Introduction. Un atlas pour une grotte ornée : découvrir la grotte Chauvet par les cartes

Jean-Michel Geneste et Jean-Jacques Delannoy

1Après vingt années d’explorations, de découvertes, d’enregistrements et d’analyses, les recherches pluridisciplinaires menées dans la grotte Chauvet-Pont d’Arc ont livré une exceptionnelle somme d’informations. Si certaines d’entre elles ont été publiées, notamment pour les avancées les plus générales (Clottes 1995a ; 1995b ; 2001 ; Clottes, Azéma 2005 ; Gély, Azéma 2005 ; Geneste et al. 2005 ; Delannoy et al. 2012c), beaucoup restaient jusqu’à présent inédites.

2La Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc a pour objectif de restituer au public l’ensemble des informations réunies depuis 1998 par des spécialistes de différents domaines regroupés en une même équipe, en réponse à l’appel d’offre lancé par le ministère de la Culture (cf. infra, Annexe 1). Ce premier volume présente sous la forme d’un atlas l’inventaire raisonné des informations contenues dans la grotte et connues à ce jour. Ce type d’ouvrage, privilégiant une approche spatiale, peut paraître inhabituel pour présenter un site orné. Néanmoins, les dimensions de la grotte, la morphologie de ses salles et de ses galeries ainsi que l’inscription des œuvres pariétales dans le paysage souterrain, sont autant d’invitations à penser, travailler et structurer l’ensemble des connaissances par une telle approche. L’Atlas permet de montrer l’espace de cette vaste cavité ornée, d’exposer le contenu de chacun de ses secteurs et d’aborder, de la façon la plus neutre, la complexité et la richesse factuelle, souvent soulignées, de ce sanctuaire souterrain.

3C’est ainsi que la présentation spatialisée des données a été systématiquement privilégiée dès les premières recherches dans la grotte. Très tôt, les observations des géographes, des géomorphologues, des géologues et des sédimentologues ont été portées sur des cartes, rapidement fondues en un support commun : la carte géomorphologique des sols (Delannoy et al. 2005). Celle-ci a intégré progressivement une large part de données issues d’autres disciplines, notamment l’archéologie et la paléontologie.

4Par ailleurs, et plus récemment, a été ressenti le besoin d’un système d’information géographique (SIG) qui contienne l’essentiel des données de la grotte ainsi que le détail des prélèvements et les résultats des analyses relatifs aux sols, aux formations géologiques, aux œuvres pariétales, aux traces, aux vestiges archéologiques et aux résultats d’analyses. Ce SIG dit « Atlas Chauvet » a servi de base à la réalisation des cartes originales présentées dans cet ouvrage. Le modèle numérique 3D, destiné initialement aux aménagements du site et enrichi ensuite pour la réalisation de la restitution de la grotte (Chauvet 2), forme aujourd’hui la base d’un nouveau SIG qui va accompagner le développement des travaux de recherche menés à l’intérieur de la cavité, et constituer un outil de gestion de la conservation et de la recherche. C’est sur ce socle de données intégrées dans leur environnement spatial (cartes, SIG Atlas Chauvet, modèle 3D) qu’a été construit l’Atlas. Ces trois supports de représentation de la grotte correspondent à trois temps de formalisation spatiale des données (cf. infra, partie 1).

La place de l’Atlas au sein des publications relatives aux sites ornés préhistoriques

Un ouvrage inscrit dans la tradition des atlas naturalistes

5Ce livre s’inscrit dans une tradition éditoriale, celle des atlas - géographiques, historiques, mais également d’histoire naturelle, par exemple d’anatomie. Si notre démarche est ici, à l’évidence, celle de la géographie par la prééminence de la carte qui permet de se projeter dans l’espace représenté et d’en percevoir les spécificités, elle croise la discipline anatomique en ceci que pour présenter la forme et la structure d’un organisme vivant, cette dernière découpe et expose des sections et des perspectives tridimensionnelles. Les atlas d’anatomie humaine ont en commun avec le nôtre l’objectif de présenter un tout (le corps humain, la grotte) en exposant séparément les structures anatomiques (le squelette), puis les parties « molles » qui s’y rattachent (les muscles, les nerfs, les vaisseaux, les secteurs, les parois, les sols, les éléments isolés…). Du xvie au xviiie siècle, ces ouvrages étaient fondés sur la représentation graphique des éléments anatomiques. La diffusion des connaissances sur ce sujet s’est faite très tôt grâce à des planches illustrées, dont la réalisation était confiée à de grands artistes qui ont su y suggérer la troisième dimension, depuis les xylogravures d’André Vésale et les dessins de Léonard de Vinci jusqu’à ceux de Nicolas-Henri Jacob au xixe siècle (Bourgery 1831- 1854 ; Huard 1961 ; Vésale et al. 2008), ainsi que les ouvrages français de Léo Testut (1889) et d’Henri Rouvière (1967). Ces compositions graphiques - obéissant au concept de découpage spatial par membre ou grande zone du corps - rendent compte de l’évolution des découvertes, des concepts et des idées scientifiques autour d’un même objet d’étude, le corps humain, préparé, découpé et représenté en fragments ou parties (Bourgery 1831-1854).

