Ateliers de potiers médiévaux en Bretagne
|Partie 1. Les sources écrites
Chapitre 1. L’artisanat céramique breton au xve s. : potiers et tuiliers
Résumé
Les fonds d’archives bretons conservent pour l’étude de l’artisanat potier une documentation exceptionnelle du xve s. qui, toutefois, ne concerne que six centres artisanaux sur dix‑neuf localisés par la prospection ou les fouilles. Grâce aux progrès de la comptabilité, ceux de la fiscalité liés à une gestion plus rigoureuse des domaines, il a été possible de suivre l’évolution tant sociale qu’économique des centres potiers de Chartres‑de‑Bretagne ou de La Poterie Lamballe. La documentation fournit des éléments sur le droit d’accès, nullement gratuit, à la terre et au bois, sur la structure des unités de production, sur l’apprentissage du métier ou l’importance de l’artisanat de la céramique, un métier d’appoint parmi d’autres, au sein du monde agricole. Les textes évoquent tout autant les modes de commercialisation des produits que la nature et le prix de nombre de ceux‑ci. Le xve s. apparaît comme une période charnière, qui annonce la création des corporations, avec l’émergence de règlements internes propre à contrôler l’activité et le nombre des artisans. Elle prépare l’irruption des premiers marchands‑potiers et la naissance de véritables dynasties potières. L’évolution vers une activité spécialisée, qui n’est plus seulement un métier d’appoint, n’est pas encore achevée, mais ce phénomène est bien annoncé.
Texte intégral
1.1 Introduction
1Dans le domaine de la céramologie médiévale, la balance n’est pas égale entre la somme des documents écrits et celle des documents archéologiques. Face aux lots souvent considérables de fragments de céramiques qui s’entassent dans les dépôts et les laboratoires, le recueil des textes médiévaux, en général datables de la fin du Moyen Âge (xive‑xve s.), fait plus que piètre figure. Un même constat se retrouve d’un ouvrage à l’autre, d’une région étudiée à une autre, celui d’une réelle pauvreté des documents écrits mentionnant directement ou indirectement l’artisanat céramique. L’activité potière bien connue sur les sites de Paris (Barton 1966 ; Nicourt 1986) et Saint‑Denis (Meyer, Meyer 1987) ne semble guère avoir laissé de traces sur les parchemins, et les statuts des potiers parisiens, malgré leur intérêt (Lespinasse, Bonnardot 1879), ne peuvent suffire à masquer ce vide. Si l’activité des ateliers de La Hardelière à Laval (Mayenne) n’est mentionnée que par un très court texte, au demeurant laconique, rédigé au xve s., l’archéologie a cependant démontré que ce centre potier a été très actif (Bucur et al. 1984), diffusant ses produits jusque sur les sites de Fougères et Vitré (Ille‑et‑Vilaine).
2La Bretagne ne fait nullement exception à la règle, et, pour s’en convaincre, il suffit de noter que seuls 6 centres potiers médiévaux sur 19 localisés (et combien dans la réalité du ve au xve s.?) apparaissent dans les écrits. Cependant, comme pour la Bourgogne où les comptabilités générales et les fonds notariaux ont livré des informations nombreuses et variées (Chapelot 1986), le constat demande à être ici nuancé. Les progrès de la comptabilité bretonne, ceux d’une fiscalité qui s’allie à une gestion plus rigoureuse des domaines, ont permis que soient recensés de 1411 à 1499, à La Poterie Lamballe (Côtes‑d’Armor), les artisans potiers et leur « roes pour faire poz de terre » (Fichet de Clairfontaine 1988). Plus de trente registres des comptes de la Châtellenie de Lamballe ont été dépouillés, la plupart livrant au chapitre du « debvoir des roes » les noms des potiers et le nombre de tours en activité chaque année. Les comptabilités urbaines ne sont pas non plus avares d’informations et celle de Rennes au xve s. a livré de précieux renseignements sur l’activité des tuileries de Chartres‑de‑Bretagne. Rennes, principalement au cours de la première moitié du xve s., a connu la fièvre des grands travaux de fortification (Leguay 1968) et il est tout naturel que les quelque 60 comptes des miseurs (comptables) de la ville mentionnent l’achat de tuiles et « enfestaux » auprès des « telours de Fontenay » (acte no 1), dont les noms apparaissent alors. Ces noms, nous les retrouvons souvent dans chacune des listes de ménages chartrains dressées dans les « mimi » ou inventaires des biens et rentes détenus par un seigneur ou un bourgeois, à Chartres‑de‑Bretagne, au moment de son décès. Nous avons songé à confronter ces textes, dans lesquels se dessine la condition sociale de chaque famille, avec les renseignements fournis par les comptes des miseurs.
3Il faut considérer que les documents, mentionnant l’artisanat céramique à Chartres‑de‑Bretagne et La Poterie Lamballe, sont exceptionnels pour la Bretagne. Les quelques informations glanées sur les autres centres potiers, tels que Landéan (Ille‑et‑Vilaine) et St‑Jean‑la‑Poterie (Morbihan) l’ont été en recensant principalement les aveux. Ceux‑ci indiquent parfois les redevances (en argent ou en nature) dues par des potiers pour le droit d’extraire l’argile ou de prendre le bois, l’assiette de ces redevances étant le plus souvent établie sur le tour de potier et parfois sur chaque fournée de vases cuits.
1.2 La place de l’artisanat céramique dans le monde breton
1.2.1 Un artisanat essentiellement rural
- 1 ADCA, E 906 et E 907.
4L’artisanat céramique breton est, au Moyen Âge, une activité qui s’inscrit essentiellement dans le monde rural. Ainsi, aucun document écrit ne mentionne la présence d’un atelier de potier et/ou de tuilier à l’intérieur d’une ville ou dans les faubourgs de celle‑ci et l’archéologie n’a pas réellement apporté de preuves contraires. On peut cependant hésiter avec le cas de Guingamp où les comptes de la châtellenie semblent indiquer la présence de potiers1. Pour T. Salaün, il ne fait aucun doute que des cruches à bec tréflé, mises au jour en 1930 dans un jardin d’un faubourg de la ville, y attestent la présence d’un atelier (Salaün 1954). On peut regretter de ne pas disposer de meilleures informations à ce sujet et l’existence d’un artisanat céramique à Guingamp reste à prouver. Quant aux artisans qui apparaissent dans les comptes, leur lieu de provenance n’est pas indiqué.
1.2.2 L’impact du monde urbain
5L’étude des sources et les données archéologiques paraissent démontrer que même la demande suscitée par l’important essor du monde urbain a pu être satisfaite par un artisanat céramique exclusivement rural. Pour l’heure, l’archéologie (prospections et fouilles) révèle que cet artisanat s’est de tout temps principalement implanté à proximité ou sur les gisements d’argile, donnant naissance en règle générale à de petites unités produisant pour une consommation locale (fig. 1). Le développement important des villes à partir du xiiie s. (Rennes, Vannes, Guingamp, Redon, etc.) a surtout favorisé l’émergence de grands centres potiers. Ces centres étaient, semble‑t‑il, de petits ateliers en activité dès le xie ou le xiie s. ayant ultérieurement profité, du fait de leur situation, de l’émergence du monde urbain. Ce mouvement s’est concrétisé par la naissance de véritables villages dits « spécialisés » regroupant la plupart des artisans.

FIG. 1 – Carte des principaux ateliers médiévaux cités dans le texte (entre parenthèses, datation de la première mention écrite).
V.T. del/FMSH
- 2 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 6r (année 1460).
