Thèses sur l’art et la religion aujourd’hui

11. Qu’on la tienne pour saine ou pour fâcheuse, l’unité perdue entre l’art et la religion ne peut être rétablie par quelque décret de la volonté. Cette unité ne relevait pas d’une coopération réfléchie mais résultait de l’ensemble de la structure objective de la société pendant certaines phases de l’histoire, en sorte que la séparation est objectivement conditionnée et irréversible. L’unité de l’art et de la religion n’est pas simplement due à des convictions et décisions subjectives mais à la réalité sociale sous-jacente et à son orientation objective. En principe, une telle unité existe seulement dans des sociétés non individualistes, hiérarchisées et fermées – même dans l’antiquité grecque, elle n’a pas prévalu au cours de ces phases où l’individu s’est émancipé économiquement et politiquement. Impliquant l’individualité et les tendances collectivistes qui existent dans notre société, la crise actuelle ne justifie nulle régression de l’art à un stade antérieur à l’ère de l’