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La résidence aristocratique de Montmartin (Oise) du IIIe au IIe s. av. J.-C.

 | 
Jean-Louis Brunaux
, 
Patrice Meniel

Chapitre 2. Présentation des vestiges d’habitat

2 Die Überreste der Wohnanlager

2 Présentation of the settlement remains

Bruno BoulestinURA 376 CNRS, Bordeaux ; UMR 6566, Rennes I, Jean‑Louis Brunaux, Henri Duday, Gérard Fercoq du Leslay, Thierry Lejars et Patrice Méniel

Résumé

Les vestiges de l’habitat ont été découverts sur toute la zone B et dans la partie sud de la zone C. Dans la partie haute du site (zone B), l’érosion est si importante que seules les structures profondes étaient conservées et ont pu être fouillées (fossés de clôture, de palissade, silos). Ce sont les systèmes de clôture qui permettent de mieux comprendre l’évolution spatiale et chronologique du site. La phase la plus ancienne (La Tène C1) est représentée par l’enclos 337‑8‑29, d’une surface de 3 ha, matérialisé par un fossé de 3 m de profondeur. La phase suivante (fin de La Tène C1/début de La Tène C2) est marquée par un réaménagement du système de clôture : une puissante palissade est installée dans le fossé, une entrée complexe (peut‑être du type « Zangentor ») est matérialisée par les fossés 6 et 339. La dernière phase (La Tène C2/D1) correspond à l’enclos 26‑30 au fossé xx (visible seulement sur photographie aérienne). La surface de l’habitat est d’alors 13 ha.

Les bâtiments construits devaient être relativement nombreux, les vestiges culinaires et les matériaux de construction et d’artisanat qui encombrent le remplissage des fossés en témoignent. L’érosion n’en a laissé que peu de traces. Il y avait deux types de constructions : des maisons à ossature fermée reposant sur des sablières basses et des petits bâtiments (généralement interprétés comme greniers) construits sur quatre poteaux enfoncés dans le sol. De ces derniers nous ne possédons que le plan indiqué par les trous de poteaux. Des premières nous avons découvert les vestiges de trois exemplaires, tous situés sur le versant S.‑E. du site, le mieux conservé. Il s’agit de maisons spacieuses (maison no 50 notamment), semi‑enterrées et qui ont livré un riche mobilier. On doit y voir les demeures de familles aisées. Parmi les autres aménagements figurent des silos mais surtout deux grandes fosses cylindriques (nos 12 et 25), d’un type jamais rencontré dans le nord de la France. Leur fonction pose problème : citerne, glacière, oubliette ? Des traces d’activité artisanale (métallurgie et textile) sont partout présentes sur le site. Elles sont particulièrement abondantes au sud de l’enclos 56 où devaient se trouver des installations métallurgiques importantes (réduction de minerai et mise en forme).

Le mobilier rencontré sur l’habitat est abondant, il comprend pour l’essentiel de la céramique et des ossements animaux, mais également un certain nombre d’objets peu courants sur les autres sites d’habitats et bien représentés à Montmartin sur la place cultuelle (enclos 56) : fibules, armes, parures. Aucune monnaie n’a été découverte, ce qui paraît logique : le site a été abandonné dans les années 100, or dans cette région la monnaie usuelle (potins) se répand à partir des années 90. La céramique surtout offre un corpus de plus de 500 formes, le plus riche du nord de la France pour cette époque. Parmi un riche répertoire où l’on distingue une vaisselle de luxe et des récipients plus fonctionnels, se trouvent de la céramique tournée dès La Tène C2, des importations du centre de la France (vases peints), de l’ouest, ainsi que des amphores républicaines. Le matériel métallique (présence d’outils, de fragments d’armes, de nombreuses pièces d’assemblage et de fixation) est à l’image de la céramique, diversifié, il révèle un niveau de vie élevé des habitants. C’est ce que confirment également les ossements animaux qui diffèrent totalement de ceux que l’on rencontre habituellement sur les fermes dites « indigènes ». La nourriture carnée se révèle très diversifiée. La découverte la plus importante est celle de grands chevaux, dès le iie s. av. J.‑C., qui n’ont pu qu’être importés, probablement d’Italie.

Texte intégral

2.1 Les systèmes de clôture

1j.‑l. brunaux

2Il s’agit là d’un terme générique qui désigne en réalité tout ce qui a forme de fossé, que ce soient de véritables fossés dont la destination était de rester ouverts, des réceptacles de poteaux ou de palissades, enfin qu’ils aient une simple fonction de clôture (de propriété ou de parc à animaux) ou qu’ils aient un rôle plus défensif. En effet, la plupart des structures qui vont être évoquées ne se désignent pas d’elles‑mêmes comme appartenant à telle ou telle catégorie, d’autant plus que certaines ont visiblement changé d’utilisation au cours du temps. Il paraît donc préférable de les décrire à la suite les unes des autres, en indiquant au passage les hypothèses qu’on peut retenir quant à leur utilisation.

3L’ordre qui est adopté pour leur description n’est pas dû au hasard. On étudie les fossés enclos par enclos, du plus vaste au plus petit.

2.1.1 L’enclos 26‑30

4Il s’agit de l’enclos le plus vaste du site (fig. 14). Tout porte à penser qu’il matérialise son expansion maximale car il intègre les éléments de clôture les plus éloignés du centre, le fossé 30, un fossé visible sur photographie aérienne (fig. 8, xx) et un talus aujourd’hui arasé (fig. 8, yy). Cet enclos se traduisait par un fossé pour l’implantation d’une palissade qui entourait, selon toute vraisemblance, l’ensemble du site sans interruption. En effet, là où ce fossé a été reconnu et fouillé (sections 26 et 30), son utilité n’est pas primordiale puisqu’il surplombe un abrupt très incliné correspondant à une dénivellation de 20 m. En revanche, elle l’est beaucoup plus dans la partie occidentale du site, sur le plateau, là où la photographie aérienne révèle une double trace qui pourrait correspondre au fossé de palissade précédé d’un fossé ouvert. La surface enclose est d’environ 13 ha.

FIG. 14 ‒ Plan schématique de l’enclos 26‑30 avec son prolongement possible (xx fossé comblé ; yy talus arasé).

V.T./MSH del. d’ap. J.‑L.B./ CNRS

5Les éléments fouillés de cet enclos sont les sections du fossé 26, 30 qui est le prolongement du 26 à l’ouest de l’intersection avec le fossé 8 et un ensemble de poteaux (72 à 103) situés dans le prolongement du fossé 26 vers l’est et inclus dans l’enclos 56. On n’étudiera ici que le fossé 26‑30. Les poteaux 72 à 103 seront présentés en même temps que l’enclos 56 auquel ils appartiennent (cf infra § 3.3).

6Le fossé 26 longe régulièrement le bord du versant de la vallée de l’Aronde en gardant un espace constant avec lui de 6 à 7 m (fig. 15). De manière tout aussi régulière, cet espace est presque totalement occupé par une accumulation de limon qui forme une contre‑pente, une sorte de terrasse plane, 2 m après le fossé en direction du versant. Ces caractéristiques seront évidemment à ajouter à celles d’ordre stratigraphique au moment où l’on tentera de comprendre la fonction de cette structure.

FIG. 15 ‒ Secteur B : le fossé 26 tel qu’il est apparu lors de l’excavation de la ligne TGV sur le bord du versant de l’Aronde.

cl. J.‑LB./CNRS

7Le fossé 26‑30 ne recoupe qu’une seule autre structure, le fossé 337‑8. Un sondage a été réalisé précisément dans l’intersection des deux fossés, de façon à livrer quatre coupes stratigraphiques (fig. 16). La lecture de celles‑ci est sans ambiguïté : c’est l’enclos 26‑30 qui a recoupé l’enclos 337‑8. Ces coupes ainsi que le profil (fig. 17) sont très révélateurs. On remarque tout d’abord la différence de profondeur significative entre le fossé 26 et le fossé 8 : ce dernier est d’au moins 70 cm plus profond. La différence de forme des profils est également évidente. La structure 26 se présente moins comme un fossé que comme une sorte de saignée au fond plat. Ce fond, tel qu’il est apparu lors de la fouille de deux sections d’une vingtaine de mètres de longueur, est très régulier : plat de 0,50 à 0,60 m de largeur. Taillé directement dans la craie blanche, il présente, contrairement à d’autres structures de Montmartin et contrairement aux parois mêmes du fossé, une surface émoussée, usée, comme si elle avait été piétinée ou tassée.

FIG. 16 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques de l’intersection des fossés 26‑30 et 8‑29 et plan de situation.

C.L. del.

FIG. 17 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 26.

C.L. del.

8Dans la section située à l’est de l’enclos 337‑8, là où le fossé a été dénommé 26, sa profondeur est très faible, entre 40 et 50 cm. Les coupes stratigraphiques n’ont pas été aisées. Cependant là où elles ont pu l’être, elles présentent la plus grande constance (fig. 16 et 17). Dans l’axe vertical médian sur la même largeur que le fond, c’est‑à‑dire une cinquantaine de centimètres, on perçoit une sorte de colonne constituée d’un remplissage très meuble de blocs de craie, assez gros par rapport à ce qu’on rencontre habituellement dans les autres structures (de 3 à 10 cm de diamètre), ces blocs n’étant liés entre eux par aucun sédiment surtout à l’emplacement même de l’axe médian où l’on a affaire à de véritables vides. De chaque côté de cette colonne de blocs de craie, on trouve un remplissage plus habituel constitué d’un empilement de couches en assiettes contenant beaucoup plus de terre fine et relativement peu de blocs de craie. C’est le même type de stratigraphie que l’on rencontre dans la section occidentale du fossé (section 30), à la différence près que le fossé se trouve recouvert par une épaisse couche de colluvions (plus de 1 m) (fig. 18).

FIG. 18 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 30.

C.L. del.

9À la lecture de ces coupes on ne peut pas dire que la couche correspondant à la colonne de blocs de craie a recoupé les couches de sédiment plus fin empilées en assiettes, on a plutôt le sentiment que celles‑ci sont venues buter sur celle‑là, qu’il y a eu une sorte de fusion entre elles. On a donc affaire avec cette structure 26‑30 à ce que les Allemands appellent Fundamentgraben qu’on peut traduire par l’expression « tranchée de fondation », si l’on garde à l’esprit qu’il s’agit d’une structure non pas domestique mais défensive. Les poteaux qui venaient prendre place dans cette tranchée avaient au minimum une section de 35 cm, si l’on en croit l’exemple de Manching (Maier et al, 1992 : 347‑348, pl. 14 et 15) où la tranchée de fondation avait la même largeur que celle de Montmartin. Malheureusement le remplissage très meuble de cette structure, si elle laisse pressentir à travers les coupes la grosseur des bois –effectivement une trentaine de centimètres– n’a pas permis, en plan, de situer l’emplacement des différents poteaux et encore moins l’agencement entre ces éléments verticaux et d’éventuelles pièces horizontales. Pour l’interprétation on est donc contraint de s’appuyer sur les comparaisons. Une telle structure se rencontre souvent sur les oppida tchèques et allemands qui sont par ailleurs jusqu’à présent les mieux étudiés. Le type de rempart qui lui correspond, appelé par les Allemands Pfostenschlitzmauer, présente un parement constitué de poteaux verticaux généralement espacés de 2 m, l’intervalle entre eux étant diversement rempli, préférentiellement par des pierres quand l’environnement géologique le permet. À Montmartin, la craie blanche ne permet pas ce type de construction. Il faudrait creuser à plus de 10 m de profondeur pour atteindre des bancs autorisant l’extraction de pierres suffisamment grosses, mais de toute manière trop gélives pour cette utilisation. On doit plutôt croire que les poteaux verticaux maintenaient des bois horizontaux empilés.

10Le rempart proprement dit, c’est‑à‑dire la masse de terre retenue par l’ossature en bois, devait être faible en hauteur et en masse. Le versant de la vallée rendait cette défense amplement suffisante. L’intérêt de l’installation était essentiellement de présenter au sommet du versant une paroi verticale de 3 m de hauteur environ (fig. 19). Le rempart se présentait donc comme une terrasse située sur la ligne de rupture de pente. Ce sont probablement les vestiges de ce talus qu’on retrouve sous la forme d’une bande de limon bordant le versant.

FIG. 19 ‒ Secteur B : coupe restituée du rempart 26‑30 couronnant le versant de la vallée de l’Aronde.

J.‑L.B./CNRS del.

11Le matériel archéologique rencontré dans les fossés 26 et 30 est peu abondant, ce qui contraste franchement avec l’ensemble du site où pratiquement toutes les structures creuses livrent un matériel riche et assez varié. Dans les tronçons entièrement fouillés du fossé 26 il n’a été rencontré qu’une cinquantaine de tessons, de très petite taille et à l’aspect roulé. À l’évidence, il s’agit d’un matériel erratique qui gisait à la surface du sol depuis un certain temps quand il fut entraîné dans le remplissage. On ne s’étonnera pas que peu de formes soient dessinables (fig. 20). Encore ne s’agit‑il que de profils. On y reconnaît la céramique typique de Montmartin, c’est‑à‑dire, pour l’essentiel, des formes datables de La Tène C2 ou D1. Cependant il est clair que ce matériel n’est pas dateur, il ne fournit qu’un terminus post quem assez imprécis vu le petit nombre de formes.

FIG. 20 ‒ Matériel issu du fossé 26.1 fer ; 2‑8 céramique.

J.‑L.B./CNRS, T.L./CNRS del.

12La chronologie stratigraphique paraît donc plus fiable : l’enclos représenté par les fossés 26 et 30 est postérieur au fossé 8 et par conséquent à l’enclos dans lequel ce fossé 8 s’intègre. Les coupes stratigraphiques pratiquées à l’intersection des fossés 8‑29 et 26‑30 (fig. 16) sont à cet égard parfaitement explicites : le fossé 26 recoupe le fossé 8 au niveau de son remplissage principal. En revanche ces mêmes coupes ne nous renseignent pas sur la situation chronologique du dernier état du fossé 8, état dans lequel ce fossé se présentait sous la forme d’un petit fossé dépotoir (cf. infra § 2.1.3).

13L’enclos représenté par les fossés 26‑30 n’est lui‑même recoupé par aucune autre structure. Par défaut, et bien que cet argument a silentio soit de ce fait un peu fragile, on peut penser qu’il appartient au groupe des structures les plus récentes.

2.1.2 L’enclos 33 ‑8‑29

14Cet enclos est matérialisé par deux sections de fossés formant un angle ouvert de 125° (fig. 21). La section la plus longue (fossé 337), orientée N.‑O./S.‑E., a été reconnue sur une longueur de 120 m. La section la plus courte (fossé 8‑29) va de l’angle à la vallée de l’Aronde, son orientation est rigoureusement N.‑S., sa longueur est de 70 m. Une partie de cet enclos (le fossé 8‑29) a été réutilisée dans un enclos postérieur (l’enclos 6‑7‑8‑29) (fig. 10).

FIG. 21 ‒ Secteur B : plan schématique de l’enclos 337‑8‑29.

J.‑L.B./CNRS del.

15Le fossé de clôture est conservé de façon inégale. Le fossé 337 est relativement bien conservé à l’emplacement même de l’emprise du TGV (fig. 22). Cette conservation devient moins bonne en direction du nord : aux abords de l’angle (notamment aux carrés E 12‑13) la profondeur du fossé n’était plus que de 50 cm. Vers le sud, en direction du Fond de Lagny, l’érosion a été encore plus forte, puisqu’à partir des limites mêmes de l’emprise du TGV, on en perd totalement la trace. Dans la section correspondant aux fossés 8‑29, l’état ancien de l’enclos a totalement disparu : le terrassement de l’enclos postérieur 6‑7‑8‑29 l’a totalement oblitéré. On doit penser qu’à l’instar des structures creuses de tout le versant, ce dernier a subi une érosion intense. Il n’y a donc que sur les quelques mètres où le fossé 337 a été fouillé en urgence qu’il présente une conservation telle qu’on puisse comprendre sa forme et sa fonction.

FIG. 22 ‒ Secteur A : le fossé 337 tel qu’il est apparu dans la tranchée du TGV, au moment de la découverte du site.

cl. J.‑L.B./CNRS

16Une coupe stratigraphique effectuée dans ce secteur (fig. 23) montre un fossé assez profond, environ 1,70 m, au profil en V relativement ouvert. La section comme le remplissage indiquent que la structure a bien été utilisée comme un fossé ouvert. Cette utilisation n’a pas été ponctuelle, deux couches épaisses d’un remplissage naturel en témoignent Cependant, quand le fossé s’est transformé en fossé dépotoir, il était loin d’être comblé. On verra que cet abandon de l’enclos, au moins dans ce secteur oriental, est lié à la création d’un nouvel enclos, l’enclos 338‑339 et 6‑7‑8‑29. Seul ce secteur oriental garde le témoignage du fossé correspondant à l’enclos 337‑29 ; ailleurs, dans son parcours occidental et septentrional, le fossé a été recreusé lors de la création de l’enclos 338‑339 et 6‑7‑8‑29, faisant disparaître presque partout sa forme initiale.

FIG. 23 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 337 (cf. légende des coupes fig. 16)

C.L. del.

17La profondeur du fossé et son profil en V aigu, sans faire de celui‑ci une structure défensive à part entière, excluent cependant un usage domestique ou pastoral. On a plutôt le sentiment d’un fossé de clôture à l’échelle de l’habitat qui devait être doublé sur son bord intérieur d’une palissade. Trois trous de poteaux témoignent de l’existence de celle‑ci surmontant le bord intérieur du fossé et certainement en grande partie fichée dans le talus constitué avec la terre et la craie extraites. Ce sont les trous nos 3, 4 et 14 (fig. 24), tous trois situés entre 40 et 60 cm du bord du fossé. Il s’agit de trous importants par le diamètre, entre 50 et 70 cm, presque totalement érodés. Le poteau engagé dans le trou n° 14 a probablement été arraché, produisant la chute dans sa cavité d’un matériel archéologique relativement abondant (fig. 25). Une dernière structure est certainement à mettre en relation avec cette palissade bordant le fossé 337, c’est le segment de petit fossé no 5 (fig. 24), correspondant très probablement d’après sa taille et sa forme (40 cm de largeur et à fond plat) à l’implantation d’une palissade aux poteaux jointifs. Ce segment de fossé très érodé, comme les trous de poteaux qui viennent d’être décrits, évoque le parcours de l’enclos qui succède à l’enclos 337‑8‑29. Il semble donc qu’on ait déjà eu en cet endroit un système d’entrée dont le tracé a été repris notamment avec le fossé no 6. Ces installations liées au fossé 337 indiquent bien qu’on a affaire ici à une installation défensive.

FIG. 24 ‒ Secteur B : plan des structures (trous de poteaux) liées au fossé 337

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 25 ‒ Mobilier céramique issu du trou de poteau no 14.

J.‑L.B./CNRS del.

18La surface enserrée par cet enclos est d’environ 3 ha. La forme du fossé, la surface de l’enclos et la densité du matériel archéologique rencontrée sur cette surface indiquent clairement qu’il s’agit de la clôture de l’habitat proprement dit, clôture efficace qui interdisait l’accès autant aux animaux qu’aux hommes. Cependant les éléments archéologiques demeurent faibles pour parler de réelle fortification. L’entrée de cet enclos n’a malheureusement pas pu être localisée. Elle se trouvait soit dans l’emprise même du TGV, soit sur le versant dominant le Fond de Lagny où l’érosion très forte a fait disparaître tout vestige. Je pencherais personnellement pour la seconde solution. Sur l’emprise du TGV seule une quarantaine de mètres était détruite avant l’arrivée des archéologues et ce secteur paraît peu propice à l’installation d’un accès qu’on voulait contrôler, voire défendre. Le versant du Fond de Lagny paraît mieux approprié : la pente assez forte du terrain met obligatoirement qui entre dans l’habitat dans une mauvaise posture.

19Pour les raisons exprimées plus haut, peu de matériel est rapportable au fossé de cet enclos. Il s’agit uniquement du matériel récupéré à la hâte devant les engins de terrassement, bien avant le début de la fouille proprement dite. Quelques formes de vases, notamment les écuelles (cf. infra fig. 39, no 2, 5, 7 et 8), montrent des formes anguleuses avec des carènes prononcées qui correspondent bien à la situation chronologique des structures les plus anciennes, notamment de la grande fosse cylindrique 12 (cf. infra § 2.2.5 et fig. 72 et 73). Pour ce qui est de la chronologie relative, on peut seulement dire au vu des stratigraphies que le fossé 337 est antérieur au fossé 6‑7 qui lui est tangent et reprend une partie de son tracé sous la forme du fossé 8 (cf. infra).

2.1.3 L’enclos 33 ‑6‑7‑8‑29 et les fossés 338 et 339

20Un enclos plus complexe est composé des sections de fossé 337, 6, 7, 8 et 29 (fig. 26). À cet ensemble, comme on le verra par la suite, il faut certainement adjoindre les fossés 338 et 339.

FIG. 26 ‒ Secteurs A et B : plan schématique de l’enclos 6‑7‑8‑29‑337‑338‑339.

J.‑L.B./CNRS del.

21L’état de conservation de ces structures est très variable. Le petit segment de fossé 29, situé au bord du versant de l’Aronde et protégé par le rempart correspondant au fossé 26, est de loin le mieux conservé. Le fossé 338 et la partie la plus septentrionale du fossé 8 sont moyennement bien conservés. En revanche les segments 6 et 7 sont très érodés et la partie inférieure de leur remplissage ne nous est pas d’une grande aide. Le fossé 339 est l’une des structures qui ont été détruites le plus vite lors des terrassements du TGV. Il a été très vaguement localisé par L. Pelletier lors de sa première intervention, mais on en possède quelques photographies (fig. 27) et une coupe (fig. 28).

FIG. 27 ‒ Secteur A : le fossé 339 au moment de la découverte du site.

cl. L.P./Afan

FIG. 28 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 339 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

22Les segments de fossé 6 et 7 diffèrent sensiblement des autres structures : beaucoup moins profonds (entre 30 et 50 cm de profondeur) et beaucoup plus étroits (de 1 à 1,50 m de largeur). Ces différences, notamment avec le segment E.‑O. de 337, que le fossé 7 longe à 1 m de distance, ne peuvent évidemment s’expliquer par la seule érosion. La nature et par conséquent la fonction de ces fossés sont différentes. Pour les fossés 6 et 7, la faible hauteur et la nature du remplissage n’ont pas permis de réaliser de coupes stratigraphiques. Cependant les profils observés (en U avec un fond plat de 30 à 40 cm de largeur) et le remplissage de nodules de craie de différents calibres non liés entre eux ne laissent guère de doute sur sa fonction : il était destiné à recevoir les poteaux d’une palissade. Si on compare les dimensions des sections de ce fossé 6‑7 avec celles du fossé 8 de même nature mais où la profondeur est d’au moins 1 m, on peut supposer que ce fossé était surmonté d’un talus et que les poteaux étaient doublement ancrés dans la masse de ce talus et dans le fossé, ce qui n’est probablement pas le cas pour le fossé 8.

23Les segments 6 et 7 recoupent le fossé 337 ou, plus exactement, ils viennent au niveau de l’angle S.‑O. s’installer dans son remplissage. Ainsi 6 et 7 sont prolongés par le fossé 8 mais il est probable que le segment E.‑O. de 337 allant jusqu’à l’emprise du TGV est demeuré ouvert et a joué le rôle de fossé précédant donc la palissade. En effet dans cette section 337, le fossé garde un profil en V caractéristique et ne montre aucune trace d’installation de poteau.

24Le fossé 6‑7 est directement relié au fossé 8 dans son deuxième état, celui de fossé à palissade. Mal conservé dans la moitié méridionale du tracé, cet état est tout à fait évident vers le nord au niveau de l’intersection avec F 26 et dans la section appelée F 29. La section correspondant à cet état montre un profil en V peu ouvert dont l’extrémité est coupée, présentant un fond plat de 35 cm de largeur. Le remplissage est tout à fait caractéristique des structures de Montmartin qui ont reçu des poteaux : c’est un remplissage meuble de cailloux de calcaire de différentes grosseurs dont l’axe médian est marqué par une zone où les cailloux ont le plus gros calibre et ne sont pas liés entre eux par le sédiment. Au niveau des carrés 9 et 10N, deux stratigraphies situées en vis‑à‑vis à 1 m de distance montrent une différence significative de profondeur (fig. 29) qui ne peut être interprétée que par la présence d’un poteau plus important à cet endroit. Cette anomalie n’a malheureusement pas été observée par les fouilleurs. Elle semble indiquer qu’on a affaire ici à une poutraison verticale du type défini par les archéologues allemands comme Pfostenschlitzmauer.

FIG. 29 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques du fossé 8, aux mètres 9‑10 N (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

25Plusieurs coupes stratigraphiques (fig. 30) et notamment celle du fossé 29 (fig. 31) montrent que la zone de remplissage correspondant à l’emplacement des poteaux est surmontée d’une cuvette utilisée comme fossé dépotoir. Cela signifie que la partie la plus profonde de la palissade est restée en place mais qu’on a procédé à l’arrachement de la partie supérieure. Soit celle‑ci se trouvait dans un état suffisamment avancé de pourrissement, soit elle avait été détruite violemment, par le feu par exemple.

FIG. 30 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques du fossé 8 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

FIG. 31 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 29 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

26Le matériel archéologique, comme il est habituel, n’a été rencontré que dans la partie supérieure des fossés, celle qui correspond à la phase terminale d’utilisation de ceux‑ci comme fossés dépotoirs. Ne sont concernées par cette phase que les structures 337 et 8. Les segments 6 et 7 n’ont livré aucun objet dessinable. Le matériel issu des structures 337 et 8 provient de sections représentant 45 m de longueur fouillés sur les 96 m décapés. Le matériel, céramique et métallique (verre également), est relativement riche (fig. 32 à 42). De toute évidence on a là le matériel d’un habitat dense et diversifié où les activités artisanales avaient une place prépondérante. La différence est spectaculaire avec le matériel issu de fossés de clôture des établissements agricoles contemporains, notamment dans la vallée de l’Oise (Malrain 1991). Cependant on est loin de la richesse en matériel du fossé 56. Ici on a affaire à un lot représentatif des rejets habituels aux fossés dépotoirs d’habitat.

FIG. 32 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts. 1‑3, 6, 8‑10, 12 fossé 8 ; 4, 7 fossé 337 ; 5, 11 fossé 338.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 33 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. 11 fossé 8 ; 1, 2, 4, 8 fossé 337 ; 3, 5‑7, 9, 10 fossé 338.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 34 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. 2, 4, 6, 11, 12 fossé 8 ; 1, 3, 5, 7‑1013 fossé 337.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 35 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. Fossé 8.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 36 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts et vases à piédestal. 2, 7, 9‑11 fossé 8 ; 13‑68 fossé 337. Le vase 11 est peint.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 37 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts en forme de situle et divers. 5, 7, 9, 12, 13 fossé 8 ; 2‑4, 8, 10 fossé 337 ; 1, 6, 11 fossé 338.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 38 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts ouverts. 5, 6, 8 fossé 8 ; 7 fossé 337 ; 1‑4 fossé 338.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 39 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles. 12 fossé 8 ; 56 fossé 337 ; 1‑4, 7‑11 fossé 338.

J.‑L.B./CNRS del.).

FIG. 40 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles. 1, 713 fossé 8 ; 3, 6, 9, 10, 14 fossé 337 ; 2, 4, 8, 11, 12 fossé 338.

J.‑LB./CNRS del.

FIG. 41 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles hémisphériques et petites coupes. 1, 2, 4, 6, 8 fossé 8 ; 3, 5, 7, 9‑14 fossé 337.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 42 ‒ Métal et verre des fossés 337‑338‑8.1‑8, 10, 13‑18, 20‑23 fer ; 11, 12, 19 bronze ; 9 verre ; 6, 7, 9, 18‑20 fossé 8 ; 3, 5, 10‑16, 21‑23 fossé 337 ; 1, 2, 4, 8, 17 fossé 338.

J.‑LB./CNRS, T.L/CNRS del.