6En 1420, les potiers de St‑Jean‑la‑Poterie (anciennement La Trève de St‑Jean des Marais dans la paroisse de Rieux) sont groupés au sein du village de La Poterie (La Borderie 1882 : 371) qui bénéficie de la proximité de Rieux, surtout de celle de Redon, « le grand centre de redistribution de la Bretagne intérieure » depuis le xiiie s. (Leguay, Martin 1982 : 49), ainsi que de la présence de l’importante voie de circulation fluviale qu’est la Vilaine. La date de création des premiers ateliers est, quant à elle, bien antérieure au xve s., comme en témoigne la découverte de céramiques à Cromenach en Ambon, site morbihannais datable des environs du xiie s. (Giot, Querré 1987 : 153) et dans le château de Suscinio (Morbihan). Il en est aussi de même pour les villages de La Poterie et de Keraez, situés sur la paroisse de Pabu (Côtes‑d’Armor), dont l’activité céramique est mentionnée dans un aveu de 1498 (Salaün 1954 : 78) et surtout dans les comptes de la ville de Guingamp toute proche. L’ancienneté de leur activité est attestée sur l’île Lavret, dans l’archipel de Bréhat, dans des contextes des xie‑xiiie s. (Giot, Querré 1987 : 155). Chartres‑de‑Bretagne sur lequel des fouilles archéologiques sont menées conjointement avec des recherches d’archives fournit un autre exemple tout aussi significatif. Le centre potier doit son important développement, principalement à partir du xive s., à la renommée de ses productions sur le grand marché qu’est devenu Rennes. La ville lui commande en grande quantité tuiles, briques et pavés –sans doute dès avant 1418, date de la première mention d’achat– et les potiers ont installé leur marché à pots en 1460 près de la Porte St‑Michel2. Là encore, la tradition céramique est ancienne et si les premiers ateliers fouillés sont datables de la fin du xie s. ou au plus tard du début du xiie s., des découvertes récentes effectuées aux abords même du château de Fontenay et dans la villa antique de Châtillon‑sur‑Seiche pourraient attester la permanence de cet artisanat depuis le haut Moyen Âge.
1.2.3 Investissements et influences seigneuriales
- 3 ADLA, B 1352.
- 4 ADLA, B 2117.
7Outre l’effet stimulant du marché urbain, on ne peut ignorer l’influence seigneuriale sur le développement de l’artisanat céramique même si les textes sont à ce sujet bien laconiques. D’autres domaines, telles la tannerie et la papeterie, ont fait l’objet d’investissements en capital de la part de seigneurs. Au xve s., les sires de Rosampol à Morlaix (Finistère) ou celui de Boismorant à St‑Patern de Vannes (Morbihan) financeront la construction de moulins destinés à la fabrication du papier (Leguay 1980 : 190). De la même manière, mais nécessitant un moindre investissement financier, des ateliers de potiers ont pu être créés à Landéan par la famille du Hallay, propriétaire des manoirs de Pontpéan, Artoire et du Hallay3. Les prospections au sol, liées à l’examen des aveux de 1435 et à l’étude des lots céramiques recueillis sur place et à Fougères, y révèlent l’implantation d’unités artisanales, en bordure du gisement d’argile, au plus tard au début du xve s. et sans qu’il y ait, semble‑t‑il, de tradition potière antérieure. Ce constat et les nombreuses similitudes constatées entre les productions de Landéan et celles des ateliers de la Hardelière à Laval (Mayenne) nous font supposer la venue d’immigrés mayennais, répondant à une incitation seigneuriale. En suscitant ce nouvel artisanat sur leurs domaines, les Hallay ne se sont‑ils pas dans une certaine mesure inspirés du succès du centre potier de Fontenay à Chartres‑de‑Bretagne ? Cette question vaut d’être posée car des liens évidents unissent cette famille de Landéan à celle tenant la seigneurie de Fontenay. Ainsi en 1463, le « minu » de la seigneurie, dressé après le décès de Jean d’Acigné –qui a hérité de Amaury de Fontenay–, mentionne « Amaury du Hallay sieur de Pontpéan » pour son engagement vassalique4.
- 5 BN Ms. fr. 22331 : f° 445.
8L’incitation seigneuriale peut prendre d’autres formes et, parmi celles que nous pensons les plus communes, se place la création de marchés ou de foires. Il s’agit alors de soutenir l’activité artisanale, d’en favoriser le développement et donc l’enrichissement, en facilitant l’écoulement des productions et en augmentant leurs débouchés. C’est en partie ce propos qu’a pu soutenir Amaury de Fontenay, capitaine de Rennes et fidèle serviteur du duc Jean IV (Morice 1742‑1746, I : 348 ; II : 214‑218), qui se voit accorder en 1380 la création d’une foire à La Poterie de Fontenay5.
9En investissant son capital, en assurant une meilleure gestion de ses terres, en incitant le développement de l’activité et en favorisant la création de débouchés, la seigneurie bretonne n’agit pas autrement que le monde seigneurial en France, en général. Elle déploie ici un éventail d’actions qui auront tenté de prendre la mesure de la crise des xive s. et xve s. (Contamine et al. 1993 : 387‑394).
1.2.4 Agriculture et artisanat
- 6 ADCA, E 213.
- 7 ADCA, E 206.
10Au travers des documents écrits, les ménages, dont les noms s’associent à l’artisanat céramique et pour lesquels se dessine la condition sociale, semblent être d’abord des ménages paysans avant d’être des ménages potiers. Pour la majorité, le travail agricole fournit la première et principale source de revenu. Ainsi en 1495, Jehan Pivert, potier et fils de potier, demeurant au village de La Poterie près de Lamballe, possède « une meson et hébergement contenent fact en deux jardins, pièce et tene gaignable » ainsi « qu’ung journal de terre »6. Deux siècles plus tard en 1697, l’ordonnance du comte de Toulouse indiquera bien que ce sont les mêmes habitants du « village de la potterie » qui mènent leurs animaux dans la forêt et y prennent l’argile et le bois pour leur artisanat7.
- 8 ADLA, B 2988.
- 9 AMR, Inv. Prov. 1043 : f° 40r (année 1418).
- 10 ADLA, B 2117.
- 11 ADLA, B 2099.
- 12 ADLA, B 2099.
11Revenons au début du xve s. où de bien meilleurs exemples nous sont fournis à propos des artisans chartrains. Chartres‑de‑Bretagne est alors une petite paroisse sur laquelle on recense, en 1427, quelque 35 feux contribuants auxquels s’ajoutent une famille noble (celle des Fontenay), 3 ménages de métayers et 6 familles de « pouvres »8. Si la base de quatre à cinq personnes par feu ou unité fiscale est retenue, on peut considérer que 180 à 225 habitants demeurent alors dans la paroisse et que les potiers et tuiliers (les textes ne permettent pas de les distinguer), qui regroupent au moins 16 ménages mentionnés entre 1418 et 1428, forment environ le tiers de la population. Habitant principalement au village de La Poterie de Fontenay, les artisans appartiennent tous à la catégorie des féagers, chacun étant l’usufruitier d’une censive de petite dimension appelée « féage », « fé », ou « tenue ». Comme d’autres féages bretons sur lesquels subsistent des descriptions précises (Leguay, Martin 1982 : 270‑271), les féages chartrains sont sans doute constitués d’une terre formant un ensemble morcelé dont une partie est labourable et l’autre, constituée de prés et landes, est destinée principalement à la pâture. Les revenus doivent être maigres, autant que le sont les rentes dont s’acquittent en plusieurs termes les paysans. Raoullet Bégouin qui vend en 1418 quelque 1 500 tuiles à la ville de Rennes9 est mentionné dès 1407 dans le « minu de la terre seigneurie et juridicion de Fontenai »10. Il doit avec sa femme, 7 sous 9 deniers et deux corvées au terme d’août. À Noël, il paiera 5 sous 6 deniers et donnera un provendier d’avoine ainsi qu’une géline. Son frère Guyot (ou Guillot), à la tête d’un féage moins important, verse 6 sous au terme d’août, à Noël 2 sous 7 deniers et doit 2 jours de corvées. Tout cela demeure dérisoire et à titre de comparaison, on peut signaler, qu’à la même époque, un manœuvre gagne sur les chantiers rennais quelques 20 deniers par jour (1 sous 8 deniers) et l’apprenti, au bout d’une journée de 12 heures, aura reçu 14 deniers (Leguay 1968 : 113‑115). Nous pouvons nous demander si certains ménages chartrains, avant d’être potiers, carriers ou chaufourniers, n’ont pas d’abord pratiqué le cumul des féages ! Guyot Raoullin est non seulement l’usufruitier de terres relevant de la seigneurie de Fontenay mais aussi, comme héritier de Jehan Raoullin (son père ?), possesseur d’une censive sur laquelle il verse une rente à Jeanne de la Courbe, dame de Pan qui décède en 140511. Vers 1400, Jehan Chesnel, féager, verse une rente à Jeanne, femme de Perrot Nepveu12. En 1407, il est mentionné comme féager du sire de Fontenay. Quoi qu’il en soit, la détention de plusieurs censives n’est pas exceptionnelle en Bretagne. Jehan Le Bihan de Carnac (Morbihan) est détenteur de deux censives, ce qui ne l’empêche pas aussi d’être ouvrier de forge (Leguay, Martin 1982 : 275‑276).
