1 Voir Maurizio Lazzarato, « Immaterial Labor », dans Paolo Virno et Michael Hardt (dir.), Radical Thought in Italy. A Potential Politics, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996, p. 133-148 ; Manfred Moldaschl et Günter Voß (dir.), Subjektivierung von Arbeit, Munich et Mering, Hamp, 2002 ; Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 2011 ; Michael J. Piore et Charles F. Sabel, Les chemins de la prospérité. De la production de masse à la spécialisation souple, traduit par Luc Boussard, Paris, Hachette, 1989 ; Hans Pongratz et Günter Voß, Arbeitskraftunternehmer. Erwerbsorientierungen in entgrenzten Arbeitsformen, Berlin, Sigma, 2003 ; Nick Kratzer, Arbeitskraft in Entgrenzung. Grenzenlose Anforderungen, erweiterte Spielräume, begrenzte Ressourcen, Berlin, Sigma, 2003 ; Peter Kalkowski et Otfried Mickler, Antinomien des Projektmanagements. Eine Arbeitsform zwischen Direktive und Freiraum, Berlin, Sigma, 2009 ; Ulrich Bröckling, Das unternehmerische Selbst. Soziologie einer Subjektivierungsform, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2007.
2 Voir Maurizio Lazzarato, « Immaterial Labor », dans Paolo Virno et Michael Hardt (dir.), Radical Thought in Italy…, op. cit., p. 133-148, ici p. 133 ; sur l’expansion de l’éducation, voir Paul Windolf, Expansion and Structural Change. Higher Education in Germany, the United States and Japan, 1870-1990, Boulder et Colo, Westview Press, 1997.
3 Daniel Bell, Vers la société postindustrielle, traduit par Pierre Andler, Paris, Robert Laffont, 1976.
4 Sur cette polarisation, voir David H. Autor et al., « The Polarization of the U. S. Labor Market », American Economic Review, 96 (2), 2006, p. 189-194 ; Maarten Goos, Alan Manning et Anna Salomons, « Job Polarization in Europe », American Economic Review, 99 (2), 2009, p. 58-63, et, avec une approche qui relève de la théorie de la société mondiale, Allen Scott, A World in Emergence. Cities and Regions in the 21st Century, Cheltenham, Elgar, 2012, p. 95-121 ; enfin l’ouvrage fondamental de Gøsta Esping-Anderson, Changing Classes. Stratification and Mobility in Post-Industrial Societies, Londres et al., Sage, 1993.
5 Voir Maarten Goos, Alan Manning et Anna Salomons, « Job Polarization in Europe », op. cit.
6 Voir chap. II. 1, p. 105-111.
7 Sur ce concept, voir Stephan Voswinkel, Welche Kundenorientierung? Anerkennung in der Dienstleistungsarbeit, Berlin, Sigma, 2005. Sur la situation du travail dans la classe des services, voir Friederike Bahl, Lebensmodelle in der Dienstleistungsgesellschaft, Hambourg, Hamburger Edition, 2014. J’examinerai la classe des services plus en détail au chapitre V. 3.
8 Depuis les années 1990, on observe aussi dans les médias de masse l’omniprésence de statistiques où les sujets sont hiérarchisés selon leurs différents niveaux de qualification (diplôme universitaire, certificat de fin d’études secondaires, etc.), le jugement de valeur (mieux/moins bien) restant implicite. Et dans les milieux politiques, l’augmentation de la proportion de diplômés de l’université (dans la population totale, dans une ville, dans un certain groupe, par exemple parmi les migrants) est semblablement regardée comme un succès en soi.
9 Voir Stephan Voswinkel, « Anerkennung der Arbeit im Wandel », dans Ursula Holtgrewe, Stephan Voswinkel et Gabriele Wagner (dir.), Anerkennung und Arbeit, Constance, UVK, 2000, p. 39-61.
10 Voir David Hesmondhalgh, The Cultural Industries, Los Angeles et al., Sage, 2013 ; Andy Pratt, « Creative Cities. Cultural Industries and the Creative Class », Geografiska Annaler: Series B – Human Geography, 90 (2), 2008, p. 107-117. Sur la différence entre industries créatives et économie créative, voir plus haut p. 100-104.
