Avant-propos. Historique des recherches dans la grotte Chauvet-Pont d’Arc
p. 15-17
Texte intégral

1En introduction à ce premier volume de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, il convient de rappeler l’historique des recherches conduites depuis vingt ans dans ce site si particulier, tout en soulignant la philosophie qui préside depuis l’origine à leur développement.
Mise en place d’un programme de recherche pluridisciplinaire
2Suite à un appel d’offre scientifique du ministère de la Culture et de la Communication en 1995 (cf. infra, Annexe 1), la grotte Chauvet-Pont d’Arc fait l’objet, depuis 1998, de recherches pluridisciplinaires réévaluées tous les trois ans. L’équipe scientifique, réunie et dirigée par Jean Clottes jusqu’en 2002, fut placée de 2003 à 2017 sous la direction de Jean-Michel Geneste, initialement adjoint de Clottes - tous deux étant conservateur du patrimoine. Carole Fritz, chargée de recherches au CNRS, a pris la tête de l’équipe à partir de 2018. Depuis le début, les principes directeurs de cette recherche sont la multidisciplinarité, la modernité et l’originalité scientifique des démarches et des techniques mise en œuvre dans l’observation de terrain, la conservation préventive et enfin la formation. Les résultats présentés dans cet ouvrage sont l’expression de cette démarche globale.
3Les premiers travaux collectifs ont débuté en 1998, après une étude de faisabilité conduite par le LRMH1 et la Sete2. Cette étude était centrée sur la climatologie et l’état sanitaire du milieu souterrain : il s’agissait de déterminer le nombre de personnes que la cavité pouvait accueillir quotidiennement, et les périodes de l’année les plus favorables pour ce faire. Ces recherches préliminaires étaient essentielles, elles ont permis de définir un « état zéro » de la cavité, un état de référence précieux pour appréhender son évolution depuis sa découverte et par la suite.
4La conservation remarquable des sols, des traces et des vestiges humains et animaux a conduit à veiller attentivement à la préservation de la grotte et au maintien de ses conditions climatiques. Léguer à nos successeurs une caverne quasiment intacte, où toutes les recherches seront encore possibles, est l’un des principes forts de la démarche scientifique adoptée. Cette exigence n’a pas été sans incidence sur les modes de travail et d’analyse des parois et des sols. En effet, comment extraire les informations, nombreuses et complexes, contenues dans les œuvres paléolithiques, dans les vestiges paléontologiques et dans les paysages souterrains sans toujours pouvoir s’en approcher, toucher, prélever ? Cette éthique de conservation a été un véritable moteur pour penser de nouvelles méthodes d’acquisition de données.
5Le travail au sein de la grotte a donc été conduit en fonction des possibilités d’accès et en respectant l’intégrité des sols et des vestiges. Entre 1997 et 2000, un réseau de passerelles en acier inoxydable a été installé afin de permettre les visites et les recherches. Par ailleurs, des équipements temporaires, sous la forme de passerelles légères, ont été installés autant que de besoin dans des zones spécifiques.
Premières datations et prise de conscience de l’ancienneté et de l’originalité du site
6L’impact de la découverte de la grotte Chauvet et de l’ancienneté de son art a été immédiat et étendu. Dès la publication des résultats des premières datations sur des ossements et sur des charbons de bois utilisés comme pigment noir pour des œuvres pariétales, aux alentours de 32000 ans BP, l’attribution à une phase ancienne du Paléolithique supérieur de cet art, si bien conservé et si singulier - non seulement par ses thèmes, mais également par les techniques employées - a été généralement acceptée. L’âge aurignacien de deux figurations de rhinocéros datées sur le Panneau des Chevaux, l’un des plus représentatifs de la grotte et des plus originaux de l’art pariétal paléolithique européen, a fait le tour du monde des milieux scientifiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles il était important que de nombreux chercheurs et experts internationaux puissent visiter le site et faire part de leurs observations à la communauté scientifique et à l’équipe de recherche.
