Habitats de l’âge du Bronze à Lyon-Vaise (Rhône)
|Chapitre 6. Paléoenvironnement, économie et peuplement1
Texte intégral
6.1 Portée et limite des observations paléoenvironnementales
- 1 Nous remercions par ailleurs pour leur concours S. Thiébault, N. Limondin et M. Sternberg.
1La perception de l’environnement du site est indissociable de l’approche économique du groupe humain qui l’a colonisé. D’une part, l’aspect du paysage dépend directement des modalités d’utilisation de l’espace dans la zone habitée et autour de celle‑ci. L’image qu’on peut tenter de restituer reflète partiellement la structure du terroir, avec ses espaces défrichés, ses prairies, ses cultures, ses aires d’abandon ou de conquête. D’autre part, certains descripteurs du paléoenvironnement peuvent témoigner, par leur nature ou leur répartition, de techniques ou de pratiques liées à la vie économique du village.
2Les données paléoenvironnementales collectées sur le site sont diverses, de portée et de valeurs inégales. Outre les limites et potentialités propres à chaque type d’enquête (palynologie, anthracologie, carpologie, zoologie...), il convient de prendre en considération les contextes de provenance des données, ainsi que les méthodes de collecte qui constituent autant de filtres susceptibles de fausser ou d’orienter notre regard. Il apparaît en conséquence utile de rappeler les conditions de prélèvements et leurs implications sur la représentativité des résultats.
3En grande majorité, les investigations concernent les remplissages de structures en creux de nature anthropique. En effet, en l’absence de couches d’occupation nettement perceptibles, seuls ces ensembles étaient susceptibles de fournir des informations précisément connectées à un état d’occupation. La séquence stratigraphique type (cf. supra § 1.2.3) a toutefois fait l’objet de quelques colonnes de prélèvements traités en malacologie, anthracologie et palynologie (tests négatifs pour cette dernière), destinés à livrer les éléments d’une vision globale de l’évolution de l’environnement. Enfin, les séquences de comblement du paléochenal du secteur nord, hors dépotoir, bien que difficiles à recaler en chronologie relative, ont été prises en considération pour l’anthracologie et surtout pour la palynologie, dans la mesure où elles se sont révélées être les seuls milieux du site propices à la conservation des pollens.
- 2 Les ouvertures de tamis employées n’ont pas toujours été identiques. L’usage de mailles différentes (...)
4Bien que principales sources d’échantillonnage, les structures anthropiques n’ont pas fait l’objet de prélèvements systématiques. En fonction des problématiques et des contraintes d’intervention, le mode d’échantillonnage a considérablement varié. La zone la plus riche en témoins archéologiques (secteur nord) est privilégiée dans la collecte, notamment dans sa partie septentrionale qui a fait l’objet de prélèvements quasi systématiques dans les structures anthropiques. L’ensemble de ces prélèvements a fait l’objet d’analyses anthracologiques et carpologiques2, après tamisage à l’eau, sur colonne de tamis au maillage compris entre 5 et 0,5 mm. Les analyses malacologiques et palynologiques n’ont pas, après tests, été systématisées devant l’absence de résultats ou la faible portée de ceux‑ci.
5Ces différents contextes livrent des informations qui ne reflètent pas d’égale manière l’image de l’environnement du site. Les données recueillies sur les niveaux d’occupation sont a priori les plus aptes à livrer un instantané sur le paysage et à permettre d’identifier et de localiser des aires d’activités particulières. Ces données faisant défaut sur le site du Boulevard périphérique nord de Lyon, la source essentielle d’information est constituée par les données collectées dans les différents comblements de structures. Leur représentativité est étroitement tributaire de la pertinence archéologique de ces comblements. Une évidence découle de la lecture des notices descriptives (cf. supra chap. 2) : dans la presque totalité des cas, les remplissages sont liés à l’abandon des fosses et non à leur utilisation initiale. On a donc à faire à des dépôts secondaires, répondant à trois modes de mise en place : les comblements anthropiques, correspondant dans la plupart des cas à une réutilisation de la fosse comme dépotoir, les comblements naturels liés à des phénomènes d’effondrement de parois et les colmatages par fossilisation naturelle, sous l’effet des processus de colluvionnement. Les remplissages de la première catégorie s’avèrent les plus nombreux et de loin les plus riches, non seulement en artefacts, mais aussi en restes organiques. L’interprétation des spectres botaniques ou zoologiques livrés par ces unités stratigraphiques peut se faire à deux niveaux :
– l’identification des différents taxons et la mise en évidence de certaines associations permettent de caractériser, de façon plus ou moins précise, les différents écosystèmes localisés dans l’environnement plus ou moins proche du site lors de son occupation ;
– la distribution, spatiale et stratigraphique, des données recueillies est plus délicate à interpréter. Le mode de dépôts exclut a priori un lien direct avec la structure d’hébergement. Le contenu des remplissages constitue le reliquat d’une activité ou d’un ensemble d’activités menées dans une aire qu’on peut supposer relativement restreinte et proche de la fosse de rejet. L’hétérogénéité du mobilier généralement observée dans ces comblements (céramiques, ossements, galets, charbons) conduit à penser qu’il s’agit, dans une majorité de cas, du résidu du nettoyage d’une zone d’accumulations variées, plutôt que le rejet de déchets liés à une seule activité. Cet élément peut d’autre part contribuer à expliquer la variété de taxons identifiés dans certaines structures.
6.2 L’évolution de l’environnement
6.2.1 Les grandes perspectives évolutives : étude de la stratigraphie type
6Avant la mise en œuvre des analyses de restes végétaux et animaux, l’examen de la stratigraphie, combinant l’étude des processus de pédogénèse et l’observation de modifications dans la géodynamique, a fourni les premiers éléments de compréhension de la genèse et de l’évolution de l’environnement du site.
7Le paléosol qui se développe sur le lœss possède une histoire pédologique complexe (cf. supra § 1.2.3). Les horizons A’1‑C’ca sont interprétés comme un premier sol humique, faiblement lessivé, typique des forêts‑steppes et des forêts de feuillus en climat continental. Ces horizons représentent un état de sol probablement acquis au cours du Préboréal. Au‑dessus, les horizons A1b‑Btb composent un profil de type brun lessivé, caractéristique des sols forestiers bien drainés sur matériaux lœssiques, développés en climat tempéré océanique. Ce niveau semble correspondre à l’évolution progressive du sol humique initial vers un sol lessivé, en relation avec l’installation d’une forêt tempérée pendant l’optimum climatique holocène. L’horizon supérieur du sol (A1b), contemporain des trois occupations de l’âge du Bronze, est caractérisé par une épaisseur plus importante que celle de sols forestiers typiques. Ce caractère, joint à l’absence d’horizon A2 lessivé et à l’abondance des bioturbations dans la partie supérieure de l’horizon argilique, suggère une évolution finale sous prairie. Cette évolution qui voit, dès la fin de la Préhistoire, la transition d’un environnement forestier à un espace plus ouvert est corroborée par l’apparition des premières figures de ruissellement sur versant, liées à la mise à nu des sols et peut‑être à la remise en fonction du paléochenal du secteur nord.
8Les données anthracologiques et malacologiques ne permettent guère de préciser les modalités de cette évolution. Leurs résultats s’avèrent en effet trop pauvres pour qu’on puisse en tirer des conclusions sur les éventuelles transformations subies par le paysage au cours de l’âge du Bronze. Globalement, les horizons Btb et A1b font montre d’une forte homogénéité (fig. 162). L’anthracologie semble révéler un environnement forestier, typique de la chênaie qui se met en place à l’Holocène. Mais si le chêne est prédominant, il est cependant accompagné par quelques taxons héliophiles comme le frêne ou de lisière comme le noisetier, les rosacées et l’érable dans une moindre mesure. Les résultats de l’étude malacologique paraissent nuancer quelque peu cette image : si l’existence d’espaces boisés est confirmée par la présence d’espèces typiquement forestières, l’ensemble des associations relevées dénote un espace plus ouvert. Mais la dissolution de la majorité des coquilles limite fortement la signification des spectres obtenus. La coexistence, sans qu’il soit possible de la préciser en termes d’importance relative et de répartition spatiale, de milieux défrichés et de zones à végétation plus dense semble donc acquise. Si pour le Néolithique, les données recueillies permettent d’envisager des alternances de défrichements ponctuels et de recolonisation forestière, selon le schéma de la culture à « jachère‑forêt » typique de la période (Guilaine 1991), la forêt disparaît vraisemblablement du pied de versant au cours de l’âge du Bronze.

FIG. 162 – Résultats des analyses anthracologiques effectuées sur des prélèvements de la stratigraphie classique, horizon A1b.
9En complément de ce modèle global, la masse des données carpologiques, palynologiques et surtout anthracologiques recueillies dans les structures anthropiques autorise une restitution environnementale beaucoup plus précise pour chacune des phases d’occupation du site. Par contre, les restes fauniques susceptibles de révéler les conditions environnementales (micromammifères notamment), présents en quantité négligeable, n’ont pu être exploités.
6.2.2 Le Bonze ancien
10L’ensemble des données collectées fait état d’un paysage composite, combinant plusieurs aspects :
– un massif forestier, plus précisément de chênaies à chênes sessiles et pédonculés et à charmes ;
– des bordures forestières, ou lisières associées aux chênaies, largement représentées dans le spectre anthracologique par les tribus de pomoïdées‑rosacées. La forte fréquence relative cumulée des espèces de lisière (plus de 25 %), liée à la présence attestée d’espaces agricoles, fait supposer une couverture forestière très morcelée, ou bien une délimitation des espaces agricoles par des haies ;
– des faciès ripicoles, représentés par la ripisylve, révélée dans le spectre anthracologique par des taxons tels que les aulnes, les bétulacées et salicacées, le noisetier, le frêne et la vigne. Cette formation est également attestée par l’analyse carpologique qui permet en outre de déceler plusieurs espèces végétales colonisant le milieu plus ouvert des grèves alluviales. Ces faciès peuvent être liés à la contiguïté du ruisseau du secteur nord, mais aussi à la proximité relative du cours de la Saône ;
– des semences d’herbacées sauvages identifiées permettent de supposer l’existence, pour l’ensemble des phases chronologiques, de quatre types de milieux ouverts. Les groupements les plus fortement représentés sont les adventices de cultures (cultures sarclées et moissons). Quelques taxons montrent la présence de prairies et pelouses et plusieurs espèces rudérales rendent vraisemblablement compte de la végétation de l’intérieur ou des abords immédiats de la zone habitée.
11Aucun bouleversement fondamental ne paraît affecter cet environnement entre les deux états d’occupation du Bronze ancien. Les spectres anthracologiques révèlent une stabilité relative des taxons prédominants : chêne, aulnes, orme et, à un moindre degré, noisetier (fig. 163). Certains constats amènent toutefois à nuancer cette image de stabilité. En premier lieu, l’apparition du sapin et l’amorce de développement du hêtre. Deux explications peuvent être avancées : les approvisionnements en bois se font dans un massif forestier distinct de celui exploité à la phase précédente, ou bien la végétation se transforme, trahissant une légère péjoration climatique. En second lieu, la ripisylve semble plus représentée qu’à la phase antérieure, phénomène traduisant peut‑être une intensification de son exploitation. Enfin, on peut noter la régression du pin entre les deux phases, peut‑être corollaire du développement des deux espèces précitées, dont il supporte mal la concurrence.