11 Voir Robert Reich, « The rise of the symbolic analyst », dansThe Work of Nations. Preparing Ourselves for 21st-Century Capitalism, New York, Knopf, 1991, p. 171-240 (trad. fr. : « La montée du manipulateur de symboles », dans L’économie mondialisée, traduit par Daniel Temam, Paris, Dunod, 1993).
12 Des études intéressantes ont été menées ces dernières années sur la forme du travail créatif, surtout dans le domaine des industries créatives : voir notamment David Hesmondhalgh et Sarah Baker, Creative Labour. Media Work in Three Cultural Industries, Londres et New York, Routledge, 2011 ; Mark Deuze, Media Work, Cambridge et al., Polity Press, 2007 ; Mark Banks, The Politics of Cultural Work, Basingstoke et al., Palgrave Macmillan, 2007 ; Angela McRobbie, Be Creative. Making a Living in the New Culture Industries, Cambridge et Malden, Polity Press, 2016 ; Hannes Krämer, Die Praxis der Kreativität. Eine Ethnographie kreativer Arbeit, Bielefeld, Transcript, 2014 ; Alexandra Manske, Kapitalistische Geister in der Kultur- und Kreativwirtschaft. Kreative zwischen wirtschaftlichem Zwang und künstlerischem Drang, Bielefeld, Transcript, 2016.
13 Sur le sujet, voir Martin Baethge, « Arbeit, Vergesellschaftung, Identität. Zur zunehmenden normativen Subjektivierung der Arbeit », Soziale Welt, 42 (1), 1991, p. 6-19.
14 Voir chap. I. 3, p. 74-78.
15 Pour une extension du concept de design, voir Guy Julier, The Culture of Design, Londres, Sage, 2000 ; sur le travail de design, voir Tim Brown, L’esprit design. Comment le design thinking change l’entreprise et la stratégie, traduit par Laurence Nicolaieff, Paris, Pearson, 2010.
16 Sur cette notion d’objet épistémique, voir Hans-Jörg Rheinberger, Experiment, Differenz, Schrift. Zur Geschichte epistemischer Dinge, Marbourg, Basilisken-Presse, 1992.
17 Sur le détail de cette pratique, voir Rob Austin et Lee Devin, Artful Making. What Managers Need to Know About How Artists Work, Upper Saddle River, Prentice Hall, 2003 ; Roberto Verganti, Design Driven Innovation. Changing the Rules of Competition by Radically Innovating What Things Mean, Boston, Harvard Business Press, 2009.
18 Voir chap. II. 1, p. 126-130.
19 Voir Rob Austin et Lee Devin, Artful Making…, op. cit.
20 Voir Monika Salzbrunn, Vielfalt/Diversität, Bielefeld, Transcript, 2014. Sur le sujet, voir également plus bas dans ce même chapitre, p. 173 sq.
21 Voir Chris Bilton, Management and Creativity. From Creative Industries to Creative Management, Malden et al., Blackwell, 2006.
22 Au sujet de cet antagonisme caractéristique de la Kulturkritik du xixe siècle, voir par exemple Matthew Arnold, Culture et anarchie. Essai de critique politique et sociale, Paris, L’Âge d’homme, 1984 [original angl. 1869].
23 Sur le sujet, voir Roberto Verganti, Design Driven Innovation…, op. cit. ; Mark Deuze, Media Work, op. cit.
24 Sur le sujet, voir également Tom Kelley, The Art of Innovation. Lessons in Creativity from IDEO. Americas Leading Design Form, New York, Doubleday, 2001.
25 Il n’est pas surprenant que le « design thinking » de l’économie culturelle érige en principe directeur le fait de penser chaque bien depuis le point de vue du consommateur et de se demander dans quelle mesure ce bien est vécu et expérimenté d’une manière unique : ainsi, ce n’est pas le vélo qui constitue le bien, mais l’expérience qui consiste à en faire, pas l’hôtel, mais l’expérience qui consiste à y séjourner, pas le musée, mais l’expérience qui consiste à le visiter, etc. À ce propos, voir Tim Brown, L’esprit design…, op. cit.
