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Une résidence de la noblesse gauloise

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Yves Menez

Chapitre 2. De 550 à 300 av. J.-C.,
le premier domaine familial (phase 1)

Chapter 2. From 550 to 300 BC, the first family estate (Phase 1)

Anne Villard-Le Tiec

Résumé

Si les lieux portent la trace d’une occupation humaine dès l’âge du Bronze, et notamment d’une nécropole tumulaire [fig. 7-8] installée le long de la route départementale no 3 dont l’ancienneté a été reconnue, c’est durant la seconde moitié du vie s. av. J.-C., qu’il faut situer la fondation de l’habitat que nous allons étudier. Il comprend un enclos de 9 000 m2, auquel s’adosse un second enclos de 4 000 m2 sans trace de construction [fig. 9]. La clôture était constituée d’un fossé profond de 1,00 à 2,50 m, bordé d’un talus en terre haut de 1,10 à 1,20 m, parementé aux angles [fig. 10]. Les moellons de ces parements ont été extraits d’une carrière [fig. 11] retrouvée dans l’angle nord-ouest de l’enclos périphérique.
Dans l’angle nord-ouest de l’enclos principal, un espace d’environ 30 × 23 m, délimité par un petit fossé, abrite une maison délimitée par une paroi de poteaux implantée dans une tranchée [
fig. 12]. Avec une surface de 410 m2 [fig. 13] et une charpente haute de 11 m [fig. 14], elle est exceptionnellement vaste et monumentale. Son sol a disparu mais un foyer et un four demeurent, isolés du reste de l’espace intérieur par une cloison [fig. 15]. Un second bâtiment, de 11 m2, a été découvert à une vingtaine de mètres au nord, à la périphérie de la zone enclose [fig. 16]. La maison possède plusieurs annexes souterraines. Ce sont d’abord une vaste cave [fig. 17] et une citerne permettant le puisage directement depuis l’intérieur [fig. 18-19], en un système qui recueillait les eaux de pluies dégoulinant de la toiture, la filtrait et la stockait [fig. 20]. Ce sont quatre souterrains ensuite, dont trois possèdent un accès direct depuis l’intérieur. Ces dispositifs de stockage sont fréquemment retrouvés sur les sites du début du second âge du Fer dans la région. Le premier [fig. 21], installé sous la façade ouest, a été excavé depuis trois endroits : un puits profond de 2,46 m au nord, a été condamné dès la fin des travaux de construction, un second puits, au sud, doté d’une porte dissimulée sous la paroi de bois, servait d’accès, et un autre, à mi-chemin, était aménagé en soupirail. La structure s’étendait sur 27 m, à la fois sous la maison et sous son arrière-cour dont le dallage effondré a été retrouvé [fig. 22]. Un deuxième souterrain est installé sous la façade sud. On y accédait par un puits dissimulé derrière le foyer de la cuisine [fig. 23a]. Un autre puits, également dissimulé mais sous l’angle nord-ouest de la façade, permettait d’accéder à un troisième souterrain, constitué d’une unique salle [fig. 23b]. Le dernier souterrain était aménagé sous la cour [fig. 25a]. Découvert à une dizaine de mètres plus au nord, il était doté d’un soupirail ouvrant sur le fossé.
Parmi les dépendances semi-enterrées qui s’égrènent le long du fossé nord de l’enclos, deux sont interprétées comme des ateliers textiles [
fig. 25b-c] (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 171 ; Puybaret 1989) abritant des métiers à tisser verticaux et couverts d’un toit de chaume en bâtière [fig. 24]. D’autres [fig. 25d-j], abritées sous des superstructures en pierre et terre, doivent être des celliers pour des produits frais –produits laitiers ou boissons– nécessitant une hygrométrie relativement élevée et des températures proches de 10° C, comme on en rencontre encore en Hongrie par exemple [fig. 26] (Kunz 1969). Elles sont effet équipées de drains permettant d’évacuer les eaux de condensation vers le fossé, l’intérieur étant habilement aménagé en petites salles séparées par des sas fermés. Les denrées devaient être stockées sur des étagères appuyées sur les poutrages de soutènement [fig. 27]. Dans la moitié sud de l’enclos, pas de constructions mais, dans l’angle sud-est, des sillons de labour signalent un jardin [fig. 28] (Gebhardt 1992a).
Hors de la zone enclose, juste de l’autre côté de la voie majeure nord-sud, un enclos funéraire occupait un espace quadrangulaire de 27 m de côté [
fig. 29] ceint d’une palissade. Deux inhumations et 18 incinérations y ont été retrouvées, auxquelles il faut ajouter une fosse contenant des ossements brûlés et des fragments de vases. Leur fouille a montré que les rituels qui ont présidé à leur déposition ne dérogent pas aux usages observés dans les autres nécropoles à incinération de même époque en Bretagne occidentale (Villard-Le Tiec et al. 2013). Des différences dans le niveau d’arasement des urnes laissent entrevoir la présence d’un tertre funéraire au centre du rectangle délimité par les fondations de deux stèles et le fossé sud de l’enclos. Une autre nécropole a été découverte à 80 m en contrebas [fig. 30]. Elle abritait 15 urnes et ce qui paraît être une inhumation, ainsi que trois petites fosses contenant des esquilles osseuses brûlées. Des alignements en face de trois emplacements probables de stèles peuvent être distingués. Les urnes, très semblables à celles de la première nécropole, sont caractéristiques du ve s. av. J.-C. Deux stèles basses en granite comme il en existe ailleurs en Bretagne [fig. 31] ont été mises au jour dans la partie sud de l’enclos d’habitat [fig. 32].
La plus petite avait été jetée dans une carrière d’argile dont certaines fosses ont livré des fragments de vases ornés du
ive s. av. J.-C. [fig. 33]. Leur excellente facture donne à penser qu’il s’agit d’urnes et permet de poser l’hypothèse du prélèvement des dernières sépultures lors de l’abandon de la nécropole. L’autre stèle, lourde de plus de 300 kg, a été basculée dans le fossé sud de l’enclos délimitant l’habitat. Le plan de la vaste aire qui entoure la maison, avec sa clôture courbe sur la majeure partie de leur tracé mais rectiligne sur ses façades est et sud, résulte de son implantation au carrefour des deux voies majeures est-ouest et nord-sud. Mais un réseau secondaire a été entrevu et deux chemins formellement reconnus, avec leurs ornières espacées de 1,10 m [fig. 34].
Au final, l’image offerte par le premier habitat est celle d’une belle ferme enclose et entourée de ses annexes, petits bâtiments, ateliers de tissage, celliers et peut-être même un jardin [
fig. 35]. Sur son côté ouest, derrière la monumentale maison au toit de chaume bien équipée d’une cuisine, d’un réservoir d’eau, d’une cave et de trois souterrains, un corral entouré d’un talus engazonné et remparé aux angles. À l’est, de l’autre côté de la route et face à l’entrée, une première nécropole. Plus loin au sud, une autre [fig. 36].

La fondation de cet établissement domanial est datée de la seconde moitié du vie s. av. J.-C. par le mobilier [fig. 37-41]. Au cours des ve et ive s. av. J.-C., la maison vit, ses annexes évoluent, apparaissent et disparaissent [fig. 42-43]. Et puis un jour, la décision est prise de démolir. Les terrassements préparatoires à la construction d’une nouvelle demeure ont laissé une trace bien visible dans le sol, celle du passage charretier que l’on a dû aménager pour le franchissement du fossé, juste en arrière de la maison à démonter [fig. 44]. Nous sommes au tout début du iiie s. av. J.-C.

Texte intégral

2.1. Ce qu’il y avait avant

  • 1 Il sera rédigé en collaboration avec Anne Villard-Le Tiec et Isabelle Le Goff qui ont participé à l (...)

1Hormis de rares outils attribuables au Néolithique, notamment quelques haches polies remployées comme aiguisoirs à l’âge du Fer, les vestiges les plus anciens retrouvés sur le site, datés du Bronze moyen, sont un petit habitat, marqué par quelques trous de poteau et des foyers dans l’ensemble 4 [fig. 7], et une nécropole constituée de deux tumuli et d’un enclos circulaire [fig. 8]. La nécropole fera l’objet d’un article spécifique1. Il est cependant nécessaire de l’évoquer succinctement, car elle apporte des informations utiles à la compréhension de l’habitat postérieur.

FIG. 7. Quelques vestiges d’un habitat de l’âge du Bronze moyen sous l’ensemble 4 de l’âge du Fer.
A few remains of a Middle Iron Age settlement under the Iron Age Group 4.

Dessin M. Dupré

FIG. 8. Ensemble 2 : vestiges de deux tumuli et d’un cercle funéraire de l’âge du Bronze moyen au lieu-dit Kergroas. Ils seront évités par une voie gauloise et intégrés dans un lieu de culte antique.
Group 2 : the remains of two tumuli and a grave circle attributed to the Middle Bronze Age in the Kergroas locality. They were avoided by a Gallic road and integrated into an Antique place of worship.

Dessin Y.Menez

2Sur la superficie de 9 600 m2 qu’elle recouvre [fig. 5 : ensemble 2], les vestiges de deux tumuli et d’un cercle ont été mis au jour. L’ensemble a été intégralement fouillé, à l’exception de quelques bermes stratigraphiques. Les deux tertres recelaient chacun une sépulture centrale. Le cercueil de bois, constitué d’un demi-tronc évidé recouvert d’une planche, était enfoui sous un premier monticule (hauteur conservée : 0,80 m, diamètre : 12 m) édifié à l’aide d’un limon gris contenant de nombreuses inclusions d’oxydes de fer qui, sous l’action des eaux de ruissellement, ont formé une véritable croûte. Ces limons gris ne peuvent provenir de la ligne de crête. Ils ont dû être extraits d’une zone humide, en contrebas du site, où se sont accumulées les particules oxydées issues du lessivage des grès armoricains qui sont chargés en fer. Si l’on en juge par la présence de nombreux charbons de bois, de petits tessons de céramique et de quelques outils lithiques retrouvés épars, ces limons ont dû être prélevés dans un secteur fortement anthropisé. Ils ont été transportés là dans des paniers, comme en témoignent les lits grisâtres qui soulignent, dans la masse des terres, le contour des petits tas issus du déversement de ces paniers.

3Par la suite, d’autres corps ont été inhumés, dans des coffres en dalles de schiste ou en planches de bois, à la périphérie des deux sépultures primaires. Toutes les tombes respectent une orientation similaire : est‑ouest ou nord-ouest - sud-est. Les corps sont couchés sur le flanc, les jambes fléchies et les bras repliés. La tête peut être à l’est ou à l’ouest mais le visage est toujours tourné vers le sud. Les tumuli ont alors été agrandis par l’ajout de limons bruns, jusqu’à atteindre un diamètre de 25 ou 30 m et une hauteur indéterminée mais sans doute supérieure à 2 m. Le tumulus occidental a connu une troisième phase d’évolution, marquée par l’inhumation successive de cinq nouveaux individus sur son flanc nord-est.

4La mise au jour d’un enclos circulaire a été une surprise, car jusque-là de telles structures n’étaient apparues que dans la partie orientale de la péninsule Armoricaine et n’étaient jamais associées à un tumulus (Leroux 2001). Il s’agit d’un tertre de limon jaune ceint d’un fossé dont le centre est occupé par une tombe, à inhumation si l’on en juge par l’absence d’ossements (les os incinérés résistent mieux à l’acidité des terres bretonnes). Deux sépultures adjacentes, dont l’une a été creusée dans le fossé comblé, témoignent du caractère évolutif de ces monuments dont l’apparente simplicité cache souvent une longue histoire. Le seul enclos de l’âge du Bronze de ce type fouillé alors en Bretagne était celui de La Chapelle de l’Iff à Languenan, dans les Côtes-d’Armor. Il recelait une tombe à incinération dans une grande urne à deux anses déposée dans le fossé, sous un amas de pierres (Briard et al. 1983a). Des charbons de bois prélevés à proximité de l’urne ont été datés par 14C de 1475-990 av. J.-C. D’autres, également recueillis dans le fossé à 1,20 m de profondeur, ont été datés de 1450-915 av. J.-C. (Briard et al. 1983b). Bien d’autres enclos semblables ont été mis au jour depuis, à l’occasion de fouilles préventives ou de prospections aériennes.

5Aucun dépôt de mobilier n’a été découvert dans les sépultures. Les seuls objets sur lesquels on peut actuellement fonder une datation sont donc ceux qui ont été retrouvés dans le comblement du fossé délimitant l’enclos en navette augustéen (cf. infra, § 7.3) ou dans les matériaux apportés pour l’édification des tumuli. Les formes céramiques identifiées trouvent des parallèles en Bretagne, notamment dans le mobilier du Bronze moyen mis au jour à Ouessant / Mez Notariou (Le Bihan, Villard 2010 : 221-269). Le mobilier lithique compte un petit nucléus à lamelles en roche noire, des grattoirs en silex et ultramylonite, ainsi qu’une pointe de flèche à pédoncule en silex mise au jour dans les limons gris du premier état du tertre occidental. Ce dernier type d’objets apparaît au Néolithique final et cesse d’être utilisé au cours du Bronze moyen. Des restes de bois carbonisés enfouis au sommet du vieux sol scellé par la construction du tumulus oriental ont été analysés au 14C. Ils sont attribuables à l’extrême fin du Bronze moyen ou à la première moitié du Bronze final. Les ossements d’un des défunts, retrouvés dans une sépulture en coffre de schiste correspondant à la phase d’extension du tertre oriental, ont été datés de la seconde moitié du Bronze moyen ou du début du Bronze final. Ces trois monuments doivent donc être considérés comme faisant partie d’un ensemble funéraire du Bronze moyen. Au total, c’est une vingtaine de personnes qui ont été inhumées en ce lieu, sur un laps de temps actuellement impossible à évaluer.

2.2. L’habitat

2.2.1. La fondation

  • 2 Ingénieur des Ponts et chaussées et ingénieur géographe de la province de Bretagne. Carte à l’échel (...)

6Le premier habitat de l’âge du Fer s’est implanté sur une partie de la crête constituée de grès armoricain. À l’issue de la destruction progressive des forêts au cours du Néolithique, ce sont des landes qui ont le plus souvent colonisé, en Bretagne, ces reliefs dont les sols s’étaient notablement dégradés. Il sera toutefois impossible, en l’absence de pollens conservés et malgré la mention de landes à cet endroit sur la Carte géométrique de la province de Bretagne établie par Jean-Baptiste Ogée2 en 1771, de restituer de manière fiable les paysages de l’âge du Fer à Paule.

7La fondation de l’habitat, datée de la seconde moitié du vie s. av. J.-C., est marquée par le creusement d’une tranchée peu profonde qui entaille le substrat et délimite un espace d’une superficie supérieure à 1 ha [fig. 9, en orange]. Elle ne se superpose jamais aux clôtures de la phase 1 et n’a livré aucun tesson. Son antériorité est donc déduite exclusivement de sa morphologie et de son tracé. De profil en auge, elle est peu profonde (0,30 m au maximum dans le substrat) hormis dans sa partie sud où s’accumulaient les eaux de ruissellement [fig. 10 : coupes 1-3]. L’étude micromorphologique de son remplissage a démenti l’hypothèse d’un creusement effectué pour planter une haie (Gebhardt 1995). Elle a par contre mis en évidence, dans une partie scellée par une couche de pierraille postérieure, les colluvions caractéristiques des fossés demeurés ouverts ainsi que des phytolithes relativement abondants et les déjections d’une faune acidophile. Ce creusement a donc été interprété comme une tranchée d’implantation qui, bordée d’un cordon constitué des terres extraites, a permis de tracer rapidement l’enclos devant délimiter l’habitat. Lorsqu’ensuite des terrassements plus lourds ont été effectués, avec le creusement d’un fossé plus profond, ce petit cordon de terre a été enfoui sous le talus édifié comme clôture pérenne. Il semble bien que le projet initial ait été modifié, avec une réduction de l’enclos d’habitat à 9 000 m2 [fig. 9 : 2] et la construction d’un enclos périphérique [fig. 9 : 3], adossé à l’angle nord-ouest et d’au moins 4 000 m2.

FIG. 9. Vestiges attribués au premier habitat (2e moitié du vie s.-ive s. av. J.-C.).
Remains attributed to the first settlement (2
nd half of the 6th-4thc. BC).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

2.2.2. Les clôtures

8La clôture de l’enclos principal adopte un tracé globalement curviligne, hormis sur ses faces est et sud où il devient rectiligne [fig. 9, en bleu]. Cela résulte de son adossement à un carrefour de voies qui lui est par conséquent antérieur et qui fonctionnait dès le vie s. av. J.-C. (cf. infra, § 2.5). L’axe de circulation qui longe le site au sud, à quelques mètres en contrebas de la ligne de crête, pourrait même remonter à l’âge du Bronze, si l’on en juge par les nécropoles tumulaires qui jalonnent son tracé.

9D’une profondeur modeste sur la façade nord de l’enclos, le fossé devient nettement plus imposant en plusieurs endroits :

  • Près de l’entrée, localisée à proximité de l’angle sud-est [fig. 10 : coupes 4, 5, 14], afin de marquer l’accès par un fossé plus profond et un talus plus élevé. L’ampleur de l’interruption du fossé sur la façade est, qui devait excéder 25 m à l’origine, ainsi que l’absence de toute trace d’un quelconque système de fermeture montrent que, malgré sa profondeur supérieure à 2 m, cette excavation n’avait aucun caractère défensif.

  • Dans la partie nord-ouest [fig. 10 : coupes 8-10], comme cela est fréquemment observé en Bretagne. Il s’agit d’augmenter la taille du talus afin de se protéger des vents dominants. Ce n’est donc probablement pas un hasard si les vestiges du principal édifice identifié pour cette phase ont été découverts accolés à cette section de la clôture.

  • Sur la façade sud [fig. 10 : coupes 6, 7], afin de contenir les eaux de ruissellement qui, du fait de la pente, s’accumulent toutes dans cet endroit du site. Si cette hypothèse est exacte, il faut envisager qu’un talus longeait la face externe (et non la face interne) du fossé.

FIG. 10. Stratigraphie du système de clôture du premier habitat : coupes 1‑3 petite tranchée matérialisant le tracé initialement prévu ; coupes 4-15 fossé de l’enclos d’habitat ; coupes 16-23 fossé et talus de l’enclos périphérique. Photo en haut à droite : vue du fossé de l’enclos d’habitat en coupe 7 ; en bas : vue de l’angle sud-ouest du talus de l’enclos périphérique, parementé en moellons de grès non maçonnés ; vue d’une partie parementée du même talus (coupe 17), scellée sous le rempart postérieur.
Stratigraphy of the enclosure system of the first settlement: sections 1-3 small trench showing the initially planned layout; sections 4-15 settlement enclosure ditch; sections 16-23 ditch and bank of the peripheral enclosure. Photo above right: settlement enclosure ditch in section 7; below: south-west corner of the bank of the peripheral enclosure, faced with non-masonry sandstone pieces; view of a faced part of the same bank (section 17) sealed under the posterior rampart.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

10Les coupes réalisées sur les façades est et sud de l’enclos ont mis en évidence d’importants curages dans cette zone basse, [fig. 10 : coupes 4-6, 14, 15]. Reprenant le profil du fossé, large de 3 à 4 m à l’ouverture, ils sont moins profonds que le creusement d’origine : 0,60 m dans le substrat, soit 1 m sous les sols de l’époque. La fouille des portions du fossé situées de part et d’autre de l’entrée montre également qu’à cet endroit, il est surcreusé et se prolonge dans le substrat bien au-delà du tracé initial. Il ne s’agit donc pas de simples curages, mais bien d’une modification, à savoir le rétrécissement du passage qui, toutefois, atteint encore 9 m de large. Il est vraisemblable que le talus qui le jouxtait a été prolongé en conséquence.

11Le fossé délimitant l’enclos périphérique est conservé au nord et à l’ouest [fig. 10 : coupes 16-23]. Il devait débuter au milieu de la façade ouest de l’enclos principal, mais le creusement de fossés postérieurs l’a, à cet endroit, probablement détruit. Globalement constante, la distance qui le sépare de l’enclos d’habitat est comprise entre 30 et 35 m, hormis au nord-est où il s’en rapproche progressivement. De profil triangulaire, légèrement arrondi vers le fond, il lui ressemble beaucoup. Si l’on en juge par la partie étudiée, sa profondeur était également très variable : de l’ordre du mètre sur la façade sud [fig. 10 : coupe 16], elle atteint rapidement 2 m sur la façade ouest [fig. 10 : coupe 18] pour se réduire à quelques décimètres sur la façade nord [fig. 10 : coupes 21-23]. Cette dernière partie, qui épouse la rupture de pente sur le flanc nord de la ligne de crête, est creusée dans un substrat compact, puisque le grès armoricain apparaît immédiatement sous la terre végétale. On pourrait donc en déduire que la géologie explique les différences de profondeur observées, les terrassiers ayant fait varier le profil de l’excavation en fonction de la compacité du substrat. Ce n’est pas totalement exact, même si cela a manifestement influé sur la technique utilisée. En effet, certaines sections profondes [fig. 10 : coupe 4, par exemple] entaillent également des bancs de grès armoricains qui s’avèrent très compacts une fois la terre végétale et un fin niveau d’altération ôtés. En fait, on peut plutôt penser qu’à la profondeur des fossés correspond la hauteur des talus, et que l’on a souhaité, comme pour l’habitat, que cette seconde clôture soit un peu plus imposante sur sa façade ouest, la plus exposée aux vents dominants.