12L’une des séquences de comblement du talweg qu’on peut supposer, étant donné sa position stratigraphique, elle aussi contemporaine du Bronze ancien, a fourni deux échantillons assez riches en pollen qui complètent cette analyse (fig. 164, tabl. xxiv). Ces échantillons sont situés sur une même colonne, à une dizaine de centimètres l’un de l’autre. Dans le spectre obtenu sur le niveau inférieur, les arbres représentent 37,6 % de la somme pollinique totale et sont dominés par des espèces de lumière : le noisetier (17,6 %) et l’aulne (15,2 %). Les autres essences identifiées (hêtre, chêne, frêne, tilleul, vigne) sont par ailleurs mentionnées dans l’analyse anthracologique. Les herbacées, dominantes (42 %), comprennent essentiellement des indicatrices de pâtures (en particulier Poacées et Plantain) et les fougères sont présentes en quantité non négligeable (13 %). L’ensemble évoque un paysage morcelé, avec une végétation arbustive localement réduite à des bosquets d’arbres ou d’arbustes pionniers. La forêt, beaucoup plus représentée dans le spectre anthracologique, par ses lisières et son massif, est probablement assez éloignée, peut‑être localisée sur le plateau de la Duchère.

TABL XXIV – Analyse pollinique de deux échantillons de l’âge du Bronze ancien et d’un échantillon du Bronze final.
13Le second prélèvement correspond à un état postérieur, sans qu’on puisse estimer la durée le séparant du premier, ni leur position chronologique par rapport aux occupations humaines étudiées. Il montre des différences significatives : la réduction importante du taux de pollens d’arbres (qui chute à moins de 11 %), affectant l’aulne et le noisetier, suggère une importante action locale de défrichage, peut‑être à mettre en relation avec l’augmentation de grains de pollen indicateurs de cultures (céréales entre autres), traduisant donc un fort accroissement de l’emprise anthropique.
14Ces observations sont limitées, et stratigraphiquement et chronologiquement trop mal connectées aux habitats, pour pouvoir être directement confrontées aux données précédemment exposées.
6.2.3 Le Bronze final
15Le spectre anthracologique des prélèvements effectués dans les structures du Bronze final I (fig. 165) met en évidence, par rapport à ceux du Bronze ancien, la généralisation et l’amplification de la tendance amorcée à l’état précédent : les parts respectives des espèces ripicoles et des espèces de lisière sont en forte diminution et on note l’importante progression du hêtre, du pin, et, secondairement, du sapin.

FIG. 165 – Fréquences relatives des principales essences au Bronze final I et confrontation avec le Bronze ancien, niveau supérieur.
16La flore herbacée sauvage semble témoigner de l’existence des mêmes milieux qu’au Bronze ancien : cultures sarclées et moissons, milieux rudéraux et, vraisemblablement, prairies. L’hypothèse d’un milieu plus ouvert que durant le Bronze ancien trouve un écho favorable dans la faiblesse du taux de pollens d’arbres évalué dans une couche du talweg du secteur nord vraisemblablement peu antérieure ou contemporaine de l’occupation du Bronze final I (fig. 166, tabl. xxiv). La diminution de la part du noisetier dans le spectre pollinique s’accorde avec les observations anthracologiques, l’importance prise par les fougères évoquant la possible extension des défrichages aux dépens de cet arbre.
17Trois facteurs peuvent se combiner pour contribuer au déroulement de cette évolution :
– un rafraîchissement climatique (développement du hêtre, du sapin et du pin) ;
– une exploitation forestière plus franche et différente de celle pratiquée au Bronze ancien ;
– une exploitation forestière plus lointaine (dans l’étage bioclimatique montagnard, par exemple), peut‑être liée à des besoins plus importants (pression démographique plus forte).
6.2.4 Les facteurs de transformation de l’environnement
18Le paysage est fortement anthropisé durant les trois stades d’occupation du site. Il apparaît comme très morcelé, notamment lors des deux dernières occupations, et les espaces cultivés occupent de toute évidence une place importante à proximité de l’habitat.
19Notre vision de l’évolution de l’environnement repose en grande partie sur les résultats des analyses anthracologiques. L’apparition ou la disparition de certains taxons peuvent se traduire en terme de modifications dans la composition des formations végétales voisines du site. Mais la fluctuation des parts respectives des différentes essences doit être considérée avec prudence : elle peut certes traduire un bouleversement de l’environnement, mais également l’introduction d’un autre mode de sélection des gisements de bois exploités.
20Les changements perceptibles dans l’aspect du paysage sont généralement liés à des causes complexes, parmi lesquelles il est difficile de faire la part des facteurs naturels et des facteurs anthropiques, tant ces éléments participent d’un même équilibre. Si l’on considère les transformations qui affectent le paysage du site du Boulevard périphérique nord entre le Bronze ancien et le Bronze final, certaines peuvent être reliées aux facteurs climatiques, d’autres aux impacts anthropiques successifs. Dès l’occupation la plus tardive du Bronze ancien, sont perceptibles les prémices d’une évolution du milieu végétal qui se poursuit jusqu’au Bronze final. Les deux termes fondamentaux de cette évolution semblent être d’une part l’accentuation de la pression anthropique, qui se traduit par la mise en valeur de milieux nouveaux pour la récolte du bois au second stade du Bronze ancien, puis l’arrêt de l’exploitation forestière des zones humides au Bronze final I, peut‑être en relation avec une intensification de leur exploitation agricole. D’autre part, une légère péjoration climatique semble se dessiner lors de la deuxième phase d’occupation et s’accentue au Bronze final, avec l’appauvrissement de la chênaie au profit de la hêtraie‑sapinière.
6.2.5 Le site du Boulevard périphérique nord dans son contexte
21Les données du Boulevard périphérique nord de Lyon viennent compléter un acquis paléoenvironnemental déjà conséquent sur un plan local. Une étude pluridisciplinaire menée sur le versant sud de la plaine de Vaise a en effet permis d’élaborer un modèle complexe de l’évolution protohistorique et historique du versant, et de mettre en évidence les moteurs de cette évolution et notamment le jeu des facteurs de dégradation anthropique (Vérot‑Bourrély et al. 1995). La confrontation des deux études présente un double intérêt :
– vérifier la concordance des phénomènes de grande échelle (évolutions climatiques notamment) décelés sur les deux aires d’étude ;
– évaluer la cohérence des observations de portée plus locale (extension des défrichements, modalités d’exploitation des diverses formations végétales...). Les phénomènes mis en exergue sont‑ils concomitants et traduisent‑ils une dynamique globale à la plaine de Vaise, ou bien sont‑ils indépendants car tributaires de facteurs très ponctuels tels que la localisation des habitats et la structure des terroirs ?
22Les enquêtes menées sur les deux sites varient sensiblement. Nous disposons essentiellement, sur le Boulevard périphérique nord, de vues synchroniques concernant les trois états d’occupation, les données étant principalement de nature anthracologique ; le site de Gorge de Loup fait, quant à lui, l’objet d’une approche diachronique, où les informations sont livrées par l’étude morphologique des formations sédimentaires complétée par l’apport de la palynologie et de la malacologie. La non‑correspondance entre les phases d’occupation étudiées sur les deux zones accentue encore la difficulté de l’approche comparative.
23De cette confrontation (tabl. xxv), des lignes directrices transparaissent :
– l’impact anthropique sur le milieu végétal est très sensible dès le Bronze ancien. Les observations effectuées sur les deux sites conduisent à un même constat : on peut supposer les pentes fortement déboisées. La chênaie à chênes caduci‑foliés et charme de basse et moyenne montagne de l’Atlantique est déjà sensiblement dégradée. La ripisylve est abondamment représentée, liée à la présence de rus et à la Saône. Les massifs forestiers, peut‑être relégués sur le plateau, restent perceptibles ;
– l’accroissement progressif de l’emprise anthropique reste le moteur fondamental de la dynamique, jusqu’au début du Bronze final. Il est décelable par l’extension des espaces défrichés et la déstabilisation croissante des versants qu’elle implique ;
– les signes d’une péjoration climatique, perceptibles sur le Boulevard périphérique nord de Lyon dès le second état du Bronze ancien, et surtout au Bronze final I, font vraisemblablement écho à l’hypothèse proposée à Gorge de Loup pour la transition entre les phases E et F (début du Bronze final).

TABL. XXV – Gorge de Loup et Boulevard périphérique nord de Lyon : confrontation simplifiée des données paléoenvironnementales et chronologiques.
24Il serait osé de conclure à une évolution rigoureusement parallèle des environnements des sites de Gorge de Loup et du Boulevard périphérique nord. Toutefois, les grandes tendances et notamment la progression croissante de l’emprise anthropique dans ces différents termes (extension des défrichements, exploitation de plus en plus intense des milieux humides), se développent en nette concordance. Ce constat suggère une évolution globale à la plaine de Vaise, indépendante des fluctuations géographiques de l’implantation humaine.
6.3 Les traces de la vie économique
25L’approche de la vie économique des communautés protohistoriques du Boulevard périphérique nord de Lyon est difficile. Aucun élément ne permet d’aborder la question des échanges et d’appréhender les modalités d’éventuelles pratiques commerciales. Notre vision de cette vie économique se limite donc à la perception, directe ou indirecte, d’un ensemble d’activités de production ou de transformation. Au‑delà de la simple énumération de ces activités, lorsqu’il s’agit d’aborder les véritables problèmes –études des chaînes opératoires, structure de la production, implications sociales– l’argumentation fait vite défaut et les enchaînements de déductions deviennent fragiles et discutables.
26Il n’est pas possible d’évaluer l’importance relative des différentes activités perçues : d’abord рагсе qu’elles ne laissent pas toute une même trace archéologique et que les différents témoins non périssables (déchets, objets finis, structures de traitement) ne rendent pas toujours bien compte de l’importance d’une production ; ensuite parce que nos observations se limitent à une partie de l’aire occupée et qu’on ne peut écarter l’éventualité de secteurs dédiés à des activités spécifiques nous ayant complètement échappé.
6.3.1 L’économie de subsistance : produire et exploiter pour se nourrir
27Une forte majorité des indications collectées se rapportent à une économie vivrière. Celle‑ci est perçue à partir de plusieurs biais : déchets alimentaires ou déchets de préparation des aliments, objets liés au traitement de la nourriture... La mise en évidence des chaînes de traitement a été partiellement possible, mais il s’est par contre avéré périlleux d’aborder la notion de comportement alimentaire.
6.3.1.1 L’alimentation végétale
28Notre principale source d’informations est ici la carpologie. L’ampleur de l’échantillonnage pratiqué, même s’il n’écarte pas tous les problèmes de représentativité, a permis de recueillir un ensemble de données remarquable par son développement, concernant 1 195 l de sédiments issus de 152 unités stratigraphiques. 27 échantillons se sont révélés stériles. Les autres ont livré un total de 28 138 restes, dont 25 871 ont pu être attribués à un horizon chronologique précis (tabl. xxvi).
29Toutes les paléosemences recueillies furent préservées grâce à leur état carbonisé. Il s’agit là du mode de fossilisation le plus fréquent sur les sites d’ambiance sèche. Il faut rappeler que ce mode de conservation est restrictif puisque seuls sont fossilisés les vestiges amenés en contact, accidentellement ou volontairement, avec le feu. Certains types de restes fréquemment soumis au contact du feu lors de leur traitement, comme les grains de céréales, sont généralement surrepré‑sentés. Plusieurs auteurs ont traité de ces problèmes et discuté de la représentation différentielle des vestiges selon le mode de fossilisation (cf. par exemple Green 1979 ; Ruas 1992). Les paléosemences du Boulevard périphérique nord de Lyon se présentent dans un état de conservation médiocre, Cette dégradation se manifeste sous deux formes : une forte fragmentation et une altération souvent prononcée de la surface des vestiges, suite à l’action physique et chimique du sédiment.
Les plantes domestiques
30Cet ensemble est constitué par les végétaux dont l’inféodation à l’homme est marquée par des caractères morphologiques répondant à leur domestication. Outre ces plantes typiquement domestiques, peuvent être évoqués les taxons pour lesquels l’analyse carpologique laisse un doute quant à leur statut sauvage ou domestique.