26 Voir Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 2011, p. 175-206 ; Ricarda Wildförster et Sascha Wingen, Projektmanagement und Probleme. Systemische Perspektiven auf Organisationsberatung und Begleitforschung, Heidelberg, Verlag für Systemische Forschung im Carl-Auer-Systeme-Verlag, 2001 ; Peter Kalkowski et Otfried Mickler, Antinomien des Projektmanagements…, op. cit. ; Christiane Funken, Jan-Christoph Rogge et Sinje Hörlin, Vertrackte Karrieren. Zum Wandel der Arbeitswelten in Wirtschaft und Wissenschaft, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2015 ; d’une manière générale, voir aussi Markus Krajewski (dir.), Projektemacher. Zur Produktion von Wissen in der Vorform des Scheiterns, Berlin, Kulturverlag Kadmos, 2004.
27 Voir Richard A. Goodman et Lawrence P. Goodman, « Some Management Issues in Temporary Systems: A Study in Professional Development and Manpower – The Theater Case », Administrative Science Quarterly, 21 (3), 1976, p. 494.
28 Au sujet de ces phases, voir Rosamund Davies et Gauti Sigthorsson, Introducing the Creative Industries: From Theory to Practice, Los Angeles et al., Sage, 2013, p. 138 sq.
29 On trouve le terme « collaboration » (ou ses dérivés) employé çà et là dans la littérature théorique récente pour décrire les collectifs non communautaires, mais d’une manière plutôt vague et mal définie. Un effort de théorisation est donc nécessaire sur ce point. Cela étant, voir Richard Sennett, Ensemble. Pour une éthique de la coopération, traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Albin Michel, 2013 ; et voir, dans une autre direction, le « connectif » chez Bruno Latour (dans Changer de société, refaire de la sociologie, traduit par Nicolas Guilhot, Paris, La Découverte, 2006) et le « partage du séparé » chez Jean-Luc Nancy (dans La communauté désœuvrée, Paris, Christian Bourgois, 1999 [1986]). Pour une approche plus pragmatique, en revanche, voir Gesa Ziemer, Komplizenschaft. Neue Perspektiven auf Kollektivität, Bielefeld, Transcript, 2013.
30 L’interaction et la communication désignent des phénomènes neutres très généraux auxquels le caractère d’orientation vers un but fait défaut. Et bien que la coopération présente ce caractère précis, elle est dénuée de toute connotation de valeur culturelle intrinsèque.
31 Voir à ce propos Rob Austin et Lee Devin, Artful Making…, op. cit.
32 À cet égard, les projets sont parfaitement capables de développer une identité collective – non dans le sens d’une communauté homogène, toutefois, mais dans celui d’une identité comprise comme pluralité collaborative de singularités. En tant qu’ils sont par ailleurs une pratique produisant de fortes impressions sur le plan affectif, les projets ont une valeur sentimentale considérable pour les participants.
33 Les cas où les marchés sont socialement visibles comme des totalités sont rares, et intéressants. Songeons d’abord à ces compétitions de valoration que sont le concours Eurovision de la chanson ou bien les télé-crochets, ou encore les campagnes électorales dans le champ politique. Les compétitions sportives acquièrent par ailleurs une importance particulière, manifestement parce qu’elles confèrent une intensité dramatique à la situation abstraite de compétition généralisée de la société et en font un objet d’expérience : à ce propos, voir Alain Ehrenberg, Le culte de la performance, Paris, Calmann-Lévy, 1991. La finance, enfin, où l’on travaille au moyen de visualisations sur écran, constitue elle aussi un cas de représentation de marchés comme totalités : à ce propos, voir Karin Knorr-Cetina et Urs Bruegger, « Traders’ Engagement with Markets. A Postsocial Relationship », Theory, Culture & Society, 19 (5-6), 2002, p. 161-185.
34 Sur la relation entre projets et organisations de la modernité tardive, voir Gernot Grabher, « Ecologies of Creativity. The Village, the Group, and the Heterarchic Organisation of British Advertising Industry », Environment and Planning A, 33 (2), 2001, p. 351-374 ; Chris Bilton, Management and Creativity…, op. cit.
