URL originale : https://books.openedition.org/editionsmsh/57178

Présentation des journées
p. 45-48
Texte intégral
1Le symposium sur « Lascaux et la conservation en milieu souterrain », décidé par madame Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a été annoncé à Québec, le 5 juillet 2008, devant le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, par madame Catherine Colonna, ambassadrice de France auprès de l’Unesco. Cette promesse se réalise donc avec les journées des 26 et 27 février 2009 à Paris, consacrées à ces épineux problèmes.
La conservation de Lascaux
2Lascaux est vraisemblablement la grotte ornée la plus célèbre du monde. C’est également celle qui a connu et qui connaît les plus graves problèmes de conservation. Ces deux réalités expliquent pourquoi les menaces pesant sur certaines de ses œuvres ont légitimement soulevé une inquiétude mondiale. Un tel patrimoine n’est pas seulement celui du pays où il se trouve, qui en assume naturellement la responsabilité, c’est aussi celui de l’humanité tout entière.
3L’histoire de Lascaux est tragique. Comme dans toute tragédie, l’aveuglement des protagonistes est la cause première du malheur. En effet, les bonnes volontés n’ont jamais manqué et tous, à tous les niveaux, ont eu le désir de bien faire. Mais, dans les années qui suivirent la découverte, on ignorait encore l’importance de l’environnement souterrain sur le plan climatique et biologique. Nul n’imaginait que les grottes ornées pouvaient être mortelles et que leur conservation résultait d’un équilibre fragile, jamais complètement acquis, toujours menacé. Il fallait alors les faire connaître et les faire admirer, et pour cela les aménager et les ouvrir au public le plus large dans les meilleures conditions de visite possibles. Lorsqu’un système de régulation de l’air fut installé, ce ne fut certes pas pour protéger l’environnement et retrouver l’état initial qui avait permis la conservation des œuvres, mais pour que les touristes puissent parcourir salles et galeries sans être incommodés par la chaleur ou le gaz carbonique dégagés. Cela conduisit à la première grande crise, celle du début des années 1960.
4Comme l’on sait, la grotte fut fermée par décision ministérielle, des études pionnières furent menées, des mesures drastiques furent prises et la crise fut jugulée. Le nouvel équilibre dura jusqu’au début des années 2000. Des travaux importants furent alors engagés pour remplacer un équipement défaillant. Immédiatement après, Lascaux connut sa seconde grande crise, qui dure encore. Peut-être peut-on même parler de troisième crise, avec l’apparition et la diffusion des taches noires à partir des années 2005-2006.
5Des erreurs graves furent sans aucun doute commises. Elles s’ajoutèrent à celles du passé et contribuèrent aux nouvelles ruptures d’équilibre, ou les occasionnèrent. La conséquence fut la prolifération de microorganismes nocifs pour la conservation des peintures et des gravures. Un comité scientifique fut créé en 2002, sous la direction de Marc Gauthier, et les moyens financiers et matériels nécessaires furent engagés par les autorités de tutelle. Des études furent menées, dans des domaines divers, par des spécialistes français et étrangers, et des mesures furent prises pour enrayer et éradiquer les pollutions.
6Cependant, comme c’est le cas pour tout corps vivant, un équilibre rompu ne se rétablit pas facilement et l’on ne revient jamais exactement au statu quo ante. Si beaucoup a été fait et si de grands progrès ont été accomplis, la « maladie noire » n’est pas encore définitivement vaincue : des œuvres peintes ou gravées ont été touchées, ce qui est toujours grave, et des menaces demeurent.
Les buts du symposium
7Ce symposium a pour vocation d’être utile à la conservation de Lascaux et à celle des autres grottes ornées. Il a donc trois buts principaux, qui ont conditionné son organisation.
Exposer en toute clarté ce qui a été fait concernant Lascaux au cours des dernières années, c’est-à-dire depuis le début de la seconde grande crise en 2001. Le comité scientifique a procédé ou fait procéder à de nombreuses études sur la grotte, et a mis en œuvre une politique de prévention et de lutte contre les contaminations. Il a fallu affronter des urgences et prendre des décisions d’autant plus difficiles que, dans ce domaine particulièrement complexe, l’on n’est jamais certain de « bien faire ».
Rechercher des améliorations par appel à toutes les compétences utiles, quelles qu’elles soient et où qu’elles se trouvent. C’est le cœur du problème et du symposium. Les expériences déjà menées ailleurs dans des sites ornés souterrains, les solutions adoptées, les problèmes rencontrés seront sans aucun doute d’un très grand secours. Si, au cours des présentations, des discussions et des débats, des voies de recherche s’ouvrent, des idées nouvelles sont avancées, des participations de spécialistes d’horizons divers s’avèrent souhaitables, nous aurons œuvré, comme je l’espère, dans la bonne direction et pourrons faire preuve d’optimisme pour l’avenir de Lascaux.
Enfin, dans un souci d’utilité maximale, il conviendra d’exploiter les recherches et les réflexions menées à Lascaux et sur d’autres sites ornés souterrains pour une application éventuelle partout où, dans le monde, des problèmes apparentés surgiraient ou seraient susceptibles de se produire. Cela concerne non seulement les techniques –c’est-à-dire les remèdes à employer pour lutter contre la maladie et les manières de les mettre en œuvre–, mais aussi les doctrines et les politiques de prévention et de guérison, en un mot l’éthique de la conservation sous toutes ses formes.
Jean Clottes, président du symposium, présente le programme des journées aux côtés de Michel Clément, directeur de l’Architecture et du Patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication (à gauche), et des intervenants de la première demi-journée : Marc Gauthier, président du Comité scientifique de la grotte de Lascaux (à droite) et Jean-Michel Geneste, directeur du Centre national de Préhistoire (à l’extrême droite).