7Cette première phase a été, dans tous les domaines, une période de prise en compte de l’importance de la grotte, de son contenu rupestre et de ses vestiges. Les études descriptives et les inventaires ont concerné en premier lieu l’art pariétal, domaine prioritaire du fait de son caractère exceptionnel et original, et ont déterminé puis conduit les travaux à mener dans la cavité. Les résultats de ces premières recherches (Baffier, Feruglio 1998 ; Fritz, Tosello 2000 ; Azéma, Clottes 2008a ; 2008b) soulignent la spécificité des œuvres de la grotte Chauvet au sein des sites ornés paléolithiques et interrogent la communauté scientifique.
8Plusieurs centaines d’animaux (au moins 426) et de nombreux signes, points-paumes, mains négatives et mains positives ont été répertoriés. Les animaux appartiennent à plus d’une douzaine d’espèces différentes (mammouths, lions, rhinocéros, chevaux, bisons, aurochs, bouquetins, ours des cavernes, rennes, cerfs, mégacéros, bœufs musqués, panthère, hibou…), fait unique dans l’art pariétal. Des spécialistes de la biologie animale, de l’éthologie, de l’ethnologie, telle Joëlle Robert-Lamblin, mais aussi d’autres collègues historiens de l’art, tel Jean-Louis Scheffer, ainsi que des archéologues travaillant sur l’art rupestre dans des contextes géographiques et culturels très divers ont, à cette époque, été sollicités afin d’élargir les points de vue et les compétences de l’équipe.
9Concernant les techniques de l’art, celle du tamponnage au moyen de paumes de main enduites de matière pigmentaire a très tôt été identifiée dans la réalisation de certains panneaux peints. De même, celle de l’estompe, exploitant l’application de poudre de charbon de bois sur des parois tendres et humides, a alors été détaillée.
10Très rapidement ont aussi été étudiés la topographie détaillée des parois et des sols, les vestiges archéologiques (Geneste 2001 ; 2005), paléontologiques (Philippe, Fosse 2003 ; Fosse, Philippe 2005), anthracologiques (Théry-Parisot, Thiébault 2005), palynologiques (Girard 2005), et les traces animales et humaines (Garcia 1999a ; 1999b). Les premiers travaux sur le régime alimentaire des ursidés datent également de cette époque (Bocherens et al. 2005a ; 2006 ; 2008). À la suite de ces études inaugurales, les premiers volumes de synthèse ont été publiés (Clottes 2001 ; Geneste et al. 2005).
11L’histoire et les principes de formation du réseau karstique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc dans le secteur des gorges de l’Ardèche et les modalités de son remplissage figurent elles aussi parmi les premières études publiées (Delannoy et al. 2001a ; 2001b ; Debard et al. 2002). Une cartographie géomorphologique dynamique détaillée de tous les sols et de toutes les formations minéralogiques visibles à l’affleurement a été achevée en 2005. Cette première cartographie des sols a formalisé une grande base de données inédite - incluant géologie, géomorphologie et, dans une moindre mesure, archéologie - à l’échelle de toute une cavité (Delannoy et al. 2004). Bien que non publiée, elle a permis de partager sur des supports cartographiques des données de base qui conditionnent une large gamme de problématiques. Elle a constitué un support commun de retranscription spatiale des relevés issus des différents champs disciplinaires concernant plus spécifiquement les vestiges et les témoins au sol : archéologie, paléontologie, ichnologie, sédimentologie, géomorphologie. En ce sens, elle a un été vecteur de convergence pluridisciplinaire.
12Les nombreuses datations radiocarbones réalisées au cours de ces quelques années ont confirmé l’existence de deux périodes d’occupation de la cavité, la plus ancienne aurignacienne et la dernière gravettienne. Plusieurs datations directes sur des dessins noirs réalisés au charbon de bois ont situé la phase principale de réalisation des œuvres entre 37000 et 34000 ans en données corrigées. Les charbons de bois datés appartiennent au pin (Pinus sylvestris / Pinus nigra) (Théry-Parisot, Thiébault 2005 ; Théry et al. 2018). Par la suite, des méthodes de datation croisées et indépendantes sont venues confirmer ces résultats, validés par un programme international d’intercalibration (Valladas et al. 2001c ; Valladas et al. 2004 ; Cuzange et al. 2007). L’interaction entre la présence humaine et animale - notamment les traces d’activités ursines sur les panneaux ornés - a fait l’objet d’approches méthodologiques croisées.