- 13 Voir notices, acte 1.
12L’importance des activités artisanales dans le monde rural, dont la vitalité est amplement constatée dans les autres régions, dès avant le xive s. (Contamine et al. 1993 : 179‑184, 277, 364‑367, 390‑396), démontre bien que le travail agricole nourrit mal ou trop peu les ménages. Mais estimer l’apport de l’artisanat dans leur revenu n’est pas une tâche aisée. Guillaume Gerbe, André Marion ou Guillaume Loheac, de La Poterie de Fontenay, ne sont pas à plaindre. En 1423, la vente de tuiles, à la ville de Rennes, rapporte quelque 49 livres à André Marion et 33 livres à Guillaume Gerbe13. Même défalquées du coût d’approvisionnement des matières premières et/ou du salaire d’un ouvrier, ces sommes restent sans doute convenables. À titre de comparaison, on peut remarquer qu’un maître‑maçon gagne à la même période, à Rennes, et en moyenne, quelque 40 à 50 livres par an. Il faut noter que devaient s’ajouter, à la vente de tuiles aux chantiers rennais, le produit des ventes réalisées auprès des particuliers et le revenu agricole. À côté, il est vraisemblable que la majorité des artisans devaient vivre plus chichement. On peut en effet supposer que le marché rennais n’était ouvert qu’à un très faible nombre de tuiliers chartrains, les plus entreprenants, les autres devant se contenter de ventes moins importantes conclues avec des particuliers et sur le lieu même de l’atelier.
- 14 AMR, Inv. Prov. 1046 : f° 8v (année 1454).
- 15 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 7v (année 1459).
- 16 ADCA, E 906 : f° 46r (années 1457‑ 1459).
13Certains ont pu choisir d’abandonner toute activité agricole pour se consacrer exclusivement à l’artisanat céramique, d’un bien meilleur apport. À Rennes et à Guingamp, au fur et à mesure que l’on s’avance dans le xve s., se développent les contrats, marchés ou « feurs ». En 1454, Pierre Fontaine réalise un pavage de tuiles dans deux chambres de la Porte de Toussaint à Rennes et est payé 8 livres et 15 sous « par marché fait aluy pour sallaire et despens »14. Le 11 juillet 1459, Guillaume Chesnel, de Fontenay, signe un marché pour « tuiller » deux chambres de la Porte Mordelaise. Il posera lui‑même les tuiles qu’il liera au mortier de chaux et de sable15. À Guingamp, Jehan Leroy, qui est dit potier, répare le foyer du four de Montbazaill « par feur »16.
1.2.5 Les effectifs
14Il est difficile de connaître l’importance des sociétés potières au sein des paroisses de Chartres‑de‑Bretagne, de Rieux ou de La Poterie Lamballe. Les exercices de « voltiges statistiques » réalisés sur celle de Chartres‑de‑Bretagne laissent entendre, si tous les artisans mentionnés entre 1418 et 1428 sont bien recensés comme chefs de famille et contribuants en 1427, que les ménages potiers regroupaient au moins 64 à 80 personnes, soit un tiers de la population. Impossible de dire si ce nombre a augmenté ou diminué au cours du xve s. Les sources de la première moitié du xve s. ne mentionnent que les artisans avec qui la ville de Rennes fait affaire à l’occasion et, passé les années 1450, elles ne livreront quasiment plus de nom.
- 17 AMR, Inv. Prov. 1044bis : f° 16, 27, 39 et 89 (années 1042‑1044).
15Entre 1418 et 1444, on constate un important renouvellement des patronymes. En 1442‑1444 apparaissent les familles Jehan, Peset, Merand, Letexier et Legay17. Seule subsiste depuis 1418 la famille Begouin. La population potière chartraine apparaît ainsi bien fluctuante, preuve peut‑être de l’absence d’organisation du métier et de la pratique bien temporaire de cet artisanat chez certains ménages. Au contraire, à La Poterie Lamballe, 60 % des familles repérées en 1419 subsistent encore en 1500. On y constate de fait un très lent renouvellement des potiers qui s’allie à une stagnation de leur effectif. Leur nombre a progressé de 1411 à 1466 –de 28 à 34 artisans recensés– et ce, malgré la peste noire qui a prélevé un lourd tribut en 1453. Par la suite, leur effectif, après une décrue de 1466 à 1473, ne va plus se modifier jusqu’à la fin du siècle et reste constant, 26 ou 27 potiers étant en activité chaque année (Fichet de Clairfontaine 1988 : 89‑90). Nous verrons plus loin que l’existence d’un contrat oral ou écrit a pu être à l’origine de la stabilité des effectifs lamballais en 1473 et 1499.
1.2.6 La transmission du savoir
- 18 AMR, Inv. Prov. 1043 : f° 19r (année 1424).
- 19 ADCA, E 21 : f° 37 (années 1464‑1467) ; E 83 : f° 16 (années 1497‑1499).
- 20 ADCA, E 82 : f° 5 (années 1452‑1453) ; E 82 : f° 36 (année 1476).
16À Chartres‑de‑Bretagne et La Poterie Lamballe, comme ailleurs, le métier est transmis principalement de père en fils ; le fils apprenant le savoir‑faire dans l’atelier paternel avant de travailler pour son propre compte ou en association avec son père ou des artisans. Il n’est donc pas étonnant de rencontrer en 1411, dans les ateliers lamballais, Perrin Pivert et Guillaume, fils de Perrin Pivert et, à Chartres‑de‑Bretagne en 1418, « le veil Gerbe » et Guillaume Gerbe. Cette pratique n’est pas exclusive à l’artisanat potier. En 1424, Olivier Legallais et son père produisent ensemble de la chaux à La Chaussairie de Pan, située non loin du village potier de Fontenay18. Le fils débute très tôt dans la profession et certains potiers peuvent être suivis sur près de trente ans. À La Poterie Lamballe, Olivier Teurmel apparaît en 1467 et sera mentionné jusqu’en 1497, date à laquelle le patronyme Teurmel disparaît des recensements19. Recensé dès 1453, Guillaume Maupré est suivi jusqu’en 1476. Il est alors appelé « Guillaume Maupré le viel » pour être distingué d’un autre Guillaume Maupré surnommé le jeune20 ; il s’agit sans doute de son fils.
- 21 Coll. privée. Registre des baptêmes et mariages de 1793‑1800.
