Chapitre 1. Introduction
Esquisse historique sur l’agglomération gallo‑romaine de Roanne
1 Einführung Geschichtlicher Abriβ der gallorômischen Siedlung von Roanne
1 Introduction A historienl outline of the gallo‑roman small town of Roanne
p. 15‑45
Résumés
Le nom de l’agglomération antique située à l’emplacement de Roanne, Rodumna, est connu par la Géographie de Ptolémée (2, 8, 11), qui la mentionne à côté de Forum Segusiavorum (Feurs) comme ville des Segusiavi (fig. 1). Roanne (sous la forme Roidomna) est également une étape sur un itinéraire joignant Lugdunum à Augustonemetum (Clermont‑Ferrand), consigné sur un autre document d’origine antique, la Table de Peutinger (fig. 2).
Les premières mentions modernes d’antiquités dans le sous‑sol de Roanne datent seulement de la fin du xviie s. (La Mure 1674). La connaissance du bourg antique n’a véritablement progressé qu’à partir des années 60. Une politique d’intervention systématique est mise en place à partir du début des années 80 par le service régional de l’Archéologie et suscitera notamment une fouille très importante en 1987 (dans l’enceinte de l’institution Saint‑Paul ; Guilhot et al. 1992).
L’agglomération est située sur la rive gauche de la Loire, à l’extrémité sud d’un bassin d’effondrement tertiaire (la plaine du Roannais). Elle s’étend suivant une ligne parallèle au lit de la Loire, qui la borde du côté est (fig. 3) ; à l’ouest s’étale une vaste zone marécageuse. On ignore si le fleuve était déjà utilisé dans l’Antiquité. En revanche, Roanne est le carrefour de plusieurs itinéraires terrestres fréquentés dans l’Antiquité : de Lyon à Vichy, de Roanne à Autun, de Roanne à Feurs, pour rejoindre la voie d’Agrippa (de l’Atlantique à Lyon) et de Roanne à Montbrison pour rejoindre la voie de Rodez.
L’établissement de la carte archéologique de l’agglomération est un préliminaire indispensable à son étude. Le paragraphe 1.5 en donne les résultats.
Le fait principal est la reconnaissance de l’origine gauloise de l’agglomération secondaire gallo‑romaine. Dans la première moitié du ier s. av. J.‑C., la superficie du village gaulois n’excède pas une dizaine d’hectares, son extension maximale, certainement atteinte vers le milieu du ier s. ap. J.‑C., peut être estimée à 35 ha. L’emplacement du village gaulois primitif et les directions de l’expansion de l’agglomération romaine paraissent largement dépendre des cheminements qui traversent le site.
La physionomie de l’agglomération a sans doute évolué très progressivement depuis la période gauloise. L’image qui s’impose est celle d’un habitat rustique, ancré dans la tradition (architecture de bois et de terre, persistance du parcellaire gaulois, fosses de rejets à proximité de l’habitat).
L’industrie de la céramique est la seule activité qui ait laissé des vestiges suffisamment importants pour que l’on puisse affirmer qu’elle a joué un rôle non négligeable dans l’économie de l’agglomération (13 fours). Les productions attestées (fig. 10) sont pour l’essentiel des céramiques destinées au marché local.
The name of the small town on the site of Roanne during Antiquity, Rodumna, is known from Ptolemy’s work, Geography (2, 8, 11). It is mentioned alongside Forum Segusiavorum (Feurs) as being the town of the Segusiavi (fig. 1). Roanne, under the name of Roidomna, is equally a stop‑over on the itinerary between Lugdunum (Lyon) and Augustonemetum (Clermont‑Ferrand) on the Table of Peutinger (fig. 2),
The first mention of buried remains in the area of Roanne dates from the end of the 17th century (La Mure 1674). Our knowledge of the roman bourg only started to develop during the 1960’s. A policy of systematic intervention was implemented during the early 1980’s by the régional archaeological service (S. R. A.). This led to the big excavation in the enclosure of the institution Saint‑Paul in 1987 (Guilhot et al. 1992).
The town is situated on the left bank of the river Loire, at the Southern end of a basin of tertiary subsidence (the plain of Roanne). It extends in a line parallel to the Loire which forms its eastern limit (fig. 3). To the west there spreads a vast area of marshlands. We don’t know if the Loire was already in use during the roman period. However, Roanne is the junction of several routes frequented during this period: Lyon‑Vichy, Roanne‑Autun, Roanne‑Feurs (to rejoin the via Agrippa between Lyon and the Atlantic ocean) and Roanne‑Montbrison (to rejoin the road to Rodèze).
The establishment of an archaeological map or S. M. R. of the town is an indispensable first step towards its study. The results are presented in paragraph 1.5.
The principal fact is the recognition of the gaulish origins of the gallo‑roman small‑town. Duringthe first half of the 1st century B. C., the surface area of the gaulish village is no greater than ten hectares. At its greatest extent, certainly attained during the middle of the 1st century A. D., it covered some 35 hectares. The site of the village and the directions of the gallo‑roman expansion seem to be largely conditioned by the tracks which cross the site.
Following the gaulish period, the morphology of the town developed progressively. The image is one of a rural habitat, rooted in tradition (timber buildings, persistance of the gaulish plan or lay‑out, rubbish pits close to the dwellings).
The pottery production is the only activity which left sufficient remains to allow us to discern its relative importance in the village economy (13 kilns). The production (fig. 10) is essentially pottery destined for the local market.
Rodumna, der Name der antiken Siedlung, auf deren Standort Roanne erbaut wurde, ist aus der Geographie des Ptolemaios (2, 8,11) bekannt, der sie neben dem Forum Segusiavorum (Feurs) als Stadt der Segusiavi nennt (Abb. 1). Roanne (unter der Bezeichnung Roidomna) taucht noch auf einem weiteren antiken Dokument, der Peutingerschen Tafel (Abb. 2), als Etappe einer Strecke auf, die Lugdunum und Augustonemetum (Clermont‑Ferrand) verbindet.
Antike Reste im Untergrund von Roanne werden erstmals Ende des 17. Jh. (La Mure 1674) erwähnt. Aber erst seit den 60 iger Jahren dieses Jahrhunderts macht die Erforschung der antiken Siedlung wirkliche Fortschritte. Seit Beginn der 80iger Jahre wird von dem regionalen Amt für Bodendenkmalspflege eine systematische Inten/entionspolitik durchgeführt, die vor allem 1987 eine wichtige Grabung (im Bereich der Lehranstalt Saint‑Paul; Guilhot et al. 1992) bedingt hat.
Die Siedlung liegt auf dem linken Ufer der Loire, am südlichsten Ende eines tertiären Einbruchbeckens (der Ebene des Roannais). Sie erstreckt sich parallel zur Loire im Osten (Abb. 3), im Westen breitet sich eine weite Sumpflandschaft aus. Man weiβ nicht, ob der Fluβ schon im Altertum genutzt wurde. Hingegen ist bekannt, daβ sich in Roanne mehrere, in der Antike benutzte Landwege kreuzten: eine Straβe führte von Lyon nach Vichy, eine andere von Roanne nach Autun, eine dritte von Roanne nach Feurs, wo sie auf die Via Agrippa (vom Atlantik nach Lyon) traf und schlieβlich eine Straβe von Roanne nach Montbrison, wo sie mit der Straβe nach Rodez zusammentraf.
Die Erstellung der archäologischen Karte der Siedlung ist eine unerläβliche Vorarbeit für ihre Erforschung. Der Paragraph 1.5 stellt die Ergebnisse vor.
Der wichtigste Faktor ist die Erkennung des gallischen Ursprungs der Siedlung, die in ihrer zweiten Phase gallo‑römisch war. In der ersten Hälfte des l. Jh. v. C. war die Siedlung nicht gröβer als etwa 10 Hektar; ihre gröβte Ausdehnung, die sie sicher gegen Mitte des 1.Jh.n.C. erreichte, kann auf 35 ha geschätzt werden. Der Standort des ursprünglichen gallischen Dorfes und die Ausdehnungsrichtungen scheinen weitgehend von den Wegen abzuhängen, die das Gelände durchquerten.
Die Physionomie des Ortes hat sich sicher seit der gallischen Zeit nur sehr allmählich entwickelt. Man mufi sich ein rustikales, traditionsverbundenes Siedlungsbild vorstellen (Bauten aus Holz und Erde, Kontinuität der gallischen Parzelllerung, Abfallgruben unweit der Häuser).
Das einzige Handwerk, von dem man, anhand der Überreste, mit Sicherheit behaupten kann, daβ es eine wichtige Rolle in der Ökonomie der Siedlung gespielt hat, ist das Töpferhandwerk (13 Öfen). Die gefundenen Erzeugnisse (Abb. 10) waren hauptsächlich für den lokalen Markt bestimmt.
Texte intégral
1.1 Historique de la recherche
1Le nom de l’agglomération antique située à l’emplacement de Roanne, Rodumna, est connu par la Géographie de Ptolémée (2, 8, 11), qui la mentionne à côté de Forum Segusiavorum (Feurs) comme ville des Segusiavi. Roanne (sous la forme Roidomnd) est également une étape sur un itinéraire joignant Lugdunum à Augustonemetum (Clermont‑Ferrand), consigné sur un autre document d’origine antique, la Table de Peutinger (fig. 2). Ce sont les seules sources écrites antiques dont on dispose, le site de Roanne étant totalement dépourvu d’épigraphie1,
2Les premières mentions modernes d’antiquités dans le sous‑sol de Roanne datent seulement de la fin du XVIIe s., avec les travaux de l’historiographe forézien Jean‑Marie de La Mure (La Mure 1674). Les descriptions deviennent plus régulières à partir du début du xixe s. (Lapierre 1824) et se multiplient dans sa seconde moitié, période d’essor économique marquée par de nombreux travaux d’urbanisme.
3Les découvertes du siècle dernier, fortuites pour la plupart et rarement spectaculaires, n’ont jamais fait l’objet de relevés ou de fouilles méthodiques. Quelques explorations plus systématiques ont néanmoins été tentées, mais elles se sont toujours réduites à de simples collectes d’objets. C’est en particulier le cas en 1893, lorsque Joseph Déchelette organise des sondages sur plusieurs parcelles du site de la nécropole, alors en cours d’urbanisation, ce qui lui permet de constituer un premier fonds cohérent d’archéologie régionale parmi les collections du musée municipal (Déchelette 1903b).
4La connaissance du bourg antique n’a véritablement progressé qu’à partir des années 60, avec l’ouverture des premiers chantiers archéologiques dignes de ce nom. Menés parallèlement par des bénévoles rassemblés au sein du GRAHR et Marius Bessou dans l’enceinte de l’institution Saint‑Joseph, ils permettent de rassembler, dans des conditions certes médiocres, une très abondante documentation. Celle‑ci rend possible une première synthèse de l’évolution de l’agglomération antique (Poncet 1968 ; 1970), surtout fondée sur l’exploitation des mobiliers. Ces opérations, qui ne bénéficient pas des conditions actuelles de l’archéologie préventive, permettent en effet rarement d’apprécier et d’enregistrer l’organisation spatiale des vestiges archéologiques. Elles se produisent au gré des travaux d’urbanisme, qu’elles n’ont pas toujours la possibilité de précéder ; on se reportera aux exemples révélateurs des observations effectuées lors de la construction de la poste actuelle (site no 56)2 ou encore les destructions occasionnées par le percement d’un nouveau tracé de la RN 7 (site no 65).
5Les interventions se concentrent dans la vieille ville médiévale (chantier de la place de‑Lattre‑de‑Tassigny en particulier ; sites nos 57 et 81) et au nord de celle‑ci, dans le quartier de La Livatte, où de nombreuses découvertes fortuites avaient déjà été enregistrées au tournant du siècle. Dans ce secteur, la première intervention majeure est celle réalisée dans l’enceinte de l’institution Saint‑Joseph, qui permet surtout la révélation de l’origine gauloise de l’agglomération (Bessou 1976 : site no 59). Le percement du nouveau tracé de la RN 7 entraîne également plusieurs campagnes de fouilles entre 1966 et 1969 (site no 65). Malheureusement, l’absence de planification ne permet que des interventions ponctuelles. Celles‑ci confirment du moins l’intensité de l’occupation de ce secteur de l’agglomération antique entre le iie s. av. J.‑C. et le iiie s. ap. J.‑C.
6Une politique d’intervention systématique sur les secteurs sensibles de l’agglomération est mise en place à partir du début des années 80 par la direction régionale des Antiquités historiques, actuel service régional de l’Archéologie. Elle suscite rapidement plusieurs opérations importantes. Deux secteurs de la nécropole peuvent être correctement explorés, en 1983 puis en 1986, permettant ainsi de suivre en contrepoint du développement urbain l’évolution des pratiques funéraires depuis la fin du iie s. av. J.‑C. (Guichard, Vaginay en préparation).
7Dans le quartier de La Livatte, une autre fouille de sauvetage effectuée en 1987 (dans l’enceinte de l’institution Saint‑Paul, ex Saint‑Joseph ; site no 86) permet l’étude de niveaux d’occupations gaulois et gallo‑romains sur une superficie de 500 m2 (Guilhot et al. 1992 ; Lavendhomme, Guichard 1997), à proximité immédiate des sondages pratiqués pendant les années 60 par Marius Bessou. Enfin, en 1990, une autre opération au nord‑est de l’agglomération apporte des données nouvelles sur une zone périurbaine (Blin 1991).
8Ces nombreuses interventions fournissent des indications partielles, parfois seulement très ponctuelles, sur les modalités de l’occupation du site de Roanne dans l’Antiquité. La façon dont l’Homme a progressivement modelé le paysage urbain de Roanne ne peut donc être perçue que de façon très grossière, ce d’autant plus que l’agglomération de Rodumna, d’importance secondaire, est probablement demeurée étrangère à la plupart des opérations édilitaires spectaculaires et facilement perceptibles qui caractérisent les chefs‑lieux de cités gallo‑romaines : installation d’une voirie cohérente selon une trame créée ex nihilo, construction obligée d’une « panoplie » d’édifices publics (forum, théâtre, thermes...). Les données présentées ici, qui résultent d’un dépouillement systématique des archives de fouille, prétendent donc modestement présenter un état des connaissances sur la topographie antique de Roanne, qui prolonge le constat effectué pour l’occupation pré‑romaine (Lavendhomme, Guichard 1997). Les éléments qui se prêtent à des conclusions précises et sûrement fondées sont encore très peu nombreux.
1.2 Le site
1.2.1 Le cadre géographique et politique
9La ville est située sur la rive gauche de la Loire, à l’extrémité sud d’un bassin d’effondrement tertiaire –la plaine du Roannais– qui s’élargit vers le nord en même temps que ses limites, d’abord très franches, deviennent de plus en plus diffuses. Le Roannais est séparé du Forez, cœur de la cité des Segusiavi à l’époque romaine, par le seuil de Neulise, croupe peu élevée au travers de laquelle le fleuve a creusé des gorges impraticables à la navigation (sinon à la descente en période de crue). C’est précisément à partir de Roanne que la batellerie de la Loire a été active à l’Époque moderne.
10Bien que la géographie physique isole son terroir de celui de la capitale des Segusiavi, Feurs, le rattachement de Roanne à cette cité est clairement exposé par Ptolémée. Au Moyen Âge, la ville demeurera d’ailleurs toujours incluse au comté de Forez. La pérennité des limites administratives permet de proposer un contour plus précis de la cité, à partir des limites de diocèses (fig. 1) (Lavendhomme, Guichard 1997).