13Les vestiges de la culture matérielle (outillages lithiques et osseux) recueillis et observés en divers points de la grotte ont été étudiés au cours de ces années (Geneste 2005 ; Plisson 2005). Des sondages de prospection archéologique extrêmement limités ont été effectués dans plusieurs zones, a priori les plus fréquentées par les passages humains, et donc susceptibles d’avoir conservé des traces d’activité anthropique (Gély, Gauthier 1999). Ils ont mis en évidence l’existence d’au moins deux épisodes d’occupation humaine du site caractérisés par des vestiges lithiques et des traces charbonneuses et cendreuses.
14Au cours de cette première période, l’équipe a régulièrement publié des articles scientifiques, des synthèses et des ouvrages thématiques (Clottes 2001 ; Clottes, Azéma 2005 ; Gély, Azéma 2005 ; Geneste et al. 2005 ; Clottes, Geneste 2007a ; 2007b).
Développement de recherches intégrées et d’une approche globale de la grotte
15À partir de 2007, les bilans progressifs et l’accumulation de données ont fait peu à peu émerger des problématiques de recherche interdisciplinaires.
16Dans le domaine de l’art pariétal, de nouveaux types de signes ont été identifiés, et des découvertes effectuées dans des zones difficilement accessibles jusqu’alors. Les processus de composition progressive des panneaux pariétaux ont retenu l’attention des chercheurs et sont devenus prédominants dans leurs études. La contribution d’anthropologues à l’étude des empreintes de mains enregistrées sur des panneaux ornés de points-paumes a ouvert des perspectives méthodologiques et donné lieu à des approches expérimentales. Sur certaines œuvres, l’analyse des superpositions a mis en évidence des phases de réalisation anciennes. Une phase de décoration noire, antérieure à celle datée de 37000 à 33500 ans, a ainsi été mise en évidence dans la Galerie des Mégacéros ainsi que dans la Salle du Crâne et la Salle Hillaire.
17Dans le domaine de la datation des événements pariétaux, les techniques se sont diversifiées et les résultats ont été enrichis par le croisement de méthodologies, ce qui a autorisé un renforcement du cadre chronologique et apporté des interprétations inédites. Depuis 2011, on dispose de plus de 350 dates, toutes méthodes confondues (14C, U/Th, TL,36Cl), dont 250 dates par AMS (Valladas et al. 2004 ; Cuzange et al. 2007 ; Quiles et al. 2014a ; 2016). Le principal objectif était alors de corréler au mieux les datations des phases d’occupation avec des phénomènes environnementaux et culturels, et d’obtenir ainsi un cadre chronologique multidisciplinaire. Parallèlement au développement de l’analyse spectrométrique de masse par accélérateur (AMS) des datations ont été réalisées sur des matériaux différents et à l’aide de techniques indépendantes. En outre, le cadre chronologique des périodes de fréquentation de la cavité par l’animal et par l’homme a été renforcé en s’appuyant sur des observations de chronologie relative. La datation par le36Cl des zones d’arrachement des effondrements de l’escarpement qui surplombe l’entrée préhistorique de la cavité, couplée à une modélisation tridimensionnelle de la morphologie de cette zone, a, pour la première fois, permis de proposer un scénario daté de la fermeture progressive de l’entrée (Sadier et al. 2012a), de considérer que l’âge aurignacien des peintures noires datées était compatible avec ce scénario, et d’assurer avec une forte probabilité que des incursions postérieures au Gravettien n’ont pu avoir lieu.