17La transmission a pu se faire aussi par le biais du mariage. Le taux d’endogamie professionnel est difficile à déterminer car le nom de l’épouse n’apparaît pratiquement jamais. Il fut sans doute élevé si l’on en juge par les rares filiations données –entre autres par l’emploi courant de surnoms– et du fait du regroupement des ménages potiers au sein d’un même hameau ou d’un même village. À La Poterie Lamballe, l’importante famille des Pivert (7 potiers en 1419) est apparentée aux Lagat, Maupré, Guy et de Launay. Cette endogamie professionnelle, qui tend à créer un véritable enchevêtrement des arbres généalogiques, est observée beaucoup plus tardivement, aux xviie et xviiie s., à Chartres‑de‑Bretagne. Elle y est sans doute bien ancienne car les familles potières, entre lesquelles se dessinent nettement les liens de parenté, sont toutes apparues au cours du xve s. ; c’est le cas pour les Brizoul, Macé, Chesnel, Drouadaine, Lohéac ou Trochu. À la fin du xviiie s., la famille Dautry est liée aux Drouadaine (un Jehan Drouadaine apparaît en 1407 à Noyal‑sur‑Seiche), Macé (mentionné dès 1405 dans le « minu » de Jeanne de la Courbe et en 1407 dans celui d’Amaury de Fontenay), Gentil, Peignon (mentionnés en 1463 dans le « minu » de Jean d’Acigné), Ollivault, Divet, Huë et Trochu (mentionnés dès 1407)21. Toutes ces familles sont liées au monde artisanal de la céramique et pour la plupart dès le xve s.
1.2.7 La famille au sein de l’atelier
- 22 ADCA, E 84 : f° 19 (année 1538).
18La famille Joue sans aucun doute un rôle important au sein de l’atelier. Mais très peu de textes fournissent de renseignements à ce sujet. À La Poterie Lamballe, les assujettis, dont le nom est inscrit dans les comptes de la Châtellenie, sont avant tout les propriétaires de tours ; les autres n’ont aucune raison d’être mentionnés car ils ne paient pas de taxe. Nous l’avons vu, le fils est présent dans l’atelier paternel le temps d’apprendre le métier et d’être en âge soit de travailler seul soit de s’associer avec son père, un frère ou un autre artisan. Guillaume Bedel et son frère qui travaillent ensemble à Chartres‑de‑Bretagne sont mentionnés dans le compte des miseurs de 1423 à l’occasion de la vente de 2 000 tuiles. Pour les ateliers lamballais, il faut attendre 1538 pour voir apparaître une association entre deux frères : « Mathurin Maupre et son frère ensemble deux roues »22, mais la pratique a pu se faire dès le xve s.
- 23 ADCA, E 83 : f° 22v et 23r (année 1495).
19Les femmes sont rarement citées dans les textes. Pourtant il est sûr qu’elles ne se sont pas seulement activées autour du foyer. Chaque ménage a pu allier le travail de la terre et l’artisanat céramique en répartissant les tâches entre ses membres. La femme, aidée ou non de ses enfants, travaille‑t‑elle aux champs pendant que le mari tourne et cuit les pots ou est‑ce l’inverse ? On connaît l’exemple d’Olivier Le Blevet de Carnac qui pêche pendant que sa femme et son fils gèrent l’exploitation (Gallet 1981). Au sein de l’atelier même, la pose d’anses ou la décoration des vases ont pu être réservées aux femmes. En tout cas, aucune d’entre elles, produisant ou vendant des tuiles, n’est mentionnée au xve s. dans les comptes des miseurs de la ville de Rennes. Celles qui apparaissent, et sont liées au marché de la tuile, sont uniquement des charretières. Ainsi en 1423, la femme de Guillaume Joliff s’associe à Jehan Le Metaier pour « l’amenage de celz deus milliers de tele » des ateliers de Fontenay aux chantiers de Rennes. Veuve, elle a temporairement repris le métier de son mari en attendant que son fils Robin soit assez âgé pour conduire la charette. Les rares femmes potières qui apparaissent à La Poterie Lamballe doivent peut‑être cela au décès de leur mari dont elle ont hérité du tour. En 1495, « Jehanne Chairinte vesve de feu Jehan Depays » déclare posséder une roue23, mais il n’est pas sûr qu’elle ait su l’utiliser elle‑même. Il faut bien constater, au regard des textes seuls, que le métier de la céramique semble être d’abord une affaire d’homme !
- 24 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 88r (année 1428).
- 25 AMR, Inv. Prov. 1044 : f°14r (année 1430).
- 26 ADLA, B 2012.
- 27 Voir annexe : acte 2.
20Au côté des membres de la famille, d’autres personnes ont pu travailler dans le même atelier. À leur sujet les textes opposent le silence. On souhaiterait pourtant savoir qui utilise, en 1411 ou en 1419, les deux, voire trois tours, dont nombre de propriétaires déclarent l’utilisation à La Poterie Lamballe (tabl. i). Finalement, nous n’avons de données que sur les associations entre artisans de familles différentes. À Chartres‑de‑Bretagne, cela semble temporaire. En 1428, André Marion est d’abord associé à Jean Pinchu puis à Guillaume Gerbe24. En 1430, il vend 1 890 tuiles en compagnie de Jehan Basin25. Plus singulière et unique, l’association des potiers, Jehan Le Dourgar, Jehan Guizonec, Jeffroy Poupon, et Guyon Le Baelogon, des ateliers d’Ergué‑Gabéric, a pour but de réunir en 1488 les fonds nécessaires pour l’affermage et l’exploitation d’une carrière d’argile26. Enfin, l’association de potiers, qui travaillent au sein d’un même atelier, est très rarement constatée à La Poterie Lamballe. Ce n’est qu’en 1419 que sont recensés « Olivier Guignen et Jehan Louerre demourans ensemble » et qui déclarent l’utilisation de deux tours27.

TABL. I – Variations de l’activité du centre potier de 1411 à 1499, d’après les comptes de la châtellenie de Lamballe (Côtes‑d’Armor). 1 Le faible effectif des potiers et des tours en activité semble bien dû aux effets de la peste noire ; 2 le nombre de potiers et de tours n’est pas indiqué, mais le receveur a inscrit une somme identique à celle perçue en 1468 ; 3 le nom des potiers n’est pas inscrit.
1.2.8 Les associations potières
21En Bretagne, les difficultés économiques qui se sont manifestées dans la seconde moitié du xve s. –mais le phénomène s’étend sur les années 1400‑1520 (Legay, Martin 1982 : 307‑309)– ont, entre autres, suscité la création de nouvelles et nombreuses corporations et confréries véritablement professionnelles. La plupart sont alors destinées à réglementer la fabrication et la commercialisation des produits, à contrôler l’accès à la profession et à condamner l’inobservance du repos dominical ou des fêtes chômées. En préambule, on indique souvent qu’il s’agit de « donner pollice sur les mestiers et arts mecaniques » afin d’éliminer les « inceans et non expers » et d’améliorer la qualité des produits. Ces arguments, s’ils sont louables, se conjuguent malheureusement et bien souvent avec la fermeture de nombre de métiers à tout étranger, au contrôle de ceux‑ci par une minorité qui, combattant la concurrence interne et même externe, sera vite un frein à tout esprit d’initiative.
- 28 ADLA, B 2117.
22Les potiers et tuiliers quant à eux ne paraissent pas s’être organisés officiellement en corporation, confrérie ou frairie, avant le xviie s. Bien que cités à de nombreuses reprises en exemple, les célèbres statuts de la frairie des potiers de Rieux (St‑Jean‑la‑Poterie) datent en fait de 1701 et non de 1420, même si certaines redevances, tels les dix sous de rente appelés « garde », sont mentionnées dans les aveux de 1420 et 1542 (La Borderie 1882). À Chartres‑de‑Bretagne, la frairie des potiers n’apparaît qu’à partir de 1721 dans l’aveu rendu par le marquis de Morant28.