FIG. 1 – Le territoire ségusiave à l’époque romaine et ses principaux axes routiers. Les limites tracées en pointillé, qui ne correspondent sans doute que de façon imparfaite et partielle à la cité antique, sont celles de l’ancien diocèse de Lyon (d’apr. Bernard 1854).
1.2.2 Un site de carrefour
11Roanne doit pour une bonne part son développement durant l’Époque moderne à un trafic fluvial intense sur la Loire. En l’absence de traces archéologiques, on ignore toutefois si le fleuve était déjà utilisé dans l’Antiquité3.
12En revanche, Roanne est certainement le carrefour de plusieurs itinéraires terrestres fréquentés dans l’Antiquité, dont quelques‑uns peuvent être identifiés avec une relative précision (fig. 1). La principale source dont on dispose pour cela est la Table de Peutinger (fig. 2), la région roannaise n’ayant livré aucune borne milliaire qui puisse étayer le tracé précis d’une voie antique. L’interprétation de ce document n’est cependant pas sans difficulté. Il indique en effet que Rodumna est la troisième étape d’un itinéraire qui, de Lyon, gagnait Clermont‑Ferrand, via Feurs et Vichy. Les érudits du siècle dernier ont suggéré de multiples propositions pour le tracé de cette voie et la position du Mediolanum indiqué entre Feurs et Roanne. Parmi celle‑ci, une solution paraît, de loin, la plus probable (Durand 1873 : 54). Elle s’appuie sur le constat de l’invraisemblance d’un tel itinéraire qui, pour rejoindre Vichy depuis Lyon, passerait par Feurs puis Roanne. Il est en revanche beaucoup plus plausible d’envisager deux tracés distincts au départ de Lyon, qui auraient été indiqués très près l’un de l’autre sur le document original, l’un se dirigeant vers Feurs, l’autre vers Mediolanum et Roanne. La voie de Lyon à Roanne peut alors reprendre son assiette la plus logique, qui est celle de l’ancienne route royale de Paris à Lyon, de tracé peu différent de celui de l’actuelle RN 7, et Mediolanum être identifié à un important site antique de la commune de Pontchara‑sur‑Turdine (Rhône), Miolan, situé sur son axe (Durand 1873 : 58). Un tronçon de voie très probablement antique –quoiqu’une datation archéologique directe fasse défaut– a d’ailleurs été dégagé le long de ce tracé, sur la commune de Fourneaux (Fustier 1955).

FIG. 2 – Extrait de la Table de Peutinger (éd. de 1598 de Jean Moret à Anvers).
13L’itinéraire de Lyon à Vichy ne peut également que reprendre approximativement celui du prolongement de la même route moderne au‑delà de Roanne, avec la possibilité d’identifier la station intermédiaire d’Ariolica à un site antique mal connu de la commune de La Pacaudière, aux confins du département de l’Allier (Durand 1873 : 97).
14La Table de Peutinger figure encore un embranchement qui, de Roanne, va rejoindre un itinéraire descendant la vallée de l’Arroux depuis Autun et bifurquant vers le nord pour emprunter la vallée de la Loire, vers Bourbon‑Lancy et Decize, pour se prolonger ensuite vers Orléans ou Bourges. Il s’agit sans aucun doute d’une voie empruntant elle aussi la vallée de la Loire, jusqu’à la vallée de l’Arroux.
15Un dernier itinéraire, bien que non mentionné par des sources antiques, peut être restitué sans grand risque d’erreur. Notre réseau manque encore en effet d’un axe joignant Roanne à Feurs, la capitale de cité. Aucun tracé ne se dégage clairement sur la rive droite du fleuve, ce qui ne signifie pas qu’il n’en ait pas existé : les seuls indices sont une borne milliaire anépigraphe réemployée dans l’église de Balbigny et l’existence d’une voie médiévale secondaire sur cette rive, la voie Sayette (Fournial 1964 : 43‑47). Plusieurs arguments incitent en revanche à identifier une voie d’une certaine importance sur l’autre rive. Elle permet, depuis Roanne, de gagner par un parcours rectiligne l’agglomération d’Aquae Segetae (Montbrison‑Moingt), sur la bordure sud‑ouest de la plaine du Forez, et ainsi la voie de Rodez, bien attestée par de nombreuses bornes. Son croisement avec la voie de Clermont à Feurs –elle aussi certaine, puisqu’il s’agit en fait de la branche du réseau d’Agrippa joignant Lyon à l’Atlantique–, sur la commune de Bussy‑Albieux, permet également d’atteindre la capitale de la cité sans grand détour. Ce tracé a été conservé par la principale voie méridienne qui traverse le Forez au Moyen Âge (Fournial 1967 : 137‑140). Il est enfin jalonné par de nombreux établissements ruraux antiques.
1.2.3 La topographie
16L’agglomération s’étend suivant une ligne parallèle au lit de la Loire, qui la borde du côté est. Actuellement endigué, le cours du fleuve, probablement plus lâche dans l’Antiquité, devait baigner le pied de la terrasse sur laquelle est implanté le site, à une dizaine de mètres au‑dessus du lit majeur du fleuve (fig. 3)4. À l’ouest s’étale une vaste zone marécageuse, comprenant deux points bas. Le premier est le marais de Roanne, situé immédiatement à l’ouest du château et drainé dès le Moyen Âge afin d’alimenter ses douves ; son emplacement a été urbanisé au siècle dernier. Le second est le grand marais de Riorges, 2 km plus à l’ouest, en cours de remblaiement et de lotissement. Une vue cavalière de la ville datée du début du xviie s. figure de façon très précise ces deux marais en arrière du bourg fortifié, le premier alors transformé en pâturages, le second encore en eau (fig. 4).

FIG. 3 – Le site de Roanne : cadastre napoléonien (1). On a souligné le tracé des principaux chemins médiévaux et on a figuré l’emplacement des zones marécageuses, ainsi que l’étendue maximum des crues de la Loire (2).

FIG. 4 – Etienne Martellange, Vue cavalière de la ville de Roanne depuis le sud‑est, 1610. À l’arrière‑plan, le grand marais.
17Le site de la ville se présente donc comme une étroite bande de terrain d’orientation N.‑E./S.‑O., légèrement resserrée au sud et évasée vers le nord. De ce côté, elle est limitée par deux ruisseaux, le Fuyant et l’Oudan, qui traversent le marais de Riorges et lui servent d’exutoires. De l’autre, un léger talweg, qui sert, lui, d’exutoire au marais de Roanne, la sépare d’un autre replat situé en bordure du Renaison, affluent secondaire de la Loire, où s’est installée la principale nécropole de l’agglomération antique, à environ 700 m de celle‑ci.
1.2.4 Les itinéraires d’accès
18Roanne est certainement dans l’Antiquité un nœud routier d’une certaine importance, au carrefour d’un axe S.‑E./N.‑O. et d’un axe S./N. (cf. supra § 1.2.2). Cette vocation est encore perceptible au Moyen Âge (Fournial 1964 : 26‑46). Un examen systématique des chemins médiévaux (fig. 3) suffit à indiquer les cheminements naturels qui permettent de gagner le site de la ville, compte tenu des contraintes de la topographie. L’agglomération antique s’étend en effet suivant une ligne parallèle au lit de la Loire, qui la borde du côté est. Le cours du fleuve devait baigner le pied de la terrasse sur laquelle est implanté le site, à une dizaine de mètres au‑dessus du lit majeur du fleuve, entre les talwegs creusés par deux affluents mineurs, le Renaison et l’Oudan.
19L’accès depuis le sud se fait par une voie qui est reprise aujourd’hui par le tracé des rues Anatole‑France et Charles‑de‑Gaulle. Après avoir longé les murs du château, cette voie se divise en trois itinéraires divergents. Celui du centre, dans son prolongement direct, emprunte la rue Albert‑Thomas et se continue par un chemin qui s’appuie sur la rive gauche du fleuve (site no 95). Un autre s’écarte vers le nord‑est, par la rue de Charlieu, et gagne le port d’Aiguilly, où un bac permettait au Moyen Âge de traverser le fleuve. Un dernier itinéraire se dirige vers le nord‑est selon une assiette peu différente de la route de Paris actuelle, en longeant le marais.
20Depuis l’ouest, le seul accès possible emprunte la bande de terrain située entre le ruisseau du Renaison et le marais. Il recoupe l’axe N./S. à 700 m au sud du bourg médiéval, à l’emplacement de la nécropole antique, et se prolonge, par l’actuelle rue Benoît‑Malon, jusqu’au port (non loin de la place du Creux‑Granger), où s’effectuait la traversée du fleuve pour gagner la route de Lyon.
1.3 Les données archéologiques
21L’établissement de la carte archéologique de l’agglomération est un préliminaire indispensable à son étude. Du reste, les indications dont on dispose se réduisent pratiquement toutes à des mentions de découvertes ponctuelles, à l’occasion desquelles la description du mobilier a presque toujours été privilégiée par rapport à celle des structures, rarement spectaculaires. Une dizaine d’interventions archéologiques qui ont conduit à des observations précises de stratigraphie et d’organisation spatiale des vestiges sont considérées avec plus de soin. L’ensemble des observations sont consignées dans le § 1.5 infra suivant un ordre chronologique. Elles sont localisées sur la figure 5 (à l’exclusion de celles très éloignées du centre‑ville et de quelques découvertes anciennes mal localisées).

FIG. 5 – Carte archéologique du centre‑ville. Les numéros renvoient à l’inventaire du § 1.5.
22Chaque notice comprend d’abord, dans l’ordre, l’année de découverte ou, à défaut, de première mention, l’indication de la voie actuelle la plus proche, du numéro d’enregistrement cadastral de la parcelle (état de 1981) et du contexte de l’observation (découverte fortuite, terrassements, sondage ou fouille archéologique).
23L’inventaire s’appuie très largement sur la documentation amassée pendant les années 60 par le GRAHR, en particulier par un de ses membres, Lucien Grelaud, ainsi que sur deux mémoires universitaires consacrés à l’établissement de la carte archéologique du Roannais (Petiot 1971 ; Vaginay 1978). Le résultat de ces enquêtes, déposé au Centre de documentation archéologique de la Loire, a été en partie publié dans le bulletin de liaison de l’association (Bulletin du GRAHR). On a d’autre part consulté toute la documentation de fouille inédite (rapports et minutes de fouille) des chantiers roannais des trois dernières décennies.
1.4 L’analyse des données
1.4.1 L’organisation spatiale
Extension de l’agglomération
24La répartition assez serrée des points d’observation dans l’agglomération roannaise permet de restituer avec une certaine précision les limites de la zone occupée dans l’Antiquité (fig. 6). Dans la première moitié du ier s. av. J.‑C., la superficie du village gaulois n’excède pas une dizaine d’hectares. Il est alors situé à la pointe sud du triangle délimité par la pente de la terrasse haute de la Loire à l’est, par le marais à l’ouest et par le ruisseau de l’Oudan au nord. Un développement de l’agglomération est déjà sensible dès l’époque augustéenne, le long des rues Albert‑Thomas et de Charlieu. Son extension maximale, certainement atteinte vers le milieu du ier s. ap. J.‑C., peut être estimée à 35 ha.