18Les premiers inventaires des vestiges paléontologiques visibles à la surface du sol engagés dès 1998 se poursuivent à l’heure actuelle. L’extrême complexité de l’étude réside à la fois dans la difficulté d’accès à certaines zones éloignées des passerelles, dans la faible lisibilité des caractères anatomiques des objets partiellement enfouis dans le sol ou couverts de calcite, et dans le très grand nombre de ces vestiges (plus de 4500 ossements inventoriés). Les publications de cette période soulignent la prédominance de l’ours des cavernes (90 %) et la rareté des autres espèces (Fosse, Philippe 2005 ; Philippe, Fosse 2015).
19Les études paléontologiques des ursidés et de leurs actions sur les parois naturelles et ornées, ainsi que des recherches paléogénétiques relatives aux populations d’ours des cavernes du Paléolithique supérieur ancien ont été développées au cours de ces années (Bon et al. 2008). Les datations radiocarbones de trente ossements d’ours ont indiqué une longue présence de cet animal dans la cavité, entre 48000 et 33000 ans, ainsi que sa coexistence avec l’homme (Quiles et al. 2016).
20À partir de 2006, les parois naturelles et ornées ont fait l’objet de recherches taphonomiques afin d’interpréter les variations locales des faciès calcaires. Des traces d’élévation thermique sur des parois ont révélé l’existence d’anciennes aires de combustion disparues de la surface actuelle du sol (Ferrier et al. 2014). Ces nouvelles données ont enrichi la reconnaissance des foyers dans toute l’étendue des sols de la grotte. Un nombre limité d’aires de combustion avait été décrit précédemment : celles ayant fourni du charbon de bois pour servir de pigment (étage inférieur de la Galerie des Mégacéros) et celles, plus dispersées, qui résulteraient de dispositifs d’éclairage de certains panneaux ornés ou d’espaces dans la cavité.
21Les marques charbonneuses sur les parois et les objets avaient déjà retenu l’attention ; une première étude avait enregistré leur orientation dans la Galerie des Croisillons et envisagé leur liaison avec la piste d’empreintes humaines (Garcia 2001 ; 2005a ; 2005b). Un inventaire exhaustif et une cartographie de l’intégralité des traces charbonneuses de la cavité et de leur datation ont été menés à bien (Monney 2007 : 48-56).
22L’étude des aménagements au sens large (aires de combustion, structures par accumulation, dépôts d’objets, etc.) a commencé dès 1998 par l’inventaire et la localisation des structures les plus évidentes. Par la suite, des types d’aménagements plus complexes et moins compréhensibles ont été étudiés : accumulation de matériel lithique, extraction de matériau argileux, déplacement de masses rocheuses et aménagements. Dans ces travaux, la démarche d’étude, anthropologique par essence, emprunte autant à la géomorphologie qu’à l’archéologie (Delannoy et al. 2012a ; 2012b ; 2013a ; 2017).
23Dès le début des recherches, l’équipe scientifique a accordé un vif intérêt au relevé numérique tridimensionnel comme outil adapté à une pluridisciplinarité d’usages et d’objectifs (relevé topographique, outil d’étude scientifique, gestion spatiale des données) ainsi qu’à la conservation. En effet, au cours des travaux sur les parois du Panneau du Cheval Gravé, l’utilisation de procédés optiques avait déjà permis de préciser la morphologie tridimensionnelle des zones actives des outils employés et de retrouver les figures réalisées avec un même tranchant (Aujoulat, Perazio 2005 ; Sadier 2013). Par la suite, en lien avec la réalisation du modèle numérique de terrain de la grotte par lasergrammétrie commandité par les services du ministère de la Culture, l’apport des modèles numériques à la compréhension de la topographie et de la morphologie de la cavité a été expérimenté (Sadier 2013 ; Delannoy et al. 2012a) mais n’a pu être exploité par les chercheurs comme il l’a été pour la réalisation de la copie de la grotte. Aujourd’hui, les avancées des technologies d’acquisition et de traitement 3D permettent d’envisager de nouvelles pratiques et modalités techniques de relevé pariétal et d’enregistrement des données.