6Ainsi, lorsque paraissent en Europe les premiers livres de préhistoire - consacrés à l’art, aux vestiges culturels ou aux restes humains de cette période -, les grands ouvrages sur l’anatomie sont à leur apogée. Ils influencent les publications naturalistes des paléontologues, des anthropologues et des archéologues de la fin du xixe et du début du xxe siècle, qui en adoptent le grand format et les planches, enrichies de cartes et de plans. Ces premiers livres de préhistoire ont fondé les principes éditoriaux des publications relatives à l’art pariétal. L’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc s’inscrit dans cette tradition de transmission des connaissances par les cartes et les images, graphiques ou photographiques.

Bref historique de la carte dans l’art pariétal

7Au début du xxe siècle, les grandes monographies de la collection « Peintures et gravures murales des cavernes paléolithiques » publiées à Monaco étaient consacrées, pour les principales, à la grotte d’Altamira (Cartailhac, Breuil 1904), aux cavernes de la région cantabrique (Alcalde del Rio et al. 1911) et à celles de la vallée de la Vézère, telles les Combarelles (Capitan et al. 1924) et Font-de-Gaume (Capitan et al. 1910). Elles montraient déjà la volonté de rendre compte de l’espace et du contenu de ces sites au moyen de nombreuses illustrations, mais également par des plans topographiques détaillés et précis ainsi que des cartes thématiques. Sans être un atlas, Les Cavernes de la région cantabrique comporte ainsi deux cent soixante-cinq pages de texte agrémenté de plus de deux cent cinquante figures, plans, relevés, tableaux, plans et cartes thématiques, auxquels s’ajoutent une centaine de planches, de photographies et de relevés.

8Si cette entreprise éditoriale a formalisé des pratiques disciplinaires naissantes, si elle a marqué les débuts de la science préhistorique et les a entourés d’un indéniable prestige qui relevait, en partie, de l’institution sous l’égide de laquelle elle a vu le jour, sa complexité et son ambition ont cependant rarement été égalées par la suite. En effet, les ouvrages du milieu du xxe siècle, plus génériques et de portée intentionnellement plus théorique, montrent une prise de distance par rapport à ces premières publications. Une large place était alors donnée aux interprétations et au comparatisme alors en vigueur. L’Art des cavernes. Atlas des grottes ornées paléolithiques françaises édité par le ministère de la Culture (1984), constitue un cas particulier dans cette nouvelle ligne éditoriale. Assumant pleinement son statut d’atlas, il dresse un inventaire exhaustif des cavités et abris sous roche ornés paléolithiques du territoire français, recensés sous forme cartographique. Puis il présente chaque site grâce à une notice composée d’un texte descriptif et d’un plan topographique doté d’une sémiologie graphique permettant de localiser les œuvres pariétales. Le présent ouvrage (cf. infra, chapitre 2) s’inscrit dans cet esprit.

9Par la suite, de nombreux auteurs ont accordé dans leurs publications une place importante au positionnement des œuvres, aussi bien sur les parois qu’au sein du site orné. Ainsi, en France, la plupart des auteurs étudiant les grottes et les abris ornés ont systématiquement publié des plans de plus en plus précis expliquant non seulement la position des manifestations artistiques mais aussi leur rôle présumé dans l’espace. À cette époque apparaît ce qui est depuis devenu une discipline à part entière : la topographie du milieu souterrain orné, proche parente de la topographie spéléologique. Des démarches propres à l’étude des grottes ornées datent aussi de cette période d’intensification et de formalisation de la recherche en milieu souterrain (Rouzaud 1978 ; Aujoulat 1984 ; 1987 ; 1992 ; Lorblanchet 2001).

10Au sein des équipes archéologiques étudiant les grottes ornées, cette pratique, aujourd’hui courante, de la topographie et de la cartographie, est destinée à documenter le site, mais surtout à progresser dans la compréhension des liens qu’entretiennent les œuvres pariétales en localisant sur les cartes et les plans leur relevé précis (par exemple, en France, Bégouën et al. 2009 ; 2014 ; Lorblanchet 2010). De plus en plus souvent, ces documents font appel à la troisième dimension.

Pourquoi aujourd’hui un atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc ?

11L’approche spatiale est particulièrement bien adaptée à l’étude d’une grotte ornée, car elle permet d’analyser en détail l’intégration de l’art pariétal dans un espace clos, en particulier son insertion dans les volumes et formes des galeries et des parois. Les dimensions de la grotte Chauvet, la morphologie des salles et des galeries qui la compartimentent, l’inscription des panneaux ornés dans les paysages souterrains étaient autant d’invites à penser, élaborer et structurer les connaissances acquises dans l’espace général de la grotte et dans la diversité de ses volumes. Le bilan acquis au cours de deux décennies de recherche n’est pas définitif ; nul doute que d’autres développements verront le jour avant la fin des recherches.