FIG. 6 – Principales étapes du développement de Roanne jusqu’à la fin du Moyen Âge. Hachures zones habitées ; croix nécropoles ; noir églises ; traits gras voies supposées.
Tracé de la voirie urbaine
25L’emplacement du village gaulois primitif et les directions de l’expansion de l’agglomération romaine paraissent largement dépendre des cheminements qui traversent le site, tels qu’on peut les restituer à partir des données médiévales. Le village gaulois se trouve en effet à la fourche des voies médiévales qui, à partir d’un accès unique depuis le sud, permettent de prolonger l’itinéraire le long du fleuve par sa rive gauche (rue Albert‑Thomas) ou sa rive droite (après avoir traversé le fleuve à Aiguilly, dans le prolongement de la rue de Charlieu). Le développement de l’agglomération à l’époque romaine confirme cette tendance, puisque l’occupation s’étire le long des mêmes rues. On est donc enclin à penser que les branches principales de la voirie médiévale reprennent des tracés plus anciens.
26On dispose en fait d’indications archéologiques suffisantes pour contrôler cette proposition. La branche qui, depuis l’agglomération antique, se dirige vers le sud, n’est pas directement attestée. L’existence d’une telle voie longeant le fleuve ne fait néanmoins pas de doute. Les conditions topographiques (fig. 3) conduisent à réduire la largeur du fuseau dans lequel elle peut s’inscrire. Plus précisément, la position de la principale nécropole antique du site et les découvertes de mobiliers funéraires qui jalonnent la voie médiévale (site no 27 et peut‑être no 30) suggèrent un tracé peu différent de celle‑ci.
27La nécropole est aussi située en bordure d’un chemin médiéval qui, depuis le point d’attache d’un bac sur le fleuve, permet de gagner la voie principale. Les fouilles récentes (1983 et 1986) ont révélé que le champ de sépultures était limité au nord par un fossé parallèle à ce chemin, creusé à l’époque augustéenne, ce qui suggère encore une fois que celui‑ci est d’origine antique.
28L’ancienneté de la voie dont le tracé est conservé par la rue Albert‑Thomas est démontrée par la mise en évidence de la surface de roulement antique, à plusieurs reprises au XIXe s. (sites nos 17, 18) et surtout en 1992 (site no 95), à environ 30 m à l’ouest de l’axe de la rue actuelle.
29Les indications sont moins précises pour la rue de Charlieu, mais l’orientation des structures antiques, cohérente avec celle de cette rue (sites nos 78, 90 et 91), l’implantation d’une sépulture de l’Antiquité tardive le long de son tracé (site no 37) et surtout l’existence d’un important réseau de fossés de drainage parallèle à la rue (sites nos 78 et 90), incitent fortement à restituer un cheminement antique de même direction, qu’il faut peut‑être situer immédiatement à l’ouest de ces fossés.
30Enfin, une dernière voie a été repérée à proximité de la rue des Aqueducs (sites nos 71 et 83). Elle paraît correspondre à un chemin qui contourne le marais par le nord et donc à l’amorce de celle se dirigeant vers Vichy et Clermont‑Ferrand, attestée par la Table de Peutinger. De la même façon, son tracé sera repris par un itinéraire médiéval, le chemin du Crozet (Fournial 1964 : 36‑37).
Organisation du bâti
31Les données dont on dispose sur l’organisation du parcellaire urbain et la disposition du bâti sont extrêmement lacunaires et disparates (fig. 7). Il est du moins pratiquement certain que le site de Roanne n’a jamais fait l’objet d’un découpage systématique et cohérent du sol à l’échelle de l’agglomération, comme c’est généralement le cas pour les agglomérations plus importantes devenues chefs‑lieux de cités durant le Haut‑Empire. L’orientation préférentielle du bâti semble en effet largement conditionnée par la voirie, et donc varier légèrement d’un secteur à un autre. Cela vaut autant pour l’architecture privée que pour le seul vestige d’édifice public repéré, disposé de façon cohérente avec la voie méridienne qui le longe (site no 1). D’autres indices témoignent de cette organisation de l’espace. C’est d’abord la conservation jusqu’à la fin du ier s. ap. J.‑C., dans le secteur central de l’agglomération, d’une orientation mise en place vers le milieu du Ier s. av. J.‑C., à une époque où une intervention urbanistique « à la romaine » est inconcevable. C’est aussi la modification possible des orientations du bâti à une période ultérieure (attestée au cours du IIe s. dans un secteur réduit au sud de la rue Gilbertès).

FIG. 7 – Plan d’ensemble des structures archéologiques repérées dans le centre‑ville.
1.4.2 Les édifices publics
32Le titre de ce paragraphe devrait à vrai dire apparaître au singulier. Un seul édifice localisé peut en effet être classé dans cette rubrique (site no 1). Sa présentation sera très brève, puisqu’il n’a jamais fait l’objet d’étude archéologique ou de fouille. Ses vestiges se résument en effet à un pan de mur coincé à la limite de plusieurs propriétés, dans un secteur de l’agglomération urbanisé depuis le xviiie s. Il s’agit d’un tronçon rectiligne de maçonnerie orienté E.‑O., long d’environ 15 m, épais de 2 m et haut de 4 m reconnu en 1995 (site no 96). Son parement sud est un petit appareil régulier de granite rose jointoyé au fer (Poncet 1968 : 39) (fig. 8).

FIG. 8 – Mur antique de la rue Alexandre‑Roche (site no 1).
33Au xixe s. on aurait reconnu une construction carrée, dont l’agencement intérieur comporterait une seule pièce circulaire d’un diamètre d’environ 7 m, probablement voûtée à l’origine. On ignore si elle faisait partie d’un ensemble plus vaste. S’il s’agissait d’un édifice isolé, on pourrait néanmoins proposer son identification à une cella de fanum, plutôt qu’à des thermes, comme le suggéraient les érudits roannais du xixe s.
34On doit aussi signaler que les épais remblais de démolition des iie et iiie s. repérés sur les chantiers situés de part et d’autre de la rue Gilbertès ont livré quelques éléments d’architecture en calcaire jaune à entroques de la vallée du Sornin, qui ont certainement appartenu à des édifices monumentaux. Ce matériau, extrait de carrières situées à environ 15 km au nord‑est de Roanne, semble d’ailleurs avoir été privilégié dans la cité ségusiave. Il est en effet abondamment utilisé dans l’architecture publique de Feurs (Valette, Guichard 1991 : 146‑147).
1.4.3 L’habitat
35L’indigence de la documentation disponible interdit de brosser un tableau complet de l’évolution de l’habitat antique à Roanne. Souvent les niveaux gallo‑romains sont détruits, alors que dessous les strates gauloises sont préservées. En l’absence de plan complet de bâtiments, on doit se contenter de brèves remarques sur les techniques de construction.
36L’image qui s’impose est celle d’un habitat rustique, ancré dans la tradition. Il est de ce point de vue révélateur qu’aucune découverte de mosaïque ou de placage décoratif en marbre n’ait jamais été signalée dans les limites mêmes de l’agglomération antique. De la même façon, les vestiges d’enduits muraux peints et de tubulures d’hypocaustes sont peu fréquents dans les fouilles récentes du centre‑ville, bien que parfois mentionnés au xixe s. Toutefois en 1995, les sondages réalisés à l’ouest de l’édifice public, rue des Thermes romains, ont permis de dégager un bâtiment avec un probable hypocauste et des enduits peints à décors végétalisants (site no 96). Par contre ce type de construction est attestée pour des constructions situées en marge de l’agglomération, que l’on peut assimiler avec vraisemblance à des villa suburbaines : bâtiment avec enduits peints abondants de la rue de Charlieu (site no 92) (fig. 9), avec vestiges d’hypocauste le long de la voie sud, à 2 km du centre (site no 70), vaste complexe au lieu‑dit Bonvert, sur la commune de Mably, le long de la voie nord et à 4 km du centre (Cabotse 1968 ; Lavendhomme 1997).

FIG. 9 – Rue de Charlieu (site no 92) : bâtiment semi‑enterré gallo‑romain, vu de l’ouest.
37La physionomie de l’agglomération elle‑même a sans doute évolué très progressivement, alors que des bâtiments faisant usage de techniques de construction méditerranéennes s’immisçaient dans le paysage urbain hérité de l’époque gauloise. Témoignent clairement de ce fait l’absence de rupture stratigraphique nette entre les niveaux d’occupation protohistorique et ceux d’époque romaine et, une fois encore, la conservation d’orientations du parcellaire héritées du ier s. av. J.‑C. Les fouilles récentes ont aussi montré que l’architecture romaine de Roanne utilisait encore abondamment le bois et la terre, quel que soit le secteur de l’agglomération, mais ce constat n’est pas propre aux agglomérations secondaires, comme le montrent les fouilles urbaines des dernières décennies.
38Un autre témoignage d’une persistance de l’héritage indigène peut se percevoir dans la gestion des rejets domestiques. Alors que dans les villes romaines d’une certaine importance, le développement d’un urbanisme organisé s’accompagne de la disparition des zones de rejets à l’intérieur de l’espace d’habitat, le sous‑sol de Roanne demeure truffé de fosses, comblées avec des rejets domestiques, qui s’échelonnent sur toute la durée de l’occupation antique. Celles‑ci ont du moins l’avantage de livrer des échantillonnages de mobilier rarement disponibles sur les sites urbains et ainsi de faciliter l’étude de leur évolution.
1.4.4 Les installations artisanales5
39Plusieurs activités artisanales sont attestées sur le site à l’époque romaine. Un atelier de fabrication de petits objets en bronze est ainsi localisé au centre de l’agglomération au ier s. (cf. infra § 3.3.2.1). L’industrie de la céramique est néanmoins la seule activité qui a laissé des vestiges suffisamment importants pour que l’on puisse affirmer qu’elle a joué un rôle non négligeable dans l’économie de l’agglomération. Avec treize fours recensés, répartis sur huit emplacements et échelonnés entre le début du ier s. et le milieu du iiie s., Roanne est cependant loin d’être un centre de production aussi actif que certains sites de la vallée de l’Allier. De fait, les productions attestées (fig. 10) sont pour l’essentiel des céramiques destinées au marché local. Parmi celles‑ci, les plus caractéristiques sont les bols peints (Vichy et al. 1981a) et les vases ovoïdes à profil ondulé décorés à la molette, dont la diffusion paraît essentiellement restreinte aux limites de la cité ségusiave. Cela n’exclut pas quelques exportations plus lointaines, du moins pour les bols peints, en particulier le long de la vallée de la Loire et vers l’ouest du Massif central. Une autre catégorie intéressante est celle des amphores, de formes Dressel 2/4 et Gauloise 4, dont la production sur place est prouvée par de nombreux fragments surcuits associés à un four (site no 75) et par leur fréquence sur le site de la nécropole. D’autres catégories d’objets qui ont pu être largement diffusées ne sont signalées que par des témoignages isolés qui ne suffisent pas à montrer que leur fabrication sur place fut significative : fragments de moules de statuettes parmi le comblement d’un four de la fin du iie s. ou de la première moitié du iiie s. (Lavendhomme 1993 ; Blin 1991), fragments soudés de gobelets surcuits à glaçure plombifère à proximité de la rue Gilbertès (site no 65).

FIG. 10 – Productions céramiques attestées à Roanne (éch. environ 1/10). Étant donné l’état des tessons, les catégories sont données à titre indicatif : 1 céramique peinte ; 2 céramique à parois fines de type Beuvray ; 3, 7 céramique grise fine ; 4, 6, 10 et 11 céramique commune claire ; 5, 8, 9, 12 à 14, 16 et 17 céramique commune sombre ; 15 vase de stockage ; 18, 19 amphores.
40Les fours découverts (fig. 7) sont largement dispersés sur toute la superficie de l’agglomération. Dans un cas au moins (site no 90) on est sûr d’avoir affaire à un four isolé. Le plus fort regroupement, de seulement cinq fours (site no 57), traduit uniquement la longévité d’un atelier, où les fours se sont succédé sur une durée de plus d’un demi‑siècle.
41Dans l’état actuel de la carte archéologique, les ateliers semblent plutôt situés sur les marges de l’agglomération, en particulier en bordure du marais (sites nos 57, 71 et 74) et le long des trois voies se dirigeant vers le nord‑ouest (site no 72), le nord (sites nos 87 et 88) et le nord‑est (site no 90), Les fours présentent une technologie très uniforme et banale, adaptée à la cuisson de céramiques en mode réducteur‑oxydant ou réducteur (fig. 11 à 13). Toujours bâtis en tuiles et de plan circulaire, les laboratoires ont un diamètre intérieur peu variable, situé entre 0,9 et 1,3 m. La sole, constituée de fragments de tegula disposées de façon rayonnante, repose sur un pilier central ou sur quatre piliers.

FIG. 11 – Four à céramique (fin du IIe s.– début du IIIe s. ap. J.‑C.) (site no 90).

FIG. 12 – Rue de Charlieu (site no 90) : four à céramique, vu de l’est.