Diffusion de la connaissance
24La diffusion des résultats scientifiques a été en permanence une exigence prioritaire des chercheurs. La complémentarité des actions conduites en ce sens depuis 1998 est ici rappelée.
25L’équipe scientifique a tenu à accorder une place importante à la diffusion des données et des observations acquises ainsi qu’à leur accessibilité scientifique. C’est pourquoi une attention toute particulière a été portée à la gestion et à l’archivage de ces données. Dans cet esprit, un système d’information géographique spécifique (SIG Atlas Chauvet) a été constitué et régulièrement abondé. L’ensemble des cartes produites dans le présent ouvrage repose sur les données archivées dans cette première étape du SIG. Il a été tout récemment requalifié dans le nouveau projet de recherche afin de devenir un outil fédérateur de l’ensemble des recherches conduites dans la cavité.
26Dans le même esprit, les archives photographiques et les relevés de terrain ont été régulièrement déposés au Centre national de préhistoire du ministère de la Culture. Ils abondent une base iconographique de référence et accessible. De même, le fonds de vidéos tournées par l’équipe scientifique depuis le début de la recherche est disponible sous format numérique.
27L’équipe scientifique a apporté son soutien et son expertise à toutes les phases de constitution du dossier de candidature de la grotte Chauvet-Pont d’Arc pour son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui a abouti en juin 2014. Un investissement similaire a accompagné durant huit années la réalisation de l’Espace de restitution de la grotte Chauvet depuis sa conception jusqu’à son ouverture au public le 25 avril 2015 (Delannoy et al. 2014 ; Geneste et al. 2017).
28Cette même année, le site internet du ministère de la Culture sur la grotte Chauvet-Pont d’Arc a été repensé de manière interactive et amplement enrichi des nouveaux résultats de la recherche3.
29En ce qui concerne les publications de synthèse, un ouvrage collectif, La Grotte Chauvet. L’art des origines (Clottes 2001), a présenté l’essentiel des travaux menés sur le site à l’issue des premières années de recherche. En continuité avec celui-ci, d’autres ouvrages ont vu le jour : La Grotte Chauvet à Vallon-Pont d’Arc. Un bilan des recherches pluridisciplinaires dans la grotte Chauvet (Geneste et al. 2005), Les Mammouths de la grotte Chauvet (Gély, Azéma 2005), Les Félins de la grotte Chauvet (Clottes, Azéma 2005), Karsts, paysages et préhistoire (Delannoy et al. 2012c).
30Avec la venue à maturité des problématiques, des résultats et des interprétations, le besoin d’une publication de synthèse s’est imposé. Il convenait de rendre compte de la totalité de la production scientifique pluridisciplinaire accumulée au cours d’une longue période dans ce site de référence mondiale. C’est l’objet de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. Les trois volumes qui la composeront ont pour objectif de présenter l’ensemble des résultats acquis et les démarches de recherche développés afin de construire et proposer une lecture intégrée de la grotte.
31La Monographie de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, tout en présentant le résultat des recherches, témoigne de l’esprit dans lequel ces dernières ont été menées. Pour ce faire, elle croise différents apports disciplinaires et défend des concepts méthodologiques alliant sciences naturalistes et sciences humaines. Elle tend à ouvrir de nouvelles perspectives de recherche inter-institutionnelle dans des sites à haute valeur patrimoniale.
32Le programme éditorial s’ouvre par un légitime Atlas exposant un premier niveau d’inventaire spatialisé, de la totalité des faits livrés à la connaissance. La démarche scientifique et patrimoniale y est déclinée avec un grand soin de transparence méthodologique, d’exhaustivité et de communicabilité.
Notes de bas de page
1 Laboratoire de recherche des Monuments historiques, USR 3224 CNRS / Centre de recherche sur la conservation (CRC) / ministère de la Culture (direction générale des Patrimoines).
