1Les textes et documents anciens sont très souvent insuffisants, quand ils existent, pour situer avec précision et caractériser les céramiques produites dans les ateliers médiévaux ; en revanche, certains sont très intéressants pour obtenir des données sur l’activité, voire l’organisation du travail. Pour pouvoir étudier un atelier de potier médiéval d’une manière significative, l’idéal est d’en connaître la localisation et la production et, pour retrouver un tel site, la prospection, systématique ou orientée, apparaît comme une phase primordiale, autorisant par la suite des fouilles et la collecte de rebuts de fabrication. Cependant, certaines productions ne sont connues qu’à travers des découvertes effectuées sur des sites d’utilisation et on ne saurait les négliger. Par ailleurs, d’une manière générale l’identification d’une fabrication permet de la caractériser typologiquement et pétro‑géologiquement. Parfois, les données pétro‑géologiques permettent de définir des zones de production et permettent de cerner des territoires à prospecter plus finement. De plus, en partant de la constatation raisonnée qu’un potier a eu besoin de gisements d’argile pour confectionner les céramiques et que de tels gisements ont pu être exploités avant et après le Moyen Âge, la production et l’identification de productions d’époques différentes peuvent faciliter la recherche d’ateliers médiévaux. On constate ainsi que pour aboutir à un inventaire des ateliers médiévaux et à une meilleure connaissance des céramiques produites, plusieurs approches sont possibles et peuvent se combiner.

2Les dix‑sept chercheurs regroupés depuis 1984 dans le projet collectif de recherche « Les ateliers de potiers médiévaux en Bretagne » ont travaillé avec différentes approches. Des résultats plus ou moins importants ont été obtenus sur de nombreux sites d’atelier. Bien sûr, ceux qui ont fait l’objet de fouilles, précédées de prospections au sol et géophysiques, apportent plus à la connaissance, surtout en ce qui concerne l’organisation du travail et la chronologie, mais des données importantes ont été obtenues sur d’autres productions moins finement localisées et donc étudiées. Le présent exposé voudrait, à travers quelques exemples bien choisis, montrer les méthodes d’approche de ces ateliers bretons utilisées par le groupe de chercheurs du projet collectif.

Les documents écrits

Inventaire et localisation des ateliers par le dépouillement des sources écrites

3Dans la mesure où nombre d’ateliers bretons ont pu fonctionner pendant plusieurs siècles, du Moyen Âge au début du xx^e s., les études d’archives ont nécessité au préalable une analyse diachronique des sources écrites pouvant être définies sur trois champs qui se compléteront successivement : ouvrages, articles et notes d’érudits consacrés plus ou moins entièrement à l’artisanat céramique à partir du milieu du xix^e s. ; fonds d’archives des xvi^e‑xx^e s. comprenant aussi bien des données cartographiques (matrices cadastrales, plans terriers...) que des données fiscales, statistiques, économiques, notariales, juridiques, paroissiales (aveux, baux de fermage, actes de ventes, enquêtes, procès, registres d’imposition...) ; les fonds d’archives médiévales n’intéressant surtout que des aspects socio‑économiques. N’est le plus souvent mentionné que ce qui est taxé : l’homme, son tour, le four ou sa production (aveux et dénombrements, compte de seigneuries et miseurs de villes, Minus de seigneuries, pancartes, ...).

Ouvrages, articles et notes d’érudits depuis le milieu du xix^e s.

4Depuis le milieu du xix^e s., les ouvrages, les articles et les notes d’érudits, qu’ils soient d’ordre historique, ethnographique, artistique ou économique, se sont multipliés sur les ateliers céramiques bretons, complétant les premiers recensements établis par les annuaires départementaux du début du xix^e s. ainsi que les quelques mentions fournies par Cambry (Cambry 1835) et le dictionnaire d’Ogée (Ogée 1853) ; la plupart de ces ateliers étant alors en activité ou, dans le cas contraire, encore présents dans les mémoires par des sources plus anciennes (aveux bas ou post‑médiévaux, minutes notariales, ...) ou par leur production. Ces travaux ont constitué un premier champ d’étude qui a permis de réaliser une cartographie initiale des centres et ateliers de potiers bretons (Tardy 1971 ; Giot 1987) mais a aussi servi de guide pour des recherches plus approfondies tant dans les fonds d’archives que sur le terrain.

5Réparties entre les différentes revues et bulletins de sociétés, les publications, qui apparaissent dès 1855 avec l’article de A. de La Borderie sur les potiers de Rieux permettent le plus souvent de recenser et non de localiser un atelier (La Borderie 1855). Les annuaires départementaux du début du xix^e s. n’avaient pas non plus d’autre but que de présenter un état de l’activité industrielle d’une région, Ces premiers travaux ne situent le plus souvent le ou les ateliers qu’à l’échelle d’un bourg, d’un village, voire d’un lieu‑dit. A. de La Borderie, en 1855 et 1882, et L. Rosenweig, en 1857, n’évoqueront, à propos des potiers de Rieux (St‑Jean‑la‑Poterie, Morbihan) que « les titres fort rares qui les concernent » (La Borderie 1882 ; Rozensweig 1857). M.‑R. Chevallier‑Kervern situe rapidement les potiers de Lanveur‑en‑Lannilis dans les villages de Prat‑Torchen, Prat‑Lédan, Kérisaouen... avant de s’intéresser à leur histoire et surtout aux techniques de fabrication (Chevallier‑Kervern 1935 et 1956). Aucune indication n’est donnée sur l’organisation des ateliers et leur localisation au sein des villages ; le constat est le même pour le centre de Fontenay à Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine) décrit par M.‑J. Aussant en 1873 ou pour les ateliers d’Ergué‑Gabéric (Finistère) (Bernard 1923 ; Duval 1957). Des exceptions se présentent cependant, offrant aux chercheurs et prospecteurs un champ d’enquête géographique plus affiné. Ainsi, en 1909, J. Héligon, pour les potiers de Rieux (Héligon 1909), et P. Roche, en 1907, pour ceux de La Poterie, près de Lamballe (Labour 1980 : 115) décrivent bâtiments et fours. Il en est de même pour les ateliers de Pabu (Côtes‑d’Armor) qui firent l’objet de recherches de 1942 à 1954 de la part de R.‑T. Salaün (Salaün 1955). L’auteur a d’autant plus de mérite que les sources sur Pabu font grandement défaut et R.‑T. Salaün d’écrire : « Non seulement les derniers potiers sont morts, mais ceux qui, enfants, les ont vu travailler, en ont perdu jusqu’au souvenir. Les ruines elles‑mêmes n’existent plus ». Tout comme D. Lailler qui enquête sur l’activité des potières de St‑Jean‑la‑Poterie en 1947 (Lailler 1947), P. Roche visite les chaumières qui sont chacune « une petite usine de produits céramiques ». Il ajoute que « le four est construit sous les arbres du jardin, il est à demi‑enfoui dans le sol et la voûte en est formée de poteries creuses ». Ces travaux ne concernent cependant que les principaux centres potiers bretons ; centres qui ont débuté leur activité très tôt, au bas Moyen Âge pour la plupart, et ne se sont éteints qu’à la fin du xix^e s. ou au début du xx^e s. Les autres ateliers et centres, de plus petite taille, de moindre renommée, fabriquant le plus souvent une poterie grossière à usage culinaire et à diffusion limitée n’apparaissent qu’au hasard de brèves notes bien souvent laconiques. Éparpillées au sein des nombreuses publications bretonnes, ces données n’apparaissent qu’au prix d’un long travail de dépouillement et le peu qu’elles livrent souligne davantage le caractère fastidieux de la recherche. Des ateliers de La Haie, à Larre (Morbihan), ne sont connus que trois fours découverts en 1968. Leur emplacement exact demeure inconnu et il est actuellement difficile de les rattacher à une quelconque des périodes historiques (BSPM 1868 : 135).