31Les plantes cultivées sont au nombre de huit au total. On dénombre tout d’abord sept céréales, dont trois blés vêtus (amidonnier, engrain et épeautre), un blé nu, deux orges (orge à grains nus et à grains vêtus) et le millet commun. Les blés sont représentés dans tous les horizons chronologiques, de même que forge nue. L’orge vêtue n’a par contre pas pu être détectée au Bronze final ; cette période cumulant par ailleurs le plus faible nombre de restes d’orge (seulement 4 individus et 13 fragments), la présence de cette variété a pu échapper à l’échantillonnage. Les petits caryopses de millet commun sont signalés pour les trois phases chronologiques.
32L’existence de restes dont la détermination, pour des problèmes de conservation ou de non‑pertinence du matériel disponible, n’a pu être suffisamment précise, laisse un doute quant à la présence de deux autres céréales : l’avoine et le millet des oiseaux. Des caryopses d’avoine trouvés en faible nombre dans chacun des horizons proviennent certainement d’une espèce sauvage, probablement adventice des autres céréales. Deux caryopses appartenant au groupe des millets et éventuellement au genre setaria n’ont pu être déterminés précisément. Il convient de préciser que pour une espèce de sétaire cultivée, le millet des oiseaux, il existe plusieurs espèces sauvages dans notre flore. L’existence du millet des oiseaux sur le site reste donc peu probable.
33La huitième plante cultivée est une légumineuse : la fève. Ses graines sont mentionnées pour les trois périodes, mais elles sont fortement déficitaires au Bronze final. Il existe une graine de légumineuse, provenant de l’horizon inférieur du Bronze ancien, dont la forme et les dimensions évoquent le pois cultivé. Cet individu étant mal conservé et l’observation du hile impossible, l’attribution demeure incertaine et la présence du pois cultivé constitue donc une hypothèse dont les assises sont fragiles. Plusieurs autres semences, identifiées de façon incertaine et provenant des trois ensembles chronologiques, pourraient également être issues de légumineuses cultivées (vesce ou peut‑être même lentille).
Les plantes de cueillette
34Pour certains restes carpologiques, une collecte volontaire semble pouvoir être retenue, sans qu’aucune preuve puisse toutefois être apportée. La classification dans le groupe des plantes cueillies reste donc toujours hypothétique, malgré la pluralité des indices. Les valeurs prises en compte sont notamment la valeur alimentaire ou technique bien connue de ces ressources, leur anormale fréquence dans les dépôts archéologiques, leur abondance sur le site et leur association fréquente à des rejets de plantes cultivées. Au premier rang de ces végétaux, il faut considérer le chêne. Des glands ont été trouvés dans des contextes datés des trois phases chronologiques, en quantités plus élevées en ce qui concerne le niveau supérieur du Bronze ancien et le Bronze final. Deux autres espèces sont également représentées pour les trois phases chronologiques, mais par des quantités de restes bien plus modestes : il s’agit du noisetier et du sureau yèble. Une seule espèce est uniquement mentionnée au niveau inférieur du Bronze ancien ; il s’agit du sureau noir. Pour sa part, le Bronze final recueille la seule attestation, quoique incertaine, du sureau rameux. Un fragment évoquant la noix provient également de cette phase chronologique. La détermination est incertaine et le noyer étant réputé rare, voire absent du territoire français avant la période gallo‑romaine, on gardera la plus grande prudence quant à la présence éventuelle de l’espèce dans l’environnement du site à l’âge du Bronze, et ce d’autant plus que cette présence n’est confirmée ni par les analyses anthracologiques, ni par les analyses palynologiques. On peut cependant rappeler que des fragments de coques, de bois et de pollens de noyer ont été retrouvés dans les sédiments lacustres du site du Néolithique final de Charavines (Bocquet 1994). La présence de cette essence dans la région lyonnaise à la fin de l’âge du Bronze ne peut donc pas être jugée impossible. Un nombre plus important de taxons se rattache uniquement à la phase récente du Bronze ancien. Ces cinq taxons sont l’aubépine, le pommier ou le poirier, un prunier ou un cerisier, une ronce et enfin la vigne, très probablement sauvage.
Essai d’approche quantitative de l’importance des plantes à valeur économique
35Cette approche est toujours délicate en carpologie. Les difficultés en sont ici renforcées par la fragmentation du matériel et, surtout, par les énormes écarts de densité entre échantillons, ce qui entraîne une domination écrasante des échantillons les plus riches dans les décomptes. Afin de tenter d’évaluer l’importance des différentes plantes de valeur économique, on s’appuiera donc plus volontiers sur la fréquence d’apparition de ces plantes au sein des structures. Cette méthode n’est pas non plus sans poser quelques problèmes (Popper 1988 ; Ruas 1992), mais elle peut être jugée plus fiable qu’une quantification du nombre des restes, en général, et donc plus particulièrement dans le cas présent. Le principal handicap à cette approche est le nombre de faits tout de même un peu réduit pour constituer un échantillonnage parfaitement représentatif (18 pour le Bronze ancien inférieur, 24 pour le niveau supérieur et 23 pour le Bronze final).
36Aucune modification fondamentale des composants de l’alimentation végétale ne transparaît entre les différentes phases examinées (fig. 167). Les plantes de premier plan sont l’orge, et, semble‑t‑il en seconde position, l’amidonnier. Si l’on ne se base que sur la présence de semences, en faisant abstraction des restes d’épis, puisque l’orge en est quasiment dépourvue, cette céréale possède, pour les trois périodes, la fréquence d’apparition la plus élevée (33 % pour le niveau inférieur du Bronze ancien, 46 % pour le niveau supérieur et 39 % pour le Bronze final). En comparaison, les fréquences d’attestation de l’amidonnier sont erratiques : les semences, bien représentées au Bronze ancien (11 et 37 %), disparaissent totalement au Bronze final. Les restes de balle sont plus fréquents, mais respectent la même tendance (33 %, 54 % et 26 %). Le millet et la fève tiennent vraisemblablement une place importante, mais de second ordre. La fréquence de la fève diminue progressivement depuis le niveau inférieur du Bronze ancien jusqu’au Bronze final (17 %, 8 % puis 4 %). Le millet ne présente pas une telle tendance (11 %, 21 % et 17 %). Un troisième groupe paraît réunir des plantes de moindre importance : l’engrain, l’épeautre, qui n’est clairement attesté qu’au Bronze final et le blé nu. Celui‑ci paraît toutefois quelque peu sous‑évalué, notamment au Bronze ancien. Parmi les ressources variées de la cueillette, les glands jouent le rôle le plus important (fig. 168). Ils pourraient avoir représenté une ressource alimentaire aussi fondamentale que les céréales. Le noisetier et les sureaux sont également des espèces auxquelles il est fait appel avec constance. Leur rôle paraît cependant bien moindre que celui des glands. Il semble donc que se dégage une importance géné rale de la cueillette, cet apport de ressources paraissant maximal pour le niveau supérieur du Bronze ancien, qui réunit le plus grand nombre de restes et possède la plus grande diversité taxonomique de plantes cueillies. L’apport de la cueillette diminue mais reste élevé au Bronze final.

FIG. 168 – Fréquence des glands, fragments de noisettes et graines de sureau, en %, selon la période.
Les plantes économiques dans le contexte régional et général de l’âge du Bronze
37De façon générale, le cortège de plantes cultivées attesté sur le site s’intègre bien aux caractéristiques de la période étudiée. Les références d’occupations lyonnaises précisément synchrones font toutefois en grande partie défaut : les études portant sur des sites du Bronze ancien sont rares et les points de comparaison du Bronze final, plus abondants, se rapportent tous à des phases ultérieures de cette période.
38La domination de l’orge qui se dessine est une constante de l’âge du Bronze, mais elle semble plutôt survenir, au moins dans le sud de la France, durant le Bronze final (Marinval 1988 ; Ruas, Marinval 1991). Or, la grande importance de l’orge a été notée à Lyon dès le Bronze ancien. Il est vrai que les données carpologiques étant tellement réduites pour le Bronze ancien et moyen, il est difficile de caractériser ces périodes. Sur le gisement du Bronze ancien de Machal, à Dallet (Puy‑de‑Dôme), l’orge arrive en tête du faible lot de semences analysé si l’on se base sur la fréquence d’attestation, et à égalité avec le blé nu selon le nombre de restes (Bouby 1993). En Suisse, l’orge est fréquente dès la fin du Néolithique (Jacomet et al. 1991) et elle est l’une des céréales les plus abondantes avec le millet sur le site du Bronze final d’Hauterive‑Champréveyres (Jacquat 1989).
39Une particularité de l’occupation lyonnaise pourrait résider dans la présence de l’orge nue au sein des trois phases chronologiques. Le mauvais état fréquent des caryopses empêche de comptabiliser la part revenant à chaque variété, mais il semble que l’orge nue occupe une place au moins égale à celle de l’orge vêtue. Dans le sud de la France, l’orge nue décline durant l’âge du Bronze pour quasiment disparaître au premier âge du Fer (Marinval 1988 ; Ruas, Marinval 1991). Cette variété d’orge est néanmoins la seule mentionnée sur le site du Bronze final des Ressours, dans l’Indre,
40En ce qui concerne les blés, on peut surtout s’étonner du faible rôle que semble tenir l’épeautre. Celui‑ci est présent en Suisse au Bronze ancien et final (Jacomet et al. 1991). À Hauterive‑Champréveyres, il est abondant au Bronze final (Jacquat 1989). En France, l’espèce ne s’implante vraiment qu’au Bronze final (Marinval 1989), ce qui peut expliquer qu’il ne soit pas caractérisé dans les niveaux du Bronze ancien de Lyon. Cependant, il est déjà présent au Bronze final dans le sud de la France aux Gandus (Drôme ; Erroux 1976 ; Marinval 1988), ce qui pourrait traduire selon les auteurs des contacts avec les zones plus septentrionales et orientales. L’espèce est bien représentée, dans les phases ultérieures du Bronze final, à Ouroux‑sur‑Saône (Saône‑et‑Loire ; Coquillat 1964) et à Ouroux‑Marnay (Saône‑et‑Loire ; Hopf 1985), mais elle n’y atteint pas non plus des taux élevés, Coquillat la considérant même comme une adventice. On note également que l’épeautre est absent de l’important stockage des Planches‑près‑Arbois (Jura ; Pétrequin et al. 1985b). Deux hypothèses peuvent donc être envisagées pour expliquer sa faible représentation dans l’ensemble du Bronze final I lyonnais :
– l’extension de son exploitation intervient après la phase précoce du Bronze final (xve ou xive s.) attestée à Lyon ;
– la culture de l’épeautre reste relativement peu développée dans la partie est de la France au Bronze final.
41Les autres types de blés ne suscitent que de brefs commentaires. Tous sont cultivés sur le territoire français depuis le Néolithique. L’impression de sous‑représentation du blé nu à Lyon se trouve renforcée par la confrontation avec les données régionales. Cette espèce est en effet souvent abondante, et systématiquement présente, sur les sites régionaux de l’âge du Bronze.