12À la base des remplissages ont été mis en évidence les matériaux éboulés des parois et les colluvions caractéristiques du comblement d’une excavation laissée ouverte, qui devait donc être bordée d’un talus édifié à l’aide des matériaux qui en avaient été extraits. Or –et le fait est suffisamment rare sur un habitat de ce type pour être signalé– les vestiges de ce talus ont pu être observés, scellés et protégés par l’édification de remparts ultérieurs. Sur son flanc ouest, il est haut de 1,20 m, et sa base est large de 5 m (coupes 18-19). L’analyse micromorphologique montre un fort remaniement et une fragmentation du sédiment sous-jacent caractéristiques des sols « lessivés atlantiques » connus sur toute la Bretagne (Gebhardt 1992b ; 1995). Elle met en évidence aussi la fine couverture lœssique encore présente à Paule lors de la construction de cette clôture et démontre que ces travaux ont totalement perturbé et fait disparaître les sols situés en bordure immédiate. Comme pour les talus édifiés aux époques moderne et contemporaine dans la région, on peut supposer que la couverture végétale a été enlevée préalablement à la mise en place de cette clôture (Madeg 1994). Les mottes de « gazon » ont dû être incorporées à l’ouvrage pour l’armer. L’observation de traits liés à la saturation en eau du sol ainsi mis à nu indique que ce talus a été construit par temps humide, comme on le fait de manière traditionnelle afin d’obtenir une meilleure compacité et tenue du sédiment (Jestin 1994).

13Sur la plus grande partie de sa longueur, la levée de terre est constituée d’une simple accumulation des matériaux extraits du fossé au fur et à mesure de son creusement, depuis les terres les plus meubles, qui se retrouvent à sa base, jusqu’au sable et à la pierraille extraits en profondeur et rejetés sur son sommet. À proximité de son angle sud-ouest, elle est parementée de blocs de grès installés sans maîtrise des techniques de maçonnerie, car ils ne sont ni disposés en assises, ni chaînés [fig. 10 : coupe 17 et cliché]. À cet endroit en effet, et comme sur les autres sections, la construction a débuté par l’entassement des terres issues du creusement des parties supérieures du fossé. Puis, une fois la roche peu altérée atteinte, elle s’est poursuivie de manière concomitante par l’édification des parements à l’aide de moellons de grès, et l’accumulation des sables et de la pierraille en arrière de ces parements. Une fois la hauteur de 1,20 m atteinte, un lit de blocs de grès a été posé en couverture sur le sommet. La couche de terre brune épaisse de 10 à 20 cm qui recouvre le parement et le lit de blocs sommital a nécessairement été ajoutée dans une phase ultérieure, car elle recouvre les sols localisés au pied du talus. Les études micromorphologiques ont mis en évidence le caractère remanié et compacté de ce sédiment, qui a été mis en place gorgé d’eau. On peut donc envisager que, tout comme des mottes de « gazon » avaient été intégrées à la masse de la levée de terre, d’autres ont été plaquées par temps humide sur les parements ainsi qu’au sommet du talus. Les nombreuses petites galeries et de terriers de lombrics montrent l’évolution à l’air libre de cette chape de terre. Par ailleurs, la présence de scories de silice amorphe près de sa surface peut être liée à la combustion de graminées riches en phytolithes. Ceci donne à penser, comme cela a pu être observé pour certains talus de la ferme gauloise de Plouër-sur-Rance (Menez 1996 : 159), que la surface ainsi engazonnée a été entretenue par fauchage des broussailles et brûlis. Dans cette partie, la largeur de la structure à sa base ne devait pas excéder 3 m. Il devait en être de même à l’angle nord-ouest [fig. 10 : coupe 20], où l’ultime vestige d’un aménagement identique a été retrouvé.

14Cette clôture était donc constituée d’un talus de terre haut de 1,10 à 1,20 m, parementé uniquement aux angles nord‑ouest et sud-ouest. La relative constance de sa hauteur conduit à penser que seule cette dimension importait, et elle a été atteinte de deux façons : en creusant un fossé de 2 m de profondeur et en rejetant les déblais sur sa longueur pour former un talus assez large ; en creusant un fossé moins profond dont les matériaux extraits étaient enserrés entre deux parements pour former une clôture moins large et recouverte d’un placage de dalles de grès.

15Les parements ne se sont certainement pas limités aux parties du talus implantées sur la roche. En effet, son angle sud-ouest est édifié de cette façon, sur un substrat très altéré où le creusement d’un fossé profond aurait tout à fait été possible. On peut donc considérer que l’emploi de cette technique avait aussi pour objectif d’embellir les parties les plus visibles : les entrées, certaines façades, mais également les parties a priori les plus fragiles, comme les angles des clôtures. Des observations analogues ont été effectuées sur d’autres habitats de l’âge du Fer dans l’Ouest de la France, par exemple ceux de Pluvigner ou d’Hennebont, dans le Morbihan (Tanguy 1988 ; Menez 1994) ou, plus récemment, celui de Courseulles-sur-Mer, dans le Calvados (Jahier 2011). Les matériaux extraits lors du creusement du fossé n’ont pu suffire à la réalisation des parements. Il faut par conséquent envisager que les moellons ont été extraits d’une carrière située à proximité. Or, une telle excavation a été retrouvée dans l’angle nord-ouest de l’enclos périphérique.

2.2.3. La carrière

16La carrière est implantée à un endroit où le grès armoricain, peu altéré en surface, devait être affleurant. Elle est relativement imposante, puisqu’elle couvre une superficie de 140 m2 pour une profondeur de 3,50 m. La fouille de ses comblements a été limitée à son extrémité orientale et une coupe transversale longue de 14 m a été réalisée [fig. 11]. Ces travaux ont mis au jour de multiples creusements, effectués vraisemblablement durant plusieurs siècles. Les premières extractions, qui ont laissé des fosses profondes d’environ 1,30 m, se sont effectuées dans la partie orientale. Dans la partie médiane, des creusements plus importants se sont succédé du sud vers le nord.

FIG. 11. La carrière de grès armoricain : coupes et schéma d’extension durant les phases 1 et 2.
The Armoricain sandstone quarry : sections and map of extensions during phases 1 and 2.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

17La partie orientale n’a livré que trois tessons du second âge du Fer, sans caractéristique permettant de les dater plus précisément. La partie médiane a fourni davantage de mobilier, mais dont la majorité a dû être enfouie lors d’un remaniement ultérieur du secteur. Seule la chronologie relative établie par la coupe BB’, qui atteste le recoupement d’une des excavations par un fossé de la phase 2, permet donc d’affirmer que l’ouverture de cette carrière est contemporaine de la fondation de l’habitat.

18Le strict parallélisme de la plupart des excavations, qui prennent parfois l’aspect de fossés séparés par des murets de roche en place, résulte de la technique d’extraction : le débitage des bancs de grès en suivant les diaclases et en descendant progressivement jusqu’à des niveaux où la roche fournit des blocs de bonne qualité. À en juger par les moellons retrouvés sur le site, les pierres extraites avaient des dimensions comprises entre 15 et 50 cm. On n’a jamais noté de traces d’épannelage et la taille se limitait à abattre sur place les arêtes les plus saillantes, comme l’attestent les déchets retrouvés.

2.2.4. La maison

19Dans l’angle nord-ouest de l’enclos principal, un espace d’environ 30 × 23 m est clairement délimité par un fossé [fig. 12, en bleu]. Celui-ci, large de 1,80 à 2 m à l’ouverture, entaille le substrat sur 1,30 m, soit 1,70 m sous les sols de l’époque. Son comblement se compose de matériaux éboulés des parois, recouverts d’un limon brun mêlé de sable, vestige des poussières et des boues qui s’y sont déposées. On peut donc assurer qu’il s’agit bien d’un fossé et non d’une tranchée d’installation d’une palissade. Toutefois, les différents niveaux de comblement observés [fig. 12 : coupes AA’ et BB’] n’ont pas le profil « en cuvette » caractéristique des processus naturels. Leur forme en V révèle plutôt l’action anthropique. Il a donc été plusieurs fois curé.

FIG. 12. La maison et ses annexes souterraines : plan, coupes et recherche de la structure porteuse du bâtiment (la profondeur des excavations est mesurée à partir du toit du substrat). En haut : vue de la paroi de bois est, entre les coupes F et G (un trou de poteau d’une phase ultérieure recoupe la tranchée).
The house and its underground annexes : map, section and research of the building support structure (the depth of the excavations is measured starting from the top of the substratum. Above : eastern wooden wall, between sections F and G (a posthole of a later phase cuts through the trench).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

20Ce fossé se divise en deux tronçons disjoints, de part et d’autre d’une porte matérialisée par une interruption de l’excavation sur 4 m. Le premier prend son origine au nord-ouest, à une distance de 2,60 m du fossé qui délimite l’enclos d’habitat ; il se poursuit sur 20 m, très approximativement à la perpendiculaire de cette clôture, avant de s’incurver pour former un angle presque droit et s’interrompre 12 m plus loin au niveau de l’entrée. Le second, qui se développait au sud, devait avoir un tracé symétrique. Il a été presque totalement détruit par un fossé creusé ultérieurement.

21Dans l’espace ainsi ménagé, à 1 m en retrait, une petite tranchée [fig. 12, en brun] épouse fidèlement le tracé du fossé. De ce fait, la contemporanéité des deux structures paraît très vraisemblable. Les ultimes traces de poteaux jointifs qu’elle recèle, de forme ovale ou circulaire, ont un diamètre compris entre 0,15 et 0,50 m. Cette tranchée, large de 0,55 à 1,00 m, caractérisée par un fond plat et des parois presque verticales, correspond par conséquent à la fondation d’une paroi de bois massive, implantée dans le substrat à une profondeur variant de 0,10 à 0,50 m, soit 0,50 à 0,90 m sous les sols de l’époque.

22L’hypothèse la plus vraisemblable est celle d’un bâtiment dont la fondation de la façade orientale, longue de 23 m, est intégralement conservée. La façade sud, partiellement détruite par le creusement d’un fossé et de trous de poteau postérieurs, est longue de 15 m. La paroi nord, pourtant profondément fondée, s’arrête à hauteur d’un trou de poteau contemporain, ou plutôt de deux trous dont les épicentres sont distants de 2 m. Cette interruption semble signaler une porte, comme sur la façade est qui présente elle aussi une ouverture dont la longueur, difficile à mesurer à cause, là encore, de trous de poteau postérieurs, devait être voisine de 2 m. Aucune trace ne subsiste de la façade ouest ni de l’angle nord-ouest. Cette disparition semble liée à la présence de structures souterraines qui ont justifié la mise en œuvre d’une technique de fondation des murs sur des poutres sablières posées à même les sols ou dans une tranchée peu profonde qui n’a pas entaillé le substrat.

23En tenant compte de la localisation de l’angle sud-ouest et de la porte nord, il est possible de proposer par symétrie un tracé vraisemblable pour la façade ouest, moins profondément fondée. Dans le souterrain no 1, plusieurs trous de poteau ont été retrouvés. Cinq d’entre eux, localisés à la verticale de l’emplacement vraisemblable de la paroi de bois, ont pu soutenir des poutres sablières dans un endroit où les portées, sans ce dispositif, auraient été considérables. L’intervalle entre les poteaux permet d’estimer leur longueur à 5,50 m, ce qui est tout à fait raisonnable. La résistance du substrat ne pose aucune difficulté à cet endroit ; il a tenu bon jusqu’au début des fouilles, en 1988. En poursuivant en direction du nord, la paroi de bois surplomberait à nouveau le souterrain à une distance d’environ 7 m, mais à hauteur d’une chatière. Sur la façade nord, à l’ouest de la porte, six poteaux implantés dans les flancs d’une vaste citerne, à 1 ou 2 m en contrebas mais eux aussi à l’aplomb de la paroi de bois présumée, se justifient par la présence d’une autre poutre sablière. Les accès aux souterrains nos 1 et 2 étant eux-mêmes localisés sous la façade, nous sommes fondés à penser que l’angle nord du bâtiment ait pu se situer à l’aplomb de l’accès du souterrain no 3. L’emprise de l’édifice ainsi restitué est considérable s’inscrit dans un quadrilatère aux angles arrondis de 26 × 16 m, ce qui représente une superficie proche de 410 m2.

24Les parois de bois ne peuvent supporter à elles seules la toiture d’un tel bâtiment. En conséquence, les poteaux de soutènement de la charpente ont été recherchés, en considérant l’emprise et la forme générale de la construction ainsi que les fortes disparités entre la forme et la profondeur des trous de poteau. On rencontre effectivement, dans la partie centrale, deux couples de fosses accolées, d’un plan grossièrement circulaire, au diamètre compris entre 0,35 et 0,40 m et d’une profondeur respective de 0,18 et 0,39 m pour le couple sud et de 0,24 m pour le couple nord, qui peuvent remplir cet office. La droite qui les relie est parallèle au grand axe du rectangle délimité par la paroi. On peut raisonnablement envisager que les poteaux supports de la faîtière ont été implantés dans deux de ces fosses. Sur une perpendiculaire à l’axe ainsi défini, tracée à hauteur du poteau sud, se trouvent deux excavations de morphologie semblable, profondes respectivement de 0,42 et 0,49 m. Elles sont distantes de l’axe de 4,40 m à l’ouest et de 5,00 m à l’est. En traçant de nouveau une perpendiculaire à l’autre extrémité de la faîtière, apparaissent, à des distances identiques, deux trous de poteau similaires mais moins profondément creusés dans le substrat (0,17 m). Les huit trous de poteau ainsi regroupés dessinent un rectangle de 13,00 m de long pour une largeur comprise entre 9,20 et 9,40 m. Il s’agit probablement des fondations des supports internes de la charpente.

25Cet édifice [fig. 13a] est à l’évidence d’une tout autre nature que les maisons d’environ 25 m2 au sol retrouvées sur la plupart des habitats de l’âge du Fer en Armorique (Menez et al. 1990). Rares sont les habitats contemporains qui ont livré des constructions d’une telle ampleur, avec en guise de façade une paroi constituée de poteaux assez rapprochés et refendus, et ne comportant qu’un nombre très limité de supports internes pour la charpente :

  • Le premier [fig. 13b] a été découvert à Barbey / La Haye Guyonne, dans l’Oise (Gouge 2005 : 284). Mesurant 14,00 × 7,50 m, il est délimité par 19 trous de poteau de 0,65 à 1,00 m de diamètre, dont la profondeur varie entre 0,20 et 0,40 m sous le niveau du décapage. La distance entre les deux supports de la faîtière atteint 7,50 m. L’extension du décapage autour du bâtiment a mis au jour six fosses qui ont livré les seuls objets permettant de dater cette occupation. Trois d’entre elles contenaient des tessons attribuables au Bronze final iiib-Hallstatt ancien, trois autres des fragments de céramique du premier âge du Fer (Gouge 2005 : 283).

  • Le deuxième [fig. 13c] a été mis au jour à Grisy-sur-Seine / Les Terres du Bois Mortier (Oise). Délimité par un mur de 56 poteaux pratiquement accolés, interrompu sur les petits côtés du fait de la présence vraisemblable de portes, son plan s’inscrit dans un rectangle aux angles arrondis, de 19,75 × 13,20 m, soit environ 260 m2. Les poteaux des parois étaient implantés dans des fosses ovales dont la profondeur n’excède pas 0,10 m sous le niveau de décapage (Gouge 2005 : 285). La fouille de l’espace interne a mis au jour une série d’excavations que l’auteur hésite à intégrer à la construction. Quatre de ces fosses, de plan quadrangulaire, dessinent pourtant un rectangle de 7 × 5 m, parfaitement centré dans l’espace délimité par la paroi. Il s’agit vraisemblablement des fondations des supports internes de la charpente. Le mobilier est attribué au Hallstatt final et à La Tène ancienne.

  • Le troisième [fig. 13d] a été découvert à Verberie / Le Buisson Campin (Oise). La paroi, délimitée par 39 trous de poteau, enclot un vaste espace rectangulaire aux angles arrondis de 21,20 × 11,20 m. Deux poteaux, distants de 12,40 m, implantés sur le grand axe, en vis-à-vis de poteaux plus imposants au milieu des petits côtés, constituent de toute évidence les supports de la faîtière. Quatre autres poteaux dans l’édifice dessinent, comme pour la construction de Grisy-sur-Seine, un rectangle de 11,50 × 7,50 m parfaitement centré. La profondeur des trous de poteau est comprise entre 0,23 et 0,64 m hormis pour les supports de faîtière, implantés jusqu’à 1,05 m. Le mobilier date de La Tène moyenne. Cette disposition des supports de la charpente est similaire à celle de Paule. Il est par conséquent possible de s’appuyer sur la restitution architecturale de Verberie (Blanchet et al. 1983 : 123) pour restituer l’allure de la maison de Paule.

FIG. 13. Bâtiments de la fin du premier ou du début du second âge du Fer comparables à la maison de Paule : a Paule / St-Symphorien, phase 1 ; b Barbey / La Haye Guyonne, Oise (d’après Gouge 2005 : 284) ; c Grisy‑sur‑Seine / Les Terres du Bois Mortier, Oise (d’après Gouge 2005 : 285) ; d Verberie / Le Buisson Campin, Oise (d’après Blanchet et al. 1983 : 98, fig. 6).
Buildings from the end of the first or beginning of the second Iron Age similar to the Paule House : a Paule / St-Symphorien, phase 1 ; b Barbey / La Haye Guyonne, Oise (after Gouge 2005 : 284) ; c Grisy‑sur‑Seine / Les Terres du Bois Mortier, Oise (after Gouge 2005 : 285) ; d Verberie / Le Buisson Campin, Oise (after Blanchet et al. 1983 : 98, fig. 6).

Dessin M. Dupré.

26La charpente de ces bâtiments « est conçue en réalité comme si le support était une paroi porteuse » et « une liaison forte est indispensable au sommet des parois, qui risquent de basculer sous la pression de la toiture » (Buchsenschutz 2005 : 55). La structure des portes est souvent renforcée par des poteaux plus importants et plus profonds car ces ouvertures affaiblissent les parois. Tel est vraisemblablement le cas à Paule, puisque les piédroits de la porte nord étaient implantés à 0,62 m de profondeur. Les vestiges de la porte majeure, à l’est, ont été détruits, sauf un poteau de section plus importante, à l’extrémité de la tranchée de paroi nord. Deux autres trous de poteau distants de 3 m l’un de l’autre, de morphologie identique et profonds de 0,20 et 0,41 m, ont été mis au jour à 3 m en avant de la porte. Ils constituent vraisemblablement les ultimes traces d’un porche.

27Le problème architectural posé par ces vestiges réside en ce qu’il nous faut identifier, à partir des fondations, les techniques de charpente mises en œuvre pour couvrir des surfaces aussi considérables en limitant au maximum les supports internes. En suivant la démarche de restitution d’Olivier Buchsenschutz (Blanchet et al. 1983), il est possible d’estimer la hauteur du toit : on postulera que les poteaux périphériques étaient peu élevés –2 m– et que la pente de la toiture était comprise entre 45 et 70°, la plus adaptée à une couverture végétale. On considérera aussi qu’elle devait être légèrement plus forte à l’ouest, où la façade est la plus exposée aux intempéries [fig. 14]. En prenant l’hypothèse moyenne d’une pente de 50° à l’ouest et de 45° à l’est, la hauteur de la maison devait être proche de 11 m. La longueur des chevrons aurait été de 12 m, mais le dispositif de cadre supporté par quatre poteaux internes identifié sur les sites de Grisy-sur-Seine, Verberie et Paule, permet d’envisager que des poutres horizontales aient été placées à mi-portée, réduisant les charges sur la paroi de bois. Le petit fossé creusé en avant de l’édifice devait recueillir les eaux de la toiture. Cette toiture était certainement arrondie en croupe aux extrémités, pour contrebuter les poussées dans l’axe principal : en témoignent la forme arrondie des angles et la localisation des supports de la faîtière dans la partie centrale de l’édifice. Sur ses petits côtés, sa pente serait de 50° au sud et de 55° au nord, du fait du léger déport de la faîtière. Le problème architectural essentiel réside dans la longueur exceptionnelle (de 11 à 13 m) de la poutre faîtière, du cadre ou de certains chevrons. Il faut probablement envisager que ces derniers aient été des pièces de bois d’un poids et d’une section modérés. La multiplicité des pièces répartissait les charges de la manière la plus uniforme possible.

