Atlas historique de Saint-Denis
|4. Castellum, burgus sive urbs
Résumé
C’est seulement au Bas‑Empire que l’occupation du site de la basilique a réellement débuté. De l’agglomération proprement dite, nous n’avons reconnu que des bâtiments annexes et le tronçon d’une voie secondaire qui devait rejoindre l’Estrée, la voie antique de Paris à Rouen.
Le développement architectural du complexe monumental engendra l’organisation du bourg monastique selon un plan radio‑concentrique. En 869, Charles le Chauve le fit fortifier pour le préserver des invasions normandes. Grâce aux recherches archéologiques, nous savons que ce castellum était renforcé par des levées de terre et des fossés d’eau.
À partir du xiie s., Saint‑Denis connut une période de grande prospérité durant laquelle la croissance urbaine se dessina. Le bourg s’organisa autour des grands axes de circulation qui s’articulaient autour de la Panetière, place centrale alliant les fonctions religieuse, économique et Judiciaire. Des chapelles, établies à une certaine distance du castellum, donnèrent naissance à des faubourgs. En 1328, les treize paroisses de Saint‑Denis comptaient 2 351 feux.
Au début des hostilités franco‑anglaises, la ville se replia à l’abri d’une nouvelle enceinte, commencée en 1356. Pour des raisons stratégiques, l’on fit même raser une partie des faubourgs. De 1410 à 1436, la ville fut assaillie par les Bourguignons, les Armagnacs et les Anglais. À la fin du xvie s., lors des guerres de Religion, elle servit de place forte pour assiéger Paris. La désertification de l’espace urbain qui s’ensuivit rendit possible l’installation, au début du xviie s., de cinq couvents reformés. Jusqu’à la Révolution, ces vastes enclos religieux gelèrent le redéploiement de l’habitat civil. Juridiquement, la ville relevait de quatre autorités : celle de l’abbaye, celle des chanoines de Saint‑Paul, celle du prieuré de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée et celle des seigneurs de Montmorency. Pour administrer ses biens fonciers et exercer la justice, l’abbé disposait d’un cortège d’officiers, religieux et laïcs.
Le « Livre vert de Saint‑Denis », qui, en 1411, rassemblait les droits seigneuriaux de l’abbaye, foisonne en renseignements sur la vie économique de la cité. Il fixait: les ordonnances et privilèges des métiers (boulangers, bouchers, tisserands, foulons, teinturiers, etc.); la réglementation des achats quotidiens, marchés hebdomadaires et foires annuelles; les prélèvements fiscaux effectués sur le transit par eau et par terre. Ce texte cite également les principaux équipements collectifs que les religieux mirent à la disposition des habitants et commerçants: fours, moulins, boucheries, halles et mesures.
Texte intégral
Cette quatrième partie, consacrée à la ville, met largement à contribution les sources écrites et la documentation iconographique. Les recherches archéologiques menées aux abords du centre monumental ont concerné des surfaces considérables de la zone d’habitat la plus densément occupée de la ville médiévale ; mais cette documentation, en cours d’exploitation, ne permet pas encore de proposer une synthèse archéologique.
Le cadre géographique de ce chapitre dépasse l’enceinte urbaine du bas Moyen Âge pour intégrer les faubourgs supprimés durant la guerre de Cent Ans.
1Le début du chapitre (cf. § 4.1) combine les données archéologiques, cartographiques et historiques pour présenter l’évolution du site. Sept schémas, accompagnés de commentaires synthétiques et d’une série de textes, laissent entrevoir certains des facteurs qui ont favorisé le développement urbain. Cependant, nous avons parfaitement conscience que la nécessité de fonder nos propos sur une recherche en cours confère à ce travail la valeur d’une synthèse provisoire.
2La topographie religieuse (cf. infra § 4.2) comprend les églises (hormis celles du centre monumental précédemment évoquées), les établissements hospitaliers et les couvents d’Epoque moderne. Dès le haut Moyen Âge, l’abbaye semble avoir doté le site d’une série d’églises secondaires. Englobées dans la ville médiévale, ces églises se sont vu attribuer le plus souvent une fonction paroissiale.
3C’est probablement parce que ses témoins matériels ont totalement disparu que la topographie militaire de Saint‑Denis (cf. infra § 4.3) fut tant négligée par les historiens. Fonder une telle étude sur les seules sources écrites pose des problèmes d’ordre terminologique. De plus, l’iconographie plus récente n’est pas
4toujours suffisamment précise. Cependant, l’archéologie apporte aujourd’hui un témoignage concret du dispositif de défense de l’enceinte carolingienne.
5Le quatrième paragraphe traite de l’espace civil (cf. infra § 4.4). Une sélection d’actes et d’extraits de comptes issus pour la plupart des archives de l’abbaye nous sert de cadre de réflexion pour évoquer le paysage urbain des xiie‑xiiie s. Rédigé en 1411, le « Livre vert de Saint‑Denis », sorte de coutumier de la ville, met l’accent sur l’artisanat et le commerce urbain. Il nous faudra déterminer l’impact de ces activités prospères sur l’évolution de l’espace civil. Pour cette raison, nous avons tenté de restituer la trame parcellaire préindustrielle en utilisant la méthode régressive. C’est toutefois aux recherches archéologiques qu’il incombera de déterminer les conditions de la fixation de cette organisation.
6Compte tenu de la complexité du sujet et de la nature des documents utilisés –essentiellement des sources écrites–, nous avons organisé le plus souvent la rédaction à la manière d’un inventaire rassemblant par thème les données historiques et les citations essentielles relatives aux différentes composantes de l’espace urbain.
FIG. 170 – « Profil de la Ville de Saint‑Denis », par Israël Silvestre (1621‑1691), vers le milieu du XVIIe s. ADSSD, 6 Fi Saint‑Denis 2 ; gravure ; 31 x 14 cm.

De gauche à droite, on distingue : 1 l’église abbatiale avec le groupement d’églises à ses abords et notamment le mausolée des Valois ; 2 le Châtelet (?) flanqué de deux tours rondes ; 3 un bâtiment civil à plusieurs étages, probablement Le Château des Percherons ; 4 l’église Saint‑Marcel, reconnaissable à sa grosse tour de chevet ; 5 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie ; 6 les deux églises de Saint‑Martin (au premier plan) et Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (au second plan). En bas de la gravure figure la rivière du Rouillon franchie par le pont Saint‑Ladre, ancien pont Trecine. De cette vue dérivent de nombreuses copies dont les plus connues sont : le « Prospect de la Ville de Saint‑Denis » paru dans la Topographia Galliae de Zeiller publiée par Caspar Merlan en 1655, et « La Ville de Saint‑Denis en France avec la Royale Abbaye que le roi Dagobert y fit bâtir (...) » de Pierre Aveline (vers 1656‑1722).
cl. P.M./ADSSD
4.1 Les étapes du développement de Saint‑Denis
4.1.1 Des origines au milieu du ve s.
7Fig. 171
8À l’est de la boucle de la Seine, le relief de Saint‑Denis est principalement formé par deux élévations de terrain. La plus importante, d’orientation nord‑sud, domine la rive droite du fleuve. La seconde, située plus à l’est, occupe le site actuel de l’église abbatiale ; elle forme un éperon entouré par une dépression marécageuse, au creux de laquelle serpente le ru de Montfort.
9Les pentes de l’éperon sont occupées par l’homme dès le Néolithique, de façon sporadique semble‑t‑il. Comme témoins de cette présence, citons : une sépulture en position semi‑fléchie, quelques fosses‑silos liées à un habitat ainsi que des aires de débitage de silex.
10La chaussée Jules‑César qui, venant de Paris, longe le cours de la Seine jusqu’à Rouen, est probablement construite sous le règne de l’empereur Claude (43‑47 ap. J.‑C.). Les anciens plans du territoire (fig. 332) nous restituent son tracé rectiligne. Aussi est‑il probable que les vestiges repérés en 1900, rue Catulienne, à l’occasion de travaux de voirie, appartiennent à cet axe de circulation (Commission du Musée 1906 : 2). La voie, connue au Moyen Âge sous le nom d’Estrée (dérivé de via strata lapidae, route pavée), est établie en hauteur ; elle passe à six cents mètres à l’est de la boucle du fleuve.
11La localisation d’une station routière à l’époque gallo‑romaine demeure problématique. D’un point de vue archéologique, et au regard de l’ensemble du territoire de Saint‑Denis, notre connaissance du site à cette époque reste très lacunaire. De nouvelles investigations seraient nécessaires pour permettre d’élucider cet aspect de l’évolution. Mentionnons, toutefois, l’existence d’une borne milliaire marquée M [illia] P [assum] VIIII qui, jusqu’en 1610, se trouvait réemployée dans l’autel majeur de l’abbatiale (fig21 ; Montesquiou‑Fezenzac 1954 ; Duval 1961a : 121‑123). Plus récemment, un groupe de sépultures en pleine terre et une inhumation isolée furent découvertes en bordure de l’Estrée par l’Unité d’archéologie ; elles pourraient appartenir à une nécropole antique établie à l’extérieur de l’agglomération. Cependant, en l’absence de mobilier, il est impossible de les attribuer à une période précise ; il n’est pas exclu qu’elles aient été liées au cimetière de l’église médiévale de Saint‑Martin‑de‑l’Estrée (fig. 172). En définitive, depuis les toutes premières fouilles entreprises à Saint‑Denis, aucun vestige significatif n’a été découvert en bordure de l’Estrée.
12Aussi, dans l’état actuel de nos recherches, nous semble‑t‑il préférable de rejeter l’hypothèse proposant l’existence d’un vicus gallo‑romain à l’emplacement des églises Saint‑Martin‑de‑l’Estrée (Roblin 1971 : 206‑208) ou Saint‑Marcel (Lebeuf, Bournon 1883 : 493).
13En ce qui concerne le site de l’église abbatiale implanté à l’est, sur l’éperon, la présence d’un cimetière du Bas‑Empire est confirmée par l’archéologie et il est permis d’envisager l’édification d’une memoria au‑dessus d’une tombe plus particulièrement vénérée (cf. supra. § 1.4). De même, l’existence d’un établissement mitoyen de la fin du ive ou du ve s. est aujourd’hui acquise. En effet les recherches archéologiques récentes ont mis en évidence un certain nombre de structures appartenant à cette époque. Jusqu’à présent, seul un fossé parcellaire a pu être étudié. La nature des sédiments qu’il contenait invite à imaginer un environnement rural ; il renfermait les rebuts d’un atelier d’épinglier de la seconde moitié du ive s. Une voie secondaire orientée est‑ouest appartient également à cette période. Au sud de la chaussée sont établies des sépultures et au nord de celle‑ci subsistent les témoins d’un habitat de tradition antique, construit en pierre (fig. 12). Les deux constructions repérées à ce jour sont fragmentaires, de plan carré ou rectangulaire et mesurent entre 6 et 7 m de côté. L’une présente des contreforts d’angle en faible saillie ; l’autre, interprétée comme un bassin, est aménagée à près de 1 m sous le sol environnant.
14À la lumière de ces découvertes, il est intéressant de rappeler les nuances qu’apporte la recherche onomastique. Le plus ancien nom connu pour Saint‑Denis, vicus Catulacensis (doc. 2), est d’origine anthroponymique mais les historiens ne semblent pas écarter l’hypothèse de l’existence d’un fundus primitif ou domaine appartenant à un certain Catullus. Dans ce même sens va le témoignage de la première Passion de Denis qui nous apprend que l’évêque aurait été inhumé dans un domaine privé (doc. 3 ; Maurin 1988 : 20). Ce fait pourrait expliquer l’existence d’une agglomération située à l’écart de l’Estrée.
FIG. 172 – L’agglomération monastique et ses environs au début de l’époque carolingienne.

1 hospice ?
A.B. del./uasd
4.1.2 Du milieu du ve au viiie s.
15Fig. 172
16Dans le sous‑sol de l’église abbatiale, l’archéologie a fourni les preuves matérielles des relations existant entre l’aristocratie franque et le site de Saint‑Denis (cf. supra § 1.5). Vers 475, sainte Geneviève réédifie –ou agrandit– le sanctuaire (doc. 2). Au nord, une vaste nécropole ad sanctos se développe à partir du vie s. À sa périphérie, se met en place un cadre monumental formé d’églises funéraires. Le sanctuaire, desservi par une communauté séculière, fratres, pauperes, matricularii, se voit doté, notamment sous le règne de Dagobert Ier (629‑639), de nombreux biens et de privilèges commerciaux (Rouche 1988).
17Depuis la récente mise au point de la topographie chrétienne de Paris, il convient de séparer la basilique de Saint‑Denis des basiliques suburbaines (Duval et al. 1992). Bien qu’elle dépende de l’autorité de l’évêque de Paris, elle est à considérer comme une basilique rurale.
18Sur le plan territorial, il faut surtout tenir compte de la présence du palais royal, la villa regalis, dans le domaine de Clichy, Clippiacum, et plus précisément dans le village de Saint‑Ouen comme l’a proposé L. Pannier (Pannier 1872). Clotaire II (584‑628), Dagobert Ier et Clovis II (639‑657) choisissent cette résidence en raison de la dévotion qu’ils portent à la relique de saint Denis, leur « patron particulier » (particularis patronus noster). La proximité du pouvoir royal a dû favoriser le développement de la basilique Saint‑Denis (Barbier 1993 ; Krüger 1971).
19C’est au plus tard vers le milieu du viie s. que les religieux, probablement à l’instigation de la reine Bathilde, se soumettent à la vie régulière, l’ordo regularis (Krusch 1888b). La communauté était suffisamment nombreuse pour que les rois Dagobert Ier et Clovis II aient été tentés de lui imposer de célébrer jour et nuit, selon le modèle de Saint‑Maurice d’Agaune, la psalmodie perpétuelle (Picard 1993 : 75 ; Semmler 1989). Le 22 juin 653, un précepte de Clovis II (Atsma, Vezin 1981 : no 558) confirme le privilège que Landri, évêque de Paris, accorda au monastère. Ce même roi instaure à Saint‑Denis une foire d’automne qui se déroule lors de la fête de la Saint‑Denis (9 octobre) et dont les bénéfices sont versés à l’abbaye.
20Ces liens privilégiés avec le pouvoir se renforcent sous les premiers Carolingiens, comme en témoignent les nombreux privilèges dont bénéficient les échanges commerciaux (Levillain 1930). En 741, les funérailles de Charles Martel inaugurent une nouvelle série de sépultures royales. L’intégration de l’abbaye dans la vie politique progresse sous l’abbatiat de Fulrad. C’est à Saint‑Denis que le pape Etienne II procède en 754 au sacre de Pépin le Bref (751‑768).
21L’adjonction d’un grand bâtiment civil –peut‑être un palais (cf. supra § 2.1.3 et 3.1.1)– au chapelet d’églises funéraires pourrait également être mise en rapport avec la présence à Saint‑Denis de ces personnages prestigieux. Une cinquantaine de mètres plus loin est construit, dans le courant du viiie s., un aqueduc alimentant trois bassins dont le conduit souterrain suit une courbe de niveau ; il semble capter une source, ultérieurement mentionnée à proximité de l’église Saint‑Remi (cf. infra § 5.4.1). L’hospicium, que les Gesta Dagoberti regis attribuent à Dagobert Ier, et les bâtiments conventuels, dont on ne sait quasiment rien mais que nous restituons au sud, complètent la cité monastique.
22Entre 768 et 775, la reconstruction de l’église abbatiale marque une étape dans l’évolution architecturale du site.
23Aux abords de cet ensemble monumental, on observe les traces d’un habitat plus spécifiquement rural : un réseau de tranchées délimite des parcelles oblongues où s’établissent des maisons à poteaux de bois et parois en clayonnage couvert de plâtre. Elles sont associées à des fonds de cabane, des foyers, des fours domestiques, des silos à céréales et des puits. L’organisation spatiale de l’agglomération demeure fluctuante, si l’on en juge par les variations de l’occupation du sol : dans le courant du viiie s., un petit cimetière est implanté à l’extérieur de la nécropole au détriment de l’habitat préexistant. Cette zone funéraire regroupe une vingtaine d’individus selon des critères que l’on peut supposer religieux ou sociaux. Elle est éphémère, l’espace étant réinvesti dès les ixe‑xe s. par l’habitat.
24Les fouilles ont mis en évidence une production artisanale de qualité ; elle est attestée par le travail du fer (réduction de minerai et/ou forge), la fonte de plaques‑boucles et la broderie d’or. Vers le milieu du viie s., le monétaire Ebregisilus émet des monnaies sur lesquelles figurent en même temps Catullaco, Catolaco et Sci. Dionisii (Dhénin 1988). Les deux noms semblent alors synonymes. Sous le règne de Pépin le Bref, la frappe monétaire est attestée par une plaque d’épreuve de coins monétaires reproduisant la légende AU[T]. TRA. NO (Héron, Meyer 1991 : 80). La découverte de produits d’importation tels que la céramique dite « de Tating », production qui jalonne les grands itinéraires des marchands saxons et frisons, soulève la question de la place de Saint‑Denis dans l’économie commerciale de l’époque carolingienne. Faut‑il attribuer au site un rôle comparable à celui des ports de transit de la Gaule du Nord (Quentovic, Dorestad), ou bien est‑ce une caractéristique de la nature d’un monastère équipé d’une infrastructure lui permettant d’organiser la circulation des biens et produits de son patrimoine foncier très étendu ?
25Non loin du monastère, deux nécropoles, attestées à proximité des églises Saint‑Martin‑de‑l’Estrée, Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (fig. 186) et Saint‑Marcel (fig. 2, aire URS), sont à mettre en relation avec d’autres noyaux de peuplement. Quant à l’église Saint‑Remi, nous ne disposons à son sujet d’aucune donnée archéologique et seul son vocable permet de la supposer de fondation mérovingienne.
4.1.3 Du ixe au xie s.
26Fig. 173
27Sur le plan politique, cette période est surtout marquée par l’ingérence du pouvoir royal dans les affaires de l’abbaye. En 867, le roi Charles le Chauve s’attribue le titre d’abbé de Saint‑Denis. Au xe s., les Robertiens, maîtres de la région parisienne, reprennent à leur compte la tradition carolingienne : Eudes, Robert Ier, Hugues le Grand et Hugues Capet sont successivement bénéficiaires de la mense abbatiale de Saint‑Denis. Aussi l’abbaye subit‑elle les conséquences de la laïcisation du titre d’abbé qui se traduisent, notamment, par la déperdition de ses biens temporels au profit de l’entourage royal. L’étude critique actuelle des sources historiques nous restitue la manière dont les religieux de Saint‑Denis parvinrent à récupérer les pouvoirs confisqués par les rois, à l’aide de démarches parfois obscures et souvent fallacieuses. Dès 898, Charles le Simple rétrocède aux moines certains terrains du castellum desquels ils avaient été expropriés, vraisemblablement à des fins militaires (doc. 64). Cependant, ce n’est que cent ans plus tard que Robert le Pieux renoncera à tenir, trois fois l’an, sa cour à Saint‑Denis. En l’an 1008, il cède à l’abbé le droit de haute justice sur la ville et son territoire (cf. infra § 5.4) et permet ainsi au monastère de se constituer en seigneurie banale de Saint‑Denis (Lemarignier 1971). La terre de Saint‑Marcel lui échappe cependant (cf. infra § 4.4.1).
28Sur le plan spirituel, la vie du monastère est mouvementée. En 806, l’abbé Waldo est obligé d’user de la force pour ramener les moines de Saint‑Denis à la discipline : avec des hommes en armes il pénètre dans le chapitre de l’abbaye (Semmler 1989). Au lendemain du concile d’Aix‑la‑Chapelle de 816, qui rend l’adoption de la règle de saint Benoît obligatoire, Benoît d’Aniane en personne vient à Saint‑Denis. Il tente en vain de persuader les religieux de se soumettre à la règle monastique. La majorité des moines opte alors pour la règle des chanoines. Une quarantaine de religieux, soit un tiers de la communauté, préfère cependant se rallier à la règle bénédictine. Ils quittent le monastère et s’installent à Mours, entre l’Ile‑Adam et Beaumont‑sur‑Oise (Picard 1993). En 829, l’abbé Hilduin revient sur ces décisions et impose au monastère de Saint‑Denis la règle. En 832, l’établissement de la mense conventuelle pourvoit à l’entretien de cent cinquante moines. Durant cette même période, Saint‑Denis est un éminent centre culturel (cf. supra § 1.2). Deux siècles plus tard, à l’instigation de Robert le Pieux, le rétablissement de l’observance monastique est confié à l’abbé clunisien Odilon qui séjourne à l’abbaye de 1005 à 1008. C’est à la suite d’une de ces réformes qu’une partie de la communauté s’établit à l’église Saint‑Paul.
29Pour la formation du bourg monastique, ces trois siècles constituent une période décisive. C’est le moment où le site résidentiel se transforme en site urbanisé. En réaction aux invasions normandes, Charles le Chauve fait entourer, en 869, Saint‑Denis d’une enceinte de bois et de pierre (cf. infra § 4.3).
30En 898, la topographie du castellum est sommairement décrite dans le diplôme de Charles le Simple (doc. 64). L’analyse des cartes anciennes nous permet de restituer son plan, ovale, centré sur l’ensemble abbatial. L’enceinte, dans laquelle sont ménagées quatre portes, circonscrit une surface de douze hectares. Aucun vestige de son mur, ou talus palissadé, n’a pu être retrouvé à ce jour. En revanche, à l’extérieur de l’ouvrage, un système de fossés d’eau fut étudié en plusieurs endroits (fig. 215) ; il était irrigué par le Croult, rivière canalisée au début du ixe s.
31Parallèlement à l’édification de l’enceinte, la rue du Sauger reçoit son premier empierrement (fig. 174). Cette voie, établie à une quarantaine de mètres des fossés, semble occuper une position stratégique dans le dispositif du castellum séparant, jusqu’au xiie s., la zone d’habitat d’une area non aedificandi entre la chaussée et le rempart.
FIG. 174 – Plan d’alignement de la rue du « Solger », ou Sauger, en 1832 d’après l’« Atlas des rues de Saint‑Denis avec projets d’alignement », AN, F1a 2002576 ; papier, encre, lavis ; 95 x 32 cm.

Les fouilles ont mis en évidence la chaussée carolingienne de cette rue du castellum construite à une quarantaine de mètres des fossés. Sa position, à l’arrière du rempart, incite à lui attribuer le rôle stratégique d’un chemin de ronde.
cl. P.M./ adssd
32Aux abords de l’église abbatiale, la séparation entre le secteur funéraire et la zone d’habitat civil se matérialise sous la forme d’une enceinte plus réduite, enveloppant au plus près le secteur religieux. Des modifications architecturales affectent les églises secondaires, reflétant un changement de fonction qui pourrait être lié à l’organisation paroissiale du bourg monastique.
33Saint‑Denis semble sortir relativement indemne de la période des incursions normandes et on est en droit de penser que son enchâtellement eut des répercussions sur le développement du bourg monastique, qui apparaît dorénavant comme un lieu de refuge.
34L’archéologie permet aujourd’hui de mieux cerner la nature de cette agglomération. Au regard des vestiges mis au jour, elle conserve un aspect rural. Cependant, c’est encore la qualité exceptionnelle des témoins de la culture matérielle (poteries à glaçure primitive, verrerie, objets en os et ivoire, etc.) qui confirme le niveau de vie aisé de ses habitants.
35Quant aux agglomérations gravitant autour du castellum, leur évolution se poursuit. À Saint‑Marcel, les recherches archéologiques ont mis en évidence le regroupement du cimetière autour de l’église paroissiale et l’implantation de l’habitat sur l’ancienne nécropole. À Saint‑Martin-de‑l’Estrée, on signale un monasteriolum, maison de repos des religieux malades ; à côté est établie une école monastique sous le vocable de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée.
4.1.4 Du xiie au milieu du xive s.
36Fig. 175
37À lui seul, l’examen des sources écrites révèle dès le xiie s. les signes de la croissance urbaine (Lebel 1935a ; Roux 1988). Forte d’une série de privilèges royaux (confirmation de l’immunité, don de la foire du Lendit), l’abbaye exempte les habitants du bourg –les homines, oppiduni, mansionarii ou burgenses, selon l’expression de Suger– d’un certain nombre de servitudes (doc. 52, 53). Quant à l’agglomération, elle est désignée par les mots castrum, burgus ou villa. L’abbaye achète des terrains, fait bâtir des maisons et rétablit d’anciens péages. Particulièrement significative est la présence dans le bourg, dès le début du xiie s., d’un petit groupe de juifs qui sont autorisés à occuper cinq maisons, au maximum. Ils sont devenus grands créanciers de l’abbaye au moment de la restauration de son patrimoine, aussi l’abbé Adam (1094‑1122) obtient‑il de Louis VI le Gros qu’ils soient placés sous la juridiction abbatiale (doc. 52). Cependant, il est difficile d’évaluer plus précisément le rôle qu’ils ont pu jouer dans l’essor économique de la ville (Graboïs 1969).
38Le témoin de cette ère de grande prospérité est l’agrandissement de la basilique sous l’abbatiat de Suger, suivi de la reconstruction de l’édifice entre 1231 et 1281. Parallèlement à ces travaux, les bâtiments conventuels sont rebâtis et entourés d’une muraille.
39Au nord de l’abbatiale, le groupement d’églises se complète à un rythme accéléré ; cet accroissement des lieux de culte est vraisemblablement lié à la multiplication des paroisses. Vers 1137, l’église Saint‑Michel‑du‑Degré vient s’adjoindre aux quatre églises dont la construction remonte au haut Moyen Âge : Saint‑Jean, Saint‑Pierre, Saint‑Paul et Saint‑Barthélemy. Au cours du xiiie s. sont édifiées Sainte‑Geneviève, Saint‑Symphorien (vocable auquel s’ajoutera par la suite celui de Saint‑Michel‑du‑Charnier) et la Madeleine. L’extension de l’habitat sur toute la surface du castrum confirme l’éclosion du bourg.
40Les observations archéologiques ont aussi permis de mettre en évidence la dynamique urbaine. En effet, l’évolution du système des rues rayonnantes, généré par la disposition du centre monumental, suit de près les transformations architecturales qui affectent ce dernier. Ainsi, l’édification de l’église Saint‑Michel‑du‑Degré entraîne le percement d’une nouvelle voie, la rue du Grand‑Pichet, et nécessite le détournement de la rue du Caquet, l’ancien axe de circulation.
41Hormis les structures en creux, les vestiges de l’habitat de cette période sont très mal conservés ; aussi l’archéologie dionysienne connaît‑elle mal les débuts de l’habitat urbain. L’influence des techniques de construction mises en œuvre dans l’ensemble monumental s’y manifeste plus lentement car, longtemps encore, les maisons seront construites en bois et la pierre sera réservée aux puits. Il faudra attendre le xiiie s. pour que l’emploi des moellons se généralise dans la construction des soubassements de maisons. L’usage de la pierre de taille caractérise un certain nombre de caves et les grands celliers de la fin du xiiie et du xive s. Les maisons, de plan carré ou rectangulaire, sont édifiées de préférence en bordure de rue et offrent en façade aussi bien leur mur gouttereau que leur mur pignon.
42À partir du xiiie s., l’apport des sources écrites pour la connaissance de la ville se précise. Ainsi, dans les comptes de la commanderie, la rubrique des dépenses en ville mentionne l’achat de matériaux de construction, de merrains notamment, ainsi que les frais correspondant à l’entretien de toits couverts de tuiles et de bardeaux (aissantes). Parmi les constructions à vocation publique, citons : les halles et la geôle de la place Panetière, les granges du Marché‑aux‑Guesdes, ainsi que les moulins (doc. 39, 40). En 1352 est édifié l’hôpital Saint‑Jacques pour subvenir aux besoins des mendiants de passage et des pèlerins. Cependant, aucun ordre mendiant ne parvient réellement à s’établir dans le voisinage de l’abbaye (cf. supra § 2.2.2). Seule la présence de quelques béguines et d’une recluse installée à l’église Saint‑Quentin est à signaler.
43L’extension urbaine se heurte rapidement à l’enceinte carolingienne (doc. 65, 66, 83, 102). Les recherches archéologiques ont démontré que les fossés s’étaient envasés dès les xe‑xie s. (fig. 217). Un tronçon est asséché à la suite de la déviation du cours d’eau et, vers 1200, remplacé par la première chaussée de la rue de la Fontaine où, vingt‑cinq ans plus tard, un acte signale douze hostises (doc. 55). Toutefois, la disparition de l’enceinte carolingienne se fait graduellement : les actes du xiiie s. font toujours état d’un fossé et du mur de la ville, doté de tourelles.
FIG. 175 – La ville et ses faubourgs au XIIIe s

1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie et moulin de la Boucherie ? ; 4 moulins Choisel ; 5 hôpital Saint‑Jacques ; 6 maison du bailli ; 7 moulins de la Courtille 8 halles ; 9 tournelle Saint‑Louis.
A.B. del./UASD
44Quant aux quatre portes du bourg, elles continueront à barrer les rues jusqu’au xviiie s. (fig. 177, 239).
45Des faubourgs se développent aux portes de l’enceinte et le long des quatre voies d’accès au castrum : à la porte Basoin (lieu‑dit : la Bretonnerie), à la poterne Saint‑Jacques (lieu‑dit : Bec à Louë), à la porte de Boucherie (rue de la Boulangerie) et à la porte Compoise (rue Compoise). Ils rejoignent les agglomérations de Saint‑Martin‑de‑l’Estrée et Saint‑Marcel. Vers le port, des habitations sont signalées rue de Seine, mais on ignore encore l’emplacement de Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes, l’église paroissiale qui se trouvait dans ce secteur. La surveillance archéologique pratiquée ces quinze dernières années dans ces quartiers suggère que l’habitat y fut bien moins dense que dans le castellum. L’organisation spatiale, si tant est qu’elle soit d’origine, correspondrait à un lotissement assez large commandé par le plan orthogonal du réseau routier (rue du Clos‑Fourré, rue du Corbillon, rue des Chaumettes). Dans le courant du XIIIe s., de nouvelles portes sont citées (cf. infra § 4.3.1). Aux abords de l’église Saint‑Remi, un fossé défensif (fosse aux Fiens), probablement antérieur à 1356, reste visible jusqu’au xixe s. (fig. 220).
46Le bourg Saint‑Marcel nous est mieux connu car il est documenté par un fonds d’archives renfermant de nombreuses pièces relatives aux litiges opposant l’abbaye aux seigneurs de Montmorency qui détenaient cette terre jusqu’en 1294.
47En 1328, l’état des paroisses et des feux des baillages et sénéchaussées de France donne « en la ville de Saint‑Denis, 13 paroisses et 2 351 feux » (Lot 1929 : 305), mais en l’absence d’autres sources statistiques il est difficile de juger de la valeur de ce chiffre qui paraît énorme.
Document 52
Reconnaissance par Louis VI des pouvoirs de juridiction de l’abbaye, fin avril‑2 août 1112.
L’autorité seigneuriale de l’abbaye est fondée sur une série de diplômes royaux de première importance. Celui de 1112, dont nous donnons une traduction partielle, se rapporte au statut des habitants de Saint‑Denis et aux droits de justice de la cour abbatiale. Ces derniers s’étendent non seulement à l’intérieur du « bourg fortifié », castrum vel burgus, mais également sur le territoire de l’abbaye, « dans les limites fixées par nos ancêtres » (cf. infra § 5.4). L’importance accordée aux questions monétaires est caractéristique de cette époque.
Source – Dufour 1992 : no 70, p. 157‑158 ; traduction française : j.d.
Egalement, nous décidons, nous statuons et nous prescrivons par cet acte royal que l’abbé et les moines de saint Denis et de ses compagnons auront tout pouvoir d’émanciper et d’affranchir les serfs et serves de leur église, après délibération du chapitre, sans que soient requis notre assentiment ou notre conseil, de telle façon que ni nous‑même, ni nos successeurs, ni un prince quelconque ne puissent en quoi que ce soit faire une réclamation ou exiger un droit de mutation. Ces divers affranchis, comme les serfs de Saint‑Denis, auront le droit et la faculté de poursuivre en justice des hommes libres dans toute l’étendue de notre royaume, en respectant toutefois le droit et la dignité de Saint‑Denis. Nous décidons aussi que, si des hommes, libres ou serfs, hôtes ou étrangers, de quelque sexe ou ordre que ce soit, résidant à l’intérieur du bourg fortifié de Saint‑Denis ou dans les limites fixées par nos ancêtres, s’avèrent être usuriers, ils seront soumis à la justice de l’abbé et des moines, nulle autre personne n’ayant donc capacité de les racheter, de les punir ou de leur imposer sa justice. Nous concédons aussi à cette église que tout faux‑monnayeur, tout fabricant, inventeur ou porteur de faux or ou faux argent, appréhendé dans ces limites, sera passible seulement de l’abbé et de sa justice pour ce forfait et son rachat. Nous décidons en outre que le nombre de juifs présents dans le bourg fortifié de Saint‑Denis, exempts de notre justice et de notre coutume et placés sous la juridiction et la justice de l’abbé, ne pourra excéder cinq. De même nous décidons que nulle personne, résidant à l’intérieur de la banlieue de Saint‑Denis ou dans les limites susdites et fixées anciennement par des privilèges, ne pourra être saisie ou ses biens confisqués dans ces limites, donc ni par nous‑même, ni par aucun de nos successeurs ; si cette personne commet un forfait à notre encontre ou à l’encontre d’autrui, elle ne sera passible que de l’abbé ou des moines. Nous déposerons plainte contre quiconque portera atteinte injustement à notre majesté royale et exigerons que ustice soit rendue seulement en cour de Saint‑Denis. Et si la cause vient en jugement, nous accepterons qu’elle soit jugée par quiconque, sans nous opposer à la personne du juge.
48.
Document 53
Charte de l’abbé Suger affranchissant les hommes de la villa de Saint‑Denis, en 1125.
Depuis 1112, l’abbaye a le privilège d’émanciper en toute liberté les serfs et serviteurs du monastère. L’acte de Suger qui affranchit les habitants de Saint‑Denis de la mainmorte est à notre connaissance le plus ancien témoignage qui fasse état de l’usage de ce droit. Selon ce document, les pouvoirs de l’abbé s’étendent également sur certains habitants de Saint‑Marcel.
Source – Suger, Lecoy de la Marche 1867 : 319‑321 ; traduction française : F.G.
Au nom de la sainte et indivise Trinité. Moi, Suger, humble ministre de l’église de Saint‑Denis. Puisqu’il a plu au dessein de Dieu de promouvoir notre petitesse au gouvernement de l’église des très glorieux martyrs Denis, Rustique et Eleuthère, nous devons et voulons, de tout notre pouvoir, comme il convient, par piété filiale, pourvoir en tout à l’honneur et à la liberté de cette église notre mère ; aussi voulons‑nous faire savoir tant à la génération présente qu’à la postérité que les habitants de la Cité et les tenanciers de la villa de Saint‑Denis, accablés et ruinés par l’abus d’une très mauvaise coutume que l’on appelle mainmorte et dont on a la preuve qu’elle s’était établie du temps de notre prédécesseur l’abbé Yves, non par le droit légitime d’une ancienne coutume mais par l’introduction intéressée d’une exaction nouvelle, sont venus en notre présence, nous suppliant humblement, par leurs vœux et leurs prières, de les libérer, eux et leurs héritiers, du joug d’une si mauvaise exaction et d’une telle oppression. C’est pourquoi, ayant pris, suivant l’usage, le conseil de nos frères, nous avons unanimement accédé à leur requête, Jugeant convenable, en effet, d’honorer plus noblement et avec plus de faveur la villa de Saint‑Denis qui, parmi toutes les possessions de la susdite église, occupe le premier rang par le mérite d’un privilège singulier, et par la présence des très précieux martyrs jouit plus spécialement d’une prérogative éminente qu’elle revendique de droit.
Tous ceux qui résident dans la susdite villa, sur la terre de Saint‑Denis ou dans sa voirie, nous les avons libérés à perpétuité desdites exactions par la teneur de cette charte et par la garantie de sa très ferme stabilité. En contrepartie ils nous ont versé deux cents livres pour que nous en disposions et les consacrions aux dépenses de rénovation et de décoration de l’entrée du monastère de Saint‑Denis. En outre nous avons admis dans l’affranchissement de cette exaction certains habitants de Saint‑Marcel : Foulques, fils d’Elinand et le changeur Herleuvin, ainsi que leurs héritiers. Si cependant lesdits habitants de ce bourg laissent des enfants légitimes et que ces derniers meurent sans héritiers, leurs parents demeurant dans la villa de Saint‑Denis auront la mainmorte, même au cas où il existerait un parent plus proche mais qui n’habiterait pas dans ladite villa, ni sur la terre de Saint‑Denis ni dans sa voirie. Si toutefois il arrivait qu’ils marient leurs filles à des hommes dépendant d’une autre juridiction, nous ne leur concédons en aucune manière la mainmorte mais nous exigeons et ordonnons formellement qu’elles soient renvoyées à leur juridiction.
Cependant, de même que nous estimons manifestement équitable, dans un souci d’honnêteté, de libérer de ces injustes exactions ceux qu’elles accablent et oppriment, de même nous avons jugé indigne de faire partager à ceux qui, en se soustrayant à nous, eux et leurs biens, prouvent qu’ils échappent au pouvoir de notre église, la grâce d’une indulgence spontanée, comme des bienfaits à des ingrats, grâce qu’il nous a plu d’accorder, par sentiment de bienveillance, pour le salut de mon âme, celle de nos prédécesseurs et successeurs et pour l’honneur de notre église et de ceux qui la servent avec nous.
Afin que personne dans l’avenir, mû par un pareil exemple mais non par le même désir, n’ait l’audace d’agir de même pour les autres possessions de l’église de Saint‑Denis, par l’autorité de Dieu tout puissant et des saints martyrs Denis, Rustique et Eleuthère, nous l’excommunions en le frappant d’anathème. Cette décision, prise par souci de bienveillance et sentiment d’affection, nous l’avons fait confirmer et corroborer, afin qu’elle demeure désormais intacte, du consentement et de la garantie du sceau du roi, ainsi que de notre bulle, pour un engagement perpétuel, avec les signatures des auteurs et des témoins. (...)
49.
Document 54
La villa de Saint‑Denis vue par Suger, entre 1145 et 1149.
Suger décrit dans la première partie de son De administratione (doc. 11,12) les efforts accomplis sur les domaines appartenant à l’abbaye, à commencer par la villa de Saint‑Denis. Pour Suger, le terme villa a une acception large. Il comprend le castrum, la ville fortifiée et son territoire auquel s’ajoute, depuis 1124, le champ où se déroule la foire du Lendit (cf. § 5.4). En récupérant les droits usurpés et en organisant l’exploitation des vignobles aux abords du monastère, l’abbé multiplie les revenus de l’abbaye.
Source – Suger, Lecoy de la Marche 1867 : 156‑159 ; traduction française : F.G.
- 1 Montlignon : Val‑d’Oise (fig. 381).
- 2 Suger, ou plus exactement le scribe du manuscrit, écrit ici quatuor viginti et, plus bas, quater vi (...)
II existait dans cette ville un service appelé vulgairement tonlieu et change, qui rapportait soixante sous par semaine, mais Ours, juif de Montmorency, en détenait dix en gage, avec la villa appelée Montlignon1 pour quatre‑vingts2 marcs d’argent et, à ce qu’il disait, d’autres importantes sommes d’argent. Cependant nous avons récupéré à grands frais et la villa valant vingt livres ou plus et ces mêmes dix sous, à savoir en payant trois mille sous à Mathieu de Montmorency qui voudrait bien en prendre possession au nom de son juif, en donnant à l’épouse de ce juif dix livres et dix muids de froment, et sans exaction nous avons fait augmenter ce service, par amélioration de la villa, de dix autres sous. Donc, comme avec les dix sous du juif et les nouveaux dix sous récemment ajoutés d’augmentation, l’accroissement consiste en vingt sous, cela fait cinquante deux livres, et vingt provenant de la villa. Cependant le cens de cette villa, de douze livres à percevoir dans l’octave de la Saint‑Denis, vaut maintenant vingt livres et plus ; d’où huit livres d’accroissement de ce bien, et huit d’une maison que nous avions établie dans le masel, par l’achat d’une autre maison, à l’usage des bouchers, que nous avons assignées au soin des frères malades ; ainsi cela fait quatre‑vingt‑dix. Du péage, vingt livres, alors qu’auparavant il en rapportait quarante. Quant à nous, nous en avons souvent touché soixante‑dix alors que nous aurions pu facilement en percevoir beaucoup plus chaque année si nous n’avions frappé d’anathème toutes les formes de vol.
Du Lendit, que le seigneur Louis, père du roi, donna à Saint‑Denis, nous percevons trois cents sous en toute tranquillité, trente‑cinq du cens des étals des boulangers dans la Panetière, que nous avons affectés à la nourriture des frères en la fête des saints apôtres Pierre et Paul, dix sous de Girard mon neveu, cinq de sa maison et cinq du tonlieu de la garance. Des places de la maison de Guillaume de Cornillon que J’ai achetée pour quatre‑vingts livres, nous tirons un cens de quinze sous sur trois maisons, les autres étant encore vacantes. Dans la petite cour des frères, dans l’espace libre, sur les nouveaux hôtes, soixante‑dix sous de cens annuel. Sur la cour qui se trouve hors de la villa, alors qu’aucun hôte n’y avait jamais résidé mais qu’elle était occupée par les sergents à leurs frais, ainsi que sur une autre nouvelle cour qui lui est contiguë, après installation de quatre‑vingts nouveaux hôtes et plus, l’accroissement est de vingt livres par an. En outre, en ce lieu, c’est‑à‑dire à Saint‑Lucien, nous avons fait planter et cultiver à grands frais, parce que l’église en avait bien besoin, un clos de vigne de près de quatre‑vingts arpents, dit‑on, auquel nous avons attribué, pour le plus grand bénéfice de l’église, ces mêmes vingt livres afin qu’il soit bien exploité : décisions mûrement réfléchies, en raison du manque de vin, car trop souvent, en beaucoup de lieux et même à Lagny, les croix, les calices et les vêtements liturgiques étaient mis en gage.
L’accroissement d’activité des moulins de cette ville est tel, en vérité, qu’après avoir Jadis rapporté habituellement cinq mines de froment par jour au réfectoire des frères, ils ne cessent aujourd’hui d’en produire huit chaque jour ; et cette augmentation, calculée pour chaque semaine suivant une comptabilité précise, s’élève à trente‑neuf muids et demi.
L’accroissement des revenus en espèces représente cent quarante‑six livres et dix sous. Nous avons acheté pour mille sous une maison sise près de la porte de Paris, vers Saint‑Merry car, participant souvent aux affaires du royaume, nous avons estimé juste, pour nous et nos successeurs, d’y loger plus dignement avec nos chevaux.
Quant à la porte de Paris, qui rapportait habituellement douze livres, elle nous en rapporte cinquante : d’où une augmentation de trente‑huit livres.
50.
Document 55
Les douze hostises rue de la Fontaine, novembre, 1225.
Donation au couvent de Saint‑Denis par Agnès, veuve de Girard de Saint‑Denis, et ses enfants, Eudes, Raoul et Basilie, du cinquième d’un cens annuel de 100 s. perçu sur douze hostises, sises à Saint‑Denis, rue de la Fontaine, les quatre cinquièmes restants étant vendus aux religieux pour 60 livres parisis.
Source – B. Copie de la fin du xiiies., AN, LL 1159 : no 21, p. 10 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Universis qui présentes litteras viderint, Officialis curie Parisiensis in Domino salutem. Notum facimus quod Agnes, relicta defuncti Girardi de Sancto Dyonisio, et Odo, Radulphus et Basilia, filii ejusdem Agnetis, in nostra presentia constituti, dederunt et concesserunt in perpetuam elemosinam conventui Beati Dyonisii quintam partent centum solidorum annui census supra duodecim hosti[si]as, sitas apud Sanctum Dyonisium, in vico de Fonte, et reliquas quatuor partes ejusdem census eidem conventui pro sexaginta libris par. vendiderunt perpetuis temporibus obtinendas. Promittentes fide interposita quod contra elemosinam et venditionem prenotatas venire de cetera non presument sed super eis rectam gerent garendiam conventui supradicto. Dicta etiam Agnes doarium suum quod ibidem habebat specialiter quitavit sub fidei prestite datione. In cujus rei testimonium, présentes litteras ad petitionem dictorum vendentium fecimus sigillo curie Parisiensis communiri. Actum anno Domini M°CC°XXV°, mense novembri.
4.1.5 Du milieu du xive à la fin du xvie s.
51Fig. 176
52Les sources historiques nous apprennent que Saint‑Denis conserve une certaine prospérité durant la première moitié de la guerre de Cent Ans.
53À partir de 1356, on décide de fortifier la ville (cf. infra § 4.3). En 1370, Charles V ordonne la destruction du faubourg Saint‑Remi. Cette ordonnance est suivie d’effets, comme en témoignent les archives du religieux infirmier, principal propriétaire à la Bretonnerie et au Bec à Loué. La ville se replie alors derrière une enceinte au périmètre plus réduit qui englobe le bourg monastique, Saint‑Marcel et le quartier de l’Estrée. Par contre, la plus grande partie du jardin des moines –la Couture– demeure extérieure à l’enceinte. Les travaux sont lents et l’entretien coûteux, puisqu’en 1417 le roi et l’abbé sont contraints de vendre et d’engager une partie du trésor de l’abbaye afin de prêter aux habitants la somme de deux mille écus nécessaire pour parfaire la fortification de la ville.
FIG. 176 – La ville à l’intérieur de son enceinte du bas Moyen Âge, au début du XVes.

1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie ; 4 porte de la Boucherie ; 5 tour du Bassin ; 6 tournelle Saint‑Louis ; 7 moulins Choisel ; 8 porte Basoin ; 9 hôpital Saint‑Jacques ; 10 maison du bailli ; 11 moulin de la Courtille ; 12 halles ; 13 Châtelet ; 14 moulin à Tan ; 15 petite boucherie.
A.B. del./uasd
54Du point de vue archéologique, on remarque, tout au long de la seconde moitié du xive s., un regain dans la construction. Le tissu urbain atteint alors sa densité maximale, les surfaces du bourg sont en grande partie construites. Cette densification du peuplement à l’intérieur de la nouvelle enceinte semble refléter le mouvement de repli des faubourgs abandonnés, à moins qu’elle soit liée au privilège royal de 1368 qui favorise le repeuplement de la ville par des drapiers (AN, JJ 99 : f°97). N’omettons pas non plus de souligner le sentiment de sécurité qu’une ville fortifiée peut exercer sur les campagnes environnantes en temps de guerre.
55De 1410 à 1436, Saint‑Denis est assaillie successivement par les Bourguignons, les Armagnacs et les Anglais. Le passage de ces troupes a des conséquences désastreuses pour le monastère et la ville (doc. 70, 71, 72). En 1441, les moines se lamentent de « la grant pouvreté et pou peuple qui de present est audit Saint Denis la desolacion du lieu a l’occasion des guerres » (AN, LL 1212 : f°91v°). En face de l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, l’hôtel Le Cerf est « en adventure de cheoir de jour en jour par deffaulte de couverture et plusieurs autres grans reparaçions qu’il convient et necessite faire bien bref » (AN, LL 1212 : f°91v° et 92). Le tenancier, un chaudronnier qui s’est réfugié à Paris, réclame une réduction des arrérages, ce que les moines lui accordent en échange des reparations à effectuer sur l’immeuble. En 1482, la ville est toujours dans un état « pitoyable », délaissée par ses habitants en raison de lourdes charges. Les rois, et en particulier Louis XI, tentent de remédier à cette situation en accordant à la ville des franchises fiscales (Félibien 1706 : 364 ; doc. 59). En dépit de ces événements, Saint‑Denis reste un actif centre textile comme en témoignent la construction et le remaniement des nombreux moulins à tan et à foulon. Selon Doublet, la ville retrouve alors une relative prospérité (doc. 59).
56Au regard des observations archéologiques, cette crise se fait diversement ressentir selon que l’on a affaire à un secteur religieux ou laïc. L’église Saint‑Marcel, remaniée durant la première moitié du xve s., se dote d’une crypte‑ossuaire (fig. 194, 195). Quant à l’habitat, il marque une très nette stagnation ; de nombreux immeubles sont abandonnés (cf. infra § 4.4.4). En 1567, les huguenots s’emparent de la ville et de l’abbaye. Le bilan est lourd car le trésor, la bibliothèque, les bâtiments claustraux sont pillés (doc. 56) et la plupart des églises paroissiales dévastées (doc. 57).
Document 56
La mise à sac de l’abbaye par les huguenots, en 1567, selon Doublet.
Entre les premiers Jours d’octobre et le 10 novembre, jour de la bataille de Saint‑Denis (fig. 374, 375), la ville est occupée par les huguenots, commandés par Louis II de Bourbon, prince de Condé. Les moines se sont réfugiés avec le trésor à Paris, abandonnant le monastère aux hérétiques. Les témoignages des historiens Doublet, Millet et Félibien s’accordent à souligner les dégâts que subit en la circonstance l’abbaye – et notamment sa bibliothèque.
Source – Doublet 1625 : 1347‑1348.
Au commencement du mois d’Octobre [1567] la ville de sainct Denys fut prise par les Heretiques, qui se saisirent de l’Abbaye de sainct Denys, où ils demeurerent jusques à la veille de la sainct Martin [10 novembre], La ruine de la belle Eglise royale & Collegiale de sainct Paul, & des autres Eglises tant de ladite ville de sainct Denys, que des environs, fait paroistre quel est le fruict de leur nouveau Evangile, & qu’ils sont venus pour ruiner et non pour edifier. Or pendant leur sejour, l’Abbaye de sainct Denys fit de grandes pertes, nonobstant la debonnaireté de Monseigneur Louys de Bourbon Prince de Condé, lequel, sçachant le grand desordre qu’ils faisoient, s’achemina au plustost qu’il pût, & empescha que l’Eglise & l’Abbaye ne fussent ruinees comme toutes celles sur lesquelles ils avoient eu du pouvoir ; & pour donner crainte et terreur aux meschants, il en fit executer une douzaine afin de servir d’exemple aux autres. Ce qui s’estoit ainsi passé luy estoit à un bien grand regret, d’autant qu’il honorait icelle Abbaye, & la cherissoit à cause qu’il y avoit esté eslevé jeune sous l’illustrissime Cardinal Louys de Bourbon son Oncle lors qu’il en estoit Abbé (...) Auparavant son arrivee la tres‑excellente, très rare, & tres exquise Librairie fut toute pillee, & tant de beaux livres, aussi tant excellents & rares manuscrits qui y avoient esté amassez depuis un millier d’annees, tres‑anciens, & en toutes langues ; & pareillement tant de beaux escrits de grands personnages qui avoient esté Abbez & Religieux, perdus, gastez & dissipez : laquelle Librairie n’estoit pas moins estimee que le thresor ; ce qui arriva en l’annee mille cinq cents soixante sept.
57.
Document 57
Description de la ville de Saint‑Denis par Belleforest, en 1575.
Auteur du plus ancien plan de la ville (fig. 177) et d’une vue de l’intérieur de l’église abbatiale (fig. 78), François de Belleforest rédigea également une brève notice sur l’histoire de Saint‑Denis. Malgré la part faite à l’interprétation légendaire, le texte constitue un précieux témoignage sur l’état de la ville pendant les guerres de Religion. En bon historien, l’érudit tire ses renseignements des chartriers du monastère.
Source – Belleforest 1575 : 279‑282.
- 3 Emé de Veelu fut garde des chartes puis panetier ; il mourut à l’abbaye le 25 février 1599 (Nebbiai (...)
- 4 Pierre Pinchonnat, chantre.
(...) C’est donc alors que fut fondee la ville de saint Denys, c’est a sçavoir le Roy Dagobert y ayant bastié l’Eglise & monastere qu’on y voit a present, d’autant que y ayant grand abord, & les Roys y voyageans souvent, & donnans de grandes immunitez, & privileges, le peuple commença aussi a s’y assembler, & a dresser le plant de ceste ville, l’effigie de laquelle comme aussi de l’Eglise royale d’icelle, je vous ay icy mis avec la perfection requise a une piece de telle conséquence, a laquelle nous a beaucoup aidez docte & honorable religieux Monsieur Emé de Veelu3,
Chefsier, & garde de la Librairie d’icelle maison, comme aussi s’y est monstré diligent venerable religieux Monsieur Pierre Pirhonat4 Chantre de la dicte Abbaie, & Commandeur en icelle, deux hommes tels que Je voudroy que touts ceux qui sont de leur vocation les ressemblassent, tant a cherir les lettres, & les embrasser avec diligence, et curiosité, qu’a honorer ceux qui font profession du sçavoir, et bonnes disciplines. Aussi sont ce ces deux doctes hommes qui nous ont communiquez les papiers de leurs fondations, & donné des memoires, & instructions pour pouvoir descrire ceste ville, de laquelle les livres ne sçauroyent nous instruire. Quand a l’Eglise, elle n’est pas bastie au lieu mesme, où Sainte Geneviefve fonda la Chapelle en laquelle se sauva Dagobert, ai ns a un ject d’arc loing d’icelle : mais avant que de singulariser l’Eglise, & Abbaye, il nous faut parler un peu de la ville, laquelle a esté de beaucoup plus grande & plus riche qu’elle n’est a present, comme aussi Paris alors n’estoit rien au pris de ce que maintenant on la voit estre : or que ce que Je dis soit vray, on le recueille aisément par les vieux enseignemens, & cartes anciennes de l’Abbaye, esquelles est faite mention des rues diverses d’icelle ville, comme de celle des faiseurs d’Escarlatte, des or fevres, & autres estats, & mestiers les plus riches & renommez, qui soyent ores a Paris, ou autre ville fameuse, & marchande, & cecy pource qu’a Paris le trafic n’y estoit encor si grand qu’il est a ceste heure, & que la nouveauté du lieu plaisant aux citoyens, & les privileges, & immunitez les y attirans, chacun l’estimoit bien heureux de s’y retirer, & y obtenir droit de Bourgeoisie : au reste bien qu’il n’y ayt plus aucune apparence des rues susdictes, si est‑ce que la rivière estant distribuee en tant d’endroits qu’elle est, monstre asses que ce n’est sans occasion qu’on mesnageoit ainsi son cours pour le service des susdits artisans. Mais la preuve plus asseuree de mon dire que Je treuve, est que on voit encor les vieux fossez de la ville derrière la Paroisse de saint Remy, lesquels font foy evidente qu’elle estoit beaucoup plus grande, d’autant que la susditte Eglise (qui est a deux cens pas hors la ville) estoit jadis comprise en l’enclos des murailles, & qui regardera bien, & l’estendue vague de terre qui est en l’enceinct de la ville, & ce qui jadis y estoit contenu, on la verra avoir esté des plus grandes d’entre les moyennes de ce royaume. Et quelque degast que les guerres y ayent donné, & quelque diminution que ceste ville ayt enduré, si est‑ce qu’elle n’est pas encor si petite, qu’elle n’aye en soy onze Paroisses, qui sont celles qui s’ensuivent, saint Marcel laquelle est la plus grande, & la plus belle de toute la ville pour Eglise parrochiale, bastie au nom de saint Marcel Evesque de Paris, la seconde est dediee a la sainte Croix, la troisiesme a saint Martin, comme il n’y a guere ville, où la mémoire de ce saint Evesque ne soit reveree, y est encor saint Jacques de Vauboulon, qui est l’Eglise parrochiale des serviteurs ordinaires de l’Abbaye. Apres y est saint Michel des Degrez, & saint Michel du Charnier, saint Pierre, la Magdeleine, saint Barthelemy, sainte Geneviefve, & saint Remy, lequel (comme j’ay deja dit) est hors les murs, la plus part de ces Eglises ont este gastees, & presque mises en ruine de notre temps, lors que les Calvinistes suprindrent ceste ville, la tindrent long temps, & en feirent leur retraite, tenans comme assiegee la grande cité de Paris, sous pretexte du bien public, leur forbe de religion estant descouverte.
Outre les paroisses susdictes, il y a d’autres Eglises, entre lesquelles est celle de saint Denys de Lestree fondee par sainte Geneviefve, au lieu mesme (comme dit est) où jadis reposoyent les sacrees reliques des Martyrs, où a present y a un beau, & riche prieuré doté en souvenance qu’il a esté le premier domicile du saint duquel la ville est renommee. Vous y voyez encor l’Eglise de saint Paul, qui est un Chapitre collegial, & de laquelle les Chanoines sont asses bien rentez, & pourveuz de moyens suffisans pour leur nourriture. Et pour les pauvres y est l’hostel Dieu ordinaire, où les pauvres sont hebergez & nourris, & les malades pensez, & fournis de toutes choses necessaires, a fin que la charité marche avec la dévotion des citoyens : & outre ce y a un autre hospital sacré au nom de saint Jaques, & destiné pour le volage des Pelerins qui vont en Gallice visiter les reliques de ce saint apostre. Cette ville n’est guere peuplee de maisons pour sa grandeur, ains est en plusieurs endroits comme un vague, y ayant des terres labourables, des prez, vignes, & sausayes, si bien que presque on peut dire d’elle ce que le Poëte chante de Troye ruinee, qu’il y a des bleds, où jadis Troye estoit : & peut on s’asseurer que n’estoit l’Abbaie, vers laquelle plusieurs s’acheminent, & les foires qu’il a pieu aux Roys donner a cette ville, en faveur de l’Eglise de saint Denis, elle serait encor plus desnuee d’habitans, à cause que Paris l’avoisinant de si pres, Il est impossible que cette cy puisse flourir : bien que c’est la plus belle, & plaisante assiette, & aussi beau paisage qui se voye guere en la France, & le plan de laquelle, au jugement de touts hommes qui s’entendent au fait des fortifications, & jugement du choix d’asseoir une place pour la rendre forte, tiennent cette cy pour une place des plus aisees a fortifier, & des plus difficiles a forcer qui soyent en France : par ce que rien ne luy commande quelque part que la sçachiez assaillir, est en une belle, & large campaigne, ceinte d’eaux, & marescages presque de touts costez : mais la sagesse des Roys, & de leur conseil n’a Jamais trouvé bon de la fortifier, a cause que ce serait un refuge a ceux qui auroyent quelque entreprise sur Paris (...).
FIG. 177 – « Pourtraict de la ville Sainct Denis en France », en 1575 (Belleforest 1575 : 280‑281) ; gravure ; 33 x 25 cm.

L’intérêt documentaire de ce premier plan de la ville est exceptionnel. Au dire de son auteur, il a été établi avec l’aide de religieux de l’abbaye (doc. 57). Il nous montre la disposition de la ville médiévale, peu après l’occupation huguenote (1567) ; les églises Saint‑Paul K et Saint‑Quentin hors les murs 14 sont en ruine. La ville renferme des clos plantés de vignes et un marais bordé d’une saussaie. Le plan distingue parfaitement les « fausses portes » de l’enceinte carolingienne : près le moulin de l’Hôtel‑Dieu c, au Châtelet a et rue Saint‑Rémy près du moulin de l’Abbaye 5. Au dehors, vers l’église Saint‑Remi 13, à la Bretonnerie, subsiste un habitat dispersé. La Couture de l’abbaye est également enclose.
4.1.6 Les xviie et xviiie s.
58Fig. 178
59Les événements militaires qui se déroulent jusqu’au milieu du xviie s. en région parisienne affectent particulièrement Saint‑Denis.
60L’occupation de la ville par les huguenots est suivie par les troubles de la Ligue (1590‑1591) et de la Fronde (1648‑1652) ; cette dernière causa la ruine de cent treize maisons qui ne furent pas reconstruites (ADY, D 570). En 1590, on commence à bastionner le rempart de la ville. Cet état de désolation est confirmé par des voyageurs du début du xviie s. qui décrivent une ville dépeuplée et peu bâtie (doc. 58).
61Àla fin du xviie s., Saint‑Denis est encore une ville déserte et la moitié de ses maisons est vide ; elle ne compte plus que 540 feux, à peine plus qu’Aubervilliers qui en totalise 450.
62La désertion de la ville entraîne la réduction du nombre des paroisses. Après le sac de 1567, seule une partie des édifices religieux est reconstruite, tandis qu’au nord de l’abbatiale la succession des églises se démantèle. En 1728, les chanoines de Saint‑Paul sont transférés au prieuré de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée.
63Le regroupement des paroisses se poursuit, provoquant l’abandon des églises jugées trop vétustes, tant et si bien qu’en 1772, on n’en compte plus que cinq.
64La vacuité de l’espace civil est mise à profit par l’abbaye pour se doter de vastes jardins d’agrément.
65Parallèlement, cinq communautés religieuses s’établissent intra‑muros : les récollets en 1604, les carmélites en 1625, les ursulines en 1628, les annonciades célestes (ou filles bleues) en 1629 et les visitandines en 1639. Vers 1650, les moines rachètent la terre de la ferme de Vatiboulon. Dorénavant, plus d’un tiers de la ville est occupé par les enclos des communautés religieuses, dont les effectifs représentent environ dix pour cent de la population urbaine.
66Avec ces établissements nouveaux, la ville retrouve une activité de construction. Durant la première moitié du xviiie s. les anciens bâtiments de l’abbaye, devenus trop vétustes et inadaptés sont reconstruits.
67Le nouvel Hôtel‑Dieu est mis en chantier à partir de 1706 et une caserne est édifiée aux abords de la ville en 1755.
68Tous ces bâtiments nouveaux ravivent l’intérêt des particuliers pour la construction. Entre 1724 et 1740, l’événement urbanistique majeur est sans nul doute le percement de la rue d’Enghien qui, en 1780, est déjà bien bordée de maisons et très commerçante. La ville connaît d’abord une population stable d’environ 3 500 habitants. Puis une croissance, qui débute vers 1750, porte le nombre à 4 700 habitants à la veille de la Révolution (Beaud, Bouchart 1973). Les couvents nouvellement établis dispensent des instructions gratuites. En 1707, une école de charité pour filles est fondée à l’Hôtel‑Dieu ; l’année suivante une école pour garçons ouvre rue Puipensot, elle est transférée en 1722, rue du Clos‑Fourré.
FIG. 178 – La ville moderne, au milieu du XVIIIe s.

1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie ; 4 hôtel de ville ; 5 Châtelet ; 6 loges de la foire ; 7 halles aux Fosses ; 8 petite boucherie ; 9 moulin de la Courtille ; 10 moulin Choisel.
A.B. del./UASD
69En 1686, la ville est placée sous l’autorité des dames de Saint‑Cyr, en vertu de leurs droits sur la mense abbatiale. Elles administrent la ville au moyen d’une assemblée de trois échevins, d’un receveur et d’un secrétaire élus par les communautés religieuses, marchandes et artisanales de la ville. À partir de 1749, un maire préside les échevins.
70En 1704, l’activité commerciale bénéficie de nouveaux privilèges fiscaux : la taille est remplacée par l’octroi. Parallèlement, la création de manufactures de cuirs et de teinture d’étoffes fait revivre l’industrie.
71Àla fin du xviiie s., la ville compte une manufacture de teinture d’étoffe et quatre manufactures d’impression sur toile. En 1781, une Salpêtrière s’installe en dehors de la ville entre la porte d’Enghien et le moulin du Dos‑d’Ane. On implante un laminoir à plomb en la Maison de Seine et une buanderie à La Briche (Sornay‑Holleaux 1949).
Document 58
Récit de voyage de Scamozzi en 1600.
L’architecte Vincent Scamozzi nous livre avec le plan et les croquis de l’église abbatiale (fig. 80) une brève description de la ville, qu’il visita le 14 mars 1600.
Source – Scamozzi, Barbiéri 1959 : 38
Nous sommes arrivés à Saint‑Denis, terre de petite taille mais défendue en raison des guerres passées par des fossés, des murs d’enceinte et des bastions. Elle est très peuplée, avec des maisons de qualité médiocre ainsi que d’autres en ruine. Cette terre est située dans une plaine formée d’une belle campagne largement cultivée bordée de collines sur presque tout son pourtour.
72.
Document 59
Description de la ville de Saint‑Denis par Doublet, en 1625.
Bien que Michel Félibien ait émis des réserves sur la rigueur scientifique de son prédécesseur, l’ouvrage de Doublet demeure sur bien des points un document précieux pour connaître la topographie de la ville et son mode d’administration.
Source – Doublet 1625 : 418‑421.
La ville de s. Denys en France auparavant que le tres‑Chrestien Roy Dagobert la possedast, n’estoit qu’un hameau ou petit village appellé Vicus Catulliacus, le village Catulien, ou de Catule, ainsi nommé à cause de la noble Damoiselle Catule Dame d’iceluy. Il y a encore de present une rue en ladite ville de sainct Denys (laquelle traverse par devant le Prieuré de sainct Denys de l’Estree, & va gaigner la porte de Pontoise) nommee la ruë Catule.
Ladite ville a esté ainsi denommee de sainct Denys en France, pour ce que le premier Domaine vrayement François se glorifie de ceste seule ville, & que le Mausolee de nos Roys la peut mettre, à juste tiltre, au rang des miracles de nature. Les beaux privileges, franchises, & immunitez, qui luy furent octroyees & donnees par ledit Roy Dagobert en faveur des Saincts Martyrs, l’accreurent merveilleusement en grande affluence de peuple, en richesse, en trafic, & en bastimens. Les autres Roys ses successeurs, à son imitation, ayans augmenté de temps en temps icelles franchises & immunitez, la rendirent si grande, si puissante, & florissante, qu’elle pouvoit s’esgaller aux meilleures villes de la France : de sorte que ses fauxbourgs du costé de la porte de Pontoise, ainsi que l’on peut remarquer, alloient bien avant vers la riviere de Seine, où il y a de present une belle & jolie maison appellee la Briche, lingua corrupta, anciennement la Breiche, d’autant que ce fut en ce lieu où Jadis la breiche fut faite lors que la ville & fauxbourgs furent pris par les Anglois souz le regne du Roy Charles VII puis apres elle fut reprise par les François, & encore derechef par lesdits Anglois qui la ruinerent, & ne reserverent que l’Abbaye de sainct Denys, qui estait à peu pres lors au milieu de ladite ville, laquelle ils fortifierent, & y firent bastir le Chasteau, que l’on y void encore de present, qu’ils fortifièrent & entourèrent de bons & profonds fossez, à fonds de cuve, plains d’eauë, avec des meurtrieres, carneaux, & pont levis, par lequel ils faisoient leurs sorties aux champs, & aussi faisoient entrer dans iceluy Chasteau toutes choses necessaires pour eux, & pour la conservation de la place.
Ceste mesme ville de sainct Denys s’estendoit, sur main droite vers la partie superieure, depuis la grande ruë de sainct Denys de l’Estree (laquelle d’un bout aboutit devant la porte du Prieuré dudit sainct Denys de l’Estree, & d’autre bout devant la grande porte & entree de la grande Eglise de sainct Denys) jusques à la porte de s. Remy, avec les fauxbourgs, jusques au pont de la maison de l’infirmerie (ainsi nommee d’autant que ceste maison appartient au Religieux Infirmier, en laquelle les Religieux relevans de maladie alloient prendre l’air) & de la partie inferieure elle s’estendoit, à main gauche, vers la riviere de Seine où il y avoit une belle grande maison (maintenant en ruyne des derniers troubles) nommee la maison de Seine, à raison que ceste riviere battoit contre & servoit grandement à icelle de commoditez pour les passans qui ne vouloient loger dedans la ville : Et de l’autre costé, souz‑main droicte, encore la ville s’estendoit vers le village d’Haulbervilliers, ou de nostre Dame des Vertus, à cause des insignes miracles qui se font en l’Eglise d’iceluy en la Chappelle dediee à la Vierge Marie. L’on void encore de present les vieux fossez à deux cens pas des murailles de la porte s. Remy pres l’Eglise portant le nom dudit sainct, qui monstrent assez que la ville s’estendoit jusques‑là, & que ladite Eglise estait anciennement enclose dedans icelle, comme en font foy les Chartes, tiltres, & papiers censiers de l’Abbaye.
Souz le Roy Phi lippes le Bel elle fut beaucoup agrandie du costé de la ville de Paris, dont il en reste une partie, avec le fauxbourg de sainct Quentin (ainsi nommé à cause d’une Chappelle dediee en l’honneur de ce sainct Martyr, laquelle a esté ruinee par les guerres civiles dernieres) par le moyen du bourg de sainct Marcel, appartenant lors au Seigneur Baron de Montmorency Mathieu, & à Jeanne sa femme, eschangé par les Religieux Abbé & Convent de sainct Denys avec eux à l’encontre de plusieurs Seigneuries, ainsi qu’il appert par l’eschange qui en fut faite au moins de Decembre l’an 1294 & confirmée par ledit Roy en une sienne Charte ens an, & mois predicts. Actum Paris, apud Luperam, lequel aussi la fit ratifier par le venerable Evesque de Paris Simon de Matiphas de Bucy, & par les Doyen & Chapitre, par acte capitulaire du mois de Janvier dudit an, & approuver par le sainct Siege Apostolique ens Nones de May l’an mil deux cens nonante‑six.
Donc la ville de s. Denys, ainsi grande, ample, & spatieuse, estait florissante & marchande, aussi riche, & opulente, tant pour les teinctures qui s’y faisoient, qu’à raison de l’affluence des estrangers qui y abordoient pour les foires, & persevera ainsi jusques aux guerres d’entre les François & Anglois, lesquels totalement la ruynerent & démolirent.
Le Roy Charles VII ayant chassé lesdits Anglois de son Royaume, sa Majesté donna de beaux privilèges à ceux qui voudraient se retirer en la ville de sainct Denys, de maniere que cela occasionna beaucoup de personnes de s’y habituer & d’y rebastir des maisons.
Souz son fils le Roy Louys XI en faveur desdits privileges, & autres qu’il donna à ladite ville, un bon nombre de personnes s’y retirerent qui la peuplerent, & y firent faire plusieurs bastimens. Durant les regnes des Roys Charles VIII Louys XII François I & Henry II elle s’augmenta grandement en peuple, en bastimens, en richesses, & en commoditez.
Soubs le regne du Roy Charles IX en l’annee 1567 elle fut prise par les Huguenots, qui y firent bien du degast, mais beaucoup plus à l’endroit des Eglises.
Pendant le regne du Roy Henri III elle s’estoit remise, mais son deceds ayant apporté grandement du desastre à la France, elle a esté encore presque ruynee par le moyen des guerres civiles, de sorte qu’une bonne partie des maisons furent abbatuës pour faire une Citadelle qui est demeuree imparfaite.
Ainsi donc toute ceste grande estenduë qu’elle avoit de son antiquité vers la riviere de Seine, sainct Ladre (C’estoit une Maladrie où il y avoit autresfois des Religieux hors la porte de Pontoise, dont se voyent encore les ruines), & les fauxbourgs de ce costé‑là : en apres du costé de la porte sainct Remy jusques au pont de l’infirmerie avec le fauxbourg, puis en embas tout ce qui estait jusques à la grande maison de Seine, encore de l’autre part ce qui s’estendoit vers le village d’Haulbervilliers, & finalement vers Paris, le fauxbourg de s. Quentin, avec le bourg de s. Marcel, où estait le chasteau du Seigneur de Montmorency, de tout cela il n’est demeuré ny resté aucune marque ny vestige qui s’en puisse recognoistre.
Or en la maniere qu’elle est de present, elle est encore de grande estenduë & d’un grand circuit, pour raison de quoy elle est de grande garde en temps de guerre. Elle est aisee à fortifier pour l’abondance des sources d’eau, estant scituee en un lieu marescageux, & de rien commandee d’autant qu’elle est en un plat pays & raze campagne. Elle est vague de bastimens, & despeuplee, ayant beaucoup de jardinages & des terres labourables au dedans.
Son assiete est de telle importance, & les commodltez des eaux sont en telle affluance, que nos Roys ne l’ont jamais voulu fortifier, afin de ne bastir un rampart & deffense asseuree à ceux qui voudraient entreprendre sur leur ville Capitale & sejour ordinaire de leur Cour.
Il y avoit d’ancienneté en icelle plusieurs Monasteres, à sçavoir de sainct Lazare, des Cordeliers, des Hermites (il y a encore des viels vestiges & apparances d’une grande & ancienne maison), des Beguines, & de l’Ave Maria, avec une maison en laquelle estait une recluse. Il y avoit aussi plusieurs Eglises, à sçavoir de s. Nicolas, de s. Jean le Rond (se voyent encore les vestiges joignant le logis du sieur grand Prieur ou se void la figure d’une femme priante eslevee en bosse), & aux fauxbourgs, celle de s. Quentin.
Celles qui restent à present sont, le Prieuré de s. Denys de l’Estree, l’Eglise Royale & Collegiale de s. Paul : les Eglises parrochiales de sainct Martin de l’Estree, de s. Marcel, de saincte Croix : des trois Parroisses, de s. Michel du Charnier, de s. Pierre, de la Magdeleine, de s. Jacques de Vauboulon (S. Jacques de Vauboulon est la parroisse des serviteurs de l’Abbaye, lesquels ont un Curé particulier, qui leur administre les Sacremens), & hors de la ville l’Eglise de s. Remy, laquelle anciennement estait au dedans d’icelle. Il y a encore l’Eglise & Convent des venerables Peres Cordeliers, dits Recolects : pareillement l’Eglise de l’Hostel Dieu (ou d’ancienneté il y avoit des Religieux) & l’Hospital de s. Jacques, qui n’est plus qu’une petite Chappelle.
Toutes lesquelles Eglises ayans esté ruynees (excepté celle de s. Denys de l’Estree, encore a elle senty la cruauté & barbarie des Heretiques en ses bastimens & au Jubé, qui ont esté desmolis, & de s. Marcel, où ils mettoient leurs munitions de guerre) & principalement celle tant belle de sainct Paul, en l’annee cy‑dessus 1567 qu’ils y firent leur residence par l’espace de six semaines, elles ont esté restablles tellement quellement au mieux que l’on a peu selon les moyens des pauvres Paroissiens : & quant à celles de s. Nicolas & de sainct Quentin, elles sont demeurees en ruine. Voila les beaux fruicts de nos nouveaux Evangelistes, soy disans reformateurs, mais plustost difformateurs, desquels il est parlé en l’Evangile [S. Matt. c. 7], A fructibus eorum cognoscetis eos.
73.
Document 60
La justice en la ville de Saint‑Denis par Doublet, en 1625.
Fort de son privilège d’immunité, l’abbaye fait exercer la juridiction temporelle dans la ville de Saint‑Denis et sur son territoire. Jacques Doublet énumère ici les officiers de justice. Il tire ses renseignements du « Livre vert de Saint‑Denis ».
Source – Doublet 1625 : 421‑423.
- 5 Il faut sans doute rectifier par pont pour identifier ici le pont de l’Infirmerie (cf. § 5.2.2.2).
(...) Pour ce qui concerne la police & justice de la ville de sainct Denys, il convient remarquer que ceste ville & Chastellenie est d’ancienneté Justice Royale, laquelle le Roy Dagobert donna, en faveur des glorieux Martyrs Apostres de France sainct Denys l’Areopagite, sainct Rustic, & sainct Eleuthere, à l’Abbé & aux Religieux dudit lieu, avec tous les droits, prérogatives & auctoritez de jurisdiction Royale, à sçavoir de boüillir, ardre, traîner, pendre, decapiter, & tous autres supplices, à l’encontre des delinquants en ladite ville & banlieuë d’icelle, soit mesme de l’Hostel du Roy, ou d’autres quels qu’ils soient, avec la cognoissance des Nobles, du port d’armes, des droits de confiscations, espaves, aulbaines, & generalement tout ce qui appartient à haute, moyenne & basse Justice, & aussi à un Seigneur Chastelain, avec le droit d’avoir un pilory.
D’abondant iceux Religieux, Abbé & Convent ont cognoissance des cas royaux en leur ville & banlieuë, par privilege à iceux donné & octroyé par une grace speciale & particuliere des Roys de France, avec les confiscations de ceux qui seraient atteints & convaincus desdits cas Royaux.
En la ville de s. Denys y a d’ancienneté trois Sieges & Auditoires pour le regime & gouvernement de la Justice, à sçavoir Prevosté, Bailliage, & Assises, esquels sont corrigez les Jugements les uns des autres quand les parties requierent amendement : Car au Bailliage sont confirmez ou infirmez les Jugements du Prevost, & ceux du Bailly en l’Assise, le tout sans amende, & ceux de l’Assise par la Cour de Parlement quand on y appelle : & qui appelleroit du Prevost & du Bailly de s. Denys en Parlement obmisso medio de l’Assise, les Religieux en peuvent requerir le renvoy, lequel se fait par ladite Cour de Parlement. Il y a bien trente villages qui sont du ressort dudit Bailliage.
Les Religieux Abbé & Convent ont auctorité en leurdite ville de faire loix, constitutions, & ordonnances entre les gens de mestiers & marchands, pour les denrees & marchandises qui y ont eu & ont cours, & de tout temps en ont usé comme en une ville de loy, & ont droit de port pour toutes marchandises, jusques aux marchandises de buches, & ont Jurez, commis de par eux, pour compter & mouler, avec puissance de punir & corriger les malfaicteurs, en usant de justice sur les marchands & denrees, sans danger d’autruy.
Les Officiers pour le gouvernement de la Justice sont le Bailly, le grand Prevost Portier Religieux, le Prevost Fermier, le Procureur fiscal, le Greffier, les Procureurs, le Tabellion, les Clercs du Bailliage & de la Prevosté, aussi la Clergie d’iceluy Bailliage, & les Sergens. Toutes amendes arbitraires, & qui passent 60 sols Parisis appartiennent aux Religieux & à la Commanderie, sans que le Prevost Fermier y prenne rien, ny aussi ne peut rien prétendre és aulbaines, & confiscations.
Le Bailly a la cognoissance de tout port d’armes tant de jour comme de nuict, pource que la forfaicture appartient à l’Abbé.
Les Religieux ont ledit Prevost Fermier en la ville, auquel appartient la cognoissance des causes, & a un Clerc Juré pour faire les procez entre les parties plaidantes, & pour exiger les amendes qui leur appartiennent, & il prend toutes amendes des delicts Jusques à soixante sols Parisis qui adviennent de jour ou de nuict, & n’a rien és amendes arbitraires, ny en celles qui excedent ceste somme.
Ledit Prevost doit faire le guet à ses despens chacune nuict, ou du moins trois nuicts par semaine : & peut arrester & emprisonner les delinquants, ou les accuser : & peut aussi faire fermer les tavernes, quand il y trouve des joüeurs de dez, ou que l’on tire du vin à gens non logez en icelles depuis que l’heure de chasse‑ribaud est sonnee, & assigner Jour au lendemain pour répondre sur le delict. Et doit iceluy Prevost asseoir durant les mois de Juin & d’Aoust par chacun an, le droit des habitans de la ville à qui appartient de faire le guet, selon l’usage estant sur cela gardé.
Ledit Prevost a toutes amendes de dix‑sept sols six deniers, & toutes amendes du jeu de dez, arainnes, de faux reclains, de buffes, de désobéissances, entrains, battures faites jusques à sang entre personnes privees & non privilegiees : aussi les amendes des roüages, forages, & coustumes non payees, icelles limitees à soixante sols Parisis. A luy appartient de tenir les plaids chacun Jour deux fois, à sçavoir à la grande Messe, & à Vespres, s’il y a à besongner, excepté le Samedy.
Les causes touchant le domaine & héritages des Religieux ne se demenent point devant iceluy Prevost, lequel, & le Clerc du Bailliage, doivent rendre leurs registres des exploicts de la Justice, & les mettre en la Commanderie, pource que les droits & exploicts du domaine de l’Eglise y sont souvent en question & declarez.
Les mettes de la Prevosté sont la ville & fauxbourgs Jusques à sainct Quentin d’un costé, de l’autre à sainct Ladre, & puis au port5 de deçà l’Hostel au Religieux Infirmier. II y a une Geole pour y mettre & emprisonner les prisonniers, & le Geolier prend certain tribut de chacun prisonnier non noble, & d’un qui est noble il prend davantage : & si le prisonnier gist en lict, ou sur la paille, aussi pour le charbon qu’il fournit, il prend ses droits.
Le lieu où se rend & administre la Justice est appellé le Chastelet. Voila ce que j’ay trouvé par escrit au livre Verd de l’Abbaye de s. Denys touchant la police & Justice ancienne de la ville de sainct Denys, qui se gardent & observent encore de present, fors & excepté qu’il n’y a plus de Prevost Fermier, mais dessous le Bailly il y a un Lieutenant.
4.1.7 La ville au xixe s.
74Fig. 180
75Sous la Révolution, la ville prend le nom de Franciade. Puis, entre 1790 et 1792, on assiste à la fermeture de l’abbaye, des couvents, des églises paroissiales et de leurs cimetières. Les biens des églises sont mis à la disposition de la nation. Les bâtiments libérés sont investis par l’armée, les services administratifs et les écoles. Ainsi, l’abbaye devient hôpital militaire, puis maison d’éducation de la Légion d’honneur ; le Carmel est transformé en caserne, les couvents des annonciades et des ursulines servent de magasins militaires et la sous‑préfecture s’installe dans le couvent de la Visitation. Seule l’église abbatiale, symbole de l’Ancien Régime, manque de succomber à un projet de prolongement de la rue Compoise.
76Les remparts de la ville, devenus inutiles, sont transformés en promenades : dès 1749, le cours Ragot est ouvert entre la porte de Paris et la porte Neuve, puis en 1812 le cours Benoît est aménagé à l’est de la porte de Pontoise.
77Au centre de la ville, deux nouveaux percements répondent aux difficultés de circulation : en 1825, la rue Royale (l’actuelle rue Albert‑Walter) prolonge la rue de la Fromagerie et, en 1842, la rue de Strasbourg poursuit la rue Compoise en direction de la porte Saint‑Rémy, en traversant l’ancien cimetière de l’abbaye. C’est également à la porte Saint‑Rémy que s’implante, à partir de 1806, le nouveau cimetière communal.
78Ce siècle est marqué par une grande vague de lotissements liée à l’accroissement de la population (9 618 habitants en 1831 et 22 052 habitants en 1861). Dans une conjoncture économique de plus en plus favorable, on assiste à la création du quartier des blanchisseries, derrière le moulin Choisel. En 1845, le couvent des annonciades est démoli et son îlot fait l’objet d’une opération immobilière. Àpartir de 1852, les jardins des carmélites commencent également à se lotir. Pourtant, c’est aux abords de la ville que se réalisent les projets d’envergure. Dès 1821, le canal Saint‑Denis unit le port de Saint‑Denis au canal Saint‑Martin. En 1844, Saint‑Denis est reliée à la capitale par le chemin de fer, aussi la ville se développe‑t‑elle principalement en direction de la gare (fig. 185). En 1869, alors que Viollet‑le‑Duc construit la nouvelle église paroissiale, on propose un grand projet d’urbanisation de ce quartier (fig. 184). Non loin, le quartier des Caves Hautes ne sera loti qu’en 1876 (fig. 183).
79Àpartir de 1860, l’industrialisation de la ville s’accompagne d’une nouvelle recrudescence de travaux. Sept grandes usines chimiques et plusieurs usines métallurgiques s’implantent aux environs de Saint‑Denis, attirant une importante main‑d’œuvre. En 1883, l’hôtel de ville est reconstruit sous sa forme actuelle et à l’extérieur de la ville on édifie un nouvel hôpital.
FIG. 179 – Projet de parvis par Viollet‑le‑Duc (?), milieu XIXe s. AMH, no inv. 6025 ; papier, encre noire et rouge, aquarelle ; 52 x 64 cm.