35 Voir Martin Parker, Organizational Culture and Identity. Unity and Division at Work, Londres et al., Sage, 2000 ; Guy Julier, The Culture of Design, op. cit., p. 191 sq.
36 Voir à ce propos Paul du Gay, Consumption and Identity at Work, Londres, Sage, 1996 ; Nigel Thrift, Knowing Capitalism, Londres et al., Sage, 2005.
37 Voir Bas van Heur, Creative Networks and the City. Towards a Cultural Political Economy of Aesthetic Production, Bielefeld, Transcript, 2010 ; et, pour une étude de cas exemplaire, Elizabeth Currid, The Warhol Economy. How Fashion, Art, and Music Drive New York City, Princeton, Princeton University Press, 2007.
38 Sur les réseaux de façon générale, voir Bruno Latour, Changer de société…, op. cit. ; sur les organisations par réseaux, voir Walter W. Powell, « Neither Market nor Hierarchy. Network Forms of Organization », Research in Organizational Behaviour, 12, 1990, p. 295-336 ; sur le rôle des réseaux dans la modernité tardive, voir Manuel Castells, L’ère de l’information, t. 1 : La société en réseaux, traduit par Philippe Delamare, Paris, Fayard, 2001 ; Henning Laux, Soziologie im Zeitalter der Komposition. Koordinaten einer integrativen Netzwerktheorie, Weilerswist, Velbrück, 2014.
39 Voir Arnold Picot et al., Die grenzenlose Unternehmung. Information, Organisation und Management, Wiesbaden, Gabler, 1996, et aussi Hartmut Berghoff et Jörg Sydow (dir.), Unternehmerische Netzwerke. Eine historische Organisationsform mit Zukunft?, Stuttgart, Kohlhammer, 2007.
40 Voir à ce propos Andreas Wittel, « Toward a Network Sociality », Theory, Culture & Society, 18 (6), 2001, p. 51-76.
41 Voir Mark S. Granovetter, « The Strength of Weak Ties », American Journal of Sociology, 78 (6), 1973, p. 1360-1380.
42 Dans certains cas, le réseau, accédant à la représentation, devient visible comme une totalité. Songeons par exemple à la liste d’« amis » d’une page Facebook.
43 Par « sujet » je n’entends pas ici une subjectivité autonome, mais la manière dont un individu est subjectivé par une culture de travail (Arbeitskultur), c’est-à-dire la manière dont il assimile et fait siennes des normes sociales, des formes d’habitus et des dispositions psychiques spécifiques.
44 Nous verrons qu’en cela la culture de travail des personnes hautement qualifiées est radicalement différente de celle des personnes peu qualifiées, voir p. 320 sq., chap. V. 3.
45 L’ethos de travail postmatérialiste qui prévaut dans les industries créatives au sens strict en constitue le meilleur exemple. Le moi idéal du « créatif » présente en effet des traces de l’idéal de l’artiste propre à la modernité classique. Voir Cornelia Koppetsch, Das Ethos der Kreativen. Eine Studie zum Wandel von Arbeit und Identität am Beispiel der Werbeberufe, Constance, UVK, 2006.
46 La sociologie des organisations a ainsi pu montrer que même les organisations classiques ne se réduisaient pas à une formelle assignation de performances, mais qu’on y trouvait toujours des éléments de micropolitique et de management par la confiance, une « gestion de l’impression » (impression management) et des stratégies de sortie informelles.
47 Voir à ce propos Marcelle Stroobants, Savoir-faire et compétences au travail. Une sociologie de la fabrication des aptitudes, Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles, 1993 ; Pierre-Michel Menger, Portrait de l'artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 81 sq. ; id., Le travail créateur. S’accomplir dans l’incertain, Paris, Éditions du Seuil, 2014, p. 346 sq. ; Thomas Kurtz et Michaela Pfadenhauer (dir.), Soziologie der Kompetenz, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2010.