FIG. 14. Estimation de la hauteur de la toiture d’après les pentes habituellement observées sur les toitures de chaume ou de roseaux (d’après Blanchet et al. 1983 : fig. 47).
Estimation of the roof height based on the angles commonly observed for thatch and reed roofs (after Blanchet etal. 1983 : fig. 47).

28L’absence de sols conservés empêche d’imaginer l’utilisation des 410 m2 couverts par la toiture, sauf pour un ensemble mis au jour dans la partie sud du bâtiment : il s’agit d’un foyer et d’un four rattachés à cette période de l’occupation du site [fig. 15]. En effet, la fouille a mis en évidence leur recoupement par un trou de poteau creusé lors de la phase 2 de l’habitat. De plus, le vaste four allongé est parallèle à la paroi de bois, dont il longe la face interne. On peut donc raisonnablement envisager, malgré leur proximité avec cette paroi, que les structures de chauffe sont contemporaines du bâtiment. Le foyer est une vaste sole d’argile cuite, de 1,40 × 0,90 m, très dégradée par les creusements postérieurs et devant se situer, à l’origine, à une profondeur de 0,20 à 0,40 m. Le four, distant de 0,70 m, est une fosse rectangulaire de 3,15 × 1,00 m [fig. 15a]. Son fond, plat, était recouvert de cendres sur 0,10 à 0,30 m. Ses parois, conservées sur une dizaine de centimètres, sont légèrement inclinées. Les cendres étaient recouvertes de nombreux petits blocs de grès, concentrés principalement aux extrémités de la fosse, à l’est et surtout à l’ouest. La profondeur d’origine de ce four devait être proche de 0,50 m. Autour, plusieurs tranchées correspondant aux fondations de cloisons de bois et d’argile, laissent entrevoir une pièce de plus de 20 m2 servant probablement de cuisine. L’adossement de cette cuisine à la paroi de bois peut paraître étonnante, mais celle-ci a pu, à cet endroit, être recouverte d’argile. De plus, il ne faut pas imaginer le four fonctionner avec des flambées de bûches mais plutôt avec des braises ou des pierres chauffées sur lesquelles étaient répartis les mets à cuisiner. Sa taille, sans commune mesure avec celle des foyers habituellement retrouvés dans les maisons de l’âge du Fer en Bretagne, montre qu’il faut y voir un dispositif communautaire, servant à cuisiner pour de nombreuses personnes.

FIG. 15. Structures culinaires : a dans la maison, une salle, sans doute une cuisine, abrite un ensemble composé d’un vaste four à pierres de chauffe et d’un foyer ; b à l’extérieur, dans la cour de l’enclos d’habitat, un four semblable.
Culinary structures: a a room in the house, probably a kitchen, contains a large heated stone oven and a fireplace; b outside in the courtyard of the settlement enclosure, a probable oven.

Dessin M. Dupré, J. Spard‑Gateau ; photo Y. Menez.

29Un second four à pierres chauffées a été découvert 23 m à l’est, à l’extérieur de la maison [fig. 15b]. Il se présente lui aussi comme une vaste fosse, de 1,90 × 0,70 m. Sa profondeur conservée est de 0,15 m. Son fond, plat, est recouvert de 1 ou 2 cm de sable jaune correspondant au matériau extrait lors du creusement, surmonté d’une couche de cendres épaisse de 1 à 5 cm. Ces cendres étaient recouvertes d’une multitude de blocs de grès blanchis par la chaleur dont la taille est comprise entre 10 et 20 cm. Leurs arêtes relativement nettes ainsi que leur disposition assez uniforme sur les cendres montrent qu’ils sont vraisemblablement restés en place à l’issue de la dernière utilisation. Une fois encore, on peut voir dans cette structure une sorte de four polynésien, les aliments étant cuits grâce à la chaleur rayonnante de pierres préalablement chauffées sur les braises. Et là encore, ses dimensions montrent qu’elle a vraisemblablement été utilisée pour des repas collectifs. Son rattachement à la phase 1 n’est pas certain. Toutefois, sa parfaite ressemblance avec le four de la cuisine ainsi que le recouvrement de la zone par une voie en phase 2 et des remparts ensuite, plaident en faveur de son ancienneté.

30Que ce bâtiment dispose d’une cuisine montre qu’il s’agit vraisemblablement d’une maison, d’une taille sans commune mesure avec celle des habitations habituellement fouillées : les techniques utilisées pour sa construction ont permis de dégager d’énormes volumes intérieurs, qui devaient certainement impressionner les personnes qui y entraient pour la première fois. Les termes de « demeure » ou de « logis » semblent en définitive plus adaptés pour la désigner.

2.2.5. Un second bâtiment ?

31À la limite nord de l’enclos principal, jouxtant le fossé, l’emplacement d’un second bâtiment est marqué par six trous de poteau, d’un diamètre compris entre 0,35 et 0,60 m, de forme circulaire et d’une profondeur variant entre 0,14 et 0,21 m [fig. 16]. L’absence de trous de poteau comparables dans cette zone rend la lecture de ces fondations relativement aisée. Trois couples de poteaux, distants de 2,00 à 2,50 m, devaient supporter les entraits d’une construction grossièrement rectangulaire d’au moins 4,60 m de long pour une largeur comprise entre 2,20 et 2,70 m. La superficie d’un peu plus de 11 m2 doit être considérée comme minimale. En effet, les constructions dont les fondations ont été moins érodées présentent fréquemment un déport de leurs parois au-delà de la structure porteuse, à une distance d’au moins 1 m, ce qui peut tripler leur superficie réelle par rapport à l’estimation minimale.

FIG. 16. Fondations d’un second bâtiment dans l’enclos d’habitat, au nord de la maison (la profondeur des excavations est mesurée à partir du toit du substrat). Seule sa disposition, cohérente par rapport à celle du fossé qui le jouxte, permet de l’attribuer au premier habitat.
Foundations of a second building in the settlement enclosure, to the north of the house (the excavation depths are measured starting from the top of the substratum). Only its position, coherent relative to that of the adjoining ditch, enables its attribution to the first settlement.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

32Ces trous de poteau n’ont livré aucun mobilier, de sorte que seule la disposition de la construction, qui paraît adossée au fossé adjacent de l’enclos principal, justifie d’attribuer cet ensemble à la phase 1.

2.2.6. La cave

33À l’aplomb de la maison a été excavée une vaste fosse au plan en T composée d’une part d’une salle 1 [fig. 17], orientée est-ouest, de 11 × 2,90 à 3,30 m, qui entaille le substrat sur 2,30 m, et d’autre part d’une salle 2 qui lui est perpendiculaire, de 3,00 × 2,80 m. Sa profondeur atteint 2,20 m dans le substrat.

FIG. 17. La cave.
The cellar.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

34Cette excavation a été creusée dans le grès altéré, dans un secteur où la roche est compacte et parfaitement résistante. Le travail de terrassement est remarquable. La largeur du fond atteint 1,50 m dans la salle 1 et varie de 1,75 à 1,80 m dans la salle 2. À une hauteur régulière de 1,60 m au-dessus du fond, on note un décrochement dans la paroi qui dessine une marche de 0,50 à 0,75 m de large [fig. 17 : profils AA’ et BB’]. À en juger par les vestiges qui subsistent, la corniche ainsi formée devait se poursuivre sur tout le pourtour de la structure, à l’exception de son extrémité sud où la paroi est strictement verticale. Les emplacements des poutres qui venaient s’ancrer sur cette corniche ont pu être distingués, de même qu’une excavation le long du flanc nord, en vis-à-vis d’une cavité cylindrique située sur le flanc sud, de 0,30 m de diamètre et 0,45 m de profondeur [fig. 17 : profil BB’]. Ces entailles jumelées dans la corniche correspondent à des poutres disposées au-dessus de la salle 1, de part et d’autre de la partie située au débouché de la salle 2. Ces vestiges permettent de restituer le système de couverture de la fosse : des poutres, d’une portée comprise entre 2,50 et 2,80 m et d’un diamètre voisin de 0,20 m, ont dû être posées sur les corniches de part et d’autre des salles, afin d’en constituer le plafond. La profondeur à laquelle apparaissent ces corniches, 0,60 m sous le niveau de décapage, montre que ce réseau de poutres a dû être associé à d’autres matériaux pour assurer l’étanchéité et l’isolation du plafond : on peut penser à des branchages, surmontés de pierraille puis de sable.

35Cette excavation est vraisemblablement une cave [fig. 18]. Tout d’abord, elle est parfaitement intégrée à la maison. Son accès au sud, marqué par l’absence de corniche et la présence d’une fosse servant de fondation à un dispositif d’accès ou de levage, se situe à droite de l’entrée lorsque l’on pénètre dans la maison. La salle 2, plus étroite, devait servir d’accès à la salle 1, qui constituait la cave proprement dite. En tenant compte d’une largeur minimale (0,60 m) nécessaire à la circulation et à la manipulation, le volume de stockage devait approcher 15 m3 (dimensions : 9,80 × 1,00 m ; hauteur maximum : 1,50 m). L’épaisseur du plafond garantissait les bonnes conditions de l’entreposage des denrées, à l’abri de la lumière et des variations de température. La présence de l’habitation au-dessus permettait que se maintienne un taux d’humidité relativement faible, analogue à celui des caves des fermes actuelles.

FIG. 18. Évocation visualisant les installations de stockage et de puisage dans la maison.
Possible reconstruction showing the storage and drawing installations in the house.

Dessin V. Bardel.

2.2.7. La citerne

36À 8 m au nord de cette cave se situe une seconde fosse longue de 7,30 m et d’une largeur comprise entre 1 et 2 m à l’ouverture, qui entaille le substrat jusqu’à 2 m [fig. 19]. Son fond plat a une forme rectangulaire de 6,80 × 1,15 m. Trois groupes de trous de poteau, profonds de 0,12 à 0,20 m, l’entaillent. Le premier groupe, à l’extrémité nord, est composé de deux excavations espacées de 0,80 m, adossées à la paroi. Le deuxième se trouve vers le milieu de la fosse, à 1,80 m de l’extrémité nord. Il comprend deux séries de trois trous de poteau en vis-à-vis, espacés de 0,50 à 0,60 m. Enfin, le troisième ensemble, très semblable au précédent, a été mis au jour à l’extrémité sud de la fosse. Les trois trous de poteau de chaque série sont espacés respectivement de 0,40 m pour ceux situés le plus au sud, et de 0,60 m pour les suivants. Les cavités aménagées dans les parois montrent, au moins pour le groupe médian, que ces poteaux avaient une hauteur minimale de 1,50 m.

FIG. 19. La fosse cuvelée interprétée comme une citerne.
The encased pit interpreted as a cistern.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo H. Paitier

37À l’exception des zones renforcées par les deux ensembles de six poteaux, les parois de la fosse devaient être cuvelées à l’aide de planches de bois. En effet, tout autour de la structure, en pied de paroi, est creusée dans la roche une petite saignée dont la largeur coïncide avec l’épaisseur d’une planche (de 0,06 à 0,20 m). Il s’agit de l’ancrage du cuvelage. En outre, les cavités d’ancrage de deux poutres horizontales de 0,20 m de diamètre sont apparues dans la paroi occidentale, à 1,20 m au-dessus du fond. Un petit fossé à fond plat, large de 0,40 m, entaille le substrat sur 0,15 m à l’extrémité nord. Il semble contemporain de la fosse et rejoint le fossé qui entoure la maison.

38Cette structure a d’abord été interprétée comme un silo (Menez, Arramond 1997 : 125), car les deux ensembles de six trous de poteau évoquent des charges justifiant la mise en place d’une structure de soutènement extrêmement robuste. Mais l’absence de tout silo de ce genre en Europe atlantique, alors même qu’ils sont fréquents dans les habitats de l’âge du Fer, conduit à favoriser une autre hypothèse. En effet, les rares structures cuvelées mises au jour dans les habitats de la protohistoire sont les points d’eau, les puits ou les citernes, que l’on renforce de cette façon pour éviter l’effondrement de leurs parois. Le cuvelage devait également garantir l’étanchéité et faciliter le nettoyage.

39Contemporaine de la maison et du fossé qui l’entoure, la citerne –puisque c’est ainsi que la structure est interprétée– est localisée pour partie à l’extérieur, pour partie à l’intérieur du bâtiment. Le fond en est tapissé de sable et de fines particules blanchâtres qui peuvent résulter de la présence d’eau. Enfin, le fossé à fond plat qui entaille son extrémité nord peut correspondre à un trop-plein, déversant dans le petit fossé adjacent le surplus des eaux stockées. Les eaux de toiture auraient été recueillies à l’arrière de la maison, vraisemblablement dans un caniveau dont il ne subsiste aucune trace, et qui devait se vider dans cette fosse. Elles décantaient ensuite avant d’être puisées dans la maison, vraisemblablement à l’autre extrémité, au niveau du dispositif à six poteaux du sud. Le groupe de poteaux médian a dû avoir deux fonctions : supporter la paroi de bois qui passe au-dessus et constituer un espace de filtrage et de décantation entre le bac externe, qui recueille directement les eaux de ruissellement, et le bac interne où elles étaient puisées [fig. 20]. Les deux poutres horizontales, à 1,20 m du fond, ont pu renforcer la structure interne du cuvelage.

FIG. 20. Une citerne ? Restitution graphique du dispositif de récupération des eaux de pluie, de filtrage et de puisage dans la maison : 1 rigole de récupération des eaux du toit ; 2 citerne d’eau non filtrée ; 3 système de filtration ; 4 citerne d’eau filtrée ; 5 dispositif de puisage ; 6 trop-plein ; 7 fossé ; 8 paroi de bois de la maison ; 9 toit ; 10 dallage.
A cistern ? Graphic reconstruction of the device to collect, filter and draw rainwater in the house : 1 rainwater collection channel ; 2 non-filtered water cistern ; 3 filtration system ; 4 filtered water cistern ; 5 drawing device ; 6 overflow ; 7 ditch ; 8 wooden wall of the house ; 9 roof ; 10 paving.

Dessin V. Bardel.

2.2.8. Les souterrains

2.2.8.1. Souterrain no 1

40À l’aplomb de la façade ouest de la maison est apparue une enfilade de fosses [fig. 21]. D’une profondeur dans le substrat variant de 1,24 m au sud à 2,92 m dans la partie médiane, elle se divise en deux parties : des pièces creusées en sape, qui s’étendent de la salle 16, à l’est, jusqu’à la salle 7, à l’ouest ; et une succession de fosses aux parois verticales depuis le puits 1, au sud, jusqu’à l’entrée de la salle 4, au nord, à quoi succèdent à nouveau deux creusements en sape, les nos 4 et 5.

FIG. 21. Sous la maison, le souterrain no 1 : 1 puits d’accès ; 7 soupirail ; 15 puit de creusement..
Under the house, souterrain no1 : 1 access shaft ; 7 light well ; 15 digging shaft.

Dessin M.Dupré, J. Spard-Gateau

41Concernant la première partie, il faut tout d’abord noter, à l’extrémité de la salle 6, la présence d’un dispositif très curieux : deux petites plates-formes (espace 7) comprenant chacune un couple de trous de poteau, respectivement à 0,92 et 1,52 m au-dessus du niveau de la salle, débouchent dans le fossé adjacent, à 0,50 m au-dessus du fond. L’hypothèse d’une erreur dans le creusement, qui serait venu perforer accidentellement la paroi, semble à rejeter. En effet, la morphologie de ces deux fosses ne correspond en rien à l’amorce de creusement d’une nouvelle salle, qui aurait dû présenter un rétrécissement en chatière suivi d’un élargissement. Il doit s’agir d’un soupirail permettant de ventiler le souterrain. L’une des difficultés majeures lorsque l’on creuse de telles excavations réside en effet dans l’évacuation des déblais, rendue de plus en plus difficile au fur et à mesure que l’on s’éloigne des puits de creusement. L’absence de ventilation rend en effet extrêmement pénible le transfert de la pierraille extraite à l’aide de seaux ou de paniers. Une solution par conséquent fréquemment utilisée, lorsque l’on souhaite creuser un souterrain de plus de trois salles, est de faire réaliser l’excavation par des équipes qui, partant de plusieurs puits, vont tenter de se rejoindre pour former une structure unique. À Paule, trois puits, les nos 1, 7 et 15, ont ainsi facilité l’évacuation des déblais et la ventilation du chantier. Le puits 15, le plus profond, a vraisemblablement été condamné ensuite par la pose d’une dalle. Seul le puits 1 a conservé son statut d’accès, avec la pose d’une porte que signale encore l’empreinte d’une poutre de seuil encadrée de deux piédroits. L’accès no 7, qui ouvrait sur le fossé, a été aménagé en soupirail.

42La reconnaissance du schéma général du creusement va permettre d’en comprendre plus finement le procédé. Une première équipe a foré un puits grossièrement quadrangulaire de 2,46 m de profondeur (no 15), puis les salles 16, 14 et 11. Une petite niche (no 12) peut correspondre à l’amorce du creusement d’une dernière salle à partir de la salle 11. Une autre équipe a foré, depuis le fossé délimitant l’habitat, le soupirail 7 à une profondeur de 1,40 m dans le substrat, en soutenant les terres à l’aide d’un plafond de bois supporté par quatre poteaux. Puis, lorsque la profondeur du creusement a été suffisante, une première salle (no 6) a été creusée en sape dans le substrat. Le plancher était en effet situé à 2,92 m sous le toit du substrat, soit environ 3,30 m sous les sols de l’époque, et l’épaisseur de la voûte devait être proche de 1 m. Enfin, le creusement d’une dernière salle en direction de l’est a permis de se rapprocher de la salle 11, creusée par la première équipe. Le percement du passage 10 a enfin permis la jonction entre les deux chantiers.

43La construction de la seconde partie du souterrain a débuté par le creusement d’un puits peu profond (no 1) : 1,24 m dans le substrat, soit un peu plus de 1,60 m sous les sols de l’époque. Dans ce secteur, caractérisé par un substrat plus altéré, les salles ne pouvaient être creusées en sape ; elles ont été excavées à ciel ouvert sur une profondeur moins importante : 1,55 m pour la salle no 2 ; 1,90 m pour la salle 3. Elles ont été ensuite couvertes d’un plafond de poutres de bois surmonté de la terre argileuse extraite. Deux files de quatre poteaux implantés depuis l’entrée 1 jusqu’à la salle 3 supportaient ce plafond ainsi que la paroi de bois de la maison située à l’aplomb. Au-delà, la profondeur et la morphologie des salles 4 et 5 montrent qu’elles ont été excavées en sape dans le substrat. Le creusement de la salle 5 descend de 0,80 m par rapport à la salle 3 en vue manifestement de rejoindre la salle 6. Un creusement trapézoïdal à l’extrémité ouest de la salle 4 correspond à un second soupirail ouvrant sur le fossé adjacent. Les matériaux retrouvés au sommet du comblement de cette salle [fig. 22] résultent du tassement de la cour de la maison, qui a été empierrée et dallée de grès afin de faciliter la récupération des eaux de toiture et d’assurer l’étanchéité des salles sous-jacentes.

FIG. 22. Lors de l’effondrement du soupirail qui ouvrait sur la salle 4 du souterrain no 1, une partie du dallage de la cour s’est affaissée sur le remblai qui comblait ladite salle.
When the light well that opened on to Room 4 of Souterrain 1 collapsed part of the courtyard paving fell into the rubble that filled this room.

Dessin M. Dupré ; photo H. Paitier.

44La forme complexe de ce souterrain résulte donc de son creusement par trois équipes à partir de trois puits espacés d’environ 10 m et de la volonté de doter les salles les plus vastes de soupiraux ouvrant sur le fossé adjacent. Malgré des techniques différentes selon la profondeur à atteindre et la compacité du substrat, l’excavation, qui se développe sur près de 27 m, semble conçue comme un programme unique. Tout indique par ailleurs qu’elle est contemporaine de la maison qui la surmonte : d’abord, les couples de poteaux, implantés au fond et qui supportaient la paroi de bois de la maison ; ensuite, la position du seul puits d’accès, à l’intérieur, en bordure immédiate de cette paroi, dans un endroit où il pouvait être facilement dissimulé ; enfin, les objets issus des puits 1 et 15, datés des ve s. et ive s. av. J.-C. (cf. infra, § 2.6).