42La dernière céréale attestée est le millet commun. Après quelques très rares mentions au Néolithique, c’est à l’âge du Bronze que s’accroissent considérablement les attestations de millet commun, en France comme partout en Europe (Marinval 1995). Au Bronze ancien et moyen, puis au Bronze final, le millet commun est déjà fortement présent dans l’ouest de la France, au Fort‑Harrouard (Eure‑et‑Loire ; Bakcls 1983). Plus proche du site, le millet commun est signalé à Ouroux‑Marnay (Saône‑et‑Loire ; Hopf 1985), à la grotte des Planches‑près‑Arbois (Jura ; Pétrequin et al. 1985b) et à Dampierre‑sur‑le‑Doubs (Doubs), où un dépôt pur de millet est signalé dans une incinération du Bronze final (Pétrequin et al. 1969). En Suisse, la plante ne deviendrait très commune qu’au Bronze final (Jacomet et al. 1991) ; elle semble d’ailleurs être la céréale dominante à Hauterive‑Champréveyres (Jacquat 1989). Le rôle déjà important que semble jouer le millet à Lyon, dès le Bronze ancien, est à souligner. Par contre, rien ne montre un développement de sa culture au Bronze final, période durant laquelle il paraît cantonné derrière l’orge et l’amidonnier.
43On note l’absence du millet des oiseaux à Lyon, malgré l’existence de quelques caryopses douteux. Ce millet apparaît pourtant en France à l’âge du Bronze (Marinval 1995). Il est présent dans les phases postérieures du Bronze final à Ouroux‑Marnay (Hopf 1985) et à la grotte des Planches‑près‑d’Arbois (Pétrequin et al. 1985b). D’après les études menées sur les villages lacustres suisses, la plante prend également de l’importance au Bronze final (Jacomet et al. 1991).
44L’exploitation, semble‑t‑il relativement marquée, de la fève sur le site n’est pas surprenante. P. Marinval (1988) note, dans le sud de la France, une augmentation de la fréquence des légumineuses à l’âge du Bronze. On relève qu’à Hauterive‑Champréveyres, en plus de la fève, le pois et la lentille sont signalés au Bronze final II (Jacquat 1989). Or leur présence, tout spécialement celle du pois, n’est pas exclue à Lyon.
45L’observation du spectre carpologique de ce gisement suisse fait ressortir par contraste l’absence de plantes oléagineuses domestiques à Lyon. Trois plantes oléagineuses sont cultivées à Hauterive‑Champréveyres (lin, pavot et caméline) et apparemment aucune à Lyon. Le lin est aussi présent sur le site du Bronze ancien de Machal, à Dallet (Bouby 1993). Ce type de ressource n’était‑il effectivement pas cultivé ou exploité à Lyon ? La réponse est peut‑être à chercher dans les modes de conservation. Il semble bien que les sites d’ambiance sèche, où seuls les témoins végétaux carbonisés sont préservés, ne soient pas favorables à l’attestation des oléagineux. Les travaux de S. Jacomet (Jacomet et al. 1991) montrent que dans les sites lacustres suisses, le lin est représenté à plus de 90 % par des éléments non carbonisés. L’exploitation d’oléagineux domestiques a donc pu passer inaperçue à Lyon.
46En ce qui concerne les plantes cueillies, on ne peut pas vraiment tenter de comparaisons. La cueillette constitue un domaine difficile à appréhender et les auteurs focalisent souvent leurs travaux sur les plantes cultivées.
47Pour le sud de la France, il semble que les noisettes disparaissent des produits cueillis à l’âge du Bronze (Marinval 1988), alors qu’elles sont toujours bien représentées à Lyon, à l’intérieur des trois niveaux. En revanche, le gisement d’Hauterive‑Champréveyres fournit quantité de restes très probablement cueillis et, pour l’auteur, la cueillette jouait peut‑être un rôle aussi important que l’agriculture (Jacquat 1989). L’auteur envisage également un stockage des glands et des noisettes sur ce site. Ces pratiques semblent bien avérées sur le gisement des Planches‑près‑Arbois, où des stockages de glands et de noisettes auraient été mis en évidence (Pétrequin et al. 1985b). En ce qui concerne le site de Lyon, l’importance économique des glands, qui paraît se dégager, semble aussi impliquer un stockage. La mise en réserve des noisettes est également probable.
6.3.1.2 L’alimentation carnée
48Un autre aspect du régime alimentaire est révélé par les vestiges fauniques collectés sur le gisement. Certes, d’autres usages sont envisageables pour les restes animaux retrouvés : certains os ont été utilisés pour la confection d’outils, quelques animaux n’ont visiblement pas été consommés. Mais bien que les traces d’intervention anthropiques soient rares (environ 4 % de l’effectif déterminé), elles révèlent des gestes de désarticulations et de décharnements qui signent une utilisation du corps de l’animal à des fins alimentaires. De plus leur dispersion dans des aires de rejet et des fosses‑dépotoirs laisse à penser qu’il s’agit pour la totalité d’entre elles de déchets culinaires.
49Un total de 886 restes déterminés (vertèbres et côtes exclues) ont été collectés, se répartissant de la façon suivante par horizon chronologique (tabl. xxvii).
Les espèces présentes
Les ovicaprins (mouton et chèvre)
50La chèvre est rare puisque sur 20 restes d’ovicaprins discriminants (Boessneck 1969), un seul en provient. Les moutons sont essentiellement des adultes. Quatre femelles ayant porté ont été identifiées à partir du pubis (Boessneck 1969). Les organes squelettiques les plus fréquents sont à peu près les mêmes dans tous les ensembles : dents supérieures et inférieures isolées, mandibule, ceintures et rayons osseux proximaux des membres (tibia surtout). On remarque l’absence du squelette axial, vertèbres et côtes, des crânes et des maxillaires, des phalanges et des os courts du carpe et du tarse. Si la disparition des petits os peut être due à des phénomènes taphonomiques tels que l’ingestion par des chiens, celle des autres os ne peut s’expliquer que s’ils ont été déposés hors de l’aire étudiée. Cela signifierait que n’ont été conservés et traités sur celle‑ci que les membres et les mandibules. La taille des animaux est assez disparate comme l’illustrent les hauteurs au garrot estimées, comprises entre 54 et 65 cm (Teichert 1975 ; 7 os divers). Les valeurs des mesures s’inscrivent dans les intervalles de variations de celles de Cortaillod‑Est (Suisse ; Chaix 1986) et rejoignent celles du Bronze final de Lyon/Gorge de Loup, Vénissieux (Rhône ; Forest 1994a) ou Meyzieu (Rhône ; Forest 1994b).
Les porcins
51Parmi les restes osseux, quelques pièces sont bien plus grandes que les autres ; certaines mesures atteignent ou dépassent les minima du sanglier (Boessneck et al. 1963). La présence de celui‑ci est quasi certaine : au moins 24 restes sur 247, soit 10 %. Les porcs sont morts en majorité à l’état adulte, sans période particulière, avec un quart de juvéniles, tant pour le Bronze ancien que pour le Bronze final. Une très forte majorité de mâles se dégage, mais ce résultat repose essentiellement sur les canines isolées. L’intérêt porté aux défenses comme objet, symbole ou parure, peut expliquer cette sélection. Les éléments squelettiques les plus fréquents sont : les dents isolées, les mâchoires, maxillaires et mandibules, les os longs des membres dont notamment le tibia. On ne peut établir de sélection particulière au sein des ensembles chronologiques. Comme pour les ovicaprins, les vertèbres et les côtes sont mal représentées. Les restes de métapodes et de phalanges sont dans la même situation. Les données ostéométriques ne sont pas très abondantes. La forme domestique est longiligne : les mesures rejoignent celles de Cortaillod‑Est et sont comparables à celles des sites lyonnais. Les hauteurs au garrot sont celles d’animaux de taille moyenne, de 71 à 78 cm (Teichert 1975 ; deux tibias et un talus).
Les bovins
52Les animaux de grande taille des périodes précédentes ont disparu : il est possible d’affirmer qu’il n’y a plus que des animaux domestiques. Ils sont principalement de taille adulte, les juvéniles étant plus nombreux pour le niveau supérieur du Bronze ancien. La mortalité des adultes semble intervenir à un âge plus avancé (postérieur à 4 ans : Curgy 1965 ; Silver 1969) lors du Bronze final. La différenciation sexuelle est difficile à mener du fait de la rareté des données discriminantes : sur six pubis, cinq appartiennent à des femelles ayant porté. La taille de ces animaux peut être appréhendée en première approche par les hauteurs au garrot, calculées à partir des métapodes (Matolcsi 1970) : elles vont de 1 à 1,12 m. Les animaux étaient petits. Mais certaines mesures peuvent, par comparaison avec des métacarpes entiers d’autres sites, correspondre à des animaux de 1,20 m, ou plus. Ces données sont marginales mais montrent que la taille des animaux n’est pas homogène, sans qu’une distribution chronologique puisse justifier d’une évolution. Parmi les ossements, il est à noter le très faible nombre de restes de vertèbres, côtes et phalanges.
Les équidés
53En l’absence de traces sur les ossements, il est délicat de se prononcer sur la consommation de ces animaux. Toutes les régions du squelette sont attestées, sauf le crâne. Ces équidés présentent des tailles diverses qu’il est malaisé de définir du fait du fractionnement important des pièces. Des fragments de coxal et d’ulna rappellent l’âne par leur petite taille. À l’opposé, quelques vestiges semblent appartenir à des animaux de grande taille. L’ensemble des mesures se retrouve dans celles de Cortaillod‑Est.
Le cerf
54Il est identifié à toutes les époques, mais seulement par quelques éléments. Deux types de restes sont présents : les bois et les os. Les premiers sont ou des fragments, parfois calcinés, ou des ramures. Celles‑ci sont débitées à coup d’instrument tranchant ou parfaitement sciées. Elles ne sont pas forcément obtenues par la chasse : l’une porte le « sceau » caractéristique du bois de chute. Ces pièces révèlent l’importance accordée à cette matière première, importance soulignée par le fait que 11 des 26 restes de cerf en sont issus. Les autres ossements relèvent d’une activité de prédation dans le but fort probable d’obtenir de la viande.
Le chien
55Les ossements collectés, assez disparates, proviennent tous d’adultes. Les trois mandibules ayant livré des données ostéométriques semblent indiquer que ces animaux sont à tendance dolichocéphale, c’est‑à‑dire qu’ils possèdent une face relativement allongée (Forest 1994c). Un radius entier appartient à un animal du Bronze final dont la hauteur au garrot peut être estimée à 50 cm (Harcourt 1974) et l’indice de gracilité moyen à 7,9 (Udrescu, Nicolaescu‑Plopsor 1990). Ces chiens sont donc de type plutôt primitif, de taille moyenne, élancés, à museau allongé. Le chien de Vénissieux (Forest 1994a) leur est comparable. Ils diffèrent des individus de Cortaillod‑Est, « robustes [...] avec des mandibules massives et fortes » (Chaix 1986), qui sont plus grands, de 56 à 60 cm au garrot.
Le lièvre
56Il n’apparaît que par le col d’une scapula, issu d’un ensemble du Bronze final. La largeur du col est faible pour un lièvre, mais beaucoup plus grande que celle du lapin de garenne. Il peut s’agir d’un jeune animal.
Le renard
57Il est représenté par un fémur d’adulte provenant d’une unité stratigraphique d’attribution chronologique incertaine.
La cistude d’Europe (Emys orbicularis)
58Elle se manifeste uniquement dans l’horizon supérieur du Bronze ancien, sous forme de pièces de plastron, partie ventrale de la carapace. Ces pièces ne portent pas de marques de découpe. Cependant, cette tortue aquatique, qui pouvait vivre sur les rives de la Saône, a été consommée très anciennement (Cheylan, Curtin 1976). J. Studer (1990) la mentionne dans les faunes des sites littoraux de l’âge du Bronze final en Suisse. Elle est retrouvée dans les faunes de la région lyonnaise jusqu’aux périodes modernes.
