revue Monumental, et le site Internet Lascaux : http://www.lascaux.culture.fr/#/fr/00.xml
2 Les photographies illustrant cette présentation ont, sauf mention contraire, été prises dans la cavité au cours des semaines qui précédent ce symposium et, à ce titre, elles constituent pour le public de cette manifestation un témoignage fidèle de l’état actuel de conservation de la cavité et de ses oeuvres.
3 Plusieurs équipes des restaurateurs sont successivement intervenues à Lascaux : en 2001 sous la coordination de Isabelle Dangas ; de septembre 2001 à décembre 2003, l’équipe était sous la responsabilité de Rosalie Godin ; l’équipe qui intervient depuis janvier 2004 se compose d’Alina Moskalik‑Detalle, Diane Henry‑Lormelle, Françoise Morin, Tristan Maheo et Julien Assoun
4 L’équipe chargée du constat d’état se composait en outre de six restaurateurs travaillant sur place en binôme chaque semaine : Françoise Joseph, Laurence Blondaux, Anne Liégey, Patrick Jallet, Emmanuel Desroches, et Christian Chatellier.
Auteur
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