27Dans les figures 32 à 42, le matériel a été classé par formes typologiques. On a renoncé à subdiviser ce classement en fonction des couches ou des niveaux. L’érosion de pente est si forte que la plupart des couches ont été sectionnées en biseau et qu’il est difficile de les suivre sur des longueurs excédant quelques mètres. Par ailleurs le matériel étant résiduel, il est peu probable que de telles distinctions soient signifiantes. On le voit à deux exemples : la fibule la plus ancienne (fig. 42, no 15) et l’écuelle à bord mouluré et cordon (fig. 39, no 1), toutes deux attribuables au début de La Tène C1, ont été trouvées dans les niveaux supérieurs du fossé.

28L’ensemble du matériel, céramique notamment, est attribuable à La Tène C. On est d’ailleurs frappé par son caractère homogène qui ressort bien lorsque l’on compare ces planches à celles du fossé 56 (cf. infra fig. 104 à 131). Cette unité tient à l’absence de toutes formes récentes : céramiques tournées fines, céramiques peintes, amphores, dolia et à l’échantillon restreint des formes (écuelles, vases ovoïdes sans col, gobelets, vases à provision). La datation est confirmée par le matériel métallique : les trois fibules appartiennent à La Tène C1 et C2 même si le large ressort (no 16) indique plutôt la fin de cette période voire la transition avec La Tène D. On est donc amené à croire que l’utilisation comme fossé dépotoir s’est faite dès La Tène C2.

29La disposition curieuse des segments de fossés 337, 6, 7 et 8 s’explique mieux si l’on garde à l’esprit que 6, 7 et 8 maintenaient une palissade tandis que 337 servait réellement de fossé ouvert. Ainsi le segment 6 qui effectue un rentrant vers l’intérieur quasiment à angle droit paraît appartenir à une porte en tenaille, d’un modèle courant tant sur les oppida que dans les établissements agricoles laténiens. Cette hypothèse peut être confortée par le petit segment de fossé 339 qui se trouvait dans l’axe du TGV et dont la coupe indique clairement que lui aussi était destiné à recevoir une palissade. Ainsi on aurait dans la bande de l’emprise du TGV l’équivalent de la branche rentrante matérialisée par le fossé 6. On peut donc imaginer que 339 et 6 ont pu constituer une sorte de porte rentrante située derrière le fossé 337. Celui‑ci, à ce niveau, se serait dédoublé, un élément constituant la porte rentrante, l’autre gardant un tracé rectiligne sur l’avant. Ce dernier nécessitait son franchissement à l’aide d’une passerelle.

30Dans l’angle ouest de l’enceinte, dans le fossé 337, aux mètres carrés 9‑11E, a été rencontré un curieux dépôt de trois crânes de bovidés (cf. infra fig. 78). Ces crânes font évidemment songer à ceux qui ont été rencontrés sur le sanctuaire de Gournay dans le fossé de clôture, de part et d’autre de l’entrée (Brunaux et al. 1985a : 131 sq.). Ils présentent avec eux cependant une différence de taille, à Montmartin les mandibules étaient présentes bien que n’étant plus en connexion avec les boîtes crâniennes. On peut donc exclure l’hypothèse que les crânes aient été suspendus : dans ce cas généralement seul le crâne est accroché, si la mandibule est encore attenante, elle ne tarde guère à tomber et les chances sont minimes de la retrouver avec le crâne. On ne peut guère voir dans cet ensemble des reliefs de repas, les têtes n’ont pas été consommées, même si le reste du corps a pu l’être. En revanche la présence de ces os trahit un dépôt volontaire, confirmé par leur disposition ordonnée, les mandibules par paires étant placées sous chacun des crânes, mais aussi par la présence associée à ces os de six petites coupes de terre cuite (fig. 41, nos 10 à 15), façonnées à la main et gardant parfois encore l’empreinte de doigts. Ces vases sont les seuls représentants de ce type sur le site, à l’exception d’un septième exemplaire retrouvé dans l’autel creux de l’enclos 56 (cf. infra fig. 174, no 2). Ils sont peu courants sur les habitats, en revanche on connaît des exemplaires tout à fait semblables dans les structures cultuelles de Gournay, la fosse dite « aux vases » et la fosse centrale du sanctuaire (Brunaux et al. 1985a : fig. 33, 34 et 72).

31L’interprétation d’un tel dépôt est évidemment délicate, d’une part parce qu’il est en lui‑même peu évocateur, d’autre part parce qu’on manque de comparaisons. La connotation cultuelle est assez évidente mais elle n’implique nullement la proximité d’une aire sacrée. Le dépôt est évidemment un signe dont tout ce qu’il est possible de dire est qu’il est symbolique avec tout ce qu’a de vague cette expression. La position, à la lisière de l’enceinte et à son angle, peut suggérer un caractère apotropaïque mais il n’est guère possible de mieux l’affirmer. Enfin on ne peut s’empêcher de faire la relation entre ces parties de bovidés non consommées et ces mêmes animaux, probablement sacrifiés dans l’enclos 56 et dont il manque la plus grande partie du squelette. On sait par l’exemple de Gournay qu’une part non négligeable de la dépouille des victimes sacrifiées quittait l’enceinte cultuelle, sans doute pour d’autres usages secondaires dont les religions grecque et romaine nous donnent exemple. On pourrait avoir avec ce dépôt un exemple de la destinée de ces restes retirés de l’aire sacrée.

32Le fossé 338 est peut‑être à mettre en rapport avec l’ensemble 337‑6‑7‑8‑29, mais nous n’en avons aucune certitude. Tout ce que l’on peut dire est qu’il présente une section (fig. 43 et 44) tout à fait semblable à celle du fossé 337, c’est‑à‑dire celle d’un fossé profond (près de 2 m) au profil en V très anguleux, et qu’il a servi de fossé ouvert. Le matériel est également similaire à celui de 337, mais il était proportionnellement plus riche, ce qui est parfaitement normal puisqu’il se trouvait plus près des habitations. Observé avant la fouille proprement dite, sur une trentaine de mètres de longueur, il a seulement fait l’objet d’une stratigraphie et d’une récupération de son contenu sur 3 m de longueur.

FIG. 43 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 338 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

FIG. 44 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 338, 10 m à l’est de la précédente (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

2.1.4 L’enclos 102

33Entre l’enclos 56 et la vallée de l’Aronde se trouve (fig. 12) un tout petit enclos de forme quadrangulaire en grande partie détruit par le décaissement de l’emprise du TGV. Cet enclos est matérialisé par un petit fossé de 12 m de longueur formant un angle ouvert avec une autre branche de fossé sectionnée après 6 m de longueur. La section de ce fossé (fig. 45) est tout à faite différente de celles qui viennent d’être décrites, elle montre un profil évasé relativement informe d’une soixantaine de centimètres de profondeur. Le remplissage qui se présente sous la forme de deux cuvettes emboîtées indique que la structure a servi de fossé ouvert. La dimension de l’enclos ainsi que cette section évoquent une structure domestique, très courante sur les habitats du deuxième âge du Fer et plus particulièrement des oppida. Il s’agit très certainement d’une clôture délimitant une unité d’habitation.

FIG. 45 ‒ Secteur C : coupe stratigraphique du fossé 102 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

34Le matériel rencontré dans cette structure est évidemment peu abondant (fig. 46), insuffisant en tout cas pour tirer des conclusions chronologiques précises. Cependant il se dégage l’impression d’un matériel relativement ancien notamment avec son vase haut en forme de situle (fig. 46no 1) ou son bol avec une impression digitée (fig. 46, no 2). Le comblement en tout cas paraît s’être effectué tôt, dès La Tène CL C’est ce qui explique certainement que cet enclos ne tienne pas compte de la position du fossé 56 qui doit lui être postérieur.

FIG. 46 ‒ Mobilier céramique issu du fossé 102.

J.‑L.B./ CNRS del.

2.1.5 Évolution du système de clôture de l’habitat

35À la différence des installations agricoles dont les multiples systèmes de clôture, parce qu’ils sont légers, évoluent de façon très complexe, le site de La Fosse Muette connaît une évolution linéaire relativement simple. Certes on ne prend en compte ici que les tracés de cette clôture et non les réaménagements internes des structures (changement de fonction, réparations, etc.). C’est de cette façon qu’on distingue trois grandes phases que l’on peut situer dans le temps.

36La phase la plus ancienne est représentée par l’enclos 337‑8‑ 29 qui enserre une surface de 3 ha. L’enclos est matérialisé par un large et profond fossé (à l’origine au moins 3 x 3 m) qui précédait probablement le talus constitué avec la terre extraite, elle‑même surmontée d’une palissade dont on ignore si elle était légère ou formait un véritable rempart. Cette construction est datable au plus tard de La Tène C1.

37La deuxième phase correspond à l’enclos plus complexe 337‑6‑7‑8‑29 et probablement 339. Il occupe le même emplacement que le précédent mais sa forme a changé, et surtout, il est agrémenté d’un système d’entrée. La plus grande partie de l’ancien fossé est utilisée pour l’installation d’une puissante palissade faite de bois d’au moins 30 cm de diamètre et d’une hauteur minimale de 3 m. On a affaire cette fois à un véritable aménagement défensif. Il était déjà détruit dans le courant de La Tène C2.

38La troisième phase est caractérisée par l’extension maximale du site. Même si le système de clôture n’a été repéré que partiellement, la superficie peut en être estimée au minimum à 13 ha. 11 est peu probable que cette extension traduise un soudain et fort accroissement de la population. On est plutôt tenté d’y voir une nouvelle fonction, celle d’enclore également les aires réservées aux troupeaux. Le type de clôture utilisé s’inscrit dans la tradition du précédent dont l’efficacité est d’ailleurs renforcée. Il s’agit d’un Pfostenschlitzmauer. Au moins le long de la vallée de l’Aronde, ailleurs notamment du côté du plateau, ce type de rempart était certainement doublé d’un fossé. Cette troisième phase, qui débute dans le courant de La Tène C2, voire la transition avec La Tène D1, correspond à la phase terminale d’occupation du site.

2.2 Les structures d’habitat et d’artisanat

39j.‑l. brunaux

40La principale carence du gisement archéologique de La Fosse Muette à Montmartin concerne malheureusement les structures d’habitat. Les vestiges identifiables comme tels sont peu nombreux et donnent évidemment une mauvaise image de ce que pouvait être l’habitat laténien. Si les constructions proprement dites peuvent être restituables, voire imaginables, l’organisation générale nous demeure inconnue. Nous n’avons aucune donnée sur les installations collectives –hormis l’espace religieux– telles que rues ou places.

41Plusieurs raisons expliquent la destruction de ces traces. Il y a bien évidemment le phénomène déjà plusieurs fois évoqué de l’érosion. Celui‑ci, on l’a vu avec l’étude des fossés, n’est pas seulement un phénomène récent dû aux façons culturales modernes, il est engagé depuis l’époque celtique, depuis les premiers temps de l’installation de l’habitat. Les excavations pour l’extraction de matériaux, le piétinement des animaux ont, dès ce moment, fragilisé une couverture de limon peu épaisse. Dans le secteur B, le silo 54 nous indique que cette érosion a abaissé le sol d’au moins 1 m. Dans le secteur C, cette érosion au niveau des maisons semi‑enterrées ou au niveau de la partie supérieure de l’enclos 56 a heureusement été moindre. Une autre raison est plus accidentelle, c’est le décaissement effectué pour le passage de la ligne TGV (secteur A). On le sait, ces travaux ont été l’occasion de la découverte du site : quelques structures ont été observées, parfois localisées avec une marge d’imprécision conséquente et seuls 2 ou 3 m3 de remplissage des structures ont pu être vidés. Ces observations ont suffi pour nous persuader que ce secteur, notamment dans sa partie nord, était le mieux conservé du site. Dans un décapage qui n’avait rien d’archéologique, de nombreuses taches ont été observées, tels des fosses et des fossés (fig. 9). C’est dans ce secteur que se trouvaient les vestiges les plus nombreux de l’habitat comme en témoigne la marge occidentale du secteur C où des ensembles de construction se trouvent à deux reprises sectionnées : enclos 102 au nord et habitats semi‑enterrés au sud.

42La dernière raison tient à la nature même des constructions comme l’étude qui va suivre nous en persuadera. Il s’agit pour la plus grande part –greniers exceptés– de bâtiments non ancrés dans le sol, maisons à ossature de bois ou semi‑enterrées. Les premières n’ont laissé aucune trace, sinon leurs parois de torchis brûlé (cf. infra § 2.7.4) ; les secondes n’ont été préservées que lorsque l’érosion n’a pas excédé 50 cm d’épaisseur.

43La nature et l’importance de cette destruction des vestiges d’habitat ne sont évidemment pas sans conséquence sur l’étude que l’on peut faire du site. D’une manière générale, cet exemple repose la question de la fiabilité de notre documentation où tout ce qui touche à l’habitat se voit sous‑estimé archéologiquement par rapport aux vestiges des sphères religieuse et funéraire. Dans le cas plus précis des fouilles de sauvetage, c’est la méthode qui doit tenir compte de cette réalité. Le cas de Montmartin est particulièrement exemplaire : les vestiges d’habitat, qu’il s’agisse de trous de poteaux, de lambeaux de sol, se trouvaient à moins d’une dizaine de centimètres sous la terre arable. Le décapage trop profond, voire des sondages intempestifs comme celui qui a partiellement ravagé l’une des maisons semi‑enterrées, ont achevé de détruire une documentation déjà très pauvre.

2.2.1 Répartition spatiale des structures d’habitat

44Les quelques indications précises concernant l’emplacement des bâtiments sont les suivantes. Les constructions semi‑enterrées se trouvent au S.‑E. du site, juste derrière le fossé 337, et dominent la vallée du Fond de Lagny. Les greniers sur poteaux ont été rencontrés au nord à proximité de la vallée de l’Aronde. Toute la superficie de l’enclos 56, hormis le complexe 57 considéré comme un temple, est parfaitement dépourvue d’installations domestiques. En revanche à proximité de cet enclos les constructions devaient être nombreuses : enclos entourant vraisemblablement une unité domestique au N.‑O., installations artisanales au sud. Ce sont là les données directes.

45Les données indirectes ne sont pas moins intéressantes. Elles proviennent des remplissages des fossés. Ceux‑ci, et plus particulièrement les fossés 337, 338, 8 et 56, contiennent un très abondant matériel de nature domestique. Ce sont des débris de céramiques, des vestiges osseux d’animaux consommés et des blocs de torchis en très grande quantité. Ce matériel a été rencontré sur l’ensemble du parcours des fossés, toujours avec la même densité qui indique que des maisons se trouvaient très près de ces structures creuses. On est donc amené à croire que c’est l’ensemble de la superficie de l’enclos 337‑8‑29 qui était densément habité, la surface de l’enclos 56 étant évidemment décomptée. Si l’on tient compte des surfaces occupées par les talus de la clôture, c’est une surface d’environ 2 ha qui était construite. Il s’agit là de la surface minimale car très tôt il a pu y avoir des habitations extra‑muros. Et surtout nous ne savons rien de l’extension de l’habitat au moment de celle de l’enclos matérialisé par le fossé 26‑30.

2.2.2 Les habitats semi‑enterrés

46Trois structures creuses sont interprétables comme des maisons semi‑enterrées. Il s’agit des structures nos 50, 105 et 106. Elles sont groupées à peu de distance les unes des autres dans le sud du secteur C (fig. 11). Nulle part ailleurs sur le reste du site il n’a été rencontré de vestiges semblables. On peut penser que ce type de structures était cantonné à cette zone bien particulière. Elle est orientée à l’E./S.‑E., très précisément à la rupture de pente entre le plateau et le haut du versant de la vallée du Fond de Lagny. Mais la principale particularité de ce terrain est de nature géologique, en effet la couche de limon, très épaisse, oscille entre 50 cm et 1,50 m. Y avait‑il problème à construire des maisons à ossature en bois à cet endroit ? Ou y avait‑il un avantage quelconque à installer ces maisons enfoncées ? Il faut croire que c’est l’une ou l’autre raison, ou les deux à la fois, qui expliquent le choix du terrain.

47Les traces de trois maisons ont été observées mais il y en avait plus. À l’est de la maison 106, des taches noires de même nature que celles qui signalaient la présence des trois maisons reconnues étaient plus diffuses, râpées par la forte érosion de pente mais aussi, il faut le dire, par un décapage mécanique quelque peu intempestif. Au nord de l’habitat 50, à une quinzaine de mètres, un foyer (no 104) a été rencontré isolé dans une zone qui, jusqu’aux abords de l’enclos 56, a été totalement perturbée par les vestiges de la guerre de 14‑18. Enfin on a vu qu’à l’ouest au moins une maison (no 105) avait été en très grande partie détruite par la tranchée du TGV.

48Deux maisons (nos 50 et 106) étaient donc susceptibles de faire l’objet d’une fouille digne de ce nom, qui n’a pas été faite. L’une et l’autre ont été préalablement sondées à la pelle mécanique par le responsable de l’équipe de contractuels. Un tiers de la maison 50 a disparu dans un sondage cubique de 5 x 2 m sur 1,50 m de profondeur. Plus de la moitié de la maison 106, déjà très mal conservée, a été détruite dans les mêmes conditions. Nous avons pu en fouillant les tas de terre récolter quasiment l’ensemble du matériel de la maison 50 et fouiller les deux tiers restant, Pour la maison 106 nous n’avons pu que relever le contour de la fosse. On ne décrira donc ici que les structures et le matériel de la maison 50, au demeurant très intéressante.

49Lors du décapage initial, cette maison est apparue sous la forme d’une vaste tache noire de 50 m2 (fig. 47), très riche, en surface, de tessons, d’ossements animaux, en fragments de torchis et parois de four. La terre présentant en certaines zones une densité plus importante de cendres et de charbons de bois, le fouilleur a cru avoir affaire à quatre fosses qu’il nomma 50, 51, 52 et 53 (notre fouille montrant qu’il ne s’agit que d’une seule structure, seul le no 50 a été conservé). Pensant qu’il s’agissait de fours, le fouilleur par souci de rapidité a fait exécuter un sondage dans ce qu’il pensait être deux structures. Dans la fouille que nous avons réalisée par la suite, nous avons gardé une paroi de ce sondage comme support d’une coupe stratigraphique transversale (fig. 48).

FIG. 47 ‒ Secteur C : plan d’ensemble de la structure 50 (maison semi‑enterrée)

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 48 ‒ Secteur C : coupe stratigraphique de la structure 50 (cf. légende des coupes fig. 16).

J.‑L.B./CNRS del.

50L’état de conservation de la structure a déjà été évoqué ; quelques précisions doivent cependant être encore ajoutées. Le sol actuel à l’emplacement de la maison 50 présente une pente sensible vers l’est. C’est justement de ce côté que les limites de la maison n’ont pas été retrouvées : la maison possédait deux niveaux de sol, un niveau inférieur marqué par des installations domestiques telles que four et fosses et un niveau supérieur sur lequel reposaient les murs. Ce niveau supérieur, hormis dans l’angle N.‑O., a disparu ; il est probable qu’un décapage moins expéditif en aurait préservé une plus grande partie. Cet état de conservation rend plus difficile encore l’étude de la structure qui présente déjà deux problèmes de taille. Le premier tient à son type même : les maisons semi‑enterrées, parce qu’elles possèdent une superstructure légère, demandent des conditions de conservation remarquables pour pouvoir être bien étudiées. Rares sont les exemplaires qui pourraient servir de modèle. La seconde raison tient à l’histoire même de la structure 50 : le matériel comme la stratigraphie indiquent qu’elle a connu une longue histoire marquée par des réfections importantes. Il ne nous est malheureusement pas possible de proposer une évolution par phases. On se contentera d’une description générale.

51Le plan, tout au moins celui de la partie creuse, est quadrangulaire : 9 x 5 m. L’orientation générale est N.‑S., ce qui n’est pas très habituel mais ici l’exposition du plus grand côté aux vents dominants d’ouest est compensée par l’enfoncement du bâtiment dans le sol. L’axe de symétrie longitudinale correspond vraisemblablement à celui d’une poutre faîtière qui reposait sur deux poteaux situés au milieu des deux petits côtés. L’un de ces deux poteaux, du côté nord, a été mis en évidence : le trou avait 40 cm de diamètre et une profondeur de 35 cm. La taille relativement importante du bâtiment nécessitait la présence d’au moins une ferme intermédiaire reposant sur les parois porteuses. Deux trous de poteaux situés à l’angle N.‑O. nous donnent une idée de la nature de ces parois appuyées sur des poteaux relativement conséquents (trous correspondant au diamètre même du poteau de 30 à 35 cm de diamètre) et peu espacés (50 cm dans le cas présent). Ces poteaux servaient également de support à un clayonnage sur lequel était appliqué du torchis. À l’évidence, ces trois trous de poteaux n’appartiennent pas au même ensemble architectural. Le trou extérieur placé sur l’axe de symétrie correspond à une phase de construction où le bâtiment était moins long (moins de 6 m certainement) et où deux poteaux supportaient une poutre faîtière et maîtresse soutenant toute la toiture. C’est un plan habituel dans de nombreux habitats semi‑enterrés d’Europe centrale (Meduna 1980 : 41‑61 ; Cizmar 1987 : 205‑230). Les deux trous latéraux appartiennent, comme il a été dit, à des parois porteuses du bâtiment dans ses plus grandes dimensions et dont le toit reposait obligatoirement sur plusieurs fermes. C’est un plan semblable à celui des maisons de Gellerthegy‑Taban à Budapest (Bonis 1969 : 132‑135, maison 16 notamment). La coupe stratigraphique (fig. 48) confirme bien que la maison a connu deux phases d’occupation avec deux phases de destruction, ainsi que l’indique clairement la coulée de limon visible sur la partie droite de la coupe et recouvrant le fond de la structure.

52Au vu du plan (fig. 47), on est tenté d’envisager l’évolution générale suivante. Dans un premier temps, le bâtiment n’aurait occupé que la partie fouillée, la paroi sud se trouvant en bordure du sondage qui a détruit la partie méridionale. Il s’agirait alors d’une simple toiture reposant sur deux poteaux, les parois correspondant quasiment à celles de la fosse qui à l’origine devait avoir environ 1,50 m de profondeur. Le meilleur exemple de ce type de construction nous est donné par H. Laszlo (Laszlo 1978 : 11‑22). Cette première maison s’est trouvée au moins partiellement détruite et recouverte par une coulée de boue d’au moins 50 cm d’épaisseur. La maison a été reconstruite sur deux niveaux de sol, l’un inférieur (de 50 cm plus haut que celui de la maison précédente), l’autre supérieur correspondant à peu près à la surface du sol actuel. Ce dernier nécessitait de véritables murs suffisamment élevés. La nouvelle maison, sensiblement agrandie vers le sud, a vu sa superficie presque doubler.

53La maison 50 a l’intérêt de présenter plusieurs installations intérieures. Il n’est guère possible d’attribuer celles‑ci à l’une ou l’autre des deux phases. La stratigraphie complète de la partie centrale recoupe deux de ces installations qui semblent avoir perduré pendant toute l’utilisation de la structure, le foyer central et le four qui lui était adjoint. Ces deux éléments ont été remaniés à de nombreuses reprises, au point qu’on doit penser qu’ils étaient une installation majeure de l’habitation. On verra plus loin qu’on ne peut pour autant assimiler cette dernière à un atelier.

54Le foyer se trouvait initialement sur le fond de la fosse. Des curages successifs ont provoqué son enfoncement par rapport au sol. Dans la seconde phase, le foyer comme le sol inférieur ont été rehaussés. C’est à ce nouveau foyer que correspond le four en coupole assez mal conservé : la sole n’était plus en place, seule une partie de la paroi appliquée contre le limon géologique était encore debout, le reste étant écroulé. Il s’agit d’un four de forme ovale, de près de 2 m de longueur sur 1,20 m de largeur, pour une hauteur intérieure de 0,50 à 0,60 m. Ces dimensions sont relativement importantes. Il faut pourtant y voir une installation domestique, probablement un four à pain.

55Au nord de ce four, deux autres excavations dans le limon géologique doivent probablement être également interprétées comme des fours qui ont connu une courte utilisation. Il n’est pas impossible qu’on ait là trois fours successifs dans le temps. Les deux derniers sont encore moins bien conservés que le premier.

56Sur le côté occidental, on remarque dans la paroi une sorte de marche de 0,70 m de profondeur, de 4 m de longueur et de 0,40 m de hauteur, taillée dans le limon ici fortement crayeux. Une telle installation est courante dans les maisons semi‑enterrées, on l’interprète généralement comme étant une banquette. Celles‑ci sont nombreuses sur les habitats d’Europe centrale, mais on les rencontre également sur les oppida du sud de la France où elles sont construites en briques crues ou en pierre. Je renvoie à deux excellentes études qui font le point sur ces installations (Chausserie‑Laprée, Nin 1990 ; Roux 1990).

57La structure 50 a livré un très riche matériel archéologique (fig. 49 à 63), dont la particularité majeure est certainement sa diversité. On y rencontre une céramique extrêmement abondante qu’accompagnent des éléments de parure (fig. 64), de rares outils et deux pièces d’armement. Cet échantillon est tout à fait représentatif d’une unité domestique sans spécialisation artisanale particulière. C’est ce que confirme aussi l’étude du matériel osseux. L’outillage est absent (fig. 62), de même –et contrairement à ce qui a pu être observé sur le reste du site– on n’a trouvé ici aucune trace d’activité du métal (scories, mâchefer, coulées de bronze, etc.). En revanche on note la présence d’un couteau, une croisière et une pointe d’épée, objets rarement rencontrés sur les sites d’habitat. Un poids de métier à tisser et deux fusaïoles témoignent peut‑être de la présence d’un métier à tisser, ce qui n’a rien pour étonner dans une habitation. Enfin la diversité des services de vaisselle où la céramique fine et tournée est bien représentée (fig. 49, 53 et 59), ainsi qu’une part importante de parures (sept fibules, un torque, une perle de verre), indiquent qu’on est en présence de la demeure d’une famille aisée.

58Ce matériel est bien situé chronologiquement grâce aux fibules (cf. infra § 2.5.2.1 et § 4.3.1) qui indiquent qu’on a affaire à une période qui va du début de La Tène C1 au début de La Tène D1. L’élément le plus ancien (fig. 63, n 1) ne doit peut‑être pas voir sa valeur chronologique surestimée, il peut s’agir d’une vieille pièce d’autant que l’ardillon, présent sur huit autres exemplaires, n’existe plus ici. En revanche on note l’absence des fibules de Nauheim qui sont bien représentées dans l’enclos 56. Une datation située entre 250 et 150 paraît donc raisonnable, soit un siècle d’utilisation pour cette unité qui a connu au moins deux phases de construction.

FIG. 49 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases hauts tournés.

J.‑LB./CNRS del.

FIG. 50 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 51 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 52 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 53 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 54 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases hauts ouverts.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 55 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases à provisions.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 56 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 57 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 58 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles et gobelets.

J.‑LB./CNRS del.

FIG. 59 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles et vases ouverts tournés.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 60 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 61 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.

J.‑LB./CNRS del.

FIG. 62 ‒ Mobilier non céramique de la structure 50. 1‑8 clous, agrafes et outils en fer ; 9 poids de métier à tisser en terre ; 10 fusaïole en craie ; 11‑14 armes et accessoires en fer ; 15 fusaïole en céramique.

J.‑L.B./CNRS, T. L./CNRS del.

FIG. 63 ‒ Fibules et parures de la structure 50.1‑8 fer ; 11 bronze ; 9 verre ; 10 hache en pierre dure.

J.‑L.B./CNRS, T. L./CNRS del.

FIG. 64 ‒ Secteur C, structure 50 : torque en bronze reposant sur le sol.

cl. J.‑L.B./CNRS

59Cette relative précision chronologique est précieuse pour l’étude de la céramique. On a ici la preuve que la céramique fine exécutée au tour rapide (ne sont figurées comme tournées dans les figures 49 et 59 que les céramiques présentant les traces d’un tournage au tour rapide) apparaît dès La Tène C2, dans cette région du monde celtique où on la croyait absente. En revanche la céramique peinte est absente ainsi que les amphores républicaines, alors que les deux sont présentes dans le fossé 56. L’étude de la répartition des types de céramiques dans les différentes structures est particulièrement instructive : il apparaît que les fossés de clôture synchrones de la maison 50 ne livrent pas le même échantillon de vaisselle. La céramique fine y est absente alors qu’elle existait bien sur le site. On doit en conclure qu’elle était moins facilement mise au rebut que la céramique non tournée, à la fois parce qu’elle était plus précieuse et plus solide. Enfin, comme il a été dit plus haut, l’échantillon des types est plus important dans cette unité d’habitation qu’il ne l’est dans les fossés de clôture ou dans les citernes.