L’ichtyofaune
59Elle est représentée par 15 restes provenant de deux structures du Bronze ancien. Il s’agit exclusivement de restes de très petite taille (arêtes et vertèbres) et il est difficile de pousser la détermination jusqu’à l’espèce. La plupart des éléments retrouvés appartiennent à la famille des cyprinidés. Une vertèbre peut être attribuée au brochet. Le petit nombre de taxons recensés donne une image assez vague du milieu qui a pu être exploité. L’association de cyprinidés et du brochet laisse cependant penser à une rivière large à courant plutôt lent (Sternberg 1996).
Restes et alimentation
60Si les restes sont le reflet exact de l’alimentation globale des habitants du site, on peut affirmer que l’alimentation carnée reposait presque exclusivement sur les espèces domestiques. Les pièces de grand gibier, cerf ou sanglier, sont rares. De plus, les petites espèces facilement capturées, comme les oiseaux ou les lièvres, sont inexistantes. Les tamisages de sédiment ne les ont pas davantage révélées que le ramassage manuel. Seule la cistude semble avoir été, au moins occasionnellement, ramassée au Bronze ancien. On peut en conclure, et l’affirmation reste valable pour chacune des trois périodes d’occupation, que les animaux domestiques suffisaient à l’approvisionnement en viande in situ. Les équidés et les chiens ont pu y participer, mais du fait de leur faible nombre de restes et de l’absence de traces sur leurs os, on peut parler du caractère anecdotique d’une telle consommation, si elle existe (Ellenberger, Baum 1977).
61Pour toutes les phases chronologiques, la transcription des poids d’ossements ou des nombres minimum d’individus (Columeau 1991) des espèces de la triade domestique en quantités de viande se traduit par la prédominance des bovins dans l’approvisionnement en viande : de 60 à 80 % suivant les ensembles. Les participations respectives des ovicaprins et des porcins fluctuent selon la méthode : elles se résument à 5 à 10 % pour les ovicaprins, à 15 à 20 % pour les porcins. Les valeurs globales du Bronze ancien et du Bronze final sont très proches.
La faune du site dans le contexte régional et de l’âge du Bronze
62Les sites des âges des Métaux dont les vestiges fauniques ont été étudiés sont rares autour de Lyon et souvent ils pèchent par une grande pauvreté en nombre de restes. Pour cette enquête, il est sous‑entendu que tous les gisements sont dans la même situation de production de déchets, c’est‑à‑dire de consommation.
63Au niveau de la composition globale de la faune, T. Poulain (1976) n’a pu recueillir aucune donnée zoologique sur la région Rhône‑Alpes. Dans la région limitrophe au nord, Bourgogne/Franche‑Comté, le nombre minimum d’individus montre une dominante bovine au Chalcolithique et au Néolithique, porcine au Bronze final et au Hallstatt. Le site du Boulevard périphérique nord montre une légère dominante bovine au Bronze ancien et une quasi‑égalité des trois espèces au Bronze final : le mouvement de substitution du porc au bœuf se retrouve donc, mais fortement atténué. Aucune affinité ne s’avère avec le monde méditerranéen où abondent les ovicaprins.
64Actuellement le nombre de restes est le plus employé dans les comparaisons inter‑sites. Les trois sites de la plaine de Vaise attribués au Bronze ancien (Gorge de Loup, Lyon/ carré Saint‑Pierre et Boulevard périphérique nord) accordent un fort pourcentage au bœuf. La position des deux autres espèces est contrastée.
65Au Bronze final, les données sont un peu plus abondantes. Meyzieu et Gorge de Loup fournissent un nombre égal de restes de porcs et de bœufs et peu de restes d’ovicaprins. Au contraire, Vénissieux privilégie ces derniers. Ces deux groupes se distinguent nettement de notre ensemble du Bronze final, il est vrai plus précoce. Un petit lot osseux (147 restes) du site du Bronze final de Saint‑Priest/ZAC des Perches (Forest 1996) accorde une place identique aux trois taxons de la triade domestique. Aucune image régionale ne se dégage dans la gestion des espèces domestiques. En revanche la chasse semble réduite sur tous les sites. Les chiens et les équidés se rencontrent dans trois sites sur quatre. Partout les restes d’oiseaux sont rares, sans que les conditions de conservation paraissent jouer un rôle déterminant.
66Les sites littoraux suisses du Bronze final (Studer 1990) se caractérisent par une abondance des restes d’ovicaprins, ce qui diffère totalement de Lyon. Faut‑il y voir la traduction de l’éloignement géographique et/ou chronologique, qui entraîne une rupture des faciès archéologiques ?
6.3.1.3 Les chaînes de traitement
67Les restes végétaux et animaux nous ont permis jusqu’ici d’appréhender la nature des ressources produites ou exploitées à des fins alimentaires, et, de façon très incomplète, la part relative de ces ressources dans l’équilibre alimentaire. La question des modalités d’exploitation de ces ressources reste à aborder. Elle ouvre de nouvelles perspectives qui concernent le degré de sophistication des techniques agricoles et d’élevage, et l’organisation des structures de production, avec ses implications sociales. La restitution intégrale des chaînes de production/consommation, qui sous‑entend l’identification de chaque étape de traitement et l’étude de son insertion dans l’ensemble des activités de la communauté, est largement hors de notre portée. Pourtant certains indices nous permettent de poser quelques jalons d’un intérêt non négligeable.
Cultures et préparation des produits végétaux
68Vraisemblablement localisés sur le versant, et, au Bronze final, sur la plaine elle‑même, les champs sont peut‑être délimités par des haies. La fréquence des adventices identifiées dans les prélèvements effectués laisse supposer une certaine pollution des champs par les mauvaises herbes. Mais on dispose de très peu d’éléments sur les techniques culturales elles‑mêmes, aucun instrument agricole n’ayant été retrouvé.
69Étant donné les contextes étudiés, il est d’autre part impossible de mettre en relation stricte des groupes d’adventices et des plantes cultivées, et donc difficile de juger des périodes de semis. Le groupe des espèces messicoles est lié aux champs de céréales, principalement aux semis automnaux. Ce groupe semble uniquement concerner les blés et les orges. Des semis printaniers sont toutefois possibles pour ces deux céréales. Les mauvaises herbes des cultures sarclées sont liées à cette pratique culturale mais aussi aux semis printaniers. Les cultures de légumineuses (notamment la fève), de millet, toujours semé au printemps et même éventuellement d’orge ou de blé sont très susceptibles de constituer les milieux d’origine de ce groupe. Il faut enfin garder à l’esprit que les champs de céréales semés à l’automne peuvent également avoir profité d’un sarclage. Cette technique culturale a déjà été envisagée pour la Préhistoire (Lundström‑Baudais 1986 ; Marinval 1988). Dans ce cas, la flore d’adventices d’automne (messicoles) serait remplacée, au moins partiellement, par le cortège printanier.
70Plusieurs espèces, identifiées dans les différents ensembles chronologiques, semblent témoigner de l’existence de prairies. Ces plantes peuvent provenir de pelouses naturelles ou d’autres types de milieux ouverts. Cependant, les travaux menés par C. Jacquat (1989) sur le village du Bronze final d’Hauterive‑Champréveyres, portant sur un ensemble de semences bien plus conséquent que le nôtre, semblent bien montrer l’existence de prairies exploitées par l’homme. Malgré une documentation réduite, l’hypothèse peut être conservée pour l’habitat du Bronze lyonnais.
71Les données sont plus pauvres encore concernant la récolte des céréales. Toutefois l’une des rares associations fiables rassemble des taxons (Avena, Lolium cf. Temulentum, Polygonum aviculare, Chenopodiaceae) s’accordant tous à une coupe haute de l’amidonnier ; à savoir que ces plantes poussent obligatoirement ou potentiellement à des hauteurs élevées (plus de 50 cm). Une coupe haute des céréales limite le stock d’adventices récoltées aux espèces de taille suffisante et réduit ainsi la pollution des récoltes.
72La présence fréquente d’éléments d’épillets (furca et bases de glumes) nous a poussés à tenter d’exploiter ces vestiges dans le but d’éclairer les pratiques liées au nettoyage des blés vêtus. L’extrême rareté des refus de nettoyage issus d’autres plantes cultivées n’a pas permis d’aborder le traitement de ces taxons. Les techniques de battage et de nettoyage des blés vêtus ont été étudiées par G. Hillman (1984) en Turquie, dans une perspective paléoethnobotanique. D’après les quelques connaissances dont on dispose à propos du nettoyage des blés vêtus dans les systèmes agricoles traditionnels d’Europe, ces techniques sont peu susceptibles d’avoir différé de manière importante du modèle turc. Les étapes fondamentales et inamovibles du schéma de Hillman sont les suivantes :
– la récolte subit d’abord un battage puis un premier nettoyage, par vannage et/ou tamisage. Ces étapes produisent des déchets constitués par des fragments de paille, des barbes, des capsules et des semences d’adventices. Ces éléments ne sont qu’en partie brûlés, donc conservés, dans les sites archéologiques ;
– les blés sont stockés à l’issue de cette première phase, sous forme d’épillets ;
– avant consommation, les épillets sont décortiqués, généralement après grillage, afin de faciliter l’enlèvement des enveloppes. Les opérations de nettoyage qui suivent le décorticage produisent des déchets constitués de balle légère (enveloppes), de barbes, de mauvaises herbes de toutes tailles, de nœuds, de tiges, de grains mal formés, et de l’ensemble des furca et des bases de glumes. L’intégralité de ces déchets est généralement brûlée.
73Des éléments d’épillets ont été découverts fréquemment sur le site, dans tous les secteurs et pour toutes les phases chronologiques. Cependant, ces éléments participent généralement d’échantillons pauvres en restes ne permettant pas l’élaboration de calculs.
74Deux ensembles carpologiques datés du Bronze final sont par contre beaucoup plus intéressants sur le plan de l’étude des rejets de nettoyage. Les graphiques de la figure 169 résument la composition de ces ensembles. Certains restes qui ne semblent pas pouvoir être liés au traitement des céréales (glands) ou dont la quantification est délicate (fragments de tiges et de feuilles de graminées) ont été écartés du calcul. Afin d’approcher plus précisément la réalité botanique, le nombre de fragments de caryopses de céréales a été divisé par deux et le nombre de furca d’amidonnier multiplié par deux. Les deux échantillons sont largement dominés par l’ensemble des éléments d’épillets (furca et bases de glumes) qui représentent respectivement 91 et 95 % des restes. Selon le schéma opératoire de Hillman, un ensemble dominé par cette catégorie de restes ne peut provenir que du nettoyage postérieur au décorticage. À partir de ses travaux, basés uniquement sur le matériel archéologique, Dennell (1974) parvient à la même conclusion. On peut donc considérer que ces deux ensembles du Boulevard périphérique nord sont directement liés au décorticage des blés vêtus.
75Où étaient effectués ces différents traitements ? En l’absence d’une image claire de l’organisation de l’espace dans les habitats, il est difficile d’être catégorique. Mais quelques observations autorisent toutefois la formulation de rudiments de réponse. La localisation des rejets de graines carbonisées nous fournit des bases de réflexion. Une forte dispersion globale apparaît, mais certains ensembles se détachent nettement, à la fois par la densité des restes qu’ils ont livrés et par leur spectre carpologique.
76À la phase initiale du Bronze ancien, les céréales sont majoritaires dans tous les dépôts (fig. 170). Une fosse‑dépotoir se distingue par l’importance quantitative des restes végétaux : dans son remplissage principal, on dénombre 8 716 restes (pour 30 l de sédiment), dont 5 650 de millet et 2 106 de fèves. Le matériau sédimentaire est homogène et n’a livré aucun élément de mobilier. Le dépôt, rejet vraisemblable, est probablement directement en relation avec une zone de traitement de ces produits. Si l’on admet une quasi‑contiguïté entre aire de traitement et fosse de rejet, on constate que la première pourrait être localisée en bordure du flanc du bâtiment supposé (cf. supra § 3.3.1).