23À quoi ce retard est‑il dû ? Il est certain que nous sommes ici tributaires de l’état des sources et que l’absence de mentions avant le xviiie s. peut être liée à la conservation des actes. Cependant, on ne trouve pas non plus, dans les sources de la période moderne, de simples mentions rappelant ne serait‑ce que l’ancienneté de la création des statuts et laissant ainsi supposer une origine médiévale. Les raisons de ce retard pourraient s’expliquer autrement. La naissance et le développement des métiers jurés est avant tout un phénomène urbain, comme le démontre clairement la liste de métiers établie par Leguay (Leguay 1981 : 264‑265). Le cadre y est sans doute beaucoup plus favorable dans la mesure où il n’existe pas un pouvoir seigneurial fort qui puisse s’opposer à la création des métiers. Dans le monde rural, leur existence pouvait, d’une façon ou d’une autre, être considérée comme une force d’opposition. Ce serait là une explication qu’aucun texte n’a cependant encore étayée. Pour l’heure, on supposerait donc qu’il n’a pas existé de confréries potières « officielles » avant la période moderne.
24Au xviiie s., les potiers de Rieux, contre le versement de divers droits seigneuriaux comme la taxe de seize sous, la rente appelée « garde » et le versement de deux pots par ménage, pourront jouir de privilèges importants concédés par leur seigneur. La frairie contrôle alors la fabrication pour éviter les malfaçons et règle la concurrence interne. Elle réglemente ainsi le nombre d’artisans en activité et interdit l’accès à la profession pour tout étranger qui n’aura pas obtenu son accord et celui du seigneur. Elle fait interrompre la fabrication des pots du 10 décembre au 1er mars et condamne l’inobservance des fêtes chômées. On limite le nombre de pots par artisan et un quota sera déterminé en fonction de sa situation familiale (célibataire, marié ou veuf). Somme toute, ces statuts sont proches de ceux que se sont donnés d’autres confréries médiévales potières de France. Aussi, pouvons‑nous nous demander si, malgré l’absence de statuts reconnus ou connus, les potiers de Rieux n’ont pas déjà édicté, au xve s., de telles règles entre eux et par entente tacite ?
25Une telle hypothèse vaut aussi d’être retenue pour le site potier de La Poterie Lamballe. Lorsque le centre artisanal apparaît en 1411, 28 potiers, propriétaires de 47 tours, sont recensés. L’évolution constatée par la suite montre que le nombre de tours, et d’une façon bien moindre celui des artisans, ne vont cesser de décroître, pour arriver à un équilibre. Par rapport à l’année 1411, le compte de 1481 enregistre une perte de 46 % de la quantité de tours en activité et seulement de 10 % du nombre de potiers. À partir de 1482 et jusqu’à la fin du siècle, les courbes du nombre de potiers et de tours connaîtront une commune évolution, chaque potier n’utilisant qu’un seul tour.
26Les raisons de cette variation de l’activité du centre potier lamballais sur le long terme (tabl. i) ne paraissent guère liées à la « pestilence » qui frappe périodiquement la Bretagne ou au climat de violence dans lequel se trouvent pris les bourgeois de Moncontour et de St‑Brieuc en 1487 et ceux de Lamballe en 1420, ou en 1488 et 1489. Ces faits sont demeurés trop ponctuels pour influencer l’activité artisanale durant un siècle. Il est aussi improbable que les potiers aient restreint le nombre de tours en activité du fait de la taxe ou « devoir de roes » qui frappe chaque tour en activité. Le montant de cette taxe, quatre sous, est trop dérisoire pour avancer cette explication.
27Sur le long terme, cette variation apparaît bien avoir été contrôlée. On constate d’une part une généralisation du tour unique par artisan. Cette généralisation est, d’autre part, liée à un lent renouvellement des potiers‑propriétaires dont le nombre n’évolue plus d’année en année. Enfin, on a pu noter que les patronymes ne changent guère jusqu’à la fin du xve s. Il est ainsi aisé de supposer qu’une certaine fermeture de la profession, du moins un contrôle à l’accès du métier, s’est progressivement développée au long du xve s. Tout cela nous paraît bien attester l’existence de règlements édictés par la communauté potière.
1.3 Production et commercialisation
1.3.1 Les structures de l’atelier
- 29 ADCA, E 79 : f°8 (année 1404).
28Peu de mentions permettent d’évoquer l’atelier. Les comptes de la châtellenie de Lamballe nous apprennent cependant que le potier travaille « en son hostel » où se trouve le tour. Dans nombre de textes bretons, le terme « hostel » semble bien désigner l’habitation principale qui peut être plus importante que la « meson », et, sur la paroisse d’Hillion (Côtes‑d’Armor), les comptes évoquent en 1404 « les filles Plernel sur lour houstel au Pont Neuff »29. Les potiers devaient y avoir réservé un emplacement pour leur atelier. Cette pratique a subsisté jusqu’au début du xxe s. et sans grande modification. En 1907, P. Roche, visitant le village potier, remarque que « chaque chaumière est une petite usine de produits céramiques ». Il note que « le trou où la terre se piétine et pourrit est creusé à côté du lit de la famille, et le tour..., est dans une cavité voisine » (Labour 1980 : 115). L’archéologie a démontré que l’habitat se trouve sur le site des ateliers de Fontenay, dès la fin du xie s. À partir du xviie s., de nombreux textes évoquent l’atelier qui est situé dans un petit bâtiment accolé à la maison d’habitation ou séparé de celle‑ci par une cour. L’édifice, appelé « ouvroir », est de plan rectangulaire et ses parois, reposant sur un mur‑bahut maçonné, sont en pisé. Hormis le tour et les étagères pour les vases, il ne comprend intérieurement ni cheminée, ni plancher d’étage.
29Dans la plupart des textes, le tour de potier est le seul outil mentionné, car servant à établir l’assiette des redevances frappant l’artisanat céramique. Il est appelé « roe, reue, roue tournante, roue a potier » ou « roe pour faire poz de terre » dans les comptes de la châtellenie de Lamballe. Il est alors constitué d’une roue en chêne, souvent de charette, placée horizontalement sur un axe fixé en terre ; le vase étant disposé soit sur la face supérieure de son moyeu, soit sur un plateau appelé sellette. Le four n’apparaît que dans les aveux de la famille du Hallay. L’acte de 1435, rendu par Pierre du Hallay, mentionne une rente de quatre deniers qui frappe chaque « fearge a potier ».
1.3.2 Les matières premières : l’argile et le bois
30Le choix d’implantation d’un atelier céramique médiéval est d’abord dicté par la présence des matériaux indispensables à son bon fonctionnement : l’argile et le bois.
- 30 Voir annexe : acte 2
- 31 ADLA, B 2012.
31L’extraction d’argile coûte de l’argent aux potiers et creuser oblige le plus souvent au versement d’une redevance. Celle‑ci sera payée soit par la communauté des potiers (St‑Jean‑la‑Poterie, Pabu ?), soit par chaque artisan (La Poterie Lamballe), La rente de dix sous, appelée garde, et mentionnée en 1420 dans l’aveu de Guillaume Diocres, est due par les « demourans oudit village de la Poterie » de St‑Jean‑la‑Poterie (La Borderie 1882 : 371). Elle donne alors droit à l’extraction de l’argile. En 1542, Perrine Tasterabe déclarera devoir cette redevance, en compagnie d’autres potiers, pour « avoir son droit de prendre et lever terre appellee lize, convenable a faire potz. » (La Borderie 1882 : 372). Dès 1411, les comptes de la châtellenie de Lamballe mentionnent le « debvoir de roe » qui frappe chaque tour en activité (tabl. i). On explique dans chaque compte que la redevance est due « a cause de la terre quils prannent pour faire potz aux héritages et landes de mondit seigneur »30. Son montant, fixé à 4 sous par tour et par an, est peu élevé ; il ne doublera qu’au cours du xvie s. Les potiers de Pabu devaient aussi un droit de terrage qui peut avoir été versé par la communauté entière. Leurs propres gisements d’argile étant épuisés ou presque, cette redevance leur permettait d’utiliser ceux présents sur la commune de Kermoroc’h, située à plus de 10 km de leurs ateliers ! (Salaün 1955 : 78). Les artisans d’Ergué‑Gabéric ont différemment exploité l’argile, en louant les aires d’extraction. Ainsi en 1488, l’aveu de Canevet Kerfors mentionne une carrière ou « migne de terre de laquelle on fait les potz », affermée à quatre potiers pour quarante sous par an31. Cette association de potiers, tout aussi inédite que le mode d’exploitation, permettait aux artisans de se partager les frais de l’affermage. Le coût quelque peu élevé de celui‑ci –dix sous par personne– et bien supérieur à la redevance de 4 sous frappant chaque tour lamballais a dû être compensé par la vente de l’argile auprès des autres potiers d’Ergué‑Gabéric.