60Pour conclure cette question des habitats semi‑enterrés de Montmartin, il convient de reprendre les comparaisons. La seule synthèse existant sur le sujet est celle de J. Meduna (Meduna 1980) ; malheureusement il s’agit d’une étude maintenant un peu dépassée qui utilisait la documentation disponible dans les années 70 et où la France n’était pas représentée. Quoi qu’il en soit de l’état de cette documentation, toujours partielle et partiale, il apparaît que ce type de construction est cantonné surtout en Europe centrale et principalement en Moravie, en Bohême et en Hongrie, quelques exemplaires étaient présents sur les marges de la Celtique orientale, en Bavière, en Autriche, en Suisse, en Pologne et en Roumanie. À Montmartin on aurait les exemplaires les plus occidentaux. La maison 50, dans son premier état, entrerait parfaitement dans le type A1 a de Meduna qui est de loin le type le mieux représenté. La deuxième phase en ferait un représentant du type B2, représenté par un seul exemplaire sur l’oppidum de Stare Hradisko. La maison 50 dans son deuxième état, avec sa superficie de plus de 40 m2, excède considérablement la surface moyenne de ces habitats semi‑enterrés qui est d’une quinzaine de mètres carrés. Alors que récemment, et à propos de ces structures rencontrées sur les oppida, les archéologues tchèques s’interrogeaient sur leur fonction (Cizmar 1989), penchant plutôt pour des ateliers, ici la fonction d’habitation ne fait guère de doute. L’étude du mobilier, celle des restes osseux, l’absence de tous déchets de nature artisanale constituent une bonne argumentation. En revanche on notera que des ateliers semi‑enterrés ont été rencontrés à proximité, quoique légèrement plus tardifs, dans la zone artisanale de l’oppidum de Gournay, ils sont datables de La Tène D2 (Brunaux et al. 1985a : 44‑46). La relation entre les deux types de structures est d’autant plus intéressante et significative qu’on peut penser qu’il s’agit d’au moins une partie de la population de Montmartin qui s’est établie après la Conquête sur l’oppidum de Gournay. Les installations en partie enterrées n’ont donc dans cette région rien de fortuit, la tradition s’en est développée au milieu et à la fin de l’époque de La Tène.

2.2.3 Les constructions sur poteaux

61Les maisons semi‑enterrées n’ont été rencontrées que dans le secteur S.‑E. du site (secteur C sud). Même s’il en existait plus qu’il n’en a été vu lors des travaux de terrassement puis de fouille, il est fort peu probable que ce type de construction ait été unique et qu’il se soit étendu à l’ensemble de l’habitat. Il aurait alors été observé dans des zones moyennement bien conservées comme la périphérie de l’enclos 56. On doit plutôt croire qu’il y avait d’autres types de construction.

62Les constructions sur poteaux sont bien attestées sur le site. Malheureusement, comme l’ensemble des vestiges, elles ont subi les effets désastreux de l’érosion naturelle, doublés par ceux des terrassements non contrôlés dans la partie la mieux préservée du site. Hormis les greniers nos 21‑24 et 69‑71‑95 sur lesquels on reviendra, seul un ensemble cohérent se dégage, c’est la maison 68‑70‑71‑89‑92 (fig. 65). Il s’agit d’une construction au plan quadrangulaire dont l’angle S.‑E. est écorné par le fossé 56 qui l’a recoupée et a détruit probablement deux trous de poteaux. Trois trous de poteaux d’angle ont été mis en évidence (nos 89, 92 et 71). Deux poteaux intermédiaires se trouvent sur les côtés ouest et sud (nos 70 et 68). Le bâtiment tel qu’il apparaît dans les limites données par ces vestiges a une longueur de 6,40 m et une largeur de 4,50 m. Aucune trace annexe n’a été repérée telle que tranchée de sablière ou fosse périphérique. Sa superficie intérieure de 25 m2 en fait une maison de dimensions moyennes à l’architecture simple. La toiture reposait pour l’essentiel sur les poteaux d’angle supportant eux‑mêmes des entraits, le poteau no 68 renforçait peut‑être cette charpente en soutenant directement la poutre faîtière. On a donc là une structure d’habitation courante pour le second âge du Fer. Nous n’en rechercherons pas des comparaisons qui seraient très nombreuses mais peu fructueuses, dans la mesure où, comme on vient de l’indiquer, il s’agit d’une architecture peu spécifique. Le récent volume des publications de Manching (Maier et al. 1992) qui livre les résultats de la dernière campagne de fouille sur ce site donne de nombreux exemples proches de ce plan. Aucun matériel significatif chronologiquement n’a été rencontré dans les trous de poteaux. Cependant la situation de cet ensemble nous fournit un bon indice de datation. Il est, en effet, forcément antérieur au fossé 56 dont on verra que le creusement remonte probablement à La Tène C1. Cette maison appartient donc à la plus ancienne phase d’occupation du site. Cette datation peut également être confortée par la forme des trous de poteaux : ici ils sont de forme grossièrement circulaire alors qu’à Acy‑Romance dans le même type de roche qu’à Montmartin, comme à Manching, ils sont quadrangulaires.

FIG. 65 ‒ Secteur C : bâtiment 68‑70‑71‑89‑92. a plan des vestiges ; b interprétation.

J.‑L.B./CNRS del.

63Il n’est pas sûr que ce type de construction, à l’instar des habitations semi‑enterrées, ait été le plus courant. On en aurait malgré tout repéré plus de traces. D’autre part sur le site proche et contemporain des Sablons à Estrées‑Saint‑Denis (Woimant 1991), la plupart des constructions étaient établies sur des poutres sablières. Cette région étant riche en bois d’essences variées, il est probable que les maisons étaient du type à ossature charpentée, voire du type « Blockbau » comme il est courant sur les oppida. Les vestiges de telles structures, même sur les sites peu érodés, étant rarement bien lisibles, on comprend que s’ils étaient majoritaires à Montmartin, ils n’aient laissé aucune trace significative. En revanche, les vestiges indirects sont évocateurs ; il s’agit essentiellement de fragments de torchis brûlé, épars sur l’ensemble de la surface enclose par le fossé 337‑8. Ces fragments appartiennent au revêtement des murs des maisons, appliqué sur un clayonnage lui‑même mis en place sur une poutraison légère, ne nécessitant aucun ancrage dans le sol (cf. infra § 2.7.3). Des maisons de ce type existent en‑cote en Picardie, leur observation indique clairement que leur stabilité est seulement assurée par le poids du torchis, pourtant moins épais et par conséquent moins lourd qu’il ne l’était dans les constructions laténiennes. C’est le type même de cette construction, avec ses contraintes de poids et de cohésion des différents éléments, qui explique certainement la construction curieuse des maisons semi‑enterrées, sur un sol en pente et très limoneux où le moindre glissement de terrain eût mis en péril l’habitation.

64Deux ensembles de poteaux peuvent être attribués à des greniers surélevés reposant chaque fois sur quatre poteaux. Cette attribution fonctionnelle doit être considérée comme incertaine, il s’agit d’une interprétation courante, un peu un lieu commun dans les études de l’habitat au second âge du Fer. Ici nous n’avons pas plus d’élément décisif que la plupart de nos collègues et si nous parlons de « grenier » c’est plus par hypothèse que par réelle certitude. On pourrait tout autant parler, comme le fait plus précautionneusement B. Lambot, de « petites constructions » (Lambot, Méniel 1992).

65Le premier ensemble (fig. 66) se trouve imbriqué dans la construction qui a été évoquée plus haut, parmi les poteaux 89, 92, 70, 71 et 68 dans le secteur C (fig. 12). Il s’agit d’un groupe de quatre trous de poteaux, les nos 69, 93, 94 et 95. On les isole facilement de l’ensemble précédent par le diamètre et la profondeur des trous : sensiblement plus petits et moins profonds, ils forment un plan quadrangulaire, à l’allure d’un trapèze. Les dimensions sont petites, comme il est habituel dans ces constructions, 1,50 m deux fois, 2 m et 2,50 m. Les trous de poteaux étant très érodés, il n’y a été retrouvé aucun matériel. Les poteaux 71 et 95 se recoupent partiellement, malheureusement la stratigraphie ne permet pas de dire quelle structure est antérieure à l’autre.

FIG. 66 ‒ Secteur C : bâtiment 69‑93‑94‑95. A plan des vestiges ; b interprétation.

J.‑L.B./CNRS del.

66Le second ensemble (fig. 67) de quatre poteaux se trouve dans le secteur B (fig. 10). Il s’agit des poteaux nos 21, 22, 23 et 24. Là encore leur état d’érosion était extrême, au point qu’il a été difficile d’en relever la stratigraphie. Le trou de poteau 24 avait plutôt l’allure d’une tache, un fantôme. Le plan constitué par les poteaux est sensiblement plus rectangulaire que dans le cas précédent ; les dimensions d’axe en axe sont les suivantes : 2,40, 2,50, 2,70 et 3 m. Les trous de forme circulaire ont des dimensions plus importantes que dans l’ensemble précédent, entre 60 et 70 cm de diamètre. Là non plus il n’a été retrouvé aucun matériel qui pourrait préciser la datation ou une fonction plus spécifique.

FIG. 67 ‒ Secteur B : plan d’ensemble du bâtiment (grenier) 21‑22‑23‑24.

J.‑L.B./CNRS del.

2.2.4 Les silos

67Comme les trous de poteaux, ces structures creuses ont subi les effets destructeurs de l’érosion naturelle. Seuls deux représentants de ces installations, pourtant courantes sur les habitats de l’âge du Fer, ont été mis en évidence. L’une, la structure 54, par son plan circulaire et sa section, est tout à fait reconnaissable, l’autre, no 20, est moins évidente (fig. 10).

68Le silo 54 a la particularité de se trouver hors de l’enclos délimité par les fossés 337‑8‑29. Soit il appartient à la phase d’extension maximale du site représentée par les fossés 26‑30, soit il est contemporain de l’enclos précédent mais se trouve hors les murs. Sa forme est parfaitement circulaire, d’un diamètre de 1,50 m. Le fond est plat et les parois parfaitement verticales. Il n’était plus conservé que sur une hauteur de 31 cm, ce qui en dit long sur la puissance de l’érosion. Il n’a donc pas été possible de réaliser de coupe stratigraphique. Néanmoins ces quelques données permettent d’attribuer ce silo au type cylindrique ou en cloche.

69Le second silo se trouve à une quarantaine de mètres au nord du premier, à l’intérieur de l’enclos 337‑8‑29. Il est encore plus érodé que le premier. Sa forme, ou ce qui en demeurait en plan, est ovale d’un diamètre d’environ 1,20 m. Le fond était plus irrégulier que le précédent. Quant aux parois, leur état de conservation ne permet pas de dire si elles étaient ou non parfaitement verticales.

70Ces deux silos dont il n’a été retrouvé que la partie la plus profonde n’ont livré aucun matériel, Ceci n’a rien de surprenant, car c’est toujours la partie supérieure de ces structures creuses qui sert de dépotoir, la partie profonde étant généralement encombrée par le produit de l’éboulement des parois.

2.2.5 Les grandes fosses cylindriques

71FIG. 68 à 75

72Un autre type de structure creuse est bien représenté à Montmartin, il s’agit de grandes fosses cylindriques. Ces dernières, rares sur les habitats, si ce n’est sur les oppida, ont été conservées évidemment grâce à leur profondeur. Ainsi il s’agit du seul type de structure dont on soit sûr de connaître l’ensemble des représentants sur l’espace étudié.

73Deux grandes fosses de ce type ont été mises en évidence, elles se trouvent toutes deux dans le secteur B (fig. 10) et plus précisément à l’intérieur de l’enceinte 337‑8‑29. On notera –et nous aurons l’occasion d’y revenir– qu’elles sont situées non loin de la rivière Aronde, à environ 200 m, mais évidemment pas à la même altitude : elles se situent à 20 et 22 m plus haut que le niveau de la rivière.

74Ces deux structures creuses se différencient très nettement des silos par leurs dimensions, elles ont de 3 à 4 m de diamètre pour une profondeur de 4,50 m dans un cas et 2,50 m dans l’autre. Ces dimensions et la nature du remplissage nous ont obligé à n’en effectuer que la fouille partielle, la fosse no 12 a été divisée en quatre quadrants. Deux ont été fouillés : l’un l’a été jusqu’à une profondeur de 3 m, l’autre jusqu’à 1,50 m. La fosse no 25 avait un remplissage composé de pierraille crayeuse extrêmement meuble qui n’a permis la fouille que jusqu’à 1,50 m de profondeur sans qu’il soit possible de relever de coupe stratigraphique. Dans les deux cas, après le travail de fouille proprement dite, une équipe de fouille spéléologique (Groupe d’étude et d’intervention sur les ouvrages souterrains [GEIOS] sous la direction de M. Petit) est intervenue pour vider partiellement et surtout observer le fond de ces structures.

75La fosse no 12 est donc la plus remarquable et la mieux connue (fig. 68 et 69). En plan, elle se présente comme une fosse circulaire, au contour relativement régulier, d’un diamètre variant entre 3,30 et 3,70 m. Les parois, comme l’indiquent les stratigraphies, sont parfaitement verticales (fig. 72 et 73) et ce jusqu’au fond. C’est donc d’une structure parfaitement cylindrique qu’il s’agit. Les parois ne montrent pas de trace d’écroulement important. On peut penser qu’elles ont été protégées pendant la période de fonctionnement et qu’après la période d’usage le comblement a été rapide et massif. Du matériel archéologique n’a été rencontré que dans le tiers supérieur du remplissage, c’est‑à‑dire les six premières couches. Probablement cette structure très profonde, quand elle fut hors d’état, fut rebouchée volontairement pour des raisons évidentes de sécurité. Cependant la masse des matériaux de remblaiement déposée en une fois a dû rapidement s’affaisser et reformer une fosse d’1,50 m de profondeur ; c’est cette dernière qui a joué le rôle de fosse dépotoir.

FIG. 68 ‒ Secteur B : la citerne 12. a plan de situation ; b plan d’ensemble.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 69 ‒ Secteur B : la citerne 12 en cours de fouille.

cl. J.‑L.B./CNRS

FIG. 70 ‒ Fibules en fer issues de la citerne 12.

T.L./CNRS del.

FIG. 71 ‒ Bouterolle de fourreau en fer issue de la citerne 25.

T.L./CNRS del.

FIG. 72 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique de la citerne 12 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

FIG. 73 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique de la citerne 12 (cf. légende des coupes fig. 16).

C.L. del.

FIG. 74 ‒ Mobilier céramique de la citerne 12 : formes diverses. Couches 1 et 2.

J.‑L.B./CNRS del.

FIG. 75 ‒ Mobilier archéologique de la citerne 12. 1‑12 céramiques ; 13 broyon en grès. 1‑9 couche 2 ; 10‑13 couche 6.

J.‑L.B./CNRS del.

76Le matériel archéologique rencontré dans les couches supérieures (fig. 70, 74, 75) est assez représentatif chronologiquement, bien qu’il soit peu abondant. Trois fibules ont été découvertes. L’une (fig. 70, no 2) date vraisemblablement de La Tène C1, les deux autres (fig. 70, nos 1 et 3) appartiennent sans conteste à La Tène C2. Le matériel céramique donne la même image chronologique. Deux formes (fig. 75, nos 11 et 12) rencontrées dans la couche C6, la plus profonde à avoir livré du matériel, peuvent dater du tout début de La Tène moyenne, c’est le cas également du vase ouvert décoré de deux profondes rainures (fig. 75, no 9). En revanche, le reste du matériel et notamment les vases ovoïdes sont plutôt caractéristiques de La Tène C2. Le comblement définitif de la citerne s’est donc produit dans le courant de La Tène C2.

77La seconde structure de ce type (structure 25) a des caractéristiques très semblables. De plan également circulaire, ses dimensions sont légèrement inférieures : le diamètre est de 3,50 m environ mais sa profondeur est moindre (2,50 m). Cependant c’est dans ce secteur que l’érosion semble avoir été la plus forte, si bien qu’on peut penser qu’à l’origine le fond se trouvait à près de 4 m. Les parois étaient également verticales mais moins bien conservées que dans le cas précédent. La structure était donc également cylindrique. Le remplissage semble avoir été rapide, il est constitué de pierrailles crayeuses de gros module, donc extraites dans la roche à une certaine profondeur. Ce sont peut‑être les matériaux extraits du creusement du fossé 26 situé à proximité immédiate qui sont venus la remplir. On n’est donc pas étonné de n’avoir rencontré qu’un matériel archéologique extrêmement réduit. Parmi les tessons aucune forme n’est dessinable. Heureusement le seul objet métallique est significatif, il s’agit d’une bouterolle de fourreau (fig. 71), à la pointe ogivale tout à fait caractéristique de La Tène C2. On a donc là une datation pour le comblement certainement proche de celui de la fosse précédente, qui est également compatible avec l’installation d’un rempart de palissades dans le fossé 26.

78La contenance des fosses est de 40 m3 environ pour le no 12 et de près de 30 m3 pour le no 25. Il est possible mais évidemment non certain que les deux contenants aient été utilisés en même temps.

79De telles fosses, de forme cylindrique et de très grandes dimensions, sont généralement interprétées comme des citernes, notamment sur les oppida de Tchéquie et de Slovaquie. À Montmartin une telle interprétation soulève des problèmes non négligeables. Ainsi nous n’avons découvert aucune trace d’un enduit qui aurait rendu étanche une telle citerne creusée dans la craie. Par ailleurs, on comprend mal la nécessité de se munir de telles installations, rarissimes sur tous les habitats contemporains, alors que l’eau des rivières et des étangs n’est jamais éloignée de plus de 300 m de n’importe quel point de l’habitat.

80De telles structures, décrites comme des citernes, sont jusqu’à présent rares en France ou peut‑être mal étudiées. Beaucoup ont dû être confondues avec des silos de très grande taille, d’autres non entièrement fouillées ont pu être prises pour des puits. On n’en rencontre pas sur les oppida du sud de la France où la gestion et le stockage de l’eau n’étaient peut‑être déjà plus une affaire seulement collective. F. Audouze et O. Buchsenschutz indiquent (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 182) que de telles citernes creusées dans le roc sont courantes sur les oppida. Elles semblent pourtant n’avoir été bien étudiées qu’en Celtique orientale où elles sont extrêmement courantes. On en connaît à Zavist, notamment dans la partie centrale où elles sont de même volume que les fosses de Montmartin (Motykova et al. 1978), tandis que dans le Vorburg sud (Cizmar 1989), elles sont de taille sensiblement plus petite ; on en trouve également à Hrazani (Jansova 1960), cette fois de mêmes dimensions, ou encore à Trisov (Bren 1966). Il semble que de tels récipients à usage collectif soient le propre d’habitats groupés et fortifiés.

81En fait, sur la plupart de ces sites, l’hypothèse de citernes est loin d’être démontrée parce que les archéologues n’ont pas constaté la présence d’aménagements propres à assurer non seulement l’étanchéité, mais aussi la protection de l’eau par une couverture ou encore sa pureté par un système de décantation. D’autres interprétations sont envisageables, telles que magasin à vivres, cachot, etc.

2.3 La céramique

82j.‑l. brunaux

2.3.1 La céramique indigène

83L’étude de la céramique de La Tène moyenne et finale dans le nord de la France pose de nombreux problèmes. Le plus important tient à l’absence d’une collection de référence qui serait associée à du matériel métallique dateur. Jusqu’à présent, les collections de céramiques étaient peu importantes en volume et souvent isolées, c’est‑à‑dire sans contexte mobilier. Par ailleurs, la part la plus importante du matériel exhumé provient de nécropoles et de sanctuaires et il était difficile de la mettre en parallèle avec des ensembles souvent frustes provenant d’habitat, la plupart du temps d’établissements ruraux. On présumait –et le matériel de Montmartin en donne une confirmation sans appel– que la nature de la céramique est fonction de la nature du site.

84La collection de Montmartin résout ces deux problèmes majeurs. Elle est importante (plus de 500 formes) et associée à différentes catégories de matériel métallique bien datables (fibules, armes et parures). D’autre part, c’est la production d’un site de grandes dimensions dont les habitants avaient noué des relations avec des populations éloignées et où l’on trouve un certain nombre d’importations (céramique peinte, amphores, grands chevaux). Enfin le site de Montmartin se trouve dans une petite région où l’on connaît très bien la céramique contemporaine des autres catégories de sites : sanctuaires (Gournay et Estrées‑Saint‑Denis), nécropoles (Gournay, Canly), établissements ruraux et petits habitats (Venette, Compiègne, Lacroix‑Saint‑Ouen et Verberie). La céramique de Montmartin est donc appelée à devenir une collection de référence pour une vaste région dans le nord de la France pour une période où ce type de matériel était mal connu, La Tène C2 et le début de La Tène D1. Mais la signification première de cet ensemble est d’une portée plus générale : il nous montre qu’il existe des sites dans le nord de la France qui sont à l’image du reste du monde celtique, avec des vases qui sont tournés dès La Tène C2, époque à laquelle sont importés ou produits les premiers vases peints.

85Dans la compréhension générale du site de Montmartin, le mobilier céramique joue également un grand rôle. Il est la plus importante catégorie de matériel, et distribué de façon relativement égale dans l’ensemble des structures, il permet de corriger les datations données par le matériel métallique dont la répartition est sélective (il se trouve dans seulement trois structures, le fossé 56, la maison 50 et la grande fosse cylindrique 12). C’est donc la céramique, comparée aux datations du métal, qui peut livrer les meilleurs résultats.

2.3.1.1 Le corpus

86Déterminer un corpus céramique soulève toujours des problèmes de méthode. Certains pèsent la céramique et font les décomptes en kilogrammes, d’autres calculent des pourcentages. Chaque méthode a ses défauts. Celle utilisée ici a également les siens, mais présente l’avantage d’être pratique : ce sont les tessons dessinables qui ont été retenus, soit un critère de choix aléatoire mais qui assure la représentativité de l’ensemble. Tous ces tessons dessinés permettent de travailler sur les formes.

87De cette manière, 497 formes ont été mises en évidence. Elles se répartissent comme suit :
‒ fossé 56 : 182 ;
‒ maison 50 : 151 ;
‒ fossés 337‑338 et 8 : 122 ;
‒ grande fosse cylindrique 12 : 22 ;
‒ autel creux : 7 ;
‒ trous de poteaux : 5 ;
‒ structure 14 : 5 ;
‒ fossé 102 : 3.

88Cet ensemble présente un aspect remarquablement homogène. Les types présents sont en nombre restreint. Les décors sont rares et peu variés. La céramique grossière est quasi absente. La cuisson surtout est exceptionnellement régulière : tous ces vases sont bien cuits ; rares sont ceux qui, très cuits, sont devenus une sorte de grès, aussi rares sont les vases mal cuits qui ont tendance à se déliter. Enfin on ne note guère que quatre grands types de couvertes : aspect finement gréseux, lustrage typique de la production de La Tène moyenne dans cette région, impression d’herbes ou de pailles, enduit noir. Deux, voire trois, de ces types de couvertes peuvent se trouver sur un même vase.

89Cette impression de grande cohérence dans l’échantillon vient très probablement du fait que la grande majorité de ces vases est issue d’ateliers locaux qui, même s’ils ont travaillé sur une période d’environ un siècle et demi, l’ont fait avec les mêmes techniques ou dans la même tradition.

2.3.1.2 Types et fonctions

90Nous n’avons pas l’intention d’esquisser ici une typologie au sens propre du mot. Notre but est seulement d’isoler d’une part les types représentatifs, d’autre part, parmi eux, de déterminer ceux qui sont susceptibles d’apporter des éléments de datation. Il n’y a donc ici aucun souci d’exhaustivité et on ne s’étonnera pas de voir dans les planches des formes ne correspondant à aucun des types qui vont être examinés.

91Les types qui suivent correspondent à ceux de la figure 76. Les formes représentées sont des formes typologiques qui peuvent regrouper de nombreuses variantes qui elles‑mêmes peuvent avoir une valeur chronologique propre. La forme choisie pour illustrer ces types est l’une de ces variantes, pas nécessairement la plus nombreuse du corpus, mais souvent la plus significative.

FIG. 76 ‒ Principaux types de formes céramiques présents à Montmartin.

J.‑L.B./CNRS del.

92Trois groupes sont distingués : les écuelles, les vases hauts à col fermé et les vases hauts à col large. Les bols, gobelets et marmites sont rares, voire inexistants. Leur intérêt chronologique est quasi nul. On ne les a donc pas retenus ici.

93Le problème de la fonction de ces vases a déjà souvent été évoqué et mériterait à soi seul une étude particulière. On indiquera ici la fonction quand elle est évidente ou quand la présence du vase sur un type particulier de site donne des indications caractéristiques.

Écuelles

Type 1 – Écuelle à col droit

94La principale caractéristique est le col droit ou légèrement oblique vers l’intérieur ou l’extérieur. La panse peut être plus ou moins profonde, posséder un ombilic ou un fond plat. L’angle panse‑col peut être anguleux, aménagé en ressaut arrondi (équivalent de l’épaulement des vases hauts) ou légèrement arrondi et souligné d’un trait gravé.

Type 2 – Écuelle à col évasé

95Forme très proche de la précédente et admettant les mêmes variantes. Sa caractéristique tient à son col franchement évasé vers le haut, souvent même placé dans le prolongement de la panse.

Type 3 – Écuelle à col concave

96Forme également proche des précédentes. Les variantes sont moins nombreuses : le ressaut à la jonction de la panse n’existe plus, ni l’ombilic au centre de la panse. Ce modèle de col si particulier, souvent en arc de cercle, a son correspondant sur les vases hauts.

97Ces trois types d’écuelles, présents tant sur l’habitat que dans les sépultures ou dans les sanctuaires, ont une fonction culinaire qui ne fait pas de doute. Ils font partie du service de table.

Type 4 – Écuelle hémisphérique ou jatte

98Forme très simple marquée par l’absence de col. Le bord peut être plus ou moins rentrant et souligné par un léger bourrelet intérieur. Cette forme a son correspondant dans les vases hauts, les types 7 et 8.

99Ce type, courant surtout dans les habitats, servait probablement à la préparation culinaire.

Vases hauts à col fermé

Type 5 – Situle biconique

100Vase haut, relativement élancé, composé de deux troncs de cône superposés. La panse est quasi rectiligne. Les variantes concernent essentiellement la jonction panse‑col qui peut être anguleuse, soulignée par un ressaut arrondi (épaulement) qui peut rendre le vase proche de la forme 10. Le bord du col connaît également plusieurs formes : non souligné, léger bourrelet, fortement évasé.

101Ce type de vase semble n’avoir pas connu de fonction bien précise. Il se rencontre sur tous les types de sites. Certaines formes hautes et élancées désignent des pièces d’apparat, ce que confirme leur situation dans des sépultures de haut rang.

Type 6 – Vase à profil sinueux et piédouche

102Le profil est celui d’un S. Les variantes vont de ce S pratiquement non modifié à des exemples présentant plusieurs ressauts tant sur le pied que sur le haut de la panse. Il n’existe plus de jonction visible entre le pied et la panse ni entre la panse et le col. Certaines formes montrent néanmoins un col droit plus ou moins haut.

103Bien représenté dans les sépultures comme le type précédent, ce vase existe aussi sur les habitats et plus précisément dans les structures d’habitation (à Montmartin, structure 50). Il appartient donc à un service de luxe et n’a peut‑être pas d’attribution fonctionnelle précise.

Type 7 – Vase ovoïde sans col

104Type extrêmement simple puisqu’il n’est composé que d’un fond plat et d’une panse. Les variantes tiennent à la forme générale : aspect plus ou moins globulaire ou plus ou moins élancé, le bord rentrant plus ou moins vers l’intérieur.