2.2.8.2. Souterrain no 2

45Un deuxième souterrain se situe à 5 m du précédent, entre la façade sud de la maison et le fossé délimitant l’enclos d’habitat [fig. 23a]. Un puits (no 1), d’une profondeur de 1,63 m, soit environ 2 m sous les sols de l’époque, a été creusé à l’aplomb de la paroi de bois. Au fond de ce puits, d’un diamètre compris entre 1,10 et 1,30 m, une étroite chatière horizontale (no 2) a été creusée dans le substrat : sa largeur n’excède pas 0,90 m pour une hauteur de 0,70 m. Elle débouchait dans une salle (no 3) dont les parois, verticales, sont caractéristiques des creusements en fosse, et non en sape, depuis la chatière. En effet, la profondeur de cette salle, analogue à celle du puits d’accès, ne permettait pas la réalisation d’une voûte solide dans un substrat altéré. Malgré les dégradations occasionnées par le creusement d’un fossé lors d’une phase ultérieure, quatre trous de poteau, profonds de 0,05 à 0,17 m, ont été observés sur le fond de cette salle rectangulaire de 3,70 × 1,70 m aux angles arrondis. Celui de l’angle sud-ouest conservait encore la base d’un poteau de 0,20 m de diamètre qui pourrait avoir été durci au feu avant d’être implanté. Cela expliquerait la présence d’une auréole de charbons marquant l’emplacement du pieu. Ces poteaux devaient à l’origine être organisés par couples. Ils supportaient le plafond de la salle, en bois surmonté de terre. Une entaille encore visible (no 5) en bordure du fossé de l’enclos délimitant l’habitat, constitue vraisemblablement tout ce qui subsiste d’une seconde salle ouvrant par un soupirail sur le fossé. Sans doute faut-il restituer une seconde chatière souterraine entre les deux salles.

FIG. 23. Sous la maison : a le souterrain no 2 ; b le souterrain no 3.
Under the house : a Souterrain 2 ; b Souterrain 3.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

46La présence d’un accès sur le tracé de la paroi de bois et celle d’une salle jouxtant le fossé constituent deux points de forte similitude avec le premier souterrain. On peut imaginer qu’il fallait se glisser dans un trou d’homme aménagé sous le mur de la maison pour accéder à cette construction souterraine bien dissimulée. Sa dimension est toutefois sans commune mesure avec celle du premier souterrain.

2.2.8.3. Souterrain no 3

47Ce souterrain est également très petit. Installé dans l’angle nord-ouest de la maison, il a été sectionné en biais lors du talutage des bas-côtés de la nouvelle route [fig. 23b : coupe BB’], mais le fond en est demeuré intact, ce qui a permis de restituer son aspect initial. Son puits d’accès, d’une profondeur conservée de 1,50 m, est creusé à la verticale et affecte un plan ovalaire de 1,30 m pour le grand axe, orienté est-ouest, et d’environ 1 m pour le petit axe. Une chatière de 0,70 m de large ouverte dans sa paroi nord permettait d’accéder, à partir du fond du puits, à une vaste salle creusée en sape dans le substrat de grès altéré. Cette unique pièce mesurait 3,70 × 1,40 m, pour une hauteur d’environ 1,60 m sous la voûte, dont les départs étaient toujours visibles lors de la fouille.

48Toujours au fond du puits, quatre emplacements de poteaux sont apparus sous la forme d’excavations remplies d’une terre plus sombre et plus meuble, ultimes traces de deux pieux de section circulaire et ovalaire, d’environ 0,25 m de diamètre, et deux troncs refendus en quartier. Ces poteaux dessinent grossièrement un carré de 1 m de côté et sont interprétés comme une réfection de l’accès, consécutive à la dégradation de la voûte de la chatière. Après avoir détruit l’amorce de cette voûte fissurée et en avoir étalé les débris sur les sols du puits et du début de la salle, une structure sur poteaux a été édifiée pour supporter des étais de bois destinés à soutenir la voûte, instable à cet endroit. Le deux poteaux implantés au fond du puits devaient en outre supporter la trappe qui devait recouvrir l’accès, vraisemblablement dissimulé comme les autres sous la paroi de bois qui forme la façade de la maison. Adossés aux poteaux et éparpillés sur les déblais de réfection, les fragments d’un grand vase de stockage ont été mis au jour, brisé lors de l’abandon du souterrain au ive s. av. J.-C. (cf. infra, § 2.6).

2.2.8.4. Souterrain no 4

49Ce souterrain a été découvert à une petite dizaine de mètres au nord de la maison, dans l’enclos d’habitat, à proximité immédiate de son fossé d’enceinte [fig. 25a]. Son puits d’accès (no 1), au sud, était une simple fosse d’une profondeur conservée de 1,30 m, dont le fond carré mesurait 0,80 m de côté. Depuis le fond de ce puits, une première salle (no 2), de 2,50 × 1,00 m environ, a été creusée en sape dans le grès altéré, en direction du nord-ouest. Elle conservait encore les amorces de ses voûtes. La partie supérieure du sous-sol devenant plus argileuse en direction du nord, les deux autres salles (nos 3 et 4) ont été réalisées en entaillant le substrat par le haut sur une profondeur de 1,60 m, soit près de 2 m sous les sols de l’époque, puis en implantant des poteaux au fond de la structure ainsi excavée pour asseoir un plafond de bois surmonté de terre. Une petite tranchée prolongeait l’extrémité nord de ce souterrain. D’une profondeur d’environ 0,50 m dans le substrat, elle remontait en pente douce vers le fossé d’enceinte adjacent. Une coupe axiale a montré que son comblement était contemporain de celui du reste de la structure. La fonction la plus vraisemblable de cet aménagement localisé en haut de paroi, juste sous la couverture, est celle d’un soupirail, qui devait se présenter comme une étroite ouverture dans la partie supérieure du fossé.

50L’attribution de ce souterrain à la phase 1 de l’habitat est confirmée par son ouverture sur le fossé qui en délimite l’enclos, comme par les objets retrouvés mêlés aux terres qui le comblaient (cf. infra, § 2.6). Il se distingue des précédents par son emplacement, hors de la maison, et par sa moindre profondeur sous les sols, ce qui le rendait vraisemblablement plus facile à repérer. La terre qui recouvrait son plafond devait en effet former une légère bosse dans la cour.

2.2.9. Les dépendances semi-enterrées

51Également à l’extérieur de la maison et régulièrement réparties dans l’enclos, sont apparues de vastes excavations parfaitement creusées dans le grès armoricain altéré. Leur profondeur dans le substrat, comprise entre 0,20 et 0,80 m, permet de les estimer à moins de 1,20 m sous les sols de l’époque, et les classe dans les constructions semi-enterrées.

2.2.9.1. Ateliers de tissage

52Deux enfilades de fosses dans lesquelles étaient implantés des couples de poteaux, sont interprétées comme les vestiges d’ateliers de tissage disposés de part et d’autre de la maison. L’atelier no 1 [fig. 25b], au nord, se présente, de l’est vers l’ouest, de la façon suivante : une petite fosse d’accès (no 1), en pente vers le fond de l’excavation, est suivie d’une première salle de plan rectangulaire, de 3,00 × 1,20 m ; puis, après un passage rétréci à une largeur de 0,70m (no3), on pénètre dans une seconde salle d’environ 2,00 × 1,20 m. Le fond de cette salle domine d’environ 0,50 m celui de la précédente. Il est entaillé, à l’ouest, par deux trous de poteau distants de 0,70 m et profonds de 0,30 m et 0,26 m.

53Une structure analogue, l’atelier no 2 [fig. 25c], a été mise au jour au sud de la maison. Elle comporte trois fosses successives, distantes de 1 m, dirigées vers le fossé délimitant l’habitat. De l’est vers l’ouest, on note tout d’abord une excavation au plan trapézoïdal (no 1), d’une longueur de 3,20 m pour une largeur variant de 1,00 m à 1,60 m. Puis, après un passage large de 0,90 m qui n’a presque pas entaillé le substrat (no2), on pénètre dans une seconde salle rectangulaire de 1,90 × 1,70 m. Enfin, une dernière salle de 2,10 × 1,25 m clôt à l’ouest cette enfilade. Dans la salle du centre (no 3), une seule excavation, de 0,20 m de diamètre, entaille le fond sur 0,10 m. Les autres salles présentent à leur extrémité occidentale deux trous de poteau de 0,20 m de diamètre, aux centres distants de 1 m.

FIG. 24. Évocation du second atelier de tisserand.
Reconstruction of the second weaving workshop.

Dessin V. Bardel.

FIG. 25. Constructions enterrées et semi-enterrées de l’enclos d’habitat. (Les fosses i et j, considérées comme les ultimes vestiges des celliers 6 et 7, sont positionnées pour mémoire mais ne sont pas présentées en détail.)
Buried and semi-buried construction of the settlement enclosure. (Pits i and j, considered as the last remains of cellars 6 and 7, are positioned as a reminder but are not presented in detail.)

Dessin M. Dupré, J. Spard‑Gateau ; photo Y. Menez.

54Ces deux constructions semi-enterrées sont caractérisées par la présence, à trois reprises, de couples de poteaux espacés de 0,70 à 1,00 m. Leur faible profondeur d’enfouissement permet d’écarter l’hypothèse de leur dévolution au stockage. Mais la présence récurrente dans les deux ensembles de couples de poteaux indépendants de la couverture laissent supposer une activité particulière. Des exemples de ce dispositif ont été retrouvés sur de nombreux habitats protohistoriques ou du haut Moyen Âge en Europe. Ils sont interprétés comme des ateliers abritant des métiers à tisser verticaux dont les montants étaient implantés dans les trous de poteau. Ils étaient généralement couverts d’une toiture à deux pans reposant sur des sablières (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 171 ; Puybaret 1989). L’implantation des métiers dans une fosse permettait de travailler dans une atmosphère plus humide qui rendait les fils moins cassants [fig. 24]. Cette hypothèse est en accord avec l’écartement des poteaux et la découverte de nombreux pesons de tisserand en schiste sur le site dès cette phase (cf. infra, § 2.6). L’un de ces pesons a d’ailleurs été mis au jour sur le sol de l’atelier no 2 [fig. 40 : 14].

2.2.9.2. Celliers

55Une seconde série de constructions semi-enterrées s’égrène le long de l’enceinte nord de l’enclos d’habitat. Elles sont interprétées comme des celliers.

56Le cellier no 1 [fig. 25d] a un plan en T. L’on y accède par un couloir orienté sud-ouest - nord-est (no 1) qui s’élargit progressivement de 0,60 à 1,30 m et débouche, à la perpendiculaire, sur une enfilade de trois salles. La salle médiane (no 2) est délimitée par quatre trous de poteau de 0,15 à 0, 20 m de diamètre qui entaillent le fond sur 0,15 à 0, 20 m. La salle 3, au sud, un peu plus profonde, comporte en son milieu deux trous de poteau similaires. Au nord, une dernière salle (no 4) recèle également quatre trous de poteau d’un diamètre et d’une profondeur analogues. La longueur de ces trois salles atteint 5,30m pour une largeur comprise entre 0,80 et 1,20 m. Les dix poteaux espacés de 0,80 à 1,00 m qui jalonnent la construction devaient supporter sa couverture. Un petit fossé orienté sud-est - nord-ouest, taillé dans la roche, court au milieu de la salle 4. Sa largeur est comprise entre 0,20 et 0,40 m. Les colluvions qui remplissaient le fond des salles comblaient également ce petit fossé ; celui-ci est donc contemporain et partie intégrante de l’ensemble. Il se jette dans le fossé d’enclos adjacent.

57Le cellier no 2 [fig. 25e] se présente comme une enfilade de fosses peu profondes (0,50 m en moyenne) taillées dans le substrat de grès, altéré mais très compact. L’accès, situé au sud, est constitué d’un couloir incliné de 2,50 × 0,70 m, permettant d’atteindre une ouverture matérialisée par deux poteaux distants de 0,50 m. On accédait ensuite à une chatière (no 2) creusée en sape dans le substrat, de plus de 1,00 × 0,50 m et d’une hauteur d’environ 0,60 m. Lors de la fouille, le plafond de ce petit tunnel subsistait dans sa totalité en un endroit. Ailleurs, seul un décrochement dans la paroi marquait encore l’amorce des voûtes, effondrées dès l’abandon de la structure [fig. 25e : coupe EE’]. Cette longue chatière débouchait sur une salle rectangulaire d’environ 2,50 × 1,00 m (no 3). Quatre poteaux implantés dans le sol y dessinent un rectangle de 1,00 × 1,70 m. Ils supportaient la couverture de la construction. Comme dans la structure précédente, un petit fossé entaille la roche sur une vingtaine de centimètres. Creusé dans l’axe de la salle, il en est contemporain. L’étude des strates de son comblement a mis en évidence en effet un premier remblai dans la chatière, sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur, avec des fragments de grès mêlés d’argile ; puis un dépôt de limons sur ce remblai, sur le fond de la salle ainsi que dans le petit fossé qui la traverse (on peut donc être assuré de la contemporanéité entre le petit fossé et la salle semi-enterrée qui l’enserre) ; et enfin, un remblai de terres brunes, de terres grises et de cendres présent sur l’ensemble de l’excavation et postérieur à la démolition partielle de la voûte de la chatière. Par ailleurs, ce petit fossé débute au débouché de la chatière, à 0,40 m au sud des premiers trous de poteau, et se prolonge au nord, au-delà de la construction, en s’infléchissant avant de se déverser dans le fossé adjacent. Son débouché dans le fossé délimitant l’enclos d’habitat ainsi que la similarité de leur comblement prouvent leur contemporanéité. Une chape de pierres retrouvée à proximité, remployée en placage sur le flanc ouest d’un fossé creusé lors de la phase suivante, semble constituée de moellons de grès issus du démontage de la couverture [fig. 48]. Parmi les blocs, une dalle usée sur une face pourrait d’ailleurs en être le seuil, d’autant que sa largeur (0,60 m) lui permet de s’adapter parfaitement à l’entrée du couloir d’accès.

58Ces deux constructions semi-enterrées présentent des similitudes évidentes, notamment :

  • un long couloir d’accès taillé dans le grès qui débouche sur un dispositif de fermeture, probablement une porte, soutenue par deux poteaux espacés de 0,60 à 1,00 m ;

  • un petit fossé taillé dans la roche qui débouche dans le fossé d’enclos du premier habitat, adjacent ; le fond de ce fossé et celui de la salle sont tapissés de limons gris ou bruns témoignant d’une sédimentation en milieu humide.

59Ces deux caractéristiques essentielles fondent l’hypothèse de lieux frais et humides que l’on souhaitait drainer et isoler de l’extérieur. Les données d’observation et les parallèles ethnologiques amènent à y voir des celliers destinés au stockage de produits nécessitant une hygrométrie relativement élevée et des températures proches de 10° C (Kunz 1969). De telles resserres enfouies sous des dômes de terre à proximité des habitations servaient encore, au xixe s. en Hongrie, à conserver les produits laitiers [fig. 26]. Elles étaient parfois traversées, mais pas toujours, par une petite canalisation où circulait de l’eau. On notera leur similitude avec certaines constructions également souterraines ou semi-enterrées mises au jour en Grande Bretagne, notamment en Écosse (Dunwell, Ralston 2008 : 125). Datées du début de notre ère, elles comportent parfois des drains au milieu des salles (Wainwright 1963).

FIG. 26. Cellier semi-enterré, voûté et recouvert d’un dôme de terre, observé dans une cour de ferme en Hongrie. Il était parcouru par une canalisation d’eau alimentée par une fontaine située à une dizaine de mètres de là. Y étaient entreposés le lait, stocké dans des jarres, mais également les mottes de beurre et certains fromages (Kunz 1969 : fig. 10). On note sur la coupe quelques approximations sur l’emplacement et le nombre des fenêtres, secondaires dans le propos.
Semi-buried cellar, vaulted and covered with a dirt dome, observed in a farmyard in Hungary. It was traversed by a water pipe fed by a fountain located around ten meters away. The cellar held milk stored in jars, as well as butter and some cheeses (Kunz 1969: fig. 10). On the section, we note a few approximations for the placement and number of windows, secondary in the presentation.

FIG. 27. Proposition de restitution du système de couverture sous dôme de terre à partir de l’exemple du cellier no 1.
Hypotetical reconstruction of the dirt dome covering system based on the example of Cellar 1.

Image 3D L. Stefanon /AGP. Hypothetical.

60Les fosses découvertes à Paule entaillent le substrat sur 0,40 à 0,70 m, ce qui correspond à environ 1 m sous le niveau estimé des sols de l’époque. Même en imaginant que l’on s’y déplaçait courbé, la hauteur estimée des salles est comparable à ce que l’on a observé dans les souterrains, 1,50 m, ce qui permet d’évaluer celle des poteaux porteurs à 1,70 m en tenant compte de la profondeur de leur implantation dans la roche. Au-dessus, un plafond de bois devait être posé. Si l’on tient compte de l’épaisseur des traverses horizontales et des planches qui le constituaient, il devait dominer les sols extérieurs de l’époque d’environ 0,80 m.

61La position centrale du petit fossé et les limons qui en tapissent le fond nous conduisent à l’interpréter comme un caniveau, sans doute recouvert de dalles ou de planches, qui recueillait les eaux de condensation. En effet, dans ces resserres enfouies, chaque ouverture provoque un léger choc thermique, source de condensation. Le dispositif complexe constitué par le long couloir d’accès, la porte, puis le passage en chatière, a pour objectif d’atténuer autant que faire se peut les échanges d’air entre les pièces semi-enterrées, à l’atmosphère presque constante, et le milieu externe soumis à toutes les variations de températures et d’hygrométrie. Mais cette condensation ne peut être totalement évitée. Ainsi, les eaux ont dû s’accumuler dans le caniveau. La présence des limons montre qu’un peu d’eau devait y stagner, ce que les pentes mesurées confirment. Lorsque le niveau dépassait quelques centimètres, la rigole évacuait le trop plein vers le fossé d’enceinte adjacent. L’espace laissé libre au centre des salles par les poteaux de soutien du plafond, large de 0,60 m, est trop étroit pour que l’on y entrepose quoi que ce soit. Peut-être faut-il y voir uniquement une zone de circulation et de manutention, le stockage proprement dit s’effectuant le long des parois, en arrière des poteaux qui on pu maintenir des rayonnages appuyés sur la roche de part et d’autre.

62Cette architecture de bois, au demeurant assez simple à mettre en œuvre, était sans doute recouverte d’un monticule de terre pour compléter l’isolation thermique. Pour réaliser cette isolation, le plus simple a été de recouvrir les caissons de bois qui constituent les salles avec les matériaux issus du creusement, principalement de la terre, puis du sable mêlé de pierraille lorsque les terrassiers ont atteint la roche. Si l’on en juge par l’accumulation des moellons de grès retrouvés près du second cellier, ce dôme devait être parementé d’une manière analogue aux talus qui délimitaient les enclos. Son emprise au sol est difficile à estimer. La longueur du couloir d’accès au cellier 1 nous en donne toutefois une idée car il se situe à la perpendiculaire de l’enfilade des salles. En tenant compte de l’emplacement de la porte, dont nous estimons qu’elle laissait à l’air libre les quatre-vingt derniers centimètres de ce couloir, le débord serait ainsi de 2 m de part et d’autre de l’axe longitudinal de la structure, ce qui porte à 4 m la largeur totale de la butte de terre. En limitant les matériaux utilisés pour sa construction à ceux qui ont été accumulés lors du décaissement, auxquels il faut adjoindre les moellons extraits en carrière pour le parement, on peut évaluer la hauteur du dôme à 1,30 m au-dessus des sols de l’époque avec une épaisseur d’environ 0,70 m au-dessus du plafond des salles enterrées, suffisante pour assurer une isolation thermique satisfaisante.

63À partir de leurs caractéristiques principales, il est possible d’identifier avec une forte vraisemblance des structures de ce type en trois autres endroits, toujours à proximité du fossé délimitant l’enclos d’habitat. Mais l’état de dégradation dans lequel elles nous sont parvenues rend aléatoire leur interprétation. La présence probable de chatières dans deux d’entre elles suggère qu’il s’agit de celliers, sans que cela puisse être démontré puisque leur caractéristique majeure, à savoir le drain évacuant les eaux de condensation vers le fossé, a disparu.

  • 3 Cette partie du site a été fortement perturbée par les sondages effectués à la tractopelle qui ont (...)

64La première [fig. 25f : cellier no 3], se présente sous la forme d’une fosse au plan grossièrement quadrangulaire de 1,50 × 1,00 m, taillée dans le substrat sur près de 1 m (no 3). L’accès à cette unique salle s’effectuait depuis le sud-est en empruntant un couloir large de 0,40 m (no 1), suivi, au-delà d’une porte maintenue par deux poteaux, d’une chatière de 1,00 × 0,50 cm (no 2). Celle-ci a été creusée en sape dans le grès altéré, contrairement au couloir d’accès et à la salle3. Le long de la paroi ouest, deux empreintes de poteaux, peuvent être interprétées comme les supports d’une charpente. Ainsi restituée, cette excavation ressemble au cellier no 2. On notera toutefois que la salle 3 paraît comme détruite par le fossé adjacent, qui est pourtant celui qui délimite le premier habitat. L’un des points essentiels à la compréhension de cette construction réside donc dans l’établissement de la chronologie relative entre son creusement et celui du fossé qui la jouxte. La coupe GG’ a permis d’observer le remblai qui, apporté pour la combler, s’est déversé dans le fossé en recouvrant les colluvions qui en tapissaient le fond. Ce n’est que dans un second temps que le fossé a été comblé. La structure a donc été abandonnée après le creusement du fossé mais avant son comblement, ce qui atteste de son rattachement à la phase 1. L’hypothèse la plus crédible est que l’on a tenté de construire, le long de la clôture de la ferme, une étroite resserre possédant un orifice vers le fossé. L’angle qui se dessine à l’ouest, à la jonction de la salle 3 et du fossé, peut témoigner en faveur de cette restitution d’une salle très réduite jouxtant la clôture : la lente érosion des parois du fossé a entraîné son élargissement progressif, puis l’effondrement de la mince paroi rocheuse qui le séparait de la structure. La resserre a alors été abandonnée, puis remblayée.