Napoléon Ier souhaita établir sa sépulture en l’église royale, ce qui conféra au monument délaissé pendant la Révolution un symbolisme nouveau. Le plan de Troquet et Richelot (fig. 181) tient compte de cette donnée nouvelle puisqu’il ménage devant la façade une place carrée. Cette idée urbanistique est reprise dans une perspective plutôt monumentale par les architectes de l’église. Parallèlement à l’aménagement du parvis de l’église, on propose une place en face de l’entrée de la maison d’éducation de la Légion d’honneur.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 180 – Vers la ville industrielle, à la fin du XIXe s.

1 hôtel de ville ; 2 Hôtel‑Dieu ; 3 justice de paix ; 4 maison de répression ; 5 écoles.
A.B. del./UASD
FIG. 181 – « Plan de la ville de Saint‑Denis par Troquet et Richelot, en l’an 1810. » AMSD, 1 Fi 1 ; papier, encre, aquarelle ; 273 x 176 cm.

Ce plan que la municipalité commanda aux deux ingénieurs fut approuvé par le directeur des Ponts et Chaussées, Becquiny de Beaupré. Il s’agit d’un plan essentiellement viaire, où les dessinateurs ont indiqué le bâti par masse. De plus, ils ont pris soin de représenter en détail les jardins d’agrément, ceux des anciens couvents et de quelques propriétés privées ; quant à la reproduction des cultures aux abords de la ville, elle est plus schématique.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 182 – Saint‑Denis en 1854. Détail du plan des communes de la Seine, commune de Saint‑Denis au 1/8000 dressé en 1854 par O.‑T. Lefèvre. AMSD.

FIG. 183 – Plan du quartier des Caves par M. Lefèvre, géomètre, en 1876. ADSSD C N/B 39/13.

À l’extérieur de la ville, l’implantation des bâtiments industriels respecte la trame parcellaire rurale. Entre les Caves et les Caves Hautes, subsiste le tracé du chemin des Fruitiers, l’ancienne voie romaine ou Estrée.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 184 – « Plan général des abords de la Nouvelle Paroisse. » AMH, no inv. 1368 ; papier, encre, aquarelle ; 83 x 57 cm.

Sous la Révolution, l’unique cure s’installe tout d’abord dans l’église abbatiale puis dans la chapelle de l’Hôtel‑Dieu. En 1810, elle est transférée dans la chapelle désaffectée des carmélites. Entre 1864 et 1866, la municipalité demande à Viollet‑le‑Duc de dessiner les plans de l’église Neuve. L’édifice est implanté à une centaine de mètres de l’ancienne église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, à l’emplacement d’un ancien bastion du rempart. Simultanément, on projette de lotir ses abords.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 185 – Saint‑Denis à vol d’oiseau, par Devicque, 1863. Lithographie de Lemercier ; 71 x 46 cm.

Cette représentation rend bien compte des premiers lotissements. On distingue, au premier plan, les bâtiments de l’abbaye occupés depuis 1810 par la maison d’éducation de la Légion d’honneur et, sur la gauche, le quartier Lanne ouvert en 1852 dans le jardin des carmélites. À l’arrière‑plan, le canal planté de peupliers croise la voie de chemin de fer ; ces deux axes de communication majeurs vont fortement influencer le développement de la ville. Sur la droite, les ouvrages de fortification de la double couronne du Nord, édifiés en 1839, ceinturent les premières usines établies le long du Croult et de la route Paris‑Calais, la RN 1.
cl. MAHSD
4.2 La topographie religieuse
4.2.1 Le prieuré, les églises et les chapelles
80Dans un précédent chapitre (cf. supra § 2.1.3), nous avons vu comment, aux abords de l’abbatiale, un groupement spectaculaire d’églises paroissiales a pu se constituer à partir d’églises funéraires d’époque mérovingienne. Nous avons ici affaire à l’une des expressions les plus manifestes de l’autorité de l’abbaye sur la vie spirituelle du bourg médiéval.
81En ce qui concerne les sanctuaires établis à l’écart du monastère (fig. 187), on peut émettre l’hypothèse que certains d’entre eux sont d’origine mérovingienne. À partir de l’époque carolingienne, seules sont mentionnées dans les sources écrites les églises Saint‑Remi, Saint‑Marcel et Saint‑Denis‑de‑l’Estrée. L’église Saint‑Quentin est citée pour la première fois au xie s. ; Sainte‑Croix et Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes ne le seront qu’au xiiie s. Ces églises, contrairement à celles de l’ensemble monumental, n’ont fait l’objet que de fouilles ponctuelles, très limitées et parfois anciennes. Vers 1911, une nécropole mérovingienne est découverte à l’emplacement de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (fig. 186), mais aucun vestige de l’église ne fut, semble‑t‑il, repéré. L’Unité d’archéologie a pu étudier, en 1982, aux abords de Saint‑Marcel (fig. 2, aire CON), un cimetière paroissial (fig. 188) dans lequel les plus anciennes tombes datent de l’époque carolingienne (UASD 1982 : 31‑87). En ce qui concerne l’église, seul un agrandissement du xve s. a pu être mis au jour (fig. 194, 195). Dans le secteur de Saint‑Martin‑de‑l’Estrée, d’autres interventions (fig. 2, aire CHR) ont révélé des sépultures en pleine terre dont la datation est incertaine. Au nord‑est de la ville, un sauvetage archéologique a attesté l’existence du cimetière de Saint‑Léger de Gassenville frf. infra § 5.5.2).
FIG. 186 – Fouille de la nécropole mérovingienne à Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, 1911 (Monin 1928 : 224‑225) ; photographie.

Vers 1911, une nécropole mérovingienne est découverte lors de la construction d’un Immeuble à l’emplacement de l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (86, rue de la République). H. Monin en publie quelques photographies dans son ouvrage sur Saint‑Denis, et le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis conserve, encore aujourd’hui, les panneaux de tête décorés, d’un petit nombre de sarcophages de plâtre. Aucun plan ou compte rendu de cette découverte n’est connu par ailleurs.
cl. E.J./UASD
FIG. 187 – Plan situant les églises, chapelles, couvents et établissements hospitaliers dans la ville et à ses proches abords, à l’Époque moderne.

M.W. del./UASD
FIG. 188 – Cimetière Saint‑Marcel, relevé de sépultures.

Les plus anciennes sépultures mises au jour aux abords de l’église Saint‑Marcel datent de l’époque carolingienne. Très tôt, le champ funéraire dut être délimité par un fossé, visible à droite. Son creusement a recoupé une première série de tombes. La densité des inhumations dans le cimetière médiéval a occasionné de nombreux recoupements, d’oû l’état fragmentaire de certains sujets.
M.W. del./UASD
82Dès le haut Moyen Âge, la topographie religieuse de Saint‑Denis semble donc révéler un système d’églises, ou chapelles, centré sur l’abbatiale (fig. 172, 173). Quatre édifices sont implantés à égale distance du monastère ; il s’agit de Saint‑Denis et Saint‑Martin‑de‑l’Estrée, à l’ouest, Saint‑Quentin, au sud, et Saint‑Remi, à l’eSt. La plupart de ces églises sont intégrées au rituel des processions des moines de l’abbaye, au moins à partir du xiie s., mais il est possible que cette pratique soit plus ancienne.
83Les liens qui existent entre ces sanctuaires et le monastère furent sans doute plus étroits pour les deux églises de l’Estrée. En effet, dès le xie s., un hospice est associé à Saint‑Martin‑de‑l’Estrée et une école monastique à Saint‑Denis‑de‑l’Estrée ; cette dernière est, de plus, considérée comme le lieu de sépulture primitif des trois martyrs (doc. 62, 63). Cette croyance, qui égarera des érudits tels que J. Havet et L. Levillain, est principalement fondée sur le récit de la translation des restes des martyrs dans les Gesta Dagoberti regis frf supra § 1.2 ; Levillain 1925 : 84‑97). Vers 1137, Suger y établit douze religieux sous la conduite d’un prieur (doc. 62). On connaît très mal l’histoire de cette communauté mais nous savons que le prieuré accueille au mois de mai 1389, à l’occasion des fêtes royales de Saint‑Denis, le roi Charles VI et sa suite (Barroux 1936). Plus près de l’abbaye, l’église Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon est la paroisse de la familia, les serviteurs des moines.
84L’organisation du bourg en paroisses a dû s’effectuer entre le viiie et les xiie‑xiiie s. En investissant ces sanctuaires, pour la plupart préexistants, les paroisses en assurent l’entretien et le développement par le biais de leur fabrique. D’un point de vue juridique, en plus du droit de patronage qu’elle exerce sur les églises du centre monumental, l’abbaye conserve celui de Saint‑Remi et de Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon, toutes deux situées dans l’étendue de l’immunité abbatiale. À l’extérieur de celle‑ci, ce droit est soumis à l’autorité de l’évêque de Paris, comme nous le montre l’exemple de Saint‑Marcel : du xie s. à l’an 1294, la terre de Saint‑Marcel a appartenu aux seigneurs de Montmorency qui la tenaient en fief de l’évêque de Paris (Bedos 1980). Vers 1110, ils concèdent les droits de sépulture (sepultura) et le pouvoir d’ordonner le prêtre de l’église à Saint‑Eugène de Deuil, prieuré proche de Saint‑Denis qui dépendait de l’abbaye Saint‑Florent de Saumur (Marchegay 1879). Dans la ville médiévale, Saint‑Marcel était la paroisse qui possédait le plus de fidèles. Aussi l’église Sainte‑Croix doit‑elle probablement son origine au démembrement de la paroisse Saint‑Marcel.
85Durant le bas Moyen Âge, la survie de Saint‑Quentin est assurée par la présence d’une recluse. Quant à l’église Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes, pour laquelle nous ne disposons que de très peu d’informations, il est possible, compte tenu de sa situation et de son vocable, qu’elle ait été fréquentée par les bateliers de la Seine.
86Il faut imaginer toutes ces églises entourées de leurs cimetières habituellement délimités par une clôture.
FIG. 189 – « La ville et mémorable abaie de Sainct Denie » par Claude Chastillon († 1616), ADSSD, 6 Fi Saint‑Denis 1 ; gravure ; 17 x 11 cm.

Cette gravure du début du XVIIe s. inaugure un point de vue de la ville depuis le sud qui sera, par la suite, fréquemment utilisé par les peintres et les dessinateurs. Elle fut publiée en 1641 dans la » Topographie française... » malheureusement sans la légende expliquant les lettres repères. Malgré le schématisme de la représentation, on peut distinguer, en K et H, les églises Saint‑Denis‑de‑l’Estrée et Saint‑Marcel puis, en F, la porte de l’Abbaye. En B, C, D, nous proposons de reconnaître le palais abbatial, l’infirmerie et la tour de Salut.
cl. P.M./ ADSSD
4.2.1.1 Saint‑Remi
87L’église est située hors les murs de la ville. Vers 1721, la construction présente un plan rectangulaire (fig. 310).
88– 898 : chapelle Saint‑Remi, capella Sancti Remigii (doc. 64) ;
– 1131 : à l’occasion de la fête de Pâques, le pape Innocent II se rend en procession à l’église Saint‑Remi, ecclesia Sancti Remigii (Suger, Waquet 1964 : 264‑265) ;
– vers 1234 : dans le Liber ordinarius, l’église est la dernière station de la procession du jour de la Saint‑Marc, le 25 avril ; on y célèbre la messe principale (Foley 1990 : 249, 515‑516) ;
– 1236 (n.st.) : Etienne, curé de Saint‑Remi (AN, LL 1157 : 58) ;
– 1314 (n.st.) : fondation d’une chapelle par Mathieu et Ferrand de Montmorency, avec charge, pour le chapelain, de célébrer la messe journellement et de résider à Saint‑Denis (Lebel 1935b : no 1734) ;
– 1352 : une chapellenie à l’autel Saint‑Nicolas et une chapellenie à l’autel de la Madeleine (Longnon 1904 : 400) ;
– 1411 : deux chapellenies dont une à l’autel Saint‑Nicolas, fondée par la veuve de Guillaume Gauchier, l’autre à l’autel Saint‑Louis (AN, LL 1209) ;
– 1552 : nouvelle dédicace par l’évêque de Laon (Lebeuf, Bournon 1883 : 528) ;
– 1566 : l’église est détruite lors des guerres de Religion (Lebeuf, Bournon 1883 : 528) ;
– 1575 : Belleforest dessine l’église intacte (fig. 177) ;
– 1590 : l’église est démolie puis reconstruite (Félibien 1706 : 415) ;
– 1772 : la paroisse est réunie à celle de Saint‑Michel, l’édifice est en ruine (doc. 61) ;
– 1806 : suppression du cimetière, on y inhumait les mendiants de la maison de répression ;
– 1808 : l’église s’écroule (AMSD, et. 562).
Document 61
Estimation des réparations à effectuer en l’église Saint‑Remi, le 28 juillet 1772.
Hors la ville, les experts mandatés par l’archevêque de Paris (doc. 31) visitent l’église dont la paroisse a récemment été réunie à Saint‑Michel. L’édifice s’élève au milieu de son cimetière (fig. 310). Le bâtiment qui pourrait correspondre à la reconstruction de 1590 est très simple : nef unique, plafonnée. On remarque que le mur pignon du chevet se termine par un clochermur à deux baies. À l’intérieur subsistent les vestiges de trois autels, dont un probablement dédié à saint Roch.
Source – AN, Z1J 961.
(...) Nous nous sommes ensuitte transportés dans l’église parroissialle de Saint‑Remy scitué hors et près ladite ville de Saint‑Denis, à droitte de l’ancien chemin de Saint‑Denis à Pierrefitte.
Nous avons visitté et examiné ladite église et reconnu qu’elle est placée dans son cimetière qui est clos en deux sens par un mur bas dans lequel vers Saint‑Denis est l’entrée dudit cimetière par une grande baye sans ferrures et où est un tourniquet, les deux autres sens dudit cimetière sont sans closture, dans lequel est une croix de fer posée sur une branche de pierre portée sur un pied de pierre entouré d’un marchepied aussy en pierre et dans lequel cimetière est un jeune plant d’ormes.
Ladite église est en haut de l’entrée dudit cimetière et consiste en un bastiment de quatre travées de long et couvert de thuilles.
L’entrée est dans le pignon vis à vis celle du cimetière, lequel pignon s’élève au dessus du comble et est terminé par un fronton et le pignon opposé s’élève aussy au dessus du comble, dans laquelle surélévation sont deux bayes pour les cloches.
L’entrée de ladite église est fermée par une porte batarde avec seuil de pierre et couronnée d’une corniche couverte d’ardoises.
Ensuitte de ladite entrée est la nef et chœur ensuitte, le tout éclairé par quatre bayes de chaque costé garnies seulement de grilles de fer, à droitte de ladite entrée est un confessionnal en menuiserie au devant duquel sont les fonds baptismaux dont la cuvette est de pierre de liais portée par un pied aussy de pierre avec couvercle dans un chassis le tout de menuiserie, la nef est couverte en carreaux de pierre, compté les parties à droitte et à gauche dont l’aire est boulleversé et ou estaient les bancs des parroissiens qui ont été supprimés ou détruits et le plancher supérieur est plaffonné de merain en voûte, et la partie du chœur est carrellée en grands carreaux de pierre blancs et noirs et plaffonné en piastre aussy en voûte. Au fond et dans le milieu de ladite partie du chœur sont les vestiges de l’autel dont il ne reste que le massif en maçonnerie et la tablette de pierre sans pierre sacrée et de chaque costé des vestiges d’un autel particulier et au‑dessus de la place du retable est un courronnement en plastre terminé par une corniche renfermant une niche vuide du costé gauche et du costé droit la niche renferme une statüe de saint Roch. Dans laquelle église sont des débris de démolitions, au derrière dudit chœur dans la partie à droitte est la sacristie dans un petit édifice addossé hors œuvre contre le pignon du fond de ladite église et couvert de thuilles en appenty, ladite sacristie est plaffonnée avec corniche, son plancher interieur qui estait en planches est détruit, elle est éclairée sur ledit cimetière par une baye garnye seulement d’une grille et d’un treillis de fil de fer et sa baye de porte sur le chœur est sans ferrure. (...)
4.2.1.2 Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon
89Le plan de Belleforest figure cette église de manière schématique, au sud du monastère, et précise qu’elle était destinée aux serviteurs de l’abbaye (fig. 177). Avec son cimetière, elle était située au nord de la ferme de Vauboulon que l’on peut localiser avec davantage de précision (fig. 154, 165). Vers la fin du xviie s., les deux plans de l’abbaye médiévale (fig. 141, 142) indiquent au sud‑est des jardins du monastère une construction qui pourrait correspondre à cette église.
90– 1242 : mention de la paroisse Saint‑Jacques à l’occasion d’une fondation pour l’anniversaire de l’abbé Henri Troon (AN, LL 1190 : no 1815) ;
– 1329‑1330 : les comptes de la commandcrie citent le curé de Saint‑Jacques et signalent l’aumône faite à l’église pour les réparations : Pro elemosinis : Ecclesie Sancti Jacobi ville istius, pro reparatione ipsius, X lb (Lebel 1935a : 380, d’après AN, LL 1241 : f°92) ;
– 1352 : curé de Sancti Jacobi de Posterna (Longnon 1904 : 400) ;
– 1395 : prêtre des paroisses réunies de Saint‑Jean et de Saint‑Jacques (AN, LL 1192 : no 4931) ;
– 1411 : l’abbé et les chanoines de Saint‑Paul nomment alternativement le curé de l’église sanctorum Jacobi et Johannis (AN, LL 1209) ;
– 1692 : « (…) à l’égard de la paroisse de Vauboulon située dans l’enclos de ladite abbaye, le titre en sera supprimé, l’église qui est en ruine & interdite, convertie en chapelle pour l’usage des religieux, ou démolie, (...) » (AMSD, GG 233) ;
– 1697 : la paroisse de Saint‑Jean‑Saint‑Jacques‑deVauboulon est réunie à celle de la Madeleine ; l’église est démolie et les matériaux de démolition sont donnés à l’Hôtel‑Dieu (AN, L 865).
4.2.1.3 Saint‑Denis‑de‑l’Estrée
91On ne connaît pas de plan détaillé de l’église de ce prieuré située dans le prolongement de la rue Compoise. Un document schématique de la fin du xviiie s. montre un édifice à transept ou à chapelles latérales (fig. 297). Belleforest (fig. 191), Duwiert (fig. 221) et Dumesnil (fig. 239) nous offrent des vues de cette église qui était dotée, côté sud, d’un clocher à plusieurs niveaux. À en juger par les témoignages écrits, le monument comportait un décor sculpté varié (tympan, chapiteaux, statues) illustrant des épisodes de la « Vie de saint Denis » et des Gesta Dagoberti regis.
92On en sait encore moins sur le prieuré qui était établi au sud de l’église. Les bâtiments communautaires étaient abrités par une enceinte dont les vestiges subsistent jusqu’au xixe s. (fig. 190). Belleforest représente cette même fortification composée d’un mur crénelé, d’une tourelle d’angle et d’une porte fortifiée (fig. 191).
93– début du ixe s. : les « Miracles de saint Denis » citent l’église et son prêtre, Martinianus : ecclesia beati Dionysii quae strata dicitur (…) presbyter loti, nomine Martinianus (Hincmar, Mabillon 1672 : 351) ;
– fin du xie s. : on y trouve une école monastique (doc. 62) ;
– 1131 : lors de la fête de Pâques, le pape Innocent II se rend en procession à l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, ecclesiam Martirum in Strata (Suger, Waquet 1964 : 262‑263) ;
– 1137 : Suger y établit un prieur et douze religieux, il cite le réfectoire (doc. 75) ;
– vers 1234 : selon le Liber ordinarius, c’est dans cette église, ecclesia de strata, qu’a lieu la consécration des rameaux lors de la procession du dimanche des Rameaux. On y célèbre également une messe à l’occasion de la procession du mercredi des Rogations (Foley 1990 : 251, 372, 408) ;
– 1236 : par une bulle de Grégoire IX le prieuré est déchargé des frais d’entretien de plusieurs juifs nouvellement convertis (Lebel 1935b : no 684) ;
– 1401 : une bourrasque « arracha la croix de fer & le coq du clocher, & les emporta tout pesans qu’ils fussent, prés d’un trait d’arc au delà. » (Félibien 1706 : 318‑319) ;
– 1567 : selon le témoignage de Claude Haton, l’église est « destruite et ruynée » par les huguenots et reste en ruine pendant dix ans (Héron de Villefosse : 1910) ;
– 1577 : Haton dit que « le prieur d’icelle [église] a faict fouiller en terre pour faire les fondemans pour la rebastir » (Héron de Villefosse 1910) ; suit le récit de la découverte de trois petits cercueils (doc. 63) ;
– 1625 : « Il n’y a rien de plus ancien que le portail de l’eglise de St. Denis de l’Estrée qui est le lieu où il a été enterré, ou s. Denys est representé avec ses compagnons decollez. » (Doublet 1625 : 95‑96) ;
– 1678 : « Il y a encore des restes de pilliers et murailles fort anciennes ; la pierre en est très dure et de la mesme nature que l’ancienne pierre de l’abbaye qui s’est bien conservée. Au‑dessus de la porte il y a 3 bas‑reliefs ; dans l’un, où est representé Notre Seigneur qui communie saint Denis dans la prison, est escrit autour, audessus du costé droit : Accipite de manu Dni viaticum salutis, et au bas : Dionysii, Rustici et Eluteri. Ces bas‑reliefs paraissent très anciens. » (Lemonnier 1911 : 191) ;
– 1696 : lors de la visite pastorale on trouve la chapelle « bien voûtée et bien bâtie mais fort mal ornée » (AN, L 835) ;
– 1726 : le dernier prieur commendataire, M. Le Bailly de Mesmes, ambassadeur de Malte, unit les revenus et biens du prieuré au chapitre de Saint‑Paul (Lebeuf, Bournon 1883 : 515) ;
– 1728 : les chanoines de Saint‑Paul s’établissent au prieuré ; l’église prend le vocable de Saint‑Paul‑de‑l’Estrée, elle « est solidement bâtie, grande et en état de contenir tous les chanoines, (...) il n’y a des réparations à faire que ce que la chute du clocher tombé depuis environs 6 mois » (ADY, D 593 : liasse 8 ; doc. 23). Le 29 mai, les trois cercueils et douze sacs remplis d’ossements (cf. supra § 2.3) sont apportés de Saint‑Paul pour être réinhumés dans une fosse préparée « au bas de la nef » (AN, L 855 : no 117) ;
94L’église est le siège de la confrérie Saint‑Pantaléon (Lombard-Jourdan 1983b : 54) ;
95– 1740 : « Cette Eglise avoit été rebâtie du temps du Roy Robert à en juger par les vestiges de structure de son temps qui sont aux deux piliers du Sanctuaire. » (Lebeuf, Bournon 1883 : 515) ;
« (...) on y fit sculpter aux chapiteaux de quelques piliers et ailleurs des traits fabuleux de l’Histoire de la fuite de Dagobert en cette Eglise. J’ai vu encore en 1740 quelques restes de cette architecture d’environ l’an 1010 ou 1020. Aujourd’hui la plus grande partie de la même Eglise paroît être du xiiie siècle. Les trois images des trois Saints que l’on voit couchés au milieu de la nef, et qui auparavant étoient dans le chœur aux pieds de l’Autel, paraissent être aussi de ce même siècle. Saint Rustique placé à la droite de Saint Denis est revêtu d’une dalmatique à manches larges fermées et il a les deux mains placées au‑dessous du livre qu’il tient. Saint Eleuthere placé à la gauche du même Saint Denis, a pour habit une tunique à manches étroites et tient aussi un livre d’une main par dessous, et de l’autre par dessus.
Saint Denis est representé en mître et en crosse dont la façon paroît être également du xiiie siècle. » (Lebeuf, Bournon 1883 : 514) ;
– 1793 : le bâtiment est vendu ;
– 1796 : « L’église des chanoines de l’Estrée sert d’ateliers à une manufacture ou de magazin. Des planches furent faits vu que l’église étoit assez haute pour procurer plus de logement. » (Gautier : 257) ;
– 1840 : « (…) l’église a été démolie, à l’exception d’un mur latéral sur lequel on remarque encore la forme des niches qui y étaient adaptées. Ce mur sert de fond aux nouvelles constructions qu’on y a élevées. On a fait bâtir, sur le terrain qui en dépendait, une charmante habitation ; le potager des religieux est transformé en un très‑joli jardin d’agrément. Le terrain contient cinq arpens : le mur de clôture d’une très‑grande épaisseur est le même qui existait en 1795. On aperçoit encore à une des encoignures la partie d’une petite tourelle. On voit encore à gauche à l’entrée de la maison le puits où la patrone de Paris (sainte Genviève) venait puiser de l’eau. Il a toujours été nommé le puits de Sainte‑Geiteviève. » (Flamand‑Grétry 1840 : 51‑52.)
FIG. 190 – Plan de la rue de la Charronnerle montrant les vestiges de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (?), en 1830. AMSD, ct. 324 : papier, encre, aquarelle ; 55 x 26 cm.

On ne connaît les églises Saint‑Denis et Saint‑Martin‑de‑l’Estrée que par les plans généraux de la ville et quelques plans d’alignement de la rue de la Charronnerie. Ce document montre, à l’emplacement de l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, face à la rue Compoise, deux constructions en saillie qui sont à démolir. Ce sont peut‑être les vestiges de cet édifice. Le mur de clôture du prieuré, avec sa tourelle d’angle, subsistait également.
cl. EJ./ UASD
Document 62
L’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée dans le testament de Suger du 17 juin 1137.
Les Miracula Sancti Dionysii et les Gesta Dagobertl regis font état, toutes deux, d’une translation des reliques des trois saints par Dagobert en un autre lieu du même village (cf. supra § 1.2) identifié par Suger à l’église abbatiale. Depuis le xiie s., une tradition naît qui voit en l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée le lieu de sépulture primitif de ces trois corps, Suger se souvient de son adolescence à l’école monastique qui y était installée. Il y établit un prieuré de treize religieux dont le réfectoire est doté du revenu du « village » de Montlignon.
Source – Suger, Lecoy de la Marche 1867 : 339 ; traduction française : F.G.
- 6 Montlignon, Val‑d’Oise (fig. 381).
(...) Mais à l’Estrée, où notre seigneur Denis trois fois saint après le Seigneur reposa pendant trois cents si longues années, tant pour y exalter la louange des saints de Dieu que pour les nombreuses offenses que j’ai commises pendant mon séjour de dix ans en ce lieu, dans la Jeunesse de mon âge et l’insouciance de mes mœurs, nous avons décidé d’y établir à demeure, dans la vie régulière, douze moines avec un treizième, le prieur, pour le service de Dieu et des saints martyrs. En outre nous avons affecté à leur réfectoire la villa de Montlignon6 que nous avions retirée des mains du juif Ours, comme nous l’avons dit plus haut, et nous avons obtenu, par une pieuse demande et une prière continuelle à Dieu, notre anniversaire ainsi qu’une messe pour les défunts à célébrer le quatrième jour de chaque semaine. (...)
FIG. 191 – Détail du plan de Belleforest (fig. 177).

Cette gravure de 1575 représente l’église Saint‑Martin‑de‑l’Estrée P et le prieuré de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée O, dont on distingue parfaitement l’enclos crénelé défendu par une porte d’entrée monumentale, flanquée de tourelle
Document 63
Découverte à Saint‑Denis‑de‑l’Estrée de trois coffrets contenant les reliques des trois saints, le 22 mai 1577.
En fouillant le sous‑sol de l’église, on met au jour trois récipients en pierre contenant chacun une boîte en plomb dont l’inscription identifie le contenu aux cendres et aux habits des trois saints. Cette découverte fut mise en rapport avec la tradition de la translation des trois corps de l’Estrée à l’abbatiale (doc. 62).
Source – Godefroy 1577.
Et Mercredy 22. jour de ce present moys de May, 1577 le Prieur de ladicte Eglise & religieux de l’Abbaye de monsieur sainct Denys, faisant reparer les ruynes faictes par les Huguenots en l’an 1567 entre la sainct Remy & la sainct Martin d’hyver, & foüillant pour faire fondemens à la réparation desdictes sepultures, furent trouvées trois pierres blanches de moilon environ d’un pied de long, & de demy pied de largeur, en forme de bieres : (Car Dieu tousjours favorise & recompense les bonnes actions faictes d’une bonne volonté) & comme celles d’argent qui contiennent les trois corps Saincts, comme vous avez veu porter en vostre ville de Paris en ceste tant solemnelle procession qui fut faicte le Jour de sainct Michel, de l’an 1568 (…) esdictes trois pierres estait par le dehors un grand signe de la Croix, & au milieu de chacune d’icelles un petit coffret de plomb quarré & séellé en piastre & escrit aux alentours, & au dessus, l’un comme l’autre & d’une mesme escripture, & à l’un des costez le signe de la Croix, l’escriture telle que il s’ensuit : pour celuy qui est à gauche est escrit au dessus de la couverture, de pulvere & vestimentis sanctorum Dionysii, Rustici & Eleutherii martyrum, au derrière est escrit, Reliquiae multae : & par dedans est escrit à la couverture, Reliquiae de vestimentis & pulveribus sanctorum martyrum Dionysii, Rustici & Eleutherii. Ainsi se trouve en tous les deux autres, & pource en vain je repeterois.
Et ne c’est peu remarquer aucune datte : mais j’estimerois, sans toutesfois le vouloir asseurer, qu’au mesme temps que Dagobert feit transporter les corps Saincts, Ion laissa les trois coffres ausdictes sépultures, à ceste fin de tousjours maintenir la sancteté du lieu, & entretenir la dévotion du peuple : que mesme il n’y a pas longtemps (comme j’ay ouy asseurer à plusieurs habitans de sainct Denys) que Ion trouvoit alentour desdictes sepultures, & souvent Ion impetroit guarison de plusieurs maladies, sans toutesfois que Ion sceust telles Reliques estre là.
4.2.1.4 Saint‑Martin‑de‑L’Estrée
96Cette église s’élève au nord de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée ; les deux édifices sont presque attenants.
97Elle comprend une nef unique doublée sur un côté d’un collatéral. L’abside était très probablement de plan semi‑hexagonal, à trois pans (fig. 192). Les vues montrent le toit de l’église surmonté d’une flèche (fig. 170, 191, 221).
98– 994‑996 : l’église est mentionnée pour la première fois dans la Vita Sancti Odilonis. Mandaté pour la réforme du monastère, Odilon de Cluny arrive à Saint‑Denis où, éprouvé par le voyage, il se repose dans un petit monastère appellé Saint‑Martin‑de – l’Estrée, lieu destiné alors aux religieux malades et fatigués. Est prope sanctum Dionysium monasteriolum in honore sancti Martini consecratum, et vulgariter ac Publicam Stratam dictum : in quo videlicet loco fratres, qui in praedicto sancti Dionysii monasterio causa infirmitatis vel fatigationis manere non possunt, aliquando secedunt (Jotsald, Migne 1853 : col. 922). Il est possible que ce monasteriolum se soit séparé de l’église paroissiale de Saint‑Martin‑de‑l’Estrée pour être rattaché à l’église, toute proche, de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée ;
– 1183 : le pape Lucius III donne l’église Saint‑Martin‑de‑l’Estrée, ecclesiam sancti Martini in strata, à l’abbaye (Félibien 1706 : cxii) ;
– vers 1234 : dans le Liber ordinarius, l’oratoire de Saint‑Martin, oratorium sancti Martini, est mentionné le jour de la procession du dimanche des Rameaux lorsqu’on y fait probablement station et le jour de la procession du mercredi des Rogations (Foley 1990 : 251, 372, 408) ;
– 1352 : le curé de Saint‑Martin‑de‑l’Estrée dépend de l’évêque de Paris (Longnon 1904 : 388) ;
– 1545 : le 9 octobre, l’évêque de Mégare bénit un terrain qui augmente le cimetière (Lebeuf, Bournon 1883 : 516) ;
– 1738 : « L’édifice de cette Eglise actuellement existant, est un gothique de deux à trois cens ans » (Lebeuf, Bournon 1883 : 516) ;
– 1796 : l’église est démolie ; elle « (…) étoit très delicate, mais petite. Elle formoit deux collatéraux dont l’un contenoit le chœur et la nef, et l’autre qui étoit à droite, étoit le seul bas‑côté. Elle avoit été blanchie et réparée, de même que toutes les autres paroisses, ainsi que celle des chanoines de l’Estrée. On avoit commencé la démolition au mois d’octobre 1795 pour celle de St. Martin et finie dans le courant de 1796 » (Gautier : 256).
FIG. 192 – Plan de la rue de la Charronnerie montrant le chevet de l’église Saint‑Martin‑de‑l’Estrée en 1795. AMSD, ct. 665 ; papier, encre ; 29 x 23 cm.

On reconnaît le chevet à trois pans de l’église. À gauche, les contreforts pourraient appartenir à l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée.
cl. EJ./UASD
4.2.1.5 Saint‑Marcel
99Lebeuf utilisant comme argument le patron titulaire de l’édifice, saint Marcel de Châlons‑sur‑Marne, a mis ses origines en rapport avec la présence dans la région parisienne d’un palais appartenant à Gontran, roi de Bourgogne (561‑593) (Lebeuf, Bournon 1883 : 517). L’église relève de l’autorité épiscopale de Paris. Elle conservait les reliques de saint Bets et de saint Vital (Lebeuf, Bournon 1883 : 520‑522). La confrérie des perruquiers, Saint‑Louis, celle des épiciers, Saint‑Nicolas, et celle de Saint‑Roch y avaient établi leurs sièges au xviiie s. (Lombard‑Jourdan 1983b : 54).
100En la grande rue Saint‑Marcel, on identifie sur le plan de la ville en 1810 les contreforts de son mur de façade et de son mur gouttereau sud (fig. 181). En 1982, le mur gouttereau nord et l’angle nord‑est de l’édifice ont été mis au jour par des fouilles (fig. 194). Le clocher est bien reconnaissable sur les vues de la ville (fig. 170).
101Guilhermy attribue à cette église la pierre tombale de maître Guérin et de sa femme conservée au Musée national du Moyen Âge (Guilhermy 1875 : 198‑199 ; Kimpel, Suckale 1990 : 229).
102– début du ixe s. : le comte Bertrandus est inhumé, avec l’accord des moines, dans l’église Saint‑Marcel hors le monastère, [in] ecclesia sancti Marcelli extra monasterium (doc. 9, I/10) ;
– 1090‑1094 : Hervé de Montmorency donne à l’abbaye de Saint‑Florent de Saumur l’église de Saint‑Marcel, à Saint‑Denis, avec les droits de sépulture : (…) déditpraedictis fratribus Ecclesiam B. Marcelli, que in vico s. Dionysii sita est, cum adiacenti sepultura (Du Chesne 1624) ;
– 1110 : à la requête de Bouchard de Montmorency, Galon, évêque de Paris, confirme aux religieux de Deuil le droit de nommer le prêtre de Saint‑Marcel (Marchegay 1879 : 139‑140 ; Bedos 1980 : 76) ;
– 1247 : Robert, curé de Saint‑Marcel (AN, LL 1157 : 101) ;
– xive s. (?) : dans un pouillé parisien copié vers 1525 on mentionne deux chapellenies dans l’église paroissiale de Saint‑Marcel, l’une à l’autel de la Vierge, l’autre à l’autel Saint‑Pierre (Longnon 1904 : 434) ;
– 1451 : « On y voit dans le côté gauche, une inscription en lettres gothiques, qui nous apprend que la Dédicace en fut faite en 1451, le mardi de la Pentecôte, par Guillaume Chartier, Evêque de Paris. » (Lebeuf, Bournon 1883 : 519‑520) ;
– 1740 : « L’Eglise de Saint Marcel est la plus belle des Eglises Paroissiales renfermées aujourd’hui dans l’enceinte de la ville de Saint Denis ; c’est un édifice construit, à ce qu’il paroît, au xiiie siècle, assez vaste, mais sans beaucoup d’ornemens de sculpture. On s’est dispensé, par exemple, de l’embellir de galleries par le dedans, quoique ce fût assez l’usage dans ces tems‑là. » (Lebeuf, Bournon 1883 : 519) ;
– 1771‑1772 : « L’église avoit été blanchie à l’époque de celle de l’Abbaye. » (Gautier : 164) ;
– 1785 : « (…) Dans le courant de décembre 1785, le maître autel de la paroisse St. Marcel de St. Denis fut refait à neuf, ainsi que plusieurs accessoires et peintures des boiseries du sanctuaire et des stales. Ces réparations et embellissements furent faits des libéralités de M. Salmon curé de la dite église. Le jour de la fête de la Conception de la sainte Vierge, huit décembre sus dite année, l’office se fit à la chapelle de la sainte Vierge, vu que les travaux du chœur ne furent pas finis. Cette chapelle étoit à côté du maître autel et à sa gauche en entrant par le grand portail.
103On ne tournoit pas derrière le choeur. Les premiers offices qui eurent lieu au choeur après les travaux finis, furent ceux des fêtes de Noël susdite année.
104Plus anciennement il fut fait une fort belle menuiserie pour la sacristie, de même qu’une porte d’entrée de la susdite sacristie et ses accessoires. » (Gautier : 163‑164) ;
105– 1793 (?) : « Le vingt mars (...) les deux petites cloches de la paroisse St. Marcel de St. Denis furent transférées et vendues ou données à la paroisse de la Chapelle près St. Denis : lesquelles ont été placées pendant quelques temps dans le clocher de ladite église ; les susdites cloches faisoient les deux grosses à la suite des anciennes. Les deux grosses de St. Marcel furent portées à Paris pour être converties en sous. Elles avoient été fondues à Paris chez Desprez fondeur du roi, fauxbourg St. Martin, près la porte, en 1756 ou années environnantes. Il ne resta que la grosse à la paroisse de la Chapelle, sur laquelle l’heure frappe. Les cloches de St. Marcel étoient fort belles et d’un demi ton plus haut que les quatre Mazarines de l’abbaye. » (Gautier : 225.) « Au commencement du mois de juillet 1793, se fit la démolition du clocher de St. Marcel de St. Denis lequel étoit dans la forme de la tour des bourdons de l’abbaye, mais beaucoup plus bas (...) » (Gautier : 227) ;
– 1796 : l’église est partiellement démolie (Gautier : 256). Les derniers vestiges disparaissent au cours de la première moitié du xixe s.
FIG. 193 – « Vase de terre renfermant un calice de verre (…) trouvé en 1847 (…) dans un tombeau emplacement de l’ancienne église Saint‑Marcel » dans les papiers archéologiques de Guilhermy. BNF, Nouv. acq. fr. 6121 : f°231 ; papier, crayon, encre ; 12 x 13 cm.

Ce croquis, signé Cabillé [sic], est très probablement de la main d’Eugène Cabillet, sous‑inspecteur à l’église royale. La poterie évoque la forme d’une oule, vase de cuisson et de conservation. Le dessin du « calice » est suffisamment précis pour y reconnaître le type du verre côtelé, à panse resserrée et pied tronconique, découvert à Saint‑Denis, dans les dépotoirs domestiques de la fin du XIIIe s.‑début du XIVe s. (Meyer 1989 : 373‑375).
© cl. BNF, Paris
FIG. 194 – Plan schématique de la fouille de l’église Saint‑Marcel et de son cimetière

Le mur à contreforts correspond à une reprise du collatéral nord de l’église, au début du XVe s. Une crypte‑ossuaire est installée quelque temps après, puis abandonnée vers le milieu du même siècle.
M.W. del./UASD
FIG. 195 – Restitution du côté ouest de la crypte‑ossuaire, première moitié du XVe s.

La crypte est couverte d’une voûte d’ogive. Des ossements, triés selon leur gabarit, sont rangés dans des niches murales en plâtre. L’exhaussement du sol est un aménagement secondaire qui précède l’établissement d’une sépulture centrale, en caveau de plâtre (fig. 194).
M.W. del./UASD
FIG. 196 – Entrée de l’ancienne église Saint‑Marcel. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; aquarelle ; 25 x 20 cm.

Cette aquarelle du début du XIXe s. montre qu’une partie de l’édifice avait échappé à la démolition de 1796 ; il subsiste même les vantaux de la porte d’entrée principale.
© cl. BNF, Paris
FIG. 197 – Élément de la porte en bois de l’église Saint‑Marcel, dessiné par François Debret vers 1825 pour N.‑X. Willemin (Willemin 1825‑1839 : t. 2, pl. 231) ; gravure ; 10 x 11 cm.

Les vantaux de cette porte du XVe s. ne sont pas sans rappeler les boiseries de Gaillon que l’architecte Debret a utilisées dans l’église royale (fig. 108).
© cl. BNF, Paris
4.2.1.6 Sainte‑Croix
106L’un des projets de la nouvelle rue d’Enghien représente l’église vers 1724 sous la forme d’un édifice de plan rectangulaire avec une abside en fer à cheval (fig. 244).
107– 1205 : l’évêque de Paris est bénéficiaire de Sainte‑Croix (Longnon 1904 : 354) ;
– 1262 : Guillaume, curé de Sainte‑Croix (AN, LL 1157 : 32) ;
– 1274 : le presbytère de Sainte‑Croix, rue de Paris (AN, S 2354 : no 24) (fig. 250, art. 57) ;
– 1303 : Jannequin Pocheron fonde une chapellenie (Lebeuf, Bournon 1883 : 523) ;
– XIVe s. (?) : dans un pouillé parisien copié vers 1525, est mentionnée en l’église paroissiale de Sainte‑Croix une chapellenie au vocable de la Vierge (Longnon 1904 : 434) ;
– 1537 : nouvelle dédicace (Lebeuf, Bournon 1883 : 523) ;
– xviiie s. : la confrérie du Saint‑Sacrement y avait son siège (AN, H53826) ;
– 1796 : « L’église Ste. Croix, paroisse située rue de Paris, entre l’Arbalêtre et le Pavillon, n’a pas été détruite si ce n’est le clocher ; elle fut achepté par le citoyen Déblesson, père, marchand de laine, lequel tient aussi le café des Quatre Saisons au coin de la rue des Ursulines qui reçut le nom de la République, près le Pavillon Français, ci devant Pavillon Royal. Elle n’avoit rien de remarquable, elle étoit petite et propre : elle sert de magazin. » (Gautier : 256) ;
– 1803 : « Je reviens à M. Déblesson propriétaire de l’église Ste. Croix. Dans le cours du mois de mars 1803 [il] fit construire dans le cimetière de la dite église un laboratoire adossé à son caffé pour être plus apporté de satisfaire le public, étant adjacent à sa boutique, au lieu qu’avant il étoit à l’extrémité de la maison, il falloit traverser une salle de billard et descendre et remonter trois ou quatre marches pour se rendre à sa boutique, qu’il falloit souvent laisser seule pour servir ceux qui se présentoient. Il fit dans le même temps, de la sacristie une salle de billard, en remplacement de celui qu’il avoit au premier dans ladite maison, ce qui lui procura la facilité de louer un logement de plus. Ce local a bien changé de forme : ci devant il servoit à se préparer à dire des paroles de toute sainteté. Présentement c’est bien différent… je crois que cette sacristie sera d’un plus grand rapport à M. Déblesson quelle n’étoit au curé du temps que l’office se faisoit dans ladite église.
Cette cure étoit l’une des plus minces de la ville, elle pouvoit monter à six, sept ou huit cens francs. Dans le cimetière de ladite église M. Déblesson fit bâtir une petite salle communiquant à sa boutique près son comptoir et près la croisée. Il me fut dit par Mme. Déblesson que dessous cette salle étoit enterré le papa Vaudémont que nous avons tous connu, lequel étoit musicien pensionné du roi Stanislas, roi de Pologne, beau père de Louis quinze. Lequel Vaudémont fut enterré à ladite paroisse le 25 novembre 1787, il demeuroit vis‑à‑vis. » (Gautier : 257) ;
– 1811‑1828 : « (…) l’église, elle fut transformée intérieurement en salle de spectacle, jusqu’en 1828, où elle fut entièrement abattue pour élargir à cet endroit la grande rue de Paris. Après avoir pris des alignemens à cet effet, on construisit sur cet emplacement le théâtre que l’on voit aujourd’hui, sur le modèle de celui des Variétés, à Paris, et par les soins de M. Féry, architecte. » (Flamand‑Grétry 1840 : 63.).
FIG. 198 – Salle de spectacle à l’emplacement de l’ancienne église Sainte‑Croix, en 1828. Archives de Paris, D07516.

Dès sa fermeture en 1792, l’église Sainte‑Croix (située au 39, rue Gabriel‑Péri) est transformée en salle de spectacle. L’édifice fut ensuite frappé d’alignement et démoli, mais en 1828 le théâtre fut reconstruit sur le modèle des Variétés de Paris. Il se maintint jusqu’en 1870‑1871, moment où il fut à son tour démoli.
cl. Archives de Paris
4.2.1.7 Saint‑ Quentin
108En 1575, Belleforest figure une construction en ruine, située hors les murs de la ville, à l’ouest du grand chemin pavé de Saint‑Denis à Paris et légendée : « s. Quentin ruiné, autrefois hermitage ». Lebeuf localise la même chapelle à l’est du « chemin qui conduit à Paris » (Lebeuf, Bournon 1883 : 530). Plus précis est un plan parcellaire du premier quart du xviiie s. qui identifie la « chapelle Saint‑Quentin » dans l’angle entre le grand chemin pavé de Saint‑Denis à Paris et le chemin de Saint‑Ouen à Saint‑Quentin (AN, N III Seine 477).
109– xie‑début du xiie s. : l’église est citée pour la première fois, aecclesia sancti Quintini martiris (Tardif 1866 : no 10) ;
– 1284‑1285 : le prêtre de Saint‑Quentin reçoit une pension, Expensa de censibus etpensionibus perpetuis : Presbitero Sancti Quintini, V s. pro Henrico Lisiardi (Lebel 1935a : 339, d’après AN, LL 1240 : f°30) ;
– 1300 : la recluse de Saint‑Quentin est mentionnée dans le testament d’Hervé de Colombes (AN, LL 1191 : no 3215) ;
– 1329‑1330 : l’abbaye fait l’aumône à la recluse de Saint‑Quentin, Pro elemosinis : Recluse de Sancto Quintino, IIII s. (Lebel 1935a : 381, d’après AN, LL 1241 : f°92v°) ;
– 1466‑1472 : l’évêque de Paris a la collation de la chapelle Saint‑Quentin (Lebeuf, Bournon 1883 : 530) ;
– 1490‑1491 : achat d’un millier et demi de tuiles pour l’hôtel de la recluse (AN, LL 1250 : f°31 1v°) ;
– 1532 : Sauval cite le cimetière et la potence de Saint‑Quentin (Sauval 1724 : 615) ;
– 1573 : l’église est réparée avec les matériaux provenant d’un logis voisin en ruine (Lebeuf, Bournon 1883 : 530) ;
– 1590 : l’église est démolie (Félibien 1706 : 415) ;
– 1649 : on cite la « croix ou chapelle Saint‑Quentin » (doc. 74).
4.2.1.8 Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes
110On ne connaît aucune représentation de cette église située hors les murs de la ville, en la rue de Seine (in vico Secanae). Dans ce secteur se trouve également la rue Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes (fig. 340). Saint‑Nicolas était le patron des bateliers.
– 1242 (n.st.) : Renard, curé de Saint‑Nicolas (Lebel 1935b : no 762) ;
– xive s. (?) : dans un pouillé copié vers 1525, la chapelle Saint‑Nicolas de Asinis ou Asticiis est attribuée une fois à l’abbé, une autre fois à l’évêque de Paris (Longnon 1904 : 434, 436) ;
– 1411 : l’abbé de Saint‑Denis a le droit de présentation à la chapelle de Saint‑Nicolas in vico Secanae (AN, LL 1209) ;
– 1589 : l’église « Saint‑Nicolas‑des‑Asnes » est abattue (BNF, ms. fr. 20851 : f°213v°).
4.2.2 Les hôpitaux
111À Saint‑Denis, la fonction des établissements hospitaliers de la ville se confond avec celle des structures d’accueil du monastère précédemment évoquées (cf. supra chap. 3). Ainsi l’Hôtel‑Dieu, établi à la porte de l’Abbaye, répond, comme la maison de l’Aumône et l’hôtellerie du monastère, au devoir d’hospitalité et d’assistance aux malades et aux pauvres qui incombe à l’abbaye. La tradition des Gesta Dagoberti regis attribue sa fondation à Dagobert Ier. En revanche, ce sont les habitants de la ville qui revendiquent la fondation de la léproserie Saint‑Lazare sise, hors la ville, sur le chemin de la Barre. Son existence est assurée dès le début du xiiie s. Quant à la création de l’hôpital Saint‑Jacques, situé à l’intérieur de la ville, elle est due à l’initiative de particuliers.
112À l’origine, ces établissement sont surtout réservés aux pauvres et aux voyageurs. Seule la léproserie est destinée à regrouper à une certaine distance de la ville les malades contagieux.
113Administrativement, les hôpitaux sont étroitement liés aux organisations ecclésiastiques et principalement à l’abbaye. C’est à cette dernière que sont soumis les frères installés à l’Hôtel‑Dieu, dont les bénéfices figurent dans les comptes de l’abbaye. L’abbé possède également le droit de patronage sur la chapelle de l’hôpital Saint‑Jacques. C’est en revanche l’évêque de Paris qui détient celui de la léproserie à laquelle, quotidiennement, l’abbaye fait l’aumône d’une douzaine de pains ; à la Toussaint, elle lui donne six sétiers de blé et trois d’orge et le jour de la Saint‑Denis, cent pains et un porc (Le Grand 1897 : 111).
114Du bâtiment de l’Hôtel‑Dieu démoli en 1907, seule subsiste une partie du lavoir aménagé dans le sous‑sol que traverse la rivière du Croult (fig. 204c) ; une fouille de sauvetage s’y est déroulée en 1976 (fig. 2, aire DIS).
4.2.2.1 L’Hôtel‑Dieu
115En 1575, le plan de Belleforest montre, rue de la Cordonnerie, un important bâtiment qui est très probablement d’origine médiévale (fig. 177). Il se caractérise par un grand toit surmonté d’un clocheton et d’un pignon à redents. Vers la fin du xviie s., certaines vues de la ville prêtent à ce dernier un profil chantourné, plus moderne (fig. 205, 294). Depuis le xive s„ les sources écrites situent le cimetière de l’Hôtel‑Dieu à proximité de la porte de l’Abbaye. La reconstruction du monastère nécessite sa translation vers le milieu du xviiie s. Un plan nous indique l’emplacement de l’ancien cimetière, au sud de la rue Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon, et celui du nouveau, une dizaine de mètres plus à l’ouest (fig. 154).
116Quant à la reconstruction du début xviiie s. et aux agrandissements successifs, ils sont documentés par plusieurs plans (fig. 199, 254, 255), une élévation, une coupe (fig. 200) et de nombreuses photographies prises avant la destruction du bâtiment en 1907 (fig. 201, 202, 203, 204).
– 898 : un diplôme de Charles III le Simple localise l’hôpital des pauvres, hospitale pauperum, près d’une porte du castellum (doc. 64) ;
– 1219 : un frère Jean qui avait fait sa profession dans l’Hôtel‑Dieu, Domus Dei, est promu diacre (Félibien 1706 : 221) ;
– 1316 : fondation de six lits dans l’Hôtel‑Dieu (Olivier 1994 : IV) ;
– 1319 : cimetière de l’Hôtel‑Dieu attenant à une maison devant la porte de l’Abbaye (AN, S 2252A : no 45) ;
– 1619 : on peut lire dans une déclaration du revenu de l’Hôtel‑Dieu : « premièrement, une maison, grange, estables et grenier de dessus la salle des pauvres » (Duval, Barroux 1923 : col. 346) ;
– 1678 : visite du cardinal de Retz : « Nous avons visité le Saint Sacrement qui repose en un tabernacle sur l’hostel de la dite chappelle, les deux autels, l’huile des infirmes, les ornements, les livres et tout le reste de la dite chapelle que nous avons trouvé en bon estat ; nous avons ensuite visité le cimetière, fesant les prières et cérémonies prescriptes et accoutumez ; de là nous sommes montez dans les salles des malades où, après avoir visité l’autel qui est entre les deux sales, nous sommes entrez dans celle des hommes où nous avons trouvez sept hommes malades dans sept lictz différents, puis dans l’autre sale où nous avons trouvé cinq femmes malades en cinq autres lictz qui, pour à présent, composent tous les lits qui sont destinez pour les malades dudit hostel‑Dieu, et après avoir consoler les dits hommes et femmes malades le mieux qu’il nous a esté possible, visité l’apoticairerie, la cuisine, etc. » (Duval, Barroux 1923 : col. 328) ;
– 1693 : l’hôpital Saint‑Jacques et la maladrerie Saint‑Lazare sont réunis à l’Hôtel‑Dieu ;
– 1698 : visite de l’église, des officines et autres lieux de l’Hôtel‑Dieu par Arnoul de Loo : « Il y avoit beaucoup de réparations à faire aux batimens dudit Hostel Dieu et spécialement sur la face de la rue de la Cordonnerie. » (Duval, Barroux 1923 : col. 309) ;
– 1702‑1720 : « C’est par le soin de sœur Michelle Michelon que la maison a été reconstruite entre 1702 et 1720. » (AMSD, 15 S 80) ;
– 1706 : début des travaux de reconstruction sur les plans de Pierre Bullet (1639‑1716), architecte (Duval, Barroux 1923 : col. 310) ;
– 1707 : Marguerite Pinson fonde une école de charité pour filles (Duval, Barroux 1923 : col. 310) ;
– 1708 : le 9 décembre, bénédiction de l’église « nouvellement retablie » par Arnoul de Loo (AMSD, 15 S 80 : f°3) ;
– 1725 : les administrateurs de l’Hôtel‑Dieu reconnaissent tenir en censive de l’abbaye « Premièrement : La maison dudit hostel‑Dieu de Saint‑Denis, sis en la ville rue de la Cordonnerie, consistant en un corps de logis sur le devant de ladite rue à porte cochère, composé par bas d’une cuisine pour le chapelain, une écolle, petite salle pour les morts, un parloir, un reffectoir et un bucher, deux escalliers dans un des chaques costé de l’entrée ; sept chambres au premier étage et grenier au dessus, court carrée au fond de laquelle et faisant face sur le devant de la court et un grand corps de logis, composé d’une chapelle au milieu, sacristie à costé et décharge de l’autre de ladite chapelle, grenier au dessus. Deux grandes salles pour les malades, l’une de chaque costé de la chapelle, grenier au dessus. Deux autres corps de logis donnant sur la court ; dans celle qui est à main droitte, en entrant par la porte cochère, est une grande cuisine, une dépendance et escallier, une chambre, cabinet et petite lingerie. Dans celle de l’autre costé de la court est une apoticairerie, laboratoire, salle pour les malades et escallier au bout [fig. 254]. Au premier appartement est le dortoir des sœurs qui ont soin des malades, greniers sur les deux corps de logis. Court derrière tous les bastiments, y ayant issue par une porte chartière sur la rue de l’abreuvoir, dans laquelle court est aussi plusieurs autres bastiments tenant le tottal desdits lieux d’une part d’orient, à la rue de l’abreuvoir, d’autre part à la rue de la Cordonnerie, d’un bout du misdy sur la maison du sieur Tintoin et par une hache sur la rue Renault Pelletier (…) » (Duval, Barroux 1923 : col. 338) ;
– 1767 : augmentation des bâtiments (Duval, Barroux 1923 : col. 313) ;
– 1782 : « Depuis dix ans on y fait des constructions très nécessaires, la salle des femmes a été agrandie, on y a joint un dépôt pour les matelats et couvertures, on a fait la construction du bâtiment où se tient actuellement le bureau et où est le logement du chapelain, une grande porte sur la place René, un bâtiment servant de bûcher on a suprimé de vieux bâtiments qui privoient des rayons de soleil la partie étant à l’est de la maison et qui obstruaient la cour, cette cour a été divisée en deux parties et consacrée absolument à la promenade des malades, la basse cour a été formée dans le terrain nouvellement acquis de sieur Tinthoin [la maison à l’enseigne des Trois Coquilles], » (AMSD, 15 S 80 : f°6) ;
– 1783 : « Au commencement du mois de juin 1783 furent commencés les travaux d’un bâtiment pour former une aîle à l’Hôtel‑Dieu de St. Denis, donnant en retour sur la place qui conduit au monastère de l’abbaye (...) » (Gautier : 140) ;
– 1796 : « Il reste encore une église à St. Denis qui n’a pas été dégradée, c’est celle de l’Hôtel Dieu qui est fort jolie, et qui est tenue très proprement. Elle est située entre deux salles de malades, savoir, une pour les hommes et l’autre pour les femmes au nombre de 36 lits en tout. Anciennement le père prieur de l’abbaye étoit le supérieur né de cette maison. La maison est très bien bâtie et bien distribuée.
FIG. 199 – Plan de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis, par Jacques Tenon (Tenon 1788 : 101) ; gravure.

Les deux planches relatives à l’Hôtel‑Dieu que le médecin et chirurgien a Jugé bon de reproduire pour leur valeur exemplaire nous montrent le bâtiment tel qu’il fut reconstruit durant le xviiie s. À cette époque, les malades étaient assistés par des sœurs. Depuis 1707, l’établissement abrite une école chrétienne. On notera également l’importance de l’apothicairerie et de la pharmacie avec ses alambics. Le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis expose aujourd’hui cette apothicairerie. Les planches sont accompagnées d’une légende très complète : « Planche VII : A Principale porte ; B Escalier qui mène au parloir & à la cuisine ; C Parloir ; D Réfectoire des Sœurs ; E Cabinet de la Supérieure ; F Office ; G Cuisine ; H Robinet qui distribue l’eau aux marmites ; I Grand lavoir à la vaisselle, avec deux robinets ; K Petit lavoir à la vaisselle ; L Basse‑cour ; M Escalier de la cour ; N Escalier des caves ; O Escalier du premier ; P Latrines ; Q Porte de la salle des Hommes ; R Salle des Hommes ; S Latrines de la salle des Hommes ; T Autel ; V Entrée de la principale salle de Hommes ; X Petite salle des Hommes les plus malades ; il y a quatre lits, un robinet avec une pierre faisant cuvette ; Z Salle des Morts éloignée, comme il convient, des personnes malades & des personnes saines.
« En rentrant dans la grande salle des Hommes, on trouve : 1 Le cabinet de veille : il est en menuiserie : 2 Le poêle ; 3 La porte par où l’on descend au promenoir des hommes ; 4 La Sacristie ; 5 Porte grillée qui conduit à l’Eglise ; 6 Promenoir des hommes ; 7 Grille en projet qui doit séparer le promenoir des hommes de celui des femmes ; 8 Angar pour garantir les malades du soleil ; 9 Principale cour ; 10 Degrés pour s’élever à l’oratoire ; 11 Corridor par lequel on communique à la cuisine, aux salles, à l’apothicairerie ; 12 Oratoire ; 13 Loge du Portier ; 14 Degrés qui conduisent à l’école des filles & au bureau d’administration ; 15 Ecoles ; 16 Archives ; 17 Bureau d’administration ; 18 Apothicairerie ; 19 Pharmacie ; 20 Cheminée à hotte, sous laquelle l’eau se rend pour l’usage des alambics ; 21 Autre robinet sur une cuvette en pierre ; 22 Vestibule de la Pharmacie, où est un robinet sur une cuvette en pierre ; 23 Degrés donnans dans la cour ; 24 Escalier des souterrains ; 25 Escalier du premier ; 26 Entrée de la salle des Femmes ; 27 Salles des Femmes ; 28 Porte de l’Eglise ; * Cabinet de veille ; 29 Poêle ; 30 Latrines de la salle des Femmes ; 31 Autel ; 32 Petite salle des Femmes, aujourd’hui un magasin ; 33 Porte chartière ; 34 Bucher ; 35 Promenoir des femmes ; 36 Porte qui conduit au cimetière & au Jardin ; 37 Le Tillet [Croult], ruisseau ; 38 Réservoir d’eau ; 39 Buanderie. ».
cl. Centre de l’image
FIG. 200 – Coupe de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis par Jacques Tenon (Tenon 1788 : 103).

« Planche VIII : figure première. Elle représente l’élévation de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis. Les deux aîles en ont été retranchées. 10 Degrés pour monter à l’oratoire ; M Degrés pour monter dans l’aîle droite ; 23 Degrés pour monter dans l’aîle gauche ; Q Porte de la grande salle des Hommes ; O Escalier du premier ; P Suite de cet escalier ; R Escalier des grenier ; A.A Coupe des deux aîles ; S Latrines des hommes ; B Conduite de décharge des latrines des hommes, aboutissante au ruisseau du Tillet [Croult] ; * Cabinet de veille ; D Escalier des souterrains ; E Escalier du premier ; F Suite de cet escalier ; G Escalier des greniers.
« Figure II. Elle représente la coupe des deux grandes salles de malades. 12 Oratoire ; 4 Sacristie ; R Salle des Hommes ; V Porte de la salle des Hommes les plus malades ; 2 Poêle ; 3 Porte du promenoir ; 27 Salle des Femmes ; 32 Porte du magasin aux lits ; 37 Ruisseau du Tillet [Croult] ; 38 Lavoir ; 39, 40, 41 Souterrain. (L’échangeage, la coulerie, le lavoir de la buanderie) ; 42, 43 Greniers servant de séchoirs.
« Au premier étage, sur le devant : La lingerie générale, ou approvisionnement. La lingerie pour le service courant. Le dortoir des sœurs. Leur infirmerie, pièce à deux lits. Le logement de la Supérieure. Quelques pièces de décharge à l’usage de la pharmacie, & le fruitier. ».
cl. Centre de l’image
FIG. 201 – Hôtel‑Dieu, façade sur la rue de la Cordonnerie vue depuis le nord, vers 1902‑1907. Photographie anonyme ; BMSD, réf, P213/214.

cl. EJ./ UASD
FIG. 202 – Hôtel‑Dieu, vue du chevet de la chapelle vers 1907. Photographie anonyme ; BMSD, réf. P 213/214.

La chapelle, dédiée à saint Jacques, est consacrée en 1708. De 1902 à 1907, elle abrite le musée municipal (fig. 203). Autour du chevet sont rassemblées une cuve de sarcophage et une dalle funéraire.

FIG. 203 – Intérieur de la chapelle de l’Hôtel‑Dieu. (Commission du Musée 1906 : pl. XVI) ; photographie
La chapelle, transformée en musée municipal, exposait les produits des fouilles des Trois‑Patrons (cf. supra § 2.1.2).
cl. EJ./ UASD
FIG. 204 – L’Hôtel‑Dieu photographié par J.‑E. Atget, entre 1902 et 1906.
a – Cour principale et entrée de la chapelle. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ;
b – Salle des femmes et extension de 1782. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ;
c – Lavoir sur le Croult, situé sous la salle des femmes. MH, no inv. 88345.

Ces trois clichés appartiennent à une série de vues de Saint‑Denis prises par le photographe parisien avant la disparition de l’Hôtel‑Dieu en 1907.
a, b © cl. BNF, Paris, c © Arch. phot. Paris/ CNMHS)
117C’étoient cy devant les sœurs de charité de la maison de Paris vis‑à‑vis s. Lazare qui donnoient leurs soins aux malades, ce qu’elles faisoient avec piété et édification. Les fêtes de la maison étoi [en] t la Sainte Trinité et Saint Vincent de Paule. Ces jours c’étoient des religieux de l’abbaye qui célébroient l’office auxquels assistoient les administrateurs de la susdite maison.
118Les sœurs de Saint Vincent de Paule sont rentrées dans leurs fonctions. Par contrat passé le cinq mars 1648 fut fait par Antoine de Belloi de Francières religieux de St. Denis une fondation de 450 1. de rente pour distribuer tous les ans le jour de la Purification cinquante écus à chacune des filles au nombre de trois après la cérémonie de leurs mariages, lesquels se faisoient à l’Hôtel Dieu. » (Gautier : 257) ;
119– 1825 : selon F. de Guilhermy, Marc Ménage, architecte à l’église royale, termine les travaux (BNF, Nouv. acq. fr. 6121 : f°232v°) ;
– 1888‑1901 : le bâtiment sert d’hospice municipal ;
– 1902 : il est reconverti en musée municipal ;
– 1907 : démolition du bâtiment.
4.2.2.2 L’hôpital Saint‑Jacques
120En 1708, un croquis cadastral précise l’emplacement de l’hôpital qui avait pignon sur la rue du Sauger (fig. 216). Le plan de Dumesnil en offre une vue très sommaire (fig. 239). Les titres de propriété de la maison attenante, à l’enseigne Saint‑Roch, établissent une identité entre l’hôpital Jean Vallet et l’hôpital Saint‑Jacques (AN, S 2258).
121– 1352 : vidimus d’un contrat de vente et d’une disposition testamentaire d’Emdeline, veuve de Jean Boucher, par l’abbé Gautier de Pontoise d’une maison sise rue du Sauger attenante à la rivière du Groult, pour y établir un hôpital pour les pauvres mendiants passant dans la ville (AN, LL 1191 : no 4120) ;
– 1356 : l’hôpital Jean Vallet, en la rue du Sauger (AN, LL 1191 : no 4233) ;
– milieu xive s. : la léproserie Saint‑Lazare est bénéficiaire de l’hôpital Saint‑Jacques, super domo Sancti Jacobi de Sancto Dyonisio (Le Grand 1897 : 114) ;
– 1625 : il n’y a plus qu’une petite chapelle (doc. 59) ;
– 1693 : l’hôpital est réuni à l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis par lettre patente de Louis XIV (Duval, Barroux 1923 : col. 360‑361) ;
– Vers 1780 : dernière mention de l’église et du jardin de Saint‑Jacques dans le cueilleret (AMSD, GG 52 : art. 237) (fig. 249).
FIG. 205 – « Vue de Saint‑Denis prise du côté de Saint‑Ouen », par François de La Pointe, dernier quart du XVIIe s. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 6 ; papier, encre réhaussée au lavis ; 51 x 39 cm.

François de La Pointe, topographe et graveur en cartes géographiques, travailla à Paris entre 1666 et 1696. Sa vue, prise depuis le sud‑ouest, montre la ville entourée d’une vaste campagne. Derrière les remparts, on distingue surtout les églises et les établissements communautaires, à savoir, de droite à gauche : l’église abbatiale, qui s’élève derrière les bâtiments médiévaux du monastère ; l’Hôtel‑Dieu, reconnaissable à son pignon ouvragé ; le couvent des annonciades, avec sa chapelle surmontée du dôme de l’architecte D’Aviler ; la tour de l’église Saint‑Marcel et celle de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, à gauche.
© cl. BNF, Paris
4.2.2.3 La léproserie Saint‑Lazare
122Les plans parcellaires de la seigneurie de Saint‑Léger indiquent l’emplacement de cet établissement, hors les murs de la ville (fig. 299, 366).
123– 1229‑1230 : les comptes de la commanderie enregistrent les dépenses pour deux serviteurs destinés aux frères de Saint‑Lazare : Duobus servientibus monachorum Sancti Lazari, 45 s. (Depoin 1923 : 248, d’après AN, LL 1240 : f°3) ; ils mentionnent également, à Saint‑Lazare, la réparation des maisons et la construction de cheminées : Apud Sanctum Lazarum : Pro domibus fiatrum nostrorum reparandis et caminis faciendis, 8 l. 5 s. (Depoin 1923 : 252 d’après AN, LL 1240 : f°4v°) ;
– 1231 (n. st.) : vente par les frères lépreux de Saint‑Lazare à l’abbaye d’un cens de deux deniers qu’ils avaient sur la vigne de « Tardis » moyennant 20 s.p. (Lebel 1935b : no 554) ;
– 1233 (n. st.) : l’abbaye fait annuellement l’aumône de 6 s. 6 d. à la léproserie (Le Grand 1897 : 111, d’après AN, LL 1157 : f°76) ;
– 1237 : Bouchard de Montmorency lègue 10 livres (Le Grand 1897 : 111) ;
– 1241 : une somme de 10 s. est attribuée à la maladrerie le jour de l’anniversaire de l’abbé Henri Troon (Le Grand 1897 : 111) ;
– 1288‑1289 et 1290‑1291 : les comptes ne citent plus qu’un associé (socius) à la léproserie (doc. 39) ;
– 1393 : le rapport d’un procès‑verbal nous renseigne sur l’administration de l’établissement : « Les maladeries ont esté fondées par les habitans des villes et ordonné que nul n’y soit s’il n’est nez du lieu. Dit que ladite maladerie a esté fondée par les habitans de Saint‑Denis et ordonné que nul n’y puet estre mis s’il n’est nez de ladite ville ou de Montmorency (...) Dit que audit évesque appartient le don ou collation de ladite maladerie et, toutesvoies, il n’y poroit mettre homme s’il n’en est nez. Et dit que, en ladite maladerie, ne doit avoir aucun ladre, mais gens sains pour aider à faire les labourages de ladite maladerie, et n’y puet le Roy mettre un ladre (...). Au maistre appartient l’administration et gouvernement des revenus de ladite malderie, et a son hostel séparé et lesdis malades le leur, et sont enfermés et ne pourroit avoir un malade ledit gouvernement. » (Le Grand 1897 : 112, d’après le BNF, ms. fr. 23679 : f°10) ;
– 1603 : la maladrerie est administrée par l’Hôtel‑Dieu puis elle y est annexée ;
– 1704 : le procès‑verbal de la délimitation du terroir de la ville cite « les anciens vestiges des murailles de la Maladerie de Ladre » (AMSD, DD 4).
4.2.3 Les couvents du xviie s.
124L’une des particularités du Saint‑Denis médiéval est d’être dépourvu d’implantations d’ordres mendiants. Certes, les frères mineurs se sont installés dans la ville un certain laps de temps aux frais de l’abbaye (cf. supra § 2.2.2 et doc. 39). Vers 1231, leur provincial fait même un pèlerinage à Saint‑Denis (doc. 30). Peu de temps après, les moines introduisent dans leur calendrier la fête de saint François d’Assise, le 4 octobre (Walter‑Robertson 1991 : 75), mais par la suite on perd la trace de cette communauté.
125Ce n’est qu’au xviie s. que le déclin de l’abbaye et la désertification de la ville rendent possible l’installation, à un rythme accéléré, de cinq couvents réformés. Il s’agit d’établissements qui sont pour la plupart issus de communautés parisiennes et qui abritent, à une exception près, des congrégations religieuses féminines.
126Ces couvents jouent surtout un rôle actif dans l’enseignement, mais accueillent également des malades. De nos jour, seuls subsistent le bâtiment du Carmel, qui abrite le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis, celui du couvent des récollets, affecté à un établissement scolaire et celui du couvent des ursulines, occupé par des habitations privées.
4.2.3.1 Le couvent des récollets
127Place de la Résistance, ancienne place du Marché‑aux‑Guesdes, est conservéeune partie de cet édifice qui est actuellement occupée par l’école Notre‑Dame de la Compassion.
128– 1604 : les religieux demandent à l’abbé de Saint‑Denis le droit de s’établir dans la ville, près de la place du Marché‑aux‑Guesdes (Félibien 1706 : 429) ;
– 1607 : début des travaux de construction de l’église et du cloître ;
– 1610 : l’église est dédiée sous le titre de l’Assomption‑de‑Notre‑Dame (Félibien 1706 : 429) ;
– 1620 : une table de marbre est posée dans l’église contre la chaire à prêcher et la clôture du chœur ; elle porte, gravées en lettres d’or, les charges et obligations des religieux récollets envers l’abbaye : assister aux processions et aux obsèques des religieux de l’abbaye, prier pour les religieux décédés (AN, L 865) ;
– milieu du xviie s. : la construction est dotée d’une bibliothèque (Le Febvre 1677) ;
– 1796 : « L’église des récolets dont l’établissement date de 1603 et 1610 à St. Denis, fut démolie, elle étoit fort jolie et fort propre. Une partie de la maison, laquelle étoit l’une des plus belles de leur ordre, fut abbatue. Une partie du restant de la dite maison fut vendu au citoyen Fournier marchand brasseur qui l’occupe, l’autre portion et les terres qui en dépendent furent vendues au citoyen Noël homme de loi et cy devant juge de paix au dit lieu, lequel l’occupa. Le clos dessus dit des récolets étoit grand et vaste, et renfermoit un très joli bois qui fut abbatu. » (Gautier : 257.)
FIG. 206 – Les bâtiments de l’ancien couvent des récollets au début du XXe s. Gravure ; 14 x 7 cm.