105Ces vases, qui ont la particularité de posséder presque toujours et sur tous les sites où on les rencontre une panse à la surface non lisse, sont des vases à provision. Leur panse très fermée en faisait des récipients adaptés au portage des liquides ou des denrées fluides.

Type 8 – Vase ovoïde avec col

106Même type que le précédent. La différence tient à la présence d’un col souvent discret, petit bourrelet plus ou moins évasé. La panse qui est parfois lisse indique que la fonction de ce type était plus variée que celle du précédent.

Type 9 – Vase ovoïde à col évasé

107Allure générale très sinueuse, panse ovoïde se terminant par un col assez haut évasé. Il n’existe pas de jonction visible entre les différentes parties du vase. La fonction est uniquement domestique puisque ce vase n’est présent que sur l’habitat, mais on ne peut pas la préciser mieux.

Type 10 – Vase à panse ovoïde et col droit

108Ce type se situe entre le type 5 déjà évoqué, d’allure plus anguleuse, et le type 12, plus élancé. Ici la forme générale est trapue, cela tient à la panse ovoïde surmontée d’un col droit assez haut. Le bord présente des variantes : droit, évasé, garni d’un bourrelet.

109Type aux usages multiples, tant domestique que funéraire ou cultuel.

Type 11 – Vase tonnelet

110Forme très simple, sans pied ni col. La panse présente un renflement bien centré qui donne l’allure caractéristique de « tonnelet ». Le bord du col est généralement discret.

111La finition souvent très soignée de ce vase (lissage, peinture) et sa présence dans les structures d’habitation ou dans les sépultures de haut rang indiquent qu’il s’agit d’une pièce de luxe à la fonction peut‑être essentiellement décorative.

Type 12 – Vase élancé à col étroit et droit

112Panse très haute et élancée reposant sur un fond étroit ou un piédestal. Le haut de la panse est large et se referme de manière accentuée jusqu’à la jonction avec un col cylindrique étroit qui peut être plus ou moins haut. Comme le type précédent, il est souvent décoré et se désigne de lui‑même comme une pièce de luxe, sans fonction définissable.

Type 13 – Vase élancé a profil sinueux

113Proche des types 6 et 12, il est caractérisé par une panse de même forme que le précédent et par le haut de la panse et le col marqués de ressauts ou de cordons. Le fond étroit peut reposer sur un piédouche.

114Les ressauts et cordons tiennent lieu de décor. La pièce est sensiblement moins luxueuse que les précédentes.

Type 14 – Dolium

115Vase de grandes dimensions, très pansu. La forme est ovoïde et la panse très refermée et se terminant par un col très évasé, destiné à recevoir un bouchon ou couvercle. Les variantes ne tiennent qu’à la forme de ce col, plus ou moins grand et plus ou moins évasé. Le type présentant un col à marli constitué d’une ou plusieurs rainures est absent à Montmartin.

116Fonction évidente : conservation ou stockage de denrées de différentes natures.

Vases hauts à col ouvert

Type 15 – Vase haut à col concave

117Variante du type 3. La panse est sensiblement plus élevée et repose sur un fond plat étroit. Vase à usage domestique.

Type 16 – Vase haut ovoïde et sans col

118À mi‑chemin entre la jatte et la marmite, ce vase est également l’intermédiaire entre les types 4 et 7. Comme eux, il ne possède pas de col. Vase à usage uniquement domestique.

Type 17 – Vase haut à col droit

119Intermédiaire entre les types 1 et 5, ce vase présente les mêmes variantes. Vase à usage domestique.

Type 18 – Vase haut tronconique

120Forme très simple : tronc de cône avec fond plat. Bord discret, parfois légèrement souligné par un bourrelet intérieur. Usage essentiellement domestique.

2.3.1.3 Comparaisons et évolution des formes

121On se bornera à comparer les formes qui viennent d’être décrites avec des séries provenant soit de sites régionaux dont la datation reste approximative, soit de sites plus éloignés pour lesquels la datation est mieux assurée. On dégagera ensuite les principales tendances que présente l’évolution des formes.

Type 1

122Cette écuelle est présente sur la plupart des sites d’habitat ou de sépulture de La Tène ancienne. Sa forme est alors très anguleuse, à cause de sa technique de fabrication et d’assemblage. Les formes les plus anciennes possèdent un bord simple, sans bourrelet ni gravure comme à Gournay/Le Parc (Brunaux et al. 1985a). Les formes avec ressaut arrondi se rencontrent dans les nécropoles, à Breuil‑le‑Sec (Degenne, Duval 1983), Gournay/Saint‑Maur, Gournay « fond du fossé du sanctuaire », Allonne (Paris 1996), Tartigny (Massy et al. 1986), c’est‑à‑dire dans des ensembles datés de La Tène C1, tandis que sur les habitats de Verberie/Buisson Campin et de Compiègne/Carrefour d’Aumont (Brunaux 1977) les formes anguleuses perdurent encore un certain temps.

123À Acy‑Romance (Lambot, Méniel 1992), habitat daté de la fin de La Tène C1 et La Tène C2, il n’existe plus que des formes hybrides proches des types 2 et 3. On ne rencontre plus ce type sur les sites plus récents tels que Beauvais/Les Aulnes du Canada (Woimant 1990) de La Tène C2/La Tène D1, Variscourt (Pion 1990), de la fin de La Tène D1 et Gournay dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire » (Brunaux et al. 1985a).

Type 2

124Cette écuelle n’est représentée dans aucune des nécropoles typiques de La Tène C1, comme celles de Gournay/Saint‑Maur (Blanchet, Duval 1975), Moiy‑Montcrux (Blanchet 1983), Tartigny ou Compiègne/Le Puits Féron (Brunaux 1977). Elle apparaît dans une seule sépulture à Breuil‑le‑Sec (tombe 13). En revanche, elle est bien représentée à Acy‑Romance, à Canly (Gaudefroy 1991), à Beauvais, et dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire » de Gournay. Elle n’existe que sous des formes hybrides (proches du type 3) à Variscourt. Ce type paraît donc typique de La Tène C2 et du début de La Tène D1.

Type 3

125À Gournay, cette écuelle est représentée dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire », ainsi que dans la fosse augustéenne trouvée au bord de celui‑ci, ce qui nous donne une bonne idée de sa situation chronologique. Elle est présente à Acy‑Romance, à Beauvais, à Variscourt, à Ville‑neuve‑Saint‑Germain (Debord 1982) et sur une grande majorité de sites de La Tène D1 plus éloignés, à Menil‑Annelles (Flouest, Stead 1981), Feurs (Vaginay, Guichard 1988), ainsi que sur les sites de La Tène D2 qui livrent de la céramique indigène.

Type 4

126Cette jatte est malaisément datable. Sa forme est, en effet, justifiée par sa fonction : elle est adaptée au travail et à la préhension avec une cuiller. On rencontre des formes semblables à Gournay dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire », à Villeneuve‑Saint‑Germain, à Feurs, parmi les sites qui nous servent de référence. Mais la diffusion de cette forme est beaucoup plus large puisqu’on la rencontre dans le sud de la France. Dans la typologie « Dicocer » (Py 1993) ce type 4 correspond au type Celt 9 a, il est daté entre 250 et 1 av. J.‑C.

Type 5

127Comme le type 1, ce vase est issu des formes de La Tène ancienne où il présente un profil anguleux : la fosse isolée près du sanctuaire de Gournay (La Tène B2) en garde le témoignage. De la même manière, au début de La Tène moyenne, la jonction panse‑col est agrémentée d’un ressaut arrondi qui est dû à une nouvelle technique de fabrication, l’usage du tour lent. À Gournay, ce type existe à la nécropole de Saint‑Maur, et dans les couches inférieures du fossé du sanctuaire. Il est très bien représenté à Breuil‑le‑Sec, Mory‑Montcrux, Allonne, Tartigny, Conchil‑le‑Temple (fossé C 21) (Leman‑Delerive, Piningre 1981) et Port‑le‑Grand (Leman‑Delerive 1976). À Acy‑Romance, il est rare. On peut donc considérer ce type comme le représentant idéal de La Tène Cl.

Type 6

128Ce type, qui est apparu à bien des auteurs comme caractéristique de La Tène moyenne du nord de la France, est en réalité très mal défini, à cause de variantes multiples. Héritier des vases à piédouche marniens de La Tène ancienne (Étrechy, par exemple), on le rencontre dans les sépultures les plus anciennes à Breuil‑le‑Sec, Allonne, Tartigny, Beauvoir (Dilly, Piton 1988), ainsi que dans celles plus récentes de Port‑le‑Grand et d’Allonville (Ferdière et al. 1973) où l’on aurait l’un des plus anciens exemplaires tournés. Il se dégagerait ainsi un premier groupe ancien, caractéristique d’une région nord‑occidentale de la Picardie. Avec l’usage du tour rapide, ce type quelque peu délaissé au début de La Tène C2 reparaîtrait avec un profil nettement plus sinueux. On le voit à Acy‑Romance, à Beauvais, à Variscourt, à Feurs, et dans des sites du début de La Tène D2 comme Villeneuve‑Saint‑Germain ou la fosse augustéenne de Gournay. Un type assez proche dans le « Dicocer », Celt 1 c est daté de 400‑200 av. J.‑C.

Type 7

129Ce type n’apparaît dans aucune nécropole de La Tène C1 en Picardie. Il est rare à Acy‑Romance (2 exemplaires), courant à Beauvais et à Conchil‑le‑Temple (fossé D5). On le rencontre également dans les nécropoles de La Tène D1 à Port‑le‑Grand, à Canly, à Léry (Celtes en Normandie 1990). Il est bien représenté dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire » de Gournay mais absent à Variscourt et Villeneuve‑Saint‑Germain, ainsi que dans les sites du centre de la France tels que Feurs. On le connaît bien en revanche en Rhénanie et notamment sur le célèbre site de Bad Nauheim (Schönberger 1952). Ce type est bien circonscrit dans le temps. Mais à Montmartin, qui pourrait bien se situer à l’intérieur de sa région d’origine, ce vase pourrait être plus précoce : ainsi dans la couche C.06 du fossé 56, il se trouve dans un complexe bien représenté par La Tène C1.

Type 8

130Type peu caractéristique qui semble plus récent que le précédent. Il est aussi rare à Beauvais qu’à Montmartin. En revanche il existe avec un bord plus élaboré à Variscourt.

Type 9

131Il s’agit d’un vase typique des habitats. Bien représenté à Acy‑Romance et à Beauvais, on le rencontre à Conchil‑le‑Temple dans le fossé C 21, c’est‑à‑dire dès La Tène C1. Il est également courant sur les habitats ouverts de la fin de La Tène moyenne et du début de La Tène finale comme celui de Feurs. Mais la forme perdure sur les habitats plus récents de Variscourt et de Villeneuve‑Saint‑Germain.

Type 10

132Type mal représenté. Il n’existe guère qu’à Acy‑Romance

Type 11

133Ce type très caractéristique ne l’est pourtant que pour des sites dont les utilisateurs jouissaient d’un statut social élevé. Il n’est donc utile que pour la datation de ces sites. Ainsi on n’en rencontre pas à Acy‑Romance alors que la datation de l’habitat et sa situation géographique le permettraient. Dans la région, ce type n’existe qu’à Beauvais où il est peint. Un exemplaire tourné et non décoré se trouve à Villeneuve‑Saint‑Germain, sans grande signification chronologique. Sur les sites de la fin de La Tène C2, ce vase est courant, ainsi à Feurs. Enfin un vase de ce type se trouve dans un ensemble daté par la dendrochronologie, à Yverdon, où l’abattage des bois est situé entre 161 et 158 (Curdy, Klausener 1985). À Lattes dans l’îlot 3, ces formes sont présentes dans la phase D DI (150‑125 av. J.‑C.) et 3 C2 (125‑75 av. J.‑C.). Dans le « Dicocer » le type le plus proche est le Celt 3 c, daté de 150‑25av. J.‑C.

Type 12

134Ce type semble dériver des vases à piédouche proches du type 6. Les exemplaires les plus anciens dans la région proviennent de la nécropole d’Allonville (tombe 3), malheureusement l’absence de matériel métallique n’assure pas une datation précise. L’habitat d’Acy‑Romance n’en a livré aucun exemplaire alors que la région en est riche, la raison est peut‑être la même que celle qui explique l’absence de vases tonnelets. Ainsi à Feurs, site contemporain d’Acy‑Romance, ce vase est courant. On le rencontre aussi à Beauvais, Menil‑Annelles, à Poses (Celtes en Normandie 1990) et à Variscourt, ainsi que sur les sites typiques de La Tène D2, à Villeneuve‑Saint‑Germain, et dans la fosse augustéenne de Gournay. À Lattes on rencontre cette forme dans le même îlot et aux mêmes phases que pour le type précédent.

Type 13

135Il s’agit certainement d’un dérivé des vases à piédouche de type 6. Des formes très proches, annonciatrices du type, se rencontrent à Allonne au milieu de La Tène C1. Néanmoins le type ne se développe que plus tard : on le rencontre à Acy‑Romance et à Port‑le‑Grand au milieu de La Tène C2 ou encore à Poses à La Tène D1. Il existe dans des formes hybrides à Beauvais. Le type semble absent des sites plus récents tels que Variscourt et Villeneuve‑Saint‑Germain. On le rencontre cependant sous une forme peinte dès la phase 3 D1 (150‑125 av. J.‑C.) dans l’îlot 3 de Lattes.

Type 14

136C’est la forme la plus ancienne du dolium proprement dit, si l’on en croit la typologie établie par A. Furger‑Gunti (Furger‑Gunti 1979). Elle est caractéristique de l’habitat de « l’Usine à Gaz ». Elle est absente à Acy‑Romance. On la rencontre à Gournay dans la « couche de rebouchage du fossé du sanctuaire », tandis que dans la fosse augustéenne ne se trouvent que des exemplaires à marli. Le type est également présent à Variscourt. Des formes assez proches, mais plus hautes et moins pansues, existent à Feurs. Il n’est pas sûr que leur fonction ait été la même.

Types 15, 16 et 17

137Les exemplaires de ces types, à moins d’être complets, peuvent difficilement être différenciés des vases des types 1, 3 et 4. Les comparaisons sont donc les mêmes.

Type 18

138Il serait le représentant même du vase atypique. Pourtant cette sorte de jatte tronconique, très courante à l’époque de Hallstatt et à La Tène ancienne, disparaît presque totalement des horizons de La Tène moyenne, c’est ce qui en fait son intérêt. Elle perdure plus longtemps sur l’habitat. On la trouve à Verberie/Le Buisson Campin, à Acy‑Romance. Mais elle est inexistante sur les habitats tels que Feurs ou Besançon (Guilhot, Coy 1992).

139Le tableau ii synthétise ces comparaisons sur une échelle chronologique où figurent les sites qu’on peut le plus aisément placer. Quelques conclusions peuvent être tirées, elles sont précieuses pour comprendre l’évolution des formes céramiques. On constate tout d’abord que deux formes (nos 1 et 5), écuelle et situle à col droit, sont directement issues de La Tène ancienne et ne sont représentées que sur les sites de La Tène C1. Seule une forme peut être considérée comme caractéristique de La Tène C2, c’est la forme no 2, écuelle à bord évasé. En revanche, le vase haut ovoïde sans col peut être considéré comme le représentant typique de La Tène moyenne sur les sites d’habitat du nord de la France : il apparaît très tôt dans le sud de la Picardie (La Tène C1) et perdure jusqu’à La Tène D1. Le vase tonnelet, forme no 11, lorsqu’il est peint, aurait une datation semblable. Aucune forme ne serait représentative de La Tène D1 seule. Enfin certains types, tel le vase à piédouche no 6, connaissent une telle longévité qu’il est difficile de les utiliser pour la chronologie, à moins de pouvoir distinguer des sous‑groupes : les exemplaires les plus anciens datent en Champagne de La Tène B1 et on en rencontre dans le nord de la France jusqu’à La Tène D2.

TABL. II Chronologie et comparaisons des principaux types céramiques.

J.‑L.B./CNRS

140Il apparaît donc que les formes anguleuses, issues de La Tène ancienne et dont le profil tenait essentiellement à la technique de montage, existent pendant tout la première moitié de La Tène moyenne. Elles disparaissent complètement à La Tène C2 au profit de formes beaucoup plus arrondies. L’usage de la tournette explique certainement la disparition des jonctions anguleuses de la panse avec le col, qui pour être conservées, exigent une rotation rapide et stable du vase. À la même époque se développe l’usage du tour rapide dont la technique encore imparfaite ne permet pas de réalisations ni de finitions caractéristiques. Néanmoins le répertoire des formes s’en trouve modifié. Le vase tonnelet et les vases élancés avec pied étroit ne se conçoivent que fabriqués au tour. La découverte d’Yverdon indique très clairement que les vases tonnelets peints ont été tournés dès le deuxième quart du iie s. av. J.‑C.

141Si quatre types de vases dérivent directement de la production de La Tène ancienne (nos 1, 5, 6 et 18), deux types (nos 7 et 11) ne trouvent aucun antécédent régionalement. On doit penser qu’il s’agit de modèles importés. Pour le vase tonnelet, on présume qu’il s’agit d’une production du centre‑est de la Gaule. Pour le vase ovoïde sans col, la filiation est plus problématique : c’est en Picardie qu’on en trouve la représentation la plus forte et la plus ancienne ; on peut être tenté de croire que la forme y est apparue.

2.3.1.4 Répartition des types dans les principales structures

142Le tableau iii donne le nombre de formes des dix‑huit types définis plus haut dans les structures les plus significatives du site. Il montre que quatre structures présentent un réel intérêt par le nombre de formes présentes ; ce sont les structures 56, 50, 337‑8 et 12. En revanche la structure 57‑99 (autel creux), les fossés 26 et 102, le silo 14 et les trous de poteaux 76 et 85 ne sont guère utilisables. Cependant la présence de seules formes anciennes dans le fossé 102 n’est pas dénuée d’intérêt. C’est également le cas pour la structure 57‑99.

TABL. III ‒ Nombre de vases par type.

J.‑LB./CNRS

143Ce tableau où figurent les dix‑huit types n’est pas d’une lecture aisée. Nous avons donc procédé à un choix des types les plus représentatifs, en fonction de l’analyse comparative qui vient d’être menée. Sont donc retenus le type 18 comme le plus ancien, les types 1 et 5 comme représentant La Tène Cl, le type 2 La Tène C2, les types 7 et 11 la fin de La Tène C2 et le début de La Tène D1 enfin les types 3 et 12 pour La Tène D1 (tabl. ii).

144Avant d’analyser ce tableau, il importe de rappeler qu’aucune des structures retenues ici n’est un ensemble clos. Il s’agit dans tous les cas de cavités restées ouvertes plus ou moins longtemps, avec des différences cependant. La maison semi‑enterrée 50 a dû être comblée assez rapidement mais elle présente au moins deux phases d’occupation. La grande fosse cylindrique 12 a été remblayée probablement assez vite mais également en deux temps. Enfin les fossés 56 et 337, 338 et 8 sont non seulement demeurés longtemps ouverts mais ils ont aussi été en partie recreusés. C’est donc dans toutes les couches la présence d’un matériel plus ancien erratique qui interdit les distinctions plus fines à l’intérieur de chaque structure. L’analyse qu’on peut faire de cette répartition des types est donc singulièrement limitée. Pourtant ce tableau fait apparaître un certain nombre de phénomènes qui correspondent à des grandes tendances chronologiques.

145Si on examine d’une manière très générale les grandes masses représentées, il apparaît à l’évidence –ce que le simple examen des ensembles de céramiques révèle à lui seul– que les deux tiers du matériel sont composés des vases ovoïdes sans col (environ un tiers) et des écuelles à col concave et col droit (également un tiers). Si on considère que ces trois types représentent La Tène C2 et le début de La Tène Dl, on a déjà une bonne idée de la chronologie générale des structures.

146Si on examine maintenant les formes les plus anciennes (18, 5 et 1), on constate qu’elles sont pratiquement absentes (0,7 %) de la structure 50, qu’elles représentent un peu plus de 7 % du matériel du fossé 56 et 15 % de celui du fossé 337‑8. L’ancienneté du matériel de 337‑8 est encore confirmée par la présence du type 18 (3,3 %) qui n’existe que là et dans le fossé 102. Les types représentant La Tène C2 (2 et 11) reproduisent un schéma quasi identique : ils forment 5 % du matériel de 337‑8, 4 % de celui du fossé 56 et 2,6 % du matériel issu de la maison 50. Si on cumule les pourcentages des formes de La Tène C1 et de La Tène C2, on obtient 20 % pour 337‑8, 11 % pour 56 et seulement 3,5 % pour la structure 50.

147Ces résultats sont parfaitement confirmés par le tableau iv représentant la présence de céramique tournée (il n’a été comptabilisé ici que les tessons montrant les signes matériels d’un tournage rapide : stries régulières et ondulations du profil). L’habitat semi‑enterré 50 a livré près de 26 % de vases tournés, le fossé 56 seulement 8 %, aucune autre structure n’en a livré. La structure 50 paraît donc la plus récente. Le fossé 56 contient également une phase récente (C.01) contemporaine de cette structure 50, et qui doit être à l’origine des 8 %. Le fossé 102 qui n’a livré que trois formes, mais parfaitement homogènes, apparaît comme la structure la plus ancienne, peut‑être même antérieure au village proprement dit (fin de La Tène ancienne ?). Le fossé 337‑8 présente les traces importantes d’une utilisation à La Tène C1 alors que la partie la plus récente du matériel doit être attribuée au recreusement partiel de la section 8. Le fossé 56 garde également témoignage d’une occupation à La Tène Cl mais proportionnellement moins forte.

TABL. IV ‒ Pourcentage de céramiques par type et par structure.

J.‑L.B./CNRS

148Ces différentes tendances sont parfaitement reproduites dans le tableau des représentations des types 7 et 3 (tabl. iv), parfaitement caractéristiques du début de La Tène D1 : les deux types forment 50 % du matériel de la maison 50, 40 % de celui du fossé 56 et 33 % de celui de 337‑8. La grande fosse cylindrique 12 avec 41 % de céramiques appartenant à ces deux types s’inscrit bien dans la moyenne de ces représentations.

149Enfin il convient, avant de clore cette analyse, de tempérer les anomalies qui semblent être imputables à la maison 50. On pourrait croire qu’elle est la plus récente du site et notamment qu’elle est plus récente que la dernière couche du fossé 56, ce qui par ailleurs est contredit par le matériel métallique. En réalité, avec cette structure unique, un paramètre nouveau entre en jeu qui tient à la nature de la structure et, au‑delà, au statut social de ses utilisateurs. À l’évidence –et le matériel métallique ne laisse aucun doute à ce sujet– il s’agit d’une production luxueuse comprenant de la vaisselle de prestige qui est en parfaite harmonie avec le reste du matériel. Cette céramique n’est donc pas tout à fait comparable avec celle qui se trouve dans le fossé 56 et qui provenait en grande part de la zone artisanale qui le jouxtait.

2.3.1.5 Aspect, cuisson, décors

150Comme il a été indiqué plus haut et comme l’a montré l’analyse des types, le corpus céramique de Montmartin est étonnamment homogène. L’analyse de l’aspect extérieur des vases le confirme amplement. Hormis quelques tessons d’une céramique franchement grossière (11 sur 503 formes), le reste du matériel présente la même allure d’une céramique soigneusement finie où les vases tournés ne se distinguent pas par l’apparence de ceux qui ne le sont pas. La raison en est qu’hormis les petits gobelets, bols et micro‑vases, pratiquement l’ensemble de cette céramique a été parachevé sur une tournette spécifique ou sur un tour rapide utilisé comme tournette. Ainsi les ouvertures, les fonds sont parfaitement plans, les rainures horizontales sont régulières et les raccords invisibles, l’axe de symétrie n’est jamais décentré.

151Il n’a été procédé à aucune analyse scientifique des pâtes. On ne peut donc pas parler de la nature de l’argile utilisée. En revanche un vase montre des particules de mica, il s’agit selon toute vraisemblance d’une importation. Le dégraissant est en partie végétal, en partie réalisé avec des minéraux (quartz, coquilles, etc.). La cuisson est, d’une manière générale, bonne, parfois excellente comme c’est assez souvent le cas de la céramique de La Tène ancienne sur les habitats. Rares sont les tessons qui fondent au lavage ou se délitent.

152La couverte montre également peu de variations. Les panses sont généralement laissées brutes, tandis que le col est lissé ou lustré et assez souvent couvert d’un enduit noir. Pour les vases de stockage ou ceux qui ont été utilisés pour le transport des denrées (type 7 notamment) on a généralement fait ressortir le dégraissant pour une meilleure préhension. Ou bien on a procédé à une technique assez particulière, l’application de fibres végétales sur la terre molle qui laissent des stries caractéristiques, identifiables à la loupe binoculaire.

153Avec cette même logique, les décors sont à la fois peu nombreux et exceptionnellement peu variés. Le plus courant est le trait gravé large et assez profond qui souligne le profil. Il est bien réparti sur la plupart des types et sur de nombreuses formes. C’est souvent l’unique élément de décoration. Les panses peuvent être peignées, la plupart du temps verticalement. Les vases à provision, dans la tradition des vases protohistoriques, sont quelquefois ornés d’une bande d’impressions digitées à la jonction panse‑col. Mais comme les décors au peigne, ces impressions sont peu nombreuses. Encore plus rares sont les impressions régulières à l’aide d’une pointe de section carrée. Enfin les fossés 337‑8 et 56 ont livré un nombre non négligeable de vases ornés de traits exécutés au brunissoir dans la tradition de La Tène C1. Ce sont surtout les écuelles qui sont ornées de traits disposés en étoile et des vases en forme de situle décorés de traits croisés. Quelques vases dans la structure 50 montrent des bandes horizontales d’enduit noir.

154Ces décors confirment bien les différences chronologiques notamment entre le fossé 337‑8 et la maison 50 : aux écuelles à col droit encore pourvues d’un ombilic et décorées au brunissoir s’opposent les écuelles à col concave, fond plat et couvertes d’un enduit noir.

2.3.1.6 Conclusion

155Les formes représentées et l’analyse que l’on vient d’en faire indiquent tout l’intérêt de la céramique de Montmartin. Cet intérêt a des raisons qui sont intrinsèques au site et d’autres qui lui sont extrinsèques. Rappelons les premières. Elles nous donnent avant tout une idée du niveau économique des habitants du lieu et des indications sur la fonction des structures. On n’y reviendra pas. En revanche, il convient de synthétiser les informations chronologiques et surtout de les opposer à celles, plus fines, que livre le matériel métallique.

156La céramique révèle une occupation ancienne limitée dans l’espace. Il s’agit du petit enclos 102 qui a livré une vingtaine de tessons dont trois formes dessinables, maigre collection cependant bien représentative d’un horizon qui irait de la fin de La Tène ancienne au tout début de La Tène moyenne. Un seul élément métallique peut lui être rapporté chronologiquement : c’est une fibule du type de La Tène ancienne (fig. 63, no 1) provenant de la maison 50. Ces deux éléments sont intéressants car ils sont les seuls à mettre en évidence une occupation de la fin de La Tène ancienne, antérieure à la première clôture du site. Une telle occupation a pu être sporadique : maison isolée ou ferme ; elle a pu être aussi plus conséquente et ne laisser que peu de trace : premier embryon de village. Les trous de poteaux no 70, 71, 89 et 92 appartenant à une maison recoupée par le fossé 56 à date haute (La Tène C1), eux‑mêmes situés près de l’enclos 102, sont certainement à mettre au compte de cette première occupation.

157Mais le principal intérêt chronologique de la céramique est de donner une juste mesure de la phase de La Tène C1, bien mise en évidence par les fibules et deux armes (cf. infra § 2.5 et § 3.2.4.3) mais dont on pouvait penser qu’il s’agit de matériel errant. La céramique indique à l’évidence que les fossés 337, 338 et 56 ont connu une première utilisation au milieu de La Tène C1, soit dans la deuxième moitié du iiie s. En revanche cette production indigène ne nous est d’aucun secours pour l’appréciation de la limite basse de l’occupation de Montmartin. Pour cela on doit recourir à l’étude du matériel métallique et des importations.