77L’horizon supérieur du Bronze ancien a livré un nombre plus conséquent d’ensembles carpologiques (fig. 171). À une exception près, on remarque que les ensembles présentant les densités de graines les plus fortes se trouvent dans l’entourage très immédiat du bâtiment supposé (cf. supra 3.3.1). La plupart des ensembles présentent un spectre carpologique consacrant une légère prédominance des céréales sur les plantes de cueillette, les autres catégories étant représentées, sauf exception, de façon anecdotique. Deux structures parmi les plus riches contredisent toutefois ce modèle : une petite fosse a livré 1817 fragments de fèves (pour 7 1 de sédiment), l’autre 2 171 fragments de glands (pour un total de 2 343 restes). Le remplissage de la première structure, riche en charbons de bois, a été interprété comme vidange de foyer ; la présence des fèves carbonisées témoigne sans doute d’une activité de torréfaction. Le cas de la seconde structure est plus énigmatique, puisque la conservation des glands semble s’être faite, en règle générale, sans traitement thermique préalable (Jacquat 1989).
78Au Bronze final, les ensembles carpologiques, à l’image des structures anthropiques, sont plus dispersés. Pour la majorité d’entre eux, les céréales s’avèrent largement prédominantes (fig. 172). Une fosse‑silo se distingue toutefois par l’abondance des fragments de glands : 1911 pour 2 137 restes et 44 1 de sédiment. Trois comblements distincts remplissent la fosse. Le matériel carpologique est réparti entre le dépôt de fond de fosse, le plus riche, et le dépôt supérieur. La couche médiane, stérile, semble marquer une rupture dans le processus de remplissage de la structure. On peut en déduire que la fosse a servi à plusieurs reprises à l’évacuation de déchets provenant d’une aire où les glands étaient traités. Cette répétitivité supposée laisse envisager l’existence d’au moins une zone spécifiquement dédiée à cette tâche. Deux autres structures méritent d’être mentionnées : elles ont fourni les ensembles carpologiques évoqués plus haut car caractéristiques du décorticage des blés vêtus. L’analyse spatiale nous laisse peu de certitudes en cette zone de l’emprise de fouille très morcelée, mais il semble que ces deux structures sont localisées sur une marge de l’habitat stricto sensu. Cette situation paraît quelque peu atypique, puisque de fortes probabilités existent pour que l’opération soit menée au quotidien, en association avec la préparation des aliments. Les éléments d’épillets trouvés dans la partie principale de l’habitat s’accordent d’ailleurs avec cette hypothèse. Ces deux lots périphériques représentent‑ils uniquement le rejet de déchets produits ailleurs (dans la partie centrale de l’habitat ?), ou sont‑ils le reflet de décorticages exceptionnels (décorticage massif après récolte ou autre) ? La documentation archéologique afférente à la zone périphérique est trop réduite pour permettre d’apporter des réponses à ces questions.
79Le stockage des denrées alimentaires a déjà été indirectement évoqué au travers du développement de plusieurs thèmes : interprétation des structures en creux, analyse fonctionnelle de la céramique. Plusieurs modes de stockage sont attestés : le stockage en fosse‑silo est le seul prouvé pour le Bronze ancien. Au Bronze final, il est toujours présent mais semble partiellement relayé par la conservation en jarres semi‑enterrées. Pour toutes les périodes, le doute subsiste par contre quant à l’existence de greniers surélevés.
80Les conditions des abandons successifs du site n’ont pas permis de retrouver des denrées alimentaires en contexte de réserve : jarres et silos ont vraisemblablement été soigneusement vidés à l’occasion de chaque départ. Il est donc impossible d’établir un lien entre les différents produits identifiés et les structures de stockage. Ce stockage paraît spatialement disséminé, quelle que soit la phase chronologique concernée. Dans la mesure où nous n’avons pas étudié la totalité de l’habitat et de ses abords, on ne peut toutefois pas totalement exclure l’existence de zones de stockage collectives, connues par ailleurs (Audouze, Buchsenchutz 1989 : 257 sqq.).
81Nous nous trouvons enfin dans une ignorance quasi absolue en ce qui concerne l’extrémité de la chaîne de traitement, à savoir les préparations culinaires elles‑mêmes. Les restes alimentaires font défaut et les récipients céramiques participant de cette étape n’ont pu être identifiés avec certitude. Le seul indice réside dans la morphologie des vases vraisemblablement destinés au service de table (cf. supra § 4.2.3) qui sous‑entend une nourriture composée d’aliments semi‑liquides ; bouillies et soupes, à base de céréales, glands et fèves, mélangées à de la viande ou du poisson, constituaient sans doute le menu quotidien, comme dans la plupart des gisements de cette époque (Jacquat 1989).
Restes et élevage
82On ne peut aborder le problème de l’élevage qu’en établissant l’ensemble de postulats suivant :
– les occupants du site vivent en autarcie, c’est‑à‑dire qu’ils ne consomment que ce qu’ils produisent, qu’ils n’exportent pas, ni n’importent.
– ils occupent le site pendant au moins une année pleine.
– leur gestion de troupeaux est équilibrée, c’est‑à‑dire que ces troupeaux ne sont ni en expansion, ni en diminution.
83En effet, les mortalités, qui constituent le principal pôle d’investigation, sont dépendantes de ces états : par exemple dans un troupeau en expansion, les jeunes animaux ne sont pas sacrifiés mais amenés systématiquement à l’âge adulte. Cette conjoncture pourrait être celle du site puisqu’il y a très peu de restes infantiles consommés, veaux, porcelets, ou agneaux. Si les veaux sont de toute manière généralement rares sur tous les sites anciens, l’absence de porcelets, agneaux ou chevreaux, plus fréquemment consommés, interroge. Les conditions de conservation en sont‑elles responsables ? Les squelettes de tout jeunes animaux morts spontanément sont bien conservés. Les traces de dents de détritivores sont rares sur les os. S’ils ont été efficaces, tout a pu être systématiquement avalé. Mais il aurait été logique alors de retrouver des restes dans les ensembles clos. On peut aussi envisager une occupation saisonnière du site : les animaux domestiques primitifs mettent bas à la fin de l’hiver ou au début du printemps : si les occupants ne sont plus là dans les mois qui suivent, les infantiles ne figureront pas dans le régime.
84Dans le cas d’une gestion équilibrée, le fait que les animaux soient en majorité abattus à des stades d’adultes jeunes ou en pleine maturité semble indiquer qu’ils sont élevés comme des « garde‑manger sur pied ». Cette vocation des élevages n’est sûrement pas la seule puisque la présence de vieux animaux témoigne de la fourniture probable d’autres services, tels le lait, la laine, le trait, etc., et aussi de capacités reproductrices pour le renouvellement du troupeau.
85Cet élevage ne devait pas être très ciblé mais polyvalent. Cette idée de polyvalence pourrait être renforcée par l’équilibre qui ressort en nombre de restes, et, notamment au Bronze final, entre les espèces de la triade domestique. D’autre part, il subvient correctement à la consommation carnée puisqu’il n’y a pas nécessité d’aller se procurer de la viande par la chasse.
86Sans qu’on puisse en évaluer l’importance, une exploitation du milieu fluvial est mise en évidence. L’effectif de restes de poissons retrouvés est faible, mais la taille de ces restes suggère une pêche de petits spécimens, correspondant davantage à l’utilisation de filets que celle de lignes. La cistude y est aussi capturée.
87Au sein des espèces de la triade domestique, toutes les parties du corps sont plus ou moins présentes. On peut considérer qu’elles ont toutes à un moment donné transité par le site : il n’y a pas eu de véritable sélection initiale. Les animaux semblent abattus et découpés à proximité. Seules exceptions, les vertèbres et les côtes, non retrouvées, doivent être écartées assez rapidement, ou suivent un autre circuit de préparation/consommation. Les quelques traces observées ne permettent pas de restituer un schéma de partage du corps de l’animal.
88Bien que globalement aucune répartition osseuse très particulière n’ait pu être établie, quelques structures possèdent une histoire singulière. Certaines ont abrité les squelettes de jeunes animaux morts naturellement : ils n’ont pas été consommés. Ces ensembles clos ont par leur nature protégé la matière osseuse fragile des processus naturels de dégradation. Par exemple un silo recelait un porcelet et les restes d’un micromammifère et de quelques batraciens (intrusifs ?). Certaines fosses ont reçu les déchets d’une activité très ponctuelle. Ainsi les fosses voisines 94.1‑655 et 94.1‑650, du secteur nord (horizon supérieur du Bronze ancien), ont semblé avoir recueilli simultanément les restes de découpes de pièces de bovins. Cette idée est confortée par la présence simultanée et exclusive de restes de cistude dans ces deux structures.
89Au contraire, la berge du paléochenal du secteur nord, qui aurait a priori pu servir de dépotoir spécialisé, c’est‑à‑dire recueillir des organes dont on ne voulait pas dans les zones de circulation, ne contient pas de pièces très différentes de celles des autres structures du Bronze final, à l’exception d’une tête entière de bovin. Ainsi les déchets encombrants comme les côtes et les vertèbres, notamment des bovins car elles sont plus volumineuses et par là plus difficiles à faire disparaître, ne figurent quasiment pas dans l’inventaire des organes squelettiques du dépotoir.
90On peut en dernier lieu signaler la présence anecdotique d’une calotte crânienne humaine ayant subi un début de carbonisation, dans le remplissage d’une fosse du Bronze final.
6.3.2 Autres activités de production
91De façon générale, la fouille n’a pas permis une perception suffisamment claire de l’organisation du site pour que soient mises en évidence des aires de travail « artisanal » au sein de l’espace bâti.
92Aucune structure en rapport avec la métallurgie n’est attestée sur le site. Toutefois, parmi les vestiges mobiliers, un fragment de tuyère en terre cuite rejeté dans une fosse du Bronze final I suggère l’existence de fourneaux de fonte de minerai. Il s’agit du seul indice pouvant laisser envisager une production métallurgique sur le gisement. Si c’est le cas, on peut supposer que le (ou les) site(s) de production se trouve (nt) hors emprise de fouille, peut‑être pour des raisons de commodité d’accès aux ressources nécessaires (eau et/ou bois) au traitement de la matière première.
93La fabrication de la poterie soulève des problèmes différents ; au vu des caractéristiques des productions, il est évident que cet art impose moins de contraintes techniques que la métallurgie et nécessite donc moins de compétence. On suppose pour ces périodes que la céramique est produite non pas par des artisans professionnels, mais dans un cadre domestique. Ce qui implique l’association systématique entre habitat et « ateliers » de potiers.
94Le seul indice de la fabrication de céramique est constitué par deux pains d’argiles découverts dans une fosse du Bronze final I, probablement brûlés accidentellement. Aucune structure et aucun espace pouvant être associés au traitement n’a pu être mis en évidence, ce qui fait supposer une implantation au moins partiellement délocalisée de la chaîne de fabrication.