© D. Plowy.
L’organisation des journées
8La conception et l’organisation du symposium sont en majeure partie dues à messieurs Jean‑Michel Geneste, conservateur de la grotte de Lascaux et directeur du Centre national de Préhistoire, Marc Gauthier, président du Comité scientifique de la grotte Lascaux, et l’équipe de la direction de l’Architecture et du Patrimoine, sous-direction Archetis, sous la direction de madame Isabelle Balsamo. Monsieur Noël Coye fut particulièrement chargé de leur mise en œuvre et des tâches techniques d’organisation. Je leur adresse tous mes remerciements pour leur travail. Outre la présente session inaugurale, trois sessions ont été prévues. Elles portent sur les sujets majeurs que sont l’environnement géologique et climatique qui conditionne à l’évidence ce qui se passe dans les grottes profondes, la nature et le rôle des microorganismes en milieu souterrain, problème particulièrement crucial dans les circonstances actuelles, et enfin les problèmes plus généraux de la conservation et de la mise en valeur des grottes ornées.
9Ces sessions comporteront deux parties principales : les communications –une dizaine au total, chacune ne devant pas excéder une demi-heure– et les discussions. Pour ces dernières, regroupées en seconde partie de la session et non pas après chaque communication, il a été prévu un laps de temps global égal à celui alloué à toutes les présentations formelles. Ce point me paraît crucial. Il faut que ce symposium soit l’occasion privilégiée de débats et d’échanges d’idées. Les experts invités –six par session– engageront les débats, puis la parole sera donnée aux participants, pour un laps de temps au moins équivalent. Il est évident qu’il n’a pas été possible d’allonger la liste des experts autant qu’on l’aurait souhaité et que de nombreux spécialistes éminents se trouvent dans l’assemblée. Ils auront la parole. Outre la conduite des débats, les présidents de session auront donc la tâche –toujours redoutable– de veiller à ce que les horaires et les temps de parole pour les présentations soient rigoureusement respectés. Je suis certain que tous, présentateurs, experts et participants, auront à cœur de limiter leurs propos à l’essentiel, dans une perspective résolument positive, à savoir « Comment pouvons-nous agir afin de régler les problèmes qui se posent encore, pour mieux conserver Lascaux et les grottes ornées ? » C’est à ces conditions que ce symposium sera aussi vivant, instructif et efficace que nous l’espérons.
Deux des inventeurs de Lascaux : messieurs Georges Agniel et Simon Coëncas.

© D. Plowy.
10Enfin, le ministère de la Culture et de la Communication prévoit la publication rapide d’un volume d’actes. Les débats pendant le symposium seront enregistrés et publiés dans les actes. Les articles des présentateurs devront être adressés –en français ou en anglais– à la direction de l’Architecture et du Patrimoine. Si certains sujets d’une particulière importance scientifique surgissent pendant les débats, ils pourront –à titre exceptionnel– faire l’objet d’un article particulier. Et maintenant, je nous souhaite à tous un bon travail, riche et serein, dans l’intérêt de Lascaux et des grottes ornées.
11Jean Clottes,
président du symposium
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Lascaux et la conservation en milieu souterrain
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