158Les qualités extrinsèques de ce matériel ne sont pas moins importantes. Le corpus de 500 formes dessinables qu’on a pu répartir en dix‑huit types est évidemment une collection de référence utilisable pour les études de matériel provenant d’une grande partie du nord de la France. Il est aussi porteur de deux enseignements d’ordre général. Il nous montre que les sites d’habitat groupé livrent une céramique radicalement différente de celle provenant de sites ruraux (habitat isolé et installations agricoles), céramique parfaitement comparable à celle des grands habitats celtiques de Gaule ou de la périphérie de la Gaule à la fin de La Tène moyenne et à La Tène finale. Ainsi dans le corpus entrent des céramiques importées (vases tonnelets peints par exemple) ou imitées, ce qui n’est jamais le cas sur les sites ruraux où la céramique ne trouve que des comparaisons locales.

159De la même manière, le corpus de Montmartin présente une proportion de céramique tournée tout à fait comparable à celle de ces sites classiques et surtout il révèle pour la première fois que l’usage du tour rapide dans cette région de la Gaule s’est développé dès la fin de La Tène moyenne. L’absence de céramiques tournées sur des sites voisins et contemporains indique donc qu’il s’agit à Montmartin d’une production artisanale qui se faisait sur place et dans le cadre de véritables ateliers spécialisés. Ces ateliers, dans un premier temps, ont produit uniquement une céramique à usage domestique. Le poids des traditions funéraires et cultuelles a longtemps empêché un usage plus généralisé de vases tournés. Cela explique aussi l’apparente absence de ces derniers, dans la mesure où on ne connaissait jusqu’à présent (cf supra § 1.2.2) que des sites de nature cultuelle, funéraire ou des habitats ruraux, autant de lieux où cette production ne s’est pas diffusée avant La Tène D1.

2.3.2 Céramiques importées

160Bien que par la quantité, ce type de matériel soit parfaitement négligeable, il mérite d’être étudié attentivement puisqu’on se trouve dans une période chronologique et dans un type de site où la présence –ou l’absence– de telle ou telle importation est significative en termes de chronologie et de rapports économiques. En réalité, la notion générique de « céramiques importées » est d’une utilisation plus délicate qu’elle n’y paraît. Les auteurs ne s’accordent pas –et généralement ils n’évoquent pas le problème– sur ce qu’on entend par importation : matériel dont la provenance est à situer hors de la Gaule, hors des grandes régions définies par César (Celtique, Belgique, Aquitaine, Narbonnaise) ou hors de la civitas ? D’autre part, comment reconnaître ou différencier une céramique importée d’une céramique qui aurait pu être fabriquée sur place, ce qui est le cas des vases peints ou de vases qui nous paraissent précocement tournés ?

161Force est donc de n’évoquer que la seule catégorie dont on soit sûr que les lieux de sa production sont lointains : les amphores. Il en a été trouvé une dizaine de tessons seulement dans deux structures. Le fossé 56 en a livré le plus grand nombre, notamment les trois fragments dessinables (cf. infra fig. 124). La maison 50 en a livré un fragment. Il est intéressant de noter que les deux contextes sont contemporains et immédiatement antérieurs à l’ultime phase présente sur le site.

162Par chance, sur un aussi petit lot, deux cols sont présents. Ils permettent une appréciation typologique. Dans les deux cas, il s’agit de col à la section triangulaire. Le no 1 (cf infra fig. 124) pourrait appartenir à une amphore gréco‑italique comme à une amphore républicaine du type Dressel 1a. Le no 2 appartient à coup sûr à une amphore républicaine du type Dressel 1a.

163On n’évoquera pas à nouveau ici les débats passionnés sur l’apparition du type Dressel la ni sur sa disparition et son remplacement éventuel (au moins sur les sites) par le type Dressel 1b ou sur la coexistence des deux types à partir de 150‑130 av. J.‑G. Il est évident que seul un matériel suffisant en quantité permettrait une analyse objective, d’autant que la distinction des types nécessite le plus souvent des profils plus complets permettant notamment les mensurations. À Feurs, G. Aulas (Vaginay, Guichard 1988 : 87‑91) a classé les amphores en fonction des lèvres. Il définit quatre types. Notre premier exemplaire entre dans le premier type effectivement caractéristique du type Dressel 1a ; le second exemplaire appartient au type 3, où figurent à la fois les types Dressel la et Dressel 1b, néanmoins la faible hauteur de la lèvre le classe dans le type Dressel 1a.

164Cette présence d’amphores du type Dressel 1a, dans une couche immédiatement antérieure à la couche C.01 du fossé 56 qui a livré un lot important de fibules de Nauhcim et un autre non moins intéressant d’armes, a évidemment une incidence sur l’appréciation chronologique qu’on doit avoir du site. À un tel ensemble, on trouve de nombreuses comparaisons tant à Wederath que dans le sud de la France (cf. infra § 4.3.1). Celui‑ci s’intégre parfaitement dans un horizon chronologique correspondant à Feurs 3, c’est‑à‑dire le début de La Tène D1 et plus précisément les environs de 100 av. J.‑C.

2.4 Les restes animaux

165p. méniel

166Le site de Montmartin a livré un peu plus de 8 000 restes animaux provenant des diverses structures de l’habitat et de l’enclos cultuel. L’essentiel des ossements, soit environ 5 000 restes, provient du fossé 56 et des structures situées à l’intérieur de cet enclos ; ces vestiges sont présentés plus loin (cf infra 3.2.4.2).

167Pour ce qui est de l’habitat, il convient déjà de souligner qu’il est d’un type différent de ceux déjà connus dans la région, à savoir des fermes (Chevrières, Jaux, Verberie), souvent très pauvres en mobilier, du fait, entre‑autre, d’un nombre d’habitants assez faible, et des habitats plus denses (Acy‑Romance, Variscourt, Villeneuve‑Saint‑Germain), avec de nombreuses maisons et un nombre d’habitants beaucoup plus important, et des quantités de vestiges animaux très élevées. La plupart des restes découverts dans ces sites sont des déchets culinaires, témoins privilégiés de l’ultime utilisation des animaux, à savoir la production de viande, mais ils peuvent également témoigner d’activités artisanales mettant à profit des produits issus des carcasses (travail du cuir, des peaux, de la corne), voire des animaux vivants (laine) dont l’utilisation peut parfois être décelée à partir d’un certain nombre d’indices, l’âge et le sexe en particulier. Mais c’est avant tout les données relatives à l’alimentation carnée que les ossements animaux révèlent le mieux.

168À Montmartin, la plupart des habitations n’ont pas pu être localisées, du fait de l’érosion, et cela nous prive de données importantes sur l’organisation et la densité de l’habitat. Nous ne reviendrons pas ici sur les différences importantes dues aux modalités de rejet et d’enfouissement des os animaux dans les fosses et les fossés, comme cela peut être constaté dans les fermes notamment (Méniel 1994). À Montmartin, l’analyse des structures montre que les fossés ne sont pas toujours restés ouverts, ce qui explique la bonne conservation de la plupart des ossements, y compris ceux des petits animaux.

169Les vestiges issus de l’habitat, un peu plus de 3 300 restes dont la moitié (52 %) ont été déterminés, sont issus, pour l’essentiel (98 %), de trois ensembles, à savoir les fossés qui ceinturent l’habitat (337‑8), la fosse cylindrique (12) et l’habitat semi‑enterré (50). Les autres structures ont livré des quantités infimes, bien insuffisantes pour une interprétation. Ces vestiges ne sont pas assez nombreux (entre 300 et 700 restes déterminés pour chacun de ces trois ensembles) pour permettre de répondre à toutes les questions que l’on pourrait se poser sur un tel site et on peut regretter, en particulier, que l’analyse de la distribution de ces restes ne puisse être réalisée que dans le fossé 56.

170Les ossements nous permettent de décrire la morphologie des animaux domestiques présents sur le site, et dans cette première partie, nous avons réuni l’ensemble des données disponibles pour toutes les espèces, sans distinguer ce qui vient de l’habitat et du fossé de l’enceinte cultuelle.

2.4.1 Stature des mammifères domestiques

171Malgré le bon état de conservation des ossements, les os entiers d’adultes permettant d’estimer la stature des mammifères domestiques (tabl. v) sont peu nombreux (tabl. vi). Ces estimations de hauteurs au garrot permettent de mettre en évidence, notamment pour le cheval, des importations précoces d’animaux issus du monde romain.

TABL. V ‒ Mensurations des os des mammifères domestiques de l’ensemble du site Diam. diamètre DiaDt diamètre transverse de la diaphyse Ind. gracil. Indice de gracilité (DiaDt/Long. x 100) H.G. hauteur au garrot Long. tôt. longueur totale Long. lat. longueur latérale ProxDt diamètre transverse proximal Les dimensions sont exprimées en mm.

P.M./CNRS

TABL. VI ‒ Estimations de la stature des mammifères domestiques.

P.M./CNRS

172Avec une vingtaine d’os, c’est la stature des bovins qui peut être estimée avec le plus de précision. Cette estimation (coefficients de Matolcsi) est souvent basée sur les métapodes, car ces résistants contiennent peu de moelle, et ils sont souvent moins fragmentés que les autres os longs. De plus ils présentent des différences sexuelles marquées (Méniel 1984), ce qui permet d’estimer la stature des vaches, des taureaux et des bœufs. La taille moyenne des vaches est de 108,5 cm (n = 10), celle des taureaux, un peu supérieure, est de 111 cm (n = 3) alors que les bœufs, dont la période de croissance est allongée par la castration, les dépassent d’une dizaine de centimètres (moyenne : 121 cm, n = 4). Ces petits animaux, caractéristiques du deuxième âge du Fer, se distinguent très nettement des grands bovins de la période romaine (Brunaux, Méniel 1983), mais, malgré le petit nombre de données, paraissent un peu plus grands que ceux sacrifiés à Gournay, pour des niveaux plus anciens (fig. 77). Cette différence pourrait être due à une amélioration des races qui débute au ier s. av. n. è., indépendamment de l’importation de grands bœufs, dont on trouve les premiers restes à cette période sur certains sites, comme à Besançon (Méniel 1992a). Ici, le plus grand des bovins mesure 127 cm, ce qui est en dessous des valeurs maximales observées pour les bœufs de sites plus anciens, comme Choisy‑au‑Bac (Hallstatt) ou Gournay‑sur‑Aronde (La Tène moyenne), où les plus grands sujets châtrés atteignent 130 cm.

FIG. 77 ‒ Hauteur au garrot des bovins de Montmartin (MTM) et de Gournay‑sur‑Aronde (GSA) (coef. de Matolcsi). Ceux de Montmartin sont un peu plus grands que ceux de Gournay.

P.M./CNRS

173Une quinzaine d’os, surtout des métapodes, permettent d’estimer des statures de chevaux (coefficients de Kiesewalter). La plupart, comprises entre 117 et 138 cm, avec une moyenne de 127 cm (n = 10), correspondent aux valeurs habituelles pour la période dans la région. Il s’agit de restes de petits chevaux, classés de nos jours parmi les poneys, qui constituent le fonds des écuries gauloises ; ce sont les mêmes que l’on retrouve à Gournay, avec une moyenne à peine supérieure (m = 128,7 ; de 123 à 139,5 ; n = 11). En plus de ces animaux, on trouve, d’un côté, un très petit animal (108,5 cm), unique représentant d’une forme déjà observée sur d’autres sites (Soissons et Beauvais, Méniel 1984) et, de l’autre, trois grands chevaux (144, 154 et 155 cm) qui, de même que pour d’autres sites de La Tène finale, ont probablement été importés du monde romain. Tous proviennent du fossé 56 (tabl. vii). Leur relative abondance et leur lieu de dépôt sont un nouvel indice du caractère particulier de cette partie du site. Ces chevaux qui, au dire de César, sont importés à grand prix par les Gaulois (César : IV, 2), sont très certainement utilisés par des guerriers. Dans ces conditions le fait que leurs restes proviennent des mêmes endroits que les armes n’est probablement pas fortuit.

Secteurs

Niveau

Stature

(cm)

Métacarpe

31E

1

154

Métacarpe

41E

1

155

Métatarse

29E

1

144

Phalange I

32E

1 ?

TABL. VII ‒ Inventaire des restes de grands chevaux importés trouvés dans le fossé 56

P.M./CNRS

174En Gaule Belgique, ces grands chevaux sont assez rares. Sur certains sites, comme à Villeneuve‑Saint‑Germain ou au Titelberg (Méniel 1993a), le cheval n’est pas consommé, ce qui explique l’absence d’ossements et de données permettant de déterminer les formes en présence. Sur les autres sites, le cheval, consommé, est représenté par de nombreux ossements découpés. À Beauvais, (Méniel 1990) de grands chevaux sont présents (deux sur une trentaine d’estimations), mais la chronologie de ce site ne paraît pas bien assurée. Par contre, il n’en a été trouvé aucun à Acy‑Romance (de La Tène C2 à l’Augustéen), à Variscourt (La Tène D1) et à Epiais‑Rhus (La Tène D2 ?). Dans ces conditions, la fréquence des chevaux d’importation paraît très élevée à Montmartin, puisque trois sujets sont attestés pour une dizaine d’estimations en tout, ce qui constitue un autre élément révélateur de la nature particulière de ce site.

175Les os des autres espèces sont beaucoup moins nombreux (tabl. v), et les résultats des estimations de hauteurs au garrot (en cm) donnés à titre indicatif (tabl. vi).

176À côté de deux chiens de taille moyenne pour la période, on remarque la présence d’un sujet plus petit que celui (vers 35 cm) découvert dans les niveaux supérieurs du fossé de Gournay. Une différenciation des types et des traitements apparaît à cette période, certains très petits chiens, d’une taille n’excédant guère une vingtaine de centimètres, accompagnent leur maître dans la mort, et sur le bûcher funéraire (Acy‑Romance, Feurs : Méniel 1993b) ; ils se distinguent nettement des sujets plus grands, dépouillés, découpés et consommés, dont les ossements sont découverts dans les dépotoirs domestiques, dans les sanctuaires et, plus rarement, dans les offrandes funéraires, sous forme d’une cuisse ou d’un grill costal (Épiais‑Rhus, Val‑d’Oise ; Lamadelaine, Luxembourg). À Montmartin, tous les chiens, même les plus petits, ont été consommés.

2.4.2 Les ossements d’animaux du fossé 337‑8

177Pour ce fossé très érodé, on ne dispose que de 743 restes ; cela est dû au fait que cette structure assez riche n’a été que partiellement fouillée, faute de temps.

178Près de l’angle de ce fossé ont été découverts trois crânes de bœufs adultes (5‑E, niv. 2 ; fig. 78), et deux paires de mandibules, dont une provient de l’un des crânes et l’autre d’un veau de moins de deux ans.

FIG. 78 ‒ Secteur A : dépôt de trois crânes de bœufs dans l’angle du fossé 337‑8 (6E, C.02).

cl. P.M./CNRS

179Ces crânes, malheureusement très fragmentés, ne portent aucune trace de mise à mort, contrairement à ceux du sanctuaire de Gournay qui ont reçu un coup de hache sur la face nucale. Ils n’ont pas été ouverts pour récupérer les cervelles : il ne s’agit donc pas de déchets culinaires. Enfin, les chevilles osseuses découvertes sur le site montrent que le prélèvement de la corne laisse des traces bien visibles, or ces traces font défaut sur ces crânes : il ne s’agit pas non plus de rebuts d’activités artisanales.

180Ces pièces, qui n’ont fait l’objet d’aucune préparation, culinaire ou autre, sont restées entières et ont pu être exposées en grand nombre (40 à 50) dans des fossés de sanctuaires, comme à Gournay‑sur‑Aronde ou à Saint‑Just‑en‑Chaussée, ou à quelques exemplaires aux entrées (extrémités de fossés) d’établissements ruraux de la région de Caen (Fleury‑sur‑Orne dans le Calvados : San‑Juan et al. 1994). Mais dans tous les cas, les mandibules, qui se détachent très rapidement sous l’effet de la décomposition, sont absentes, ce qui n’est pas le cas ici, puisqu’une partie est encore présente.

181Ces têtes, à proximité desquelles ont été découverts cinq petits vases entiers, constituent un ensemble qui se distingue nettement des détritus trouvés ailleurs dans ce fossé : il ne s’agit pas de déchets culinaires. Ce dépôt présente un caractère symbolique indéniable, même s’il ne permet pas d’établir de lien avec les sites de référence.

182En dehors de ces têtes de bœufs, deux ensembles anatomiques ont été découverts dans ce fossé : un fragment de cou (atlas et axis) de mouton et un squelette de porcelet âgé de quelques semaines. Sur les sites gaulois, la fréquence des découvertes de squelettes, plus ou moins complets d’animaux très jeunes, est sans commune mesure avec les effets de la mortalité juvénile qui caractérise tout élevage ; cela est dû au fait que les restes de nouveau‑nés, très labiles, ont très peu de chances d’être préservés, notamment là où les chiens et les porcs ont accès aux détritus.

183Quelques ensembles d’os, regroupés ça et là dans le fossé, semblent résulter de rejets de paquets de détritus. Avec les ossements disséminés présents un peu partout, ils confèrent à ce remplissage une densité qui n’a rien de commun avec celle des fossés d’enceintes rurales, ceux qui ne font que piéger des restes plus ou moins erratiques.

184L’essentiel du matériel est composé d’ossements fragmentés et isolés, tous la plupart des liens ligamentaires ayant été disloqués. Le bœuf y est l’animal le mieux représenté (193 restes, 41 % des déterminés, fig. 79, tabl. viii, ix), avec de nombreux restes de têtes (46 %), mais très peu d’os de pieds (14 %). Il faut signaler que l’abondance de restes de têtes n’est pas le fait du dépôt déjà mentionné, qui n’intervient dans ce décompte que pour sept restes, même s’il peut constituer le révélateur d’une tendance générale. Cette abondance ne permet d’évoquer aucune utilisation particulière, artisanale ou domestique ; peut‑être s’agit‑il de rejets de boucherie, éliminés après la mise à mort, du fait du peu d’intérêt qui leur aura été porté.

FIG. 79 ‒ Fréquence (% NR) des mammifères domestiques dans les principales structures de Montmartin.

P.M./CNRS

TABL. VIII ‒ Liste des espèces et nombres de restes.

P.M. /CNRS

TABL. IX ‒ Liste des espèces et poids des restes (g).

P.M./CNRS

185Pour le porc, en seconde position par le nombre de restes (120, soit 26 %), il s’agit surtout d’os de membres (43 %) et de têtes (33 %) ; la prédominance de ces régions anatomiques caractérise tous les ensembles du site. Les têtes de porcs, présentes en grand nombre, aussi bien dans les fossés de sanctuaires que dans les offrandes funéraires (Méniel 1992b), sont visiblement considérées comme des pièces de choix dans les pratiques culinaires.

186Les restes de caprinés, un peu moins nombreux (90 restes, 19 %), présentent une distribution anatomique analogue à celle des porcs, avec beaucoup d’os de la tête et des membres.

187Les autres espèces sont plus rares. Il s’agit du chien (36 restes, surtout des têtes, des vertèbres et des côtes : 72 %), du cheval (19 restes), du lièvre (3 restes), du cerf (3 restes) et du coq (2 restes).

188Les fréquences, calculées à partir des nombres de restes, mettent en évidence l’importance des mammifères domestiques, aux dépens des animaux sauvages et des oiseaux, Mais il est difficile d’utiliser ces fréquences pour comparer l’abondance d’animaux aussi différents que le bœuf et le coq, dont les ossements n’ont pas les mêmes chances de préservation. En fait, elles permettent de dégager, de manière relative, et pour l’ensemble du site, les caractéristiques de chacun des ensembles étudiés.

189Le choix des animaux représentés dans ce fossé répond à des règles analogues à celles en usage sur d’autres sites d’habitats. Par contre le choix des parties, avec une prédominance de têtes (tabl. x), est moins banal. Dans ces conditions il peut être intéressant d’essayer de préciser les modes de gestion des‑animaux, même si les données sont peu nombreuses. Pour les bœufs, cela permet de mettre en évidence la présence de trois sujets réformés à un âge avancé, pour seulement un adulte et un veau (âges dentaires) ; une viande de moindre valeur, celle de sujets âgés, a donc été consommée, alors qu’elle est exclue des offrandes funéraires ou des pratiques sacrificielles.

TABL. X ‒ Inventaire anatomique des restes par espèces pour les principales structures du site.

P.M./CNRS

190La plupart des animaux ont été découpés en vue de la consommation de la viande, et une partie de leurs ossements en portent les marques. Aucun des restes des deux cerfs, un adulte et un faon (30E, C.02), ne porte de trace, mais vu leur petit nombre, trois pièces, cette absence n’est pas étonnante. Quelques phases de la découpe du chien sont illustrées par une tête fendue en deux, une cervicale tranchée, un sacrum également fendu en deux et des traces de désarticulation du coude sur un humérus. Le cheval, dont les restes sont deux fois moins nombreux, a également été consommé, comme le montrent des traces de découpe sur une scapula.

191La fragmentation, autre paramètre difficile à mesurer, peut être appréciée à l’aide du poids moyen des restes (plus les os sont cassés, plus il est faible) (tabl. viii, ix). Du fait de leur abondance et de leurs dimensions, ce sont les restes de bœufs qui ont été retenus pour cette approche. Il est beaucoup plus important dans ce fossé (63 g) que dans l’ensemble des autres structures où il est assez stable (entre 37 et 44 g) ; ce sont les os de la dépression 50 qui sont les plus morcelés. Le fossé 337 semble avoir piégé des ossements selon un processus analogue à celui qui intervient de manière privilégiée lors du comblement des fossés d’enceinte, comme ceux de certains établissements ruraux. Par contre une fragmentation plus poussée caractérise habituellement des dépôts effectués à proximité des habitations, souvent des fosses désaffectées. Ici la fragmentation des vestiges, identique dans toutes les structures, fossés ou fosses, est, avec l’omniprésence de déchets culinaires, l’indice d’une occupation assez dense de l’ensemble du secteur étudié.

192Le remplissage de ce fossé est donc caractérisé par l’abondance de restes de bœufs relativement peu fragmentés, le petit nombre de restes de porcs, et la présence de trois crânes de bœufs, non loin de l’angle de ce fossé. Si l’origine des vestiges ne peut pas être précisée, à la fois parce qu’on ne dispose que d’une vision partielle du remplissage et que les traces d’éventuels bâtiments ont été érodées, ce remplissage paraît assez hétérogène, avec des ensembles anatomiques, têtes de bœufs ou squelette de porcelet et des déchets culinaires dont certains, rejetés en paquets, constituent de petits amas.

2.4.3 Les restes animaux de la fosse 12

193L’essentiel des restes animaux (94 %) découverts dans cette grande fosse cylindrique proviennent de la partie supérieure (C.01 à C.06) ; cette distribution témoigne de modifications importantes dans les modalités de remplissage, la relative stérilité du fond révélant un apport de matériau dont sont exclus les déchets domestiques, ces derniers n’apparaissant que dans les niveaux supérieurs (fig. 80).

FIG. 80 ‒ Distribution des restes animaux dans la structure 12 (par couches).

P.M./CNRS

194Quelques os de batraciens et de rongeurs, qui n’ont pu être déterminés, montrent que cette fosse a joué le rôle de piège, et que ses abords étaient donc accessibles à ces animaux ; on peut en déduire l’absence d’une protection hermétique (margelle) autour de l’orifice. Quelques os d’au moins deux porcelets nouveau‑nés découverts dans le fond peuvent témoigner de la proximité d’un lieu d’élevage. Cette possibilité, illustrée sur certains sites médiévaux par de nombreux squelettes (Paris, cour Napoléon : Méniel, Arbogast 1989), s’appuie ici sur un petit nombre d’os, mais compte tenu des conditions de préservation, il ne saurait en être autrement.

195Les autres vestiges sont essentiellement des déchets culinaires (tabl. viiiix) où dominent le bœuf (30 %), le porc (35 %) et les caprinés (21 %), avec des fréquences proches des moyennes établies pour l’ensemble du site. Parmi les restes de bœufs se trouvent beaucoup de fragments de têtes (en proportions intermédiaires entre celles observées dans les fossés 337 et 8, d’un côté, et le fossé 56 et la fosse 50, de l’autre), alors que les fréquences des quartiers de porcs et de chiens (58 % de têtes et 17 % de vertèbres et côtes) sont identiques à celles des fossés 337 et 8. Par contre, les têtes de caprinés sont rares. Le remplissage de cette structure présente donc de nombreuses analogies avec ceux des fossés 337 et 8 (tabl. x).

196Aucune trace d’activité artisanale sur matière animale n’a été découverte dans cette fosse dont le remplissage est composé, pour l’essentiel, de déchets culinaires. Ils proviennent de tous les mammifères domestiques, ainsi que de quelques coqs. Faute d’estimation d’âges, il n’est pas possible de préciser les parts respectives des animaux de boucherie et des bêtes réformées dans l’alimentation dont ces restes sont issus. Plusieurs pièces, notamment des crânes, témoignent de la consommation de chevaux, jeunes et adultes. Ces têtes de chevaux, de chiens et de porcs ont été exposées au feu et fendues en deux. Pour les porcs et les chiens, l’exposition au feu a précédé la découpe, et seules les pointes des canines et des incisives sont grillées. Cette exposition au feu après la mise à mort est destinée à éliminer le pelage ; elle n’a donc rien d’une préparation culinaire. Par contre les traces de brûlures relevées sur les condyles occipitaux témoignent bien de la cuisson à la flamme d’une tête de cheval. Il s’agit d’une préparation inhabituelle, dont la mise en évidence doit beaucoup à la bonne conservation des ossements. La présence, au fond de cette fosse, de cinq vertèbres cervicales de porc témoigne d’un rejet avant rupture des ligaments d’un cou décharné. C’est le seul ensemble susceptible de témoigner de la proximité d’un lieu de découpe découvert dans cette structure.

2.4.4 Les restes animaux de l’habitat semi‑enterré

197Cette grande structure (no 50) a livré 1 386 ossements d’animaux, dont un peu plus de la moitié (56 %) ont été déterminés (tabl. viiiix) ; les indéterminés, qui rassemblent une bonne partie des menus fragments découverts, ne représentent, en poids, qu’un dixième du total.

198Les fréquences des différentes espèces, calculées sur les nombres de restes, sont assez originales (fig. 79). En effet, cette fosse est riche en caprinés (27 %) et en chiens (12,5 %), mais pauvre en bœufs (18 %) et en chevaux (2,4 %) ; la fréquence des porcs (38 %) se situe dans les valeurs intermédiaires (structure 337 : 25 % ; structure 56 : 50 %). Par contre, une certaine similitude se dégage des inventaires de parties anatomiques de cette fosse et du fossé 56, sauf pour les os de pieds de caprins, plus nombreux dans la première (22 % contre 13 %).

199Dans cette structure, si une bonne partie des os ont été détruits avant d’être enfouis, les autres ont bénéficié de très bonnes conditions de conservation dans le sédiment ; cela se traduit notamment par l’abondance des os de caprinés les plus résistants (38 métapodes, 20 tibias et 17 radius, pour seulement 7 humérus, 4 scapulas et 3 fémurs). Ce ne sont donc pas des conditions de préservation particulièrement favorables que reflète cette abondance d’os de caprinés et de chiens, mais bien une alimentation carnée où ces animaux occupaient une place privilégiée, d’autant que ces vestiges ne nous en donnent qu’une image résiduelle.

200Comme précédemment, les estimations d’âges d’abattage ne sont pas très nombreuses. Toutefois, on peut remarquer la présence de quatre os de porcelets nouveau‑nés, indices de la mortalité juvénile, et l’absence de tels restes pour les autres espèces, même mieux représentées (caprinés) ou plus grandes (bœuf). Cela montre que les lieux de reproduction de ces animaux étaient plus éloignés, alors que les porcs devaient se reproduire au sein de l’habitat. Pour les ruminants, bœufs et caprinés, on trouve à la fois des restes de jeunes et d’adultes, parfois âgés, mais les effectifs ne permettent pas de préciser davantage.

201Là, comme ailleurs, des restes de chevaux témoignent de la découpe bouchère : trois des quatre scapulas portent des traces de désossage. Malgré un nombre de restes très modeste (19), on peut remarquer l’absence de vertèbre et de côte.