65La deuxième [fig. 25g : cellier no 4] se présente comme une enfilade de fosses sur 9,10 m de long, distante de 1,60 m du fossé délimitant l’habitat. On y accédait depuis le sud par une petite fosse ovalaire de 1,40 m de long qui entaille le substrat sur 0,95 m de profondeur. On débouchait ensuite dans un couloir de 4,00 × 0,70 m, qui entaille la roche sur 0,80 m, ce qui représente 1,20 m sous les sols de l’époque. Au débouché de ce couloir, la largeur se réduit fortement (0,45 m) et l’excavation descend d’environ 0,15 m dans la roche, ce qui signale vraisemblablement une chatière (no 2), analogue à celle mise au jour dans le cellier no 2. On pénétrait ensuite dans une petite salle semi-enterrée de 3,50 × 1,30 m (no 3). Y subsistent les emplacements de trois des poteaux qui supportaient la superstructure.

  • 4 Les celliers nos 4 et 5 ont été mis au jour lors des fouilles préventive de 1988 et 1989. Aucun pro (...)

66De la dernière construction [fig. 25h : cellier no 5], recoupée par un fossé creusé lors d’une phase ultérieure, ne subsiste que le couloir d’accès en plan incliné, conservé sur une longueur de 4,60 m. À 2,20 m de l’entrée, deux trous de poteau de 0,20 m de diamètre, dont les centres sont espacés de 0,70 m, correspondent vraisemblablement aux supports de la porte4.

67Signalons enfin deux vastes fosses [fig. 25i-j] le long de l’angle nord-est de l’enclos, qui ont livré des tessons attribuables à la fin du premier ou au début du second âge du Fer. Il pourrait s’agir des ultimes vestiges de constructions semi-enterrées (celliers nos 6 et 7), arasées et recoupées par des fossés postérieurs.

2.2.10. Des traces de labours dans l’enclos ?

68À proximité de l’angle sud-est de l’enclos central est apparue une succession de bandes de teinte blanche, verte, ocre et brune, rigoureusement parallèles et orientées du nord-est au sud-ouest [fig. 28a]. Elles sont pour la plupart le fruit de phénomènes de tri sédimentologique (Giot 1992) résultant de la dernière glaciation. Mais, parmi elles, quelques-unes sont de terre brune. La réalisation d’un sondage a permis de montrer qu’il s’agissait vraisemblablement de traces de labours [fig. 28b, d] que les prises de vues verticales ont permis de dissocier aisément des stries de cryoturbation. Dater ces travaux agricoles a été plus difficile. Élément déterminant : le recoupement de deux des sillons par un trou de poteau creusé lors de la phase 4 [fig. 28c]. L’absence de traces de chocs sur les dalles disposées verticalement en guise de calage du poteau confirme l’antériorité des sillons. Le fait que les traces soient perpendiculaires au fossé sud de l’enclos de phase 1, leur interruption à 2 m au nord de cette excavation et l’absence de toute structure attribuable à la phase 1 dans cette zone, conduisent à penser qu’il s’agit d’une mise en culture de quelques milliers de mètres carrés à proximité de l’entrée, probablement pour établir un jardin potager.

FIG. 28. Vestiges de sillons de labour recoupés par des trous de poteau de la phase 4 et pouvant de ce fait être rattachés aux phases 1 à 3.
Remains of tillage grooves traversed by Phase 4 postholes, and thus attributable to Phases 1 to 3.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

69L’étude micromorphologique a mis en évidence, dans les sillons, une microstructure très similaire à celle du sol de Hambacher Forst, en Allemagne, cultivé expérimentalement à l’araire (Gebhardt 1992a : 232) : les revêtements argileux plus ou moins poussiéreux sont caractéristiques de la mise à nu du sol lors du labour ; les terriers de vers de terre, observés à la base et sur le flanc des sillons, témoignent de l’apport d’amendement au moment de la mise en culture. Ces traces d’un probable défonçage des terres ont été rapidement enfouies sous les colluvions qui se sont progressivement accumulées, du fait de la pente, contre les clôtures édifiées au sud. L’épaisseur des terres végétales atteignait en effet 0,80 m le long du talus qui borde la route, soit le double de l’épaisseur habituellement constatée. Les labours modernes et contemporains n’ont donc pu effacer ces vestiges, pourtant ténus. Les sillons présentent un profil « en auge » légèrement dissymétrique, avec un flanc est presque vertical et un flanc ouest incliné à 45° [fig. 28b]. On peut certes penser à un araire de bois mais la netteté du profil permet d’envisager que son soc était renforcé à l’aide d’une pièce en fer incurvée et large de 15 cm environ. De tels socs sont connus pour l’âge du Fer, mais ils sont attribués le plus souvent à la fin de la période (Déchelette 1989 : 885). Il n’est donc pas impossible que ce labour ait été effectué lors des phases 2 ou 3.

2.3. Stèles et nécropoles

70Anne Villard-Le Tiec et Yves Menez

71L’extension de la fouille aux abords immédiats du premier habitat a permis d’identifier –le fait n’est pas si fréquent– deux enclos funéraires de la fin du Hallstatt et de La Tène ancienne. Déjà évoqués dans un article récent (Villard-Le Tiec et al. 2013 : 264-266), ils feront l’objet d’une publication plus détaillée en collaboration avec les chercheurs qui ont participé à leur étude. Seules les données essentielles à la compréhension du site de Paule seront donc ici présentées.

2.3.1. Le premier enclos funéraire

72Le premier enclos funéraire, implanté immédiatement à l’est de l’habitat, est ceint d’une palissade délimitant un espace quadrangulaire d’environ 27 m de côté [fig. 29]. Il est localisé de l’autre côté du chemin communal actuel. Comme cela a déjà été exposé, ce chemin correspond à une voie ancienne contre laquelle est venue s’appuyer la façade orientale de l’enclos d’habitat. La clôture occidentale de la nécropole, vraisemblablement détruite lors des élargissements successifs de la voie, lui était sans doute parallèle. Le rattachement de cet ensemble à la phase 1 est facile à établir, dans la mesure où il s’implante presqu’au débouché de la porte principale de l’enclos d’habitat, dont il n’est décalé que de 10 m vers le nord. Cette contemporanéité est confirmée par l’étude du mobilier (cf. infra, § 2.6).

FIG. 29. La nécropole no 1 et les urnes complètes de ses tombes à incinération. Certaines fosses ont livré des fibules ou des fragments de bracelets brûlés. certaines urnes sont ornées de cupules ou de frises à motifs estampés.
Necropolis 1 and the complete urns of its incineration tombs. Some pits yielded fibulas or fragments of burned bracelets. Some urns are decorated with cup‑marks or stamped motif friezes.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

73À la fouille, la clôture se présentait comme une étroite tranchée, large de 0,30 à 0,40 m à l’ouverture, comblée d’un mélange de sable et de grès très semblable au substrat. Il a donc fallu le nettoyage soigné de la partie supérieure de son comblement et la réalisation de plusieurs coupes pour qu’apparaissent les ultimes vestiges des poteaux qui y étaient implantés. Ils se présentaient sous la forme d’une bande verticale de couleur brune, bordée d’une autre plus claire correspondant à la terre extraite lors du creusement de la tranchée et rejetée dedans en guise de calage. Dans un secteur où le comblement était constitué de pierraille, on a pu distinguer, grâce à la répartition des pierres, les emplacements de poteaux de section circulaire, d’un diamètre proche de 0,20 m, accolés les uns aux autres. La palissade ainsi constituée était donc relativement robuste. Ajoutons à cela que la profondeur conservée de la tranchée était encore de 0,30 à 0,50 m, ce qui suppose que les poteaux étaient implantés entre 0,60 et 0,80 m sous les sols de l’âge du Fer. Ceci ne se justifie que pour une palissade d’une assez grande hauteur, sans doute supérieure à 2 m.

74Les tombes n’occupent qu’une partie réduite de l’espace ainsi enclos. Deux fosses rectangulaires à fond plat, de 1,70 × 0,45 m et de 0,80 × 0,25 m, sont interprétées comme des inhumations. Aucun ossement n’y est conservé, comme c’est la règle dans ces terres acides, à l’exception de ceux que la crémation a rendus plus résistants. D’après la taille des fosses, la première a pu accueillir un corps d’adulte ; la seconde celui d’un enfant.

75Les 18 incinérations retrouvées, auxquelles il faut ajouter une fosse contenant des ossements brûlés et des fragments de vases, sont réparties en trois groupes. Le premier, rassemblant 13 urnes et la fosse, se situe à l’ouest de la probable inhumation d’enfant. Le deuxième et le troisième groupe ne sont composés respectivement que de trois et deux incinérations, avec ou sans urne, l’un au sud-est des inhumations, l’autre au nord-est. La plupart des urnes sont écrêtées, mais –détail notable– elles le sont à des degrés divers. Cette particularité pourrait s’expliquer par le fait qu’elles auraient été ensevelies à l’origine dans la masse d’un tumulus aujourd’hui totalement disparu. La présence d’un tertre de faible hauteur dans certaines nécropoles du Hallstatt a été maintes fois évoquée, et mise en évidence sur quelques sites comme Landeleau ou Ergué-Armel, dans le Finistère (LeMen 1877-1878 ; Briard et al. 1984). À Paule, elle est confirmée par la corrélation de la position des vases et de leur arasement. Celui-ci est en effet plus important au fur et à mesure que l’on s’approche du centre présumé du tertre, les urnes complètes étant retrouvées sur sa périphérie.

76La fouille des sépultures en laboratoire a montré que les rituels de déposition ne dérogent pas aux usages observés dans les autres nécropoles à incinération de Bretagne occidentale (Villard-Le Tiec et al. 2013). Les vases ou contenants périssables sont déposés dans une petite fosse, vraisemblablement fermée par un couvercle en bois, d’un diamètre compris entre 0,25 et 0,40 m, ce qui explique l’effondrement du sommet et des parois de la plupart des urnes. Les ossements récupérés sur le bûcher et nettoyés ont été déposés par poignées dans les urnes, parfois accompagnés des bijoux du défunt : dans l’une, une fibule en fer ; dans une autre, les fragments très altérés par le feu d’une fibule et d’un bracelet en alliage cuivreux. L’écrêtement des vases ne permet pas, toutefois, d’estimer la part réelle des objets métalliques au milieu des ossements incinérés. C’est en effet souvent dans la partie supérieure des urnes qu’est signalée leur découverte.

77Un four de 1,20 m de diamètre et d’une trentaine de centimètres de profondeur dans le substrat a été retrouvé dans l’angle sud-est de l’enclos. Le fond en était tapissé d’une épaisse couche de cendres mêlées de gros charbons de bois et de fragments d’argile cuite, et son degré de rubéfaction ne laisse aucun doute sur son utilisation intensive. Sa localisation, ainsi qu’un tesson comparable à ceux de la nécropole, permettent de l’intégrer dans l’espace funéraire, mais l’absence d’esquilles osseuses interdit d’y voir un bûcher funéraire. Signalons la présence de trois autres foyers, deux dans la partie nord de l’enclos, et un au sommet des terres qui comblaient une inhumation, dans la partie centrale du tertre.

78Plusieurs fosses sont interprétées comme les fondations de stèles funéraires. Deux d’entre elles accueillaient vraisemblablement des stèles hautes de 1 à 2 m en pierre. La fosse de l’ouest est d’une forme grossièrement rectangulaire de 0,60 × 0,40 m. Avec ses parois presque verticales, elle entaille le substrat très compact sur une profondeur de 0,50 m, et était comblée de pierres dans toute sa partie supérieure. Celle de l’est atteint 0,50 m de diamètre pour 0,30 m de profondeur. En revanche, les trois autres fosses situées à proximité, en dehors du périmètre du tertre, sont de simples cuvettes d’un diamètre de 0,40 à 0,60 m, peu profondément creusées dans le substrat. Même constat pour les trois structures regroupées sur le tumulus, juste à l’ouest de l’inhumation d’adulte. Elles ont pu accueillir des stèles plus petites. Ces deux types de monuments sont très fréquents en Bretagne (Daire 2005), mais ils ont été le plus souvent déplacés. Sur notre site, deux stèles hémisphériques en granite ont d’ailleurs été retrouvées à proximité de la nécropole, jetées dans d’anciennes excavations (cf. infra, § 2.3.3).

79L’analyse spatiale donne un sens à la répartition des différents types de creusement, faisant apparaître l’organisation de l’espace funéraire. L’étude des deux enclos de Melgven (Finistère) a montré l’importance des stèles hautes comme éléments structurants de l’espace funéraire et leur intégration dans un schéma géométrique simple (Villard-Le Tiec et al. 2013). À Paule, toutes les structures s’organisent autour des fondations des stèles hautes, éloignées de 12,50 m l’une de l’autre d’est en ouest. L’alignement ainsi déterminé est parallèle aux fossés nord et sud de la clôture. Le considérant dans un premier temps comme le côté d’un carré de 12,50 m × 12,50 m distant de 7 m de ces fossés, on constate que les deux inhumations sont placées de part et d’autre de l’axe médian nord-sud de ce carré. Si l’on reporte ensuite au sud la distance qui sépare ces inhumations de l’alignement formé par les stèles, c’est un rectangle qui se dessine finalement. Il est donc délimité au nord par les deux stèles et au sud par le fossé d’enclos, pour une dimension finale de 12,50 × 20 m. Situées au croisement des deux médianes, les inhumations sont également au centre du tertre circulaire dont l’existence a été proposée plus haut. Elles sont donc sans doute les tombes fondatrices de la nécropole, ce qui refléterait l’évolution des rites funéraires en Bretagne lors de cette période, caractérisée par l’inhumation des défunts au vie s. av. J.-C., puis leur incinération au cours du ve s. À l’appui de l’hypothèse sur le diamètre du tertre que nous venons d’établir à 12,50 m, les trois fondations probables de stèles marquant le sommet du monument ainsi que l’interruption, au niveau du périmètre présumé du tumulus, de deux petits fossés parallèles provenant du sud. La position des premières tombes face à ce qui constituerait alors l’entrée sud de l’espace funéraire renforce l’idée d’une monumentalisation des lieux, soulignée par les deux stèles hautes situées symétriquement à l’arrière du tertre.

80Le principal groupe d’incinérations en urne est établi dans le quart sud-ouest du tumulus, selon un axe nord-est - sud-ouest. Les deux autres groupes se situent dans la moitié est du rectangle défini précédemment, l’un dans la masse tumulaire et l’autre en dehors de son périmètre. Ils présentent des caractéristiques qui traduisent des différences importantes dans le rituel de déposition, ce qui accentue l’impression de séparation symbolique des tombes de chaque groupe.

81À l’exception des incinérations du groupe 3, des quelques emplacements de stèles présumées et de structures liées à la combustion, peu de structures ont été retrouvées en dehors de l’emprise supposée du tertre. Une place importante semble même dégagée de toute structure creusée dans le substrat à l’ouest et, dans une moindre mesure, au nord de l’espace délimité par les stèles et le tumulus. Elle était peut-être destinée à accueillir la famille et ses invités lors des cérémonies.

82Les objets découverts n’ont jusqu’ici quasiment jamais été pris en compte pour le rattachement des structures à la phase 1 de l’habitat, puisque –comme cela a été précisé dans l’exposé de la méthode d’étude– le mobilier ne date presque jamais leur utilisation mais fournit au mieux un terminus post quem pour leur abandon. Le cas de la nécropole est différent, dans la mesure où les urnes mises au jour étaient forcément utilisées au moment de la crémation des défunts. Le mobilier contribue donc à dater l’utilisation de la nécropole, hormis pour les sépultures à inhumation qui ne recèlent aucun dépôt funéraire. L’antériorité de ces deux tombes, rendue manifeste par l’analyse spatiale, correspond par exemple à ce que l’on a pu observer dans la nécropole du Rocher, sur la commune du Bono (Morbihan), où l’une des inhumations a pu être datée du Hallstatt D1/D2 grâce à une série de bracelets de bronze, tandis que les sépultures à incinération, contenues dans des récipients également en bronze et notamment dans une situle de type rhénan (Milcent 1992 : 74-78), appartiennent à la transition Hallstatt D3 / La Tène A. L’attribution des deux inhumations de Paule à une phase antérieure au Hallstatt D3, période durant laquelle l’incinération devient la règle, donc antérieure à la fin du vie s., paraît vraisemblable.

83Les urnes contenant les ossements incinérés apparaissent comme des vases « neufs », sans traces d’utilisation préalable ou de réparation. Le soin apporté à leur fabrication est évident. Certains constituent même, par la finesse de leur paroi et le caractère élancé de leur forme, des petits chefs-d’œuvre de modelage. Les fonds sont quelquefois plats mais le plus souvent ils sont soulevés, et l’un est à piédouche. Les formes peuvent être globulaires ou plus élancées. Les lèvres présentent le plus souvent, sur leur face interne, une large dépression soigneusement lustrée, parfois même une véritable cannelure. Les décors les plus fréquents sont des dépressions de forme circulaire entourées de cercles de points, formant des motifs « en marguerite » connus dans la région. Deux urnes sont ornées de frises horizontales constituées par la succession de motifs élémentaires estampés dans la pâte : une association de triangles hachurés et de rectangles quadrillés en registre au sommet de la panse pour l’une [fig. 29], des ocelles à la base de la panse pour l’autre.

84La morphologie et l’ornementation de ces urnes sont caractéristiques de la période de transition entre le premier et le second âge du Fer dans la péninsule Armoricaine (Milcent 1993 ; Villard-Le Tiec et al. 2013). Les autres céramiques retrouvées dans la nécropole contribuent à dater plus précisément leur enfouissement du ve s. av. J.-C.

2.3.2. Le second enclos funéraire

85Une autre nécropole a été découverte à 80 m en contrebas de la précédente, sur le flanc sud de la crête [fig. 30]. Un enclos carré de 18 m de côté le protège : son côté nord est parallèle à la voie majeure, orientée est-ouest et distante de 25 m, qui longe la ligne de crête ; son côté ouest est grossièrement parallèle au chemin, orienté nord-sud et distant de 20 m, qui conduit à la première nécropole. La tranchée qui matérialise aujourd’hui cet enclos, large de 0,70 à 1,00 m, entaille le substrat sur 0,50 à 1,00 m. Elle était comblée de sable, de pierraille et de blocs de grès très semblables au substrat. La disposition de pierres de calage et les colonnes de terre brune résultant de la disparition des pieux attestent qu’elle servait de fondation à une palissade de poteaux jointifs d’un diamètre proche de 0,30 m. Une fondation dont la profondeur permet d’estimer à plus de 2 m la hauteur de cette palissade. La porte, au milieu de la clôture nord, est marquée par une interruption de la tranchée sur 3 m. Elle était surmontée d’un portique de 4 m de large, d’après les vestiges des calages des montants retrouvés aux extrémités de la tranchée.

FIG. 30. La nécropole no 2 et les urnes mises au jour dans son enceinte. Elles sont caractéristiques de la fin du vie et de la 1ère moitié du ve s. av. J.-C.
Necropolis 2 and the urns discovered in its enceinte. The are characteristic of the end of the 6
th and first half of the 5th c. BC.

Dessin A. Villard-Le Tiec, M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo A. Villard-LeTiec.

86Implantés sur le versant sud de la crête, les vestiges ont pâti de la très forte érosion des sols, supérieure à celle constatée dans l’habitat et le premier enclos funéraire. À l’intérieur, en face de l’entrée, une fosse de 1,70 × 0,70 m, profonde de 0,30 m, a pu accueillir une inhumation. Aucun ossement n’est conservé dans ces terres acides, ce qui empêche d’en être certain. Pour ce qui est des tombes assurées, quinze urnes ont livré des ossements incinérés. Trois petites fosses ont également livré des esquilles osseuses brûlées. Trois autres fosses, d’environ 0,50 m de diamètre, sont interprétées, du fait de leurs dimensions et de leur emplacement, comme autant de fondations de stèles hautes de 1 à 2 m. Distantes d’environ 2 m les unes des autres, elles sont implantées sur un axe nord-sud éloigné de 6 m de la façade ouest de l’enclos. La stèle implantée la plus au nord sert manifestement d’origine à une première ligne de sept urnes. Orientée est-ouest, cette ligne est elle-même distante de 6 m de la façade nord, à 3 m en arrière de la probable inhumation. Un second groupe de six sépultures est enfoui en deux endroits face à la seconde stèle. Un troisième groupe de sépultures, à l’est et au sud de la troisième stèle, regroupe deux urnes et trois fosses contenant des ossements brûlés. Enfin, une urne apparemment isolée a été enfouie près de l’angle nord-est de l’enclos.