6Dans ce premier champ d’étude, les articles et études archéologiques demeurent encore trop rares : fait bien souvent souligné à l’échelle de notre territoire français et dans plusieurs publications (Boüard 1987). En Bretagne, s’opposent nettement les articles récents sur Trans (Langouët et al. 1977) ou Planguenoual (Langouët et al. 1984) et celui de M. de Lantivy et J. de La Martinière consacrés aux ateliers carolingiens de Meudon, à Vannes (Morbihan), paru en 1914. Malgré une « bonne volonté évidente », ces derniers n’ont laissé que peu d’indices de localisation permettant de retrouver les trois sites d’ateliers fouillés ou prospectés, peu éloignés les uns des autres : Le Bois Taillis de Meudon, La Lande du Porho et enfin La Lande du Golhien. Un plan succinct, une brève description des lieux et surtout des bouleversements topographiques observés ont permis de relocaliser le dernier site. Les autres n’ont encore pu être situés. L’article qui ne concernera que l’étude morphologique des productions mérite cependant d’être signalé, étant en ce domaine une « œuvre pionnière » (Lantivy, La Martinière 1914).

Les fonds d’archives des xvi^e‑xx^e s.

7Le second champ d’étude, qui comprend toutes les sources contenues dans les fonds d’archives modernes et contemporaines, constitue un réel potentiel dont peu ont encore profité ou suffisamment profité. S’il offre des données variées sur les acteurs, il livre de nombreux renseignements sur les aspects externes de leur cadre de travail (ainsi sur les différentes structures définissant l’atelier, les relations entre celui‑ci et l’habitat, les aires d’approvisionnement, les voies de communication et les centres de diffusion) et son évolution. Ce champ souffre cependant d’être pris au sein d’une masse documentaire importante dans laquelle les investigations du chercheur demandent à être rationalisées. Le temps manquera toujours pour explorer exhaustivement les sources notariales, les centaines de registres paroissiaux conservés dans les archives départementales et communales ou les comptes de fabriques qui révèlent souvent l’existence d’une production par la simple mention de son achat. Pour Malansac (Morbihan), le dépouillement exhaustif de près de 10 000 actes constituant les registres paroissiaux a pu être mené à bien. Mais, dans le cas de Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine), les sources notariales n’ont pu faire l’objet que de sondages. La nature même des documents, leur importance, mais aussi le temps et les moyens ont nécessité des méthodes d’approches différentes.

8Ces premières archives, qui deviennent abondantes à partir du début du xvii^e s., comprennent des documents cartographiques, dont les premiers cadastres datables principalement du milieu du xix^e s. Leur examen a surtout permis de localiser des tuileries et de produire un premier plan de ces grands villages potiers bretons : tels ceux de La Poterie à Pabu ou de La Poterie à Lamballe (Côtes‑d’Armor). De prime abord, il est difficile d’y déceler un quelconque ordonnancement des structures artisanales, noyées au sein des villages. En revanche et par retour d’informations, les descriptions fournies par les actes de ventes ou de locations et parfois les enquêtes peuvent permettre de localiser des ateliers sur cadastre, à condition bien évidemment que la physionomie du village n’ait pas trop évolué entre le xviii^e s. et la date de réalisation du cadastre. Avouons‑le, l’expérience n’est en cours que sur Chartres‑de‑Bretagne. D’autres documents cartographiés y ont été du reste consultés. Ainsi les enquêtes, disputes et procès peuvent donner lieu à l’établissement de plans. En 1862, l’instituteur de Chartres‑de‑Bretagne dressera ainsi un plan parcellaire pour « l’étude du projet de construire un four à brique et à poterie » (fig. 1). Le document, proche du plan cadastral qu’il copie en grande partie, situe les fours au sein du village (ADIV, 5M224).

9En dehors de la série des plans, en nombres, états et intérêts variables d’un site à l’autre, les sources écrites, si elles permettent parfois d’« inventer » un nouvel atelier et de le décrire, ne permettent guère de le localiser précisément. Les actes de vente ou de location le situent bien mais pour des contemporains et par rapport à des terres et des voies que d’aucuns connaissaient aux xvii^e‑xviii^e s. On ne ressent pas le besoin d’adjoindre, en 1751, un plan de situation aux inventaires des biens immobiliers des potiers de Malansac (ADM, C 82) ainsi que pour les États et déclarations des biens de la paroisse de Chartres dressés la même année (ADIV, C 4518). Rares sont pour l’instant les mentions des xvi^e‑xviii^e s. qui ont permis de recenser un nouveau site d’atelier céramique breton apparaissant ainsi dès le xvii^e s. Elles ne nous sont parvenues qu’au hasard de sondages effectués dans des comptes de fabriques ou sur des registres paroissiaux. Ainsi l’artisanat céramique apparaît‑il au milieu du xvii^e s. à St‑Thurial (Ille‑et‑Vilaine) avec les premières mentions d’artisans potiers sur le registre des baptêmes et mariages de la commune.

L’apport des archives médiévales du xv^e s.

10Le troisième champ d’étude constitué des documents médiévaux a été peu exploré. Il ne demeure à peu près aucune mention antérieure à l’année 1380. L’acte de 1084 qui cite, en faveur de St‑Michel de Lamballe, un droit à Noël sur 24 ciphos et scutellas à choisir parmi ceux à vendre sur le marché de Lamballe, a été considéré à tort comme la première mention des ateliers de La Poterie près Lamballe (Geslin de Bourgogne, Barthélémy 1864 : 302 ; Fichet de Clairfontaine 1988 : 82). Les sources constituent à notre grand étonnement un ensemble relativement conséquent. On peut citer les mentions fournies par les 36 registres des comptes de la châtellenie de Lamballe (Fichet de Clairfontaine 1988c), celles plus nombreuses provenant des comptes de miseurs de la ville de Rennes (AMR, 1418‑ 1499, inv. prov. n^os 1043 à 1055) ainsi que les aveux et dénombrements. Datables essentiellement du xv^e s., les mentions sont de deux ordres. Les pancartes de marchés et certains aveux ne permettent au mieux que de constater l’existence d’un artisanat potier dans le proche pays. Ainsi, en 1459, le Livre des revenus de l’évêché de Dol (Ille‑et‑Vilaine) cite, parmi les revenus casuels de l’Évêque, la poterie de terre (La Borderie 1862). Les prospections au sol confirmeront la présence d’ateliers tout proches à Hirel et Bonnemain. Sur le Rôle rentier de la sénéchaussée de Lesneven (Finistère), pour les années 1420‑1455, sont mentionnées les taxes perçues sur la vente de pots. Elles sont de un denier pour chaque somme (quantité) de vases de « chaque potier venans dehors leveschie » et d’une obole pour « ceulx de l’evesche de Léon » (ADLA, B 1727 : f° 69r). Sans qu’on puisse le prouver, cette dernière mention désignait peut‑être les artisans de Lannilis. Il existe heureusement, et elles sont majoritaires –composant le second groupe–, des mentions qui donnent un nom de bourg, de village, voire de lieu‑dit mais, dans ce dernier cas, pas toujours identifiable. Ces sources sont diverses ; ainsi existent celles qui ne signalent que ce qui est assujetti à une taxe : le potier, son tour, le four, le droit de prélever l’argile ou de prendre du bois ; les aveux et les comptes de la châtellenie de Lamballe. Enfin, avec le développement des comptabilités seigneuriales, municipales et ecclésiastiques, apparaissent les mentions évoquant l’achat et le transport de produits céramiques : les comptes de miseurs de la ville de Rennes ou les comptes du trésor de l’église de St‑Sulpice de Fougères. En règle générale, le dépouillement des documents médiévaux n’aura pour l’instant été réalisé qu’après recensement de l’atelier, soit grâce à des documents plus tardifs, soit par suite de découvertes archéologiques. Seuls les ateliers de Landéan auront été inventés. En 1435, l’aveu rendu par Amaury du Hallay, seigneur de Pont Péan, possédant surtout l’Artoire (aujourd’hui le lieu‑dit La Petite Artoire), mentionne « les cinq res (roues) faiees de la poterie de Landéan » (ADLA, B 1352). Les prospections au sol démontreront qu’il existe en fait 5 sites d’ateliers éparpillés sur le territoire du bourg.