202Avec des fragments de huit crânes d’au moins cinq sujets, dont trois adultes, les têtes de chiens sont moins fréquentes que dans les autres structures. Elles témoignent de préparations culinaires tout à fait caractéristiques. Les pointes des canines et des incisives et la base des corps mandibulaires carbonisées témoignent d’une cuisson à la flamme. Des mandibules sont restées associées à ces têtes systématiquement fendues en deux dans le plan sagittal ; certaines ont été recoupées en deux, dans un plan transversal au précédent, au niveau de l’orbite. Les vertèbres, notamment trois thoraciques, et quelques os longs, dont une paire de tibias, présentent des traces de découpe. En fait la découpe du chien est tout à fait analogue à celle du porc, comme le montre bien le traitement des têtes.

203Cette identité de traitement après la mort incite à établir une analogie entre les modes de vie de ces deux animaux : de tous ceux présents sur l’habitat, ce sont les seuls susceptibles de vivre au voisinage des habitations, de manière indépendante, sans qu’il soit nécessaire de se préoccuper de leur alimentation. Il est ainsi possible de les imaginer plus ou moins errants, et se nourrissant seuls, tout en éliminant une bonne partie des déchets organiques, dont des os. Les chiens consommés n’ont donc rien d’animaux de compagnie, leur morphologie, assez atypique, ne témoigne d’ailleurs d’aucun effort de sélection.

204La préservation de plusieurs ensembles anatomiques de chiens (tête et mandibules, ensemble de vertèbres, paire de tibias), alors qu’aucun n’a été trouvé pour les autres espèces, et en particulier le porc, est assez troublante. Cela témoigne de dépôts rapides, suivant de près la découpe, qui n’ont pas eu cours pour les autres espèces dont les ossements ont sans doute été rejetés de manière plus différée, sans que cette différence trouve d’explication satisfaisante.

205Seize fragments d’os d’oiseaux, dont au moins un de coq, et une ulna de lièvre sont les seuls restes de petits animaux trouvés dans cette structure. Vu les conditions de préservation, il est probable qu’ils représentaient un apport non négligeable dans l’alimentation, mais impossible à estimer.

206Cette fosse se distingue des autres structures du site par un contenu original, avec notamment de nombreux restes de caprinés et de chiens. Les grands animaux, bœufs et chevaux y sont peu représentés, sans doute parce que leurs restes les plus grands ont été évacués afin de ne pas encombrer le sol de cette habitation. En revanche cela n’explique pas la mauvaise représentation du porc. Cette dernière résulte d’un choix très différent de celui qui s’exprime ailleurs sur le site, et notamment dans le fossé 56.

207Il s’agit de la seule fosse en relation directe avec une habitation, aussi est‑il possible d’en comparer le contenu avec ceux des fosses dépotoirs d’autres sites. Les fréquences des principales espèces domestiques placent cet ensemble entre les fosses des fermes gauloises, très riches en caprinés, et celles des villages gaulois de Picardie, très riches en porcs (fig. 81). Cette dualité s’explique facilement par le mode de gestion des troupeaux, les caprinés étant élevés dans les fermes disposant de grands enclos, avec des entrées en chicane, alors que les porcs s’adaptent à des habitats plus denses où ils ont accès aux détritus.

FIG. 81 ‒ Fréquence des principaux mammifères domestiques dans les fermes, villages et hameaux du nord de la France d’après les nombres de restes.

P.M./CNRS

2.5 Le métal et les parures

208j.‑l. brunaux, t. lejars

2.5.1 Inventaire par structure

2.5.1.1 L’enclos 26‑30

209Le fossé 26 a livré un seul objet en fer. Cet outil est l’unique pièce métallique découverte dans cet enclos.

2101 – Tranchet à soie en fer (cf supra fig. 20, no 1)
Longueur : 78 mm ; largeur du couperet : 40 mm.

2.5.1.2 L’enclos 33 ‑6‑7‑8‑29 et les fossés 338 et 339

211Seuls les fossés 8, 337 et 338 ont livré des objets en métal (fer et bronze).

Le fossé 8

212Le matériel métallique découvert dans ce fossé comprend cinq pièces, une douille et un élément de cerclage en fer, ainsi que deux fragments de tôle en fer et les restes d’un récipient en tôle de bronze.

2132 – Douille en fer (cf. supra fig. 42, no 6)
Probablement un talon de lance malgré son faible diamètre à l’ouverture.
Longueur : 90 mm ; diamètre : 11 mm.
Coordonnées : couche 03.

2143 – Petit bandeau métallique en fer, replié sur lui‑même (cf. supra fig. 42, no 7)
Il s’agit très certainement d’un élément de cerclage de récipient en bois.
Longueur conservée : 140 mm ; largeur : 10 mm.
Coordonnées : couche 03.

2154 – Fragment de tôle en fer (cf. supra fig. 42, no 18)
Un bord est conservé. Longueur conservée : 24 mm.
Coordonnées : couche 03.

2165 – Fragment de tôle en fer avec gouttière latérale (cf supra fig. 42, no 20)
Il pourrait s’agir d’un fragment de tôle de fourreau.
Longueur conservée : 28 mm. Coordonnées : couche 03.

2176 – Tôles de bronze repliées (cf. supra fig. 42, no 19)
Il s’agit très certainement des restes d’un récipient en bronze tel que bassin ou chaudron.
Longueur conservée : 30 mm.
Coordonnées : couche ?

Le fossé 337

218Cette structure a livré douze objets métalliques, dont deux en bronze. Ils proviennent pour la plupart de la couche supérieure du remplissage du fossé, à l’exception d’un anneau et deux fragments de tôle découverts dans la couche 02. Seuls un couteau et un fragment de fourreau ont été trouvés dans la couche 03. Parmi les différents objets recueillis, il faut signaler la présence de trois fibules.

2197 – Lame de couteau en 1er avec emmanchement à douille (cf. supra fig. 42, no 3)
La lame est fortement usée.
Longueur conservée : 100 mm.
Coordonnées : couche 03.

2208 – Anneau en fer (cf. supra fig. 42, no 5)
Diamètre extérieur : 32 mm.
Coordonnées : couche 02.

2219 – Clou en fer à tête quadrangulaire (cf. supra fig. 42, no 10)
Longueur conservée : 25 mm ;
dimensions de la tête : 11 x 12 mm.
Coordonnées ; couche 01.

22210 – Petit cabochon hémisphérique en tôle de bronze avec perforation axiale (cf. supra fig. 42, no 11)
Diamètre : 13 mm ; hauteur : 4 mm.
Coordonnées : couche 01.

22311 – Aiguille en bronze (cf. supra fig. 42, no 12)
L’extrémité correspondant au chas est plate.
Longueur : 46 mm.
Coordonnées : couche 01.

22412 – Tige en fer de section carrée (cf. supra fig. 42, no 13)
Longueur conservée : 58 mm.
Coordonnées : couche 01.

22513 – Fibule filiforme en fer, type 9 (cf. supra fig. 42, no 14)
L’arc est légèrement coude. Le pied est incomplet et l’ardillon partiellement conservé. Le ressort est à deux fois deux spires et corde interne.
Longueur conservée : 32 mm ; hauteur : 12 mm.
Coordonnées : couche 01.

22614 – Fragment de fibule en fer, type 6 ? (cf. supra fig. 42, no 15)
Le pied légèrement allongé est fixé à l’arrière de l’arc de forme arrondie. Le ressort n’est pas conservé.
Longueur conservée : 44 mm ; hauteur : 13 mm.
Coordonnées : couche 02.

22715 – Ressort de fibule en arbalète, en fer, type 7 (cf supra fig. 42, no 16)
Le ressort à deux fois six spires et corde extérieure est renforcé par une tige axiale. L’arc, le pied et l’ardillon ne sont pas conservés. Longueur conservée : 27 mm.
Coordonnées : couche ?

22816 – Fragment de tôle en fer, peut‑être une plaque de fourreau ? (cf. supra fig. 42, no 21)
Longueur conservée : 80 mm.
Coordonnées : couche 02.

22917 – Plaque en fer incomplète (cf. supra fig. 42, no 22)
Longueur conservée : 40 mm.
Coordonnées : couche 02.

23018 – Fragment de plaque de fourreau en fer (cf. supra fig. 42, no 23)
Longueur conservée : 50 mm, largeur : 52 mm.
Coordonnées : couche 03.

Le fossé 338

231Le matériel métallique recueilli dans cette structure comprend cinq objets dont une pièce d’armement et un fragment de cerclage de roue de type ancien. Aucun objet en bronze n’est attesté.

23219 – Fragment de lame d’épée en fer, de section lenticulaire (cf. supra fig. 42, no 1)
La lame est brisée aux deux extrémités. La torsion à mi‑hauteur est accidentelle et récente.
Longueur conservée : 260 mm ; largeur : 48 mm.

23320 – Fragment de bandage de roue à section en D (cf. supra fig. 42, no 2)
L’objet est brisé et légèrement déformé. D’un côté on a une fracture en biseau, de l’autre une cassure nette correspondant à l’emplacement d’un clou disparu. Les flancs sont légèrement débordants.
Longueur conservée : 145 mm ; largeur : 20 mm.

23421 – Deux lamelles en fer incurvées et juxtaposées (cf supra fig. 42, no 4)
Longueur conservée : 64 mm ; largeur des lamelles : 11 et 12 mm.

23522 – Pointe en fer ; il s’agit peut‑être d’un ardillon de fibule (cf. supra fig. 42, no 17)
Longueur conservée : 45 mm.

23623 – Bande de fer pliée, identique au fragment trouvé dans le fossé 8 (cf. supra fig. 42, no 8)
Il s’agit peut‑être d’un élément de cerclage de récipient en bois. Longueur conservée : 180 mm ; largeur : 10 mm.

2.5.1.3 L’habitat semi‑enterré (maison 50)

237Avec vingt et un objets, cette structure est de loin celle qui a livré le plus grand nombre de pièces métalliques, le fossé 56 mis à part. Dans cet ensemble, la parure occupe, avec huit fibules et un torque, une place prépondérante. Le torque est l’unique pièce en bronze recueillie dans cette structure. Les armes sont également représentées avec deux individus. Les autres objets se répartissent entre les outils et les éléments de construction ou pièces d’assemblage.

23824 – Agrafe en fer (cf supra fig. 62, no 1)
Elle correspond à une planche d’environ 12 mm d’épaisseur. Longueur : 67 mm.

23925 – Clou en fer à tête plate (cf. supra fig. 62, no 2)
Longueur conseivée : 45 mm ; diamètre de la tête : 17 mm.

24026 – Longue tige en fer aux extrémités coudées (cf. supra fig. 62, no 3)
Longueur conservée : 134 mm.

24127 – Tige en fer coudée et repliée sur elle‑même (cf. supra fig. 62, no 4)
Longueur conservée : 110 mm.

24228 – Ciseau en fer légèrement plié (cf. supra fig. 62, no 5)
Longueur : 97 mm.

24329 – Fragment de tôle en fer (cf. supra fig. 62, no 6)
Longueur conservée : 53 mm.

24430 – Fragment de clou en fer, plié (cf. supra fig. 62, no 7)
Longueur conservée : 55 mm.

24531‑Tige en fer de section quadrangulaire (cf. supra fig. 62, no 8)
Longueur conservée : 53 mm.

24632 – Croisière d’épée en forme de cloche (cf. supra fig. 62, no 11)
La pièce, en fer, correspond à une lame d’épée large d’environ 48 mm et une entrée de fourreau haute de 7 mm seulement.
Longueur : 61 mm.

24733 – Extrémité d’une lame d’épée en fer (cf. supra fig. 62, no 12)
La lame, de section lenticulaire, se caractérise par une extrémité nettement effilée.
Longueur conservée : 57 mm.

24834 – Lame de couteau avec emmanchement à douille, en fer (cf. supra fig. 62, no 13)
L’objet est plié.
Longueur conservée : 171 mm ; largeur de la lame : 25 mm.

24935 – Anneau en fer (cf, supra fig. 62, no 14)
Diamètre extérieur : 19 mm.

25036 – Fibule en fer, type 1 (cf. supra fig. 63, no 1)
Seul manque l’ardillon. L’arc, filiforme, dessine un segment de cercle à grande ouverture. Le pied, relativement long, est libre et dépourvu de tout ornement. Le ressort est à deux fois deux spires et corde externe. Longueur : 93 mm ; hauteur : 23 mm.

25137 – Fibule en fer, type 4 (cf. supra fig. 63, no 2)
L’arc est rectiligne. Le pied incomplet et légèrement anguleux vient se fixer sur le milieu de l’arc. Le ressort est à deux fois deux spires et corde externe.
Longueur co nservée : 70 mm ; hauteur : 16 mm.

25238 – Fragment de fibule en fer, type 3 ? (cf supra fig. 63, no 3)
L’arc est légèrement coudé et l’attache du pied située sur l’avant.
Le ressort est à deux fois deux spires et corde extérieure.
Longueur conservée : 40 mm.

25339 – Fragment de fibule à ressort en arbalète, type 7 (cf. supra fig. 63, no 4)
Le ressort est à deux fois six spires et corde extérieure. La bague qui sert à maintenir le pied sur l’arc est conservée.
Longueur conservée : 20 mm ; longueur du ressort : 25 mm.

25440 – Fragment de fibule à ressort en arbalète, type 7 (cf supra fig. 63, no 5)
Le ressort est à deux fois sept spires et corde extérieure. L’ardillon est presque complet. Le pied n’est pas conservé.
Longueur conservée : 40 mm ; longueur du ressort : 26 mm.

25541 – Fragment de fibule à ressort en arbalète, type 7 (cf. supra fig. 63, no 6)
Le ressort est à deux fois six spires et corde extérieure. Seul le ressort est conservé.
Longueur conservée : 13 mm ; longueur du ressort : 28 mm.

25642 – Ardillon de fibule en fer, brisé et plié (cf. supra fig. 63, no 7) Longueur conservée : 73 mm.

25743 – Fil en fer pouvant correspondre à un fragment de fibule (cf supra fig. 63, no 8)
Un second, plus fin, est fixé à l’élément principal par un double enroulement d’une des extrémités.
Longueur conservée : 22 et 24 mm.

25844 – Torque en bronze (cf supra fig. 63, no 11)
Objet déformé de petites dimensions. La pièce comprend un jonc plein, irrégulier, de section circulaire, et un boîtier en forme de tampons, fermé par un disque ajouré (l’assemblage était obtenu par brasure). Le boîtier fixé à l’une des extrémités du torque servait de fermoir, l’extrémité libre venant s’encastrer dans la partie ajourée.
Circonférence interne : 320 mm ; diamètre du boîtier : 16 mm ; épaisseur du boîtier : 9 mm.

2.5.1.4 Fosses et trous de poteaux

259Sur l’ensemble des fosses et trous de poteaux, trois seulement ont livré un objet métallique.

La fosse 49

26045 – Couteau en fer avec emmanchement à douille (fig. 82)
La douille, très ouverte, conserve un fragment de clou destiné à fixer un manche en bois. La lame est très usée.
Longueur conservée : 130 mm ; Longueur douille : 65 mm ; diamètre douille : 13 x 23 mm.

FIG. 82 ‒ Couteau à douille de la structure 49.

T.L./CNRS del.

La fosse 58

26146 – Agrafe en fer (cf. infra fig. 163, no 6)
Longueur : 62 mm ; hauteur : 25 mm.

La fosse 60

26247 – Tige en fer coudée, de section quadrangulaire (cf infra fig. 163, no 7)
Longueur : 74 mm.

2.5.1.5 Les grandes fosses cylindriques

La fosse 12

263Cette structure, profonde et volumineuse, a livré trois fibules en fer qui proviennent toutes des niveaux supérieurs du remplissage.

26448 – Fibule en fer, type 5 (cf. supra fig. 70, no 1)
L’arc, long et surbaissé, prend une direction nettement oblique à l’approche du pied. Le ressort, à corde externe, comprend deux spires de chaque côté. Le pied, relativement court, est orné de trois perles biconiques, dont une en bronze (celle du milieu). La dernière, plus volumineuse, sert d’attache pour la fixation du pied au sommet de l’arc.
Longueur : 120 mm ; hauteur : 22 mm.

26549 – Fibule en fer Incomplète, type 1 ? (cf. supra fig. 70, no 2)
L’arc arrondi est nettement ouvert. Le ressort, asymétrique, possède trois spires et une corde externe. Rien ne permet d’affirmer que le pied était fixé sur l’arc.
Longueur conservée : 55 mm ; hauteur : 21 mm.

26650 – Fibule en fer de petit module, type 2 (cf. supra fig. 70, no 3)
L’arc est arrondi. Le ressort volumineux est à deux fois trois spires et corde extérieure. Le pied, incomplet, est fixé à l’arc par une petite bague.
Longueur conservée : 31 mm ; hauteur : 10 mm.

La fosse 25

267Cette structure a livré un seul objet métallique.

26851 – Bouterolle de fourreau (cf. supra fig. 71)
Seule la partie terminale de la bouterolle est conservée. Cette pièce s’apparente aux fourreaux du groupe 4 défini à Gournay‑sur‑Aronde. La longueur totale de l’objet ne devait pas excéder 160 mm.
Longueur conservée : 112 mm.

2.5.2 Productions métalliques et parures

269Le matériel métallique découvert dans l’habitat comprend une cinquantaine de pièces. Ces objets, souvent fragmentaires, sont présents dans une dizaine de structures. Leur répartition est cependant très inégale puisque l’essentiel du matériel provient de deux ensembles seulement. La maison semi‑enterrée 50, avec 21 pièces, est de loin l’ensemble qui présente la plus forte concentration d’objets métalliques. Les fossés de l’enclos 8‑337‑338 sont tout aussi bien pourvus, mais avec une dispersion plus importante. Dans les autres fosses, le métal est rare sinon totalement absent. Il s’agit avant tout d’objets en fer, le bronze représente à peine 10 % de l’effectif total.

270Le matériel étant relativement bien conservé, une couverture radiographique et un nettoyage mécanique partiel, limité aux parties les plus significatives, se sont révélés amplement suffisants pour identifier, dessiner, mesurer et préciser les détails essentiels. Seul un petit nombre d’objets ont été traités de façon plus systématique et restaurés en vue d’une présentation muséographique : une grande fibule en fer ornée d’une perle en bronze (fig. 70, no 1, cf. supra fig. 84), un rasoir (cf. supra fig. 121, no 1), une lance (cf supra fig. 119 no 1, fig. 140), un umbo et divers fragments de fourreaux d’épées (cf supra fig. 117, nos 1, 2, 8, fig. 119, nos 1, 4, fig. 137, 138 et 141).

271De façon générale, on peut subdiviser le matériel métallique de l’habitat en cinq catégories distinctes (tabl. xi). La première qui est aussi la mieux représentée comprend les pièces de parure (fibules, bracelets et torques). Viennent ensuite par ordre d’importance les outils et les ustensiles divers (ciseaux, couteaux, rasoirs, pinces, etc.), les armes (épées, fourreaux, lances et boucliers), et enfin les éléments de construction (clous, agrafes, etc.). La dernière catégorie inclut les autres mobiliers ainsi qu’un certain nombre d’objets dont la fonction n’a pu être déterminée.

TABL XI ‒ Distribution des mobiliers métalliques par types et par structures.

T.L./CNRS

2.5.2.1 La parure

272En dehors des fibules qui sont avant tout des accessoires vestimentaires, la parure métallique de l’habitat se limite à un unique torque.

Le torque de la maison 50

273Le torque en bronze découvert dans la maison 50 (fig. 63, no 11), bien que brisé et déformé, n’en est pas moins complet. Cette pièce de petites dimensions n’a probablement jamais été portée par un adulte. Les tampons sont matérialisés par un boîtier creux discoïde en forme de bobine. Le bloc est fixé au jonc par un seul côté. La face opposée, utilisée comme fermoir, a été conçue de manière à recevoir l’extrémité mobile. Les comparaisons pour ce type de torque sont fort peu nombreuses ; il ne ressemble en rien à la plupart des types rencontrés dans les cimetières de La Tène ancienne. Pour les périodes plus récentes, il est encore plus difficile de se prononcer puisque les découvertes de torques en contexte funéraire sont excessivement rares. On peut cependant mentionner la découverte à Poses, en Normandie, d’une pièce toute aussi petite, caractérisée par des tampons soudés (Celtes en Normandie 1990). Cette trouvaille ancienne, au contexte incertain, est datée par l’auteur de la notice de La Tène ancienne II ou III, alors que le reste du mobilier est attribué au début de La Tène finale ; on notera la présence parmi ces objets d’une agrafe de ceinture de type La Tène C2. Toutefois, par son système de fermeture, c’est probablement avec l’un des prestigieux exemplaires en or de Fenouillet, daté du iie s., que la pièce de Montmartin présente le plus d’affinités (Art celtique en Gaule 1983).

Les fibules

274Seuls trois ensembles ont livré des fibules. La maison 50 en a livré près d’une dizaine contre quatre pour le fossé 337 et trois pour la grande fosse cylindrique 12. Les fibules découvertes dans l’habitat peuvent être classées en huit formes principales, la plupart n’étant représentées que par un unique exemplaire. Pour la définition de ces types nous nous en tenons pour l’essentiel aux travaux de M. Feugère, et ceux plus récents consacrés par M. Vaginay et V. Guichard à l’habitat de Feurs, ainsi qu’à l’importante étude réalisée par R. Gebhard sur le matériel de Manching (Feugère 1985 ; Vaginay, Guichard 1988 ; Gebhard 1991). Le classement proposé est organisé chronologiquement ; pour la cohérence de l’exposé nous avons inclus deux types supplémentaires uniquement connus par le mobilier du fossé 56 (fig. 83). Sur les quinze fibules inventoriées douze ont pu être identifiées de façon précise.

FIG. 83 ‒ Typologie des fibules de Montmartin.

T.L./CNRS del.

Type La Tène ancienne

2751 – Fibule en fer à pied libre, avec ressort à deux fois deux spires et corde extérieure. L’arc, nettement ouvert, et la forme allongée du pied situent clairement ce type de parure dans la dernière période de La Tène ancienne. Cette forme est présente dans les structures 12 et 50.

Types La Tène moyenne

2762 – Fibule en fer de petites dimensions. Le ressort volumineux est à deux fois trois spires et corde extérieure. Le pied, incomplet, est fixe au sommet de l’arc au moyen d’une bague. Ce type de fibule qui paraît être une évolution des productions de la fin de La Tène ancienne s’accompagne généralement d’un ressort à deux fois une ou deux fois deux spires (Vouga 1923 ; Krâmer 1985 ; Gebhard 1991). Gebhard type 13a. Cette forme est uniquement attestée dans la fosse 12.

2773 – Fibule en fer avec arc en segment de cercle. Terminée par un long pied, généralement ornée d’une perle. Le ressort est à deux fois deux spires et corde extérieure (Gebhard 1991). Gebhard type 15. Cette forme est connue par un exemplaire trouvé dans la maison 50.

2784 – Fibule en fer à arc rectiligne. Le ressort est à deux fois deux spires et corde extérieure. Le pied est généralement orné d’une perle (Suter 1984 ; Krâmer 1985 ; Gebhard 1991). Gebhard type 14. Comme pour le type précédent, cette forme est uniquement attestée dans la maison 50.

2795 – Fibule en fer à arc surbaissé. Le ressort est à deux fois deux spires et corde extérieure. Le pied fixé sur le sommet de l’arc est orné d’une série de trois perles (sur l’exemplaire de la grande fosse 12 la perle du milieu est en alliage cuivreux) (fig. 84). Sa forme générale évoque les exemplaires en bronze de type Môtschwil. Des variantes en fer sont également connues en Suisse et dans le sud de l’Allemagne (Stöcldi 1974 ; Krämer 1985 ; Gebhard 1991). Gebhard type 17a. Cette forme est uniquement attestée par l’exemplaire de la fosse 12.

FIG. 84 ‒ Fibule en fer de la structure 12, après restauration. Longueur : 120 mm.

cl. P.G./IRRAP

2806 – Fibule en fer à arc arrondi. Le ressort avec corde extérieure est à deux fois quatre spires (Guillaumct 1979 ; Lardy et al. 1987 ; Lambot, Méniel 1992). Cette forme est attestée par un unique exemplaire trouvé dans le fossé 337.

2817 – Fibule en fer avec ressort en arbalète à deux fois six, sept ou huit spires et corde extérieure. Les exemplaires conservés étant réduits aux seuls ressorts (en dehors des contextes funéraires les fibules de ce type sont rarement complètes), il n’est pas possible de préciser si le pied est rattaché au sommet de l’arc à la manière des fibules de schéma La Tène II ou plus simplement ajouré comme celles de schéma La Tène finale (Vaginay, Guichard 1988 ; Gebhard 1991 ; Celtes en Champagne 1991). Gebhard type 22 ou 24a/Vaginay‑Guichard type 1a. Cette forme est attestée par plusieurs exemplaires, dont un provenant du fossé 337 et trois de la maison 50.

Types La Tène finale

2828 – Fibule en fer avec ressort à deux fois trois spires et corde extérieure. Le pied triangulaire est fixé à l’arc au moyen d’une bague (Vaginay, Guichard 1988). Ce type existe aussi en bronze comme le montrent les exemplaires découverts à Hauviné/La Poterie dans les Ardennes (Art celtique en Gaule 1983). Vaginay‑Guichard type 1b. Cette forme n’est pas attestée dans l’habitat.

2839 – Fibule en fer à arc filiforme et pied trapézoïdal. Le ressort est à deux fois deux spires et corde interne (Feugère 1985 ; Vaginay, Guichard 1988 ; Gebhard 1991). Gebhard type 5/Feugère type 5b/Vaginay‑Guichard type 3b et c. Cette forme est connue par un unique exemplaire trouvé dans le fossé 337.

28410a – Fibule en bronze de type Nauheim. Type caractérisé par un arc très tendu et un pied trapézoïdal. L’arc est généralement décoré. Le ressort est à deux fois deux spires et corde interne (Gebhard 1991 ; Feugère 1985 ; Vaginay, Guichard 1988). Gebhard type 7/Feugère type 5/Vaginay‑Guichard type 3a. Cette forme n’est pas attestée dans l’habitat.

28510b – Fibule en fer ; variante de la précédente (Gebhard 1991 ; Feugère 1985 ; Vaginay, Guichard 1988). Gebhard type 27/ Vaginay‑Guichard type 3a. Cette forme n’est pas attestée dans l’habitat.

286Les fibules de l’habitat (tabl. xii) se rapportent pour la plupart à des formes anciennes caractéristiques de La Tène ancienne et moyenne. Le fossé 337 est le seul ensemble à avoir livré une fibule attribuable à la dernière période d’occupation du site (une fibule filiforme de type 7).

TABL. XII ‒ Répartition des fibules par types et par structures.

T.L./CNRS

2.5.2.2 L’outillage et les ustensiles domestiques

287Parmi les différents outils utilisés pour travailler les matières souples, comme le cuir, les tissus ou certains matériaux ligneux tels que l’écorce, nous trouvons les tranchets (fig. 20, no 1) et les aiguilles (fig. 42, no 12) (Jacobi 1974 ; Nicolardot, Gaucher 1975). Les matières dures, comme le bois et le métal, nécessitent d’autres outils tels le marteau, l’enclume, les pinces, les limes, etc. Ici, alors que tout indique que le fer était travaillé sur place, peu d’outils ont été retrouvés à la fouille. Les structures de l’habitat n’en ont fourni aucun, à l’exception peut‑être d’un ciseau trouvé dans la maison 50. Les déchets de fabrication, scories, loupes et paroi de four suggèrent cependant une activité métallurgique de transformation relativement intense. Ces résidus ont été rencontrés aussi bien dans le secteur B (l’enclos 8‑337‑338 et la grande fosse 12) que dans le secteur C (le fossé 56 et plus particulièrement sa branche est). Si des ateliers ont bien fonctionné sur le site, les pièces inachevées ou simplement ébauchées qui caractérisent généralement ce type d’activité font ici totalement défaut.

288Les couteaux sont fortement usés. Dans bien des cas, seuls subsistent le dos de la lame et la partie correspondant à la poignée. Ils appartiennent tous au type avec emmanchement à douille (fig. 42, no 3 ; fig. 62, no 13 ; fig. 82). Le premier vient de la maison 50, le second du remplissage du fossé 337 et le dernier de la fosse 49, située non loin du fossé 26.