87Les urnes ont été presque complètement détruites par les labours, et les fosses où étaient implantées les stèles ont été réduites à presque rien. À cause de cet arasement, la présence d’un tertre ne peut être établie. Malgré tout, les gestes d’enfouissement dont témoignent ces tombes sont bien semblables à ceux qui ont été observés dans la première nécropole : les urnes, d’abord déposées dans une fosse de 0,20 à 0,80 m de diamètre, devaient être protégées par un couvercle de bois ou l’accumulation de quelques pierres.

88L’inhumation probable d’un premier corps dans cet enclos, face à l’entrée, doit être antérieure à la fin du vie s. av. J.-C., qui voit en Bretagne la généralisation de la pratique de la crémation des défunts. Pour dater les incinérations retrouvées, très arasées rappelons-le, c’est vers l’observation des urnes que nous nous tournons. Hautes, dotées d’un fond plat le plus souvent, soulevé parfois, les rares formes identifiables appartiennent à des vases carénés ou globulaires dotés de lèvres en biseau ou présentant une large cannelure. Elles sont caractéristiques de la fin du vie et de la première moitié du ve s. av. J.-C. en Bretagne. Cet enclos funéraire est donc contemporain du précédent.

2.3.3. Stèles abattues et enfouies

89Les fouilles récentes l’ont montré : les stèles en granite [fig. 31] ou, pourquoi pas, en bois qui structuraient les lieux ont souvent été abattues ou déplacées lors de la désaffection des espaces funéraires. Tel est le cas à Melgven (Finistère), où une stèle ornée a été découverte couchée sur place, dans le fossé d’un des enclos (Villard et al. 1994 ; Villard-Le Tiec et al. 2003). Tel est également le cas à Kerjaouen à Quimper (Finistère), où un tronçon d’une stèle haute a été mis au jour à l’emplacement de la nécropole (Villard et al. 2006 : 192). On signalera enfin la partie brisée d’une stèle basse ornée découverte lors de la fouille de la nécropole de Poulgigou à La Forêt Fouesnant (Finistère), également utilisée jusqu’à la fin du ve s. av. J.-C. (Le Goff 1994b ; Daire, Villard 1996 : 136). Ces débris résultent de la destruction volontaire de monuments imposants.

FIG. 31. Les deux principaux types de stèles armoricaines de la fin du premier et du début du second âge du Fer photographiées devant le musée de Penmarc’h (Finistère) : une stèle haute à l’arrière-plan et une stèle basse au premier plan.
The two main types of Armoricain steles from the end of the First and beginning of the Second Iron Age photographed in front of the Penmarc’h Museum (Finistère) : a tall stele in the background and a low stele in the foreground.

Photo Y. Menez.

90Mais l’on en a également retrouvé lors de la fouille d’habitats ou de sanctuaires, généralement sous la forme de fragments. On peut citer le sanctuaire de Parc ar Groas à Quimper (Finistère), où un tronçon d’une stèle haute de grandes dimensions a été découvert dans une fosse (Le Bihan, Villard 2012 : 310), ou encore l’habitat de Kerven Teignouse à Inguiniel (Morbihan), qui en a livré plusieurs (Tanguy 2000). Sur le site de Paule, deux stèles intactes ont été mises au jour.

  • 5 L’analyse par diffraction des rayons X a montré que cette argile, composée d’illite et de kaolinite (...)

91La première gisait dans une vaste fosse [fig. 32a] aux contours informes creusée dans la zone de contact des grès armoricains et des schistes, où le substrat se présente comme une argile blanche d’altération, vraisemblablement exploitée pour la construction des structures foyères et des parois de l’habitat, voire pour la fabrication de récipients ou de creusets (Giot 1992)5. On peut donc interpréter cette fosse et les creusements d’aspect similaire observés sur la bande d’argile, comme une petite carrière. Lors de son abandon, elle a été comblée au moyen de terre et de nombreuses pierres apparemment déversés sans soin particulier depuis le sud [fig. 32b]. L’effet de vide dans la partie nord peut résulter du hasard du déchargement. La stèle est apparue légèrement renversée sur le bord de la fosse. À l’évidence, elle a été rejetée en remblai et rien, si ce n’est sa forme, ne la distingue des autres blocs. Haute de 0,40 m, d’un diamètre de 0,30 m, elle est constituée d’une embase sommairement épannelée et d’une partie supérieure soigneusement piquetée pour former une boule qui devait émerger du sol de 0,23 m. Son poids avoisine les 53 kg. Elle a été taillée dans un granite à grain fin dont les gisements les plus proches se situent à 15 km au sud du site.

FIG. 32. Les deux stèles en granite de Paule : a localisation ; b la stèle no 1 dans le contexte de sa découverte, rejetée avec d’autres blocs dans le comblement d’une fosse d’extraction d’argile ; c fragment d’un grand vase orné mis au jour dans le comblement de la même fosse (1re moitié du ive s. av. J.-C.) ; d dessin des stèles. La stèle no2 ayant été volée avant d’être relevée, c’est une restitution de sa forme qui est ici proposée d’après l’empreinte qu’elle a laissé dans la terre et le souvenir de son inventeur.
The two granite steles of Paule : a location ; b Stele 1 in its discovery context, discarded with other stones in the backfill of a clay extraction pit ; c fragment of a large decorated vase discovered in the backfill of the same pit (1st half of the 4thc. BC) ; d drawing of the steles. Because Stele 2 was stolen before it was recorded, this is a hypothetical reconstruction of its form base on the imprint that it left in the sediment and the memory of its discoverer.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

92Certains des tessons mis au jour dans la fosse en même temps que la stèle appartiennent à un grand vase orné d’un décor de style « libre », constitué de motifs incisés et du remplissage de certaines des zones ainsi définies par de petites ponctuations imprimées dans la pâte, un traitement qui renforce le contraste entre les différentes parties du dessin [fig. 32c]. Ce type de fabrication est caractéristique de la première moitié du ive s. av. J.‑C. dans la péninsule Armoricaine. Toutefois, il s’agit là d’une pièce exceptionnelle, particulièrement remarquable par la finesse de ses parois pour une forme haute dont le diamètre avoisine les 30 cm, par sa couleur gris argenté proche de celle du graphite et par le style de son décor parfaitement réalisé à main levée. Tout ceci évoque, non pas le dépôt volontaire dans cette fosse d’un tesson remarquable, mais plutôt le prélèvement, lors de l’enlèvement de la stèle sur le tertre funéraire, d’une urne funéraire brisée lors de ces travaux. En effet, on ne peut qu’être frappé par l’analogie qui existe, en termes de morphologie et de qualité de fabrication, entre ce vase et les urnes retrouvées profondément enfouies dans la nécropole. À l’appui de cette hypothèse, on notera la découverte, sur l’habitat de Kéralio à Pont-l’Abbé (Finistère), de plusieurs fragments de vases associés à un fragment de stèle ornée (Hinguant, Le Goff 1998 : 95-96). On remarque en effet que ces tessons, parmi lesquels ceux d’une belle écuelle décorée de motifs estampés de la première moitié du ive s., provenaient de céramiques que l’on retrouve habituellement dans les nécropoles alors qu’elles sont beaucoup plus rares dans les habitats. Nous pensons donc qu’il s’agit de vases prélevés par inadvertance avec la stèle lors de l’arasement d’un tertre funéraire proche de l’habitat.

93Dans le comblement d’une autre fosse d’extraction d’argile, à 10 m au nord de celle qui renfermait cette stèle, a été découverte une accumulation très étonnante de fragments de vases ornés attribuables au ive s. av. J.-C. [fig. 33]. Ils appartiennent à quatre formes hautes et à une grande jatte basse. La finesse des parois, l’usage très vraisemblable du tour pour deux de ces vases [fig. 33 : 2, 3], la qualité des cuissons et l’aspect graphité des vases ainsi que la réalisation soignée des décors attestent qu’ils ont été réalisés par des potiers maîtrisant parfaitement les techniques de l’époque. Cet ensemble de récipients d’une qualité inhabituelle confirme le comblement des fosses durant la première moitié du ive s. av. J.-C. À l’évidence, les 129 tessons recueillis proviennent de récipients soigneusement choisis dans le vaisselier alors en usage, bien plus disparate et où l’on ne compte que très peu de vases de cette qualité. On peut donc, là encore, poser l’hypothèse du prélèvement des dernières sépultures dans la nécropole, un acte qui aurait entraîné le bris d’urnes plus tardives que celles retrouvées dans l’espace funéraire lui-même.

FIG. 33. Céramiques très décorées (ive s. av. J.-C.) mises au jour dans le comblement d’une fosse d’extraction d’argile proche de celle où a été découverte la stèle no 1.
Very decorated pottery (4thc. BC) discovered in the fill of a clay extraction pit near the one in which Stele 1 was found.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo H. Paitier.

94Une seconde stèle basse, plus monumentale, a été mise au jour au sommet du fossé délimitant l’enclos principal [fig. 32a]. Malheureusement, elle a été volée quelques jours après sa découverte et seule l’empreinte qu’elle a laissée dans les terres de comblement du fossé ainsi que les souvenirs de Jean-Charles Arramond qui l’a découverte, permettent d’en restituer l’aspect. Sa hauteur totale peut être évaluée à 0,80 m, pour un diamètre estimé de 0,70 m [fig. 32d]. L’embase, haute de 0,20 à 0,30 m, était simplement épannelée. La partie destinée à émerger du sol avait la forme d’une boule soigneusement piquetée haute de 0,50 à 0,60 m. Ce monument, taillé dans un granite à grain fin dont le gisement le plus proche est le massif de Langonnet, distant de 15 km, atteignait 300 kg environ. Les trois empreintes visibles dans la coupe du fossé montrent qu’il n’a pas été découvert en place. Toutefois, il ne devait pas, avant son enfouissement, être entreposé bien loin de là. Lors de sa mise au jour en effet, trois personnes, des cordes et un plan incliné ont été nécessaires pour le sortir. Si le soc des charrues l’a déplacé, ce ne peut donc être que sur une courte distance. Toujours à propos des distances de déplacement, on notera que la première stèle a été mise au jour à 80 m de la première nécropole et à 120 m de la seconde ; la deuxième à 60 m de la première et 90 m de la seconde.

2.4. Routes et chemins au vie s. av. J.-C.

95Au sud du premier enclos funéraire, une longue bande de terre plus sombre est apparue lors du décapage. Les coupes stratigraphiques montrent qu’il s’agit vestiges d’un chemin creux de l’âge du Fer, large de 2,50 m à 3,50 m et profond de 0,10 m à 0,20 m. Depuis la voie majeure qui longe l’habitat au sud, il remonte la ligne de crête en direction du nord. Nous avons pu le suivre sur 50 m, mais il s’interrompt à 7 m de l’enclos [fig. 34]. Cela est dû vraisemblablement à la nature du substrat, constitué de grès moins altéré dans ce secteur, ainsi qu’à la pente, plus faible à cet endroit. Deux ornières creusées par les roues des véhicules, présentant un écartement d’un peu plus de 1 m, se retrouvent en plusieurs points de son tracé. En arrivant sur l’enclos, ce tracé se déporte vers l’ouest, comme s’il se dirigeait vers le cœur de l’espace funéraire. Là, sur une distance de 4 m, il réapparaît sous la forme de deux fossés peu profonds distants l’un de l’autre de 2 m d’axe à axe, peut-être les vestiges d’un drainage de sa bordure. Et il s’interrompt définitivement à 3 m des premières urnes. Impossible, du fait de l’absence totale d’objets, de prouver sa stricte contemporanéité avec la nécropole qu’il semble desservir. De plus, aucune interruption, n’a été constatée sur son passage dans la tranchée qui délimite l’enclos. Les seuls arguments qui viennent, en définitive, à l’appui de l’hypothèse, résident dans la présence des petits fossés et dans la stratigraphie de la tranchée elle-même. En effet, la fouille méticuleuse de cette dernière à cet endroit, par passes successives, n’a livré aucune trace de palissade, à la différence des sections fouillées de part et d’autre. Il se pourrait donc qu’en ce point elle n’ait jamais accueilli de palissade, mais qu’elle ait été partiellement remblayée pour supporter une poutre de seuil. Cette porte charretière, hypothétique, n’était peut-être pas la seule. En effet, sur la façade ouest de la clôture, tournée vers l’habitat tout proche et aujourd’hui détruite par la route communale, une porte a également pu exister. À 40 m au sud, le chemin s’évase de part et d’autre de son axe, jusqu’à atteindre une largeur de 7 m. Cela est dû à son raccordement en patte-d’oie avec la voie majeure est-ouest.

FIG. 34. Les deux chemins secondaires nord-sud.
The two secondary north-south roads.

Dessin J. Spard-Gateau.

96De l’autre côté de cette dernière, un second chemin a été retrouvé et suivi sur 40 m vers le sud, parallèlement à la seconde nécropole dont il est distant de 25 m. Large de 2,40 à 3,20 m, il entaille le substrat sur environ 0,20 m. On y observe deux ornières, là encore espacées de 1,10 m.

97L’implantation du premier habitat à un carrefour est donc établie. La voie est-ouest est un axe majeur qui longe la ligne de crête depuis l’âge du Bronze, si l’on en juge par les nécropoles tumulaires qui la jalonnent au rythme de une tous les kilomètres (Menez 2008 : 30, fig. 18). Le fossé qui la longera quatre cents ans plus tard, bien repéré à la fouille, a été suivi sur presque 50 m à 25 m environ au sud-ouest de l’habitat (cf. infra, § 5.3). Son tracé, topographiquement le plus adapté, est demeuré constant jusqu’à la rectification de la route départementale no 3 en 1988. Les deux chemins nord-sud en revanche ne semblent pas se diriger vers l’habitat. Pour cette raison, il faut probablement envisager la présence d’une voie dès la phase 1 sous la route communale. Bien qu’elle n’aie pas été vue car elle est située en dehors de la zone d’exploration, la présence de cette voie entre l’habitat et la première nécropole est plausible car elle est techniquement logique.

2.5. Un domaine organisé, pour les morts et les vivants

98La répartition des différentes structures du premier habitat ne semble pas liée aux aléas de la conservation des vestiges [fig. 35-36]. L’enclos principal recèle toutes les constructions et l’enclos périphérique aucune. On peut donc imaginer ce dernier comme une annexe de l’habitat, destinée à l’agriculture ou à l’élevage, interprétation par ailleurs traditionnellement proposée pour ces parcelles clôturées. L’ampleur du talus qui le délimite, parementé en plusieurs endroits, l’approfondissement à l’ouest du fossé qui le longe, afin de briser les vents dominant et peut-être de constituer une réserve d’eau dans ce secteur où elle s’accumule, le rétrécissement progressif de cet espace vers l’entrée enfin, nous conduisent à le considérer comme un parc à bétail. Utilisé lorsqu’enclore les bêtes devenait nécessaire, pour les marquer ou les châtrer, pour le vêlage ou en cas de menace sur le cheptel, ce corral permettait de les rassembler immédiatement à l’arrière de la maison. La présence de la carrière de grès ne constitue pas un obstacle à cette hypothèse : comme on a pu l’observer près de la ferme de Plouër-sur-Rance (Menez 1996 : 186-187), l’extraction a vraisemblablement commencé par le débitage d’un affleurement de roche ; elle s’est poursuivie en décaissement, mais sur une profondeur n’excédant pas 1 m dans un premier temps. L’excavation ainsi formée a pu servir de mare.

FIG. 35. Plan restitué du premier habitat : une vaste ferme enclose ouvrant au sud-est. Son entrée, très large au début, a été rétrécie dans un second temps. Les enclos funéraires sont situés à l’est, près des chemins.
Reconstructed plan of the first settlement : a large enclosed farm with a south-east entrance. The entrance was very large in the beginning, and then later narrowed.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

FIG. 36. Proposition de restitution en perspective aérienne du premier habitat et de ses enclos funéraires.
Proposed reconstruction in aerial perpective vew of the first settlement and its funerary enclosures.

Image 3D L. Stefanon / AGP.

99L’enclos principal, qui protège l’habitat, est curviligne, hormis sur ses façades est et sud où son tracé rectiligne épouse celui des routes qui le longent. Cela résulte de l’implantation du domaine au carrefour de deux voies auxquelles il est venu s’adosser. L’hypothèse d’un talus longeant le bord externe du fossé, comme pour l’enclos périphérique, est la plus vraisemblable. La pente du terrain renvoie en effet naturellement les eaux de ruissellement vers le sud. Ces eaux se seraient accumulées contre le talus s’il avait été disposé sur la face interne, noyant la partie basse du site. Rejeter le talus à l’extérieur permettait par contre de les recueillir pour les besoins de l’habitat. C’est d’ailleurs la seule partie du fossé qui porte les traces de fréquents curages.

100La hauteur de la maison, calée contre la façade ouest de l’enclos, est estimée à 11 m, pour 410 m2 au sol. Son porche d’entrée, placé à 3 m en avant de la porte, est axé sur l’entrée de l’enclos. Le petit fossé régulièrement curé qui cerne le bâtiment recueillait le trop-plein d’une citerne alimentée par un système de recueil des eaux de la toiture. Un dispositif de filtrage et de stockage permettait le puisage directement depuis l’intérieur. On accédait à la vaste cave située sous la maison par une trappe ouvrant à droite de l’entrée. Aucune autre trace de l’aménagement intérieur de cette demeure ne nous est parvenue, à l’exception d’une cuisine présumée au sud, délimitée par les fondations de cloisons.

101À l’arrière de la maison étaient dissimulés quatre souterrains. Le plus vaste, sous la façade ouest, a été creusé à partir de trois puits distants de 9 m les uns des autres. Seul le puits du sud a été conservé comme accès. Peu profond et parfaitement dissimulé sous la paroi de la maison, il porte encore les traces de la porte qui le fermait. Le second « puits », creusé obliquement depuis le flanc du fossé, a été aménagé pour servir de soupirail. Peu visible, il servait à éclairer et ventiler le souterrain. Le troisième, localisé dans la maison, est vertical et profond de presque 3 m sous le sol. La fouille de souterrains mieux conservés montre que ces puits, utilisés lors du creusement pour l’évacuation des déblais, étaient fréquemment couverts d’une dalle ensuite et dissimulés sous quelques pelletées de remblai. Ils ne constituaient pas les accès normaux à ces galeries souterraines, même si l’enlèvement ponctuel de la dalle pouvait permettre d’y descendre des denrées lorsque c’était nécessaire. On notera que le puits sud se situe sous la paroi de la maison, à un endroit où il était particulièrement difficile à découvrir.

102Deux autres souterrains plus petits, au sud-ouest et au nord-ouest, encadraient le plus grand. On y accédait par deux puits, dissimulés eux aussi sous la paroi de la maison. Celui du sud plonge sous la paroi en arrière du foyer. En partie détruit, il devait comporter deux petites salles au plafond de bois recouvert de terre, reliées par des chatières taillées dans la roche. À quelques mètres au nord, dans l’enclos principal, un quatrième souterrain se limitait à deux salles et un accès. Des parallèles existent avec certaines caches médiévales ou modernes (Triolet, Triolet 2003). Il s’agit manifestement de resserres souterraines dotées, pour trois d’entre elles, de soupiraux ouvrant sur le fossé. On y accédait par des trous d’homme malcommodes dissimulés sous la paroi de la maison. Il faut donc vraisemblablement y reconnaître des caches, lieux frais et ventilés destinés à l’entreposage des denrées ou des objets. La dissimulation des puits d’accès et l’ouverture des soupiraux sur l’arrière de la maison, en partie supérieure du fossé, en des endroits où ils étaient sans doute enfouis sous les ronces et broussailles qui devaient coloniser l’excavation, montre que l’on souhaitait probablement cacher, dans la mesure du possible, ces réserves. Tel n’était pas le cas en revanche, des constructions semi-enterrées qui étaient, quant à elles, parfaitement visibles.

103Les deux ateliers de tisserand étaient répartis de part et d’autre de la maison. Ils sont tous deux orientés est-ouest et donc parallèles aux murs du bâtiment qu’ils jouxtent. Quant aux celliers, ils sont disposés le long de la clôture nord, espacés de 14 à 17 m pour les quatre les mieux conservés. On signalera enfin deux petites zones d’extraction d’argile très certainement actives au cours de cette phase ainsi que les sillons de labours vraisemblablement contemporains.