11Il faut bien reconnaître que les documents médiévaux, localisant dans le temps une production, permettent surtout de confirmer l’existence précoce de l’activité potière. C’est de 1423 que date la première mention qui souligne implicitement la présence d’un artisanat céramique au village de La Poterie de Fontenay à Chartres‑de‑Bretagne : « Item a gerbe pour seix milliers de teille... presens sur le lieu de la poterie de Fontenay » (AMR, inv. prov. n^o 1043 : f° 11v°). Ainsi, l’apport des sources médiévales à l’inventaire des sites potiers aura permis de constater la présence d’une activité artisanale, au moins à partir du xv^e s., dans 6 centres potiers, tous, mis à part Landéan, ayant subsisté jusqu’au début du xx^e s. : Chartres‑de‑Bretagne (1380), La Poterie, près de Lamballe (1411), St‑Jean‑la‑Poterie (1420), Landéan (1435), Pabu (1444) et Ergué‑Gabéric (1488), ce qui est peu au regard de ce qu’apporteront les prospections au sol et très peu par rapport à ce que fut l’activité céramique au Moyen Âge. Le manque de sources médiévales est sans doute, et pour une grande part, tributaire non seulement de l’état de conservation des fonds, mais surtout de la place qu’eut cet artisanat rural dans l’économie. Aux mains d’un ménage d’agriculteurs‑potiers, nombre d’ateliers produisant une céramique grossière pour une diffusion exclusivement locale n’avaient que peu de chance d’être signalés par des sources écrites. D’une certaine façon, on peut considérer que la mention écrite est le témoin de la pérennité d’une activité potière et de son importance économique.

Microtoponymie

12Il a été question supra des documents cadastraux du xix^e s. Or on ne peut oublier qu’en France, sur de tels documents, outre les hameaux et lieux‑dits, toutes les parcelles portent des noms, éventuellement révélateurs d’un vestige ancien ou d’un rôle passé. Dépouiller l’ensemble des matrices cadastrales anciennes des communes de Bretagne eut été fastidieux, voire impossible du fait du temps nécessaire. En revanche, dans le but de localiser des ateliers potiers disparus, le cadastre actuel a pu être exploré rapidement, par voie informatique, grâce au fichier RIVOLI (Langouët, Lanos 1987).

13Dans un premier temps, trois types de toponymes ont semblé pouvoir être exploités : poterie, ou son équivalent breton poderez, potier, ou son équivalent breton poder, pots, ou son équivalent breton podou et leurs multiples variantes. Mais chacune de ces dénominations comporte ses sources évidentes d’erreurs, sans oublier les déformations de noms survenues au cours du temps. L’abondance d’éléments de briquetages d’époque préromaine dans une parcelle de Hirel (Ille‑et‑Vilaine) a ainsi généré le microtoponyme La Poterie ; il peut également y avoir des confusions avec le nom de famille Potier, assez fréquent en certaines zones de Bretagne (Le Clos Potier, Le Champ Potier, ...). En ce qui concerne les pots, seul le pluriel a été retenu car le singulier est souvent affecté d’un complément le rendant inintéressant pour la localisation d’ateliers (Le Pot Cassé, Le Pot d’Argent, ...) ; de plus, un toponyme de type « Les Pots » peut ne correspondre qu’à un site d’utilisation matérialisé par des tessons abondants de céramiques.

14Les noms de communes ou de lieux‑dits peuvent signaler une activité potière passée. La nomenclature des hameaux, écarts et lieux‑dits classés par commune éditée par l’INSEE, permet déjà quelques repérages ; citons par exemple des sites indiqués plus avant : La Poterie, commune près de Lamballe ; St‑Jean‑la‑Poterie, commune du Morbihan ; La Poterie, lieu‑dit à Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine) et Tramain (Côtes‑d’Armor). Pour quatre départements bretons, l’exploitation du document INSEE ne livre que 26 toponymes de type poterie‑poderez et 4 de type potier‑poder.

15Pour les mêmes départements, le fichier RIVOLI renferme environ 1 300 000 microtoponymes de parcelles, répartis sur 1 314 communes. Le tri automatique effectué en quelques minutes a permis de déceler 91 microtoponymes de type poterie‑poderez et 159 microtoponymes de type potier‑poder. On peut noter une certaine concentration de ces microtoponymes dans le nord‑est de la Bretagne. Pour tester la validité de ces localisations, une prospection systématique a été faite dans les parcelles de cinq communes de haute Bretagne qui présentaient à la fois les deux types de microtoponymes, l’idée directrice étant d’essayer de détecter d’éventuels regroupements parcellaires sur cette base et d’éventuelles activités potières. G. Leroux s’est chargé de l’étude de ces recherches (Leroux 1988) sur les communes de Merdrignac, Plélan‑le‑Petit, Plénée‑Jugon, Plurien et Vildé‑Guingalan, toutes dans les Côtes‑d’Armor. Le résultat a été négatif principalement du fait de l’état actuel des terrains (essentiellement des prairies ou des parcelles bâties). Toutefois on a pu noter que, dans 2 sites sur 9, existait un gisement de tegulae gallo‑romaines. La plupart des parcelles ainsi étudiées se situent à proximité d’un cours d’eau et vraisemblablement de terrains argileux, ce qui n’est peut‑être pas sans signification.

16Un autre essai d’étude microtoponymique a été tenté avec le toponyme mardelle, mardrelle ou marzelle (Langouët, Souillet 1988) ; sa signification archéologique est multiple (principalement dépressions liées à des habitats du genre cabane, fosse d’extraction d’argile ou de minerai, effondrement de fours) mais concerne éventuellement l’artisanat de la céramique. Les cartographies obtenues montrent une concentration de ce type de microtoponyme dans le nord de la haute Bretagne, avec deux groupements, l’un autour de Plumaudan et Yvignac, l’autre autour de St‑Germain‑en‑Coglès. Il faudrait faire une étude de terrain similaire à celle qui a été tentée pour les microtoponymes de type poterie pour connaître la part qui revient à l’artisanat céramique. On peut déjà noter que la parcelle qui possède deux fours de potier carolingien à Trans se dénomme Les Mardelles.

17Ainsi, malgré le peu de résultats obtenus lors de cet essai à partir des indications microtoponymiques et en sachant que, dans le lot, certains sites ne sont pas significatifs, ce dépouillement du fichier RIVOLI est à même d’accélérer la prospection au sol pour la recherche d’ateliers potiers. D’après les observations que l’on peut faire sur les sites connus, le microtoponyme poterie‑poderez semble le plus intéressant pour guider des approches de terrain.

L’approche du terrain

18La prospection constitue une phase très importante de la recherche puisqu’elle peut déboucher sur la localisation de lieux de production, la caractérisation des productions et éventuellement l’organisation des ateliers. On peut cependant distinguer plusieurs types d’approche des ateliers céramiques anciens : l’exploitation des données géologiques, la recherche des sites archéologiques et la prospection fine des sites localisés.

La géologie

19La plupart des céramiques médiévales et post‑médiévales de Bretagne (en dehors des fabrications de faïenceries qui remontent tout au plus à la fin du xvii^e s.) sont des poteries « communes » et « grossières », le plus souvent faites avec des terres issues de l’altération du socle armoricain, avec peu de transport ni de redéposition par sédimentation avec granoclassement, le dégraissant naturel ou renforcé par ajout formant entre le tiers et la moitié du volume en moyenne. Or ce socle est d’une variabilité extrême d’un point à l’autre. Et même quand, plus souvent à l’est du Duché, les argiles sédimentaires de petits bassins cénozoïques ont été exploitées, on y a en général ajouté comme dégraissant des sables ou des arènes reflétant la composition du socle voisin. De telles fabrications se prêtent particulièrement bien à une étude entreprise du point de vue du géologue, du pétrographe et du minéralogiste.