48 Voir à ce sujet Rosamund Davies et Gauti Sigthorsson, Introducing the Creative Industries…, op. cit., p. 107 sq. ; Charles B. Handy parle à ce propos de sujet « portfolio » (dans L’âge de déraison, traduit par Jean-Louis Allez, Paris, Village mondial, 1996). Le discours qui relève du conseil est également révélateur sur ce point, comme on le voit à l’exemple de Jürgen Salenbacher, Creative Personal Branding. Create Opportunities, Grow Personally, Differentiate Yourself. The Strategy to Answer: What’s Next?, Amsterdam, BIS Publishers, 2013.
49 Nous reviendrons sur ce point quand nous analyserons la numérisation, voir chap. IV. 2, p. 224-228.
50 Voir à ce sujet Nigel Thrift, « A Perfect Innovation Engine. The Rise of the Talent World », dans Jacqueline Best et Matthew Paterson (dir.), Cultural Political Economy, New York et Londres, Routledge, 2010, p. 197-222 ; et à nouveau Pierre-Michel Menger, Le travail créateur…, op. cit., p. 344 sq. Sur l’importance au quotidien du développement d’un potentiel dans le travail par projet, voir Christiane Funken, Jan-Christoph Rogge et Sinje Hörlin, Vertrackte Karrieren…, op. cit. ; Uwe Vormbusch, « Taxonomien des Flüchtigen. Das Portfolio als Wettbewerbstechnologie der Marktgesellschaft », dans Jan-Hendrik Passoth et Josef Wehner (dir.), Quoten, Kurven und Profile, Wiesbaden, Springer VS, 2013, p. 47-68. En économie, le concept de potentiel provient de la théorie du capital humain de Gary Becker ; en psychologie, il remonte plus loin, à la psychologie du développement personnel.
51 Voir Thomas Peters et Robert Waterman, Le prix de l’excellence, traduit par Michèle Garene et Chantal Pommier, Paris, Dunod, 2012 [original angl. 1982].
52 Analogue au capital de singularité des biens, voir chap. II. 2, p. 149-154.
53 Voir Aldo Legnaro, « Performanz », dans Ulrich Bröckling, Susanne Krasmann et Thomas Lemke (dir.), Glossar der Gegenwart, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2004, p. 204-209 ; sur le concept général d’une économie de la performance, voir Fabian Muniesa, The Provoked Economy. Economic Reality and the Performative Turn, Londres, Routledge, 2014.
54 Pour une approche générale de la question, voir Sighard Neckel, Flucht nach vorn. Die Erfolgskultur der Marktgesellschaft, Francfort-sur-le-Main et al., Campus, 2008, p. 80 sq. ; pour une approche en rapport avec la pratique du travail par projet, voir Christiane Funken, Jan-Christoph Rogge et Sinje Hörlin, Vertrackte Karrieren…, op. cit.
55 Voir chap. II. 2, p. 132 sq.
56 Voir Christiane Funken, Jan-Christoph Rogge et Sinje Hörlin, Vertrackte Karrieren…, op. cit.
57 Sur ce dernier point, voir Rosamund Davies et Gauti Sigthorsson, Introducing the Creative Industries…, op. cit., p. 116 sq. La psychologie aussi reconnaît de plus en plus l’importance de tels « traits de caractère » pour le succès professionnel, voir par exemple Angela Duckworth et al., « Grit: Perseverance and Passion for Long-term Goals », Journal of Personality and Social Psychology, 92 (6), 2007, p. 1087-1101.
58 Voir sur ce point Chris Bilton, Management and Creativity…, op. cit., p. 28 sq. Sur le casting de façon générale, voir Bernhard Pörksen et Wolfgang Krischke (dir.), Die Casting-Gesellschaft. Die Sucht nach Aufmerksamkeit und das Tribunal der Medien, Cologne, Halem, 2010 ; André Pradtke, Casting Shows als Märkte für Marktpotentiale. Ökonomische Theorien, Thesen und Tests zum Phänomen der Superstars und zur Gestaltung von „Casting Show“-Formaten, Marbourg, Metropolis-Verlag, 2014.
59 Le documentaire de Till Harms sur l’audition et le casting dans une école d’acteurs, Die Prüfung (2016), constitue une belle illustration de ce phénomène.