Le bâtiment d’origine existe toujours, quoique remanié en raison de l’installation d’une école. Côté Jardin, une nouvelle chapelle fut ajoutée au cours de la seconde moitié du XIXe s.
4.2.3.2 Le Carmel
129Les bâtiments sont actuellement occupés par le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis, au 22 bis, rue Gabriel‑Péri.
130Le Service historique de l’armée de terre conserve plusieurs plans du Génie militaire représentant la « petite caserne de Saint‑Denis » au xixe s.
131– 1625 : « Sept religieuses du couvent des Carmélites d’Amiens forment ce nouveau couvent qui est le trente‑septième de leur ordre. » (Félibien 1706 : 466) ;
– 1628‑1651 : construction de la première chapelle (Rollin 1994) ;
– 1780‑1784 : construction de la seconde chapelle sur les plans de Richard Mique (Pajot 1956). En 1793 elle sera dépouillée de ses ornements liturgiques, mais Gautier au début du xixe s. se souvient : « L’église des Carmélites étoit un petit bijou ; elle étoit carrelée en marbres de différentes couleurs, les autels faits en tombeaux au nombre de trois étoient d’un marbre très précieux nommé port or, vu qu’il y avoit de l’or dans les veines du marbre ; lesquels autels étoient revêtus de différents ornemens de bronze doré. Les bénitiers étoient d’une richesse et d’une élégance peu communes : ils étoient aussi de marbre enrichis de magnifiques ornemens légers, le tout en bronze ou cuivre doré. La sacristie étoit très abondamment fournie d’ornemens très riches et très précieux. La menuiserie étoit magnifique, quoique simple, il y avoient des tiroirs tournant comme dans les cathédrales et autres grandes églises. L’église étoit bâtie dans le goût, mais très en petit, du Panthéon français, qui devoit être la nouvelle église Ste. Geneviève ; les piliers sont tous canelés et superbement sculptés. On voit par ce qui reste et existe encore, que s’étoit une petite église dont tout étoit recherché. Le maître autel étoit isolé, et étoit placé sous la coupole du dôme. Cette coupole est sculptée tout en rosasses. La grille du choeur des dames étoit à droite, elles voyoient par ce moyen le prêtre à l’autel, mais de côté. Deux tableaux peints par d’habiles peintres d’Italie, disoit‑on, furent placés, l’un de sainte Thérèse en face la grille du choeur, et l’autre, au fond à une autre chapelle qui étoit derrière le maître autel. Voila à peu près les détails de cette superbe chapelle qui sert aujourd’hui de seule paroisse. » (Gautier : 173) ;
– 1792 : dispersion des carmélites, les bâtiments conventuels sont transformés en caserne communale, ou « petite caserne », pour les troupes de passage (Bournon 1890). L’aile sud du cloître est supprimée ;
– 1794 : le temple de la Raison est transféré de l’ancienne abbatiale à la chapelle du Carmel ;
– 1802 : la chapelle devient église paroissiale ;
– 1867 : les carmélites font l’acquisition de la « petite caserne » ;
– 1872 : la ville acquiert la chapelle ;
– 1895 : les sœurs de la Sainte‑Famille‑du‑Sacré‑Cœur succèdent aux carmélites ;
– 1896 : la justice de paix s’installe dans la chapelle.
FIG. 207 Le cloître du Carmel. IWAHSD ; gravure.

L’architecture du bâtiment est très sobre. La façade de la première chapelle qui surmonte la galerie nord du cloître (à droite) est la seule à résulter d’une volonté décorative plus marquée : la fenêtre axiale, de forme ogivale, est flanquée de deux niches en cul‑de‑four. Une horloge y est installée dans un second temps. Au‑dessus du pignon s’élève le clocheton.
FIG. 208 – « Plan d’une partie du rez‑de‑chaussé de la petite caserne de Saint‑Denis », par le Génie militaire de Paris en 1829. AMSD ; papier, crayon, encre, aquarelle ; 45 x 30 cm.

Le plan montre l’aile nord de l’ancien cloître et une coupe de la chapelle, dont les croisées sont marquées des lettres A. Dans le même corps de bâtiment se trouvaient au rez‑de‑chaussée la salle capitulaire et à l’étage la chapelle qui deviendra, au moment de l’adjonction de la nouvelle chapelle, le chœur des dames.
cl. E.J./UASD
FIG. 209 – La nouvelle chapelle du Carmel construite entre 1780 et 1784 et photographiée par Mieusement avant 1896. MH no inv. 215 479.

Cette nouvelle chapelle fut construite sur l’instigation de Louise de France, fille de Louis XV, pensionnaire puis mère supérieure du couvent des carmélites. Les plans sont de Richard Mique, architecte du roi. Pour être mis à niveau avec l’ancienne chapelle (fig. 208), son sol dut être surélevé, ce qui explique l’importance prise par le perron.
© Arch. phot. Paris/CNMHS
FIG. 210 – Les carmélites de Saint‑Denis, par Guillot vers 1770
a – Les carmélites à l’infirmerie ; huile sur toile ; 225 x 96 cm ;
b – Les carmélites au jardin ; huile sur toile ; 240 x 81 cm.

Le peintre Guillot illustre la vie des carmélites par une série de tableaux.
Le couvent de Saint‑Denis comprenait plusieurs infirmeries. Au mur, on distingue les sentences mystiques, présentes dans toutes les pièces (Rollin 1994).
cl. MAHSD
4.2.3.3 Le couvent des ursulines
132Le bâtiment subsiste partiellement au 16, rue des Ursulines, ancienne rue Puipensot ; on y entre par un portail de la seconde moitié du xviie s. au tympan orné d’une Vierge à l’Enfant.
133– 1628 : « Ce douzième monastère des Ursulines est issu du premier établissement fondé à Paris. » (Félibien 1706 : 466.) Les religieuses occupent une maison de louage non loin du Carmel. De 1628 à 1641, leur école accueille 320 élèves, pensionnaires et externes (Murat 1965) ;
– 1638 : acquisition d’une maison et d’un jardin de 14 arpents, rue Puipensot (Murat 1965) ;
– 1641 : fondation de la chapelle comme l’atteste la pierre de fondation découverte en 1842 (Guilhermy 1875 : 212‑213). Il est possible que François Mansart (1598‑1666), apparenté à une religieuse du couvent (Murat 1965) ait été l’architecte des nouveaux bâtiments. Les frais de construction, pris en charge par les religieuses, s’élèvent à 400 000 livres. De 1666 à 1738, le nombre des religieuses oscille entre 87 et 63, celui des élèves entre 60 et 20 (Murat 1965) ;
– 1652 : sous la Fronde, Louis XIV et Anne D’Autriche séjournent dans les appartements du couvent (doc. 74) ;
– 1784 : « Le lundi vingt décembre 1784, je suis entré dans l’intérieur de la maison des dames religieuses ursulines de St. Denis à l’occasion d’un forte piano qu’on me pria d’accorder. La maison étoit très belle et fort vaste. L’église étoit très propre, et boisée partout, et garnie de peintures au plafond et de tableaux. » (Gautier : 161) ;
– 1792 : fermeture du couvent ;
– 1799 : le couvent est transformé en magasin de subsistance et d’approvisionnement de Paris ;
– 1842 : démolition partielle du bâtiment et notamment de la chapelle.
FIG. 211 – Projet de construction du couvent des ursullnes, première moitié du XVIIIe s. AN, Q11043 ; papier sur toile, encre, lavis ; 72 x 52 cm.

Deux projets architecturaux sont conservés respectivement aux Archives nationales et au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France (Va 93, t. 5, reproduit dans Murat 1965). Ici, l’architecte organise les corps de bâtiments autour de deux cours et d’un cloître, et propose la distribution interne du rez‑de‑chaussée b et du premier étage a.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 212 – Plan de la rue Puipensot, annexée par le jardin des ursulines, vers 1782. AN, S 4809 ; papier, encre, aquarelle ; 142 x 31 cm.


Les religieuses avaient tout d’abord fait percer un tunnel sous la rue pour se rendre dans la partie sud de leur jardin. Celui‑ci étant devenu impraticable à la suite d’une inondation, elles annexent entre 1740 et 1782 un tronçon de la rue pour le planter de vignes.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 213 – Trois plans du couvent des ursullnes. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 6 ; papier, encre.
a – Rez‑de‑chaussée et jardins ; 48 x 60 cm ;
b – Premier étage ; 17 x 28 cm ;
c – Deuxième étage ; 17 x 28 cm.

La construction qui fut réalisée durant la première moitié du XVIIe s. diffère des deux projets proposés (fig. 211). Le bâtiment comporte deux étages et ne compte plus qu’une cour. De l’aile nord du cloître, seule est conservée la galerie. Au rez‑de‑chaussée, on distingue la chapelle, le chœur des dames et le réfectoire, reconnaissable à ses longues tables ; au premier et second étage sont installés les dortoirs et les infirmeries.
© cl. BNF, Paris
4.2.3.4 Le couvent des annonciades célestes
134L’établissement fut démoli en 1845. À ce jour, on ne connaît ce bâtiment que par les plans généraux de la ville (fig. 181, 252) et des vues (fig. 205). Il comportait notamment une chapelle de dimension importante : c’était un édifice de plan octogonal doté de chapelles saillantes (Guilhermy 1875 : 210‑211). Sa coupole était couronnée d’un lanternon. On y entrait par un portique à colonnes d’ordre ionique.
– 1629 : « Les Annonciades de Paris fournirent (...) quelques religieuses pour un nouveau monastere le vingt‑unième de leur Ordre en France, établi à Saint‑Denys en 1629. » (Félibien 1706 : 466) ;
– 1632 : pose de la première pierre du couvent ;
– 1681 : « Mr. Davilers [Charles‑Auguste D’Aviler, 1653‑1700] a présenté à l’accademie des dessins qu’il a fait d’un dôme qui se doit bastir aux religieuses de l’Annonciade céleste. » (Lemonnier 1911 : 320.) D’après l’inscription figurant sur le portail, l’édifice est élevé en 1684 ;
– 1712 : le 10 juillet, dédicace de l’église ;
– 1796 : le couvent est transformé en « magazins des armées » (Gautier : 257), puis sous‑préfecture et enfin magasin de réserve ;
– 1810 : réparation du dôme (AN, F131294) ;
– 1840 : « L’intérieur de cette église est décoré de pilastres couronnés de chapiteaux corinthiens. C’est de là principalement que furent faites les observations sur la direction des armées françaises, lors de l’invasion des troupes étrangères, en 1814 et 1815.
135On aperçoit encore les traces d’un boulet sur le portail de l’église. On y remarque, au frontispice, une inscription gravée sur le marbre qui rappelle que l’église avait été bâtie en partie aux frais de Philippe Desponts, docteur en théologie, et qu’elle fut dédiée par Humbert Ancelin, évêque de Tulle, le 10 juillet 1712, d’après l’autorisation du cardinal de Noailles alors archevêque de Paris. » (Flamand‑Grétry 1840 : 88‑89) ;
136– 1844 : démolition du couvent et de la chapelle. On signale une série de bas‑reliefs « d’un très bon travail (...) deux bas‑reliefs demi circulaires de 4 m de diamètre, quatre bas‑reliefs quartés de 2 m, quatre bas‑reliefs oblongs de 2 m, huit tympans ornés d’anges et, quatre clefs très richement ornées, portraits dans des médaillons » (« Revue générale d’architecture et des travaux publics », t. V, 1843) ;
– 1845 : on dépose sept bas‑reliefs – exécutés d’après les dessins de Mansart‑ dont les trois principaux sont : l’Annonciation, l’Elévation de sainte Elisabeth, la rosace qui occupe toute la coupole et quatre médaillons avec bustes de quatre évangélistes (AMH, Dossiers d’Administration 3302).
4.2.3.5 Le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (les visitandines)
137Il ne subsiste plus rien de ce couvent qui fut, semble‑t‑il, très spacieux. Ce pourrait être le grand bâtiment visible vers le milieu du xviie s. sur la vue d’Israël Silvestre (fig. 170).
138– 1639 : la reine Anne d’Autriche recommande l’établissement de neuf religieuses conduites par la révérende mère Françoise Elisabeth Phelippeaux de Pontchartrain. La communauté est issue du monastère parisien et s’est « (...) toujours augmentée depuis ce temps‑là, & est aujourd’huy fort nombreuse » (Félibien 1706 : 466). Les travaux de construction commencent la même année, comme en témoigne un compte des ouvrages de maçonnerie et travaux de couverture effectués au couvent (AN, Z1J258 : nos 145, 146) ;
– 1792 : fermeture du couvent ;
– 1793 : le couvent est transformé en tribunal civil ;
– 1796 : l’église est démolie ; le couvent sert de tribunal de police (Gautier : 257) puis on y établit la sous‑préfecture (fig. 182) ;
– 1854‑1880 : les derniers vestiges du bâtiment disparaissent.
4.3 Les fortifications
139La croissance des fortifications de Saint‑Denis, monastiques, urbaines, puis étatiques, va rythmer l’histoire topographique du site : d’abord protégée par un simple retranchement plus tard reconstruit en pierre, l’abbaye est absorbée dès le milieu du xive s. dans une vaste enceinte bourgeoise en constante réactualisation ; parce qu’elle verrouille les accès septentrionaux de la capitale, la place est enfin encadrée dans les années 1840 par deux forts d’arrêt seuls subsistants.
140La rencontre des sources iconographiques et de l’archéologie de terrain permet désormais de mieux cerner le tracé et le contexte de construction des enceintes médiévales de l’abbaye et du bourg qui a grandi à côté d’elle.
141Le réseau concentrique des rues enveloppant la basilique au nord suggère la présence d’une enceinte monastique carolingienne, dont le tracé a été précisé par la fouille de ses fossés : enveloppe formant un ovale de 500 sur 400 m de diamètre, composée d’un fossé en eau certainement associé à une levée de terre palissadée, traversée par un bras du Croult et percée de quatre portes curieusement placées à 20 m en retrait du fossé, lui‑même doublé, au sud‑ouest en tout cas, d’un avant‑fossé (fig. 214, 215).
FIG. 214 – Plans schématiques de l’enceinte monastique (a), du castellum (b) et de l’enceinte urbaine avec la Couture (c)

M.W. del./ UASD
FIG. 215 – Plan schématique de la porte carolingienne fouillée rue de la Boulangerie, connue au Moyen Âge sous le nom de porte de la Boucherie.

La chaussée, établie sur une digue large de six mètres, bordée de murs de soutènement et renforcée par une armature de bois, franchit le double fossé d’eau ; elle est coupée par deux chenaux qui relient les tronçons de fossés. La fouille, très étendue (fig. 2, aire BOU), permet aujourd’hui de mieux connaître la structure de ces derniers : sous les fossés a été mis au jour un système de drains plusieurs fois renouvelé ; au travers du fossé intérieur sont établis des barrages et au fond de la tranchée un drain, relié à un puisoir, permettait sans doute d’assécher le fossé. Quant à la porte, dont l’emplacement est connu avec suffisamment de précision par l’iconographie, elle mériterait de faire l’objet d’une investigation archéologique. Ainsi toutes ces recherches permettraient‑elles un jour de connaître ce dispositif d’accès particulièrement complexe et de déterminer la place du castellum de Saint‑Denis dans l’évolution des ouvrages de fortification de l’Occident médiéval.
M.W. del./UASD
FIG. 216 – Porte « Bazouin » ou Basoin localisée sur un croquis cadastral, 1708. AN, S2258 ; papier, encre ; 15 x 10 cm.

Les portes du castellum se maintiennent Jusqu’à l’Époque moderne et restent parfaitement lisibles sur les plans anciens (fig. 177, 239). Si notre restitution des accès au castellum est exacte, elles se dressaient près d’une vingtaine de mètres en arrière des fossés d’eau. Cette prolongation du couloir d’accès implique la présence d’autres ouvrages entre les portes et les fossés. Le croquis, relatif à la censive de Saint‑Paul, situe également l’hôpital Saint‑Jacques, rue du Sauger.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 217 – Coupe stratigraphique du double fossé carolingien fouillé rue de la Boulangerie.

La porte de la Boucherie se situe dans une région basse et marécageuse où des couches de tourbe A se sont formées. Les deux fossés coupent ces dépôts. Les déblais des creusements stockés entre les deux fossés, ont scellé des niveaux de chantier (déchets de la taille de la pierre et du bois). Une armature en bois assure la cohésion de ce talus et évite le glissement des terrains dans les fossés. L’avant‑fossé est abandonné au cours des Xe‑XIes., tandis que le fossé intérieur perdure sous la forme d’une rivière canalisée par étapes successives. Le long de la chaussée, l’habitat se développe : fondations de murs et sols d’occupations, plusieurs fois rechargés. On note également dans les niveaux d’habitat l’accumulation de fines couches rubéfiées, sans doute liées aux fours de boulangers attestés par les textes.
(M.W. de/./UASD).
142Peut‑être à la fin du xiie s., cette enceinte monastique est‑elle considérablement réduite pour envelopper au plus près les bâtiments abbatiaux et céder la place au bourg ; la clôture passe désormais à l’aplomb de la façade de la basilique, au couronnement crénelé, qui reçoit une avant‑cour retranchée de la place Panetière abandonnée à la ville.
143La porte principale, dite de Suger, vient coiffer l’angle sud‑ouest de ce nouveau pourpris de pierre simplement cantonné de guérites ; bien documentée, cette grande porte, percée entre deux tourelles maigres crénelées, est curieusement collée au flanc droit de l’une de ces tours, ce qui laisse subsister une portion de courtine aveugle entre elles. Vraisemblablement rajoutées sous Charles V, les trois statues en pied sous dais, dont celle du centre seule portée par une longue colonne cannelée, accentuent cette dissymétrie (fig. 218).
FIG. 218 – La porte de l’Abbaye par F.‑N. Martinet (Beguillet, Poncelin de la Roche, 1780, entre p. 122 et 123) ; BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure ; 9 x 15 cm.

La datation de cette porte dite de Suger n’a encore pu être établie. C’était sans doute l’un des ouvrages les plus anciens de l’abbaye médiévale, mais il est peu probable que la construction dessinée par Martinet remonte à l’époque de Suger, comme l’a écrit Doublet (doc. 101).
La porte était complétée par une herse et un pont‑levis qui permettait de franchir le fossé. Depuis le XVIIe s., celui‑ci est comblé et le pont‑levis supprimé.
Au premier plan subsiste l’abreuvoir. Entre 1590 et 1696 la salle à l’étage servait d’auditoire au bailli de Saint‑Denis (doc. 49). En 1601, le religieux courtillier fut autorisé à faire dans la tour nord « telle quantité de boullains qu’il vouldra pour y tenir et nourrir pigeons, les laisser voller au champs et revenir en ladicte tour »
(AN, L 855 : no 79). Selon Gautier, cet ouvrage fut démoli en 1778‑1779 « en partie par le jeu des mines » (Gautier : 133).
© cl. BNF, Paris
144À l’angle sud‑est, une autre porte, dite « la tour de Salut bastie par les Anglois » (fig. 177), isolée au xviie s. au milieu des jardins de l’abbaye, pourrait correspondre à l’emplacement de la porte carolingienne ; mais la masse compacte de ses deux tours en fer à cheval ainsi que la barbacane accolée qui la précédait vers la campagne (fig. 219) suggèrent une datation de l’ouvrage dans le courant du xive s. au plus tôt. On sait à cet égard que les murs du monastère furent relevés de nouveau vers 1370 sous l’abbatiat de Gui de Monceau.
FIG. 219 – La tour de Salut d’après le plan de l’abbaye par Robert de Cotte (fig. 141).

M.W. del./UASD
145Si des défenses sommaires devaient protéger les faubourgs de l’abbaye antérieurement (fig. 220), ce n’est qu’en 1356 que l’abbé autorise les habitants à clore la ville d’une muraille qui sera entretenue grâce au revenu de la pêche dans les fossés (doc. 67) ; deux ans plus tard, le régent Charles ordonne au prévôt de Paris de démolir des maisons « pour fortifier l’Eglise de Sainct Denys » (doc. 68), terme qui semble s’appliquer à l’enceinte urbaine et non à celle de l’abbaye. En 1370, le même Charles V donne de nouveau ordre d’abattre « toutes les maisons étant hors la forteresse et ville de Saint‑Denis » (AN, LL 1192 : no 4533). Cette même enceinte urbaine est dûment mentionnée en 1411 dans la chronique de Michel Pintoin (doc. 70), puis dans le courant du xve s. pour les incessantes réparations des ponts‑levis, à la porte aux Pois et à la porte Naudin principalement (doc. 73). Reprise aux Anglais par le Bâtard d’Orléans en 1435, elle est alors partiellement démantelée (doc. 71, 72).
FIG. 220 – Détail du « Plan de Saint‑Denis et des fortifications projetées autour de cette ville, 1834 » montrant les vestiges d’un ouvrage de fortification à l’est de la Couture, par Thomas Devoize, lieutenant, et Sigot, capitaine du Génie. Musée des Plans‑Reliefs, D 407 ; papier, encre, aquarelle ; 76 x 46 cm.

L’examen des courbes de niveau entre la Couture de l’abbaye à gauche et le moulin Basset à droite révèle un fossé perpendiculaire au Croult. Ce pourrait être la « fosse aux Fiens », témoin d’une fortification du faubourg Saint‑Remi.
cl. musée des Plans‑Reliefs
146Les dessins (fig. 177) montrent une enceinte très largement surdimensionnée par rapport à la taille de l’agglomération, percée de cinq massives tours‑portes quadrangulaires et traversée par le Croult passant en aqueduc au‑dessus des fossés maintenus à un niveau d’eau stagnante inférieur. La fortification est caractérisée par l’absence de tours de flanquement et par ses deux fossés en eau successifs, l’intérieur précédant une levée de terre couronnée d’une courtine de pierre percée d’archères, l’extérieur couvrant un vallum, apparemment non actif, que les textes désignent comme dos‑d’ane. Ces caractères de l’enceinte de Saint‑Denis –parapet de pierre non flanqué couronnant une levée de terre, dos‑d’ane– évoquent fortement l’extension de l’enceinte de Paris par Charles V (fouilles des jardins du Carrousel, 1989‑1990) et les fortifications contemporaines des Pays‑Bas révélées par l’archéologie (Lille, Maastricht).
À partir de la fin du xvie s., cette vaste enveloppe est réactualisée pour s’adapter à l’artillerie à poudre. En 1594, il semble que les Royaux assiégeant Paris aient voulu retrancher à l’intérieur de la ville une « citadelle », correspondant sans doute à la clôture de l’abbaye, pour laquelle on construit un pont dormant de charpente. À la fin du xvie s., des bastions pentagonaux en terre, partiellement revêtus de maçonnerie, palissades ou fraisés à la base, sont accolés au corps de place ou détachés en avant des fossés aux angles et sur les fronts exposés de cette enceinte, elle‑même rechargée en terre sur l’arrière et plantée d’arbres (fig. 239). Le tracé des ouvrages rajoutés, qui se protègent mutuellement de façon sommaire en laissant subsister de nombreux angles morts, suggère une mise en place par à‑coups, sans programme d’ensemble préétabli.
147C’est cette enceinte médiocrement entretenue et défendue par la garde suisse qui devait subir le siège de Condé, aidé de quelques frondeurs parisiens, en mai 1652 ; le chroniqueur spécifie que les suisses, après avoir perdu pied au rempart près de la porte de Paris, s’abritèrent derrière la barricade de la « fausse porte de la grande boucherie » avant de trouver refuge dans la clôture de l’abbaye, ce qui signifie bien que des portes de la vieille enceinte carolingienne avaient subsisté au milieu de la ville close (doc. 74). À partir du xviiie s., les fossés sont remplacés par des cours et un mur d’octroi.
148Les combats de 1814 dans le parc de la maison d’éducation de la Légion d’honneur ayant confirmé la valeur militaire du site, la « Position de Saint‑Denis » est mise en place dans le cadre de la première ceinture des forts de Paris, entre 1836 et 1845. Une double couronne est d’abord assise au carrefour des routes de Calais et Rouen, isolée de la ville par la vaste inondation de la Fabrique tendue entre la Seine et le Croult (fig. 225). Elle est épaulée à partir de 1841 par deux forts bastionnés dits de l’Est et de La Briche, s’adossant au nouveau canal de Saint‑Denis et à la Seine et reliés par un retranchement. Défendue par 25 000 hommes et 274 canons en 1870, la position de Saint‑Denis résista près de trois mois aux bombardements prussiens. Les deux forts, réactualisés et altérés, subsistent seuls en élévation de toutes ces strates d’histoire englouties. [N.F.]
document 64
Le castellum Sanctl Dionysii décrit dans un diplôme de Charles III le Simple, daté du 8 février 898.
Depuis 845, la région parisienne subit les attaques répétées des Normands. Très convoitée pour son trésor, l’abbaye est défendue par l’armée du roi. En 857, les moines sont obligés de se racheter et, en 859, ils se réfugient avec les reliques à Nogent‑sur‑Seine. Le 20 octobre 865, le monastère est occupé pendant vingt jours. En 869, Charles le Chauve le fait entourer d’une enceinte de bois et de pierre, plus efficace que ne l’était la palissade centenaire de l’abbé Fulrad. Malgré cette fortification, en 876, les moines sont à nouveau contraints de s’enfuir à Concevreux. L’enceinte fut peut‑être alors rasée par les Normands, car ce diplôme de 898 la désigne comme « nouvellement construite ». L’acte restitue aux moines l’immunité à l’intérieur de l’enceinte. Il contient une brève description du lieu qui nous permet de reconstituer la topographie du castellum.
Source – Lauer 1940 : no 10, p. 15‑17 ; traduction française : J.D.
Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Charles, roi par la grâce de Dieu. Si nous prêtons l’oreille aux demandes des serviteurs de Dieu, nous ne doutons nullement que cela nous servira à obtenir la prospérité dans la vie présente et la béatitude dans la vie future. Que tous les fidèles de la sainte Eglise de Dieu sachent donc que les vénérables frères de notre patron particulier saint Denis et de ses compagnons vinrent prier notre clémence d’ordonner la confirmation, par précepte de notre autorité, de l’immunité à l’intérieur de l’enceinte nouvellement construite sur une terre que ces frères possédaient anciennement pour divers offices et nécessités. Prêtant l’oreille à cette juste demande, car elle nous paraît à la fois convenable et opportune, nous décidons, du consentement de nos fidèles, à savoir les vénérables Honoré, évêque [de Beauvais], et Raoul, pontife [de Laon], ainsi que de notre aimée mère Adélaïde, par ce précepte de notre dignité royale, que nul ne pourra élever de dispute ni de contestation à l’encontre des très dévoués serviteurs de cette vénérable église dans l’espace entre la porte de l’enceinte (donnant sur la chapelle de Saint‑Remi) et la porte établie anciennement devant l’hôpital des pauvres –comprenant cet hôpital, la terre dépendant du four et le petit enclos des frères (avec la poterne qui permet de sortir pour accomplir diverses activités), ainsi que la terre attribuée aux luminaires de Saint‑Denis–, et de l’autre côté du Groult entre l’hôtellerie instituée anciennement et la cordonnerie. Nous ajoutons que nul tenancier ne pourra fournir de tenure à quiconque, mais demeurera sous la seule autorité des serviteurs de Dieu et de nul autre, afin que, soustraits à toute nuisance et violence, ils puissent plus librement servir le Seigneur dans ce saint monastère. D’autre part, comme ces mêmes frères souffraient dans cette enceinte fortifiée d’une très grande pénurie de bois (qu’ils avaient autrefois coutume de faire transporter par bateau de la forêt de Brie), ils nous ont également demandé, par l’intermédiaire de nos susdits fidèles, de leur donner la forêt de Coye (afin de répondre à ces importants besoins de bois), ainsi que le petit domaine qui s’y trouve, avec les serfs des deux sexes, les vignes, les prés, les pâturages, les champs, les cours d’eau et toutes les dépendances.
Ne refusant en rien cette demande, nous leur avons donné bien volontiers ce qu’ils réclamaient pour l’amour de Dieu et leur très grande utilité. Pour cette donation due à notre grandeur, nous avons ordonné rétablissement d’un précepte de notre autorité et, afin que dans les temps à venir elle obtienne, au nom de Dieu, une grande force, nous y avons mis notre souscription et ordonné l’apposition de notre sceau. Seing (Monogramme) de Charles, roi très glorieux.
Hervé notaire a procédé à la récognition et souscrit à la place de l’archichancelier Foulques. Donné le 8 février, première indiction, la cinquième année du règne de Charles, roi très glorieux, la première de sa réintégration. Passé au monastère de Saint‑Denis. Au nom de Dieu. Amen.
FIG. 221 – Saint‑Denis en 1610, par Joachim Duwiert. BNF, Cabinet des Estampes, Vx 23, no 2887 (feuille gauche) et no 2939 (feuille droite) ; papier, encre, lavis ; 54 x 14 cm, recoupé Le dessinateur hollandais.

J. Duwiert nous a laissé deux vues quasiment identiques qui montrent la ville depuis l’ouest (Lombard‑Jourdan 1994 : 10). Le dessin, très soigné, fournit de précieuses indications sur l’enceinte, bastionnée à la fin du XVIe s. De gauche à droite, on distingue les églises Saint‑Martin B et Saint‑Denis‑de‑l’Estrée C, la porte Neuve et un bastion en demi‑lune D au sud de celle‑ci. À l’arrière‑plan émerge un groupe de bâtiments civils : le Château des Percherons et (ou) le Châtelet ; tous deux sont connus à la fin du XVIIe et au XVIIIe s. comme des constructions à trois et quatre étages. Au sud de l’église abbatiale, l’identification des bâtiments est plus délicate : porte de l’Abbaye, Hôtel‑Dieu, église Saint‑Marcel ? Puis on pourrait reconnaître l’église Sainte‑Croix G et la chapelle des récollets H.
© cl. BNF, Paris
FIG. 222 – Relevé d’arpentage des fossés et remparts de la ville par Garrez, 1783. AN, N II Seine 173 ; papier, encre, aquarelle ; 82 x 72 c.

Dès le XIVe s., l’abbaye accorde aux habitants l’usufruit de la pêche dans les fossés et leur cède la propriété de la majeure partie des remparts. En contrepartie, ils sont chargés du guet et de l’entretien de l’enceinte (doc. 67, 89). Jusqu’à la Révolution, la municipalité tirera ses principaux bénéfices de la location des bastions et des tronçons de fossés mis en culture ou utilisés comme pâturages. À l’origine, le rempart comprenait quatre portes. En 1740, le mur nord est percé d’une cinquième porte pour permettre le passage de la nouvelle rue d’Enghien. En 1756, la caserne vient s’adosser au fossé septentrional, ce qui nécessite la suppression du bastion en demi‑lune de la porte de Pontoise. Entre la porte de Paris et la porte Neuve, le maire, Martin Ragot, fait aménager en 1749 un cours planté d’arbres. En 1770, le cimetière du régiment des suisses, établi en 1763 à l’emplacement d’une ancienne demi‑lune (?) de la porte Neuve, est transformé en pépinière.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 223 – Le cours Ragot en 1860, au moment du remblayage du fossé d’enceinte. Archives de Paris, D07518 ; papier, encre, aquarelle ; détail.

Sur ce profil transversal figurent à la fois l’état ancien du cours Ragot et, en traits fins, le boulevard projeté (actuel boulevard Marcel‑Sembat). On distingue, à l’extrême gauche, le mur d’octroi et, sur la droite, les parois du fossé au fond duquel est creusé un canal de drainage d’eaux pluviales, ou cunette, bordé d’arbres.
cl. Archives de Paris
FIG. 224 – La caserne des suisses (1756) d’après une carte postale du début du XXe s. ; collection Pierre Douzenel.

Au XVIIe s., la ville de Saint‑Denis est choisie comme lieu de garnison pour un régiment des gardes suisses. Les soldats sont logés chez l’habitant ; las de cette cohabitation forcée, les Dionysiens s’engagent à participer aux frais de construction d’une caserne. Celle‑ci commence à être édifiée à partir de 1756. Par réaction au style austère des bâtiments militaires de l’époque, l’architecte Charles‑Axel Guillaumot confère à l’édifice un caractère monumental en lui ajoutant un pavillon central au fronton sculpté. Cette caserne s’élève au fond d’une grande cour, ou carrière, dans laquelle se déroule l’exercice. En 1769, on y affecte le régiment de Paris et en 1789, les gardes françaises (Douzenel 1978) ; en 1969, elle est démolie.
FIG. 225 – « Plan des Inondations » de 1869‑ 1870. Service historique de l’armée de terre, Archives du Génie, art. 8, ct. 4 ; papier, encre, aquarelle ; 118 x 88 cm.

Ce dispositif s’inscrit dans la tradition de la mise en défense par inondation de la ville, inaugurée en 1814 lorsqu’elle fut assiégée par les alliés : l’ancien maire, Gabriel Dézobry, chef de la garde nationale, fit alors mettre en eau les dépressions situées aux abords de la ville, au moyen de batardeaux établis en travers du Rouillon, du Croult et du ru de Montfort. À partir de 1839, dans le cadre de la fortification de Paris, les deux forts et la double couronne, autour de l’étoile de la route d’Angleterre (Paris‑Calais) sont reliés par une digue barrant les trois cours d’eau. L’étendue d’une éventuelle inondation est ici indiquée par les surfaces colorées en bleu. Ce plan a l’intérêt de mettre parfaitement en évidence le parallélisme existant entre la courbe de niveau des 33 m et le Croult, ce qui confirme le caractère artificiel de ce dernier (cf. infra § 5.1.1).
cl. P.M./ADSSD
FIG. 226 – « Digue joignant le fort de l’Est à la double couronne du Nord » en 1842. Service historique de l’armée de terre, Archives du Génie, art. 8, ct. 2 ; papier, encre, aquarelle ; 50 x 66 cm.

cl. P.M./ADSSD
FIG. 227 – La double couronne du Nord vue de l’extérieur et de l’intérieur, par E. Hussenot, 1871. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5, ; gravure ; 30 x 16 cm.

© cl. BNF, Paris
4.3.1 Portes et éléments d’enceinte antérieurs à 1356
149Fig. 214
150n.b.
Dans la liste qui suit, les portes des enceintes sont énumérées dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
4.3.1.1 L’enceinte monastique
151– vers 750‑784 : l’abbé Fulrad fit construire une enceinte en bois autour du monastère, ligneus munis quo Fulradus abba ambitum monasterii porrexerat (doc. 9, I/12). Nous ignorons si le tracé de cette palissade –qui nous semble plus réduite que le castellum– se superpose à l’enceinte monastique du xiiie s.
– 1258‑1286 : l’abbé Mathieu de Vendôme « fit enclorre toute l’Abbaye de bonnes murailles accompagnées de petites tourelles » (Félibien 1706 : 253).
Les portes de l’enceinte monastique
152Les comptes de la commanderie distinguent plusieurs portes dont la localisation est incertaine.
153● Porte du Breton
– XIIIe‑XIVe s. : porta. Britonis (doc. 39).
– 1329‑1330 : on mentionne le portier de la porte du Breton, [pro] hostiario de porta Britonis XLVI s. et VIII lb. (Lebel 1935a : 384, d’après AN, LL 1241 : f°93).
154Le surnom de cette porte pourrait être mis en relation avec le toponyme de la Bretonnerie, situé à l’est du monastère dans le faubourg Saint‑Remi (fig. 175).
155● Porte de Guignehochet
– xiiie‑xive s. : porte de Guignehochet (doc. 39).
156● Porte Neuve
– 1301‑1302 : « pour la façon des prisons à la porte Neuve », pro factione carceris ad portant novam (doc. 39).
157● Porte de l’Abbaye
– 1319 : on cite dans un acte le « guet qui est devant la porte Saint‑Denis de l’abbaye » (AN, S 2252A).
158● Grande porte
– 1329‑1330 : on mentionne le portier de la grande porte, [pro] portario magne porte LXs. (Lebel 1935a : 383, d’après AN, LL 1241 : f°93) ; il s’agit peut‑être d’une autre appellation de la porte de l’Abbaye.
4.3.1.2 Le castellum
159– 869 : Charles le Chauve fait entourer le monastère d’une enceinte de bois et de pierre, castellum in giro ipsius monasterii ex ligno et lapide conficere coepit (Waitz 1883 : 98).
160Les sources écrites et l’archéologie se complètent pour restituer cette enceinte : à la porte sud, dite plus tard porte de la Boucherie, le dispositif comporte un fossé et un avant‑fossé. Les déblais des deux creusements ont été entassés entre les deux fossés et très probablement à l’arrière du fossé intérieur pour former un talus (fig. 215, 217). Des textes ultérieurs citent les portes de cette enceinte, un fossé, un mur (peut‑être le couronnement de pierre de la levée de terre) et des tourelles (doc. 65).
Document 65
La maison de Jean Pocheron adossée au mur du castellum, 23 juillet 1268.
Prise à cens de l’abbé et du couvent de Saint‑Denis par Jean Pocheron, châtelain de Breteuil‑en‑Normandie, 1) moyennant 2 d. de chef‑cens, d’une maison joignant l’enceinte de la ville ; 2) moyennant 5 s. de chef‑cens, du mur sur lequel la maison est bâtie, longeant les fossés situés hors de l’enceinte, d’une tourelle et d’une boutique au‑delà de la tourelle, vers la boucherie, y compris les fossés depuis la boutique jusqu’à la tourelle de maître Guérin. Ces cens sont payables à la Saint‑Denis. Une clause prévoit que les religieux pourront, selon les nécessités, reprendre mur et tourelle, une réduction du cens, proportionnelle à la partie retenue par l’abbaye, étant alors consentie au dit Jean.
Source – B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1157 : no 238, p. 129 ; analyses et édition de texte : L.F., A.D.
Omnibus présentes litteras inspecturis, Officialis curie archidiaconi Parisiensis, salutem in Domino. Notum facimus quod in nostra presentia constitutus, Johannes dictus Pocheron, de Sancto Dyonisio, castellanus, ut dicebat, de Bretholio in Normannia, asseruit et recognovit coram nobis se recepisse a viris religiosis abbate et conventu Beati Dyonisii in Francia quamdam domum sitamjuxta murum ville Beati Dyonisii ad duos denarios census capitalis, necnon et ipsum murum super quo fundata est domus predicta recta linea cum fossatis extra murum, et tornellam muri, et unam caysiam ultra tornellam versus boucheriam videlicet et fossata integra ab illa caisia versus boucheriam usque ad torneliam magistri Guerini ad quinque solidos par. annui census capitalis. Preterea asseruit et recognovit predictus Johannes se heredesque suos qui pro tempore fuerint debere solvere predictos quinque solidos et duos denarios singulis annis imposterum, in octabis beati Dyonisii, predictis abbati et conventui seu eorum mandata census eorum colligenti, hoc tamen dictis religiosis salvo quod dictum murum cum tournella possunt reaccipere quocienscumque sibi placuerit et quandocumque pro utilitate sua et ville viderint sibi expedire, dum tamen fiat dicto Johanni remissio census predicti secundum quod dicti religiosi de dicta muro cum tornella duxerint retinendum. Et ad predictos census, ut predictum est, solvendum imposterum idem Johannes fidem in manu nostra prestitit corporalem. In cujus rei testimonium, sigillum curie nostre, ad petitionem predicti Johannis, presentibus litteris duximus apponendum. Datum anno Domini M°CC°LXmo octavo, die lune post festum beate Marie Magdalene.
Les portes du castellum
161● Porte et pont Basoin
– 898 : c’est la porte de l’enceinte donnant sur la chapelle de Saint‑Remi (doc. 64).
– vers 1234 : Porta Basom (Foley 1990 : 515).
– XIIIe‑XIVe s. : porta Basoini, porta Balsouini (doc. 39).
– 1263 : acte de vente de deux maisons sises à la porte Basoin tenant d’une part au pont et d’autre part à l’eau des moulins de la porte Basoin (AN, LL1190 : no 2362).
– 1303‑1304 : le pont de la porte est réparé, Pro ponte porte Basoini reparando, IIII lb. VIII s. viii d. (AN, LL 1240 : f°297v°).
– 1336 : une nouvelle réparation est mentionnée, Pro ponte ante portam Bazoni de novo reparato, XIX lb. VIII s. (AN, LL 1241 : f°163).
162● Porte Compoise
– xiiie s. : porta Copoise, porta Coupoise, « porte Compaise » (doc. 39).
163● Porte et pont de la Boucherie
– 898 : c’est la porte établie anciennement devant l’hôpital des pauvres, porta quae ab antiquo ante hos‑ pitale pauperum statua fuit (doc. 64).
– 1250 : la porte de la Boucherie, porta Carnificii (doc. 83).
– 1282‑1283 : on répare le pont devant la boucherie, ponte ante carnificeriam (doc. 39).
164Les recherches archéologiques ont mis en évidence plusieurs états de la construction de ce pont devant la grande boucherie s’échelonnant du ixe au xviiie s.
165● Poterne
– 898 : une poterne permet aux moines de sortir pour accomplir diverses activités, postica quam causa egrediendi ad diversas fecerunt obedientias (doc. 64).
166On ignore la localisation précise de cette porte qui pourrait être à l’origine de la porte de la Couture (cf infra § 4.3.2) ou de la poterne Saint‑Jacques (ci‑après).
167● Poterne Saint‑Jacques
– 1274 : « posterne de Saint Jaque » (doc. 66).
Document 66
Vente d’un four avec deux chambres près de la poterne Saint‑Jacques, 26 mars 1274 (n.st.).
Vente à l’abbé et au couvent de Saint‑Denis par Jean Noblet, fils de feu Guillaume Noblet, bourgeois de Saint‑Denis, et par Richeut, sa femme, moyennant 70 s.p., d’un four avec deux chambres, sis à Saint‑Denis, contigu à la poterne Saint‑Jacques, chargé d’une rente de 25 s.p.
Source – B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1157 : no 256, p. 139 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
À touz ceus qui ces lettres verront, Renaut Barbou, prevost de Paris, salut. Nous fesons a savoir que par devant nous vindrent Jehan Noblet, jadis filz feu Guillaume Noblet, borgois de Saint Denys, et Richeut, sa fame. Et requenurent en droit que il avoient vendu et quité a touz jorz a religieus homes et honestes a l’abbé et au couvent de monseigneur Saint Denys en France, un four avec deus chambres que il avoient a Saint Denys, si comme il disoient, jouste la posterne de Saint Jaque, du propre heritage a celui Jehan, tenant d’une part a mestre Galais le charpentier et de l’autre part aus murs de la ville, en la censive Saint Denys, chargiés par an en vint et cinc sols de crois de cens par., si comme il disoient, pour soissante et dis sols de parisis qu’il ont euz, si comme il disoient, et dont il se tindrent a paiez par devant nous. En renonçant a l’exception de la dite pecune non eue et non receue, non baillie et non delivree du tout en tout. Et promistrent les devanz diz vendeurs par devant nous et par leur loiaus creanz que eus encontre la vente desus dite, par droit d’éritage, par reison de conquest, d’eschaoite, de douaire, de don pour noces, ne par nul autre droit quelque il soit, commun ou especial, n’iront ne ne pourchaceront a feire aler encontre en nule maniéré quele que ele soit, a nul jour, par aus ne par autre, eu tens qui est a venir. Et que eus aus devanzdiz religieus et a ceus qui cause auront d’eus la vente desus dite et au cens desus dit sanz autre charge garandiront, deliverront et deffendront a leur propres couz et despens, en jugement et hors jugement, toutes les foiz que mestier leur en sera, aus hus et aus coustumes de France, si comme il le requenurent par devant nous. Et quant a ce tenir fermement, les devant diz vendeurs ont obligié et soumis, chascuns pour le tout, eus et touz leur biens, muebles et non muebles, presenz et a venir, ou qu’il soient, ajousticier a nous ou a noz successeurs. Et ont les devanz diz vendeurs renoncié a ce qu’il ne puissent dire avoir esté deceuz en cest marchié desus dit outre la moitié du droit pris et a toutes les exceptions qui aidier leur porroient en ce cas. En tesmoign de ce, nous avons mis en ces lettres le seel de la prevosté de Paris, l’an de l’Incarnacion Nostre Seigneur mil CC soissante et treze, eu mois de marz, l’endemain de la Pasque flourie.
4.3.1.3 La Couture
168Dès le xiiie s., ce jardin est entouré d’un mur crénelé (doc. 39) doté d’une porte et d’une tour d’angle, dédiée à Saint Louis.
169● Tournelle Saint‑Louis
– xiiie‑xive s. : tornella Sancti Ludovici (doc. 39).
170● Une certaine porte en la Couture
– 1323‑1324 : pro quadam porta in cultura, XVI Ib. (AN, LL 1241 : f°34v°).
4.3.1.4 Fortification des faubourgs
171– 1342 : dom Poirier note : « le roy Philippe de Valois fait fermer de fossées la ville » (BNF, ms. fr. 20851 : f°213).
– 1347 : « En cest an, environ la feste de la Thyphaine fu ordené et commencié à faire les fosses en l’environ de la ville monseigneur Saint Denis, afin que elle fust plus fort, » (Viard 1920‑1954, t. 9 : 290.)
172Belleforest, en 1575, et Doublet, en 1625, ont reconnu tous deux, à l’est de la Couture, les vieux fossés ou « fosse au Fiens » selon l’expression des actes capitulaires du xve s. (cf. infra § 5.4). Un plan du xixe s. signale près de l’emplacement de l’église Saint‑Remi une tranchée pouvant correspondre à cet ouvrage (fig. 220). Il est tentant de mettre ces témoignages en rapport avec une fortification de ce faubourg abandonné en 1370. Au même endroit, la toponymie signale la « Motte de la Fontaine Saint‑Remi ».
173À l’opposé de la ville, le prieuré de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée est également protégé d’une enceinte qui pourrait être antérieure à 1356 (cf. supra § 4.2.1.3).
Portes des faubourgs, de localisation incertaine
174● Porte de l’Estrée
– XIIIe‑XIVe s. : porte de l’Estrée (doc. 39).
175L’identification de cette porte avec la porte de l’Estrée, ou porte Pontoise, de l’enceinte urbaine de 1356 demeure hypothétique (cf. infra § 4.3.2.3).
176● Porte Neuve
– 1329 : la porte Neuve est dite proche d’un clos de vignes (AN, LL 1191 : no 3625).
177L’identification de cette porte avec la porte Neuve de l’enceinte urbaine de 1356 demeure également hypothétique (cf. infra § 4.3.2.3).
178● Porte Saint‑Quentin
– 1332‑1333 : porta Sancti Quintini (AN, LL 1241 : f°123).
179On ignore la localisation de cette porte.
4.3.2 Portes et éléments d’enceinte postérieurs à 1356
180Fig. 214
181n.b.
Dans la liste qui suit, les portes des enceintes sont énumérées dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
4.3.2.1 L’enceinte monastique
182– 1358 : lettre du régent Charles autorisant le prévôt de Paris à fortifier l’église de Saint‑Denis (doc. 68).
– 1366 : le 18 mars, Charles V ordonne que soit faite une tranchée « menant de la porte de la Cousture parmi prés droit à l’ancienne forteresse » (AN, S 2252B).
– 1393 : les fossés de l’abbaye sont cités (AN, LL 1192 : no 4910).
– 1363‑1398 : sous l’abbatiat de Gui de Monceau le monastère est fortifié « par trois fois (...) d’une palissade de bois avec des forts » (Félibien 1706 : 314).
– 1593 : « Henri IV fait prendre les alignements d’une citadelle à Saint‑Denis » (BNF, ms. fr. 20851 : f°214v°).
– 1594 : devis et marché pour le « pont de la citadelle de Saint‑Denis (...) du costé de la ville » (AN, S 2252B), ce pont pourrait correspondre soit à la porte de l’Abbaye, soit au pont de l’Eglise.
– 1625 : les fossés sont comblés (doc. 15).
– XVIIIe s. : l’enceinte monastique est progressivement supprimée avec la reconstruction des bâtiments conventuels.
Les portes de l’enceinte monastique
183● Pont de l’Eglise et porte du Parvis
– 1444‑1445 : les fossés de l’église et le pont du même nom sont mentionnés (AN, LL 1212).
– 1483 : on refait le pont de l’Eglise (AN, LL 1249 : f° 136‑137).
– 1625 : le pont a disparu et les fossés sont comblés ; le parvis subsiste (doc. 15).
– 1770‑1771 : les derniers vestiges disparaissent ; les vantaux sont transférés à la porte Rouge (doc. 69, fig. 229).
– 1828 : Debret découvre les vestiges d’un pont‑levis (fig. 228).
184● Porte de l’Abbaye ou porte dite de Suger
– 1489 : « pont levy de l’entrée de l’abbaye » (AN, LL 1251 : f° 198).
– 1533‑1534 : ouvrage de charpenterie « au pont dormant a l’entree de l’abbaye » (AN, LL 1248 : f°184v°).
– 1652 : « grande porte de l’Abbaye » ou « grande porte du Monastère » (doc. 74).
– 1778‑1779 : la porte est démolie (fig. 218).
185Cette porte est bien documentée par les plans de l’abbaye médiévale (fig. 141, 142) et les vues (fig. 139, 218). En 1625, dom Doublet la décrit (doc. 101) et les architectes en font l’expertise (doc. 48, 49).
186● Pont et porte de Vauboulon, ancienne poterne Saint‑Jacques
– 1483‑1484 : « pont devers Saint‑Jacques » (AN, LL 1249 : f°135).
– 1543‑1544 : achat de bois pour le petit pont de Vauboulon (AN, LL 1248 : f°304v°).
– 1652 : la porte neuve de Vauboulon est incendiée (doc. 74).
– fin du xviie‑début du xviiie s. : la porte est supprimée.
187● Tour de Salut ou tour du Velin et pont aux Dames (?)
– vers 1435 : « la tour de Salut bastie par les Anglois » (fig. 177) ou fortifiée par les Anglais (doc. 71).
– 1469‑1470 : on achète une corde pour le puits de la tour de Salut (AN, LL 1297 : f°20v°).
– 1483‑1484 : ouvrage de charpente au pont dormant et au pont‑levis de la tour de Salut (AN, LL 1249 : f°135v°).
– xvie s. : on cite le pont aux Dames localisé dans le clos de feu Godefroy qui est attenant à la tour de Salut. Il est probable que le pont fasse partie de la tour‑porte (AN, L 855).
– début du xviiie s. : l’ouvrage est démoli.
188L’ouvrage est connu en plan et en élévation (fig. 139, 141, 177, 189).
189● Porte de la Couture (l’ancienne)
– 1366 : porte de la Couture (AN, S2252 B).
– 1465 : la porte de la Couture étant murée, les chariots qui habituellement apportent le foin de la Couture à la basse‑cour, ne peuvent plus passer (AN, LL 1246 : f°197v°).
– 1483 : on construit un mur le long de la porte (AN, LL 1249 : f°136v°).
190La localisation de cette porte, située entre la Couture et l’abbaye, reste imprécise. Il pourrait s’agir de la porte cochère que Belleforest figure en 1575 au nord de la tour de Salut (fig. 177). Elle aurait disparu dans le courant de la première moité du XVIIe s. L’appellation est transférée successivement à l’ancienne porte aux Pois de l’enceinte urbaine, puis à la porte Rouge de la Couture.
191● Porte Naudin
192Cette porte, abondamment citée dans les comptes de réparations du xve s. (AN, LL 1297 : f°21 et LL 1249), était précédée d’un pont ; elle n’a pu encore être localisée.
4.3.2.2 Le castellum
Les anciennes portes du castellum
193Belleforest (fig. 177) et Dumesnil (fig. 239) représentent la plupart de ces portes que l’on désigne sous le nom de « fausses portes » (doc. 74). La porte Compoise est intégrée au Châtelet (fig. 244).
194Elles disparaissent dans le courant du xviiie s.
4.3.2.3 L’enceinte urbaine
195– 1356 : l’abbé Robert de Fontenay autorise les habitants à fortifier leur ville (doc. 67).
– 1358 : le 3 août, Charles II (le Mauvais), roi de Navarre, met la ville à sac.
– 1366 : l’ordonnance de Charles V montre que la ville n’est pas encore en état de résister (AN, S 2252B).
– 1370 : Charles V ordonne la destruction du quartier de Saint‑Remi.
– 1411 : les 400 lanciers du duc de Bourgogne établissent leur garnison à Saint‑Denis (doc. 70).
– 1417 : le 7 juillet, l’abbé et les religieux engagent une partie de leur vaisselle pour la somme de 2 000 écus, qu’ils prêtent aux habitants afin de fortifier de nouveau leur ville (AN, S 2252B).
Document 67
Robert de Fontenay, abbé de Saint‑Denis, permet aux habitants de fortifier leur ville, 30 décembre 1356.
Cette mise en défense de Saint‑Denis est consécutive à l’accroissement des hostilités entre Français et Anglais qui atteint son paroxysme le 19 septembre de la même année, avec la capture du roi de France, Jean II le Bon. En même temps, l’abbé cède aux habitants les pêcheries des fossés.
Source – Copie du xiv s. (?), AN, S 2252 B.
A tous ceulx qui ces lettres verront, Robert, de par la permission divine humbles abbés de Saint Denis en Frence et le couvant de ce masme lieu, salut. Comme nos biens amés en Dieu nos bons subgiés bourgois habitans de notre ville de Saint Denis nous ayant humblement supplié qu’il nous plut leur donner congié de parfaire les fossés et forteresses de notre dicte ville et faire les portes et aultres farmetures necessaires et convenables a ce que lesdits habitans peussent estre plus seurement et qu’on peut recueillir s’il estait mestier, altres subgiés et voisins en quois de besoing, que sa naviegue et il fussent pres et offrans de y mettre et contribuer tant que la chosse feust parfaitte ; en bon conseil de nous, de notre baillif et de nos gens, que pour eulx allegier et ce concil qu’il nous pleust a eulx de laisser de notre grasse aucuns des proufis et revenus de la pescherie desdiz fossés, tant fais comme afaire, pour convertir es soutenes des dictes forteresses sance notre souveraineté et justice non obstent que nous en eussions jouy seulx, et pour le tout ; savoir faisons que leur dicte supplicacion ouy et en conseil et deliberacion sur ce desirant le bien et honneur de noz diz subgiés considéré ainsy le temps des grosses guerres qui sont a pressant et qui s’efforcent de jour en Jour ; en contenplacion de nos diz subgiés bourgois et habitens et pour le – proufit present et avenir et de noz dictes esglises et ville par bon conseil et deliberacion leur avons octroié ledit congié et licence de faire et parfaire les diz fossés, meurs et clostures, portes et forteresses a la deliberacion et ordonnance de nous et de nos Justiciers ; et pour ce qu’il soient parfais les trois parts des asmolemens et profis de toute la pescherie qui est et sera des poissons et diz fossés tant fair comme afaire, avons donné et donnons par ces presentes a l’euvre des dicts forteresses et dessoustenenans dicelles et prendre et recevoier au temps qui sera plus proufitables par bonnes personnes de la ville qui par nous abbé dessusdit et de par noz successeurs au conseil de bonnes gens de la ville qui y seront establis et les quiceulx nous en rendront compte des bonnes gens de la ville appellés sy que tout soit converty en l’euvre et usage dessusdis et non ailleurs et la quarte partie et ausy toute la seignorie et tout autre droit que nous avions par avant en yceulx fossés fais et afaire demourans a nous et a notre dicte esglise ; et se les fossés n’estoient parfais dedens temps deu et conpetant sans compter meurs ne portes ce don cessera et mis en mil effet au cas que il tendrait a yceulx an tesmoing de ce nous avons fait mettre nos scaulx a ces presentes le penultieme jour du mois de decembre l’an de grasse mil troiz cens cinquante et six ainsy signé. De saint Remy.
196.
Document 68
Le régent Charles autorise le prévôt de Paris à fortifier l’église de Saint‑Denis, 6 avril 1358.
Depuis le 25 mars, le Régent a quitté la capitale qui est sous le contrôle d’Etienne Marcel ; mais, à Meaux, il participe à plusieurs rencontres avec le prévôt et les échevins de Paris. Le diplôme qui suit a pu être établi à l’occasion de l’une de ces entrevues.
Source – Doublet 1625 : 994‑995.
Charles ainsné filz du Roy de France, Regent le Royaume, Duc de Normendie & Dalphin de Viennois, au Prevost de Paris, ou à son Lieutenant Salut. Comme il soit évident neccessité que l’Eglise de saint Denis en France soit enforciee de murs, de fossez, & autres forteresses, & les Religieux Abbé & Convent de la dite Eglise de saint Denis aient encommencié à ycelle Eglise fermer & enforcier de murs & de fossez, aux quiex murs & tossez & à la forteresse de la dicte Eglise sont nuisans & empeschans pluseurs maisons & autres edifices & jardins par les quiex, se abatus & démolis n’estoient, grant péril pourrait venir à la dite Eglise comme nous entendons. Nous qui de tout nostre cuer desirons, pour la reverance de Monseigneur saint Denys & ses compaignons qui en la dite Eglise reposent, que la dite Eglise soit en tel estat que bonnement puisse resister à noz ennemis se mestier estait, laquelle chose Dieux ne vuille, vous mandons & commectons que tantost & sanz delay vous vous transportez à ladite Eglise, & appeliez avec vous aucuns des diz habitans & autres bonnes personnes tels comme bon vous samblera, & toutes les maisons, murailles, & autres edefices, qui par le conseil & avis des dessus nommez vous apparront estre nuisables à ladite forteresse, aus murs, & aux fossez d’icelle Eglise, vous tantost & sanz delay faites abatre, démolir, & mettre en tel estat, que ladite forteresse se puisse parfaire, & que y ceuls ne puissent nuire à la tuicion [protection] & deffense de ladite Eglise. Ce faites par telle maniere que par deffaut de vous péril ou dommage ne s’en puisse enfuir, car il nous en displairoit, & vous en pugniriens griefment. De ce faire vous donnons povoir, mandans à tous les Justiciers, Officiers & subges dudit Royaume, que à vous en ce faisant obeïssent & entendent diligamment. Donné à Meaux le sixiesmejour d’Avril, l’an de grace 1358. Par Monseigneur le Regent, s. Gontier.
FIG. 228 – Plan et coupe d’un pont‑levis dégagé par Debret en 1828 au‑devant de la façade de l’église abbatiale. AMH, no inv. 56686 ; papier, encre, aquarelle ; 68 x 52 cm.

L’architecte attribue les maçonneries à deux états d’un pont‑levis. « Pavage exécuté en avant du perron du portail : en fouillant cette partie pour égaliser le sol on trouva les fondations de deux tours, d’un mur de fossée et l’indication d’un pont‑levis, dont la gouture [sic] inférieure était encore parfaitement indiqué. Ce mur de fossé que je fis fouiller jusqu’à 12 pieds de profondeur et seulement pour le reconnaître, existe dans l’alignement des bornes de granit qui forment en ce moment l’enceinte du perron. » (AN, F21 1451 : 36.)
cl. P.M./ADSSD
FIG. 229 – Plan partiel de la place Panetière, en 1721. ADY, D 928 ; papier, encre, lavis ; 29 x 17 cm.

Ce document, qui semble concerner quatre étals de la place, est annoté au revers « Plan de barraques sur la place Pannetière ». II permet d’identifier le parvis qui subsistait jusqu’en 1771, avec en son milieu la porte que Gautier nous décrit comme un fort massif surmonté de deux tourelles (doc. 69). À l’angle sud‑est du parvis « la petite porte du logis du trésorier » (doc. 74) et, au nord, le tourniquet de la porte du cimetière empêchant le passage de voitures. Sur la place, sont indiqués la croix et le carcan, ou pilori.
cl. ADY
FIG. 230 – Vue de la porte du cimetière depuis l’est, vers 1830. MAHSD ; lithographie de Lemercier.

Cette vue montre le portail ménagé entre l’abbatiale, à gauche, et la maison de la Cène, à droite. II s’agit d’une simple baie couverte d’un arc brisé. En 1819, le tourniquet a été remplacé par une borne.
cl. EJ./ UASD
Document 69
La porte du Parvis d’après Gautier.
Source – Gautier : 66.
II y avoit cy devant un mur en face du portail de l’abbaye, ce qui formoit une petite cour longue, et qui garantissoit les portes de bronze pendant la nuit. Au milieu du mur étoit une grosse porte à panneaux antiques en forme de lozanges avec de très gros clous, dont les têtes étaient apparentes sur différens petits lozanges appliqués ou figurés s’ils étaient pris dans l’épaisseur du bois. Cette grosse porte étoit en face de celle de bronze du milieu. Au milieu de cette grosse porte, laquelle étoit en pierres, je veux dire ce qui accompagnoit la porte de bois, étoit une espèce de boulin de fer qui se partageait en deux, et s’ouvroit par un cadenas comme sous la voûte du Châtelet à Paris, pour empêcher les voitures de passer, et ne s’ouvroit que lorsque les circonstances l’exigeoient, comme pour des tentures pour les services, ainsi que pour d’autres objets qu’il étoit urgent de faire entrer. (...) Ce mur, et le fort massif entourés ou accompagnés de deux petites tourelles et dont cette forte porte faisoit le centre, furent démolis en 1770 ou 1771, temps ou l’on fit le parvis accompagné de bornes de pierres, tel que nous l’avons connus.
197– 1435 : l’enceinte est partiellement démantelée (doc. 71, 72) puis réparée.
– 1540 : le 21 mars, le bailli condamne les échevins et gouverneurs de la ville à faire curer les fossés et réparer les remparts ; à cet effet, on fait lever sur les habitants une somme de 1 000 livres (AN, S 2252B).
– 1589 : réfection d’une partie des murs qui avait été ruinée (Commission des Archives 1906 : 1).
– 1590 : on commence à bastionner la ville (BNF, ms. fr. 20851 : f°214v°).
– 1591 : le 3 janvier, la ville est prise par le duc d’Aumale, chef des ligueurs. « Comme les fossez estoient glacez, il fut aisé à plusieurs de ses soldats de parvenir jusqu’à la muraille. Ils y jetterent des échelles, entrerent dans la ville & rompirent la porte appellé de Paris (…) » (Félibien 1706 : 418.)
– 1598 : les actes capitulaires signalent des « fossez et fortifications de la ville et hors d’icelle faite pendant les troubles de la Ligue » (AN, LL 1218).
– 1723 : le rempart n’a plus d’utilité militaire, il ne sert plus qu’à la police. Les habitants sont chargés de construire un mur d’octroi haut de dix pieds (Commission des Archives 1906 : 9).
– 1749 : le maire, Martin Ragot, fait démolir et niveler les fortifications entre la porte de Paris et la porte Neuve pour y établir une promenade plantée d’arbres (Commission des Archives 1906 : 35).
– début du xixe s.‑1860 : le rempart est progressivement remplacé par des boulevards.
Documents 70, 71, 72
Saint‑Denis de 1411 à 1436.
Le 3 octobre 1411, le duc de Bourgogne, soutenu par les bourgeois de Paris, installe à Saint‑Denis une garnison de 400 « lances » sous le commandement de Jean de Châlon, prince d’Orange.
Source du document 70 – Pintoin, Beltaguet 1839‑1852, t. IV : 491 ; traduction française : L.‑F. Bellaguet.
(...) Ledit chevalier [Jean de Châlon] promit de la défendre en personne, y établit aussitôt onze de ses hommes d’armes, et confia à Thibaud de Neufchâtel la porte de Pontoise, à messire Jacques de Vienne la porte de Saint‑Remi, à Philippe de Vienne la porte de Paris, et à messire Mathieu de Bonnay tout l’espace compris entre cette porte et la tour Jurée, séjour des criminels condamnés. Quant à la partie de l’enceinte qui s’étendait depuis la porte de Paris jusqu’à celle de Seine et qui était plus que toute autre exposée aux assauts, il en confia la défense à Jean de Beauvoir, et recommanda aux habitants de faire le guet à tour de rôle jour et nuit, et de remplir de pierres des tonneaux qu’on placerait le long des murs. (...)
Les Armagnacs assiègent aussitôt la ville. Ils s’emparent du quartier Saint‑Remi, détournent le cours du Croult et fabriquent des machines de guerre avec les loges de la foire du Lendit. La ville doit capituler et se livrer aux Armagnacs.
De 1414 à 1418, les deux factions de la guerre civile se disputent Saint‑Denis. En 1417, à l’approche des Anglais, la ville se fortifie de nouveau ; l’année suivante elle est investie par l’armée bourguignonne et le monastère est mis à sac. À partir de 1429, Saint‑Denis occupe une position stratégique dans la reconquête de la région parisienne par Charles VII.
En 1435, le « Bâtard d’Orléans », réussit à se rendre maître de la ville ; il y laisse une garnison de 1200 hommes sous la conduite de Rochefort. Mais les Anglais, déterminés à reprendre la place, l’assiègent en établissant des batardeaux sur les rivières pour l’inonder jusqu’au Châtelet de la place Panetière (Chartier, Vallet de Viriville 1858 : 179‑183). Le 4 septembre, la ville se rend ; aussitôt, les Anglais se mettent à démanteler l’enceinte pour ne conserver que l’abbaye fortifiée et notamment la tour de Salut, ou tour du Velin. Simultanément, ils mettent en défense l’Île Saint‑Denis, sur la Seine. En 1436, une bataille qui se déroule au nord de la ville amènera la défaite des Anglais (fig. 344).
Source du document 71 – Doublet 1625 : 1314.
L’an mil quatre cens trente cinq le premier jour de Juin le Bastard d’Orleans accompagné du Seigneur de Rochefort et de plusieurs autres seigneurs et Capitaines prendront derechef la ville de saint Denis sur les Anglois et firent de grands exploicts contre ceux de Paris mais en fin la ville fut encore assiégé et après quatre moys renduë par le Marechal de Rochefort vies et bagues sauves. Elle fut demantelée et rasée fors les murailles de l’Abbaye avec la tour de salut qui fut fortifiée, laquelle quelques escrivains nomment la tour de venin mal à propos son nom prealegué estant écrit dedans un escriteau de pierre et les lettres très anciennes aussi de pierre de relief.
Jean Chuffart († 1451), chanoine de Notre‑Dame de Paris, est l’auteur présumé de cette chronique de la vie quotidienne à Paris, de 1405 à 1449.
Source du document 72 – Tuetey 1881 : 309.
(...) ainsi fut la ville de Sainct‑Denis destruicte, et quant ilz orent tout pillié [à leur povoir], si firent abatre les portes et les murs, et en firent ville champestre ; et tant comme le siege dura, il n’estoit sepmaine que l’evesque de Terouanne, qui estait chancellier, ne couchast en l’ost une foys ou deux, et fist faire en l’isle de Sainct‑Denis une petite forteresse toute environnée de grans tossez tres partons.
Les portes de l’enceinte urbaine
198● Porte Saint‑Rémy
– 1411 –.porta SanctiRemigii (doc. 70).
– 1575 : Belleforest figure la « porte Saint‑Remy » dotée d’un pont‑levis et précédée d’une barbacane (fig. 177).
– 1725 : la porte est reconstruite (fig. 232).
– 1775 et 1786 : réparation des vantaux de bois (Commission des Archives 1906 : 170 ; Duval, Barroux 1923 : col. 106).
– fin du xviiie s. : la porte est supprimée, le pont subsiste jusqu en 1840.
FIG. 231 – La porte Saint‑Rémy en 1725, devis pour sa reconstruction. AMSD, DD 50 ; papier, encre ; 9 cm.

Depuis le début du XVIIIe s., les portes de la ville n’ont plus de fonction défensive et se transforment en simples portes cochères.
FIG. 232 – La porte Saint‑Rémy en mai 1839. BNF, Cabinet des Estampes, Ve 26g : f°110 ; papier, crayon ; 23 X 23 cm.

© cl. BNF, Paris
199● Dos‑d’Ane
– 1575 : Belleforest figure le pont‑aqueduc sur le fossé par lequel le Croult quitte la ville (fig. 177).
– 1603 : lors de la construction du moulin du Dos‑d’Ane, le pont‑aqueduc est doublé d’un autre pont (fig. 311).
200● Porte d’Enghien
– 1740 : ouverture de la porte pour laisser le passage au prolongement de la rue d’Enghien.
201● Porte de Pontoise, ancienne porte de l’Estrée (?)
– 1359 : près de la porte de l’Estrée, une vigne tient au fossé de la ville et aboutit sur la rue Champet (AN, LL 1191 : no 4280).
– 1376‑1377 : « pour euvrer a la porte de Lestré, 56 s. » (AN, LL 1241 : f°259).
– 1411 : porta versus Pontisaram (doc. 70). La même année, l’Ancien coutumier du « Livre vert de Saint‑Denis » mentionne le pont de la porte de Pontoise (doc. 88).
– 1575 : Belleforest représente la porte précédée d’une barbacane (fig. 177).
– milieu du xviie s. : vue de la porte par Israël Silvestre (fig. 170).
– 1681 : il est question d’une maison située entre les deux portes de Pontoise (Commission des Archives 1906 : 102).
– 1732 : on abat le ceintre de la première porte (Commission des Archives 1906 : 23).
– 1766 : le pont de bois est reconstruit en pierre (Commission des Archives 1906 : 60).
– 1783 : la porte n’existe plus (fig. 222).
202● Porte de Seine ou porte Neuve
– 1411 : [porta] Secane (doc. 70).
– 1575 : Belleforest figure la « Porte Neufve qui ne s’ouvre point » (fig. 177).
– 1589 : on refait la porte qui a été démolie pendant les troubles de la guerre (Commission des Archives 1906 : 1).
– vers 1611 : Duwiert dessine une vue de la porte dotée d’un pont‑levis (fig. 221).
– 1766 : le pont de bois de la porte est reconstruit en pierre (Commission des Archives 1906 : 60).
– 1783 : la porte n’existe plus (fig. 222).
203● Porte de la rue du Trou‑Bureau (rue Puipensot)
– vers 1710 : on a muré cette porte ouverte pour les habitants de l’île Saint‑Denis, qui dépendaient de la paroisse de Saint‑Marcel (Commission des Archives 1906 : 112, 135).
204On ne sait rien d’autre sur cette porte qui ne figure sur aucun document iconographique.
205● Porte de Paris
– 1411 : porta Parisiensis (doc. 70)
– 1575 : Belleforest montre la porte dotée d’un pont‑levis et précédée d’une barbacane (fig. 177).
– milieu du xviie s. : Israël Silvestre dessine la porte en ruine (fig. 233).
– 1704 : Berthier dessine un pont à deux arches (fig. 367).
– 1749 : élargissement du pont (Commission des Archives 1906 : 34‑35).
– 1750 : la porte est supprimée (fig. 234) et remplacée par une grille dessinée par Bayeux, inspecteur des Ponts et Chaussées (fig. 339).
– 1777 : la grille est supprimée.
FIG. 233 – Vue de la porte de Paris, par Israël Silvestre (1621‑1691). BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure ; 12 x 8 cm.

© cl. BNF, Paris
FIG. 234 – Plan et façade du premier étage de la porte de Paris, première moitié du XVIIIe s. AMSD, DD 49 ; papier, encre, aquarelle ; 25 x 41 cm.

Sur le fronton sont sculptées les armes de l’abbaye royale, la seigneurie religieuse de la ville. En 1750, cette porte fut remplacée par une grille sur laquelle la municipalité naissante apposa ses armes.
cl. EJ./ uasd
206● La Busine
C’est l’endroit où le ru de Montfort passe par‑dessous le fossé du rempart.
– xviiie s. : un pont jeté sur le fossé relie le potager de l’abbaye à l’oseraie de la Couture (fig. 151, 167, 181, 222).
207● Tmir Murée, tour Jurée, porte (ou tour) aux Pois avec pont (ou porte) de Derrière ou de la Couture .
– 1389 : un hérétique est inhumé en terre profane près de la tour Murée, juxta turrim, que murata vocatur (Pintoin, Bellaguet 1839‑1852,1.1 : 644‑645).
– 1411 : turris Jurata, la tour Jurée, « séjour des criminels condamnés » (doc. 70), que nous pensons synonyme de la tour Murée citée en 1389, correspond très probablement à la porte aux Pois.
– 1435 : la porte est brûlée par les Anglais (doc. 73).
– 1465 : on rétablit la « porte aux Pois, pont vollant, herse » (doc. 73).
– 1469‑1470 : l’abbé y ménage à grands frais une nouvelle cuisine (AN, LL 1297).
– 1535 : « tour des Poys » et « pont de Derrière vers les champs » (doc. 46).
– 1575 : Belleforest figure la porte dotée d’un pont‑levis (fig. 177).
– 1589 : la porte du pont de Derrière est murée (Félibien 1706 : 411).
– 1645 : « porte de la Cousture » ( ).
– 1649‑1652 : la porte de la Couture est murée avec de grosses pierres de taille (doc. 74).
– xviiie s. : On ne figure plus que le pont de la Couture (fig. 149, 165, 167, 168, 222, 239).
208● Tour du Bassin
– 1481 : la tour est située près du Croult, entre la Couture et les fossés de la ville (doc. 105).
– 1575 : on identifie sur le plan de Belleforest (fig. 177) une tour, située à proximité du trou provendier de Saint‑Denis marqué « X », qui pourrait correspondre à cette construction.
209● Pont‑aqueduc
210– xve s. : pont‑aqueduc sur le fossé « par lequel l’en met l’eaue es fossés de la ville » (Duval, Barroux 1923 : col. 209).
– xviiie s. : les plans figurent l’ouvrage doublé d’un pont qui relie l’abbaye au terrain situé au nord du Croult, annexé en 1671 à la Couture (fig. 181, 222).
Document 73
Comptes des réparations à effectuer suite aux dévastations de la guerre dite du Bien public (1465‑1466).
Ces extraits des comptes de la commanderie permettent de souligner l’importance des installations défensives (portes, huis, herses, pont‑volant, grilles sur la rivière), la nécessité d’un curage régulier du Croult –ici dans les limites de l’abbaye– le rôle essentiel de la navigation sur la Seine pour apporter la pierre et le « merrien » (bois de construction) indispensables. Ils confirment également la mise en défense de l’île Saint‑Denis.
Source – AN, LL 1246 ; texte collationné par C.B.
- 7 Arsé : brûlé.
[f°193] Reparaçions et ouvraiges a faire neccesserement durant l’an de ce present compte et faiz faire par ledit commandeur pour la grant eminance qui y estait tant a l’occasion de la guerre qui parmi ceste abbaye, la ville de Saint‑Denis, du Lendit et ailleurs, avoient mis les ediffices en desolation comme autrement. A Gaultier Berault, maçon, demourant a Saint‑Denis, lequel pour ladlcte eglise avoit fait plusieurs ouvraiges de son mestier, livré certaine quantité de plastre, icelui avoir employé en divers lieux parmi ladicte abbaye et au Chastellet de Saint‑Denis et deschargé du bateau a terre 110 tonneaulx de pierre qui estait venue de la quarriere selon que plus a plain les parties desdits ouvraiges et les lieux ou il les a faiz sont declarez en deux quictances signées de sa main et en une declaration en pappier par lui baillé par escript audit commandeur de anciens ouvraiges qu’il a faiz et les lieux ou il les a faiz et les quantités qu’il a pour ce délivrées. Montans iceulx ouvraiges aussi par lui faiz selon lesdites deux quictances et declaration a 11l. 17 s. 8 d. Sur laquelle somme lui a esté paié par ledit commandeur comme il appert par quictance en partie et autrement 10 I. 16 s. parisis. Ainsi ne serait deu audit Berault de tous lesdits ouvraiges de reste que 21 s. 8 d. parisis Pour ce ycy en mise 10 I. 16 s. p.
Le dimanche 13e Jour de novembre baillé a Gilles de Wastines, charpentier de la grant coignié, la somme de 18 s. 8 d. t. qui luy estoient deubz pour 6 Journees de lui et de son varlet c’est assavoir pour un jour pour lui au pris de 3 s. 8 d. pour Jour et de deux Jour de son varlet au pris de 2 s. pour jour pour avoir aydé a reffaire ung quartier de la porte aux Pois que les Bretons avoient arsé7 aussy pour avoir fait ung pont vollant et rabillé la herse de ladite porte aux Pois pour ce 18 s. 8 d.
A ung menuisier de Saint‑Denis lequel a fait de neuf l’uys du celier du cloistre, a lui paié par marché fait avec lui pour boys et peine 22 s. p.
[f°193v°] A Jehan Ymoyn de Pierrefuite, pour avoir fait reffaire par le serrurier ung serceau a rejoindre l’escroue du pressoer qui estait ronpue baillé alluy 13 s. 4 d. qu’il a affermé avoir tant cousté pour ce...
A Laurans Desouys, charpentier, pour avoir besongné au pont de la porte aux Pois avecques Gilles de Wastines et Nicolas Pay 2 Jours, au pris de 2 s. 8 d. p. chacun Jour, pour ce 5 s. 4 d.
Le 7e Jour de Janvier baillé a Symon Phillippe, de Trappes, 62 s. p. sur la somme pour avoir par marchié fait avecque luy pour admener et charger les pons levis qui sont faiz au bois de Valencienes jusques a Saint‑Denis, pour ce reste 33 s. p. sur 62 s.
Judi 9e Jour de Janvier pour clou a reffaire le banc de la salle de la commanderie acheté et paié 8 d. p.
Item le mercredi 22e jour de janvier payé par [Jehan] Vast a sept bateliers qui amenerent au long de la riviere de Seine et mirent a terre les deux grans pieces de merrien qui avoient esté prises en la nef de l’esglise pour faire l’ung des pons des Bretons, pour ce 4 s. p. Item pour quatre grans doux a reffaire le moulin de la Courtille prins en l’oustel de Guillaume le Barbier.
Le premier jour de fevrier, baillé a Guillaume le Maçon, serrurier et couvreur, de Goulvieux, la somme de 7 livres parisis pour le gril d’en hault qui avoit esté ronpu duquel il a convenu refaire au quel il a falu, pour la reffection, la quantité de 280 livres de fer, chacune livre au pris de 6 deniers la livre, montant ladite somme dont le ledit serrurier doit apporter la quictance pour ce 7 I. p.
Item pour les journees et despens des batelliers, charpentiers et manouvriers qui deffirent et leverent le merrien des pons et bastille que les Bretons avoient fait en l’isle Saint‑Denis et icelui merrien avoir mis aport ou ilz vacquerent plusieurs journees contenues en la declaration sur ce faicte pour Me Jehan Vast a eulx paié par lesdit Vast comme appert par lesdites parties 64 s.
- 8 Pionnerie : travaux de terrassement.
[f°194] Item a Pierre Dauvergne pour avoir besongné deux jours a nectoyer la cuisine du couvant et geté les gravois, au pris de 16 deniers pour jour vacqué 2 s. 8 d. p.
Item samedi 8e jour de fevrier au filz Paillon qui pendi l’uys de la cuisine et estoupa des troux et enploya ung sac de plastre, pour sa pene et le piastre 16 d. p.
(...)
Le samedi 10e mars fut commancé a curer Croust dedans l’abbaie et gangneres six ouvriers C’est assavoir Martin Boursier, Symonnet de Tours, Roulet Bonneville, Pierre François, Laurin du Vivier et Jehan Le Blay, pionniers8 chacun jours 3 s. 4 d. p., qui font ensenble pour tout 20 s. p. pour ce pour ce dit jour 20 s. p.
Le mardi ensuivant pour les dessus diz pour ledit jour audit pris ce jour pour deux paniers avecques achetez pour vider les immondices dudit Croust 20 s. p.
4.3.2.4 La Couture
211– 1590 : « les murs de la Couture furent abbatus (…) et on remplit de terrasse la porte de Derrière l’abbaye [porte aux Pois] » (BNF, ms. fr. 20851 : f°214).
– 1682 : « muraille faite à la Couture » (BNF, ms. fr. 20851 : f°219).
– 1753 : alignement entre la porte Rouge et le Pré aux Bœufs.
212● Tournelle Saint‑Louis
– 1360 : la Tournelle Saint‑Louis se trouve à l’extérieur des douves des nouveaux fossés (AN, LL 1191 : no 4293).
– 1575 : Belleforest localise la tour marquée « t » à côté du pont Buleteau (fig. 177).
213● Porte Rouge ou porte de la Couture
En 1740, le plan terrier de la seigneurie de La Courneuve localise cette porte au fond de la Couture, ouvrant en direction de La Courneuve (fig. 356). Elle tire son nom des vantaux qui étaient peints en rouge. En 1771, on lui installe les vantaux gris de la porte du Parvis de l’abbatiale (doc. 69).
FIG. 235 – La région parisienne, par Mathis Zündten, Nuremberg, 1565. BNF, Cabinet des Estampes, Qb 201 ; gravure ; 36 x 26 cm.