La grotte Chauvet, espace complexe

12Lors du cheminement dans la grotte, une séquence spatiale s’impose vite. Ce sentiment n’est pas uniquement d’ordre topographique, il repose en bonne part sur la manière dont les espaces ont été investis et ornés par les humains du Paléolithique, à l’image d’un paysage extérieur associant dimensions naturelles, sociales et culturelles. La définition d’espaces distincts, perçus avec leurs caractères propres au cours des visites, est une évidence phénoménologique sur laquelle on peut s’appuyer pour étudier les manifestations artistiques inscrites dans le site. L’histoire d’humains et celle d’animaux, avec leurs temporalités propres, sont archivées dans toute la cavité. Au cours du temps long, des dialogues entre humains et animaux, et entre humains et milieu souterrain se sont noués et se sont inscrits dans les paysages de la grotte. Ces interrelations relèvent d’une préoccupation anthropologique fondamentale : les relations entre la nature et la culture.

13La diversité du lieu, de son paysage et de ses contenus s’impose rapidement à tous les visiteurs - sans doute aussi bien de nos jours qu’au Paléolithique.

14L’approche spatiale permet d’appréhender à la fois la spécificité des lieux et leur place respective au sein de la grotte. En raison des dimensions de la cavité et de la géométrie de ses réseaux - aux genèses distinctes mais fonctionnellement et historiquement liées -, le visiteur ressent le besoin de formaliser, de visualiser l’organisation et l’enchevêtrement des espaces qu’il traverse. Bien que simple, le plan de la grotte tel qu’il a été perçu, mémorisé et transcrit par ses inventeurs ne reproduit pas la réalité topographique (cf. infra, § 1.1.). Les distorsions d’un espace mémorisé par la perception visuelle et le cheminement dans l’obscurité, sans prise de repères objectifs, sont observables sur le premier schéma de la cavité, dessiné de mémoire par Jean-Marie Chauvet. Ce document est fascinant, car il est la première image, la première représentation de la grotte avant toute autre transcription graphique. Aujourd’hui encore, dans le quotidien des chercheurs qui œuvrent dans la grotte, les cartes répondent à un besoin de formalisation et de communication, et sont considérées comme une aide à la lecture et à la visualisation du site. Ces deux dimensions sont au cœur du présent ouvrage (cf. infra, parties 2 et 3).

La carte, support de représentation

15La carte est un outil de représentation des données perçues, reconnues et relevées, et un outil d’inscription des connaissances dans un contexte. Elle se distingue de la topographie qui précise la forme du « contenant-grotte », en délimitant ce qui appartient aux vides souterrains et à l’encaissant rocheux, en fournissant des informations, telles la déclivité du sol et en autorisant l’approche globale d’un lieu. La cartographie apporte des contenus. Autrement dit, elle contribue à l’étude du site et, ce faisant, participe à la construction des savoirs. Durant les vingt années de recherche dans la grotte Chauvet, la carte a été aussi un support de connexion entre les données produites sur de mêmes espaces par les différentes disciplines.

16Toute carte est élaborée à partir de connaissances dont certaines n’avaient pas été formellement énoncées jusque-là. Elle met en évidence, grâce à une sémantique graphique réfléchie (construction de la légende), des caractères le plus souvent perçus dans la réalité de façon parcellaires car morcelés par des filtres analytiques ou disciplinaires. En ce sens, la carte constitue un vecteur de remise en contexte des données et d’approche (globale ou thématique) d’un lieu.

17Le choix de l’échelle, qui produit des effets tantôt de concentration tantôt de distanciation par rapport aux objets étudiés, est fondamental. C’est par ce double jeu de focale que la carte rend visible le peu visible, l’imperceptible parfois. Tel est le sens donné aux deux types de cartes présentées dans cet ouvrage, les cartes géographiques (cf. infra, partie 3) et les cartes thématiques (cf. infra, parties 2 et 4), dont les échelles varient du 1 : 100 au 1 : 1000. Tantôt elles donnent à lire l’ensemble des données contenues dans la grotte, tantôt elles les replacent dans leur contexte général, dans leur spatialité. Les cartes de cet atlas répondent à la volonté de communiquer les différentes dimensions de la grotte par le processus dialectique établi entre leur échelle et leur légende. Une attention particulière a été portée à l’élaboration des légendes et à leur explicitation. La légende favorise la lecture réflexive de la carte : c’est par sa lecture que le lecteur exerce le libre arbitre nécessaire à l’interprétation des données qui y sont portées.

Les cartes, reflets de l’état de la recherche

18Les cartes produites au fil des années par les chercheurs sont des supports de formalisation des connaissances acquises (ou en cours d’acquisition). Elles informent sur l’évolution des travaux et des problématiques de la recherche ainsi que sur les modes d’acquisition et de formalisation des données. C’est ainsi que les statuts et contenus des toutes premières cartes produites par l’équipe et de celles présentées dans cet ouvrage sont différents ; si les premières ont une dimension d’exploration disciplinaire, les dernières sont plus intégratives et construites dans une logique de croisement disciplinaire.