289Aucun couteau n’est conservé en entier. Cette forme avec emmanchement à douille est fréquemment rencontrée, à partir du début de La Tène moyenne, dans le nord de la France. Un exemplaire de ce type a été trouvé à Verberie, près de Compiègne, dans un établissement rural (Fémolant 1991). Plusieurs instruments du même type figurent dans le mobilier des sépultures I.104, I.110 et I.118 d’Acy‑Romance. Le couteau de la tombe 1.104 est associé à une fibule de Nauheim, un bracelet en verre bleu à décor ondulé jaune et huit potins LT 8124 (Lambot, Méniel 1992 ; Lambot et al. 1994). Dans la tombe I.110, on dénombre deux couteaux, l’un à douille, l’autre à languette avec extrémité annelée. Ils sont associés à des fibules de schéma La Tène II, dont deux avec ressort en arbalète (Lambot et al. 1994). Ce type d’ustensile, également connu à La Tène moyenne, est présent dans les tombes 7 et 9 de Breuil‑le‑Sec ainsi que dans la tombe 3 de Tartigny (Massy et al. 1986). Des couteaux semblables figurent également parmi les mobiliers extraits des eaux de la Thielle à La Tène, en Suisse (Vouga 1923). Les armes et les fibules découvertes sur ce dernier site se rattachent dans leur grande majorité à la phase de transition La Tène C1/C2 (Lejars 1994). D’autres exemplaires dateraient de La Tène ancienne comme celui de Ciply, en Belgique (Mariën 1961).

290L’existence de récipients métalliques est suggérée par les quelques fragments de tôles de bronze trouvés écrasés dans le fossé 8. Les fossés 8, 337 et 338 ont livré en outre des fragments de fines bandes de métal en fer, d’une largeur d’environ 10 mm, qui ont pu servir de cerclage pour maintenir les douves de petits seaux en bois. Ces récipients sont maintenant bien connus grâce aux découvertes funéraires de ces dernières années (Canly, petite nécropole proche de Montmartin, Gaudefroy 1991 ; Acy‑Romance, tombes I.101, 1.7, Lambot et al. 1994 ; Bucy‑le‑Long, fouille P. Pion, inédit).

2.5.2.3 L’équipement militaire

291Les pièces d’armement sont présentes dans trois structures, les fossés 8‑337‑338, la fosse 25 et la maison 50. Il s’agit de petits fragments isolés, comparables aux mobiliers que l’on rencontre assez fréquemment sur la plupart des sites d’habitat de cette période (fragments de bouterolle, croisière d’épée ou fragments de lame, etc.).

292L’armement est principalement illustré par l’épée et le fourreau. Les armes d’hast sont représentées par un seul objet, un talon à douille, découvert dans le fossé 8. Le bouclier, tout comme le ceinturon, paraît absent. S’il n’est pas facile de caractériser l’armement à partir de ces quelques fragments, l’extrémité de la bouterolle de fourreau d’épée découverte dans le remplissage de la grande fosse 25 livre de précieux renseignements pour la chronologie du site puisqu’elle appartient à un type maintenant bien connu, utilisé pendant la seconde moitié de La Tène C1 (Lejars 1994).

293À cela il faut ajouter un fragment de bandage de roue trouvé dans le fossé 338. Cette pièce brisée aux deux extrémités appartient à un type ancien. Sa section en D, l’étroitesse du bandeau et l’orifice qui indique un mode de montage avec clous évoquent les bandages de roues des tombes à char de Champagne de la fin de La Tène A ou du tout début de La Tène B1 (Verger 1994). Cette pièce résiduelle est de loin la plus ancienne découverte sur le site.

2.5.2.4 Les pièces d’assemblage et éléments de construction

294Parmi les différents accessoires utilisés pour assembler et construire, nous trouvons bien sûr les clous et rivets. Les clous, fréquents sur la plupart de sites de ce type, paraissent ici relativement rares. La maison 50 et le fossé 337 sont les seules structures a en avoir livré. Ils sont de façon générale à tête plate ou hémisphérique.

295La pièce d’assemblage la plus fréquemment utilisée est sans nul doute l’agrafe en fer (Jacobi 1974 ; Vaginay, Guichard 1988 ; Lambot, Méniel 1992). Elle se présente sous la forme d’un simple crampon (une barrette aux extrémités coudées) ou bien d’un élément de cerclage (les extrémités sont repliées de manière à être enfoncées dans le bois). Deux pièces de ce type ont été identifiées. L’une vient du trou de poteau 58, l’autre de la maison 50. Ces éléments d’assemblage ont été utilisés pour maintenir des pièces de bois de différentes épaisseurs. L’exemplaire de la maison 50 correspond à une planche épaisse d’environ 12 mm (fig. 62, no 1). Les autres modes d’assemblage mis en évidence à Feurs, crampon d’angle, plaquettes et rivets, charnière avec rivets et ferrure avec clous, ne sont pas attestés à Montmartin (Vaginay, Guichard 1988). À Manching, on constate la même simplicité de montage.

2.5.2.5 La monnaie

296j.‑l. brunaux

297L’absence de toute monnaie sur le site pourrait faire penser à l’inutilité de cette rubrique. Ce serait vrai si l’habitat de Montmartin ne se plaçait à une époque (La Tène C et La Tène D 1) et dans une série de sites –les grands habitats aux premiers caractères urbains– où la monnaie joue un rôle non négligeable, au moins en ce qui concerne l’étude, la chronologie et les relations commerciales. Même si nous n’avons pas de représentants matériels, il nous paraît donc nécessaire d’aborder le problème de la monnaie.

298Une telle absence ne peut être imputée aux méthodes de fouille. En effet, pratiquement la moitié des structures creuses ont été fouillées finement et à deux reprises un détecteur de métaux a été passé sur l’ensemble des structures. Si on ne peut pas exclure des oublis au moment de la fouille, dans la mesure où les déblais n’ont pas été tamisés, on doit cependant croire que cette absence correspond à une certaine réalité. L’absence archéologique en quelque sorte signifie au moins la rareté de ces objets.

299On peut cependant pousser l’analyse un peu plus loin et se demander quel type de matériel monétaire on aurait pu rencontrer et chercher les raisons de son absence. À la première question la réponse ne pose pas beaucoup de problème. Pour toute la période de La Tène C2 on est en droit de s’attendre à trouver des témoins de la circulation dite primitive, c’est‑à‑dire des statères ou des hémi‑statères en or dont on pense qu’ils ne devraient pas être rares dans cette région, chez les Bellovaques auxquels on attribue un monnayage important, et à proximité du territoire des Ambiens dont la réputation de pouvoir émetteur est, à tort ou à raison, plus grande encore. Pour ce qui est de la période suivante, La Tène Dl, les sites classiques de même nature que Montmartin apportent une réponse univoque : que ce soit à Feurs, à Bâle, à Acy‑Romance la majeure partie des monnaies est constituée de potins.

300L’absence de monnaies d’or à Montmartin n’a rien qui doive étonner, S’agissant d’un numéraire de valeur, on s’imagine aisément que sa perte est rare. Ainsi à Feurs, sur 55 monnaies découvertes figurent seulement deux statères, ce qui semble même une représentation importante car à Acy‑Romance sur un lot comparable (53 monnaies) figurent seulement deux quarts de statères de mauvais aloi. Si ce type de numéraire existe bien à cette époque et dans cette région (ainsi à Ribemont un hémi‑statère a été trouvé dans une couche de sol de La Tène C2 et deux quarts de statères dans des niveaux de La Tène finale), il semble bien que leur perte accidentelle ait été très limitée.

301L’absence des potins est plus problématique. Il est, en effet, impossible d’alléguer une certaine pauvreté de l’habitat. Le matériel rencontré dans le fossé 56 suffirait alors à nous rappeler à la réalité : les armes et les parures sont abondantes et il n’y a aucune raison tenant à la nature du site qui pourrait expliquer l’absence de monnaies. On ne peut pas non plus invoquer d’explication géographique. Si les potins du type LT 8124, les plus caractéristiques et les plus nombreux du nord de la France, sont surtout en vedette dans la partie orientale du territoire avec les fouilles d’Acy‑Romance, ils sont bien représentés à date haute en Picardie, notamment sur le site de Variscourt daté par P. Pion de 100 à 50 av. J.‑C. Mais un ensemble tout à fait intéressant à été découvert à proximité de Montmartin sur le sanctuaire de Gournay : dans la couche de remplissage de la fosse centrale sept potins LT 8124 se trouvaient associés à une monnaie de la République émise en 99 av. J.‑C. mais deux fois contre‑marquée (Brunaux 1987 : 14‑32). Une datation de cet ensemble vers 90‑80 av. J.‑C. peut raisonnablement être envisagée.

302Les potins, notamment ceux du type LT 8124, sont courants dans cette région, c’est d’ailleurs dans le département de l’Oise qu’on en a comptabilisé le plus grand nombre. Ils sont fréquents à Gournay et sur d’autres sites proches de Montmartin. Il n’y a donc aucune raison de n’en pas trouver ici, si ce n’est une raison chronologique. Autrement dit se repose une nouvelle fois la question de l’apparition de ce numéraire. Un article récent de B. Lambot et L.‑P. Delestrée (Lambot, Delestrée 1991 : 67‑79) apporte une contribution capitale à ce problème. Ces deux auteurs, en s’appuyant sur des séries significatives trouvées dans des ensembles clos associés à des catégories de matériel maintenant bien situées dans le temps (fibules, verre notamment), proposent l’apparition de ces premières monnaies en 130 ou 120 av. J.‑C. Cette datation qui peut paraître excessivement haute rend bien compte du contexte de datation relative de tout ce matériel. Cependant la nature du site et notre méconnaissance des réseaux commerciaux doivent certainement tempérer cette datation et il serait plus raisonnable de proposer une fourchette un peu plus large qui irait jusqu’à 100. Mais la chronologie proposée n’est peut‑être pas l’élément le plus important de cet article. Les auteurs, en faisant ressortir qu’on a affaire à Acy‑Romance à une série lourde des potins LT 8 124, parmi lesquels figure un exemplaire montrant un cheval qui a toutes les chances d’être le prototype de cette série, indiquent très clairement que la monnaie LT 8 124 est originaire de la région de Rethel, à partir de laquelle elle a pu se diffuser par surmoulage en perdant et son poids et son image initiale. Ainsi les séries rencontrées dans la Picardie de l’ouest sont très certainement postérieures, probablement de plusieurs décennies, ce qui expliquerait l’écart entre la datation proposée à Acy‑Romance et celle du rebouchage de la fosse du sanctuaire de Gournay. On pourrait donc en conclure que la généralisation d’un numéraire en potin chez les Bellovaques s’est produite au plus tôt dans les années 90‑80 av. J.‑C., ce qui correspond aux dates couramment admises maintenant pour la généralisation des potins sur les grands sites d’habitat, Variscourt, Peurs, Bâle, Besançon.

303La conclusion est assez évidente : l’absence de monnaie à Montmartin ne peut s’expliquer que par une antériorité de cet habitat par rapport à l’apparition de celle‑ci dans cette région autour des années 90 av. J.‑C. On l’a vu, le reste du matériel (armes et fibules, verre, amphore et céramique) n’est pas incompatible avec une telle datation puisque la couche C.01 du fossé 56 (cf. infra § 4.3.2) marquant la fin du site est datée des années 100.

2.5.2.6 Parures non métalliques

304j.‑l. brunaux

305Elles sont peu nombreuses et le paraissent d’autant plus qu’on les compare à la masse du matériel métallique. En fait elles sont guère moins nombreuses que sur les sites comparables en taille et en structures fouillées que sont Acy‑Romance ou Feurs. La comparaison est, en revanche, plus difficile avec les grands oppida tels que Manching ou State Hradisko pour lesquels il faudrait mesurer la proportion de ce type de matériel par rapport à l’ensemble des découvertes (céramique notamment) et aussi par rapport au volume des structures fouillées, considérable sur ces deux sites.

306Ce matériel se répartit suivant deux types de matériaux, le verre et le lignite. La faible représentation de ces objets a des causes locales. Le verre est très peu représenté sur le sanctuaire de Gournay, que ce soit à La Tène C1 ou à La Tène C2. La nature crayeuse des sols et le relatif éloignement des gisements de sable font penser que le verre n’était pas produit sur place et que les objets retrouvés sont des importations d’origine plus ou moins éloignée. Le lignite est plus courant sur le sanctuaire de Gournay mais sa rareté à Montmartin s’explique, comme on le verra, par la chronologie.

307Le verre est seulement représenté par des perles, au nombre de trois (fig. 42, no 9 ; fig. 63, no9 et cf. supra fig. 116, no 15) dont un chaton d’épingle. Leur analyse ne s’en trouve pas facilitée car la typologie et la chronologie de ces objets ont été fondées pour l’essentiel sur les bracelets (Gebhard 1989). Cependant les recherches menées sur la coloration du verre (Gebhard 1987) donnent de bonnes indications. Une perle est parfaitement transparente, sans coloration, il s’agit d’un type très répandu à La Tène C1b et encore diffusé à La Tène C2. Les perles bleu cobalt ont moins de valeur chronologique, elles se rencontrent de La Tène C1b jusqu’à La Tène D1. En revanche le chaton d’aiguille d’un bleu pâle transparent est à classer parmi les objets de La Tène Cia et la perle bleu cobalt avec des ocelles spiralés exécutés avec des filaments jaunes est typique de La Tène C2. Cette datation proposée à partir d’examens spectroscopiques sur des séries importantes et bien situées dans le temps rejoint la datation que proposait déjà J. Déchelette (Déchelette 1914 : 1319). Ces objets répandus dans le monde méditerranéen à date plus haute se rencontrent sur les habitats celtiques dans la deuxième moitié de La Tène moyenne. On en rencontre des exemplaires à la phase II ancienne et récente de Nages (Py 1978 : 292), ainsi qu’à Acy‑Romance (Lambot, Méniel 1992 : 127), c’est‑à‑dire dans des contextes antérieurs à la fin du iie s.

308Il n’est pas indifférent pour la chronologie du site que ces différents objets appartiennent aux couches et aux structures les plus récentes du site, même si ceux qui sont attribuables à La Tène C1 notamment ont certainement été remaniés.

309Une grosse perle et un fragment de bracelet de lignite se trouvaient dans les niveaux supérieurs du fossé 56. Bien qu’il n’existe pas de typologie de ces objets, on indiquera le travail de W. Stöckli (Stöckli 1974 : 368‑385) qui, se fondant sur des ensembles homogènes de matériel de l’oppidum de Manching, montre que le lignite n’est plus utilisé à partir de la fin de La Tène C1. Il est certainement trop tôt pour généraliser cette observation à l’ensemble du nord de la France, cependant jusqu’à présent on doit reconnaître que ce matériau n’est rencontré que sur les sites de La Tène moyenne, dans les sépultures notamment.

2.6 Les restes humains de l’habitat

310b. boulestin, h. duday

311Le site de Montmartin a livré de nombreux restes humains, dont l’essentiel provient du fossé 56 (cf. infra 4.2.4.4). Toutefois quelques pièces, crânes et mandibules exclusivement, proviennent des structures de l’habitat semi‑enterré, de la fosse 12, ainsi que des fossés 337 et 338. Nous en donnons ici un inventaire simplifié par structure, la description détaillée, à laquelle renvoient les numéros d’inventaire entre parenthèses, figurant dans l’inventaire général.

312Habitat semi‑enterré 50‑51 :
‒ frontal incomplet (no 1) ;
‒ fragment postérieur de pariétal droit (no 2) ;
‒ calvarium incomplet d’adulte composé de deux pièces séparées (nos 9 et 15).

313Fossé 337 :
‒ partie postérieure de calva remontée (no 4).

314Fossé 338 :
‒ fragment de frontal (no 8).

315Fosse cylindrique 12 :
– fragment de calva (no 16).

316Structure 338 ou structure 50 (tas de terre) :
– mandibule, région comprise entre les deux foramens mentonniers (no 27).

317Deux fragments de crânes figuraient dans le fossé 337. Quatre éléments se trouvaient en revanche dans la maison 50 ; ces décomptes appellent plusieurs commentaires. Il faut tout d’abord s’étonner du très faible nombre d’éléments crâniens dans les fossés de clôture de l’habitat, là où on les rencontre généralement sur les autres sites. Le fossé 337 est notamment la structure qui a été le plus fouillée sur l’ensemble du site ; or elle n’a livré qu’un seul morceau de crâne ; il est d’ailleurs à noter que ce dernier se trouvait à quelques mètres seulement du curieux dépôt de crânes de bœufs (fig. 78) et de coupes en terre cuite et au même niveau. Cet ensemble a été interprété comme une structure cultuelle secondaire, voire provisoire. Ce morceau de crâne en forme de coupe a pu en faire partie.

318À côté, les quatre éléments rencontrés dans la maison 50 peuvent paraître nombreux. Ils le paraîtront moins si on les met en parallèle d’une part avec le matériel rencontré dans cette structure (la maison 50 a livré 123 formes céramiques alors que le fossé 337 en a livré 110 seulement) et surtout d’autre part avec la richesse de celui‑ci (figure entre autres le plus grand nombre de fibules et de parures). Nous en avons conclu que par son type de construction et par la richesse de son mobilier cette habitation était la demeure d’une famille très aisée. Nous verrons plus bas que les crânes humains peuvent être mis au compte des biens de luxe d’une famille aristocratique.

2.7 Terre crue, terre cuite

319g. fercoq du leslay

320L’importance et la variété d’utilisation du matériau « terre » est en grande partie ignorée de l’archéologie, ceci essentiellement en raison de sa mauvaise conservation lorsqu’il est n’est pas cuit ou qu’il l’est insuffisamment. En effet, si l’on excepte la céramique réalisée à partir d’une terre très plastique soigneusement façonnée et cuite, la plupart des objets et structures en terre sont constitués d’une matière première de qualité médiocre, sommairement préparée et mise en forme, qui n’est pas toujours destinée à être cuite. L’état de conservation de ces objets et structures rend leur identification délicate, c’est surtout vrai pour les objets de terre crue qui sont presque toujours découverts dans des contextes d’incendie violent, sous une forme toujours dénaturée, souvent extrêmement fragmentée. L’excellente étude de J. Chausserie‑Laprée et N. Nin à propos des aménagements domestiques du village protohistorique de Martigues rend parfaitement compte des problèmes de conservation et d’identification spécifiques à ce type de matériel (Chausserie‑Laprée, Nin 1990).

321Comme le reste du matériel archéologique, les fragments de terre brûlée doivent être systématiquement prélevés lors de la fouille. À Montmartin, seule une partie a pu être récupérée, un premier tri rapide a permis l’identification d’artefacts ne provenant pas de la destruction de murs et qui avaient été collectés avec le torchis ; il s’agit d’objets liés à la cuisson ainsi qu’à la métallurgie. Une étude détaillée des fragments de torchis a révélé le détail architectural des constructions réalisées en matériaux périssables.

322Tout comme dans l’architecture de pierre, les constructions de terre et de bois mettent en œuvre des techniques qui sont des marqueurs culturels au même titre que par exemple la céramique. C’est dire tout l’intérêt d’une telle étude malheureusement rarement entreprise.

2.7.1 Travail du textile

Les pesons de métier il tisser

323Une vingtaine de fragments de pesons (fig. 85b, no 1) ont été découverts sur le site, le plus grand nombre dans la couche de destruction du dernier état de la structure 56, quelques‑uns proviennent des niveaux de comblement de la structure 50.

FIG. 85a plan de répartition des vestiges liés au tissage à Montmartin ; b matériel : 1 (■) fragments de pesons triangulaires du fossé 56 ; 2 (▲) fusaïoles des structures 39 (a), 50 (b, c) et 56 (d, e).

V.T./MSH del, d’ap. J.‑L.B./CNRS, G. F./CGS).

324Ce matériel, extrêmement fragmenté et érodé, est difficilement identifiable, il se distingue cependant du torchis brûlé par sa pâte homogène et sa coloration rougeâtre due à la cuisson avant utilisation. Deux types de pâte ont été employés : la plus fréquemment utilisée contient un dégraissant riche en petits cailloux calcaires, l’autre présente un dégraissant à base de fibres végétales (foin).

325Quelques fragments caractéristiques permettent d’identifier la forme des pesons, ce sont toujours des objets en forme de prisme triangulaire percé d’un trou à chaque angle. Ce modèle est connu en Grande‑Bretagne, en Allemagne et en France, au nord de la Seine, du iiie s. av. J.‑C. au iie s. ap. J.‑C. Les exemplaires géographiquement et chronologiquement les plus proches de ceux de Montmartin, sont ceux de Villeneuve‑d’Ascq, datés du iiie s. av. J.‑C. (Leman‑Delerive 1989 : 73). Le principe de fonctionnement de ce type de peson n’a pas encore été interprété de manière satisfaisante ; il semble correspondre à une technique spécifique, circonscrite à la Gaule Belgique et aux cités limitrophes de la Lyonnaise (Ferdière 1984 : 223).

Les fusaïoles

326Cinq fùsaïoles de terre cuite (fig. 85b, no 2) ont été découvertes dans les structures 39, 50, 51 et 56, quatre ont été réalisées à partir de tessons de céramique qui ont été perforés, seul l’exemplaire mis au jour dans la structure 50 a été fabriqué dans le but d’une utilisation spécifique.

2.7.2 Métallurgie

Les tuyères

327Les structures 12 et 56 ont livré une quinzaine de fragments de tuyères (fig. 86b, no 1). Les plus complets et les plus facilement identifiables proviennent de la structure 56 (couches 01 et 04). Bien qu’il n’ait pas été possible de reconstituer la forme complète de ces objets, les observations effectuées sur différents éléments en donnent une image assez nette. Un gros fragment, bien conservé, en révèle la forme générale. Les traces nettement visibles d’un conduit d’air de 2 cm de diamètre ont également pu être mises en évidence sur d’autres fragments plus petits. La partie la plus exposée au feu fait totalement défaut. Plusieurs fragments présentent des traces d’intense vitrification.

FIG. 86a Plan de répartition des vestiges de métallurgie du fer à Montmartin ; b matériel : 1 (▲), 2 (●), 3 (■) fragments de tuyères du fossé 56 ; 4 (♦) fragment de creuset du fossé 56.

V.T./MSH del. d’ap. J.‑L.B./CNRS

328La nature de la pâte est identifiable sur l’élément le plus volumineux, le moins détérioré par l’action du feu : ici encore le matériau est sableux. Le dégraissant minéral très fin, observé à la loupe binoculaire, est constitué de sable et de silex ; la composante végétale du dégraissant n’a pu être observée que dans ses parties les moins dénaturées par la chaleur, il est assez abondant et si on se réfère à l’ethnologie, il pourrait avoir été introduit sous forme d’excréments animaux afin d’améliorer les qualités réfractaires du matériau.

329Ces cubes de terre cuite, Düsenziegel, sont bien connus en Allemagne sur les sites de La Tène et de la période gallo‑romaine. Ils sont utilisés pour la fonte du bronze et du fer (Jacobi 1974 : 246, 255) ; leur rôle est de protéger de la flamme et de la chaleur intense les éléments de la soufflerie : tubes à vent et poche du soufflet.

330D’autres éléments liés à la métallurgie ont également été découverts sur le site de Montmartin : creusets, scories, loupe de fer. Différents types de scories sont identifiables à partir de leur poids et de leur morphologie. Les scories découvertes à Montmartin correspondent autant aux rebuts des opérations de réduction qu’à celles de l’affinage ce qui implique qu’il y a eu une activité de réduction du minerai de fer ainsi qu’un travail de forge sur le site de Montmartin. Aucun four n’a pu être mis en évidence lors de la fouille, cependant certains fragments de terre calcinée qui présentent des traces de vitrification ont été découverts dans le remplissage de la structure 56, et sont à l’évidence des morceaux de paroi de bas fourneau.

Les creusets

331Les structures 56 et 57 ont livré des fragments de creuset (fig. 86b, no 2). Ce sont des objet de petite taille, leur pâte est sableuse et très bien cuite. Il s’agit vraisemblablement d’instruments destinés à la métallurgie du bronze ou des métaux précieux. L’exemplaire découvert dans la structure 57 est le mieux conservé, il ne semble pas avoir été beaucoup utilisé.

Les plaques de foyer

332Les structures 50, 51 et 56 ont livré quelques fragments de terre cuite très différents du reste du matériel étudié. Le plus gros fragment, long de 7 cm, large de 5 cm et épais de 5 cm présente une face plane très indurée et finement lissée. La pâte est très sableuse et contient quelques grains de silex et de calcaire. En coupe, on observe un dégradé de couleurs : la « croûte » superficielle, épaisse de 5 mm, est de couleur blanchâtre ; immédiatement en dessous, la pâte est de couleur brune sur une épaisseur de 10 mm, enfin la masse interne est d’une couleur rouge brique uniforme. Les objets dont proviennent ces fragments ont manifestement été cuits avant utilisation, l’aspect de la pâte est caractéristique des pièces exposées au feu. La forme complète demeure inconnue, cependant la face plane évoque la surface d’un foyer. Nous proposons donc d’interpréter ces artefacts comme des fragments de plaques de foyer, d’un type voisin de celles découvertes sur les sites de Levroux ou d’Aulnat (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 138).

2.7.3 Le torchis : éléments de comparaison

333Le torchis est une terre légèrement argileuse additionnée d’un dégraissant d’origine végétale, ce mélange est appliqué sur une armature de bois. En architecture traditionnelle, les qualités de terre utilisée et les techniques mises en œuvre sont variables d’un terroir à l’autre (Calame 1983 : 176‑190). Contrairement à d’autres techniques de construction en terre comme par exemple le pisé, la maçonnerie de torchis ne joue dans la construction qu’un rôle secondaire de remplissage. C’est la charpente qui assure la tenue de la structure et c’est l’évolution de cette technique qui est la plus riche en enseignement. Nous attendons de l’étude du torchis qu’il nous renseigne sur l’aspect extérieur de la construction et surtout sur la nature de l’ossature de bois.

334Les murs de terre crue ne se conservent pas sous nos climats, ils fondent littéralement sous l’action des intempéries lorsque le bâtiment est abandonné et que la couverture ne le protège plus. Archéologiquement, à priori, il n’est pas impossible de reconnaître une telle construction : la terre forme un bourrelet à l’emplacement même des murs (fig. 87b) et ces structures peuvent être identifiées dans la mesure où le niveau d’occupation est conservé. Il est également possible de les identifier quand les sols ont été arasés, l’analyse sédimentologique permettant d’identifier la terre des murs lorsqu’elle a été piégée dans une fosse ou au bas de pente, comme l’a montré J.‑L. Brochier sur le site de Bavois‑en‑Raillon (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 55). La prospection aérienne permet également de détecter des constructions totalement érodées : elles apparaissent sous forme de vastes aires sombres (Agache, Bréart 1984 : 23).

FIG. 87 ‒ Le torchis. Comparaisons : a restauration d’un bâtiment en torchis ; b vestiges d’un bâtiment en torchis dix ans après sa destruction.

cl. G.F./CGS

335Bien qu’elle ne laisse que rarement des traces évidentes, l’importance de la maçonnerie de terre ne doit pas être sous‑estimée y compris dans l’architecture gallo‑romaine : plusieurs fouilles ont révélé que la présence de fondations ou de murs appareillés n’impliquait pas obligatoirement une architecture de pierre, mais quelle pouvait aussi correspondre à une construction en pans de bois. Certains murs de moellons peuvent n’être que les soubassements (solins) de murs en torchis, comme c’est le cas sur le sanctuaire de Ribemont‑sur‑Ancre, où le mur extérieur du portique d’époque flavienne est une construction de terre crue (pan de bois ou pisé ?) édifiée sur un solin de pierres appareillées et liées au mortier de chaux (Cadoux 1978 : 345).

336Quelques textes antiques font également état de l’utilisation de la terre crue en architecture. La technique du torchis est commune dans nos régions à l’époque augustéenne et Vitruve, qui la présente comme une méthode de construction archaïque, écrit qu’elle ne se voit plus guère que « chez les nations étrangères », Gaule, Espagne, Lusitanie, Aquitaine (Lequément 1985 : 31‑32).