FIG. 13 – Boulevard de Belgique (site no 87) : four à céramique, vu de l’est.
42L’importance de l’artisanat céramique à Roanne pendant l’époque romaine est un autre élément qui rapproche l’agglomération romaine de ses origines protohistoriques. Il est en effet peu douteux que cet artisanat avait déjà une certaine importance à Roanne dès le iie s. av. J.‑C., même si aucun four de cette époque n’a encore été repéré. En témoigne en particulier la fréquence de la céramique peinte sur le site, que les potiers gallo‑romains continuent à fabriquer au ier s. ap. J.‑C. sans y apporter d’amélioration technique et en conservant un répertoire décoratif fortement imprégné de traditions laténiennes (Grand 1995).
1.4.5 Les nécropoles
43Quelques remarques générales suffiront sur ce sujet, une monographie de la principale nécropole de l’agglomération antique étant en cours d’élaboration (Guichard, Vaginay en préparation). Cette nécropole se situe à 700 m au sud de l’agglomération, à proximité du carrefour entre la voie méridienne qui traverse le site et d’une voie transversale supposée, qui permet de rejoindre, au Moyen Âge, un « port », c’est‑à‑dire un lieu de traversée du fleuve.
44La nécropole est installée dès le iie s. av. J.‑C., au moment où se constitue le village, et est utilisée sans discontinuité jusqu’au iiie s. ap. J.‑C. Les dépôts d’incinération en pleine terre puis en urne sont majoritaires, les crémations en place et les inhumations étant exceptionnelles.
45Cette nécropole est désaffectée avant l’Antiquité tardive. Les tombes des ive et ve s. se réduisent à deux sépultures à inhumation en coffres de briques, situées le long de chemins qui mènent au site d’habitat : rue Anatole‑France, le long de la voie du sud (site no 27) et quartier Saint‑Roch, le long de l’itinéraire nord‑est (site no 37).
1.4.6 Synthèse, une esquisse d’histoire urbaine
46Notre connaissance de la topographie urbaine antique de Roanne demeure très lacunaire. Certaines constatations paraissent du moins assez solidement fondées pour être mises en exergue, Le fait principal est la reconnaissance de l’origine gauloise de l’agglomération gallo‑romaine, qui est demeurée longtemps un cas de figure quasiment unique en Gaule chevelue. En fait, il s’agit sans doute d’un scénario très général, mais dont la mise en évidence se heurte aux difficultés inhérentes aux fouilles en milieu urbain. Il n’est donc pas surprenant que la multiplication des fouilles urbaines depuis deux décennies ait rompu l’isolement de l’exemple roannais (ainsi, parmi une liste chaque jour plus fournie, peut‑on citer les exemples de Genève, Besançon, Metz, Bourges, Orléans, Reims, ou encore Feurs ; Guilhot et al. 1992).
47Un autre fait indéniable est le rôle de la route dans le développement de l’agglomération. Roanne apparaît bien comme un nœud routier dont la branche principale, parallèle au lit de la Loire, conditionne son développement entre le marais et le fleuve. Les branches principales de ce réseau sont en place dès le iie s. av. J.‑C. et conserveront jusqu’à l’Époque moderne un rôle directeur et structurant pour l’extension de la ville (fig. 6).
48L’exploration archéologique de Roanne a bien montré que l’agglomération antique est toujours demeurée « secondaire », dans le sens où elle présente de façon amoindrie les caractéristiques communes aux villes romaines principales de Gaule lyonnaise : fonction administrative (attestée en particulier par l’épigraphie), « parure » monumentale et urbanisme dirigé. En l’absence de tout cela, Rodumna est à l’époque romaine un centre de peuplement d’une certaine importance : son extension est approximativement la moitié de celle du chef‑lieu de cité dont elle dépend, Forum Segusiavorum. On peut aussi suggérer que la densité de population était plus forte dans une agglomération de ce type que dans un chef‑lieu de cité urbanisé « à la romaine », où les espaces publics (rues et monuments) occupent une part très importante de la superficie de la ville. De plus, la situation géographique de Roanne, centre de gravité naturel d’un large territoire bien individualisé (la plaine du Roannais), oblige à penser qu’elle a exercé à l’époque romaine certaines fonctions urbaines essentielles dans cette partie de la cité ségusiave (Poncet 1970), prolongées au haut Moyen Âge, comme l’indique l’existence d’un ager Rodanensis, apparemment assez étendu (Fournial 1964 : 13). L’absence d’épigraphie roannaise ne heurte peut‑être pas autant qu’elle le paraît ce point de vue, puisqu’elle semble plutôt relever d’un contexte régional plus large, auquel contribuent à la fois tradition culturelle et manque de roches propres à la taille. Ainsi, Feurs a livré une collection qui n’excède pas quinze documents, soit moins qu’un bon nombre d’agglomérations secondaires des Allobroges (Broise 1976), pour ne citer qu’une comparaison, alors que la fonction administrative de la ville ne fait aucun doute.
49Néanmoins le fait essentiel, qui explique l’orientation prise par le développement de l’agglomération, est l’absence d’intervention urbanistique, comme c’est la règle générale pour les sites devenus chefs‑lieux de cité au moment de l’organisation administrative de la Gaule lyonnaise, sous le règne d’Auguste. Il en résulte une empreinte durable des caractéristiques de l’agglomération protohistorique dans le paysage urbain gallo‑romain, qui illustre à Roanne, mieux qu’ailleurs, l’ampleur de l’héritage laténien (Guilhot et al. 1992 : 258‑259).
50Les vicissitudes qu’a connues l’agglomération peuvent être reconstituées avec plus ou moins de précision. Il est certain que la période qui s’étend du début du règne d’Auguste à la fin du règne de Claude connaît une expansion continue de l’agglomération romaine, qui atteint dès le milieu du ier s. son étendue maximale. Plusieurs sondages effectués le long de la rue Albert‑Thomas montrent en effet une implantation de l’habitat dès cette époque sur son flanc ouest, sur une légère surélévation du relief, tandis qu’aucun témoin n’a pu être mis en évidence du côté opposé. Vers le sud, les données font défaut pour préciser les modalités exactes de l’occupation de cette période, qui se développe du moins jusqu’à l’emplacement du mur septentrional du château médiéval. C’est en tout cas de ce côté que se situent les restes les plus évidents d’architectures domestiques (sites nos 56 et 96) présentant des caractères marqués de romanisation (surtout pour le iie s. ap. J.‑C.)
51La seconde moitié du ier s. et la première moitié du iie s. correspondent sans doute à une phase de stagnation économique, ce qu’indiquent tout autant l’arrêt de l’expansion de l’habitat, la raréfaction de mobiliers caractéristiques comme les estampilles sur céramique sigillée6 (Poncet 1970 : 102‑103) ou la présence de niveaux de destruction sur le secteur central de l’agglomération (site no 65). Ces données conduisaient même Joseph Déchelette (1903a) à envisager la disparition quasi totale du bourg à cette époque. L’occupation du iie s. et du début du iiie s. est surtout attestée par des ateliers de céramique (au moins 4 des 8 emplacements repérés se rapportent à cette période) et quelques grandes fosses comblées de restes domestiques très abondants. Quelques indices, beaucoup plus ténus, dénoteraient aussi l’existence d’une brève période de renouveau économique, dans la seconde moitié du iie s., mais ce fait ne peut être considéré comme définitivement acquis. Quoi qu’il en soit, l’agglomération a certainement connu un déclin précoce, dès la première moitié du iiie s., ce que signalent clairement l’absence quasi totale des numéraires postérieurs à la fin du iie s., en particulier de certaines émissions massives du iiie s. (de Gallien, par exemple), tout autant que celle des céramiques d’importation qui caractérisent le faciès du iiie s. dans la moyenne vallée du Rhône.
52Mis à part de rares monnaies, l’agglomération de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, sans doute très réduite, n’est pratiquement perçue qu’à travers son archéologie funéraire : tombes isolées le long des voies d’accès aux ive et ve s., puis nécropole constituée au carrefour des principales voies, probablement autour d’un édifice de culte dont l’emplacement sera repris par la chapelle castrale Saint‑Étienne. La paroisse primitive, Saint‑Julien, est installée à quelques centaines de mètres au nord‑est, au cœur de l’ancienne agglomération gallo‑romaine. L’installation du château médiéval, d’abord sans doute sous la forme d’une simple motte, annonce néanmoins le développement de l’agglomération vers le sud (selon une tendance qui n’a pas été interrompue jusqu’au début du xxe s.). Le château devenant l’élément essentiel du paysage urbain, les espaces autrefois occupés par le centre de l’agglomération antique sont désormais dévolus à l’agriculture et l’église Saint‑Julien demeure isolée, entourée d’un simple enclos paroissial.
1.5 Inventaire chronologique des découvertes archéologiques
53fig. 5
541 – s.d. (vestiges en élévation) ; 17, rue Alexandre‑Roche (AE 71)
Les descriptions anciennes apportent quelques précisions sur l’agencement primitif de l’édifice. Il semble apparaître sur une vue cavalière de Roanne exécutée au début du xviie s. (fig. 4), sous la forme d’une construction carrée située dans un enclos, à peu de distance de l’agglomération.
On dispose aussi d’une description assez précise de la même période : « [...] à l’une de ses portes [de la ville] [...], se voient encore aujourd’hui des murs antiques formant un petit édifice rond en dedans quoique carré au dehors, bâti et cimenté de la manière des anciens Romains, portant environ vingt-cinq pieds en rond et douze et demi de hauteur [...] » (La Mure 1674 : 124‑125).
Une autre source, beaucoup plus récente, confirme cette description (Lapierre s.d., ms., fo 26).
Un relevé, aujourd’hui égaré, en avait été fait au milieu du xixe s. La notice qui l’accompagnait, partiellement conservée, semble néanmoins corroborer la description du xviie s. : « [...] le diamètre intérieur est de 7 m. Les murs encore debout ont 4 m 50 de haut [...]. Les parements des murs de petit appareil sont en moellons piqués assez réguliers [...] ; tout l’intérieur est en maçonnerie de blocage ou pierres perdues. À l’intérieur, il existe encore, au bas du mur, un enduit couvrant toute la surface des moellons [...]. On voit encore dans les murailles des conduits en terre qui amenaient les eaux. Aux dires du propriétaire, il existe, au pied de cette ruine, à moins d’un mètre de profondeur, divers murs formant des carrés parfaits et des quadrilatères allongés, aboutissant à une grande pièce carrée. Un caveau est au-dessous. » (Coste 1871 : 24, citant une note de l’architecte Magnien accompagnant un plan daté de 1858.)
On sait enfin que le prolongement du mur en élévation a été repéré en 1885 lors de terrassements dans la parcelle AE 70 (Déchelette 1949) et en 1995 sur un quinzaine de mètres (site no 96).
552 – xviie s. ; terroir du Boirat (section AO du cadastre).
Pierre imposante avec des incrustations de marbre reposant sur une voûte et des murs en briques romains. Plusieurs médailles antiques y ont été retrouvées (La Mure 1674 ; Coste 1871 : 28, citant des notes ms. de La Mure à la BM de Montbrison).
563 – 1807 ; quartier Saint‑Jean (section AM) ; découverte fortuite.
« Tout près de ce ruisseau [le Renaison], dans une terre où est une chapelle dédiée à saint Jean Baptiste, on a trouvé plusieurs urnes antiques, et dans quelques unes étaient des médailles frappées sous les empereurs romains » (La Tour du Lac 1808 : 138‑141). La chapelle Saint‑Jean se trouvait à l’angle des rues Anatole‑France et Benoît‑Malon.
574 – 1820 ; quartier des casernes
Inscription funéraire sur plaque de calcaire, trouvée « au terroir de la Livatte, [...] à la profondeur d’environ deux mètres » (Mulsant 1845 : 12‑13). « [...] en 1820 on découvrit une urne cinéraire, au‑dessus de laquelle était une espèce de cippe, portant cette inscription [...] » (Coste 1857 : 14). Cette plaque (CIL XIII, 1649 ; musée Déchelette, inv. 339), anciennement dans la collection Comarmond (Comarmond 1846‑1854 : 426, no 12, avec la seule provenance « Roanne ») et bizarrement inconnue de Lapierre (1824), est probablement un faux moderne (Jacques 1987), bien qu’un estampage conservé au musée des Antiquités nationales peut être issu de l’original aujourd’hui disparu (Lavendhomme 1997).
585 – Vers 1820 ; quartier Saint‑Jean (section AM) ; découvertes fortuites.
« En creusant des caves dans le quartier St.‑Jean, on trouva un cercueil en plomb » (Lapierre 1824 : 22). « Monsieur Lapierre a déterré rue St‑Jean une urne en bronze enfermée dans un coffret de chêne » (Coste 1871 : 27).
596 – Vers 1820 ; le long du béal de l’usine Devillaine ? (cf. notice 7) ; découverte fortuite.
Dans la vase du canal découverte d’une boîte de plomb qui contenait douze petits vases antiques probablement estampillés (Lapierre s.d., ms.). Le seul vase recueilli par Lapierre est conservé à Montbrison, au musée d’Allard.
607 – 1821 ; rue Jean‑Mermoz (AC 56, 97 ou 155 ?) ; terrassements.
Localisation peu précise pour la découverte d’une série d’objets gallo‑romains, comprenant entre autres une douzaine d’urnes, des clefs, des ustensiles de cuisine en fer, des fragments de vases, des portions de briques polygonales, des tuiles et des amphores, dont plusieurs portaient sur l’anse des marques du fabriquant : C. SEMPRO. CL. (Lapierre 1824 : 10‑11 et Coste 1871 : 30).
Mobilier conservé en partie au musée Déchelette (inv. 407‑411 : une amphore Dressel 20 et trois amphores Dressel 7/11 ; Périchon 1961), après être passé dans la collection Saint‑Thomas. L’étiquetage des objets est peut‑être fautif, au moins en partie. D’autres objets semblent égarés : un inventaire ancien du musée mentionne en effet « 10 grandes urnes ou amphores terre rouge ou blanche du parc d’Allery (collection Lapierre) [...] une urne et un grand nombre de fragments de même origine » (Coste 1880 : nos 47‑48).
618 – 1823 ; place du Maréchal‑de‑Lattrc‑de‑Tassigny (section AL) ; terrassements.
Dans la partie ouest de l’enceinte du château, des sarcophages sont découverts. Dans la partie est, lors de la construction des nouvelles halles, autres sarcophages (moins de vingt), en granité, « disposés à peu près régulièrement » et les pieds tournés à l’est. De ces travaux provenait une « patère à libations » aujourd’hui perdue (Lapierre 1824 : 5‑7 ; Exposition... 1890 : 11, no 15 ; Grelaud 1961b).
629 – Avant 1832 ; rue Marx‑Dormoy (section AE) ; découverte fortuite.
Au sud de la rue (ex. allée du Marais), dans le jardin de M, Petit, un grand chaudron en bronze contenant trois autres vases en bronze, ainsi qu’une lampe en terre cuite (Lapierre s.d., ms.). Les trois vases appartiennent au musée d’Allard (Montbrison) et sont déposés au musée Déchelette (Grelaud 1961b).
6310 – 1832 ; 10, place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 30) ; terrassements.
Dans la partie ouest de l’enceinte du château, des travaux amènent le dégagement de sept sarcophages, dont certains décorés, tournés les pieds à l’est, à la profondeur d’environ 2 m. Sous la rue d’Harcourt, contiguë à ce terrain, « prodigieuse quantité d’ossements » (Lapierre s.d., ms., fb 27‑28 ; Grelaud 1961b).
6411 – 1834‑1835 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 406) ; terrassements.
Mobilier gallo‑romain découvert lors des fouilles du nouveau clocher de l’église : deux lampes, une patère, monnaies (Inventaire... 1860 : numismatique nos 60 et 62), un mortier en céramique (musée Déchelette, inv. 487).
6512 – 1837 ;, place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 406) ; terrassements.
Découverte d’environ 300 médailles romaines dans les fouilles pratiquées pour l’agrandissement de l’église Saint‑Étienne (Écho de la Loire, 156,20/5/1837 ; 159, 10/6/1837).
6613 – 1848 ; rue Benoît‑Malon (AM 570‑571 ; ex D2014, 2023 et 2025 du cadastre de 1864) ; terrassements,
Objets trouvés lors de terrassements et donnés au musée par M. Coutaret. Pour l’inventaire de ces objets, cf. infra les découvertes faites au même lieu en 1872 (site no 22).
6714 – 1854 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny ; terrassements.
Découverte de tombeaux (sarcophages ?) à l’angle de l’hôtel de la Grenette (c’est‑à‑dire à l’angle de la place et de la rue d’Harcourt) (Coste 1871 : 46‑47).
6815 – 1857 ; rue Marx‑Dormoy ; découverte fortuite.
Monceau de tuiles romaines non cuites et « une cinquantaine d’urnes rondes toutes neuves et rangées comme dans un magasin » (Coste 1857).
6916 – Avant 1858 ; rue de Charlieu ; terrassements.
Près de l’hôpital, découverte de fondations antiques (Coste 1857 : 1).
7017‑ Avant 1858 ; quartier de la Livatte.
« [La rue romaine] sortait de la Livatte parallèlement à la route actuelle de Paris, à une distance d’environ 100 m. Il y a peu d’années, un pavé en indiquait encore la trace, à travers les jardins, derrière le clos des casernes » (Coste 1857 : 14).
7118 – 1859 ; me Albert‑Thomas ; terrassements.
Le minage d’un jardin en bordure de l’actuelle rue Albert‑Thomas met au jour « un tronçon d’une voie romaine assez considérable » dont « les trois couches de pavés superposés étaient parfaitement reconnaissables ». Il « fait suite à ceux qu’on avait déjà signalés derrière le clos des casernes ». Mobilier romain abondant de part et d’autre, en particulier un dépôt (?) d’une trentaine de monnaies de bronze à l’effigie de Constance‑Chlore et Constantin disposées sur (?) une pierre (note manuscrite d’A. Bernard (1858 : 70) en marge de son exemplaire de travail, à la bibliothèque Déchelette de Roanne, citant une lettre d’A. Coste datée du 31/3/1859). Coste avait déjà signalé en 1857 « [...] une large chaussée pavée, qui suivait, à dix mètres environ de distance, une direction parallèle au chemin actuel [de Mably] » (Coste 1857 : 11).
7219 – 1861 ; rue de la Berge (AM 570) ; terrassements.
Mobilier funéraire gallo‑romain découvert dans la propriété Piat, explorée en 1893 par J. Déchelette (cf. infra site no 32). Un bol peint conservé au musée Déchelette (inv. 543).
7320 – 1862 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny ; terrassements.
Sarcophages découverts lors de la construction d’une maison à l’extrémité ouest de l’enceinte du château. Ils sont rangés en trois lits superposés et disposés nord‑sud. Les plus profonds sont pris sous la fondation de l’enceinte (Coste 1871 : 46‑47).
7421 – 1865 ; Ex 6, rue de la Berge (AM 571, ex D 2015‑2016 du cadastre de 1864 ?) ; terrassements.
Découvertes de mobilier funéraire dans la propriété Goyon (bol peint et vase orné en terre sigillée) (Coste 1871 : 28).
7522 – 1872 ; rue Benoît‑Malon et rue de la Berge (AM 570‑571 ; ex D2015, 2023 et 2025 du cadastre de 1864) ; terrassements.
Dans le même terrain que celui qui avait livré des objets à M. Coutaret en 1848 (site no 13), plusieurs urnes funéraires, dont une contenant « une collection d’objets de toilette, colliers, bracelets, fibules et anneaux en bronze ». (Viry 1873 : 197 ; Exposition... 1890 : no 13). Abondant mobilier au musée Déchelette en provenance de la propriété Coutaret (inv. 437‑441, 465, 466, 512, 540, 544, 566, 598, 615,1361,1362, 1364, 1398, 1401, 5797).
7623 – 1872 ; rue de la Berge (AM 570‑571, ex D 2020 du cadastre de 1864 ?) ; terrassements.
Dans une cour contiguë à la propriété Coutaret (propriété Verruy), trois vases donnés au musée (inv. 444, 457, 464) (Viry 1873 : 197).
7724 – 1873 ; rue Albert‑Thomas ; terrassements.
Découverte d’une couche de destruction (de plus d’ 1 m de hauteur) reposant sur une couche d’amphores. Elles continuent dans la parcelle voisine où furent trouvés des silos antiques (Viry 1873 : 199‑200),
7825 – 1873 ; 12, avenue de Paris (AH 210) ; terrassements.
« En creusant les fondations des pavillons de l’entrée des casernes et la clôture sur l’alignement de la route de Paris, on a traversé des tranchées ou fossés remblayés avec des amas de poteries du même genre [gallo‑romaines] ». D’autres terrassements effectués à la même époque « à l’extrémité sud du couloir qui sépare le grand bâtiment dans toute sa longueur » ont atteint une couche très riche en mobilier gallo‑romain, considérée par les auteurs comme un remblai provenant du nivellement de la motte castrale (Viry 1873 : 198‑199 ; Grelaud 1961b). Un bol Drag. 37 issu de ces travaux est conservé au musée Déchelette (inv. 528). Un inventaire plus ancien signale également « un mortier en pierre basaltique, des fragments de poteries, un pilon en terre cuite, provenant d’un four de potier sis dans la cour des casernes (1873) » (Coste 1880 : no 57).
7926 – 1873 ; 9, rue Alexandre‑Roche (AE 79) ; terrassements.
« [...] dans l’ancienne maison de Sainte‑Colombe [...], M. Besse fils, en creusant un bassin, a retrouvé des substructions se reliant avec la partie qui nous reste des anciens thermes, et, à plus de 2 mètres de profondeur, plusieurs vases entiers ou presque entiers, avec une grande quantité de débris variés, tuiles, poteries, verres, ustensiles, des enduits à stucs rouges, etc. » (Viry 1873 : 198).
8027 – 1873 ; 17, rue Anatole‑France (AM 10) ; terrassements.
Sarcophage en briques découvert à la profondeur d’un mètre lors de la construction d’une cave. Mobilier de l’Antiquité tardive comprenant une ampoule en verre, une marmite tripode et une petite urne en céramique. Le sarcophage repose « dans une tranchée de terre remuée d’environ 3 m d’épaisseur sur 4 m de largeur, qui se dirigeait du côté des rues St Jean [rue B. Malon] et de la Berche [rue de la Berge] ». Son remplissage a encore livré, entre les profondeurs de 2,5 et 3 m, une tombe à incinération avec un mobilier constitué de 8 vases (Viry 1873 : 199‑200 ; Jeannez 1889 : 136‑ 137 ; Exposition 1890 : nos 16 et 17 ; Grelaud 1961b). Le mobilier, conservé au musée Déchelette (inv. 433, 7381‑7387 ; un mortier en céramique, inv. 492, a disparu des collections), à l’exclusion de l’ampoule en verre et de la marmite tripode (coll. part.), comprend en fait deux vases du ier s. (bol peint et flacon ansé et cinq autres de l’Antiquité tardive.
8128 – 1878 ; 1, rue Bourgneuf (AB 16) ; terrassements.
Céramique gallo‑romaine (dont un « lacrymatoire peint », mais il s’agit peut‑être du vase de la notice 30) découverte lors de travaux dans la maison Decloître, à l’angle de la rue Bourgneuf et de la rue Charles‑de‑Gaulle (ex rue du Collège) (Jeannez 1889 : 135). Le musée Déchelette conserve une cruche du ier s. ap. J.‑C. (inv. 458).
8229 – 1884 ; rue des Aqueducs (section AE du cadastre) ; terrassements.
Mobilier gallo‑romain découvert « dans la maison Robelin » (Roannais illustré, 1, 1884‑85 : 48). Trois cruches conservées au musée Déchelette (inv. 483, 484, 1402).
8330 – 1885 ; 23‑25, rue Charles‑de‑Gaulle (AB 23) ; terrassements. Lors de la démolition du bâtiment qui bordait à l’est la cour de l’ancien collège des jésuites, « dans les couches inférieures, on a retrouvé les restes d’un tombeau gallo‑romain » (Roannais illustré, 2, 1885‑86 : 22). Le musée Déchelette conserve un vase peint miniature de La Tène D2, brûlé (tombe à incinération ?) avec la mention « rue du Collège 1885 » (inv. 554).
8431 – 1891 ; rue de la Berge (AM 570, ex D 2012 du cadastre de 1864 ?) ; terrassements.
Découverte de mobilier funéraire abondant à 8 m de la rue de la Berge dans le clos Piat, qui font suite à d’autres plus anciennes (1861 et 1872) (Roannais illustré, 6, 1892‑94 : 33).
8532 – 1893 ; rue de la Berge et rue Benoît‑Malon ; fouille.
Exploration systématique par Joseph Déchelette des cours de plusieurs immeubles situés à l’emplacement de la nécropole antique : propriétés Robin (AM 662‑663), Piat (AM 570, ex D 2012 ?) et Des Paras (contiguë à la propriété Robin, AM 571 ou 598) (Déchelette 1903b ; archives J. Déchelette, à la bibliothèque du musée Déchelette). Mobilier abondant, conservé au musée Déchelette : terrain Piat (inv. 486, 499‑501, 555, 682, 686, 707, 713‑715, 718), terrain Robin (inv. 669, 680, 681, 683, 684, 687, 688, 691‑704, 708, 710, 711, 717, 720‑730, 732‑735, 1439, 1477, 1634), terrain Des Paras (inv. 705, 706, 716) ou sans provenance précise (inv. 737‑744, 746).
8633 – 1893 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny ; terrassements.
Sur la voie publique, en avant du no 15 de la place du Château (AH 418), découverte d’au moins cinq sarcophages, à la profondeur de 0,1 m, dont un contenait une céramique (Union républicaine, 27/8/1893 ; Journal de Roanne, 27/8/1893 ; Grelaud 1961b).
8734 – 1894‑1895 ; 47, rue Albert‑Thomas (AH 189) ; terrassements.
« En 1895, l’établissement d’une manufacture [usine Déchelette‑Despierres et Chamussy] avait procuré au musée une série intéressante de vases peints et sigillées. Les tranchées pratiquées pour les fondations des caves avaient mis à découvert des aires d’habitations en béton grossier et des débris de tuiles romaines, mais comme aucune substruction maçonnée n’a encore été reconnue, on peut en conclure que les habitations de la ville étaient bâties pour la plupart en matériaux légers, bien que pourvues de toits en tuiles. » (Déchelette 1903a : 46‑47). Mobilier conservé au musée Déchelette (céramique, clochette, fuseau en os), datable des ier et iie s. (inv. 474, 495‑497, 503, 531‑539, 549‑553, 559).
8835 – 1902 ; rue Benoît‑Malon (AM 662‑663, ex. D 2026) ; terrassements.
89Découverte de nouvelles tombes gallo‑romaines sur un terrain contigu des fouilles de Déchelette en 1893 (Déchelette 1903b). Mobilier conservé au musée Déchelette (inv. 1365, 1408, 1414, 1429, 1430, 1432, 1433, 1440‑1452, 1454, 2419).
9036 – 1903 10, rue Albert‑Thomas (AH 415) ; terrassements.
Au mois de mars 1903, des fouilles entreprises à l’institution Saint‑Joseph « ont donné lieu à des découvertes intéressantes [...]. Dès les premières fouilles, près de l’extrémité est du bâtiment nord, les ouvriers rencontraient à environ un mètre de profondeur un pavement grossier se composant simplement d’un rang de cailloux roulés. Ce pavement recouvrait une épaisse couche de terre noire renfermant de nombreux débris céramiques [...]. Trois monnaies gauloises et un petit bronze d’Auguste ont été retirés des déblais. Les trois monnaies gauloises, très oxydées, sont des bronzes coulés au taureau cornupète. Les débris de céramique et les monnaies prouvaient que l’enfouissement ne pouvait être postérieur à Auguste. Les fragments de sigillée, nombreux, appartiennent tous aux fabriques d’Arezzo[...] Sur d’autres points de la fouille, on a encore rencontré quelques rares fragments de bols sigillés ornés de fabriques arvernes [...] ainsi que quelques monnaies. On a également recueilli une statue de Minerve en bronze de 123 mm de haut [...], une fibule en bronze représentant des lions affrontés serrant entre leurs pattes une tête de taureau » (Déchelette 1903a : 46‑ 47). Mobilier au musée Déchelette : fragments de sigillée italique (inv. 1367, 1368, 1400, 1470), statuette de Minerve (inv. 1413), fibule zoomorphe (inv. 1851).
9137 – 1907 ; lieu‑dit Saint‑Roch (section BH ou BK) ; découverte fortuite.
Découverte, en labourant un champ d’un sarcophage gallo‑romain « constitué d’une quarantaine de briques posées sur champ » (Grelaud 1961b, d’après divers articles de journaux ; Hettiger 1983). Le mobilier conservé au musée Déchelette comprend cinq récipients en céramique (inv. 1407), un gobelet en verre (inv. 1375), un outil en fer fragmentaire (inv. 7504.2) et des briques du sarcophage. S’y ajoutaient trois monnaies, dont deux à l’effigie de Constance II, de date cohérente avec celle des autres objets : seconde moitié du ive s.
9238 – 1912 ; 46‑56, boulevard de Belgique (AH 60‑74) ; découverte fortuite.
« Vers 1912, dans les jardins situés entre les no 46 et 58 du boulevard de Belgique, des vases peints furent déterrés fortuitement et reconnus par M.F. Bertrand » (Grelaud 1963).
9339 – 1912 ; 270, rue de Charlieu (BW 81) ; terrassements.
« [...] un cultivateur de Mâtel, au lieu‑dit La Réserve, près de Roanne, entreprit de débarrasser une de ses terres d’un amoncellement de pierres qui gênait le travail de sa charrue. À 0 m 80 de profondeur, il eut la surprise de recueillir une tête ou plutôt un buste de bronze. Dans l’amas de pierrailles retirées de la fouille apparaissaient de nombreux fragments de tuiles à rebords, [...] des tessons de poterie romaine. [...]. Il se trouve près de la route de Roanne à Aiguilly, à environ 500 m avant le pont de la Loire, et à environ 100 m à l’est de cette route » (Déchelette 1913).
Le buste est conservé au musée Déchelette (inv. 1377) mais n’est probablement pas antique.
9440 – 1928 ; ex 20, rue de la Berge (AM 594) ; terrassements.
« [...] sur un terrain en arrière du 20 rue de la Berge, [...] poteries et quelques verreries » (Bertrand 1929).
9541 – Vers 1930 ; 27, rue Albert‑Thomas (AH 191) ; terrassements.
Céramiques et monnaies romaines trouvées lors de la construction d’une maison (Grelaud 1961a)
9642 – 1933 ; 12, place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 29) ; terrassements.
Découverte d’un mur « antique » parallèle à la rue d’Harcourt, à 7 m de celle‑ci. (Déchelette 1951 ; Grelaud 1961b).
9743 – 1934 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 406) ; terrassements.
Un sarcophage découvert lors de la construction de la nouvelle sacristie (Grelaud 1961b, d’ap. notes de F. Déchelette).
9844 – Vers 1935 ; place Louis‑Flandre ; terrassements.
Mise au jour d’un « dallage en pavé » (voie romaine ?) à la profondeur de 0,5 m sous le sol de la place (Grelaud 1961a).
9945 – 1935 ; 25, rue Albert‑Thomas (AH 192) ; terrassements.
Mobilier gallo‑romain découvert lors de la construction d’une maison (propriété Lauxérois) (Grelaud 1963).
10046 – 1943 ; 11, rue Bourgneuf (AB 10) ; terrassements.
À 6,5 m de l’alignement de la rue Bourgneuf et à 3,5 m de profondeur, petit lot de céramiques romaines fragmentaires, dont un flacon (musée Déchelette, inv. 2555), considérées au moment de leur découverte comme un mobilier de tombe à incinération, sans argument probant (Grelaud 1961a, d’après notes manuscrites de F. Déchelette).
10147 – 1944 ; 18, rue de Cadore (AL 408) ; terrassements.
L’installation d’un abri anti‑aérien dans le jardin de l’école de Musique entraîne la découverte d’un sarcophage en pierre (conservé au musée Déchelette) et de coffres en briques (Grelaud 1961b).
10248 – 1949 ; 12, place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 29) ; terrassements.
Prolongement du mur découvert au même emplacement en 1933, fait de galets liés d’un ciment très dur (Déchelette 1951 ; Grelaud 1961b).
10349 – Vers 1950 ; rue Brison (AM 710 ?) ; terrassements.
Plusieurs vases découverts sur le site de la nécropole antique lors de travaux dans l’usine Guerry. Mobilier au centre archéologique départemental (4 vases).
10450 – 1951 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny ; terrassements.
Les fouilles pour l’installation d’un transformateur (5 x 10 m) sur la place, en avant du donjon (AL 8), mettent au jour deux sarcophages, à la profondeur de 1,5 m. Le terrain est remanié jusqu’à la profondeur de 2,5 m. À la base apparaît un puits parementé en pierre, d’un diamètre de 2,5 m et d’une profondeur de 3,1 m, qui contient des tessons de céramique et d’amphores (Déchelette 1952 ; Grelaud 1961b).
10551 – 1953 ; 50, rue Albert‑Thomas (AH 170) ; terrassements. Céramique et tegulae (Grelaud 1961a).
10652 – 1955 ; rue Albert‑Thomas, devant les nos 16 à 20 ; terrassements.
Mobilier gallo‑romain dans des travaux édilitaires (Grelaud 1961a).
10753 – 1955 ; angle des rues de Cadore et Charles‑de‑Gaulle (section AL) ; terrassements.
Céramique gallo‑romaine et tegulae dans des travaux édilitaires (Grelaud 1961a).
10854 – 1957 ; boulevard de Belgique (section AH) ; terrassements.
En face de la rue de la Barre, sur le bord sud du boulevard, céramique gallo‑romaine dans des travaux édilitaires (Grelaud 1961a).
10955 – 1957 ; avenue Carnot ; terrassements.
Céramique gallo‑romaine et tegulae dans des travaux édilitaires sur le côté ouest de la rue, entre l’angle de la rue Elysée‑Reclus et le no 67 (AZ 292) (Grelaud 1961a).
11056 – 1959 ; rue Alexandre‑Roche (AL 38) ; terrassements.
Située extra muros, sur la bordure nord du fossé de l’enceinte médiévale, cette parcelle a fait l’objet d’une surveillance sommaire lors de travaux engagés en 1959 (construction de la nouvelle poste), qui ont détruit 2 000 m2 de vestiges antiques et médiévaux.
Un abondant mobilier provenant essentiellement de plusieurs fosses visibles dans les coupes du terrain fut prélevé et partiellement publié (Cabotse, Périchon 1966). Il atteste une occupation de ce secteur dès le début de la période augustéenne. Quelques vestiges de maçonneries ont également été observés, sous la forme d’un édifice « en pierres maçonnées, à l’intérieur duquel subsistait encore un dallage composé de chaux et de débris de céramiques ». Enfin, une zone de cailloutis observée dans l’angle sud‑est du terrain signale probablement une voie antique orientée grossièrement nord‑sud.
11157 – 1959‑65 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 408) ; fouille (R. Périchon, L. Grelaud).
Le chantier (anciennement appelé « École de musique »), quasiment contigu du site no 81, est situé dans l’enceinte du château médiéval, plus précisément dans sa partie sud‑ouest, à proximité de l’église Saint‑Étienne (fig. 14). Ce secteur avait déjà livré à de très nombreuses reprises des sépultures du haut Moyen Âge (sarcophages en pierre ou en tuiles). De fait, la fouille, d’environ 200 m2, a révélé environ 40 sépultures à inhumation, parmi lesquelles un sarcophage en pierre et un coffre de tuiles. Les sépultures en pleine terre, bien plus nombreuses, sont souvent dotées d’un entourage de pierres (Périchon 1963 ; Grelaud 1967). Une datation précise de ces sépultures est impossible en l’absence de mobilier caractéristique associé. Des vestiges de construction ont été mis en évidence, qui appartiennent au moins à deux phases successives d’aménagement postérieures à la désaffection de la nécropole. Il s’agit d’abord d’un ensemble cohérent de murs en galets assemblés sans mortier. Ces murs ont ensuite été recoupés par une imposante fondation carrée qui permet de localiser un donjon jusqu’alors totalement ignoré, de dimensions en plan analogues à celles d’un deuxième donjon, parfaitement conservé cette fois, qui occupe la partie nord‑est de l’enceinte.
La nécropole s’était par ailleurs installée dans une zone occupée dès le Haut‑Empire. Cette occupation est révélée par plusieurs fosses des ier et iie s., ainsi que par les vestiges de cinq fours à céramique, qui se sont succédé dans un espace réduit dans la seconde moitié du iie s. et la première moitié du iiie s. (Poncet 1967). Les vestiges de construction sont en revanche pratiquement absents de ces niveaux antiques.