19Au-delà de leurs statuts et contenus, les cartes ne sont pas neutres dans la transmission des connaissances. La facilité d’acquisition des contenus par le lecteur dépend, en effet, de la nature des entrées retenues par le cartographe ; elles peuvent être géographiques, chronologiques ou analytiques. Lorsque l’entrée est clairement définie, l’information portée sur les cartes est aisément assimilable : les cartes thématiques de cet ouvrage ont été conçues dans cet esprit. Le choix des entrées retenues dans l’Atlas est le reflet des paradigmes en vigueur dans le traitement des données relevées sur le terrain, et des résultats analytiques. Les choix d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’il y a dix ans ni ceux de demain ; en ce sens, parmi les règles en usage, la lecture d’une carte comme expression de savoir est soumise à la durée de vie de ses paradigmes fondateurs. Une carte n’est pas une vérité : elle doit être interprétée selon sa logique propre et en fonction de sa légende qui, à elle seule, témoigne de la problématique ayant prévalu à sa conception.

20Des cartes d’une autre nature sont présentes dans cet ouvrage : les cartes intégrées des sols (cf. infra, partie 3) conçues pour présenter l’ensemble des contenus de la grotte. L’acquisition des connaissances par le lecteur réclame ici une attention soutenue, une immersion dans les détails et une succession d’allers-retours avec la légende. Ces cartes reflètent la densité des objets archéologiques, paléontologiques et géomorphologiques présents au sol et étudiés par l’équipe scientifique.

21L’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc est le reflet direct des travaux pluridisciplinaires menés dans la cavité et de la volonté de transmettre les connaissances acquises par les cartes. Il est également une invitation à entrer dans le chantier d’une recherche en constante évolution.

La dimension narrative des cartes

22Porter à la connaissance les travaux et résultats des chercheurs par des cartes nécessite, on l’a dit, d’associer à ces dernières des codes de navigation. Une carte accède à une dimension narrative si, et seulement si, le lecteur entre dans la syntaxe des légendes et de la sémiologie graphique utilisée, et entreprend de voyager dans le document proposé. Toute légende, toute échelle choisie formalise un savoir. La carte commentée et légendée est un « donner à voir », une construction intellectuelle alliant la puissance de l’image et du verbe. Ce « donner à voir », distinct du « donner à lire », est l’apanage des ouvrages cartographiques. Sans guide de lecture, la carte reste muette, énigmatique, et laisse la curiosité du lecteur insatisfaite. Par exemple, la carte intégrée des sols de la grotte présente une abondance d’aplats rose, couleur retenue pour exprimer le concrétionnement. Un aperçu rapide conduirait à déduire de cette dominante que la grotte est fortement concrétionnée. Or, si tel est bien le cas de la cavité actuelle, cela ne correspond pas à la situation que les humains du Paléolithique supérieur ont connue : la légende indique qu’une partie de ce concrétionnement (génération 4 et 5, les roses les plus soutenus) est apparue postérieurement et qu’il reflète une évolution récente. Ainsi, le lecteur établit-il un dialogue entre la carte et sa légende qui lui offre des clés pour voyager dans l’espace et dans le temps de la grotte Chauvet-Pont d’Arc.

Un voyage à travers les cartes

23Ces préliminaires posés et ces règles de navigation intégrées, le dispositif cartographique de l’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc doit permettre au lecteur de visualiser une « réalité » qui ne peut être perçue par la voie du seul texte ou d’une simple liste de paramètres rassemblés dans des tableaux. La force d’une carte est de fournir un instantané visuel que le cerveau humain perçoit dans sa globalité. L’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc a été pensé, construit comme un support dans lequel on peut à la fois s’immerger, se perdre et rechercher des informations précises liées à son propre champ de recherche. De même que chacun a sa perception subjective de l’espace, tout lecteur s’approprie, à travers une carte, un ensemble d’informations spatiales situées en des lieux qui restent inaccessibles mais sur lesquels il peut acquérir une connaissance documentée. Enfin, les cartes ont été construites de façon à ce que chaque lecteur puisse parcourir la grotte sur un mode fictionnel, comme il le fait à travers un atlas géographique. La carte devient ainsi une métaphore matérielle de parcours potentiels. L’atlas des Mondes disparus (Buffetaut, Le Lœuff 1998) est l’exemple extrême et poétique de cette proposition. C’est autour de ces valeurs que l’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc a été réalisé.

L’organisation de l’atlas

24L’Atlas a pour objectif de présenter les principaux traits de la grotte grâce à une riche iconographie composée non seulement de cartes, mais aussi de schémas explicatifs et de photographies. L’idée force est d’offrir au lecteur la possibilité de se promener dans la grotte par leur intermédiaire et d’observer par lui-même les paysages souterrains dans lesquels s’inscrivent les œuvres pariétales et les vestiges archéologiques. Si les quatre parties de l’Atlas sont construites autour des cartes et de leurs apports, celles-ci, par le jeu des échelles et par leur déclinaison thématique, rendent compte des enjeux d’acquisition, d’analyse et de représentation des données durant ces vingt années de recherche.

