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Mots de l'étranger

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Theodor W. Adorno

Romantisme physiologique

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Extrait du texte

Karl Kraus vient de faire paraître aux éditions Anton Schroll, à Vienne, une anthologie des livres de Peter Altenberg1 qui contient ce qui, aujourd’hui, constitue un témoignage en faveur du mort2. Son regard caresse la prose d’Altenberg avec la tendresse spirituelle et profonde du tyran : c’est le regard qu’Hamlet jette sur le crâne de Yorick. « Un fou a quitté le monde, et ce dernier resta idiot » dit-il dans le long poème introductif, et l’implacable Kraus laisse à l’ami disparu la liberté du bouffon. Lui, Altenberg, a le droit de parler de « l’âme artiste », de dire d’une femme qu’elle « rayonne partout instantanément de la plus noble philanthropie » sans pour autant être victime de la citation punitive, et il a même le droit d’utiliser les caractères espacés3, qui sont chez Kraus le plus terrifiant moyen de destruction, dans le seul but de mettre en avant des pensées dont la tendresse, si elle était ce qu’elle prétend être, devrait précisément interdire l’écartement des caractèr...

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022

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