FIG. 14 – Place de‑Lattre‑de‑Tassigny (site no 57) : principales séquences de l’occupation romaine (1) et médiévale (2). Grisé : sol empierré.
11258 – 1960 ; 45, rue de l’Hôpital (AI 57) ; terrassements et sondages (L. Grelaud).
Remblai livrant du mobilier gallo‑romain très fragmenté entre les profondeurs de 0,3 et 1,5 m. À la base s’ouvre un puits bâti en pierre d’un diamètre de 0,9 m et d’une profondeur de 2,5 m. À l’intérieur, mobilier du ier s. Le même terrain a été largement remblayé par de la terre riche en mobilier antique provenant des fouilles de la nouvelle poste, rue Alexandre‑Roche (rapport [Grelaud]).
11359 – 1961‑69 ; 5, rue Gilbertès (AH 415, 417, 418) ; fouille et sondages (M. Bessou).
La première opération importante dans ce secteur est celle conduite par M. Bessou durant les années 60 (« chantier Saint‑Joseph ») (fig. 15). Les publications partielles dont elle a fait l’objet (en particulier Bessou 1976) se sont surtout intéressées à l’occupation laténienne révélée par la fouille (Lavendhomme, Guichard 1997). De fait, les données collectées pour cette période sont beaucoup plus instructives que celles relatives à l’occupation romaine. Les quelques tronçons de murs dégagés permettent seulement de prolonger une partie des structures fouillées de façon plus extensive en 1987 (site no 86).