Première partie : la place des cartes dans l’étude de la grotte

25La première partie de l’ouvrage, divisée en trois chapitres, aborde les premières représentations spatiales de la grotte : les plans topographiques puis les productions cartographiques, et enfin la mise en place du SIG. Ces trois étapes rendent compte de l’appropriation progressive de la cavité par les chercheurs.

26Le premier chapitre, intitulé « Une image topographique de la grotte », montre les premiers documents réalisés au lendemain de la découverte de la grotte, en 1994, et, plus tard, au début des travaux de recherche, en 1998. On en compte une vingtaine qui sont présentés en lien avec les objectifs de leurs différents auteurs.

27Entre les dessins réalisés au lendemain de la découverte (André, Chabaud 2000a) et les levés des chercheurs, un plan très précis de la grotte a été produit. Réalisé à des fins de conservation, ce document fut essentiel non seulement pour restreindre l’accès à la cavité afin de limiter la perturbation des conditions aérologiques et hygrométriques, mais également pour décider du placement des passerelles permettant de cheminer dans la grotte sans en détruire les sols. La chronologie de cette production reflète la philosophie des actions menées : la conservation est un préalable à toutes les interventions dans la grotte, dont les recherches scientifiques.

28Le deuxième chapitre, « La carte intégrée des sols : principes et sémiologie », présente les travaux cartographiques réalisés par les chercheurs et plus particulièrement le processus d’élaboration de la carte intégrée des sols. En effet, compte tenu des dimensions de la cavité, il est apparu nécessaire, dès le début de la recherche, d’y localiser avec précision les observations et les vestiges archéologiques (ossements, charbons de bois, industries, aménagements…) ainsi que les prélèvements effectués en vue de leur analyse. Le fond topographique, sur lequel le travail a été engagé, s’est transformé en objet cartographique avec la réalisation, entre 1999 et 2005, de la carte géomorphologique, sur laquelle les chercheurs ont progressivement porté les vestiges au sol perceptibles et analysables depuis les passerelles. La carte géomorphologique a ensuite changé de statut, intégrant les résultats d’autres disciplines, afin de croiser les données et observations issues des différents champs de la recherche. Afin de rendre compte au mieux des interactions entre les différents objets présents au sol, la carte a été retravaillée à partir du modèle 3D de la cavité, permettant ainsi une localisation précise de chacun d’entre eux. Dès lors, il est devenu possible de travailler à une haute résolution spatiale. La « carte intégrée des sols » est héritée de la précédente. Elle marque une étape importante dans la production collective des savoirs et dans le recoupement des informations puisqu’elle ne se limite plus aux sols mais inclut les données anthropiques des parois et des voûtes. Les cartes par secteur qui rythment la visite de la grotte sont issues de la carte intégrée des sols. Une attention particulière est portée à la présentation détaillée de leur sémiologie afin que le lecteur puisse pleinement s’approprier l’ensemble des informations qu’elles portent et disposer des clés indispensables à sa réflexion.

29Si la carte intégrée des sols a permis aux chercheurs d’appréhender la distribution spatiale, la disposition, la chronologie relative et l’état de conservation des vestiges archéologiques et paléontologiques dans leur contexte spéléogénique, elle présentait toutefois des limites pour le croisement des informations issues des différentes disciplines et, donc, pour la dynamique de la recherche. La mise en place d’une base de données commune permettant de spatialiser les éléments relevés mais également de renseigner les résultats des analyses, est rapidement apparue incontournable. L’établissement d’un SIG spécifique à l’Atlas Chauvet, présenté au chapitre 3, a marqué une étape majeure dans la centralisation et la mise en convergence des données. Il a impulsé une dynamique d’analyse spatiale et de recoupement des informations via la production de cartes originales. La plupart des cartes thématiques et analytiques présentées dans l’Atlas ont été produites à partir de ce SIG. Le présent ouvrage et ce premier SIG sont deux reflets d’une même dynamique de rassemblement et de transmission des observations et des analyses issues de ces vingt dernières années de recherche.

Deuxième partie : les contextes de l’art et de l’archéologie

30Avant de parcourir la grotte par les cartes et de découvrir la diversité des informations qui y sont contenues, il est important de disposer de clés de connaissances sur l’histoire géologique de la grotte et le contexte paléoenvironnemental des occupations ainsi que de repères chronologiques. C’est l’objectif de la deuxième partie de l’Atlas. La présentation des contextes physique, temporel et paléoenvironnemental repose sur un large corpus de cartes thématiques relatives aux étapes successives de la genèse et de l’évolution de la grotte avant, pendant et après les épisodes de fréquentation paléolithique. Ces cartes originales, à l’échelle de la cavité entière, impliquent les différents domaines de recherche mobilisés pour appréhender les temporalités de la grotte.