Cette vue perspective se rapporte au siège de Paris par les huguenots en 1567. Bien qu’il figure de façon largement fantaisiste les agglomérations, ce document permet de se rendre parfaitement compte de la position stratégique de Saint‑Denis par rapport à la capitale. Quittant la ville, des soldats se dirigent vers une passerelle jetée sur la Seine. Ce pont ne semble pas attesté par ailleurs.
© cl. BNF, Paris
Document 74
La ville et l’abbaye sous la Fronde, d’après le « Livre des choses mémorables de l’abbaye de Saint‑Denis en France » de dom Victor Tixier.
Cette chronique des troubles de la Fronde fut rédigée à l’abbaye de Saint‑Denis par le sous‑prieur dom Tixier entre les années 1649 et 1652. L’original a disparu mais les Archives nationales en conservent une copie datée de 1734. En 1848 Douët d’Arcq et Le Roux de Lincy publient des extraits de ce manuscrit. Notre texte est établi d’après cette édition.
Le récit éclaire le fonctionnement des fortifications de la ville et de l’abbaye à l’Époque moderne. Il intéresse également la topographie du monastère médiéval.
Source – Tixier, Douet d’Arcq, Le Roux de Lincy 1848, d’après AN, K118A : no 36.
En 1652, la ville, et plus particulièrement l’abbaye de Saint‑Denis, est le théâtre de la Fronde des Princes, opposée au retour du cardinal Mazarin. Le 11 mai Louis II de Bourbon, prince de Condé, installé à Paris, décide de prendre Saint‑Denis, sachant que la ville n’était défendue que par dix cavaliers du régiment Mazarin et deux compagnies des gardes suisses, commandées par le capitaine Dumont. Sept à huit mille hommes conduits par le duc de Beaufort s’approchent de Saint‑Denis.
- 9 Il faut sans doute rectifier par « port de Saint‑Denis », ce qui correspond mieux à la configuratio (...)
[p. 338] (…) Sur les cinq heures du soir quelques cavalleries, venant du chemin qui conduit à Saint‑Cloud, parurent à la vue de Saint‑Denys. Ce qui obligea dix cavaliers du régiment de Mazarin, qui étoient restez ici avec deux compagnies des gardes‑suisses qui faisoient toute la garnison, de sortir hors de la ville pour aller reconnoître les ennemis. Mais le nombre des ennemis augmentant à vue d’œil, les dix cavaliers furent poussez jusques à la porte de la ville de Saint‑Denys, nommée la Porte‑Paris. Les bourgeois qui gardoient ladite porte sortirent pour secourir ces cavaliers mazarins, lesquels, prenant courage, poussèrent les ennemis à leur tour jusques à la croix ou chapelle nommée Saint‑Quentin, où lesdits ennemis firent ferme et formèrent un escadron de cent ou six vingts maîtres. Ce qui obligea les bourgeois de Saint‑Denys et les cavaliers de s’en revenir, avec un cavalier du prince qu’ils avoient fait prisonnier ; mais aussi un bourgeois fut tué à cette occasion. Sur les six heures du soir le duc de Beaufort, à la teste de sept ou huit cents chevaux, parut sur les hauteurs de Saint‑Ouen, et, marchant au petit pas le long de la rivière, se vint poster à la maison du pont9 Saint‑Denys, d’où il détacha quatre cents des siens pour faire le coup de pistolet à la porte de Pontoise, et s’emparer à même tems des ponts de Saint‑Ladre et du moulin Saint‑Paul. Ce qui obligea le sieur Dumont (...) qui faisoit les fonctions de commandant et de gouverneur, de faire sortir sur eux trente bourgeois et quinze suisses qui, de prime abord, chassèrent les ennemis, tant du pont que du moulin Saint‑Paul. Ce que voiant ledit duc de Beaufort, il sortit de son poste à la teste de deux cents chevaux et s’avança jusques au pont du moulin Saint‑Paul, d’où il chassa les bourgeois et les suisses, et les poussa jusqu’au bord du fossé de la ville, puis se retira. Les bourgeois voiant que M. de Beaufort s’étoit retiré, firent une deuxième sortie et s’emparèrent de rechef du pont, chassant les ennemis au delà jusques aux terres dites de Saint‑Marcel ; mais le duc de Beaufort, revenant au galop, rechassa pour la deuxième fois les bourgeois et les suisses, du pont, après une chaude attaque, et les recogna jusque dans la ville ; et, la nuit survenant, il demeura maître du pont. En cette attaque, l’enseigne du sieur Dumont fut tué et quatre ou cinq suisses, sans perte d’aucun bourgeois.
Pendant que ceci se passoit dans et dehors la ville, l’on travailloit à la sûreté du monastère, et voir comme on pouvoit se comporter en cette rencontre. M. Dumont, qui étoit beaucoup affectionné à l’abbaye et qui nous donnoit journellement avis de tout ce qu’il apprenoit, nous avoit avertis, plusieurs Jours auparavant, que M. le Prince avoit dessein sur la ville de Saint‑Denys. Ce qui fit que le R.P. [Révérend Père] prieur aiant fait assembler la communauté, trois ou quatre Jours devant que nous fussions attaquez, donna tous les ordres nécessaires et assigna à un chacun ce qu’il falloit faire. Sçavoir : de garder les portes, recevoir et faire entrer les séculiers, et autres choses semblables.
- 10 Par ce terme « les anciens » l’auteur désigne les religieux bénédictins qui, lors de la prise de po (...)
Plus loin, le manuscrit précise ces ordres :
[p. 402] (...) Le R.P. prieur, après avoir prévu à la sûreté du trésor, s’appliqua aussi à pourvoir à la sûreté du monastère. Et pour cela, l’on fit murer à trois ou quatre petites portes en divers endroits du monastère. Et particulièrement l’on fit murer de grosses pierres de taille la porte de la coûture.
L’on fit provisions de farines autant que l’on put. Il vit aussi plusieurs fois MM. nos Anciens10, pour leur faire offre de nos services et assistances en cas de besoin. Et le corps de logis de l’hôtellerie fut destiné pour eux, en cas qu’ils se voulussent retirer chez nous. L’on assista aussi en tout ce que l’on put les habitans de la ville, et leurs meubles furent mis en divers endroits du monastère, comme en la chapelle Saint‑Clément, salle du Trésor, dans les chapelles, sous le chevet, dans quelques chapelles de la nef, dans la chambre du portier, dans l’infirmerie, l’hôtellerie, le logis de la panneterie, même dans quelques chambres du dortoir : bien, comme j’ai remarqué, qu’il faille être beaucoup plus circonspect, et ne pas donner la liberté aux séculiers d’occuper quel lieu qu’il leur plaît. (...)
Pendant la nuit, les frondeurs, rejoints par le prince de Condé, attaquent la ville.
[p. 340] (…) Ledit sieur Dumont, voiant que les ennemis s’étoient saisis des avenues de la ville et qu’infailliblement ils l’attaqueroient bientôt, vint trouver le R.P. prieur et lui dit tout ce qui se passoit et l’assurer qu’il nous serviroit en tout ce qu’il pourrait ; mais qu’il prioit aussi, qu’en cas qu’il fût poussé, que lui et ses gens pussent avoir retraite dans l’abbaye. Ce que nous lui promîmes, et l’assurâmes que nous ferions de notre part tout ce qui nous serait possible pour seconder le désir qu’il avoit de servir le roy et se bien défendre à cette rencontre. Il fut arrêté que la porte du parvis demeureroit ouverte, et, comme le logis du trésorier a une grande porte qui répond vis‑à‑vis celle qui entre au monastère et qu’il y a aussi une petite porte qui sort dans le parvis de l’église, que ces portes lui seraient ouvertes, et qu’il entreroit par le parvis au travers dudit logis du trésorier et se retireraient ainsi dans l’abbaye. (...)
[p. 343] (…) Puis le sieur Dumont, s’avançant le long du rempart vers les Récolets, trouva que M. le Prince s’étoit déjà emparé de la demi‑lune qui est vis‑à‑vis la ruelle des Récolets, la quelle demi‑lune, comme tout le bord du fossé depuis la demi‑lune jusqu’au bastion du Trou‑Bareau [sic], étoit couverte de mêches allumées. (...)
[p. 344] (…) Après une grande demi‑heure ou trois quarts d’heure de résistance, M. le Prince se rendit enfin maître de la brèche et du rempart jusqu’à la porte de Paris, après avoir perdu cent ou six vingts des siens, qui demeurèrent dans le fossé ; n’y aiant aucun bourgeois de blessé, mais bien trois ou quatre suisses de tuez et autant de blessez. M. le Prince s’en vint sans résistance, dès qu’il fut entré, jusqu’à la grande boucherie. Cependant, M. de Beaufort donna au Trou‑Bareau, qu’il emporta sans aucune difficulté, la garde aiant abandonné ce lieu, et aiant joint M. le Prince, ils attaquèrent conjointement la barricade qui étoit proche la fausse porte de la grande boucherie, laquelle ils gagnèrent après cinq quarts d’heure de résistance, et perte de soixante et quinze ou seize des leurs et de quatre ou cinq habitans de Saint‑Denys, et trois ou quatre blessez. Puis les attaquans s’emparèrent de la place de la Pannetière, et ensuite se présentèrent devant la grande porte de l’Abbaye. (…)
À l’instar des bourgeois de la ville, les suisses se réfugient dans l’enceinte monastique. Par crainte d’un sac éventuel de l’abbaye, Dumont capitule ; avec ses soldats il est conduit à Paris.
Le prince de Condé quitte à son tour la ville mais nomme le sieur Deslandes gouverneur. Le 12 mai 1652, le lendemain de l’occupation de Saint‑Denis par les frondeurs, la ville et l’abbaye s’apprêtent à être reprises par l’armée du roi.
[p. 358] (...) L’infanterie étant entrée dans la ville abbaissa le pont‑levis et fit entrer la cavalerie qui, conjointement, donnèrent la chasse aux soldats des princes qui se sauvèrent le plus vite qu’ils purent dans le monastère. Non pas tous, car, de plus de sept cents qu’ils étoient, il n’en entra pas trois cents dans l’abbaye, tout le reste aiant été tué ou dissipé.
Le corps de garde qui étoit à la porte de Saint‑Remy s’enfuit au bois de Merville. Les soldats, qui étoient dans un effroy de crainte qui n’est pas croiable, ne cherchant qu’à se cacher ou se mettre en sûreté de la fureur des soldats du roy plutôt qu’à combattre, se trouvèrent bien étonnez pour la plupart se voiant dans les grandes cours du monastère, les portes qui entrent dans les cloîtres fermées, et, qui plus est, les clefs des portes ne se trouvoient pas. Et les bourgeois, qui n’avoient pas voulu prendre les armes pour servir M. le Prince, s’étant rendus maîtres de la porte qui entre directement dans les cloîtres du monastère, ne vouloient pas laisser entrer les soldats. Lesquels se voiant pressez, sautèrent par‑dessus une petite muraille qui est devant le corps du logis qui fait l’hôtellerie, qui est joignant le trésor, et aiant forcé la porte de l’hôtellerie, s’en saisirent pour leur assurance jusques à ce que celle du monastère fût ouverte. Le R.P. prieur trouva quelques soldats qui forçoient un buffet de l’hôtellerie, les empêcha de passer plus avant. D’autres, aiant vu ouvrir la porte de la panneterie qui est proche le réfectoire, s’en saisirent pareillement et y entrèrent, si bien que le R.P. prieur, voiant que s’ils entroient par nos hôtelleries, elles seraient infailliblement pillées, leur dit qu’ils ne se pressassent pas davantage et qu’il alloit faire ouvrir la porte du monastère pour entrer par les cloîtres. Et n’aiant pas trouvé les clefs, il fut contraint de faire rompre la serrure par un frère convers. Et en même temps il commanda que la porte qui entre dans l’église, qui est à côté de celle du monastère, fût aussi ouverte, et ainsi qu’ils entrassent aux clochers sans passer par les lieux réguliers. Mais, comme il y avoit quelques bourgeois qui s’étoient saisis desdites portes, l’on eut de la peine à donner entrée auxdits soldats.
Néansmoins le P. sous‑prieur étant venu, assisté de quelques domestiques, obligea lesdits bourgeois à se retirer, et ainsi les soldats entrèrent par l’église dans le clocher. Et ceux qui étaient entrés par les hôtelleries, traversèrent le réfectoire et le dortoir, et passèrent au travers de l’église, et montèrent au clocher, où les soldats, qui y avoient été placez dès les dix heures, tiraient continuellement sur les gens du roy qui étaient en bataille dans la place devant l’église, sans toutefois faire beaucoup d’effet. Cependant M. de Saint‑Mégrin fit sommer les soldats de se rendre. Mais le sieur Deslandes aiant répondu qu’il ne vouloit pas se rendre sans qu’il eût envolé à M. le Prince pour sçavoir ses volontez, ledit sieur de Saint‑Mégrin commanda sur‑le‑champ d’apporter des fagots qu’il fit jetter contre les grandes portes ou plutôt contre les deux battans de la grande porte de l’église. Ce qu’aiant été exécuté, il commanda à un cavalier de mettre pied à terre et d’aller mettre le feu, ce qu’il fit, aiant mis le feu auxdits deux battans. Mais comme ils étoient revêtus de grandes plaques de bronze, il y eut un côté qui ne fut pas embrasé par ledit feu de fagots, mais ce fut la grande barre de bois qui traversoit lesdits battans qui porta le feu à celui du côté droit en entrant, n’y aiant que celui du côté gauche qui prit feu. (...)
L’embrasement de ces portes fut d’autant plus inutile que personne n’entra par là en l’église. Quatre soldats s’étant avancez dans le parvis pour y entrer, tous quatre y furent tuez sur la place. Et, comme ceux qui étaient entrez aux clochers montèrent, une partie sur la plate‑forme, l’autre partie étant demeurée dans la chapelle de saint Michel et dans les côtez qui vont aux galeries du dedans de l’église, ils tiraient incessamment sur les gens du roy qui étaient en bataille dans la place devant l’église. Ce qui lez obligea de se retirer et de se mettre à couvert dans les maisons.
Pendant que les portes de l’église brûloient, un lieutenant des gardes, avec quinze ou vingt soldats des mêmes gardes françoises, était venu attacher le feu à la porte neuve de Vauboulon, et qui était vis‑à‑vis du puits qui est dans la grande cour devant le dortoir (elle est à présent murée) ; n’aiant pas trouvé de fagot, il la brûloit avec de la paille qu’ils alloient quérir dans la grange de l’Hôtel‑Dieu. Et, comme il falloit passer sur la levée de l’abreuvoir, bien dix ou douze soldats des princes, qui s’étoient sauvez dans les tours de la porte de l’abbaye, tiraient ces soldats qui alloient quérir de la paille et en tuèrent deux. Le P. sous‑prieur, qui était dans une chambre du dortoir qui avoit vue sur ladite porte, crut qu’il était à propos d’observer quel chemin prendroient les soldats lorsqu’ils auraient brûlé ladite porte. Ce qui était d’autant plus nécessaire, que lesdits soldats étant entrez la porte étant encore toute en feu, après avoir butiné plusieurs chevaux qui étaient dans la cour, voiant qu’ils n’étoient pas dans la cour du monastère, désirant entrer dans les cloîtres et dans le plus intérieur de l’abbaye, ils se disposèrent à brûler la porte qui entre dans le parloir le long de la chapelle de Saint‑Clément, dite pour ce sujet la porte Saint‑Clément. Et comme il y avoit sur cette porte un petit grenier tout plein de foin, qui communiquoit d’un côté au petit dortoir, et de l’autre au logis de MM. nos anciens, l’on ne pouvoit par conséquent mettre le feu à ladite porte sans le mettre en même tems à toute l’abbaye. Ce qui obligea le P. sous‑prieur à crier par sa fenestre que l’on ne passât pas plus avant, et qu’il alloit ouvrir la porte, que l’on n’y mît pas le feu. (...)
Le sous‑prieur ouvre le cloître aux généraux royaux mais les frondeurs, qui s’étalent retirés dans les tours de l’église, commandent le monastère. Les généraux soupçonnaient les religieux d’aider les frondeurs. Ils menacent de mettre le feu à l’église abbatiale, mais une bonne fortune permet le lendemain au sous‑prieur de prouver l’innocence des moines.
[p. 378] (…) Car le P. sous‑prieur, qui visitait incessamment les divers endroits du monastère pour voir ce qui s’y passoit, étant venu proche la porte du monastère qui est sous le trésor, et venant à regarder par le trou de la porte où l’on passe la clef dans la serrure (la serrure aiant été rompue comme J’ai dit), il vit venir, comme du côté de la grande porte de l’abbaye, un soldat qui tenoit une épée nue d’une main et un pistolet de l’autre, et ce soldat était suivi par un homme qui portait deux seaux d’eau, et qui tous deux marchoient fort doucement le long de la muraille du logis du trésorier ; et tournant la vue d’autre côté, il apperçut deux grandes cordes au bout desquelles pendoient deux seaux. Les deux cordes descendoient d’une goutière qui est entre l’église et une espèce de chapelle qui est dans le logis du trésorier et qui fait partie de son logis. Les soldats du clocher descendant fort facilement des clochers sur le couvert de cette chapelle, et étant dans cette chapelle ils étaient dans les greniers du logis du trésorier. Et voilà par où véritablement ils tiraient la subsistance, comme l’on le connut le plus certainement depuis. Ledit P. sous‑prieur aiant aperçu tout cecy, s’encourt tant qu’il peut dans le cloître, du côté du parloir, où il y avoit trois ou quatre officiers, auxquels il dit :
« Messieurs, je vous prie de vous hâter, et de venir voir par où les ennemis tirent de l’eau et leurs autres nécessitez ». (...)
Ces messieurs les officiers, que le père avoit été avertir, aiant vu ce qui s’étoit passé, crurent que c’était une chose assez importante pour en donner avis à MM. les généraux par un de la compagnie qu’ils envoièrent pour cet effet. Lequel étant retourné peu de tems après avec deux autres, ils tinrent conseil dans le cloître, du côté du pressoir, devant l’image de Pitié qui est au bout de ce coté de cloître. Le P. sous‑prieur fut appelé à ce conseil. Et aiant fait rapport de ce qui s’étoit passé, il dit, comme le logis du trésorier était tout Joignant l’église, que sans doute il y avoit communication, et que l’unique moien d’obliger les gens des Princes à se rendre, était d’attaquer ce logis et y mettre un corps de garde ce qu’il crut être d’autant plus nécessaire, que, n’aiant pas vu depuis le dimanche M. le trésorier, il crut qu’il avoit abandonné son logis et qu’assurément les gens des Princes s’en étaient saisis (bien que la vérité fût que M. le trésorier fût dans son logis retiré, et, pour le conserver, avoit commerce avec les ennemis). (...)
Cinq soldats armés de deux cognées, d’une hache et d’un bélier attaquent le logis du trésorier. Ils sont conduits par le sous‑prieur.
[p. 381] (…) Il les conduisit donc à la porte du trésorier, qui était une grande porte cochère faite d’assemblage avec de gros clouds, fermée aux verroux et à serrure. A l’un des battans de cette porte il y avoit un guichet, auquel guichet, il dit aux soldats qu’il falloit faire tout l’effort. Après les avoirs placés, ledit père se retira contre un grand orme qui étoit tout proche de la porte, où il faut remarquer que devant la porte du trésorier il y avoit trois grands ormes qui couvraient la porte, et sans doute que, sans ces arbres où l’on pouvoit mettre un peu à couvert, il étoit très‑difficle, pour ne pas dire impossible, d’enfoncer cette porte sans être assommé par ceux qui étaient aux clochers. (...)
Pendant que l’on enfonçait la porte...
(...) le trésorier, son valet, une vieille femme et une jeune fille, qui s’étoient retirées chez lui, se jettèrent tous quatre dans le Crou ou petite rivière qui passe de nos cloîtres sous son logis, y aiant dans sa cour une trappe qui se lève et qui descend dans ladite petite rivière, et les officiers et soldats gagnèrent promtement le grenier pour s’en retourner par où ils étaient venus. D’autres passèrent par la petite porte qui entre dans le parvis, et de là entrèrent dans l’église, et, de l’église, par la porte du clocher. (…)
Puis le sous‑prieur alla chercher douze « fusilleurs » :
(...) Lesquels ils conduisit le long de la muraille, et les fit entrer dans la cour du trésorier, et les fit mettre à couvert sous un couvert qui est à coté droit de la cour dudit trésorier, en entrant. Et, aiant commandé aux mêmes soldats qui avoient enfoncé la première porte, d’enfoncer la porte de la salle, ce qu’ils firent du premier coup, (…)
Dans le logis on découvre la table mise, témoignant d’un festin donné par le trésorier en l’honneur des gens des princes. Le sousprieur s’en va chercher l’enseigne Marigny pour lui faire visiter les lieux.
[p. 383] (…) Le P. sous‑prieur sortit donc du logis du trésorier, alla au monastère et entra dans les cloîtres, où, rencontrant proche l’effigie de Dagobert, tout à l’entrée du cloître, tous ces messieurs les officiers, qui avoient peu auparavant tenu conseil et conclu que le logis du trésorier serait attaqué, qui étaient en impatience de sçavoir ce qui se passoit, ils l’apprirent bien amplement dudit père, qui les pria très‑instamment pour davantage faire connoître sa justification, qu’ils députassent un de la compagnie pour venir dans le logis du trésorier et voir ce qui y étoit. (...) De la salle, ledit sieur de Marigny et le P. sous‑prieur, accompagnez de dix soldats, aiant laissé le reste en ladite salle, furent en la cuisine où il trouvèrent le four tout plein de pain qui avoit été cuit ce même Jour. De là ils montèrent aux chambres en haut où ils laissèrent lesdits soldats pour faire un corps de garde, avec défense, tant à ceux d’en haut qu’à ceux d’en bas, de ne faire aucun désordre. (...)
L’innocence des religieux étant ainsi prouvée, on s’en retourne au cloître. Le soir, les officiers soupent chez le sous‑prieur,
[p. 384] (…) Pendant ce souper ledit père envoia plusieurs fois quelques religieux voir dans les cloîtres et dans le corps de garde ce qui s’y passoit, et comme il avoit aussi fait disposer des lits, il les invita de s’aller reposer, ce qu’ils acceptèrent, à la réserve de deux qui voulurent demeurer dans la chambre où ils avoient soupé, afin que s’il arrivoit quelque chose la nuit, ils fussent tout prêts pour donner des ordres. Ils prièrent derechef le P. sous‑prieur de continuer ses soins toute la nuit, et voir de tems en tems dans les corps de garde si tout étoit en bon ordre, et les appeller en cas de besoin. Peu de tems après que ledit père eut quitté ces messieurs, passant par les cloîtres, il entendit la sentinelle qu’il avoit mis devant le chapître, crier : Qui va là ? plusieurs fois. Le P. sous‑prieur qui se trouva pour lors dans les cloîtres, y courut, et aiant trouvé du côté du cloître de l’église, tout proche les degrez qui descendent de ce côté dans l’eau, la sentinelle que ledit père avoit placée quelque temps auparavant devant la porte du chapitre, il lui demanda ce qu’il y avoit. La sentinelle répondit, que se promenant dans les cloîtres de ce côté, il avoit entendu du bruit dans l’eau sous la voûte, et quelqu’un parler. Le père crut aussitôt que ce serait quelques soldats du Prince qui peut‑être seraient venus sous la voûte pour faire une surprise ; c’est pourquoy il doubla la sentinelle, leur ordonna de prendre soigneusement garde et de tirer en même tems qu’ils entendraient marcher dans l’eau et s’approcher, et fut dans les corps de garde pour leur dire qu’ils prissent garde à eux. A peine le P. sous‑prieur eut‑il donné cet ordre, que la sentinelle se mit à crier une seconde fois : Qui va là ? et le père courut aussitôt, et on entendit une voix assez loin sous la voûte qui crioit : « Miséricorde, miséricorde, messieurs, c’est un religieux de la maison, c’est le trésorier. Sauvez‑moi la vie ». Le P. sous‑prieur aiant entendu la voix de M. le trésorier, descendit aussitôt les degrez jusqu’auprès de l’eau, et cria tant qu’il put : « Avancez, avancez, monsieur, ne craignez pas. C’est le sous‑prieur qui vous parle. » A ces paroles il s’avança toujours criant néantmoins : « Miséricorde, miséricorde I » Et s’étant approché, le P. sous‑prieur lui donna la main et lui fit monter les degrez. Et comme il fut au milieu du cloître, se volant aussitôt entouré de
[p. 385] soldats qui disoient : « C’est lui à qui étoit le logis où les ennemis étoient », la peur le saisit. Il se jetta aussitôt à terre, et embrassant les genoux du P. sous‑prieur il lui dit : « Mon père, sauvez‑moy la vie, je suis perdu, ne m’abandonnez pas. » La fille qui sortit en même tems avec lui crioit encore plus fort. Et comme le long tems qu’ils avoient été dans l’eau leur avoit donné beaucoup de froid, ils trembloient comme s’ils eussent eu le frisson. Ils étoient en si mauvais ordre qu’ils eussent donné de la compassion à tous autres qu’à des soldats, qui font profession de se moquer de tout. Car M. le trésorier avoit son chapeau et ses habits couverts de grandes toiles d’araignées qui lui pendoient de toute part, sa soutane retroussée dans sa ceinture, et comme il avoit des souliers de maroquin fort longs et étroits, à la mode, qui s’étoient amolis dans l’eau, ils lui sortoient des pieds, n’y aiant rien que le petit bout du pied dans les souliers, et ainsi le pied lui paroissoit extrêmement grand. Et comme il étoit tout trempé et imbibé d’eau, sitôt qu’il faisoit une petite station dans une place, l’eau couroit de tous côtez. Le P. sous‑prieur l’accueillit fort charitablement, et l’empêcha de la violence des soldats, mais non pas de leurs brocards. Car, voiant qu’une jeune fille l’avoit toujours suivi et avoit été si longtems dans l’eau, ils croioient qu’il y avoit du mal, et lui dirent plusieurs mots de gueule. Le P. sous‑prieur envoia un religieux faire du feu dans une chambre de l’hôtellerie, où il le conduisit pour le faire changer, cette fille le suivant toujours. Mais ils ne furent pas sitôt arrivez en ladite chambre que ces messieurs les officiers s’y trouvèrent (aiant été avertis par un religieux de ce qui se passoit) : voiant ledit sieur tésorier, ils lui firent quelques questions, et ses réponses firent connoître qu’il étoit beaucoup en faute. (...)
Le 14 mai, Delandes capitule et ses soldats sont faits prisonniers. Du 28 juin au 17 juillet, la famille royale, le cardinal et deux armées s’établissent à Saint‑Denis.
[p. 409] (…) Le Roy, la Reine, M. le duc d’Anjou et M. le Cardinal furent logez dans notre hôtellerie avec les principaux officiers, sçavoir : M. le maréchal de Villeroy, son gouverneur, le maître de la garderobe, le premier gentilhomme de la chambre, le capitaine des gardes du corps, qui tous furent logez dans les chambres en haut, et le Roy seul dans les chambres en bas. La Reine fut logée à la commanderie, M. le duc d’Anjou au logis du trésorier, M. le Cardinal au logis de l’infirmier, la Princesse palatine chez M. le chantre [tour de Salut], M. de Manchini, neveu du cardinal, dans un autre logis de MM. les Anciens. (...)
De même, on fait
[p. 410] (…) disposer la salle de la bibliothèque, les deux chambres proche ladite bibliothèque, et la chambre de la conférence ; sçavoir les trois chambres d’en haut pour M. de Vertamont, son fils et ses gens ; et la conférence pour monseigneur l’évêque de Coutance. (...)
Mais dès le 29 juin, la reine quitte son logis pour s’installer au couvent des ursulines. Elle y est suivie par le roi et une partie de la cour.
[p. 419] Le mercredy 3e juillet, les députez du parlement de Paris qui étoient à Argenteuil, aiant fait remontrance au Roy qu’ils étoient fort incommodément logez à Argenteuil, et qu’aiant quelques affaires à la cour, ils désiraient venir loger à Saint‑Denys, ce qui leur fut permis, et arriverent ce même jour en cette ville, et furent logez une partie en nos hôtelleries, où avoit logé le Roy ; et l’autre partie, sçavoir les plus considérables de cette députation, dans le logis de la Commanderie, où avoit été logée la Reine à son arrivée : ce qui sans doute ne se fit pas sans dessein ; car le logis de la Commanderie étant vis‑à‑vis de celui de l’infirmerie, où logeoit le cardinal de Mazarin, ces deux logis n’étant séparez que de la rue, ces MM. les députez voioient tous les jours ce qui se passoit dans la chambre de M. le Cardinal, et étoient témoins de l’affection que le Roy et toute la cour lui témoignoient. (…)
Pendant tout ce temps, la communauté eut à endurer des bruits continuels :
[p. 414] (…) Mais ce qui nous incommodoit davantage, fut que l’on faisoit servir les lieux sur lesquels sont bâtis le dortoir, d’écurie pour les chevaux de M. le Cardinal. La petite cour proche la chapelle de Saint‑Clément, et les grandes cours, étoient pleines de chevaux et de mulets. Si bien que les chevaux qui étoient sous les dortoirs frappoient incessamment des pieds, ou bien hennissoient, ce qui retentissoit dans les voutes et nous empêchoit entièrement de dormir la nuit. Et le matin, dès la pointe du jour, ces mulets commencoient à braire, et les muletiers et palfreniers à les étriller. Ce qui en vérité nous fatigua grandement, et nous fit perdre presque tout notre repos tant que la cour fut ici.
4.4 L’espace civil
4.4.1 La topographie urbaine du xiie au xive s. au travers de quelques textes
214Le chapitre consacré aux fortifications de la ville nous a montré que la période de la guerre de Cent Ans marque une étape importante dans l’évolution urbaine de Saint‑Denis. La mise en place d’ouvrages défensifs s’accompagne d’une réorganisation de l’espace urbain : destruction de maisons et abandon des faubourgs qui n’ont pas été englobés dans la nouvelle enceinte. Cette rupture, qui se situe au cours de la seconde moitié du xive s., coïncide avec une précision accrue des sources écrites. Cependant, antérieurement, pour la période qui va du xiie au milieu du xive s., cette documentation conserve un caractère sommaire et répétitif, se cantonnant à des généralités, notamment en ce qui concerne la topographie civile.
215Le présent chapitre offre au lecteur une série d’actes (originaux, copies de cartulaires, une note d’inventaire) et un extrait de compte. La plupart de ces textes laissent percevoir le caractère urbain de l’agglomération.
216Depuis le xie s., les moines se voient confrontés aux seigneurs de Montmorency, dont la châtellenie se développe aux portes du monastère. Les premiers possèdent le bourg qui s’est constitué à l’abri de l’enceinte carolingienne, le castellum beati Dionysii ; les seconds tiennent de l’évêque de Paris la terre de Saint‑Marcel, par où passe le chemin de l’Estrée, et tirent profit du trafic intense qui caractérise ce grand axe de circulation. L’abbaye s’efforce d’étendre son autorité sur Saint‑Marcel, comme en témoigne, en 1125, l’affranchissement de la mainmorte d’une partie de ses habitants par Suger (doc. 53). Mais les nombreuses sentences, portant sur la voirie et sur le Croult, qui se succèdent au cours du xiiie s. attestent la poursuite de ce conflit de voisinage (doc. 77, 78). De fait, les deux propriétés paraissent très imbriquées. Ainsi, pour obtenir voirie et justice au Puipensot, à Saint‑Marcel, l’abbaye cède aux seigneurs de Montmorency la justice jusqu’aux « gages de duel » dans la censive du Grand et du Petit‑Pichet (doc. 82). Cette censive est implantée au pied même du monastère, si l’on se réfère à la présence de deux rues portant des toponymes identiques, situées à proximité immédiate de l’abbaye, à l’intérieur du castellum (fig. 241). Ce n’est qu’en septembre 1294 que Mathieu [IV] de Montmorency cède à l’abbaye la terre de Saint‑Marcel avec tous ses droits, en compensation d’importantes possessions abbatiales enclavées dans le domaine de Montmorency.
217En tant que seigneur foncier, l’abbaye exerce ses droits sur le sol et les immeubles du bourg monastique. Dans la pratique, cette fonction est assurée par les officiers de l’abbaye, principalement l’aumônier, l’hôtelier, l’infirmier, le maître des Charités, le courtillier, le cénier et le grand prieur. De cette division résulte une géographie administrative morcelée qu’illustre la censive de l’aumônier. Le patrimoine de ce dernier est organisé en quatre « chambres » sises, respectivement, rue de l’Abbaye, rue Compoise, rue du Sauger et rue Saint‑Rémy (AN, S 2258), consistant chacune en un groupement de maisons et en un four à cuire le pain (doc. 75).
Document 75
Affranchissement par l’abbé Adam de l’aumônerie et de ses quatre chambres en 1110.
Nous reproduisons ici l’analyse de la lettre écrite par l’abbé Adam en 1110, proposée par François Thomas, archiviste de l’abbaye et auteur des registres d’inventaire des chartes de Saint‑Denis. Dans la diplomatique dionysienne, les travaux de ce moine, très apprécié par son contemporain Félibien, sont des outils très précieux mais qu’il faut manier avec précaution, tant qu’ils n’ont pas été confrontés aux documents originaux.
Source – AN, LL 1189 : no 208.
1110
Lettres de l’abbé Adam par lesquelles il déclare que la treizième année de sa prélature il arriva une si grande famine, qu’à peine pouvoit on trouver des vivres à quelque prix que ce fut de sorte que les pauvres en nombre infiny accabléz de misères se Jettoient dans les officines de l’abbaye et de l’aumosnerie, ce qui aurait obligé ledit abbé et les religieux d’aviser aux moyens de subvenir à leur misère, sur quoy frère Jean religieux et aumosnier de laditte abbaye aurait proposé que si l’abbé et les religieux vouloient exempter la maison de l’aumosnerie et les héritages adjacens de toutes exactions et de la dépendance des officiers de laditte abbaye, il donneroit cinq muids de bled pour subvenir à la nécessité des pauvres, ce qui avoit été accepté par lesdits abbé et religieux. Lesquels ont ordonné qu’à l’avenir le principal manoir de l’aumosnerie et les quatre chambres four d’icelle demeureront francs et exempts de tous droits de rouages forages tonlieu et autres coutumes soit en pain ou autrement pour tous ceux qui demeureront dans lesdittes quatre chambres, dans lesquelles ledit aumosnier aura toute Justice, en sorte que si quelque voleur sy estoit retiré ou quelques boulangers de la ville y avoient caché leurs pains, la Justice de St Denis en donnera advis audit aumosnier et n’en poura convoiter que du consentement d’iceluy. Et sy la nécessité étoit si grande dans la ville qu’on fût contraint de prendre dans le marché sur les étaux le pain pour le distribuer aux pauvres les officiers de l’abbaye pourront avecq la permission dudit aumosnier prendre pareillement du pain chez les boulangers de laditte aumônerie à la charge de leur en rendre pareille quantité dans la quinzaine ledit acte passé en présence des personnes cy après dénommées qui ont signé avec ledit Adam... L’an troisième du règne de Louis fils de Philipes au mois de may.
218.
Document 76
Charte de Suger approuvant l’achat par Robert l’Orfèvre à Girard l’Hospitalier d’un terrain situé devant le monastère pour y construire une maison, vers 1130.
Source : Suger, Lecoy de la Marche 1867 : 331‑332 ; traduction française : F.G.
Au nom de la plus haute et indivise Trinité, moi Suger, par la grâce de Dieu abbé de Saint‑Denis, je confie à la mémoire des hommes présents et à venir que Robert l’Orfèvre, avec mon assentiment et celui de tout notre chapitre, a acheté à Girard l’Hospitalier un terrain à bâtir situé devant le monastère de Saint‑Denis. Après quoi, l’ayant quelque peu agrandi je le lui ai cédé et donné et j’ai fait confirmer cette donation par le consentement du chapitre ; avec cette liberté que lui‑même ainsi que son héritier pourront librement l’échanger, par don, par vente ou de quelque manière qu’ils voudront, avec un habitant de la cité, un paysan ou un sergent de la seigneurie de Saint‑Denis. Et pour limiter l’aliénation que représente cet accord, il devra donner chaque année, dans l’octave de la Saint‑Denis, une petite mesure d’argent pesant une once. Et afin que personne n’ose enfreindre ce décret, nous l’avons revêtu de l’autorité de notre sceau. Et moi Mathieu, par la grâce de Dieu évêque d’Albano et légat du Saint‑Siège, Je confirme de notre sceau ce don tel que l’a fait l’abbé.
Les témoins de cet accord sont Geoffroy, évêque de Chartres, Eudes prieur de Saint‑Martin‑des‑Champs, Josbert prieur de Saint‑Denis, Hervé, chevecier de Saint‑Denis et toute la communauté de ce lieu.
219L’abbaye mène un contrôle particulièrement strict en matière de voirie. Avec l’urbanisation de l’agglomération, durant le xiiie s., l’encombrement du réseau routier urbain devient un problème majeur, comme en témoignent les actes déjà cités portant sur l’Estrée (doc. 77, 78). En ce qui concerne les abords du monastère, on peut mentionner l’accord conclu entre l’Hôtel‑Dieu et Pierre Buhort relatif à une ruelle menant à un cours d’eau (doc. 79) ; il s’agit peut‑être de la rue de l’Abreuvoir puisque l’on sait, par un autre acte, que la maison de Buhort se trouvait au sud de l’Hôtel‑Dieu, à proximité de la porte de la Boucherie (doc. 83).
Document 77
Accord entre l’abbé et Mathieu [II] de Montmorency relatif au bourg Saint‑Marcel, ses gens de métier, son poids et sa voirie, septembre 1205.
Compromis Intervenu entre l’abbé de Saint‑Denis et Mathieu [II] de Montmorency dans un conflit relatif au chemin de l’Estrée : les marches de l’usurier Guiard et l’occupation des marches restent à Mathieu, ainsi que l’emplacement où étalent sa maison, le pressoir, la palissade et le fossé, près de la chaussée, à la mesure de la paume, pour qu’il puisse édifier une maison, un pressoir, un fossé et une palissade, comme auparavant. Saint‑Marcel conserve ses gens de métier, qui circuleront à leur gré, sauf le droit des seigneurs de chaque terre ; mais à Saint‑Marcel, il n’y aura qu’un boulanger, un crieur et aucun boucher. Seul le poids de Saint‑Denis pourra y avoir cours. En ce qui concerne la voirie, toute la terre Jusqu’aux seuils des maisons, de part et d’autre et jusqu’aux murs appartient à Saint‑Denis, sauf les auvents des maisons, à condition qu’ils ne gênent pas les piétons, les cavaliers et les charrettes, exceptés toutefois les marches et l’emplacement susdits.
Sources – A. Original, Archives nationales, L 850 : no 5. Parchemin jadis scellé de deux sceaux pendant sur double queue, dont il subsiste un fragment. B. Copie de la fin du xiii es., AN, LL 1157 : no 8, p. 388 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Willelmus Pastor et Nicolaus Catus, domini regis milites et baslivi, omnibus ad quos littere présentes pervenerint salutem. Universitati vestre notum facimus quod cum contencio esset inter abbatem Beati Dyonisii et dominum Matheum Montismorenciaci super chimino de Strata cujus esset viatura extra calceam, et super pondere utrum pondus Beati Dyonisii debeat currere apud Sanctum Marcellum, et super ministerialibus Sancti Marcelli, et super aliis querelis, tandem quadam die cuidam assemblationi facte ad ulmum de Spinogilo inter abbatem et dominum Matheum interfuimus, ubi quatuor arbitrl in quos predicti abbas et dominus Matheus compromiserant super predictis querelis, ipsis scilicet abbate et domino Matheo presentibus et consentientibus de consilio nostro, dictum suum dixerunt in hac forma : gradus Guiardl usurarli et occupatio gradus remanet domino Matheo extra partem alterius ; platea in qua domus ejus fuit et pressorium et palicium et fossatum prope calceam ad modum palme remanet domino Matheo, ita quod ibi poterit facere domum, pressorium, fossatum et palicium, in eo puncto in quo fuit ante. Apud Sanctum Marcellum, rémanent ministeriales de quocumque officio sicut fuerunt, et ibunt et redibunt et morabuntur ad voluntatem suam, salvo jure dominorum utriusque terre, excepto quod in terra Sancti Marcelli non erunt nisi unus bolengarius et unus preco et nullus lanista. De pondere, dictum est quod in terra Sancti Marcelli non poterit currere nisi pondus Beati Dionisii. De viatura, dictum est quod tota terra usque ad selz ostiorum domorum, hinc et Inde et usque ad parietes, sicut modo sunt, est Beati Dionisii, salvis auvannis domorum ita quod non noceant hominibus ad pedem, nec equitantibus neque quadrigis, excepto gradu et platea quam diximus. Et nos presenti pagine in testimonium hujus rei sigilla nostra apponi precepimus. Actum anno Domini M°CC° quinto, mense septembri.
220.
Document 78
Arbitrage du conflit entre l’abbé et Mathieu [II] de Montmorency concernant la voirie du bourg Saint‑Marcel, septembre 1221.
Arbitrage de Garin, évêque de Senlis, dans le conflit entre l’abbaye de Saint‑Denis et Mathieu [II] de Montmorency à propos de la voirie du bourg Saint‑Marcel. Aux clauses de 1205, sont ajoutées les suivantes : dans ledit bourg, sur la voie publique, les moines pourront faire une chaussée, sauf le droit d’usage des hôtes de Mathieu qui ne devront pas entraver la voie publique. Ni Mathieu et ses hôtes, ni l’abbaye et les siens ne pourront édifier ni installer d’étal sur la route. Mais les hôtes de Mathieu pourront construire leurs maisons ou les réparer, à condition que les façades ne dépassent pas l’espace actuel vers la chaussée. En vertu de leur droit d’usage, les hôtes de Mathieu pourront installer des sièges pour s’asseoir devant chez eux, sur une largeur d’un pied et demi, à pied main, en respectant la voirie de Saint‑Denis.
Sources – A. Original, Archives nationales, L 850 : no 13. Parchemin jadis scellé de deux sceaux pendant sur lacs de soie. B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1157 : no 16, p. 395 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Guarinus, Dei gratia Silvanectensis episcopus, universis présentes litteras inspecturis salutem in Domino. Noveritis quod nos, suscepto arbitrio querele que erat inter dilectum nostrum Matheum Montismorenciaci, constabularium Francie, et venerabiles viros abbatem Sancti Dyonisii et monachos, super viatura burgi Sancti Marcelli, de qua dictum fuit prolatum a quibusdam bonis viris et discretis, exorte inter ipsos occasione calcee quam dicti monachi in eadem viatura faciebant, adhérentes eidem dicto, pauca tamen adjungentes, propter bonum pacis dictum nostrum protulimus in hune modum : gradus Guiardi usurarii et occupacio gradus remanet domino Matheo extra partem alterius ; platea in qua domus ejus fuit, pressorium, palitium et fossatum in eo puncto in quo fuerunt ante rémanent. Apud Sanctum Marcellum, ministeriales cujuscumque officii ibunt et redibunt et morabuntur ad voluntatem suam, sicut hactenus fecerunt, reddendo rectas consuetudines et salvo jure dominorum utriusque terre, excepto quod in terra Sancti Marcelli non erit nisi unus bolengarius et unus preco et nullus ibi eritcarnifex. De pondere, diximus quod in terra Sancti Marcelli non potest currere nisi pondus Beati Dyonisii. De viatura, dictum est quod tota terra usque ad limina hostiorum domorum, hinc et inde usque ad parietes, sicut modo sunt, est Beati Dyonisii, salvis auvennis domorum, ita quod non noceant hominibus ad pedem neque equitantibus neque quadrigis, excepto gradu et platea supranominatis. Diximus etiam quod monachi, de pariete in parietem, in dicto burgo, in via publica poterunt facere calceam, salvo aisiamento hospitum domini Mathei habendo ab eis absque impedimento strate publice. Dominus preterea Matheus ac ejus hospites, abbas et conventus et eorum hospites non poterunt in strata dicta edificare aut staciones aliquas facere vel locare. Hospites vero domini Mathei poterunt edificare domos suas et edificatas reparare, ita quod frontes domorum non excedant spacium quod nunc occupant tendendo versus calceam. Hospites etiam domini Mathei poterunt habere sedes ad sedendum ante domos suas, ipsis contiguas domibus, habentes latitudinem pedis et dimidium ad pedem manus si voluerint, propter suum aisiamentum, salva dicta viatura sicut est prenotatum. In cujus rei testimonium, présentes litteras fieri fecimus de consensu partium et sigilli nostri appositione muniri. Et ego Matheus Montismorenciaci et Francle constabularius, cum domini episcopi Silvanectensis sigillo in testimonium mei consensus eisdem litteris meum sigillum feci apponi. Actum anno ab Incarnatione Domini M°CC° vicesimo primo, mense septembri.
Document 79
Composition entre l’Hôtel‑Dieu et Pierre Buhort au sujet d’une ruelle située entre les deux propriétés, avril 1225.
Composition entre l’Hôtel‑Dieu et Pierre Buhort, à propos d’une ruelle entre les deux maisons : cette ruelle ira du mur situé entre la maison dudit Pierre et celle de Dreux de Meulan jusqu’à l’eau ; elle mesurera quinze pieds de large et sera commune à l’Hôtel‑Dieu et à Pierre Buhort. Aucune des parties ne pourra construire dans la ruelle d’édifice pouvant entraver la circulation ou nuire à la clarté. Marie, femme de Roger de Meulan, jouira de l’accès à l’eau depuis la sortie de sa maison comme auparavant. Quant aux Hoquitelli, Garnier, Hugues et Etienne, et leurs héritiers, ils continueront à accéder librement à l’eau depuis leur poterne.
Source – B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1157 : no 251, p. 113 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Petrus, Dei gratia Beati Dyonisii abbas, omnibus présentes litteras inspecturis in Domino salutem. Noveritis quod cum contencio esset inter Domum Dei ex una parte et Petrum Buhort, ex altera, super quadam ruella que erat inter Domum Dei et domum predicti Petri, in qua sepedictus Petrus volebat habere exitum suum usque ad aquam et dicebat quod debebat durare ruelia ilia quantum durat domus sua. E contrario, Domus Dei dicebat quod non. Tandem, de bonorum virorum consilio, in hunc modum composuerunt coram nobis, videlicet quod via ruelle incipiet a muro qui est inter domum Droconis de Mellento et domum dicti Petri et durabit usque ad aquam ; et habebit in latitudine quinque pedes et erit commuais utrique domui, tam Domui Dei quam dicti Petri. In illa via habebunt dictus Petrus et heredes sui viam suam usque ad aquam. Dictum est autem in compositione quod neuter illorum poterit edificare vel aliquid facere in ruella per quod incommodetur usus vie vel impediatur claritas diei descendons in ruella. Maria vero, uxor Rogeri de Melan, que ab exitu domus sue reclamabat viam suam usque ad aquam, ipsa et heredes sui viam suam habebunt sicut consuevit dicta Maria habere. Similiter Hoquitelli, scilicet Garnerus, Hugo et Stephanus, qui se opponebant, et heredes eorum, ab exitu posticii viam suam usque ad aquam libéré habebunt sicut hucusque consueverunt habere. In cujus rei testimonium et munimen, présentes litteras ad petitionem partium, sigilli nostri munimine fecimus roborari. Actum anno gratie M°C°XX° quinto, mense aprili.
221.
Document 80
Donation et vente à l’église Saint‑Denis de trois maisons sises à l’emplacement des nouvelles halles, octobre 1236.
Donation par Guillaume Buhort, chevalier, et sa femme Ada, de dix‑sept deniers, une obole, de cens à percevoir sur trois maisons sises à Saint‑Denis, à l’emplacement des nouvelles halles, ainsi que des ventes desdites maisons.
Source – B. Copie de la fin du XIIIe s., AN, LL 1157 : no 135, p. 84 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
- 11 Corr. : Promittens.
Universis présentes litteras inspecturis, Officialis curie Parisiensis in Domino salutem. Notum facimus quod in nostra presencia constituti, Guillelmus Buort, miles, et Ada, ejus uxor, recognoverunt se dedisse et concessisse et quitasse imperpetuum ecclesie Beati Dyonisii in Francia decem et septem denarios et obol. censuales, quos quondam habuerunt, ut dicebant, super très domos quondam sitas, ut dicitur, apud Sanctum Dyonisium, in loco ubi modo sunt nove hale, et ventas quas eadem ecclesia debebat eidem Guillelmo de emptione facta ab eadem ecclesia de tribus domibus supradictls. Promittentes fide prestita corporali quod contra donationem, concesslonem et quitationem predictas non venient, per se vel per alium, in futurum. Memorata autem Ada quitavit coram nobis, non vi, non coacta, sed spontanea fide data, quicquid habebat in predictis vel habere poterat, ratione dotalicii vel allô quocumque modo, promittentes11 sub prestite fldei religione se nichil umquam decetero in predictis reclamaturam. In cujus rei testimonium, présentes litteras, ad petitionem dicti militis et Ade, ejus uxoris, sigillo fecimus curie Parisiensis sigillari. Actum anno Domini M°CC°XXX°VI°, mense octobris.
222Les grandes cérémonies religieuses et les fêtes royales, fréquentes à Saint‑Denis, ont également des répercussions sur l’entretien de la voirie, allant du simple nettoyage de la place Panetière, à l’occasion des funérailles de Philippe le Hardi le 9 décembre 1285 (doc. 39), à la démolition de plus de soixante‑dix étals, de deux travails et de quatre maisons lors des fêtes de la translation du corps de Saint Louis en 1298 (doc. 85).
223Rappelons l’existence de plusieurs barres, barrae, dont une à proximité de l’église Sainte‑Croix. Ces barrières sont probablement constituées de chaînes attachées à des poteaux. Leur entretien incombe à l’abbaye (doc. 39). Un dispositif identique nous est indiqué par le lieu‑dit « A la chaîne aux poteaux de fer » situé au carrefour du Pain‑de‑Paris (doc. 81, 84). Le rôle militaire de ces chaînes apparaît dans le récit de la perte du saint clou : le 27 février 1233, lors de la fête de la Dédicace de l’église, l’objet tomba de son reliquaire et fut ramassé par une femme qui le dissimula et l’emporta. « Aussitost le bruit se répand que le saint clou avoit esté enlevé. L’on ferme les portes de l’église : l’on fouille tout le monde. À l’instant la ville se met sous les armes : on leve les chaînes des ruës ; & l’on se saisit des portes pour ne pas laisser échapper le voleur » (Félibien 1706 : 228).
Document 81
Donation à l’office des Charités de l’abbaye de la maison de Geoffroy, sise au lieu‑dit « A la chaîne au poteau de fer », février 1246 (n.st.).
Donation après décès par Geoffroy le Fripier et Agnès de Saint‑Brice, sa femme, pour le repos de leur âme, à l’office des Charités de l’abbaye de Saint‑Denis, d’une maison et son « pourpris », sise au lieu‑dit « A la chaîne aux poteaux de fer », vers la terre de Saint‑Marcel. En contrepartie, l’abbaye abandonne aux deux époux leurs biens meubles et immeubles, présents et à venir, sis au‑delà de la maison et de son pourpris.
Source – B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1159 : no 77, p. 37 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Guillelmus, divina permissione ecclesie Beati Dyonisii in Francia minister humilis, etejusdem loci conventus universis présentes litteras inspecturis salutem in Domino. Notum facimus quod, cum Gaufridus Ferparius et Agnes de Sancto Britio, uxor ejus, dederint et contulerint in puram et perpetuam elemosinam, pro remedio animarum suarum, ecclesie nostre, nomine caritatum, domum suam cum toto porprisio quam habent ubi dicitur « ad cathenam ad postillos ferreos » versus terram Sancti Marcelli, moventem de censiva ecclesie nostre, post obltum ipsorum vel superviventis eorumdem, a nobis et ecclesia nostra nomine dictarum caritatum imperpetuum pacifice possidendam, nos, ob Istam elemosinam, quittamus eisdem totum residuum quod habent et habituri sunt et acquisituri extra domum et porprisium supradictum, tam in mobilibus quam in immobilibus, bona fide, promittentes nos contra quitationem istam in futurum non venturos. In cujus rei testimonium, présentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Datum anno Domini millesimo CC°XLmo quinto, mense februario.
224L’abbaye a doté sa ville des principaux équipements collectifs : moulins, pressoirs et fours. Nous reviendrons plus en détail sur les halles, le Châtelet et la prison de la place Panetière (cf. infra § 4.4.5), les boucheries (cf. infra § 4.4.6) et les granges de la place du Marché‑aux‑Guesdes (cf. infra § 4.4.7).
FIG. 236 – Entrée de l’empereur germanique Charles IV à l’abbaye de Saint‑Denis par Jean Fouquet, « Grandes chroniques de France », vers 1460, BNF, ms. fr. 6465 : f°442.

Selon les chroniqueurs, les fêtes qui ont lieu à l’abbaye donnent lieu à de grands déploiements de faste dans les rues et sur les places de la ville. Elles sont aussi à l’origine de travaux d’aménagement et d’entretien de la voirie.
© cl. BNF, Paris
Document 82
La censive du Grand et du Petit‑Pichet, vers 1247.
Sentence d’Amaury de Meulan et Nicolas d’Auvilliers adjugeant à Saint‑Denis la voirie et la justice de Puipensot et permettant à la dame de Montmorency de prendre des biens en gage dans la censive du Grand et du Petit‑Pichet, jusqu’à satisfaction de ses rentes et de ses amendes. En cas de conflit sur le fond de terre de la censive, la justice appartient à la dame de Montmorency jusqu’aux gages de duel ; dès que les gages ont été fixés, ils reviennent, ainsi que la justice, à la cour de l’abbaye. En outre, les tonlieux et les forages appartiennent à Saint‑Denis et la taille pour le service du roi est levée par les sergents de l’abbaye.
Sources – A. Original, Archives nationales L 850 : no 24. Parchemin jadis scellé sur double queue de parchemin. a. Du Chesne 1624 : 100 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Super inquisicione légitimé facta super viaria et justicia de Puispancot per testes productos et juratos tam ex parte ecclesie quam ex parte domine et heredum Montismorenciaci, dicimus nos Almauricus de Mellento et Nicholaus de Altovillari quod viatura et justicia est ecclesie Beati Dyonisii. Item concordamus et unanimiter arbitramur quod domina et heredes Montismorenciaci possunt capere nanta in censiva sua quam habent in magno et parvo Picheto et tenere nanta in castra Beati Dyonisii donec eisdem satisfactum fuerit de redditibus suis et emendis. Et si contencio ibidem moveatur super fundo terre dicte censive, justicia est dictorum domine et heredum usque ad gagia duelli et quamcito gagia judicata sunt, gagia et justicia redduntur et reducuntur ad curiam Beati Dyonisii et omnino remanent ecclesie Beati Dyonisii. Preterea dicimus quod telonea et foragia et omnimoda alia justicia est omnino ecclesie Beati Dyonisii in censiva dictorum magni et parvi Picheti. Et tallia pro servicio et exercitu Domini regis eque assidetur et levatur in dicta censiva per servientes ecclesie Beati Dyonisii.
225.
Document 83
Acte de vente d’une maison permettant de localiser la demeure de Pierre Buhort, avril 1250 – 1 au 15 avril 1251 (n.st.).
Vente à l’abbé et au couvent de Saint‑Denis par Geoffroy le Panetier et Mahaut, sa femme, fille de Roger le Barbier, ainsi que par Ermenjart, mère de Mahaut, moyennant 45 l.p. et 10 aunes de perse, d’une maison, sise à Saint‑Denis, entre la porte de la Boucherie et la demeure de Pierre Buhort, dans la censive de l’abbaye, et chargée envers elle de 7 d. de chef‑cens.
Sources – A. Original, Archives nationales, S 2252A : no 46. Parchemin Jadis scellé sur double queue. B. Copie de la fin du xiiie s., AN, LL 1157 : no 64, p. 98 ; analyse et édition de texte : L. F, A.D.
Universis présentes litteras inspecturis, Officialis archidiaconi Parisiensis salutem in Domino. Notum facimus quod in nostra presencia constituti, Gaufridus dictus Panetarius et Matildis, ejus uxor, filia quondam Rogeri Barbitonsoris, et Ermenjardis Barberia, mater dicte Matildis, recognoverunt se vendidisse et inperpetuum quitavisse viris religiosis abbati etconventui Beati Dyonisii in Francia, pro quadraginta quinque libris parisiensium et decem ulnis de perso eisdem venditoribus jam solutis, prout ipsi confessi sunt coram nobis, quamdam domum quam dicebant se habere apud Sanctum Dyonisium, sitam, ut dicitur, inter portant Carnificii et domum Petri dicti Boort, in censiva Sancti Dyonisii, ad septem denarios census capitalis, ut dicebant. Promittentes, fide data in manu nostra, quod contra hujusmodi venditionem et quitationem, Jure hereditario, ratione dotis, dotalicii, conquestus, vel alio quocumque modo, per se vel per alios, non venient infuturum, et quod dictam venditionem et quitationem dictis emptoribus garentizabunt et liberabunt ad usus et consuetudines Francie, contra omnes. Necnon et quod solvent dictis abbati et conventui centum solidos parisiensium nomine pene si venditionem hujusmodi ab aliquo retrahi contigerit vel evinci. Datum anno Domini millesimo ducentesimo quinquagesimo, mense aprili.
226.
Document 84
Vente de la moitié de la maison de feu Geoffroy, sise aux poteaux où l’on vend le pain de Paris, 30 novembre 1259.
Vente par le ministre et les frères de la Trinité et des captifs de Pont‑la‑Reine à Agnès la Ferpière, de Saint‑Denis, moyennant 8 l.p., de la moitié d’une maison sise à Saint‑Denis, contiguë aux poteaux où l’on vend le pain de Paris, et jadis léguée aux religieux par feu Geoffroy, époux d’Agnès.
Source – B. Copie de la fin du xiiie s. : AN, LL 1159 : no 76, p. 37 ; analyse et édition de texte : L.F., A.D.
Universis Christi fidelibus présentes litteras inspecturis, minister et fratres domus ordinis Sancte Trinitatis et captivorum de Ponte Regine, salutem in omnium salutis Actore. Universitati vestre notum facimus quod nos vendidimus et in perpetuum quitavimus Agneti la Ferpiere, de Sancto Dyonisio, et ejus heredibus, pro octo libris par. jam nobis in numerata pecunia traditis et solutis, renunciantes exceptioni non numerate pecunie, non habite, non recepte, non liberate, non tradite et non soluté, medietatem cujusdam domus site apud Sanctum Dyonisium juxta postellos prope quos venditur panis Parisius. Quam predictam medietatem supradicte domus defunctus Gaufridus, quondam maritus ejusdem Agnetis, nobis, nomine nostro et domus nostre predicte, in testamento suo, in puram et perpétuant elemosinam, ob remedium anime sue et salute [sic], contulit et concessit. Et promisimus bona fide necnon et tenemur quod contra venditionem predictam et quitationem hujus dicte medietatis supradicte domus, Jure aliquo seu ratione aliqua vel causa, per nos seu per alios non in posterum veniemus, sed eandem venditionem dicte medietatis domus predicte dicte Agneti et ejus heredibus garantizabimus, liberabimus ac defendemus ad usus et consuetudines Francie contra omnes. In cujus rei testimonium, présentes litteras sigilli nostri munimine eidem Agneti tradidimus roboratas. Datum anno Domini millesimo CC°Lmo nono, die dominica in festo beati Andree apostoli.
227.
Document 85
Indemnités allouées aux habitants de Saint‑Denis pour les maisons, étals et travails démolis à l’occasion de la fête de la translation du corps de Saint Louis le 25 août 1298.
Après l’enquête sur les miracles de Saint Louis déjà évoquée (doc. 29), le roi Louis IX est canonisé par le pape Boniface VIII, le 11 août 1297. L’année suivante, le corps du saint est exhumé en présence du roi et des grands seigneurs du royaume. Le journal du Trésor de Philippe IV le Bel fait état des dépenses extraordinaires liées à ces cérémonies : luminaire, orfèvrerie, etc. Dans ces dépenses, 255 I., 13 s., 6 d. sont alloués à « plusieurs personnes de Saint‑Denis pour le remboursement de leurs maisons et échoppes détruites pour la fête » (Brunei, Lalou 1992 : 712) dont voici le détail.
Source – Vidier 1911 : 308‑309.
Ce sont les prix de la refaçon et des dommages des heritages aus bonnes gens de Saint Denys qui furent abatuz pour la feste monseigneur saint Loys.
Premierement à Thomas le Portier, pour Il estaus à pain, 72 s. 6 d.p. Item à Guillaume le Maire, pour i estal à pain, 38 s.p. Item à maistre Ferrant de Coulombes, pouri estal à pain, 42 s.p.
Item à Jehan le Tort, pour I travail couvert à ferrer chevaus et pour... estaus (?), 12 I. 3 s.p. Item à Emeline la Denysote, pour i estal à vendre poullaille…, 8 l.p. Item au prestre de Saint‑Michel du Degré, pour i estai, 19 s. 10 d.p. Item au curé de Sainte‑Croiz, pour i estal à pain, 39 s.p.
Item à Jehan le Prestre, pour un estaus à pain, 8 I. 9 s. 6 d.p. Item à Guillaume le Ber, pour i estal à frommages, 75 s.p. Item à Jehanne, femme feu Robert Philippe, pour i estal à chauces, 6 l. 9 d.p.
Item à Jehan Pocheron, pour i estal à pain, 41 s.p. Item à Raoul Levesque, pour i estal à pain, 41 s. 6 d.p. Item à Jehan le Page, pour i estal à cuire oues, 16 s.p. Item à Jehan de Meulent, pour Il estaus à pain, 78 s.p. Item à la coinfarrie saint Euzi, pour III estaus à pain, 58 s. 6 d.p. Item à Robert le Chaucier, pour i estal à chauces, 4 I. 19 s.p. Item à Erembourc de la Voute, pour Il estaus à frommages, 7 l. 16 s.p.
Item à Pierre Dangi, pour i estal à pain, 33 s. 3 d.p. Item à Guillaume de... sy, pour ii estaus à pain, 62 s. 3 d.p. Item à…, pour i estal à pain, 29 s. 6 d.p.
Item à... la Voute, pour Il estaus à frommages, 8 1.6 s.p. Item à Raoul le Camus, pour Il estaus à pain, 55 s. 6 d.p.
Item à Jehan le Fere, pour i estal à pain, 35 s.p.
Item à Jehan de l’Estrée, pour i estal à pain, 39 s.p. Item à la femme Symon le Sage, pour une meson, 20 I. 10 s.p. Item à Guillot Basset, pour i estal à pain, 15 s. 6 d.p.
Item au maistre de la Meson Dieu, pour Il estaus et demi à pain, 75 s. 6 d.p.
Item à Perrenelle de Faumont, pour i estal à pain, 31 s. 6 d.p. Item au chantre de Saint‑Pol, pour i estal à pain, 19 s. 6 d.p. Item à Jehanne, femme Henri Triquet, pouri estal à pain, 47 s.p. Item à Raoul de Mucedent, pour Il estaus à pain, 55 s.p. Item au vicaire de Saint‑Berthelemi, pour Il estaus à pain, 67 s.p.
Item à Anselme Chauneri, pour i estal à pain, 27 s.p. Item à Jehan Quenel, pour Il estaus à pain, 55 s.p. Item aus enfanz feu Guillaume Pocheron, pour il estaus à pain, 54 s.p.
Item à Guillaume Tatebourde, pour Il estaus à pain, 58 s. 2 d.p. Item à Annes, femme feu Symon le Camus, pour Il estaus à pain, 53 s.p.
Item aus hers feu Jehan de Lengni, pour i estal à frommages, 72 s.p. Item à Bertaut Buisson, pour une meson, 8 I. 10 s. 3 d.p.
Item à Erembourc la Coquine, pour III estaus à pain, 100 s.p. Item à la femme feu Morise le Cirier, pour une meson, 34 l.p. Item à Aaliz li pastoier, pour i estal à pain, 27 s.p.
Item au curé Saint‑Siphorian, pour i estal à pain, 23 s. 6 d.p. Item à Ade, femme Adan le Pretre, pour Il estaus à pain, 60 s.p. Item à Aubert le Poissonnier, pour Il estaus à pain, 47 s.p. Item à Nicolas Crasset, pour Il estaus à pain, 43 s.p. Item aus hers Marguerite la Lisiarde, pour i estal à pain, 19 s. 6 d.p.
Item pour l’estal qui fu maistre Raoul le Mareschal, 15 s. 6 d.p. Item à l’abbaesse de Montmartre, pour i estal à pain, 26 s. 6 d.p. Item à Jehan Alaire, pour i estal à pain, 15 s. 6 d.
Item à Eve de de [sic] Saint‑Denys, pour une meson, i travail et i estal à pain, 47 I. 15 s.p.
Somme : 255 l. 13 s. 6 d.p.
4.4.2 Économie et société urbaine d’après le « Livre vert de Saint‑Denis » de 1411
228Le « Livre vert de Saint‑Denis » est déposé aux Archives nationales, à Paris, depuis la Révolution. Il comprend deux tomes en parchemin (AN, LL 1209‑1210). Il est complété par un volume de tables alphabétiques réalisées sur papier au xviiie s. (AN, LL 1211). Une copie de la même époque est conservée aux archives municipales de Saint‑Denis (AMSD, GG 17‑18).
229Ces registres sont de format in‑folio (340 mm de haut sur 240 mm de large). Le premier volume comprend 542 pages et le second 576 pages. La transcription est, en général, à longues lignes (justification : 220 mm de haut sur 135 mm de large). La couverture verte originelle a disparu. Les reliures actuelles datent du xixe s.
230Ce cartulaire est confectionné en 1411 sur ordre de l’abbé Philippe [I] de Villette (1398‑1418). La restauration agricole entreprise pendant les longues trêves qui interrompent la guerre de Cent Ans de 1380 à 1415 s’achève comme s’achèvent les sacrifices financiers consentis à cet effet par les religieux. Il paraît donc indispensable de rassembler les actes essentiels au bon fonctionnement de l’abbaye et à la perception de ses revenus normaux.
231Une première partie énonce les privilèges et les devoirs de Saint‑Denis comme établissement religieux. Le souvenir du roi Dagobert (629‑639), grand bienfaiteur de l’abbaye, considéré encore comme son fondateur, est d’abord évoqué. Figure ensuite, accordé par l’évêque de Paris Landri (Landéric), le privilège d’exemption de sa propre juridiction (vers 650). Sont enfin précisés les rapports fiscaux nombreux avec la papauté : services communs payés par l’abbé à son entrée en charge, décimes extraordinaires, procurations longtemps destinées à l’évêque et « taxes » du clergé (les subsides caritatifs). Les droits de présentation à divers bénéfices –canonicats, chapelles, chapellenies et cures– sont mentionnés dans quinze diocèses. Ils sont situés en majorité dans le centre du Bassin parisien. S’y ajoutent à la périphérie Cambrai et Arras au nord‑est, Metz dans l’Empire, à l’est, Poitiers et Bourges au sud. La juridiction spirituelle sur la ville de Saint‑Denis et d’autres lieux est évoquée. Sont également énumérés les droits de dîme : dîmes grosses (sur les cultures de plein champ), vertes ou menues (sur les jardins potagers) et novales (sur les terres récemment mises en culture).
232La seconde partie concerne les droits de l’abbaye comme seigneur temporel. Sont successivement différenciées deux zones : la ville de Saint‑Denis et sa banlieue d’une part, le reste du Bassin parisien d’autre part. La première zone voit préciser, ce qui est capital pour l’étude urbaine et économique de Saint‑Denis, les pouvoirs de juridiction et de police de l’abbaye‑seigneur. Chapitre après chapitre sont également transcrits les revenus en numéraire ou en nature issus des cens, rentes, droits sur les métiers, taxes perçues sur les marchandises exposées durant les marchés et les foires, péages prélevés sur les moyens de transport et leurs cargaisons par eau et par terre. La seconde zone concerne Paris et le plat pays : fiefs, domaines et censives y sont décrits selon le classement topographique habituel des cartulaires. La déclaration du revenu de l’hôtel de Merville, une propriété de l’abbé à proximité de la ville, est bien connue des historiens. Dans le chapitre consacré à La Courneuve, nous ferons le point sur ce texte (cf. infra § 5.5.1).
FIG. 237 – La façade de l’abbatiale vers 1830, par A. Rouargue. MAHSD, Lithographie de Turgis ; 18 x 26 cm.