20Le recensement des ressources régionales potentielles en matières premières accessibles est une première démarche de l’approche géologique. Il s’agit évidemment d’une part des matériaux plus ou moins plastiques pouvant servir de terre à potier, les argiles (dans un sens très large du terme), marnes et glaises, les limons (les « terres à briques »), mais il est évidemment utile d’être renseigné sur les gisements des terres particulières (terres à foulons et réfractaires, ces mots ayant souvent été utilisés dans des sens élastiques). D’autre part, il faut connaître les ressources commodes en matériaux aplastiques, les sables et les altérites (surtout les arènes, dites « sables de carrière », « sable de mine », parfois très incorrectement appelées « tuffeau »), et celles pouvant servir de « charges » à caractéristiques particulières.

21Ce recensement se fait d’abord à partir de toutes les publications concernant la géologie et la géomorphologie régionales, en particulier celles relatives aux formations de couverture (cénozoïques, c’est‑à‑dire tertiaires et quaternaires), les altérations, mais sans négliger pour autant celles concernant la pétrographie descriptive du socle armoricain. Il faut notamment éplucher les cartes géologiques au 1/80 000 et 1/50 000, dont toutes les éditions successives et leurs notices contiennent des indications complémentaires des plus utiles ; malheureusement pour le massif Armoricain, on ne dispose qu’à peine de la moitié en cartes modernes. Les notices des premières cartes géologiques départementales publiées entre 1844 et 1850 (Fourcy et Lorieux) sont également instructives et donnent quelques indications statistiques sur l’industrie céramique de l’époque (qui manquent le plus souvent dans les annuaires départementaux du siècle dernier). Les notices des cartes récentes sont parfois très documentées, mais fort inégalement, les divers auteurs n’ayant pas suivi des plans similaires vis‑à‑vis des formations de couverture (qui sont, il faut bien l’avouer, une peste pour les géologues du socle...) ; la consultation des banques de données des agences régionales du BRGM peut être également utile.

22Il va sans dire que comme pour toutes les études de géologie appliquée, il faut être capable et prêt dans chaque cas particulier à compléter soi‑même sur le terrain (par exemple relever sa propre carte géologique de grand détail), comme au laboratoire (la documentation existante y est souvent très déficiente). Il y a donc grand avantage à être un géologue confirmé, exerçant dans la région depuis longtemps, cela ne s’improvise pas.

23Dans le cas de la Bretagne, on rencontre la difficulté des études de terrain des régions souvent pauvres en affleurements, couvertes de bocage ou d’herbages. Il est trop onéreux de faire exécuter des sondages carottés par une entreprise spécialisée, sauf cas particulier ; des sondages manuels à la tarière peuvent être utiles mais prennent beaucoup plus de temps et d’efforts que ne peuvent imaginer ceux qui ne l’ont jamais fait.

24Il se trouve que bien avant le projet collectif mis en route en 1984, nous avions ébauché une documentation de ce genre, ayant en vue l’étude des ressources utilisées pour les poteries néolithiques et protohistoriques au premier chef, et certaines fabrications médiévales particulièrement intéressantes pour le géo‑archéologue. Nous avions complété les données purement géologiques par celles publiées d’ordre historique, ethnographique, toponymique ou statistique concernant les ateliers fonctionnant à la période post‑médiévale qui nous étaient immédiatement disponibles. Ceci a grandement facilité la mise en route du projet collectif. Il va sans dire qu’en outre, les informations de nos collègues de l’institut de géologie de l’université de Rennes I ont été précieuses, complétant bien des publications.

25Alors qu’il s’agit des principales ressources en matières argileuses exploitées de nos jours pour l’industrie, les gisements de kaolins dérivant de l’altération pneumatolytique et hydrothermale de massifs granitiques sont à éliminer en pratique. Ces gisements, souvent considérables et exploités industriellement en carrières –comme à Poemeur et Guiscriff, Morbihan, et à Berrien et Riec, Finistère–, se sont formés par une altération profonde (épitamorphique) d’âge ancien, concernant surtout des massifs de leucogranites, en bordure ou dans des jonctions de filons de quartz (la température de formation n’a guère dépassé 150 C). L’exploitation moderne les destine à la porcelaine, les céramiques industrielles de haute technologie, les charges (papier couché par exemple). Elles n’ont presque jamais été utilisées anciennement, car leur utilisation est trop difficile pour le potier. Elles sont trop pures, et la taille des particules micro‑cristallines qui les composent est trop grande ; elles sont peu plastiques et offrent moins de résistance à l’état sec (non cuit) ; ce sont des argiles « courtes » (short clays), au même sens qu’en cuisine les pâtes « brisées » (style gâteau breton qui est un short cake).

26Un certain nombre de petits bassins d’argiles sédimentaires tertiaires ont été souvent piégés parce que descendus entre failles, ce qui les a préservés de l’érosion quasi générale de la couverture ailleurs. Ils sont généralement cachés par des formations quaternaires de surface, alluvions de fonds de vallées ou limons des plateaux. C’est ce qui explique que leur découverte (ou leur redécouverte) est assez inattendue et peut résulter de forages hydrogéologiques ou de travaux (comme par exemple à Chasné‑sur‑Illet, Ille‑et‑Vilaine). Les argiles de ces bassins sont soit continentales, soit saumâtres, soit marines ; elles peuvent être largement décarbonatées ; les marnes sont exceptionnelles. Non seulement ces argiles peuvent être minéralogiquement très différentes d’un bassin à l’autre, mais il peut y avoir des variations de composition à des niveaux différents, des couches de quelques centimètres d’épaisseur pouvant se succéder, montrant une sédimentation assez hétérogène.

27L’exemple des petits bassins alignés sur un réseau de failles au sud‑est de la baie de St‑Brieuc, dans les Côtes‑d’Armor, est démonstratif. À partir du sud, on trouve d’abord à St‑Jacut‑du‑Méné des argiles oligocènes (exploitées en carrière au Champ Thomas), d’autres en Quessoy (Le Clos Collet et La Haute Folie, connus uniquement par sondages et à ne pas confondre avec l’argile d’altération exploitée par la Société kaolinière armoricaine), enfin à Carnonen en Pommeret, qui a été jadis exploité en carrière. Ces petits bassins, de formations très variées, ne sont peut‑être pas les seuls et des petits gisements s’y reliant ont pu être exploités sans laisser de traces apparentes en surface ou dans les archives.

28De même, du côté est de l’estuaire de l’Odet, les argiles éocènes‑oligocènes du plus vaste bassin du Toulven (ancienne paroisse d’Ergué‑Armel, maintenant en Quimper, Finistère) ont été exploitées par la faïencerie de Locmaria dès le xvii^e s. Elles étaient accessibles en barques ou en barges, étant taillées en microfalaise par la mer en bordure d’une anse. On manque d’éléments pour savoir si ce gisement a été vraiment utilisé antérieurement (actuellement son exploitation en carrière est abandonnée à cause de l’eau salée), comme on le prétend souvent. La cuvette du Toulven a été elle‑même préservée par une subsidence entre failles ; il en est de même pour deux autres cuvettes satellites, celle de Kervouster en Guengat, et celle de Kerléven au fond de la baie de La Forêt Fouesnant qui est une kaolinite d’altération. Le bassin oligocène de Landéan et de Parigné (Ille‑et‑Vilaine), préservé de façon identique a bien été utilisé dès le Moyen Âge ; c’est le seul cas certain. Par contre, les niveaux éocènes et oligocènes du plus grand bassin sédimentaire, celui de Rennes –à vrai dire lui aussi subsidant entre failles–, sont trop profonds pour avoir été exploités anciennement. Ce sont les carrières de pierre‑à‑chaux et d’autres travaux qui les ont fait connaître. Les gisements d’argiles sédimentaires de Bretagne offrant les cubages les plus importants de matières premières n’ont pas forcément été utilisés par les anciens potiers, qui se sont servis des plus modestes, beaucoup plus disséminés, quoique très suffisants en général à leur échelle de production.