31Le premier chapitre de cette partie (chapitre 4) a pour objectif de présenter le contexte physique de la grotte notamment dans son aspect géomorphologique. La diversité des morphologies et des formations souterraines offre un spectre exceptionnel d’archives naturelles permettant de reconstituer avec une relative précision la genèse et l’évolution de la cavité. Les éléments morphogéniques que sont les formes de galerie, les microformes de paroi, les dépôts détritiques et carbonatés, les traces laissées au sol et en paroi par les animaux et les hommes, les remaniements ultérieurs par les processus naturels, sont autant de témoins de l’histoire de la grotte depuis près de six millions d’années. Cette reconstitution du contexte physique au cours du temps dépasse la seule dimension naturaliste : elle constitue une première mise en contexte de l’art et de l’archéologie par l’appréhension des paysages souterrains contemporains des fréquentations humaines et animales, et par la reconnaissance des natures et textures des parois et des sols ainsi que des conditions hygro-climatologiques qui interviennent dans sa conservation. Elle permet, par ailleurs, de mieux cerner la distribution spatiale des vestiges au sol et les remaniements dont ils ont fait l’objet après les périodes de fréquentation.

32La spéléogenèse de la grotte Chauvet est abordée de manière progressive. On s’intéresse d’abord à la nature des informations morphogéniques transmises par les volumes souterrains, les états de paroi et la topographie des sols. L’ensemble de ces indices est ensuite rassemblé pour proposer une histoire de la grotte depuis les premiers vides souterrains jusqu’aux paysages actuels. Cette évolution, essentiellement construite sur un raisonnement morphogénique et une chronologie relative des événements, reste à être calée précisément dans le temps par des datations.

33Tel est l’objet du chapitre 5, consacré aux méthodes de datation employées pour fixer l’âge des séquences de fréquentations humaine et animale de la grotte, et sa fermeture. Les cinq entrées qui composent ce chapitre, présentent les techniques utilisées selon les objets à dater : l’uranium / thorium, le carbone 14 et les isotopes cosmogéniques (chlore 36) ont permis de donner un âge aux charbons de bois, aux tracés pariétaux, aux ossements, aux spéléothèmes et aux cicatrices d’écroulement de la grotte. Pour chacune de ces entrées sont présentées les modalités de prélèvement et d’analyse des échantillons ainsi que les résultats obtenus en chronologie absolue. L’ensemble de ces dates constitue une solide base de sériation et d’organisation des faits (anthropiques, fauniques, climatiques, géomorphologiques…). Présentées dans un tableau en conclusion du thème, elles offrent un robuste canevas chronologique dans lequel les vestiges et témoins trouvent leur place et leur cohérence.

34Le dernier chapitre de cette partie (chapitre 6) se concentre sur l’environnement régional dans lequel se déplaçaient les populations et les animaux à l’époque de la fréquentation de la grotte. Après les géosciences et la physique, les sciences de l’environnement et de la vie sont ici mobilisées - plus particulièrement la palynologie, l’anthracologie et la génomique.

35L’environnement végétal et les conditions climatiques régionales qui régnaient au Pléistocène supérieur ont pu être précisés par l’analyse des macrorestes végétaux et des pollens présents dans les sédiments souterrains et les coprolithes. Le focus sur l’anthracologie met en avant le choix d’un taxon spécifique par les Paléolithiques, le pin sylvestre, pour la réalisation des dessins au charbon. Enfin, les analyses génétiques et biogéochimiques des ossements d’ours ont permis d’étudier la lignée des ours de la grotte Chauvet et leur alimentation.

Troisième partie : la grotte Chauvet-Pont d’Arc par les cartes

36Cette partie de l’ouvrage a été conçue comme un voyage à travers les cartes. Le parcours proposé au lecteur, proche du cheminement actuel au long des passerelles depuis l’entrée jusqu’au fond de la cavité, invite à découvrir progressivement la grotte au moyen de vingt cartes au 1 : 100 (cf. feuillet libre inséré dans l’ouvrage). Ce découpage cartographique est propre au présent Atlas : répondant à des contraintes éditoriales et de démonstration (le choix d’une échelle minimum pour la lisibilité, l’impossibilité de cadrer l’entièreté de chaque salle ou galerie à cette échelle, la volonté de centrage sur le cœur de l’espace nommé sans perdre ses relations avec les espaces mitoyens, l’abondance ou au contraire l’absence d’objets à décrire dans l’espace considéré), et ne prétend donc pas s’imposer comme une modélisation objective des espaces de la grotte. Il se distingue par exemple nettement des découpages réalisés en vue des études pariétales et paléontologiques mis en place dès les premières années de recherche dans la cavité (cf. infra, § 1.1.).