337S’il est possible de détecter les architectures en terre crue, leur morphologie ne peut guère être étudiée que dans les contextes de destruction par incendie. Nombreux sont les sites qui livrent des fragments de terre brûlée portant l’empreinte d’éléments de bois, mais le plus souvent, leur mauvais état de conservation et leur découverte dans des couches remaniées après la destruction en limitent la valeur. Elles ne sont que très rarement décrites avec la précision nécessaire et les archéologues mal préparés n’en saisissent pas toujours les nuances et l’intérêt.

338Néanmoins, les progrès considérables réalisés dans le domaine de l’histoire du bâtiment au cours des dernières décennies (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 29‑35) permettent de tirer profit de l’étude de fragments de torchis même en très mauvais état de conservation, dans la perspective de l’élaboration d’un historique des constructions de bois.

339Identifier ces éléments avec certitude et en extraire les informations significatives nécessite l’expérience et le recours à un système de référence comme dans la plupart des champs de l’archéologie. Deux systèmes sont utilisés : le premier se base sur les données de l’ethnologie, l’autre sur l’expérimentation. Si l’un et l’autre ont leurs limites, ils offrent l’avantage pour l’un d’observer directement le matériau dans ses conditions réelles d’utilisation, pour l’autre de confronter les archéologues à la réalité matérielle de leurs interprétations ce qui leur permet d’acquérir une pratique dans le domaine technique étudié.

340Dans le domaine de la maçonnerie de terre, le savoir‑faire est encore vivant dans certaines régions (Calame 1983 : 177) et plusieurs expériences de réhabilitation de ce matériau de construction ont été tentées depuis le début des années 1980 (Michel 1985 ; Calame 1983 : 187‑190) (fig. 87a). Il est donc facile de se documenter directement auprès des architectes, des artisans ou des ethnologues. La France possède encore un vaste patrimoine architectural de terre crue, son étude tant sous l’aspect de la technique de construction que sous celui de l’entretien, de la dégradation jusqu’au processus de destruction est riche d’enseignement.

341Pour l’analyse de la destruction de la structure 56 et dans le but de comprendre la nature de l’incendie qui en a causé la ruine, nous avons eu recours à des éléments de comparaison issus à la fois des domaines de l’ethnologie et de l’expérimentation.

342Des comparaisons ont été faites avec plusieurs bâtiments en pans de bois et torchis détruits par incendie dans la région d’Amiens. La figure 88a montre le résultat d’un sinistre survenu en janvier 1994 sur deux granges en pans de bois du village de Varennes‑en‑Croix. Dans l’incendie d’un bâtiment de ce type, c’est la charpente aérienne qui subit la plus forte action du feu : elle s’effondre rapidement et vient alimenter l’incendie. La disparition de la toiture affaiblit les murs qui ne sont plus solidement maintenus et s’effondrent à leur tour. L’incendie de Varennes a été maîtrisé une demi‑heure après qu’il se soit déclaré, la destruction complète du bâtiment n’a pu être évitée, une grange voisine a été partiellement touchée. Les observations et les prélèvements ont été effectués immédiatement après le sinistre. Seuls quelques fragments de couleur brune sont très bien cuits, ceci parce qu’au cours de l’incendie ils sont tombés dans la paille, dont regorgeaient les granges, laquelle a continué à se consumer plusieurs jours après l’incendie. Le torchis des murs ne présente que les traces d’une cuisson toute superficielle, visible sur 2 à 3 cm d’épaisseur, le dégraissant végétal (paille) et les baguettes du clayonnage n’ont pas brûlé.

343La couleur dominante du torchis est noire, cette teinte est due à un important dégagement de fumée causée par la combustion de la paille. Certains fragments, peu nombreux, présentent une coloration orange, ce sont ceux du bâtiment le moins touché par l’incendie.

344Après l’hiver, certains fragments de torchis ont totalement été désagrégés par le gel, d’autres mal ou peu cuits ne se distinguent déjà plus de la boue environnante.

345Un mur complet s’est effondré, le colombage a été réduit à l’état de charbon de bois alors que le torchis n’a subi qu’une cuisson très superficielle, le torchis insuffisamment cuit va rapidement se mêler à la terre de la cour alors que le bois carbonisé devrait se conserver et seul va témoigner de l’incendie. Nous avons pu observer un phénomène comparable en 1986, lors de la fouille de niveaux gallo‑romains, rue des Otages à Amiens (fig. 88b).

FIG. 88 ‒ Comparaisons de bâtiments à ossature en bois détruits par le feu : a grange incendiée (Varennes‑en‑Croix, Somme) ; b clayonnage incendié d’un mur gallo‑romain (Amiens) ; c et d reconstitution d’une maison néolithique incendiée (Cuiry‑lès‑Chaudardes, Aisne).

cl. G.F./CGS

346Les expériences d’archéologie expérimentale réalisées à partir de 1976, par l’URA 12, dans la vallée de l’Aisne, se révèlent également très riches en enseignement sur les constructions protohistoriques et principalement sur leur processus de dégradation. Celle qui nous intéresse plus particulièrement ici concerne un bâtiment de type « danubien », réalisé sur le site de Cuiry‑lès‑Chaudardes sous la direction de C. Constantin (Constantin 1978). Cette maison, construite en 1976 dans le cadre d’un documentaire de vulgarisation archéologique, a été détruite accidentellement au cours d’un incendie en 1985. Cette structure isolée en plein champ a été abandonnée et non remaniée depuis, elle constitue une remarquable référence pour l’observation des conséquences d’un incendie sur une construction de bois et terre crue sans fondation. Cette structure fait l’objet d’observations régulières depuis la date de sa destruction.

347Lors de l’incendie, la maison était vide de matériaux combustibles. Etant isolée en plein champ, il s’est écoulé environ une heure avant l’intervention des pompiers (et la fin de l’expérience). Le feu, qui a vraisemblablement pris dans la couverture de roseaux (vandalisme ?), a détruit toute la partie aérienne de la charpente mais n’a atteint que très légèrement les poteaux porteurs. Le torchis des murs n’a cuit que très superficiellement et seuls les murs orientés contre le vent ont brûlé. Le clayonnage, protégé par le torchis, n’a pratiquement pas été atteint. Les murs à l’abri du vent ne présentent pas de trace de cuisson notable. La violence de l’incendie a entraîné rapidement la fissuration et la fragmentation du torchis à l’emplacement des poteaux principaux, l’armature intérieure exposée aux flammes a été partiellement carbonisée.

348Immédiatement après le sinistre, la majorité des tronçons de mur étaient encore en élévation ainsi que les poteaux verticaux porteurs de la charpente (fig. 88c). Après une période de deux ans, la plupart des poteaux et des murs, qui n’étaient plus protégés des intempéries par la toiture, se sont effondrés. Nous avons pu observer un phénomène de pourrissement de la base des poteaux. Aujourd’hui, neuf ans après l’incendie, plusieurs poteaux sont encore debout et des éléments de paroi subsistent : le clayonnage est encore intact et ne présente pas de traces de feu ; le torchis, qui en a assuré la protection, fond peu à peu et forme un bourrelet sur le sol. Une paroi comprend encore des fragments de torchis cuit de couleur rouge‑orangé en place sur le clayonnage (fig. 88d). Les échantillons que j’ai recueillis présentent des traces de cuisson très superficielles sur 1 cm de profondeur maximum et le dégraissant végétal est encore visible dans la pâte (fig. 87b). Seuls quelques blocs qui sont tombés dans le feu au cours de l’incendie et ont brûlé dans les débris de la toiture ont cuit en profondeur (jusqu’à 6 cm). Les fragments de torchis peu cuit qui sont tombés sur le sol après l’incendie se sont fondus dans le sédiment et ne s’en distinguent plus, il faut fouiller le bourrelet argileux de la base des murs pour trouver des fragments conservés. Ces observations indiquent très clairement que le torchis des murs ne cuit pas en profondeur si l’incendie n’est pas suffisamment long et violent, tout comme pour la poterie dont la cuisson nécessite des conditions de temps et de montée en température bien précises. À noter cependant que l’effondrement d’un pan de mur dans le brasier peut accélérer le phénomène de cuisson. Quant à la conservation des fragments brûlés, elle dépend du degré de cuisson du torchis et n’est possible que si les matériaux sont enfouis rapidement. Lorsque l’incendie est suivi d’une période d’abandon, les fragments de torchis restent concentrés au pied des murs : à Cuir)’, sur terrain plat, on n’observe aucun fragment de terre brûlée dans le remplissage des fosses pourtant très proches. On remarque également que le sinistre n’a pas eu les mêmes effets sur toutes les parties de la construction, certains murs ont été atteints en profondeur alors que d’autres n’ont pratiquement pas souffert de l’action du feu ; ils livrent une grande quantité de torchis brûlé alors que les autres n’en livrent pas. Présence ou absence de matériaux brûlés dans la même construction n’impliquent pas un type de construction différent mais reflètent bien les conditions de l’incendie.

2.7.4 Le torchis de Montmartin

349Les comparaisons que nous avons pu établir avec les structures précédemment décrites démontrent bien que les fragments de torchis mis au jour à Montmartin ont subi l’action d’un incendie long et violent. Les blocs les mieux conservés ont cuit sur une épaisseur de 8 cm, ce qui suppose une exposition de plusieurs heures à un feu qui a dû par moments dépasser 600 °C.

350Le sinistre qui a entraîné la destruction des édifices de Montmartin n’a pas eu partout la même intensité. Les éléments provenant de la structure 56 présentent des états de fragmentation et de cuisson différents. Les plus fragmentés, qui sont également les plus érodés, ont une couleur rouge‑orangée et leur état de conservation rend difficile l’observation des empreintes de clayonnage. D’autres par contre ont une couleur noire à brun sombre, ils sont de plus grande taille et la conservation des empreintes de l’ossature de bois y est excellente. Pour ce qui concerne l’étude des fragments de torchis de la structure 56 on se reportera au chapitre concernant la restitution du mur de clôture (cf. infra § 3.2.2).

351La structure 12 a fourni quelques morceaux de torchis brûlé d’un type très différent de ceux rencontrés sur le site (fig. 89, no 1). Il s’agit d’éléments conservant l’empreinte d’au moins deux poteaux pratiquement jointifs. Ces bois, dont le diamètre est de l’ordre de 8 à 10 cm, ont été soigneusement taillés, l’aspect à facettes de leur empreinte indique qu’ils ont été dressés dans le sens longitudinal. Certains morceaux présentent également une surface extérieure lissée, ces poteaux n’étaient donc pas apparents, du moins sur une face. De plus, deux de ces blocs présentent l’empreinte d’une baguette, mais leur état de conservation est trop fragmentaire pour permettre d’identifier s’il s’agit d’éléments constitutifs du clayonnage ou de simples baguettes de renfort dans l’épaisseur du matériau de remplissage.

352La faible quantité de fragments de terre cuite préservés ne permet pas d’interpréter avec certitude l’origine de ces traces. La nature du terrain nous amène à écarter l’hypothèse d’un sol de terre battue couvrant un plancher de billes de bois comme cela est attesté en milieu humide, à Buchau (Wurtemberg) (Audouze, Buchsenschutz 1989). Il ne semble pas non plus que ces morceaux correspondent à un renforcement de la paroi d’un mur à proximité d’ouvertures. Nous pensons plutôt être en présence d’un revêtement d’argile appliqué sur une construction de type Blockbau, comme à Padnal‑Savognin dans les Grisons et à Salzburg‑Hellbrunn en Autriche, où le revêtement de torchis a conservé l’empreinte de rondins (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 89, 101) ; ou peut‑être de planches revêtues d’une couche d’enduit épais et armé de baguettes, comme cela a été identifié sur le site de Augst, à Bâle (Paunier 1985 : 113, 115). La surface soigneusement lissée, ainsi que les empreintes de baguettes montrent qu’il ne s’agit pas ici d’un simple colmatage sur des parois de rondins comme cela a été signalé à Clairvaux, Jura, ainsi qu’à Buchau, Wurtemberg et à Auvergnier, Neuchâtel (Audouze, Buchsenschutz 1989 : 56), mais bien de l’habillage des murs.

353Deux techniques sont donc attestées à Montmartin, la plus fréquente est une construction sur ossature de bois maçonnée de torchis, l’autre, une paroi porteuse constituée d’un assemblage de rondins dissimulé par un revêtement de terre. Ces modes de construction correspondent‑ils à des édifices aux fonctions différentes, répondent‑ils à des contraintes spécifiques, proviennent‑ils de bâtiments différents ou de constructions mettant en œuvre une technique mixte ? Autant de questions pour lesquelles les conditions de fouilles n’ont malheureusement pas permis de collecter des éléments de réponse.

354Dans le domaine de l’architecture vernaculaire, l’association de différents matériaux n’est pas un phénomène exceptionnel. Elle répond le plus souvent à une contrainte climatique : l’essentage, bien connu dans la moitié nord de la France, consiste à poser une protection de planches ou d’ardoises sur le mur de torchis le plus exposé aux intempéries (GERASE 1980 : 29) ; ce revêtement peut être prévu dès la phase de construction ou être mis en place à l’occasion d’une réparation. D’autres procédés mixtes correspondent à des‑contraintes techniques ou à des problèmes de disponibilité de matériaux ; comme dans la vallée de Dang, au Népal, où seuls les murs de torchis des pignons sont renforcés de poteaux verticaux apparents (Milliet‑Mondon 1981 : 29).

355Dans des conditions de conservation exceptionnelles, de telles techniques mixtes ont pu être mises en évidence lors de la fouille. À Besançon, P. Pétrequin et D. Vuaillat ont pu observer un bâtiment de La Tène finale dont deux parois montraient une structure de poteaux plantés dans le sol et parés d’un revêtement de planches, alors que les deux autres étaient édifiées sur une semelle de fondation (Pétrequin, Vuaillat 1967 : 269).

356Les fragments de torchis de la structure 50 (fig. 89, no 2) sont tout à fait comparables à ceux de la structure 56 pour ce qui est de leur structure, mais leur surface est différente et présente un aspect lisse et régulier. Le mur 56 était sommairement lissé, son aspect extérieur laissant parfois deviner les irrégularités de l’armature interne, les murs de la structure 50 en revanche ont été dressés de manière à paraître parfaitement plans.

FIG. 891 Empreintes de poteaux jointifs sur des fragments de torchis (structure 12) ; 2 torchis de la structure 50 (vues de dessus) : empreintes de poteaux verticaux (a, b, c), d’un poteau et d’une baguette verticale (d), de deux poteaux jointifs(e), d’une baguette intermédiaire (f), de baguettes croisées de clayonnage (g, h) et de baguettes de clayonnage (i, j, k, I : vues de profil en coupe) ; 3 fragments de torchis décorés (structure 50).

G.F. del./CGS

357Plusieurs fragments présentent des éléments qui pourraient se rapporter à un décor : fines entailles régulières (réalisées à l’aide d’un poinçon ?), traces de baguettes affleurant la paroi du mur (fig. 89, no 3). Ces traces correspondent‑elles à une ornementation ou ne sont‑elles que de simples irrégularités dans la construction ? L’examen de l’ensemble des fragments de torchis provenant du site indique clairement qu’il s’agit de traces intentionnelles. Une pièce présente la trace d’un revêtement blanc (lait de chaux ?) qui, à l’évidence, est l’unique vestige d’un décor peint.

Table des illustrations

Légende FIG. 14 ‒ Plan schématique de l’enclos 26‑30 avec son prolongement possible (xx fossé comblé ; yy talus arasé).
Crédits V.T./MSH del. d’ap. J.‑L.B./ CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-1.jpg
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Légende FIG. 15 ‒ Secteur B : le fossé 26 tel qu’il est apparu lors de l’excavation de la ligne TGV sur le bord du versant de l’Aronde.
Crédits cl. J.‑LB./CNRS
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Légende FIG. 16 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques de l’intersection des fossés 26‑30 et 8‑29 et plan de situation.
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 17 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 26.
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-4.jpg
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Légende FIG. 18 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 30.
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 19 ‒ Secteur B : coupe restituée du rempart 26‑30 couronnant le versant de la vallée de l’Aronde.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-6.jpg
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Légende FIG. 20 ‒ Matériel issu du fossé 26.1 fer ; 2‑8 céramique.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-7.jpg
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Légende FIG. 21 ‒ Secteur B : plan schématique de l’enclos 337‑8‑29.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
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Légende FIG. 22 ‒ Secteur A : le fossé 337 tel qu’il est apparu dans la tranchée du TGV, au moment de la découverte du site.
Crédits cl. J.‑L.B./CNRS
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Légende FIG. 23 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 337 (cf. légende des coupes fig. 16)
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 24 ‒ Secteur B : plan des structures (trous de poteaux) liées au fossé 337
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
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Légende FIG. 25 ‒ Mobilier céramique issu du trou de poteau no 14.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-12.jpg
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Légende FIG. 26 ‒ Secteurs A et B : plan schématique de l’enclos 6‑7‑8‑29‑337‑338‑339.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
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Légende FIG. 27 ‒ Secteur A : le fossé 339 au moment de la découverte du site.
Crédits cl. L.P./Afan
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Légende FIG. 28 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 339 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 29 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques du fossé 8, aux mètres 9‑10 N (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-16.jpg
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Légende FIG. 30 ‒ Secteur B : coupes stratigraphiques du fossé 8 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 31 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique du fossé 29 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
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Légende FIG. 32 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts. 1‑3, 6, 8‑10, 12 fossé 8 ; 4, 7 fossé 337 ; 5, 11 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-19.jpg
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Légende FIG. 33 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. 11 fossé 8 ; 1, 2, 4, 8 fossé 337 ; 3, 5‑7, 9, 10 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-20.jpg
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Légende FIG. 34 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. 2, 4, 6, 11, 12 fossé 8 ; 1, 3, 5, 7‑1013 fossé 337.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-21.jpg
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Légende FIG. 35 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases ovoïdes. Fossé 8.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-22.jpg
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Légende FIG. 36 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts et vases à piédestal. 2, 7, 9‑11 fossé 8 ; 13‑68 fossé 337. Le vase 11 est peint.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-23.jpg
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Légende FIG. 37 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts en forme de situle et divers. 5, 7, 9, 12, 13 fossé 8 ; 2‑4, 8, 10 fossé 337 ; 1, 6, 11 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-24.jpg
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Légende FIG. 38 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : vases hauts ouverts. 5, 6, 8 fossé 8 ; 7 fossé 337 ; 1‑4 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-25.jpg
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Légende FIG. 39 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles. 12 fossé 8 ; 56 fossé 337 ; 1‑4, 7‑11 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-26.jpg
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Légende FIG. 40 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles. 1, 713 fossé 8 ; 3, 6, 9, 10, 14 fossé 337 ; 2, 4, 8, 11, 12 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-27.jpg
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Légende FIG. 41 ‒ Mobilier céramique des fossés 337‑338‑8 : écuelles hémisphériques et petites coupes. 1, 2, 4, 6, 8 fossé 8 ; 3, 5, 7, 9‑14 fossé 337.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-28.jpg
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Légende FIG. 42 ‒ Métal et verre des fossés 337‑338‑8.1‑8, 10, 13‑18, 20‑23 fer ; 11, 12, 19 bronze ; 9 verre ; 6, 7, 9, 18‑20 fossé 8 ; 3, 5, 10‑16, 21‑23 fossé 337 ; 1, 2, 4, 8, 17 fossé 338.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-29.jpg
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Légende FIG. 43 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 338 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 65k
Légende FIG. 44 ‒ Secteur A : coupe stratigraphique du fossé 338, 10 m à l’est de la précédente (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 87k
Légende FIG. 45 ‒ Secteur C : coupe stratigraphique du fossé 102 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-32.jpg
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Légende FIG. 46 ‒ Mobilier céramique issu du fossé 102.
Crédits J.‑L.B./ CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 27k
Légende FIG. 47 ‒ Secteur C : plan d’ensemble de la structure 50 (maison semi‑enterrée)
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 48k
Légende FIG. 48 ‒ Secteur C : coupe stratigraphique de la structure 50 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 64k
Légende FIG. 49 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases hauts tournés.
Crédits J.‑LB./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 106k
Légende FIG. 50 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Légende FIG. 51 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 113k
Légende FIG. 52 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases ovoïdes.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 105k
Légende FIG. 53 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 106k
Légende FIG. 54 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases hauts ouverts.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 91k
Légende FIG. 55 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : vases à provisions.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-42.jpg
Fichier image/jpeg, 67k
Légende FIG. 56 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-43.jpg
Fichier image/jpeg, 119k
Légende FIG. 57 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Légende FIG. 58 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles et gobelets.
Crédits J.‑LB./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-45.jpg
Fichier image/jpeg, 97k
Légende FIG. 59 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : écuelles et vases ouverts tournés.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-46.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Légende FIG. 60 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-47.jpg
Fichier image/jpeg, 106k
Légende FIG. 61 ‒ Mobilier céramique de la structure 50 : formes diverses.
Crédits J.‑LB./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-48.jpg
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Légende FIG. 62 ‒ Mobilier non céramique de la structure 50. 1‑8 clous, agrafes et outils en fer ; 9 poids de métier à tisser en terre ; 10 fusaïole en craie ; 11‑14 armes et accessoires en fer ; 15 fusaïole en céramique.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-49.jpg
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Légende FIG. 63 ‒ Fibules et parures de la structure 50.1‑8 fer ; 11 bronze ; 9 verre ; 10 hache en pierre dure.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-50.jpg
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Légende FIG. 64 ‒ Secteur C, structure 50 : torque en bronze reposant sur le sol.
Crédits cl. J.‑L.B./CNRS
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Fichier image/jpeg, 56k
Légende FIG. 65 ‒ Secteur C : bâtiment 68‑70‑71‑89‑92. a plan des vestiges ; b interprétation.
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Légende FIG. 66 ‒ Secteur C : bâtiment 69‑93‑94‑95. A plan des vestiges ; b interprétation.
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Légende FIG. 67 ‒ Secteur B : plan d’ensemble du bâtiment (grenier) 21‑22‑23‑24.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-54.jpg
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Légende FIG. 68 ‒ Secteur B : la citerne 12. a plan de situation ; b plan d’ensemble.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-55.jpg
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Légende FIG. 69 ‒ Secteur B : la citerne 12 en cours de fouille.
Crédits cl. J.‑L.B./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-56.jpg
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Légende FIG. 70 ‒ Fibules en fer issues de la citerne 12.
Crédits T.L./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-57.jpg
Fichier image/jpeg, 24k
Légende FIG. 71 ‒ Bouterolle de fourreau en fer issue de la citerne 25.
Crédits T.L./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-58.jpg
Fichier image/jpeg, 6,3k
Légende FIG. 72 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique de la citerne 12 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-59.jpg
Fichier image/jpeg, 208k
Légende FIG. 73 ‒ Secteur B : coupe stratigraphique de la citerne 12 (cf. légende des coupes fig. 16).
Crédits C.L. del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-60.jpg
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Légende FIG. 74 ‒ Mobilier céramique de la citerne 12 : formes diverses. Couches 1 et 2.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-61.jpg
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Légende FIG. 75 ‒ Mobilier archéologique de la citerne 12. 1‑12 céramiques ; 13 broyon en grès. 1‑9 couche 2 ; 10‑13 couche 6.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-62.jpg
Fichier image/jpeg, 111k
Légende FIG. 76 ‒ Principaux types de formes céramiques présents à Montmartin.
Crédits J.‑L.B./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-63.jpg
Fichier image/jpeg, 61k
Légende TABL. II Chronologie et comparaisons des principaux types céramiques.
Crédits J.‑L.B./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-64.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Légende TABL. III ‒ Nombre de vases par type.
Crédits J.‑LB./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-65.jpg
Fichier image/jpeg, 21k
Légende TABL. IV ‒ Pourcentage de céramiques par type et par structure.
Crédits J.‑L.B./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-66.jpg
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Légende TABL. V ‒ Mensurations des os des mammifères domestiques de l’ensemble du site Diam. diamètre DiaDt diamètre transverse de la diaphyse Ind. gracil. Indice de gracilité (DiaDt/Long. x 100) H.G. hauteur au garrot Long. tôt. longueur totale Long. lat. longueur latérale ProxDt diamètre transverse proximal Les dimensions sont exprimées en mm.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-67.jpg
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Légende TABL. VI ‒ Estimations de la stature des mammifères domestiques.
Crédits P.M./CNRS
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Fichier image/jpeg, 37k
Légende FIG. 77 ‒ Hauteur au garrot des bovins de Montmartin (MTM) et de Gournay‑sur‑Aronde (GSA) (coef. de Matolcsi). Ceux de Montmartin sont un peu plus grands que ceux de Gournay.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-69.jpg
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Légende FIG. 78 ‒ Secteur A : dépôt de trois crânes de bœufs dans l’angle du fossé 337‑8 (6E, C.02).
Crédits cl. P.M./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-70.jpg
Fichier image/jpeg, 50k
Légende FIG. 79 ‒ Fréquence (% NR) des mammifères domestiques dans les principales structures de Montmartin.
Crédits P.M./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-71.jpg
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Légende TABL. VIII ‒ Liste des espèces et nombres de restes.
Crédits P.M. /CNRS
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Légende TABL. IX ‒ Liste des espèces et poids des restes (g).
Crédits P.M./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-73.jpg
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Légende TABL. X ‒ Inventaire anatomique des restes par espèces pour les principales structures du site.
Crédits P.M./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-74.jpg
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Légende FIG. 80 ‒ Distribution des restes animaux dans la structure 12 (par couches).
Crédits P.M./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-75.jpg
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Légende FIG. 81 ‒ Fréquence des principaux mammifères domestiques dans les fermes, villages et hameaux du nord de la France d’après les nombres de restes.
Crédits P.M./CNRS
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Légende FIG. 82 ‒ Couteau à douille de la structure 49.
Crédits T.L./CNRS del.
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Fichier image/jpeg, 9,5k
Légende TABL XI ‒ Distribution des mobiliers métalliques par types et par structures.
Crédits T.L./CNRS
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-78.jpg
Fichier image/jpeg, 20k
Légende FIG. 83 ‒ Typologie des fibules de Montmartin.
Crédits T.L./CNRS del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-79.jpg
Fichier image/jpeg, 31k
Légende FIG. 84 ‒ Fibule en fer de la structure 12, après restauration. Longueur : 120 mm.
Crédits cl. P.G./IRRAP
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Légende TABL. XII ‒ Répartition des fibules par types et par structures.
Crédits T.L./CNRS
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Fichier image/jpeg, 13k
Légende FIG. 85a plan de répartition des vestiges liés au tissage à Montmartin ; b matériel : 1 (■) fragments de pesons triangulaires du fossé 56 ; 2 (▲) fusaïoles des structures 39 (a), 50 (b, c) et 56 (d, e).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-82.jpg
Fichier image/jpeg, 46k
Légende FIG. 86a Plan de répartition des vestiges de métallurgie du fer à Montmartin ; b matériel : 1 (▲), 2 (●), 3 (■) fragments de tuyères du fossé 56 ; 4 (♦) fragment de creuset du fossé 56.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-83.jpg
Fichier image/jpeg, 43k
Légende FIG. 87 ‒ Le torchis. Comparaisons : a restauration d’un bâtiment en torchis ; b vestiges d’un bâtiment en torchis dix ans après sa destruction.
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Fichier image/jpeg, 89k
Légende FIG. 88 ‒ Comparaisons de bâtiments à ossature en bois détruits par le feu : a grange incendiée (Varennes‑en‑Croix, Somme) ; b clayonnage incendié d’un mur gallo‑romain (Amiens) ; c et d reconstitution d’une maison néolithique incendiée (Cuiry‑lès‑Chaudardes, Aisne).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-85.jpg
Fichier image/jpeg, 216k
Légende FIG. 891 Empreintes de poteaux jointifs sur des fragments de torchis (structure 12) ; 2 torchis de la structure 50 (vues de dessus) : empreintes de poteaux verticaux (a, b, c), d’un poteau et d’une baguette verticale (d), de deux poteaux jointifs(e), d’une baguette intermédiaire (f), de baguettes croisées de clayonnage (g, h) et de baguettes de clayonnage (i, j, k, I : vues de profil en coupe) ; 3 fragments de torchis décorés (structure 50).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/43608/img-86.jpg
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