FIG. 15 – Rue Gilbertès : plan d’ensemble des structures romaines découvertes sur les différents chantiers.
11460 – 1961 ; rue des Aqueducs (AE 274) ; sondage (J. Cabotse).
Sondage de 2 m2 qui livre un niveau d’occupation gallo‑romain entre les profondeurs de 1,2 et 1,4 m, reposant directement sur le sol naturel. Mobilier du ier s., matériaux de construction, enduit peint (Cabotse 1961).
11561 – 1961 ; angle de la rue de Charlieu et du boulevard de Belgique ; terrassements.
Céramique peinte gallo‑romaine dans des travaux édilitaires (Grelaud 1961a).
11662 – 1961 ; rue de Charlieu ; terrassements.
Fragments d’amphores et céramique campanienne dans des tranchées sur la voie publique entre le palais de justice et l’angle de la rue Jean‑Macé (à hauteur de la parcelle AL 55) (Grelaud 1961a)
11763 – 1961 ; 25, rue Albert‑Thomas (AH 192) ; sondage (L. Grelaud).
Sondages à l’ouest de la maison d’habitation. Dans le premier (2,0 x 0,8 m), niveau d’occupation gallo‑romain entre les profondeurs de 1,3 et 2,2 m, avec matériaux de démolition, en particulier enduit peint. Dans le second, puits appareillé d’un diamètre de 0,8 m apparaissant à la profondeur de 1,3 m et creusé jusqu’à celle de 5,3 m. Le remplissage, qui a livré un mobilier peu abondant, est postérieur à la fin du IIe s. (Grelaud 1964).
11864 – Vers 1965 ; rue de Charlieu (en face des nos 35 et 35b) ; terrassements.
Lors de travaux dans la rue de Charlieu, sépultures en pleine terre en face des parcelles AH 381 et 383, ainsi que deux sarcophages orientés est‑ouest. À 50 m au nord de l’angle de la rue Gilbertès, mur est‑ouest large de 1,1 m sur le côté ouest de la rue (Grelaud 1961a)
11965 – 1966‑69 ; rue Gilbertès (AH 51 et 280) ; fouille et sondages (J. Poncet).
Commencées dès les premières destructions nécessaires à l’emprise d’un nouveau tracé de la RN 7 contournant le centre‑ville, des campagnes de sondage de plus ou moins grande envergure (anciennement dénommés « chantiers Gilbertès 1 à 5 »), complétées d’une surveillance des travaux, ont fourni une riche moisson de données sur l’évolution d’un secteur central du site entre le iie s. av. J.‑C. et le iiie S. ap. J.‑C. (Poncet 1967 ; 1970 ; Lavendhomme, Guichard 1997).
Les vestiges d’époque romaine comprennent plusieurs édifices antiques et les sols correspondants, des traces d’installations artisanales (métallurgie du bronze en particulier) et de très nombreuses fosses (fig. 15 et 16).