60 Voir Sighard Neckel, Flucht nach vorn…, op. cit., et, de manière similaire, Pierre Rosanvallon, La société des égaux, Paris, Éditions du Seuil, 2011.
61 Sur ce genre de pronostics sur des activités apparemment pleines d’avenir, voir par exemple Lynda Gratton, The Shift. The Future of Work is Already Here, Londres, Collins, 2011.
62 Voir Rosamund Davies et Gauti Sigthorsson, Introducing the Creative Industries…, op. cit., p. 104 sq. ; Andreas Wittel, « Toward a Network Sociality », op. cit.
63 Cet aspect de la question n’apparaît que de façon timide dans la littérature, voir Rosamund Davies et Gauti Sigthorsson, Introducing the Creative Industries…, op. cit., p. 114 sq.
64 Voir, pour ne citer qu’un exemple parmi de nombreux autres, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Éditions de Minuit, 1985 [1964].
65 Pierre Bourdieu, « Ökonomisches Kapital, kulturelles Kapital, soziales Kapital », dans Reinhard Kreckel (dir.), Soziale Ungleichheiten, traduit par Reinhard Kreckel, Göttingen, Schwartz, 1983, p. 183-198. [Sauf erreur, le texte est encore inédit en français mais le traducteur allemand a mis en ligne le « texte français original dactylographié avec corrections de l’auteur », qui porte le titre « Les espèces du capital » et que l’on peut consulter sur le site ResearchGate. Par ailleurs, une version remaniée du texte allemand a paru en anglais dans une traduction de Richard Nice (« The Forms of Capital », dans J. Richardson (dir.), Handbook of Theory and Research for the Sociology of Education, New York, Greenwood, 1986, p. 241-258) et la partie concernant le « capital culturel incorporé » est elle-même un remaniement de « Les trois états du capital culturel », Actes de la recherche en sciences sociales, 30, novembre 1979 (L’institution scolaire), p. 3-6. Tous ces textes sont également accessibles en ligne (N.d.T.).]
66 J’examinerai plus en détail au chapitre V la configuration socioculturelle spécifique de cette nouvelle classe moyenne diplômée. D’une manière encore différente, les signes d’appartenance au sérail sont décisifs parmi l’élite managériale, voir Michael Hartmann, Der Mythos von den Leistungseliten, Francfort-sur-le-Main et New York, Campus, 2002.
67 Pour un examen détaillé de la question, voir Uwe Vormbusch, « Karrierepolitik. Zum biografischen Umgang mit ökonomischer Unsicherheit », Zeitschrift für Soziologie, 38 (4), 2009, p. 282-299.
68 Voir sur ce point Boris Traue, Das Subjekt der Beratung. Zur Soziologie einer Psycho-Technik, Bielefeld, Transcript, 2010.
69 Sur le sujet de façon générale, voir Ronald Hitzler et Michaela Pfadenhauer (dir.), Karrierepolitik. Beiträge zur Rekonstruktion erfolgsorientierten Handelns, Opladen, Leske + Budrich, 2003 ; et, de façon plus spécifique, Joanna Grigg, Portfolio Working. A Practical Guide to Thriving in the Changing Workplace, Londres, Kogan Page, 1997 ; Uwe Vormbusch, « Karrierepolitik… », op. cit.
70 Sur ce point, voir par exemple David Hesmondhalgh, The Cultural Industries, op. cit., et les contributions de Polar. Zeitschrift für politische Philosophie und Kultur, 4, 2008 (Tun und Lassen. Über Arbeiten).
71 Voir Andreas Reckwitz, Die Erfindung der Kreativität. Zum Prozess gesellschaftlicher Ästhetisierung, Berlin, Suhrkamp, 2012, p. 54 sq. (trad. angl. : The Invention of Creativity. Modern Society and the Culture of the New, traduit par Steven Black, Cambridge et al., Polity, 2017).