L’horloge, placée ici au centre de la façade, régla la vie des habitants de Saint‑Denis dès le Moyen Âge. Les comptes de 1321‑1322 mentionnent à la rubrique des dépenses pour l’église abbatiale : pro ologio reparando, iiii Ib. (AN, LL 1241 : f°25v°). Le 26 juillet 1534, un marché est conclu avec un serrurier de Louvres qui, pour la somme de 20 livres, a « refaict et remonté les mouvementz de la grosse orloge du grant clocher de l’esglise » (AN, LL 1248 : f°186v°). Par la suite, le cadran est installé dans la rose de la façade où Doublet le décrit en 1625 : « la monstre de l’orloge est une rose faite, lors que le frontispice & devant de l’Eglise furent bastis, pour servir de fenestre à la nef d’icelle, laquelle rose est divisee en 24 parties esgales, & és environs sont marquées les heures de 12 en 12 lesdites marques enlevees de pierres, & faites avec iceluy bastiment d’icelle sorte, que les deux bouts de l’esgullle montrent en mesme temps quelle heure il est, au lieu qu’aux autres monstres, un bout seul de l’esguille touche l’heure, & l’autre non, comme lors qu’il est une heure, l’un des bouts de l’esguille est sur une heure, & l’autre est sur les 5 ou 6 heures, mais en celle de s. Denys les deux bouts de l’esguille (qui sont une Couronne & une fleur de Lys) touchent en mesme temps l’heure qu’il est l’un en hault, & l’autre en bas. » (Doublet 1625 : 239‑240). Cette fleur de lys faillit être fatale à l’édifice, puisque » le cinq octobre 1795 (…) passa à Saint‑Denis un bataillon revolutionnaire dont je n’ai pas retenu le nom, dans le temps de la terreur qui voulut tirer le canon sur l’église de l’abbaye à cause de la fleur de lys qui étoit au bout de l’éguille du cadran de l’horloge » (Gautier : 286).
cl. EJ./UASD
FIG. 238 – « Fer de lance qui termine l’alguille des minutes du cadran », croquis coté, dessiné par l’architecte Ménage le 9 avril 1847. AMH, fonds de contrôle des travaux, ct. 38 ; papier, encre.

cl. E.J./UASD
233Les documents transcrits (doc. 86, 87, 88, 89, 111, 113, 121) ont été retenus pour leur richesse en informations sur la vie économique de Saint‑Denis.
Document 86
Ordonnance des métiers de la ville, d’après le « Livre vert de Saint‑Denis ».
Le « Livre vert de Saint‑Denis » est notre principale source d’information sur la vie économique de la ville du bas Moyen Âge. Quatre chapitres ont retenu plus particulièrement notre attention : le chapitre VIII, reproduit ici, qui est consacré aux ordonnances des métiers ; le chapitre IX qui traite des péages ou » travers par eau et par terre » (doc. 87, 111) ; le chapitre X qui nous renseigne sur les droits et les coutumes qui ont cours en la ville (doc. 88). Quant au chapitre xi, l’« Ancien coutumier », il renferme à la fois des ordonnances de métiers, des péages, des coutumes et deux accords entre les religieux et les gens de métiers de la ville (doc. 89,113). Nous nous sommes permis de varier l’ordre de publication des textes en fonction de leur nature. Ainsi, les péages seront reproduits au chapitre suivant. Compte tenu du caractère succinct et répétitif des paragraphes de l’« Ancien coutumier », nous avons renoncé à le publier in extenso pour ne retenir que les passages offrant des variantes par rapport aux textes plus complets des chapitres précédents. De plus, nous nous sommes permis d’incorporer ces variantes aux chapitres VIII, IX et X, en signalant leur présence par une impression en italique. L’ordonnance des métiers nous montre l’artisanat urbain dans sa diversité : boulangers, bouchers, taverniers, sueurs, cordonniers, savetiers, huiliers, charrons, cervoisiers, changeurs et drapiers.
Source – AN, LL 1209, chapitres VIII et XI (par extraits et en Italique) ; texte collationné par C.B.
- 12 Huitaines : huit jours ; octave : huitième jour.
- 13 Planche : petit débarcadère permettant de prendre l’eau d’une rivière à des fins artisanales et d’y (...)
- 14 Le Moyen Âge distingue les mégissiers qui travaillent les peaux blanches et fines de mouton et de v (...)
- 15 Sauf dérogation expresse et tarifée, les habitants d’une seigneurie doivent utiliser les équipement (...)
- 16 Estrange : forain, étranger à la ville.
[p. 81] Premièrement chascun maistre de mestier ouvrant et tenant ouvroir en la ville et faubours de Saint‑Denys le jour des huittines Saint‑Denys12 doit a cause de son mestier cens aux religieux de ladicte eglise. Et doivent les ungs plus les autres moins. Et se doivent payer ledit jour sur peinne d’amende de v sols.
Les changeurs et les espiciers et les cirlers chascun pour teste doit vi deniers obole. Chascun bouchier doit I denier. Ung chascun des boulangers doit iiii deniers.
Tisserans chascun doit xii deniers, et s’ilz ont planche13 ilz doivent xiii deniers, foulons ung chascun ayant planche doit xiiii deniers.
Et celui qui n’a point de planche ne doit que xii deniers.
Taverniers chascun doit viii deniers.
Et pareillement chascun gantier doit viii deniers.
Et aussy chascun corduannier doit viii deniers.
Les sueurs14 et corroyeurs pareillement un chascun doit viii deniers.
Et autant doivent les bourrelliers et savatiers. C’est assavoir chascun viii deniers.
Chascun crieur doit v sols.
Chascun travail doit iiii deniers.
Et valent de present lesdits cens des mestiers environ c sols parisis.
Boulengers demourans en ladicte ville doivent servir les habitans survenans et les taverniers de pain de II deniers et de I denier de certain pois ordonné et acoustumé a ce. Et sont lesdits boulengers banniers15 aux moulins desdits religieux en la ville de Saint‑Denys. Et ne doit aucun tavernier ne autre acheter pain pour revendre que auxdiz boulengers exceptez les hostes de l’aumosnier.
Nul ne doit exercer le mestier de boulengerie en la ville de Saint‑Denys, s’il n’a l’octroy de l’abbé ou de son commis, et doit ung chascun boulengier pour ledit octroy et son institution ce que on en peut avoir.
Les boulengiers estranges16 pevent vendre pain en deux places a Saint‑Denys. C’est assavoir en la Penthiere le dimenche et le vendredy, et doivent vendre a difference de pois de celui de la façon de Saint‑Denys, et tout delivrer dedens heure de vespres, ou ycelui pain emporter hors de la ville sur painne d’estre perdu. Et pareillement au lieu qui est dit du Pain de Paris pevent les
- 17 Bachoe, bachoue : baquet de bols, hotte d’osier ou de lattes de bols.
[p. 82] boulangiers estranges exposer pain en vente au lundi, mardi, mercredi, jeudi et samedi.
Les boulengiers estranges quant ilz vendent aux lieux dessus dis et aux jours declaréz en l’article precedent doit chascun la coustume. C’est assavoir Les boulengiers de hors ne pevent vendre pain I denier ne il deniers qu’ilz ne perdent le pain, et le peut prendre le pennetier, et faire ce qu’il lui plaist, si treuve qu’ilz ne vendent a pris different des boulengiers demourans en la ville de Saint‑Denys.
Se aucun boulengier veult faire four et lever son mestier en la ville ou faulxbours de Saint‑Denys il en doit prendre congié audit abbé ou au pannetier, qui est ad ce par l’abbé commis, et en prent dudit pannetier le meilleur marché qu’il peut.
Se aucun boulengier de hors amainne pain pour vendre en la ville de Saint‑Denys au vendredi et au dimenche en la Penthiere, et il ne le vent tout en ung jour, il le peut reporter s’il luy plaist, maiz s’il le met en garde en ladicte ville il forfait le pain, et le peut prendre ledit pannetier, et en faire ce qu’il lui plaist.
Nul boulengier estrange ne peut vendre pain au lieu appellé le Pain de Paris au dimenche ne au vendredi et doit vendre en la Penthiere en painne d’estre le pain confisqué audit pannetier, et avecques ce amende.
Au lundi, mardi, mercredi, jeudi et samedi l’on peut vendre tout pain estrange audit lieu du Pain de Paris sanz mettre sus estaulx ne a fenestre fors au coing de la rue appellée Clox Fourré, et le doivent vendre en leurs bachoes17 ou panniers ou sur leurs sacs.
[p. 83] Nul ne peut acheter pain estrange pour revendre en son hostel fors pour son user. Et s’il est trouvé que aucun tavernier ou autres des habitans de la ville Saint‑Denys, excepté ceulx des chambres de l’aumosne, achette pain estrange pour revendre, et ledit pannetier le peut prouver il l’amende de lx sols parisis audit pannetier, et pert le pain.
Se aucun boulengier amainne pain vendre audit Pain de Paris et il ne le vent tout dedens chandelles alumans il le peut reporter s’il lui plaiSt. Et s’il le laisse en garde en la dicte ville de Saint‑Denys, il le pert, et le peut prendre le dit pannetier.
Ung chascun boulengier d’icelle ville cuisant pain pour aucun bourgois ou habitant de ladicte ville et non pas pour lui et pour vendre aux survenans seulement exeptez ceulx qui demeurent es chambres de l’aumosne doit au dit abbé ou son pannetier pour lui xx sols parisis chascun an payés a quatre termes, c’est assavoir Noël, Pasques, Saint‑Jehan et Saint‑Remi.
Les boulengiers qui ne cuisent que pour eulx et pour detailler chascun jour a leur fenestre doivent audit pannetier par chascun an xii sols payés aux iiii termes dessus dits.
Et vault ce droit et celui du precedent article par an environ xii livres.
Ledit pannetier a droit et peut faire visitation es hostelx de tous les boulengiers de Saint‑Denys en quelque lieu que ce soit et appeller les Jurez et ung sergent avecques lui. Et se le pain n’est bon et souffisant au dit des jurez, ledit pannetier en peut prendre jusques a la somme de III sols et non plus.
Et leur deffendre a vendre le demourant a painne de lx sols parisis.
[p. 84] Nul boulengier ne peut ne ne doit cuire pain au dimenche ne a feste solempnelle ne a feste d’apostre, s’il ne prent congié audit pannetier ou a ses gens sur painne de v sols parisis d’amende, et de perdre le pain et estre donné pour Dieu par ledit pannetier.
Nulle personne, bourgois ou autre des habitans de la ville de Saint‑Denys ou faulxbours ne peut faire four ne faire faire en ladicte ville ne es faulxbours sans prendre congié au pannetier, et en doit prendre dudit pannetier le meilleur marché qu’il peust avoir. Et se il est trouvé ou sceu que aucuns le fachent, ledit pannetier les peut aler ou faire aler abattre.
Bouchiers se font par succession legitime, et doivent vendre chars bonnes et de loy sanz exceder en pris, et faire tuer les chars par les Jurez hors leurs maisons, et doivent aussy decopper par leur main. Et ne peut nul vendre char a detail, se ce n’est es halles a ce ordonnees, les quelles les bouchiers sont tenus de soustenir, et doivent auxdis religieux a cause de leur mestier tous ensamble xlii livres parisis. Et s’il n’y avoit que ung bouchier autant devroit il que s’il y en avoit xx ou xxx ou plusieurs.
Quicumques vend char ou detaille en maniere de boucherie en la ville de Saint‑Denys, s’il n’est institué et a prins le mestier de l’abbé dudit lieu ou de ses commis, il chiet en amende, non obstant qu’il fust filz de bouchier, et doit chascun bouchier pour son institution audit abbé xx sols.
Ledit abbé doit prendre le serement du maistre des bouchiers qu’il ne soufferra vendre mauvaise char en ladicte boucherie, et s’il le scet et il la peut trouver, il la fera justicier, et ledit maistre prent le serement de ses compaignons que toutes foiz qu’ils verront char qu’il face a justicier, ilz le feront assavoir ; pareillement ledit maistre des bouchiers fait serement qu’il ne soufferra a vendre aignel ne veel en ladicte boucherie s’ilz n’ont xv jours passez, ou s’il n’est tel que on le puisse ou doye vendre, [p. 133] Les bouchiers de Saint‑Denys doivent xl livres payées a la Chandelleur pour cause de la boucherie ou ilz vendeur leur chaar et la salle qui est au dessus d’ycelle boucherie.
- 18 Merrien : bois de charpente et de construction.
[p. 85] Se les taverniers de Saint‑[Denys] vendent en leurs hostelz char de mouton, buef, veel, aignel ou autre acoustumee a detaillier non prinse en la boucherie de Saint‑Denys, ilz escheent en l’amende de lx sols parisis.
Tous les sueurs et corduanniers et savatiers demourans en la ville de Saint‑Denys doivent a monseigneur l’abbé dudit lieu a cause de leur halle ou ilz mettent et vendent leurs denrees aux jours de foire et de marché x livres parisis le Jour de la Chandeleur. Et sont tous les sueurs, corduanniers dessus dits tenus de payer ycelle somme par chascun an a tousjours. Et ne peuvent user de leur mestier en ladicte ville qu’ilz ne tiegnent ladicte halle, et soient obligiés envers lesdits religieux de ladite rente.
Chascun huyllier vendant et faisans huyl le demourant en la ville de Saint‑Denys doivent a mondit seigneur l’abbé le jour de Chandeleur xv sols parisis pour son mestier et fenestre exceptez ceulx qui sont demourans es chambres de l’aumosne de Saint‑Denys.
Item tous marchans qui viennent de dehors et qui amainnent huille pour vendre en ycelle ville doivent a mondit seigneur une quarte de huille pour chascun marchant ou l’argent ou priz qu’ilz vendent leur huille.
Chacun cheron demourant en ladicte ville doit a mondit seigneur par chascun an au jour de Chandeleur viii sols parisis pour leur mestier et pour la place ou ilz mettent leur merrien18, qui est sur la chaussée, et appartient a mondit seigneur.
Chascun cervoisier braxant en la ville de Saint‑Denys doit auxdiz religieux x livres de rente a cause dudit mestier au terme de la Chandeleur. Et pour le present n’y en a que ung, lequel par courtoisie est ramené a lxiiii sols parisis par anjusques ax ans.
[p. 86] Chascun changeur exerçant faict de change en ladicte ville doit audit terme ausdiz religieux x livres parisis par chascun an. Et n’y a pour le present que Symon Binaille, lequel par courtoisie et sans préjudice du droit desdits religieux ne paye que lxiiii sols parisis jusques a la voulenté dudit abbé.
Les drappiers et marchans de draps de la ville Saint‑Denys sont tenus et obligez a cause de leur halle de payer chascun an de rente le jour de la feste Saint‑Denys ausdiz religieux xx livres parisis. Et ne pevent exercer ladicte marchandise en ladicte ville qu’il ne paient lesdites xx livres.
234.
Document 87
Les tonlieux de la friperie, de la guède, des poissons de mer, etc., d’après le « Livre vert de Saint‑Denis ».
Source – AN, LL 1209, chapitres IX et XI (par extraits et en italique) ; texte collationné par C.B.
- 19 Gibe : charge, ballot.
- 20 Poite : monnaie du Poitou.
[p. 105] (...) Tous pelletiers qui admainent pelleterie en la place nommée le Marché au Guesde ou siet le petit Lendit, soit a charriot ou a charrette, a cheval, a brouette ou autrement, et que la pelleterie soit escrue ou conroyee et qu’elle soit en fardeaux, en gibes19 ou en queues, chascun fardel doit a mondit seigneur ii sols pour le deliaige. Et ne peut, ne ne doit nul deslier la pelleterie, s’il ne prent congié a mondit seigneur ou a ses gens sur peinne de lx sols d’amende. Et est et sont prisiez chascune queue de pelleterie pour ung fardel et la gibe prisee a quatre fardeaulx, se elle est grande, et ainsy se reçoit de present le droit dessusdit. Et peut mondit seigneur en ycelle place faire faire des loges pareilles a celles du grant Lendit tant comme il lui plaist et bon lui samble. Et sont louees communément xvi sols parisis pour loge.
Le tonlieu du guesde comment il se reçoit, et se qui doit a mondit seigneur quant il est vendu. Le cent de pateaulx de guesde doit obole, c’est assavoir pour le vendeur poite20 et pour l’achatteur poite ; Le sac ou pouche plain de guesde, se il est vendu en gros, le vendeur doit obole et l’achatteur autant, le tas en grenier, se il est vendu, il doit VIII deniers, c’est assavoir le vendeur quatre deniers et l’achatteur autant. Et qui en vent un septier a la foiz le vendeur doit I denier, et l’achatteur autant. Et qui ne paye les choses dessus dictes, il y a amende de lx sols,
- 21 Essanne, esseinte, essaune : bardeau de bois pour couvrir toits et pans de mur.
[p. 106] Tous pelletiers de dehors, soit d’Espaigne ou d’ailleurs, qui admainnent pelleterie soit escrue ou conroyee pour vendre a Saint‑Denys, si doivent a monseigneur l’abbé de Saint‑Denys pour chascun fardel de pelleterie pour le deliaige viii sols parisis. Et ne pevent ne ne doivent nulz marchans deslier leur pelleterie, s’ils ne prennent congié de deslier aux gens de mondit seigneur sur peinne de lx sols d’amende. La cause pour quoy tous pelletiers doivent viii sols pour fardel, c’est pour ce que le botaige queurt et est en ycellui temps. Et si venoient hors botaige pour vendre pelleterie ou autres denrees, ilz ne devroient que quatre sols.
Item les loges, qui sont faictes en la Penthiere pour vendre pelleterie, drapz ou autres denrees sont louees communément de xii a xvi sols pour loge. Et se font les dictes par cellui qui tient travers par eaue et par terre a ses despens, mais monseigneur est tenu de querrir merien et essanne21.
Item tous pelletiers marchans qui viennent a ladite foire ont accoustumé et vendent communement leur pelleterie et denrees es maisons qui sont environ la Penthiere, pour ce qu’ils n’ont autres lieux ne places ou ils puissent vendre, et louent lesdiz marchans les maisons.
Item monseigneur l’abbé sy a une maison assise ou Marché au Guesde ou il y a plusieurs louaiges, lesquelz louaiges sont louez par cellui qui tient le travers par eaue et par terre et son prouffit et au plus qui peut tant durant le Lendit comme apres. Item les travers de la ville de Pontoise doivent et sont obligiés a mon dit seigneur de payer le Jour de la Saint‑Denys xxiiii sols parisis pour leur part de la halle ou ilz mettent leurs cuirs, et vendent ledit Jour, et prent toute la place jusques ad ce qu’ilz aient tout venduz leurs cuyrs.
[p. 107] La coustume et tonlieu des poissons de mer frais et sallez appartenant icelle coustume et tonlieu a mondit seigneur, laquelle se paie en ceste maniere. C’est assavoir chascun pennier de poisson vendu en ycelle ville doit ung denier et autant l’achetteur. Se la personne qui vent ou achatte n’a le grant mestier de vendre poisson en la halle. Et autant chascune foiz qui sera vendu. Le millier de haranc doit II deniers et l’achatteur autant s’il n’a le grant mestier. Et si les bourgois de la terre Saint‑Denys achattent haranc pour leur user, ilz n’en doivent riens. Le baril de haranc caqué doit II deniers et l’achatteur autant s’il n’a le grant mestier. Le cent de maquerreaux, de mellans, de morues et autres poissons sallez le cent doit ung denier du vendeur et l’achatteur autant, s’il n’a le grant mestier. D’ung saulmon vendu v sols ou plus le vendeur doit I denier et l’achatteur autant et non plus.
- 22 Hanon : coquillage.
[p. 131] Item l’en ne doit riens vendre de molles, oystres, seiches et hanons22.
La charrette chargiée de sel vendu en la Penthiere Saint‑Denys doit II deniers de place et ung bossel de sel. Et la somme doit obole. Quelconques personnes qui vendent sel a detail au jour de vendredi et de dimanche et au mardi, il doit pour chascun jour obole. Chascun potier vendant poz de terre sur la chaussee au jour de vendredi, doit ung pot de pinte. Item quant pos de terre, godés, botailles et autres vaissiaulx, maiz que ilz soient de terre admenez de dehors en la ville de Saint‑Denys pour vendre ou lieu acoustumé de vendre, lequel lieu est appellé la Penthiere, pour vendre toutes denrees devant l’eglise soit a somme de cheval, a brouette ou a col, il doit ung pot moyen. Et qui ne paye les choses dessus dictes, il doit amende de lx sols parisis.
Les savatiers demourans en la ville de Saint‑Denys et dehors, qui vendent leurs denrees en la Penthiere Saint‑Denys, doivent pour place a mondit seigneur le Jour de la Saint‑Denys i denier. Les sueurs nommez conroyeurs ont payé pour place le jour de ladicte teste Saint‑Denys II deniers, maiz maintenant ils n’en veulent payer que ung denier.
235.
Document 88
Droits et coutumes ayant cours en la ville, d’après le « Livre vert de Saint‑Denis ».
Source – AN, LL 1209, chapitres X et XI (par extraits et en italique) ; texte collationné par C.B.
- 23 Laigrun : légumes.
[p. 108] La coustume du fruit.] Le travers nommé coustume qui est deue a mondit seigneur pour tous les fruis qui viennent et sont admenez pour vendre en la ville de Saint‑Denys, soient poireaux, ongnons, navés, aulx et pommes, poires, serises, prunes et raisins, et tous autres fruis quelx qu’ilz soient doivent coustume a monseigneur de Saint‑Denys, c’est assavoir en quelque jour qu’ilz viennent en la sepmainne, et qu’ilz soient vendus en ycelle ville. Et doit la somme de cheval des choses dessus dictes obole. La charrette chargiee des choses dessus dictes doit II deniers ; la charge d’ung homme, la quelle s’elle est vendue xii deniers, doit a mondit seigneur au vendredi obole, et poite au dimenche, c’est assavoir quiconque vent ycelles denrees par chascun Jour de la sepmaine il doit payer ce que dessus est dit. Et se ceulx qui vendent les choses dessusdictes en place, a fenestre ou a estal, et qui tiennent ou aient prins de monseigneur l’abbé ou de son hostellier congié pour vendre ycelles denrees, ils n’en doivent riens. Et doivent yceulx prendre lettre de mondit seigneur ou de son hostellier pour vendre les choses dessus dictes. Et s’appelle la marchandise dessus dicte le menu mestier, et quiconque ne paye le droit dessus dict il doit amende. Et ne doivent riens les personnes qui vendent les choses dessusdictes qui sont ou seroient hostes de ma dame Richeur la grosse et aussy les villes cy dessus declarees qui en sont franches, si comme on dit.
La coustume dessus declaree du fruit et de laigrun23 est baillee a ferme par an a ciiii sols parisis.
- 24 Asseurer : fixer, taxer.
[p. 109] La coustume du forage et rouage [des vins].
Le forage gros et rouage des vins que l’en vent en la terre Saint‑Denys a taverne est tel que se aucunne personne vent vin en ladicte terre a taverne, il doit l’argent d’un septier de vin pour chascune piece qui vendra soit, queue, tonnel ou poinson au pris qu’il est premier asseré24, et si doit quatre deniers de pertrusage pour chacune piece depuis le Jour Saint‑Denys jusques a la Saint‑Andry du vin asseré en ycellui temps.
Item se aucun vent vin en ladicte terre en gros non creu en son heritaige, il doit l’argent d’un septier de vin pour piece au pris qu’il est vendu, et l’acheteur si doit II deniers et obole avant que l’en puisse lever la piece du lieu ou elle eSt. Et qui ne paie le dit rouage il y a lx sols d’amende. Item se aucune personne estrangere admaine a chariot ou a charrette du vin en queues, tonneaulx ou poinsons, et que il le vende sur la chaussé ou en la Penthiere ou en autres lieux en ycelle ville, il doit l’argent d’un poinson de vin au priz qu’il est vendu soit en groz ou a detail pour chascune piece. Et l’achetteur doit avant que le vin parte de la ou il sera doit II deniers et obole de rouage.
Le forage gros et rouage appartenant a mondit seigneur en la terre Saint‑Marcel est deu en ceste maniere. C’est assavoir se aucun vent vin en taverne il doit l’argent d’un septier de vin pour chascune piece au priz premier asseré, et II deniers et obole de criage au crieur qui crie le dit vin, et II deniers et obole au prevost pour criage. Et se la piece est vendue en gros, le vendeur doit i septier de vin au priz que la piece est vendue. Et l’achatteur qui achate ledit vin il deniers obole de rouage avant qu’il lieve ledit vin. Et toutes personnes qui achattent vin en la dicte terre de Saint‑Marcel ou en la terre Saint‑Denys l’en doit payer avant que le vin soit levé a mondit seigneur ou a son foragier II deniers obole de rouage. Et si la piece de vin estoit achatee et revendue en groz, le vendeur doit ung septier de vin au priz qu’il est vendu. Et l’achatteur doit II deniers obole de rouage. Et ne peut nul lever ou faire lever la piece de vin vendu ou achatté sanz payer les choses dessus dictes. Et avecques nulz taverniers vendans vin a detail ne pevent ne ne doivent deffonsser les pieces de vin qu’ilz auront vendues a destail qu’ilz ne paient premièrement ou auront
[p. 110] payé le groz et forage sur peine de lx sols d’amende. Et sont exceptez es choses dessus dictes les bourgois et habitans desdites deux terres des vins creus en leur heritage, et qui auront maisons en ycelles terres. Et s’ilz n’aient maison leur en ycelles terres du creu en leur héritage, ilz deveront les choses dessus dictes.
Le forage et rouage dessus declaréest baillé a ferme a xliiii livres.
[p. 111] La coustume du grain et du pain.
Premièrement quelsconques personnes qui admainent en la ville de Saint‑Denys grain quel qu’il soit ou pain a charrette, a charriot. A charge de cheval, la charrette doit pour chascun cheval II deniers, et le charriot chargié de pain pour chascun cheval II deniers, chascun cheval portant bachoe ung denier et la collee obole, Le muy de grain III deniers, le demy muy m oboles, du septier obole, autant de deux septiers. Et s’il y a trois septiers I denier, et au dessoubz d’un septier nyant. Et autant doit l’achetteur comme le vendeur du grain qui est porté dehors la dicte ville.
Tous les boulangiers demourans en la ville de Saint‑Denys doivent a mondit seigneur pour chascune fournee de pain qui cuiront ou auront cuit denree de pain. Et pour demi fournee obole de pain. Et chascune personne vendant pain a fenestre doit pour sepmaine I denier. Et est tenu mondit seigneur, si comme les boulengiers et autres dient, de envoier querir deux ou trois foiz la sepmaine par ses gens ou autres ad ce commis par toutes les maisons des boulengiers ladite denree et obole de pain et la rechevoir, maiz qu’ilz soient souffisants, et qu’ils valent le pris dessus declaré. Et doivent lesdictes denree et obole de pain estre veues et visitees par le pennetier de mondit seigneur, et les boulengiers jurez dudit mestier avecques ledit pennetier. Et s’il est trouvé qu’il y ait faulte esdictes denree et obole de pain, ceulx qui les auront baillez seront tenu de l’amender devant le pennetier de mondit seigneur appellé ad ce les Jurés dudit mestier ou gens ad ce cognoissans. Et aussy aux marchans qui admainent grain ou pain pour vendre en la dicte ville soit au vendredi ou au dimenche ou autres jours, et qui ne paie sa coustume il doit lx sols d’amende.
Et est tenu mondit seigneur ou son acoustumier, qui reçoit ycelle coustume, de avoir et faire mettre une bourse pendue a ung baston en signe de payer chascun sa coustume qui la devra. Et dient aucuns que se ilz ne voient la bourse pendue et ils s’en vont sans payer, qu’ils ne doivent point d’amende ou cas que la coustume ne leur aura point esté demandee et que la bourse n’aura point esté pendue.Ladicte coustume du grain et du pain est baillee par an a xii livres parisis.
- 25 Paelle : poêle à frire.
- 26 Greil : grille, grillage.
[p. 126] (…) Item le jour de la Saint‑Denys qui vent ferremens de haches, coigniees et chaulderons, paelles25, trepplez, greils26, pots de estain et escuelles et saulcieres, la personne doit I denier.
[p. 127] Et le jour de la Croix adouree autant. Et le jour de la Dedication autant, et avecques chascune personne vendant semance a estal i denier.
- 27 Lange : tissu de laine.
- 28 Penne : fourrure ; vair : fourrure blanche et grise.
[p. 112] La coustume et tonlieu de la frepperie.
La coustume et tonlieu de la freperie appartenant a mondit seigneur de Saint‑Denys cy se reçoit en ceste maniere. C’est assavoir que a ycelle coustume appartient la halle nommee la halle aux pelletiers, lingers et freppiers. Et paye chascun merchant, soit pelletier, freppier ou linger, qui tient estal en ycelle halle, pour chascun estal paient iiii sols par an et pour le demy estal il sols.
Item chascun marchant, qui vent linge ou lange, chascun chief de linge ou de lange27 quel qui soit, puiz qu’il passe v deniers obole, le vendeur doit de la piece obole et l’achatteur autant. Exceptés chapperons a homme et a femme, chausses a femme et manches qui ne doivent riens.
Item chascun merchant, qui vent ou vendrait coustes et coissins qui fut debour [lacune], la couste et coissin doit III oboles autant le vendeur comme l’achetteur. Item chascun marchant, qui vent coustes et coissins de plume, doit pour couste et coisssin III deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Item ung chascun marchant, qui vent ou vendrait huche, chascune huche doit de coustume obole, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent penne de gros ver28, soit a surcot ou a coste ou a mantel, le vendeur doit il deniers de la piece, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant qui vent penne d’agneaux, soit blans ou noirs, la piece doit obole autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun merchant, qui vent plissons de connins ou de lievres, la piece doit obole pour le vendeur et autant l’achetteur.
Item d’un plisson de connins neufs ou de lievres la pieche doit ung denier pour le vendeur et autant l’achatteur
- 29 Gris : écureuil russe ; cureau : écureuil.
[p. 113] Item ung chascun marchant, qui vent veaulx tannez le jour de la Saint‑Denys en la ville de Saint‑Denys la douzenne doit pour coustume vi deniers, autant l’achetteur comme le vendeur.
Chascun marchant vendant ou achaetant en la foire de Saint‑Denys, qui ne tiennent loge en ladicte foire doivent pour chascune pieche de pennes, soit pennes de plissons, connins, lievres couvertures de dorz de lievres ou de connins neufs, la piece doit I denier, autant le vendeur comme l’achetteur. Ventres de connins neufs ne doivent riens.
Chascun marchant qui vent pennes de dorz de lievres ou de connins et qu’ilz soient vielz, la piece doit obole, autant le vendeur comme l’achetteur.
Item ung chascun marchant qui vent pennes ou plisses de griz ou de cureaux29 noirs ou rouges, soit a surcot, a cotte ou a mantel, la piece doit II deniers pour coustume, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent pennes de groz ver la piece doit II deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Item tous freppiers, lingiers, pelletiers et autres merchans, qui tiennent loge a Saint‑Denys, et qui y sont les huyttenes de la foire, paient la loge au priz qu’ils l’ont louee a cellui qui tient le travers.
Et avecques ce paient pour place II deniers.
Chascun marchant demourant en la ville de Saint‑Denys qui ont le mestier, c’est assavoir freppier, pelletier ou lingier, et ils ne tiennent point de loge toute la foire de Saint‑Denys durant, chascun marchant paye un deniers, et n’en doit plus.
Item chascun marchant, qui vent un surcot de drap, une cotte ou ung 0mantel, se le surcot est fondé le vendeur doit d’ycellui surcot III oboles de coustume. Et pour la cotte et mantel obole pour chascune piece. Et tous les marchans dessusdits, qui vendent les denrees dessus declarees, et ils ne paient la coustume et le tonlieu dessus déclaré, ilz doivent a mondit seigneur lx sols d’amende.
[p. 114] Chascun marchant vendant denree le Lendit durant, quelz qu’ilz soient en loge ou dehors loge, doivent chascun I denier de garde de la nuyt. Et s’ils sont deux ou troiz ou quatre marchans en une loge, si doivent ilz chascun i denier.
Tous pelletiers et autres marchans, qui mettent leurs marchandises en huches au Lendit durant, doivent pour chacune huche I denier de garde autant a Saint‑Denys comme au Lendit.
Chascun mercier vendant mercerie, qui tient estal ou qui met a terre ou tablette portant devant lui, doit obole ou ung chief de mercerie, excepté le Lendit durant qu’ilz n’en doivent riens.
Chascun marchant vendant en la ville de Saint‑Denys futaille, soit a charrette ou a chariot, a brouette ou a col, et que la futaille soit ouvree, c’est assavoir en escuelles de fust, en tranchouers, en cuillers, en pelles et en autres menues denrees, puizqu’ils sont de boys, le marchant doit ung chief de la dicte marchandise pour sa coustume.
Chascun marchant vendant balays en la dicte ville de Saint‑Denys, cy doit pour sa coustume ung balay. Chascun marchant vendant verres ou autres vaissiaulx de verre, doit pour la coustume ung verre ou ung gobelet.
Chascun marchant, qui vent fauxilles en ycelle ville, doit par chascun an tant seulement une fauxille.
Chascun marchant, qui vent curion de veaulx ou autres peaulx, tant les tanneurs de Pontoise comme autres, doivent pour piece obole autant le vendeur comme l’acheteur par chascun jour qui vendent ou achattent lesdictes denrees, excepté la foire de la Saint‑Denys séant.
Chascun marchant qui vent ou achatte peaulx d’agneaulx ou de chievres conroyés ou escrux le cent doit iiii deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
- 30 Foyne : fouine ; rosereau : belette.
- 31 Bièvre : castor.
- 32 Letice : animal à fourrure
blanche.
[p. 115] Chascun marchant qui vent lin ou chanvre aux foires et marchiés en la ville de Saint‑Denys doit II deniers pour place tant sur chaussé comme autrement.
Chascun marchant, qui vent ung mestier a tixtre draps, il doit pour sa coustume IIII deniers, et autant le vendeur comme l’achatteur.
Chascun marchant, qui vent foynes ou rosereaux30 le cent doit viii deniers, tant pour l’achetteur comme pour le vendeur.
Chascun marchant, qui vent pelleterie de martres, le cent doit xvi deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent loutres ou bievres31, le cent doit xvi deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent lotisses32 ou hermines, le timbre doit iiii deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent louves servieres, le cent doit xvi deniers, autant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent pennes de loups ou de louviaux jeunes, le cent doit viii deniers, tant le vendeur comme l’achetteur.
Chascun marchant, qui vent peaulx de regnars escrux ou conroiez, doit pour chascun cent viii deniers.
Ung chascun marchant, qui vent chappeaulx de fetus ou de paille, cy doit ung chappeau pour sa coustume.
La coustume dessus déclaree de la frepperie est bailliee par an a xlvi livres parisis.
[p. 127] (...) Le tonlieu de la frepperie.
De chascun chief d’ouvre de linge ou de lange quel qui soit, puis qu’il passe v deniers obole, le vendeur doit de la piece obole. Et l’achetteur autant, excepté chapperons a homme et a femme et chausses a femme et manches qui ne doivent riens.
Item d’une couste et ung coissin le vendeur doit III deniers et l’achetteur autant. C’est assavoir du coissin i denier et de la couste II deniers. Et la couste de bourgoys I denier, l’achetteur et le vendeur autant et le coessin obole.
Item d’une huche le vendeur doit obole et l’achetteur obole. Item d’une penne de ver a seurcot ou a mantel le vendeur doit II deniers, et l’achetteur autant.
Item d’une penne d’aigneaulx a surcot le vendeur doit obole et l’achetteur obole.
[p. 128] Item d’un peliçon viel le vendeur doit obole, et l’achetteur obole.
Item d’un pelicon neuf le vendeur doit I denier, et l’achetteur autant. Item quicumques vent le jour de la Saint‑Denys veaulx la douzaine doit six deniers le vendeur, et l’achetteur autant.
Et des choses dessus dictes se aucun des bourgoys de la terre de Saint‑Denys en achette pour son user, il n’en doit riens.
Item, la foire de Saint‑Denys séant, quicumques achette pour son user ou autrement, doit son tonlieu et sa coustume en la maniere dessus dicte durant les premiers octaves. Excepté les bourgoys de la terre Saint‑Denys, prestres, clers, gentils gens et les hostes madame Richeust la grosse, qui ne doivent riens d’achetter pour leur user.
Tous marchans vendans et achettans en la dicte foire, qui ne tiennent loge paient leur coustume en cette maniere.
Pour chascune piece de pliçons, pennes, couvertures de dos de lievres et de connins nuefs i denier le vendeur et ung denier l’achetteur. Ventres nuefs ne doivent riens. Et se les dors ou les ventres sont vielx, les dictes pieces doivent obole la piece du vendeur et autant de l’achetteur. Pelices de griz, pennes d’escureulx II deniers la piece du vendeur et autant de l’achetteur.
Menu ver ne doit riens, la penne a surcot ou a mantel de gros ver le vendeur doit II deniers de la piece et l’achetteur autant.
Freppiers, pelletiers, lingiers, qui tiennent loge a la Saint‑Denys, s’ils tiennent foire, et tiennent les premières huittines chascun paye II deniers pour la place, et se ilz ne contiennent et tenoient la foire durant les premières huittines, ils paient pour la place en la maniere devant dicte, et les dictes huittines passees qui ne tient loge paie sa coustume comme devant est dit.
Les marchans de Saint‑Denys, qui ont le mestier et ne tiennent loges, ne paient toute la foire durant que chascun iiii deniers pour place. Et s’aucun surcot estoit vendu ou achetté la dicte foire durant seant, dont la penne vaulsist plus de cinq sols, le vendeur doit III oboles et l’acheteur autant, et hors foire obole de personne qui doit coustume comme dessus est dit.
Toutes manieres de marchans au Lendit, qui tiennent loges, excepté Paris et Saint‑Denys, doivent pour la loge I denier de garde. Et sont aucuns marchans en ladite foire comme Louviers, Chartres, Meullant, Chambely, Mante et ceux de Laigny, qui ne sont en la contrarie aux marchans de Laigny,
- 33 Fourbeur, fourbisseur : armurier.
[p. 129] et le petit hostel de Pontoise, qui paient pour chascun chatel qui est en loge I denier. C’est assavoir quant ils sont plusieurs en une loge chascun doit ung denier des villes dessus nommees.
Pelletiers et autres marchans, qui mettent en huches, paient la personne obole en la ville de Saint‑Denys.
Les bourgoys de la terre Saint‑Denys et les hostes Madame Richeust la grosse ne doivent riens pour leur user.
Les hostes a l’aumosnier, au cenier et ceux de la Court nuefve en vouloient estre quittes, et s’en passoient plusieurs foiz par recreance et en debat, parce que les fermiers ne se vouloient mie mettre en plaid, ne avoir la mal voulente de leurs seigneurs.
Chascun mercier, qui tient estal ou qui met a terre puis le greil en ça jusques au pont de la porte de Pontoise paie en troiz sepmaines obole soit de Saint‑Denys ou dehors. Et se il ne mettoit que ung jour si doit il la obole.
Qui vent fauxilles doit une fauxille par an tant seullement.
Item le jour de la feste de Saint‑Denys les tanneurs de Pontoise tant seullement avoient acoustumé a vendre leurs cuirs en la halle aux sueurs pour xxiii sols parisis par ladicte Journée. Et les autres vendeurs de cuir vendoient es halles a la laine, et paioient v deniers pour chascune loge.
Et quiconques vendoit curion de veaulx, tant les tanneurs de Pontoise comme les autres, il paioit pour la piece obole aussy se c’estoit personne qui deust coustume, excepté les selliers et les fourbeurs33 de Paris, qui s’en disoient estre francz : les quielx xxiiii sols estaient au prevost ou a monseigneur l’abbé se la prevosté estoit en sa main. Et les vi deniers pour la loge estoient a cil qui tenoit les halles a la laine. Et le coutumier de la frepperie avoit avec ce pour chascune place de chascun i denier tant de Pontoise comme des autres. Et si avoit la dicte coustume des veaulx, c’est assavoir que quiconques met en cimetiere le jour de la Saint‑Denys hors loge des marchans dessus dicts et s’en vait sanz venir y plus, sont quittes pour deux deniers de la place.
Et en la dicte foire de Saint‑Denys se personne qui doit coustume vent ou achette peaulx d’aigneaulx de chevreux conroyés le cent doit quatre deniers tant du vendeur comme de l’achetteur. Et sans conroy le cent doit / deniers.
Le vestiere de connins cens nottres et autres doit II deniers tant du vendeur comme de l’achetteur de personne qui doye coustume.
[p. 130] Si a ou vestiere des nottrez cent peaulx. Et en l’autre qui ne sont mie nottres cent et dix peaulx.
Ceulx qui vendent huches a la Dedicace et le Vendredi adouré paient obole de la huche. Et les achetteurs chascun obole de personne qui dolent coustume, si comme dessus est dit. Et la douzaine de peaulx de chevreaulx et d’aigneaulx doit obole.
Chascun freppier, pelletier ou autre qui entre ou mestier pour estre mestre ou pour ouvrer et en user comme maistre pale v sols aux prevots de charge et douze sols aux compaignons dudit mestier. Et n’avoient pas accoustumé a avoir maistres, maiz aucunes foiz faisoient de leur commun accort et elisoient deux hommes d’entr’eulx qui se portaient o dit mestier aussy comme prevosts. Chascun qui est maître dudit mestier paie nu peaulx d’aigneaulx par an a la plice monseigneur l’abbé. Et la taillent et assemblent entr’eulx et tant plus sont et plus est grant quant ilz y mettent toutes les peaulx. Et le jour qu’ils la taillent l’en leur avoit acoustumé en l’église a donner de courtoisie de par monseigneur l’abbé ung sextier de vin et ung quarteron de pain. L’estal aux freppiers et pelletiers en la halle Saint‑Denys. De ceulx qui le mestier doivent pour estal IIII sols, et de demi estal ii sols. Et a ceulx qui n’ont le mestier le plus que l’en puet leur louer.
- 34 Souste : soulte en argent destinée à équilibrer les deux termes inégaux d’un échange.
[p. 116] De la coustume et tonlieu [du grant poiz.]
La coustume et le grant poiz appartenant a monseigneur de Saint‑Denys est telle. Et se reçoit en cette maniere. C’est assavoir toutes denrees, qui sont pesees en la ville de Saint‑Denys, doivent estre pesees au grant poiz, le quel doit estre en la halle nommee la halle du poiz. Au quel lieu tous marchans vendans et achetans toutes denrees, qui se poisent a poiz, doivent estre pesees audit poiz sans aler peser ailleurs. Et doit l’en du cent peser de quesques denrees que ce soit iiii deniers, c’est assavoir pour le vendeur II et autant l’acheteur. Excepté les aignelins et les filez qui doivent estre pesez au poiz nommé le petit poiz.
Item appartient a la coustume et grant poiz dessus dit le tonlieu des bestes. C’est assavoir un chascun marchant qui vent ung cheval en la dicte ville, le vendeur doit II deniers et l’achetteur autant. Et de ceulx qui eschangent leurs chevaulx, chascun marchant qui eschange son cheval, puiz qu’il y a soustes34 doit quatre deniers pour coustume.
Item appartient a ycelle coustume que ung chascun marchant, qui vent pourceaulx, buefs, vaches vendus en la dite ville chascune pieche doit obole de l’acheteur et autant le vendeur. Excepté veaulx de let et pourcelés de let, qui ne doivent riens.
Item ung chascun marchant, qui vent brebiz ou moutons en ycelle ville, les iiii brebis ou iiii chatris doivent ung denier, le vendeur et autant l’acheteur.
Item d’un mouton saillant nommé coullart, s’il est vendu en ycelle ville, il doit pour la coustume ung denier, c’est assavoir autant le vendeur comme l’acheteur.
Item appartient a ycellui grant poiz et coustume que ung chascun marchant, qui vent cuir a poil, doit pour chascune piece vendue obole, autant l’acheteur comme le vendeur. Exceptez les bouchiers de la grant boucherie Saint‑Denys, qui ne doivent riens. Et aussy les bourgoiz de la terre Saint‑Marcel, qui acheteroient en la dicte terre Saint‑Denys pour leur user ne doivent riens, maiz les vendeurs en doivent de la piece vendue comme dessus, et des denrees qui peseroient audit grant poiz doivent payer pour chascun cent iiii deniers : car c’est pour peine et n’est nul
[p. 117] marchant, puisqu’il poise au dit poiz ses denrees ou marchandises qui ne doient payer pour chascun cent iiii deniers.
Item appartient ung chascun marchant, qui vent toille en la halle a la toille, doit pour chascun estal qui tient chascun vendredi qui vent toille si doit III oboles. Et si doit pour chascune piece de toille vendue en gros, soit en halle ou dehors, doit obole du vendeur et autant l’acheteur.
Item que ung chascun marchant qui tient estal en la dicte halle le jour de Saint‑Denys pour vendre toilles doit un denier. Et les acheteurs qui achettent doivent pour chascune piece de toille qu’ils achetent obole durant les huyttenes Saint‑Denys, excepté les bourgoiz et habitans demourans en la ville de Saint‑Denys, et qui aient maison leur.
La dessusdicte coustume et grant pois est baillé par an a xxvi livres.
[p. 124] (…) Item quiconques tient estal le jour de la Saint‑Denys pour vendre toilles, doit pour l’estal quatre deniers. Et les acheteurs doivent obole, puiz qu’il passe une aulne durant les huyttines Saint‑Denys, excepté clercs gentil homme et homme qui ait maison seue en la ville et en la terre Saint‑Denys demourant en ycelle. Car ceulx de la terre Saint‑Marcel en doivent aussy comme ceulx de hors. Et excepté les hostes de madame Richeust la grosse, qui ne doivent riens de chose qu’ils achettent.
[p. 118] De la coustume et tonlieu [du petit poiz.]
La coustume de la laynne le petit poiz des aignelins la coustume, et tonlieu des drapz vendus en la ville de Saint‑Denys, a la quelle coustume appartient la halle nommee la halle a la laynne. En laquelle halle ung chascun marchant peut avoir loge a vendre lainne, la quelle halle doit estre de deux aulnes de longe devant et derrière et autant de parfont, et doit chascun marchant qui tient loge xii sols parisis par chascun [an] a deux termes, c’est assavoir a la Magdalene vi sols et a la Chandeleur six sols, puisque il tient loge a annee, excepté la foire du Lendit et la foire Saint‑Denys.
Et se aucun marchant, qui ne vouldroit point de loge a annee, et il met a jour de marchié sa lainne en loge pour vendre, il doit pour chascun Jour qu’il y met sa lainne pour vendre pour chascun jour vi deniers, puis qu’il y met sa lainne soit pou ou grant.
Chascun marchant, qui vent hors loge a couvert a destail ou autrement, il paie pour sa place II deniers. Et s’il avient qu’il y ait loge vuide, et qui soit sceu par le hallier que ung marchant eust ung quarteron de lainne ou plus, le hailler le peut contraindre a mettre en loge. Ung chascun marchant grossiers, qui vendent en gros en leurs greniers, ne paient riens fors leur tonlieu seulement.
Ung chascun marchant vendant a descouvert sur la chaussee il doit II deniers pour place. Se il n’a plus de deux toisons il ne paie riens. Chascun marchant, qui vendrait troiz toisons seulement, doit obole pour coustume, et de six jusques a xii ung denier pour coustume.
Item deux marchans pevent tenir loge ensamble a annee par payant xii sols de loyer, ne nulz marchans, qui tiennent loge soit a annee ou a journee, n’y peut vendre lainne, ne laissier vendre fors que la lainne aux marchans a qui la loge est, ce se n’estoit lainne qui fut a plusieurs marchans en commun tant seulement.
Item ung chascun marchant, qui vent lainne, et qui en ait un quarteron ensamble ou plus, et ne veulle point de loge, le hall ier ou celui qui tient la coustume peut contraindre lesdiz marchans a prendre et tenir loge. Et est tenu ledit hallier ou coustumier a herbergier lesdits marchans et leurs denrees es loges, qui seraient vuides a la Saint‑Denys seant.
La dessusdicte coustume de la halle a la laynne est baillee par an a xvii livres.
- 35 Filé : fil de lin ; estain : laine peignée destinée à faire la chaîne d’un drap.
[p. 119] La coustume et tonlieu [du petit poiz.]
La coustume du petit pois appartenant a la halle a la lainne.
Premièrement ung chascun marchant, qui vent flllé de lainne, c’est assavoir estain35 ou tresme, le cent pesant doit xvi deniers, c’est assavoir viii deniers le vendeur et autant l’acheteur. Ung chascun marchant, qui vent un cent de lainne a tout le suin le vendeur doit viii deniers et autant l’acheteur.
Chascune livre de flllé de lainne, soit estain ou tresme, vendue ou eschangee doit obole pour coustume.
Chascun cent d’aignelins pesez au grant poiz doit IIII deniers, c’est assavoir II deniers le vendeur et autant l’acheteur.
Chascun marchant, qui vent drapz a deux chiefz, de quelque couleur qu’ils soient, en la ville de Saint‑Denys, chascun drap vendu doit troiz deniers, autant le vendeur comme l’acheteur.
Chascun marchant, qui vent une piece de drap, soit demi quartier, ung quartier ou une aulne ou plus, maiz qu’il n’y ait ii chiefz, le vendeur doit obole et l’acheteur autant.
Item du cent de peaulx de moutons, de brebiz ou d’aigneaulx, chascun marchant doit pour cent xvi deniers, c’est assavoir le vendeur viii deniers et l’acheteur autant, et au dessous obole. Chascune piece de fillé, qui est vendue plus de un deniers et obole, doit obole pour coustume du vendeur et autant l’acheteur.
Item chascune piece de drap, soit grande ou petite, soit en estroit ou en lé, ayant ii chiefz, doit II deniers de coustume. C’est assavoir le vendeur ung denier et autant l’acheteur. Et ne doit avoir nul marchant demourant en la ville Saint‑Denys avoir poiz pour peser les marchandises et denrees dessus dictes fors au poiz monseigneur de Saint‑Denys. Item tous marchans, qui admainnent lainnes, aignelins, peaulx de moutons, d’aigneaulx et autres denrees, qui doivent estre pesees, ou qui se vendent a poiz, doivent venir et descendre en la halle ou le poiz est pour peser au dit poiz, sans aler peser ailleurs sur peinne d’amende. Et qui ne paye coustumes et tonlieu dessus declare, il doit lx sols d’amende, comme il est et a esté accoustumé.
La dessus dicte coustume du petit poiz est bail lee par an a xviii livres.
[p. 123] (...) Et sur ces choses ont les dlz marchans de laine une lettre faitte de la court de frere Estienne de Portevue, qui lors estoit tresorier de Saint‑Denys et garde du scel dudit lieu donnee l’an de grace mil deux cens quatre vins et xiii le jour de la My‑Quaresme.
- 36 Escire : de eschirer ou déchirer, coupon de tissu prélevé dans une pièce.
[p. 122] Coustumes et reddevances appartenans a la prevosté de Saint‑Denys‑en‑France sans part d’autruy. Des coustumes, essaies et escires36 de drap de la terre Saint‑Marcel.
La piece de drap en estroit ou en lee, soit grant ou petite, ayant deux chiefs doit ung denier, dont le vendeur doit payer l’un denier et l’acheteur l’autre.
De la piece de drap soit ung quartier, demi quartier, une aulne ou plus, mais qu’il n’y ait deux chiefs, le vendeur doit obole et l’acheteur obole.
Item du cent de la laynne ou de peaulx le vendeur doit viii deniers et l’acheteur autant.
Item du mestier en lé ou en estroit, aux quelz les appartenances du dit mestier le vendeur doit II deniers et l’acheteur autant.
Et s’il est ainsy qu ’il n ’y ait que les quarrures dudit mestier si doit il autant comme dessus est dit. Item la couste et le coissin le vendeur doit vi deniers et l’acheteur autant.
Item de la xiine de fillé le vendeur doit ung denier et l’acheteur autant et au dessous obole.
Item chascune piece qui est vendue plus de iiii deniers obole, le vendeur en doit obole de la piece et l’achetteur autant, excepté les bourgoys de la terre Saint‑Marcel, qui ont propre maison en ladicte terre qui ne doivent riens des choses devant dites, si comme ilz dient.
236.
Document 89
Accords entre les religieux de l’abbaye et les habitants de la ville de Saint‑Denis (1338) d’une part et les habitants et bourgeois de la terre Saint‑Marcel (s.d.) d’autre part, d’après le « Livre vert de Saint‑Denis ».
Le premier accord est relatif aux coutumes des marchands de vin, des boulangers, des savetiers, des merciers et épiciers, des vendeurs de légumes, de charbon et de bois, des pelletiers et fripiers, des huiliers, des poissonniers, des potiers de terre, des sauniers, des charrons, des bouchers, drapiers, taverniers, foulons et tisserands et des vendeurs de fromage. L’accord évoque également le guet et les droits seigneuriaux du cens et de la taille.
Le second accord, relatif aux habitants de la terre Saint‑Marcel, concerne la vente du vin, des cuirs, des métiers à tisser, de la viande et du pain.
Source – AN, LL 1209, chapitre XI (extrait) ; texte collationné par C.B.
- 37 Gui de Castres, abbé de 1326 à 1343.
- 38 Le « cochet » orne la corne de bison montée sur cuivre doré et conservée alors dans le trésor de l’ (...)
[p. 134] Comme plait et descord feust meuz contre les religieux de Saint‑Denys‑en‑France d’une part et les habitans de la dicte ville d’autrepart sur le debat de plusieurs coustumes cy dessus esclarciez que les gens desdicz religieux queilloient en grevant lesdiz habitans si comme ils disoient.
Accordé est entre les dessusdits religieux et habitans. Les coustumes cy dessous esclarciez estre queillies desdits religieux ou de leurs gens pour eulx en la maniéré cy dessoubz escript.
Lequel accort fust fait, present monseigneur l’abbé Guy de Saint‑Denys37 et son conseil, par Macy de Montmelliant, Robert Blondel, Jehan Pocheron et Robin de Pons, bourgoys de Saint‑Denys establis ad ce faire par le commun de la ville ou la plus grant partie et par leur procureur en plaine halle, ou ilz avoient esté appelé pour ce faire a leur requeste ; fait l’an de grace mil ccc xxxviii. Et fust cest accort parfait par l’archidyacre du Boys gency Adam Bontel, Jehan Jencian et Hue Aubert, bourgoys de Paris.
Les quelles coustumes seront queillies en la maniere qui s’ensuit desdiz religieux ou de par eulx. Premièrement se aucun vent vin en la terre Saint‑Denys a taverne, il doit l’argent d’ung sextier de vin de la piece, soit queue ou tonnel, pour cause de forage au pris que il est premier asseré, et avecques ce iiii deniers de pertrusage de la piece de la Saint‑Denys Jusques a la Saint‑Andry du vin asseré en ycellui temps. Et se aucun vent vin en ladicte terre en gros, le vendeur doit de la piece, soit queue ou tonnel, l’argent d’ung sextier de vin au pris que la piece est vendue, et l’achetteur n deniers obole de rouage pour piece.
Excepté les habitans de la terre Saint‑Marcel qui en sont frans en ycelle terre des vins creus en leurs heritages.
Item se aucun vent tonneaulx vuys en ladicte terre ou achette, le vendeur doit de la piece obole et l’achatteur autant.
Item se aucun vent vin en la dicte terre, il doit a l’Ascension aux prestres et aux clers de l’eglise Saint‑Denys quant ilz portent le cochet38, une pinte de leur meilleur vin et une pinte du pire, mais les habltans d’ycelle terre en sont francs des vins creus en leur heritaige.
Item que nul boulengier de hors ne peut vendre I pain I denier ne II deniers qui ne perdent le pain en ladicte ville.
Item que chascun boulengier de Saint‑Denys doit chascun an
- 39 Crotage : droit.
[p. 135] xii deniers pour curage de Croust, iiii deniers pour feves et iiii deniers pour flaons aux termes acoustumez.
Item que tous les boulengiers de Saint‑Denys ensemble doivent chascun an au prevost de la garanne le jour Saint‑Hylaire v sols pour crotage39 de pour cuire, et de chascune fournee de pain qu’ilz cuisent doivent I denier audit prevost.
Item quiconques boulengier tavernier mettent pain a fenestre pour vendre doit chascune sepmaine au prevost de Saint‑Denys i denier, de chascun sac de grain apporté du marchié pour vendre obole, de la charrette ii deniers et du muy iii deniers. Item que les boulengiers sont de Saint‑Denys sont banniers aux moulins de l’eglise, et quant ilz meullent l’on en prent coustume en la maniéré accoustumee. Item se aucun veult faire four en la terre Saint‑Denys, il en prent congié a l’osteilier de Saint‑Denys et ne le peut faire sanz son congié et en prent dudit hostellier le meilleur marchié qu’il en peut avoir.
Item se aucun admaine pain a vendre a charrette a Saint‑Denys, il doit II deniers, de la baschoe I denier, a col obole. Et se il vient a cheval en sac I denier.
Item les savattiers de Saint‑Denys doivent chacun an x livres de loyer au prevost pour la halle ou ilz vendent leurz sollers, en laquelle ils ne doivent pas vendre la foire durant du Lendit, ne de la Saint‑Denys avec.
Item se aucuns savatiers tiennent loges en la foire Saint‑Denys, ils doivent pour la loge viii sols, et se aucun petit savattier de Saint‑Denys met sus ung buffet ou sus perches sans couverture, il le puet faire par paiant il deniers pour place.
Item se aucun vent cuir a poil en la dicte terre, le vendeur doit obole de la piece et l’achatteur autant, mais les bouchiers de Saint‑Denys en sont frans.
Item se aucun vent en ladicte ville peaulx de veaulx le vendeur doit de la xiinevi deniers et l’achetteur autant.
Item que tous merciers et espiciers et autres mestiers, qui mettent leurs denrées les premiers huittines de la foire Saint‑Denys, doivent pour chascune fenestre II sols.
Item se aucun fait demande a sa partie adverse devant le prevost, et l’une des parties se met au serement de l’autre, celui qui enchiet en la demande doit III sols vi deniers pour
- 40 Charbon : ici charbon de bois.
[p. 136] cause du serement de la demande passant II sols vi deniers. Et se elle ne passe il n’en doit riens.
Item se aucun commandement est fait du prevost pour aucune debte a requeste de partie, et ilz ne paie dedans les nuys, il paie ii sols vi deniers d’amende. Et se cellui qui doit la debte soit de gaigement ou de commandement mette gaige hors dedans les nuys sus son voisin pour emplir la debte, il ne doit point d’amende.
Item se aucun apporte dans la ville de Saint‑Denys ou marchié oignons, poireaulx, navez et autres telles menues denrees la charrette, doit II deniers au prevost, le cheval obole, a col obole, au vendredi poite, au dimanche se la charge vaut plus de xii deniers.
Item se aucun admaine a Saint‑Denys charbon40 pour vendre, il doit du sac de charbon xii deniers, et se ilz veulent ilz seront quittes de la charrette par paiant pour chascun cheval xii deniers. Et se ilz changent chevaulx, ilz doivent pour le cheval changé xii deniers a l’ostellier de Saint‑Denys.
Item se aucun admaine vendre buche a Saint‑Denys, et la vent a la Penthiere ou sur la chauxee, la charrette doit obole a l’ostellier pour place.
Item quiconques vent aucunes denrees en la foire du Lendit, chascune personne doit ung denier pour garde au prevost, maiz ceulx de Paris, de Saint‑Denys en sont francz.
Et se puent les pelletiers, freppiers de Saint‑Denys et telles petites denrees, qui n’ont pas povoir de tenir loge eulx tendre de leurs perches et serpillieres sanz riens paier pour tant que les denrees ne passent xl sols, mais si elles passent, il conviendroit qu’ilz tenissent loge. Et se le prevost veut faire lever aucunes loges pour aucuns marchans qui les retiennent, il leur peut faire oter leurtendois.
Item se aucuns marchans admainent pelleterie, corduan, cuirion ou autres marchandises de quelque condition que ce soit pour vendre en la ville Saint‑Denys, au petit Lendit, ils les vendront es granches, maisons et chambres de la dicte eglise. Et se ilz les veulent vendre es maisons desdiz bourgoys, ilz ne le pourront faire sans congié dudit prevost et fineront du congié au dit prevost, se ilz y veulent vendre, et ne se pourront plaindre ceulx a qui les maisons seront.
Item se aucuns marchans admainent fardeaulx de pelleterie ou d’autre marchandise au petit Lendit qui ont accoustumé a paier au fardel, chascun fardel paiera vi sols parisis. Et ne pourra nulz
[p. 137] delyer desdiz fardeaulx jusques autant qu’ilz auront prins congié audit prevost, et que ilz les ait mis en ses escrips, et se ilz font le contraire, ilz le amenderont. Item que tous les huilliers de Saint‑Denys ensemble doivent chascun an a la Chandelleur xv sols au prevoSt. Et se aucun de dehors en vent en la ville en taverne, il doit une quarte d’uille. Item se aucun admaine ballaiz pour vendre en la ville Saint‑Denys, la charrette doit quatre ballaiz, et le cheval chargié deux ballaiz. Item se aucun vent en la terre Saint‑Denys frepperie, l’en doit de la couste et du coessin iii deniers le vendeur et l’achetteur autant, le seurcot sengle obole, le fourré d’aigneaulx i denier, le fourré de ver ou de griz ii deniers, le pelice de griz ii deniers, le peliçon de connins ung denier, le couvertouer sengle obole, le couvertouer de ver, de griz ou de guerppeaulx un deniers, le couvertouer fourré de connins iii deniers, de vielles chausses, qui valent plus de cinq deniers et maille obole. La piece de linge puis qu’elle passe plus de cinq deniers et obole obole. Et des choses dessus dictes doit autant l’achetteur comme le vendeur, maiz les habitans de la terre en sont frans en ycelle terre, quant ilz achettent pour leur user. Et s’ils vendent leurs vielz choses a ung Jour de marchié, ilz paieront la coustume dessus dicte soit ou marchié ou en leurs maisons, maiz s’ils vendent leurs vielx robes et linges en jour qui ne soit point marchié, en leurs maisons. Et soit avecques le lundi et le mardi devant la beneysson du Lendit, ilz ne paieront point de coustume ne de leurs autres choses vielles au dessoubz de dix sols, mais se ilz passent dix sols, ils paieront la coustume dessus dicte.
Item se aucun poissonnier vent poisson en la dicte ville de Saint‑Denys le vendeur doit du panier I denier et l’achetteur autant.
Item se aucun potier de terre vent au marchié de la chauxee doit I denier ou ung pot pour la sepmaine au prevost, sanz ce qu’ilz doivent d’autre part a plusieurs en l’eglise.
Item se aucun saunier vent sel sur la chauxee doit ung denier la sepmaine. Et se il est de dehors la charette doit l boyssel de sel au prevost sanz ce qu’il doit en autres lieux a l’eglise.
Item chascun cheron ouvrant sur la chauxee doit viii sols de cens l’an payés a la Chandelleur.
Item se aucuns des habitans de la dicte ville qui n’est bourgoys aiant maison il s’en part et va demeurer hors de la dicte
[p. 138] ville, et fait mener ses choses le botaige durant, il doit botaige comme un estrange.
Item quiconques met en la loge a layne soit une toison ou plus, il doit vi deniers pour la journee. Item les habitans de Saint‑Denys puent vendre leurs marchandises en leur maison sanz les mettre a fenestre la foire Saint‑Denys durant.
Item chascun mercier vendant denrees a Saint‑Denys par troiz vendrediz doit au tiers vendredi obole, et s’il n’y estoit qu’ung seul vendredi si doit il la maille.
Item se aucuns enfans sont plusieurs, et il leur est escheu de leur pere et de leur mere aucuns heritaiges ou d’aucune autre descendue, et ils ne font pas leurs parties dedans les nuys, chascun enfant paiera xii deniers de saisine de ce qui lui sera escheu en sa partie au seigneur de qui Il tenra la chose seullement.
[en marge ; pour le portier] Item que les gens de la ville Saint‑Denys qui font le guet et sont assis du portier de Saint‑Denys pour aller guettier au lieu ou il les a assis, et ils se transportent de leur guet en autre lieu, cil qui se transporte paiera x sols pour l’amende, et autant le deffaillant de venir au guet dedans l’eurre que l’en les doit asseoir.
Item quelconque bouchier de Saint‑Denys qui tue ou fait tuer beufs ou porcs, ilz doivent au dimenche obole du bœuf, du porc obole au prevost de la Garanne, et chacun bouchier III oboles a Pasques fleuries et au prevost de Saint‑Denys chascun doit I denier chascun an aux huittines Saint‑Denys de cens de leur mestier, et tous les bouchiers ensemble doivent chacun a l’enfermier xi sols.
Item se aucun admaine pain vendre en la dicte ville au vendredi ou au dymanche en la Penthiere, et il ne le vent tout a ung jour, il le peut rapporter se il lui plaist, mais se II le met en garde en la dicte ville, il forffait le pain, et le puet le pennetier prendre pour donner pour Dieu aux povres de la maison Dieu ou ailleurs la ou il luy plaira. Item que ne peut changier monnoye ou faire fait de change fors le prevost ou ceulx qui ont cause de lui, et qui le fait, il fait amende de lx sols.
Item quiconques vent drapz entiers en la ville de Saint‑Denys,
- 41 À l’origine, le tavernier vend du vin à emporter pris directement au tonneau et le cabaretier vend (...)
- 42 La cloche du couvre‑feu autorisait les taverniers de Saint‑Denis à chasser les buveurs forains, d’o (...)
- 43 En dart : inutilement.
[p. 139] le vendeur doit de la piece ou y a guesde i denier, et sans guesde obole, et l’achetteur autant, se ilz sont de la confrairie. Et se ils n’en sont, chascun doit de la piece ou il y a guesde III deniers et sans guesde obole. Et qui ne paie son tonlieu en la maniere dessus dicte avant que les draps soient emportez, il doit lx sols d’amende, excepté les habitans de la ville qui le puent payer le jour ou lendemain dedens la nuyt, et se ilz ne le paient, ilz doivent l’amende dessus dicte, maiz de draps venus en halle ilz ne doivent point d’amende.
Item que tous taverniers vendans vin a Saint‑Denys pevent vendre a Saint‑Denys soit a assiste ou a pots41 jusques a l’eure de Chasse Ribaut42 sanz mesprendre. Maiz l’eure sonnee, ils ne peuvent vendre vin a assiete si ce n’est a leurs hostes qu’ils ne facent amende de lx sols, mais ils pevent traire et vendre vin a potz a porter hors a bonnes gens a toutes heurres sanz faire amende. Item quiconques vent guesdes a Saint‑Denys au vendredi doit du cent porter de la planche obole, le tax en guernier se il est vendu en dart43 le vendredi doit iiii deniers et l’achetteur autant. Et quant il est vendu au cent le vendeur doit I denier. Et de toutes les choses dessus dictes autant doit le vendeur que l’achetteur.
Item se aucun vent moust doulx en la terre Saint‑Denys, et celui qui l’achette porte son tonnel pour recevoir ledict moust, le vendeur ne l’achetteur ne doivent riens, maiz se le vendeur met en son tonnel et puis le vent, le vendeur doit l’argent d’un sextier de vin au pris qu’il est vendu, se il n’est creu de son heritaige, et l’achetteur n deniers et obole de rouage.
Item s’aucun vent cervoise qu’il braxe ou face braxer en ladicte ville Saint‑Denys, chascun brasseur doit la sepmaine IIII sols ou x livres l’an au prevost de Saint‑Denys.
Item se aucun fait maçonner jambe de taille en maison sur rue de quoy la soubz basse soit remuee, le voyer doit avoir xii deniers, et se la dicte soubzbasse n’est remuee, on peut faire appareiller la jambe sanz le voyer. Et se la jambe est en coing de double rue, le voyer en doit avoir II sols. Et l’en fait en ung hostel plusieurs jambes pour cause de fenestrages et de huisseries en est quitte par paiant xii deniers, et se c’est coing de double rue II sols.
Item les mestiers foullons et les mestiers tixerrans de la terre Saint‑Denys, chascun mestier doit xii deniers chascun an de cenz
- 44 Mots effacés, restitués à l’aide de la copie conservée aux archives municipales de Saint‑Denis, AMS (...)
[p. 140] pour son mestier au prevost aux huittines Saint‑Denys, et les maistres foullons qui ont planche sur Croust au dessus du greil doivent avecques les xii deniers dessus diz ii sols pour planche.
Item quiconques apporte fromages a Saint‑Denys le vendredi devant la Penthecouste chascun doit a l’ostellier i fromaige ou II deniers, se il plaist mieulx aux venderresses.
Item quiconques apporte fromages a il vendrediz de la foire du Lendit durant, chascun doit au vendredi pour chascun jour ung fromage au prevost ou II deniers en la maniere dessus dicte.
Et toutesvoyes les habitans de la terre Saint‑Denys sont frans de toutes choses qui croissent en leurs heritaiges, quant ilz les vendent en ycelle terre et de tout ce qu’ilz achettent pour leur user. Item que les habitans de la terre Saint‑Denys pourront baillier a croix de cens et vendre croix de cens sur leurs maisons et heritaiges que ilz ont en la terre des diz religieux en la dicte ville et ou finaige, et pourront lesdiz censiers faire gaigier par leurs diz croix de cens non payé par les sergens ou sergent de monseigneur l’abbé de Saint‑Denys toutesfoiz qu’il leur plaira de ceulx qui seront bailliés doresenavant.
Item que tous les officiaulx et serviteurs tant a monseigneur l’abbé comme a l’eglise de Saint‑Denys seront frans et quittes de toutes tailles et impositions faites et a faire en la dicte ville pour quelque cause que ce soit a toujours mes. Excepté ceux qui sont notoirement marchans, lesquels contribueront es dictes tailles avec lesdits habitans de tout leur vaillant selon leur faculté, [excepté ceux]44 qui sont francs a present et seront pour le tems advenir, seront francs et quittes de toutes tailles faittes et a faire en la dicte ville non contrectant qu’ilz soient marchans. Et ou cas que lesdiz habitans vouldroient faire tailles pour aucuns paliz, que ils vouldroient faire et maintenir contre les religieux dessus dits, officiers et serviteurs ne seront pas tenus de contribuer avec les diz habitans et n’y contribueront pas. Lesquelles coustumes seront quel liez en la maniere dessus dicte avec plusieurs autres coustumes et reddevances qui sont quelliez et deues en la dicte ville escriptes en partie, et partie que l’ostellier, maistre des charitez et plusieurs autres desdiz religieux queillent en la ville.
Comme plaid et descord soit meu entre les religieux de Saint‑Denys d’une part et les habitans et
- 45 Feur ou fuer : prix, taux.
[p. 141] bourgoys de la terre Saint‑Marcel d’autre part sur le debat de plusieurs coustumes cy dessoubz esclaircies que les gens desdiz religieux cueilloient en grevant lesdits habitans et bourgoys si comme ilz disoient.
Accordé est entre les dessus diz religieux, habitans et bourgoys les coustumes cy dessous esclarcies estre deubs auxdiz religieux en la maniere qui s’ensuit. Premièrement se aucun vent vin en la terre Saint‑Marcel en taverne, il doit l’argent d’un sextier de vin de la piece au feur45 qui est premier afferé et II deniers obole au crieur et au prevost ll deniers obole pour son criaige.
Item se la piece de vin est vendue en gros, le vendeur doit l’argent d’un sextier de vin au pris que la piece est vendue, et l’achetteur II deniers obole de rouage. Excepté les bourgoys de la terre aians maison leur, qui en sont frans en ycelle des vins creus en leurs heritaiges.
Item se aucuns vent en la dicte terre Saint‑Marcel corduan le vendeur doit de la xiineii deniers, et l’acheteur autant. Excepté les bourgoys aians maisons leur qui en sont frans.
Item se aucun vent mestier a tixerant a tixtre en draps en la ditte terre soit en lee ou en estroit, le vendeur doit II deniers et l’achetteur autant. Excepté les bourgoys aians maisons leur en ycelle qui en sont frans. Item que nul ne peut tuer chaar pour revendre en la dicte terre, maiz s’ilz y faisoient nopces d’aucun de leurz amys, il pourraient achetter beufs, pourceaulx, moutons pour les nopces de leur dit amy sanz préjudice faire aux diz religieux. Et pourront vendre de leur lart cuit aux gens trespassans se ilz en ont mestier.
Item se aucun vent en la ditte terre marchandise pour cause d’execution ou autrement, potz, paelles, linges, plateaulx de estaing, ou en autres, choses pour que ilz vaillent un deniers obole, le vendeur doit de la piece obole et l’achetteur autant. Excepté les bourgoys aians maisons leur en ycelle qui en sont frans.
Item que aux dimanches et au vendredi nul pain estrange ne sera vendu au lieu que l’en dit le Pain de Paris a charrette ; a charge de homme ne de femme, maiz sera vendu en la Penthiere, et paiera l’en telle coustume comme l’en a accoustumé a payer. Au mardi et au jeudi l’en pourra vendre pain au dit lieu du Pain de Paris a charrette, a baschoe, a charge d’homme ou de femme sanz mettre sus estaulx par paiant telle coustume comme ils paieraient en la Penthiere, se ilz vendoient le dit pain. Et au lundi, mercredi et samedi, l’en pourra vendre pain estrange au dit Pain de Paris a charge d’homme ou de femme tant seulement sanz estaulx par paiant la coustume
[p. 142] dessus dicte. Et ne pourra nul achatter pain estrange pour revendre fors pour son user seulement. Et s’il est trouvé que aucun revende pain estrange a charrette il en perdra le dit pain. Et aussy ceulx qui revendront ledit pain estrange a charrette, a baschoue ou autrement au dit Pain de Paris le vendront tout dedans chandelles alumees ou autrement ilz le perdront se il est trouvé que il demeure en la ville de nuyt, les quelles coustumes seront cueillies desdiz religieux en la maniere dessus dicte avecques plusieurs autres coustumes et reddevances que on doit ausdiz religieux en la dicte terre Saint‑Marcel, de quoy partie en y a en ce livre escript.
237Ils précisent d’abord le décompte local du temps. La journée de vente se termine pour les boulangers forains (extérieurs à la ville) à l’heure des vêpres, pour ceux qui vendent au lieu‑dit Le Pain de Paris aux « chandelles allumant », pour les taverniers par la cloche du couvre‑feu dite pour cette raison Chasse‑Ribaud. L’heure à Saint‑Denis n’a pas été laïcisée puisque l’abbaye est l’unique et contraignant seigneur.
238Les rentes sont payées aux quatre termes « accoutumés », c’est‑à‑dire Noël, Pâques, la Saint‑Jean‑Baptiste (24 juin) et la Saint‑Remi (1er octobre) qui sont, en effet, les termes habituels à Paris et dans l’Île‑de‑France. Les termes uniques de perception de redevances sont plus dionysiens. Sont alors retenues les fêtes fixes : Chandeleur (2 février), Dédicace de la Basilique le jour de la Saint‑Mathias (24 février), la Saint‑Denis (9 octobre) et la Saint‑André (30 novembre), ou des fêtes mobiles : l’Adoration de la Croix (6e vendredi de Carême), Pâques fleuries (Rameaux), « vendredi adoré » (Vendredi saint) ou lendemain de l’Ascension.
239La veille de la Saint‑Hippolyte (soit le 21 août), un clairet composé de vin, d’épices et de miel est offert aux religieux. Dom Félibien précise que « l’abbé Louis d’heureuse mémoire [Louis Ier, 838‑867] avoit ordonné de servir [un clairet] aux religieux pour leur repas aux festes des Saints dont les corps reposent en cette église, savoir s. Denys, s. Hippolyte, s. Innocent, s. Cucuphas & au jour de l’anniversaire du roy Dagobert » (Félibien 1706 : 89).
240Le temps religieux est aussi compté en huitaines, les huit jours qui s’écoulent après la fête d’un saint, l’octave étant le huitième jour. Le rédacteur emploie ici facilement l’un pour l’autre terme.
241Seules deux foires sont mentionnées en ce début du quinzième siècle. La troisième, dite de la Saint‑Mathias, est manifestement mise en veilleuse à cette époque. La bénédiction d’ouverture du Lendit par l’évêque de Paris a lieu le deuxième mercredi de juin. Cette foire doit finir au plus tard la veille de la Saint‑Jean‑Baptiste, soit avoir une durée de onze à seize jours. Un arrêt du Conseil de 1709 ne parle que de huit jours. La foire de la Saint‑Denis commence le 9 octobre et ce document, tardif il est vrai, parle d’une durée de quinze jours (Lombard‑Jourdan 1987).
242Le botaige (doc. 111, 113) est perçu sur les marchandises en transit de la veille de la Saint‑Denis à minuit (8 octobre) à la veille de la Saint‑André à minuit (29 novembre). Mentionnant d’abord un droit, la signification de ce terme a été étendue à sa période de perception. Plus que l’éventuelle durée de la foire de la Saint‑Denis, il faudrait peut‑être envisager une fructueuse exploitation de la période où, les moissons et les vendanges étant achevées, le transport de leurs produits est indispensable avant l’hiver.
243Les marchés ont lieu chaque mardi, vendredi et dimanche. Le vendredi est manifestement le jour le plus intéressant avec la venue des potiers, des merciers sur la place « Penthière » (Panetière), devant la basilique. La vente de la guède, produit tinctorial bleu, a lieu ce même jour au « Petit Lendit » (la place du Marché‑aux‑Guesdes). La topographie urbaine commerciale est complétée par les mentions des halles des toiles, de la laine, de la friperie, du grand et du petit poids. La location des loges dans ces halles a lieu soit à l’année (sauf les périodes des deux foires) soit à la journée durant ces deux foires. On étale aussi les marchandises toujours dans ces halles mais hors loges ou dehors, sur la chaussée, « puis le greil en ça jusques au pont de la porte de Pontoise ». On peut vendre aussi dans les ouvroirs, les étaux, « aux fenêtres », dans les greniers pour les marchands en gros. Les colporteurs ont « des tablettes portant devant eux » mais les autres moyens de transport sont les bateaux, les charrettes et chariots, les chevaux ou les brouettes.
244Les statuts des métiers (boulangers, bouchers) donnent les conditions nécessaires à leur exercice et aux prélèvements fiscaux qu’il entraîne. L’abbé perçoit aussi des droits de travers sur le transit par eau et par terre, en fonction du mode de transport, de la nature des marchandises et, on l’a vu plus haut, de la période de l’année envisagée (doc. 111, 113). Des coutumes et tonlieux sont prélevées sur les marchés.
245Les revenus sont délégués en ce qui concerne leur gestion globale par l’abbé à un prévôt, en ce qui concerne leur perception à des « halliers, coutumiers, foragiers » qui ont obtenu ces affermages temporaires par adjudication. En cette année 1411, les revenus de l’abbé en ce domaine précis se répartissent ainsi :
246La circulation des marchandises –produits de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et des forêts, produits minéraux et fabriqués– rapporte donc trois fois plus que les taxes sur les ventes effectuées dans la ville.
247Ces dernières se subdivisent en six rubriques :
248Les trois premiers postes représentent plus de 70 % des revenus sur les ventes. L’alimentation quotidienne est en revanche, et il fallait s’y attendre, peu taxée.
- 46 Pour le détail des modalités de cet échange, voir Félibien (Félibien 1706 : 257‑258). L’échange fut (...)
- 47 Sur ce frère, d’abord trésorier et garde des sceaux de l’abbaye puis commandeur, voir G. Lebei (Leb (...)
249Les textes permettent de voir l’extraordinaire variété des statuts personnels tant parmi les habitants de Saint‑Denis que parmi les marchands forains. Certains des actes fondateurs sont explicitement cités et datés (ou datables). Ce sont, par exemple, l’union en 1294 de la terre Saint‑Marcel à l’abbaye par échange entre Mathieu [IV] de Montmorency et l’abbé Renault Giffard46, l’accord à la Mi‑Carême 1294 (n.st.) entre les marchands de laine et le trésorier Etienne de Portevue47 ou les franchises accordées aux marchands de Pontoise par l’abbé Gilles (Gilles [Ier] de Pontoise, 1304‑1325, ou Gilles [II] Rigaud, 1343‑1351). Le statut des bouchers est recopié mais non daté, or nous savons qu’il fut accordé en 1185 par l’abbé Guillaume [II] de Gap (Roux 1988 : 104). Clercs, nobles et « les hôtes de ma dame Richeust la Grosse », sur laquelle nous aimerions être mieux renseignés, bénéficient aussi d’exemptions diverses.
4.4.3 La voirie
250En 1704, le voyer Dumesnil leva pour l’ouvrage de Félibien un plan de la voirie de la ville (fig. 239). Ce levé est remarquable pour sa précision géométrale. On distingue quatre itinéraires majeurs divergeant à partir de la place Panetière : le premier emprunte les rues de la Cordonnerie, de la Boulangerie et de Paris pour se diriger vers la porte de Paris ; le deuxième passe par la rue Compoise, ou de l’Estrée, et la rue de la Charronnerie et mène vers la porte Neuve et la porte de Pontoise ; le troisième emprunte la rue de la Fromagerie, celle du Sauger et la rue Saint‑Rémy pour aboutir à la porte Saint‑Rémy ; le quatrième, enfin, contourne l’abbaye par le sud en utilisant les rues de la Chevalerie, puis de Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon et permet de rejoindre la ferme de Vauboulon. L’expansion des jardins de l’abbaye durant l’Epoque moderne finit par incorporer une partie de ce dernier itinéraire (fig. 154). Parallèlement, la ville est desservie par des voies secondaires, des ruelles sans nom et des culs‑de‑sac (fig. 254). Bon nombre de ces rues subsistent de nos jours, d’autres ont été supprimées dès la fin du xvie s., telles la rue de la Planche‑Hasard et la ruelle du Cloître‑Saint‑Paul. Durant le xviiie s., la rue du Caquet est réduite à une impasse et un tronçon de la rue du Puipensot est momentanément mis en culture par les religieuses du couvent des ursulines (fig. 212).
251Aux abords du monastère, ce réseau de rues se caractérise par sa trame radioconcentrique. Ce plan presque parfait, si fortement orienté sur l’abbaye, est commandé par le relief et les aménagements hydrauliques du site, L’archéologie est aujourd’hui en mesure de proposer le schéma d’évolution de cette organisation. Dans le courant du viiie s., la construction d’un aqueduc en constitue la première étape (fig. 283, 284) ; son tracé se modèle sur le relief. La tranchée d’inspection, profonde de plus d’un mètre, a dû rester visible un laps de temps suffisant pour commander l’organisation spatiale à ses abords. On observe que les tronçons courbes de la rue du Caquet et de la rue du Pommier chevauchent l’aqueduc abandonné.
252Vient ensuite l’édification de l’enceinte de 869, que dessert un chemin de ronde (rue du Sauger, rue du Pilori, rue de la Poissonnerie, rue du Cygne, rue Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon, rue de la Planche–Hasard). Le meilleur exemple de la fossilisation des fossés nous est fourni par la rue de la Fontaine attestée dès le xiiie s. Quant aux rues de la Tannerie, Pavée et Regnault‑Pelletier, leur tracé semble plutôt coïncider avec le talus de l’enceinte.
253En ce qui concerne les places, les sources distinguent principalement la Panetière et le Marché‑aux‑Guesdes. D’autres places, plus petites, jouxtent les églises de l’ensemble monumental pour lesquelles elles ont pu faire office de parvis : carrefour Saint‑Paul, rue du Petit‑Pichet, rue de la Fromagerie, place Saint‑Jean, etc. (fig. 240). Parmi les carrefours, citons le Pain‑de‑Paris situé au croisement de la grande rue Saint‑Marcel et de la rue Compoise, le carrefour Sainte‑Geneviève et celui de la Madeleine.
254Quant au rôle du cimetière de l’abbaye en tant que pivot d’une partie du réseau routier radial, l’archéologie fournit des éléments déterminants (cf. supra chapitre 2). Dès le xie s., une ouverture dans le mur de clôture de faire funéraire ménage un passage sur la rue du Caquet. Vers 1135, la construction de l’église Saint‑Michel‑du‑Degré entraîne sa déviation vers la rue du Grand‑Pichet. Des niveaux de voirie des xiie‑xiiie s. ont pu être étudiés entre les églises Saint‑Michel‑du‑Degré, Saint‑Barthélemy et Saint‑Michel‑du‑Charnier. La chaussée, constituée d’un cailloutis, débouche, tout en s’élargissant, sur le cimetière dont l’entrée est matérialisée par des portes. Le percement de la rue de la Fromagerie semble plus tardif encore (vers 1300).
255À l’extérieur du castellum, l’organisation spatiale est commandée par un réseau orthogonal s’articulant sur la rue Compoise. Récemment encore, cette organisation a été créditée d’origine antique (Vielliard 1969 ; Maurin 1988). Cependant, les surveillances archéologiques suggèrent que nous avons plutôt affaire à un lotissement du xiie s.
256Ce réseau viaire est de nouveau modifié à l’Epoque moderne. Ainsi, un prolongement de la rue des Prêtres entre les églises Saint‑Pierre et Saint‑Paul s’effectue dans le courant du xviiie s., probablement peu après la démolition de l’église Saint‑Paul en 1728 (fig. 240, 249). Plus lourd de conséquences est le percement de la rue d’Enghien entre 1724 et 1740. L’opération s’inscrit dans le projet de restauration du réseau routier du royaume dû aux ingénieurs des Ponts et Chaussées (fig. 242, 243, 244). D’autres percements sont effectués dans le courant du xixe s. : la rue Royale (dans le prolongement de la rue de la Fromagerie) en 1825, la rue de Strasbourg (un redressement de la rue des Prêtres) en 1842 et la rue de la Légion‑d’Honneur (dans le prolongement de la rue de la Chevalerie).
257De manière générale, la toponymie des rues n’est pas antérieure au xiiie s., époque où elle paraît encore très fluctuante. Des noms comme Alaumes‑Chardon, Bertin‑Poré, François, Ferry‑le‑Maçon, Henri‑de‑Paris, mentionnés dans les actes et les cartulaires de l’abbaye à la fin du xiiie s. sont rarement cités plus d’une fois. Jusqu’au xve s., l’Estrée semble rester le synonyme de la rue de la Charronnerie puis, à partir du xvie s., ce nom s’applique également à la rue Compoise (fig. 239). Tout aussi délicate est la question de la longueur des rues. Jusqu’à la fin du xviiie s., la « fausse porte » de la Boucherie sépare la rue de la Cordonnerie de la rue de la Boulangerie. En revanche, la rue de Paris, qui prolonge cette dernière vers la porte de Paris, s’étend pour les uns jusqu’à la place du Marché‑aux‑Guesdes, et pour les autres jusqu’au‑devant de l’église Sainte‑Croix.
258Plusieurs noms de rues se rapportent à des activités artisanales : rue de la Boulangerie, rue de la Tannerie, rue Robert‑le‑Foulon, rue des Poulies, etc. Dans une certaine mesure, l’archéologie permet de contrôler et de nuancer l’existence de quartiers artisanaux spécifiques le long de ces rues. Au regard des vestiges mis au jour dans la seule étendue du bourg monastique, on est frappé par la diversité des activités qui s’y côtoyaient : orfèvrerie, travail du textile, tannerie, poterie, etc. Par contre, rue de la Boulangerie (fig. 2, aire BOU), l’omniprésence de foyers ou de fours fait penser à une activité unique, celle des boulangers (fig. 217).
Rues, places et ponts
259Dans la liste qui suit, nous avons souhaité mettre en confrontation les noms de rues et de ponts cités dans les sources écrites (le « Cartulaire blanc de Saint‑Denis » [AN, LL 1157‑1159], l’« Inventaire des titres » de F. Thomas [AN, LL 1189‑1193], le « Catalogue des actes de l’abbaye de Saint‑Denis » de G. Lebel [Lebel 1935b], etc.) et ceux indiqués sur les principaux plans de la ville antérieurs à la Révolution (fig. 177, 239, 248, 249, 250). Entre parenthèses figure la date de la première apparition connue de ce nom ou, plus fréquemment, sa durée d’utilisation. La liste indique également les appellations de la période révolutionnaire (décret de l’an II de la République, soit 1794) ainsi que les noms actuels. Toutefois, afin de ne pas alourdir cette énumération, les renvois s’arrêtent à la fin de l’Ancien Régime.
FIG. 239 – « Plan de la ville de Saint‑Denis en France et des environs, 1704 » levé par Dumesnil (Félibien 1706). Gravure de C. Inselin ; 50 x 36 cm.