29Dans ce domaine des argiles sédimentaires, les argiles marines pliocènes et pléistocènes ont été davantage sollicitées. Ces argiles plio‑pléistocènes marines se caractérisent souvent par une richesse en spicules d’éponges siliceuses qui peuvent être un élément diagnostique intéressant. De petits bassins de sédiments pliocènes sont préservés, surtout en haute Bretagne, souvent grâce à la subsidence. Outre des placages de sables (dits « les sables rouges »), avec parfois des lentilles argileuses, ils peuvent comporter un remplissage plus important comme celui de St‑Jean‑La‑Poterie (Morbihan), largement épuisé par les potiers qui l’ont exploité du Moyen Âge à notre siècle, et les bassins jalonnant un ancien golfe correspondant à la basse et moyenne vallée de la Vilaine (Langon). Des placages de pliocène marin au‑dessus du bassin tertiaire de Rennes, du côté de Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine) et des communes voisines, ont été largement utilisés par les potiers depuis au moins le Moyen Âge sinon l’époque gallo‑romaine. Mais on distingue assez mal les limites entre la formation sédimentaire proprement dite et les argiles d’altération des schistes briovériens du soubassement hors du bassin sédimentaire, du fait de cailloutis de couverture de la plaine alluviale. Les potiers gallo‑romains de Corseul (Côtes‑d’Armor) ont exploité un gisement situé au sud de la localité. De petits gisements d’argiles marines à spicules perdurent au Pléistocène ancien et moyen dans le fond du remplissage d’estuaires fluvio‑marins, comme celui de l’Élorn à Landerneau (Finistère), qui a été un peu utilisé au Moyen Âge, et exploité sur une grande échelle depuis la fin du siècle dernier par la Grande Briqueterie de Landerneau (carrière maintenant abandonnée du Trou Noir, qui a pu atteindre des niveaux pliocènes, car jadis le Dr M. Kermarec obtint d’ouvriers y travaillant une dent de requin fossile du genre Carcarodon). D’autres petits gisements d’estuaires ont été utilisés par des tuileries gallo‑romaines en plusieurs secteurs du littoral armoricain.

30Si des petits bassins insoupçonnés d’argiles cénozoïques sont quelquefois mis en évidence par des sondages géotechniques ou hydrogéologiques (ceux‑ci en général dans des dépressions), en revanche d’autres petits gisements d’argiles à spicules, moins profondément piégés, exploités par des tuiliers gallo‑romains ou les potiers médiévaux qui ne sont plus décelables de nos jours, ont sans doute été largement épuisés. C’est en particulier le cas du gisement utilisé par les potiers de Malansac (Morbihan), au moins depuis le xvii^e s. jusqu’à nos jours. C’est ce qui peut expliquer qu’on n’avait pas encore localisé le gisement voisin de Corseul, pourtant utilisé par une briqueterie au siècle dernier ; c’est l’étude du centre potier qui a mis en évidence l’existence du bassin sédimentaire.

31Les principaux gisements d’argiles d’altération de massifs éruptifs ou de formations variées du socle armoricain sont le résultat de phénomènes accompagnant les climats chauds et agressifs du début du Tertiaire, essentiellement à l’Éocène. Sur les plateaux, ou les reliques d’anciennes surfaces d’érosion, on rencontre des altérations ménagées allant de l’arénisation en profondeur des granites à la formation massive de kaolinite, souvent associée à d’autres minéraux phylliteux suivant la composition des roches‑mères. Ce sont ces altérations éocènes qui auront fourni la matière aux sédimentations argileuses cénozoïques. De bons exemples d’altérations argileuses de surface restées en place sur des massifs granitiques, de types variés, sont ceux exploités par les potiers près de Lannilis et d’Ergué‑Gabéric (Finistère), des massifs dioritiques passant à des amphibites gneissiques au nord de Guingamp, utilisés par les potiers de Pabu, du massif de gabbro proche de Lamballe (Côtes‑d’Armor) utilisés par les potiers de La Poterie Lamballe. Ces sources de produits d’altération, argiles proprement dites et dégraissants, ont alimenté certains des ateliers de potiers médiévaux et post‑médiévaux parmi les plus importants de Bretagne. Le cas de la source des matières premières de la « poterie onctueuse » médiévale est encore plus particulier, par un choix très ciblé des produits d’altération.

La recherche des sites

32La découverte d’un site d’atelier se fait soit lors de prospections systématiques dans un territoire ou une micro‑région, soit à la suite de renseignements fournis par la géologie ou la toponymie. Plusieurs exemples peuvent l’illustrer. Les ateliers carolingiens de Trans (Langouët et al. 1977 ; Langouët, Faguet 1987, 1990), de Guipel (Lanos et al. 1986), en Ille‑et‑Vilaine, et de Planguenoual, dans les Côtes‑d’Armor (Langouët et al. 1984) résultent de la prospection systématique menée par le CeRAA en haute Bretagne. D’autres ateliers ont aussi été ainsi localisés à Tramain, Bonnemain, etc. Les critères d’identification d’un atelier céramique sont principalement : l’homogénéité des tessons, la présence de rejets et d’éléments de four et, parfois, la concentration du gisement en surface. En 1988, une vaste opération de prospection systématique de la commune de Landéan (Ille‑et‑Vilaine) a permis de localiser cinq centres producteurs dont on connaissait déjà une partie de la production sous la forme de céramiques à œil de perdrix (fig. 2).

33La toponymie et la microtoponymie peuvent guider le prospecteur dans son approche du terrain. Plutôt que d’aller à l’aveuglette, il peut donner une priorité à des parcelles accessibles où une dénomination lui semble intéressante. À côté des noms tels que « poterie » ou « potier », doivent être prises en compte des appellations parcellaires telles que « Le Feu », « Le Clos Rouge » ou « Le Four ». En effet, ce qui marque souvent un champ est constitué par les restes d’argile chauffée, rubéfiée, remontés lors des labours. Tous les sites ainsi approchés ne correspondent pas forcément à une production céramique, et peut être aussi bien un gisement gallo‑romain ou médiéval d’habitat mais, dans le lot des sites retrouvés, il y en a parfois qui résultent d’une activité potière.

34Parfois, la prospection systématique de zones rurales permet de déceler une production céramique et sa diffusion, sans connaître l’emplacement exact des lieux de production : c’est le cas de la poterie du Marais de Dol, caractérisée par des pâtes sandwichées à âme noire (Langouët, Lavail 1977). Dans d’autres cas, les fouilles permettent d’identifier des productions régionales. À titre d’exemples, citons les fouilles d’un habitat de la fin du haut Moyen Âge à Creac’h Gwen, en Quimper (Finistère) ou d’une couche d’occupation carolingienne dans le bastion de Solidor, à St‑Malo (Ille‑et‑Vilaine) (Langouët 1983).

35À partir du moment où dans une pâte céramique, un élément discriminant a été identifié au niveau de l’argile (les spicules par exemple) (Giot, Querré 1986) ou du dégraissant (combinaison de différentes roches dans les sables par exemple), une zone territoriale de prospection plus fine, peut être définie, pour mettre en évidence la diffusion de la production. Ainsi par exemple, plusieurs sites prospectés dans la région de Guipel ont fourni des tessons venant de l’atelier de Launay Margat situé en cette même commune (Lanos et al. 1986). L’importante diffusion des céramiques onctueuses, dont la caractéristique réside dans l’emploi du talc comme dégraissant, à partir de l’atelier de Bodérès, en Plonéour‑Lanvern (Finistère) est connue grâce aux collectes de prospection (Giot 1983).

La prospection fine des sites localisés

36Une fois un site d’atelier localisé, on peut songer à une prospection plus détaillée, soit par cartographie méthodique des gisements de surface, soit par cartographie des anomalies magnétiques, celle‑ci apparaissant comme la mieux adaptée à la présente problématique. Pour des sites d’ateliers prélocalisés dans une ou plusieurs parcelles, il est possible d’organiser un ramassage des vestiges de surface en se servant d’un quadrillage plaqué sur le terrain. L’expérience menée sur le site des Mardelles à Trans (Ille‑et‑Vilaine) a permis ainsi de reconnaître deux ateliers organisés autour de deux fours situés à environ 180 m l’un de l’autre (Langouët et al. 1978). Les sites de Planguenoual dans les Côtes‑d’Armor, en vue de la reprise des fouilles par C. Bizien‑Jaglin, de Chartres‑de‑Bretagne et de Guipel, en Ille‑et‑Vilaine, avant les fouilles respectives dirigées par F. Fichet de Clairfontaine et P. Lanos, ont ainsi fait l’objet de prospections magnétiques. Ce type d’étude a permis de localiser préalablement soit des fours, soit des fosses‑dépotoirs. Même si des fouilles n’étaient pas opérées sur des sites d’ateliers ainsi prospectés, les cartes d’anomalies magnétiques permettraient, outre une connaissance du potentiel archéologique, une première approche de l’organisation de l’atelier.

