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II. Collecte – Prologue
p. 77-80
Texte intégral
1Benjamin a repris le travail sur son projet des Passages en 19341. Un an plus tôt, il avait choisi le chemin de l’exil et s’était installé à Paris après avoir séjourné à Ibiza. Auteur juif aux idées politiques de gauche, il lui était devenu impossible de continuer à vivre de sa plume en Allemagne. Dans cette seconde phase de travail, Benjamin envisage désormais un projet plus ample ; il pense à un livre plutôt qu’à un simple article. Il en élabore une conception élargie, qui embrasse, en plus des passages, cinq nouveaux ensembles thématiques2, et rédige en mai 1935 un « exposé » intitulé « Paris, capitale du xixe siècle », dans lequel il esquisse à grands traits le plan qu’il a alors en tête. Quelque temps plus tard, il entame ses recherches au Cabinet des estampes, qu’il mène au printemps et à l’été de 1935, puis à la fin de janvier et au début de février 1936. Étant donné cette proximité dans le temps, on peut se demander jusqu’à quel point les images dont Benjamin prend note au département d’arts graphiques de la Bibliothèque nationale ont concrètement un rapport avec les idées de son « exposé ». Nous retracerons d’abord ici les recherches effectuées et les matériaux visuels collectés.
2Les notes iconographiques de la seconde phase de travail se trouvent réunies – tout comme les citations littéraires et d’autres notes de cette même période – dans les trente-six liasses ou dossiers qui composent l’essentiel du projet des Passages, tel que nous le connaissons. Vingt-trois liasses contiennent des références à des images concrètes. Les images mentionnées dans dix-sept d’entre elles proviennent du Cabinet des estampes. Benjamin s’est probablement mis à structurer son projet en dossiers dès la fin de la première phase de ses recherches, en y intégrant ses premières notes des « Passages parisiens I » et « II », de sorte qu’il n’est pas toujours aisé d’y faire un partage net entre les deux périodes3. On peut dire avec certitude quelles notes ont été prises après juin 1935, puisqu’il a fait photographier à cette date toutes celles qu’il avait consignées jusque-là4. On sait par ailleurs que Benjamin n’a pas fréquenté le Cabinet des estampes avant le mois de mai ; les entrées réunies dans l’intervalle se laissent donc à peu près identifier. Le tableau que nous allons brosser se concentre sur les notes qu’on peut dater avec certitude, afin de mettre en évidence l’ordre suivant lequel Benjamin a procédé dans ses recherches. Il s’ouvre par les notes prises en mai, lorsqu’il visite à Saint-Denis une exposition consacrée à la Commune de 1871. Viennent ensuite les recherches effectuées au Cabinet des estampes, que compléteront enfin les quelques entrées que Benjamin a encore ajoutées à ses notes et matériaux pour les Passages entre la phase de travail au département d’arts graphiques et 1940.
Notes de fin
1 Sur l’historique et la genèse du projet, voir GS V, p. 1096 et suiv. Benjamin y a été incité concrètement par une sollicitation du journal Le Monde, qui lui avait passé commande, en décembre 1933, d’un article sur le préfet Haussmann.
2 Benjamin mentionne pour la première fois ces autres chapitres dans son « Plan de mars 1934 », GS 5, p. 1220 ; Passages, p. 898.
3 GS V, p. 1261.
4 Ibid., p. 1262. En décembre 1937, Benjamin fera de nouveau photographier ses notes.
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Une collecte d’images
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