104On notera que, à l’exception de l’un des ateliers de tisserand, l’axe des constructions semi-enterrées se dirige systématiquement vers l’entrée de la ferme. Cet indice pourrait témoigner d’une volonté, de la part des constructeurs, de respecter un schéma théorique organisant les annexes autour de la maison. Si, en plus des bâtiments clairement identifiés, l’on prend en compte les fosses qui ont livré des ensembles céramiques datables de La Tène ancienne, on note une grande régularité dans leur répartition le long des façades ouest et nord de l’enclos. Cette constatation encourage à reconnaître là, non pas le développement progressif au cours des siècles d’une exploitation agricole, mais plutôt la création ex nihilo d’un vaste habitat organisé de manière rationnelle. Toutes les structures n’ont probablement pas été creusées ou édifiées en même temps, mais tout, dans leur analyse, donne à penser qu’elles s’inscrivent dans un projet architectural ambitieux progressivement mis en œuvre dans des délais qui ne sont sans doute pas supérieurs à une ou deux générations. C’est l’hypothèse que nous avons en définitive conservée, même si l’étude du mobilier peut donner une toute autre image… Le domaine ainsi restitué apparaît très unitaire, abritant dans un même enclos une vaste demeure et toutes les annexes nécessaires à la maisonnée qui y vivait.

105De manière étonnante, cette maisonnée a éprouvé le besoin d’édifier deux nécropoles pour accueillir ses défunts. La plus vaste, celle du nord, a accueilli, dans un enclos palissadé de plus de 700 m2, au moins 21 sépultures entre le milieu du vie et le milieu du ve s. av. J.-C. Il est certain qu’une partie des tombes a disparu lors de l’arasement du site par les travaux agricoles. Durant la même période, une seconde nécropole, au sud, abritait dans un enclos d’environ 320 m2 au moins 19 sépultures. Là encore, les labours ont certainement détruit une partie des tombes. L’arasement des urnes rend difficile une datation précise de l’abandon de ces espaces funéraires. Celles qui étaient enfouies à moins de 0,60 m de profondeur sous le sol actuel ont totalement disparu. Quant aux tombes les plus récentes, elles ont pu être prélevées lors de la désaffectation pour être transférées en d’autres lieux.

106La présence d’enclos funéraires à proximité des exploitations agricoles de cette période a été plusieurs fois signalée en Bretagne. Ils sont le plus souvent situés tout près de l’entrée, parfois un peu plus loin, en position dominante ou le long d’un chemin. L’enclos unique est le cas le plus fréquent, mais il en a été observé deux sur les sites de Kerviguérou à Melgven dans le Finistère, de Coet Parked à Sainte-Tréphine dans les Côtes-d’Armor ou de La Motte à Saint-Étienne-du-Gué-de-l’Isle, également dans les Côtes-d’Armor (Villard-Le Tiec et al. 2013). Les fouilles réalisées à Paule confirment leur mise en place vers le milieu du vie s. av. J.-C. et leur abandon, marqué par l’arrachage des stèles et l’absence d’urnes postérieures, à la fin du ve s. Mais cette absence pourrait être trompeuse. Les dépôts d’ossements incinérés dans de simples fosses et non dans des vases, que l’on retrouve dans les deux enclos, pourrait résulter d’une évolution des rites funéraires, et non de l’abandon des nécropoles. Quelques tessons retrouvés avec l’une des stèles permettent par ailleurs d’envisager un enfouissement de ces monuments au cours de la première moitié du ive s. av. J.-C. Il n’est donc pas interdit d’envisager que la fréquentation se soit poursuivie jusqu’à cette période.

107Quant aux raisons qui ont présidé à la fondation de deux espaces funéraires distincts, elles resteront au stade des hypothèses. On peut avancer que le premier enclos, implanté en position dominante en face de l’habitat, a recueilli les dépouilles des proches (famille et dépendants) des maîtres successifs du domaine, dès sa création. Le second enclos, plus petit et implanté en contrebas, a pu accueillir les défunts liés à une branche cadette ou bien à un homme ou une femme de la maisonnée ayant disposé d’un prestige particulier, les deux propositions n’étant pas incompatibles.

2.6. Éléments de chronologie

108Les objets mis au jour dans le comblement des structures attribuées à la phase 1, qu’il s’agisse de trous de poteau, de fosses, de constructions souterraines ou semi-enterrées ou de fossés, n’est pas très nombreux : 2 622 fragments de céramique, trois petits récipients modelés, deux fusaïoles, 31 objets en pierre, notamment des meules à va-et-vient [fig. 215 : 1] et quelques pesons de tisserand [fig. 40 : 14], trois fragments de creusets, 123 g de scories, 104 g de parois de four, 171 g d’ossements animaux, 13 kg de fragments d’argile cuite et 2 kg de charbons de bois. Seule la céramique sera ici examinée pour fournir des éléments de datation.

109La fondation de l’habitat est difficile à dater. Comme il est de règle sur ce type de sites, où aucun sol n’est conservé, seules les structures les plus profondes ont pu être étudiées, et aucun fragment de céramique stratigraphiquement contemporain des premières excavations n’a été découvert. Les seuls ensembles chronologiquement homogènes ont été retrouvés dans les remblais qui comblaient les fossés. Ils permettent de dater l’abandon ou, dans quelques cas, les remaniements de ces structures. Il est par conséquent nécessaire d’aller rechercher, parmi les rares tessons retrouvés épars dans les limons au fond des fossés ou piégés dans quelques trous de poteaux, les éléments rejetés par les premiers occupants. Ces fragments, à l’exception d’un décor de cupule sur la panse d’une forme soigneusement lustrée [fig. 37 : 10], diffèrent notablement des urnes mises au jour dans la nécropole. Il s’agit ici d’un ensemble caractéristique d’un habitat, dans lequel l’ensemble de la vaisselle de cuisine ou de table est représenté. Les éléments les plus anciens sont datés de la seconde moitié du vie s. [fig. 37 : 1-13] ou de la première moitié du ve s. av. J.-C. [fig. 37 : 14-29] : ils comprennent des écuelles parfois soigneusement lustrées dont la lèvre est simplement effilée et ne présente pas la large dépression interne fréquente sur les urnes de la nécropole. L’élément le plus tardif est un fragment d’écuelle graphitée, ornée de frises de motifs estampés sur la face externe du col et dans la large cannelure à l’intérieur de la lèvre [fig. 37 : 30]. Il est caractéristique du ive s. av. J.-C. Ce mobilier conduit à considérer que le premier habitat a été occupé durant deux siècles environ, entre le milieu du vie et le milieu du ive s. av. J.-C.

FIG. 37. Céramique du premier habitat, issue des limons de comblement du fossé de l’enclos principal, ainsi que de quelques fosses et trous de poteau : 1-13 mobilier attribuable au vie s. av. J.-C. ; 14-29 mobilier attribuable au ve s. av. J.-C. ; 30 mobilier attribuable au ive s. av. J.-C.
Pottery from the first settlement, found in the silts of the backfill of the main enclosure ditch, as well as a few pits and postholes :
1-13 artifacts attributable to the 6thc. BC ; 14-29 artifacts attributable to the 5thc. BC ; 30 artifact attributable to the 4thc. BC.

Dessin M. Dupré, J.Spard-Gateau.

110Il est possible d’affiner cette première approche. En effet, comme nous venons de le dire, d’assez nombreuses structures ont livré des ensembles d’objets suffisamment conséquents pour permettre de fixer un terminus post quem pour le remblai qui marque leur abandon ou leur destruction. Les éléments retrouvés dans les fondations de la maison ou ses annexes souterraines sont très peu nombreux. Le petit fossé qui l’entoure a livré, outre une fusaïole [fig. 38 : 2], les fragments d’une large écuelle [fig. 38 : 1] dont la lèvre et le décor de « marguerites » se retrouvent sur deux urnes de la nécropole datées du ve s. av. J.-C. Les fragments d’un grand vase muni de deux anses [fig. 38 : 3] ne peuvent, par comparaison avec les ensembles céramiques mis au jour dans la région, être plus anciens que le ive s. Ces tessons montrent que l’édifice était vraisemblablement occupé au cours des ve et ive s. av. J.-C. Dans la tranchée de fondation de la paroi de bois a été retrouvée une lèvre dont la cannelure interne, large de 4 mm, est ornée d’un motif estampé [fig. 38 : 4]. Ce fragment rejeté lors de l’arrachage des poteaux est caractéristique de la fin du ive ou du début du iiie s. av. J.-C., ce qui fournirait un terminus post quem pour le démontage de cette paroi. Dans le volumineux remblai de la cave, le seul tesson caractéristique [fig. 38 : 5] est une lèvre attribuable à la fin du ve ou au début du ive s. av. J.-C., ce qui ne fournit, là encore, qu’un terminus post quem pour l’abandon de cette construction. Quant à la citerne, seuls trois éléments de forme ont été mis au jour dans son comblement [fig. 38 : 6-8]. Ils sont attribués à la seconde moitié du vie et au ve s. av. J.-C., simple terminus post quem à nouveau.

FIG. 38. Céramique du premier habitat. Maison : 1-3 petit fossé de recueil des eaux de toiture, couche de limons (ve-ive s. av. J.-C.) ; 4 tranchée de fondation de la paroi de bois (fin ive s.-début iiie s.av. J.-C.) ; 5 comblement de la cave (fin ve-début ive s. av. J.-C.) ; 6-8 comblement de la citerne (2e moitié du vie-ve s. av. J.-C.) ; 9-12 souterrain no 1, comblement du puits de creusement (salle no 15) (ve-ive s. av. J.-C.) ; 13-17 souterrain no comblement du puits d’accès (salle no 1) (ive s. av. J.-C.) ; 18-27 souterrain no 2, comblement du puits d’accès (1re moitié du ive s. av. J.-C.).
Pottery of the first settlement. House :
1-3 small roof water collection trench, silt layer (5th-4th c. BC) ; 4 wooden wall foundation trench (late 4th-early 3rd c. BC) ; 5 cellar infill (late 5th-early 4thc. BC) ; 6-8 cistern infill (2nd half of the 6th-5thc. BC) ; 9-12 Souterrain 1, digging shaft infill (Room 15) (5th-4th c. BC) ; 13-17 Souterrain 1, access shaft infill (Room 1) (4th c. BC) ; 18-27 Souterrain 2, access shaft infill (1st half of the 4thc. BC).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

111Le comblement des souterrains a livré des quantités plus importantes de mobilier. Dans le souterrain no 1, seuls les deux puits [fig. 21 : 1, 15] ont fourni des tessons. Aucun fragment n’a été mis au jour lors de la fouille des salles, ce qui est au demeurant classique pour ce type de structures. Dans le comblement du puits le plus profond, localisé au nord-est, quatre éléments de forme ont été découverts. Cet ensemble n’a rien d’homogène et mélange des fragments de vases du ve s. [fig. 38 : 9, 12] et du ive s. av. J.-C. [fig. 38 : 10]. Les remblais qui comblaient le puits sud, utilisé comme puits d’accès, ont quant à eux livré des tessons qui semblent un peu plus tardifs [fig. 38 : 13-17]. En effet, les décors de frises estampées formées d’arceaux juxtaposés ou entrecroisés, sont caractéristiques, en Armorique, des productions du ive s. av. J.-C.

112Dans le comblement du puits d’accès au souterrain no 2, un ensemble de tessons bien plus conséquent a été découvert [fig. 38 : 18-27]. La forme des écuelles ainsi que leur décor d’ondulation [fig. 38 : 21] ou de vagues déferlantes dans la large cannelure de la lèvre [fig. 38 : 27] sont caractéristiques de la première moitié du ive s. av. J.-C.

113L’ensemble mis au jour dans le puits d’accès au souterrain no 3 [fig. 39 : 1-5], sur le fond [fig. 39 : 3] ou dans le remblai, comprend les fragments de deux grandes écuelles que l’on serait tenté d’attribuer à la fin du ves. av. J.-C. Mais les tessons ornés d’un décor de « style libre » [fig. 39 : 5] et d’un décor d’arcs entrecroisés avec des ocelles [fig. 39 : 4] montrent qu’il est également attribuable à la première moitié du ive s.

FIG. 39. Céramique du premier habitat. Maison et enclos central : 1‑5 souterrain no 3, comblement du puits d’accès (fin ve-ive s. av. J.-C.) ; 6 souterrain no 4, fond du puits d’accès (ve s. av. J.-C.) ; 7-14 souterrain no 4, comblement du puits d’accès (fin ive s. av. J.-C.).
Pottery of the first settlement. House and central enclosure :
1-5 Souterrain 3, access shaft infill (late 5th-4thc. BC) ; 6 Souterrain 4, bottom of the access shaft (5thc. BC) ; 7-14 Souterrain 4, access shaft infill (late 4thc. BC).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

114Dans l’enclos d’habitat, le souterrain no 4 a livré un ensemble qui est manifestement plus tardif. Les larges écuelles ont désormais un profil en S [fig. 39 : 10, 12] et les cannelures à l’intérieur des lèvres, plus étroites, sont parfois ornées d’un décor de vagues estampé [fig. 39 : 14]. La datation de cet ensemble doit se situer à la fin du ive s. av. J.-C. On notera que la lèvre no 14 est très similaire à celle retrouvée dans la fondation de la paroi de la maison [fig. 39 : 4].

115Toujours dans l’enclos d’habitat, les ateliers de tisserand ont livré un mobilier très différent. L’ensemble assez conséquent mis au jour dans les terres qui comblaient l’atelier no 1 [fig. 40 : 1-9], installé sur le flanc nord de la maison, comprend des formes hautes modelées, sommairement lissées, ainsi qu’un vase et une écuelle dont les parois ont été soigneusement lustrées. On notera également un petit godet de 3 cm de diamètre qui pourrait avoir servi de lampe à suif [fig. 40 : 7]. Cet ensemble, très homogène, peut être attribué à la seconde moitié du vie s. Au sud de la maison, l’atelier no 2 a livré notamment une lèvre à large dépression [fig. 40 : 16] et un tesson de piédouche orné d’une frise estampée [fig. 40 : 12] qui renvoient clairement au ve s. et plus précisément à sa seconde moitié. Un peson de tisserand en schiste [fig. 40 : 14] a été découvert sur le sol de cet atelier.

FIG. 40. Céramique du premier habitat. Structures semi-enterrées : 1‑9 atelier de tissage no 1, comblement (2e moitié du vie s. av. J.-C.) ; 10‑17 atelier de tissage no 2 (2e moitié du ve s. av. J.-C.) ; 18 cellier no 2 (ve s. av. J.-C.).
Pottery of the first settlement. Semi-buried structures :
1‑9 Weaving workshop 1, infill (2nd half of the 6th c. BC). 10‑17 Weaving workshop 2 (2nd half of the 5th c. BC) ; 18 Cellar 2 (5th c. BC).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

116Le cellier semi-enterré no 1 n’a livré que deux petits tessons, sans élément de forme. Le cellier no 2 n’a fourni qu’une unique lèvre [fig. 40 : 18], vraisemblablement attribuable au ve s. Dans le cellier no 3, un ensemble plus conséquent a été mis au jour [fig. 41 : 1-12]. Un décor de large cupule ornée d’un mamelon central [fig. 41 : 5], un décor « en marguerite » [fig. 41 : 6] ainsi que des lèvres ornées d’une large dépression sur la face interne sont des caractéristiques observées sur les urnes de la nécropole attribuées à la première moitié du ve s. av. J.-C. Le cellier no 4 a livré les fragments de deux vases contemporains des précédents [fig. 41 : 13, 14]. Dans le comblement du couloir d’accès au cellier no 5, de nombreux tessons datent de la première moitié du ve s. av. J.-C. [fig. 41 : 15-22]. On note la présence d’un godet sommairement modelé [fig. 41 : 18], vraisemblablement une lampe à suif. Le 6e et le 7e cellier ont livré, pour l’un, une lèvre vraisemblablement datable de la fin du premier âge du Fer [fig. 41 : 23], pour l’autre, deux petites lampes à suif analogues à celles découvertes dans les constructions semi-enterrées [fig. 41 : 24, 25].

FIG. 41. Céramique du premier habitat. Structures semi-enterrées : 1‑12 cellier no 3 (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 13-14 cellier no 4 (1re moitié du ve s. av. J.‑C.) ; 15-22 cellier no 5, comblement du couloir d’accès (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 23 cellier no 6 (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 24-25 cellier no 7 (1re moitié du ve s. av. J.-C.).
Pottery of the first settlement. Semi-buried structures :
1-12 Cellar 3 (1st half of the 5thc. BC) ; 13-14 Cellar 4 (1st half of the 5thc. BC) ; 15-22 Cellar 5, access corridor infill (1st half of the 5th c. BC) ; 23 Cellar 6 (1st half of the 5th c. BC) ; 24-25 Cellar 7 (1st half of the 5th c. BC).

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

117Si l’on reporte les propositions de datation ainsi formulées pour le remblai de ces structures, parfois en tant que terminus post quem fondé sur quelques tessons seulement, on s’aperçoit que la démolition des constructions et le comblement des structures du premier habitat se sont vraisemblablement échelonnés sur un laps de temps considérable [fig. 42]. La fondation remonte bien au vie s. puisque, dès la seconde moitié du siècle, l’atelier de tisserand no 1 est remblayé. Cet atelier, le premier à avoir été arasé et comblé, est également la seule construction à ne pas respecter l’ordonnancement mis en évidence par l’étude des structures, puisqu’il n’est pas orienté selon un axe passant par l’entrée de l’enclos. Dès le ve s. av. J.-C., l’abandon de l’atelier no 2 est assuré, comme probablement celui de tous les celliers semi-enterrés. Le fait est certain pour ceux qui ont livré des ensembles de mobilier homogènes et abondants dans leur comblement ; il est seulement vraisemblable pour les autres. Durant le ive s., trois souterrains (nos 1 à 3) sont à leur tour abandonnés et remblayés. Il faut par contre attendre la fin du ive s. ou le début du iiie s. pour que le dernier souterrain (no4) soit comblé et que la maison soit démolie. Le comblement de la cave et de la citerne est difficile à dater en l’absence de tessons en nombre suffisant : le peu d’éléments recueillis date des ve et ive s., mais ces rares tessons retrouvés épars dans des tonnes de remblais stériles et compacts ont pu être raclés ailleurs sur le site. Combler des excavations aussi volumineuses n’a dû se faire qu’une fois la maison démolie.

FIG. 42. Proposition de terminus post quem pour le comblement des diverses structures du premier habitat. Hypothèse fondée sur l’étude du mobilier.
Proposed terminus post quem for the infilling of the first settlement structures. Hypothesis base on the artifact analysis.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

118L’étude des derniers comblements du fossé qui délimite l’habitat confirme la date tardive, vers le début du iiie s., attribuée aux ultimes destructions ou comblements des structures édifiées lors de cette phase. Deux tronçons du fossé [fig. 43 : tronçons A et B] ont fourni, dans leur partie supérieure, les fragments de deux écuelles du début du iiie s. av. J.-C [fig. 43 : 1, 2]. La présence de ces tessons dans la partie basse du site, à un endroit qui a montré des traces de curage, n’est vraisemblablement pas due au hasard. Partout ailleurs, le fossé devait être largement comblé par les sables et les limons qui s’étaient accumulés durant plus de deux siècles. Cette partie était en revanche régulièrement entretenue, afin de recueillir les eaux de ruissellement au pied du talus. Les tessons sont suffisamment gros et ont des cassures suffisamment nettes pour que l’on puisse envisager qu’elle a été entretenue au moins jusqu’à cette période.

FIG. 43. Objets contemporains de la fin du premier habitat (début du iiies.av.J.‑C.) : 1-2 écuelles recueillies au sommet du fossé d’enclos, tronçons A et B ; 3-28 mobilier mis au jour dans le soubassement du passage charretier aménagé au sommet du fossé d’enclos, tronçon C, pour la construction d’une nouvelle résidence. Objets également représentés en fig. 213 : 2-3, fig. 231 : 9 et fig. 242.
Objects contemporary with the end of the first settlement (early 3
rd c. BC) : 1‑2 bowls found at the top of the enclosure ditch, sections A and B ; 3‑28 artifacts found in the substructure of the cart path on top of the enclosure ditch, section C, for the construction of a new residence. Objects also represented in fig. 213 : 2-3, fig. 231 : 9 and fig. 242.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.

119De nombreux tessons caractéristiques du début du iiie s. ont été découverts dans la partie nord-ouest de l’enclos, et plus précisément dans le tronçon situé immédiatement au nord-ouest de la maison, entre les souterrains nos 3 et 4 [fig. 43 : tronçon C]. Leurs surfaces sont peu altérées et les cassures nettes. On peut donc penser qu’ils ont été rapidement enfouis après que les vases ont été brisés. Les formes poursuivent l’évolution constatée pour l’ensemble mis au jour dans le souterrain no 4. Les céramiques les plus fréquentes sont les écuelles, dont la taille est souvent plus petite qu’auparavant, et leur profil en S est plus accentué. Les cannelures internes sur la lèvre ne font plus que 3 à 4 mm. On note la présence de vases à anses [fig. 43 : 21], de gobelets tronconiques à paroi droite [fig. 43 : 19] et de jattes à haut col [fig. 43 : 11, 16]. Les enductions au graphite sont extrêmement fréquentes et l’on voit apparaître, pour la première fois sur le site, des enductions rouge foncé à l’hématite, sur un gobelet et des jattes à haut col [fig. 43 : 3, 11, 16]. Les décors, très fréquents, comprennent des motifs incisés sur la paroi ou le fond des vases, soulignés de S ou d’ocelles estampées [fig. 43 : 18, 20]. Une frise d’arc avec des groupes de trois ocelles en pendentifs orne l’un des récipients [fig. 43 : 21], mais le décor le plus fréquent est une frise constituée de S couchés, dessinant des « vagues déferlantes » [fig. 46 : 13, 15, 17, 19]. Cet ensemble atteste de la qualité du vaisselier en usage dans cet habitat au début du iiie s. av. J.-C.