Ce document, levé par le voyer de la ville, fut commandé par dom Michel Félibien pour figurer dans son ouvrage et fut exécuté aux frais de l’abbaye (Lombard‑Jourdan 1988 : 215‑219). Le plan est orienté avec le sud en haut. Contrairement à Belleforest (fig. 177), Dumesnil ne figure que les contours des îlots, mais le tracé des rues a gagné en précision ; l’église abbatiale, les édifices religieux et la porte de l’abbaye sont représentés en perspective. Il existe plusieurs versions simplifiées de ce plan (fig. 84, 344) qui sont de moindre intérêt.
cl. E.J./UASD
FIG. 240 – Plan relatif à la pose de nouvelles bornes rue des Prêtres, début du xviiie s. ADY, D 593 ; papier, encre, aquarelle ; 26 x 15 cm.

Sur le parvis de l’église Saint‑Paul, on distingue un arbre. Nous savons par ailleurs que deux ormes, situés carrefour de la Madeleine, furent abattus en 1782. Celui de la place du Marché‑aux‑Guesdes (fig. 278) fut abattu en 1790 (Gautier : 200).
cl. ADY
260n.b.
Pour les ponts liés aux portes fortifiées et les rues des faubourgs, il est souvent fait référence aux paragraphes suivants :
4.3.1 Portes et éléments d’enceinte antérieurs à 1356 ;
4.3.2 Portes et éléments d’enceinte postérieurs à 1356 ;
4.4.4 Enseignes de maison ;
5.2.1 Le réseau routier aux abords de la ville ;
5.3 Les lieux‑dits.
261Sauf mention spéciale, toutes les rues de la liste présentée ci‑dessous dont la localisation est connue sont figurées sur le plan de l’évolution du réseau vlaire (fig. 241).
FIG. 242 – Projet d’un nouveau chemin de La Chapelle à Saint‑Denis, vers 1724. AN, S 2245 B ; papier, encre, aquarelle ; 34 x 150 cm, détail.

Le mauvais état et les nombreuses sinuosités du grand chemin de Paris à Saint‑Denis (fig. 367) amènent les ingénieurs des Ponts et Chaussées à proposer au roi le rétablissement de l’alignement de la voie antique suivant le tracé de la rue Catulienne (fig. 347). Inquiétés par cette mise à l’écart de l’abbaye, les voyers de Saint‑Cyr proposent, ici, le projet d’une percée rectiligne, de La Chapelle à la place Panetière ; celle‑ci devait traverser les jardins de l’abbaye et des carmélites, l’abreuvoir situé devant la porte de l’Abbaye et couper un îlot d’habitation.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 243 – Projet de percement d’une rue entre la place du Marché‑aux‑Guesdes et la place Panetière, vers 1724. AN, S 2245 B ; papier, encre, aquarelle ; 36 x 80 cm

En 1724, une ordonnance royale fixe l’aboutissement de la nouvelle chaussée à la porte de Paris. En contrepartie, la ville s’engage à améliorer la desserte de l’abbaye, soit en élargissant la rue de la Boulangerie, soit en perçant une voie parallèle, étudiée par ce projet, qui ne fut pas réalisé non plus.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 244 – Confrontation de deux projets de percement de rue, vers 1724. ADY, 0 52°8 : no 132 ; papier, encre, aquarelle ; 53 x 145 cm.

Ce plan étudie deux projets concernant la poursuite du nouveau chemin jusqu’au village de Pierrefitte ; l’un le fait partir de la place Panetière, l’autre du croisement entre la rue du Trou‑Bureau ou Puipensot et la rue de la Boulangerie. C’est ce dernier projet qui sera réalisé, par le percement de la rue d’Enghien, entre 1725 et 1740.
cl. ADY
262Abbaye (rue de l’) (xvie‑xviiie s.), ancienne rue du Pont‑de‑l’Abbaye (xve s.) ; elle mène au pont‑levis (cf. supra § 4.3.2.1 porte de l’Abbaye) ; élargie en 1738 (doc. 90, 91), elle devient la place René (fin du XVIIIe s.). Appelée place des Grands‑Hommes en 1794, c’est l’actuelle place de l’Ancien‑Hôtel‑Dieu
263Abreuvoir (rue de F) (xve‑xixe s.) ; elle franchit le Croult, voir Abreuvoir (pont de l’). Transférée vers 1852 à l’emplacement de la rue Regnault‑Pelletier (supprimée en 1759), c’est l’actuelle rue des Boucheries entre la rue de la Boulangerie et la rue de la Légion‑d’Honneur.
264Abreuvoir (pont de l’) (xviiie s.) sur le Croult, en la rue de l’Abreuvoir (fig. 164).
265Aimard‑d’Epiais (rue) (xiiie‑xive s.), non localisée (Lebel 1935b : nos 1132 et 1668).
266Alaumes‑Chardon (rue) (xiiie s.), non localisée précisément ; elle communique avec une ruelle qui mène à la rue de la Fontaine (AN, LL 1157 : 65).
267Alouette (rue de l’) (xve‑x’<c s.), ancienne rue de la Courtille ou rue des Moulins‑de‑la‑Courtille (xiiie s.) (doc. 39) : en 1250, Eugène Alouette lègue deux moitiés de maisons sises rue de la Courtille (Lebel 1935b : no 911) ; jusqu’au xvie s. on dit rue de l’« Alouette autrement de la Courtille » (AN, S 2258), elle mène au pont de la Courtille, sur le Croult, et est supprimée dans les années 1970.
268Anel‑de‑Fer (rue de l’), voir Étuves (rue des).
269Anes (rue aux), dans le faubourg Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes (cf. infra § 5.2.1 Saint-Nicolas-des‑Aulnes [rue]).
270Anguien (rue d’), voir Enghien (rue d’).
271Arquebuse (rue de l’) (xviiie s.), supprimée vers la fin du xixe s.
272Ave‑Maria (rue de l’) (xvie‑xixe s.) ou rue du Bon‑Pasteur (xviiie s.). Appelée rue de la Raison en 1794, elle est supprimée en 1882.
273Bertin‑Poré (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 41).
274Boivin (rue), voir Caquet (rue du).
275Bon‑Pasteur (rue du), voir Ave‑Maria (rue de l’).
276Boucherie (rue de la), voir Boulangerie (rue de la).
277Boucherie (pont devant la), sur le Croult (ancien fossé du castellum), en la rue de la Boulangerie ; il est cité en 1282‑1283 (doc. 39).
278Boucheries (rue des), voir Pavée (rue).
279Boulangerie (rue de la) (xiiie‑xxe s.) ou rue de la Boucherie (xive‑xvie s.) ; elle franchit le Croult au pont devant la Boucherie et le ru de Montfort ou Merdret au Gril.
280Bretonnerie (rue de la) (xiiie‑xviiie s.), non localisée précisément ; en 1488 elle est située à l’intérieur de la ville, à proximité de la rue Saint‑Rémy, alors que le lieu‑dit est localisé hors les murs, dans le faubourg Saint‑Remi (cf. infra § 5.3 Bretonnerie [la]).
281Cantauzal (place), voir Saint‑Paul (carrefour).
282Caquet (rue du) (xviie‑xxe s.), ancienne rue Boivin (xve s.). Elle est supprimée dans les années 1970.
283Catulienne (rue) (xvie‑xxe s.) ou rue Catulle (Belleforest 1575 : 278), ancienne rue de l’Estrée (xiiie s.). Elle est appelée rue Beaurepaire en 1794.
284Champay, Champet, Champot (rue), voir Chaumettes (rue des).
285Changeurs (rue aux), voir Étuves (rue des).
286Charronnerie (rue de la) (xiiie‑xxe s.), ancienne rue de l’Estrée (xiiie s.) ; elle quitte la ville en franchissant les fossés du rempart (cf. supra § 4.3.2.2 porte de Pontoise).
287Chartriers (rue des) (xiiie‑xvie s.), non localisée précisément ; elle débouche sur la place dite Four‑de‑Pierre ; elle est située à proximité du ru de Montfort ou Merdret.
288Château‑Fêtu (rue du) (xve s.), non localisée précisément ; elle est située dans le faubourg Saint‑Remi (cf. infra §. 5.3 Château‑Fêtu [le]).
289Chaumettes (rue des) (xviiie s.), ancienne rue Champet ou Champay (xiiie‑xve s.) ou rue Champot (xviiie s.).
290Chevalerie (rue de la) (xiiie‑xixe s.) ou rue du Petit‑Croult (xviiie s.). C’est l’actuelle rue de la Légion‑d’Honneur.
291Christ (rue du) (xviiie s.), tronçon de la rue du Caquet qui débouche sur la rue du Grand‑Pichet (Commission des Archives 1906 : 6).
292Cloche (rue de la) (xvie s.) ou petite ruelle de la Cloche, non localisée précisément ; elle communique avec la rue de la Boulangerie.
293Cloître‑Saint‑Paul (rue du) (xviiie s.), supprimée à la fin du xviiie s. (Commission des Archives 1906 : 17).
294Clos‑Fourré (rue du) (xiiie‑xixe s.), actuelle rue Fontaine.
295Cachetiers (rue aux) (XIIIe‑XVe s.), non localisée précisément ; elle est proche de la rue du Soufflet.
296Compoise (rue) (xvie‑xixe s.), ancienne rue de la Porte‑Compoise (XIIIe‑XVe s.), « Grande rue par où l’on va de l’église Saint Denis à l’Estrée » ou grande rue de Saint‑Denis‑de‑lEstrée (xve‑xviie s.) ; elle franchit le Croult (ancien fossé du castellum) et le ru de Montfort ou Merdret. Comme étymologie on a proposé via compendiosa, raccourci (Vielllard 1969). C’est l’actuelle rue de la République.
297Corbeillon (rue du), voir Corbillon (rue du).
298Corbillon (rue du) (xvie‑xviiie s.), ancienne rue du Corbeillon (xive‑xve s.).
299Cordonnerie (rue de la) (xiiie‑xviiie s.) ; elle franchit le Croult au pont de fHôtel‑Dieu. À partir du xixe s., elle est dite rue de la Boulangerie.
300Cossarde (place) (xviie s.), non localisée précisément ; elle est située en la rue de la Fromagerie.
301Courtille (rue de la), voir Alouette (rue de l’).
302Courtille (pont de la) (xiiie s.) ou pont du Moulin‑de‑la‑Courtille (xiiie s.), sur le Croult, entre la rue de l’Alouette et la rue Pierre‑Béguin.
303Couture (rue de la) (xiiie s.), non localisée précisément ; elle est située dans le faubourg Saint‑Remi (AN, LL 1157 : 13).
304Cygne (rue du) (xviiie‑xxe s.), appelée rue Impériale (début xixe s.).
305Derrière‑le‑Petit‑Moulin (ruelle de), ou ruelle du Moulin (xiiie s.), non localisée précisément ; elle mène de la rue Saint‑Rémy au moulin Choisel.
306Derrière‑Saint‑Paul (rue de) (xve s.), non localisée.
307Écorcherie (l’), voir Pavée (rue).
308Égouts (rue des) (xviiie s.) ; elle franchit le ru de Montfort ou Merdret, à la fin du xviiie s. ; son tronçon, à l’ouest de la rue d’Enghien, prend le nom de rue des Pots‑aux‑Moineaux.. C’est l’actuelle rue des Boucheries.
309Enghien (rue d’), ou rue d’Anguien, dont le percement commence en 1724 et s’achève en 1740 ; elle quitte la ville en franchissant les fossés du rempart (cf. supra § 4.3.2 porte d’Enghien). Appelée rue de (Egalité en puis grande rue de Paris (xixe s.), c’est l’actuelle rue Gabriel‑Péri.
310Ermites (ruelle des) (xviiie s.), supprimée dans le courant du xviiie s. (ADY, D 927).
311Estrée (rue de l’), voir Catulienne (rue), Charronnerie (rue de la) et Compoise (rue).
312Étuves (rue des) (xvie‑xxe s.), ancienne rue de l’Anel‑de‑Fer ou Marie‑la‑Seichère (xive s.), rue Lanel (xve s.) ou rue aux Changeurs (xive‑xviiie s.), aussi rue du Bon‑Pasteur. Appelée rue Jeune‑Marat en 1794, elle est réalignée en 1882 et supprimée dans les années 1970.
313Ferry‑le‑Maçon (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 65).
314Fontaine (rue de la) (xiiie‑xixe s.) ; à l’origine, elle s’étendait jusqu’à la porte Compoise (cf. rue de la Tannerie). Elle devient la rue Marguerite‑Pinson (xxe s.), supprimée dans les années 1970.
315Franc‑Moisin, Formosain ou Franc‑Morsin (rue) (xiiie s.) aboutit à la poterne (cf. supra § 4.3.2 pont et porte de Vauboulon, ancienne poterne Saint‑Jacques), (AN, LL 1157 : 94 ; Lebel 1935b : no 1250) ; voir aussi Saint‑Jacques (rue).
316Four‑Bequart (rue du) (xiiie‑xxe s.), actuelle rue du Four‑Bécard.
317Four‑de‑Pierre (place dite) (xiiie s.), non localisée précisément ; en 1540, une grange, rue de la Boulangerie, est dite Four‑de‑Pierre.
318François (rue) (xive s.), non localisée précisément ; elle se situe à proximité de la rue de la Chevalerie (Lebel 1935b : nos 1635 et 1955).
319Fromagerie (rue de la) (xve‑xixe s.), rue du Marché‑aux‑Fromages (xvie s.) ou rue des Trois‑Patrons (fin xviiie s.). Prolongée en 1825 et appelée également rue Royale (xixe s.), elle est supprimée dans les années 1970.
320Gaubert (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 33).
321Girard‑le‑Portier (rue) (xiiie s.), non localisée précisément ; elle se trouve à proximité de l’ Hôtel‑Dieu et de la rue de la Chevalerie (AN, LL 1157 : 43, 79).
322Glatigny (rue) (xiiie‑xve s.), non localisée.
323Godet (pont) (xvie‑xxe s.) sur le Croult, en la rue du Pont‑Godet.
324Grand‑Pichet (rue du) (xiiie‑xxe s.), supprimée dans les années 1970.
325Grande‑Bretonnerie (rue de la) (xiiie‑xive s.), non localisée précisément ; elle est située dans le faubourg Saint‑Remi (cf. infra §. 5.3 Bretonnerie [la]).
326Grande‑Rue (la), voir Compoise (rue), Paris (rue de) et Saint‑Jacques (rue).
327Gril (le), pont sur le ru de Montfort ou Merdret en la rue de la Boulangerie ; en 1729, il était doté d’un regard grillagé (fig. 349 ; cf. infra § 4.4.4 Gril [le]).
328Gueldres (place aux), voir Marché‑aux‑Guesdes (place du).
329Gui‑Ménard (rue) (xve‑xixe s.), ou rue des Récollets (xviiie s.). C’est l’actuelle rue Désiré‑Lelay
330Halles (rue des) (xive s.), non localisée.
331Henri‑de‑Paris (rue de) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 49).
332Hôtel‑Dieu (pont de f) (xiiie‑xixe s.), sur le Croult, en la rue de la Cordonnerie (doc. 39).
333Infirmerie (rue de l’) (xiiie s.), non localisée (doc. 39).
334Jambon (rue du) (xviie‑xxe s.).
335Jardin (rue du) (xiiie s.), supprimée en 1724 à l’occasion du percement de la rue d’Enghien.
336Jean‑le‑Goulier (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 41).
337Lanel (rue), voir Etuves (rue des).
338Madeleine (carrefour de la) (xvie‑xixe s.). Appelé carrefour de l’Union en 1794, il est supprimé en 1842.
339Maître‑Pierre‑l’OrJèvre (ruelle) (xive s.), non localisée (AN, LL 1157 : 48).
340Marcheil (rue du) (xiiie s.), non localisée précisément ; elle est dite « devant le moustier de Sainte‑Croix » (AN, S 2354).
341Marché‑aux‑Fromages (rue du), voir Fromagerie (rue de la).
342Marché‑aux‑Guesdes (place du) (xiiie‑xviie s.), Petit‑Lendit ou place aux Gueldres (xviiie‑xxe s.). Appelée place de la Montagne en 1794, c’est l’actuelle place de la Résistance.
343Marie‑la‑Seichère (rue), voir Étuves (rue des).
344Maiirice‑de‑Montfermeil (rue) (xive s.), non localisée (Lebel 1935b : nos 1636 et 1640).
345Merdret (rue du) (xviiie s.).
346Moulin (ruelle du), voir Derrière‑le‑Petit‑Moulin (ruelle de).
347Moulin‑de‑la‑Courtille (pont du), voir Courtille (pont de la).
348Moulins‑de‑la‑Courtille (rue des), voir Alouette (rue de l’).
349Moidins‑du‑Panetier (pont des) (xive s.), non localisé mais peut‑être identique au pont de la Courtille (doc. 40).
350Moulin‑à‑Tan (rue du) (xviiie s.) ; elle franchit le Merdret au pont mis au jour par les recherches archéologiques, puis le Groult et les fossés du rempart (cf. supra. § 4.3.2.3 Dos‑d’Ane).
351Neuve (rue) (xive s.), non localisée.
352Nicolas‑de‑la‑Grange (rue) (xive s.), non localisée précisément ; elle est dite « à proximité des halles » (Lebel 1935b : no 1739).
353Notre‑Dame (rue) (xvie‑xxe s.) ; le tronçon nord de la rue s’appelle aussi rue Saint‑Michel (xviiie‑xixe s.). Appelée rue Châlier en 1794, elle est supprimée dans les années 1970.
354Orfèvres (rue des) (xviiie s.), supprimée dans le courant du xviiie s. (fig. 239).
355Pain‑de‑Paris (place dite le) (xiiie‑xviiie s.) ; elle se situe au croisement de la grande rue Saint‑Marcel et de la rue Compoise.
356Pain‑de‑Paris (rue du) (xiiie‑xive s.) ; elle est dite « contiguë aux poteaux où l’on vend le pain de Paris » et pourrait correspondre à la grande rue Saint‑Marcel (Lebel 1935b : nos 1221, 1895 et 1946).
357Panetière (place) (xiie‑xviiie s.), platea Panteria (doc. 11), Penthière (cf. supra § 4.4.2) ou la Pannetière. Appelée place d’Armes en 1794, c’est l’actuelle place Victor‑Hugo.
358Paris (rue de) (xiie‑xviiie s.) ou grande rue de Paris (xve‑xixe s.) ; cette dernière appellation s’étend au xixe s. à la rue d’Enghien ; la rue quitte la ville en franchissant les fossés du rempart (cf. supra § 4.3.2.3 porte de Paris). C’est l’actuelle rue Gabriel‑Péri.
359Pavée (rue) (xve‑xviiie s.), ou l’Écorcherie (xvie s.), ou rue des Boucheries (xviiie‑xxe s.), à l’ouest de la rue de la Boulangerie.
360Pelletier (rue), voir Regnault‑Pelletier (rue).
361Percier (rue de) (xve s.), non localisée précisément ; elle est dite « entre la rue de la Cordonnerie et la rue de la Chevalerie » ; elle donne au sud sur la rue de l’Abbaye.
362Petite‑Boucherie (rue de la) (xive s.), non localisée.
363Petit‑Croult (rue du), voir Chevalerie (rue de la).
364Petit‑Lendit (le), voir Marché‑aux‑Guesdes (place du).
365Petit‑Pichet (rue du) (xiiie‑xxe s.) ; le tronçon nord de la rue s’appelle aussi rue Saint‑Michel (xviiie‑xixe s.). Appelée rue Châlier en 1794, elle est supprimée dans les années 1970.
366Pierre‑Béguin (rue) (xve‑xxe s.) ; appelée rue du Bonnet‑Rouge en 1794, elle est supprimée dans les années 1970.
367Pigeon (ruelle), voir Planche‑Hasard (rue de la).
368Pilori (rue du) (xvie‑xviiie s.) ; appelée rue Jean‑Jacques‑Rousseau en 1794 et rue du Sauger (xixe s.), c’est l’actuelle rue Jean‑Jaurès, située le long de l’hôtel de ville.
369Pinpensot (rue), voir Puipensot (rue).
370Planche‑Hasard (rue de la) (xiiie‑xvie s.), ou ruelle Pigeon (xvie s.) ; elle mène du carrefour de la Madeleine au trou provendier de Saint‑Denis ; elle est supprimée à la fin du xvie s. (AN, S 2248) ; un plan du début du xviiie s. indique, à proximité du trou provendier, les vestiges d’un pont (fig. 287).
371Planchette (rue de la) (xive‑xvie s.), non localisée précisément ; elle donne sur la rue du Sauger et mène à un pont sur le Groult.
372Poissonnerie (rue de la) (xve‑xviiie s.) ; appelée rue Impériale (début xixe s.), c’est l’actuelle rue du Cygne.
373Pommier (rue du) (xve‑xviiie s.), ou rue Notre‑Dame (xvie‑xxe s.) ; supprimée dans les années 1970.
374Pont‑de‑lAbbaye (rue du), voir Abbaye (rue de l’).
375Pont‑Godet (rue du) (xvie‑xxe s.) ; elle franchit le Croult au pont Godet. Elle est supprimée dans les années 1970.
376Porte‑Compoise (rue de la), voir Compoise (rue).
377Pots‑aux‑Moineaux (rue des) (xviiie s.), tronçon de l’ancienne rue des Egouts (xviiie s.). Appelée depuis 1794 rue Franklin.
378Poulies (rue des) (xiiie‑xixe s.) ; appelée rue Chabrol et rue de la Courtille (xixe‑xxe s.) ; elle est supprimée dans les années 1970.
379Prêtres (rue des) (xviiie s.), ancienne rue Saint‑Paul (xiv‑xviiie s.) ; après 1728, elle est prolongée à travers l’église Saint‑Paul et le cimetière de l’abbaye ; appelée rue Brutus en 1794, elle est supprimée en 1842 à l’occasion du percement de la rue de Strasbourg.
380Puipensot (rue) (xive‑xviiie s.), ou rue Pinpensot, ou rue du Trou‑Bureau (xviiie s.) ; appelée rue de la République en 1794, c’est l’actuelle rue des Ursulines.
381Raoul‑le‑Pelletier (rue), voir Regnault‑Pelletier (rue). Récollets (rue des), voir Gui‑Ménard (rue).
382Regnault‑Pelletier (rue) (xvie‑xviiie s.), ancienne rue Pelletier ou Raoul‑le‑Pelletier (xve s.), supprimée en 1759 (Commission des Archives 1906 : 47) ; elle se trouvait à l’emplacement de l’actuelle rue des Boucheries, anciennement rue de l’Abreuvoir.
383René (place), voir Abbaye (rue de l’).
384Robert‑le‑Foulon (rue) (xive‑xxe s.) ; supprimée dans les années 1970.
385Saint‑Barthélemy (rue) (xvie s.), non localisée.
386Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (grande rue), voir Compoise (rue).
387Saint‑Jean (rue) (xve‑xxe s.), actuelle impasse Saint‑Jean.
388Saint‑Jean (ruelle) (xve s.), non localisée précisément ; elle est proche de la rue de la Chevalerie.
389Saint‑Jean (place) (xive s.), non localisée précisément ; elle est située à proximité du cimetière Saint‑Jacques.
390Saint‑Jacques (rue) (xiiie s.), grande rue Saint‑Jacques‑de‑Framoisin (xive s.), ou rue Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon (xve‑xviie s.), ou rue de Vauboulon (xviie‑xviiie s.) ; elle disparaît dans le courant du xviiie s.
391Saint‑Jacques‑de‑Framoisin (la grande rue), voir Saint‑Jacques (rue).
392Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon (rue), voir Saint‑Jacques (rue).
393Saint‑Michel (rue), voir Petit‑Pichet (rue du) et Notre‑Dame (rue).
394Saint‑Marcel (rue) (xive‑xve s.), non localisée (Lebel 1935b : no 2000).
395Saint‑Marcel (la grande rue) (xvie‑xixe s.), peut‑être l’ancienne rue du Pain‑de‑Paris ; appelée rue Marat en 1794, c’est l’actuelle rue Emile‑Connoy
396Saint‑Marcel (la petite rue) (xve‑xixe s.) ; appelée rue Pelletier en 1794, c’est l’actuelle rue Gibault.
397Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes (rue) (xviiie s.), située dans le faubourg Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes (cf. infra § 5.2.1 Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes [rue]).
398Saint‑Paul (rue), voir Prêtres (rue des).
399Saint‑Paul (carrefour) (xve s.) ; en 1842‑1844, le plan de Cabillet le désigne comme place Cantauzal (fig. 120). Il est supprimé en 1842 à l’occasion du percement de la rue de Strasbourg.
400Saint‑Paid (place près) (xive s.), non localisée.
401Saint‑Quentin (ruelle) (xiiie s.), non localisée précisément ; elle est située dans le faubourg Saint‑Quentin.
402Saint‑Rémy (rue) (xiiie‑xixe s.) ; elle franchit le Croult (ancien fossé du castellum) (cf. supra § 4.3.1.2 porte et pont Basoin) et quitte la ville en franchissant les fossés du rempart (cf. supra § 4.3.2.3 porte Saint‑Rémy). Elle est appelée rue Guillaume‑Tell en 1794 ; c’est l’actuelle rue de Strasbourg.
403Saint‑Rémy (carrefour) (xve s.), non localisé précisément ; il est dit « proche des remparts de la ville » (AN, LL 1212).
404Sainte‑Croix (rue) (xiiie s.), non localisée.
405Sainte‑Geneviève (carrefour ou rue) (xve‑xviiie s.) ; appelé place Voltaire en 1794, c’est l’actuelle rue Pierre‑Dupont.
406Sauger (rue du) (xiiie‑xixe s.) ; c’est approximativement l’actuelle rue Jean‑Jaurès.
407Seine (rue de) (XIIIe‑XVIe s.), située dans le faubourg Saint‑Nicolas‑des‑Aulnes (cf infra § 5.2.1 Maison de Seine [chemin de la]).
408Soufflet (rue du) (xve‑xviiie s.) ; appelée rue de la Morgue (début xixe s.). C’est l’actuelle place Jean‑Jaurès, façade nord.
409Sous‑la‑Cour (rue) (xiiie s.), non localisée (Lebel 1935b : no 590).
410Tannerie (rue de la) (xive‑xixe s.) ; elle correspond peut‑être à l’ancienne rue de la Fontaine. C’est l’actuelle place Jean‑Jaurès, façade ouest.
411Thibaut‑aux‑Dés (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 41).
412Thomas‑Daniel (rue) (xiiie s.), non localisée (AN, LL 1157 : 9).
413Trois‑Patrons (rue des), voir Fromagerie (rue de la).
414Trou‑Bureau (rue du), voir Puipensot (rue).
415Vauboulon (rue de), voir Saint‑Jacques (rue).
416Vieille‑Tannerie (rue de la) (xve‑xixe s.) ; supprimée en 1825.
FIG. 245 – La rue Compoise en 1831, par Giuseppe Canella. MAHSD : huile sur toile ; 30 x 24 cm.

La vue est prise en amont du croisement entre la rue Compoise et la rue d’Enghien. Sur cette dernière passent un char à deux roues et une diligence. Les nombreuses boutiques, aux devantures en bois, témoignent d’une rue commerçante. On note, suspendues au‑dessus de la rue, les lanternes qui éclairaient la ville depuis 1775 (Commission des Archives 1906 : 92).
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FIG. 246 – Vue de la rue de la Boulangerie, du sud vers le nord, vers 1935. Photographie E. Desprez ; BMSD.

À la longue, l’ouverture de la rue d’Enghien en 1724 diminue l’importance de la rue de la Boulangerie, en tant que principal axe de circulation. Aussi, son évolution architecturale se fera‑t‑elle au ralenti. Au premier plan, un immeuble cossu à deux étages est construit vers 1720. Il fut surélevé d’un troisième étage. Au second plan, la plupart des maisons à un étage encore visibles au XXe s. correspondaient à des constructions sans date précise.
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4.4.4 Le parcellaire, l’habitat privé et les enseignes de maisons
417En 1708, les chanoines de Saint‑Paul échangent des censives avec les religieux de l’abbaye dans le but de regrouper autour de l’église canoniale leurs propriétés foncières, dispersées dans la ville. C’est à cette occasion qu’est levé un plan parcellaire partiel de la ville, le premier de ce type que nous connaissions (fig. 248).
418Au xviiie s., en pleine période de raffermissement des droits seigneuriaux, l’abbaye charge des notaires et tabellions, dont Nicolas Coudieu, de rédiger un terrier ainsi qu’un cueilleret de la ville et des environs dépendant de la mense conventuelle. Ce travail dura de 1740 à 1753, puis, pendant la seconde moitié du xviiie s., nécessita plusieurs mises à jour. Les archives municipales de Saint‑Denis conservent aujourd’hui l’essentiel de cette documentation formée de gros registres in‑folio ou in‑quarto et de plusieurs cahiers (AMSD, GG 30 à GG 53). Pour ce qui concerne la ville, le numérotage des 477 articles se rapporte à un plan parcellaire de l’ensemble de la ville. Fort heureusement ce document, aujourd’hui perdu, fut également remis à jour, du moins partiellement, vers 1780. Les deux feuillets de ce plan (fig. 249, 250) nous font connaître l’ensemble des parcelles de la moitié orientale de la ville, jusqu’à la rue d’Enghien, soit la zone d’habitat la plus construite de l’agglomération. De plus, sur chaque terrain est figuré l’emplacement des constructions.
419Signalons que le premier plan parcellaire complet de la ville actuellement connu est le plan cadastral levé entre 1811 et 1814 (fig. 252). Cependant, les états de section, qui auraient pu nous renseigner sur la nature de l’occupation de chaque parcelle, ont disparu.
420Les inventaires de Coudieu nous fournissent un état général de toutes les maisons de la ville. Nous y trouvons le nom du propriétaire, celui du seigneur foncier, l’enseigne de la maison ainsi qu’un bref descriptif des composantes immobilières : nombre de corps de logis, cours, dépendances, jardins et puits. La description architecturale des maisons signale la présence de portes cochères, de boutiques sur rue, de caves, chambres et escaliers. Ce recensement demeure cependant incomplet puisqu’il n’inclut ni les habitations relevant de la censive des chanoines ni les bâtiments publics (églises, halles, boucheries, etc.).
421L’exploitation de la documentation archéologique permettra sans doute de déterminer l’ancienneté de ce plan parcellaire de la ville.
422Après les troubles de la fin du Moyen Âge, on chercha à remembrer des parcelles. Ce phénomène est mis en évidence, tant par les recherches archéologiques que par les sources écrites. Choisissons un secteur fouillé représentatif, la zone qui s’étend à une quarantaine de mètres au nord des églises Sainte‑Geneviève, Saint‑Michel‑du‑Degré et Saint‑Barthélemy et qui est comprise entre les rues de la Fromagerie, à l’ouest, et du Petit‑Pichet, à l’eSt. Nous remarquons que le tissu urbain de la fin du xive s. est saturé car il est scindé en une vingtaine d’unités parcellaires (fig. 116). Trois siècles et demi plus tard, les plans de la censive de l’abbaye ne distinguent plus, au même endroit, qu’une dizaine de parcelles (fig. 249). En ce qui concerne les sources écrites, citons l’exemple d’une maison, à l’enseigne de L’Image de Saint‑Roch, sise au carrefour de la Madeleine et correspondant à l’article 236 du plan de censive (fig. 249). En 1708, la propriété était attenante à l’hôpital Saint‑Jacques, d’une part, et à la « fausse porte » ou porte Basoin, d’autre part. Cependant, le compulsoire qui recopie dans l’ordre chronologique les actes conservés pour cette propriété nous rappelle qu’en 1433 s’élevaient encore, au même endroit, trois maisons dont deux furent abandonnées durant le xve s. (fig. 216).
423Toutefois, ce parcellaire plus dense s’est maintenu le long des grands axes commerçants ; les rues de la Boulangerie, de la Cordonnerie et Compoise, les places Panetière et du Marché‑aux‑Guesdcs conservent jusqu’à l’époque industrielle, et exceptionnellement jusqu’à nos jours, des maisons aux faça des étroites sur rue et des corps de bâtiments dans la cour.
424À Saint‑Denis, l’artisanat textile est un autre facteur susceptible d’avoir influencé la configuration du tissu parcellaire. Dès le xiiie s., les baux des maisons sises rue de la Fontaine, rue du Clos‑Fourré et rue des Poulies signalent la présence de « poulies » (Lebel 1935b, no 1230), places où l’on étendait les étoffes pour les faire sécher (Godefroy 1982 : 348). Le plan de Belleforest signale ces poulies au nord‑est de la ville (fig. 177) et les plans dessinent des parcelles en lanière dont le petit côté donne sur les rives du Croult,
425L’ancienneté de certaines enseignes de maison est attestée par les comptes du xiiie s. tels que la domus de Nassa –qui pourrait correspondre à la Grande et la Petite Nase, localisées cinq siècles plus tard, côte à côte, rue de la Boulangerie, à proximité de l’église Sainte‑Croix (fig. 250, art. 57) –ou la domus de Salgerio– que nous proposons d’identifier au Sauger en la rue du même nom (fig. 249, art. 189). De même, sur la place Panetière les enseignes qui servent en 1571 de repères au quint‑prieur, percepteur des droits de location des loges des deux foires du Lendit et de la Saint‑Denis (doc. 96), se retrouvent presque inchangées deux siècles plus tard. Quant à leur répartition dans la ville, on remarque qu’elles se trouvent le long des grands axes commerçants : rue de la Boulangerie et rue Compoise, et sur les deux places principales : la Panetière et le Marché‑aux‑Gucsdes.
426Plusieurs enseignes signalent des hôtelleries qui sont particulièrement nombreuses aux abords de la place Panetière : Le Cheval Rouge, L’Épée Royale, etc.
427D’autres marquent les sièges des confréries tels que Le Saint‑Christophe, situé en face de l’église Saint‑Michel‑du‑Charnier, qui correspond peut‑être à l’un des deux celliers découverts à cet endroit (fig. 247).
FIG. 247 – Élévation du cellier situé au nord de l’église Saint‑Barthélemy, début XIVe s.

Deux grands celliers du début du XIVe s., mis au jour aux abords de l’ensemble monumental (fig. 116), illustrent l’architecture fonctionnelle du bas Moyen Âge. Celui‑ci était constitué de vingt‑six pièces voûtées, disposées de part et d’autre d’un passage axial de 23 m de long.
L’immeuble auquel il appartenait était relativement étroit et s’étendait de la rue du Grand‑Pichet à la rue du Petit‑Pichet, deux toponymes qui pourraient se rapporter à des enseignes de tavernes. Rappelons que, près du cimetière, des celliers sont déjà mentionnés dans les comptes de 1229‑1230 (doc. 39). Au cours de son utilisation, le sous‑sol est subdivisé et subit de multiples remaniements. Plusieurs niches sont transformées en latrines et cages d’escalier.
C.H. del./UASD
FIG. 248 – Plan des censives échangées entre les chanoines de Saint‑Paul et les religieux de l’abbaye, en 1708. AN, S 2258 ; parchemin, encre brune et rouge ; 50 x 33 cm.

À l’occasion de cette opération, les chanoines regroupèrent leur censive, dispersée dans la ville, autour de leur église.
cl. P.M./ ADSSD
428Les inventaires de Coudieu permettent enfin de localiser quatre fiefs : Buhort, Le Château Porcheron, Le Château d’Argent et La Talmouse.
429Nous sommes moins bien renseignés sur les habitations proprement dites et la recherche archéologique ne permet pas de suppléer à ces lacunes documentaires : antérieurement au xiiie s., les vestiges fragiles des constructions en bois sont souvent trop mal conservés pour autoriser une étude poussée de l’habitat urbain ; de même, notre connaissance des maisons en pierre se limite principalement à leurs caves. Il faut attendre le xve s. pour que la qualité des sources écrites s’améliore. En 1411, le « Livre vert de Saint‑Denis » nous transmet un règlement relatif à la construction en pierre de taille des habitations (doc. 89). En 1473, la maison à l’enseigne du Dauphin, située non loin de la porte de l’Abbaye, se compose d’un corps de logis long de sept toises (environ 14,5 m) et large de deux toises (environ 4,5 m). Un escalier rond adossé, côté jardin, mène à l’étage (Roux 1988 : 124).
Les enseignes de maisons : figures 249, 250, 251
430Les cueillerets de la censive de Saint‑Denis, couvrant la période de 1740 à 1883 environ (AMSD, GG 52, GG 54 et GG 55), nous font connaître les enseignes de maison. Grâce aux numéros des censives il est possible de les situer exactement (fig. 249, 250, 251). Pour certaines propriétés, le dépouillement des archives a permis de dresser l’historique de l’appellation.
FIG. 249 – Feuillet nord‑est du plan de la censive de la ville vers 1780. AMSD, DD 15/1 ; papier, encre, aquarelle ; 60 x 40 cm.

II s’agit du premier relevé systématique de la configuration des parcelles dans la partie orientale de la ville que l’on possède. Le bâti est indiqué en couleur, l’alternance des couleurs distingue les propriétés les unes des autres ; les numéros correspondent aux articles du terrier. Vers le milieu du XVIIIe s., les trois quarts des maisons de Saint‑Denis sont possédés par les habitants de la ville et le quart restant par des bourgeois de Paris ou de la région parisienne (AMSD, GG 54 et 55).
cl. P.M./ADSSD
FIG. 250 – Feuillet sud‑est du plan de la censive de la ville vers 1780. AMSD, DD 15/2 ; papier, encre, aquarelle ; 60 x 40 cm.

cl. P.M./ADSSD
FIG. 251 – Restitution du tissu parcellaire de la ville au XVIIIe et début du XIXe s.

À l’est de la rue d’Enghien, la carte est établie d’après les deux feuilles du plan de la censive de 1780 (fig. 249, 250). Les limites parcellaires, attestées sur des documents antérieurs (fig. 154, 243, 255, 277), sont indiquées par des pointillés. À l’ouest de la rue d’Enghien, le parcellaire est celui du plan cadastral de 1811‑1814 (fig. 252). Dans cette partie de la ville, l’identification des numéros d’articles et des enseignes reste partielle. Au nord de la basilique, les principales structures archéologiques apparaissent en rouge foncé.
A.B. del./UASD
FIG. 252 – Le parcellaire de la partie occidentale de la ville, d’après la première feuille du plan cadastral du territoire de Saint‑Denis, levé en 1811‑1814 par M. Rougeot, géomètre. Archives de Paris, D6 P24.

Un atlas, conservé aux Archives de Paris et de l’ancien département de la Seine, renferme le plan cadastral du territoire de Saint‑Denis, levé entre 1811 et 1814. La commune est divisée en sept sections. Malheureusement, nous ne disposons plus d’exemplaire complet du registre de l’état des sections correspondant à ce plan qui aurait pu préciser la nature de l’occupation des parcelles. II s’agit néanmoins d’un levé géométral très précis.
cl. Archives de Paris
431Dans la liste ci‑dessous, les noms recensés sont classés par ordre alphabétique ; en cas de changement d’appellation, des renvois sont intercalés dans la liste.
432Les enseignes sont présentées avec les mentions suivantes : nom de l’enseigne dans sa version la plus anciennement connue, rue ou place, (date de la première mention connue et référence archivistique), succession des changements de nom (référence archivistique qui a fourni le numéro d’article), (plan permettant de localiser le numéro de l’article).
433Agnus Dei (L’), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 379).
434Aigle d’Or (L’), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 430bis).
435Ane Rayé (L’), place Panetière (1571 : doc. 96), devient Le Soleil (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 10).
436Ane Rayé (L’), (une étuve), rue des Cochetiers, à proximité des halles (1460 : AN, LL 1213).
437Ange (L’), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 421).
438Arbalète (L’), rue de la Boulangerie (1395 : AN, S 2354 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 59).
439Armes de France (Les), rue Compoise, voir Petit Suisse (Le).
440Ave Maria (L’), rue des Etuves (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 164).
441Aventure (L’), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 15 et 16).
442Aventure (L’), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 243).
443Barillet (Le), rue de la Boulangerie (1539 : AN, S 2258), devient Le Petit Barillet (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 60).
444Barillet (Le), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 143).
445Belle Ysorée (La), rue de Paris, voir Ysorée (L’).
446Bon Pasteur (Le), rue de l’Ave‑Maria (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 155).
447Bosquets (Les), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52, art. 407).
448Botte (La), rue de la Boulangerie, anciennement La Heuze (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 55).
449Boullerie (La), rue du Grand‑Pichet (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 180).
450Bout du Monde (Le), rue du Sauger (AMSD, GG 54), (fig. 249, art. 174).
451Bouteille (La), rue du Sauger (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 245).
452Cadran (Le), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 156).
453Carneaux (Les), rue de Paris (1540 : AN, S 2258) où est construit à partir de 1625 le Carmel.
454Cerf (Le), rue de la Boulangerie, voir Grand Cerf (Le).
455Cerf Montant (Le), rue du Sauger, voir Ecu Percé (L).
456Cerf Volant (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 33 et 33bis).
457Champ dît Landy (Le), rue de l’Abbaye (1738 : fig. 55), peut‑être anciennement L’Image Saint‑Michel (fig. 251, repère I).
458Chapeau Rouge (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 325).
459Chapeau Royal (Le), rue Saint‑Rémy (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 229).
460Chat (Le), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 144).
461Château d’Argent (Le), (fief), rue de la Boulangerie (1420 : AN, LL 1192 : no 5590), devient La Tour d’Argent (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 50).
462Château Frileux (Le), rue de la Fromagerie, proche des Quatre Fils Aymon (1528 : AN, LL 1215).
463Château d’Or (Le), rue de la Boulangerie, voir Gril (Le).
464Château de Pontoise (Le), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 142).
465Château des Porc herons (Le), rue Compoise (1625 : Duval, Barroux 1923 : col. 193‑194 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 333).
466Chaudron (Le), (fief de Buhort), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 466).
467Chef Saint‑Jean (Le), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 416).
468Chef Saint‑Jean (Le), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 145).
469Chêne Vert (Le), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 129).
470Chenet (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 460).
471Cheval Blanc (Le), rue de Paris (1540 : AN, S 2258).
472Cheval Rouge (Le), place Panetière (1438 : AN, LL 1212), puis rue de la Fromagerie (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 161).
473Chevalier du Lis (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 468).
474Chèvre (La), rue de la Cordonnerie (1424 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 17).
475Cinq Pains de Paris (Les), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 438).
476Cloche (La), rue de la Boulangerie et petite ruelle de la Cloche (1540 : AN, S 2258).
477Cloche (La) ou Cloche Percée (La), rue Compoise (1587 : AN, S 2258) où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère A).
478Coquille (La), rue de la Cordonnerie (1482 : AN, LL 1214), devient Trois Coquilles (Les) (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 23).
479Coq (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 326).
480Coq (Le), rue de la Boulangerie, réuni aux Maillets (AMSD, GG 54), (fig. 250, art. 49).
481Corbeau (Le), rue de la Boulangerie, devient La Coupe (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 108).
482Corne de Cerf (La), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 327).
483Corne de Bœuf (La), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 249).
484Cornet (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 469).
485Coupe (La), rue de la Boulangerie, voir Corbeau (Le).
486Coupe (La), rue du Pilori (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 153 et 153bis).
487Cour des Miracles (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 384).
488Couronne (La), rue de Paris et place du Marché‑aux‑Guesdes (1501 : AN, S 2354 et AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 76, 77, 78).
489Couronne de Fer (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 435).
490Couronnement de Notre‑Dame (Le), rue Compoise, devient L’Image Saint‑Nicolas (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 340).
491Croissant (Le), rue de la Cordonnerie, voir Image Saint‑Pierre (L’).
492Croix Blanche (La), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 89).
493Croix Blanche (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 343).
494Croix Blanche (La), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 66).
495Croix de Fer (La), rue Compoise (1437 : AN, LL 1212).
496Croix d’Or (La), proche de la rue de la Poissonnerie (1435 : AN, LL 1212).
497Croix Verte (La), rue de la Fromagerie (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 6).
498Cygne (Le), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 408).
499Dauphin (Le), rue Robert‑Foulon (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 294bis).
500Dauphin (Le), rue de la Chevalerie, (1393 : AN, S 2354), (fig. 251, repère H).
501Dauphins (Les), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 463).
502Deux Anges (Les), rue de la Cordonnerie (1708 : fig. 248), devient Les Deux Mages (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 133).
503Deux Anglets (Les), rue de la Cordonnerie, voir Deux Aveugles (Les).
504Deux Aveugles (Les) ou Deux Anglets (Les), rue de la Cordonnerie (1458 : AN, LL 1213), devient Le Lion d’Or (1708 : fig. 248) puis Le Lion d’Argent (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 133bis).
505Deux Mages (Les), rue de la Cordonnerie, voir Deux Anges (Les).
506Donjon (Le) (un jardin), rue Regnault‑Pelletier (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 52).
507Échiquier (L), rue aux Cochetiers (1357 : AN, LL 1191 : no 4264).
508Échiquier (L’), rue Compoise, côté nord, entre la rue de la Charronnerie et la rue des Chaumettes (AMSD, GG 52 art. 396).
509Écrevisse (L), rue de la Boulangerie (1540 : AN, S 2258), devient La Grâce de Dieu (AMSD, GG 54), (fig. 250, art. 63).
510Écu de Bourgogne (L), rue du Sauger, tenant aux Rats (xve s. : AN, LL 1212), voir Trois Rois (Les), rue du Sauger.
511Écu de Bretagne (L’), rue de l’Abbaye (1444 : AN, LL 1212).
512Écu de Bretagne (L’), rue de la Cordonnerie (1738 : fig. 248), (fig. 251, repère K).
513Écu de France (L’), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 415).
514Écu de France (L’), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 151).
515Écu d’Orléans (L’), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 40 et 41).
516Écu Percé (L’), rue du Sauger (1472 : AN, LL 1225), devient Le Cerf Montant (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 165).
517Écu Saint‑Georges (L’), place du Marché‑aux‑Guesdes (1482 : AN, LL 1213), devient Le Grand Cerf (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 86bis).
518Épée (L’) ou Grande Epée (La), place Panetière (1365 : AN, LL 1191 : no 4405), devient LEpée Royale (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 136).
519Épée Royale (L’), place Panetière, voir Épée (L’).
520Ermite (L’), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 431bis).
521Ermite (L’), (fief de la Talmouse), ruelle des Ermites (1640 : ADY, D 927), (fig. 251, repère M).
522Étoile (L’), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 122).
523Étoile (L’), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 461).
524Évêque (L’), (fief de la Talmouse), ruelle des Ermites (1640 : ADY, D 927), (fig. 251, repère N).
525Fleur de Lis (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 339).
526Fleur de Lis (La), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 345).
527Fleur de Lis Couronnée (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 434).
528Galère (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 330).
529Gonasse (La), rue Compoise (1468 : AN, LL 1213).
530Grâce de Dieu (La), rue de la Boulangerie, voir Écrevisse (L’).
531Grand Cerf (Le), rue Compoise (1441 : AN, LL 1212 et AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 428).
532Grand Cerf (Le), place du Marché‑aux‑Guesdes, voir Ecu Saint‑George (L’).
533Grand Cerf (Le) ou Cerf (Le), rue de Paris (1540 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1625 le Carmel.
534Grand et Petit Chef Saint‑Denis (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55 et GG 52), (fig. 250, art. 342).
535Grand Corbeau (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 107).
536Grande Epée (La), place Panetière, voir Épée (L’).
537Grand Fer du Moulin (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 382).
538Grand Godet (Le), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 65).
539Grand Louis (Le), place Panetière, voir Image Saint‑Jacques (L).
540Grand Monarque (Le), place Panetière, voir Image Saint‑Jacques (L’).
541Grande Nase (La), place du Marché‑aux‑Guesdes (1482 : AN, LL 1225), peut‑être anciennement la domus de Nassa (1284‑1285 : Lebel 1935a : 329, d’après AN, LL 1240 : f°27v°).
542Grand et Petit Paon (Le), place Panetière (AMSD, GG 54), (fig. 249, art. 158).
543Grands Rats (Les), rue du Sauger (AMSD, GG 52), anciennement Les Rats (fig. 249, art. 261).
544Grand Saint‑Simon (Le), rue de l’Abbaye (AMSD, GG 54), (fig. 250, art. 20).
- 48 Le plan de la censive (fig. 250) figure deux articles 106 ; d’après le surfaçage du cueilleret, l’a (...)
545Gril (Le) ou Château d’Or (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52 : art. 106bis), (fig. 250, art. 10648).
546Grimace (La), rue Compoise (1480 : AN, LL 1213 et AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 394).
547Grosse Souche (La), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 247).
548Grue (La), rue de l’Ave‑Maria (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 152).
549Hache (La) et Truie qui file (La), rue du Sauger (1490 : AN, LL 1214 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 255).
550Harpe (La), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 14).
551Heaume (Le), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 134).
552Herce (La), rue Compoise (AN, S 2258), (fig. 251, repère B).
553Heuze (La), rue de l’Abbaye, voir Hure de Sanglier ou Hure du Saulger (La).
554Heuze (La), rue de la Boulangerie (1540 : AN, S 2258), devient La Botte et Le Soleil (fig. 250, art. 55 et 56).
555Heuze (La), rue Compoise (1693 : AN, S 2361 et AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 464).
556Houe (La), rue du Sauger (1692 : AN, S 2254A et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 166 et 167).
557Hure de Sanglier ou Hure du Saulger (La), rue de l’Abbaye (1587 : AN, S 2258), devient L’Image Saint‑Barthélemy et La Heuze (1738 : fig. 255), (fig. 251, repère L).
558Image Notre‑Dame (L’), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 123).
559Image Notre‑Dame (L’), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 125).
560Image Notre‑Dame (L’), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 139 et 140).
561Image Notre‑Dame (L’), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 160).
562Image Saint‑Antoine (L’) ou Petit Saint‑Antoine (Le), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 13).
563Image Sainte‑Barbe (L’), rue du Sauger (1469 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 253).
564Image Saint‑Barthélemy (L’), rue de l’Abbaye, voir Hure de Sanglier ou Hure du Saulger (La).
565Image Sainte‑Catherine (L’), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 110).
566Image Sainte‑Catherine (L’), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 378).
567Image Saint‑Crespin (L’), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 37).
568Image Saint‑Eloi (L’), rue du Sauger (1569 : Duval, Barroux 1923 : col. 348 et AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 242).
569Image Saint‑Jacques (L’), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 418).
570Image Saint‑Jacques (L), rue Compoise (1587 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère E).
571Image Saint‑Jacques (L), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 431).
572Image Saint‑Jacques (L), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 338).
573Image Saint‑Jacques (L’), place Panetière, devient Le Grand Monarque (AMSD, GG 54) et Le Grand Louis (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 8).
574Image Saint‑Jean (L’), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 85).
575Image Saint‑Léonard (L), rue de la Boulangerie, voir Saint‑Léonard (Le).
576Image Saint‑Louis (L), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 350).
577Image Saint‑Louis (L), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 127bis).
578Image Saint‑Louis (L’), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 141).
579Image Sainte‑Marguerite (L’), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 335).
580Image Sainte‑Marguerite (L’), place du Marché‑aux‑Guesdes, voir Pie (La).
581Image Saint‑Martin (L’), rue de la Boulangerie (1539 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 61 et 62).
582Image Saint‑Martin (L’), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 411).
583Image Saint‑Martin (L’), rue Compoise (1441 : AN, LL 1212 et AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 430).
584Image Saint‑Martin (L’), place Panetière (1450 : AN, LL 1212 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 137).
585Image Saint‑Maur (L’), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 414).
586Image Saint‑Michel (L’), rue de l’Abbaye (1587 : AN, S 2258), voir Champ du Landy (Le).
587Image Saint‑Michel (L’), rue de la Boulangerie, devient Le Pavillon Royal (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 101).
588Image Saint‑Michel (L’), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 157).
589Image Saint‑Nicolas (L’), rue Compoise, voir Couronnement de Notre‑Dame (Le).
590Image Saint‑Pierre (L’), rue de la Cordonnerie, devient Le Croissant (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 132).
591Image Saint‑Sébastien (L’), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 68).
592Lanterne (La), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 190).
593Levrette (La), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 104).
594Levrette (La), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 194).
595Licorne (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 462).
596Lièvre (Le), rue Compoise (1587 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère D).
597Lion (Le), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (de 1733 à 1791 premier hôtel de ville), (fig. 249, art. 149).
598Lion d’Argent (Le), rue de la Cordonnerie, voir Deux Aveugles (Les).
599Lion d’Or (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 54).
600Lion d’Or (Le), rue de la Cordonnerie, voir Deux Aveugles (Les).
601Lis (Le), (fief du Buhort), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 467).
602Madeleine (La), carrefour de la Madeleine (1430 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 218 et 219).
603Maillets (Les), rue de la Boulangerie (1420 : AN, LL 1192 : no 5590), devient Les Trois Maillets (AMSD, GG 52) ; voir aussi Coq (Le) (fig. 250, art. 49).
604Maillets (Les), rue Compoise ou rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52, art. 403bis).
605Maison Rouge (La), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), dite aussi La Maison du Soleil d’Or (1721 : fig. 229), (fig. 250, art. 7).
606Maison du Soleil d’Or (La), place Panetière, voir Maison Rouge (La).
607Marteau d’Or (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 58).
608Martyrs (Les), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250 art. 9).
609Maze (La) ou Noce (La), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 54 et 52), (fig. 251, art. 406).
610Mortier d’Or (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 380).
611Moulinet (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 250, art. 344).
612Moutier (Le), rue de la Fromagerie (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 170bis).
613Mouton Blanc (Le), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 11).
614Mouton Couronné (Le), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 405).
615Nain (Le), rue Pavée (AMSD, GG 54), (fig. 250, art. 118).
616Noce (La), rue de la Charronnerie, voir Maze (La).
617Nom de Jésus (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 36).
618Nonne qui ferre l’Oie (La), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 329).
619Ours (L’), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 148).
620Panier (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 47).
621Paon (Le), place Panetière (1571 : doc. 96) devient Le Grand et Le Petit Paon (fig. 249, art. 158).
- 49 Le plan de la censive (fig. 250) figure deux articles 106 ; d’après le surfaçage du cueilleret, l’a (...)
622Papegault (Le), rue de la Boulangerie (1540 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 105 et 10649).
623Pavillon Royal (Le), rue de la Boulangerie, voir Image Saint‑Michel (L’).
624Petit Barillet (Le), rue de la Boulangerie, voir Barillet (Le).
625Petit Bœuf Couronné (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 111).
626Petit Cerf (Le) (une foulerie), rue de la Tannerie (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 320).
627Petit Chef Saint‑Denis (Le), rue Compoise, voir Grand et Petit Chef Saint‑Denis (Le).
628Petit Corbeau (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 109).
629Petite Couronne de Fer (La), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 433).
630Petit Fer du Moulin (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 381).
631Petite Image Notre‑Dame (La), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 124).
632Petit Luxembourg (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 347).
633Petite Nase (La), rue de la Boulangerie (1540 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52) voir aussi Grande Nase (La) (fig. 251, art. 87 et 88).
634Petit Paon (Le), place Panetière, voir Grand et Petit Paon (Le).
635Petits Rats (Les), rue du Sauger, anciennement Les Rats (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 260).
636Petit Saint‑Antoine (Le), rue de la Cordonnerie, voir Image Saint‑Antoine (L’).
637Petit Suisse (Le) ou Armes de France (Les), rue Compoise (AMSD, GG 55 et GG 52), (fig. 250, art. 334).
638Pie (La), rue Compoise (1445 : AN, LL 1212 et AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 460).
639Pie (La) et Image Sainte‑Marguerite (L’), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 67 et 67bis).
640Plat d’Etain (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 460).
641Pomme de Pin (La), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 126).
642Port Salut (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 45).
643Pot d’Etain (Le), rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 417).
644Pot d’Etain (Le), place Panetière (1571 : doc. 96 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 138).
645Pot d’Etain (Le), rue du Sauger (1587 : AN, S 2258 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 251).
646Pot de Fer (Le), rue Compoise, côté nord, entre la petite boucherie et la rue du Clos‑Fourré (AMSD, GG 55 art. 359).
647Pot de Fer (Le), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 439).
648Poteaux de Fer (Les), rue Compoise, le long du ru de Montfort ou Merdret (1439 : AN, LL 1212).
649Pourcelet (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 39).
650Puits d’Amour (Le), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 75).
651Quatre Fils Aymon (Les), place Panetière (1438 : AN, LL 1212 et AMSD, GG 52), (de 1791 à 1882, deuxième hôtel de ville), (fig. 249, art. 159).
652Quatre Vents (Les), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 31).
653Quatre Vents (Les), rue Compoise, annexés en 1726 à la petite boucherie (AMSD, GG 52 : art 351bis).
654Rats (Les), rue du Sauger (XVe s. : AN, LL 1212) deviennent Les Grands Rats et Les Petits Rats (fig. 249, art. 260 et 261).
655Roi David (Le), rue de la Cordonnerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 127).
656Roi d’Espagne (Le), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 64).
657Rose (La), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 42 et 43).
658Rose Blanche (La), rue Compoise (1587 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère C).
659Saint‑Claude (Le), rue Saint‑Rémy (1433 : AN, S 2258 et AMSD, GG 54), (fig. 249, art. 235).
660Saint‑Esprit (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 395).
661Saint‑Ladre (Le), rue Saint‑Jacques‑de‑Vauboulon (1345 : AN, LL 1191 : no 3947).
662Saint‑Léonard (Le), rue de la Boulangerie (1540 : AN, S 2258), devient L’Image Saint‑Léonard (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 46).
663Sauger (Le), rue du Sauger (1531 : AN, S 2354 et AMSD, GG 52), peut‑être anciennement la domus de Salgerio (1301‑1302 : doc. 39), (fig. 249, art. 189).
664Saumon (Le), rue Compoise (1587 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère G).
665Sauvage (Le), place Panetière (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 12).
666Seiche (La), rue des Etuves, anciennement rue Marie‑la‑Seiche (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 163).
667Sereine (La), rue Compoise (AMSD, GG 55 et GG 52), (fig. 251, art. 348 et 349).
668Singes Verts (Les), place Panetière, voir Tête Noire (La).
669Soleil (Le), rue de la Boulangerie, anciennement La Heuze (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 56).
670Soleil (Le), place Panetière, voir Ane Rayé (L).
671Souche (La), rue du Sauger (1647 : AN, S 2254A et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 248).
672Tête Noire (La), place Panetière (1450 : AN, LL 1225), aussi Les Singes Verts (1708 : fig. 248 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 135).
673Tête Noire (La), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 81).
674Tour d’Argent (La), rue de la Boulangerie, voir Château d’Argent (Le).
675Tournelle Rouge (La), rue du Sauger (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 254).
676Treille (La), rue Puipensot (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 98).
677Treize Cantons des Grisons (Les), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 465).
678Trinité (La) (1587 : AN, S 2258), où est construit à partir de 1639 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie (fig. 251, repère F).
679Tripot (Le), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 250, art. 336).
680Trois Carreaux (Les), rue de la Tannerie (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 323).
681Trois Chandeliers (Les), rue de la Boulangerie (1600 : Duval, Barroux 1923 : col. 348 et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 53).
682Trois Coquilles (Les), rue de la Cordonnerie, voir Coquille (La).
683Trois Corbillons (Les), rue de la Cordonnerie (1444 : AN, LL 1212 et 1738 : fig. 255), (fig. 251, repère J).
684Trois Cornets (Les), rue Compoise (AMSD, GG 55), (fig. 251, art. 429).
685Trois Couronnes (Les), rue de la Tannerie (AMSD, GG 55), (fig. 249, art. 321).
686Trois Dauphins Couronnés (Les), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 44).
687Trois Maillets (Les), rue Compoise ou rue de la Charronnerie (AMSD, GG 52 art. 403).
688Trois Maillets (Les), rue de la Boulangerie, voir Maillets (Les).
689Trois Maures (Les), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 38).
690Trois Pieds de Grais (Les), rue du Sauger (1481 : AN, LL 1214 et AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 259).
691Trois Pigeons (Les), rue Compoise (1645 : AN, S 2254A et AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 353).
692Trois Pucelles (Les), rue de la Boulangerie (AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 29).
693Trois Pucelles (Les), rue Saint‑Rémy (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 227).
694Trois Rois (Les), rue Compoise, annexés en 1726 à la petite boucherie (AMSD, GG 52 art. 351).
695Trois Rois (Les), rue Compoise (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 440).
696Trois Rois (Les), rue du Sauger, peut‑être anciennement L’Écu de Bretagne (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 262).
697Trois Rois de Pologne (Les), petite rue Saint‑Marcel (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 441).
698Trois Saint‑Jean (Les), place du Marché‑aux‑Guesdes (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 84).
699Truie qui file (La), rue du Sauger, voir : Hache (La).
700Truie qui file (La), rue Robert‑le‑Foulon (AMSD, GG 52), (fig. 249, art. 230).
701Vert Galant (Le), rue de la Cordonnerie (1568 : AN, S 2254A et AMSD, GG 52), (fig. 250, art. 131).
702Ysorée (L’), rue de la Boulangerie (1444 : AN, LL 1212), devient La Belle Ysorée (AMSD, GG 52), (fig. 251, art. 74).
FIG. 253 – Copie d’un plan de la censive de l’abbaye à l’emplacement de la manufacture de cuir, vers 1740 (?). AMSD, GG 62 ; papier, encre, aquarelle ; 38 x 27 cm.

Le document, établi au moment du percement final de la rue d’Enghien, rappelle l’état de la censive avant la construction de la manufacture vers 1700 : le Groult est longé, à l’est, par la rue du Moulin‑à‑Tan (de teinte foncée, numérotée 2) qui débouche sur le carrefour Sainte‑Geneviève. Des deux côtés, des maisons et des jardins sont signalés. L’emplacement du moulin à Tan est marqué 10. Une canalisation au tracé anguleux, partant du même carrefour, est également attestée par les fouilles archéologiques. Il s’agit d’un canal du bas Moyen Âge dont la largeur (2 m à l’origine) fut réduite à moins d’un mètre au XVIe s. Dans les textes, on le désigne comme Merdret. Il est abandonné à la fin du XVIIe s., lorsqu’il n’est plus qu’un égout collectant les eaux pluviales du carrefour (fig. 270).
cl. EJ UASD
FIG. 254 – Plan partiel de l’îlot de l’Hôtel‑Dieu, au début du xviiie s. AN, S 2248 ; papier, encre, lavis ; 65 x 33 cm.

Ce plan schématique montre l’organisation des maisons dans la partie nord de l’îlot de l’Hôtel‑Dieu, avant l’élargissement de la rue de l’Abbaye. Le bâtiment de l’Hôtel‑Dieu, en cours de reconstruction, se reconnaît à l’épaisseur de son mur, à sa chapelle dont le chevet est à pans coupés et à sa grande salle pour accueillir les malades. En pointillé, figure le Croult canalisé qui, venant de l’abreuvoir, traverse l’Hôtel‑Dieu et se dirige vers son moulin. Au centre du plan, une ruelle en manivelle conduit à la rivière.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 255 – Plan partiel de l’ilot de l’Hôtel‑Dieu en 1738, avec l’indication des maisons à démolir. AN, S 2248 ; papier, encre, aquarelle ; 39 x 24 cm.

En 1738, Jacques Gabriel fait lever le plan des maisons attenantes à l’Hôtel‑Dieu pour y indiquer le nouvel alignement de la rue de l’Abbaye ainsi que la superficie des terrains devant être restitués à l’Hôtel‑Dieu après démolition des maisons. Ce document très précis indique la disposition intérieure des habitations au niveau du rez‑de‑chaussée ; il est accompagné d’un procès‑verbal estimatif restituant étages et sous‑sols (doc. 91). Rue de la Cordonnerie, deux habitations 8 et 1 sont de type très semblable : le logis principal, à deux étages, ouvre sur la rue et donne sur une courette avec escalier extérieur à pans de bois. Au fond de la courette, nous trouvons soit un jardin avec latrine 8, soit un logis secondaire 1. Une petite maison à un étage 5, sise rue de l’Abbaye, s’est approprié une partie de la ruelle en manivelle (fig. 254) pour la transformer en corridor. Rue de l’Abbaye, toujours, la dernière maison d’angle 6 résulte visiblement du jumelage de deux habitations, celle à l’enseigne de L’Image Saint‑Barthélemy et celle à l’enseigne de La Heuze.
cl. P.M./ADSSD
Document 90 et 91
État de quatre maisons, rue de l’Abbaye, lors de l’élargissement de la rue, en 1738.
L’élargissement de la rue de l’Abbaye en 1738 répondait à deux objectifs : améliorer l’accès au monastère et dégager la perspective devant l’aile ouest des nouveaux bâtiments (fig. 161).
Source du document 90 – AN, S 2253.
[C’était] (...) une petite rue étroite qui n’ayant que sept pieds de largeur dans son entrée et neuf tout au plus dans sa sortie faisoit trembler dans son tournant le plus intrépide cocher. Plusieurs y ont versés, et on a vu des personnes de la première distinction aimer mieux descendre de leur carosse. et venir à pied à l’abbaye, que d’en risquer l’effrayant passage aussi nuisible à l’embelissement de la ville et de l’abbaye qu’il étoit dangereux aux voitures publiques. Le passage en effet avant qu’il fut élargi par la démolition des maisons déroboit entièrement le coup d’oeil qui en découvrant le nouveau bâtiment, offre à la vue le charmant spectacle d’une perspective unique, qui de la rue de la Boulangerie perce jusqu’au fond du jardin. Décoration encore plus intéressante pour l’ornement de la ville que pour celui de l’abbaye, et dont nous aurions été privés si ces vieilles mazures avoient subsistées. C’étoit donc, de quelque côté qu’on l’envisage, une nécessité de les abattre.
L’élargissement se fit par retranchements des deux côtés de la rue. Le nouvel alignement s’oriente vers le vestibule du monastère. Il nécessite la démolition de plusieurs maisons, pour lesquelles une estimation fut demandée à Jacques Gabriel, architecte du roi. Nous donnons ici l’expertise des quatre maisons qui se trouvaient sur le côté sud de la rue et dont nous connaissons la disposition en rez‑de‑chaussée grâce au levé architectural qui accompagne cette estimation (fig. 255). Gabriel décrit, dans l’ordre, la maison d’angle à l’entrée de la rue, ouverte sur la rue de la Cordonnerie, la maison attenante au sud, une petite construction rue de l’Abbaye, contiguë aux deux précédentes ; enfin, la seconde maison d’angle, entourée de terrains vagues, qui s’élevait à l’autre extrémité de la rue. L’estimation précise pour chaque maison le nombre d’étages et mentionne la présence de sous‑sols ; elle distingue les modes de construction : en pierre ou en pans de bois.
Source du document 91 – AN, S 2248.
[p. 2] (...) nous avons procédé à l’examen des maisons et terrains à prendre et démolir en totalité, ou en partie, commenceant par celle du Sieur de Cabany Me chirurgien, scituée à l’encognure de la petite ruelle [rue de l’Abbaye]sur la rue de Paris [il s’agit en fait de la rue de la Cordonnerie], de laquelle nous avons fait mesurer la superficie du terrain que nous avons trouvé monter à vingt une toises trois quarts quarrées, ledit terrain, occupé par un corps de bâtiment à l’encognure de la rue et de la ruelle de huit toises cinq pieds six pouces de superficie avec caves voûtées au‑dessous, et élevé au dessus d’un étage de rez de chaussée et de deux étages quarréz avec grenier couvert d’un comble à deux égouts, lequel bâtiment est construit en ses murs de face sur les rues de moilons avec l’encognure et jambe étriere de pierre, le reste en pans de bois, et sur une petite cour derrière de neuf pieds de largeur, dans laquelle est un degré qui monte auxdits étages avec un passage, et un petit bâtiment contenant deux toises un quart superficielles, construit d’un mur de moillons avec une porte de pierre sur la rue jusqu’au dessus du rez de chaussée, et pans de bois dans les étages au dessus du côté de la cour qui est fermée par un mur de clôture qui sépare un petit jardinet qui occupe le reste de l’emplacement dans l’angle duquel est un petit cabinet d’aisance,
[p. 3] Et ayant examiné lesdits bâtimens, nous avons trouvé les caves et fondations sous le corps de logis assez bonnes, et le bâtiment au dessus quoyque bien construit, de foibles matereaux en état de subsister encore du temps en y faisant quelques réparations, celuy de l’escalier du côté de la cour presque tout en pans de bois et en partie à refaire à neuf, et le petit cabinet d’aisance dans l’angle du jardin en ruine ; sur quoy nous étant informé du prix du loyer de ladite maison que l’on nous a dit être de cent trente livres, non obstant le peu de bâtimens qui sont sur l’emplacement, et les réparations qu’il est nécessaire d’y faire ; nous l’avons estimé eu égard à la scituation sur la rue de Paris, et la communication à l’abbaïe à la somme de trois mil cinq cent livres.
Ayant ensuitte examiné une maison Joignant la précédente qui appartient à l’Hôtel Dieu, occupée par un serrurier, ayant dix neuf pieds de face sur la rue de Paris sur neuf toises un pied de profondeur faisant vingt neuf toises quarrées de superficie de terrain, occupé par un bâtiment sur ladite rue de vingt trois pieds de profondeur, avec un escalier sur une petite cour derrière de dix pieds de largeur qui monte aux étages dudit bâtiment sur la rue, un autre dans le fond de l’emplacement de vingt deux pieds de profondeur. Tous lesdits bâtimens, contenant vingt cinq toises cinq pieds quarrées, dont celuy sur la rue de onze toises cinq pieds, a une cave dessous et est élevé d’un rez de chaussée et de deux étages quarrez au dessus avec grenier couvert de tuille à deux égouts, celuy du degré de deux toises trois pieds est élevé pareillement pour monter aux étages par le degré, et celuy du fond de onze toises quatre pieds est sans cave élevé d’un rez de chaussée et d’un étage quarré au dessus, avec grenier dans un comble couvert de tuille ; la construction desquels bâtimens n’est qu’en murs de moillons asses bons, ainsy que les planchers, hors la petite aile sur la cour où est le degré en pans de bois qui est en mauvais état. Apres le quel examen nous étant informé du loyer de ladite maison, que l’on nous a dit estre de cent soixante dix livres, nous l’estimons à la prendre en entier, la somme de quatre mil livres, sauf à faire entrer en compensation le terrain qui restera à l’Hôtel Dieu de l’emplacement de ladite maison par l’alignement de la rue.
De la nous sommes entrés dans une petite maison sur la petite ruelle attenant celle du Sieur de Cabany appartenant au Sieur Fouillet, dont nous avons fait mesurer le terrain qui contient quatorze toises
[p. 4] un pied de superficie avec un bâtiment élevé d’un étage sur le rez de chaussée et d’un grenier couvert de tuille, tombant en ruine et abandonné depuis longtemps, laquelle nous avons estimé avec les matéreaux qui pourront s’en retirer à la somme de trois cent livres. Mais comme de cet héritage il n’en est retranché pour former l’alignement de la rue que sept toises trois pieds de superficie, restera six toises quatre pieds de terrain à l’Hôtel Dieu qui luy convient, ayant les emplacemens des deux côtés, que nous estimons à vingt une livre la toise, cent quarante livres, dont il rendra compte sur les héritages qui luy seront pris.
Et ensuite de ladite maison, est un terrain vague appartenant a l’Hôtel Dieu, clos d’un mur en moillon sur la ruelle du quel pour former l’alignement de la nouvelle rue, il faut retrancher quinze pieds par un bout et onze par l’autre faisant treize pieds de mesure commune, sur trois toises de face sur laditte rue, compris les demies épaisseurs des murs mitoyens, ce qui fait six toises et demie de superficie que nous avons estimé a cent trente livres.
Et après ledit terrain, en continuant ladite ruelle jusqu’à son extrémité, est une maison appartenant à la Dame veuve Viard et ses cohéritiers, faisant l’encognure de ladite rue et de la place au devant de l’entrée de l’abbaïe, contenant trente trois toises trois pieds quarrées de terrain, chargé en toute sa superficie de bâtimens, hors l’espace d’une petite cour vuide de deux toises un quart, sous une partie des quels bâtimens il y a une cave, et au dessus du pavé, ils sont élevé d’un rez de chaussée avec deux étages quarrés, un comble en brisis qui peut servir à une mansarde couvert de tuille, tous les murs construits en moilons, hors l’encognure qui est de pierre, le tout en assez bon état.
Et nous étant informé du loyer de ladite maison, que l’on nous a dit être de deux cent quarante quatre livres, nous l’avons estimé en l’état qu’elle est à la somme de cinq mil livres qui doivent être remboursés a ladite Dame veuve Viard et ses cohéritiers par le grand prieur et les religieux de laditte abbaïe.
Et comme de cette maison il n’y a à démolir pour former l’alignement de la rue qu’onze toises cinq pieds quarrées des bâtimens, en sorte qu’il en restera dix huit toises cinq pieds six pouces quarrées, et la petite cour de deux toises quatre pieds six pouces qui feront ensemble vingt une toises quatre pieds de superficie qui resteront à la maison de l’Hôtel Dieu pour équarrir son emplacement et servir à son utilité,
[p. 5] Lesdittes vingt une toises quatre pieds restantes à l’Hôtel Dieu dont dix huit toises cinq pieds six pouces chargés de bâtimens doivent entrer en compensation des héritages qu’on luy prend lesquels nous n’avons estimé à cause des ouvrages et réparations à faire pour retirer utilité de cette partie de bâtimens, qui peuvent n’estre pas démolis qu’à quarante livres la toise quarrée, qui reviennent à la somme de huit cent soixante six livres. (...)
FIG. 256 – Rue du Petit‑Pichet par Arnout, en 1836. MAHSD ; lithographie de Bernard.