72 L’idéal de la culture de travail de la modernité tardive combine toutefois d’une manière parfaite un travail qui permet la créativité et l’épanouissement personnel avec un succès d’attention et de valoration sur le marché. Le type de l’« artiste à succès » (designer, architecte, etc.) incarne cet idéal. Voir par exemple Sarah Thornton, 33 Künstler in 3 Akten, Francfort-sur-le-Main, Fischer, 2015. Angela McRobbie (dans Be Creative…, op. cit., p. 87 sq.) souligne la dimension genrée de la question : l’idéal de la personne créative ne s’applique pas seulement aux hommes dans la modernité tardive, mais tout particulièrement aux femmes.
73 Sur la « coopétition », voir Stephan A. Jansen et Stephan Schleissing (dir.), Konkurrenz und Kooperation: interdisziplinäre Zugänge zur Theorie der Co-opetition, Marbourg, Metropolis-Verlag, 2000.
74 Pour une approche différente du sujet, voir Arlie Russel Hochschild, Time Bind. When Work Becomes Home and Home Becomes Work, New York, Holt, 2001 et Diedrich Diederichsen, « Kreative Arbeit und Selbstverwirklichung », dans Christoph Menke et Juliane Rebentisch (dir.), Kreation und Depression. Freiheit im gegenwärtigen Kapitalismus, Berlin, Kulturverlag Kadmos, 2010, p. 118-128. Voir aussi Svenja Flaßpöhler, Wir Genussarbeiter. Über Freiheit und Zwang in der Leistungsgesellschaft, Munich, Deutsche Verlagsanstalt, 2011.
75 Sur cette structure, voir les analyses détaillées de Pierre-Michel Menger, Portrait de l’artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme, Paris, Éditions du Seuil, 2002 ainsi que de Jean-Paul Fitoussi et Pierre Rosanvallon, Le nouvel âge des inégalités, Paris, Éditions du Seuil, 1996, chap. 2. Sur le concept de star, voir Sherwin Rosen, « The Economics of Superstars », American Economic Review, 71 (5), 1981, p. 845-858.
76 On peut songer ici à la distinction de Stinchcombe entre deux logiques de travail. Selon ce dernier, en effet, il y a d’un côté les « jobs de star » (star jobs) pour lesquels de petites différences engendrent à l’arrivée des différences de performance, d’attention, de valoration et de succès démesurées pour l’organisation et qui sont rétribués en conséquence, et de l’autre côté on trouve les activités standardisées, pour lesquelles ces petites différences n’ont quasiment aucun impact sur l’organisation. Voir Arthur L. Stinchcombe, « Some Empirical Consequences of the Davis-Moore Theory of Stratification », American Sociological Review, 28 (5), 1963, p. 805-808.
77 Pour une analyse plus fouillée de ce phénomène et pour des interprétations concurrentes, voir Pierre-Michel Menger, Le travail créateur…, op. cit., p. 345 sq., et aussi id., La différence, la concurrence et la disproportion. Sociologie du travail créateur, Paris, Collège de France, Fayard, 2014. Sur la question de l’unicité, de sa logique et de son équité, Gerald Raunig développe une perspective différente intéressante, en s’appuyant sur le récit de Franz Kafka, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris : voir Gerald Raunig, Fabriken des Wissens, Zurich, Diaphanes, 2012, p. 7 sq.
78 On le constate par exemple dans le fait que même les enseignants désormais sont tenus de se distinguer par un cours « enthousiasmant » ou que seuls certains produits informatiques « font vibrer la corde sensible ».
79 Une sociologie de la vanité reste à faire, les travaux sur le narcissisme étant ce qui s’en rapproche le plus ; voir l’ouvrage classique de Christopher Lasch, La culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances, traduit par Michel L. Landa, Paris, Flammarion, 2018 [original angl. 1978]. De même, l’historicité de l’envie a été bizarrement négligée jusqu’à présent. Voir toutefois Frank Nullmeier, Politische Theorie des Sozialstaats, Francfort-sur-le-Main et al., Campus, 2000. Sur la question de l’échec, voir Matthias Junge et Götz Lechner (dir.), Scheitern. Aspekte eines sozialen Phänomens, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2004.
80 On pourrait insérer ici une discussion normative sur le juste et l’injuste, voir notamment Sighard Neckel, Flucht nach vorn…, op. cit., p. 80 sq.