95Pour les trois phases chronologiques, la céramique elle‑même est le meilleur témoignage dont nous disposons sur l’activité de la poterie. La compétition entre matériaux est difficile à apprécier : nous ignorons tout des contenants fabriqués avec des denrées périssables : cuir, bois, vannerie... Malgré tout, l’importance quantitative des fragments de poterie et la grande diversité des tailles et formes de récipients, notamment pour l’horizon du Bronze final, permettent de penser qu’il s’agit d’un produit omniprésent dans le cadre domestique. La diversité des aspects, couleurs, pâtes, est induite par une forte variabilité technique évidente. Les expériences menées sur la composition géochimique d’une série de pièces (cf. supra § 4.2.4) nous ont permis de préciser quelque peu les conditions de fabrication. La très médiocre qualité des argiles trahit l’absence de véritable extraction organisée et sélective. La variabilité extrême de ces argiles indique la multiplicité des sources d’approvisionnement ; l’exploitation est de toute évidence opportuniste et non rationalisée. Le croisement des données technologiques et typologiques montre par ailleurs l’absence de corrélation entre les pâtes et les groupes de formes. Il semble qu’une même argile (avec éventuellement une variation dans le dosage de dégraissant) soit utilisée pour la confection de l’ensemble de la gamme de récipients, depuis les petits gobelets cannelés jusqu’aux grands vases de stockage. L’ensemble de ces constats accrédite l’hypothèse d’une fabrication marginale mise en œuvre dans un cadre domestique. Aucune production « de luxe », pouvant faire supposer l’existence de potiers professionnels, ne se détache. Il semble par conséquent exclu que la céramique participe aux échanges, sinon à un niveau très local. Enfin, on peut remarquer que ce statut d’activité annexe semble vérifié par l’observation faite des décors digités ; dans la quasi‑totalité des cas, les empreintes témoignent en effet par leur petite taille du travail de femmes et/ou d’enfants.
6.4 Essai d’analyse territoriale
6.4.1 L’habitat et son site catchment area
6.4.1.1 Les modèles théoriques
96La restitution, même partielle, des paysages et des activités de subsistance conduit à aborder la notion de territoire, c’est‑à‑dire l’espace que le groupe humain s’est approprié pour y exercer l’ensemble des activités nécessaires à sa survie. Les caractéristiques de ce territoire, à savoir son extension et son organisation, dépendent de divers paramètres au premier rang desquels il convient de citer l’importance démographique du groupe humain concerné et le contexte topographique de l’implantation. Toutefois, les anglo‑saxons ont montré qu’au‑delà de ces données, la définition du site catchment area répondait à quelques règles dictées par la loi de la rentabilité de l’eftort et donc du moindre déplacement. Chisholm (1968) constate que dans les sociétés agricoles, la distance moyenne de la terre cultivée est fréquemment de l’ordre d’un kilomètre et s’étend rarement à plus de 3‑4 km du noyau d’habitation. « Au‑delà de cette limite, le coût du travail devient tel qu’il impose une radicale modification du système de cultures ou de peuplement ; par exemple par l’établissement de points d’implantation annexes. » (Allison, Harris 1972.) Ainsi, quelle que soit l’importance du groupe considéré, « l’essentiel de l’activité vivrière des sociétés agricoles se situe dans un cercle [...] de 1 heure de marche » (Gallay 1986). Dans le cas qui nous intéresse, à savoir celui d’une société pratiquant à la fois l’agriculture, la cueillette et l’élevage, le même auteur propose la distinction entre un noyau central, pleinement exploité, et une sphère extérieure où s’exerce la prédation. Dans une étude récente, Garcia et Orliac proposent, dans le cadre de l’analyse du territoire d’habitats protohistoriques, la prise en compte d’une première limite correspondant au territoire situé à moins de 10 minutes de marche du lieu habité, un temps de parcours d’une heure marquant une seconde limite (Garcia, Orliac 1990).
6.4.1.2 Les contraintes géographiques
97La transposition de ce modèle théorique aux habitats du Boulevard périphérique nord exige la prise en compte préalable des particularités géographiques du site, susceptibles d’avoir fortement influencé la structuration du territoire.
98Le franchissement plus ou moins fréquent ou régulier du cours de la Saône n’est pas à exclure. Cependant, il est difficile d’imaginer une mise en valeur de la rive gauche, d’une part en raison des contraintes imposées par ce franchissement, d’autre part en raison de la proximité du versant escarpé de la colline de Caluire. Sauf à envisager l’existence, improbable, d’une occupation temporaire délocalisée sur la berge gauche, on peut donc considérer le cours de la Saône comme limite à l’extension territoriale des habitats du Boulevard périphérique nord.
99Le versant du plateau de la Duchère ne constitue en revanche pas un obstacle majeur au développement de ce territoire. Les habitats s’inscrivent par ailleurs tous deux, ce n’est sans doute pas une coïncidence, sur le tronçon de versant offrant la meilleure accessibilité, L’ascension jusqu’au plateau, sur une distance de 500 m et avec un dénivelé de l’ordre de 80 m, est donc possible moyennant un surcroît de temps et d’effort modéré.
100L’impact du talweg du secteur nord est plus difficile à estimer. On a vu qu’il constitue au Bronze final la limite d’extension de l’habitat stricto sensu. Représente‑t‑il pour autant un sérieux obstacle à la circulation et donc à l’exploitation des terrains sis au‑delà de sa berge nord ? On peut en douter si l’on considère la largeur réduite des chenaux qui le composent et leur faible encaissement par rapport à la berge. Les caractéristiques des dépôts alluviaux attestent un fonctionnement pérenne lié à la présence d’une source. De fortes irrégularités de débit en période de forte pluviosité sont probables, comme en témoigne le gabarit de certains matériaux transportés, et durant ces épisodes, le franchissement du chenal a pu s’avérer toutefois temporairement difficile.
101Un peu plus au nord, le talweg de Rochecardon présente un aspect différent. Large de près de 10 m, il entaille profondément le versant. Il a probablement peu changé depuis l’âge du Bronze et devait constituer à cette époque un obstacle important.
6.4.1.3 Les potentialités économiques
102Les données paléoenvironnementales ont révélé une économie fondée sur les activités de culture, d’élevage et de cueillette, la chasse n’apparaissant en revanche que de manière anecdotique. Cette diversité doit être mise en relation avec la variété des zones écologiques identifiables à proximité de l’habitat.
103Au pied du versant, la plaine alluviale, bien qu’on ignore son aspect exact, constitue certainement un milieu très humide, occasionnellement inondé (Vérot‑Bourrély et al. 1995). Elle se prête mal à une mise en culture « intensive » et paraît plutôt favorable à la pâture. Au Bronze final I, l’apparente intensification de l’exploitation de la ripisylve témoigne peut‑être d’une évolution des modalités d’utilisation de cet espace. D’autre part, rappelons que la rivière elle‑même est intégrée dans le « terroir » de l’habitat comme zone de pêche, l’importance de son rôle restant toutefois difficile à évaluer.
104Le versant paraît être le milieu le plus favorable à une exploitation agricole. À proximité immédiate de l’habitat, il est à l’abri des épisodes de crues susceptibles d’affecter la plaine. La pente, globalement douce, ne semble pas devoir constituer un handicap majeur.
105On a précédemment émis l’hypothèse d’une couverture forestière persistante sur le plateau de la Duchère. Sa bordure, située à quelques centaines de mètres de l’habitat, a pu servir de zone de cueillette de glands, voire de pâture pour le petit bétail.
6.4.1.4 Propositions de schéma d’organisation des territoires
106L’examen rapide de ces potentialités nous permet de proposer un schéma, certes simpliste, de l’organisation des environs immédiats du site (fig. 173). Fixons à cette aire d’exploitation maximale un rayon de 10‑15 mn de marche environ, soit 1 km en terrain plat ; elle est limitée au nord et à l’est par le cours de la Saône et le ruisseau de Rochecardon. Elle se développe sans obstacle vers le S‑O et empiète sur le plateau de la Duchère.

FIG. 173 – Implantation humaine dans la plaine de Vaîse au Bronze ancien et au Bronze final I, et cartographie des potentialités économiques (topographie actuelle).
107Près de la moitié de l’espace couvert par ce territoire est occupé par la plaine alluviale, sur une surface d’une centaine d’hectares. Cette superficie semble largement excéder les besoins de l’élevage, même pour l’habitat groupé du Bronze final. La part du versant couvre quant à elle une soixantaine d’hectares. Il est admis (Gallay 1986 : 267) qu’avec de bonnes terres, une surface agricole de 15‑18 ha suffit à assurer la subsistance d’une vingtaine de personnes.
108Cet effectif de 20 personnes semble constituer un grand maximum pour les établissements ruraux identifiés au Bronze ancien (Brun, Pion 1992). Il convient dès lors d’admettre qu’à cette époque moins d’un tiers de ce versant est exploité, en tout cas de façon permanente. Pour le Bronze final, il nous est impossible d’évaluer avec fiabilité la population de l’habitat groupé. Quatre cellules architecturales ont été révélées par la fouille ; si l’on suppose que chacune correspond au foyer d’une famille nucléaire de 6‑8 individus, l’effectif minimal à considérer est de 24 habitants. Inversement, l’exploitation des 60 ha de versant situés aux environs immédiats de l’habitat pourrait permettre, selon le même modèle théorique, l’alimentation de près de 80 personnes. Le recours hypothétique à une mise en valeur agricole de la plaine à cette époque pourrait traduire le dépassement de cet effectif et la saturation des capacités de production du versant. Prenons cependant bien conscience du caractère extrêmement réducteur de ces calculs qui ne livrent en tout état de cause que des hypothèses de travail bien fragiles.
109Au‑delà de cette zone d’exploitation maximale des ressources, on peut définir une seconde aire de 3‑4 km de rayon, utilisée de façon plus ponctuelle pour les activités de cueillette, de prédation et de collecte de bois. Ce territoire couvre la totalité de la plaine de Vaise et déborde largement sur les plateaux environnants. Il est difficile de caractériser plus précisément cet espace, mais sa prise en compte est essentielle à la compréhension des relations entre communautés concurrentes.
6.4.2 Le peuplement local : les hypothèses d’intégration territoriale
110La place des établissements du Boulevard périphérique nord de Lyon au sein du tissu de peuplement local dépasse largement le cadre de l’étude des gisements eux‑mêmes. Les quelques observations souvent fragmentaires dont nous disposons sur les environs du site sont bien insuffisantes pour envisager une analyse approfondie de la trame d’occupation de la plaine et plus globalement de la région lyonnaise, et pour définir les grands axes de la dynamique de peuplement. Elles peuvent néanmoins contribuer à l’élaboration de quelques hypothèses de travail.
111Les données disponibles sont inégalement réparties sur la plaine de Vaise (fig. 173) : la moitié sud de celle‑ci a été la mieux explorée, avec une douzaine d’opérations. En revanche, la partie nord n’a donné lieu qu’à une seule observation, celle de la Place de Paris. Le versant qui borde la plaine a, quant à lui, fait l’objet d’interventions sur deux secteurs : au Boulevard périphérique nord de Lyon s’ajoute Gorge de Loup, au sud de la plaine, en contrebas de Trion. Enfin il est important de signaler qu’on manque cruellement d’informations sur les plateaux qui jouxtent la plaine : celui de la Duchère (sondages négatifs dans le quartier de la Sauvegarde) et de La Demi‑Lune.
112Les informations collectées à l’occasion de chacune de ces interventions sont de portée inégale. Les opérations liées à des projets immobiliers intéressant des surfaces limitées se prêtent mal à la caractérisation des occupations pré/protohistoriques, pour lesquelles l’approche spatiale est déterminante. Les opérations de grande envergure, au rang desquelles on peut compter Gorge de Loup, la rue du Docteur‑Horand et le Boulevard périphérique nord, constituent par contre des points clefs pour l’étude de l’évolution de l’occupation. C’est naturellement sur ces points que s’articule l’image que nous pouvons restituer de l’évolution du peuplement de la plaine.
113Au Bronze ancien, l’occupation est attestée sur 6 points de découverte, répartis sur les versants sud et nord et sur la plaine elle‑même. Toutes les découvertes n’ont pas fait l’objet d’une datation absolue et il est difficile de savoir si ces témoins intéressent une plage chronologique restreinte ou non ; seule l’asynchronie entre les occupations de Gorge de Loup et celles du Boulevard périphérique nord semble évidente. Des structures d’habitat sont vraisemblables sur la rue Sergent‑Berthet. Les autres points semblent plus témoigner d’une emprise anthropique marginale sur le milieu naturel. En revanche, les modifications du paysage sous l’impact des activités humaines semblent généralisées : des défrichements d’ampleur sont perceptibles par les spectres polliniques et/ou les données anthracologiques et pédologiques sur le Boulevard périphérique nord et Gorge de Loup (cf. supra § 6.2.5). Ces constats plaident pour une implantation humaine forte, probablement plus ancrée sur les versants que dans la plaine elle‑même qui donne l’image d’un milieu très humide.