II nous faut attendre les XIXe‑XXe s. pour disposer d’une iconographie permettant d’étudier l’architecture civile. La valeur documentaire de ces images est inégale selon que l’artiste a travaillé avec le souci de la véracité ou, au contraire, qu’il a souhaité apporter un cachet romantique à son œuvre, comme ici, voire produire un pastiche (fig. 280).
cl. E.J./UASD
FIG. 257 – Détails de fenêtres, de lucarnes et de cheminées à Saint‑Denis, XIXe s. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; papier, crayon ; 44 x 26 cm.

© cl. BNF, Paris
FIG. 258 – Six vues de Saint‑Denis dans la collection Paul Blondel. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; papier, crayon, sanguine ; 23 x 14 cm chacune.
a – Une rue à Saint‑Denis, en 1883.
b – Une rue à Saint‑Denis en 1883.
c – La rue du Grand‑Pichet (?), en 1884.
d – Maison à Saint‑Denis, en 1883.
e – Une Impasse à Saint‑Denis, en 1883.
f – Maison à Saint‑Denis, en 1884.

La collection Paul Blondel comprend une série de dessins qui figurent des perspectives de rues et des arrière‑cours ; tous sont anotés de manière générale « Saint‑Denis », malheureusement sans précision du lieu où la vue a été prise.
© cl. BNF, Paris
FIG. 259 – La rue de l’Alouette à la fin du XIXe s. Collection Pierre Douzenel ; photographie.

Avec l’apparition de la photographie, notre documentation s’enrichit de pièces précises, indispensables à la critique des vues d’artistes. La vue est prise du croisement entre les rues de l’Alouette et Marguerite‑Pinson (ancienne rue de la Fontaine).
FIG. 260 – La rue du Sauger vue vers l’ouest depuis son croisement avec la rue Notre‑Dame, début du XXe s. Collection Pierre Douzenel ; photographie.

Jusqu’au percement de la rue de Strasbourg, en 1842, ce fut le principal axe de circulation partant de la place Panetière vers l’est.
FIG. 261 – Rue du Grand‑Pichet avant la rénovation du centre‑ville à partir de 1973.

Les archives départementales de la Seine‑Saint‑Denis, les archives municipales, le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis et des collectionneurs conservent un important fonds photographique qui concerne principalement le quartier Basilique, avant sa rénovation.
cl. J. Mangin
Document 92
La place Panetière d’après Gautier.
Source – Gautier : 347.
(...) il y avoit sur la place vis a vis l’église de l’abbaye un poteau ou carcan seigneurial, avec les armes des dames de St. Cyr d’un côté, et celle de l’abbaye de l’autre. Ce poteau était placé près la croix qui y était anciennement, cette croix fut démolie en 1771.
Il y eut différents temps les dimanches et fêtes à la porte de l’église de l’abbaye un garde chasse chiens avec une bandoulière bleue aux armes de l’abbaye, lequel chassoittous les chiens de l’église. Il avoit des petites boîtes dans lesquelles il renfermoient les chiens qu’on lui donnoit à garder pendant que les maîtres des susdits animaux étaient à l’église. Lors que les boîtes ne suffisoient pas pour renfermer les chiens qu’il falloit retenir, on les attachoient à des petits piquets de fer qu’on fichoient dans des entre deux de pavés, et là ces pauvres chiens gémissoient et étaient tous larmoyans de chagrin d’être séparés de leurs maîtres, et d’être à la chaîne comme des galériens. Ils s’amusoient en attendant leur délivrance de la part de leurs maîtres, à faire des petits concerts chienniques qui étaient tout à fait divertissants. Il y en avoient quelquefois de quoi faire une petite meute, hors que tous n’étoient pas propres à la chasse. On donnoit quelques légères pièces de monnaies au susdit garde, ce qui renforçait ses appointements lesquels n’étoient que de douze francs par an : ce qui n’a pas empêché à l’un de ces anciens gardes chasses chiens d’aller mourir à Bicêtre ; aisément cela se peut croire, lequel s’appeloit Tobie, bon homme. (...)
FIG. 263 – La place Panetière, en 1575, détail du plan de Belleforest (flg. 177).

On reconnaît la croix monumentale, le pilori Y, les halles Z et le Châtelet a.
4.4.5 La place Panetière, les halles, le Châtelet
703L’origine de la place Panetière, actuelle place Victor‑Hugo, nous échappe largement. Située au cœur du réseau urbain, elle est le lieu où l’on vend et achète depuis le temps de Suger (doc. 11, 54). Autour de la place, les nombreuses halles témoignent de son rôle économique. C’est plus particulièrement le marché au pain qui s’y tient (doc. 86). Sur la place étaient disposés de petits étals, stalla, dont l’un mesurait, en 1260, deux pieds de large sur huit de long (AN, LL 1157 : 311) ; en 1300, un autre étal ne compte qu’un pied et deux pouces de longueur sur quatre pieds de profondeur (Lebel 1935b : no 1621). Puis, en 1322, l’abbé fait démolir des maisons pour laisser les étals se développer (Lebel 1935a : 203).
FIG. 264 – La place Panetière en Juin 1835, par V. Daunay. MAHSD, no inv. na 808 ; papier, encre, lavis ; 27 x 20 cm.

De nombreuses vues de la façade de l’église abbatiale figurent les habitations civiles qui bordent la place. Leur étude comparative permet de vérifier l’authenticité de chacun de ces documents. Aujourd’hui, seule une partie des immeubles de la bordure méridionale de la place est conservée. En l’état actuel de la recherche, il est difficile de dater avec précision la construction de ces maisons, mais les caractéristiques architecturales et la décoration de la plupart des façades invitent à les situer au XVIIe et surtout au XVIIIe s.
cl. E.J./UASD
FIG. 265 – La place d’Armes (ancienne place Panetière) vers 1882, vue de l’alignement nord des façades ; photographie anonyme.

Pendant la période qui sépare la vue précédente de cette photographie, au moins deux immeubles ont été réunis derrière une façade reconstruite et deux autres maisons ont été surélevées. Au premier plan, la maison d’angle se caractérise par une façade dissymétrique qui pourrait s’expliquer par le jumelage de deux maisons, attesté dans le terrier de 1740‑1748.
cl. EJ./ UASD
704Aussi n’est‑il pas surprenant qu’à l’occasion des foires et marchés, l’activité commerciale déborde dans les rues avoisinantes dont plusieurs débouchent sur la place en s’ouvrant en éventail (rue de la Cordonnerie, rue de la Fromagerie). En 1435, on nous signale des étals en la [rue de la] Poissonnerie et, en 1438, on cite la borne du marché aux fromages (AN, LL 1212). Le « Livre vert de Saint‑Denis » nous apprend que les maisons donnant sur la place étaient louées à des marchands pendant toute la durée des foires et des marchés (doc. 87). Il convient aussi de rappeler l’existence de la table de mesure à l’entrée de l’église abbatiale (fig. 44).
705Parallèlement à son rôle commercial, la place Panetière a une fonction politique et administrative. En effet, à l’opposé du parvis de l’église abbatiale sont établis le Châtelet, les prisons ou geôles et le pilori (fig. 229, 263).
4.4.5.1 Les halles
706– 1229‑1230 : des charpentiers édifient une nouvelle halle ; on recouvre les anciennes et l’on élève un mur entre les deux halles (doc. 39).
– 1231 : Jean Galant lègue 200 livres destinées à construire les halles de Saint‑Denis (Lebel 1935b : no 571).
– seconde moitié du xiiie s. : vente d’étals à la halle aux pains de la place Panetière (AN, LL 1159 : 14 ;
707Lebel 1935b : no 1081).
708– 1275 : le 25e miracle de Saint Louis cite « la hale qui est en mi la place devant l’eglise de Saint Denis » (Saint‑Pathus, Fay 1931 : 83).
– 1321‑1322 : réparation des halles à la laine : Pro hallis lane reparandis, xiiii lb. (AN, LL 1241 : f°17).
– 1323‑1324 : nouvelles réparations de ces mêmes halles : Pro reparatione hallarum ad lansan, vii Ib. (AN, LL 1241 : f°34v°).
– début du xve s. : le « Livre vert de Saint‑Denis » cite : les loges de la halle à la laine ; les étals de la halle des toiles ; la halle des drapiers ; la halle aux pelletiers, lingers et fripiers ou les étals aux fripiers et pelletiers en la halle Saint‑Denis ; la halle aux poids ; la halle aux sueurs, cordonniers et savetiers (doc. 86, 88, 89).
– 1444 : Charles VII rétablit la foire du Lendit à l’intérieur du bourg de Saint‑Denis où sont « deux belles grans halles couvertes « ; les religieux avaient « fait mectre a point lesdites halles et faire plusieurs loges et logeis emmy ladite place de la Panthiere pour y logier et recevoir les marchans et leurs marchandises » (Lombard‑Jourdan 1987 : 329‑330, d’après AN, K 931).
– 1487 : côte à côte se trouvent la halle de Beauvais, la halle d’Abbeville, la halle de Rouen et les halles découvertes ; on mentionne également la halle au cuir (doc. 93).
– 1556 : Henri II autorise les religieux à faire construire halles, loges, bancs et étals (doc. 94).
– 1567 : les quatre portes de la halle au blé (AN, LL 1254).
– 1568 : un compte de réparations cite les halles de Rouen, aux Porcherons, aux cuirs et aux « blanchets » ; on fait murer les deux grandes portes des halles aux cuirs et des halles aux « blanchets », ainsi que les portes et ouvertures du préau près du Châtelet pour y loger les marchands de la foire du Lendit (doc. 95).
– 1571 : une partie des foires du Lendit et de la Saint‑Denis se déroule dans les halles mitoyennes de Beauvais (dite également au blé) et de Rouen ; cette dernière longe la rue du Pilori ; elles ouvrent toutes deux par‑devant sur la place Panetière et par‑derrière sur le préau (doc. 96).
– 1575 : Belleforest montre deux pignons côte à côte légendés : « Les hales où se vend le blé » (fig. 177).
– 1592 : des démolitions sont signalées dans les halles au blé et dans le préau (AMSD, GG 4).
– 1689 : procès‑verbal des réparations des halles aux Fosses et des halles au blé (doc. 98).
– vers 1854 : suppression des halles anciennes et construction de quatre halles métalliques sur la place du Marché (actuelle place Jean‑Jaurès).
– 1890‑1893 : les halles sont transférées à l’emplacement de la maison de répression, là où subsiste toujours la grande halle (fig. 289).
Document 93
La foire de la Saint‑Denis en 1487.
- 50 Evêque de Lombes : Jean [III] de Villiers, abbé de 1474 à 1499.
Les intitulés des recettes de la foire de la Saint‑Denis pour Monseigneur l’évêque de Lombes, abbé de Saint‑Denis50, évoquent, autour de la place Panetière, au moins six halles, dont une découverte. Les loges sont disposees en rues. Sur la place, on retrouve le puits, la croix et le pilori (doc 39) et probablement un ruisseau. Le tableau est complété par le Châtelet, une boucherie et les maisons, dont l’hôtellerie du Cheval Rouge.
Source – AN, LL 1312.
[f°22] Et premièrement en saillant de l’eglise monseigneur Sainct‑Denis a main senestre Jusques a l’ostel de feu [Hebert] y a sept loges
[suit la liste des propriétaires].
De l’autre costé a main destre y a quatre loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°22v°] En la rue devant l’ostel feu Jehan Hebert devers Paris y a un loges
[suit la liste des propriétaires].
De l’autre costé de ladite rue y a cinq loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°23] Rue du Puys devers Paris y a cinq loges [en marge : Merciers]
[suit la liste des propriétaires].
Desvers la croix y a six loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°23v°] Autre rue de ce mesmes reng qui est la rue des meuniers y a six loges
[suit la liste des propriétaires].
De l’autre costé de ladite rue le desvers le Cheval Rouge y a viii loges
[suit la liste des propriétaires].
[f°24] Rue des Teppissiers oultre le russeau jusques au pillory du costé de la boucherie y a dix loges desvers Paris
[suit la liste des propriétaires].
De l’autre costé y a huit loges [suit la liste des propriétaires], [f°24v°] Pelletiers de Paris regardans l’ostellerie du Cheval Rouge et desvers Paris
[suit la liste des propriétaires de dix loges, la dernière contre le pillory].
[f°25] Loges depuis le pillory jusques au Chastellet Joignent les halles couvertes
[suit la liste des propriétaires de dix‑neuf loges],
[f°25v°] Pelletiers d’Orilhac es halles couvertes dos vers Sainct‑Denis et la ruelle et y a xvii loges [suit la liste des propriétaires],
[f°26] En l’autre costé de ladite halle le dos vers les pilliers y a xvii loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°26v°] Halle de Beauvays dos contre la pelleterie y a xvii loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°27] De l’autre costé de ladite halle adossé contre la halle d’Abbeville y a xvii loges
[suit la liste des propriétaires],
[f°27v°] Halle d’Abbeville contre la halle de Beauvays
[suit la liste des propriétaires de vingt loges],
[f°28] De l’autre costé de la halle contre la halle de Rouen
[suit la liste des propriétaires de dix‑huit loges],
[f°28v°] Halle de Rouen adossée contre la halle d’Abbeville
[suit la liste des propriétaires de dix‑huit loges],
[f°29] De l’autre costé de la halle dite de Rouen adossé contre le mur des halles descouvertes
[suit la liste des propriétaires de dix‑huit loges],
[f°29v°] Halles descouvertes rue premierede Chastellet
[suit la liste des propriétaires d’environ cent quatorze loges].
[f°32] Rue devant le pillory où soulloit estre la lingerie et de present pelletiers de Paris
[suit la liste des propriétaires de dix‑huit loges],
[f°32v°] la halle au cuir
[suit la liste des propriétaires de six loges].
FIG. 266 – Vue du portail de l’église Saint‑Denis, par H. Courvolsier (1757‑1830), début XIXe s. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 6 ; gravure de Mercier

Cette vue nous montre les étals au début du XIXe s. À gauche, on distingue un pignon de la halle au blé.
© cl. BNF, Paris
Document 94
Henri ii ordonne à tous les marchands du Lendit de vendre dans les halles de la ville de Saint‑Denis, novembre 1556.
En novembre 1556, Henri II transféra définitivement le Lendit à l’intérieur de la ville. Après avoir rappelé les raisons de ce transfert, essentiellement relatives à la sécurité des marchands, le roi expose les avantages que procure la ville de Saint‑Denis pour l’implantation de la foire intra‑muros.
Source – Doublet 1625 : 1176.
(...) Pour obvier ausquels inconveniens et incommoditez dessusdites, et pour le grand bien, proffit, utilité, et commodité de noz subjetcts, et seureté des Marchans et de leurs marchandises, est tres requiz et necessaire translater et transférer ladite foire du Landy en ladicte ville de sainct Denis, longue et spacieuse, où il y a halles et autres lieux vagues, bien propres et commodes pour tenir icelle foire. Nous pour ces causes, et autres bonnes et raisonnables considérations à ce nous mouvans, et ayans sur ce eu l’advis des gens de nostre Privé Conseil, avons de nostre certaine science, plaine puissance, et auctorité Royal, ordonné et ordonnons, voulons et nous plaist que ladite foire du Landy soit translatee et transferee, et laquelle nous translatons et transferons en l’enclos de ladite ville sainct Denis, où nous l’avons par tant que besoing serait, de nouvel creée, erigee, et establye, creons, erigeons, et establissons, pour y estre doresnavant et à tousjours tenuë et continuee aux mesmes Jours, et pour tel temps qu’elle a accoustumé tenir audit champ du Landit, et que tous Marchans et autres y puissent aller et venir, vendre, trocquer, et eschanger, toutes sortes et manieres de marchandises avecq tels privileges, franchises, exemptions, libertez, etdroicts, dont ilz ont cy devant, et dés le commencement de l’establissement de ladicte foire audict champ du Landy, Joüy et usé, permectant auxdicts Abbé, et Religieux, et Convent faire construire, bastir, et édifier en ladite ville de sainct Denis, halles, loges, bancs, estaulx, et autres lieux propres et commodes pour tenir ladite foire, outre celles qui y sont jà basties et edifiees, esquelles lesdicts Marchans seront tenus amener leurs marchandises, et les y vendre et debiter durant le temps de ladicte foire, et non ailleurs, ne és maisons et boutiques des habitans de ladite ville sainct Denis, (...)
709.
Document 95
Compte de réparations effectuées dans l’abbaye, dans la ville et au Lendit, en 1568.
Un an après que les huguenots eurent mis à sac la ville et le monastère de Saint‑Denis, ce compte de réparations –effectuées essentiellement par des artisans de Saint‑Denis –contient des indications intéressantes sur les bâtiments de l’abbaye (clôture, logis et jardin de l’abbé, chapitre et parlement des moines, église et chapelle Saint‑Hippolyte) et les bâtiments d’exploitation (grange, pressoir et caves). Les différentes halles de la place Panetière sont énumérées : halles de Rouen, aux Porcherons, aux cuirs, aux « blanchets » (étoffes blanches).
Source – AN, LL 1254 ; texte collationné par C.B.
- 51 Estoffe : matière, fourniture.
[f°308] 1568 : Réparations faictes par plusieurs artizans l’an de ce compte
Reparation pour le faict de massonnerye.
Payé a Leonard Cousin, maître maçon, demourant a Sainct‑Denis la somme de 25 l.t. pour la massonnerye et estoffes51 par luy fournyes a la refection de la granche du pont de devant l’ostel. Payé au soubz voyer de ladite abbaye la somme de 118 s. 4 d.t. pour plusieurs partyes par luy faictes et ses aydes a estoupper plusieurs huysseries et troux en ladite abbaye.
Payé audit Nicolas Caubert, soubz voyer, et Jacques Morin, massons, demourans audit Sainct‑Denis, la somme de 24 l. 15 s. pour avoir par eulx et leurs aydes faict la massonnerie des victres
[f°308v°] et sieges du chappitre, la massonnerie des sieges du parlement de ladite abbaye et reparer en aulcuns endroietz la chambre, gardrobbe et salle du logys de monseigneur.
Payé a Leonard Cousin, maçon, la somme de 9 l.t. sur et tant moings des ouvraiges faictes par luy a murer les deux grandes portes et quatre huys estans au preau pres le chastellet affin de loger les marchans des foires du Lendict a Sainct‑Denis tant pour matières que peines d’ouvrier.
Payé audit Cousin la somme de 40 s. t. sur ses sallaires d’avoir muré la grand porte de la granche du Lendict aux champs, l’huysserie de la tournelle et les fenestres du logys dudit Lendict pour mectre a seuretté la charpenterye esdlcts lieux.
Payé a Denis Hamec, marchant, bourgeoys de Sainct‑Denis, la somme de 4 I. 15 s. t. pour troys quartz de plastre en pouldre a faire lesdietz ouvraiges.
Payé a Valentin le Bret, maçon, demourant a Sainct‑Denis,
- 52 Blanchet : étoffe blanche.
[f°309] pour avoir faict la clausture de la tonnellerye, avoir fourny de plastre et peine d’ouvrier la somme de 50 s. t.
Payé a Jehan Boust, maçon, demourant audit Sainct‑Denis la somme de 4 I. 10 s. t. pour avoir muré de grosses reparations de massonnerye et fourny de plastre, une grande porte et une huysserye allant a la cousture pour seuretté de ladite abbaye.
Payé audit Bout, maçon, la somme de 102 s. t. pour avoir meuré deux grandes portes des halles aux cuyrs et des blanchetz52, ung huys estant esdictes halles, rehaulsé la muraille et fourny de toutes matieres.
Payé audit Valentin le Bret demourant audit Sainct‑Denis la somme de 60 s. t. pour avoir bouché et estouppé de massonnerye une huysserye estant en la salle d’embas du logys de monseigneur et scellé plusieurs huys du viel logys de monseigneur, muré une porte estant au dortoir pour empecher d’aler au comble de l’eglise de ladite abbaye.
[f°309v°] Payé a Ythier Norme pour avoir muré la grande porte du verger et fenestres de la sallette du jardin de monseigneur la somme de 30 s. t. (...)
[f°310] Paveur Payé a Jehan Vaupail, paveur, demourant a Sainct‑Denis, la somme de 100 s. t. pour avoir par luy repavé le pont de devant l’hostel Dieu audit Sainct‑Denis. Payé audit Vaupail pour avoir repavé le pont de Baseschallatz, fournir de toutes matiere et peine d’ouvrier la somme de 4 l. 10 s. t.
- 53 Ais : planche.
- 54 Recoustrer, recouvrer : rétablir, réparer, remettre en état.
[f°310] Charpentier Payé a Pierre Callller, eyeur d’aiz53, pour avoir cyé soixante‑neuf toises d’aiz a raison de deux solz six deniers chacune toise a employer a la refection des sieges du chappitre, parlement et aultres lieulx la somme de 8 1. 12 s. t.
Payé audit Menessier, charpentier, pour ses sallaires d’avoir racoustré54 le chappitre, et parlement la somme de 6 l.10 s. t. Payé audie Menessier pour la reffection du pressoir, le pont de Baschallatz, le pont de l’enfermerye et pont levys de ladite abbaye la somme de 24 l. t. Payé a Quentin Gasteau, procureur de Tremblay, pour vente et delyvrance de bois a faire les ouvraiges susdictes et le pressoir de ladite abbaye la somme de 74 I. 10 s. t.
Payé audit Menessier, charpentier, pour la charpenterye de la tournelle au dessus de la vys qui mene aux grenyers sur la porte et entree de la dite abbaye et du comble du dessus de la fontaine du cloistre la somme de 10 I. 10 s. t.
- 55 Rehune, probablement dérivé de hune : plateforme.
[f°311] Payé audit Menessier pour ses saillaires d’avoir racoustré la charpenterye de la couverture de l’escallier des enfermeryes de ladite abbaye et l’abbataige qu’il convint faire et fourny ung potheau neuf la somme de 10 l. t.
Payé audit Menessier pour avoir estayé deux planchés de la ferme de Vauboulon, mys deux sablyeres soubz oeuvre, renhuné55 tout de neuf les cloches a sonner vespres, avoir fourny de bois, avoir faict la charpenterye du comble du cabinet du viel corps d’hostel de monseigneur, avoir estayé deux poultres et mys deux potences par dessoubz oeuvre en l’estable des chevaulx de harnois et faict deux cloisons es grandes caves de la dite abbaye pour separer les vins de monseigneur et de ses relligieulx la somme de 31 I. 15 s. t.
Payé audit Menessier la somme de 24 I. 5 s. t. pour une porte a l’entree des halles a l’endroict de la lingerie, une demye porte a la dite halle aux blanchetz, ung huys au chastellet, quatre toises de chevrons delyvrez au couvreur, une potence au puys du jardin de monseigneur, avoir fourny et mys une sabliere a soustenir le plancher de la chambre du portier seculier.
- 56 Portes latérales du jubé de l’église abbatiale
[f°311v°] Couvreur Payé a Mathurin Hubert, maître couvreur, demourant a Sainct‑Denis, la somme de 200 1.1 s. t. pour matières et peine d’ouvrier d’avoir racoustré la couverture de l’eglise de ladite abbaye, comble du dortoir, de la fontaine, de l’apentys de devant les portes rouges56 de la chapelle de Sainct‑Ypolite, des greniers, de l’entree de la dite abbaye, de la couverture de la montee de l’enfermerye et comble d’ycelle.
Payé audit Hubert la somme de 100 s. t. pour achepter cloud, latte, thuille et plastre necessaires pour servir a recouvrir le pavillon de l’enfermerye.
Payé audit Mathurin Hubert, couvreur, la somme de 7 l. t. pour ses peines et vaccations d’avoir recharge et racoustré la noue du viel logys de monseigneur, fourny de cloud, latte, plastre et autres matieres.
Payé audit Hubert la somme de 44 I.
- 57 Parpaler : payer intégralement.
- 58 Veue : ouverture.
[f°312] 15 s. t. faisant la parpaye57 de la somme de 120 I. 15 s. t. qui estaient deubz audit Hubert pour ses partyes pour ouvraiges faietz de son dit estat en ladite abbaye par ordonnance de maitre Claude Foucques, architecte de mondit seigneur.
Payé audit Hubert pour reparations de couverture faictes au logys de monseigneur la somme de 60 s. t. Payé audit Hubert la somme de 4 I. 12 s. t. pour avoir faict des veues58 a la halle des Porcherons et icelles remises et avoir rechargé deux travees de la couverture [des halles de] Rouen a servir aux foires du Lendict a Sainct‑Denis.
Document 96
Les foires de la Saint‑Denis et du Lendit sur la place Panetière et dans les halles, en 1571‑ 1572.
Traditionnellement, la foire de la Saint‑Denis, qui commence le 9 octobre, se déroule sur la place Panetière et dans les halles. Depuis 1556 s’y tient également, au mois de juin, la foire du Lendit. La recette des deux foires en 1571 permet un repérage topographique des loges disposées en rues ou en halles. Le quint‑prieur dénombre ainsi dix rues sur la place. Dans les deux halles de Rouen et de Beauvais, les loges sont également organisées en passages. A l’arrière des halles se trouve le préau. Dans les deux foires on note un regroupement des marchands présents autour des seules activités textiles : drapiers, camelotiers, tapissiers, merciers, chapeliers, ceinturiers, lingères. Le texte permet également une esquisse géographique de leurs villes d’origine : Saint‑Denis et Paris, la Normandie avec Rouen, Darnetal, Elbeuf, Argentan, la Picardie avec Beauvais, Saint‑Quentin ; Lille et Anvers sont les cités les plus lointaines. La recette du Lendit atteste également le commerce de brebis.
Nous présentons, côte à côte, le registre de la foire de la Saint‑Denis et celui du Lendit, qui sont complémentaires car la disposition des loges dans les deux foires ainsi que le circuit du quint‑prieur sont quasiment identiques.
Source – AN, K 932 : no 16 ; texte collationné par C.B.
[f°1] Et premièrement les noms de ceux qui tiennent les loges de ladicte foire Sainct‑Denys, 1571.
[f°1v°] Les loges adossee contre le parvy de ladite église :
[5 loges à deux chapeliers et trois chaudronniers].
Pres la porte du parvy :
[5 loges à deux chapeliers et trois chaudronniers],
[f°2] Rue vis a vis de la grande porte de l’eglise des deux costés l’un du costé de la maison Toussainct Maheu et l’autre costé adossee contre la croix de la Pantiere :
[3 loges à un tapissier ; 1 loge à un ceinturier ; 3 loges à trois merciers ; 1 loge à Martin du Paroy ; 1 loge à un potier d’étain],
L’austre costé vers la croix de la Pantiere :
[4 loges à deux tapissiers et 4 loges à quatre merciers],
[f°2v°] Seconde rue vers Paris pour les merciers adossee contre la + [croix] de la Pantiere d’un costé et l’aultre vers Paris :
[5 loges à quatre merciers ; 1 loge à J. Boirel ; 1 loge à J. Daniel],
L’aultre costé vers Paris : [6 loges à des merciers],
[f°3] Troisiesme rue vers Paris, pour les camelotiers d’un bout devant la maison du Pot d’Estain :
[5 loges à cinq camelotiers ; 1 loge à métier non indiqué],
L’aultre costé vers Paris :
[4 loges à quatre camelotiers ; 1 loge vide ; 1 loge à Jehan de La Mare, verrier],
[f°3v°] Quatriesme rue vers Paris devant la maison Me Laurent Hebert et la maison Sainct‑Martin pour les camelotiers :
[5 loges à cinq camelotiers],
L’aultre costé de ladite rue :
[3 loges à trois camelotiers ; 1 loge à métier non indiqué].
[f°13] Et premièrement les noms de ceux qui tiennent les loges de ladicte foire du Landit, 1571 [v. st.].
[f°13v°] Les loges adossee contre le meur de l’eglise monsieur Sainct‑Denis :
[5 loges à trois chaudronniers et deux chapeliers],
+ [croix] Le passage :
[2 loges à un chaudronnier et un vendeur d’images].
Contre la Maison Rouge :
[3 loges dont 1 vide, à un chaudronnier et un chapelier],
[f°14] Les loges des merciers qui la premiere rue devant l’eglise :
[10 loges à dix personnes dont un chapelier, un tabletier, une lingère, deux merciers et une personne de Saint‑Denis],
[f°14v°] L’aultre costé de ladite rue des merciers contre la croix :
[8 loges à huit merciers],
[f°15] La petite rue des merciers vers l’hostel‑Dieu :
[6 loges à cinq merciers et 1 loge à un bonnetier],
L’aultre costé de ladite petite rue des merciers :
[6 loges à cinq merciers],
[f°16] La premiere rue des guamelotiers d’Amiens
[6 loges à six personnes],
[f°16v°] L’aultre costé de ladite rue de camelotiers d’Amiens :
[6 loges à six personnes],
[f°17] La petite rue des camelotiers d’Amiens :
[4 loges dont 2 vides].
L’autre costé de ladite rue :
[5 loges à cinq personnes].
[f°4] La Ve rue vers Paris devant l’Espee en la maison de l’Asne Raye :
[3 loges à un vendeur d’image],
La VIe rue devant le Pot d’Estain assise en la place des poissonnières :
[1 loge à Hugues Le Duc ; 1 loge à un vendeur de foire ; 1 loge vide].
Espace des loges qui ne sont dressée devant le Chapt [Chat] :
[5 loges à quatre drapiers],
[f°4v°] La viie grand rue devers le Chasteau de Panthoise adossee d’un costé et d’aultre adossee vers l’Escu de France :
[4 loges à un tapissier ; 2 loges vides ; 2 loges à un drapier ; 2 loges à un drapier],
L’aultre costé vers l’Escu de France :
[6 loges à deux tapissiers ; 2 loges à J. de La Planche ; 2 loges à J. Baillet],
[f°5] Les loges adossee contre le pilory :
[3 loges à un tapissier ; 1 loge à un drapier],
La viiie grand rue adossee vers le Chapt :
[5 loges à trois drapiers],
La ixe devant l’Ours et le Lion :
[4 loges à quatre vendeurs en gros].
Les loges devant le Paon et Cheval Rouge, xe rue :
[3 loges vides ; 4 loges à métiers non définis].
[f°5v°] Les loges du costé et d’aultre pres la premiere porte des halles de Beauvais qui est l’onziesme :
[3 loges à Jehan Segnart],
Les loges devant l’Espee et la Teste Noire :
[1 loge à Henry Loste ; 2 loges à Gabriel Ratel « de Envers « vendeur de chamois].
Les loges devant le Pot d’Estain et Hugues Le Duc :
[2 loges à deux personnes ; 1 loge vide],
[f°18] Les loges devant le Chat le Chasteau de Pontoyse :
[un vendeur de forces qui a vendu dans la maison du Chat et 3 loges vides],
[f°18v°] La grand rue des tapissiers de Paris :
[4 loges à un tapissier, 1 loge vide, 3 loges à un tapissier, 2 loges à un tapissier],
L’aultre costé de ladicte rue des tapissiers :
[3 loges à un tapissier, 4 loges vides et 3 loges à un tapissier],
[f°19] La rue devant le pilory et par derrière devant le Chat :
[8 loges à trois drapiers].
Le tour du pilory :
[3 loges à un tapissier ; 2 loges à un drapier],
[f°20] Les loges devant l’Ours et le Lyon pour le marchans de Senepoy :
[4 loges à quatre drapiers ; 1 loge vide],
[f°20v°] Les loges devant le Paon pour les drapiers de Foncarmons :
[7 loges dont 1 vide à sept personnes],
[f°19v°] Les loges contre la halle au bled aultrement dict Beauvais :
[3 loges à Jehan Segnard drapier],
L’aultre costé devant Sequart :
[3 loges à G. de La Planche],
L’aultre costé près ladite porte de Beauvais :
[5 loges à un drapier de Paris ; 2 loges à Mathurin Laurent],
Pres la porte de Rouen contre la porte de Beauvais :
[2 loges à un drapier de Rouen ; 2 loges à un drapier de Paris],
[en marge : L’aultre costé près la seconde porte qui est aupres du Chastellet adossee contre le Paon dudit Chastellet
[2 loges à Robert Jehan de Rouen ; 2 loges à Guillaume Droin].
[f°6] Les halles de Rouen :
[6 loges à un drapier ; 2 loges à Jehan Botault de Rouen ; 6 loges à Ysaac Jehan ; 4 loges à Jacques Dosne de Rouen ; 2 loges à Michel Beseux],
[f°6v°] De l’aultre costé de ladite halle de Rouen par le mileur :
[6 loges à trois personnes de Lisieux et de Rouen],
Passage + [croix] :
[5 loges à Pierre Servil de Rouen ; 2 loges à Jehan Servil de Rouen ; 6 loges à Guillaume Vezeul],
[f°7] L’aultre costé du mileur tenant au pil lier de ladite halle de Rouen :
[19 loges à quatre personnes de Rouen],
[f°7v°] Le quatriesme costé de ladite halle de Rouen :
[12 loges à cinq personnes de Rouen],
La porte allant au preau devant Richard Lheureux :
[6 loges à Pierre Jehan de Rouen],
[f°8] Les loges es halles de Beauvais :
[16 loges à quinze personnes de métier non indiqué, dont une de Sencepon, une d’Aumale, une d’Argentan],
[f°8v°] Pres la porte fermee de ladite halle de Beauvais a l’Escu Persé :
[8 loges à six personnes dont une d’Aumale],
Passage + [croix] :
[7 loges à six personnes dont
Entre les deux portes Beauvais et Rouen sous la goutiere + [croix] :
[3 loges à un drapier, 4 loges à un drapier].
Pres la derrière porte de Rouen :
[4 loges à un drapier ; 2 loges à Robert Picquet et Jehan Cachery drapier de Rouen pour les loges contre le parvis du Châtelet ; 2 loges vides],
[f°23] La halle de Rouen contre la muraille de la halle de Beauvais :
[20 loges à cinq personnes dont une de Rouen],
[f°23v°] L’aultre costé de ladite halle par le milleur :
[6 loges à trois personnes].
Le passage :
[6 loges à Pierre Serville ; 1 loge à Jehan Bocguetel ; 6 loges à Guillaume Vezeul],
[f°24] L’aultre costé par le milleur de ladite halle de Rouen :
[13 loges à trois personnes],
+ [croix] Le passage :
[6 loges à une personne],
[f°24v°] L’aultre costé :
[6 loges à Pierre Jehan],
+ [croix] Le passage :
[13 loges à trois personnes],
[f°21] Les loges couvertes a la halle de Beauvais pres la muraille contre le pavé :
[15 loges à quinze personnes dont trois d’Aumale, une de Blangy, une d’Argentan],
[f°21v°] L’aultre costé de ladite halle par le milleur :
[8 loges à six personnes dont deux d’Argentan et deux d’Aumale],
+ [croix] Le passage :
[6 loges à six personnes dont trois une de Beauvais et une de Blagny],
[f°9] L’aultre costé de ladite halle pres les pilliers :
[7 loges à dix personnes dont une de Beauvais],
Passage + [croix] :
[8 loges à neuf personnes],
[f°9v°] L’aultre costé près la porte entrant au preau pour les loges de Beauvais pres la muraille :
[16 loges à dix‑huit personnes, sans qualification ni origine indiquées],
[f°10] Les loges du preau pres la porte des halles de Beauvais et de Rouen pour les lingeres
[2 loges vides, la première près de la muraille ; 22 loges à vingt‑deux personnes dont une de Saint‑Martin et une de Beauvais, métiers non indiqués],
[f°10v°] L’aultre costé de ladite rue du preau pour les lingeres devant ladite porte :
[20 loges, dont 4 vides, à treize personnes dont une de Paris, une de Lille et un tapissier],
[f°11] Loges adossee contre la muraille de la tannerye pres la porte du poix pour les doublures d’Amiens :
[2 loges à un tapissier de Paris, 5 loges à cinq personnes dont deux d’Amiens]. Espace de douze loges qui ne sont dressees.
L’aultre costé devant Rayault :
[3 loges vides ; 5 loges à cinq personnes].
[f°11v°] Entre les portes de Beauvais sont quatre loges dressée qui ne sont contez que pour troys solz la goutiere :
[3 loges vides].
Pour quatre loges adossee entre la porte de Beauvais et de Rouen dans le preau :
[4 loges à Jacques Dannaz de Rouen],
Pour troys loges pres la derniere porte dans le preau pour ceux de Rouen :
[3 loges à Pierre Jehan de Rouen],
[f°12] Les loges pres la petite
de Beauvais].
[f°22] L’aultre costé par le meilleur :
[8 loges à huit personnes dont une de Saint‑Luceray],
+ [croix] Le passage :
[7 loges à sept personnes],
[f°22v°] L’aultre costé contre la muraille de halle de Rouen :
[15 loges à quinze personnes dont une de Saint‑Quentin],
[f°25] Les loges du preau pour les lingere du costé de la muraille :
[5 loges à six personnes],
+ [croix] La petite porte :
[15 loges dont 1 loge vide à treize hommes et sept femmes, une de Troyes, une de Paris],
[f°26 et 26v°] L’aultre costé de la rue des lingeres :
[environ 26 loges à vingt et une personnes dont cinq femmes, deux tapissiers, un de Saint‑Quentin ; 3 loges vides],
[f°27] Les loges contre la porte devallant au poix pour les doubluriers d’Amiens :
[9 loges dont 1 vide, 3 à Anthoine Payen « tapicier », les autres sans métier indiqué],
L’aultre costé :
[5 loges à cinq personnes dont une d’Amiens ; 1 loge vide],
[f°27v°] Entre la porte de Beauvais et la porte de Rouen :
[2 loges vides].
Pres la porte de Rouen :
[3 loges à Pierre Jehan],
Les loges contre la muraille de halle de Rouen pres le petit huis :
[5 loges à Richard Lheureux de Rouen et Pierre Jehan de Rouen pour trois loges d’avec Leureux],
Pres le petit huis de la halle de Rouen devant Leureux :
Nicolas Trenet et Gaultier Philippe porte de Rouen adossee contre la muraille desdictes halles pour les marchans de Dernetal :
[5 loges, dont une demie à Richard Lheureux de Rouen et 3 loges et demies vides].
Devant Lheureux pour les marchans de Dernetal :
[8 loges dont 3 vides, à six personnes],
[f°12v°] De l’aultre costé près la petite porte de Rouen contre l’autre costé de la muraille a costé devant Richard Lheureux :
[3 loges à deux personnes].
Les loges adossee vers le Chapeau Rouge
[5 loges dont 1 vide, à six personnes dont une de Darnetal].
Devant les loges de Robert Lain et Laiguel :
[8 loges dont 2 vides, à quatre personnes dont une de Darnetal].
[f°13] Les loges pour les marchans [de] Dernetal devant la maison de Me Jehan Bufert :
[8 loges dont 1 vide, à cinq personnes].
pour cinq loges, troys contre le petit huis et deux devant.
[f°28] Rue pour les marchans de Dernetal, devant Leureux :
[8 loges à huit personnes],
[f°28v°] Les marchant [de]
Darnetal devant Leureux et Trenet :
[4 loges à six personnes].
Devant Jaspart Fessart :
[8 loges à six personnes dont Pierre Potier],
[f°29] L’aultre costé devant Potier pour les marchant [de] Darnetal :
[8 loges à sept personnes].
Loge pour les marchant d’Albeuf pres la muraille rue de la Tannerye :
[3 loges à trois personnes dont Jacques Bonguillaume d’Elbeuf],
[f°30] Pour la recepte du fermier de bestes blanches du marcher aux g[u]estes, ensemble les arrerages et ouvriers de la Pantiere :
premierement du fermier qui tient la place au moutons du marcher aux guestes : 30 l.t.,
de l’ouvroy de la Maison Rouge : 60 s. t.,
de l’ouvroy maistre Laurent : 60 s. t.,
de l’ouvroy Guillaume Bordier : 50 s. t.,
de l’ouvroy Huguot Doubledan : 10 s. t.,
l’arrerage de Louys Petit : 40 s. t., du vendeur de cuir doré : 12 s. t., du vendeur de force : 60 s. t.,
[suivent 5 noms sans qualification],
[f°30v°] Pour les detailliers et gobletiers qui ont vendu a ladite foire :
[13 noms dont deux vendeurs de « tiretaine »].
FIG. 268 – Plan schématique des loges, dans la partie nord‑est de l’enclos de la foire (fig. 269), le 19 juin 1788. AMSD, et. 471 ; papier, encre ; 16 x 18 cm.

Alors que les murs de l’enclos sont tous construits en maçonnerie, les loges sont de bois. En 1708, la surface de chaque loge est fixée à « six pieds d’étendue en carré ». Chacune comprend un rez‑de‑chaussée surmonté d’un grenier et, plus rarement, d’un étage avec chambre. Le mobilier est constitué de comptoirs, d’armoires, de tables et de coffres (Carrara 1955).
cl. E.J./UASD
FIG. 269 – Plan des loges de la foire en 1718, à l’emplacement de l’actuelle place Jean‑Jaurès. AN, N III Seine 662 ; papier, encre, lavis ; 42 x 30 cm.

L’enclos des loges est percé de six portes et comprend quatorze rues pavées, bordées de 119 loges. En tant que propriétaire du fond, l’abbaye assure l’entretien du champ de foire et, à ce même titre, elle interdit aux usagers de « creuser la terre sous leurs loges n’y les exhausser sans permission particulièrement et expresse de l’abbaye » (ADY, D 621). Sur la gauche, sont indiqués la morgue du vieux Châtelet et l’escalier droit qui montait à l’« auditoire » établi à l’étage.
cl. P.M./ADSSD
Document 97
Contrat pour la construction de 360 loges, août 1572.
Contrat entre Pierre Manessier, charpentier de Saint‑Denis, et le procureur général de l’abbé Charles [II] de Lorraine pour construire et entretenir, pendant neuf ans, 360 loges pour les foires du Lendit et de la Saint‑Denis, moyennant 10 s. t. par loge. L’abbé paiera le transfert éventuel au champ du Lendit de ces 360 loges et fournira les matériaux pour y ajouter 300 loges.
Source – AN, K 932 : no 17 ; texte collationné par C.B.
- 59 Charles [II] de Lorraine, abbé de Saint‑Denis de 1558 à 1574.
- 60 Pléon, pillon : fragment d’épi de blé.
Pierre Manessier, charpentier, demourant a Sainct‑Denis en France, tant en son nom que comme se faisant fort en ceste partie de Jehanne Prevost, sa femme (...) Confesse avoir faict marché avec reverend pere en Dieu maistre Jacques Belleau, abbe de Chemynon, chanoine de la Saincte‑Chappelle du Palais a Paris, procureur general (...) de monseigneur le illustrissime Cardinal de Lorraine, abbé de l’eglise et abbaye monsieur Sainct‑Denis en France59, a ce present et acceptant pour ledict seigneur Cardinal et en la presence de Jehan Estienne, maistre des œuvres du Roy et voyer dudict Sainct‑Denis en France, de faire et entretenir bien et deuement par chacun an durant le temps de neuf ans commancans au jour Sainct‑Remy prochainement venant la quantité de trois cens soixante loges pour servir es foires du Lendit et Sainct‑Denis et qui seront couvertes tant d’aiz que de bardeau, rozeau et pleon60 bien et deuement comme il est acoustumé a quoy il sera tenu employer les deux cens d’aiz qui luy ont esté baillez trois ans sont ou environ par relligieuse personne frere Pierre Pichonnart, commandeur d’icelle abbaye, sans qu’il les puisse employer a aultre usaige que ausdictes loges et couvertures et le surplus du boys qu’il conviendra pour faire lesdictes loges ensemble le cloud, fil et autres choses necessaires seront fournies par ledict Manessier esdictz noms qui sera tenu faire lesdictes loges a chacune foire trois Jours devant que les marchans y arrivent sur peine de l’amende (...) et si ladicte foire du Lendit estait cy apres remise au champ du Lendit comme elle estait cy devant, mondict Seigneur le Cardinal fera a ses despens transporter lesdictes loges et fournir pour la premiere fois le boys et couvertures necessaires a trois cens loges oultre et par dessus lesdictes trois cens soixante dessus declarees (...) Ce marché faict moyennant dix solz tournois pour chacune loge qui seront payez audict Manessier en la fin de chacune desdictes foyres pendant ledit temps (...) L’an mil cinq cent soixante‑douze le mercredi neufvieme jour d’aoust.
710.
Document 98
Les halles aux Fosses, les halles au blé et des boutiques de la foire, en 1689.
Le procès‑verbal des réparations que Robert de Cotte dressa en 1689 pour les dames de Saint‑Cyr est à confronter aux plans des halles aux Fosses (fig. 270) et au plan des loges de la foire (fig. 269).
Source‑ADY, D 918.
[f°38] [en marge : halles aux fosses] Ce mesme jour [huict mars, 1689] nous estans transporté aux halles aux fosses contenants trente travées en trois combles de dix travées chacun couvert de thuisle enfermées d’une closture de murs.
Réparation
II convient faire la recherche de la couverture des trois combles avec la reffection des plastres proceddant faulte d’entretient depuis plus de dix ans pour ce 450 I.
Le rétablissement du pavé où sont les halles qui forme les ruisseaux pour ce 40 I.
A la première travée de la halle endossée contre le mur vers la petite porte une sablière trop faible et de nulle valleur il convient en mettre une de 18 pieds de long de 8 à 9 pouces de gros pour ce 18 I. Plus il convient faire une reprise en six toises de long au mur sur la rue Ste Geneviesve de la haulteur du mur construict
[f°38v°] avec moislons et plastres pour ce 104 I.
Une autre reprise au mur sur la rue du moulin attenant [rue du Moulin‑à‑Tan ?] en longueur de 10 toises sur 12 p. de hault de mesme construction que cy devant dit pour ce 200 I.
Au mur de pignon au bout de la troisiesme halle du costé de la rivière une reprise en 12 p. de long sur 15 p. de hault de pareille construction que cy devant dit pour ce 45 I.
Le rétablissement des deux portes de menuiserie fermants lesdites à halles avec leurs serrures pour ce 6 I.
Aux halles au bled en deux combles l’un à deux esgouts contenant dix travées et l’autre en appenty contenant pareilles travées.
Le comble à deux esgouts estans prest a tomber cause par plusieurs pièces de bois qui sont de nulle valleur et trop foibles et par ancienneté et les chevrons
[f°39] de trop grande espace et il convient les démonter et pour cet effect descouvrir, rétablir ledit comble et mettre les bois nécessaires et espacer lesdicts chevrons des quatre à la latte pour ce 325 I.
Pour découvrir et recouvrir ladicte halle, fournir la tuille, lattes et les reffections des plastres avec la recherche à faire à la couverture de l’appenty pour ce 550 I.
Plus il convient mettre trente de’z [douzaines] de pierre dure sous les potteaux de bois pour ce 120 I. Faire le rétablissement de la porte charttière qui entre desdictes halles aux foires pour ce 2 I. 5 s. Faire le rétablissement du pavé dans lesdictes halles et voies formant les ruisseaux fournir le pavé nécessaire pour ce 80 I. Le rétablissement des deux portes de menuiserie sur la grande
[f°39v°] place pour ce 7 I.
Le mur de face desdictes halles sur la grande place qui est de nulle valleur en la longueur de huict thoises à compris douze pieds sur la rue du Pilory construict en toutte la haulteur de moislons et plastre pour ce 172 I.
Aux foires joignans les halles dans la rue de Rouen le rétablissement du pavé en toutte la longueur et largeur pour ce 180 I.
La bouticque faisant face à la porte sur la rue du Pilory appartenant à la mense abbatial le où il convient faire le rétablissement de la fermeture pour ce 11 I.
La couverture de tuisle de ladite boutticque qu’il convient rétablir faulte d’entretient depuis plus de douze années avec la reffection des plastres pour ce 15 I.
Plus une autre boutticque vis à vis la Verrèrie, la couverture
[f°40] qu’il convient rétablir manque d’entretient depuis douze années avec la reffection des plastres pour ce 28 I.
Comme aussy le rétablissement de la maçonnerie, charpente et menuiserie de la fermeture pour ce 76 I.
Plus dans la rue de la Verrèrie une longueur de boutticque ou halles non séparée ny fermée faire le rétablissement de la couverture faulte d’entretient depuis plus de douze années avec la reffection des plastres pour ce 40 I.
La reprise au mur en 16 toises de long sur la haulteur à l’endroict desdictes boutticques ou halles construict de moislons et plastre pour ce compris les estayements 384 I.
Dans la mesme rue de la Verrèrie trois boutticques couvertes de thuisles où il convient faire une recherche faulte d’entretient depuis plus de 12 ans avec la réfection des plastres pour ce 20 I.
[f°40v°] Une autre boutticque à costé des portes sur la place qui est habandonnée par un particulier à qui elle appartient qui n’a payé aucun sous depuis dix années. Le sieur Viddron fermier demande pour ce qui lui est deub que l’adjudication lui en soitfaicte moyennant quoy il se charge de payer les redevances au seigneur et de faire rétablir la dicte boutticque qui est fors en ruine. II convient rétablir la maçonnerie, les jambages des portes sur la grande place pour ce 30 I.
Comme aussy faire le rétablissement des deux portes de menuiserie et leurs ferrures pour ce 33 I.
Dans ladite foire avons trouvé treize bouticques qu’on nous a dit estre habandonnées depuis vingt ans appartenante à differents particuliers qui n’ont payé aucun sens [sic] et qui sont fors endommagées.
Total des réparations qu’il convient faire aux halles et foires montant à la somme de deux mil neuf cens trente six livres cinq sols.
4.4.5.2 La geôle et le Châtelet
711– 1229‑1230 : la geôle de la ville est reconstruite ; l’ancienne geôle se trouvait à l’emplacement de la nouvelle halle (doc. 39).
– 1298‑1299 : les prisons sont localisées à la porte Compoise (doc. 39).
– 1465‑1466 : compte de la commanderie : « A Oudin Bertran demourans en la geolle de Chastellet lequel a fait faire certaines repparacions tres necessaires en ladite geolle autrement il ny eust pust demourer. » (AN, LL 1246 : f°197v°.)
– 1534‑1535 : les comptes de la commanderie citent l’auditoire au Châtelet (AN, LL 1302 : f°85).
– 1570‑1572 : « La somme de 11 1. 10 s. t. pour avoir recouvert d’ardoise la porte du Chastellet, et pour avoir fourny matière. » (AN, LL 1248 : f°326v°.)
– vers 1590 : l’auditoire du Châtelet est transféré dans une pièce au‑dessus de la porte de l’Abbaye (doc. 49).
– 1689 : procès‑verbal de réparation de Robert de Cotte pour le Châtelet, place Panetière : « Ce huict mars nous estant transporté es geôlle et prisons dans ladicte ville de Saint‑Denis concistans à un bastiment de quatre travées faisant face sur la place, appliqué à une cuisine, salle, passage, de deux escalliers montans à un estage carré et des greniers au dessus, d’une court close de murs, d’une escurie et appenty. Ledit bastiments de nulle valleur proceddant de caducité tombant en ruine et estayez en plusieurs endroicts estimé qu’il est inutil d’y faire aucunes réparations ne pouvant plus subcister mais de construire au dessus de la porte de la ville attenant ladicte geolle pour faire lesdictes prisons, il y conviendroit faire trois planchers l’un sur l’autre qui formeront deux estages avec un comble à deux esgouts couvert de tuilles comme aussy aux deux tourelles tenantes à ladite porte et desmolir ladite geôlle pour se servir des bons mattériaux observans qu’à l’endroict ou est l’appenty qui sert d’escurie il convient faire le logement du geôllier avec un escallier tenant aux murs de la porte de la ville et au logement à faire dudit logement, de faire un bon mur de closture sur la place depuis ladite porte de la ville jusques au mur miectoyen du voisin. Il faudroit faire une porte ou guichet servant d’entrée à ladite geôlle dans le mur sous ladite porte de ville ; pour ce estimé tant massonnerie que charpente, couverture et menuiserie serrurerie, vitrerie gros fer et pavé pour ce dix neuf cens livres. » (ADY, D 918 : f°30v°–31.)
– 1696 : l’ancien Châtelet est rétabli par Duval, architecte des dames de Saint‑Cyr (AN, LL 1228) et/ou Thévenot, architecte (Ayzac 1860‑1861, t. I : 161).
– 1769 : « Au mois d’août 1769 fut abattu le Châtelet ou geôle de la ville de St. Denis, lequel étoit placé en face de l’église de l’abbaye, près d’une loge de la foire, et attenant ladite loge qui est en retour sur la place et au bout de la susdite place. La voûte de l’arcade du susdit Châtelet étoit trop basse pour y passer les chars mortuaires des pompes funèbres qui arrivoient à l’abbaye, c’est ce qui fit que l’an dernier le convoi de la reine ne put arriver de face. On vint par la rue de la Boulangerie, laquelle est située à droite en arrivant de Paris au Pavillon Royal. » (Gautier : 58.)
– 1790 : « Dans le courant de mai 1790 ont été abbatues les ruines de l’ancien Châtelet ou geôle de la ville de St. Denis, lesquelles étoient restées depuis la démolition du susdit Châtelet en l’année 1769. On a bâti provisoirement dans le susdit emplacement. Il y fut bâtie par suite une maison. » (Gautier : 198.)
– 1820 : un retranchement de la rue Compoise fait disparaître la morgue, située au sud de l’escalier droit qui monte à l’« auditoire » (fig. 269).
– 1840 : « Cette prison est située à l’endroit où existait autrefois ce qu’on nommait le Châtelet qui était placé au coin des rues Compoise et Poisonnière [sic], vis‑à‑vis les loges des foires. On y voyait une arcade, les tribunaux étaient au‑dessus de cette arcade. Vis‑à‑vis la prison actuelle était placée la Morgue. On aperçoit encore d’anciens murs, et une porte murée par laquelle on montait aux tribunaux. Les bâtimens sont tels qu’on les voyait en 1806. On remarque encore dans l’intérieur, un banc de pierre avec quatre anneaux scellés. C’est sur cette pierre qu’on mettait les prévenus à la torture. C’est le concierge actuel nommé Baudoux, de qui je tiens les renseignemens, qui a arraché les anneaux et les bancs » (Flamand‑Grétry 1840 : 197‑198).
– vers 1854 : l’îlot est supprimé.
FIG. 270 – « Projet d’un canal à construire à Franclade... » entre la place Voltaire (ancien carrefour Sainte‑Geneviève [cf. supra § 4.4.3]) et le Croult, septembre 1794. AN, F14188/5 ; papier, encre, aquarelle ; 47 x 35 cm
![FIG. 270 – « Projet d’un canal à construire à Franclade... » entre la place Voltaire (ancien carrefour Sainte‑Geneviève [cf. supra § 4.4.3]) et le Croult, septembre 1794. AN, F14188/5 ; papier, encre, aquarelle ; 47 x 35 cm](docannexe/image/42573/img-133-small517.jpg)
La construction de ce canal fut rendue nécessaire par la suppression de l’égout d’origine médiévale (fig. 253). Le plan indique partiellement les halles aux Fosses ou les « Fosses de la foire », décrites dans le procès‑verbal des réparations de Robert de Cotte (doc. 98).
cl. P.M./ADSSD
FIG. 271 – La maison des Quatre Fils Aymon, le second hôtel de ville, avant sa démolition, en 1882.

Pour administrer la ville, l’abbaye crée une multitude d’offices, qui vont du bailli aux sergents (doc. 60). L’hôtel du bailliage se trouvait rue du Sauger (fig. 251). Depuis la seconde moitié du XVIIe s., le bailli est assisté par des échevins qui, à partir de 1720, sont élus conformément à un arrêt du Conseil d’État. Dès 1733, l’assemblée, constituée des représentants du clergé, des marchands et des artisans de la ville, se réunissait place Panetière, dans l’hôtel de ville établi en la maison à l’enseigne du Lion (fig. 267). En 1747, le bailli est remplacé par le maire. En 1788, l’hôtel de ville menace ruine ; pour le remplacer, la municipalité achète en 1791 la maison voisine, à l’enseigne des Quatre Fils Aymon. La date précise de construction de cette maison est inconnue mais l’encadrement des fenêtres et la décoration invitent à situer l’édification de la façade dans la première moitié du XVIIIe s. En 1740‑1748, elle est habitée par Pierre Bouchard, écuyer gentilhomme de la vénerie du roi. Le terrier de 1740‑ 1748 précise que ce grand bâtiment comprenait, anciennement, trois maisons : celles des Quatre Fils Aymon et du Cheval Rouge, toutes deux sises place Panetière, et une autre habitation ouvrant sur la rue de la Fromagerie (AMSD, GG 54).
Photographie, collection Pierre Douzenel
FIG. 272 – La maison des Quatre Fils Aymon en 1791.
a – Plan du rez‑de‑chaussée, levé par Pierre‑Maximilien Besche en 1791. AMSD, et. 900 ; papier, encre, aquarelle ; 50 x 69 cm.
b – Projet de façade, par Pierre‑Maximilien Besche en 1791. AMSD, et. 900 ; papier, encre, aquarelle ; 23 x 33 cm.

En 1791, Pierre‑Maximilien Besche, i’architecte qui surveille les travaux d’installation du nouvel hôtel de ville, lève un plan qui nous restitue le rez‑de‑chaussée du logis principal, avant les transformations : de part et d’autre d’une allée centrale, deux salles –comprenant chacune une cheminée– ouvrent sur la façade. En arrière, on distingue trois pièces dont une cuisine. Côté cour, deux escaliers, l’un tournant et l’autre droit, s’adossent au corps de bâtiment. Le premier surmonte la descente à la cave voûtée en berceau, le second est proche des lieux d’aisance. Les deux étages comportent, chacun, deux grandes chambres à cheminée donnant à la fois sur la place et la cour. Ce même architecte présente un projet d’aménagement de la façade comprenant un balcon porté par une colonnade et cinq mansardes ; Il ne fut pas exécuté (fig. 271) (Lombard‑Jourdan 1980b).
cl. E.J./UASD
4.4.6 La grande et la petite boucherie
712Depuis l’époque de Suger, l’infirmier de l’abbaye était le principal bénéficiaire des redevances prélevées sur les bouchers de Saint‑Denis (doc. 54). Dans le « Livre vert de Saint‑Denis », nous trouvons le règlement auquel ils étaient assujettis (doc. 86).
713La grande boucherie est sise en la rue de la Boulangerie. Cette activité y est attestée depuis le xiiie s. par la présence de la porte de la Boucherie (fig. 215) et remonterait à l’époque carolingienne d’après les observations archéologiques. En effet, plusieurs milliers d’ossements animaux ont été découverts dans les alluvions des fossés de l’enceinte carolingienne, (UASD 1987 : 8‑40). L’étude d’une importante sélection de ces ossements permit d’identifier un dépotoir de boucherie, à savoir des rejets d’ossements correspondant à « la chaîne opératoire qui débute avec l’abattage, passe par la découpe de gros et se termine avec la transformation du corps de l’animal en masses de viande prêtes à la vente après une dernière découpe de détail » (Yvinec 1990). Toutefois, les sources écrites ne connaissent pas d’étals à la grande boucherie avant le xve s. et il semble plutôt que la vente de la viande s’effectue en la halle aux bouchers sur la place Panetière (doc. 93).
714La boucherie de la terre Saint‑Marcel, qui prendra le nom de petite boucherie, est d’origine plus récente. L’acte de 1205 stipule, en effet, que ce faubourg ne doit pas avoir de boucher (doc. 77). Aussi, en 1338, l’abbaye condamne‑t‑elle un boucher qui s’était fait pourvoir, par le roi, d’un étal rue Saint‑Marcel (Lebel 1935b : no 2000). Ce n’est qu’à partir du xive s. que l’établissement de la petite boucherie est attesté rue Compoise, à côté du pont sur le ru de Montfort (AN, S 2354) (fig. 274, 275).
FIG. 273 – Plan de la grande boucherie, rue de la Boulangerie, vers 1725. ADY, D 594 : no 2 ; papier, encre, aquarelle ; 33 x 21 cm.

Le plan de cet établissement qui fut dressé en 1722‑1725, à l’occasion de l’adjonction d’un escalier, nous présente une halle où se font face deux rangées d’étals. Le bâtiment est traversé en sous‑sol par le Groult. C’était à l’origine une construction complètement isolée puisqu’elle était longée, au sud, par une petite ruelle. Dans ce dernier état, la grande boucherie est réservée à la vente ; le lieu destiné à l’abattage n’étant pas prévu, il est possible que cette activité se soit déroulée dans la rue Pavée ou en l’Ecorcherie (flg. 177), qui débouche tout près de la grande boucherie. La grande boucherie, qui s’élevait à l’angle des actuelles rues de la Boulangerie et des Boucheries, fut convertie en habitation vers 1780.
cl. ADY
FIG. 274 – La petite boucherie sur un plan d’alignement de la rue Compoise, en 1721. ADY, D 713, no 14 ; papier, encre, aquarelle ; 48 x 31 cm (cl. ADY).

Ce plan est antérieur au percement de la rue d’Enghien, en 1724. Il représente, d’ouest en est (de gauche à droite), le débouché de la petite rue Saint‑Marcel, la petite boucherie (30, rue de la République) qui était alors « un simple et au à boucher mal construit et ruineux « (AN, L 834), le débouché de la rue du Jardin, remplacement du Château des Percherons et le débouché de la rue de la Tannerie.
FIG. 275 – Plans du rez‑de‑chaussée des maisons de La Heuze et de la petite boucherie rue Compoise, en 1762. AN, S 2247 ; papier, encre ; 72 x 42 cm.

Ces deux constructions, en vis‑à‑vis, sont sises rue Compoise, actuelle rue de la République. La Heuze (37, rue de la République), qui occupe une parcelle étroite, se compose de deux corps de logis séparés par une cour, puis d’une cour et d’un grand jardin, au fond de la parcelle. Le premier logis comprend, au rez‑de‑chaussée, une boutique ouvrant sur la rue et une salle à cheminée ; elles sont longées par un étroit corridor qui conduit à un escalier intérieur. En 1693, son unique étage comprend une chambre à cheminée et un petit cabinet (AN, S 2361). Le second corps de logis comprend, en rez‑de‑chaussée, un cabinet et une salle à cheminée, également desservis par un corridor. L’acte de vente de 1693 y signale aussi un cellier.
En 1726, les religieux firent agrandir la petite boucherie (fig. 274) en annexant les maisons des Quatre Vents (32, rue de la République) et des Trois Rois (28, rue de la République). Le bâtiment, en pierre de taille et moellons, comprenait deux étages et un grenier. Tel qu’il est représenté sur ce plan, le rez‑de‑chaussée du nouvel établissement est constitué de trois maisons distinctes dont la distribution Intérieure est spécifique à l’habitat urbain. Cependant, le plan indique aussi des locaux liés au fonctionnement de la boucherie : boutiques, étal, échaudoir. Quant à la présence de bergeries, elle atteste qu’au xviiie s. on abattait encore les bêtes sur place.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 276 – Reconstruction des Trois Rois, partie est de la petite boucherie (fig. 275), plan et élévation, seconde moitié du XVIIIe s. AN, S 2254A ; papier, encre, aquarelle ; 57 x 57 cm.

La construction respecte le nouvel alignement de la rue Compoise. À ce jour, peu de documents ont été retrouvés qui permettent, comme ici, d’étudier le rapport existant entre l’organisation de la façade et la distribution intérieure de la maison.
cl. P.M./ADSSD
4.4.7 La place du Marché‑aux‑Guesdes
715L’origine marchande de cette place, située à l’extérieur du castellum, est indiquée par le terme « Marché » ou Marcheio employé pour désigner cet espace. Cette activité n’est cependant attestée qu’à partir du xiiie s., ce qui n’exclut pas la possibilité d’une occupation antérieure. À ce propos, il faut rappeler la découverte fortuite en 1968, au centre de la place, de trois sépultures en pleine terre, malheureusement sans datation précise.
716Le toponyme Marché‑aux‑Guesdes, puis place aux Gueldres, évoque la guède, ou pastel des teinturiers (Isatis tinctorum), plante dont les feuilles contiennent une matière colorante bleue utilisée en teinturerie. Elle était vendue à la foire du Lendit (Lombard‑Jourdan 1979b : 144) ainsi que la garance (Rubia tinctorum) dont les racines fournissent un colorant rouge et pour laquelle Suger mentionne un tonlieu (doc. 54). D’importantes plantations de guède et de garance existaient aux alentours de Saint‑Denis (doc. 123). Aussi la graine de guède faisait‑elle également l’objet d’un commerce, comme en témoigne la mesure‑étalon, autrefois conservée à l’église abbatiale (fig. 44).
717Depuis le xiiie s., la guède est vendue au Marcheio, ou in foro guede, et le « Livre vert de Saint‑Denis » précise que le Petit‑Lendit est sis au « Marché au guesde » (doc. 87). Sur cette place, se trouvent plusieurs granges appartenant à l’infirmier (doc. 123), à l’Hôtel‑Dieu et à Buhort (doc. 39) ; l’abbé y possède une maison (doc. 87).
718Le bleu de la guède et le rouge de la garance sont mélangés par les teinturiers dionysiens pour obtenir une teinte fauve, dite « tanné » (Lombard‑Jourdan 1979b : 144). En 1374, l’abbé autorise les teinturiers à remplacer la guède par la racine de noyer car « les draps qui en sont tains en couleur de tenne sont plus biaux de couleur et tiennent mieulx leur couleur que ne sont ceulx qui sont tains de guesde et de guarance (...) car la maniere, dont lon les taint n’est pas chiers » (AN, LL 1209 : 96‑97). Cependant, guède et garance continueront de pousser à Saint‑Denis jusqu’au xxe s. (Thonet 1961).
FIG. 277 – Plan juridique se rapportant à un contentieux relatif à des maisons sises place aux Gueldres, en 1725. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure, aquarelle ; 20 x 24 cm

Ce plan partiel se rapporte à sept maisons situées sur le côté nord‑ouest de la place, dont Les Trois Saint‑Jean, L’Image Saint‑Jean et Le Grand Cerf (fig. 251). Ce document montre également la juxtaposition, en bordure de la place, des murs pignons et gouttereaux.
© cl. BNF, Paris
FIG. 278 – Plan de la place aux Gueldres, en 1764. ADY, D 532 : no 55 ; papier, encre ; 22 x 34 cm.

Ce plan accompagne un mémoire qui concerne le pavage de la place et précise qu’en son milieu elle sera laissée « en terrasse ». De forme approximativement triangulaire, cette place pourrait être née du carrefour constitué par le croisement de la rue de la Boulangerie et de la rue Gui‑Ménard, ici « ruelle en cul de sac ». Elle gardera sa physionomie jusqu’à nos jours.
cl. ADY
FIG. 279 – La montagne à Saint‑Denis en 1793, place aux Gueldres, par Alexandre Lenoir. Musée du Louvre, Cabinet des Dessins, RF 5282 : f°17 ; dessin, lavis ; 33 x 26 cm.

« Dans les premiers jours de mars 1795 on commença d’abattre la montagne du terrorisme qui avoit été construite place aux Gueldes » (Gautier : 252). A. Erlande‑Brandenburg a reconnu dans les statues remployées dans ce monument trois gisants pouvant provenir de l’église abbatiale (Erlande‑Brandenburg 1975 : 158).
cl. RMN
FIG. 280 – La place aux Gueldres, ancienne place du Marché‑aux‑Guesdes (actuelle place de la Résistance) en 1836. ADSSD, 6Fi Saint‑Denis 30 ; gravure ; 19 x 14 cm.

On peut douter de l’exactitude de cette gravure. À l’évidence, il s’agit d’un pastiche où évoluent des personnages en habits du XVIIe s., non loin d’une fontaine qui n’est pas attestée à l’époque. En effet, c’est seulement en 1829 qu’un puits artésien est foré pour abreuver les chevaux de la poste et du service de fiacres qui est installé sur cette place et assure la liaison entre Saint‑Denis et la capitale.
cl. P.M./ ADSSD
FIG. 281 – Trois cartes postales représentant la place aux Gueldres, vers 1900. a – Vue vers l’ouest, rue Gui‑Ménard. ADSSD. b – Vue vers le nord, rue d’Enghlen. ADSSD. c – Vue vers l’eSt. ADSSD.

Côté est c, les façades de maisons s’échelonnent entre le début du XIXe s., moment où la chaussée est réalignée, et le début du XXe s., époque de laquelle datent les immeubles de rapport aux larges façades.
cl. F.D.
FIG. 282
L’Hôtel du Grand Cerf photographié par J.‑E. Atget, vers 1900.

Il s’agit très probablement d’une construction du milieu du XVIIIe s. C’est ici que l’on vendait les célèbres Talmouses, pâtisseries locales dont la recette est déjà connue par le « Viandier de Taillevent », livre de cuisine rédigé au cours du xive s. : » Talemouse faicte de formaige par morceaulx carrez menus comme feves, et parmy le formaige soient destrempees largement et mesles tout ensemble et la crouste destrempee doeufz et de beurre » (Viandier de Taillevent 1518‑1520).
© Arch. phot. Paris/CNMHS
4.4.8 La rivière urbaine et ses métiers
719Les découvertes archéologiques confirment l’influence des aménagements hydrauliques sur l’organisation spatiale du site. Le ru de Montfort est le seul cours d’eau naturel. Il draine une zone marécageuse et nous ne lui connaissons qu’une seule utilisation, celle d’un égout appelé Merdret. Sa canalisation, attestée dès l’époque carolingienne, dessert notamment la petite boucherie. Son courant était néanmoins trop faible pour permettre l’établissement de moulins (doc. 106).
720Les efforts prodigieux mis en œuvre à l’époque carolingienne pour amener l’eau courante sur le site révèlent la présence d’une importante communauté monastique. Dans ce sens, nous associons l’aqueduc, déjà évoqué (cf. supra § 4.1.2 et 4.4.3), à la construction civile carolingienne que nous avons proposé d’identifier à un palais (cf. supra § 2.1.3 et 3.1.1). L’ouvrage, qui captait probablement la fontaine Saint‑Remi, comportait trois points d’eau aménagés en bassins accessibles par des escaliers droits (fig. 116, 284). Le dispositif eut toutefois une existence brève. Par la dérivation du Croult, Saint‑Denis s’est dotée d’une infrastructure hydraulique qui marquera de son empreinte le paysage de la ville jusqu’à la rénovation urbaine. En 832, la mense conventuelle fait état, pour la première fois, de l’obligation de curer la canalisation (cf. infra § 5.1). L’adduction d’eau répondait alors principalement aux besoins du monastère (viviers, pêcheries, lavoirs, égouts, latrine, etc.). En 869, elle est de plus mise à contribution pour irriguer les fossés du castellum {cf. supra § 4.3).
721Parallèlement à la progression de l’urbanisation, les fossés sont canalisés. Dès les xe‑xie s., les cours d’eau commencent à être endigués avec des palissades en clayonnage, et, durant le xiiie s., on voit se généraliser les berges maçonnées.
722Sous la maison d’éducation de la Légion d’honneur, les canalisations de l’abbaye médiévale sont partiellement conservées (fig. 149, 251) mais leur étude reste à entreprendre. Elles se rejoignent à la porte de l’Abbaye pour alimenter successivement un abreuvoir, l’Hôtel‑Dieu, le moulin de l’Hôtel‑Dieu et les artisans de la rue de la Tannerie.
723Un autre embranchement urbain prend son origine en amont des bâtiments conventuels. Son régime est régularisé au moyen d’une prise d’eau, ou trou provendier (fig. 287). Après avoir actionné les roues du moulin Choisel, le cours d’eau traverse les poulies puis, après le moulin de la Courtille, longe la rue de la Vieille‑Tannerie. Les recherches archéologiques ont porté sur des tronçons de cette canalisation. La largeur des endiguements oscille entre 1,40 m et 4 m. Les alluvions déposées dans ce lit forment une couche sablonneuse, à stratification complexe, caractérisant un cours d’eau rapide. Sur le fond de la rivière, des traces longitudinales et régulières peuvent correspondre aux ornières laissées par les charrois de boue lors des curages. Une multitude de pieux de faible section, implantés dans la rivière le long des berges, sont à mettre en rapport avec les planches ou passerelles de bois que les foulons et tisserands établissaient sur les cours d’eau (doc. 86, 99). Rappelons que la dérivation du Croult sera développée, ainsi que ses moulins, dans le chapitre relatif au territoire de Saint‑Denis (cf. infra § 5.1.).
FIG. 285 – Plan partiel de la ville indiquant le tracé du ru de Montfort ou Merdret, en 1751. ADY, D 928 ; papier, encre, aquarelle ; 28 x 37 cm.