FIG. 16 – Rue Gilbertès (site no 65), chantier G1 : plan d’ensemble des structures romaines. Grisé clair : sols en béton de tuileaux ; grisé sombre : foyers. Plan réalisé d’après les notes de fouilles.
120Dans le principal secteur fouillé, d’une superficie d’environ 250 m2, deux phases principales de construction sont attestées, datées pour l’une de la première moitié du ier s., pour l’autre de la seconde moitié du iie s. (fig. 17). La première est surtout caractérisée par un édifice (probablement construit dès la première moitié du ier s. ap. J.‑C.) dont ne subsistent que de rares fragments de murs dessinant deux petites pièces de plan carré, et quelques lambeaux de sols en béton de tuileaux. Le plan de ce bâtiment d’habitation peut néanmoins être complété par le repérage (effectué sur la base du dépouillement des données de fouilles) des tranchées de récupération de matériaux qui suivent le tracé de murs disparus. La destruction de ce bâtiment est datée du milieu du ier s. par le mobilier récolté dans les tranchées de récupération et par le remplissage des fosses qui recoupent ses vestiges, en particulier la fosse 39, étudiée dans le présent ouvrage. L’orientation adoptée par ce bâtiment est celle qui organise l’espace de ce secteur de l’agglomération depuis le milieu du ier s. av. J.‑C. (cf, fig. 7 ; § 1.4.1).

FIG. 17 – Rue Gilbertès (site no 65), chantier G1 : principales séquences de l’occupation romaine, a 1er état, b 2e état.
121Une autre phase de construction apparaît seulement au cours de la seconde moitié du iie s. Les nouveaux bâtiments semblent encore à usage d’habitation mais adoptent une orientation différente. Ces vestiges sont complétés par les fondations de deux piliers et les restes d’un muret en tegulae, situés à l’ouest de l’aire fouillée.
Enfin, les occupations postérieures de ce secteur sont surtout signalées par de très nombreuses fosses de récupération de matériaux, ce qui laisse supposer une mutation de l’occupation et de l’organisation urbaine dès la fin du iie s.
Deux sondages plus restreints opérés au sud de cette fouille ont confirmé la prédominance des traces d’occupation tibéro‑claudienne, avec en particulier trois fosses pourvues d’un riche mobilier (fosses 32, 33, 38). On doit en revanche noter l’absence totale de vestiges de constructions dans ces secteurs (y compris sur toute la longueur d’une tranchée effectuée dans l’axe de la nouvelle route nationale).
12266 – Vers 1965 ; 49, rue de Charlieu (AH 400) ; terrassements.
Fosses, fossé et vaste dépression comblée de vase noire, le tout daté entre le milieu du ier s. av. J.‑C. et le iie s. ap. J.‑C., découverts lors de la construction de garages (Grelaud 1961a).
12367 – Vers 1970 ; 53, rue de Charlieu (AH 150) ; terrassements.
Fosses avec mobilier céramique gallo‑romain (information Poncet ; mobilier au CDAL).
12468 – Vers 1970 ; rue Albert‑Thomas, en façade du no 63 (AH 177) ; terrassements.
Mobilier gallo‑romain (ier s.) dans des travaux édilitaires (information Poncet).
12569 – Vers 1970 ; 48‑50, rue Albert‑Thomas (AH 173) ; terrassements.
Découverte d’un abondant mobilier céramique gallo‑romain, en particulier des bols peints (information Poncet, d’après indication des terrassiers).
12670 – Vers 1970 ; 21‑25, rue du Moulin‑à‑Vent (AO 236) ; terrassements.
Niveau d’occupation gallo‑romain avec tegula, briques d’hypocauste, deux monnaies (information Vaginay).
12771 – 1971 ; rue des Aqueducs (AE 274) ; terrassements.
Des observations sommaires faites en 1971 lors de la construction d’un immeuble, à moins de 100 m plus au nord du site no 83 complètent les données de ce site. Une zone de cailloutis et des « petites fosses comblées de terre grise légèrement grasse » correspondent en effet vraisemblablement au prolongement de la rue et de ses caniveaux d’assainissement. Les vestiges d’un four à céramique ont également été repérés à cette occasion.
On a enfin pu noter, aux deux emplacements, que les niveaux d’occupation antiques étaient percés par de très grandes fosses probablement destinées à extraire le sable du sous‑sol, peut‑être lors de la construction de la butte artificielle de la motte féodale.
12872 – 1973 ; 12, avenue de Paris (AH 210) ; terrassements.
La construction de la bourse du Travail occasionne la destruction d’au moins deux fours gallo‑romains et d’une tessonnière.
12973 – 1973 ; rue Albert‑Thomas, en façade du no 17 (AH 195) ; terrassements.
Sol de terrazzo observé lors de travaux édilitaires (information Poncet).
13074 – 1974 : rue des Aqueducs, en façade du no 24 (AL 431) ; terrassements.
Four gallo‑romain observé lors de travaux édilitaires (Poncet 1982). 75‑ 1976 ; rue de Charlieu (AI 147) ; terrassements.
Lors de la construction de la maternité de l’hôpital, sont observés plusieurs fosses et un four. Les vestiges maçonnés semblent en revanche absents. Le mobilier est abondant (en particulier les fragments d’amphores Dressel 1) (information Poncet).
13176 – 1976 ; rue de la Berge (AM 170‑171) ; terrassements et sondages (J. Poncet).
Suivi de travaux de réaménagement urbain, précédé de quelques sondages. Plusieurs dizaines de sépultures du iie s. av. J.‑C. au iie s, ap. J.‑C. (Poncet 1981 ; Guichard, Vaginay en préparation).
13277 – 1976‑79 ; 64, rue de Charlieu (AI 9) ; terrassements et sondages (J. Poncet).
Quelques observations ont été effectuées entre 1976 et 1979, lors de la construction de nouveaux bâtiments dans l’enceinte de l’hôpital. Aucun vestige de construction n’a été observé. En revanche, sept fosses ont été partiellement fouillées, certaines pourvues d’un mobilier très abondant, qui s’échelonnent de la fin du ier s. à la fin du iie s.
13378 – 1979 ; 45, rue de Charlieu (AH 154) ; terrassements et sondages (J. Poncet).
Les résultats acquis en 1990 (site no 90) permettent peut‑être de réinterpréter des observations effectuées lors d’une intervention plus ponctuelle, en 1979, à une centaine de mètres plus au sud, du côté ouest de la rue de Charlieu, à l’occasion de l’installation de fondations pour un nouveau bâtiment. Les tranchées, orientées est‑ouest, avaient recoupé chacune, outre des fosses, au moins un fossé, qui paraît être le prolongement de l’un de ceux fouillés en 1990.
13479 – 1980 ; 13, rue Gilbertès (AH 363) ; sondages (J. Poncet).
Une petite intervention a permis quelques observations supplémentaires sur ce secteur de l’agglomération (cf. en particulier le site 86). Le sondage dont il s’agit (« chantier Gilbertès 6 » ; fig. 15), a révélé les vestiges arasés d’une construction dont les premiers niveaux d’occupation sont datables de la période claudienne et la destruction du courant du iie s. Ce bâtiment, apparemment orienté de façon cohérente avec les autres constructions du ier s. de ce secteur, était longé à l’ouest par un empierrement qui paraît correspondre à un radier de voie.
13580 – 1982 ; 12, avenue de Paris (AH 210) ; sondages (M. Vaginay). Sondages effectués avant la construction de la salle de conférences à l’ouest de la parcelle. Sous‑sol entièrement remanié à l’époque moderne, si ce n’est dans l’angle sud‑ouest (fosse du ier s.).
13681 – 1982 ; place du Maréchal‑de‑Lattre‑de‑Tassigny (AL 418) ; fouille (J. Poncet).
Fouille, anciennement appelée « École de musique 2 », située dans l’enceinte du château médiéval, ouvert en 1980 à quelques mètres à l’ouest du chantier réalisé dans les années 60 (site no 57). Elle n’a pas permis de préciser la stratigraphie de l’occupation du site, très mal perçue lors de la première intervention (Poncer 1982). Dans ce secteur, les niveaux antiques et du haut Moyen Âge sont en effet non structurés (à l’exclusion d’une nouvelle sépulture en pleine terre), voire même peu discernables. À l’occupation médiévale, se rapportent en revanche un tronçon de fossé et de très gros blocs de maçonnerie effondrés, sans doute à mettre en relation avec la fondation de donjon repérée à quelques mètres de là.
13782 – 1983 ; rue Benoît‑Malon (AML 596, 598) ; fouille (M. Vaginay).
Fouille préventive sur l’emplacement de la nécropole antique. Nombreuses inhumations d’époque romaine et abondant mobilier détritique dans le comblement d’un ancien talweg (Guichard, Vaginay en préparation).
13883 – 1984 ; 28, rue des Aqueducs (AL 5) ; fouille (Ph. Thirion).
En 1984, la destruction de plusieurs bâtiments au no 28 de la rue des Aqueducs a rendu possible la fouille de niveaux d’occupation antiques sur une superficie d’environ 500 m2 (fig. 18). Cette opération a permis de reconnaître, pour la première fois avec certitude sur le site, le tracé d’une voie urbaine. Large d’une dizaine de mètres et grossièrement parallèle à la rue actuelle nord‑sud, elle est matérialisée par des recharges successives de galets, parfois mêlés de sable et de mortier, sur une épaisseur de 0,7 m (fig. 19) et montrant parfois des empreintes d’ornières. La voie était bordée de caniveaux de drainage plusieurs fois remblayés et recreusés.

FIG. 18 – Rue des Aqueducs (site no 83) : plan d’ensemble des structures romaines.

FIG. 19 – Rue des Aqueducs (site no 83) : coupe stratigraphique en travers de la voie romaine.
139Les données stratigraphiques disponibles permettent seulement d’affirmer que la voie, dont trois états ont été repérés, a fonctionné depuis la fin de l’époque augustéenne et au moins jusqu’au début de la période flavienne.
14084 – 1985 ; 21, rue de Charlieu (AH 298) ; sondages (M. Vaginay).
Sondage à l’emplacement d’un bâtiment projeté. Niveaux archéologiques bien conseivés et profondément enfouis (non atteints par les fondations).
14185 – 1986 ; rue Benoît‑Malon (AM 662‑664) ; fouille (M. Vaginay).
Fouille systématique d’un terrain situé sur l’emplacement de la nécropole antique, qui avait déjà été en partie exploré par Joseph Déchelette en 1893. Plusieurs dizaines de sépultures à incinération et inhumation du iie s. av. J.‑C. au iie s. ap. J.‑C. En limite nord du terrain, fossé délimitant la nécropole le long d’une voie (?) (Guichard, Vaginay en préparation).
14286 – 19873 5, rue Gilbertès (AH 416) ; fouille (M. Vaginay).
Cette dernière fouille de ce secteur (« chantier Saint‑Paul ») est actuellement la plus importante menée dans l’agglomération roannaise, bien que sa superficie demeure très modeste : moins de 500 m2. Elle a permis d’étudier méticuleusement l’évolution des structures d’habitat sur un secteur réduit du site, depuis les premières installations laténiennes, au iiie s. av. J.‑C., jusqu’à la fin de la période romaine (fig. 15 et 20).

