Hommages
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Texte intégral
1Norbert Aujoulat (1946-2011)
2Préhistorien spécialiste de l’art pariétal paléolithique, Norbert Aujoulat était docteur, habilité à diriger des recherches, en préhistoire et géologie du Quaternaire de l’université de Bordeaux. Conservateur du Patrimoine au Centre national de préhistoire de Périgueux (ministère de la Culture), il était plus spécifiquement en charge de l’art rupestre, des grottes et des abris ornés. Dans le but de développer les connaissances sur les grottes ornées préhistoriques françaises, il a rassemblé, conservé et géré la documentation iconographique, bibliographique et les archives relatives à ces sites archéologiques particuliers, tout en œuvrant à la numérisation de ce fonds et à son intégration dans une base documentaire informatisée. Il s’est aussi consacré à l’optimisation des méthodes de relevé de l’art pariétal, notamment en apportant ses compétences de photographe. De 1989 à 1999, ses recherches menées à Lascaux ont abouti à la soutenance de sa thèse de doctorat, à la publication de l’ouvrage Lascaux : le geste, l’espace et le temps (2004) et, sur la demande du ministère, à la création du site internet Lascaux, distingué par le Webby Award 2000, catégorie « Science ».
3Membre de l’équipe scientifique de la grotte Chauvet depuis sa constitution en 1998, il a réalisé, outre de nombreuses prises de vues dans la cavité, l’étude de plusieurs panneaux ornés, notamment ceux de la Panthère, des Mains Négatives, des Mains Positives, du Cheval Gravé et du Locus du Petit Ours. Il a réalisé la base documentaire informatisée de l’inventaire des œuvres pariétales de la grotte et des données de leur étude pluridisciplinaire.
4Michel-Alain Garcia (1942-2008)
5Enseignant en arts plastiques, artiste peintre et sculpteur, Michel Garcia était aussi chargé de recherches au CNRS, attaché au Laboratoire de préhistoire du musée de l’Homme et spécialiste de l’ichnologie (science des traces et empreintes). Ses différentes activités étaient guidées par un même fil directeur : la connaissance des cultures du passé à travers leurs productions artistiques et les traces qui les accompagnent. C’est dans cet esprit pluridisciplinaire qu’il dirigeait les recherches dans la grotte magdalénienne de Montespan (Haute-Garonne). Il s’intéressait aussi à l’art rupestre de Colombie, du Mexique et du Yémen, sur lequel il publia un ouvrage de référence.
6Dans l’équipe de recherche de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, Michel Garcia était chargé de l’étude ichnologique. La tâche était immense et, au fil des années et de ses découvertes, elle s’est avérée d’une grande diversité : empreintes d’animaux (ours des cavernes, loup, bouquetin) mais aussi de végétaux (négatifs de tiges et de branches conservés dans l’argile indurée), traces dynamiques de passages des ours sur les sols et les parois… Michel Garcia fut en outre le découvreur de la piste d’empreintes humaines de la Galerie des Croisillons. (C.F. & G.T.)
7Philippe Morel (1959-1999)
8Philippe Morel a étudié la préhistoire à Bâle et obtenu son diplôme en 1985 avec une spécialisation en archéozoologie. Il a travaillé ensuite en indépendant à Neuchâtel, où il a crée une importante collection ostéologique de comparaison entre des échantillons provenant de grottes suisses et européennes. Acquise par le musée cantonal d’Archéologie (aujourd’hui Laténium), cette collection a permis la création du Laboratoire d’archéozoologie de l’université de Neuchâtel.
9Il a participé activement à des programmes d’archéozoologie expérimentale en relation avec la chasse et l’utilisation des pointes de projectiles au Paléolithique supérieur. Ses recherches sur la faune de campements magdaléniens et aziliens de Monruz et de Champréveyres en Suisse, sur les assemblages osseux de cavités naturelles des Alpes ainsi que celles liées à des projets internationaux, notamment en France et en Syrie dans le bassin d’El Kowm, l’ont conduit à publier plus d’une centaine d’articles. En 1997, il a reçu le prix Jean-Pierre-Jéquier. Spécialiste des ours, il a étudié les collections pyrénéennes et alpines. Dans la grotte du Bichon (La Chaux-de-Fonds, Suisse), il a renouvelé ainsi l’interprétation des restes d’ours des cavernes et du squelette humain du Paléolithique supérieur dans une scène de chasse à l’issue fatale.
10En 1998, il a rejoint l’équipe scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc et a participé à toutes les campagnes de recherche jusqu’à celle du printemps 1999. Il est le premier archéozoologue à inventorier les ossements dans la grotte, distinguant des zones parmi les amas distribués au sol avant même l’installation des passerelles et identifiant la plupart des espèces présentes. Sa réflexion transdisciplinaire a contribué à l’émergence des problématiques relatives à l’interaction des animaux et des hommes dans cette cavité. Attentif aux travaux de ses collègues, il rejoignait en particulier les observations ichnologiques de Michel-Alain Garcia.
11Le 6 juin 1999, alors qu’il s’apprêtait à soutenir sa thèse de doctorat, une chute mortelle au retour d’une expédition dans le canton de Berne l’a privé d’un avenir plein de promesses.
12François Rouzaud (1948-1999) Formé au sein de l’équipe de Jean Clottes, dont il avait fait la connaissance au début des années 1970 à l’occasion des fouilles de la grotte des Églises (Ussat, Ariège), François Rouzaud était spéléologue de formation. Diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Toulouse, il est devienu en 1976 conservateur du Patrimoine à la Drac Midi-Pyrénées (service régional de l’Archéologie), puis conservateur en chef en 1991. Il a été l’initiateur de ce qui s’est imposé depuis sous l’appellation « paléospéléologie ».
13Son ingéniosité et son intelligence du concret s’exerçaient dans des domaines très divers, qu’il s’agisse de la protection des peintures dans les grottes ornées ou paléontologiques de la vallée de l’Aveyron (Igue-des-Rameaux, la Magdeleine-des-Albi, Mayrière), des relevés topographiques sous terre, où il est passé maître et qui lui on valu d’être appelé dans toute la France, et même en Namibie, ou de la conservation et de l’étude de la grotte médiévale du Calel (Tarn). Il a prolongé sa démarche en s’associant concrètement au réaménagement des cavités ouvertes au public (Pech Merle, Gargas…), et fut l’auteur de nombreuses publications, souvent en collaboration avec d’autres préhistoriens et spéléologues.
14Avant même que l’étude de la grotte Chauvet-Pont d’Arc ne débute, Jean Clottes lui a demandé d’être l’interlocuteur du service des Monuments historiques chargé d’équiper la grotte, ainsi qu’auprès des géomètres qui en dressaient le plan. Ses compétences et ses qualités lui ont fait jouer un rôle unique, à la charnière de l’archéologie et la spéléologie.
15Il disparaît brutalement le 24 avril 1999 en guidant un groupe de collègues dans le réseau karstique de la grotte de Foissac (Aveyron), où il travaillait depuis vingt ans.
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