37Si la profusion des informations confère à chacun des vingt extraits de la carte intégrée des sols un degré de complexité qui peut d’abord paraître antinomique avec la volonté de transmission des connaissances, ils retranscrivent cependant parfaitement le sentiment qu’éprouve tout visiteur de la cavité : celui de la diversité et de la richesse des paysages souterrains dans lesquels s’inscrivent les vestiges.

38Les vingt cartes des sols au 1 : 100 constituent le cœur des vingt cahiers de présentation par lesquels le lecteur est invité à parcourir la grotte dans ses moindres recoins et à y opérer ses propres lectures au gré de ses intérêts : archéologiques, pariétaux, paléontologiques, géomorphologiques. Plusieurs voies sont proposées pour approfondir : un texte bien sûr, mais aussi une abondante iconographie légendée, dont des coupes, des relevés et des schémas explicatifs. Chaque « Carte » (tel est le nom donné à chacun des cahiers de présentation) est construite sur une structure commune. La première double page comporte une photographie panoramique représentative de la zone concernée, accompagnée d’un texte qui en présente les thèmes dominants. Ce texte d’ordre général décline ce qui caractérise l’espace cartographié ; selon les secteurs, l’accent sera mis sur l’archéologie, la paléontologie, la géologie, la spéléogenèse ou les paysages souterrains.

39La deuxième double page met en relation la carte intégrée reproduite au 1 : 100, une vignette qui permet de situer l’emplacement de la carte dans la cavité, au moins une coupe longitudinale de l’espace concerné, et une carte d’appareil au 1 : 300 qui présente, sur le relevé en trois dimensions du sol, ce qui relève de l’activité de recherche dans la cavité (la passerelle et autres cheminements installés pour contraindre strictement les déplacements dans un souci de préservation des sols, la désignation des lieux, des structures et des œuvres pariétales, l’angle des prises de vue et le positionnement de la coupe longitudinale de la zone cartographiée). Enfin, une figure synoptique indique à l’aide de curseurs les domaines les plus marquants de l’espace considéré. Les pages suivantes, présentant les principales informations de la carte sous forme photographique et graphique, proposent un premier niveau de synthèse des observations et des travaux sur les caractères marquants de la zone.

40Les connaissances acquises au long du cheminement dans la grotte permettent au lecteur de couvrir la diversité et la richesse des paysages souterrains, des vestiges archéologiques et des témoins paléontologiques de la grotte -qui seront étudiés en détail dans les volumes suivants de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc.

Quatrième partie : conservation de la grotte actuelle

41Si les trois premières parties de l’ouvrage montrent l’importance des représentations cartographiques dans l’acquisition et la formalisation des observations et des résultats issus des travaux des chercheurs, la quatrième est plus spécifiquement consacrée à la conservation de la grotte. Deux chapitres composent cette dernière partie de l’ouvrage.

42Le chapitre 7 porte sur la définition du périmètre de protection de la grotte à partir des critères karstogéniques, hydrogéologiques et climatiques. Si chacune de ces approches apporte des informations précises sur les diverses sources de vulnérabilité de la grotte, leur traduction spatiale pour déterminer la position et l’extension du périmètre de protection nécessite de changer d’échelle : il faut alors considérer l’ensemble du massif dans lequel se développe le réseau souterrain. La modélisation 3D permet de raisonner et de travailler à cette échelle.

43Le regard sur la grotte se focalise sur ses interactions avec le contexte géologique et avec les conditions climatiques et environnementales actuelles. Ce modèle fait ressortir des paramètres de premier ordre (pendage, perméabilité différenciée selon les assises géologiques…) dans le fonctionnement hydrologique et climatique de la cavité. La compréhension du rôle respectif de ces paramètres a conduit à définir les mesures à prendre en surface afin d’assurer l’intégrité du site et sa conservation pour l’avenir. Les recommandations associées à ce nouvel état de connaissance ont été intégrées au dossier de demande de classement du site sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

44Le huitième et dernier chapitre rend compte des différentes mesures conservatoires prises tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cavité dès sa découverte. Il s’agissait de préserver l’intégrité de ce site fragile, notamment des sols qui présentent un état proche de celui que les humains et les animaux du Paléolithique supérieur ont connu. Ces mesures auraient pu être vécues comme des contraintes par les chercheurs, mais l’état de conservation exceptionnel des vestiges et des traces archéologiques les a d’emblée encouragés à développer de nouvelles pratiques de recherche. Mis à part les résultats issus des analyses de prélèvements, l’essentiel de la production scientifique a ainsi été élaboré à partir de l’observation in situ des objets archéologiques, paléontologiques et morphologiques, et de leur répartition spatiale dans la cavité. Les contraintes d’étude du site par des méthodes d’observation à distance, exclusivement in situ, évitant toute action invasive telle que la fouille et respectant des protocoles d’échantillonnage très stricts, expliquent aussi l’importance de la cartographie dans les recherches.

