1 La question de la « moralisation de la vie politique » a ainsi été au cœur de la campagne présidentielle de 2017 en France et a donné lieu à deux lois « pour la confiance dans la vie politique », promulguées en septembre de cette même année.
2 Dans le domaine des relations entre migrations, culture et morale, voir par exemple Unni Wikan (2008). À propos des liens entre ethnicité et morale, se reporter notamment à John Lonsdale (1996). Concernant les rapports entre patrimoine, identité et éthique, voir Nicolas Adell (2011).
3 Programme « La moralisation de la culture. Enjeux, dynamiques et effets » (université Paul-Valéry Montpellier 3/CERCE/IIAC-LAHIC), codirigé par les auteurs de cette introduction et au sein duquel deux colloques ont été organisés en décembre 2017 et 2018 à Montpellier.
4 Sur la question des enjeux définitionnels de la notion de culture, voir l’ouvrage classique d’Alfred Kroeber & Clyde Kluckhohn (1952), celui d’Adam Kuper (1999) ou encore celui plus récent de Guillaume Rozenberg (2020).
5 Nous faisons ici référence aux positions de Clifford Geertz (1973), qui avait utilisé l’expression « webs of significance » pour désigner la culture, en ajoutant qu’elle consistait en un code public.
6 Nous reprenons cette distinction, inspirée des travaux de Pierre Bourdieu, d’un article de Roger Brubaker (2001). Elle vise à distinguer l’emploi d’une notion par divers acteurs dans le monde social de son utilisation comme concept analytique plein et entier.
7 Par culturalisme, on entend l’explication déterministe et homogénéisante des comportements individuels ou collectifs en référence à une culture définie de façon substantialiste et réifiée.
8 Nous renvoyons ici à la motion « Ontology is just another word for culture », discutée à l’université de Manchester en 2008 – voir Carrithers et al. (2010) et Rozenberg (2020). Le tournant ontologique est un courant de recherche pluriel en anthropologie et dans les sciences humaines et sociales, qui invite à repenser leurs fondements épistémologiques et conceptuels. La notion d’ontologie est alors présentée par certains comme une critique et un dépassement de celle de culture et des présupposés qu’elle draine, position qui a fait l’objet de ce débat de 2008.
9 Pour un panorama plus général sur cette question de la dimension morale et réformatrice de l’anthropologie, voir Wiktor Stoczkowski (2007).
10 Voir à ce propos les travaux menés autour du multiculturalisme (Taylor 1994 ; Kymlicka 2001) ou de la question des politiques de la reconnaissance (Honneth 2000 ; Fraser 2005).
11 Sur le lien entre ces principes et ce qu’il appelle le « récit moral de la modernité », voir Webb Keane (2013).
12 Pour des exemples de travaux traitant de cette question, se reporter notamment à Talal Asad (2003), Saba Mahmood (2005) et James Laidlaw & Jonathan Mair (2019).
13 Voir à ce sujet John R. Parsons (2022), qui examine le cas des milices de volontaires patrouillant aux États-Unis près de la frontière mexicaine pour lutter contre l’immigration illégale.
14 Sauf mention contraire, toutes les traductions des citations présentes dans cet ouvrage sont des auteurs.
15 Discutant la question du relativisme et de la vérité scientifique chez Max Weber, Frédéric Gonthier signalait que selon cet auteur « la valeur de vérité du savoir empirique est elle-même une présupposition constitutive de la connaissance scientifique » (Gonthier 2006 : 28).
16 Voir par ailleurs Monica Heintz (2021).
17 C’est dans ce contexte que l’association Survival International vit par exemple le jour en 1969.
18 Tirée des travaux de David Berliner (2018), l’expression « nostalgie bureaucratique » correspond à la place prise par le motif de la perte culturelle dans des institutions internationales comme l’Unesco, générant un souci de protection. Ce sentiment de perte est apparu dans les années 1980-1990 et dans les discours émanant de cette organisation autour de l’idée selon laquelle la mondialisation érodait la diversité des cultures.
19 L’expression « éthique universelle » est utilisée dans le rapport de l’Unesco Notre diversité créatrice (1995 : 16-17).
20 Selon la formule d’Howard S. Becker (1985 [1963]).
21 L’idée d’un échec des politiques du multiculturalisme a été mentionnée par divers gouvernants en Europe au début de la décennie 2010, qu’il se soit agi d’Angela Merkel (Allemagne), de James Cameron (Grande-Bretagne), de Mark Rutte (Pays-Bas) ou de Nicolas Sarkozy (France).
22 Pour une présentation sous l’angle des sciences cognitives de la logique « “nostrocentrique” qui nous conduit à distinguer entre le Nous qui mérite une attention morale et le Eux qui ne la mérite pas », voir Laurence Kaufmann (2019).
23 La notion de « schismogenèse » a été développée par Gregory Bateson dans ses travaux auprès des Iatmul de Nouvelle-Guinée pour décrire des dynamiques de différenciation des comportements lors d’interactions (1971 [1936]).
24 Voir dans le présent ouvrage le texte de Markus Balkenhol, Paul Mepschen et Jan Willem Duyvendak.