120Il date également sa démolition. L’examen détaillé de la stratigraphie à l’endroit où il a été recueilli [fig. 44], a permis de comprendre que, sur une distance d’environ 15 m, les boues et les terres qui comblaient le fossé ont été enlevées jusqu’à 0,60 m sous le niveau de décapage, soit environ 1 m sous les sols de l’époque. Dans l’excavation ainsi creusée, on a d’abord accumulé un remblai de terres cendreuses, celui qui a livré les très nombreux tessons. Cette couche n’a pas plus de 0,24 m d’épaisseur. Par dessus, un remblai extrêmement compact et stérile a été apporté pour achever le comblement. Constitué de couches successives de blocs de grès et de sable, il a été soit damé, soit compressé par de fortes charges. L’hypothèse la plus plausible est celle d’un passage charretier, construit pour que les véhicules puissent franchir l’ancien fossé sans risquer de s’y embourber. Un tel aménagement suggère que d’importants travaux étaient alors en cours au cœur de l’habitat, vraisemblablement pour la construction de la résidence monumentale qui va le remplacer.

FIG. 44. Stratigraphie mettant en évidence la constitution d’un passage charretier empierré pour faciliter le franchissement du fossé de clôture du premier habitat, lors de la construction de la résidence de phase 2.
Stratigraphy showing the components of a graveled cart path to facilitate crossing the enclosure ditch of the first settlement, during the construction of the Phase 2 residence.

Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau ; photo Y. Menez.

Notes

1 Il sera rédigé en collaboration avec Anne Villard-Le Tiec et Isabelle Le Goff qui ont participé à l’étude des structures.

2 Ingénieur des Ponts et chaussées et ingénieur géographe de la province de Bretagne. Carte à l’échelle de 10 lieues pour 2 400 toises, soit approx. 1 : 215 000. Elle est conservée à la Bibliothèque nationale de France (Ogée 1771).

3 Cette partie du site a été fortement perturbée par les sondages effectués à la tractopelle qui ont précédés la fouille préventive de 1988, ainsi que par les terrassements routiers qui l’ont suivie. La structure a alors été arasée sur une profondeur de 0,30 à 0,40 m dans le substrat, et totalement détruite dans sa partie sud-est. On peut toutefois en restituer l’allure générale.

4 Les celliers nos 4 et 5 ont été mis au jour lors des fouilles préventive de 1988 et 1989. Aucun profil ou stratigraphie n’a été relevé, du fait des délais très courts alors accordés. Pour la même raison, l’altimétrie du cellier no 5 n’a pu être établie.

5 L’analyse par diffraction des rayons X a montré que cette argile, composée d’illite et de kaolinite, était tout à fait utilisable à cette fin après addition d’un dégraissant adéquat.

Table des illustrations

Légende FIG. 7. Quelques vestiges d’un habitat de l’âge du Bronze moyen sous l’ensemble 4 de l’âge du Fer. A few remains of a Middle Iron Age settlement under the Iron Age Group 4.
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Légende FIG. 8. Ensemble 2 : vestiges de deux tumuli et d’un cercle funéraire de l’âge du Bronze moyen au lieu-dit Kergroas. Ils seront évités par une voie gauloise et intégrés dans un lieu de culte antique. Group 2 : the remains of two tumuli and a grave circle attributed to the Middle Bronze Age in the Kergroas locality. They were avoided by a Gallic road and integrated into an Antique place of worship.
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Légende FIG. 9. Vestiges attribués au premier habitat (2e moitié du vie s.-ive s. av. J.-C.). Remains attributed to the first settlement (2nd half of the 6th-4thc. BC).
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Légende FIG. 10. Stratigraphie du système de clôture du premier habitat : coupes 1‑3 petite tranchée matérialisant le tracé initialement prévu ; coupes 4-15 fossé de l’enclos d’habitat ; coupes 16-23 fossé et talus de l’enclos périphérique. Photo en haut à droite : vue du fossé de l’enclos d’habitat en coupe 7 ; en bas : vue de l’angle sud-ouest du talus de l’enclos périphérique, parementé en moellons de grès non maçonnés ; vue d’une partie parementée du même talus (coupe 17), scellée sous le rempart postérieur. Stratigraphy of the enclosure system of the first settlement: sections 1-3 small trench showing the initially planned layout; sections 4-15 settlement enclosure ditch; sections 16-23 ditch and bank of the peripheral enclosure. Photo above right: settlement enclosure ditch in section 7; below: south-west corner of the bank of the peripheral enclosure, faced with non-masonry sandstone pieces; view of a faced part of the same bank (section 17) sealed under the posterior rampart.
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Légende FIG. 11. La carrière de grès armoricain : coupes et schéma d’extension durant les phases 1 et 2. The Armoricain sandstone quarry : sections and map of extensions during phases 1 and 2.
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Légende FIG. 12. La maison et ses annexes souterraines : plan, coupes et recherche de la structure porteuse du bâtiment (la profondeur des excavations est mesurée à partir du toit du substrat). En haut : vue de la paroi de bois est, entre les coupes F et G (un trou de poteau d’une phase ultérieure recoupe la tranchée). The house and its underground annexes : map, section and research of the building support structure (the depth of the excavations is measured starting from the top of the substratum. Above : eastern wooden wall, between sections F and G (a posthole of a later phase cuts through the trench).
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Légende FIG. 13. Bâtiments de la fin du premier ou du début du second âge du Fer comparables à la maison de Paule : a Paule / St-Symphorien, phase 1 ; b Barbey / La Haye Guyonne, Oise (d’après Gouge 2005 : 284) ; c Grisy‑sur‑Seine / Les Terres du Bois Mortier, Oise (d’après Gouge 2005 : 285) ; d Verberie / Le Buisson Campin, Oise (d’après Blanchet et al. 1983 : 98, fig. 6). Buildings from the end of the first or beginning of the second Iron Age similar to the Paule House : a Paule / St-Symphorien, phase 1 ; b Barbey / La Haye Guyonne, Oise (after Gouge 2005 : 284) ; c Grisy‑sur‑Seine / Les Terres du Bois Mortier, Oise (after Gouge 2005 : 285) ; d Verberie / Le Buisson Campin, Oise (after Blanchet et al. 1983 : 98, fig. 6).
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Légende FIG. 14. Estimation de la hauteur de la toiture d’après les pentes habituellement observées sur les toitures de chaume ou de roseaux (d’après Blanchet et al. 1983 : fig. 47). Estimation of the roof height based on the angles commonly observed for thatch and reed roofs (after Blanchet etal. 1983 : fig. 47).
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Légende FIG. 15. Structures culinaires : a dans la maison, une salle, sans doute une cuisine, abrite un ensemble composé d’un vaste four à pierres de chauffe et d’un foyer ; b à l’extérieur, dans la cour de l’enclos d’habitat, un four semblable. Culinary structures: a a room in the house, probably a kitchen, contains a large heated stone oven and a fireplace; b outside in the courtyard of the settlement enclosure, a probable oven.
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Légende FIG. 16. Fondations d’un second bâtiment dans l’enclos d’habitat, au nord de la maison (la profondeur des excavations est mesurée à partir du toit du substrat). Seule sa disposition, cohérente par rapport à celle du fossé qui le jouxte, permet de l’attribuer au premier habitat. Foundations of a second building in the settlement enclosure, to the north of the house (the excavation depths are measured starting from the top of the substratum). Only its position, coherent relative to that of the adjoining ditch, enables its attribution to the first settlement.
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Légende FIG. 17. La cave. The cellar.
Crédits Dessin M. Dupré, J. Spard-Gateau.
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Légende FIG. 18. Évocation visualisant les installations de stockage et de puisage dans la maison. Possible reconstruction showing the storage and drawing installations in the house.
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Légende FIG. 19. La fosse cuvelée interprétée comme une citerne. The encased pit interpreted as a cistern.
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Légende FIG. 20. Une citerne ? Restitution graphique du dispositif de récupération des eaux de pluie, de filtrage et de puisage dans la maison : 1 rigole de récupération des eaux du toit ; 2 citerne d’eau non filtrée ; 3 système de filtration ; 4 citerne d’eau filtrée ; 5 dispositif de puisage ; 6 trop-plein ; 7 fossé ; 8 paroi de bois de la maison ; 9 toit ; 10 dallage. A cistern ? Graphic reconstruction of the device to collect, filter and draw rainwater in the house : 1 rainwater collection channel ; 2 non-filtered water cistern ; 3 filtration system ; 4 filtered water cistern ; 5 drawing device ; 6 overflow ; 7 ditch ; 8 wooden wall of the house ; 9 roof ; 10 paving.
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Légende FIG. 21. Sous la maison, le souterrain no 1 : 1 puits d’accès ; 7 soupirail ; 15 puit de creusement.. Under the house, souterrain no1 : 1 access shaft ; 7 light well ; 15 digging shaft.
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Légende FIG. 22. Lors de l’effondrement du soupirail qui ouvrait sur la salle 4 du souterrain no 1, une partie du dallage de la cour s’est affaissée sur le remblai qui comblait ladite salle. When the light well that opened on to Room 4 of Souterrain 1 collapsed part of the courtyard paving fell into the rubble that filled this room.
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Légende FIG. 23. Sous la maison : a le souterrain no 2 ; b le souterrain no 3. Under the house : a Souterrain 2 ; b Souterrain 3.
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Légende FIG. 24. Évocation du second atelier de tisserand. Reconstruction of the second weaving workshop.
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Légende FIG. 25. Constructions enterrées et semi-enterrées de l’enclos d’habitat. (Les fosses i et j, considérées comme les ultimes vestiges des celliers 6 et 7, sont positionnées pour mémoire mais ne sont pas présentées en détail.) Buried and semi-buried construction of the settlement enclosure. (Pits i and j, considered as the last remains of cellars 6 and 7, are positioned as a reminder but are not presented in detail.)
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Légende FIG. 26. Cellier semi-enterré, voûté et recouvert d’un dôme de terre, observé dans une cour de ferme en Hongrie. Il était parcouru par une canalisation d’eau alimentée par une fontaine située à une dizaine de mètres de là. Y étaient entreposés le lait, stocké dans des jarres, mais également les mottes de beurre et certains fromages (Kunz 1969 : fig. 10). On note sur la coupe quelques approximations sur l’emplacement et le nombre des fenêtres, secondaires dans le propos. Semi-buried cellar, vaulted and covered with a dirt dome, observed in a farmyard in Hungary. It was traversed by a water pipe fed by a fountain located around ten meters away. The cellar held milk stored in jars, as well as butter and some cheeses (Kunz 1969: fig. 10). On the section, we note a few approximations for the placement and number of windows, secondary in the presentation.
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Légende FIG. 27. Proposition de restitution du système de couverture sous dôme de terre à partir de l’exemple du cellier no 1. Hypotetical reconstruction of the dirt dome covering system based on the example of Cellar 1.
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Légende FIG. 28. Vestiges de sillons de labour recoupés par des trous de poteau de la phase 4 et pouvant de ce fait être rattachés aux phases 1 à 3. Remains of tillage grooves traversed by Phase 4 postholes, and thus attributable to Phases 1 to 3.
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Légende FIG. 29. La nécropole no 1 et les urnes complètes de ses tombes à incinération. Certaines fosses ont livré des fibules ou des fragments de bracelets brûlés. certaines urnes sont ornées de cupules ou de frises à motifs estampés. Necropolis 1 and the complete urns of its incineration tombs. Some pits yielded fibulas or fragments of burned bracelets. Some urns are decorated with cup‑marks or stamped motif friezes.
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Légende FIG. 30. La nécropole no 2 et les urnes mises au jour dans son enceinte. Elles sont caractéristiques de la fin du vie et de la 1ère moitié du ve s. av. J.-C. Necropolis 2 and the urns discovered in its enceinte. The are characteristic of the end of the 6th and first half of the 5th c. BC.
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Légende FIG. 31. Les deux principaux types de stèles armoricaines de la fin du premier et du début du second âge du Fer photographiées devant le musée de Penmarc’h (Finistère) : une stèle haute à l’arrière-plan et une stèle basse au premier plan. The two main types of Armoricain steles from the end of the First and beginning of the Second Iron Age photographed in front of the Penmarc’h Museum (Finistère) : a tall stele in the background and a low stele in the foreground.
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Légende FIG. 32. Les deux stèles en granite de Paule : a localisation ; b la stèle no 1 dans le contexte de sa découverte, rejetée avec d’autres blocs dans le comblement d’une fosse d’extraction d’argile ; c fragment d’un grand vase orné mis au jour dans le comblement de la même fosse (1re moitié du ive s. av. J.-C.) ; d dessin des stèles. La stèle no 2 ayant été volée avant d’être relevée, c’est une restitution de sa forme qui est ici proposée d’après l’empreinte qu’elle a laissé dans la terre et le souvenir de son inventeur. The two granite steles of Paule : a location ; b Stele 1 in its discovery context, discarded with other stones in the backfill of a clay extraction pit ; c fragment of a large decorated vase discovered in the backfill of the same pit (1st half of the 4thc. BC) ; d drawing of the steles. Because Stele 2 was stolen before it was recorded, this is a hypothetical reconstruction of its form base on the imprint that it left in the sediment and the memory of its discoverer.
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Légende FIG. 33. Céramiques très décorées (ive s. av. J.-C.) mises au jour dans le comblement d’une fosse d’extraction d’argile proche de celle où a été découverte la stèle no 1. Very decorated pottery (4thc. BC) discovered in the fill of a clay extraction pit near the one in which Stele 1 was found.
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Légende FIG. 34. Les deux chemins secondaires nord-sud. The two secondary north-south roads.
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Légende FIG. 35. Plan restitué du premier habitat : une vaste ferme enclose ouvrant au sud-est. Son entrée, très large au début, a été rétrécie dans un second temps. Les enclos funéraires sont situés à l’est, près des chemins. Reconstructed plan of the first settlement : a large enclosed farm with a south-east entrance. The entrance was very large in the beginning, and then later narrowed.
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Légende FIG. 36. Proposition de restitution en perspective aérienne du premier habitat et de ses enclos funéraires. Proposed reconstruction in aerial perpective vew of the first settlement and its funerary enclosures.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-30.jpg
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Légende FIG. 37. Céramique du premier habitat, issue des limons de comblement du fossé de l’enclos principal, ainsi que de quelques fosses et trous de poteau : 1-13 mobilier attribuable au vie s. av. J.-C. ; 14-29 mobilier attribuable au ve s. av. J.-C. ; 30 mobilier attribuable au ive s. av. J.-C. Pottery from the first settlement, found in the silts of the backfill of the main enclosure ditch, as well as a few pits and postholes : 1-13 artifacts attributable to the 6thc. BC ; 14-29 artifacts attributable to the 5thc. BC ; 30 artifact attributable to the 4thc. BC.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-31.jpg
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Légende FIG. 38. Céramique du premier habitat. Maison : 1-3 petit fossé de recueil des eaux de toiture, couche de limons (ve-ive s. av. J.-C.) ; 4 tranchée de fondation de la paroi de bois (fin ive s.-début iiie s.av. J.-C.) ; 5 comblement de la cave (fin ve-début ive s. av. J.-C.) ; 6-8 comblement de la citerne (2e moitié du vie-ve s. av. J.-C.) ; 9-12 souterrain no 1, comblement du puits de creusement (salle no 15) (ve-ive s. av. J.-C.) ; 13-17 souterrain no comblement du puits d’accès (salle no 1) (ive s. av. J.-C.) ; 18-27 souterrain no 2, comblement du puits d’accès (1re moitié du ive s. av. J.-C.). Pottery of the first settlement. House : 1-3 small roof water collection trench, silt layer (5th-4th c. BC) ; 4 wooden wall foundation trench (late 4th-early 3rd c. BC) ; 5 cellar infill (late 5th-early 4thc. BC) ; 6-8 cistern infill (2nd half of the 6th-5thc. BC) ; 9-12 Souterrain 1, digging shaft infill (Room 15) (5th-4th c. BC) ; 13-17 Souterrain 1, access shaft infill (Room 1) (4th c. BC) ; 18-27 Souterrain 2, access shaft infill (1st half of the 4thc. BC).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-32.jpg
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Légende FIG. 39. Céramique du premier habitat. Maison et enclos central : 1‑5 souterrain no 3, comblement du puits d’accès (fin ve-ive s. av. J.-C.) ; 6 souterrain no 4, fond du puits d’accès (ve s. av. J.-C.) ; 7-14 souterrain no 4, comblement du puits d’accès (fin ive s. av. J.-C.). Pottery of the first settlement. House and central enclosure : 1-5 Souterrain 3, access shaft infill (late 5th-4thc. BC) ; 6 Souterrain 4, bottom of the access shaft (5thc. BC) ; 7-14 Souterrain 4, access shaft infill (late 4thc. BC).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-33.jpg
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Légende FIG. 40. Céramique du premier habitat. Structures semi-enterrées : 1‑9 atelier de tissage no 1, comblement (2e moitié du vie s. av. J.-C.) ; 10‑17 atelier de tissage no 2 (2e moitié du ve s. av. J.-C.) ; 18 cellier no 2 (ve s. av. J.-C.). Pottery of the first settlement. Semi-buried structures : 1‑9 Weaving workshop 1, infill (2nd half of the 6th c. BC). 10‑17 Weaving workshop 2 (2nd half of the 5th c. BC) ; 18 Cellar 2 (5th c. BC).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-34.jpg
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Légende FIG. 41. Céramique du premier habitat. Structures semi-enterrées : 1‑12 cellier no 3 (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 13-14 cellier no 4 (1re moitié du ve s. av. J.‑C.) ; 15-22 cellier no 5, comblement du couloir d’accès (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 23 cellier no 6 (1re moitié du ve s. av. J.-C.) ; 24-25 cellier no 7 (1re moitié du ve s. av. J.-C.). Pottery of the first settlement. Semi-buried structures : 1-12 Cellar 3 (1st half of the 5thc. BC) ; 13-14 Cellar 4 (1st half of the 5thc. BC) ; 15-22 Cellar 5, access corridor infill (1st half of the 5th c. BC) ; 23 Cellar 6 (1st half of the 5th c. BC) ; 24-25 Cellar 7 (1st half of the 5th c. BC).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-35.jpg
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Légende FIG. 42. Proposition de terminus post quem pour le comblement des diverses structures du premier habitat. Hypothèse fondée sur l’étude du mobilier. Proposed terminus post quem for the infilling of the first settlement structures. Hypothesis base on the artifact analysis.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-36.jpg
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Légende FIG. 43. Objets contemporains de la fin du premier habitat (début du iiies.av.J.‑C.) : 1-2 écuelles recueillies au sommet du fossé d’enclos, tronçons A et B ; 3-28 mobilier mis au jour dans le soubassement du passage charretier aménagé au sommet du fossé d’enclos, tronçon C, pour la construction d’une nouvelle résidence. Objets également représentés en fig. 213 : 2-3, fig. 231 : 9 et fig. 242. Objects contemporary with the end of the first settlement (early 3rd c. BC) : 1‑2 bowls found at the top of the enclosure ditch, sections A and B ; 3‑28 artifacts found in the substructure of the cart path on top of the enclosure ditch, section C, for the construction of a new residence. Objects also represented in fig. 213 : 2-3, fig. 231 : 9 and fig. 242.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-37.jpg
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Légende FIG. 44. Stratigraphie mettant en évidence la constitution d’un passage charretier empierré pour faciliter le franchissement du fossé de clôture du premier habitat, lors de la construction de la résidence de phase 2. Stratigraphy showing the components of a graveled cart path to facilitate crossing the enclosure ditch of the first settlement, during the construction of the Phase 2 residence.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/48670/img-38.jpg
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Auteur

Archéologue, spécialiste des pratiques funéraires de l’âge du Fer dans l’Ouest, Anne Villard-Le Tiec est conservatrice générale du Patrimoine au service régional de l’Archéologie de Bretagne (ministère de la Culture, direction régionale des Affaires culturelles), chercheuse au Centre de recherche en archéologie, archéo-sciences, histoire (UMR 6566 : CNRS, ministère de la Culture, Inrap, universités Rennes 1 et Rennes 2, de Nantes et du Mans).

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021

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