Depuis l’endroit où il franchit les fossés, appelé la Busine, le Merdret traverse la ville pour se jeter, au nord, dans le Croult. Durant la première moitié du XVIIIe s., le percement de la rue d’Enghien entraîne la déviation du cours d’eau dans les fossés de la ville – comme le montre le plan – et la suppression partielle du Merdret, dont seul un tronçon continue à fonctionner comme égout.
cl. ADY
Document 99
La rivière urbaine dans un miracle de Saint Louis daté de 1273.
Dans ce miracle, qui traite de la résurrection d’une jeune fille noyée, on distingue une rivière urbaine, le Rouillon (sans doute le Croult), au cours encombré de planches ou pontons qui servaient aux artisans tels que les foulons et les tisserands (doc. 96). Ce miracle atteste également la présence, à Saint‑Denis, d’une colonie d’artisans anglais.
Source – Saint‑Pathus, Fay 1931 : 2‑7.
Marote, la fille Freessent d’Arraz, femme Symon Flandrin, bourgois de Saint Denis en France, la quele Marote estoit enfant de trois anz et demi ou environ, eu jour de mardi de Quareme prenant l’an mil IIc IIIIXX I, c’est a savoir en l’an devant celui el quel an l’inquision [enquête] fu fete de cest miracle, après disner entour midi issi [sortit] cel enfant en la court de la meson en la quele la dite Freessent manoit et abitoit, en la court de cele meson. La quele court est aprés la meson devant dite, outre un ruissel qui court entre cele meson et cele court. Et ce ruissel est apelé communément Ruillon. Et cel enfant se joua avecques un sien frere qui avoit non Symonet, et i estoit présent Symon Flandrin, mari de la mere de cele Marote. Et a la parfin, comme le dit Symon s’en repera de la dite court, la dite Marote demoura ilec, et le dit Symonnet s’en vint avec le dit Symon. Adonques la dite Marote prist un poçonnet [petit pot] et vint a ce ruissel et volt puisier de l’iaue. Me ele chei [tomba]en ce ruissel et fu portee par l’iaue aval cel ruissel par greigneur [plus grand] espace que la longueur de l’eglise de Saint Denis, c’est a savoir de la grant porte jusques au grant autel. Car entre la meson de la dite Freessent et le lieu ou la dite Marote fu trouvee et traite hors de l’iaue sont maintes mesons. Et entre meson a pluseurs parois et pluseurs clostures. Et sus le ruissel, es mesons qui sont entre la meson de la dite Freessent et le lieu ou la dite Marote fu trouvée, a pluseurs planches, bien jusques a huit ou a nuef. Et ce ruissel estoit adonques si parfont et si haut que il ateignoit jusques a pluseurs de ces planches, et aloit l’eve [l’eau] par desus pluseurs d’eles. Et estoit l’iaue si parfonde que, se l’enfant fust en son estant, si li alast l’iaue par desus la teste ou par desus la teste greigneur de li.
Et encore quant le ruissel est onques mendre [inférieur] qu’il puet, si ne porroit nul homme passer par desous les dites planches a qui ne couvenist moillier son cors, tout son cors et son chief en l’iaue, pour ce que l’iaue ateint a pluseurs de ces planches. Et pour ce que la dite Marote ne revint de la court a sa meson, ne par meson ne par rue aprés son pere, ainz ala au lieu ou ele fu trouvée et traite hors de l’iaue, si comme certains tesmoins Jurez onttesmoignié, donc il apert apertement que cel enfant Marote par son droit non fu naiee [noyée] et par le ruissel portee au lieu ou ele fu trouvée et traite hors de l’iaue.
Et en cele maniere en cel meesmes jour après disner, puis que l’en ot sonné la cloche que l’en sonne aprés ce que le couvent de Saint Denis a mengié, une femme qui avoit non Aveline du Plessié, chamberiere Marie de Villers, einsi com ele estoit sus une de ces planches de ce ruissel qui est nommé Ruillon, regarda en l’iaue en la partie du ruissel qui estoit par desus li, et vit autresi com une cote ou drap courant par cel ruissel loing de li bien par trois toises. Et por ce que ele creoit que ce fust une cote ou autre drap qui fust proufitable, ele atendi seur la planche, et quant ce drap fu avalé jusqu’à li aval le ruissel, icele Aveline s’abessa et estendi sa main Jusqu’à l’iaue et prist ce drap. Et quant ele le cuida lever, ele senti une grant pesanteur et vit lors un peliçon [pelisse] avecques le drap. Et quant ele ne pot lever le fes [faix] a une main, ele mist les deus mains a celui meesme drap, et einsi comme ele leva ce fes, ele vit que c’estoit un enfant naié, quant ele aperçut la teste. Et por ce que ele ne pot lever ce fes par soi seur la planche, por ce que il pesoit trop et por ce que ele estait forment esbahie, ele s’escria adonc hautement et dist ces paroles : » Harou ! harou ! vez ci un enfant mort ! venez ça ! aidiez moi a traire cest enfant de ci ! » Et ce disoit ele a aucuns hommes qui desous li en ce meesme ruissel apareilloient [apprêtaient] dras.
Et quant cele Aveline tenoit einsi cel enfant sus le dos, un de ces hommes qui apareilloient ces dras, Raou l’Englois par son droit non, vint acourant a la planche sus la quele cele Aveline estait. Et lors il s’abessa avecques la femme ensemble et prist la robe du dit enfant, et le trestrent hors de l’iaue et le leverent et mistrent sus la planche. Et quant il orent ce fet, le dit Raou revint arriere a ses dras, et les autres i seurvindrent.
Et la dite Aveline revint a son hostel qui estait pres de ce ruissel a deus toises, et regardoit moût esbahie que cil feroient. Et la dite Marote sembloit morte, et le creoient tuit cil qui la veoient qui ilecques estaient et qui la seurvindrent, si com il disoient. Car ele estait noire comme terre, toute froide, si defformee et si lede que, se ele eust esté quinze ours sus terre, ele ne deust pas estre plus lede que ele estait adonques. Et estait merveilleusement enflee, ne ne remuoit nul de ses membres ne ses mains, ne ne gemissoit ne souspiroit ne n’alenoit, et avoit l’escume a la bouche, ne n’avoit en soi nul signe de vie. Et a la parfin vint ilecques Jehan le Peletier, Englois, qui coupa a un coutel la robe a cel enfant et la despoilla, car ele estait si enflee par tout le cors que ses manches estaient si estroites que cil qui la tenoient ne la pooient despoiller. Et en après ele fu portée en la rive du dit ruissel, et Richart le Cousturier la prist par un pié et une femme qui avoit a non Alarge par l’autre, et la tenoient pendue. Et Mabile de la Fontaine li ouvrait la bouche as mains. Mes ele ne vomi onques a cele fois riens. Et adonques cil qui estaient environ leur disoient : « Ne la tenez la pendue, car ele est morte. ».
Et adonques s’en ala courant Emmeline, la chamberiere de la dite Freessent, et dist a sa dame que Marote sa fille a esté trouvee naiee et morte. Et quant la mere oï ces paroles, ele issi de sa meson tremblant et soi apuiant sus une femme qui estait apelee Richeut, et venoit disant, oiant pluseurs : « Saint Loÿs ! rent moi ma fille et je la contrepeserai de froment ! » Et ces paroles dist souvent la mere en venant au lieu ou la pucelete estait. Et comme la dite Marote fust tenue pendue par les piez au rivage du dit ruissel, lors apparurent en li aucuns signes de vie, de quoi cil qui la estaient distrent : « Ele est vive. » Et adonques Emmeline, la chamberiere de la mere de la dite Marote, aporta la iaue chaude de la meson Adam de Mitri. Et comme cele iaue fust mise en une chaudiere, Jehan le Clerc et la femme Adam de Mitri mistrent cel enfant en l’iaue chaude en cele chaudiere. Et lors aperçut Jehan le Clerc que aucun pou de vie estait en li. Car la coleur li commença un pou a revenir, et quant ele fu en cele iaue chaude, elle ouvri plus un des oilz, les quels ele avoit tenuz ouvers par devant, mes non pas pleinnement, et mouvoit les cuisses, et vomi en cele iaue meesmes, et sembloit que son piz [poitrine] eust aucun petit de pouls. En après Freessent sa mere vint et fist veu au benoiet saint Loÿs ausi comme ele avoit fet devant, et dist : » Mon seigneur saint Loÿs, rendez moi ma fille et je la contrepeserai de froument. »
Et disoit ce que ele avoit voué par cele meesme maniéré quant ele venoit au lieu ou l’en disoit que sa fille avoit esté trovee naiee. Et adonques despoilla la mere son secot [corsage] et envelopa l’enfant dedenz, et entra en la meson Marie de Villers sa voisine, et mout de genz avecques li. Et comme sa mere l’eust ilec tenue une piece encline, la dite Marote vomi adonques moût. Et aprés ce vomissement ele commença a gémir moût lentement et feblement, si comme seulent fere genz malades. Aprés ces choses l’enfant fut portee en la meson de la dite Freessent sa mere par Jehan le Clerc. Et la mere les sivoit en apelant sainte Marie de Pontaise et le benoiet saint Loÿs que il li rendissent sa fille. Et Ameline, la chamberiere de la dite Freessent, par le commandement sa dame aluma lors grant feu. Et la mere mist sa fille en un drap de lin et l’envolepa en une pelice et la tint au feu, et la l’enfant vomi aucune foiz yaue et aucunes autres humeurs mout lentement, et gemissoit aucune foiz. Et donques fist apareillier la mere son lit, et en ce meesme lit ele tint sa fille envelopee jusques en la nuit. Et aucune foiz ele prioit la benoiete Virge Marie et apeloit le benoiet saint Loÿs que il li rendist sa fille. Et quant il fu soir, en l’eure que chandelés doivent alumer, la dite Marote commença premierement a parler et a dire : « Haymi, ma dame ! haymi ! » Et des lors que ele ot recouvré sa parole, ele parla en la presence Emmeline, la chamberiere de la dite Freessent, et Jehan le Clerc, et en la presence du dit Jehan ele demanda des poires.
Et einsi la dite Marote fu restablie a vie et delivree du dit perill a l’invocacion du benoiet saint Loÿs et par ses merites, en tele maniere que ele fu puis alant et parlant ausi comme les autres enfanz de son aage, alant avant et arriere. Et cel enfant meesmement vint avecques sa mere en la presence des enquesteurs devant leur trois notaires d’iceus ordenez a escrire l’enqueste des glorieus miracles du benoiet saint Loÿs. Et meemes les enquesteurs demanderent proprement a cele Marote se ele estait cheue en l’iaue, et ele dist : « Oïl. » Et quant l’en li demanda pour quoi ele aloit a l’iaue, ele respondi que ele i aloit pour ce que ele puisast de l’iaue a un poçonnet.
FIG. 286 – Le miracle de Marote dans « Le livre des faiz monseigneur Saint Loys », XVe s. BNF, ms. fr. 2829 : f°98v°

L’enluminure, qui illustre le miracle de Saint Louis relatif à la noyade de la jeune fille dans le « Ruillon » (doc. 99), nous offre une image idéalisée de Saint‑Denis.
© cl. BNF, Paris
FIG. 287 – Le Croult entre le trou provendier de Saint‑Denis et les nouveaux bâtiments de l’abbaye en 1704‑ 1705. AN, N III Seine 870 ; papier, encre, aquarelle ; 197 x 40 cm, détail.

En rétrécissant de quatorze pouces (environ 38 cm) le canal de la rivière du Croult, la construction des bâtiments nouveaux a suscité une protestation du moulin de l’Hôtel‑Dieu, dont la roue était alimentée par l’eau des canaux qui traversaient le monastère. Ce plan, paraphé par Delespine et Duval, se rapporte à une expertise des années 1704‑1705. Il nous montre le parcours du canal, depuis l’embranchement du bras urbain (à droite) jusqu’aux nouveaux bâtiments. Quatre niveaux B, C, E et F, étagés de droite à gauche et qui, ensemble, s’élevaient à dix‑huit pouces et demi de hauteur (environ 50 cm), règlent la quantité d’eau qui passe dans le bras urbain au travers du trou provendier A, une ouverture dans la berge, large de dix‑neuf pouces et huit lignes (environ 53 cm), dont le fond se situe à quatorze pouces (environ 38 cm) du fond de la rivière. « Il en entre quatre pouces et demi de haut [environ 12,5 cm] sur toute la largeur du trou provendier qui va au moulin Choisel avant qu’il en passe pour aller au moulin de l’Hôtel Dieu. » Sous le pont marqué de la lettre D, les religieux conservent des poissons dans « deux bannetons ou boutiques » ZZ.
cl. P.M./ADSSD
FIG. 288 – Extrait du plan cadastral de 1854. AMSD ; papier, encre, aquarelle ; 15 x 10 cm.

Le jardin du grand prieur est loti dans les années 1830‑1840 (fig. 180). Les métiers de la rivière s’y installent et perdurent jusqu’au milieu du XXe s. Les ateliers d’impression sur étoffe de l’impasse Choisel utilisent, jusqu’à leur disparition, l’eau du Croult. Ce détail montre les blanchisseries établies le long des deux bras de cette rivière canalisée, en aval du trou provendier de Saint‑Denis. C’est ici que l’on blanchissait les toiles écrues avant de les teindre.
FIG. 289 – La maison de répression de Saint‑Denis, ancienne manufacture de cuir puis de teinture sur étoffe, au début du XIXe s. (emplacement des halles actuelles). BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure, aquarelle ; 42 x 58 cm.

Vers 1699, les religieux autorisent l’implantation d’une manufacture de cuir. Le bâtiment est installé à l’endroit où le Merdret rejoint le Croult (fig. 239). Les maîtres qui fabriquent des cuirs de Hongrie bénéficient d’une lettre de patente datant de 1705. Cependant, sur l’instigation des échevins de la ville, ils doivent cesser leur activité mal odorante en 1725. Dès 1736, une manufacture de teinture écarlate s’installe alors. Le bâtiment subit un retranchement en 1740, au moment du percement final de la rue d’Enghien, puis est agrandi dans les années 1750. De 1768 à 1792, il héberge un « dépôt des pauvres » qui est provisoirement supprimé pendant la Révolution. Par la suite, le dépôt est transformé en « maison de répression » qui perdure jusqu’en 1890. En 1812, elle compte sept cents détenus, essentiellement des mendiants et des vagabonds, que l’on emploie à éplucher et à filer la laine. C’est aux alentours de cette date que la construction est restaurée, comme en témoigne ce plan. Dans l’ensemble, le bâtiment semble avoir conservé, dans ses grandes salles et vastes cours, le caractère fonctionnel de la manufacture du XVIIIe s.
© cl. BNF, Paris
FIG. 290 – Vue de l’ancienne manufacture de cuir, transformée en dépôt des pauvres, par un anonyme H.B., de la fin du XIXe s. MAHSD ; papler, fusain ; 29 x 24 cm.

Les archives municipales de Saint‑Denis conservent les registres d’état civil du dépôt de mendicité qui permirent une étude statistique sur les couches misérables de la société, à la veille de la Révolution (Beaud, Bouchart 1974).
cl. E.J./UASD
FIG. 291 – Projet d’une nouvelle machine hydraulique installée en face de l’ancien dépôt des pauvres, sur l’autre rive du Croult, en 1797. AMSD, et. 17 ; papier, encre, aquarelle ; 20 x 28 cm.

Avant que la manufacture de cuir ne s’installe, il existait depuis le XVe s., sur le bord du Croult, un moulin à tan (fig. 253). Sa présence détermina sans doute le choix de l’emplacement de la manufacture. En 1787 il subsistait un moulin à blé. Sur le plan de la maison de répression il occupait la pièce no 53 (fig. 289). C’est en 1797 que l’industriel suisse, Rodolphe Ebinger, qui possède sur l’autre rive du Croult une manufacture de toiles imprimées, achète la chute d’eau. Il décide alors de créer une nouvelle machine hydraulique dont le projet est présenté ici. La manufacture d’Ebinger deviendra célèbre pour ses machines à laver et à apprêter les toiles.
cl. E.J./UASD
FIG. 292 La « Maison des Arbalétriers », ancien séchoir de la manufacture de toiles imprimées d’Ebinger.

En 1793, Ebinger acquiert l’ancien jardin de la compagnie des chevaliers de l’Arquebuse, situé au nord‑est de l’ancienne manufacture de cuir (fig. 249), pour y installer sa propre manufacture ainsi qu’une maison dotée d’un jardin paysager (fig. 181). En 1805 il emploie cinq cents ouvriers ; les opérations de lavage, d’apprêtage, d’impression et de séchage, liées à la confection de toiles longues de 14,50 aunes (17,23 m), nécessitent à la fois des locaux spacieux et la proximité de l’eau courante. Un séchoir, qui a fait l’objet d’une récente réhabilitation, demeure aujourd’hui l’ultime témoin de cette manufacture. L’édifice, aux murs en charpente, est constitué d’une pièce unique haute de 9,50 m. Des abat‑vent, assemblés entre les poteaux, assurent l’aération du local. L’un des poteaux corniers servait originellement de noyau à un escalier à vis permettant d’accéder à un comble à surcroît ; celui‑ci, doté d’une passerelle et d’un plancher, formait une sorte de grille à laquelle on suspendait les toiles à sécher. La construction semble tirer son nom des arbalétriers de la charpente, bien visibles en raison de l’ample débordement du toit. Le bâtiment se trouve aujourd’hui place de la Halle.
N.L. del./UASD d’ap. le relevé de M. Ratier [Ratler 1978]
FIG. 293 – Les lavoirs sur le Croult en 1883. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5, collection Paul Blondel ; papier, crayon et sanguine ; 14 x 23 cm.

Sous les appentis, les blanchisseuses, debout dans des tonneaux enterrés, battent le linge au ras de l’eau. Aux XVIIIe et XIXe s., le linge des Parisiens était apporté en charrette à Saint‑Denis pour être lavé sur les bords du Croult (Lombard‑Jourdan 1980a : 24).
© cl. BNF, Paris
4.4.9 La ville campagnarde et le parcellaire à ses abords
724Dans les plus anciennes sources écrites relatives au site de Saint‑Denis, le paysage rural occupe une place de choix. Si l’on en croit la Passion dite Gloriosae, les trois martyrs auraient été inhumés dans un « labour (…) préparé pour l’ensemencement » (doc. 3). Les « Miracles de saint Denis » nous restituent le monastère carolingien dans un environnement constitué de jardins, de vergers et de prés (doc. 9).
725Le plan de Belleforest illustre à sa manière les relations entre la ville et la campagne avoisinante à l’Epoque moderne (fig. 177). Intra‑muros, hors du bourg abbatial, l’agglomération conserve un aspect rural : jardins, vergers, vignobles ainsi que des saussaies autour de la zone marécageuse. L’enceinte urbaine englobe également des bâtiments agricoles tels que la ferme de Vauboulon, une exploitation gérée par les serviteurs de l’abbaye. Au xviiie s., elle comprenait encore un corps de logis, des granges, des écuries et des étables, un pressoir et un pigeonnier. Investis au début du xviie s. par les couvents, certains de ces espaces ruraux ont été préservés jusqu’à nos jours (cf. supra § 4.2.3). Rue du Petit‑Pichet, un bâtiment appelé « ferme » rappelait encore récemment la tradition agricole intra‑muros (fig. 295). Non loin, le terrier de la fin du xviiie s. nous signale un pressoir, rue Robert‑le‑Foulon (fig. 249, art. 294).
726Aux abords de la ville, le plan de Belleforest représente un habitat dispersé. La restitution du parcellaire du début du xviiie s. (fig. 298) fait apparaître une certaine continuité de l’organisation spatiale de part et d’autre du rempart de 1356. Elle suggère que la fixation des orientations principales du parcellaire serait antérieure à cette date ; peut‑être remonte‑t‑elle aux temps des faubourgs ? Dans le détail, l’évolution de l’organisation parcellaire aux abords de la ville reste à préciser par l’exploitation systématique des terriers qui nous restituent l’évolution des unités parcellaires (partages, remembrements). Quant à la recherche archéologique, elle est susceptible de nous apporter un jour des précisions d’ordre chronologique, en étudiant par exemple les fossés qui délimitaient les parcelles.
727Le tissu parcellaire, tel qu’il apparaît au xviiie s., offre une texture variée. Des champs, souvent très vastes (la Couture, le Clos de l’Infirmerie) alternent avec des zones plus morcelées. Il faut également prendre en considération les vues cavalières qui montrent une ville entourée d’une rase campagne (fig, 170, 205, 294).
FIG. 294 – Saint‑Denis vue du sud, par Manesson‑Mallet en 1683, (Manesson‑Mallet 1683, t. V : 199). BNF, Cabinet des Estampes, Va 93t.6 ; gravure ; 10 x 14 cm.

Une culture céréalière aussi homogène que nous la représente cette image devait impliquer une large concertation des propriétaires. Ici, nous voyons quelques champs, après la moisson, avec des bergers menant leurs moutons paître les éteules.
© cl. BNF, Paris
FIG. 295 – La « ferme », bâtiment du XVIIIe s., sise rue du Petit‑Pichet, en juillet 1975.

Jusqu’à l’époque industrielle, la ville reste en contact avec la campagne environnante. Ce bâtiment, établi au fond d’une cour, passait jusqu’au moment de sa démolition, en 1979, pour une ferme.
cl. O.M.
FIG. 296 – Le parcellaire au nord‑est de la ville d’après le plan cadastral du territoire de Saint‑Denis, section B, levé en 1811‑1814 par M. Rougeot, géomètre. Archives de Paris, D6 P24.

C’est à l’aide du cadastre napoléonien que le parcellaire figuré sur les plans terriers a pu être redressé puis redessiné (fig. 298). La section reproduite ici correspond à une partie de l’ancienne seigneurie de Saint‑Léger (fig. 366). Le long du Rouillon et de la Vieille‑Mer, on distingue des groupes de parcelles englobées dans un réseau de fossés ou de drains qui se déversent dans les cours d’eau ; ce sont les saussaies (fig. 181). Sur les coteaux, les parcelles de forme allongée sont de préférence disposées dans le sens de la pente.
cl. Archives de Paris
FIG. 297 – Plan des environs de Saint‑Denis levé par le génie militaire, en 1793 (détail). Service historique de l’armée de terre, archives du Génie, art. 8, et 1 ; papier, encre.

À partir de la Révolution, le génie militaire s’intéresse de nouveau au site de Saint‑Denis, en tant que poste avancé de la capitale. Cette carte rend compte de la forme du relief aux abords de la ville et plus particulièrement des hauteurs qui commandent la place (fig. 225).
cl. P.M./ADSSD
FIG. 298 – Restitution du tissu parcellaire des environs de Saint‑Denis, au début du XVIIIe s.

Cette carte est établie d’après les plans terriers des quatre seigneuries de La Courneuve (fig. 356), de Saint‑Léger (fig. 366), de La Chapelle (fig. 367) et d’Aubervilliers (AMSD, GG 140), datés d’entre la fin du XVIIIe et le milieu du XVIIIe s., et qui sont conservés aux archives municipales de Saint‑Denis. Les zones pour lesquelles la documentation manque sont tramées. Les courbes de niveau ont été établies d’après les cartes du génie militaire (fig. 225).
A.B. del./UASD
Notes
1 Montlignon : Val‑d’Oise (fig. 381).
2 Suger, ou plus exactement le scribe du manuscrit, écrit ici quatuor viginti et, plus bas, quater viginti : pour cette raison certains érudits ont voulu comprendre, dans le premier cas, vingt‑quatre et non quatre‑vingts ; cependant, parce que l’expression quatuor viginti existe pour signifier quatre‑vingts alors qu’elle est inusuelle pour signifier vingt‑quatre, il convient de lire ici : quatre‑vingts.
3 Emé de Veelu fut garde des chartes puis panetier ; il mourut à l’abbaye le 25 février 1599 (Nebbiai‑Dalla Guarda 1985 : 128‑129).
4 Pierre Pinchonnat, chantre.
5 Il faut sans doute rectifier par pont pour identifier ici le pont de l’Infirmerie (cf. § 5.2.2.2).
6 Montlignon, Val‑d’Oise (fig. 381).
7 Arsé : brûlé.
8 Pionnerie : travaux de terrassement.
9 Il faut sans doute rectifier par « port de Saint‑Denis », ce qui correspond mieux à la configuration des lieux où l’action se déroule.
10 Par ce terme « les anciens » l’auteur désigne les religieux bénédictins qui, lors de la prise de possession de l’abbaye par les mauristes en 1633, ont dû quitter les lieux réguliers pour s’installer dans les logis périphériques du monastère.
11 Corr. : Promittens.
12 Huitaines : huit jours ; octave : huitième jour.
13 Planche : petit débarcadère permettant de prendre l’eau d’une rivière à des fins artisanales et d’y déverser les eaux usées. Ce droit est réglementé et taxé dans les villes médiévales.
14 Le Moyen Âge distingue les mégissiers qui travaillent les peaux blanches et fines de mouton et de veau, les tanneurs les gros cuirs et les pelletiers les peaux en « poil ». II Il différencie aussi les sueurs ou corroyeurs, les cordouanniers qui utilisent le cordouan, sans doute des peaux de chèvre tannées à la graisse et les savetiers qui travaillent les cuirs de vache.
15 Sauf dérogation expresse et tarifée, les habitants d’une seigneurie doivent utiliser les équipements collectifs que sont le four, le pressoir et le moulin banniers payés et entretenus par le seigneur. Ce droit relève de la puissance de ce dernier ou ban.
16 Estrange : forain, étranger à la ville.
17 Bachoe, bachoue : baquet de bols, hotte d’osier ou de lattes de bols.
18 Merrien : bois de charpente et de construction.
19 Gibe : charge, ballot.
20 Poite : monnaie du Poitou.
21 Essanne, esseinte, essaune : bardeau de bois pour couvrir toits et pans de mur.
22 Hanon : coquillage.
23 Laigrun : légumes.
24 Asseurer : fixer, taxer.
25 Paelle : poêle à frire.
26 Greil : grille, grillage.
27 Lange : tissu de laine.
28 Penne : fourrure ; vair : fourrure blanche et grise.
29 Gris : écureuil russe ; cureau : écureuil.
30 Foyne : fouine ; rosereau : belette.
31 Bièvre : castor.
32 Letice : animal à fourrure
blanche.
33 Fourbeur, fourbisseur : armurier.
34 Souste : soulte en argent destinée à équilibrer les deux termes inégaux d’un échange.
35 Filé : fil de lin ; estain : laine peignée destinée à faire la chaîne d’un drap.
36 Escire : de eschirer ou déchirer, coupon de tissu prélevé dans une pièce.
37 Gui de Castres, abbé de 1326 à 1343.
38 Le « cochet » orne la corne de bison montée sur cuivre doré et conservée alors dans le trésor de l’abbaye. Elle servait d’étalon à la pinte de Saint‑Denis. Elle est conservée aujourd’hui au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France (Gaborlt‑Chopin 1991 ; Lombard‑Jourdan 1979b).
39 Crotage : droit.
40 Charbon : ici charbon de bois.
41 À l’origine, le tavernier vend du vin à emporter pris directement au tonneau et le cabaretier vend à boire et à manger. Le texte montre que les conceptions ont évolué et se sont rapprochées.
42 La cloche du couvre‑feu autorisait les taverniers de Saint‑Denis à chasser les buveurs forains, d’où son nom de Chasse‑Ribaud.
43 En dart : inutilement.
44 Mots effacés, restitués à l’aide de la copie conservée aux archives municipales de Saint‑Denis, AMSD, GG 17.
45 Feur ou fuer : prix, taux.
46 Pour le détail des modalités de cet échange, voir Félibien (Félibien 1706 : 257‑258). L’échange fut confirmé par le roi Philippe le Bel, l’évêque de Paris, qui avait été seigneur de la terre Saint‑Marcel avant les Montmorency et y avait manifestement conservé quelques droits, et le pape Boniface VIII.
47 Sur ce frère, d’abord trésorier et garde des sceaux de l’abbaye puis commandeur, voir G. Lebei (Lebel 1935a : 33).
48 Le plan de la censive (fig. 250) figure deux articles 106 ; d’après le surfaçage du cueilleret, l’article 106bis correspond à la grande parcelle qui se trouve en vis‑à‑vis de l’article 41.
49 Le plan de la censive (fig. 250) figure deux articles 106 ; d’après le surfaçage du cueilleret, l’article 106 correspond à la petite parcelle, attenante à l’article 105.
50 Evêque de Lombes : Jean [III] de Villiers, abbé de 1474 à 1499.
51 Estoffe : matière, fourniture.
52 Blanchet : étoffe blanche.
53 Ais : planche.
54 Recoustrer, recouvrer : rétablir, réparer, remettre en état.
55 Rehune, probablement dérivé de hune : plateforme.
56 Portes latérales du jubé de l’église abbatiale
57 Parpaler : payer intégralement.
58 Veue : ouverture.
59 Charles [II] de Lorraine, abbé de Saint‑Denis de 1558 à 1574.
60 Pléon, pillon : fragment d’épi de blé.
Table des illustrations
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Titre | FIG. 170 – « Profil de la Ville de Saint‑Denis », par Israël Silvestre (1621‑1691), vers le milieu du XVIIe s. ADSSD, 6 Fi Saint‑Denis 2 ; gravure ; 31 x 14 cm. |
Légende | De gauche à droite, on distingue : 1 l’église abbatiale avec le groupement d’églises à ses abords et notamment le mausolée des Valois ; 2 le Châtelet (?) flanqué de deux tours rondes ; 3 un bâtiment civil à plusieurs étages, probablement Le Château des Percherons ; 4 l’église Saint‑Marcel, reconnaissable à sa grosse tour de chevet ; 5 le couvent de la Visitation Sainte‑Marie ; 6 les deux églises de Saint‑Martin (au premier plan) et Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (au second plan). En bas de la gravure figure la rivière du Rouillon franchie par le pont Saint‑Ladre, ancien pont Trecine. De cette vue dérivent de nombreuses copies dont les plus connues sont : le « Prospect de la Ville de Saint‑Denis » paru dans la Topographia Galliae de Zeiller publiée par Caspar Merlan en 1655, et « La Ville de Saint‑Denis en France avec la Royale Abbaye que le roi Dagobert y fit bâtir (...) » de Pierre Aveline (vers 1656‑1722). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 183k |
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Titre | FIG. 171 – Plan schématique du site au Bas‑Empire. |
Crédits | A.B. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 52k |
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Titre | FIG. 172 – L’agglomération monastique et ses environs au début de l’époque carolingienne. |
Légende | 1 hospice ? |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 26k |
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Titre | FIG. 173 – Le castellum au XIes. |
Légende | 1 hôpital des pauvres. |
Crédits | A.B. del./ uasd. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 30k |
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Titre | FIG. 174 – Plan d’alignement de la rue du « Solger », ou Sauger, en 1832 d’après l’« Atlas des rues de Saint‑Denis avec projets d’alignement », AN, F1a 2002576 ; papier, encre, lavis ; 95 x 32 cm. |
Légende | Les fouilles ont mis en évidence la chaussée carolingienne de cette rue du castellum construite à une quarantaine de mètres des fossés. Sa position, à l’arrière du rempart, incite à lui attribuer le rôle stratégique d’un chemin de ronde. |
Crédits | cl. P.M./ adssd |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 49k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,4k |
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Titre | FIG. 175 – La ville et ses faubourgs au XIIIe s |
Légende | 1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie et moulin de la Boucherie ? ; 4 moulins Choisel ; 5 hôpital Saint‑Jacques ; 6 maison du bailli ; 7 moulins de la Courtille 8 halles ; 9 tournelle Saint‑Louis. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 41k |
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Titre | FIG. 176 – La ville à l’intérieur de son enceinte du bas Moyen Âge, au début du XVes. |
Légende | 1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie ; 4 porte de la Boucherie ; 5 tour du Bassin ; 6 tournelle Saint‑Louis ; 7 moulins Choisel ; 8 porte Basoin ; 9 hôpital Saint‑Jacques ; 10 maison du bailli ; 11 moulin de la Courtille ; 12 halles ; 13 Châtelet ; 14 moulin à Tan ; 15 petite boucherie. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 45k |
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Titre | FIG. 177 – « Pourtraict de la ville Sainct Denis en France », en 1575 (Belleforest 1575 : 280‑281) ; gravure ; 33 x 25 cm. |
Légende | L’intérêt documentaire de ce premier plan de la ville est exceptionnel. Au dire de son auteur, il a été établi avec l’aide de religieux de l’abbaye (doc. 57). Il nous montre la disposition de la ville médiévale, peu après l’occupation huguenote (1567) ; les églises Saint‑Paul K et Saint‑Quentin hors les murs 14 sont en ruine. La ville renferme des clos plantés de vignes et un marais bordé d’une saussaie. Le plan distingue parfaitement les « fausses portes » de l’enceinte carolingienne : près le moulin de l’Hôtel‑Dieu c, au Châtelet a et rue Saint‑Rémy près du moulin de l’Abbaye 5. Au dehors, vers l’église Saint‑Remi 13, à la Bretonnerie, subsiste un habitat dispersé. La Couture de l’abbaye est également enclose. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 606k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 51k |
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Titre | FIG. 178 – La ville moderne, au milieu du XVIIIe s. |
Légende | 1 Hôtel‑Dieu et moulin de l’Hôtel‑Dieu ; 2 cimetière de l’Hôtel‑Dieu ; 3 grande boucherie ; 4 hôtel de ville ; 5 Châtelet ; 6 loges de la foire ; 7 halles aux Fosses ; 8 petite boucherie ; 9 moulin de la Courtille ; 10 moulin Choisel. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 55k |
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Titre | FIG. 179 – Projet de parvis par Viollet‑le‑Duc (?), milieu XIXe s. AMH, no inv. 6025 ; papier, encre noire et rouge, aquarelle ; 52 x 64 cm. |
Légende | Napoléon Ier souhaita établir sa sépulture en l’église royale, ce qui conféra au monument délaissé pendant la Révolution un symbolisme nouveau. Le plan de Troquet et Richelot (fig. 181) tient compte de cette donnée nouvelle puisqu’il ménage devant la façade une place carrée. Cette idée urbanistique est reprise dans une perspective plutôt monumentale par les architectes de l’église. Parallèlement à l’aménagement du parvis de l’église, on propose une place en face de l’entrée de la maison d’éducation de la Légion d’honneur. |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 30k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,0k |
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Titre | FIG. 180 – Vers la ville industrielle, à la fin du XIXe s. |
Légende | 1 hôtel de ville ; 2 Hôtel‑Dieu ; 3 justice de paix ; 4 maison de répression ; 5 écoles. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 60k |
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Titre | FIG. 181 – « Plan de la ville de Saint‑Denis par Troquet et Richelot, en l’an 1810. » AMSD, 1 Fi 1 ; papier, encre, aquarelle ; 273 x 176 cm. |
Légende | Ce plan que la municipalité commanda aux deux ingénieurs fut approuvé par le directeur des Ponts et Chaussées, Becquiny de Beaupré. Il s’agit d’un plan essentiellement viaire, où les dessinateurs ont indiqué le bâti par masse. De plus, ils ont pris soin de représenter en détail les jardins d’agrément, ceux des anciens couvents et de quelques propriétés privées ; quant à la reproduction des cultures aux abords de la ville, elle est plus schématique. |
Crédits | cl. P.M./ ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 328k |
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Titre | FIG. 182 – Saint‑Denis en 1854. Détail du plan des communes de la Seine, commune de Saint‑Denis au 1/8000 dressé en 1854 par O.‑T. Lefèvre. AMSD. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-16.jpg |
Fichier | image/jpeg, 389k |
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Titre | FIG. 183 – Plan du quartier des Caves par M. Lefèvre, géomètre, en 1876. ADSSD C N/B 39/13. |
Légende | À l’extérieur de la ville, l’implantation des bâtiments industriels respecte la trame parcellaire rurale. Entre les Caves et les Caves Hautes, subsiste le tracé du chemin des Fruitiers, l’ancienne voie romaine ou Estrée. |
Crédits | cl. P.M./ ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-17.jpg |
Fichier | image/jpeg, 116k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-18.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,2k |
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Titre | FIG. 184 – « Plan général des abords de la Nouvelle Paroisse. » AMH, no inv. 1368 ; papier, encre, aquarelle ; 83 x 57 cm. |
Légende | Sous la Révolution, l’unique cure s’installe tout d’abord dans l’église abbatiale puis dans la chapelle de l’Hôtel‑Dieu. En 1810, elle est transférée dans la chapelle désaffectée des carmélites. Entre 1864 et 1866, la municipalité demande à Viollet‑le‑Duc de dessiner les plans de l’église Neuve. L’édifice est implanté à une centaine de mètres de l’ancienne église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, à l’emplacement d’un ancien bastion du rempart. Simultanément, on projette de lotir ses abords. |
Crédits | cl. P.M./ ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-19.jpg |
Fichier | image/jpeg, 71k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-20.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,1k |
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Titre | FIG. 185 – Saint‑Denis à vol d’oiseau, par Devicque, 1863. Lithographie de Lemercier ; 71 x 46 cm. |
Légende | Cette représentation rend bien compte des premiers lotissements. On distingue, au premier plan, les bâtiments de l’abbaye occupés depuis 1810 par la maison d’éducation de la Légion d’honneur et, sur la gauche, le quartier Lanne ouvert en 1852 dans le jardin des carmélites. À l’arrière‑plan, le canal planté de peupliers croise la voie de chemin de fer ; ces deux axes de communication majeurs vont fortement influencer le développement de la ville. Sur la droite, les ouvrages de fortification de la double couronne du Nord, édifiés en 1839, ceinturent les premières usines établies le long du Croult et de la route Paris‑Calais, la RN 1. |
Crédits | cl. MAHSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-21.jpg |
Fichier | image/jpeg, 379k |
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Titre | FIG. 186 – Fouille de la nécropole mérovingienne à Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, 1911 (Monin 1928 : 224‑225) ; photographie. |
Légende | Vers 1911, une nécropole mérovingienne est découverte lors de la construction d’un Immeuble à l’emplacement de l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (86, rue de la République). H. Monin en publie quelques photographies dans son ouvrage sur Saint‑Denis, et le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis conserve, encore aujourd’hui, les panneaux de tête décorés, d’un petit nombre de sarcophages de plâtre. Aucun plan ou compte rendu de cette découverte n’est connu par ailleurs. |
Crédits | cl. E.J./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-22.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-23.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,2k |
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Titre | FIG. 187 – Plan situant les églises, chapelles, couvents et établissements hospitaliers dans la ville et à ses proches abords, à l’Époque moderne. |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-24.jpg |
Fichier | image/jpeg, 61k |
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Titre | FIG. 188 – Cimetière Saint‑Marcel, relevé de sépultures. |
Légende | Les plus anciennes sépultures mises au jour aux abords de l’église Saint‑Marcel datent de l’époque carolingienne. Très tôt, le champ funéraire dut être délimité par un fossé, visible à droite. Son creusement a recoupé une première série de tombes. La densité des inhumations dans le cimetière médiéval a occasionné de nombreux recoupements, d’oû l’état fragmentaire de certains sujets. |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-25.jpg |
Fichier | image/jpeg, 31k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-26.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,0k |
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Titre | FIG. 189 – « La ville et mémorable abaie de Sainct Denie » par Claude Chastillon († 1616), ADSSD, 6 Fi Saint‑Denis 1 ; gravure ; 17 x 11 cm. |
Légende | Cette gravure du début du XVIIe s. inaugure un point de vue de la ville depuis le sud qui sera, par la suite, fréquemment utilisé par les peintres et les dessinateurs. Elle fut publiée en 1641 dans la » Topographie française... » malheureusement sans la légende expliquant les lettres repères. Malgré le schématisme de la représentation, on peut distinguer, en K et H, les églises Saint‑Denis‑de‑l’Estrée et Saint‑Marcel puis, en F, la porte de l’Abbaye. En B, C, D, nous proposons de reconnaître le palais abbatial, l’infirmerie et la tour de Salut. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-27.jpg |
Fichier | image/jpeg, 201k |
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Titre | FIG. 190 – Plan de la rue de la Charronnerle montrant les vestiges de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée (?), en 1830. AMSD, ct. 324 : papier, encre, aquarelle ; 55 x 26 cm. |
Légende | On ne connaît les églises Saint‑Denis et Saint‑Martin‑de‑l’Estrée que par les plans généraux de la ville et quelques plans d’alignement de la rue de la Charronnerie. Ce document montre, à l’emplacement de l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, face à la rue Compoise, deux constructions en saillie qui sont à démolir. Ce sont peut‑être les vestiges de cet édifice. Le mur de clôture du prieuré, avec sa tourelle d’angle, subsistait également. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-28.jpg |
Fichier | image/jpeg, 88k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-29.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,2k |
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Titre | FIG. 191 – Détail du plan de Belleforest (fig. 177). |
Légende | Cette gravure de 1575 représente l’église Saint‑Martin‑de‑l’Estrée P et le prieuré de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée O, dont on distingue parfaitement l’enclos crénelé défendu par une porte d’entrée monumentale, flanquée de tourelle |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-30.jpg |
Fichier | image/jpeg, 19k |
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Titre | FIG. 192 – Plan de la rue de la Charronnerie montrant le chevet de l’église Saint‑Martin‑de‑l’Estrée en 1795. AMSD, ct. 665 ; papier, encre ; 29 x 23 cm. |
Légende | On reconnaît le chevet à trois pans de l’église. À gauche, les contreforts pourraient appartenir à l’église Saint‑Denis‑de‑l’Estrée. |
Crédits | cl. EJ./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-31.jpg |
Fichier | image/jpeg, 28k |
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Titre | FIG. 193 – « Vase de terre renfermant un calice de verre (…) trouvé en 1847 (…) dans un tombeau emplacement de l’ancienne église Saint‑Marcel » dans les papiers archéologiques de Guilhermy. BNF, Nouv. acq. fr. 6121 : f°231 ; papier, crayon, encre ; 12 x 13 cm. |
Légende | Ce croquis, signé Cabillé [sic], est très probablement de la main d’Eugène Cabillet, sous‑inspecteur à l’église royale. La poterie évoque la forme d’une oule, vase de cuisson et de conservation. Le dessin du « calice » est suffisamment précis pour y reconnaître le type du verre côtelé, à panse resserrée et pied tronconique, découvert à Saint‑Denis, dans les dépotoirs domestiques de la fin du XIIIe s.‑début du XIVe s. (Meyer 1989 : 373‑375). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-32.jpg |
Fichier | image/jpeg, 32k |
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Titre | FIG. 194 – Plan schématique de la fouille de l’église Saint‑Marcel et de son cimetière |
Légende | Le mur à contreforts correspond à une reprise du collatéral nord de l’église, au début du XVe s. Une crypte‑ossuaire est installée quelque temps après, puis abandonnée vers le milieu du même siècle. |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-33.jpg |
Fichier | image/jpeg, 48k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-34.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,1k |
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Titre | FIG. 195 – Restitution du côté ouest de la crypte‑ossuaire, première moitié du XVe s. |
Légende | La crypte est couverte d’une voûte d’ogive. Des ossements, triés selon leur gabarit, sont rangés dans des niches murales en plâtre. L’exhaussement du sol est un aménagement secondaire qui précède l’établissement d’une sépulture centrale, en caveau de plâtre (fig. 194). |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-35.jpg |
Fichier | image/jpeg, 45k |
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Titre | FIG. 196 – Entrée de l’ancienne église Saint‑Marcel. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; aquarelle ; 25 x 20 cm. |
Légende | Cette aquarelle du début du XIXe s. montre qu’une partie de l’édifice avait échappé à la démolition de 1796 ; il subsiste même les vantaux de la porte d’entrée principale. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-36.jpg |
Fichier | image/jpeg, 136k |
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Titre | FIG. 197 – Élément de la porte en bois de l’église Saint‑Marcel, dessiné par François Debret vers 1825 pour N.‑X. Willemin (Willemin 1825‑1839 : t. 2, pl. 231) ; gravure ; 10 x 11 cm. |
Légende | Les vantaux de cette porte du XVe s. ne sont pas sans rappeler les boiseries de Gaillon que l’architecte Debret a utilisées dans l’église royale (fig. 108). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-37.jpg |
Fichier | image/jpeg, 80k |
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Titre | FIG. 198 – Salle de spectacle à l’emplacement de l’ancienne église Sainte‑Croix, en 1828. Archives de Paris, D07516. |
Légende | Dès sa fermeture en 1792, l’église Sainte‑Croix (située au 39, rue Gabriel‑Péri) est transformée en salle de spectacle. L’édifice fut ensuite frappé d’alignement et démoli, mais en 1828 le théâtre fut reconstruit sur le modèle des Variétés de Paris. Il se maintint jusqu’en 1870‑1871, moment où il fut à son tour démoli. |
Crédits | cl. Archives de Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-38.jpg |
Fichier | image/jpeg, 38k |
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Titre | FIG. 199 – Plan de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis, par Jacques Tenon (Tenon 1788 : 101) ; gravure. |
Légende | Les deux planches relatives à l’Hôtel‑Dieu que le médecin et chirurgien a Jugé bon de reproduire pour leur valeur exemplaire nous montrent le bâtiment tel qu’il fut reconstruit durant le xviiie s. À cette époque, les malades étaient assistés par des sœurs. Depuis 1707, l’établissement abrite une école chrétienne. On notera également l’importance de l’apothicairerie et de la pharmacie avec ses alambics. Le musée d’Art et d’Histoire de Saint‑Denis expose aujourd’hui cette apothicairerie. Les planches sont accompagnées d’une légende très complète : « Planche VII : A Principale porte ; B Escalier qui mène au parloir & à la cuisine ; C Parloir ; D Réfectoire des Sœurs ; E Cabinet de la Supérieure ; F Office ; G Cuisine ; H Robinet qui distribue l’eau aux marmites ; I Grand lavoir à la vaisselle, avec deux robinets ; K Petit lavoir à la vaisselle ; L Basse‑cour ; M Escalier de la cour ; N Escalier des caves ; O Escalier du premier ; P Latrines ; Q Porte de la salle des Hommes ; R Salle des Hommes ; S Latrines de la salle des Hommes ; T Autel ; V Entrée de la principale salle de Hommes ; X Petite salle des Hommes les plus malades ; il y a quatre lits, un robinet avec une pierre faisant cuvette ; Z Salle des Morts éloignée, comme il convient, des personnes malades & des personnes saines.« En rentrant dans la grande salle des Hommes, on trouve : 1 Le cabinet de veille : il est en menuiserie : 2 Le poêle ; 3 La porte par où l’on descend au promenoir des hommes ; 4 La Sacristie ; 5 Porte grillée qui conduit à l’Eglise ; 6 Promenoir des hommes ; 7 Grille en projet qui doit séparer le promenoir des hommes de celui des femmes ; 8 Angar pour garantir les malades du soleil ; 9 Principale cour ; 10 Degrés pour s’élever à l’oratoire ; 11 Corridor par lequel on communique à la cuisine, aux salles, à l’apothicairerie ; 12 Oratoire ; 13 Loge du Portier ; 14 Degrés qui conduisent à l’école des filles & au bureau d’administration ; 15 Ecoles ; 16 Archives ; 17 Bureau d’administration ; 18 Apothicairerie ; 19 Pharmacie ; 20 Cheminée à hotte, sous laquelle l’eau se rend pour l’usage des alambics ; 21 Autre robinet sur une cuvette en pierre ; 22 Vestibule de la Pharmacie, où est un robinet sur une cuvette en pierre ; 23 Degrés donnans dans la cour ; 24 Escalier des souterrains ; 25 Escalier du premier ; 26 Entrée de la salle des Femmes ; 27 Salles des Femmes ; 28 Porte de l’Eglise ; * Cabinet de veille ; 29 Poêle ; 30 Latrines de la salle des Femmes ; 31 Autel ; 32 Petite salle des Femmes, aujourd’hui un magasin ; 33 Porte chartière ; 34 Bucher ; 35 Promenoir des femmes ; 36 Porte qui conduit au cimetière & au Jardin ; 37 Le Tillet [Croult], ruisseau ; 38 Réservoir d’eau ; 39 Buanderie. ». |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-39.jpg |
Fichier | image/jpeg, 78k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-40.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,9k |
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Titre | FIG. 200 – Coupe de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis par Jacques Tenon (Tenon 1788 : 103). |
Légende | « Planche VIII : figure première. Elle représente l’élévation de l’Hôtel‑Dieu de Saint‑Denis. Les deux aîles en ont été retranchées. 10 Degrés pour monter à l’oratoire ; M Degrés pour monter dans l’aîle droite ; 23 Degrés pour monter dans l’aîle gauche ; Q Porte de la grande salle des Hommes ; O Escalier du premier ; P Suite de cet escalier ; R Escalier des grenier ; A.A Coupe des deux aîles ; S Latrines des hommes ; B Conduite de décharge des latrines des hommes, aboutissante au ruisseau du Tillet [Croult] ; * Cabinet de veille ; D Escalier des souterrains ; E Escalier du premier ; F Suite de cet escalier ; G Escalier des greniers. « Figure II. Elle représente la coupe des deux grandes salles de malades. 12 Oratoire ; 4 Sacristie ; R Salle des Hommes ; V Porte de la salle des Hommes les plus malades ; 2 Poêle ; 3 Porte du promenoir ; 27 Salle des Femmes ; 32 Porte du magasin aux lits ; 37 Ruisseau du Tillet [Croult] ; 38 Lavoir ; 39, 40, 41 Souterrain. (L’échangeage, la coulerie, le lavoir de la buanderie) ; 42, 43 Greniers servant de séchoirs.« Au premier étage, sur le devant : La lingerie générale, ou approvisionnement. La lingerie pour le service courant. Le dortoir des sœurs. Leur infirmerie, pièce à deux lits. Le logement de la Supérieure. Quelques pièces de décharge à l’usage de la pharmacie, & le fruitier. ». |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-41.jpg |
Fichier | image/jpeg, 91k |
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Titre | FIG. 201 – Hôtel‑Dieu, façade sur la rue de la Cordonnerie vue depuis le nord, vers 1902‑1907. Photographie anonyme ; BMSD, réf, P213/214. |
Crédits | cl. EJ./ UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-42.jpg |
Fichier | image/jpeg, 57k |
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Titre | FIG. 202 – Hôtel‑Dieu, vue du chevet de la chapelle vers 1907. Photographie anonyme ; BMSD, réf. P 213/214. |
Légende | La chapelle, dédiée à saint Jacques, est consacrée en 1708. De 1902 à 1907, elle abrite le musée municipal (fig. 203). Autour du chevet sont rassemblées une cuve de sarcophage et une dalle funéraire. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-43.jpg |
Fichier | image/jpeg, 44k |
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Légende | FIG. 203 – Intérieur de la chapelle de l’Hôtel‑Dieu. (Commission du Musée 1906 : pl. XVI) ; photographie La chapelle, transformée en musée municipal, exposait les produits des fouilles des Trois‑Patrons (cf. supra § 2.1.2). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-44.jpg |
Fichier | image/jpeg, 54k |
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Titre | FIG. 204 – L’Hôtel‑Dieu photographié par J.‑E. Atget, entre 1902 et 1906.a – Cour principale et entrée de la chapelle. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; b – Salle des femmes et extension de 1782. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; c – Lavoir sur le Croult, situé sous la salle des femmes. MH, no inv. 88345. |
Légende | Ces trois clichés appartiennent à une série de vues de Saint‑Denis prises par le photographe parisien avant la disparition de l’Hôtel‑Dieu en 1907. |
Crédits | a, b © cl. BNF, Paris, c © Arch. phot. Paris/ CNMHS) |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-45.jpg |
Fichier | image/jpeg, 147k |
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Titre | FIG. 205 – « Vue de Saint‑Denis prise du côté de Saint‑Ouen », par François de La Pointe, dernier quart du XVIIe s. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 6 ; papier, encre réhaussée au lavis ; 51 x 39 cm. |
Légende | François de La Pointe, topographe et graveur en cartes géographiques, travailla à Paris entre 1666 et 1696. Sa vue, prise depuis le sud‑ouest, montre la ville entourée d’une vaste campagne. Derrière les remparts, on distingue surtout les églises et les établissements communautaires, à savoir, de droite à gauche : l’église abbatiale, qui s’élève derrière les bâtiments médiévaux du monastère ; l’Hôtel‑Dieu, reconnaissable à son pignon ouvragé ; le couvent des annonciades, avec sa chapelle surmontée du dôme de l’architecte D’Aviler ; la tour de l’église Saint‑Marcel et celle de Saint‑Denis‑de‑l’Estrée, à gauche. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-46.jpg |
Fichier | image/jpeg, 264k |
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Titre | FIG. 206 – Les bâtiments de l’ancien couvent des récollets au début du XXe s. Gravure ; 14 x 7 cm. |
Légende | Le bâtiment d’origine existe toujours, quoique remanié en raison de l’installation d’une école. Côté Jardin, une nouvelle chapelle fut ajoutée au cours de la seconde moitié du XIXe s. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-47.jpg |
Fichier | image/jpeg, 101k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-48.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,1k |
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Titre | FIG. 207 Le cloître du Carmel. IWAHSD ; gravure. |
Légende | L’architecture du bâtiment est très sobre. La façade de la première chapelle qui surmonte la galerie nord du cloître (à droite) est la seule à résulter d’une volonté décorative plus marquée : la fenêtre axiale, de forme ogivale, est flanquée de deux niches en cul‑de‑four. Une horloge y est installée dans un second temps. Au‑dessus du pignon s’élève le clocheton. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-49.jpg |
Fichier | image/jpeg, 62k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-50.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,0k |
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Titre | FIG. 208 – « Plan d’une partie du rez‑de‑chaussé de la petite caserne de Saint‑Denis », par le Génie militaire de Paris en 1829. AMSD ; papier, crayon, encre, aquarelle ; 45 x 30 cm. |
Légende | Le plan montre l’aile nord de l’ancien cloître et une coupe de la chapelle, dont les croisées sont marquées des lettres A. Dans le même corps de bâtiment se trouvaient au rez‑de‑chaussée la salle capitulaire et à l’étage la chapelle qui deviendra, au moment de l’adjonction de la nouvelle chapelle, le chœur des dames. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-51.jpg |
Fichier | image/jpeg, 151k |
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Titre | FIG. 209 – La nouvelle chapelle du Carmel construite entre 1780 et 1784 et photographiée par Mieusement avant 1896. MH no inv. 215 479. |
Légende | Cette nouvelle chapelle fut construite sur l’instigation de Louise de France, fille de Louis XV, pensionnaire puis mère supérieure du couvent des carmélites. Les plans sont de Richard Mique, architecte du roi. Pour être mis à niveau avec l’ancienne chapelle (fig. 208), son sol dut être surélevé, ce qui explique l’importance prise par le perron. |
Crédits | © Arch. phot. Paris/CNMHS |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-52.jpg |
Fichier | image/jpeg, 46k |
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Titre | FIG. 210 – Les carmélites de Saint‑Denis, par Guillot vers 1770 a – Les carmélites à l’infirmerie ; huile sur toile ; 225 x 96 cm ; b – Les carmélites au jardin ; huile sur toile ; 240 x 81 cm. |
Légende | Le peintre Guillot illustre la vie des carmélites par une série de tableaux.Le couvent de Saint‑Denis comprenait plusieurs infirmeries. Au mur, on distingue les sentences mystiques, présentes dans toutes les pièces (Rollin 1994). |
Crédits | cl. MAHSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-53.jpg |
Fichier | image/jpeg, 201k |
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Titre | FIG. 211 – Projet de construction du couvent des ursullnes, première moitié du XVIIIe s. AN, Q11043 ; papier sur toile, encre, lavis ; 72 x 52 cm. |
Légende | Deux projets architecturaux sont conservés respectivement aux Archives nationales et au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France (Va 93, t. 5, reproduit dans Murat 1965). Ici, l’architecte organise les corps de bâtiments autour de deux cours et d’un cloître, et propose la distribution interne du rez‑de‑chaussée b et du premier étage a. |
Crédits | cl. P.M./ ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-54.jpg |
Fichier | image/jpeg, 130k |
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Titre | FIG. 212 – Plan de la rue Puipensot, annexée par le jardin des ursulines, vers 1782. AN, S 4809 ; papier, encre, aquarelle ; 142 x 31 cm. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-55.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,7k |
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Légende | Les religieuses avaient tout d’abord fait percer un tunnel sous la rue pour se rendre dans la partie sud de leur jardin. Celui‑ci étant devenu impraticable à la suite d’une inondation, elles annexent entre 1740 et 1782 un tronçon de la rue pour le planter de vignes. |
Crédits | cl. P.M./ ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-56.jpg |
Fichier | image/jpeg, 36k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-57.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,9k |
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Titre | FIG. 213 – Trois plans du couvent des ursullnes. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 6 ; papier, encre. a – Rez‑de‑chaussée et jardins ; 48 x 60 cm ;b – Premier étage ; 17 x 28 cm ;c – Deuxième étage ; 17 x 28 cm. |
Légende | La construction qui fut réalisée durant la première moitié du XVIIe s. diffère des deux projets proposés (fig. 211). Le bâtiment comporte deux étages et ne compte plus qu’une cour. De l’aile nord du cloître, seule est conservée la galerie. Au rez‑de‑chaussée, on distingue la chapelle, le chœur des dames et le réfectoire, reconnaissable à ses longues tables ; au premier et second étage sont installés les dortoirs et les infirmeries. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-58.jpg |
Fichier | image/jpeg, 130k |
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Titre | FIG. 214 – Plans schématiques de l’enceinte monastique (a), du castellum (b) et de l’enceinte urbaine avec la Couture (c) |
Crédits | M.W. del./ UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-59.jpg |
Fichier | image/jpeg, 42k |
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Titre | FIG. 215 – Plan schématique de la porte carolingienne fouillée rue de la Boulangerie, connue au Moyen Âge sous le nom de porte de la Boucherie. |
Légende | La chaussée, établie sur une digue large de six mètres, bordée de murs de soutènement et renforcée par une armature de bois, franchit le double fossé d’eau ; elle est coupée par deux chenaux qui relient les tronçons de fossés. La fouille, très étendue (fig. 2, aire BOU), permet aujourd’hui de mieux connaître la structure de ces derniers : sous les fossés a été mis au jour un système de drains plusieurs fois renouvelé ; au travers du fossé intérieur sont établis des barrages et au fond de la tranchée un drain, relié à un puisoir, permettait sans doute d’assécher le fossé. Quant à la porte, dont l’emplacement est connu avec suffisamment de précision par l’iconographie, elle mériterait de faire l’objet d’une investigation archéologique. Ainsi toutes ces recherches permettraient‑elles un jour de connaître ce dispositif d’accès particulièrement complexe et de déterminer la place du castellum de Saint‑Denis dans l’évolution des ouvrages de fortification de l’Occident médiéval. |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-60.jpg |
Fichier | image/jpeg, 95k |
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Titre | FIG. 216 – Porte « Bazouin » ou Basoin localisée sur un croquis cadastral, 1708. AN, S2258 ; papier, encre ; 15 x 10 cm. |
Légende | Les portes du castellum se maintiennent Jusqu’à l’Époque moderne et restent parfaitement lisibles sur les plans anciens (fig. 177, 239). Si notre restitution des accès au castellum est exacte, elles se dressaient près d’une vingtaine de mètres en arrière des fossés d’eau. Cette prolongation du couloir d’accès implique la présence d’autres ouvrages entre les portes et les fossés. Le croquis, relatif à la censive de Saint‑Paul, situe également l’hôpital Saint‑Jacques, rue du Sauger. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-61.jpg |
Fichier | image/jpeg, 22k |
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Titre | FIG. 217 – Coupe stratigraphique du double fossé carolingien fouillé rue de la Boulangerie. |
Légende | La porte de la Boucherie se situe dans une région basse et marécageuse où des couches de tourbe A se sont formées. Les deux fossés coupent ces dépôts. Les déblais des creusements stockés entre les deux fossés, ont scellé des niveaux de chantier (déchets de la taille de la pierre et du bois). Une armature en bois assure la cohésion de ce talus et évite le glissement des terrains dans les fossés. L’avant‑fossé est abandonné au cours des Xe‑XIes., tandis que le fossé intérieur perdure sous la forme d’une rivière canalisée par étapes successives. Le long de la chaussée, l’habitat se développe : fondations de murs et sols d’occupations, plusieurs fois rechargés. On note également dans les niveaux d’habitat l’accumulation de fines couches rubéfiées, sans doute liées aux fours de boulangers attestés par les textes. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-62.jpg |
Fichier | image/jpeg, 79k |
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Titre | FIG. 218 – La porte de l’Abbaye par F.‑N. Martinet (Beguillet, Poncelin de la Roche, 1780, entre p. 122 et 123) ; BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure ; 9 x 15 cm. |
Légende | La datation de cette porte dite de Suger n’a encore pu être établie. C’était sans doute l’un des ouvrages les plus anciens de l’abbaye médiévale, mais il est peu probable que la construction dessinée par Martinet remonte à l’époque de Suger, comme l’a écrit Doublet (doc. 101). La porte était complétée par une herse et un pont‑levis qui permettait de franchir le fossé. Depuis le XVIIe s., celui‑ci est comblé et le pont‑levis supprimé.Au premier plan subsiste l’abreuvoir. Entre 1590 et 1696 la salle à l’étage servait d’auditoire au bailli de Saint‑Denis (doc. 49). En 1601, le religieux courtillier fut autorisé à faire dans la tour nord « telle quantité de boullains qu’il vouldra pour y tenir et nourrir pigeons, les laisser voller au champs et revenir en ladicte tour »(AN, L 855 : no 79). Selon Gautier, cet ouvrage fut démoli en 1778‑1779 « en partie par le jeu des mines » (Gautier : 133). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-63.jpg |
Fichier | image/jpeg, 158k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-64.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,3k |
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Titre | FIG. 219 – La tour de Salut d’après le plan de l’abbaye par Robert de Cotte (fig. 141). |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-65.jpg |
Fichier | image/jpeg, 19k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-66.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,8k |
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Titre | FIG. 220 – Détail du « Plan de Saint‑Denis et des fortifications projetées autour de cette ville, 1834 » montrant les vestiges d’un ouvrage de fortification à l’est de la Couture, par Thomas Devoize, lieutenant, et Sigot, capitaine du Génie. Musée des Plans‑Reliefs, D 407 ; papier, encre, aquarelle ; 76 x 46 cm. |
Légende | L’examen des courbes de niveau entre la Couture de l’abbaye à gauche et le moulin Basset à droite révèle un fossé perpendiculaire au Croult. Ce pourrait être la « fosse aux Fiens », témoin d’une fortification du faubourg Saint‑Remi. |
Crédits | cl. musée des Plans‑Reliefs |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-67.jpg |
Fichier | image/jpeg, 43k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-68.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,9k |
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Titre | FIG. 221 – Saint‑Denis en 1610, par Joachim Duwiert. BNF, Cabinet des Estampes, Vx 23, no 2887 (feuille gauche) et no 2939 (feuille droite) ; papier, encre, lavis ; 54 x 14 cm, recoupé Le dessinateur hollandais. |
Légende | J. Duwiert nous a laissé deux vues quasiment identiques qui montrent la ville depuis l’ouest (Lombard‑Jourdan 1994 : 10). Le dessin, très soigné, fournit de précieuses indications sur l’enceinte, bastionnée à la fin du XVIe s. De gauche à droite, on distingue les églises Saint‑Martin B et Saint‑Denis‑de‑l’Estrée C, la porte Neuve et un bastion en demi‑lune D au sud de celle‑ci. À l’arrière‑plan émerge un groupe de bâtiments civils : le Château des Percherons et (ou) le Châtelet ; tous deux sont connus à la fin du XVIIe et au XVIIIe s. comme des constructions à trois et quatre étages. Au sud de l’église abbatiale, l’identification des bâtiments est plus délicate : porte de l’Abbaye, Hôtel‑Dieu, église Saint‑Marcel ? Puis on pourrait reconnaître l’église Sainte‑Croix G et la chapelle des récollets H. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-69.jpg |
Fichier | image/jpeg, 142k |
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Titre | FIG. 222 – Relevé d’arpentage des fossés et remparts de la ville par Garrez, 1783. AN, N II Seine 173 ; papier, encre, aquarelle ; 82 x 72 c. |
Légende | Dès le XIVe s., l’abbaye accorde aux habitants l’usufruit de la pêche dans les fossés et leur cède la propriété de la majeure partie des remparts. En contrepartie, ils sont chargés du guet et de l’entretien de l’enceinte (doc. 67, 89). Jusqu’à la Révolution, la municipalité tirera ses principaux bénéfices de la location des bastions et des tronçons de fossés mis en culture ou utilisés comme pâturages. À l’origine, le rempart comprenait quatre portes. En 1740, le mur nord est percé d’une cinquième porte pour permettre le passage de la nouvelle rue d’Enghien. En 1756, la caserne vient s’adosser au fossé septentrional, ce qui nécessite la suppression du bastion en demi‑lune de la porte de Pontoise. Entre la porte de Paris et la porte Neuve, le maire, Martin Ragot, fait aménager en 1749 un cours planté d’arbres. En 1770, le cimetière du régiment des suisses, établi en 1763 à l’emplacement d’une ancienne demi‑lune (?) de la porte Neuve, est transformé en pépinière. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-70.jpg |
Fichier | image/jpeg, 226k |
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Titre | FIG. 223 – Le cours Ragot en 1860, au moment du remblayage du fossé d’enceinte. Archives de Paris, D07518 ; papier, encre, aquarelle ; détail. |
Légende | Sur ce profil transversal figurent à la fois l’état ancien du cours Ragot et, en traits fins, le boulevard projeté (actuel boulevard Marcel‑Sembat). On distingue, à l’extrême gauche, le mur d’octroi et, sur la droite, les parois du fossé au fond duquel est creusé un canal de drainage d’eaux pluviales, ou cunette, bordé d’arbres. |
Crédits | cl. Archives de Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-71.jpg |
Fichier | image/jpeg, 40k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-72.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,5k |
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Titre | FIG. 224 – La caserne des suisses (1756) d’après une carte postale du début du XXe s. ; collection Pierre Douzenel. |
Légende | Au XVIIe s., la ville de Saint‑Denis est choisie comme lieu de garnison pour un régiment des gardes suisses. Les soldats sont logés chez l’habitant ; las de cette cohabitation forcée, les Dionysiens s’engagent à participer aux frais de construction d’une caserne. Celle‑ci commence à être édifiée à partir de 1756. Par réaction au style austère des bâtiments militaires de l’époque, l’architecte Charles‑Axel Guillaumot confère à l’édifice un caractère monumental en lui ajoutant un pavillon central au fronton sculpté. Cette caserne s’élève au fond d’une grande cour, ou carrière, dans laquelle se déroule l’exercice. En 1769, on y affecte le régiment de Paris et en 1789, les gardes françaises (Douzenel 1978) ; en 1969, elle est démolie. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-73.jpg |
Fichier | image/jpeg, 34k |
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Titre | FIG. 225 – « Plan des Inondations » de 1869‑ 1870. Service historique de l’armée de terre, Archives du Génie, art. 8, ct. 4 ; papier, encre, aquarelle ; 118 x 88 cm. |
Légende | Ce dispositif s’inscrit dans la tradition de la mise en défense par inondation de la ville, inaugurée en 1814 lorsqu’elle fut assiégée par les alliés : l’ancien maire, Gabriel Dézobry, chef de la garde nationale, fit alors mettre en eau les dépressions situées aux abords de la ville, au moyen de batardeaux établis en travers du Rouillon, du Croult et du ru de Montfort. À partir de 1839, dans le cadre de la fortification de Paris, les deux forts et la double couronne, autour de l’étoile de la route d’Angleterre (Paris‑Calais) sont reliés par une digue barrant les trois cours d’eau. L’étendue d’une éventuelle inondation est ici indiquée par les surfaces colorées en bleu. Ce plan a l’intérêt de mettre parfaitement en évidence le parallélisme existant entre la courbe de niveau des 33 m et le Croult, ce qui confirme le caractère artificiel de ce dernier (cf. infra § 5.1.1). |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-74.jpg |
Fichier | image/jpeg, 206k |
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Titre | FIG. 226 – « Digue joignant le fort de l’Est à la double couronne du Nord » en 1842. Service historique de l’armée de terre, Archives du Génie, art. 8, ct. 2 ; papier, encre, aquarelle ; 50 x 66 cm. |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-75.jpg |
Fichier | image/jpeg, 65k |
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Titre | FIG. 227 – La double couronne du Nord vue de l’extérieur et de l’intérieur, par E. Hussenot, 1871. BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5, ; gravure ; 30 x 16 cm. |
Légende | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-76.jpg |
Fichier | image/jpeg, 78k |
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Titre | FIG. 228 – Plan et coupe d’un pont‑levis dégagé par Debret en 1828 au‑devant de la façade de l’église abbatiale. AMH, no inv. 56686 ; papier, encre, aquarelle ; 68 x 52 cm. |
Légende | L’architecte attribue les maçonneries à deux états d’un pont‑levis. « Pavage exécuté en avant du perron du portail : en fouillant cette partie pour égaliser le sol on trouva les fondations de deux tours, d’un mur de fossée et l’indication d’un pont‑levis, dont la gouture [sic] inférieure était encore parfaitement indiqué. Ce mur de fossé que je fis fouiller jusqu’à 12 pieds de profondeur et seulement pour le reconnaître, existe dans l’alignement des bornes de granit qui forment en ce moment l’enceinte du perron. » (AN, F21 1451 : 36.) |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-77.jpg |
Fichier | image/jpeg, 71k |
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Titre | FIG. 229 – Plan partiel de la place Panetière, en 1721. ADY, D 928 ; papier, encre, lavis ; 29 x 17 cm. |
Légende | Ce document, qui semble concerner quatre étals de la place, est annoté au revers « Plan de barraques sur la place Pannetière ». II permet d’identifier le parvis qui subsistait jusqu’en 1771, avec en son milieu la porte que Gautier nous décrit comme un fort massif surmonté de deux tourelles (doc. 69). À l’angle sud‑est du parvis « la petite porte du logis du trésorier » (doc. 74) et, au nord, le tourniquet de la porte du cimetière empêchant le passage de voitures. Sur la place, sont indiqués la croix et le carcan, ou pilori. |
Crédits | cl. ADY |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-78.jpg |
Fichier | image/jpeg, 49k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-79.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,0k |
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Titre | FIG. 230 – Vue de la porte du cimetière depuis l’est, vers 1830. MAHSD ; lithographie de Lemercier. |
Légende | Cette vue montre le portail ménagé entre l’abbatiale, à gauche, et la maison de la Cène, à droite. II s’agit d’une simple baie couverte d’un arc brisé. En 1819, le tourniquet a été remplacé par une borne. |
Crédits | cl. EJ./ UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-80.jpg |
Fichier | image/jpeg, 35k |
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Titre | FIG. 231 – La porte Saint‑Rémy en 1725, devis pour sa reconstruction. AMSD, DD 50 ; papier, encre ; 9 cm. |
Légende | Depuis le début du XVIIIe s., les portes de la ville n’ont plus de fonction défensive et se transforment en simples portes cochères. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-81.jpg |
Fichier | image/jpeg, 21k |
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Fichier | image/jpeg, 4,2k |
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Titre | FIG. 232 – La porte Saint‑Rémy en mai 1839. BNF, Cabinet des Estampes, Ve 26g : f°110 ; papier, crayon ; 23 X 23 cm. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-83.jpg |
Fichier | image/jpeg, 68k |
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Titre | FIG. 233 – Vue de la porte de Paris, par Israël Silvestre (1621‑1691). BNF, Cabinet des Estampes, Va 93 t. 5 ; gravure ; 12 x 8 cm. |
Légende | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-84.jpg |
Fichier | image/jpeg, 72k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-85.jpg |
Fichier | image/jpeg, 3,9k |
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Titre | FIG. 234 – Plan et façade du premier étage de la porte de Paris, première moitié du XVIIIe s. AMSD, DD 49 ; papier, encre, aquarelle ; 25 x 41 cm. |
Légende | Sur le fronton sont sculptées les armes de l’abbaye royale, la seigneurie religieuse de la ville. En 1750, cette porte fut remplacée par une grille sur laquelle la municipalité naissante apposa ses armes. |
Crédits | cl. EJ./ uasd |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-86.jpg |
Fichier | image/jpeg, 59k |
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Titre | FIG. 235 – La région parisienne, par Mathis Zündten, Nuremberg, 1565. BNF, Cabinet des Estampes, Qb 201 ; gravure ; 36 x 26 cm. |
Légende | Cette vue perspective se rapporte au siège de Paris par les huguenots en 1567. Bien qu’il figure de façon largement fantaisiste les agglomérations, ce document permet de se rendre parfaitement compte de la position stratégique de Saint‑Denis par rapport à la capitale. Quittant la ville, des soldats se dirigent vers une passerelle jetée sur la Seine. Ce pont ne semble pas attesté par ailleurs. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-87.jpg |
Fichier | image/jpeg, 280k |
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Titre | FIG. 236 – Entrée de l’empereur germanique Charles IV à l’abbaye de Saint‑Denis par Jean Fouquet, « Grandes chroniques de France », vers 1460, BNF, ms. fr. 6465 : f°442. |
Légende | Selon les chroniqueurs, les fêtes qui ont lieu à l’abbaye donnent lieu à de grands déploiements de faste dans les rues et sur les places de la ville. Elles sont aussi à l’origine de travaux d’aménagement et d’entretien de la voirie. |
Crédits | © cl. BNF, Paris |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-88.jpg |
Fichier | image/jpeg, 105k |
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Titre | FIG. 237 – La façade de l’abbatiale vers 1830, par A. Rouargue. MAHSD, Lithographie de Turgis ; 18 x 26 cm. |
Légende | L’horloge, placée ici au centre de la façade, régla la vie des habitants de Saint‑Denis dès le Moyen Âge. Les comptes de 1321‑1322 mentionnent à la rubrique des dépenses pour l’église abbatiale : pro ologio reparando, iiii Ib. (AN, LL 1241 : f°25v°). Le 26 juillet 1534, un marché est conclu avec un serrurier de Louvres qui, pour la somme de 20 livres, a « refaict et remonté les mouvementz de la grosse orloge du grant clocher de l’esglise » (AN, LL 1248 : f°186v°). Par la suite, le cadran est installé dans la rose de la façade où Doublet le décrit en 1625 : « la monstre de l’orloge est une rose faite, lors que le frontispice & devant de l’Eglise furent bastis, pour servir de fenestre à la nef d’icelle, laquelle rose est divisee en 24 parties esgales, & és environs sont marquées les heures de 12 en 12 lesdites marques enlevees de pierres, & faites avec iceluy bastiment d’icelle sorte, que les deux bouts de l’esgullle montrent en mesme temps quelle heure il est, au lieu qu’aux autres monstres, un bout seul de l’esguille touche l’heure, & l’autre non, comme lors qu’il est une heure, l’un des bouts de l’esguille est sur une heure, & l’autre est sur les 5 ou 6 heures, mais en celle de s. Denys les deux bouts de l’esguille (qui sont une Couronne & une fleur de Lys) touchent en mesme temps l’heure qu’il est l’un en hault, & l’autre en bas. » (Doublet 1625 : 239‑240). Cette fleur de lys faillit être fatale à l’édifice, puisque » le cinq octobre 1795 (…) passa à Saint‑Denis un bataillon revolutionnaire dont je n’ai pas retenu le nom, dans le temps de la terreur qui voulut tirer le canon sur l’église de l’abbaye à cause de la fleur de lys qui étoit au bout de l’éguille du cadran de l’horloge » (Gautier : 286). |
Crédits | cl. EJ./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-89.jpg |
Fichier | image/jpeg, 93k |
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Titre | FIG. 238 – « Fer de lance qui termine l’alguille des minutes du cadran », croquis coté, dessiné par l’architecte Ménage le 9 avril 1847. AMH, fonds de contrôle des travaux, ct. 38 ; papier, encre. |
Crédits | cl. E.J./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-90.jpg |
Fichier | image/jpeg, 9,8k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-91.jpg |
Fichier | image/jpeg, 5,3k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-92.jpg |
Fichier | image/jpeg, 15k |
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Titre | FIG. 239 – « Plan de la ville de Saint‑Denis en France et des environs, 1704 » levé par Dumesnil (Félibien 1706). Gravure de C. Inselin ; 50 x 36 cm. |
Légende | Ce document, levé par le voyer de la ville, fut commandé par dom Michel Félibien pour figurer dans son ouvrage et fut exécuté aux frais de l’abbaye (Lombard‑Jourdan 1988 : 215‑219). Le plan est orienté avec le sud en haut. Contrairement à Belleforest (fig. 177), Dumesnil ne figure que les contours des îlots, mais le tracé des rues a gagné en précision ; l’église abbatiale, les édifices religieux et la porte de l’abbaye sont représentés en perspective. Il existe plusieurs versions simplifiées de ce plan (fig. 84, 344) qui sont de moindre intérêt. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-93.jpg |
Fichier | image/jpeg, 414k |
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Titre | FIG. 240 – Plan relatif à la pose de nouvelles bornes rue des Prêtres, début du xviiie s. ADY, D 593 ; papier, encre, aquarelle ; 26 x 15 cm. |
Légende | Sur le parvis de l’église Saint‑Paul, on distingue un arbre. Nous savons par ailleurs que deux ormes, situés carrefour de la Madeleine, furent abattus en 1782. Celui de la place du Marché‑aux‑Guesdes (fig. 278) fut abattu en 1790 (Gautier : 200). |
Crédits | cl. ADY |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-94.jpg |
Fichier | image/jpeg, 55k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-95.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,1k |
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Titre | FIG. 241 – Évolution du réseau viaire de Saint‑Denis. |
Crédits | M.W. del./UASD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-96.jpg |
Fichier | image/jpeg, 356k |
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Titre | FIG. 242 – Projet d’un nouveau chemin de La Chapelle à Saint‑Denis, vers 1724. AN, S 2245 B ; papier, encre, aquarelle ; 34 x 150 cm, détail. |
Légende | Le mauvais état et les nombreuses sinuosités du grand chemin de Paris à Saint‑Denis (fig. 367) amènent les ingénieurs des Ponts et Chaussées à proposer au roi le rétablissement de l’alignement de la voie antique suivant le tracé de la rue Catulienne (fig. 347). Inquiétés par cette mise à l’écart de l’abbaye, les voyers de Saint‑Cyr proposent, ici, le projet d’une percée rectiligne, de La Chapelle à la place Panetière ; celle‑ci devait traverser les jardins de l’abbaye et des carmélites, l’abreuvoir situé devant la porte de l’Abbaye et couper un îlot d’habitation. |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-97.jpg |
Fichier | image/jpeg, 139k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-98.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,5k |
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Titre | FIG. 243 – Projet de percement d’une rue entre la place du Marché‑aux‑Guesdes et la place Panetière, vers 1724. AN, S 2245 B ; papier, encre, aquarelle ; 36 x 80 cm |
Légende | En 1724, une ordonnance royale fixe l’aboutissement de la nouvelle chaussée à la porte de Paris. En contrepartie, la ville s’engage à améliorer la desserte de l’abbaye, soit en élargissant la rue de la Boulangerie, soit en perçant une voie parallèle, étudiée par ce projet, qui ne fut pas réalisé non plus. |
Crédits | cl. P.M./ADSSD |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-99.jpg |
Fichier | image/jpeg, 166k |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/42573/img-100.jpg |
Fichier | image/jpeg, 4,6k |
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