32Il n’est pas besoin d’aller loin pour se fournir en bois, second matériau indispensable à l’activité céramique. La forêt bretonne couvre encore de larges espaces au xve s., et ce malgré les défrichements dont elle a auparavant souffert (Leguay, Martin 1982 : 214). Les ateliers lamballais se fournissent dans la forêt de Maroué qui s’étend au sud et à l’est de Lamballe. Ceux de Landean vont chercher le bois dans la forêt de Fougères, où, depuis 1269, les seigneurs du Hallay disposent du droit d’usage, de chauffage et de passage ainsi que du droit d’exercer la garde sur une partie de la silve (Le Bouteiller 1976 : 20). Pour pouvoir se fournir en combustible, les artisans paieront chacun, à Amaury du Hallay puis à son fils, une redevance de 12 deniers, appelée « chauffaige ». Nul doute que la forêt a souffert de cet artisanat, qui y trouvait son bois et parfois l’argile. Sans être les seuls responsables de la dégradation du monde forestier, celui‑ci étant le siège de nombre de petites industries (verreries, forges, carrières...), les ménages potiers de Landéan, de Chartres‑de‑Bretagne ou de La Poterie Lamballe devaient, bien souvent, être désignés parmi les principaux fautifs. On peut se demander si les potiers chartrains ne se sentirent pas menacés par le duc François II lorsque ce dernier ordonna en 1469 une vérification des droits d’usage sur la forêt de Rennes, afin de chasser les indésirables. Il est vrai que tout moyen semble bon pour trouver de quoi cuire ses pots. Ainsi, en 1427, la ville de Rennes se plaint auprès des habitants de La Poterie de Fontenay (on ne cite pas tous ceux de Chartres‑de‑Bretagne !) pour le vol de bois lui appartenant. Il n’est pas sûr que les artisans aient employé ce matériau à des fins de construction. Quoi qu’il en soit, les artisans bretons ont dû finalement utiliser d’autres combustibles complémentaires ; ainsi les aiguilles de pins à St‑Jean‑la‑Poterie ou la bruyère à La Poterie Lamballe à partir du xvie s. À propos des ateliers lamballais, l’aveu de Guillaume Bouillie, daté de 1583, mentionnera un droit sur la coupe de la bruyère (Hamon 1969 : 76‑77).
1.3.3 La production
- 32 AMR, Inv. Prov. 1044 bis : f° 15v (année 1444).
- 33 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 6r (année 1460).
- 34 ADCA, E 906 : f° 69v (année 1444).
- 35 ADCA, E 906 : f° 48v (années 1457‑ 1459).
33Tout porte à croire que ce sont les mêmes qui produisent la poterie et la tuile. En mentionnant le nom des artisans, les textes ne semblent pas avoir attaché de l’importance à la désignation précise de leur métier. Les comptes des miseurs de la ville de Rennes évoquent en 1423 « les telours de Fontenay » et en 1444 « Jouhan jehan tuillour »32. Il semble pourtant que ce sont les mêmes qui vendent des pots près de la porte St‑Michel, en 146033. Dans les comptes de Guingamp, Jehan Le Roy est mentionné en 1444 comme « fessour de tuille »34. En 1457‑1459, il fournit la tuile pour le four de Montbazaill et est désigné comme étant potier35.
- 36 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 6v (année 1425).
- 37 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 88r (année 1428).
- 38 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 18r (année 1430).
- 39 AMR, Inv. Prov. 1044 bis : f° 17v (années 1442‑1444).
- 40 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 27v et 50r (année 1427).
- 41 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 12r (année 1427).
- 42 AMR, Inv. Prov. 1048 : f° 3r (années 1464‑1466).
34Les documents évoquent rarement la production de pots. Ils se bornent tout juste à rappeler que ceux‑ci sont fabriqués avec l’argile et/ou le tour. La production de matériaux architecturaux apparaît à de très nombreuses reprises. Les ateliers de Pabu produisent « la bonne tieulle » qui sert à paver la sole des fours Jestin, Montbazaill ou Loues. Ils fabriquent aussi les tuyaux de terre destinés, en 1498, aux étuves du château de Quintin (Salaün 1954 : 78). À La Poterie de Fontenay, la tuile représente près de 90 % des ventes signalées dans les textes, au cours de la première moitié du xve s. En 1418, 11 900 tuiles seront vendues à la ville de Rennes. En 1423, ce sont 19 200 tuiles qu’acheminent les charretiers vers les chantiers de fortification rennais. Le matériau est alors utilisé pour couvrir l’arase supérieure des murs et paver des salles. Sans qu’aucune explication soit donnée dans les textes, le prix du millier de tuiles baisse de 1418 à 1444. En 1418, il sera fixé à cinq livres dix sous. À partir de 1426, il est rabaissé d’une livre et s’établit, en 1442‑1444, à 4 livres. Cette chute du prix d’achat a peut‑être été provoquée par la ville, du moins par tous les acheteurs dont les commandes ont influé sur l’activité du centre potier, une hypothèse qui demande à être vérifiée. Il se pourrait aussi que cette baisse soit due à des modifications apportée à la fabrication des tuiles, entre autres la suppression de la glaçure. Les artisans de Chartres‑de‑Bretagne produisent aussi, en quantité moins importante, les « tuilles refforcees » (?). En 1425, Jehan Pavaye en vend 250 pour faire le chaussepied du portail de la rue aux Foulons à Rennes36. Le prix du millier de « tuiles refforcées » vendues sur le marché de Rennes, connaîtra un sort inverse à celui des tuiles. En 1425, le millier est payé trois livres quinze sous et dix deniers. À partir de 1428, le prix d’achat est fixé à 4 livres37. De nombreuses mentions de comptes de la ville de Rennes désignent aussi la petite tuile ou tomette qui est vendue 20 sous le millier38 et destinée aux « privées » ou toilettes, ainsi qu’aux cheminées. On constate de très courtes variations de son prix qui est alors ramené, temporairement, à 16 sous et 8 deniers, sans que les textes en fournissent la raison39. Pour finir, on doit mentionner la production de tuiles canals, appelées « ensestaux » ou « enfestaux ». En 1427, elles sont achetées pour le couronnement des murs des nouvelles bastilles de la ville de Rennes40. Leur prix est alors fixé à la douzaine, pour un montant de 2 sous et 6 deniers41. La valeur de ce produit croît par la suite. Ainsi, à partir de 1464‑1466, elle est de 3 sous et 4 deniers la douzaine42.
1.3.4 Les modes de commercialisation
- 43 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 203r (année 1428).
- 44 ADLA, B 2117.
- 45 ADLA, B 1727 : f° 69r (rôle rentier 1420‑ 1455).
- 46 ADIV, C 592.
- 47 BMR, mémoire 26‑257.