La fouille

37Plusieurs sites de productions ont fait l’objet de fouilles en relation avec le PCR. On peut ainsi citer les opérations menées dernièrement sur les ateliers médiévaux du Frêche Clos, en Planguenoual (Côtes‑d’Armor) (fouille C. Bizien‑Jaglin), de Fontenay, à Chartres‑de‑Bretagne (Ille‑et‑Vilaine) (fouille Fichet de Clairfontaine) et de Meudon, à Vannes (Morbihan) (fouille A. Triste). Ces fouilles ont beaucoup apporté à la connaissance des productions, de leurs chronologies, de l’organisation des ateliers et des technologies.

Un fichier pour les ateliers bretons

38Pour chaque site d’atelier identifié et pris en compte par les chercheurs du présent projet collectif de recherche, on a tenté de collecter divers renseignements sous les rubriques suivantes : les sources historiques ; la prospection au sol ; la prospection fine et son interprétation ; la production et sa typologie ; la caractérisation des pâtes ; la fouille ; la datation de l’atelier par typologie ou archéomagnétisme ; la diffusion de la production. S’y ajoutent des observations sur des données toponymiques et bibliographiques.

39Un modèle de fiche récapitulative a été mis au point et dans l’état actuel de la recherche, ce sont pratiquement 100 fiches qui ont été plus ou moins complètement remplies, respectivement : 19 pour les Côtes‑d’Armor ; 17 pour le Finistère ; 58 pour l’Ille‑et‑Vilaine ; 6 pour le Morbihan. Pour chaque site, on ne dispose pas systématiquement de toutes les données précitées. Un des objectifs des chercheurs du projet collectif a été de compléter les renseignements au mieux. Par exemple, on ne dispose que rarement de textes concernant un atelier, des fouilles n’y ont pas été systématiquement effectuées, la production n’est connue que partiellement, etc. Les fiches et dossiers comprennent donc des données d’inégales valeurs scientifiques, mais ils ont l’avantage de réunir tous les renseignements actuellement disponibles sur telle ou telle production. Les fiches précitées sont à la base d’une cartographie des ateliers médiévaux de Bretagne (fig. 3). On constate des implantations concentrées le long des côtes ou le long de l’axe Vilaine‑Rance, ce qui correspond aux zones les plus habitées au Moyen Âge. D’une part, les ateliers étaient donc à proximité de la demande locale, d’autre part la diffusion à plus grande distance des centres proches des côtes était facilitée par un cabotage.

Conclusion

40Il faut souhaiter que ce travail de recherche mis en place dans le cadre du projet collectif puisse se poursuivre à l’avenir par l’entretien du fichier mis en place. Nos connaissances sur les ateliers médiévaux de potier ont considérablement progressé ; la dynamique créée et la méthodologie mise en place ont été bénéfiques. On peut aussi souhaiter que des régions limitrophes (Normandie et Pays‑de‑Loire en particulier) puissent se lancer dans des études analogues, certaines de leurs productions ayant été importées en Bretagne.

Bibliographie

41Aussant 1873.

42Bernard 1923.

43Boüard 1987 : BOÜARD (M. de), MEYER (N.), RANDOUIN (B.). — Le Traitement de la céramique, rapport introductif. In : CHAPELOT (J.), GALINIE (H.), PILET‑LIMIÈRE (J.) éd. — La Céramique (v^e‑xix^e s.), fabrication, commercialisation, utilisation : I^er congrès international d’Archéologie médiévale, Paris, 1985. Caen, 1987, p. 9‑15.

44Cambry 1835 : CAMBRY (J.). — Voyage dans le Finistère. Brest : Souvestre, Come et Bonetbeau, 1835. 251 p. Rééd. de l’ouvrage de 1794‑1795.

45BRGM : BRGM. — Cartes géologiques au 1/80 000 et 1/50 000. Orléans : BRGM. Pour alléger la bibliographie, nous ne pouvons pas énumérer toutes les cartes géologiques dont toutes les éditions et notices sont pleines d’indications utiles. Les notices des cartes récentes sont souvent très documentées.

46Chevallier‑Kervern 1935.

47Chevallier‑Kervern 1956.

48Duval 1957.

49Estéoule‑Choux 1970.

50Fichet de Clairfontaine 1988C.

51Fourcy 1844a : FOURCY (E. de). — Côtes‑du‑Nord. Orléans : BRGM, 1844. 172 p. (Carte géologique).

52Fourcy 1844b : FOURCY (E. de). — Finistère. Orléans : BRGM, 1844. 196 p. (Carte géologique).

53Geslin de Bourgogne, Barthélémy 1864 : GESLIN DE BOURGOGNE (J.), BARTHÉLÉMY (A. de). — Anciens évêchés de Bretagne, histoire et monuments. Diocèse de St‑Brieuc, IV, 1864. 302 p.

54Giot 1983.

55Giot, Querré 1986.

56Héligon 1909.

57La Borderie 1855.

58La Borderie 1882.

59Labour 1980.

60Lailler 1947.

61Langouët et al. 1977.

62Langouët et al. 1978.

63Langouët 1983.

64Langouët et al. 1984.

65Langouët, Faguet 1987.

66Langouët, Faguet 1990.

67Langouët, Lanos 1987b.

68Langouët, Lavail 1977.

69Langouët, Souillet 1988 : LANGOUËT (L.), SOUILLET (G.). — Les Mardelles, Mardrelles ou Marzelles dans la microtoponymie de la Bretagne. Les Dossiers du CeRAA, n^o 16, 1988, p. 1‑5.

70Lanos et al. 1986.

71Lantivy, La Martinlère 1914.

72Leroux 1988.

73Lorieux, Fourcy 1850 : LORIEUX (T.), FOURCY (E. de). — Carte géologique du Morbihan. Paris, 1850.

74Ogée 1853 : OGÉE (J.‑B.). – Dictionnaire historique et géographique de la Province de Bretagne. Rennes : A. de Marteviile, P. Varin, 1853, vol. 2 (n^elle édition).

75Pierrot et al. 1973‑1985 : PIERROT (R.), CHAURIS (L.), LAFORET (C.), PILLARD (F.). – Inventaire minéralogique de la France, n^o 3, Finistère, 1973 ; n^o 5, Côtes‑du‑Nord, 1975 ; n^o 9, Morbihan, 1980 ; n^o 13, IIIe‑et‑Vilaine, 1985.

76Rosensweig 1857.

77Salaün 1955.

78Tardy 1971.

Annexe. Inventaire des ateliers de potiers médiévaux en Bretagne

79N.B.

80Cet inventaire ne comprend que les sites et centres potiers, d’origine médiévale, sur lesquels des recherches récentes ont été conduites. Ne sont donc pas mentionnés les ateliers de Malansac (Morbihan), de Locmaria, de Landivisiau (Finistère) etc., pour lesquels rien ne laisse actuellement supposer une activité dès le Moyen Âge (fig. 1).

Ille‑et‑Vilaine

811 – Bonnemain/Les Portes
Parcelle : A₃ (1153)

82Atelier découvert en 1978 à l’occasion d’une prospection‑inventaire.
Datation : xv^e‑xviii^e s. (approximative).
Bibliographie : Langouët, Faguet 1978 ; PCR 1984 : 50‑52.

832 – Bonnemain/La Ville Blanche
Parcelles : B₁ (446 et 447)

84Atelier découvert en 1982 au cours d’une prospection‑inventaire qui a permis de localiser un four de plan rectangulaire et une fosse‑dépotoir. Le mobilier comprend des jattes glaçurées et des supports de cuisson en forme de bobine.
Datation : xiv^e s. (approximative).
Bibliographie : Langouët et al. 1982 : 8‑ 9 ; PCR 1984 : 54‑56.