Un atlas des espaces de l’homme paléolithique dans la grotte

45Le présent ouvrage fait état de différents espaces physiques et symboliques identifiés comme étant spécifiques des lieux, des entités spatiales fréquentés par les êtres humains au Paléolithique supérieur, et dans lesquels ils ont inscrit des formes d’expression matérielle et immatérielle (Berthoz, Recht 2005). Ce premier volume de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc propose au lecteur de nombreuses approches et conceptions spatiales inédites.

46L’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc prend place dans une lignée d’ouvrages ayant adopté l’espace comme principale clé de lecture. Introduisant à un contenu non fini et en expansion, il est un exposé liminaire destiné à faire découvrir la diversité des ressources scientifiques primaires recelées par ce site hors du commun. Il est l’expression d’un collectif, donc porteur d’une multitude de pratiques mais aussi d’idées, formalisées ou en germe. Par une exposition documentée, accompagnée et visualisée, cet ouvrage souhaite inciter le lecteur à suivre les recherches actuelles et à anticiper les études qui seront développées dans les prochains volumes. Considérant les motivations mises en œuvre dès son origine et qui viennent d’être évoquées, l’Atlas de la grotte Chauvet-Pont d’Arc a l’ambition d’être plus qu’un recueil de cartes : il donne à voir un travail en cours et à en apprécier les modalités.

Auteurs

Jean-Michel Geneste

A étudié la préhistoire et la géologie du Quaternaire à l’université de Bordeaux (Talence, France) sous la direction de François Bordes. Il s’attache entre 1979 et 1992 à l’étude technologique et économique de la culture matérielle des chasseurs cueilleurs du Paléolithique. À ce titre, il dirige et publie des recherches sur des sites français et européens et enseigne à l’université Paris-Ouest - Nanterre-La Défense. En 1992, après avoir été nommé conservateur de la grotte de Lascaux, il se recentre sur la gestion et l’étude archéologique des grottes ornées, et succède en 2001 à Jean Clottes pour la conduite des recherches à la grotte Chauvet-Pont d’Arc. C’est sous sa direction que paraît en 2005 La Grotte Chauvet à Vallon-Pont d’Arc : un bilan des recherches pluridisciplinaires dans la grotte Chauvet, Journées SPF, Lyon, 11-12 octobre 2003 (BSPF, 102, 1).
Conservateur général honoraire du Patrimoine au ministère de la Culture, il a dirigé le Centre national de préhistoire à Périgueux, coordonné un groupement de recherche international, le GDRI-Star, centré sur le développement des sciences et des techniques appliquées à l’étude et la conservation de l’art rupestre, ainsi que de nombreuses missions d’études et de fouilles de sites d’art rupestre en Australie, en Sibérie et en Colombie-Britannique. Il a largement contribué à la conception et à l’organisation du symposium international « Lascaux et la conservation du milieu souterrain » (26 et 27 février 2009), dont les actes sont parus en 2011 dans la présente collection « Documents d’archéologie française ».

Jean-Jacques Delannoy

Géomorphologue, Delannoy a travaillé dès ses recherches doctorales (1981) sur les grottes en tant que mémoire paléogéographique et sur les relations des hommes avec leur environnement. Il développe ses travaux à la Casa de Velázquez (Madrid) et dans les universités de Séville et de Grenoble avant de rejoindre, en 1999, l’université de Savoie (Chambéry) où il est professeur des universités.
Il crée en 2003 le laboratoire interdisciplinaire « Environnement, dynamiques et territoires de la montagne » (Edytem : UMR 5204 CNRS / université Savoie Mont-Blanc) qu’il dirige jusqu’en 2015. Il est appelé à la direction du CNRS (2003- 2006) où il a en charge les unités de recherche en archéologie, écologie humaine et géographie. Il est nommé, en 2006, au comité scientifique de la grotte de Lascaux puis, en 2011, au Conseil scientifique international de la grotte de Lascaux qu’il copréside avec le professeur Yves Coppens. Depuis 2017, il assure la présidence de ce conseil scientifique. Il s’attache au développement de programmes scientifiques permettant de traiter l’écosystème de cette cavité à des fins de conservation. Il est membre, depuis 2010, de la section de la Commission nationale des Monuments historiques (CNMH) consacrée aux grottes ornées.
Membre de l’équipe scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc depuis 1998, il conçoit une approche géomorphologique centrée sur les problématiques archéologiques et de conservation, basée sur la cartographie à haute résolution spatiale. Cette approche développée sur des sites d’art rupestre en Papouasie -Nouvelle-Guinée, en Australie, en Sibérie et en Colombie-Britannique lui a permis de faire ressortir la part, parfois majeure, des actions humaines et des aménagements dans la transformation du cadre physique des sites archéologiques. Il pose, en 2012, les bases du concept d’anthropogéomorphologie. Il est depuis 2019 membre senior de l’Institut universitaire de France sur cette thématique.
Il a également travaillé sur les contenus de l’Espace de restitution de la grotte Chauvet (Grotte Chauvet 2 -Ardèche et Centre d’interprétation) et accompagné la réalisation de la réplique ouverte au grand public en avril 2015.