35Les ateliers de potiers et/ou de tuiliers sont les premiers lieux de ventes. En 1423, la ville de Rennes achète à Guillaume Gerbe 6 000 tuiles « presens sur le lieu de la Poterie de Fontenay » et Guillaume Thomas, charretier, se chargera du transport. En 1428, Robin Joliff, Guillaume Juhel et Jehan Lemaistre, tous trois charretiers, vont sept fois « audit lieu de la Poterie pour amenez ladite tuille »43. Le second moyen d’écouler les produits céramiques consiste à les vendre sur les marchés permanents, qui pullulent en Bretagne, ainsi que sur les foires simples et celles franches. Ces lieux de vente peuvent parfois se confondre en grande partie avec le lieu de production. En 1380, Amaury de Fontenay obtient du duc de Bretagne l’autorisation de créer une foire simple (sorte de marché élargi) au village de La Poterie de Fontenay. En 1396, un aveu du même seigneur mentionnera l’existence de « quatre foyres et marches a tenu chacun an en la Poterie de Fontenay »44 Bien entendu, les villes, grandes consommatrices de produits céramiques, offrent aussi de multiples lieux de ventes. Lesneven (Finistère) a un marché et neuf foires qui se tiennent à l’occasion de grandes fêtes (Leguay, Martin 1982 : 232). Des marchands potiers devaient s’acquitter d’un droit variant d’un denier à une obole par somme ou charge de poterie qu’ils souhaitaient y vendre45, s’ils venaient « dehors levesche de Leon ». St‑Renan (Finistère) possède un marché qui ouvre tous les samedis et six foires qui se tiennent au moment des grandes fêtes. La pancarte de la ville, imprimée pour la première fois en 1459, indique que les potiers pouvaient chacun y louer un emplacement de vente, moyennant le versement d’un sous46. À Rennes, les potiers ont pris l’habitude de s’installer près de la porte St‑Michel et un marché de la poterie s’y est peut‑être développé en permanence. On peut cependant se demander s’il a connu une activité importante. Ainsi, la pancarte de Rennes, datée du 4 janvier 1481, indique que les potiers, cordiers et porteurs de seaux d’eau, ne payent aucune taxe sur la vente de leurs produits, les cordiers étant cependant astreints à fournir la corde « pour servir à l’execution des condampnez a mort »47.
- 48 AN, H 3118 (5 août 1682).
- 49 AN, 1AP 568 (Livre des revenus de l’Évêché de Dol).
36Dès 1387‑1388, apparaît, à Lamballe, la coutume de la Poterie. Il s’agit ici d’une taxe qui frappait la vente ou l’exposition des céramiques sur les marchés lamballais. Selon J. Martray, la plupart des coutumes, mentionnées dans les comptes de la châtellenie, étaient perçues sur le champ de foire ou de l’Avoir (Martray 1974 : 52), ce qui n’est pas sûr. Il faut noter qu’en 1682, la coutume de la poterie semble désormais perçue, dans les ateliers mêmes, auprès de chaque potier de Tramain et de La Poterie Lamballe48. Â Dol‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine), une semblable coutume, appelée simplement « la poterie de terre », est perçue sur le marché, dès 1459, lors de la vente des céramiques provenant de la zone des marais de Dol, peut‑être même des ateliers d’Hirel49.
37Peu de textes évoquent la circulation à moyenne et longue distance des produits céramiques. Les potiers assurent sans doute eux‑mêmes la majeure partie des ventes au xve s., mais ne semblent pas se déplacer loin de leurs ateliers. En 1418, Guyot Raoullin et Hervot Raoullin acheminent eux‑mêmes la tuile qu’ils ont vendue à la ville de Rennes. Ce fait est rare et mérite d’être noté. Le plus souvent, ce sont les mêmes charretiers qui amènent la chaux, le sablon, la pierre de Pan ou de Fontenay et la tuile. Il est évident que le commerce sur moyenne et longue distance ne pouvait être assuré par les potiers. À Lesneven, on signale, vers 1420‑1455, des « marchands vendants potz de terre venant dehors levesche de Leon, et ceulz de levesche de Leon ». C’est la seule et unique mention de marchands potiers. Cependant, le terme pourrait prêter à confusion, ces marchands n’étant peut‑être que de simples potiers venant vendre leur production sur les marchés de Lesneven. Pour finir, ce sont les procureurs de la fabrique de la cathédrale de Vannes qui font venir la tuile de Nantes. Ils l’ont achetée au potier Olivier Tubout puis l’ont fait acheminer jusqu’aux entrepôts du faubourg de Calmont à Vannes.
1.4 Conclusion
38À partir de la fin du xvie s., les sources manuscrites mentionnant l’artisanat céramique sont devenues plus abondantes. Aux seules et rares mentions de potiers ou de tuiliers, se sont ajoutées celles des apprentis, des ouvriers, des maîtres‑potiers et surtout des marchands‑potiers qui sont nombreux et dont certains, tels les Drouadaine de Chartres‑de‑Bretagne, tiennent pignon sur rue dans la ville toute proche et font partie des notables. Nombre de sociétés potières fortement hierarchisées (Rieux, Chartres‑de‑Bretagne, La Poterie Lamballe ou Herbignac en Loire‑Atlantique) disposent de leurs propres statuts et s’organisent au sein de confréries ou de frairies qui disparaîtront à la Révolution. À Chartres‑de‑Bretagne, les ateliers se sont définitivement mêlés aux habitats et les rares plans dressés à la fin du xviiie s. et au xixe s. transcrivent leur enchevêtrement.
39Ce que l’on constate au xviie s. pourrait être l’aboutissement d’une évolution commencée au cours du Moyen Âge et qui n’est pas encore achevée à la fin du xve s. Ainsi, on remarque qu’aucune corporation potière n’est attestée, que la vente des pots et des matériaux de construction est le plus souvent réalisée par l’artisan qui amènera lui‑même ses produits sur le chantier quand ce n’est pas par l’intermédiaire d’un charretier. Les marchands potiers n’ont guère fait leur apparition sur la scène commerciale, mais leur « avènement » est déjà annoncé par le développement des contrats à partir de la seconde moitié du xve s. qui imposent à des artisans de développer leur activité. En 1459, Guillaume Chesnel produit, vend et installe lui‑même la tuile. Au xviie s., parmi les marchands potiers de Chartres‑de‑Bretagne, nous retrouverons la famille Chesnel, aux côtés des Chatel et des Drouadaine ; ce n’est sans doute pas un hasard. Notre enquête est donc destinée à se poursuivre au sein du xvie s., qui pourrait constituer une période charnière entre le Moyen Âge et les xviie‑xviiie s., période au cours de laquelle les corporations potières se sont sans doute créées. On notera que la Normandie orientale a connu une progression très importante de l’activité artisanale au début du xvie s. (Bois 1976 : 102‑104) et qu’à titre de comparaison, il en fut probablement de même en Bretagne.
Annexe
Notices
40Acte no 1
Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine)
41AMR, Inv. Prov. 1043, année 1423.
Compte de Guillaume Legouz et Guillaume Cohignac, sur registre parchemin.
42F° 11 v°
« Item a gerbe pour seix millers de teille pour aumurer les murs de ladite ville par marche fait a lui pour chaque millier presens sur le lieu de la poterie de Fontenay XXXIII livres. »
43F° 12 v°
« A Guillaume Thomas charretier pour amener seix milliers de telle de la poterye de Fontenay pour marche fait. X livres »,
44F° 15 v°
« Item ensuist la tele receue des telours de Fontenay XIII
À André marion a este poiie pour seix milliers de tele que len a eu de luy au pris de cent et deix soulz le millier pris sur le lieu et montent en somme audit pris trente et tres livre.
45Item audit Andre pour onze cens de tele audit pris seix livres XII deniers.
