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Paléolithique moyen en pays de Caux (Haute-Normandie)

 | 
Anne Delagnes
, 
Anne Ropars

Préface

Jacques Jaubert et Jean‑Laurent Monnier

Texte intégral

1L’étude des périodes anciennes du Paléolithique n’est plus strictement associée à la notion de fouille programmée. À partir du milieu des années 70 et bien après l’exemple précurseur de Terra Amata (1966), le Paléolithique moyen hexagonal a été touché, pour le bien de la recherche, par ce qu’il est convenu d’appeler l’archéologie préventive. Avec les premiers grands sauvetages (agrandissements d’usine à Biache –Tuffreau, Sommé 1988– et à Seclin, Nord‑Pas‑de‑Calais), la discipline a franchi un nouveau tournant décisif avec les travaux du TGV à Ricncourt‑lès‑Bapaume (Pas‑de‑Calais), de l’autoroute A5 (Vinneuf et les sites de la vallée de la Vanne aux confins de l’Yonne et de l’Aube) et ici ceux de l’A29‑A28. D’autres sont en cours d’étude (par exemple Beauvais dans l’Oise, sur le tracé de la déviation de la RN 31 Beauvais‑Clermont) mais Le Pucheuil et Étoutteville les ont devancé en prenant place, grâce à cette remarquable monographie, au sein d’un ensemble jalousé des paléolithiciens méridionaux. « Jalousé » parce que le renouvellement documentaire a été considérable avec l’identification, puis la confirmation, de l’existence de nouveaux faciès (culturels ?) comme ce fameux ensemble de sites présentant un débitage laminaire et daté des environs de 90 000 BP.

2L’opportunité de se voir confrontés dans le cadre de grands travaux linéaires à des gisements paléolithiques n’est donc plus, du moins dans le tiers nord de la France, d’une grande originalité. Chaque occasion doit pourtant être précisément négociée, en termes techniques et financiers bien sûr, mais surtout scientifiques afin d’être appréciée à sa juste valeur. Derrière leurs aînés du TGV nord (Tuffreau 1993) puis de la liaison routière de l’A5 (Deloze et al. 1994), Anne Delagnes et Anne Ropars, à la tête d’une petite équipe multidisciplinaire, nous proposent la publication de deux sites issus d’une région jusqu’à présent mieux connue pour ses gisements paléolithiques associés à des formations fluviatiles (Épouville) ou littorales (plages du Havre) que pour ses dolines nivelées par une sédimentation pléniglaciaire. C’est aussi l’avantage de tels travaux que de permettre l’identification de gisements enfouis dont l’accès nous est habituellement condamné.

3Avec cette contribution monographique bicéphale, Le Pucheuil sur l’A28 et Étoutteville sur l’A29, réunis fort à propos en un seul et même volume intitulé Le Paléolithique moyen en pays de Caux, les deux codirecteurs de publication démontrent avec justesse, compétence et efficacité tout le parti que l’on peut tirer des tels contextes. Cet ouvrage pluridisciplinaire et collectif présente l’avantage de ne pas tomber dans l’excès de la collection pléthorique d’articles juxtaposés. Dans ses grandes lignes, la démarche correspond à un travail de terrain déjà expérimenté dans le contexte de l’archéologie préventive septentrionale : il n’en est pas moins remarquable par la richesse de la problématique et la contribution de ces deux gisements haut‑normands pour l’ensemble de nos connaissances des sociétés paléolithiques d’Europe du Nord‑Ouest. La richesse des informations contenues dans cet ouvrage, et plus encore leurs implications sont à souligner ; on notera, entre autres la définition de nouveaux schémas opératoires du Paléolithique moyen ou encore l’adéquation intéressante entre objectifs de terrain et interprétations chronostratigraphiques et techno‑économiques.

4Cette contribution souligne donc avec force une intervention archéologique de haut niveau, menée à son terme dans des délais tout à fait acceptables. Rien n’est plus logique mais rien n’est moins simple quand il s’agit d’assemblages archéologiques aussi spécifiques, sinon ingrats. Le contrat n’était pas des plus aisés : il est ici parfaitement honoré.

Auteurs

Directeur de recherche, UMR 153 du CNRS, Rennes

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