FIG. 20 – Rue Gilbertés (site no 86 ; Saint‑Paul) : plan d’ensemble des structures romaines. Grisé : sols en béton de tuileaux ; pointillé : structures probablement contemporaines du béton de tuileaux mais de tradition indigène et étudiées dans le volume sur l’habitat gaulois de Roanne (Lavendhomme. Guichard 1997).
143Comme pour la fouille antérieure, qui lui est contiguë (site no 59), les résultats les plus substantiels concernent les iie et ier s. av. J.‑C. (Guilhot et al. 1992 ; Lavendhomme, Guichard 1997). Les vestiges de construction d’époque romaine, beaucoup moins bien conservés, ne permettent pas une analyse aussi précise de l’espace domestique, loin s’en faut. La corrélation des données stratigraphiques et spatiales a néanmoins permis de fixer avec une certaine précision les dates de mise en place et de changement des orientations du parcellaire urbain, et aussi de cerner la date d’apparition des nouvelles techniques de construction survenues avec la romanisation.
Une première occupation concertée de l’espace habité est en place dès le milieu du iie s. av. J.‑C., matérialisée par l’alignement de toutes les constructions selon un axe N.‑O./S.‑E. Un arasement systématique des bâtiments, alors construits en matériaux périssables, dans le premier quart du ier s. av. J.‑C., est suivi, après remblaiement sommaire, de l’installation, au plus tard au milieu du même siècle, d’une nouvelle orientation, que matérialise initialement une palissade maintenue par de solides poteaux calés, contre laquelle divers bâtiments viennent s’appuyer, toujours construits en matériaux périssables jusqu’à la fin de l’époque augustéenne. Tous les vestiges de constructions romaines, qui appartiennent en fait en totalité au ier s. ap. J.‑C., conserve la même orientation, qui est également celle des bâtiments de la même époque dégagés au sud de la rue Gilbertès. La palissade elle‑même est alors remplacée par un mur maçonné qui paraît désormais jouer le rôle de limite de propriétés.
Plusieurs fosses du ier s. dégagées dans la partie est de la fouille, dépourvue de constructions, semblent indiquer une zone à ciel ouvert, située en arrière du bâti principal, aligné probablement le long des voies de circulation. Les vestiges de maçonneries sont en effet plus nombreux dans la partie ouest, mais leur caractère lacunaire ne permet pas de restituer de plan cohérent, Ils semblent en tout cas dénoter des édifices modestes.
Vers la fin du ier s., une phase de destruction semble toucher tous les bâtiments. Elle se prolonge au début du iie s, par une occupation dont les modalités ne sont pas discernables en raison de la ténuité des vestiges qu’elle a laissés. Les nombreuses fosses livrées par la fouille sont toutes antérieures au milieu du iie s. L’occupation ultérieure du secteur est seulement signalée par du mobilier peu abondant dispersé en surface des niveaux d’occupation antique.
144Les données stratigraphiques montrent que les techniques romaines de construction font leur apparition vers 40‑20 av. J.‑C. Elles sont d’abord attestées par des fragments de tegulae et de sols en béton de tuileaux parmi les rejets qui comblent des fosses. Les plus anciennes fondations utilisant la pierre ne sont pas antérieures au début du ier s. ap. J.‑C. Parmi les constructions dégagées, on doit noter en particulier un cellier avec parois à l’origine boisées et pavement de tegulae, daté de la fin du ier s. av. J.‑C. (Lavendhomme, Guichard 1997), un bâtiment partiellement dégagé à l’ouest de la fouille, comportant des cloisons à pans de bois recouvertes d’enduit de chaux et un sol de béton de tuileaux, de durée de vie réduite au premier quart du ier s. ap. J.‑C., ainsi que deux latrines.
14587 – 1987 ; 68, boulevard de Belgique (AH 47) ; sondage (J. Poncet).
Dégagement d’un four à céramique du Ier s. et d’une tessonnière (bols de Roanne, vases à décor guilloché) (Poncet, Lavendhomme 1988) (fig. 13).
14688 – 1988 ; 47, rue Albert‑Thomas (AH 189) ; sondages (M. Vaginay).
Une série de tranchées de diagnostic a été effectuée en 1988 sur une vaste superficie (9 000 m2) dans un secteur situé au nord de l’agglomération antique et occupé depuis la fin du siècle dernier par une usine textile dont la construction avait déjà occasionné des découvertes (site no 34). Une voie antique parallèle à la rue Albert‑Thomas et située quelques mètres plus à l’ouest avait aussi été signalée anciennement (sites nos 17 et 18).
Les sondages n’ont pas permis de localiser plus précisément cette voie, les terrains situés le long de la rue Albert‑Thomas ayant été très perturbés par l’installation de l’usine. Ils ont en revanche mis en évidence une organisation structurée, sous la forme de vestiges de maçonnerie appartenant à des constructions privées, orientées perpendiculairement à la rue actuelle, ainsi que les restes très endommagés d’un four à céramique. Les niveaux d’occupation dénotent une occupation intense pendant tout le ier s. La période ultérieure a en revanche livré des vestiges beaucoup plus ténus et largement arasés.
14789 – 1990 ; 46, rue Albert‑Thomas (AH 171) ;
sondage (M.‑O. Lavendhomme).
Deux fosses (dont une du début du ier s. ap. J.‑C.) et un fossé large de 3,3 m dans des tranchées de sondage, sont creusés dans une couche d’occupation épaisse de 0,2 m et pauvre en mobilier, située à la profondeur de 0,6 m.
14890 – 1990 ; 61‑63, rue de Charlieu (AH 149) ; fouille (O. Blin).
Il est question ici d’un chantier de sauvetage d’assez grande étendue (1 300 m2), conduit en 1990 sur un secteur situé aux confins nord‑est de l’agglomération antique (Blin 1991). Cette fouille a essentiellement permis le dégagement d’un faisceau de fossés parallèles à la rue de Charlieu, d’un four à céramique et de vestiges de bâtiments en matériaux périssables (fig. 21). L’absence de constructions maçonnées n’est pas une caractéristique de cette zone marginale de l’agglomération, puisqu’un bâtiment de ce type a été dégagé à une centaine de mètres, de l’autre côté de la rue de Charlieu (site no 92), et un autre repéré dans la parcelle voisine (site no 91).

FIG. 21 – Rue de Charlieu (site no 90) : plan d’ensemble des structures romaines.
149Les fossés, qui, au moins pour certains d’entre eux, ont été utilisés comme drains, se sont succédé depuis le début de la période augustéenne jusqu’à la fin du ier s. ap. J.‑C. Leur direction définit certainement celle d’un cheminement parallèle à la rue de Charlieu, dont la position n’a néanmoins pas pu être repérée avec précision.
L’occupation précoce de cette zone est également matérialisée par plusieurs fosses et peut‑être par un bâtiment sur poteaux porteurs. Des vestiges de même nature (fossés, fosses et vestiges de constructions en bois) ponctuent l’occupation du ier s. En revanche, celle du ii s. consiste surtout en un vaste épandage de matériaux de démolition à la surface des fossés. La dernière installation structurée est le four à céramique, complètement isolé et abandonné à la fin du iie s. ou durant la première moitié du iiie s. (fig. 11 et 12). Quelques monnaies attestent néanmoins une fréquentation des lieux jusqu’au ive s. Les résultats acquis en 1990 permettent peut‑être de réinterpréter des observations effectuées lors d’une intervention plus ponctuelle, en 1979 (site no 78).
15091 – 1990 ; 71, rue de Charlieu (AH 148) ; terrassements.
Des tranchées, creusées en 1990 pour l’installation de réseaux de drainage, ont permis le repérage d’un vaste ensemble de constructions dotées d’enduits muraux peints (villa suburbaine ?).
15192 – 1990 ; 28, rue de Charlieu (AI 9 et 147) ; fouille (O. Blin).
L’intervention dont il est fait mention ici se situe au nord‑est de l’agglomération antique, entre la rue de Charlieu et le rebord de la haute terrasse alluviale de la Loire, qui marque la limite extrême de l’agglomération antique. Cette situation topographique explique que les niveaux archéologiques sont très érodés dans ce secteur. La fouille de 1990, menée sur une superficie de 750 m2, a eu pour principal résultat le dégagement d’une vaste pièce maçonnée semi‑enterrée (5,0 x 8,2 m) dont une élévation d’un mètre était encore conservée (fig. 9 et 22). L’arasement des niveaux archéologiques empêche de savoir si elle peut correspondre à la cave d’un édifice de même emprise au sol ou si elle faisait partie d’un ensemble plus vaste. Sa construction est datable du début du iie s. et son abandon du iiie s.

FIG. 22 – Rue de Charlieu (site no 92) : plan d’ensemble des structures romaines de la zone 4.
15293 – 1991 ; 13, rue des Thermes‑Romains (AI, 10) ; sondages (O. Blin).
Deux fosses du ier s. ap. J.‑C. observées dans une tranchée de sondage, sous 1 m de remblais post‑romains. Il peut s’agir de fosses d’extraction de sable, en raison de leur profondeur (3 m).
15394 – 1991 ; rue de la Berge (AM 593‑594, 675) ; sondages (O. Blin).
L’étude d’impact archéologique sur le site de la nécropole antique a donné des résultats négatifs (à cause d’importants remaniements modernes) sur la plus grande partie de la surface, sauf sur un secteur réduit (200 m2) situé au nord de la parcelle AM 594, où plusieurs tombes à incinération ont été repérées (une seule fouillée, du début du ier s. ap. J.‑C.).
15495 – 1992 ; 69, rue Albert‑Thomas (AH 48) ; sondage (O. Blin).
Un sondage exigu effectué dans un jardin à la suite d’une découverte fortuite a permis de repérer un tronçon de la voie signalée au xixe s. à quelques mètres à l’ouest du tracé actuel de la rue Albert‑Thomas (sites nos 17 et 18) (fig. 23).

FIG. 23 – Rue Albert‑Thomas (site no 95) : coupe stratigraphique en travers de la voie romaine.
155Seule la bordure orientale de la voie a pu être dégagée. Celle‑ci est matérialisée par trois radiers successifs intercalés de remblais sableux et étagés sur une épaisseur de 0,7 m (fig. 20). La recharge intermédiaire est particulièrement conséquente, puisque constituée d’une épaisse nappe de gros galets, contenue par des blocs grossièrement appareillés. La recharge supérieure, qui déborde largement vers l’est, est également limitée par un alignement de galets de gros module.
Le peu de mobilier récolté permet d’esquisser l’histoire de la voie. Enfouis sous le radier plus ancien, une fibule du type dit d’Aucissa (Feugère 1985 : type 22b), ainsi que quelques fragments de terre sigillée de type italique et de terra nigra, suggèrent que son installation se situe dans le premier quart du ier s. ap. J.‑C. Le remblai scellé par le radier le plus récent a également livré quelques tessons de céramique commune gallo‑romaine. Le niveau d’occupation qui surmonte ce dernier a en revanche fourni plusieurs fragments de céramique médiévale, qui témoignent d’une utilisation prolongée de la voie.
15696 – 1995 ; 6, rue des Thermes‑Romains (AE 79) ; sondages (O. Blin).
Trois sondages réalisés à l’ouest du mur antique encore en élévation, sur une longueur d’environ 15 m (site no 1), ont permis de dégager les fondations d’une habitation urbaine construite au début du iie s. ap. J.‑C. et détruite à la fin du iie s. ou au début du iiie s. Les murs, pierres appareillées liées au mortier, sont, dans la partie basse, recouverts d’enduit de tuileau. Une partie semi‑excavée (hypocauste ?) a livré beaucoup d’enduit peint à décor végétalisant sur panneaux (effondrement des superstructures).
15797 – 1995 ; 16, rue Albert‑Thomas (AH 167) ;
sondages (M.‑O. Lavendhomme),
La parcelle sondée se trouve dans le périmètre antique (dès la période augustéenne) connu de la ville de Roanne, Rodumna. Les premiers éléments datent de la période augustéenne, donnant une nouvelle limite nord‑ouest pour l’extension antérieure du village gaulois.
La partie ouest correspond probablement à une zone intérieure d’habitat, caractérisé par une série de sols en terre battue séparés par des couches d’assainissements, le fond de la tranchée révélant un fossé (orientation cohérente par rapport à l’urbanisme de Rodumna). La partie est se trouve être une zone extérieure creusée par de multiples fosses. Ce schéma est caractéristique à Roanne.
Notes de bas de page
1 Le musée Déchelette conserve une inscription funéraire réputée, découverte dans le sous‑sol de la ville. Selon une étude récente, ce document serait en fait un faux moderne (Jacques 1987) Toutefois, un estampage conservé au musée des Antiquités nationales pourrait être issu d’un original aujourd’hui disparu (Lavendhomme 1997). Cf. site no 4.
2 Cette numérotation se réfère à l’inventaire des découvertes roannaises, consigné dans le paragraphe 1.5.
3 Strabon signale dans sa Géographie (IV, 1,14) que « certaines marchandises de la région rhodanienne sont chargées de préférence sur des chars et acheminées par la voie de terre, notamment toutes celles qui sont exportées vers les Arvernes, ou qui doivent gagner le cours de la Loire ». L’imprécision du texte et les confusions de l’auteur –il ne distingue pas l’Allier de la Loire– ne permettent pas d’en tirer d’indication précise pour Roanne. Pourtant, la distance de portage le long de la voie terrestre (800 stades, soit environ 150 km) et la localisation très probable à Vienne d’un important point de rupture de charge du transport sur le Rhône font de Roanne un candidat très plausible pour l’aboutissement d’une de ces voies terrestres.
4 L’altitude moyenne de cette terrasse est de 280 m NGF. Les crues les plus fortes atteignaient au xixe s. la cote de 273 m NGF, avant l’endiguement du fleuve.
5 Ce paragraphe a été rédigé en collaboration avec François Dumoulin qui a étudié les productions céramiques roannaises d’époque romaine dans le cadre d’un mémoire de maîtrise (Dumoulin 1991).
6 La numismatique a aussi été invoquée pour démontrer l’existence de phase de récession de la seconde moitié du ier s. et de la première moitié du iie s. (Rémy 1985 : 51‑53), mais il est en fait bien difficile de faire la part entre les fluctuations qui dépendent de caractéristiques générales de la circulation monétaire (en particulier le rythme des émissions, quasiment nul à certaines périodes, très soutenu à d’autres) et celles qui dénoteraient des particularités de l’agglomération roannaise.
Auteur
-
Olivier Blin
Ingénieur Afan ; architecte DPLG ; Centre de documentation archéologique de la Loire (CDAL), Roanne (O.B.).
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