114Pour le début du Bronze final, les données sont plus rares, ou, pour être plus exact, elles ne présentent pas le même caractère dispersé. L’implantation, plus concentrée, semble répondre aux mêmes conditions qu’au Bronze ancien : l’installation se fait en bas de versant, sur un milieu plus favorable que la plaine elle‑même, trop humide.
115À titre de comparaison, on peut noter que l’occupation du premier âge du Fer rompt avec ce schéma. L’habitat s’implante en effet dans la plaine, évitant seulement peut‑être les zones les plus basses. Ce choix semble au moins partiellement motivé par un assèchement relatif de celle‑ci.
116À une échelle plus vaste, englobant l’ensemble du site de Lyon et ses abords dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, l’examen des découvertes attribuables au Bronze ancien et au début du Bronze final met en évidence le caractère très lacunaire des données documentaires disponibles. De nombreux secteurs géographiques sont peu ou pas explorés. La source principale d’informations est constituée par les opérations d’archéologie préventive de grande ampleur, souvent associées à des projets d’aménagements routiers ou ferroviaires. Or ces aménagements empruntent fréquemment des couloirs naturels : vallée du Rhône, plaines de l’Ain et de la Saône. On constate donc, au niveau des découvertes, une surreprésentation de ces secteurs géographiques qui ne reflète peut‑être pas la réalité de la répartition des implantations humaines. On conçoit ainsi que la carte des points de découverte livre une image non seulement très fragmentaire, mais aussi déformée, de l’occupation régionale.
117Cette carte est particulièrement peu parlante pour le Bronze ancien. Hormis les quelques gisements de Lyon, tous localisés sur la plaine de Vaise, aucun site n’a été identifié dans la zone déterminée.
118Pour le Bronze final, 7 points sont à signaler (fig. 174) : structures d’habitats à Quincieux/La Terre de Vaux, à Jons/Les Batailles et à Corbas/Grandchamp ; découvertes plus ponctuelles à Lyon/rue Père‑Chevrier (niveau de sol et mobilier), La Boisse/Les Vernes (fosse), Communay (Les Razes ; zone de rejet) et Cailloux‑sur‑Fontaine/Les Alluets (mobilier céramique fin Bronze moyen/début Bronze final). Il est à remarquer que la plupart de ces découvertes sont à rattacher à des habitats de plaine. Il est malheureusement généralement impossible d’affirmer, au vu des surfaces fouillées, s’il s’agit d’habitats isolés, groupés, permanents ou temporaires, tous points importants pour la perception de l’organisation du peuplement. L’absence de mise au jour de zone funéraires est remarquable. Les cas de découverte d’un habitat et de la zone funéraire conjointe sont certes rares pour ces périodes, ces deux espaces étant presque systématiquement géographiquement déconnectés (Audouze, Buchsenschutz 1989). Il reste toutefois surprenant qu’aucune nécropole ou aucun monument funéraire n’ait pu être identifié. Cette lacune nous prive d’indices précieux tant pour l’appréciation de l’importance démographique des communautés que pour la recherche de clivages sociaux éventuels.
119Les observations effectuées sur le site du Boulevard périphérique nord semblent pour cette période accréditer l’hypothèse de l’existence d’un habitat dispersé en établissements ruraux d’importance restreinte. Ce schéma correspond à celui qui a pu être restitué pour certaines régions de l’Angleterre (Allison, Harris 1972 ; Burgess 1980) et a été transposé pour le Bassin parisien (Brun, Pion 1992). Cependant, force est de reconnaître qu’aucune découverte ne permet, pour la région lyonnaise, d’infirmer ou de confirmer cette hypothèse. La carte des découvertes montre une densité relativement forte de vestiges sur la plaine de Vaise et principalement sur la bordure de celle‑ci. Les datations absolues montrent toutefois la non‑contemporanéité des vestiges de Gorge de Loup, rattachés à la phase initiale du Bronze ancien, et de ceux du Boulevard périphérique nord. On peut donc douter de la présence dans la plaine, ou à ses abords immédiats, d’une implantation concurrente de celle du Périphérique nord. L’éloignement de tels centres ruraux est estimé à 3 km environ (Brun, Pion 1992). Une projection de ce modèle théorique suggère donc la présence éventuelle d’habitats concurrents aux emplacements suivants :
– sur le plateau de la Duchère, avec toutefois une diversité des milieux écologiques bien moindre, se traduisant peut‑être par un handicap économique ;
– au nord, le long de la Saône, au niveau de Saint‑Cyr‑au‑Mont‑d’Or, dans une situation relativement comparable à celle du Boulevard périphérique nord de Lyon ;
– au sud, le report d’une distance de 3 km à partir de Vaise projette sur la zone de confluence entre la Saône et le Rhône. Il est ici difficile d’établir le moindre pronostic étant donné le manque d’informations sur l’état de cette confluence au cours du Bronze ancien.
120Au Bronze final, le statut d’habitat groupé de notre gisement démontre en revanche l’existence d’un réseau d’habitat polarisé, dont la fonction pourrait être d’assurer la « distribution pour des biens que les fermes ne produisent pas » (Brun, Pion 1992). Cette hypothèse implique l’existence d’établissements ruraux « dépendants » de cet habitat, situés dans un rayon de 5 à 10 km (Finley 1973).
121Parmi les découvertes effectuées susceptibles d’intégrer cette unité territoriale, la plupart sont localisées en rive gauche de la Saône (Cailloux‑sur‑Fontaines) ou du Rhône (Lyon/rue Père‑Chevrier, Corbas, Communay). Outre une synchronie d’occupation difficile à établir (la phase typochronologique du Bronze final I couvre 2 à 3 générations), leur mise en relation avec l’habitat du Boulevard périphérique nord reste problématique en l’absence de données sur le rôle des rivières et l’existence éventuelle de points de contrôle de celles‑ci. Sur la rive droite de la Saône, l’habitat de Quincieux/La Terre de Vaux paraît trop éloigné (plus de 15 km) pour intégrer la même unité territoriale. Il s’agit vraisemblablement, sinon d’un habitat groupé concurrent, tout au moins d’un habitat dépendant d’un autre pôle.
Aperçu sur l’évolution du peuplement
122Les hiatus chronologiques observés dans l’évolution de l’occupation de la plaine de Vaise soulèvent d’autres questions. L’absence de développement continu de cette occupation sur un même site durant une longue période n’est pas en elle‑même surprenante ; le déplacement, à un rythme élevé (toutes les une ou deux générations) de l’habitat a en effet été mis en évidence sur nombre de sites, ce caractère temporaire semblant à la fois déterminé par des facteurs techniques (faible durée de vie des constructions sur pieux plantés) et des impératifs économiques (épuisement des sols et des ressources de bois). Mais se pose alors le problème de la recherche des chaînons manquants. Au Bronze ancien, la multiplicité des points de découvertes permet d’envisager l’hypothèse de déplacements de faible ampleur (peut‑être les occupations des versants S et N‑O se succèdent‑elles ?). Il n’en reste pas moins vrai que, si l’on considère une durée de 6 siècles pour la période, ce ne sont pas moins de 15‑20 habitats stricto sensu qui devraient se succéder. Avec jusqu’à présent deux sites d’habitat possibles, on est loin du compte. Partant du fait que près de 50 % de l’emprise du versant bordant la plaine ont été explorés, on est amené à admettre que l’occupation de cette dernière n’a vraisemblablement pas été permanente.
123Concernant les périodes antérieures et postérieures à l’occupation du Bronze final I du Boulevard périphérique nord, la même argumentation est plus frappante encore. Une communauté de l’importance de celle qui est pressentie sur le Boulevard périphérique nord n’a pu s’installer dans la plaine, ni sur la partie sud du versant, sans qu’aucun témoin n’ait été décelé. Les déplacements successifs de cette communauté ont donc dû se faire à plus grande échelle, menant celle‑ci soit plus à l’écart de la Saône, sur les plateaux (mais les avantages de la localisation en bas de versant se perdent), soit en aval ou en amont, sur des sites comparables.
Notes
1 Nous remercions par ailleurs pour leur concours S. Thiébault, N. Limondin et M. Sternberg.
2 Les ouvertures de tamis employées n’ont pas toujours été identiques. L’usage de mailles différentes pour les fractions grossières ne pose pas problème, par contre l’analyse carpologique, pour être complète, requiert pour le dernier tamis une ouverture minimale égale ou inférieure à 0,5 mm, ce qui n’a pas été le cas pour l’ensemble des échantillons traités. Il faut donc d’ores et déjà noter que certaines informations botaniques seront dans certains cas nécessairement amputées. La fraction 0,5 mm du tamisage livre une part importante des semences d’herbacées, ainsi que certains fragments d’éléments d’épis. La distorsion induite par le tamisage insuffisamment fin d’une minorité d’échantillons, provenant du secteur nord (moitié sud) et du secteur sud, gênera donc l’approche écologique des cultures et du milieu environnant, et, dans une moindre mesure, l’étude des rejets de nettoyage de céréales.
Table des illustrations
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Légende | FIG. 162 – Résultats des analyses anthracologiques effectuées sur des prélèvements de la stratigraphie classique, horizon A1b. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 38k |
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Légende | FIG. 163 – Fréquences relatives des principales essences au Bronze ancien. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 23k |
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Légende | FIG. 164 – Spectres polliniques simplifiés des échantillons du Bronze ancien (talweg). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 25k |
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Légende | TABL XXIV – Analyse pollinique de deux échantillons de l’âge du Bronze ancien et d’un échantillon du Bronze final. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 67k |
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Légende | FIG. 165 – Fréquences relatives des principales essences au Bronze final I et confrontation avec le Bronze ancien, niveau supérieur. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 25k |
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Légende | FIG. 166 – Spectre pollinique simplifié du prélèvement du Bronze final (talweg). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 11k |
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Légende | TABL. XXV – Gorge de Loup et Boulevard périphérique nord de Lyon : confrontation simplifiée des données paléoenvironnementales et chronologiques. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 89k |
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Légende | TABL. XXVI – Identifications carpologiques par période. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 223k |
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Légende | FIG. 167 – Fréquence des plantes cultivées, en %, selon la période. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 33k |
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Légende | FIG. 168 – Fréquence des glands, fragments de noisettes et graines de sureau, en %, selon la période. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 11k |
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Légende | TABL. XXVII – Nombre de restes fauniques par espèce et par horizon chronologique. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 18k |
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Légende | FIG. 169 – Composition de l’ensemble carpologique des fosses 94.9‑308 et 94.10‑31. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 23k |
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Légende | FIG. 170 – Synthèse des données carpologiques, horizon inférieur du Bronze ancien. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 68k |
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Légende | FIG. 171 – Synthèse des données carpologiques, horizon supérieur du Bronze ancien. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 80k |
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Légende | FIG. 172 – Synthèse des données carpologiques, Bronze final. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 74k |
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Légende | FIG. 173 – Implantation humaine dans la plaine de Vaîse au Bronze ancien et au Bronze final I, et cartographie des potentialités économiques (topographie actuelle). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-16.jpg |
Fichier | image/jpeg, 193k |
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Légende | FIG. 174 – Les gisements du Bronze final I en proche région lyonnaise. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/44213/img-17.jpg |
Fichier | image/jpeg, 64k |
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