853 – Bruz/Le Fénicat
Parcelle : ZE (20)

86Site découvert au cours d’une prospection au sol. Un sondage réalisé en 1976 a mis au jour un four excavé circulaire (à chambres superposées ?) appareillé en grès. Le mobilier céramique comprend des oules à lèvre en bandeau et des cruches à bec pincé, similaires aux formes de l’atelier IV de Fontenay (Chartres‑de‑Bretagne).
Datation : xiii^e‑xiv^e s.
Bibliographie : Héricotte 1976 ; PCR 1984 : 58‑63.

874 – Chartres‑De‑Bretagne/ Fontenay
Parcelle : AK (52)

88Fontenay (anciennement La Poterie de Fontenay) fut l’un des principaux centres potiers de Bretagne. L’activité céramique est mentionnée dans les textes dès 1380. Elle s’est interrompue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (atelier Châtel). Les ateliers médiévaux antérieurs au xv^e s. ont été découverts en 1976, à l’occasion de travaux de voirie. De 1987 à 1993, les fouilles ont mis au jour plusieurs ateliers qui se sont succédé du xi^e au xiv^e s.
Datation : xi^e‑xiv^e s.
Bibliographie : Caziot, Barrère 1985 ; Couanon et al. 1993 ; Fichet de Clairfontaine, Beuchet (cf. part. 2, chap. 4) ; Aussant 1873 ; Labour 1980 ; DAB 1984 : 68‑79.

895 – Guipel/Launay‑Margat
Parcelle : C₁ (104)

90Atelier découvert en 1979, à l’occasion d’une prospection‑inventaire. En 1982, un sondage a été réalisé sur un four longitudinal repéré au préalable par une prospection magnétique. Le mobilier céramique comprend des pots globulaires, des cruches à bec ponté et des vases tronconiques. Le site pourrait s’étendre jusque sous une parcelle proche (C₁ 103).
Datation : 880‑1140 (par radiocarbone) et 920‑960 (par archéomagnétisme).
Bibliographie : Couanon et al. 1993 ; Langouët et al. 1979a ; Lanos, Querré 1987.

916 – Landéan/La Bidois
Parcelles C (160‑164)

92La commune de Landéan a fait l’objet d’une prospection thématique en 1986. Cinq ateliers proches les uns des autres ont été recensés. Leurs productions sont similaires aux vases à « œil de perdrix » des ateliers de La Hardelière à Laval. Un aveu de 1435 constitue la première mention de l’artisanat potier à Landéan. L’activité potière semble s’être interrompue à la fin du xv^e s. ; des tuiles faîtières sont encore acquises auprès du potier Monbèche de Landéan en 1498, pour l’église St‑Sulpice de Fougères.
Deux fours auraient été détruits lors de l’arasement d’un talus à Le Bidois. À leur emplacement, le sol est jonché de très nombreux fragments de céramiques. Un dépotoir a été localisé au bas de la parcelle 160.
Datation : xv^e s.
Bibliographie : Bucur et al. 1984 ; Naveau 1983 ; PCR 1986.

937 – Landéan/La Couairie
Parcelles : C (310 et 420)

94On note une forte concentration de fragments de céramiques « à œil de Perdrix » (fig. 2) dans les deux parcelles. Les vestiges d’un four auraient été observés à l’angle sud‑est de la parcelle 310.
Datation : xv^e s.
Bibliographie : Bucur et al. 1984 ; Naveau 1983 ; PCR 1986.

958 – Landéan/La Petite Artoire
Parcelles : C (435 et 567)

96L’atelier de La Petite Artoire a fait l’objet de prospections et d’un sondage en 1969 (travaux inédits de R. Vanden‑broucque). On note la présence de nombreux fragments de céramique et de débris de terre cuite sur un talus bordant un chemin. Un monticule (four ou tessonnière) est visible au centre d’un petit bois.
Datation : xv^e s.
Bibliographie : Bucur et al. 1984 ; Naveau 1983 ; PCR 1986.

979 – Landéan/La Grande Motte
Parcelle : C (417)

98En surface, l’atelier est matérialisé par des zones cendreuses et une forte concentration de céramiques à « œil de perdrix ».
Datation : xv^e s.
Bibliographie : Bucur et al. 1984 ; Naveau 1983 ; PCR 1986.

9910 – Landéan/Le Rocher Balin
Parcelle : C (329a)

100Un four aurait été arasé dans la parcelle. À son emplacement, on observe une forte concentration de céramiques à « œil de perdrix ».
Datation : xv^e s.
Bibliographie : Bucur et al. 1984 ; Naveau 1983 ; PCR 1986.

10111 – Langon/Le Chenac
Parcelle ZN (55c)

102Deux fosses rubéfiées (four ?), comblées de céramiques, ont été coupées par un chemin de remembrement (CE 237) en 1976. La production constituée de pots globulaires, de cruches à goulot verseur et de jattes, est proche de celles de ateliers de Trans, Planguenoual et Chartres‑de‑Bretagne. On observe la présence de molettes losangiques en haut des panses.
Datation : x^e‑xi^e s. (approximative).
Bibliographie : PCR 1984 : 88‑92.

10312 – Lourmais/Le Champ Gaucher
Parcelles : B₂ (248, 259 et 497)

104Le ou les ateliers, localisés en 1982 par prospection, sont matérialisés en surface par des concentrations de fragments de céramiques à pâte blanche, recouverts de glaçure verte.
Datation : xiv^e‑xv^e s. (approximative).
Bibliographie : Langouët et al. 1982 : 11.

10513 – Hirel/Le Pré des Verdières
Parcelles : L (12, 256‑257)

106Les prospections systématiques du CeRAA, dans les marais de Dol, ont permis de collecter un mobilier céramique abondant, constitué de pots à lèvres verticales, de profil ovale ou rectangulaire. Les pâtes, toutes semblables, présentent un cœur noir et des franges blanches. Il semble que les ateliers aient été éparpillés dans le marais, probablement à l’emplacement des gisements d’argile. Mis à part celui d’Hirel, aucun n’a été localisé. Les productions ont été recueillies dans des niveaux du xiv^e s. à Châteauneuf d’Ille‑et‑Vilaine et du xv^e s. à Alet. On notera qu’une coutume appelée « la poterie de terre » est mentionnée dès 1459 dans le Livre des revenus de l’évêché de Dol‑de‑Bretagne (AN 1AP 568) ; cet artisanat perdure jusqu’au xvi^e s.
Datation : xiv^e‑xvi^e s.
Bibliographie : Langouët, Faguet 1974 ; Langouët et al. 1975 : 27, 1976 : 36 et 43 ; Langouët, Lavail 1977 : 29‑38 ; PCR 1984 : 102‑126.

10714 – Trans/La Ville Berger (Les Mardrelles)
Parcelles : C₁ (396 et 397)

108Deux gisements distants de 200 m ont été découverts en 1975, à l’occasion de prospections et un sondage a été réalisé sur le premier (C₁ 396), à l’emplacement d’un four à chambres superposées.
Datation : 800‑980 (thermoluminescence), 1200 ou 1450 (archéomagnétisme), xviii^e s. (radiocarbone). La datation retenue est de 920‑980 apr. J.‑C.
Bibliographie : Couanon et al. 1993 ; Langouët et al. 1977, 1978 ; Langouët, Mouton 1978 ; Langouët 1983.

10915 – Trans/Les Mesliers (Le Champ Rouge)
Parcelles : C₂ (468‑470, 748 et 768)

110Cet atelier, situé à 100 m des précédents, a livré de nombreux rejets de cuisson et de blocs d’argile cuite. Ses productions sont similaires à celles des Mardrelles.
Datation : x^e s.
Bibliographie : Langouët, Faguet 1987 : 104.

11116 – Trans/Mottay
Parcelles : G₁ (213‑215)

112Un gisement concentré de céramiques similaires à celles de la Ville Berger et de Les Mesliers a été localisé. La production est homogène et associée à des éléments de voûtements (?) de four.
Datation : x^e s.
Bibliographie : Langouët, Faguet 1990.