2 Station d’écologie théorique et expérimentale, UMR 5321 CNRS / université Toulouse III- Paul-Sabatier. Créé en 1949, le Laboratoire souterrain de Moulis (Ariège) a pris, en janvier 2007, le nom de Station d’écologie expérimentale (SEE). En 2016, il a été rebaptisé Station d’écologie théorique et expérimentale (Sete). Par commodité, quelle que soit l’époque considérée et quand bien même l’équipe de recherche a entretenu des rapports avec les trois états successifs de ce laboratoire, on trouvera celui-ci uniformément désigné au long de l’ouvrage sous son nom actuel, Sete.
3 http://archeologie.culture.fr/chauvet/fr
Auteurs
Conservateur général honoraire du Patrimoine au ministère français de la Culture, ancien président de l’International Federation of Rock Art Organizations (Melbourne, Australie), docteur ès lettres et sciences humaines. Il a assumé les fonctions de directeur des Antiquités préhistoriques de la région Midi-Pyrénées (1971-1991), puis de chargé de mission d’Inspection générale de l’archéologie (1991) et enfin de conseiller scientifique pour l’art préhistorique au ministère de la Culture (1992-1999). Il a assumé par ailleurs la présidence du Comité international d’art rupestre de l’Icomos (International Council on Monuments and Sites) de 1991 à 1999. Il est président d’honneur de la Société préhistorique française. Directeur de collection aux Éditions du Seuil (Paris), il est aussi responsable éditorial de l’International Newsletter on Rock Art (Inora = Lettre internationale d’informations sur l’art rupestre), qui paraît trois fois par an en français et en anglais, et expert international sur l’art rupestre auprès de l’Icomos et de l’Unesco. Jean Clottes a axé ses recherches sur l’art préhistorique en France et dans le monde, particulièrement sur les problèmes relatifs à la conservation, la datation, à l’étude du contexte archéologique et celle des significations. Il est auteur de vingt-huit ouvrages et de plus de cinq cents articles parus dans des revues françaises et étrangères.
Le 29 décembre 1994, Jean Clottes fait l’expertise de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, nouvellement découverte. Il monte ensuite une équipe de recherche chargée de l’étude scientifique de cette caverne. Il la dirige jusqu’en 2002 et assiste le nouveau directeur, Jean-Michel Geneste, jusqu’en 2015 inclusivement. Il préside le comité scientifique de l’Espace de restitution jusqu’à l’inauguration de la Caverne du Pont d’Arc (devenue depuis Grotte Chauvet 2 - Ardèche) au printemps 2015 et son ouverture au public.
A étudié la préhistoire et la géologie du Quaternaire à l’université de Bordeaux (Talence, France) sous la direction de François Bordes. Il s’attache entre 1979 et 1992 à l’étude technologique et économique de la culture matérielle des chasseurs cueilleurs du Paléolithique. À ce titre, il dirige et publie des recherches sur des sites français et européens et enseigne à l’université Paris-Ouest - Nanterre-La Défense. En 1992, après avoir été nommé conservateur de la grotte de Lascaux, il se recentre sur la gestion et l’étude archéologique des grottes ornées, et succède en 2001 à Jean Clottes pour la conduite des recherches à la grotte Chauvet-Pont d’Arc. C’est sous sa direction que paraît en 2005 La Grotte Chauvet à Vallon-Pont d’Arc : un bilan des recherches pluridisciplinaires dans la grotte Chauvet, Journées SPF, Lyon, 11-12 octobre 2003 (BSPF, 102, 1).
Conservateur général honoraire du Patrimoine au ministère de la Culture, il a dirigé le Centre national de préhistoire à Périgueux, coordonné un groupement de recherche international, le GDRI-Star, centré sur le développement des sciences et des techniques appliquées à l’étude et la conservation de l’art rupestre, ainsi que de nombreuses missions d’études et de fouilles de sites d’art rupestre en Australie, en Sibérie et en Colombie-Britannique. Il a largement contribué à la conception et à l’organisation du symposium international « Lascaux et la conservation du milieu souterrain » (26 et 27 février 2009), dont les actes sont parus en 2011 dans la présente collection « Documents d’archéologie française ».
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