46Item a Guillaume Thomas pour lamenage de seix milliers de tele. Lui fut poie pour marche et convenance fait a lui..deix livres.
47Item audit Thomas pour lamenage de onze cens de tele Trente cinq soulz.
48Item a Guillaume Loheac pour quatre millier de tele audit pris de cent et deiz soulz pourle millier sur le lieu fut poie... vignt et douz livres.
49Item audit Loheac pour lamenage de celz quatre millers de tele sept livres
50Item a Guillaume Bedel et son frère pour deus milliers de tele audit pris onze livres
51Item a Jehan le metaier et a la femme Guillaume Joliff pour lamenage de celz deus milliers de tele. »
52Acte no 2
La Poterie Lamballe (Côtes‑d’Armor)
53ADCA, E 79,1419 : f°3 v° et 4 r°.
Compte de la Châtellenie de Lamballe rendu par Morice de Lesmelleuc, sur registre parchemin de 20 pages.
54« De la forest de maroe et des devoirs appartenans a cause dicelle par argent se charge ledit recepveur cy endroit ainsi comme senssuit. Cest assavoir que chacun potier de la poterie de Saint Yrieuc doit poier pour chacune roe quil a en son hostel pour faire poz de terre a cause de la terre quils prannent pour faire potz aux héritages et landes de mondit seigneur estans pres ycelle forest. IIII s. pour chacune teste de sainct Barthelemi dont ledit recepveur a fait la levee dou chacune de la feste de sainct Barthelemi mil IIIIcXIX des personnes et selon les parcelles qui ensuivent. Premier
Olivier Robe I roe IIII s, Geffrelot Pyvert III roes XII s, Jehan Caignart II roes VIII s, Pierre Roche I re IIII s, Pierre moussart II roes VIII s, Jehan Guyomar II re VIII s, Guillaume Guillaumel II roe VII s, Guille Noron II re VIII s, Jehan Pivert II re VIII s, Rolland Heurtaud II re VIII s, Johan Guillaumel I re IIII s, Rollandin Pivert son filz II roes VIII s, Johan Pivert de Launay I roe IIII s, Henry Veillet I re IIII s, Johan Soquet II re VIII s, Jehan Brunart I roe IIII s, Julien Lechier I roe IIII s, Bertram filz Rolland Pivert dit Maupre I re IIII s, Bertram Turmel I re IIII s, Olivier Guignen et Jehan Louerre demourans ensemble II re VIII s, Guillaume filz Thomas Pivert II re VIII s, Geffroy le Bigot I roe IIII s, Pierres Bernard I roe IIII s, Estienne Pivert dit Lagat I roe IIII s, Rolland Guyomar de launaist II re VIII s, Perrin maupre II re VIII s, Guille Turmel I re IIII s.
Aussi est la somme ensemble XLII roues qui monte VIIII VIIIS ».
55N.B.
Le compte de l’année 1411 est publié par Chauvin (Chauvin 1977 : 336‑337).
56Acte no 3
Landéan (Ille‑et‑Vilaine)
57ADLA, B 1352.
Extrait de l’aveu rendu par Pierre du Hallay en 1435.
58« ... Item cognut tenir de mondit seigneur comme dit est douze deniers pour chauffaige et vignt sous que il lui sont deuz et appartienne chacun an de chacune fearge (forge, four) a potier avecque quatre deniers et une poulle de rente lui deuz de chacune cuisson de potz des faies de la dite poterie... »
59N.B.
Un nouvel aveu rendu par son fils, Amaury du Hallay, le 24 septembre 1435, ne mentionnera pas la redevance de 20 sous qui frappait les fours (ADLA, B 1352).
Bibliographie
Bibliographie
Barton 1966 : BARTON (K.J.). — The Medieval Pottery of Paris. Medieval Archaeology, X, 1956, p. 59‑73.
Bois 1976 : BOIS (G.). — Crise du féodalisme. Économie rurale et démographie en Normandie orientale du xive s. au milieu du xvie s. Paris, 1976.
Bucur et al. 1984.
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Giot, Querré 1987.
Hamon 1969.
La Borderie 1882.
Labour 1980.
Lailler 1947.
Langouët et al. 1977.
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Le Bouteiller 1976 : LE BOUTEILLER (Vicomte). — Notes sur l’histoire de la ville et du pays de Fougères, 1976 (rééd.).
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Morice 1742‑1746 : MORICE (H. dom). — Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne. 3 vol. 1742‑1746.
Nicourt 1986.
Salaün 1955.
Notes
1 ADCA, E 906 et E 907.
2 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 6r (année 1460).
3 ADLA, B 1352.
4 ADLA, B 2117.
5 BN Ms. fr. 22331 : f° 445.
6 ADCA, E 213.
7 ADCA, E 206.
8 ADLA, B 2988.
9 AMR, Inv. Prov. 1043 : f° 40r (année 1418).
10 ADLA, B 2117.
11 ADLA, B 2099.
12 ADLA, B 2099.
13 Voir notices, acte 1.
14 AMR, Inv. Prov. 1046 : f° 8v (année 1454).
15 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 7v (année 1459).
16 ADCA, E 906 : f° 46r (années 1457‑ 1459).
17 AMR, Inv. Prov. 1044bis : f° 16, 27, 39 et 89 (années 1042‑1044).
18 AMR, Inv. Prov. 1043 : f° 19r (année 1424).
19 ADCA, E 21 : f° 37 (années 1464‑1467) ; E 83 : f° 16 (années 1497‑1499).
20 ADCA, E 82 : f° 5 (années 1452‑1453) ; E 82 : f° 36 (année 1476).
21 Coll. privée. Registre des baptêmes et mariages de 1793‑1800.
22 ADCA, E 84 : f° 19 (année 1538).
23 ADCA, E 83 : f° 22v et 23r (année 1495).
24 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 88r (année 1428).
25 AMR, Inv. Prov. 1044 : f°14r (année 1430).
26 ADLA, B 2012.
27 Voir annexe : acte 2.
28 ADLA, B 2117.
29 ADCA, E 79 : f°8 (année 1404).
30 Voir annexe : acte 2
31 ADLA, B 2012.
32 AMR, Inv. Prov. 1044 bis : f° 15v (année 1444).
33 AMR, Inv. Prov. 1047 : f° 6r (année 1460).
34 ADCA, E 906 : f° 69v (année 1444).
35 ADCA, E 906 : f° 48v (années 1457‑ 1459).
36 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 6v (année 1425).
37 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 88r (année 1428).
38 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 18r (année 1430).
39 AMR, Inv. Prov. 1044 bis : f° 17v (années 1442‑1444).
40 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 27v et 50r (année 1427).
41 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 12r (année 1427).
42 AMR, Inv. Prov. 1048 : f° 3r (années 1464‑1466).
43 AMR, Inv. Prov. 1044 : f° 203r (année 1428).
44 ADLA, B 2117.
45 ADLA, B 1727 : f° 69r (rôle rentier 1420‑ 1455).
46 ADIV, C 592.
47 BMR, mémoire 26‑257.
48 AN, H 3118 (5 août 1682).
49 AN, 1AP 568 (Livre des revenus de l’Évêché de Dol).
Table des illustrations
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Légende | FIG. 1 – Carte des principaux ateliers médiévaux cités dans le texte (entre parenthèses, datation de la première mention écrite). |
Crédits | V.T. del/FMSH |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/41878/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 42k |
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Légende | TABL. I – Variations de l’activité du centre potier de 1411 à 1499, d’après les comptes de la châtellenie de Lamballe (Côtes‑d’Armor). 1 Le faible effectif des potiers et des tours en activité semble bien dû aux effets de la peste noire ; 2 le nombre de potiers et de tours n’est pas indiqué, mais le receveur a inscrit une somme identique à celle perçue en 1468 ; 3 le nom des potiers n’est pas inscrit. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/41878/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 35k |
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