Morbihan

11317 – St‑Jean‑La‑Poterie

114La première mention des potians de St‑Jean (anciennement La Trève de St‑Jean des Marais dans la paroisse de Rieux) date de 1420. Cependant, des productions du centre artisanal ont été recueillies dans diverses périodes du xii^e s. 62 potiers sont mentionnés en 1701 et ils sont plus de 200 dans la seconde moitié du xix^e s. Le dernier four s’est éteint en 1944. La localisation des ateliers médiévaux n’est pas connue. Ils ont sans doute été recouverts par les ateliers postérieurs.
Datation : xii^e‑xx^e s.
Bibliographie : La Borderie 1882 ; Héligon 1909 ; Laillier 1947, 1951 ; Rozensweig 1857 ; PCR 1984 ; 133‑139 ; Giot, Querré 1987.

11518 à 20 – Vannes/Meudon (Le Golhien)
Parcelle : BH (39)

116Trois ateliers aux productions similaires, situés au Bois Taillis, sur la Lande du Porho et dans la Lande du Golhien, ont fait l’objet de sondages en 1914. De 1984 à 1988, une fouille de sauvetage programmée a été réalisée sur le site du Golhien, le seul qui ait été localisé. 7 voire 8 fours ont été mis au jour, avec des vestiges d’édifices en bois, des fosses et des buttes de stockage d’argile et de sable. Le mobilier céramique comprend des pots ovoïdes ou globulaires, des cruches à bec ponté ou à goulot verseur, des jattes et des grands vases tronconiques à deux anses.
Datation : 790‑1035 (radiocarbone) et fin viii^e‑ix^e s. (étude typologique).
Bibliographie : Barrère, Fichet de Clairfontaine 1984 ; Couanon et al. 1993 ; Lantivy, La Martinière 1914 ; Triste et al. (cf. part. 2, chap. 2).

Côtes‑d’Armor

11721 – Lamballe/La Poterie

118Les découvertes archéologiques ont démontré que le centre était déjà actif au xi^e s., comme le révèle la découverte de fragments de céramiques à l’île Lavret à Bréhat. Les premières mentions de l’artisanat potier apparaissent en 1411 dans les comptes de la Châtellenie de Lamballe et les derniers fours se sont éteints au milieu du xx^e s. Comme pour St‑Jean‑la‑Poterie, les ateliers médiévaux ne sont pas localisés. Ils ont sans doute été recouverts par les installations postérieures.
Datation : vers xi^e‑xx^e s.
Bibliographie : Chauvin 1977 ; Fichet de Clairfontaine 1988c ; Hamon 1969 ; Lailler 1947, 1951 ; Le Roy 1944.

11922 – Pabu/La Poterie, Keraez

120Les ateliers, dont aucun n’est encore localisé, sont attestés dès le xi^e s., comme le démontre la présence de céramiques sur les sites de l’île Lavret et de Coz‑Castel à Landebaëron (Côtes‑d’Armor). On notera que l’artisanat céramique était déjà actif au cours de la période gallo‑romaine. Les artisans de Pabu ne sont mentionnés qu’à partir de 1444 dans les comptes de la ville de Guingamp. En 1498, un aveu mentionne le « droit de terrage pour la poterie des potiers, tant en la lande de Bezouet (paroisse de Kermoroc’h située à 10 km des ateliers) qu’ailleurs en l’étendue du fief ». Plus tard, ils utiliseront les gisements d’argile de Kervenou à Pommerit‑le‑Vicomte. L’activité potière s’est interrompue vers 1925.
Datation : vers xi^e‑début du xx^e s.
Bibliographie : Lailler 1951 ; Salaün 1955 ; Giot, Morzadec (cf. part. 3, chap. 3) ; Giot, Querré 1987.

12123 – Planguenoual/Le Frêche Clos
Parcelle ZR (10)

122Le site potier a été découvert en 1982, après le creusement d’un fossé de drainage séparant deux parcelles. De 1987 à 1990, il a fait l’objet d’une fouille programmée qui a mis au jour uniquement des fosses‑dépotoirs. Le mobilier céramique, qui comprend des pots globulaires, des cruches à bec pincé ou goulot verseur, des jattes et des lampes à huile, est proche des productions de Trans et de Chartres‑de‑Bretagne.
Datation : x^e‑xi^e s.
Bibliographie : Couanon et al. 1993 ; Bizien‑Jaglin 1990 ; Giot, Querré 1987 ; Giot, Morzadec (cf. part. 3, chap. 2) ; Langouët 1983 ; Langouët et al. 1984.

12324 – Tramain/La Clôture
Parcelles : A₂ (1227, 1247‑1249)

124Les prospections effectuées en 1984 ont localisé un très important dépotoir d’atelier. On note cependant l’absence de rebuts de cuisson caractéristiques.
Datation : xiv^e‑xv^e s. (approximative)
Bibliographie : Langouët, Faguet 1984 : 37.

12525 – Tramain/Le Fresne, La Poterie
Parcelle : ZA (96)

126Sur une faible superficie, un important dépotoir de céramiques a été localisé en 1984. Les céramiques sont semblables à celles du site de La Clôture (nombreux ratés de cuisson) ; elles sont associées à des blocs d’argile cuite.
Datation : xiv^e‑xv^e s.
Bibliographie : Langouët, Faguet 1984 : 37.

Finistère

12726 – Lannilis et Plouvien/Lanveur, Prat‑Torchen, Kerdrein

128L’activité du centre potier remonte très certainement au Moyen Âge. On suppose que la pancarte de Lesneven (vers 1420‑1455) mentionne les potiers de Lannilis parmi les « marchands vendants potz... de levesche de Leon ». Les productions médiévales sont pour l’instant seulement soupçonnées, d’après le mobilier recueilli sur les sites finistériens (caches médiévales du Léon, motte castrale de Leskelen‑Plabennec, villages désertés, etc.). La grande période de prospérité se situe aux xviii^e et xix^e s. ; les derniers fours se sont éteints en 1954.
Datation : vers xii^e s.‑xx^e s.
Bibliographie : Chevallier‑Kervern 1935, 1956 ; Guilcher 1948 ; Lailler 1951.

12927 – Plonéour‑Lanvern/Bodérès
Parcelles : ZA (107, 113‑114 et 139)

130Le ou les ateliers de Bodérès ont produit une céramique très particulière au toucher onctueux (la « poterie onctueuse », les inclusions étant constituées de talc). Cette production est présente dès le x^e s. et s’interrompt à une date indéterminée, avant la fin du xviii^e s. Dans les parcelles 113‑114, un four de potier aurait été détruit lors des remembrements. À son emplacement, dans les champs voisins et dans la ferme de Kerloyet, les fragments de céramique « onctueuse » sont très abondants. Aucun acte ne mentionne cette activité. Constituée de marmites, de terrines ou plats, de couvercles et de pichets, cette production a été diffusée dans toute la Bretagne bretonnante, de Bréhat à St‑Nazaire, par cabotage. Des fragments ont été recueillis à Douvres et Plymouth.
Datation : x^e‑xvi^e s. (approximative).
Bibliographie : Coppens 1956 ; Giot 1955, 1958, 1971, 1983 ; Giot, Talée 1966 ; Giot, Querré 1987 ; Giot, Morzadec (cf. part. 3, chap. 2).

13128 – Quimper/Ergué‑Gabéric

132Cet artisanat potier est essentiellement connu par les textes. Il se situe dans une zone à forte tradition céramique, au plus tard en activité au x^e‑xi^e s. et jusqu’au xx^e s. (poteries de Creac’h Gwen, poteries d’Ergué‑Armel). Les artisans ont pu exploiter les argiles du bassin de Toulven, exploitables en microfalaise et accessibles par des barques ou des barges. En 1488, un aveu mentionne une carrière ou « migne de terre de laquelle on fait les potz », affermée à quatre potiers d’Ergué‑Gabéric.
Datation : bas Moyen Âge.
Bibliographie : Bernard 1923 ; Labour 1980 ; Menez, Batt 1988.